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Thème 3 : Dynamique des grandes aires continentales : L’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud Etats-Unis – Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales Deux compositions à dimension comparative sur les Etats-Unis et le Brésil sont possibles : Le rôle mondial des Etats-Unis et du Brésil Les dynamiques territoriales des Etats-Unis et du Brésil Deux croquis peuvent donner lieu à sujets d’examen : Les dynamiques territoriales des Etats-Unis Les dynamiques territoriales du Brésil Plan du cours : I. Le rôle mondial des deux géants des Amériques II. Les dynamiques territoriales des Etats-Unis et du Brésil Problématiques : Quel rôle jouent ces puissances dans la mondialisation ? Quelles sont les caractéristiques des dynamiques territoriales qui se traduisent par une croissance ou un déclin aux E-U et au Brésil ? Ont-elles une influence comparable dans le rôle que jouent ces pays à l’échelle globale ? Puissance : capacité d’influence sur un autre état/acteur par la force (hard power), l’influence culturelle (soft power) ou l’économie. Dynamiques territoriales : évolution des espaces, qui ont deux origines principales : d’une part, les territoires eux-mêmes (leurs acteurs, en premier lieu : les entreprises, les populations, les élus, etc.) et, d’autre part, les autres territoires, proches ou lointains. I. Le rôle mondial des deux géants des Amériques Actuellement, on parle de plus en plus d’un déclin américain (guerres extérieures au bilan incertain, endettement colossal, modèle questionné un peu partout). A l’inverse, après deux mandats d’un président charismatique, Lula, et une croissance économique spectaculaire depuis 20 ans, le Brésil est de plus en plus 1

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Thème 3 : Dynamique des grandes aires continentales : L’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud

Etats-Unis – Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales

Deux compositions à dimension comparative sur les Etats-Unis et le Brésil sont possibles : Le rôle mondial des Etats-Unis et du Brésil Les dynamiques territoriales des Etats-Unis et du Brésil

Deux croquis peuvent donner lieu à sujets d’examen : Les dynamiques territoriales des Etats-Unis Les dynamiques territoriales du Brésil

Plan du cours : I. Le rôle mondial des deux géants des Amériques

II. Les dynamiques territoriales des Etats-Unis et du Brésil

Problématiques : Quel rôle jouent ces puissances dans la mondialisation ? Quelles sont les caractéristiques des dynamiques territoriales qui se traduisent

par une croissance ou un déclin aux E-U et au Brésil ? Ont-elles une influence comparable dans le rôle que jouent ces pays à l’échelle globale ?

Puissance : capacité d’influence sur un autre état/acteur par la force (hard power), l’influence culturelle (soft power) ou l’économie.Dynamiques territoriales : évolution des espaces, qui ont deux origines principales : d’une part, les territoires eux-mêmes (leurs acteurs, en premier lieu : les entreprises, les populations, les élus, etc.) et, d’autre part, les autres territoires, proches ou lointains.

I. Le rôle mondial des deux géants des Amériques

Actuellement, on parle de plus en plus d’un déclin américain (guerres extérieures au bilan incertain, endettement colossal, modèle questionné un peu partout). A l’inverse, après deux mandats d’un président charismatique, Lula, et une croissance économique spectaculaire depuis 20 ans, le Brésil est de plus en plus compétitif. Est-ce la fin de l’empire américain ? Le temps du Brésil est-il venu ?

Il semble que ces deux pays suivent des trajectoires opposées (l’un progresse, l’autre décline). Toutefois, ces deux pays appartiennent à des catégories géographiques très différentes : les Etats-Unis sont l’unique superpuissance mondiale, parfois même qualifiés d’hyperpuissance, tandis que le Brésil est un pays émergent. La comparaison est-elle donc pertinente ? Les déséquilibres sont en fait majeurs et le Brésil est loin de concurrencer les Etats-Unis : sur tous les plans (économique, politique, culturel), on observe une domination américaine incontestable d’un coté, et un Brésil simplement émergent.

a. Puissance économique globale, puissance émergente Les fondamentaux de la puissance américaine sont manifestes :

o 3e superficie mondiale (9,6 millions de km2), mais aussi 3e population mondiale avec 314 millions d’habitants.

o Les Etats-Unis sont la première puissance économique mondiale avec un PIB de 15'000 Md$. Ils sont le 1e importateur mondial et le 3e

exportateur. Ils ont créé l’ALENA, une aire de libre-échange qui les entoure

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et qu’ils dominent largement. Les Etats-Unis disposent des plus puissantes bourses de valeur (New York) et de commerce (Chicago), de la première monnaie du monde.

o Les Etats-Unis sont le premier pays émetteur et récepteur d’IDE, tandis que leurs firmes transnationales américaines (voir PPT, en retenir au moins 2) sont au cœur des processus de mondialisation : 132 des 500 plus grandes firmes mondiales sont américaines.

o L’industrie américaine est très puissante et orientée vers les secteurs de pointe (donnez des exemples : aérospatiale avec la NASA, informatique et nouvelles technologies avec Apple et Windows, agroalimentaire avec Monsanto etc.), mais les Etats-Unis sont surtout une économie tertiaire : recherche, conception, finance, grande distribution… Les Etats-Unis sont un géant agricole mondial : leur agriculture est la première du monde grâce à un complexe agro-industriel (agrobusiness) subventionné à la production et intégré dans de nombreux flux mondiaux.

o Mais les Etats-Unis ont une balance commerciale déficitaire (ils importent plus qu’ils n’exportent) : ils sont donc fortement dépendant des autres puissances, notamment de l’Asie (importation des produits fabriqués en Asie, même de marque Américaine comme l’Iphone). Même s’ils exportent leur agriculture, ils sont les 2nd importateur de produits agricoles. Ils sont également le pays le plus endetté de la planète. Les crises économiques touchent particulièrement les Etats-Unis, comme tout pays du nord (chômage, poches de pauvreté)

La puissance brésilienne est manifeste au niveau économique :o 5e pays du monde par sa superficie (8,5 millions de km2) mais aussi par sa

population (près de 200 millions d’habitants) le Brésil représente 53% du PIB d’Amérique du Sud. La croissance économiques du pays tourne autour des 5% par an depuis 15 ans, mais est devenue plus modeste (+1,3% en 2012). Le Brésil est devenu la 7e puissance économique mondiale (PIB : 2'362 Md$). Le Brésil a remboursé sa dette et est devenu créditeur au FMI : il est ainsi devenu un acteur majeur au sein de l’OMC.

o Le Brésil est aussi un géant agricole en pleine croissance car il dispose aussi des vastes espaces propres aux pays neufs. L’excédent commercial agricole y est plus important qu’aux Etats-Unis (47 Md$ contre 35 Md$ aux E-U). C’est le premier producteur de café, 2e de bœuf et de soja… On surnomme le Brésil la « ferme du monde » : le front pionnier (frontière mobile vers l’espace inexploité, dans le cas présent vers la forêt amazonienne) pourrait fournir 90 millions d’hectares supplémentaires ! L’agriculture brésilienne bénéficie d’immenses exploitations mécanisées et d’excellentes ressources en eau qui justifient son surnom de « ferme du monde ». Les minerais et le pétrole y sont aussi des secteurs importants.

o Mais son stock d’IDE ne compte que pour 3% du total mondial, même si les firmes brésiliennes progressent dans les classements mondiaux (8 sur les 500 premières en 2012, dont Vale (fer) et Petrobras (pétrole) qui investissent massivement en Afrique). L’agriculture a conduit au développement d’une forte industrie agro-alimentaire, avec par exemple JBS, un leader mondial dans le domaine. Par contre, le pays est très attractif et attire de nombreux IDE, notamment des E-U et de la Chine.

o Le Brésil domine par ailleurs le MERCOSUR et sont à l’origine de l’UNASUR, tandis que la bourse de São Paulo est la première d’Amérique Latine, ce qui leur assure une place de première puissance économique régionale.

Les deux sociétés sont profondément inégalitaires. Au Brésil, les fazendas (grandes propriétés terriennes) contrastent avec les minifundios (toute petite

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parcelle) ou encore le mouvement des paysans sans terre. 1 % des propriétaires terriens possèdent 54 % des terres cultivables au Brésil. Aux Etats-Unis, 45 millions de personnes vivent sans la moindre protection sociale !

Au niveau économique, malgré quelques faiblesses, les Etats-Unis dominent encore clairement le continent américain comme l’ensemble de la planète malgré une affirmation croissante du rôle mondial du Brésil. La concurrence est toutefois réelle dans le domaine agricole et le Brésil dénonce régulièrement les subventions que le gouvernement américain offre à ses paysans.

b. Hard power Le hard power représente la capacité de contrainte d’un État, sa capacité à imposer

sa volonté aux autres par la force, voire par le conflit. Les États-Unis occupent dans les grandes institutions internationales une place prépondérante. Le siège de l’ONU est à New York, celui du FMI et de la Banque mondiale à Washington. Ils disposent au FMI d’un droit de blocage de fait ; au Conseil de sécurité de l’ONU du droit de veto.

Avec 740 milliards de dollars pour 2011, le budget militaire américain représente 45 % des dépenses militaires mondiales (budget de défense = 600 Md$ soit le PIB de la Suisse)! On les appelle les gendarmes du monde : capacité nucléaire, technologies militaires les plus avancées, réseau planétaire de bases militaires… Les interventions américaines dans le monde sont multiples et diverses (guerre en Irak, lutte contre la piraterie et le trafic de drogues). Leur puissance s’illustre particulièrement à travers le scandale des écoutes de la NSA (National Security Agency)1 : les services de renseignements américains sont dotés d’une puissance ahurissante.

Le Brésil n’est pas une puissance militaire : les dépenses militaires brésiliennes représentent moins de 2 % de son PIB ! Le pays a une tradition non-interventionniste (neutre jusqu’en 1942, cherche à être un pays non-aligné jusque 1964…) Le Brésil s’implique sous mandat de l’ONU (mission humanitaire à Haïti) mais son rôle mondial militaire apparaît nettement en retrait.

Le pays tente de compenser par une diplomatie active qui pousse ses revendications à une meilleure représentation mondiale : avec les autres BRICS et membres du G20, il revendique que de nouvelles puissances soient admises au Conseil de Sécurité de l’ONU. Par ailleurs, par sa politique d’intégration régionale (Mercosur, Unasur), il cherche à contrecarrer l’influence américaine en Amérique Latine. L’ex-président Lula a beaucoup cherché à placer le Brésil au rang de porte parole des pays d’Amérique Latine, mais aussi du Sud en général (critique protectionnisme du Nord à l’OMC, discours sur la solidarité Sud-Sud etc.).

c. Soft power : entre contestation et émergence Le soft power est la capacité d’influence et de persuasion. Pour les Etats-Unis,

persuadés de leur « Destinée Manifeste » (répandre la liberté et la démocratie), l’anglais, langue internationale, est un outil de soft power, comme les industries culturelles : musique, fast-foods, mais surtout le cinéma américain (Hollywood, Disney, les séries), qui promeut l’American way of life, accapare 40 % des recettes mondiales ! Le contrôle, des technologies du web, des réseaux sociaux, des compagnies Internet, est un outil de soft power très puissant. Leurs universités et pôles technologiques attirent l’élite du monde entier (brain-drain). 40% des dépenses mondiales de recherche scientifique sont faites aux E-U !!

Le modèle américain est très contesté par d’autres modèles (altermondialiste, chinois, islamiste, etc.). Puissance sans égale, les États-Unis, en dépit de l’offensive

1 Les écoutes de dirigeants comme Angela Merkel, par exemple, ou l’accès à l’ensemble des données de Facebook, Yahoo !, Skype etc.

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de charme du président Obama après l’époque Bush, bénéficient d’une image assez négative (impérialistes, pollueurs, programmes sociaux désastreux).

De son coté, le Brésil bénéficie d’une image plutôt positive dans le monde. Le président Lula da Silva, en poste de 2003 à 2011, a bénéficié d’une période de croissance pendant laquelle il a instauré des programmes sociaux efficaces, telle la bolsa familia, qui participent d’une lulamania sensible dans le monde entier. Sa successeuse, Dilma Rousseff, réélue en 2014, poursuit l’affirmation internationale du Brésil, notamment par le sport : organisation du mondial de football 2014, projet de Jeux Olympique en 2016 à Rio de Janeiro. Le Brésil accroît également son aide publique au développement (il est passé de pays receveur à pays émetteur), ce qui renforce son image positive.

Si certains éléments de la culture brésilienne sont connus dans le monde entier (samba, bossa nova, capoeira, carnaval) le soft power brésilien s’affirme surtout à l’échelle régionale (Amérique Latine) ou à celle des pays lusophones (ses revues circulent du Portugal au Cap Vert en passant par le Mozambique ou Angola). La Rede Globo, principal groupe de médias brésiliens, possède le second plus important réseau de télévision privé du monde et exporte de nombreuses séries télévisées (telenovelas) tournées en portugais et en espagnol pour le public hispanophone (acheteurs aussi russes, roumains, Moyen-Orient, Maghreb, Afrique subsaharienne, latinos des E-U).

Cette image idéalisée d’un Brésil de plus en plus riche qui redistribue ses richesses a toutefois été fortement entachée par de nombreux scandales de corruption de l’élite politique, mais également par les très médiatisées et très réprimées manifestations anti-coupe du monde de juin 2013, ainsi que par les images des interventions armées dans les favelas destinées à « nettoyer » les zones urbaines pauvres pour présenter une image positive du pays aux touristes venus pour le mondial, qui ont contribué à renforcer la réputation de pays très violent.

Les deux pays sont en outre critiqués car ils doivent le succès de leur économie en partie au mépris des considérations écologiques. Les deux agricultures recourent massivement aux OGM. Le Brésil est confronté à la déforestation, notamment pour produire des agro-carburants (canne à sucre) et du soja pour nourrir le bétail et fabriquer du bio diesel (au détriment des cultures vivrières) Cette agriculture intensive provoque l’érosion des sols. La construction de barrages sur l’Amazone fait également énormément polémique à cause des dégâts sur les écosystèmes (barrage de Jirau : inondation de la forêt = perte biodiversité mais aussi rejet de dioxyde de carbone avec la putréfaction du bois dans l’eau). Les Etats-Unis sont champions du monde des émissions de CO2 par habitant à cause de l’omniprésence de la voiture et de l’avion.

Conclusion : à tous les niveaux, la puissance américaine domine l’émergence brésilienne, malgré un déclin certain et les nombreuses critiques qui la touche. L’affirmation du Brésil sur la scène internationale est certaine mais l’avance américaine est telle que la comparaison, encore aujourd’hui, n’est pas porteuse de sens.

II. Les dynamiques territoriales des États-Unis et du Brésil

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Si en terme de puissance, la comparaison entre les deux pays est obsolète, en terme de dynamiques territoriales, qui sont à la fois les causes et les conséquences de leurs statuts de puissances (mondiale ou régionale) présentent de nombreux points communs : « pays neufs », métropolisation, littoralisation, inégale intégration dans la mondialisation…

a. Des territoires géants mis en valeur par la conquête Les États-Unis et le Brésil sont des pays vastes… (9,6 millions de km2 pour les

États-Unis, 8,5 millions de km2 pour le Brésil) …Ce qui leur assure l’accès à de nombreuses ressources naturelles :

o Les Etats Unis : pétrole (Golfe du Mexique, Alaska), charbon (Appalaches (montagne à l’est des E-U), sol pour l’agriculture (premier exportateur mondial !)

o Brésil : plus grande forêt tropicale du monde, sol agricole (hors forêt) équivalent à la Chine, découverte en 2007 d’un gigantesque gisement de pétrole en mer, énormes réserves de fer, bauxite et chrome.

Deux pays de migrants peuplés par des vagues de migrations depuis le 16e

siècle, au détriment des populations autochtones (Amérindiens). Pour mettre en valeur l’agriculture, par exemple, les deux pays ont connu l’afflux massif d’esclaves pour les champs de coton. Du coup, les deux nations se veulent multiculturelles (les migrants peuvent conserver leur identité d’origine et sont moins incités à se soumettre à l’identité du pays d’arrivée). Les E-U ont accueillit les Anglo-Saxons ainsi que des populations persécutés en Europe, puis de nombreux Européens cherchant une nouvelle vie (le rêve américain), avant de s’ouvrir au reste du monde (Asie, Amérique du Sud). Aujourd’hui : 0.5 millions d’entrées légales et 1 millions illégales par an. Les E-U sont un pays très multiculturel. L’idéal américain a toujours mis en avant l’idée de « melting pot », mais ce n’est pas vraiment un melting pot, car il n’y a pas forcément d’intégration totale (to melt : fondre, fusionner) : on parle même plutôt de Salad Bowl : rien ne se mélange : le communautarisme et les ghettos sont très présents. Le Brésil aussi se présente comme un pays issu de la fusion des trois races (européens, africains, indigènes) mais en réalité les inégalités raciales sont trop criantes pour que cette affirmation dépasse le simple mythe. Par ailleurs, le pays attire de plus en plus d’asiatiques et São Paulo accueille la plus grande communauté de japonais hors du Japon.

Les deux pays ont été peuplés à partir de fronts pionniers (limite mobile entre espace exploité et espace non exploité : c’est au Brésil, en Amazonie que l’on rencontre les plus grands fronts pionniers au monde). Aux E-U avec la Conquête de l’Ouest (terminée), au Brésil, le front pionnier est très actif, notamment avec la déforestation pour implanter l’agriculture.

Aux Etats-Unis comme au Brésil, l’ensemble du territoire n’est pas exploité mais il est maîtrisé par les réseaux de transports aux Etats-Unis, alors que ce n’est pas le cas du Brésil :

o Etats-Unis : grands ensembles portuaires sur trois principales façades maritimes (côte pacifique, Golfe du Mexique, Megalopolis), 40% du trafic aérien mondial, liaisons transcontinentales et intérieures (voies navigables aménagées et canaux artificiels, chemin de fer qui a servi à la Conquête de l’Ouest, grands axes routiers) 80% des oléoducs et gazoducs mondiaux, canal de Panama…

o Brésil : une seule façade maritime, intérieur partiellement inaccessible et cul-de-sac amazonien, réseau ferré inexistant (avion, autocar), projets d’axes routiers pour désenclaver l’intérieur et favoriser les échanges avec les autres pays du Mercosur, ce qui a provoqué un phénomène de métropolisation de Belo Horizonte à Buenos Aires : on parle aujourd’hui d’une « mégalopole du Mercosur en formation ». Le Sud-Est est bien

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desservi mais des les zones peu peuplées, les réseaux routiers sont assez mauvais, la Transamazonienne (Atlantique Pérou) symbole de l’intégration de l’Amazonie et de sa mise en valeur se limite à une vaste route inachevée et souvent non asphaltée.

La difficulté à maitriser le territoire vient aussi des densités de population faibles, avec peu de personnes, on a peu de moyens. Mais la population des deux pays est très mobile, les migrations internes sont nombreuses, ce qui encourage leur dynamisme économique. La population se déplace pour trouver un emploi ou améliorer ses conditions de vie :

o La Sun Belt accueille la plupart des flux de migrants au sein des Etats-Unis (métropoles, hautes technologies, Hollywood).

o Au Brésil, de nombreuses personnes quittent le Nordeste au profit du Sudeste en pleine croissance.

A ces mouvements vers les zones de croissance économique, il faut ajouter ceux de conquête territoriale. Les fronts pionniers n’existent plus aux E-U où la totalité du territoire est maîtrisé mais ils constituent encore un important facteur de peuplement et de développement au Brésil, du sud-est vers le nord-ouest. Ils se traduisent souvent par un défrichement de la forêt, l’appropriation des terres (aux dépens des populations traditionnelles) et leur mise en culture. Cependant, les principales dynamiques territoriales sont principalement articulées par les métropoles.

b. Des régions inégalement intégrées Aux Etats-Unis :

o Le Nord-Est concentre les pouvoirs de décision avec la mégalopolis. C’est le cœur historique de l’économie. C’est le « centre du pays » : forte concentration de population, industrialisation ancienne, urbanisation et réseaux de communication denses, large ouverture maritime sur le monde… Sur les rives des grands lacs et les zones industrialo-portuaires de la Mégalopolis, on trouve un centre industriel qui a subi de profondes mutations depuis les années 1970 : Baltimore, Pittsburgh et Détroit ont connu une grave désindustrialisation (c’est de là que partent la plupart des flux de migrants internes). La ville de Détroit, ancienne capitale de l’industrie automobile, tombe en ruine dans certains quartiers.

o Plus récemment, la Sun Belt est le devenue attractive et très dynamique : métropoles (Seattle, Los Angeles, Miami), climat agréable pour le tourisme, pôle de haute technologie (la Silicon Valley)… La Californie est l’Etat le plus peuplé des E-U au premier PIB.

o Au centre, les grandes plaines sont moins intégrées dans la mondialisation mais contribuent à la puissance agricole du pays ou touristique (les rocheuses, parcs naturels) du pays. L’Alaska est aussi une périphérie mais elle est un front pionnier en voie d’intégration grâce à ses ressources pétrolières.

o Les régions frontalières sont particulièrement actives : au sud avec le Mexique, mais aussi au Nord-Est avec la « Main Street America » (l'espace transfrontalier mégalopolitain qui s'étend des rives occidentales du lac Michigan aux États-Unis jusqu'à l'estuaire du Saint-Laurent au Canada) et au Nord-Ouest avec la « Pugetopolis » (transnationale en formation, comprenant l'agglomération de Seattle aux États-Unis et celle de Vancouver au Canada)

Au Brésil, on retiendra 5 régions très inégalement intégrées dans la mondialisation :

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o Centre-Ouest : Grande culture et élevage extensif, c’est la partie fortement agricole, le grenier du Brésil, où a progressé le front pionnier au 20e siècle. C’est là que se trouve Brasilia, la capitale.

o Nordeste : zone pauvre car l’agriculture vivrière y est en crise. L’économie repose sur une agriculture commerciale (canne et cacao) et l’exploitation pétrolière. Le Nordeste souffre de mal développement (analphabétisme à 22% conte 4.7 à Brasilia). 2 métropoles : Recife et Salvador sur le littoral.

o Amazonie : zone grise de la mondialisation o Sudeste : concentration des activités et services, principale façade

maritime, produit 60% de la richesse du pays et accueille les 3 plus grandes villes (São Paulo > principal centre financier, commercial et industriel d’Amérique Latine, Rio de Janeiro, et Belo Horizonte).

o Sud : région dynamique pour l’agriculture et l’industrie, grâce à sa proximité avec le Sudeste mais aussi avec la frontière uruguayenne.

Ce sont donc les métropoles des régions dynamiques (le Sudeste au Brésil, la Sun Belt aux États-Unis) qui ont connu la plus forte croissance. Si aux États-Unis, cela entraîne un certain rééquilibrage entre les métropoles de la Megalopolis et celles de la Sun Belt, au Brésil, cela se traduit par un accroissement des inégalités territoriales.

Cette concentration de la population et des activités renforce leurs capacités d’attraction et de rayonnement et a aussi un effet à l’échelle des métropoles : le manque d’espace dans les centres se traduit par un étalement urbain et l’existence de quartiers aux dynamiques très différenciées, qu’il s’agisse de la richesse ou de l’intégration à l’économie nationale et mondiale.

Les inégalités territoriales tendent à croître non seulement à l’échelle des métropoles mais aussi dans l’ensemble du pays. L’intérieur des États-Unis et le nord du Brésil sont marqués par des dynamiques territoriales assez modestes. Cependant, alors que l’intérieur des États-Unis est maîtrisé mais peu occupé et peu mis en valeur, au Brésil la pauvreté domine dans les espaces où les dynamiques territoriales sont négatives. Les inégalités existent dans les deux pays mais le niveau de misère est plus prononcé au Brésil.

c. La mondialisation se polarise dans les villes et sur les côtes L’essentiel des dynamiques territoriales repose sur les villes, notamment les

métropoles. Le taux d’urbanisation est comparable aux États-Unis et au Brésil : 86 % au Brésil, 84 % aux États-Unis. Les grandes métropoles dominent ces ensembles. Ainsi, au Brésil, l’agglomération de São Paulo compte presque 20 millions d’habitants et produit 25 % de la richesse nationale. Aux États-Unis, le déséquilibre de la hiérarchie urbaine n’est pas aussi prononcé, mais les métropoles concentrent plus de 80 % de la population urbaine. New York, l’une des premières métropoles mondiales, abrite le siège social de 43 des 500 plus grosses entreprises américaines.

Aux Etats-Unis, le modèle de la ville avec le CBD (central business district) au centre symbolise la puissance mondialisée du pays. La façade Est concentre un grand nombre de grande ville : New York (technopôle, grande bourse, centre de décision mondial), Boston (technopôle, Harvard et centre régional), Washington (centre de décision mondial), Philadelphie.

Au Brésil, la ville symbolise l’émergence du pays dans la mondialisation et la modernité : la création de Brasilia ex-nihilo l’illustre bien. Les villes sont le reflet de l’émergence, mais aussi des inégalités. Sao Paulo est le pôle économique le plus important : elle n’est pas comparable à New York mais elle concentre, avec Rio de Janeiro, les acteurs brésiliens de la mondialisation et représente la principale porte d’entrée pour les investisseurs étrangers (IDE). Ce rôle se traduit par un fort brassage de la population, un paysage urbain marqué par la

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concentration d’immeubles et de gratte-ciel et une évolution des bases économiques vers les services et les industries microélectronique

Les côtes sont des lieux majeurs de la mondialisation (flux commerciaux par porte-conteneurs) et il n’est pas une surprise que ces lieux concentre des grandes villes, des grandes entreprises (sièges, industrie…). Les Etats-Unis ont deux façades : une tournée vers l’Europe et l’Amérique du sud, l’autre tournée vers l’Asie. Le Brésil dispose d’une interface très active avec les ports de Rio et de Santos (São Paulo). Dans les deux pays, les régions côtières sont les plus riches et les plus dynamiques.

Conclusion :> Deux grandes puissances qui ont maitrisé leur territoire, ont su l’exploiter. L’insertion dans les échanges mondiaux à également modifié l’organisation territoriale en polarisant sur les villes et les côtes.

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