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Œuvres à analyser 1) Le Beau monde, 1960, collection particulière. Les nuages sont omniprésents dans l’œuvre de Magritte. Ils sont souvent utilisés comme un fond de décor. Leur présence relativement discrète incite plutôt à se préoccuper de ce qui est représenté au premier plan. Les rideaux révèlent ou dissimulent. Ils donnent un effet théâtral à chaque représentation voulue par le peintre. Ils relient le monde extérieur au monde intérieur grâce à une graduation subtile. Le bleu est une couleur qui fascine Magritte depuis 1926. Il lui donne au fil des années des valeurs différentes.

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Page 1: lesleconsdediabolo.files.wordpress.com€¦ · Web viewMagritte transforme une scène banale de la vie quotidienne, le repas, en une peinture étrange. Cet autoportrait multiplie

Œuvres à analyser1) Le Beau monde, 1960, collection particulière.Les nuages sont omniprésents dans l’œuvre de Magritte. Ils sont souvent utilisés comme un fond de décor. Leur présence relativement discrète incite plutôt à se préoccuper de ce qui est représenté au premier plan.Les rideaux révèlent ou dissimulent. Ils donnent un effet théâtral à chaque représentation voulue par le peintre. Ils relient le monde extérieur au monde intérieur grâce à une graduation subtile.Le bleu est une couleur qui fascine Magritte depuis 1926. Il lui donne au fil des années des valeurs différentes.

2) La Reproduction interdite (Portrait d’Edward James), 1937, MuséeBoymans van Beuningen de Rotterdam.Pour Magritte, la peinture est un miroir qui produit tout ce qu’il veut y compris le dos des choses, leur face cachée. Les objets n’obéissent plus à

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la tradition de la peinture : le miroir n’obéit plus et renvoie une image pervertie.

3) Le Sorcier, 1951, collection particulière.Magritte transforme une scène banale de la vie quotidienne, le repas, en une peinture étrange. Cet autoportrait multiplie les mains. Une de ses mains porte le pain à la bouche tandis que deux autres usent de la fourchette et du couteau, pendant qu’une autre verse un verre de vin !

4) Le Fils de l’homme, 1964, collection particulière.On retrouve sur ce tableau un personnage ressemblant à l’artiste avec un chapeau melon, la mise correcte de fonctionnaire, la cravate impeccable.Tout au long de sa vie, Magritte n’a jamais changé le style de son chapeau, un melon, ni la race de son chien, un loulou de Poméranie, toujours appelé Toutou, ni son intérieur petit bourgeois. Il ne faisait preuve d’aucune excentricité dans la vie quotidienne sinon dans ses arts, ses écrits, sa pensée.

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Devant le visage de l’homme, une pomme. Quand le peintre compose ses tableaux, la figure humaine n’a pas plus de valeur qu’un objet.

5) Golconde, 1953, Menil Foundation à Houston.Sur ce tableau, le bonhomme cher à Magritte habillé d’un costume noir et d’un chapeau melon tombe en averse par dizaines sur la ville.Le peintre explique ainsi le titre de ce tableau : “Golconde était une ville magique.Une ville extraordinaire de richesse et de luxe. Et je pense que c’est une merveille que de voyager à travers le ciel et la terre”.

C’est un tableau surréaliste qui représente de manière répétée, quasiment obsédante et symétrique, un homme très impersonnel, un peu raide, qui « pleut » sur la ville, représentée par de simples immeubles blancs au toit rouge, qui occupent la moitié inférieure du tableau.

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Cette “pluie” d’hommes au chapeau melon, vêtus de gris foncé, est devenue une métaphore de la condition humaine au XXème siècle, le symbole de la perte d’identité individuelle et de la banalité monotone du quotidien.

6) Les Vacances de Hegel, 1958, collection particulière.Le peintre joue avec le thème de la dialectique cher aux philosophes hégéliens ou marxistes.Un verre (qui évoque l’eau) est posé sur un parapluie (évoque la pluie). Le lieu commun est l’eau : le verre contient l’eau et le parapluie la repousse. Les deux objets sont-ils de la même eau ? Tandis que le parapluie repousse l’eau, le verre la contient : unité des contraires, dialectique du plein et du vide sur le fond rosé d’un espace irréel.

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7) Le Blanc-seing, 1965, National Gallery of Art de Washington.Cette toile pourrait être un banal paysage de forêt en été. Mais quand on regarde de plus près, on s’aperçoit que le peintre fait se mouvoir le cheval et l’amazone sur plusieurs plans. Ils jouent à cache-cache avec les troncs d’arbre. Le fond du tableau est entièrement occupé par les feuillages des petits arbres qui remplacent le ciel et privent la toile de profondeur.Comme il modifie la profondeur, cela lui donne la possibilité de créer et de jouer avec des espaces imaginaires.Pour comprendre l’incohérence de ce recouvrement, nous devons évaluer l’éloignement du cheval. L’ombre portée de ses sabots le situe au deuxième rang, derrière le troisième arbre en partant de la gauche, et qui

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constitue le premier plan de l’image. Le cheval devrait donc recouvrir tous les arbres, hormis celui qui masque sa croupe. Un des troncs les plus éloignés passe pourtant devant lui, tandis que le taillis (arbres), qui marque le fond de l’image, dissimule son encolure.

8) La Trahison des images, 1929,County Museum of Art de Los Angeles.Il faut se méfier des titres de ses œuvres. Magritte est un farceur.Ses tableaux scrupuleusement figuratifs comportent des éléments qui sont un piège pour l’esprit : bien sûr que ceci n’est pas une pipe puisque c’est un tableau représentant une pipe. Or, nous avons l’habitude de lire comme une légende explicative fiable toute inscription présente auprès d’une image.Il joue sur l’écart entre les choses et leur désignation.L'intention la plus évidente de Magritte est de montrer que, même peinte de la manière la plus réaliste qui soit, un tableau qui représente une pipe n’est pas une pipe. Elle ne reste qu’une image de pipe qu'on ne peut ni bourrer, ni fumer, comme on le ferait avec une vraie pipe.

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