Comment la table des morts participe d’un rite de métissage

Dominique Fournier (CNRS : UMR7206/FMSH)

Rares sont, au moins à la campagne, les maisons mexicaines qui ne montent pas un autel des morts à la fin du mois d’octobre. L’importance identitaire reconnue à la célébration permet de supposer que la nourriture qu’on y propose confère à l’événement une dimension rituelle majeure.

Une analyse structurale succincte suffirait à avancer que le temps des morts se situe en position de complémentarité symétrique par rapport aux festivités pascales. Par delà l’exaltation du rapport à la nature dans le cycle calendaire, ce sont là autant d’occasions de mettre en avant la place de la famille dans le contexte social pour qui la fabrication, comme la distribution d’aliments, constituent des éléments de démonstration évidents. Les repas rituels témoignent de l’efficacité du processus de métissage dans la constitution de l’identité mexicaine. Il suffirait pour s’en convaincre de décrypter la composition de la table des morts : elle expose largement un ensemble d’éléments d’origine contrastée qui, visibles ou non, font système et imposent la force de leur charge polysémique.