BOB DYLAN – THE TIMES THEY ARE A-CHANGIN’

Biographie de l’artiste   Bob Dylan est né sous le nom de Robert Allen Zimmerman le 24 mai 1941 à Duluth, aux États-Unis. Sa musique, passant du folk au rock à travers les années, a influencé grandement son époque et les générations qui ont suivies. Ses grands titres (Blowin’ in the Wind, Like a Rolling Stone, All Along the Watchtower) sont encore grandement célèbres et appréciés de nos jours. Sa carrière de chanteur engagé, quant à elle, débute en 1962, sous l’influence de la ségrégation raciale au cœur de son pays…

Contexte historique   Dans les années 1950, les Etats-Unis sont en plein cœur d’un mouvement capital qui change le cours de leur histoire, le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Celui-ci englobe, entre autres, la lutte des Noirs américains pour l’obtention du droit de vote et la fin de la ségrégation raciale, en particulier dans le Sud. Le but de ce mouvement pacifique, d’ailleurs symbolisé par de grandes figures telles Martin Luther King, le pasteur protestant Noir (1929-1968), est d’obtenir l’égalité des droits politiques, et ce, pour tout citoyen Américain. Divers combats et luttes ont donné de l’ampleur au mouvement, comme la Marche vers Washington, le 28 août 1963. C’est durant cette marche politique importante de 250 000 participants que Luther King récita son discours historique I Have a Dream, au Lincoln Memorial. Bob Dylan lui-même interpréta sur scène plusieurs chansons, telles Only A Pawn in Their Game et When the Ship Comes In.

Citation   America was changing. I had a feeling of destiny and I was riding the changes. [L’Amérique était en train de changer. J’avais un sentiment de destinée et je dirigeais les changements.]- Bob Dylan

Paroles d’une chanson

ONLY A PAWN IN THEIR GAMEA bullet from the back of a bush took Medgar Evers’ bloodA finger fired the trigger to his nameA handle hid out in the darkA hand set the sparkTwo eyes took the aimBehind a man’s brainBut he can’t be blamedHe’s only a pawn in their gameA South politician preaches to the poor white man“You got more than the blacks, don’t complain.You’re better than them, you been born with white skin,” they explain.And the Negro’s nameIs used it is plain

For the politician’s gainAs he rises to fameAnd the poor white remainsOn the caboose of the trainBut it ain’t him to blameHe’s only a pawn in their gameThe deputy sheriffs, the soldiers, the governors get paidAnd the marshals and cops get the sameBut the poor white man’s used in the hands of them all like a toolHe’s taught in his schoolFrom the start by the ruleThat the laws are with himTo protect his white skinTo keep up his hateSo he never thinks straight’Bout the shape that he’s inBut it ain’t him to blameHe’s only a pawn in their gameFrom the poverty shacks, he looks from the cracks to the tracksAnd the hoofbeats pound in his brainAnd he’s taught how to walk in a packShoot in the backWith his fist in a clinchTo hang and to lynchTo hide ’neath the hoodTo kill with no painLike a dog on a chainHe ain’t got no nameBut it ain’t him to blameHe’s only a pawn in their game.Today, Medgar Evers was buried from the bullet he caughtThey lowered him down as a kingBut when the shadowy sun sets on the oneThat fired the gunHe’ll see by his graveOn the stone that remainsCarved next to his nameHis epitaph plain:Only a pawn in their game

Info sur l’album + photo originale de la pochette The Times They Are A-Changin’ contient plusieurs chansons engagées :The Death of Emmett Till fut la première chanson sur ces sujets d’actualité de Dylan. Elle dénonce l’abominable tuerie de 1955 d’un adolescent noir, Emmett Till, qui

aurait reçu des balles et de nombreux coups avant d’être jeté vivant dans la rivière Tallahatchie.With God on Our Side ramène à la vie l’histoire militaire des États-Unis : les massacres des Autochtones, des Mexicains, ou tout simplement ceux des deux guerres mondiales. Dylan justifie ces horreurs en se moquant de ceux qui affirment avoir agi pour Dieu, qui est de leur côté, après tout.The Times They Are A-Changin’, faisant référence mouvement afro-américain des droits civiques, devient rapidement un hymne de changement populaire.Only A Pawn In Their Game raconte l’histoire tragique d’un défenseur des droits des Noirs, Medgar Evers, qui fut sauvagement tué par un raciste blanc au Mississippi en 1963. Bob Dylan rejette le blâme sur la société, sur le gouvernement qui supporte le mouvement de ségrégation dans le Sud. L’assassin ne devient alors qu’ « un pion dans leur jeu ».

JIMI HENDRIX – BAND OF GYPSYS

Biographie de l’artiste   Jimi Hendrix, né Johnny Allen Hendrix, voit le jour le 27 novembre 1942 à Seattle, aux Etats-Unis. Durant la courte période de temps que dura son groupe, The Jimi Hendrix Experience, il se forge la réputation du plus grand guitariste électrique et de l’un des musiciens les plus influents de son temps. Sa position pacifique par rapport à la guerre du Vietnam et sa participation mémorable au célèbre festival de Woodstock en 1969 font de lui un artiste engagé important. Il finit néanmoins par s’éteindre le 18 septembre 1970, à l’âge de 27 ans.

Contexte historique   La guerre du Vietnam, de 1955 à 1975, oppose le Nord-Vietnam (République démocratique du Vietnam, régime communiste) et le Sud-Vietnam (République du Vietnam, régime nationaliste soutenu par les Américains). Elle commence après la guerre d’Indochine qui met fin à la présence française au Vietnam, leur ancienne colonie. Au début des années 60, les États-Unis prennent part à cette guerre

meurtrière. Les mouvements de contestation deviennent de plus en plus forts pendant que des trois millions d’Américains engagés, 300 000 se retrouvent blessés et 57 000 perdent la vie.

CitationMusic doesn't lie. If there is something to be changed in this world, then it can only happen through music.[La musique ne ment pas. Si quelque chose doit changer dans ce monde, alors ça ne peut se passer qu’à travers la musique.]- Jimi Hendrix

Paroles d’une chanson

MACHINE GUN"Happy new year first of all. I hope we'll have million or two million more of them... if we can get over this summer, he he he. Right I'd like to dedicate this one to the draggin' scene that's goin' on all the soldiers that are fightin' in Chicago, Milwaukee and New York... Oh yeah, and all the soldiers fightin' in Vietnam. Like to do a thing called 'Machine Gun'"Machine gun,tearin' my body all apart.Machine gun, yeah,tearin' my body all apart.Evil man make me kill you.Evil man make you kill me.Evil man make me kill you,even though were only famlies apart.Well, I pick up my axe and fight like a farmer,You know what I mean?Weh, hey, and your bullets keep knockin' me down.Hey, I pick up my axe an' fight like a farmer, now,yeah, but you still blast me down to the ground.The same way you shoot me baby,you'll be goin' just the same, three times the pain.And with your own self to blame, machine gun!I ain't afraid of your bullets no more, baby.I ain't afraid no more.After awhile, your, your cheap talk won't even cause me pain,so let your bullets fly like rain.'Cause I know all the time your wrong, baby,and you'll be goin' just the same.Machine gun, tearin' my family apart.Hey yeah, alright, tearin' my family apart

Info sur l’album + photo de la pochette originale

L’album live Band of Gypsys est le premier sans son groupe, The Jimi Hendrix Experience. Enregistré en 1970, il suit le spectacle du guitariste au Festival de Woodstock, rassemblement pacifique emblématique de la culture hippie, l’année précédente. Ce festival historique témoigne d’une célèbre performance de Hendrix, chantant Machine Gun, chanson engagée contre la guerre du Vietnam, du point de vue d’un soldat. Il va même jusqu’à imiter le bruit d’une mitrailleuse avec des effets de son sur la scène. Les autres titres de l’album font aussi référence aux idées d’amour, de paix et de changement véhiculées pendant ces années-là.

LOCO LOCASS – LE QUÉBEC EST MORT, VIVE LE QUÉBEC!

Biographie de l’artisteFondé en 1995, formé des rappeurs Batlam, Biz et Chafiik, Loco Locass est un groupe hip-hop québécois très politisé. Leur musique rythmée et leurs textes bien pensés et remplis de jeux de mots illustrent souvent leur position souverainiste face à l'indépendance du Québec. En 2004, la fameuse chanson Libérez-nous des libéraux est mise au premier plan et popularise le groupe. Ce dernier continue, encore aujourd'hui, à faire des spectacles et à sortir des albums (quatre au total), affirmant tout haut ce que les dirigeants politiques cachent ou ne disent pas.

Contexte historiqueFondé sur le nationalisme québécois, un mouvement contemporain visant à rendre indépendant l’État québécois, province canadienne depuis 1867, voit le jour dans les années 1960 pendant la Révolution tranquille. En 1968, René Lévesque fonde le Parti Québécois, et est élu Premier ministre du Québec huit ans plus tard. Le premier référendum sur l’indépendance du Québec es tenu le 20 mai 1980 : il se solde par la victoire du camp du « non » avec environ 60% des voix. Le 30 octobre 1995, le même parti, dirigé cette fois par Jacques Parizeau, pose la question de la séparation de leur province aux québécois. Cette fois-ci, seulement 54 288 voix séparent le camp du « non », vainqueur, et celui du « oui ».Mais encore aujourd’hui, des artistes et autres personnalités indépendantistes revendiquent leurs idées... Le combat est loin d’être terminé.

Citation« Nous n'aurons de repos que lorsque nous serons libresCe n'est pas un vain mot, oui ! et ça devient possibleLes mots ne sont plus vains parce qu'ils nous font vivreJe me souviens que je ne veux plus mourir »- Loco Locass, Tous les Jours

Paroles d’une chanson

LES GÉANTSici le je se démultiplie au nousje ne nous vois plus à genouxmais deboutcaribousdévalant les vallonsarpentant la plainenos sabots s’imprimant dans le lichendorénavant droit dressésdents de dragons hachurant l’horizonnos panaches s’entrechoquent en une mâle émulation

et bravant les hurlements de la meutenos bramements nomment le mondenous sommes issus d’un sol immense,qui nous a tissés métissésrebuts de brins de laine tressés très serréssans couture au sein d’une ceinture fléchéecomme quelque queue clinquante de comète effilochéeet si l’on suit le fil de notre texte, ilmène à la sortie du labyrinthe de panqui nous éreinte depuis qu’ils ont mis nos torts dedansils ont conquis nos territoires,pillé notre histoire et volé notre mémoireavec leurs thèses de fous, ils nous ont dit : « taisez-vous !vous êtes comme Thésée sans sa ficelle, perdus, déboussolésvous n’êtes pas vousvous êtes nousvous êtes dissous vous ne valez pas 10 sousnotre substrat vous subsume etla comparaison vous consume »faux !nous venons d’avant, nous sommes antérieursnous sommes des créateurs, pas des créatures,pas des caricaturesnotre maison n’a pas de cloisonsmais 4 saisonsacclimatés au climatet faisant fi du frimasnous avons parcouru par ses artères tout un continent titannotre espèce aspire à l’espace et son empreinte est partouttapie dans la toponymiegravée dans le granitarc-boutée dans les arches de nos dingues digues dignes de la muraille de chinedans les champs essouchés sous la luneet les racines d’un hêtre qui ne peut plus plierc’est une histoire riche qui n’est sur aucune afficheet qu’on a laissé en frichedans nos caboches, ce n’est que roches et fardochescosmogonie à l’agoniedans le tome fantôme d’une mémoire moisiesur nos épaules on porte pourtant le packsac d’un passé épatantmais allons-nous mourir en nains quand noussommes nés géants ?sitôt venus au nouveau mondeon a dompté les hivers et fabriqué de la terreon avait la tête à la fête et le coeur au labeur

opiniâtres, on n’a jamais laissé mourir le feu dans l’âtre car nous avons la tête à Papineaula longue langue loquace de Da Costale coeur-corsaire de d’Ibervillequi envoie en nos veinesle pur-sang mêlé-mêlé de riel et des premières nationsnous avons l’aviron de Radisson, la vigueur de la Vérendryeles jarrets de Jolliet et tous les talents de l’intendant Talonen somme, nous sommes des surhommes uniquesgénérés par le génie génétique de l’Europe et de l’Amériqueinéluctablement, nous voguons vers le néantmais allons-nous mourir en nains quandnous sommes nés géants ?opaque, il faut qu’enfin notre épopée éclatec’est sans équivoque, cette histoire est pleine et craqueloco locass la provoque de son verbe épiqueles eaux sont crevées et tombent en trombeet forment une flaque, que dis-je une flaque ?c’est comme un lac à nos piedsle col se dilate, le sol s’écarquillepour laisser monter un corps en forme d’ogivec’est le chaos qui passe dans le chas d’une aiguillec’est un cri qu’on pousse, un coeur qui pulsecelui d’un peuple qu’on accueille ou qui frappe un écueildans l’oeil du cyclone chaque seconde en vaut 4nous rapproche d’un miraclec’est un spectacle sans entractemais gare à l’arrêt cardiaqueentre la mort et la viel’arrivée d’un homme comme lors d’un référendumun peuple oscille entre le rien et tout ce qui brilleje pose des mots garrotsgare au flot hémorragique Ô ma rage gicle par tous les pores de mon coeur spongieuxsur ce long jeu, conjure ma mortelle natureet nous disons que la parole est une sage-femmequi tire des limbes un monde à naîtrefort de cette maïeutique aux forcepsle poète nomme enfin celui dont il voit poindre la tête :QUÉBEC !

ou[WI]Droite ou gaucheAu fond c’est secondaireDu pareil au même

Lucide ou solidaireTous signataires du manifesté suicidaireTous dignitaires de la reine d’AngleterreC’est plate mais y’a des frèresAu lieu d’se battre ils préfèrentSe faire fourrer par en arrière à quatre pattesC’parce qu’on est pas des SpartiatesOn a faim de destinQui soit ben plus qu’un p’tit painOn a faim on a faim pour un fast de festinTu dis qu’c’est du passéQu’on a déjà eu notre MulliganOu bien si ca passait on d’viendrait des HooligansTu nous nies comme si on était pas plus vrai que des korriganesMais dans nos organes on entend Oui Yes we canIl ne suffit plus de survivreQui m’aime nous suive sur la Place Tahrir?Il n’y aura plus un jour ici sans le direNous sommes le peuple et le peuple est libreOui, oui t’es-tu toute ouïeQuand on cause une cause on est toute ouïeSoit on s’évanouie, soit on s’épanouieWi Tha people c’est toi, moi, nous, WeQu’ont en commun Wajdi Mouawad, Bertrand Cantat, Docteur Turcotte, Zdeno CharaCe sont tous des boucs émissairesCe sont tous des paratonnerresD’une colère sans repère me répète Rapaille ClotèreUn dernier sursaut, avant d’faire le grand sautC’est ça c’est c’qu’il nous fautPour échapper à l’échafaudFait qu’on lâchera pas l’morceauOn cessera pas d’sitôtDe brandir nos idéauxPis notre bravo bien hautOn est une gang de gladiateursSi on gagne pas on meurtC’est de survivre qu’il s’agitCe n’est pas des chichisOn va se battre jusqu’à la mortNous les batraciens du nordAvec l’arme de StentorAffronter le confortLangue et libertéSont une seule et même chanceÀ liberté partielle, planait totale absence

Assourdissant silenceCe champ n’est pas un champ de compétencesC’est une proclamation d’indépendanceOui, oui t’es-tu toute ouïeQuand on cause une cause on est toute ouïeSoit on s’évanouie, soit on s’épanouieWi Tha people c’est toi, moi, nous, WeClaire ou ambigüe, la question demeure aigüeÊtre ou ne pas êtreBoire ou non la ciguëGagne ou perd on continueÀ le crier dans la rueNous sommes le peuple et le roi est nuLe pays qu’on bâtira ne sera pas anti-katishkaPasse un papier à la Tiki-TacaOn a tout c’qu’il faut pour faire l’effet sans faire les frais de l’affaireLe fer est chaud, l’hiver est beauMoins que le printemps QuébécoisÉpargnés par l’histoireParvenu au carrefourIl faut choisir entre deux maux le moins pireSoit le peuple est à la rueSoit le peuple est dans la rueJour et nuit pour la démocratieIniminimanimo, Trois lettres une syllabe un motQu’on dit avec le sourireQu’on dit pour ne pas mourirCe oui-là c’est celui-làQui inscrit un nouveau pays à WikipédiaOui, oui t’es-tu toute ouïeQuand on cause une cause on est toute ouïeSoit on s’évanouie, soit on s’épanouieWi Tha people c’est toi, moi, nous, WeOui, oui t’es-tu toute ouïeQuand on cause une cause on est toute ouïeSoit on s’évanouie, soit on s’épanouieWi Tha people c’est toi, moi, nous, We

Info sur l’album + photo de la pochette originaleCet album, sorti récemment en 2012, en plein cœur du printemps québécois, est presque totalement engagé, du début à la fin. La grande majorité des chansons montrent un Québec métissé, différent mais uni (Le mémoire de Loco Locass) ou tout simplement crient haut et fort le désir du groupe de faire de leur province un pays. La chanson [wi] est représentative du fameux « oui » que le groupe désire entendre comme réponse finale au référendum, et du pronom « we » qui signifie « nous ». Les

Géants, bourrée de métaphores, est un chant patriotique affirmant la vraie valeur des Québécois. Après de nombreux écrits engagés, Loco Locass peut affirmer que ses textes ne sont rien de moins qu’une véritable proclamation d’indépendance.