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La médecine dans Gargantua Introduction : L’œuvre rabelaisienne est parsemée de références à la médecine, qui en disent long sur le savoir de l’auteur et sur les connaissances de l’époque. Rabelais nous présente-t-il seulement les connaissances qu’il possède sans aucun but ou essaie-t-il également de nous instruire ? I la connaissance de l’homme 1) L’anatomie humaine Rabelais montre une connaissance extrêmement complète et précise sur l’anatomie humaine en général. P 167 « si bien que les larmes leur venaient aux yeux, par suite du violent traumatisme de la substance cérébrale qui faisait s’exprimer ces humeurs lacrymales s’écoulant le long des nerfs optiques. » Ce passage illustre une grande connaissance du cortex visuel et de son fonctionnement. La description est minutieuse, en effet est retracée la cause scientifique des larmes. En faisant un arrêt sur image sur la scène il en profite pour étaler ses connaissances.mal dit Avec l’épisode p273 où Gargamelle : « en mourut de joie » Rabelais expose son statut de médecin en diagnostiquant la crise cardiaque qui a tué Gargamelle. Il nous montre ici qu’il est au courant des rapports qui peuvent exister entre les émotions d’une part et le corps de l’autre, ce qui nous laisse penser qu’il était très avancé sur le plan médical. Grâce à la guerre et au moine frère Jean Rabelais a l’occasion d’étaler ses connaissances sur le corps humain. En effet les blessures sont analysées de façon très précise en utilisant le jargon médical et montrent une connaissance très approfondie de l’anatomie. Il utilise l’arrêt sur image, puisque les différentes scènes que l’auteur décrit ne durent que quelques instants, pour faire un tableau très précis et « gore » révulsant de différentes situations guerrières. P 215 « Il le toucha vers la suture coronale de la tête, sur l’artère temporale du côté droit, si bien que Marquet tomba de sa jument et semblait plus mort que vif »

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La médecine dans Gargantua

Introduction :

L’œuvre rabelaisienne est parsemée de références à la médecine, qui en disent long sur le savoir de l’auteur et sur les connaissances de l’époque. Rabelais nous présente-t-il seulement les connaissances qu’il possède sans aucun but ou essaie-t-il également de nous instruire ?

I la connaissance de l’homme

1) L’anatomie humaine

Rabelais montre une connaissance extrêmement complète et précise sur l’anatomie humaine en général.

P 167 « si bien que les larmes leur venaient aux yeux, par suite du violent traumatisme de la substance cérébrale qui faisait s’exprimer ces humeurs lacrymales s’écoulant le long des nerfs optiques. » Ce passage illustre une grande connaissance du cortex visuel et de son fonctionnement. La description est minutieuse, en effet est retracée la cause scientifique des larmes. En faisant un arrêt sur image sur la scène il en profite pour étaler ses connaissances.mal dit

Avec l’épisode p273 où Gargamelle : « en mourut de joie » Rabelais expose son statut de médecin en diagnostiquant la crise cardiaque qui a tué Gargamelle. Il nous montre ici qu’il est au courant des rapports qui peuvent exister entre les émotions d’une part et le corps de l’autre, ce qui nous laisse penser qu’il était très avancé sur le plan médical.

Grâce à la guerre et au moine frère Jean Rabelais a l’occasion d’étaler ses connaissances sur le corps humain. En effet les blessures sont analysées de façon très précise en utilisant le jargon médical et montrent une connaissance très approfondie de l’anatomie. Il utilise l’arrêt sur image, puisque les différentes scènes que l’auteur décrit ne durent que quelques instants, pour faire un tableau très précis et « gore » révulsant de différentes situations guerrières.

P 215 « Il le toucha vers la suture coronale de la tête, sur l’artère temporale du côté droit, si bien que Marquet tomba de sa jument et semblait plus mort que vif »

P 227 « Aux uns, il écrabouillait la cervelle, à d’autres il brisait bras et jambes, à d’autres il démettait les vertèbres du cou, à d’autres, il disloquait les reins, effondrait le nez, pochait les yeux, fendait les mâchoires, enfonçait les dents dans la gueule, défonçait les omoplates, meurtrissait les jambes, déboitait les fémurs et débezillait les faucilles. »

« Il lui transperçait la poitrine à travers le médiastin et le cœur. A d’autres, qu’il frappait au défaut des côtes, il retournait l’estomac et ils en mouraient sur le champs. A d’autres, il crevait si violemment le nombril, qu’il leur en faisait sortir les tripes. A d’autres, il perçait le boyau du cul entre les couilles. »

P 311 : « lui coupant complètement les veines jugulaires et les artères carotides, avec la luette, jusqu’aux amygdales et, en retirant son arme il lui fendit la moelle épinière entre la deuxième et la troisième vertèbre : l’archer tomba là raide mort. »

P 313 : « Alors d’un seul coup, il lui trancha la tête en lui ouvrant le crâne au-dessus du temporal, en enlevant les deux pariétaux et la suture sagittale avec une grande partie du frontal. Ce faisant il lui trancha les deux méninges et les deux ventricules latéraux du cerveau. L’autre resta le crâne pendant sur les épaules, retenu par l’arrière par la peau du péricrâne à la façon d’un bonnet de docteur, noir au dehors, rouge au dedans. »

C’est d’ailleurs ici l’époque des premières autopsies par Ambroise Paré (1510-1590, chirurgien de champs de bataille, considéré comme le père de la chirurgie moderne, il a inventé de nombreux outils médicaux. On sait que Rabelais a étudié la médecine à Paris, ce qui a pu être une occasion pour lui d’assister ou même de participer à des opérations chirurgicales avec son ami et confrère Guillaume Rondelet.

II la santé de l’homme

1) L’accouchement

La médecine dans Gargantua est apparente dans un premier temps avec l’épisode de l’accouchement de Gargamelle.

Ce passage se trouve dans le chapitre 6 : p 85 « Gargamelle commença à se sentir mal du bas » « bien que la douleur lui fit quelque peu de misères, cette douleur, toutefois serait brève ; la joie qui lui succéderai aussitôt lui ôterai tout ce désagrément, si bien qu’il ne lui en resterait que le souvenir. » Rabelais montre par là les connaissances médicinales de l’époque en ce qui concerne la douleur prénatale et dans quel état psychologique se trouvaient les femmes avant, pendant et après l’accouchement.

P 87 « Aussitôt, des sages-femmes surgirent en foule de tous côtés ; en la tâtant par en dessous elles trouvèrent quelques membranes de goût assez désagréable et elles pensaient que c’était l’enfant » «  Alors une repoussante vieille de la troupe, qui avait la réputation d’être grande guérisseuse (…) lui administra un astringent si formidable que tous ses sphincters en furent contractés et resserrés »

Nous pouvons voir ici comment se déroulerait un accouchement à l’époque, bien que le lieu soit incongru on remarque la présence de sages-femmes et de guérisseuses. Leur travail nous est montré durant ces passages

P 89 « celui que vous appelez le boyau du cul » « ses sphincters en furent contractés et resserrés » « les cotylédons de la matrice »

Rabelais nous expose ici son savoir très pointu sur l’anatomie humaine en utilisant les termes techniques appropriés, il connaît l’alchimie du corps.

2) L’hygiène

L’hygiène occupe une place très importante dans l’œuvre rabelaisienne :

Le chapitre 13 nous donne l’occasion de voir Gargantua inventer un torche-cul, ce qui laisse présumer qu’il a une conscience de l’hygiène sans même avoir reçu d’éducation.

L’éducation de Ponocrates vient réinitialiser les notions d’hygiène de Gargantua. En effet on remarque une opposition entre deux systèmes d’éducation :

P 175 « Puis il fientait, pissait, se raclait la gorge, rotait, pétait, bâillait, crachait, toussait, sanglotait, éternuait, se mouchait en archidiacre et, pour abattre la rosée et le mauvais air, il déjeunait de belles tripes frites, de belles grillades, de beaux jambons, de belles pièces de chevreau et de force tartines matutinales. »

P 195 « Cela fait, ils sortaient, toujours en discutant du sujet de lecture, et allaient faire du sport au Grand Braque ou dans les prés ; ils jouaient à la balle, à la paume, au ballon à trois, s’exerçant élégamment les corps comme ils s’étaient auparavant exercé les âmes. »

On remarque que dans l’avant Ponocrates, aucun cas n’était fait de l’hygiène alors que dans la p 195 Rabelais nous évoque la possibilité d’un esprit sain dans un corps sain en faisant référence à Montaigne dans ses Essais.(mens sana in corpore sano)

P 195 « puis il allait au lieu secret excréter le produit des digestions naturelles »

Le fait que Gargantua aille dans un lieu conçut pour déféquer montre que la conscience hygiénique de l’époque était présente, contrairement à Versailles au XVIIème siècle où les lieux d’aisance n’existaient pas et où l’on déféquait et urinait derrière les rideaux ou sur le pas de portes.

P 195 « Cela fait, il était habillé, peigné, coiffé, apprêté et parfumé »

Plus qu’une simple hygiène, il y a la notion de culture du corps et de soin du corps.

Rabelais prodigue ses conseils de médecin sur l’hygiène de vie de Gargantua. On perçoit sans mal la présence du Rabelais médecin derrière le personnage de Ponocrates. Il utilise une opposition entre deux types d’hygiène pour mettre en valeur celle que promulgue Ponocrates.

Rabelais un médecin humaniste

Par le biais de ces différents personnages, Rabelais nous expose ses larges connaissances médicales, ainsi que ses conseils de médecin.

Tout d’abord une leçon d’hygiène avec la comparaison de la notion d’hygiène que Gargantua avait dans sa « non-éducation » et l’hygiène qu’il acquiert sous la houlette de Ponocrates.

On peut voir ici les conditions de vie du XVIe siècle, ainsi que les recommandations médicales telles que se laver les mains, se « torcher le cul », faire du sport etc …

Est également présent un parallèle avec la vie de Rabelais qui a étudié la médecine et qui a reçu sa chaire. Il y a derrière cette oeuvre une réelle visée humaniste de la part de l’auteur, en effet il étale un maximum de connaissances très précises sur la médecine mais également sur la littérature, la religion etc…

Nous pouvons donc conclure que Rabelais était un homme complet.

Conclusion :

Rabelais n’étale pas seulement ses connaissances en médecine, il nous donne également une leçon sur l’hygiène et sur la culture du corps, ce qui nous amène à penser que Rabelais était un visionnaire et un humaniste confirmé.

LEXIQUE :