vocation enseignant n°4 - 2016

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CRPE • CAPES • CAFEP • CAPET • CAPEPS • CAPLP • CPE... LE MAGAZINE DES CANDIDATS AUX CONCOURS ET ENSEIGNANTS STAGIAIRES TOUS LES MÉTIERS DE L’ÉDUCATION DEVENIR ENSEIGNANT l ENSEIGNER DANS LE MONDE DE DEMAIN l L’ÉTABLISSEMENT SCOLAIRE, UN ESPACE LAÏQUE l LES NOUVEAUX ENJEUX DE LA VIE SCOLAIRE N°4 VOCATION ENSEIGNANT 2016 l LES CONDITIONS D’ACCÈS, AVEC OU SANS CONCOURS l LES FORMATIONS l PREMIER ET SECOND DEGRÉS l ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR l PUBLIC OU PRIVÉ PARTIR ENSEIGNER À L’ÉTRANGER SOLUTIONS ET MODE D’EMPLOI, SELON VOTRE PROFIL « JE SUIS DEVENUE PROF SUPPLÉANTE » POUR TESTER VOTRE VOCATION, FAITES DES REMPLACEMENTS ! COMMENT DEVENIR ENSEIGNANT SANS DIPLÔME mAGAzINE OffErT EN pArTENArIAT AVEC ABCD aire de la SURVIE en milieu scolaire avec

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Le magazine des candidats aux concours et enseignants stagiaires. Nouvelle édition 2016.

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Page 1: Vocation enseignant n°4 - 2016

VOCATION ENSEIGNANT n°4 / 1

CRPE • CAPES • CAFEP • CAPET • CAPEPS • CAPLP • CPE.. .

LE MAGAZINE DES CANDIDATS AUX CONCOURS ET ENSEIGNANTS STAGIAIRES

TOUS LES MÉTIERS DE L’ÉDUCATION

DEVENIR ENSEIGNANT l ENSEIGNER DANS LE MONDE DE DEMAINl L’ÉTABLISSEMENT SCOLAIRE, UN ESPACE LAÏQUE l LES NOUVEAUX ENJEUX DE LA VIE SCOLAIRE

N°4 VOCATION ENSEIGNANT 2016

l LES CONDITIONS D’ACCÈS, AVEC OU SANS CONCOURS l LES FORMATIONS l PREMIER ET SECOND DEGRÉS l ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR l PUBLIC OU PRIVÉ

PARTIR ENSEIGNER À L’ÉTRANGERSOLUTIONS ET MODE D’EMPLOI, SELON VOTRE PROFIL

« JE SUIS DEVENUE PROF SUPPLÉANTE »POUR TESTER VOTRE VOCATION, FAITES DES REMPLACEMENTS !

COMMENT DEVENIR

ENSEIGNANT SANS DIPLÔME

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VOCATION ENSEIGNANT n°4 / 3

Sommaire

Vocation Enseignant est un magazine gratuit du Groupe Vocation Service Public © Dépôt légal n°4 Février 2016 ISSN 2267-277 X

Directeur de la publication et Editeur : Antoine Ingold Direction artistique : B2o Design [email protected] Publicité, opérations spéciales : Tél. 09 52 31 16 53 - [email protected] Impression : SIEP - 77590 Bois le Roi GVSP Sarl de presse au capital de 15 000 € RCS Melun 507 936 169 Associés : Antoine Ingold, Philippe BatreauSiège social et Rédaction : 53, rue Saint-Merry - 77300 Fontainebleau - Rédaction : Olivier Davon, Florence Leclair, Pierre Rémond Remerciements : Jean-Louis Auduc, Réseau national des ÉSPÉ Photos : DR, Fotolia, iStock, 123rf Site : www.vocationenseignant.fr

ENSEIGNEr DANS LE mONDE DE DEmAINUne vision prospective de Richard-Emmanuel EASTES ..........................................4

L’ÉTABLISSEmENT SCOLAIrE, UN ESpACE LAÏQUEPar Jean-Louis AUDUC, co-auteur de la Charte de la Laïcité ..................6 LES NOUVEAUX ENJEUX DE LA VIE SCOLAIrEQuatre questions à Christian VITALI.............................8

TOUS LES mÉTIErS DE L’ÉDUCATION ........10Du premier degré à l’enseignement supérieur, tous les métiers dans les établissements publics et privés

DEVENIr ENSEIGNANT SANS DIpLÔmE .........17Ce qu’il faut savoir sur le 3e concours et l’exonération de diplôme

«JE SUIS prOf SUppLÉANTE»LE TÉmOIGNAGE DE SOLèNE, 26 ANS ..........18Devenir suppléant(e), un bon moyen pour tester sa vocation

fAUT-IL AVOIr pEUr DE L’INTErDISCIpLINArITÉ ? .............................. 22Démystifier les EPI et clarifier leurs finalités

pArTIr ENSEIGNEr À L’ÉTrANGEr .................24Les possibilités qui s’offrent à vous, selon votre situation

ABCDAIrE DE LA SUrVIE EN mILIEU SCOLAIrE ....................................................... 27Des repères indispensables pour enseignants, CPE, personnels de direction...Morceaux choisis de A à Z

Les enseignants d’aujourd’hui et de demain sont essentiels et précieux...Ce sont les enseignantes et les enseignants qui forment, année après année, les futurs citoyens de ce monde. Eux qui éduquent les enfants qui seront demain les acteurs du changement. Lorsque l’on songe que 65 % des métiers qu’exerceront les élèves de l’actuelle école primaire n’existent pas encore, et que les derniers élèves des étudiants actuellement formés au métier d’enseignant prendront leur retraite après l’année 2100, on mesure l’importance des enjeux de la formation à cette profession. À partir d’une vision prospective de la société et de la manière dont le métier d’enseignant est susceptible d’évoluer dans les années et décennies à venir, richard-Emmanuel Easte, Docteur en sciences de l’éducation, délivre six messages clés à l’attention des enseignants d’aujourd’hui et de demain.

La communauté éducative, incluant les familles et les élèves, a un rôle décisif pour construire du collectif et du vivre ensemble. La laïcité, c’est également la construction d’un projet collectif approprié par tous, reposant sur un vivre ensemble. Co-auteur de « La Charte de la Laïcité », Jean-Louis Auduc met en perspective la mission que la Nation a confiée à l’école.

Vous aimez voyager et vous avez choisi de devenir enseignant : tant mieux,ces deux activités sont tout à fait compatibles ! mais pourquoi attendre les vacances pour voyager quand on peut partir enseigner à l’étranger ?Que vous fassiez vos premiers pas dans le métier ou que vous ayez déjà fait du chemin depuis votre premier poste, étudiez les possibilités qui s’offrent à vous et préparez votre projet, selon votre situation.

Suivez toute l’actualité des recrutements des métiers de l’éducation sur la page : www.facebook.com/VocationEnseignant/

retrouvez tous nos dossiers sur le site : www.vocationenseignant.fr

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4 / VOCATION ENSEIGNANT n°4

À travers le monde, la formation des enseignants prend des formes très variées, bien que le métier reste sensiblement le même au sein d’établissements organisés selon des modèles de l’école qui s’avèrent très similaires. Un métier sur lequel pèsent presque partout les mêmes défis pédagogiques, les mêmes enjeux sociétaux, les mêmes attentes éducatives, lesmêmes contradictions politiques…En Suisse, après une formation universitaire disciplinaire, les étudiants (1) qui souhaiteraientembrasser une carrière enseignante entrent dans des Hautes Écoles Pédagogiques pour ysuivre des cursus de un à trois ans selon le niveau visé. Ils apprennent alors leur futur métier au travers de stages accompagnés, d’échanges de pratiques, de cours magistraux et de diverses activités en sciences de l’éducation et en didactique des disciplines.En tant que recteur d’une telle institution, disposant de quelques rares et courtes occasions de m’adresser aux étudiants durant leurs études, j’ai ainsi eu l’opportunité de m’interroger sur les messages principaux qui seraient susceptibles de les guider lorsqu’ils prendraient la responsabilité d’une classe, puis tout au long de leur carrière.

À partir d’une vision prospective de la société et de la manière dont le métier d’enseignantest susceptible d’évoluer dans les années et décennies à venir, six messages universelsm’ont semblé émerger tout naturellement et devoir leur être délivrés.

Les enseignants d’aujourd’hui et de demain sont essentieLs etprécieuxIl ne devrait même pas être nécessaire de l’écrire, tant il est une évidence que ce métier est fondamental pour l’avenir de notre société.Ce sont les enseignantes et les enseignants qui forment, année après année, les futurscitoyens de ce monde. Tous les futurs citoyens. Eux qui éduquent les enfants qui serontdemain les acteurs du changement.Lorsque l’on songe que 65 % des métiers qu’exerceront les élèves de l’actuelle écoleprimaire n’existent pas encore (2), et que les derniers élèves des étudiants actuellementformés au métier d’enseignant prendront leur retraite après l’année 2100, on mesurel’importance des enjeux de la formation à cette profession.

Les enseignants d’aujourd’hui et de demain sont courageuxIls savent en effet s’adapter à un monde qui change toujours plus vite.Brassages socioculturels et tentation du repli identitaire, intrusion du numérique dans la viequotidienne et dans les moyens d’enseignement, élaboration incessante et rapide denouvelles connaissances, évolutions du rapport au savoir… Les défis qui attendent laprofession sont fantastiques.Et les acteurs doivent savoir qu’ils s’exposent à de nombreuses inquiétudes, frustrations,voire désillusions, s’ils ne sont pas préparés à

des bouleversements majeurs de leur métier,dans un environnement sociopolitique et face à des élèves et des parents dont le rapport àl’école évolue sans arrêt.

Les enseignants d’aujourd’hui et de demain sont deschercheursOu en tout cas, ils doivent apprendre à l’être face aux difficultés de leurs élèves.C’est la raison pour laquelle ils sont de plus en plus souvent formés par la recherche, qu’ellesoit pédagogique ou non. Non pas pour en faire des producteurs de connaissancesacadémiques, mais pour trois raisons majeures : les habituer à se documenter sur leur métier et à suivre ses évolutions, leur donner une culture épistémologique minimale leur permettant de comprendre comment s’élaborent les savoirs en général et les inscrire dans une culture de la recherche, c’est-à-dire de l’investigation.Former les enseignants par la recherche, ce n’est pas leur faire manipuler des conceptsabstraits, élaborer des théories fumeuses, faire de la théorie pour la théorie. C’est bien aucontraire les habituer à adopter une posture réflexive, à lutter contre les réflexes, les idéesreçues et les habitudes, à chercher à voir derrière les apparences.

Les enseignants d’aujourd’hui et de demain sont descuLtivateurs bioIls cultivent leurs élèves et savent voir dans chacun le potentiel qu’il pourrait développer.À l’inverse de l’agriculture intensive qui construit des champs bien réguliers, aux épis tous identiques, sélectionnés sur un modèle unique, les agriculteurs bio promeuvent la diversité et le mélange des cultures, les synergies entre espèces, la résilience par la variété. Ils savent exploiter le terrain et les conditions climatiques locales pour donner sa chance à chaquepetite pousse, même fragile, conscients qu’ils

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Richard-Emmanuel EastEsDocteur en sciences de l’éducation et philosophie, Chercheur associé au Laboratoire de Didactique et d’Epistémologie des Sciences, Université de Genève

www.richard-emmanuel.eastes.eu

Enseigner dans le monde de demain, un défi fantastique

VOCATION ENSEIGNANT

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VOCATION ENSEIGNANT n°4 / 5 www.vocationenseignant.fr

ENSEIGNEr dANS lE mONdE dE dEmAIN

sont de la richesse nutritive ou gustativeparticulière qu’elle recèle.Les enseignants se doivent, de même, de cultiver leurs classes comme des prairies et desforêts, et non pas comme des seaux (des sots ?) que l’on remplit. Ils se doivent de laisser tous les talents se développer, les élèves différents être forts dans leurs différences, sans les formater sur un modèle unique de « bon élève ».

Les enseignants d’aujourd’hui et de demain sont des expertsde La créativitéDans les 30 prochaines années, selon l’UNESCO, il y aura plus de personnes diplômées dans le monde que dans toute l’histoire. Soudainement, un diplôme est nécessaire pour tout, mais les diplômes valent aussi beaucoup moins. C’est le processus dit d’inflation académique.Face à d’autres individus qui possèdent eux aussi des diplômes, face à d’autres pays quidonnent eux aussi accès aux études supérieures à une majorité d’étudiants, ce qui fera la différence à l’avenir sera la capacité à penser autrement, à sortir du cadre, à être créatif.Dès lors, les compétences précieuses de demain ne seront peut-être pas les mêmes quecelles d’hier, celles qui nous ont fait, nous, réussir à l’école.Que sera un « bon élève » dans le monde de demain ? Hier, c’était un élève qui savaitrestituer de manière conforme et rapide le propre savoir de l’enseignant. Demain, il devraprobablement également savoir où trouver la connaissance, comment la synthétiser etl’utiliser, être capable de produire une réflexion propre, fraîche et créative de lui-même.

« Le monde moderne se moque bien de ce que vous savez. Il s’intéresse à ce que vous savez en faire. Il a besoin de gens créatifs, capables de croiser les sujets quand l’école française fait encore trop réciter des leçons. En France plus qu’ailleurs, on n’enseigne pas suffisamment ce qui sera pertinent pour réussir sa vie ! », a récemment déclaré Andreas Schleicher, directeur de l’éducation de l’OCDE, responsable des études PISA.

Les enseignants d’aujourd’hui et de demain n’ont pLus peur deL’erreur« Il n’est pas obligatoire de se tromper pour être créatif », rassure Ken Robinson dans laconférence TED la plus vue depuis que TED existe. Mais celui qui n’est pas prêt à se tromper ne produira jamais rien d’original.Nous devons donc apprendre à ne plus nous défier de l’erreur, à ne pas stigmatiser celles de nos élèves, à reconnaître qu’une erreur n’est pas toujours une faute. Apprendre à enseigner la musique ou les langues, voire même les sciences, dans l’objectif de faire acquérir aux élèves la capacité de s’exprimer librement avant celle de le faire « sans fautes ». « L’enseignant est celui qui, à travers ce qu’il professe, peut vous aider à découvrir vospropres vérités » soulignait déjà Platon. « [C’est] un médiateur qui aide chacun à secomprendre, à se connaître », complète Edgard Morin, sociologue français (3). Le contraire d’un censeur, en somme…On relève parfois avec humour qu’un « problème » récurrent de la plupart des enseignants proviendrait de leur condition

« d’anciens bons élèves ». Une condition qui ne faciliterait pas leur compréhension des difficultés des élèves (difficultés qu’ils n’ont, eux, parfois jamais eues), du manque de motivation de ces derniers pour leurs matières (qui, eux, les ont toujours passionnés), et qui leur fait souvent préférer les élèves qui, comme eux, ont compris leur « métier d’élève », c’est-à-dire les attentes parfois un peu formatées du système éducatif.Si nous avons besoin de « bons élèves », eux-mêmes peut-être un jour futurs « bonsenseignants », il nous importe en effet de réfléchir au sens à donner à cette notion afin de tendre collectivement vers un idéal d’éducation au service de la société tout entière. Un idéal qui, selon nous, conduit à faire de nos élèves des personnalités créatives, ouvertes et impertinentes, capables d’innover et de bien penser plutôt que de savoir simplement restituer notre propre savoir.Car ce sont bien les enseignantes et les enseignants d’aujourd’hui qui cultivent les esprits libres et créatifs de demain. Qu’ils et elles en soient ici remercié-e-s.n

(1) Dans toute la suite de l’article, le générique masculin est généralement substitué aulangage épicène à la fois par souci de simplification et dans le but d’encourager les hommesà embrasser la carrière enseignante, accroissant ainsi la diversité de genre dans le corpsenseignant pour le plus grand bénéfice des enfants.(2) Département d’État américain du travail.(3) « Dialogue sur la connaissance », p.28, Édition de l’aube, 2002.

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6 / VOCATION ENSEIGNANT n°46 / VOCATION ENSEIGNANT n°4

La communauté éducative, incluant les familles et les élèves, a un rôle décisif pour construire du collectif et du vivre ensemble. La laïcité, c’est également la construction d’un projet collectif approprié par tous, reposant sur un vivre ensemble :

n mettant en avant les valeurs, les savoir-faire, les savoirs qui réunissent et non ce qui peut diviser ;n qui ne nie pas d’où l’on vient et ce qu’on est, mais qui sache où l’on va et sur quelles valeurs.

L’appartenance à un collectif est un élément important du vivre ensemble. Pour dépasser les tensions communautaires, il faut proposer des éléments d’une appartenance collective.L’établissement scolaire public doit se concevoir comme porteur d’un projet collectif approprié par tous, élément d’un projet national collectif.

En effet, la finalité de l’école visant à donner à tous un sentiment commun d’appartenance à une nation reposant sur des valeurs communes est liée au principe du droit du sol fonctionnant en France. Sur 40 000 jeunes français nés en France de parents étrangers, 39800 seront français à leur majorité, d’où l’importance du rôle de l’École.

Cette logique contribue à faire de la laïcité un ciment de la lutte contre les communautarismes et à œuvrer pour que les convictions particulières ne l’emportent pas sur la loi commune.

Un établissement scolaire est un espace laïque de savoir et de citoyenneté qui développe des pratiques de citoyenneté, des initiatives citoyennes, crée des espaces de médiation, d’écoute et de dialogue avec les jeunes et les familles, parce qu’il a compris que le lien social, déchiré par les inégalités et la crise, se reconstitue aussi dans la solidarité et par l’engagement, que le civisme n’est pas une règle froide et abstraite, mais un apprentissage collectif permanent.

espace

L’espace public qu’est un établissement scolaire (article 5 de la Charte), c’est le lieu du bien commun, de l’intérêt général qui n’est pas la somme des intérêts particuliers (article 4), d’une éducation à ce que signifie la République et ses valeurs (articles 1 et 2 de la Charte). Ses personnels sont astreints dans le cadre de la neutralité à une stricte impartialité (article 11).

Le contrat social français repose sur la séparation du privé, de l’intime et de l’espace de service public. L’espace privé, c’est le lieu où la famille peut développer ses traditions, c’est son espace singulier, particulier, où elle peut éduquer comme elle le souhaite ses enfants et où, sauf atteinte physique entre personnes, personne n’a à regarder par « le trou de la serrure »… La laïcité garantit de manière absolue la liberté de conscience de chacun (article 3).Son espace doit être clairement identifié, symboliquement séparé de son environnement.

Émettrice vers le quartier où elle est située autant que réceptrice des initiatives qui s’y mènent, des problèmes qui s’y déroulent, consciente qu’en tout en état de cause, elle a sa marge de manœuvre propre par rapport à son environnement économique, social et culturel, l’école doit refuser tout fatalisme.

Laïque

Laïque, parce qu’elle est ouverte à tous les jeunes, quelles que soient leurs origines sociales, ethniques ou religieuses, l’école refuse toutes les doctrines d’exclusion et a la volonté et l’ambition de faire réussir tous les élèves d’où qu’ils viennent. Laïque, car elle s’inscrit dans une démarche d’indépendance de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique (articles 13 et 14 de la Charte), protégeant ainsi tous les jeunes « de tout prosélytisme et de toute pression » (article 6).Laïque, parce qu’elle a pour fonction de donner à tous l’accès à une « culture commune et partagée » (article 7) et de leur permettre « de faire leurs propres choix » (article 6).

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L’établissement scolaire, un espace laïque de savoir et de citoyenneté

VOCATION ENSEIGNANT

Jean-Louis aUDUCCo-auteur de « La Charte de la Laïcité »Auteur de « Faire partager les valeurs de la République »Hachette-Éducation, Novembre 2014

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VOCATION ENSEIGNANT n°4 / 7

de savoir

Elle promeut le savoir, parce qu’elle sait qu’aujourd’hui encore plus qu’hier, la poursuite d’études est un élément clé de l’insertion sociale, parce qu’elle prête à s’adapter aux divers publics tout en maintenant les mêmes objectifs pour tous. Elle enseigne des savoirs légitimés et non des croyances ou des opinions. La « Charte de la Laïcité » souligne dans ses articles 7 et 12 l’importance des programmes scolaires comme « culture commune et partagée » qui, décidés par la Nation, ne peuvent être l’objet d’aucune mise en cause invoquant « une conviction religieuse ou politique » et le fait « qu’aucun sujet n‘est à priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique ».

Il est en effet fondamental de « garantir aux élèves l’ouverture la plus objective possible à la diversité des visions du monde ainsi qu’à l’étendue et à la précision des savoirs » (article 12).

Dans le cadre de ses programmes, l’école doit transmettre « aux élèves le sens et la valeur de la laïcité ainsi que des autres principes fondamentaux de la République » (article 10).

et de citoyenneté

L’école développe également des pratiques de citoyenneté (article 4 de la Charte), des connaissances et des compétences sociales et civiques et permet ainsi aux élèves, en liaison avec les programmes scolaires de toutes les disciplines, de comprendre le monde pour ne pas le subir. Elle leur offre ainsi « les conditions pour forger leur personnalité, exercer leur libre-arbitre et faire l’apprentissage de la citoyenneté » (article 6).

Elle permet l’exercice de « la liberté d’expression des élèves dans la limite du bon fonctionnement de l’École comme du respect des valeurs républicaines et du pluralisme des convictions » (article 8). Elle promeut un sentiment d’appartenance à un territoire, une nation et met en avant l’intérêt général et non les intérêts particuliers.L’école doit ainsi agir pour combattre « toutes les discriminations », « rejeter toutes les violences », elle doit garantir dans tous les domaines « l’égalité entre les filles et les garçons » et développer un climat scolaire basé sur « une culture du respect et de la compréhension de l’autre » (article 9 de la Charte).

L’enjeu de la construction d’une citoyenneté effective, c’est que chacune et chacun deviennent des actrices et des acteurs de la construction de sa personnalité et de ses choix de vie. C’est pourquoi la laïcité implique de traduire en actes concrets ce qu’elle représente. « Par leurs réflexions et leurs activités, les élèves contribuent à faire vivre la laïcité au sein de leur établissement » (article 15 de la Charte).n

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« La Nation confie à l’École la mission de faire partageraux élèves les valeurs de la République. »

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Quatre questions à Christian VITALI, conseiller principal d’éducation au lycée Malherbe de Caen durant de nombreuses années, responsable de formation et chargé de cours à l’IUFM de Caen, actuellement chargé de cours à l’ESPE de Rouen, ainsi qu’au CNED de Lyon et de Lille pour la préparation au concours de CPE, et longtemps rédacteur en chef de La Revue de la Vie scolaire. Il vient de publier Nouveaux enjeux pour la vie scolaire – Mutations et variations aux éditions Hachette Éducation.

pourquoi évoquer La vie scoLaire ?Il est urgent de se ressaisir de la vie scolaire aujourd’hui car elle apporte une réponse globale, remet de l’ordre et du sens au sein de l’école qui ressemble de plus en plus à un champ de bataille où s’affrontent quotidiennement des parents d’élèves, des corporatismes, des lobbies, des politiques de tous bords. C’est pourquoi on assiste à l’explosion de micro-réformes qui focalisent l’attention sur des aspects partiels comme le climat scolaire, le bien-être, l’autonomie de l’établissement, le décrochage, le harcèlement,

la laïcité, le latin ou les langues européennes. Ces tentatives souvent mal comprises, apparaissent dispersées et concurrentielles, ajoutant de la crise à la crise.Cependant, avec la vie scolaire, un ensemble se dessine. Une vision compréhensive de l’évolution scolaire se substitue aux mouvements erratiques de la réforme. Elle montre que tout est lié : il ne suffit pas d’organiser l’acquisition des savoirs, il faut penser l’élève en relation avec sa construction identitaire, son inscription dans une temporalité sociale, culturelle, et politique. Comme l’indiquent des auteurs comme Edgar Morin ou Marcel Gauchet, un nouveau paradigme de l’éducation s’impose, on a besoin d’une représentation globale autour des changements profonds dans les processus de transmission de la culture.

en quoi consiste cette nouveauté dans L’écoLe ?Si l’on parle de nouveaux enjeux, c’est parce que la vie scolaire participe d’un renouvellement profond de l’action éducative. Apparue après 1968, avec l’épuisement de l’autorité républicaine, elle concernait principalement les méthodes d’éducation.Aujourd’hui, le problème est tout autre car il concerne les finalités de l’école. Il s’agit de répondre aux ruptures fondamentales issues de la culture numérique et de la mondialisation libérale. Il ne s’agit plus de donner accès à l’autonomie, mais de savoir que faire avec des jeunes ultra-indépendants, certes connectés aux réseaux sociaux et à la consommation, mais coupés des bases historiques et culturelles de la société. Le problème majeur de l’école, c’est le déclin de l’institution éducative : l’incapacité familiale et scolaire de contenir et d’étayer la construction identitaire des adolescents. L’école devient ainsi une forteresse vide accueillant des jeunes sans repères, se socialisant entre eux, au gré des événements de la vie juvénile. La « désinstitutionalisation » met à mal l’organisation pédagogique car elle fait surgir un

élève « sauvage », étranger au temps, à la loi, à l’autorité, à l’autre, au bien commun et au savoir. Avant d’être élève, l’adolescent pulsionnel et tribal exige du respect et veut être reconnu !Ces questions inédites exigent de reconstruire les « conditions de l’éducation » (Marcel Gauchet). Les nouveaux enjeux de la vie scolaire participent de cette entreprise de « refondation de l’école » initialisée avec le socle commun en 2005.

queLLes sont Les probLématiques déveLoppées sur Le terrain ?Les problématiques de vie scolaire sont surtout transversales, elles procèdent du socle commun et irriguent le champ pédagogique afin que les élèves tirent profit de l’enseignement pour se construire une personnalité autonome, responsable, impliquée dans la vie sociale. C’est pourquoi l’éducation porte sur le droit, la loi, l’obligation scolaire, la laïcité, les valeurs de la république, le harcèlement, la civilité, la citoyenneté. Ces notions sont élucidées dans le cadre de protocoles pédagogiques d’expression. Il ne s’agit pas d’assener des vérités mais de lever les amalgames et les tabous qui font obstacle au débat et à la liberté de conscience. Même si l’on est là pour intervenir en cas d’incidents, l’enjeu est d’abord d’anticiper les problèmes et d’offrir un cadre normatif élaboré collectivement au niveau de l’établissement. Mais bien sûr, cela suppose de revoir les habitudes professionnelles.

queLLes sont Les transformations du champ professionneL ?On a récemment reformulé le référentiel des métiers de l’enseignement et de l’éducation. Ce n’est pas un hasard. Le chantier de l’école est immense. S’agissant de créer de toutes pièces un « effet institutionnel » cohérent, la construction de la vie scolaire a moins besoin de circulaires que d’engagements collectifs, réflexifs, éthiques et responsables qui débouchent le plus souvent sur un remaniement volontaire des pratiques professionnelles et de la division du travail éducatif. Cette révolution du travail collectif procède d’une histoire patiente qui commence à peine, mais c’est la seule façon de relever le défi de la légitimité de l’école de demain.n

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Souvent réduite à l’accueil des élèves hors du temps de cours et à l’applica-tion du règlement intérieur, la vie scolaire a une vocation plus vaste qui vise à organiser et animer le cadre de l’action éducative et de la citoyenneté dans l’établissement. Aujourd’hui, contribuant à la pédagogie et l’évaluation du socle commun, elle est partie prenante dans le management de la refondation de l’école.

Les nouveaux enjeux de la vie scolaire

VOCATION ENSEIGNANT

Nouveaux enjeux pour la vie scolaireMutations et variationsde Christian Vitali - Hachette Éducation320 pages – 19,90 €ISBN : 978-2-01-270887-7

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dans Les écoLes primaires...

De la maternelle au CM2, les enfants sont accueillis par des professeurs des écoles et également par du personnel appartenant à la Fonction publique territoriale. Ces agents territoriaux assurent des fonctions techniques pour les cantines, l’entretien des établissements ou encore pour assister les enseignants. C’est le cas des Agents spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) ou des animateurs pour les écoles primaires dont le nombre a légèrement augmenté avec la réforme des rythmes scolaires.

Sous le nom d’école primaire sont réunies les écoles élémentaires (classes du CP auCM 2) et maternelles (trois sections). C’est aussi ce qui s’appelle l’enseignement du premier degré.Une école, à la différence d’un collège ou d’un lycée, n’a pas de statut juridique autonome. Elle n’a donc pas de budget propre et ne peut recruter des personnels vacataires. Cependant, des intervenants extérieurs, pour des animations culturelles, linguistiques ou

extrascolaires, peuvent être financés par la commune de rattachement de l’établissement.Notez qu’il est prévu par la loi de Refondation de l’École de 2013, de développer la scolarisation des enfants de 2 à 3 ans qui ne sont actuellement accueillis que pour 12 % de la classe d’âge.

Le premier métier qui vient à l’esprit à l’évocation de l’école primaire est celui des professeurs. En effet, c’est le professeur des écoles (cat. A) qui passe le plus de temps avec les élèves : 24 heures de cours par semaine, auxquelles s’ajoutent 108 heures de différentes activités comme l’aide aux élèves, les temps de concertation (conseil d’école, conseil des maîtres,…) les temps de formation, etc.L’enseignement qu’il donne doit être polyvalent pour éveiller les enfants dont il a la responsabilité. Du français à l’éducation sportive en passant par les sciences, les mathématiques, l’histoire-géographie, l’éducation civique et les langues vivantes, de nombreux domaines sont enseignés. Le métier de professeur des écoles est loin d’être répétitif : chaque année, le professeur est

Pour devenir enseignant, faire le point sur la formation et les voies d’accès, mais aussi comprendre l’organisation des établissements scolaires et uni-versitaires, suivez ce guide ! Ce grand dossier vous emmène également à la découverte des autres métiers de l’éducation, ceux qui contribuent à offrir de bonnes conditions de vie aux élèves... et à leurs enseignants !

Les métiers de l’éducation : Premier et second degré, enseignement supérieur

VOCATION ENSEIGNANT

libre de changer l’organisation de sa classe, d’adapter ses cours, de proposer de nouvelles activités ou sorties scolaires. Ses principales qualités sont évidemment la motivation et une bonne culture générale pour réussir le concours. Mais il faut aussi faire preuve d’une capacité d’adaptation aux publics, d’écoute et de communication.

Des bibliothèques centres de documentation (BCD) se sont développées dans les écoles primaires. Il s’agit d’un espace (dans une classe pour les plus petites écoles ou dans une salle spécifique) dédié à la littérature, aux prêts de livres et à la recherche documentaire.C’est aussi un lieu qui permet l’une des premières approches de la lecture.

Le professeur des écoles ne travaille pas seul. Il est généralement entouré d’une équipe dont la taille varie selon les établissements : d’autres professeurs, un directeur ou une directrice, une équipe d’animation qui s’occupe de la garderie avant et après la classe ainsi que des intervenants extérieurs, des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles…

Chacun a sa place pour aider l’enfant à bien grandir. Détaillons le rôle de chacun.

Pour faciliter l’accueil et l’intégration des élèves handicapés, des auxiliaires de vie scolaire peuvent être recrutés directement par les académies, sans condition de diplôme.

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VOCATION ENSEIGNANT n°4 / 11

Mille postes d’étudiants apprentis professeurs (EAP) ont été créés à la rentrée 2015. Ce dispositif remplace les Contrats d’avenir professeur. Les étudiants bénéficient d’un contrat d’apprentissage qui permet d’alterner formation universitaire et immersion en classe encadrée par un tuteur enseignant. Une opportunité pour des étudiants qui se destinent à l’enseignement et qui peuvent ainsi suivre une formation professionnalisante et percevoir une rémunération (voir encadré).

Dans les écoles maternelles, des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (cat. C – CAP petite enfance) appelés ATSEM sont souvent présents. Ces personnes ont des fonctions multiples d’assistance aux personnels enseignants : accueil des enfants et animation le matin, maintien en état de propreté des locaux et du matériel, préparation du matériel et des activités avec les professeurs des écoles, aide aux repas et à l’organisation de la sieste. Tout comme les adjoints techniques territoriaux des établissements d’enseignement, les ATSEM sont recrutés par les communes.Les adjoints techniques territoriaux des établissements d’enseignement (cat. C) ont pour fonction l’entretien courant des locaux et des espaces verts des établissements. Ils sont aussi en charge de l’accueil (renseignements, contrôle de l’accès, transmission des messages…). Ils peuvent être appelés à organiser, coordonner et exécuter des travaux ouvriers ou techniques, selon leur qualification.

Les adjoints techniques territoriaux de 2e classe sont recrutés sans concours (sur lettre de motivation, curriculum vitae et entretien) alors que les adjoints techniques territoriaux de 1ère classe sont recrutés sur concours externe (niveau CAP-BEP), interne et troisième concours ou après inscription sur une liste d’aptitude.Ce personnel communal est placé sous l’autorité du directeur ou de la directrice d’école (cat. A). Pour postuler à cette fonction (inscription sur une liste d’aptitude), il faut avoir exercé la fonction de professeur des écoles au moins 2 ans. Selon la taille de l’établissement à gérer, le directeur enseigne à temps partiel. Sa fonction est importante, c’est lui qui coordonne le personnel pour veiller à la bonne marche de son école et qui procède à l’admission des enfants.

L’inspecteur de l’Éducation nationale est le supérieur hiérarchique de tous les enseignants du primaire exerçant dans sa circonscription.

Pour devenir professeur des écoles, il faut réussir le CRPE (concours de recrutement de professeurs des écoles). Il faut être inscrit en première année d’étude d’un master 1 (M1) au moment de l’inscription au concours en septembre.À la fin de l’année de M1, le concours se passe en mars (écrit), puis en juin/juillet (oral).Si vous réussissez le concours, vous passez en M2 en alternance avec le statut de professeur stagiaire.

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VOCATION ENSEIGNANT

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À la fin de votre année de stage, vous êtes normalement titularisé comme professeur et vous obtenez votre master.Il existe aussi un « troisième concours » pour les personnes ne répondant pas aux conditions de diplôme mais ayant, par exemple, exercé des fonctions enseignantes. L’inscription à ce 3e concours est soumise à certaines conditions (voir l’article page X «Devenir enseignant sans diplôme»).Compte tenu des recrutements en 2016 aux concours externes (12 935 postes), il faut prévoir sensiblement le même nombre en 2017 (inscriptions en septembre 2016).

dans Les coLLÈges et Les Lycées...

Quelle que soit leur catégorie ou la filière à laquelle ils appartiennent - administrative, technique, enseignante, direction, sanitaire et sociale... -, les agents ont une mission : faire en sorte que les élèves étudient dans les meilleures conditions possibles. Les collèges et les lycées sont des établissements dits Établissements publics locaux d’enseignement (EPLE).Comme pour l’école primaire, le métier dominant dans ces deux institutions est celui de professeur (cat. A) (voir pages X et X «La formation des enseignants» et «Les voies d’accès aux métiers d’enseignement»).

Les conseillers principaux d’éducation (C.P.E.) sont responsables du fonctionnement de l’établissement via l’organisation de la vie scolaire (recrutés sur concours dans les mêmes conditions que le CAPES).Ils favorisent le dialogue avec les différents acteurs de la vie scolaire, dont les élèves. Ils sont généralement un interlocuteur privilégié aussi bien des parents que des élèves (pour la justification des absences, les différends avec un professeur...). Avec l’aide d’assistants d’éducation et du personnel de surveillance (contractuels), il garantit le respect de chacun et l’application du règlement intérieur. Le recrutement des CPE se fait via un concours externe ou interne qui peut se préparer dans l’une des Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE).

Chaque établissement possède un CDI : un centre de documentation et d’information. Ce sont les professeurs documentalistes (cat. A) qui le gèrent. Ils appartiennent à la catégorie du personnel enseignant. Ils ont des relations étroites avec les autres enseignants pour répondre au mieux à leurs besoins et à ceux des élèves. Responsables de leur CDI, ils ont la charge d’initier les élèves à la recherche documentaire, mais aussi d’entretenir des relations avec l’extérieur (centre national de documentation pédagogique, autres établissements scolaires et culturels…) et d’exploiter la presse pour la mettre à disposition des élèves et susciter leur curiosité.

Le recrutement (dans les mêmes conditions que les autres CAPES) se fait sur concours appelé CAPES de documentation qui se prépare en ESPE.

Même si les documentalistes mettent à disposition des informations sur l’orientation, ce ne sont pas des spécialistes du sujet, ce qui est en revanche le cas des COP : conseillers d’orientation-psychologues (cat. A). Titulaires d’une licence de psychologie, ils ont passé un concours qui, après deux ans de formation professionnelle, débouche sur le Diplôme d’État de Conseiller d’Orientation Psychologie (DECOP), sésame pour exercer le métier. Ils sont rattachés à un Centre d’Orientation et d’Information (CIO) et interviennent dans plusieurs établissements scolaires. Au sein des établissements scolaires, ils tiennent, une demi-journée par semaine en moyenne, des permanences où ils reçoivent les élèves (avec les parents parfois) pour les aider à élaborer et réaliser leur projet professionnel. Ils animent des séances d’information ainsi que des programmes d’activités éducatives sur l’orientation.

Au CIO, ils accueillent le public, quel que soit son âge, pour le renseigner. Être toujours au fait de l’actualité des formations et des métiers est donc primordial.

Le personnel de direction (cat. A) des collèges et lycées comporte plusieurs métiers différents : le proviseur pour les lycées, le principal pour les collèges et leurs adjoints. Le recrutement se fait sur concours avec un nombre de postes fixé annuellement. Le concours est ouvert aux personnes justifiant de cinq ans de service effectif en tant qu’enseignants ou personnels d’éducation ou d’orientation.Après réussite du concours, on débute généralement comme principal adjoint, puis après trois ans d’exercice on devient principal dans un autre établissement, et après quelques années, on peut postuler comme proviseur adjoint et terminer sa carrière comme proviseur.

Le chef d’établissement est le représentant de l’État. C’est lui qui dirige l’établissement et exécute le budget voté par le conseil d’administration. Il est aussi le garant de la sécurité des personnes et des biens. Il doit présider les conseils d’administration, organe de délibération et de décision les établissements qui se réunit au moins trois fois par an. Il peut déléguer certaines compétences à son adjoint en accord avec lui. Les fonctions des adjoints sont définies dans une lettre de mission que le chef d’établissement transmet au recteur car l’évaluation des adjoints comme des chefs

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VOCATION ENSEIGNANT n°4 / 13

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d’établissement relève des compétences des Inspecteurs pédagogiques régionaux.Dans les lycées technologiques et professionnels, un enseignant peut assumer le rôle de chef de travaux pour coordonner les équipes intervenant dans les ateliers.

Pour le bon fonctionnement des collèges et des lycées, du personnel administratif est indispensable. Les adjoints administratifs (cat. C) ont essentiellement à charge des tâches d’exécution de secrétariat ou de gestion simple.

Le gestionnaire intendant (cat. A) s’occupe quant à lui de la gestion matérielle et financière de l’établissement. C’est lui qui dirige le personnel administratif, ouvrier et de service. Il est recruté après la réussite soit du concours des Instituts Régionaux d’Administration (IRA) soit du concours d’Attaché d’Administration Scolaire et Universitaire (AASU – Bac+3). Quand le gestionnaire n’a pas en charge la comptabilité de l’établissement, c’est souvent un AASU ou un SAENES (Secrétaire Administratif de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur) qui effectue l’encaissement des recettes et le paiement des dépenses.Les SAENES sont recrutés par concours (externe ou interne) de catégorie B (Bac) pour des tâches administratives d’application : rédaction, comptabilité, contrôle et analyse.

Comme dans les écoles primaires, des agents territoriaux de catégorie C sont employés pour gérer l’accueil, l’entretien et la maintenance des locaux et des surfaces non bâties. Le recrutement s’effectue par les collectivités territoriales départementales pour les collèges et régionales pour les lycées : les adjoints techniques territoriaux des établissements d’enseignement (cf. école primaire) et les adjoints territoriaux d’entretien et d’accueil des établissements d’enseignement (cat. C - recrutement sans concours et sans condition particulière) assurent des fonctions d’entretien des locaux et des surfaces non bâties, le maintien en état de bon fonctionnement des installations ainsi que la participation aux services de restauration et de magasinage. Ils ont aussi des fonctions d’accueil (personnels ou usagers), de renseignement et de transmission des messages tout en contrôlant l’accès à l’établissement.

Les agents de maîtrise territoriaux des établissements d’enseignement (cat. C) s’occupent principalement de la restauration, de l’hébergement et de la maintenance. Ils sont aussi chargés de la conduite des travaux des agents territoriaux d’entretien et d’accueil ou des agents techniques territoriaux des établissements d’enseignement et peuvent, en cas de besoin, les diriger. Les agents de maîtrise sont titulaires d’un BEP ou CAP spécialisé : espaces verts, restauration, équipements bureautiques et audiovisuels, installations électriques…

Parmi les autres métiers qui peuvent être présents au collège et au lycée, hormis les personnels ATOSS (administratifs, techniciens, ouvriers, de service, de santé ou sociaux…), il faut citer l’infirmière et l’assistante de service social qui peuvent être présentes à plein temps ou à mi-temps dans l’établissement. Elles jouent un rôle très important dans la communauté éducative.Dans de nombreux collèges, une SEGPA (Section d’enseignement général et professionnel adapté) est rattachée à l’établissement. Elle accueille de la sixième à la troisième des élèves présentant des difficultés scolaires graves et durables. Le directeur de la SEGPA siège au conseil d’administration du collège. Il peut aussi exister des ULIS (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) accueillant des élèves handicapés.

Interviennent dans ces structures des professeurs des écoles titulaires du CAPA-SH (Certificat d’aptitude professionnelle pour les aides spécialisées, les enseignements adaptés et la scolarisation des élèves en situation de handicap) ou des titulaires du CAPES (certifiés) ayant obtenu le 2CA-SH (Certificat complémentaire pour les enseignements adaptés et la scolarisation des élèves en situation de handicap).

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La formation des enseignants

À la rentrée 2015, les ESPE (Écoles supérieures du professorat et de l’éducation), une par académie, liées aux universités, ont accueilli chacune une partie :

- Des 13 072 reçus aux concours en juin/juillet 2015 (inscrits aux concours en juillet 2014) qui effectueront leur année de stage avec une décharge de service pour pouvoir bénéficier de formations d’accompagnement à la prise de fonction jusqu’à leur titularisation en juin 2016.- Des 22 000 admissibles aux épreuves écrites des concours passés en juin 2015 (inscrits aux concours en janvier 2015) qui seront en alternance : un tiers de service en établissement scolaire, formations au métier et préparation des épreuves orales du concours qui se dérouleront en juin 2016. Ils seront professeurs stagiaires en 2016-2017.- Des titulaires de la licence qui souhaitent présenter les épreuves écrites et orales au printemps et à l’été 2016. Ils s’inscriront aux concours et en master enseignement.À la fin du M1, ils passeront les épreuves du concours et seront à la rentrée 2016 en M2 avec le statut de professeur stagiaire. Ils obtiendront en juin 2017 leur titularisation et leur diplôme de master.

Tout le personnel enseignant dépend de la Fonction publique d’État. Quel que soit le niveau auquel vous souhaitez enseigner, il vous faudra avoir au moins un master 2 (Bac + 5 dans une matière enseignée de préférence) ou un diplôme équivalent pour passer un concours de catégorie A.

Plusieurs concours se présentent à vous :- le certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (CAPES pour enseigner en lycée et collège),- le certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement technique (CAPET pour enseigner en lycée technique), - le certificat d’aptitude au professorat de lycée professionnel (CAPLP pour enseigner en lycée professionnel), - le certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement physique et sportif (CAPEPS pour enseigner l’éducation physique et sportive), - le concours de recrutement des conseillers principaux d’éducation (CRCPE),- l’agrégation pour enseigner dans le second degré, notamment dans les classes post-baccalauréat.

L’agrégation, quant à elle, s’obtient par un concours particulier accessible, lui aussi, avec un master 2. Ce concours est d’un niveau beaucoup plus élevé que le CAPES mais il peut permettre, après quelques années d’exercice, d’enseigner directement après l’année de formation dans les classes préparatoires aux grandes écoles et dans les sections de techniciens supérieurs (BTS).

L’agrégation vous permet d’enseigner dans tout établissement du second degré, et il faut savoir que 15% environ des agrégés reçus aux concours sont chaque année affectés en collège.La grille de rémunération est plus élevée et le nombre d’heures d’enseignement hebdomadaire plus faible que pour les capésiens.

Les voies d’accÈs aux métiers d’enseignementLa réussite d’un concours dont la liste figure ci-dessus reste la meilleure façon d’entrer dans l’Éducation nationale. Les lauréats, après l’année de formation, rentrent de plain-pied dans la Fonction publique avec le statut de fonctionnaire et tous les avantages qui y sont rattachés. Mais d’autres possibilités existent. Vous pouvez :

- Bénéficier d’un contrat d’étudiant apprenti professeur (EAP) qui permet à de jeunes étudiants, depuis la rentrée 2015, de bénéficier d’une formation professionnalisante et en alternance (voir encadré).- Devenir professeur remplaçant : les professeurs remplaçants sont le plus souvent des candidats ayant échoué à un des concours de professeurs. Ces postes, précaires et temporaires, permettent de « mettre un pied » dans l’enseignement.- Devenir enseignant dans les établissements privés : les postes sont accessibles après la réussite aux concours organisés par l’Éducation nationale, le CAFEP, certificat d’aptitude aux fonctions de maître ou

de documentaliste dans les classes du second degré sous contrat (qui est le même concours que le CAPES, corrigé par le même jury). - Devenir intervenant contractuel : si les établissements publics secondaires n’ont que très peu de latitude pour faire appel à des intervenants extérieurs, les écoles privées et les universités peuvent offrir des opportunités d’enseignement, ponctuelles ou régulières, dans des matières particulières.Même si des besoins existent dans les classes préparant au bac, l’enseignement supérieur est plus particulièrement concerné (classes préparatoires, BTS, cursus universitaires). Les matières techniques sont assez recherchées comme les sciences de l’ingénieur, les métiers de l’alimentation, la chaudronnerie...L’appellation « professeur » étant, par principe, réservée aux lauréats d’un concours, ces postes prennent des noms divers : chargé de cours ou de conférences, formateur, etc. Pour rechercher ce type de poste, il convient de s’adresser directement à chaque établissement.

Le ministère de l’Agriculture recrute aussi des professeurs pour ses lycées.Les conditions de diplômes sont identiques à celles de l’Éducation nationale. Il y a un concours spécifique pour l’enseignement agricole, niveau CAPES : le CAPESA. Les informations sont disponibles auprès de la Direction de l’enseignement du ministère de l’Agriculture (http://www.educagri.fr).

Dépendants des collectivités territoriales, les professeurs d’enseignement artistique

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proposent près de 1 000 postes tous les ans dans les disciplines musicales, chorégraphiques ou des arts plastiques. Des concours sont organisés par les centres départementaux de gestion et les dates sont présentes dans la rubrique « concours » du site www.vocationservicepublic.fr

Les organismes consulaires, comme les chambres des métiers et les chambres de commerce, procèdent chaque année à de nombreux recrutements pour les Centres de formation des apprentis. Les conditions d’accès y sont moins draconiennes que dans l’Éducation nationale et permettent de cumuler une activité artisanale.

Les établissements publics ou privés de formation continue offrent un premier pas vers l’enseignement. Ayant moins de contraintes en matière de recrutement que l’enseignement initial, cette voie permet, par la diversité et la multiplicité des organismes, d’avoir une première expérience avec la pratique pédagogique.

L’enseignement supérieur

L’université est un lieu où cohabitent de nombreux métiers : professeurs, maîtres de conférences, chercheurs, personnels administratifs, doctorants mais aussi personnel de santé, techniciens, ingénieurs…

L’université est dirigée par le président (cat. A) qui est élu par une assemblée qui réunit le conseil d’administration, le conseil

scientifique et le conseil des études et de la vie universitaire. Tous les enseignants-chercheurs permanents en exercice dans l’université et de nationalité française (même s’ils ne sont pas membres d’un des conseils) peuvent être élus. Le président a autorité sur tout le personnel et il est responsable du maintien de l’ordre. Ce n’est pas lui qui assure le recrutement des enseignants. Seules deux instances sont habilitées à le faire : le Conseil national des universités (compétent pour les professeurs des universités et les maîtres de conférences) et le Conseil national des universités pour les disciplines médicales et odontologiques (compétent pour les professeurs des universités et des maîtres de conférences des disciplines médicales et odontologiques). Ces conseils suivent aussi la carrière des enseignants. Le personnel enseignant à l’université et dans l’enseignement supérieur se divise en quatre catégories : les enseignants-chercheurs, les enseignants du second degré affectés dans le supérieur, les personnels enseignants non permanents et les chercheurs.

- Les enseignants-chercheurs (cat. A) regroupent les maîtres de conférences et les professeurs des universités. Ils ont une mission double : participer au développement de la recherche (fondamentale et appliquée) et transmettre leurs connaissances aux étudiants. Le recrutement s’effectue en deux temps. Les titulaires d’un doctorat doivent demander leur qualification auprès de la section compétente du Conseil des universités.Une fois cette qualification obtenue, ils peuvent

postuler aux concours organisés par les établissements d’enseignement supérieur. L’agrégation est nécessaire pour devenir professeur des universités dans les disciplines juridiques, politiques, économiques et de gestion.

- Les enseignants du second degré affectés dans le supérieur (cat. A) sont des professeurs agrégés (PRAG) ou certifiés (PRCE) de l’enseignement public. Pour postuler, il faut adresser sa candidature à des établissements du supérieur lors des publications de postes dans le bulletin officiel.

- Le chef d’établissement supérieur peut décider d’employer des enseignants non permanents (contractuels). Ces personnes peuvent aussi bien être des professionnels, des universitaires, des lecteurs, des maîtres de langues étrangères que des ATER. Les Attachés temporaires d’enseignement et de recherche enseignent tout en préparant leur thèse ou des travaux de recherches.

- Les chercheurs (cat. A) participent au développement des connaissances, à leurs applications et à leur diffusion. Pour accéder aux corps de chargé de recherche ou de directeur de recherche, il faut passer un concours sur titres et sur travaux au sein des établissements.

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VOCATION ENSEIGNANT

Les ITRF, ingénieur de recherche et de formation, regroupent 293 emplois-types dans neuf branches d’activités professionnelles (BAP). Chaque branche comprend des emplois des différentes catégories : des agents (CAP) et des adjoints techniques (BEP) de recherche et de formation (cat. C), des techniciens de recherche et de formation (cat. B - DEUG, DEUST, bac, brevet supérieur...), des assistants-ingénieurs (cat. A - BTS, DUT, DEUST), des ingénieurs d’études (cat. A - master 2 professionnel ou recherche, master 1, diplôme d’IEP...) et des ingénieurs de recherche (cat. A - doctorat ou diplôme d’ingénieur).Comme dans les CDI des établissements du secondaire, des documentalistes (cat.A) sont employés dans les bibliothèques universitaires. Ils élaborent et mettent en oeuvre des opérations liées au traitement et à l’exploitation de l’information documentaire. Des techniciens de bibliothèques (cat. B) accueillent les utilisateurs, aident au catalogage et à la conservation des documents. Théoriquement le recrutement s’effectue après le baccalauréat, mais il est conseillé de postuler avec une formation dans les métiers du livre ou de la documentation type BTS ou DUT.

etudiant apprenti professeur (eap)Il s’agit d’un contrat d’apprentissage conclu avec l’État qui permet une alternance entre un cursus universitaire aménagé pour ce statut particulier d’EAP et la présence sur le terrain sous le tutorat d’un professeur à raison de deux demi-journées par semaine. L’étudiant pourra observer, co-animer et prendre en charge des séquences d’enseignement accompagnées.Les EAP signent un contrat de droit privé à durée déterminée avec le rectorat qui précise l’établissement d’affectation. Les étudiants boursiers sont prioritaires.

Peuvent en bénéficier les personnes : - étudiantes inscrites en L2 ou L3,- de moins de 26 ans à la date de la signature du contrat (des dérogations existent dans certains cas particuliers),- porteuses d’un projet professionnel pour présenter un concours de l’enseignement.Les dossiers d’inscriptions sont à retirer auprès du rectorat de votre département ou région.Comme pour les contrats d’apprentissage «classiques», la rémunération dépend de l’âge et du niveau de formation :

Niveau de formation Tranche d’âge % du SMIC

Niveau L2 De 18 à 20 ans 21 ans et plus

61 % du SMIC73 % du SMIC

Niveau L3 De 18 à 20 ans 21 ans et plus

69 % du SMIC81 % du SMIC

Les manutentionnaires de bibliothèques (cat. C – Brevet) s’occupent du classement et du rangement des documents. Ce personnel appartient à la branche d’activités professionnelles de documentation, édition et communication.Comme pour les établissements du secondaire, une gestion administrative est indispensable : des adjoints administratifs (cat. C), les SAENES (cat. B) et des AASU (cat. A) contribuent à la gestion des établissements (cf. collèges-lycées).*

Le recrutementDans les universités cohabitent deux corps : les ITRF et les ASU (administration scolaire et universitaire).Les concours de l’ASU sont gérés au niveau national par le bureau des concours du ministère de l’Éducation nationale, au niveau académique pour les concours de catégories B et C. Les lauréats sont affectés en fonction de leur rang et de leurs voeux dans les universités, les rectorats, les lycées, les collèges...La phase d’admissibilité des concours ITRF de catégorie A est organisée au plan national par le bureau des concours de l’Éducation nationale, les universités étant les centres organisateurs. Les épreuves d’admission se déroulent dans les universités qui ont ouvert des postes aux concours.Lors de leur inscription, les candidats doivent choisir le ou les établissements dans lesquels ils aimeraient être affectés. Pour les catégories A et B, les concours sont organisés au niveau académique. Les dossiers sont à retirer dans les rectorats.n

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VOCATION ENSEIGNANT n°4 / 17

Le troisiÈme concoursIl existe une possibilité méconnue qui ne concerne qu’un faible nombre de postes au regard du concours externe, mais qui représente une opportunité pour les candidats dont les diplômes n’atteignent pas le niveau master : les concours de la troisième voie, auxquels il est possible de s’inscrire sans aucun diplôme ni limite d’âge. Vous devez, à la date de la première épreuve d’admissibilité, remplir les conditions générales d’inscription pour l’ensemble des concours enseignants :

- posséder la nationalité française ou être ressortissant d’un autre État membre de l’Union européenne ou partie à l’accord sur l’Espace économique européen, ou d’Andorre ou de Suisse,- jouir de vos droits civiques,- ne pas avoir subi une condamnation incompatible avec l’exercice des fonctions,- être en position régulière au regard des obligations du service national,- justifier des conditions d’aptitude physique requises.

La troisième voie concerne le CRPE (concours de professeurs des écoles), le CAPES (enseignement général), le CAPEPS (enseignement des activités sportives), le concours de CPE (conseiller principal d’éducation), le CAPET (enseignement technique), le CAPLP (enseignement en lycées professionnels), les concours de l’enseignement privé et pour la fonction publique territoriale, les concours de professeurs d’enseignement artistique.Si aucun titre ou diplôme n’est exigé,

il faut justifier d’une ou de plusieurs activités professionnelles accomplies dans le cadre de contrats de droit privé. Les activités professionnelles réalisées comme fonctionnaire, magistrat, militaire, agent public, documentaliste des établissements d’enseignement privés ne peuvent être prises en compte dans la durée des activités professionnelles exigée. Toutes les autres activités professionnelles rémunérées sont prises en compte. Vous devez avoir exercé ces activités professionnelles pendant au moins cinq ans. Notez que la date de référence pour le calcul de la durée n’est pas la date de votre inscription au concours, mais la date de publication des résultats des épreuves d’admissibilité de ce concours.

L’exonération de dipLômePour tous les concours enseignants de l’Éducation nationale, vous êtes exonéré(e) de diplôme si vous êtes mère ou père de trois enfants au moins, ou si vous êtes reconnu(e) « sportif de haut niveau ». En clair, en remplissant l’une de ces conditions, vous pouvez vous présenter aux concours sans avoir de master. Mais cette dispense ne vous épargne pas les épreuves des concours, où la concurrence est rude…attention, pour certains concours (le CaPEPs en particulier), vous devez être en possession :- « d’une attestation certifiant que vous avez réalisé un parcours d’au moins 50 mètres dans une piscine placée sous la responsabilité d’un service public (...) » ;- « d’une attestation certifiant votre qualification en secourisme reconnue de

La « masterisation » des concours enseignants de l’Éducation nationale a profondément transformé les voies d’accès à ces métiers, empêchant l’inscription d’un grand nombre de candidats et participant ainsi à la pénurie de professeurs depuis cinq ans. Pourtant, des voies d’accès existent et permettent de se présenter aux concours sans aucun diplôme.

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niveau au moins égal à celui de l’unité d’enseignement « prévention et secours civiques de niveau 1 » (PSC1) par le ministère de l’Intérieur (sécurité civile). Les candidats détenteurs de l’ AFPS n’ont pas à justifier du PSC1. »

Dans tous les cas, vous devez être titulaire de ces attestations à la date de publication des résultats des épreuves d’admissibilité afin de poursuivre, le cas échéant, les épreuves d’admission. n

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Je m’appelle solène. si j’avais su il y a un an que j’allais vivre mes premières expériences de « maîtresse » quelques mois plus tard, je ne l’aurais pas cru… Et pourtant ! À 26 ans, diplômée de l’école de management de Reims, je fais cette année mes premières suppléances en tant que remplaçante dans le 1er degré.

En fait, avec le recul, mon parcours n’est pas si impromptu qu’il en a l’air.Après un baccalauréat Économique et Social, loin de moi le projet de passer les concours de l’enseignement.J’ai choisi de me tourner vers l’entreprise et une activité salariée, sans trop savoir vers quel domaine me tourner. Je m’inscrivis en Droit à l’université Panthéon-Assas (Paris II), puis me spécialisai en Droit privé.Après avoir obtenu ma licence, je passai le concours des écoles de management en admission parallèle pour y suivre une formation en master.Je m’y orientai en Marketing et Communication tout en évoluant au gré de mes différentes expériences professionnelles en entreprise.

une remise en question professionneLLe Mais de mûres réflexions me firent réaliser par la suite que le monde de l’entreprise ne me correspondait pas. J’ai réalisé que donner autrement du sens à mon travail était nécessaire à mon épanouissement personnel et professionnel. Autrement dit, je ressentais davantage le besoin de me sentir utile aux autres plutôt que d’être au service d’une activité commerciale.

Néanmoins, je ne savais pas exactement vers quel domaine me tourner…

Une rencontre avec une institutrice de l’enseignement privé a été le point de départ de mon nouveau projet professionnel. Elle m’a décrit le principe des suppléances au sein de l’enseignement privé, ce qui a nourri ma curiosité et m’a poussée à approfondir cette voie.Car même si l’enseignement était bien loin de ce que j’avais fait jusqu’à présent, cela ne me semblait pas si incohérent. En effet, j’avais pendant longtemps effectué des gardes d’enfants et assuré du soutien scolaire durant mes études. J’avais également intégré un établissement scolaire au Royaume-Uni, au sein duquel j’avais assisté les professeurs de français pendant plusieurs mois pour perfectionner mon anglais.

Je devais donc me renseigner sur ce qu’il était possible de faire sans aucun diplôme spécialisé. Dans cette optique, j’ai poursuivi ma recherche d’informations en m’orientant vers les suppléances dans l’enseignement privé, où je savais déjà un peu vers quoi je m’engageais.

premiÈre prise de contactJe pris contact avec la Direction diocésaine de l’enseignement catholique (DDEC) de mon département afin d’obtenir des informations. Très attentive à ma demande, mon interlocutrice, responsable du vivier des suppléants du 1er degré, me donna toutes les informations dont j’avais besoin. Car de nombreuses questions arrivaient au fur et à mesure que je creusais cette direction !- Était-il possible pour moi, sans CAPES et sans être inscrite à une formation dans l’enseignement, d’effectuer des suppléances ? - Quelles étaient mes obligations au regard de la DDEC ? - Quelle était la procédure à suivre pour rejoindre le vivier des suppléants ?

- Premier ou second degré ? - Combien de temps pouvaient durer les suppléances ? - Allais-je être formée au préalable ?

Très disponible et heureuse de m’aiguiller, la responsable me rassura sur de nombreux points. Seul le niveau licence (bac +3) était nécessaire et suffisant pour intégrer le corps des suppléants. Même en Droit ? Même en Droit !En revanche, ma licence en Droit me fermait les portes du second degré ! En effet, il est nécessaire d’avoir obtenu la licence de la matière que l’on souhaite enseigner pour devenir suppléant du second degré (Lettres pour le français, LEA pour les langues, Histoire pour l’histoire-géo…)Et je n’étais pas obligée de m’inscrire au concours ni à une formation aux métiers de l’enseignement. Libre à moi de le faire par la suite, si j’en avais envie !

Le remplacement d’un instituteur titulaire n’est possible que si celui-ci est absent plus d’une semaine. La durée d’une suppléance n’a pas véritablement de durée limite. Elle dépend du besoin (remplacement d’un congé maternité ou d’un congé maladie, par exemple) et peut donc être longue de plusieurs mois.

Une fois que ma candidature allait être validée par la DDEC, je devais être disponible pour assurer le remplacement d’un instituteur absent, au minimum une semaine. En fait, La DDEC fonctionne un peu comme une agence d’intérim : elle prend en compte les besoins des établissements puis se charge de puiser dans ses « ressources humaines » des remplaçants. Ainsi, le suppléant n’est pas rattaché à l’école où il exerce son remplacement, mais au rectorat, qui est son unique employeur.

Comment et pourquoi je suis devenue prof suppléante

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Toutes ces informations me permirent de tirer comme conclusion : pourquoi ne pas essayer ?

Mais avant toute suppléance, il fallait que je suive la procédure pour intégrer le corps des suppléants du département et que j’obtienne le « préaccord collégial ».

L’obtention du préaccord coLLégiaLCe préaccord est indispensable pour être suppléant dans un établissement privé catholique (voir encadré page suivante pour distinguer les différences de procédure avec le public). Il est obtenu après l’envoi d’un dossier de candidature qui donne lieu à un entretien de motivation face à des instituteurs et directeurs d’établissements. Il s’agit d’évaluer si la personne candidate, sans qualification ni formation, sera capable de prendre instantanément en main une classe, de s’intégrer au sein d’une équipe éducative et surtout d’avoir les qualités pédagogiques suffisantes pour appliquer les programmes… et enseigner.

Je fus reçue en entretien rapidement après mon dépôt de dossier.En effet, il manque des suppléants ! Les besoins sont grands et les moyens insuffisants. Chaque candidature est précieuse, mais le préaccord n’est pas donné pour autant à tous ceux qui en font la demande.

Le projet doit être réfléchi. Il n’est pas anodin d’être responsable d’une classe pendant au moins plusieurs jours. Le candidat doit donc être conscient de ses responsabilités et des enjeux de ses fonctions, et doit s’informer sur le « projet pédagogique » de l’établissement.

Face à une institutrice et à un directeur d’établissement, je devais expliquer quelles étaient mes motivations eu égard à mon parcours professionnel jusque-là et montrer que je me sentais capable de gérer une classe au pied levé !

Cet entretien s’est très bien passé. Il ne s’agit pas d’un concours, le but est de déterminer si l’idée que se fait le candidat de l’enseignement et des suppléances correspond à la réalité. Mon « jury » m’a donc bien expliqué que les suppléances pouvaient être difficiles les premières fois, notamment s’il fallait remplacer le titulaire d’une classe à double niveau. Le plus important était de bien se sentir accueilli par l’ensemble de l’équipe éducative, et qu’il ne fallait absolument pas avoir peur de poser des questions au cours de son intégration.

premiÈres suppLéancesQuelques semaines plus tard, ma candidature fut validée par la DDEC et j’obtins le préaccord collégial. Je faisais maintenant partie du vivier des suppléants. Ce préaccord est également valable si je change de département, il est inutile de l’obtenir à nouveau en cas de déménagement.

Fin août, avant ma première suppléance, la DDEC assura une journée de formation aux futurs suppléants. Cette journée fut l’occasion de rencontrer d’autres personnes qui, comme moi, n’avaient encore jamais exercé dans l’enseignement, mais venaient elles aussi d’obtenir le préaccord collégial quelques mois plus tôt. D’autres avaient fait leurs premières suppléances avant les vacances d’été et ce fut source de riches échanges d’expériences.

Cette journée de formation fut pour moi incontournable. Elle m’a permis de mieux connaître le fonctionnement des établissements scolaires et de savoir quelles questions poser en démarrant pour que tout se passe le mieux possible.Et même si, en théorie, on ne peut être appelé à remplacer un titulaire moins de deux jours avant, il est possible qu’en cas d’urgence, on puisse être sollicité le lundi matin à 8h15 pour un remplacement à 8h30, il faut se sentir prêt !À la fin de la journée, j’avais hâte de connaître enfin le terrain !

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J’ai rapidement reçu un e-mail de la responsable des suppléances : on avait besoin de remplacer l’institutrice d’une classe de CM2 pendant une semaine, dans un établissement juste à côté de mon domicile. C’était idéal pour commencer.Je pris instantanément contact avec la titulaire que je devais remplacer, avec une liste démentielle de questions : combien d’élèves ? Quel était l’emploi du temps hebdomadaire ? Quelles étaient les habitudes des élèves ? Y en avait-il qui avaient des difficultés particulières ? Y avait-il un planning des surveillances dans la cour de récréation ? Où en était-elle dans le programme scolaire ?...J’ai eu beaucoup de chance d’avoir toutes les informations nécessaires en amont. La veille de mon « premier jour », je rencontrai la directrice de l’établissement pour finaliser mon dossier administratif et me présenter aux élèves.

C’est à ce moment-là que je fus présentée à la classe par la directrice : «Madame XX remplacera Madame YY le temps de sa convalescence. Je tiens à vous préciser que Madame XX sait absolument TOUT du fonctionnement de l’école et de la classe.» Tout l’enjeu de cette première prise de contact tenait en un mot : la crédibilité. La directrice, sans doute habituée et sachant très bien qu’il s’agissait de ma première suppléance a donc su me donner pleinement le statut d’enseignante au regard des élèves. Mais je ne cache pas que 29 paires d’yeux me fixant avec un demi-sourire était quelque peu intimidant... Face à eux, à cet instant précis, c’est là que tout se jouait : comme pour un entretien d’embauche, ce sont les premières secondes qui comptent !J’ai endossé mon nouveau rôle instantanément : être sûr de soi, confiant, tout en témoignant de la bienveillance... et leur dire «Bonjour !».

Le lendemain, premier jour ! À l’instar de la veille, les premiers instants fatidiques qui peuvent fortifier ou détruire une crédibilité, c’est au cours de la montée des rangs dans la salle de classe ! Et réclamer le silence et le calme à une classe entière, même pendant un court laps de temps, n’est pas une mince affaire. J’avais alors toujours l’impression de jouer un rôle car je me forçais à ne pas sourire et à parler avec fermeté, alors que je me disais intérieurement : «si mes amis me voyaient !»Dans la classe, je suivis scrupuleusement l’emploi du temps et la «routine» : faire l’appel, donner la date, parler un peu anglais et faire du calcul mental... En effet, mon rôle n’était pas de prendre des initiatives pédagogiques sans en parler au préalable avec la titulaire que je remplaçais. L’idée étant de «me glisser dans ses chaussons», je devais respecter la feuille de route énoncée, à l’exercice près.Cela me rendait grandement service car je savais où j’allais et je gérais le temps plus facilement. Mais cela rendait aussi service à l’enseignante titulaire car à son retour, elle savait exactement ce que j’avais fait avec ses élèves.

TÉmOIGNAGE : « JE SuIS prOf SupplÉANTE »

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qu’une semaine, c’était rassurant de savoir que je trouverais réponse à mes questions.

J’ai aussi eu l’occasion de faire des surveillances dans la cour et au portail de l’école, selon le planning hebdomadaire défini par la direction. C’est lors de cette dernière «tâche» que j’ai pu rencontrer succinctement des parents d’élèves. Mais une seule semaine représente une trop courte période pour avoir une relation parents-enseignant à part entière. Je n’ai donc que très peu échangé avec eux.

En revanche, la relation parents-suppléant semble très différente en maternelle. Une suppléante de petite section m’a raconté avoir vécu de nombreux échanges avec les parents de ses élèves. En effet, ceux-ci sont peut-être plus impliqués dans l’accompagnement de leur enfant et sont souvent plus présents lorsqu’ils les déposent ou viennent les chercher à la fin de la journée.

Il est donc bien vu de montrer aux parents - surtout lorsque l’on est suppléant car les changements d’enseignant ne sont pas toujours très bien vécus par les très jeunes enfants - que l’on fait attention à chaque enfant, individuellement. Cela peut rassurer de montrer notre implication à leurs côtés.

Ma première semaine de suppléance est passée très vite, et je n’ai pas rencontré de difficultés particulières. Il était amusant au début de voir les élèves me tester. Forcément, on a tous en mémoire l’image du «remplaçant» synonyme de «vacances anticipées»... J’ai appris à maintenir un rapport enseignant-élèves en étant intraitable sur les comportements, par exemple. Desserrer la vis peut être dangereux car il est bien plus simple de perdre sa crédibilité que de la gagner. Mais sourire aux élèves, les faire rire rend le cours vivant et agréable pour tout le monde. Et je suis convaincue qu’il ne faut surtout pas hésiter à se confier à un autre enseignant si l’on rencontre un problème.

En somme, ce fut pour moi une formidable expérience, qui m’a donné confiance en moi pour la suite. D’après la titulaire que je remplaçais, lors de son retour en classe, j’étais prête pour la seconde suppléance !

vers Le concours ?

À l’heure actuelle, je n’ai pas encore pris ma décision de passer ou non le CRPE et devenir ainsi moi-même titulaire. En effet, j’aimerais faire des suppléances dans d’autres niveaux de classe afin de voir si j’ai davantage d’affinités pour l’un ou l’autre.

Je souhaiterais également exercer des suppléances dans des classes à double niveau, pour comprendre comment cela se prépare et s’organise.

Les suppléances sont idéales pour cela : elles permettent de découvrir différents niveaux, établissements, équipes éducatives, élèves. C’est donc une chance formidable d’apprendre le métier en se faisant sa propre expérience.Les durées étant plus ou moins longues, elles permettent une véritable souplesse. Elles sont également sources d’un profond enrichissement professionnel – pour ceux qui se questionnent sur leur vocation - et humain, pour toutes les rencontres qu’elles suscitent.

Enfin, intégrer le vivier des suppléants de sa région répond aussi à un réel besoin de la part des rectorats. Beaucoup de titulaires ne sont pas remplacés, faute de suppléants.

Les suppléances sont l’opportunité parfaite pour comprendre et appréhender les enjeux liés à l’enseignement et à l’éducation. Elles permettent de réaliser ce qu’est réellement le métier d’instituteur ou de professeur. Elles sont l’occasion d’être au quotidien avec des élèves de tous niveaux (de la maternelle au CM2 pour le premier degré et de la 6ème à la Terminale pour le second degré), et découvrir peut-être des affinités de niveaux.n

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privé / pubLic : queLLes différences pour Le professeur rempLaÇant ?

Pour assurer le remplacement des enseignants absents (maladie, formation, etc.), il est nécessaire d’être titulaire d’une licence.

Dans le privé sous contrat, un enseignant non titulaire effectue sous le statut de suppléant des remplacements de courte ou de longue durée pour un salaire de 1 457 € brut par mois dans le premier degré, et de 1 486 € dans le second. Un CDI peut parfois lui être proposé après quelques années.

Dans le public, il existe un statut similaire, celui de contractuel : le remplaçant signe un CDD reconductible pendant six ans après lesquels il ne pourra plus exercer dans l’enseignement public à moins de se voir proposer un CDI comme c’est parfois le cas. Son salaire dépend de son diplôme et de l’académie dans laquelle il travaille : celle de Créteil rémunère par exemple 1 699,32 € brut les contractuels diplômés d’un bac + 3, 4 ou 5.

Un autre statut, celui de vacataire, est utilisé dans l’enseignement public secondaire pour une durée maximale de 200 heures dans l’année : l’enseignant est alors rémunéré 34,30 € brut par heure de cours effective (qui correspond en réalité à au moins deux heures de travail).

Pour postuler, les futurs suppléants passent un entretien à la Direction Diocésaine de l’Enseignement Catholique afin d’obtenir un « préaccord collégial », tandis que dans le public, l’entretien peut se faire au téléphone ou dans les locaux du rectorat (contactez le saaR : Service d’Accueil et d’Aide au Recrutement de votre académie). Dans tous les cas, l’ employeur est l’État. Un suppléant peut se présenter aux concours externes de recrutement afin d’obtenir un contrat d’enseignement définitif. Il peut aussi se présenter aux concours internes qui lui sont spécifiquement destinés.

Le but était aussi de maintenir une routine avec les élèves, à laquelle ils étaient habitués. Ne surtout pas confondre le cahier bleu des devoirs, la pochette violette des parents et le cahier rouge de vie !

Pendant la première récréation, j’ai pu faire connaissance avec l’équipe pédagogique. Je fus chaleureusement accueillie par l’ensemble des enseignants, tous prêts à me donner un coup de main si besoin. Même si je ne restais

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Dans le cadre de la réforme du collège de 2016, sans que personne ne fasse allusion aux expériences précédentes, ont été proposés les EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) qui sont un quasi « copié-collé » au niveau des problématiques posées et des thèmes proposés des projets de 1986.

Il y a trente ans en effet, avait été décidée par le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Jean-Pierre Chevènement, la mise en place à la rentrée 1986 des « thèmes transversaux ». Il s’agissait de proposer aux élèves des collèges « de réfléchir et d’adopter une attitude active face aux grands problèmes contemporains, en mobilisant les connaissances acquises dans les différentes disciplines et les faisant converger sur l’étude d’un thème d’actualité. »

Six thèmes avaient été choisis :- la consommation,- le développement,- l’environnement et le patrimoine,- l’information,- la sécurité,- la santé et la vie.Pour chacun de ces thèmes, un document avait été publié sous la responsabilité de l’Inspecteur général Georges Laforest, présentant une quarantaine d’entrées possibles avec pour chacune des entrées la liste des disciplines susceptibles d’être concernées.L’alternance politique (1986-1988) mit fin aux « thèmes transversaux ».

D’autres essais furent tentés dans ce domaine : au collège les « itinéraires de découverte » (IDD) dans les années 2000, et au lycée professionnel les défunts « projets pluridisciplinaires à caractère professionnel » (PPCP).

Des expériences dont le bilan n’a malheureusement jamais été fait.Dans le lycée général actuel, les « enseignements d’exploration », l’« accompagnement personnalisé » ou les « travaux pratiques encadrés » (tPE) ont également été mis en œuvre dans cet esprit.

Le ministère de l’Éducation nationale a ainsi déclaré au printemps 2015 : « Pour mieux s’approprier des savoirs abstraits, les élèves bénéficieront d’enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI). Ils permettront aux élèves de comprendre le sens de leurs apprentissages en les croisant, en les contextualisant et en les utilisant pour réaliser des projets collectifs concrets. Ces projets qui concernent les classes du cycle 4 (5e, 4e, 3e) s’inscriront dans l’un des huit nouveaux thèmes de travail correspondant aux enjeux du monde actuel : - développement durable ;- sciences et société ;- corps, santé et sécurité ;- information, communication, citoyenneté ;- culture et création artistiques ;- monde économique et professionnel ;- langues et cultures de l’Antiquité ;- langues et cultures régionales et étrangères.Les élèves travailleront sur au moins deux thèmes chaque année. » Au vu des débats passionnés qui se déroulent dans les établissements scolaires, on peut légitimement se poser deux questions :• Pourquoi n’avoir pas inscrit les EPI dans la continuité des réflexions du système éducatif sur les points de rencontres entre les disciplines et n’avoir pas diffusé les documents de l’IG Laforest de 1986 pour montrer les thématiques possibles entre disciplines ?

S’agit-il pour l’actuel ministère d’une ignorance des projets précédents (un clou chassant l’autre) ? S’agit-il pour les rédacteurs des EPI de se montrer à tout prix « innovateurs » au risque d’inquiéter les professionnels du secteur ?La similitude de la rédaction du texte de 1986 et celui de 2015 me font pencher pour la seconde hypothèse. Le concept d’« innovation pédagogique » empêchant souvent les rédacteurs de textes de s’inscrire dans la durée.Pourtant quand je lis dans les documents d’accompagnement pédagogique de 1986, la fiche « La mer et le littoral » croisant ce qui existe dans les programmes de collège de Français, d’Histoire-Géographie, de Sciences de la vie et de la terre et d’Arts plastiques, je ne peux que regretter qu’elle n’ait pas été diffusée en 2015 pour montrer ce qu’il est possible de faire en interdisciplinarité.

• Pourquoi cette peur des enseignants par rapport aux démarches interdisciplinaires ?Je pense que cela tient à différents facteurs :- L’identité professionnelle de l’enseignant se construit dans le second degré autour de sa discipline d’exercice. On devient professeur d’histoire, de mathématiques, parce que l’on a étudié l’histoire, les mathématiques à l’université. Les mariages entre disciplines datent du début du XIXe siècle (histoire-géographie, physique-chimie) et sont souvent spécifiques à la France. Les associations professionnelles extrêmement représentatives, au-delà des syndicats, sont les associations disciplinaires : Association des professeurs d’histoire et géographie (APHG), Union des physiciens, etc.La référence à la discipline relève de la construction d’une culture d’enseignement dans laquelle les professeurs de l’enseignement secondaire puisent la définition de leur identité professionnelle.

Faut-il avoir peur de l’inter-disciplinarité ?

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Une activité interdisciplinaire peut entraîner des mises en cause des compétences d’un enseignant et de ce qui forge son identité et ce, d’autant plus qu’aucune démarche interdisciplinaire n’est validée dans les concours de recrutement du second degré qui marquent l’entrée dans le métier.Si l’actuelle ministre de l’Éducation nationale avait voulu donner du sens aux EPI, elle aurait dû faire en sorte que les épreuves des concours de recrutement d’enseignants du 2nd degré sortent de leur splendide isolement disciplinaire pour réfléchir aux thèmes communs avec d’autres disciplines. L’Université y aurait-elle été prête ?

La situation n’a sans doute pas beaucoup changé par rapport à 1999 où, raconte Didier Dacunha-Castelle, président du premier Conseil national des programmes, il avait organisé un séminaire avec des scientifiques éminents et universitaires responsables des groupes techniques concernant l’ensemble des sciences : « Il fallut cette réunion pour qu’ils s’aperçoivent que les programmes des sciences de la Terre et de l’Univers et ceux de physique avaient des intersections importantes qui pouvaient être transformées en autant d’interfaces afin d’éviter les redites et de mieux lier entre elles les disciplines. C’est qu’aucun d’entre eux ne lisait jamais un manuel de l’autre discipline. » On a vu également un philosophe et un historien faire un rapport sur « l’enseignement laïque du fait religieux » en ne citant jamais des disciplines comme les Arts plastiques ou l’Éducation musicale…- soyons clair. Il ne peut pas y avoir d’interdisciplinarité sans disciplinarité. La réflexion sur l’interdisciplinarité n’a de sens que dans un contexte disciplinaire et présuppose l’existence d’au moins deux disciplines de référence. Tout discours sur le dépassement, voire la disparition des disciplines doit nous inquiéter, car bien loin de susciter la motivation

des élèves et de développer leur esprit critique, de tels discours visent souvent à réduire l’éducation scolaire à une vision purement utilitaire préparant à se mouler dans la société telle qu’elle est : « Cette conception a pour effet d’occulter les disciplines, de les délayer et de les réduire à de simples adjuvants. »

- Les enseignants s’interrogent également sur l’efficacité des démarches interdisciplinaires. Améliorent-elles la réussite des jeunes ?Qu’apprend-on vraiment dans ces projets ? Comment le vérifier ? Qu’est-ce qu’une compétence transversale ? Quels sont les acquis pour chaque enseignement des travaux interdisciplinaires, au-delà des bénéfices éventuels en termes de socialisation et de culture générale ? Autant de questions qui font l’objet de controverses chez les chercheurs.

queLques points d’appui pour travaiLLer en interdiscipLinaritéL’interdisciplinarité doit être conçue comme un moyen d’apprentissage et non une finalité. La finalité doit toujours être l’intégration des processus d’apprentissage et l’intégration des savoirs qui en résultent.Toute démarche d’interdisciplinarité implique donc la mise en place de démarches propres à chaque discipline et non l’imposition de l’extérieur de démarches plaquées sans relation avec les disciplines concernées. Cela implique de considérer chaque discipline dans sa spécificité complémentaire par rapport aux autres. Comme le dit Yves Lenoir : « Il est des disciplines dont la fonction première est d’assurer la construction du savoir (les disciplines relevant des sciences humaines et sociales et des sciences), d’autres dont la fonction essentielle (un savoir-faire) est d’exprimer ce

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savoir (les mathématiques, les langues) et d’autres qui visent prioritairement à favoriser la mise en relation (un savoir-être) avec la réalité (l’éducation civique, l’éducation civique et morale, la technologie). Pour toutes ces disciplines qui adoptent des démarches à caractère scientifique, on ne peut les penser sans ajouter que chacune d’entre elles ne peut se concevoir sans y associer, selon les cas, des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être. Enfin, les différentes disciplines artistiques ont cette particularité d’assurer à la fois la conception de la réalité, son expression et la mise en relation avec elle à partir d’une approche esthétique. »

déveLopper des compétences de coopération entre enseignantsDes pratiques interdisciplinaires imposent la nécessité que les enseignants sachent travailler ensemble, disposent d’une méthodologie du travail en équipes, ce qui relève de la formation et de l’accompagnement.travailler en équipe de façon solide et durable demande la mise en place préalable d’un contexte. Pour se développer, des activités en équipe doivent s’insérer dans un établissement où la notion de communauté éducative ne relève pas du slogan mais d’une pratique, où les enseignants se sentent soutenus et non pas en permanence évalués, ce qui relève du pilotage de l’établissement et de son climat. Un enseignant peut se sentir en capacité d’oser prendre des risques pour adapter son enseignement aux réalités du terrain, mieux mettre les élèves en situation d’apprentissage et leur permettre de construire leur réussite s’il se sent pleinement soutenu et si on lui reconnaît le droit à l’erreur et de pouvoir mettre en cause tel ou tel dispositif dont il jugerait, collectivement ou individuellement, qu’ils n’apportent pas à leurs élèves des bénéfices en termes cognitifs.

en guise de concLusionL’interdisciplinarité scolaire ne peut en aucun cas devenir une fin en elle-même. Sa seule finalité est de faciliter l’acquisition par les élèves des savoirs, savoir-faire et savoir-être.L’interdisciplinarité, c’est donc la mise en relation de deux ou plusieurs disciplines scolaires qui conduit à l’établissement de liens de complémentarité ou de coopération, d’interpénétrations ou d’actions réciproques entre elles sous divers aspects (objets d’études, concepts et notions, démarches d’apprentissage…).Ces interactions visent à favoriser l’intégration des processus d’apprentissage et des savoirs chez les élèves : « Recourir à l’interdisciplinarité à l’école, c’est introduire des conditions jugées favorables à la mise en œuvre de processus intégrateurs de la part des élèves en faisant appel à divers angles d’approche disciplinaires interreliés. Car ce n’est pas l’enseignant qui doit intégrer, mais bien les élèves. » n

Jean-Louis aUDUC

l’INTErdISCIplINArITÉ

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L’enseignement est une compétence qui s’exporte très bien : partout dans le monde on a besoin d’instruire les enfants, et les enseignants français sont les bienvenus dans de nombreux pays pour éduquer leurs petits compatriotes expatriés ou les élèves locaux, francophones ou non. Le point commun entre ceux qui se lancent dans l’aventure ? Le goût d’aller vers les autres et de voir du pays. Étudiant ou dans la vie active, professeur titulaire ou non, expérimenté ou débutant, projet personnel ou humanitaire : il y en a pour tous les profils et pour tous les goûts. Selon ces situations, les démarches et les conditions de départ et de séjour seront différentes.

aprÈs 2 ans d’expérience au moins

Les statuts d’expatrié et de résident Il peut valoir le coup de se montrer patient si vous n’avez pas encore cette ancienneté qui donne accès à des postes à l’étranger sous des statuts confortables. En effet, les enseignants qui peuvent justifier d’au moins deux ans de services

effectifs en France en tant que titulaires ont la possibilité d’être détachés du ministère de l’Éducation nationale pour partir enseigner dans un autre pays pendant plusieurs années. Une fois recrutés, les fonctionnaires placés en position de détachement perçoivent le même traitement brut qu’avant leur départ auquel s’ajoutent différentes indemnités et, pour ceux qui ont le statut d’expatrié seulement, des avantages comme un voyage aller-retour pour la France tous les 1, 2 ou 3 ans. Aussi, ils conservent, dans leur corps d’origine, leurs droits à l’avancement et à la retraite.Ces enseignants travaillent dans des établissements scolaires gérés par l’agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), la Mission laïque française (MLF) ou l’association franco-libanaise pour l’éducation et la culture (AFLEC), sous le statut d’expatrié ou celui de résident :- Le contrat d’expatrié est destiné aux enseignants qui ne résident pas encore dans le pays où se trouve le poste alors que le contrat de résident concerne les candidats qui vivent déjà à l’étranger depuis au moins trois mois (mais souvent, ils sont recrutés alors qu’ils vivent encore en France et ne prennent leur poste que trois mois après leur arrivée dans le pays) ou qui suivent leur conjoint dans le pays où il vit ou travaille.- La rémunération d’un résident est moins avantageuse que celle d’un expatrié.- Les postes d’expatriés incluent, en plus des fonctions d’enseignement, des missions spécifiques de conseil pédagogique, d’actions de formation continue ou de direction d’école (pour le 1er degré), ce qui n’est pas le cas des postes de résidents.

Début septembre mais aussi régulièrement durant l’année, les listes des postes qui seront vacants à la rentrée suivante sont diffusées sur les sites de l’AEFE (www.aefe.fr/), de la MLF (http://recrutement.mlfmonde.org/) et de l’AFLEC (www.aflec.net/?-recrutement-). La procédure, qui peut différer selon l’organisme recruteur, consiste à constituer un dossier de candidature : celui-ci comprend généralement une lettre de motivation manuscrite, un CV détaillé, des documents administratifs et tout ce qui peut prouver et mettre en valeur des compétences personnelles et professionnelles présentant un intérêt au regard du (des) poste(s) visé(s). En effet certains d’entre eux exigent des compétences spécifiques et dans tous les cas, on attend des candidats à l’expatriation des qualités d’ouverture et de dialogue nécessaires dans ce contexte ainsi qu’une certaine motivation à représenter la culture française. Le dossier est ensuite remis au supérieur hiérarchique qui transmettra aux services administratifs concernés après avoir porté un avis sur la candidature. Une fois le résultat de la demande connu, le départ ne pourra être effectif qu’après l’accord formel de détachement qui n’est pas de droit mais soumis aux nécessités du service.

Les programmes d’échangesDepuis la loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République qui encourage une plus grande ouverture sur l’Europe et le monde au service de la réussite de tous, l’amélioration des compétences en langues vivantes étrangères des élèves français est devenue une priorité, impliquant alors un effort sur la formation initiale et continue des enseignants dans ce domaine : ainsi ont été mises en place des actions de formation visant le développement des compétences linguistiques, personnelles et interculturelles des enseignants, l’ouverture des établissements scolaires sur l’Europe et le monde et la promotion du français à l’étranger. Parmi ces actions, certaines présentent l’occasion de partir enseigner une ou deux années à l’étranger dans le cadre de leur carrière.

Vous aimez voyager et vous avez choisi de devenir enseignant : tant mieux, ces deux activités sont tout à fait compatibles ! Mais pourquoi attendre les vacances pour voyager quand on peut partir enseigner à l’étranger ? Que vous fassiez vos premiers pas dans le métier ou que vous ayez déjà fait du chemin depuis votre premier poste, étudiez les possibilités qui s’offrent à vous et préparez votre projet, selon votre situation.

Enseigner en voyageant, voyager en enseignant : les solutions pour partir

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Par exemple, un programme d’échange géré par la Direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco) en collaboration avec l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ, www.ofaj.org/) permet aux professeurs des écoles titulaires d’exercer pendant une année renouvelable une fois dans une école allemande : ils s’engagent, à leur retour en France, à assurer des activités qui contribuent au développement de l’enseignement de l’allemand. Afin de respecter la réciprocité du programme, l’académie d’origine du candidat retenu s’engage à accueillir en retour un enseignant allemand qui exercera lui aussi auprès d’élèves français. Le formulaire de candidature, téléchargeable sur le site Éduscol dans la rubrique « Europe et Monde » (http://eduscol.education.fr/cid52926/echange-franco-allemand-des-enseignants-du-1er-degre.html), doit être complété et transmis à l’inspecteur de l’éducation nationale (IEN) de circonscription et peut être suivi d’un entretien de motivation.De même, le programme d’ « échange poste pour poste » avec le Québec géré par la Dareic de l’académie d’Amiens (www.ac-amiens.fr/postepourposte-quebec/) s’adresse aux enseignants du premier degré à condition qu’ils justifient de cinq années d’ancienneté. Pendant une année scolaire, l’enseignant français échange son poste avec celui d’un collègue québécois ce qui permet, entre autres, l’enrichissement des pratiques pédagogiques de chacun des participants. Les États-Unis quant à eux accueillent en Louisiane tous les enseignants (1er, 2nd degré et FLE) titulaires depuis au moins trois ans dans le cadre d’accords qui leur réservent des postes pour une durée d’une année scolaire renouvelable deux fois : ils y enseignent la langue

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française ou certaines matières en français dans des établissements louisianais correspondant au collège français. Ils sont placés en détachement ou en disponibilité selon qu’ils exercent dans l’enseignement public ou privé puis sont réintégrés dans leur académie ou département d’origine. Pour en savoir plus sur ce « programme Codofil (Conseil pour le développement du français en Louisiane) », rendez-vous sur le site du CIEP (Centre international d’études pédagogiques) : www.ciep.fr/programme-codofil-louisiane

Avant de se lancer dans l’une de ces aventures, il peut d’ailleurs être judicieux de participer à l’un des séjours professionnels organisés par le CIEP (www.ciep.fr/mobilite/sejours-professionnels) : pendant deux semaines, vous pourrez observer les pratiques de vos homologues en Allemagne, en Autriche, en Espagne, en Italie, en Irlande, au Portugal ou au Royaume-Uni… et en profiter pour voir du pays !

sans expérience ou sans concours : Le contrat LocaL

Vous n’êtes pas titulaire, ou vous l’êtes depuis moins de deux ans et vous êtes trop impatient pour attendre, ou encore vous l’êtes depuis plus de deux ans mais votre candidature n’a pas été retenue pour un recrutement en tant qu’expatrié ou résident ? Le contrat local est fait pour vous : il vous permet d’être recruté par l’établissement scolaire de votre choix auprès duquel vous aurez postulé directement. La rémunération, la couverture sociale et les conditions du contrat dépendent dans ce cas du droit local et sont

donc spécifiques à chaque pays, et généralement moins avantageuses que pour les statuts d’expatrié et de résident. Vous devrez aussi obtenir votre mise en disponibilité de la part de votre administration d’origine.Pour prospecter des postes susceptibles de vous intéresser, plusieurs solutions : - Vous consultez les annonces de la MLF (http://recrutement.mlfmonde.org/) ou des Alliances françaises du monde entier réunies sur le site de la Fondation Alliance française (http://www.fondation-alliancefr.org).- Vous cherchez et vous contactez des établissements dans le(s) pays qui vous intéresse(nt) sur la carte proposée par le site de l’AEFE (http://www.aefe.fr/reseau-scolaire-mondial/rechercher-un-etablissement) ou dans les listes de l’AFLEC (http://www.aflec.net/?-l-aflec-au-liban- et http://www.aflec.net/?-l-aflec-aux-emirats-arabes-unis-).

avec ou sans concours, avec ou sans expérience : Le voLontariat

Si la démarche du volontariat est différente de tous les dispositifs présentés précédemment parce qu’elle n’offre pas des conditions aussi confortables, elle n’en est pas moins enrichissante et a le mérite d’être accessible à tous ceux qui sont motivés par l’engagement dans un projet humanitaire et l’envie de se sentir utiles. Plusieurs dispositifs permettent d’être bien accompagné dans un tel projet.

Destiné à tous, le Volontariat de solidarité internationale (VsI) a pour objet « l’accomplissement à temps plein d’une mission d’intérêt général ». Chaque année, ce sont plus de 2 000 VSI qui se rendent hors de l’Europe dans des pays comme Madagascar, le Cambodge ou Haïti. D’une durée de 12 à 24 mois, elle nécessite pour un enseignant de demander sa mise en disponibilité pendant laquelle il ne sera pas rémunéré. Le volontaire signe un contrat avec une association agréée qui s’engage à le préparer au départ comme au retour et à l’accompagner pendant sa mission. Elle lui garantit aussi, entre autres, une protection sanitaire et sociale complète et une indemnité mensuelle d’au moins 100 euros hors hébergement et nourriture, ses frais de voyage aller et retour sur le lieu de la mission. Tous les renseignements sont disponibles sur le site de France Volontaires (www.france-volontaires.org). On peut y consulter les annonces des missions puis y postuler ou déposer sa candidature spontanée.

Pour les plus jeunes, le service civique, plus connu pour les missions qu’il propose en France, peut aussi vous apporter une expérience à l’étranger. Ouvert à tous les jeunes de 16 à 25 ans sans conditions de diplôme, c’est un engagement volontaire au service de l’intérêt général, indemnisé 573 euros net, qui donne droit à une protection sociale de base complète et à une prise en compte des

pArTIr ENSEIGNEr À l’ÉTrANGEr

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VOCATION ENSEIGNANT

trimestres effectués au titre de l’assurance retraite. Il peut être effectué sur une période de 6 à 12 mois pour une mission d’au moins 24h par semaine dans des domaines définis dont l’éducation. S’il ne s’agit pas d’exercer pleinement le métier d’enseignant, la dimension pédagogique de ces missions est souvent importante : ainsi, sur le site www.service-civique.gouv.fr/missions/, une annonce de l’OFAJ proposait par exemple en janvier 80 postes de volontariat dans des établissements scolaires d’Allemagne.

D’autres dispositifs existent comme les congés de solidarité mis en place par Planète Urgence (www.planete-urgence.org/) pour des séjours courts : ainsi, en janvier, une mission de soutien scolaire en français dans des écoles primaires du Bénin était proposée pour une durée de deux semaines, sur laquelle on peut consulter les rapports d’anciens bénévoles.

Retrouvez tous les renseignements et les annonces de missions sur le site de France Volontaires : www.france-volontaires.org n

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corinne, enseignante à L’étranger pendant 12 ans

Corinne, professeur d’EPS dans le Maine-et-Loire, a passé 12 années de sa carrière à l’étranger avec son mari, enseignant lui aussi, et leurs deux enfants, nés pendant cette période.

Quand j’ai rencontré Christophe en avril 2000, il avait pour sa part vécu 18 mois en Chine en tant que Coopérant du service national et il m’a donné l’envie de tenter l’expérience. Nous étions alors sans enfant, ce qui nous paraissait plus facile pour démarrer l’aventure. Nos demandes dès le mois de mai ont été trop tardives pour l’administration mais nos dossiers étaient prêts pour l’année scolaire 2001/2002. Nous avons fait des candidatures spontanées. Nous avons envoyé lettre de candidature, CV et divers documents demandés par l’établissement sur leur site Internet, sans vraiment savoir s’il y avait des postes. Il nous a fallu aller à Paris pour une demande de visa car on entrait d’abord en qualité de touristes. Je n’ai pas le souvenir de trop de complications quant à l’embauche. Le rectorat ne nous a posé aucun problème pour partir. Il n’y avait pas de déficit de poste dans l’académie de Nantes.

Nous sommes d’abord partis en thaïlande, à Bangkok, pour trois ans. Là-bas j’ai été embauchée sur place en contrat local en qualité d’institutrice. Christophe lui, avait eu un poste de France et il a occupé son poste de professeur de Lettres classiques en contrat de résident. Ensuite nous avons obtenu tous les deux un poste de résident dans nos disciplines respectives à Nouakchott en Mauritanie. Nous y sommes restés trois ans. Puis Christophe a réussi à décrocher un contrat d’expatrié pour l’île Maurice où nous sommes restés six ans.

J’ai pour ma part effectué des remplacements la première année en qualité d’institutrice et de professeur d’EPS, me faisant ainsi connaître des établissements. Et j’ai réussi à avoir un poste en contrat local en tant que professeur d’EPS les cinq années suivantes.

L’installation n’est jamais simple. Surtout si on vient avec un déménagement. On est confronté à l’administration locale qui parfois fonctionne avec les bakchichs. Ensuite on est parfois dérouté par le dépaysement total. À Bangkok et à Maurice, il faut apprendre à rouler à gauche. Payer ses factures en Mauritanie est une tâche complexe, ainsi que faire ses courses où les petites épiceries n’ont pas grand chose à proposer et beaucoup de produits périmés. Les normes d’hygiène sur les marchés thaïs et mauritaniens n’ont rien à voir avec les nôtres et les mouches font partie du paysage. Nous avons connu de nombreux problèmes d’eau avec des périodes de 2 mois sans eau courante en Mauritanie et 2 semaines à Maurice. On débarque dans un pays et on a tout à construire, mais comme c’est le cas pour une bonne partie des enseignants, des liens peuvent se nouer plus rapidement. Il se peut aussi que l’on souffre de ce milieu de prof car il peut être difficile de nouer d’autres relations quand la langue fait barrière.

Mais lors des vacances, nous avons pu découvrir de superbes pays, de superbes paysages. Nous avons eu de vrais instants de grande liberté... comme des aventuriers : moto au milieu des rizières, équitation dans les champs de canne à sucre, promenade à dos de dromadaire dans le désert, promenade à dos d’éléphant dans la jungle thaïe, catamaran entre amis sur le lagon mauricien. Nos enfants ont grandi dans des pays chauds, se promenant toute la journée en short et pieds nus, entourés de « nounous » bienveillantes et toujours disponibles. Et nous avons côtoyé des populations calmes et chaleureuses.

Professionnellement, nous n’avons pas perçu de différences dans notre manière d’enseigner car nous étions dans des lycées français et nous appliquions le programme français. Quand le contrat de Christophe s’est terminé à Maurice, nous aurions pu chercher une autre destination mais nos enfants manifestaient l’envie de vivre plus longtemps auprès de leurs grands-parents. Et puis la scolarité à l’étranger est payante. Il nous fallait trouver deux postes pour ne pas perdre de l’argent avec les scolarités, or il n’est pas évident de trouver deux postes de résidents dans le même pays. Et puis, après douze ans à l’étranger, retourner vivre en France nous apparaissait là aussi comme une nouvelle aventure. Concernant notre mutation, nous avons dû participer au mouvement mais nous avions 1000 points de bonus pour réintégrer l’académie d’origine.

si un collègue avait envie de partir enseigner à l’étranger et me demandait mon avis, je lui conseillerais de partir comme moi, quand on est jeune et sans enfant. Et si on est en couple, ne pas hésiter à partir avec un seul poste, il y a toujours moyen de casser le contrat si rien ne se profile pour le partenaire. n

- L’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) subventionne des stages dans des établissements scolaires en Allemagne destinés aux futurs enseignants en formation afin de leur faire découvrir le système éducatif et les méthodes pédagogiques de ce pays, avec un forfait pour les frais de voyage et une bourse de 300 à 900 € selon la durée du séjour (de 1 à 3 mois). Contact : [email protected], 01 40 78 18 79

- Le Partenariat Educatif de solidarité Internationale (PESI) concerne les étudiants de licence et master qui visent une carrière d’enseignants : organisé par Solidarité Laïque, ce dispositif d’éducation à la solidarité permet d’échanger et de coopérer avec d’autres professeurs dans le monde grâce à l’octroi de bourses (entre 1500 et 5000 €). Contact : [email protected] 01 45 35 13 13

DES BOURSES POUR LES FUTURS ENSEIGNANTS

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adoLescence

définitions Contrairement à ce que certains auraient tendance à penser, l’adolescence n’est pas une maladie, mais la période où l’enfant est « en train de grandir » (adulescens). Les définitions de l’adolescence sont multiples : n Pour les sociologues, ce terme moderne qui apparaît au XIXe siècle avec la généralisation de la scolarisation correspond à la période de transition entre l’enfance et l’âge adulte qui, dans notre société, s’étend d’autant plus que les rites de passage sont supprimés (service militaire, rites religieux, etc.) et que l’autonomie affective, matérielle et financière tarde, donnant lieu à la catégorie des « adulescents » ou comportement de « Peter Pan » (adultes ayant oublié que le temps de l’acné était révolu depuis longtemps). n Pour les anthropologues, c’est une caractéristique des sociétés industrielles où les rites disparaissent de plus en plus ; dans les sociétés traditionnelles, le passage du statut d’enfant à celui d’adulte se faisant de quelques heures à quelques jours à travers des rites initiatiques. Cette longue phase de mutation dans les sociétés occidentales se manifeste par une culture propre, marquée de codes langagiers, comportementaux, alimentaires et vestimentaires particulièrement riches. n Pour les pédiatres, c’est un temps de maturation physiologique liée aux bouleversements hormonaux qui conduisent à l’apparition des caractères sexuels primaires et secondaires. Les angoisses face à ce corps qui se transforme peuvent être multiples, avec des inquiétudes pouvant se fixer sur certaines parties (le nez, les dents, les seins, les fesses, le sexe, etc.) et conduire à une dysmorphophobie

corporelle (conviction obsédante concernant un défaut de son apparence, en l’absence de réelles imperfections). Elle s’accompagne de dérégulations du rythme veille/sommeil, de celles de la cadence alimentaire, de l’humeur et du comportement avec alternance de phases d’excitation et de périodes léthargiques. n Pour les orthodontistes, c’est la phase dentaire idéale pour transformer le sourire angélique de nos enfants en mâchoire d’argent avec des anneaux métalliques servant d’autant plus d’ancrages aux débris alimentaires qu’ils sont posés à une période où la brosse à dents est devenue un ODNI – objet dentaire non identifié – pour les adolescents. Ce sourire d’acier enrichissant proportionnellement leur activité à la baisse du compte bancaire qu’il impose aux parents. n Pour les pédopsychiatres, c’est un processus de maturation psychique caractérisé par la séparation-autonomisation-individuation et la réactivation de conflits psychiques antérieurs tel que le conflit oedipien. L’adolescent oscille entre désir de singularité et volonté de normalité, besoin de réassurance et quête d’indépendance, réactions d’opposition et recherche affective, transgressions et prises de risque en tout genre et recherche de cadre. n Pour les parents, c’est une période de la vie où le mode d’emploi qui fonctionnait au préalable s’avère brutalement inefficace – et de plus en plus tôt avec une période qualifiée de préadolescence –, l’adolescent étant capable d’alterner des phases plus ou moins longues où il tend à se comporter comme un adulte, à des phases régressives où il se comporte comme un tout-petit. La salle de bains devient un lieu inabordable pour l’adolescent (capable de rester des jours sans approcher une douche ou une 3

Pour dépasser petits et grands obstacles, un certain nombre de repères gagnent à être connus, d’où l’idée de cet ABCDaire de la survie en milieu scolaire, construit à partir des interrogations de collègues sur des questions mul-tiples auxquelles ils sont exposés. Morceaux choisis de A à Z.

ABCDaire de la survie en milieu scolaire

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aBCDaire de la survie en milieu scolaire Repères indispensables pour les enseignants, les personnels de direction et les CPE d’Hélène Romano et Joël Gonzalez. Hachette Éducation – Juillet 2015 - 288 pages – ISBN : 978-2-01-270888-4

Hélène Romano est docteur en psychopathologie, expert référent auprès du ministère de l’Éducation nationale sur les questions relatives à la prévention du burn-out, au harcèlement scolaire, aux gestions de crises et à la prise en charge des enfants à besoins spécifiques. Elle intervient en formation initiale comme en formation continue dans différentes académies.

Joël Gonzalez est professeur certifié de français en collège depuis près de vingt ans en banlieue parisienne. Il intervient également depuis plusieurs années auprès d’élèves allophones et a travaillé pour la Mission générale d’insertion auprès d’élèves ayant des besoins spécifiques.

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brosse à dents) mais peut subitement devenir inaccessible au(x) parent(s) quand l’adolescent(e) tombe amoureux(se) et se met à y passer des heures. n Pour les commerçants, c’est la période de consommation rêvée où leurs clients teenagers (et surtout leurs clientes) règlent encore grâce au financement parental et dépensent souvent sans compter (au grand dam de leurs parents). n Pour les enseignants, l’adolescence correspond à des classes d’âge où tout est possible, particulièrement au collège : certains introvertis privilégient la pensée, le rêve et l’inaction (voire la prostration), quand d’autres excellent dans l’hyperactivité, l’agitation, les actes compulsifs et la perte de contrôle. Entre les deux, tous les comportements (y compris alternatifs) sont possibles, l’enseignant devant s’adapter en même temps à trente élèves, certaines fois, des plus imprévisibles. n Pour les adolescents, c’est la période où tout ce qui vient des parents et de ceux faisant autorité (dont les enseignants) n’a, subitement, plus aucune valeur. La révolution pour eux, c’est maintenant, et la principale source d’identification passe du parent au groupe de pairs… sans que cela soit toujours très clair : seuls, ils s’ennuient et/ou ils ont peur, ils rêvent d’être à deux, mais se retrouvent plus souvent à plusieurs, quitte à ne plus savoir qui ils sont. En cette période des premiers amours, le collège devient un lieu de séduction : malentendu fondamental avec leurs parents et leurs enseignants, pour qui cet espace est avant tout un lieu d’enseignement et de savoir.

conseiLs Ne considérez pas l’adolescent comme une « espèce dangereuse » et ne lui laissez pas

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penser qu’il peut vous mettre à mal et vous atteindre : plus il sentira qu’il a le pouvoir de déstabiliser l’adulte, plus cela l’insécurisera et plus il vous mettra en difficulté… Le rejet qu’il a de l’adulte est à la hauteur de la quête de son soutien. Essayez de rester calme, de tenir le cadre et la règle posés sans les transgresser.

Ne le disqualifiez pas et tentez de trouver des moyens de positiver son attitude, par exemple, au lieu d’utiliser des phrases qui le condamnent (« tu es… »), privilégiez des formulations moins stigmatisantes (« quand tu fais ça, tu es… » ou « tu fais ça, mais je pense que tu peux aussi faire autrement »).

Restez à votre place d’adulte et ne tentez pas de séduction langagière visant à utiliser de façon excessive leur vocabulaire et leurs codes, cela n’aura que l’effet contraire. Mais montrez-leur que vous comprenez leur langage.

N’hésitez pas à faire le lien avec le médecin ou l’infirmière scolaire si un de vos élèves vous semble manifester un profond mal-être.

autorité

définition n Droit ou pouvoir de se faire obéir en raison de sa fonction ou de son statut. n En milieu scolaire, si les enseignants n’ont pas (trop) de difficultés pour l’exercer en primaire, les choses se compliquent au moment du collège, période où la devise « il est interdit d’interdire » est toujours d’actualité. n La remise en cause de l’autorité et l’attaque du cadre (à entendre en tant que règlement interne à l’établissement et à la classe) sont inévitables

dans le rapport enfant/adulte, en particulier à la période d’autonomisation de l’adolescence. Plus l’adolescent est en insécurité, doute de lui et de l’autre, plus il s’en prendra au cadre : contestation de l’autorité, transgression des règles, remises en cause des consignes, tentatives de manipulations, etc.

conseiLs Veillez, dès le premier cours de l’année, ou de votre prise de poste en cas de remplacement, à présenter les règles de fonctionnement, avec calme et sans agressivité.

soyez clair avec vous-même dans vos attentes et dans vos réponses. Les jeunes enseignants sont parfois démunis face à une réaction à laquelle ils ne s’attendent pas, et qu’ils n’ont, de ce fait, pas pu anticiper. En conséquence, ils n’ont pas la possibilité d’apporter une réponse adaptée. On apprend tous les jours de ses erreurs, toutes les expériences des premières années d’enseignement doivent servir à construire la cohérence d’une conduite à venir. Avant de prendre vos fonctions, réfléchissez aux éventuelles réactions de vos élèves et tentez d’imaginer quelles pourraient être vos réponses. Demandez-vous si elles sont cohérentes avec vos exigences, et si elles sont graduées.

tenez votre cadre et ne faites pas le contraire de ce que vous aviez vous-même fixé en début d’année.

asseoir son autorité doit se faire dans le respect des élèves. Si l’autorité s’impose par la terreur, elle n’aura aucune valeur. Il ne s’agit pas de « surveiller et punir », mais d’apprendre à se faire obéir. Et surtout de permettre aux élèves

« Plus l’adolescent sentira qu’il a le pouvoir de déstabiliser l’adulte, plus cela l’insécurisera et plus il vous mettra en difficulté… Le rejet qu’il a de l’adulte est à la hauteur de la quête de son soutien. »

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ABCdAIrE dE lA SurVIE EN mIlIEu SCOlAIrE

d’intégrer la règle parce qu’ils auront compris qu’il est dans l’intérêt de tous de la respecter. « L’autorité contraint à l’obéissance, mais la raison l’y persuade. », affirmait le cardinal de Richelieu (Maximes d’État, ou testament politique, 1764).

Informez-vous du règlement d’établissement et assurez-vous qu’il est compris des élèves, afin de vous y référer en cas de nécessité. Informez-vous aussi de la culture d’établissement, c’est-à-dire des us et pratiques propres à l’endroit où vous enseignez, qui ne sont inscrits nulle part mais que tout le monde connaît, sauf vous si vous êtes nouveau (un escalier interdit à certaines heures, des pauses permises ou proscrites à l’intercours…). Les élèves peuvent vite mettre à mal votre autorité en vous sollicitant des avantages qu’ils savent interdits ou en se révoltant car vous êtes le seul à interdire ce que tous les autres autorisent.

Fixez un cadre au sein de la classe, sans que les règles propres à la classe n’aillent à l’encontre de celles de l’établissement et soyez convaincu de l’utilité de ce cadre…

soyez cohérent dans les décisions prises, afin qu’elles apparaissent justes.

Comprenez ce qui se passe au niveau de la dynamique d’une classe pour organiser la vie du groupe classe en limitant les tensions et les conflits.

Prévoyez des temps de régulation au sein de la classe où pourront être discutées dans le respect de chacun les décisions prises.

acceptez que, même en tant qu’enseignant, l’on puisse se tromper et sachez réajuster votre positionnement ; votre autorité n’en sera que renforcée si vous vous montrez honnête face aux élèves.

confiance en soi

définition Avoir confiance en soi, c’est croire en ses valeurs et en ses capacités. Tous les individus ne sont pas égaux à ce niveau car la confiance en soi s’acquiert très précocement dans le regard et l’attention portés par les parents (ou leurs substituts) sur le tout petit bébé. En grandissant, l’enfant acquiert grâce à ce soutien affectif indispensable « une base de sécurité interne », c’est-à-dire un sentiment de sécurité intérieure et une confiance vis-à-vis de lui-même, de l’autre et du monde extérieur. Elle permet de savoir affirmer ses besoins, de valoriser ses compétences, et de faire de ses failles des éléments positifs.

Face aux difficultés, elle évite d’être anéanti, et de se remettre immédiatement en cause, car cette personne sait qu’elle a de la valeur et des compétences. En grandissant, l’enfant puis l’adolescent expérimentent d’autres sources potentielles de « tuteurs de développement »

qui peuvent renforcer cette confiance en eux : des camarades, des enseignants, un ou des amoureux, des amis, etc. L’absence de ce soutien primaire peut s’expliquer en raison de multiples contextes familiaux : parents surexigeants et dévalorisants, parents indifférents, parents maltraitants, parents indisponibles du fait d’une maladie ou endeuillés, parents dans l’incapacité de s’ajuster aux besoins de leur enfant, etc. Au sein d’une même fratrie, le vécu peut être très différent, la place de chaque enfant dans l’histoire parentale étant spécifique.

Le manque de confiance en soi peut créer une vulnérabilité à l’origine d’une timidité excessive, d’un manque d’assurance et le sentiment permanent d’être coupable et responsable de ce qui arrive.

n au niveau des élèves, cela peut conduire à des attitudes de retrait, un manque d’investissement scolaire par sidération psychique, un comportement passif en faisant un objet idéal de harcèlement ou des actes transgresseurs par investissement d’attitudes visant à attirer l’attention et à interpeller en permanence l’adulte pour se rassurer de sa présence. Ces élèves peuvent subitement s’effondrer en larmes ou exploser de violence. n au niveau des professionnels, l’incidence du niveau de confiance en soi est importante sur les élèves. Un enseignant fragilisé peut rapidement s’effondrer et ne plus se sentir capable d’affronter sa classe. Il aura tendance à s’attribuer toutes les responsabilités des situations difficiles, qui certaines fois sont davantage liées au contexte de l’établissement. Une faible confiance en soi conduit en milieu professionnel à un épuisement rapide si des ressources ne sont pas trouvées.

conseiLs Comprenez les sens multiples de la confiance en soi et sachez que l’établissement peut être un lieu de restauration de celle-ci, comme de souffrance extrême, aussi bien pour les élèves que pour les adultes.

Développez dans votre vie personnelle des espaces où vous pourrez être valorisé.

autorisez-vous, avant la rentrée, à analyser vos ressources et vos failles et les stratégies utilisées pour surmonter les difficultés.

En cas d’atteinte de la confiance en vous, apprenez à analyser le contexte, les causes (elles sont toujours multiples) et essayez de les mettre en sens ; par exemple, suite à un chahut en cours vous ayant déstabilisé, décryptez au plus tôt : n le contexte : quelle classe, quelle heure, quel moment de la semaine et du trimestre, élément déclenchant au sein de la classe ou à l’extérieur, votre niveau de fatigue et de disponibilité, etc. n ce que vous avez ressenti physiquement : troubles physiques tels que rougeur, bégaiements, etc. n ce que vous avez ressenti émotionnellement : peur, honte, gêne, humiliation, etc.

n ce que ces ressentis disent de vous négativement : débordé, pas capable de gérer la classe, etc. n ce que ces ressentis disent négativement de vos élèves : insolents, intenables, etc. n ce que ces ressentis pourraient dire de vous positivement : vous n’êtes pas une machine et vous avez des émotions, etc. n ce que ces ressentis pourraient dire positivement de vos élèves : qu’ils sont plein de vie, qu’ils ne manquent pas de répartie, etc. n ce que vous auriez voulu que vos ressentis disent de vous : que vous êtes capable, compétent, etc. n ce que vous auriez voulu que vos ressentis disent de vos élèves : qu’ils comprennent l’importance du respect, qu’ils apprennent à contrôler leurs réactions, etc. n quels moyens de parvenir à ces ressentis positifs pour vous et vos élèves, etc. Cette analyse peut être faite seule ou via un relais professionnel par des groupes d’analyse de pratiques (exceptionnels, mais il en existe dans le plan annuel de formation de certaines académies). Les psychologues sont aussi des personnes ressources précieuses. Mais elle peut aussi être réalisée individuellement. Si au début l’exercice peut apparaître laborieux, l’expérience montre qu’il permet de prévenir le burn-out et de dégager des ressources positives que le professionnel, submergé par l’émotion de la difficulté, ne voyait plus.

encouragements

définition L’action de soutenir quelqu’un peut prendre différentes formes : des conseils, des mots valorisants, un sourire, une tonalité bienveillante, un regard approbateur ; et sur les terrains de sport, des cris et des agitations multiples. Les encouragements participent à donner confiance à l’autre, à valoriser son estime de lui-même : encouragé, le sujet sait qu’il n’est pas seul et qu’il peut compter sur l’attention de l’autre. « C’est bien », « tu peux être fier de toi », etc. Si l’encouragement devient une exigence, et que la pression psychologique est importante, il est proche de la menace.

conseiLs sachez qu’encourager est une attitude essentielle pour établir un lien de confiance entre vous et les élèves, comme entre vous et vos pairs. Cela soutient la motivation et renforce l’estime de soi. Vos encouragements sont importants au niveau des apprentissages et du comportement, surtout pour les élèves en difficulté.

Pensez au sein de votre classe à être équitable pendant les cours, et à valoriser plus individuellement certains élèves, y compris les très bons élèves qui ont tendance à être oubliés dans ces cas-là ; par exemple, en individuel, vous pouvez dire à un élève en difficulté : « j’ai l’impression que c’est en ce moment difficile pour toi, mais je vois que tu écoutes, que tu essayes

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même si tu te trompes, et c’est important de ne pas abandonner, je voulais t’en féliciter », ou à un très bon élève qui à force de faire le sémaphore en tendant les bras pour participer va finir par attraper une crampe : « j’ai vu que tu participais toujours autant et je voulais te féliciter, c’est très bien, je ne peux pas toujours te donner la parole, mais je suis vraiment attentif au fait que tu sois ainsi motivé ».

stress des enseignants

définition Le stress est la réaction physiologique de l’organisme face à une situation nécessitant une mobilisation de l’énergie. Si le stress permet de mobiliser l’énergie et de potentialiser son efficacité (« le bon stress »), un stress prolongé et curatif (« mauvais stress ») peut avoir des conséquences importantes sur la santé (fatigue, irritabilité, labilité émotionnelle, dérèglement hormonal, manque de concentration, difficultés d’apprentissage, dépression, burn-out, conduites addictives etc.) Aux conséquences individuelles s’ajoutent les dommages collatéraux inévitables pour les élèves et pour les proches (famille, collègues).

Le milieu scolaire est particulièrement éprouvant. Les facteurs les plus souvent énoncés sont : n la surcharge de travail, le cumul des contraintes, la multiplicité des opérations (répondre, écouter, se déplacer, écrire, être attentif aux personnes) ; n la charge émotionnelle et physique importante dans un métier de relations intenses ; n les mauvaises conditions de travail avec un contexte de plus en plus difficile, quels que

soient les établissements (insécurité, incivilité, agressivité, etc.) ; n le conflit de rôle entre les demandes du groupe classe et les besoins spécifiques de certains élèves : comment gérer le « pour tous » et le « pour chacun » ; n les demandes contradictoires à certains moments de l’institution : l’enseignant ne sait pas toujours ce qu’on attend de lui, quels objectifs il doit atteindre et quelle est exactement l’étendue de ses responsabilités ; n une politique qui se caractérise par le pilotage par les résultats qui ne prend pas suffisamment en compte les caractéristiques de chacune des classes ; n l’individualisme de certains enseignants ; n les difficultés des relations avec la hiérarchie ; n l’absence de reconnaissance professionnelle ; n le système bureaucratique de l’institution avec l’accumulation de tâches non coordonnées, se surajoutant au travail d’apprentissage, coeur du métier ; n des évaluations à la fois absentes et omniprésentes.

conseiLs apprenez à gérer votre stress… Cela prend du temps… Quelques pistes envisageables pour donner ou retrouver un sens positif à votre métier : n connaître vos limites et savoir repérer les manifestations psycho-physiologiques du stress pour protéger votre santé ; n connaître vos faiblesses qui pourraient vous gêner dans votre métier ; n apprendre à développer des stratégies de « faire face » efficaces et protectrices ;

n rechercher du soutien et des formations sur cette question (l’organisation d’ateliers d’analyse de pratiques est, à ce titre, particulièrement intéressante) ; n s’intégrer à des groupes de travail ou des groupes de réflexion sur les pratiques enseignantes, notamment avec les mouvements pédagogiques.

Zen

définition Fait de rester calme face à des circonstances difficiles : qualité indispensable pour tout enseignant !

conseiLs apprenez à relativiser, ce qui ne signifie pas « banaliser », mais ne pas être submergé par les choses difficiles que vous vivez en classe. Vous ne pourrez pas changer l’institution scolaire, même avec toute l’énergie possible et la meilleure volonté du monde. Mais vous pourrez, à votre niveau, être pour vos élèves un relais essentiel dans leur construction d’adulte. Discutez avec vos collègues qui ont plus d’expérience, confrontez les points, ne vous laissez pas submerger par vos émotions ; bref, un peu de recul ne fait jamais de mal et souvenez-vous que « la colère est mauvaise conseillère », comme dit le proverbe. Enfin ne réduisez pas votre vie à votre statut de professeur : vivez en dehors de votre établissement ! Avoir des amis du même milieu est important pour partager des expériences communes, mais n’avoir que des amis du même milieu ne permet pas (toujours) de se dégager de ces expériences. n

VOCATION ENSEIGNANT

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« Restez zen. Vous ne pourrez pas changer l’institution scolaire, même avec toute l’énergie possible et la meilleure volonté du monde. Mais vous pourrez, à votre niveau, être pour vos élèves un relais essentiel dans leur construction d’adulte. »

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