vivre sa nature · cette passion donnait du sens à ma vie et m’a permise de faire un premier pas...
TRANSCRIPT
N° 54 - Mai 2020N° 54 - Mai 2020
LE MAGAZINE QUI
RECONNECTE AUX SENS,
AU CORPS ET AU COEUR.
Vivre sa NatureAu Nom du Corps
Sommaire
4
16
458
44
TÉMOIGNAGE D'UN AUTEUR
PARCOURS DE VIE
PARCOURS DE VIE
INFOS
POÈME
P 4. "Une hyper-sensible ou une hyper-connectée"Par Sarah Divine
P 16. "Inachevée..."par Lucie RONDELET
P 44. "Cela commence par un grand merci"par Aurore MARGUERIN
P 64.
P 58. "Hey petit virus"Par Caroline GAUTHIER
"UNE HYPER-SENSIBLEOU UNE HYPER-CONNECTÉE ?"
par Sarah Divine
"La vie peut être simple et magique,
si on apprend à écouter et suivre son intuition"...
Le parcours de Sarah témoigne de la véracité de cette phrase
qui termine ce magnifique Article.
J'ai la joie de connaître Sarah, cette femme magnifique et connectée de faire partie
du même réseau d'entrepreneurs conscients. Je vous laisse la découvrir.
TÉMOIGNAGE D'UN AUTEUR
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 4 -
TÉMOIGNAGE D'UN AUTEUR
Une femme devant nous pleurait à
chaudes larmes. J’ai demandé à ma
grand-mère ce qu’on pouvait faire pour
l’aider.
Elle était désolée pour moi de me voir si
triste puis elle m’a dit « on ne peut rien
faire pour elle. »
Mon monde a commencé a basculé :
« si on ne peut pas rendre heureux les
personnes autour de nous, à quoi ça
sert d’être heureux ? »
Ma joie a perdu peu à peu son sens.
J’ai continué ma route, en essayant le
plus possible de me plier à ce monde si
particulier dans lequel je vivais.
Mon adolescence a été difficile à
travers le divorce de mes parents.
Deux fois par semaine, je
déménageais.
J’avais deux chambres et une valise.
Cette quête de sens a été plus
douloureuse pour moi.
Je ressentais à chaque déménagement
la tristesse de mon père ou de ma mère
que je quittais.
Toute cette énergie en moi
incontrôlable explosait avec une crise
par semaine.
Une connexion infinieUne connexion infinie
Enfant, j’adorais jouer avec les
énergies qui m’entouraient.
Je les visualisais sous forme de
lumières bienveillantes, je discutais
avec elles et me sentais en sécurité
dans mon berceau, attendant l’arrivée
de ma mère ou de mon père.
J’étais une enfant facile, on me posait
dans le lit, on me récupérait le
lendemain… un jeu d’enfant ou
presque pour mes parents
A 5 ans, j’ai compris que le monde
extérieur était en noir et blanc.
Les adultes avaient l’air d’être tristes
ou contrariés.
J’ai compris que des règles existaient
pour être aimée et je me suis pliée
pour les suivre.
Un monde en noir et blancUn monde en noir et blanc
A 8 ans, je suis allée à Paris avec ma
grand-mère, comme tous les
mercredis.
On visitait un nouveau lieu dans
Paris.
J’adorais passer du temps avec ma
Dadou, elle me rendait heureuse et
j’aimais notre complicité.
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 5 -
Ça y est !
Mes amis commençaient à me prendre
un peu pour une folle ou une fille
perchée.
Je vivais dans le monde réel de ma vie
scolaire, de mes problèmes
d’adolescente et, à la fois, dans un
monde magique où je découvrais les
mystères de la psychologie et de mes
perceptions extra-sensorielles.
Une réelle ressourceUne réelle ressource
Mon fardeau d’être une éponge émotive
et de pleurer de nombreuses fois, s’est
enfin transformée en un cadeau, à 21
ans, lors de la fin de vie de ma grand-
mère maternelle.
En déjeunant à la maison de retraite
avec elle et mon père, j’ai eu ma 1ère
rencontre avec ses anges-gardiens.
Mon père me dit à table : « tu sens la
présence de ses 2 anges gardiens ? ».
A ce moment-là, deux flashs de
lumières étincelantes m’apparaissent, je
sens un grand frisson parcourir mon
corps et une chaleur bienveillante
m’envahir.
Des larmes ont envahi mes yeux.
Cette reconnexion a été un merveilleux
cadeau de la vie.
Mon père m’autorisait à casser des
verres !
J’ai testé une fois… mais le plaisir a
vite disparu quand il a fallu tout
ramasser.
Une reconnexion à mesUne reconnexion à mes
perceptionsperceptions
Mon père m’a fait découvrir les
Constellations Familiales, une
méthode thérapeutique familiale
créée par Bert Hellinger.
Là, un nouveau monde s’est ouvert :
je comprenais enfin que je prenais
des émotions qui ne m’appartenaient
pas.
Cette méthode permet de voir les
dynamiques familiales présentes
derrière des comportements.
Le thérapeute écoute la question de
la personne et lui demande de choisir
des représentants dans la salle pour
des membres de sa famille.
En jouant un rôle, j’accédais
naturellement et, en un éclair, à mes
perceptions : j’entendais des cloches
en étant une nonne, je ressentais mes
jambes glaciales, je voyais des
soldats tués autour de moi… Tout
était instantané, pour moi, et fluide.
TÉMOIGNAGE D'UN AUTEUR
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 6 -
J’ai compris que nous
n’étions jamais seuls, qu’à
chaque passage de sa
vie, nous étions
accompagnés.
Lors de la naissance et au
moment de la mort, nos
anges-gardiens nous
accompagnent.
Quand nous allions la voir
avant son décès, la
présence de ses anges
était de plus en plus
présente.
Ma ressource en
spiritualité a été d’une
grande aide pour
accueillir sa fin de vie et
me relier à mon âme.
Un tour aux enfers deUn tour aux enfers de
mon espritmon esprit
Pendant cette même
période, je doutais sur
mon avenir.
Je venais de me séparer
avec violence d’une
relation de 4 ans, j’avais
fini mon apprentissage en
Master 2 Marketing
Opérationnel et je
revenais vivre chez mon
père.
Cette épreuve lente et
remplie de doutes m’a
aidée à y voir plus clair
sur la capacité de mon
esprit à se tromper.
J’étais envahie de
pensées parasites, elles
tournaient en boucle en
moi et m’empêchaient
d’être calme.
J’ai pris la décision de
pratiquer chaque jour
pour diminuer mes
pensées, développer ma
paix et faire le vide en
moi.
Ma communicationMa communication
d’âmed’âme
Un an plus tard, j’ai réussi
à écouter, bien sûr, le
message de mon âme
mais surtout celui d’une
autre personne.
Je vidais mon esprit de
toutes ses pensées, je me
connectais à une
personne puis j’entendais
un mot, un autre, puis un
autre…
TÉMOIGNAGE D'UN AUTEUR
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 7 -
J’ai lancé par la suite un blog, où
j’écrivais chaque article de manière
«connectée» sur l’âme, la paix
intérieure, les vies passées, l’intuition…
Je répondais également de cette
manière connectée à chaque
commentaire.
Cette passion donnait du sens à ma vie
et m’a permise de faire un premier pas
dans l’univers numérique.
La quête de sensLa quête de sens
Je travaillais depuis 7 ans, en
marketing, en tant que consultante dans
un cabinet de conseil, puis en tant que
chef de produit chez Skyrock.
Je rêvais de vivre de cette passion,
mais comment le réaliser ?
J’ai débuté ma première prestation par
un Carnet d’âme.
Je me connectais à la personne et
j’écrivais le message de son âme,
comment il se connectait à son énergie
divine, comment il prenait soin de son
corps, la réponse à 3 questions et le
message de 2 de ses vies antérieures.
Ces mots formaient des phrases
magnifiques et remplies de sagesse.
J’avais l’impression de parler comme
Yoda !
Le plus bluffant est que j’écrivais
ensuite ces messages pour des
personnes que je ne connaissais pas:
avec un pseudo, cela fonctionnait.
Je ne m’attendais pas à autant de
retours émouvants et positifs.
«Le message de mon âme a été aussi
très marquant pour moi : il a ouvert et
ouvre encore chaque jour de
nouvelles portes. Je le connais par
cœur, je me le répète plusieurs fois
par jour afin d'en intégrer toutes les
subtilités. Encore un moment
génial...»
« Merci pour le message de mon
âme; cela a été une vraie reconnexion
à l'expérience que j'ai faite à 11 ans.
Tes messages résonnent tellement
avec mon âme que j'en pleure de joie
et d'apaisement. »
TÉMOIGNAGE D'UN AUTEUR
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 8 -
TÉMOIGNAGE D'UN AUTEUR
100% de ma passion.
« Au revoir » CDI, « Bonjour »
l’entreprenariat.
L’aventure a débuté avec 4 mois de
stress…
Ce n’était pas prévu, mais les doutes et
les questions ont démarré à toute
allure.
J’ai dû régler 14 000€ de rénovation et
de remise aux normes pour l’immeuble
dans lequel je vivais.
Je voulais absolument montrer à ma
mère que j’étais capable de me lancer
et de réussir dans ma passion.
Mais j’ai dû ou plutôt j’ai eu la chance
qu’elle m’aide avec ces frais imprévus.
Mon nouveau métier m’a appris à
m’écouter, à calmer encore plus mon
esprit, à prendre encore plus soin de
mon corps et à ne pas travailler quand
j’étais stressée ou fatiguée…
J’ai dû changer mes règles habituelles.
Je vous l’avoue, je culpabilisais
beaucoup. J’avais de nombreux
contenus à écrire pour ma formation et
je ne pouvais pas avoir l’inspiration car
j’étais trop stressée.
J’ai eu 80 commandes à réaliser dès
son ouverture !
J’ai mis plus de 3 mois à les écrire.
Chaque carnet me demandait un
centrage intérieur qu’il était difficile de
garder.
J’aimais ce que je faisais mais je ne
voulais pas vivre, en travaillant
épuisée, par la canalisation des
messages d’âmes d’autrui.
Je voulais les aider à devenir
autonome et à vivre avec plus de
légèreté.
6 mois plus tard, j’ai eu l’appel d’un
coach, Laurent Chenot, qui m’a aidé à
voir plus clair sur mon modèle
économique.
Il m’a dit « pourquoi tu ne lancerais
pas une conférence en ligne sur
comment communiquer avec ton
âme? Tu vends l’entrée et tu peux
ainsi sauvegarder ton énergie. »
Quelques mois plus tard, je la lance et
je gagne plus de 1200€.
C’est parti !C’est parti !
Je crée avec l’aide de Laurent Chenot
ma première formation appelée
Mission de Vie et décide de vivre à
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 9 -
Mon père m’écrivait de
faux maux d’excuses pour
ne pas travailler et
prendre soin de moi
J’ai mis 4 mois à trouver
mon rythme, à m’écouter,
à calmer encore plus mon
esprit, à gérer mon stress,
et à continuer à me
former.
Mais quelle vie géniale,
j’ai commencé à vivre !
Je voyageais, je travaillais
quand je le pouvais, je
donnais du sens à ma vie,
j’étais utile et ma
contribution aux autres
étaient récompensée.
J’étais tellement heureuse
d’être à ma place et de
commencer à gagner ma
vie avec ma passion.
L’intuition m’a guidéeL’intuition m’a guidée
J’ai découvert par la suite
mon goût pour la vie
nomade.
Je voyageais de plus en
plus… et je suis tombée
amoureuse, non pas d’un
homme, mais de l’Ile de la
Réunion.
Après 3 semaines de
vacances chez une amie
à la Réunion, je suis
rentrée bredouille à Paris.
Tous les jours, une
pensée tournait en boucle
« je vis dans le béton ».
Mon esprit voulait me
résonner : « pourquoi aller
à 10 000 km de chez toi,
de tes amis et de ta
famille, juste sur un coup
de tête ? »
Mais une énorme force
intérieure m’a poussée.
C’était décidé, j’allais
m’installer à la Réunion.
TÉMOIGNAGE D'UN AUTEUR
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 10 -
TÉMOIGNAGE D'UN AUTEUR
Il m’a reconnectée avec cette énergie
physique qu’il me semblait impossible
d’avoir.
Par exemple, à Miami, nous sommes
restés dans la salle de séminaire
jusqu’à 2 h du matin (soit 11h du matin,
pour moi, avec le décalage horaire) en
gardant mon énergie.
J’ai participé à ces séminaires en
Espagne, à Miami et à Las Vegas.
En 2016, sur ma terrasse à la Réunion,
j’ai rêvé.
Mon colocataire à côté de moi n’en
revenait pas de mes rêves.
Je rêvais de participer à un séminaire
d’Haka chez les Chamans Maoris.
Un an auparavant, je participais à un
stage de développement personnel et
une chanson m’a fait vibrer.
Sur ce chant, mon corps a commencé à
trembler.
J’ai commencé à pleurer sans raison,
j’avais des frissons qui envahissaient
mon corps…
Je ne comprenais rien.
Mon corps m’envoyait un message fort
que ma tête ne pouvait pas
comprendre.
La magie de ma vie est revenue avec
plus de fluidité.
A partir de cette période, je visualisais
un rêve, j’avançais et il se manifestait.
Je voulais une maison créole au bord
de la plage dans une colocation de
rêve ?
Pas de problème, BAM !
Ça se réalise 1 mois avant mon
arrivée.
J’étais tellement à l’écoute de mes
perceptions et dans cette joie d’être
que mes rêves se réalisaient
naturellement.
Et pourquoi s’arrêter à la Réunion?Et pourquoi s’arrêter à la Réunion?
J’ai participé à Londres à un
séminaire de Tony Robbins,
conférencier et coach en
développement personnel avec deux
amis, Cédric Villa et Elodie Beaucent.
Nous avons été emballés (peut-être
hypnotisé même) par ses formations
et son programme international.
J’ai décidé d’ouvrir mon horizon et de
voir le monde avec plus de grandeur.
Tony Robbins m’a aidée à voir plus
grand, à croire en moi et en mon
potentiel.
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 11 -
5 mois d’ouverture, de rencontre et5 mois d’ouverture, de rencontre et
d’intuitiond’intuition
Voyager seule est une réelle aventure,
surtout quand vous êtes comme moi et
que vous n’aimez pas être seule dans
un avion ou dans un restaurant…
J’ai appris à m’écouter encore plus !
A décider pour moi, à anticiper chaque
parcours et à laisser l’Univers m’offrir
des surprises.
Je voyageais et travaillais en même
temps, du mieux que je pouvais.
La rencontre avec les Chamans Maoris
a dépassé mes attentes.
Mes perceptions et mes visions sont
devenues à la fois plus intenses et plus
centrées.
Une personne me donnait le nom d’un
de ses amis et je recevais des flashs
sur lui, sur son monde intérieur et sa
vision du monde extérieur.
Je recevais des informations sous
forme visuelle, auditive et
kinesthésique.
Mon coach m’a dit : « tu te
reconnectes avec ton peuple d’eau ».
Je n’ai rien compris sur le moment,
mais cette expérience forte est restée
gravée… jusqu’à ce soir sur ma
terrasse à la Réunion.
Je me suis dit :
« Et pourquoi pas aller faire l’année
prochaine ce stage d’Haka, en
Nouvelle-Zélande ?
Mais si je vais en Nouvelle-Zélande,
autant aller en Nouvelle-Calédonie
voir mon demi-frère ?
Et revenir en Asie, voir mon frère en
Malaisie et visiter la Thailande, le
Laos, le Cambodge et Bali ?
Et pourquoi pas faire un détour par la
Polynésie ? »
Bref, je me suis emportée…
6 mois plus tard, je quittais la
Réunion, vendais mes meubles, ma
voiture et mon appartement à Paris
pour n’avoir plus qu’un sac à dos et
mon ordinateur portable.
TÉMOIGNAGE D'UN AUTEUR
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 12 -
Je maitrisais mieux mes
perceptions car je restais
connectée à mon cœur et
j’ai appris à ouvrir sans
me perdre ou me laisser
emporter.
Mes deux plus grandes
peurs étaient :
1- d’être malade au milieu
de nulle part
2- d’être perdue seule en
pleine nature.
Les deux peurs se sont
réalisées mais j’ai
survécu.
Cela m’a permise d’oser
demander de l’aide et
d’avoir foi en ce qui me
conduit.
De retour en France,De retour en France,
que faire ?que faire ?
En suivant mon intuition
pendant 5 mois, je me
suis dit que j’allais me
reposer tranquillement à
Paris, à la Réunion ou
ailleurs.
Mais l’aventure a continué
pendant 2 ans.
2 ans de voyage en
Europe, au Canada, à
Tahiti, à la Réunion, au
Maroc.
Je me formais, j’animais
des ateliers ou des
stages, je donnais des
consultations en ligne et
je continuais de créer et
d’accompagner des
milliers d’abonnés via des
formations en ligne.
Et un jour, j’ai posé un
pied à terre en achetant
un appartement à Lyon
(en 3 jours ! Vive
l’intuition !).
Je continue de voyager
aujourd’hui (hors
confinement) et j’ai eu le
plaisir, en chemin, d’écrire
un livre chez Hachette
paru en février :
5 Portes de l’intuition.
TÉMOIGNAGE D'UN AUTEUR
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 13 -
J’y partage mes expériences et des
clés intuitives : les 5 étapes pour
suivre son intuition et créer des
raccourcis vers ses rêves.
J’aime ma vie de semi-nomade mais
plus que tout, j’aime être moi,
connectée au monde qui m’entoure
mais surtout connectée à mon monde
intérieur.
La vie peut être simple et magique, si
on apprend à écouter et suivre son
intuition.
SARAH DIVINESARAH DIVINE
Vous pouvez suivre Sarah surVous pouvez suivre Sarah sur
- son site :- son site :
https://happy-turtle.world/https://happy-turtle.world/
- sa page Facebook :- sa page Facebook :
https://happy-turtle.world/facebookhttps://happy-turtle.world/facebook
- sa chaîne You Tube :- sa chaîne You Tube :
https://happy-turtle.world/youtubehttps://happy-turtle.world/youtube
- son compte Instagram :- son compte Instagram :
https://happy-turtle.world/https://happy-turtle.world/
instagraminstagram
Retrouvez son LivreRetrouvez son Livre
sursur https://amzn.to/2VHZSsWhttps://amzn.to/2VHZSsW
TÉMOIGNAGE D'UN AUTEUR
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 14 -
"INACHEVÉE..."Par LUCIE RONDELET
Poignant récie de Lucie que j'ai rencontrée à Berlin.
Bloggeuse et rédactrice web reconnue, elle a connu un succès fulgurant.
Mais derrière ce succès, se cache une histoire hallucinante
qu'encore trop femmes, comme elle, vivent.
Elle se dévoile ici... Et montre que l'on peut tout dépasser.
Merci à elle !
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 16 -
PARCOURS DE VIE
séduisant, il était sportif et nous avions
de nombreux projets ensemble.
Rapidement, j’ai tout quitté pour le
suivre en Guyane.
Ma nièce était encore un bébé et cela
me fendait le cœur, mais j’étais
amoureuse et j’avais besoin d’aventure.
La Guyane et sa forêt amazonienne
m'attirait, j’ai voulu tenter l’expérience,
après tout, on ne partait que pour deux
ans. B. s’est installé à Cayenne avant
moi, il a donc trouvé un appartement et
l’a aménagé seul.
J’ai travaillé dans l’hôtellerie, puis,
comme conseillère en voyages.
Ce travail était très épanouissant, mais
je gagnais le SMIC, personnellement,
cela ne me posait pas de problèmes,
mais B. avait toujours besoin de
dépenser pour des futilités.
Lorsque je lui disais que je n’avais pas
besoin de toutes ces choses, il me
répondait qu’il n’allait pas se priver à
cause de moi et de mon faible salaire…
Il me proposait alors de me prêter de
l’argent, ce que je refusais dans un
premier temps, car je n’avais aucune
J’ai rencontré B. lorsque j’avais 24
ans.
À cette époque, je venais de
reprendre des études et j’étais en
internat dans les monts du Lyonnais.
Mes journées étaient bien remplies,
car je n’ai jamais réussi à ne faire
qu’une seule chose à la fois.
Je travaillais en résidence de
tourisme, je suivais un BTS en
alternance et je travaillais pour une
agence de tourisme réceptif au Japon
(je gérais le site internet et les
salons).
Cet emploi du temps surchargé
m’empêchait de rencontrer quelqu’un
et j’ai terminé sur un site de
rencontres.
Pas le temps de valider mon profil,
j’avais déjà un rendez-vous avec B. et
je me désinscrivais du site.
Très vite, nous avons entamé une
relation amoureuse.
Ce que j’aimais chez lui, c’était sa
curiosité, son humour et ses valeurs.
Avec lui, j’étais certaine de ne jamais
m’ennuyer : il avait de la
conversation, on riait souvent, il était
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 17 -
Je l’ai cru et n’ai plus jamais osé lui en
parler, de peur de le mettre mal à l’aise.
Après la Guyane, B. m’a proposé de le
suivre en Martinique pour 3 ans.
J’ai accepté une nouvelle fois en
précisant bien “après, on s’installera en
France “ !
C’était le deal.
J’ai démissionné pour le suivre.
Une promesse d’embauche en poche,
j’ai dû patienter en attendant l’ouverture
du poste ; même si je n’avais plus
d’emploi, nous partagions nos charges
et je trouvais ça normal.
Seulement, l’ardoise s’allongeait et je
commençais à être vraiment très
endettée.
C’est à ce moment-là que j’ai tapé
“comment arrondir ses fins de mois” sur
Google et que j’ai découvert la
rédaction web.
Passion qui ne me quittera plus.
Je suis tombée enceinte et ma grande
solitude m’a permis de m’engager corps
et âme dans cette nouvelle activité de
rédaction, parallèlement à mon travail
salarié à Fort-de-France.
envie de m’endetter pour des loisirs
qui n’avaient rien d’indispensables.
Dans ces moments-là, il insinuait que
j’attendais qu’il m’offre ces week-ends
hors de prix et me faisait passer pour
une fille vénale…
Ce sont ces insinuations qui m’ont
mise mal à l’aise et m’ont poussée à
accepter qu’il me prête de l’argent.
Trois ans plus tard, je lui devrais
plusieurs milliers d’euros.
B. me donnait de l’attention et de
l’amour (ou quelque chose qui y
ressemblait) à dose homéopathique.
J’avais droit, de temps en temps, à un
compliment ou des attentions
particulières qui me faisaient fondre.
Oui, il pouvait être très attachant et
compréhensif par moment, ce qui me
rendait aveugle sur tout le reste.
C’est en Guyane que j’ai trouvé des
consultations de sites inquiétants
dans l’historique de notre ordinateur.
Il m’a dit qu’il s’agissait de publicités
et m’a expliqué concrètement
comment il en était arrivé là.
Il a pleuré, m’a accusé de le torturer.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 18 -
B. ne voulait personne à
la maison.
Il quittait l’appartement
très tôt le matin, rentrait
toujours tard le soir.
Il avait souvent des
déplacements.
Par ailleurs, il m’avait
mise en garde à plusieurs
reprises : je ne devais pas
parler de lui à mes amis
et ma famille.
À force d’entendre sa
propagande, je l’avais
totalement assimilée,
j’étais comme hypnotisée.
Je ne devais inviter
personne, sauf
éventuellement quand il
n’était pas là, il ne fallait
jamais évoquer mon
couple et je devais me
souvenir que mes amis
étaient des losers, tout
comme ma famille des
empotés.
Un ami, cadre sup’ chez
Royal Canin était “un
vendeur de croquettes”,
mon père, diagnostiqué
haut potentiel était “un
menteur” puisqu’il faisait
les marchés (“on ne fait
pas les marchés quand
on est intelligent !”).
Quant à mes oncles,
tantes et cousins d’origine
catalane, ils étaient “des
voleurs de poules”.
D’ailleurs, j’étais moi
aussi une empotée et
j’avais bien de la chance
d’être tombée sur lui.
Il me répétait souvent “tu
as vu ce que je te fais
vivre ?”, ou encore “tu
réalises ta chance d’être
avec moi ?”.
Par manque d’estime, je
le croyais.
Durant toute ma
grossesse, je passais
mes journées à rédiger
pour le web et, ma
passion pour ce métier ne
cessait de croître.
J’ai accouché, sans
péridurale, par choix, car
je voulais tout vivre
pleinement.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 19 -
Nous nous sommes pacsés sur le
régime de la séparation des biens, car
après 5 années passées ensemble, il
avait encore l’illusion que j’étais là pour
son argent.
Je ne comprenais pas comment on
pouvait avoir une telle vision de moi, je
me disais que j’avais dû avoir des
comportements qui pouvaient le laisser
croire.
La remise en question était devenue un
sport quotidien.
Pourtant, j’avais des amis, j’avais
baroudé toute seule durant 6 ans avant
de le rencontrer, j’avais testé des
dizaines de métiers différents et je ne
cessais jamais de me former.
Alors que nous devions rentrer vivre en
France, B. m’a proposé de le suivre au
bout du monde, en Nouvelle-Calédonie.
Cela me donnait le vertige.
Nous avons fait de savants calculs : à
notre retour, notre fille aurait 5 ans, ce
qui lui permettrait de démarrer le CP en
France.
Ce fut, sans aucun doute, le moment
le plus intense de ma vie, à tous les
niveaux.
B. fut très attentif et présent à la
maternité.
L’allaitement fut une véritable
catastrophe et les remarques ont
fusé, j’ai eu notamment droit à “tu te
rends compte que si on était dans la
nature, tu aurais laissé mourir ton
enfant ?”. Magnifique.
Sa mère était présente et n’arrangeait
rien à la situation, son aura de porc-
épic et sa sympathie digne d’une
porte de prison me paralysaient.
Les premiers mois à trois furent
éprouvants, B. avait toujours plus
d’exigences.
Plus j’en faisais, plus je recevais des
reproches.
J’étais tantôt trop grosse, tantôt trop
vieille.
J’étais bête et inintéressante, tandis
qu’il côtoyait des personnes “de haut
niveau”.
Je n’avais pas de goût, je m’habillais
mal et en plus, j’étais pauvre.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 20 -
PARCOURS DE VIE
Mes amis aussi avaient essayé de me
mettre en garde, choqués par l’attitude
de B., mais je les repoussais
systématiquement.
Peu à peu, je m’éloignais de mes
proches.
Le décalage horaire entre la France et
la Nouvelle-Calédonie n’a rien arrangé
à ma situation, les créneaux pour
appeler ceux que j’aime était très
restreints : tôt le matin ou tard le soir.
Heureusement, la création de mon
entreprise de rédaction web
m’enchantait : je n’avais plus
l’impression de travailler, je m’amusais
et en plus, je gagnais beaucoup mieux
ma vie.
Je connaissais une véritable libération.
Lorsque ma fille a commencé à aller à
la crèche, je me suis enfin autorisée à
prendre du temps pour moi : je
travaillais le matin et je profitais de
l’après-midi pour aller faire de la
planche à voile avant de la récupérer
tôt.
Je voyais aussi d’autres amies
freelance ou je m’occupais de la
maison.
Quant à nous, nous profiterions de
ces dernières années d’expat’ avant
de nous poser pour de bon en
France, histoire que nos enfants (car
nous comptions en avoir d’autres) ne
bougent plus une fois scolarisés et
profitent de leur famille.
Il m’a promis d’être plus présent, car
la région qu’il allait diriger serait plus
petite que celle qu’il gérait jusqu’alors.
Moins de salariés, moins de
déplacements, moins de boulot.
Vendu !
Je l’ai donc suivi pour la troisième
fois.
Les retours en France et surtout, les
départs de France, étaient de plus en
plus douloureux.
Je pleurais à chaque fois sur les quais
de gare et rien ne pouvait me
consoler.
Ma mère, ma sœur et mes neveux me
manquaient cruellement.
Mes amis, mes cousins et ma grand-
mère aussi.
Ma sœur sentait que quelque chose
clochait, elle tentait de m’interroger,
mais je ne lâchais rien, j’avais peur de
“blasphémer”.
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 21 -
B. ne faisait absolument
RIEN au quotidien et je
trouvais ça normal.
Il m’avait tellement dit qu’il
travaillait très dur et qu’il
avait un “vrai métier” que
je n’osais rien lui dire.
Lui, avait des valeurs très
fortes, la valeur du travail
notamment, mais aussi la
droiture dans le couple et
des valeurs familiales.
Il était très à cheval, sur la
fidélité, par exemple, et
n’hésitait pas à pousser à
la démission certains
salariés qui auraient quitté
le droit chemin.
Ma petite entreprise
commençait à prendre de
l’ampleur, je gagnais très
bien ma vie en travaillant
peu et cela l’agaçait
fermement.
Il refusait de partager ma
réussite à sa famille, car
d’après-lui, il était honteux
d’avoir une rémunération
équivalente à la sienne
en “écrivant des
conneries sur le web”.
J’osais de moins en
moins prendre du temps
pour moi, de peur de
l’agacer. J’avais honte de
travailler si peu, même si
à côté de ça, je
m’occupais de notre fille
et de toute l'intendance
de la maison.
Pris de passion pour une
salle de sport, il partait
chaque matin vers 6 h,
soi-disant pour éviter les
embouteillages, et rentrait
autour de 21 h, parfois
plus tard.
Les week-ends, il avait
toujours des dossiers à
boucler, et chaque
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 22 -
PARCOURS DE VIE
Le voisin est même venu monter les
meubles de la chambre du bébé tant B.
était absent.
Un matin, épuisée, je n’ai pas réussi à
me lever du lit pour amener la grande à
l’école, j’en étais à 7 mois de
grossesse.
B. a refusé de “sacrifier” sa séance de
sport et m’a laissée emmener notre fille
comme je le pouvais.
Écrire était ma seule échappatoire et
mon travail est devenu une addiction.
Je devais faire des recherches pour
pouvoir écrire de nouveaux articles, ce
qui fait que je passais mes journées à
me cultiver et à chercher des tournures
de phrases.
Ce travail me permettait de me
détendre, c’était mon moment à moi, un
moment de méditation, de pleine
conscience.
J’oubliais mes problèmes, je me
concentrais sur les courbes d’analyse
en référencement naturel, j’essayais de
comprendre les intentions des
internautes.
Une nouvelle passion était née, celle
pour le SEO (référencement naturel sur
Google).
vendredi, il les oubliait au bureau, ce
qui l’empêchait, bien entendu, de
travailler de la maison.
J’ai passé des semaines entières,
seule avec ma fille, à refuser des
sorties dans l’espoir de passer
quelques heures avec lui.
Souvent, nous l’attendions le
week-end entier à la maison, vérifiant
chaque heure le téléphone, lui qui
annonçait qu’il “rentrait bientôt”
régulièrement.
Il me tenait en haleine et il n’arrivait
jamais.
Une nouvelle semaine recommençait.
Je suis tout de même tombée
enceinte de notre deuxième fille, et
lorsque je l’ai annoncé pleine de joie à
une amie, celle-ci m’a répondu : “ah,
parce que c’est une bonne
nouvelle?”.
La situation ne s’est en effet pas
arrangée.
B. était devenu un fantôme.
Souvent, les voisins m’invitaient à
manger chez eux, me portaient les
courses ou les bouteilles de gaz.
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 23 -
À la maternité, je n’ai reçu qu’une seule
visite, celle d’une amie qui m’a apporté
un mille-feuille et un livre sur les
poissons du lagon.
Lorsque je pensais à ma mère et ma
sœur qui n’avaient pu s’offrir les billets
d’avion pour être présentes, les larmes
me montaient aux yeux.
Je me sentais très seule dans cette
petite chambre en préfabriqué, avec sa
climatisation bruyante et son odeur de
moisi.
Le retour à la maison fut très froid et la
descente aux enfers a vraiment
démarré.
B. ne s’impliquait plus du tout.
Nous étions, tout le temps, toutes les
trois et j’avais de plus en plus de mal à
gérer mon emploi du temps.
Je m’intéressais au blogging
professionnel et j’avais vraiment envie
de tenter l’aventure.
Depuis plusieurs années, je suivais
Olivier Roland, le blogueur le plus
connu en francophonie.
J’ai naturellement voulu partager cette
passion avec B., mais sans grande
surprise, il m’a ri au nez et m’a
répondu : “mais comment peut-on se
passionner pour quelque chose de si
inintéressant ?”.
Ses réactions m’ont permise de
m’interroger sur cette passion
étrange.
Je me sentais très seule et aussi un
peu marginale, car personne ne
parlait de rédaction web.
J’ai accouché de notre deuxième fille,
encore une fois, B. a été parfait lors
de l’accouchement.
Il a en revanche disparu très
rapidement de la maternité.
Je peux le comprendre, nous nous
entendions très mal et il devait
s’occuper de la grande.
Tranquille, cette fois, et sans
reproches fusant de toutes parts, j’ai
pu réussir mon allaitement haut la
main.
J’ai vécu des moments très
privilégiées avec ma deuxième fille et
j’ai pu poursuivre l’allaitement durant
9 mois.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 24 -
Je savais aussi que ce
qu’il proposait n’était pas
du flan (vivre de sa
passion grâce à un blog),
car il m’avait engagée
comme rédactrice et
j’avais pu échanger avec
lui par Skype à plusieurs
reprises.
Je cherchais vainement
ma différence, quelque
chose à partager sur le
web.
Un jour, alors que j’étais
installée devant l’Apple
TV à regarder ses vidéos
d’études de cas, j’ai eu un
déclic : ma différence,
c’était la rédaction web !
J’avais démarré 5 ans
plus tôt et il s’agissait
d’une passion étrange qui
interpellait beaucoup de
monde.
De plus, j’en parlais avec
passion et j’avais
énormément de choses à
dire.
C’était aussi un métier qui
m’avait permise d’effacer
les ardoises et de gagner
une vraie liberté
financière : je ne
dépendais plus de B., ce
qui, psychologiquement,
m’enlevait un poids.
Il fallait impérativement
que je crée un blog sur la
rédaction web.
Je me souviens d’avoir
déposé ma fille dans son
lit et de m’être jetée sur
mon ordinateur.
Mon cœur battait à cent à
l’heure.
Mon but ? Vérifier si
d’autres personnes
étaient déjà sur le marché
et voir si le nom de
domaine formation-
redaction-web.com était
pris.
Incroyable : la voie était
libre.
Il n’y avait aucun blog et
aucune explications sur le
métier.
Le désert total.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 25 -
Une fois de plus, cela m’a fait
énormément réfléchir, j’ai pris le parti de
ne pas dépenser cet argent et de
rembourser les élèves qui ne
réussiraient pas grâce à ma formation.
Je me suis aussi fait la promesse de
tout arrêter si le taux de réussite était
trop bas.
Ma notoriété sur le web et le nombre
d’élèves n’ont fait que croître et B.
devenait de plus en plus agressif et
jaloux.
S’il n’était pas violent physiquement,
ses attaques verbales devenaient
insupportables.
J’étais d’ailleurs suivie par une psy pour
évoquer ce que je subissais, celle-ci me
fera plus tard une attestation confirmant
les violences psychologiques.
Un week-end, alors que nous étions
allés faire du bateau avec une amie, j’ai
eu droit à des rires et des moqueries
lorsque je me suis coupée le doigt pour
lui faire un sandwich.
Il m’a ensuite dit que je ne devrais pas
conduire sur le retour, car je ne roulais
pas droit, puis, il m’a dit que j’étais un
abyme d’inculture et m’a regardée
J’ai immédiatement acheté le nom de
domaine et j’ai écrit à Olivier Roland
pour lui annoncer que je voulais
suivre sa formation.
Très vite, mes lecteurs ont accroché
et tout a décollé.
Je suivais scrupuleusement le fil de la
formation et j’appliquais à la lettre tout
ce qui me semblait important.
Cinq mois seulement après avoir
démarré mon blog, j’ai proposé une
formation en e-learning sur plan à
mes lecteurs.
En moins d’une semaine, je gagnais
plusieurs dizaines de milliers d’euros.
J’avais envie de fêter cette réussite,
mes lecteurs m’avaient fait confiance
au point de mettre entre mes mains
leur reconversion professionnelle !
Une grosse responsabilité me tombait
sur les épaules, mais je me sentais
pousser des ailes.
Malheureusement, ma fête intérieure
fut de courte durée, B. me rappelait à
quel point il était indécent de parler de
réussite, il me disait qu’il aurait honte
à ma place de gagner autant d’argent
avec si peu de compétences.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 26 -
PARCOURS DE VIE
Étant plus à l’aise à l’écrit qu’à l'oral, je
lui envoyais des messages de détresse,
des appels à l’aide.
En vain.
C’était toujours ma faute et j’aurais dû
avoir honte de le solliciter et de le
déranger, alors qu’il avait tant à faire
avec son “vrai métier”.
Notre deuxième fille avait 15 mois et il
ne lui avait changé que quatre couches
(j’avais compté).
Il ne lui a pratiquement jamais donné le
bain.
Je devais partir en France, seule avec
mes filles (comme depuis toujours) et
j’étais tellement sollicitée que je
n’arrivais pas à faire nos valises.
Un soir, je lui ai demandé de rentrer
pour pouvoir les faire, il a refusé,
prétextant qu’il était totalement
débordé.
Quelques jours plus tard, je lui ai
envoyé “je te rappelle que tu as une
famille, bientôt, nous serons en France
et tu auras tout le “loisir” de travailler”.
Mais rien.
avant d’affirmer que j’avais un corps
de grenouille flasque.
Je me cachais désormais pour
prendre ma douche... à 33 ans.
Ma vie était scindée en deux, je ne
pouvais plus évoquer ce que je vivais
en ligne au risque de me faire traiter
d’orgueilleuse.
Ma passion l’agaçait et je peux le
comprendre.
D’un côté, j’avais l’enthousiasme, la
bienveillance, les retours positifs et la
gratitude de mon audience, de mes
élèves.
De l’autre, j’avais la tristesse, la
malveillance et le harcèlement.
Je m’en voulais de ne plus avoir
assez de conversation avec lui, je
m’en voulais de gagner plus que lui…
Alors, je payais tout et il n’appréciait
rien.
C’était “normal” puisqu’il avait “tout
assumé depuis des années”
(ah bon ?).
Avant que ma vie ne bascule, j’ai
commencé à lancer des alertes.
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 27 -
Je décidais alors d’avoir
un conversation franche
avec lui : je ne m’étais
pas engagée dans la vie
de famille pour vivre
comme une femme seule.
Je n’avais que les
inconvénients de la vie de
couple, aucun avantage.
Je devais lui laver ses
slips, lui préparer les
repas, laver son linge,
l’attendre et ne rien faire
les jours où nous aurions
pu sortir… et je travaillais
très tard le soir pour
assurer les coachings
avec mes élèves à cause
du décalage horaire.
Ma vie était devenue
invivable.
Je dormais très peu,
j’étais épuisée, je ne
faisais que pleurer et je
ne profitais aucunement
de ma liberté de
blogueuse
professionnelle, celle qui
m’avait tant fait rêver.
Ce soir-là, j’ai osé lui
demander quelque chose
de visiblement incroyable:
rentrer plus tôt le
mercredi, pour que je
puisse faire 5 séances de
coaching d’affilée.
Le but étant de me
dégager l’équivalent d’une
heure par jour de la
semaine.
Sa réponse fut étonnante:
“Mais qu’est-ce que tu as
dans la tête ? Je crois que
tu ne réalises vraiment
pas le travail que j’ai et en
quoi consiste mon métier !
Je suis directeur moi, je
fais pas le zouave sur
YouTube ! T’as vraiment
honte de rien ! Donc
NON, je ne
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 28 -
PARCOURS DE VIE
Arrivée en France, j’ai annoncé à B.
qu’il faudrait organiser notre séparation
et notre retour en France, dès notre
retour, à Nouméa.
Je n’ai pas attendu de le voir pour lui
dire, car il me semblait que c’était la
suite logique de ce que nous vivions
depuis des mois.
J'ai officialisé la nouvelle avec mes
proches.
J’ai découvert avec étonnement que
personne ne supportait la manière dont
il me parlait et que beaucoup d’amis
m’avaient trouvée changée depuis que
je l’avais rencontré.
Un soir, alors que je m’interrogeais sur
toutes ses contradictions et ses
absences inexpliquées, car son métier
ne semblait pas si prenant, j’ai eu l’idée
d’aller regarder s’il n’était pas inscrit sur
des sites de rencontres.
Carton plein, monsieur était inscrit sur
Tinder, Meetic, Badoo et même un site
de rencontres coquines.
rentrerai pas plus tôt, car c’est tout
simplement impossible”.
La gorge serrée, je suis allée me
coucher.
Ce soir-là, j’ai eu énormément de mal
à m’endormir malgré la fatigue.
Je ne voyais plus d’issue.
La communication était rompue, je ne
voyais plus du tout d’avenir avec lui.
Quelques jours plus tard, nous
décollions pour la France après une
énième dispute et des au revoirs sans
baiser à l’aéroport.
Dans l’avion, j’ai pris ma décision :
j’allais le quitter.
Ce qui me surprenait le plus, c’est
que la seule projection de ne plus
l’avoir dans ma vie me soulageait et
surtout, que je ne ressentais aucune
tristesse ou peur de ne plus l’avoir
près de moi.
Je réalisais que j’en étais arrivée à un
véritable point de non-retour.
C’est sûr, je ne l’aimais plus.
Plus du tout.
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 29 -
Ce soir-là, je découvrais donc un
monde parallèle sur mon écran
d’ordinateur.
Mon cerveau commençait à chauffer,
car des milliers d’images me passaient
par la tête.
Je me voyais en train de travailler très
tard le soir, je revoyais ses humiliations,
ses week-ends tristes où je restais
seule avec mes filles à l’attendre.
Je pensais à tous les sacrifices que
j’avais fait durant 9 ans, à tout ce à quoi
j’avais dû renoncer pour le suivre aux
quatre coins du monde.
Mon cœur s’accélérait.
Mes mains tremblaient tellement, que je
n’étais plus capable de tenir l’ordinateur
qui était sur mes genoux.
Mon rythme cardiaque montait au point
que j’entrais dans une sorte
d’hyperventilation et d’ivresse.
C’est à ce moment-là que ma mère est
entrée dans la pièce :
“ça va ma bichette ?
tu fais une tête bizarre !”.
Je pense en effet que mes yeux étaient
exorbités.
Je n’avais jamais fouillé dans sa boîte
de messagerie, je me suis donc
connectée et j’ai découvert avec
stupeur qu’il n’avait pas simplement
une double vie, mais une double
personnalité.
Sans donner plus de détails, j’ai eu
les preuves qu’il ne travaillait pas du
tout, ni le matin, ni le soir.
J’ai aussi eu la preuve qu’il faisait ses
cochonneries depuis son bureau,
avec son ordinateur professionnel (lui
qui, souvenez-vous, avait poussé à la
démission certains salariés qui ne
respectaient pas sa “droiture”).
Cet homme, le père de mes filles, que
je pensais droit, honnête et fidèle,
était en réalité menteur, infidèle et
irrespectueux.
Il avait même ouvert une autre boîte
de messagerie à laquelle je n’ai
jamais eu accès et qui garde,
certainement encore aujourd’hui, de
nombreux secrets.
Celle à laquelle j’ai pu accéder
n'hébergeait que quelques restes,
effacés et récupérés dans la
corbeille.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 30 -
Sans lui répondre, je me
suis concentrée pour
réussir à me lever en
tremblant et j’ai posé le
plus délicatement
possible mon ordinateur
sur la table la plus
proche.
J’avais peur de le jeter
par terre dans un accès
de colère.
Une fois l’ordinateur posé,
j’ai littéralement explosé.
J’ai tellement hurlé que
j’ai dû réveiller tout le
village.
J’ai frappé et frappé
encore dans le canapé…
Une fois ma colère
exprimée, j’ai pu pleurer
sans aucune retenue.
Mes cris avaient alerté
mon père… un papa très
discret.
Un papa que j’ai retrouvé
ce jour-là.
Mon poignet et ma main
grossissaient à vu d’œil et
mon père m’emmena aux
urgences tandis que ma
mère restait à la maison
pour garder mes filles qui
dormaient (on se
demande comment).
Dans la salle d’attente
des urgences, mon père
ne disait rien, mais je
sentais sa présence et sa
bienveillance.
Je l’ai regardé, les yeux
pleins de larmes et je lui
ai dit : “j’ai pas fait
exprès...”, il m’a répondu :
“je sais…”.
J’avais tellement honte de
m’être laissée berner si
longtemps.
Je me sentais coupable
d’imposer toutes ces
horreurs à mes parents
que je ne voyais que
quelques jours par an.
Et ce n’était que le
début…
Fatiguée par le décalage
horaire, mais incapable
de dormir plusieurs nuits
et jours durant, je dû me
résoudre à prendre
quelques médicaments
pour reposer ce qu’il me
restait de cerveau.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 31 -
mes filles, le décalage horaire, la
fatigue, mes proches et mes élèves,
des centaines de personnes qui
attendaient que je les accompagne,
parfois que je les rassure à distance.
Je me sentais totalement vide
d’énergie, pourtant, je devais continuer
à faire des vidéos, alimenter mon blog,
corriger les élèves et répondre à leurs
questions.
La charge était trop importante, je me
sentais totalement dépassée.
Et l’annonce de mon avocate
n’arrangea rien à mes affaires : je
devais réunir un maximum de preuves
de ce que j’avais vécu pour pouvoir
justifier mon souhait de revenir vivre en
France.
Les jours suivants, j’ai passé des
dizaines d’heures à fouiller dans le
passé, à faire des captures d’écran et à
réclamer des attestations à mon
entourage.
Ces attestations renforçaient ma
confiance en moi, car les retours de
mes proches étaient extrêmement
touchants.
Je refusais catégoriquement de
retourner en Nouvelle-Calédonie, de
le revoir et de devoir organiser un
déménagement.
Je m’en sentais incapable.
Nous étions justement censés rentrer
puisque nous venions de passer 3
ans sur le Caillou.
Les offres d’emploi ne manquaient
pas dans sa boîte et il y avait
justement un poste équivalent au sien
à pourvoir dans sa région natale, en
France.
Je ne voulais pas casser notre famille,
je voulais simplement revenir vivre en
France pour pouvoir gérer la situation
en étant entourée de mes proches.
Deux jours après avoir annoncé mon
souhait à B., je recevais une lettre de
son avocate : il refusait de quitter la
Nouvelle-Calédonie et m’imposait d’y
retourner car il avait renouvelé son
contrat pour minimum deux ans.
Mon esprit ne connaissait plus le
repos, je devais tout gérer de front :
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 32 -
PARCOURS DE VIE
En d’autres termes, je ne pouvais pas
officialiser le suivi de ma fille au risque
d’être traitée de manipulatrice qui
voulait “salir” son ex.
Dans ce contexte très pesant, B. est
venu en France pour passer des
vacances dans sa famille et a récupéré
nos filles.
Il allait se retrouver seul avec elles pour
la deuxième fois de sa vie.
De mon côté, j’essayais de me dire que
ce cauchemar allait se terminer et qu’il
n’était pas assez affreux pour leur faire
du mal.
À la fin de ses vacances, je l’ai rejoint à
Paris, accompagnée de ma mère, et
nous avons tous pris l’avion pour la
Nouvelle-Calédonie.
Je n’avais pas d’autre choix, la
séparation devait se faire sur le
territoire.
Dès mon arrivée, j’ai pris rendez-vous
avec une psy pour faire suivre notre fille
et j’ai prévenu B.
Parallèlement à tout cela, je
continuais mes séances de psy en
ligne et cela me dirigea dans une très
mauvaise voie.
Inquiète de ce qu’il se passait et
assez peu étonnée de la tournure que
prenaient les choses, ma psy
commença à s’inquiéter pour nos
filles.
J’en parlais à une amie qui me
demanda de lui envoyer les dessins
de notre aînée.
Certains détails l’inquiétaient et elle
me conseilla d’aller consulter
rapidement une pedo-psy.
À ce moment-là, j’étais complètement
perdue et tout était envisageable, car
je n’avais plus aucune confiance en
B.
Pour moi, c’était un inconnu.
La psy et l’avocate me mirent en
garde, je devais avancer dans mes
questionnements avec beaucoup de
délicatesse et de discrétion, car “les
juges détestent les histoires de ce
type et défendent presque
systématiquement les hommes.
Il y a eu trop d’abus”.
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 33 -
J’ai été totalement
transparente avec lui en
lui disant que les dessins
de notre fille étaient
inquiétants ainsi que son
comportement.
J’avais besoin d’être
rassurée.
Je lui ai précisé qu’il
n’avait évidemment pas à
craindre quoi que ce soit
s’il n’avait rien fait et que
justement… je pensais
qu’il n’avait rien fait.
Que compte tenu de la
situation et de ses
mensonges, j’étais
obligée de me fier à des
spécialistes, car je n’avais
plus confiance en lui, ni
en mon propre jugement.
La psy qui a suivi notre
fille nous a aussi vus tous
les deux et il faut croire
que cela ne l’a pas
rassurée.
Lors d’un dernier
entretien, elle m’a donné
le numéro d’un centre
pour faire une vraie
expertise de notre fille
“vous comprenez, si j’ai
des révélations, je ne
pourrais rien en faire et il
faudra lui demander de
répéter devant quelqu’un
d’autre”.
Je lui ai expliqué que mon
avocate m’avait bien
précisé que si je me
rendais dans ce centre, je
perdrais très certainement
la bataille juridique.
La psy me demanda ce
que je comptais faire…
je ne savais pas.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 34 -
PARCOURS DE VIE
Soit je faisais ce que mon instinct de
maman me disait de faire : j’appelais le
centre et je leur exposais le problème.
J’ai appelé le centre et je leur ai dit de
contacter la psy, car elle avait proposé
de leur faire un compte rendu de la
situation.
C’était un vendredi.
Le lundi suivant, nous avions rendez-
vous chez la psy avec ma fille.
Pas de psy.
Nous sommes rentrées de nuit et
l’ambiance était pesante, j’avais un très
mauvais pressentiment.
Le mercredi, j’apprenais qu’elle était
décédée dans un accident de moto.
Un choc qui me conduisit chez un autre
psy, histoire de gérer mes problèmes, le
deuil et aussi la culpabilité d’oser parler
de mes problèmes alors que d’autres
étaient bien plus graves.
La preuve.
Mon texte est déjà bien assez long et
ce que j’ai vécu durant ces longs mois
fut très difficile.
Le raconter ou l’écrire me demande un
gros effort.
J’étais pleine de doutes et je n’y
croyais pas.
Elle m’a répondu “vous pensez
vraiment que certaines mamans font
des enfants avec des hommes en se
disant qu’ils peuvent leur faire du
mal? Personne ne peut imaginer ce
genre de choses, surtout quand on a
passé des années avec quelqu’un,
mais c’est une réalité, ça existe, et
même si votre doute est très très
faible, vous ne pouvez pas vous
permettre de l’ignorer”.
Je sortais de la séance bien
assommée.
J’en parlais de nouveau à mon
avocate, laquelle me mettait une
nouvelle fois en garde : “on a un très
bon dossier, si vous partez dans cette
direction, nous prenons le risque de
perdre et vous serez bloquée ici,
peut-être même sans vos filles !”.
J’avais le choix entre l’enfer et le
bûcher.
Soit je restais dans le doute, je ne
faisais pas expertiser ma fille et
j’attendais que l’audience soit
passée.
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 35 -
Depuis ce jour, j’ai compris que la
justice pouvait être injuste.
J’ai aussi découvert que le problème
était international et que des milliers de
femmes avaient reçu des sentences
similaires en essayant simplement de
comprendre une situation ou de
protéger leurs enfants.
J’ai cherché une maison en urgence,
j’ai fait mes valises et je suis partie de
cette maison que j’étais toujours obligée
de partager avec B.
Il ne m’a autorisée à ne prendre aucune
affaire : c’était sa société qui avait tout
payé, donc tout était à lui.
Je me suis retrouvée dans 130 mètres
carrés à aménager seule.
Heureusement, mon blog et ma
formation cartonnaient toujours et
j’avais une grande liberté financière.
En quelques jours, ma maison était
entièrement meublée à mon goût.
Je mesurais ma chance
Cette maison a été pour moi un
symbole de renouveau. J’ai dû accepter
d’être bloquée, au bout du monde, pour
une durée indéterminée, accepter
Je vais essayer de résumer un peu
plus.
Le centre m’a recontactée, suite à
notre entretien téléphonique.
Ils m’ont convoquée et m’ont
demandé de tout leur raconter depuis
le début.
Ce que j’ai fait.
Je leur ai aussi précisé les
circonstances : nous attendions
l’audience depuis plus de 3 mois, elle
allait avoir lieu quelques jours plus
tard, ce n’était pas le moment de
“faire des histoires”.
Malheureusement, ils ont tout de
même décidé de faire un signalement
au procureur, procédure obligatoire
pour que ma fille puisse être
expertisée.
L’audience a eu lieu et j’ai été
condamnée à rester au bout du
monde, punie d’avoir osé “accuser” B.
Ne l’ayant jamais accusé de quoi que
ce soit, j’en ai déduit que demander
une expertise d’un enfant suite à des
comportements étranges, des paroles
inquiétantes et des dessins
(certainement mal) interprétés
signifiait “accuser”.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 36 -
d’avoir perdu après des
mois de bataille, accepter
la garde partagée sans
comprendre pourquoi, du
jour au lendemain, B.
s’intéressait à ses
enfants.
J’ai dû accepter la
solitude, les jours où je
n’avais plus mes filles,
accepter d’avoir été prise
pour une folle, accepter
les magouilles aussi...
J’ai accepté de perdre
des milliers d’euros dans
cette bataille, dans les
billets d’avion,
l’aménagement de la
maison.
Et enfin, accepter de
m’installer là, dans un
endroit plein de mauvais
souvenirs, loin de ma
famille et de mes amis.
Commencer une nouvelle
vie sans en avoir envie,
sans espoir, ni date de
retour auprès des miens.
Aujourd’hui, presque deux
ans après le début de
cette histoire, je suis
toujours bloquée au bout
du monde… la différence,
c’est que j’ai décidé de ne
pas faire appel, car le
juge avait réclamé une
“vraie” expertise
psychologique et une
enquête sociale.
Ne pas faire appel et
accepter le jugement était
donc le seul moyen
d’avoir enfin les réponses
à mes questions...
Après plusieurs heures
d’expertise, des visites
dans nos maisons
respectives et des
semaines d’écriture de
rapport, nous avons reçu
les résultats.
B. était un homme plein
de contradictions et tout
ce que j’avais vécu était
bien réel.
Le manque d’empathie, la
rigidité émotionnelle, la
manipulation, la tendance
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 37 -
les miens.
Je peux maintenant faire confiance à
mon instinct et mes analyses.
Je ne suis ni bête, ni menteuse, ni
manipulatrice, je me suis simplement
laissée emporter dans une histoire
vouée à l’échec.
Ce texte manque cruellement de
pudeur, mais que serait le monde si
nous n’osions pas partager ce qui se
passe dans l’intimité ?
Mon histoire est celle de milliers
d’autres femmes dans le monde.
D’après-moi, mon destin était tout tracé
et B. était sur ce chemin.
Il m’a permis de vivre de belles
aventures aux quatre coins de la
planète, il m’a permis d’apprendre à
connaître mes limites sur tous les plans.
Il m’a poussée à travailler dur et à me
dépasser.
Passer 9 années avec lui m’a obligée à
me remettre quotidiennement en
question, à redoubler de créativité, à
tenter de comprendre la psychologie
humaine.
au rabaissement et le narcissisme
exacerbé… tout était confirmé.
Cependant, je ne devais surtout pas
confondre l’homme et le père.
Notre fille allait bien et c’était bien là
l’essentiel, je devais faire la part des
choses et apprendre à pardonner.
Ma rancœur était dangereuse pour
nos filles, je devais me taire et passer
à autre chose.
C’est chose faite.
J’ai beaucoup hésité à partager cette
histoire, mais lire celles des autres me
faisait du bien lorsque j’étais en pleine
bataille juridique.
J’avais perdu ma propre identité, je ne
me faisais plus confiance, persuadée
d’être paranoïaque, hystérique et tout
ce que l’on peut imaginer.
Les experts ne m’ont trouvé aucune
névrose, il semblerait que je sois
parfaitement équilibrée.
D’après eux, j’ai été responsabilisée
trop tôt et j’ai toujours cherché à
satisfaire les désirs des autres avant
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 38 -
PARCOURS DE VIE
On peut créer une entreprise qui
marche, aider des milliers de gens à se
reconvertir et croire en eux, même
lorsqu’on se sent vide et épuisée.
L’être humain a en lui d'incroyables
ressources, il peut se surpasser dans
toutes les situations.
Ma force durant ces deux années, je la
dois à l’amour de mes proches et celui
que j’ai pour mes enfants.
Aujourd’hui, je réussis à me taire, voire
dire du bien de leur papa, parce que
c’est leur papa.
J’ai bien conscience qu’il a souffert lui
aussi et que nous avons été très
abîmés tous les deux.
Si je n’ai pas été aimée, moi, je l’ai aimé
très fort, trop fort sans doute.
J’ai décidé de conserver ces bons
souvenirs et de tenter d’oublier le reste.
Parce que l’inverse ne servirait à rien.
Il me tient aussi à cœur de souligner
que j’ai puisé une force immense dans
les retours positifs de mes élèves et de
mes lecteurs.
Grâce à notre histoire, j’ai pu
bénéficier d’une expertise
psychologique de plusieurs dizaines
de pages et (re)trouver confiance en
moi à 34 ans.
Cette séparation, aussi douloureuse
soit-elle, m’a rappelé ce qui est
essentiel dans la vie : la santé et
l’amour.
La santé m’a permis de tout affronter.
La joie, le bonheur d’être avec mes
proches et l’amour ; j’en suis privée la
plupart de l’année et je sais donc que
ça n’a pas de prix.
Je n’ai jamais été matérialiste et je
gagne bien ma vie ; je mesure ma
chance une nouvelle fois.
Quoi qu’il en soit, passer un bon
moment avec les gens qu’on aime
lorsqu’on vit à 20 000 km, ça ne
s’achète pas.
Alors oui, on peut continuer à avancer
et même à s’ouvrir sur le plan
professionnel tandis que l’on est
torturé dans sa vie personnelle.
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 39 -
J’ai également eu la
chance de rencontrer des
personnes formidables
sur le chemin, elles ont su
me tendre la main avant
que je ne sombre.
Le web est un formidable
outil, mon combat
aujourd’hui est d’aider les
femmes à l’utiliser à bon
escient.
J’ai maintenant
l’impression de vivre une
nouvelle vie, une vie que
je reprends après 9
années de pose.
Je peux de nouveau
écouter des musiques
que j’aime sans être
jugée, je peux chanter, je
peux rire de tout, appeler
qui je veux, quand je veux
et avoir les discussions
que je veux aussi.
Je peux aussi évoquer ma
réussite professionnelle
sans
rougir, car mes élèves
réussissent réellement
leur reconversion.
Même si mes doutes
m’ont conduite à un échec
et à l’emprisonnement sur
cet archipel, je reste fière
et heureuse de n’avoir
rien lâché et d’avoir suivi
mon instinct de mère.
Sans ces démarches, je
serais encore pleine de
doutes et je vivrais une
torture quotidienne.
Le chemin était long, mais
je suis arrivée au bout.
J’attends désormais ma
vraie liberté, celle de
retrouver mon pays
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 40 -
PARCOURS DE VIE
et les miens.
Je serai patiente.
LUCIE RONDELETLUCIE RONDELET
Retrouvez Lucie sur :Retrouvez Lucie sur :
- ses sites :- ses sites :
https://formation-redaction-https://formation-redaction-
web.comweb.com
https://celles-qui-osent.frhttps://celles-qui-osent.fr
https://laredacduweb.frhttps://laredacduweb.fr
- sa Chaîne YouTube :- sa Chaîne YouTube :
https://www.youtube.com/channel/https://www.youtube.com/channel/
UCKrew5EbbCw-fFTkvutdb-AUCKrew5EbbCw-fFTkvutdb-A
- sa Page Facebook :- sa Page Facebook :
https://www.facebook.com/https://www.facebook.com/
LucieFRW/LucieFRW/
- son Compte Instagram :- son Compte Instagram :
https://www.instagram.com/https://www.instagram.com/
luciefrw/luciefrw/
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 41 -
"CELA COMMENCE PAR UN GRAND MERCI"par Aurore Marguerin
Magnifique parcours d'Aurore,
que l'on voit éclore au fil de la lecture.
Quand on suit sa Nature et son intuition,
tout nous guide vers ce que l'on "est"...
pour offrir notre oeuvre, notre partition au monde.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 44 -
PARCOURS DE VIE
Mal au ventre le matin avant d’aller à
l’école.
Mais bonne élève, très bonne élève
même, avec une année d’avance.
Surtout, ne pas décevoir.
Heureusement il y a la danseHeureusement il y a la danse
Et ce rêve secret au plus profond de
moi de vivre ce qu’ils vivent dans la
série « Fame » à la télévision : une
école d’art, de danse, de musique et de
chant. Whouah !
Envie de vibrer comme ils vibrent tous !
Je vais à la danse.
Ma mère m’y encourage.
Je crois aujourd’hui qu’elle a toujours
rêvé d’être danseuse.
En fin d’année de 3ème, c’est le
spectacle de fin d’année du collège.
Je suis une star !
Enfin on me regarde autrement que
comme l’intello de la classe.
Oui, je sais danser, et il paraît même
que je danse vraiment bien.
Mon professeur de français m’écrit ces
mots d’aurevoir : « J’aimerais tellement
que promesse devienne réalité pour
que tu sois ce que tu parais être ».
Un grand merci à la « petite voix ».
Je me demande d’ailleurs pourquoi on
dit d’elle qu’elle est petite.
Je la ressens comme une grand-mère
sage, bienveillante et encourageante.
J’ai la sensation qu’elle a toujours été
là, à veiller sur moi pour que je ne me
perde pas en route.
Enfant, je l’ai entendue me parler, à
travers les arbres, dans la lumière du
soleil à travers les vitraux, me dire
qu’elle m’aimait et qu’elle ne
m’abandonnerait jamais.
Elle approuvait mon côté sauvage,
rieur et fou.
Elle courait avec moi au bord du
ruisseau et elle me parlait à travers
les animaux.
Et puis je ne l’ai plus entendue, ou je
ne l’ai plus écoutée, car dans le
sérieux des adultes, j’avais entendu
que ce n’était pas possible, qu’elle
n’existait pas, alors je l’ai tue.
Est venue la traversée des espaces
parfois cruels de l’enfance, de
l’adolescence, à chercher à être celle
que je n’étais pas.
-- Au Nom du Corps - N°54 - Page 45 -
C’est l’occasion de voyager.
Une année en Irlande, puis une autre
au Canada anglophone, en Ontario, où
je vais enseigner le français en tant
qu’assistante.
Je valide ma maîtrise avec mention.
Tout au long de mes études, je ne lâche
pas la danse, je m’arrange toujours
pour trouver, ici et là, des cours, un
atelier chorégraphique, une compagnie
amateure…
Oui, je nourris toujours comme un
secret encore inavoué à moi-même, ce
désir d’être, un jour, une danseuse
professionnelle.
Je fais un choixJe fais un choix
L’année au Canada est déterminante
car c’est la rencontre avec deux « frères
d’âme » qui croient en mon rêve de
danser et ils m’y encouragent.
C’est aussi la décision de mon père de
quitter ma mère.
Une déflagration. Un déclic aussi.
Je décide que, non, je ne serai pas
professeure d’anglais dans l’éducation
nationale, et que oui, je serai danseuse
car c’est maintenant ou jamais.
Je ne comprends pas mais je suis
touchée, profondément.
Quelle est celle que je suis ?
Moi en tous cas, je ne la vois pas, pas
encore.
Au lycée, je respire un peu.
L’internat me fait du bien, me donne
de l’indépendance.
Je grandis, mon corps change.
Je me contrôle.
Je ne bascule pas dans l’anorexie
mais j’oscille. Pas loin. Ouf !
Je danse toujours. Modern’Jazz et
danse contemporaine.
Deux fois par semaine, je traverse la
place aux grands arbres pour
rejoindre mon cours de danse.
Il y a ce désir d’être comme ces
autres filles qui sont là avec moi dans
la salle de danse, face au grand
miroir. Je me mets même à la danse
classique, pour faire des pointes !
Il semble que ce soit cela une vraie
danseuse.
Oui, mais ça fait mal aussi.
Le bac en poche, les études
universitaires se profilent. J’adore les
langues et j’opte pour l’Anglais.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 46 -
Mais j’ai déjà 22 ans, je
n’ai pas fait d’école de
danse prestigieuse,
autant dire que ce n’est
pas gagné d’avance !
Sensation aussi, que je
trahis un peu mes parents
qui ont financé mes
études, mais après tout
c’est ma vie ! Si, si !
Je vibre à uneJe vibre à une
fréquence formidablefréquence formidable
A ce moment-là, je suis
en joie comme jamais je
ne l’ai été, en confiance
totale. Aurais-je renoué
avec la voix intérieure ?
Je décide de ne pas
revenir en Normandie
auprès de ma mère, en
pleine dépression, depuis
le départ de mon père.
Je me débats avec la
culpabilité mais je tiens
bon.
Mon désir est plus fort.
Et je pars vers la
Bretagne où j’y ai deux
amies et où j’ai l’intuition
qu’il y aura là-bas quelque
chose pour moi.
C’est une terre qui me
rappelle l’Irlande et je m’y
sens bien.
Mon intuition ne m’aMon intuition ne m’a
pas trompée. Commentpas trompée. Comment
le pourrait-elle ?le pourrait-elle ?
Dans le mois qui suit mon
arrivée en Bretagne, je
rejoins, un peu timide, un
collectif artistique au sein
duquel je rencontre un
chanteur musicien.
Ce n’est pas le coup de
foudre, je suis pleine de
nœuds d’une précédente
histoire, mais la voix du
dedans me dit d’essayer,
quoi que j’en dise.
« Un Nous dénoue les
Nœuds ».
Voilà l’invitation de ce
jeune homme que je ne
connais pas et qui semble
tellement différent de
moi!
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 47 -
Yes ! Je me mets à travailler d’arrache-
pied (c’est le cas de le dire !).
Six mois à travailler dans l’ombre, pas
un sou en poche, mais une volonté de
fer.
Par ailleurs, je pose en tant que modèle
pour des ateliers de peinture et de
sculpture pour gagner un peu d’argent.
Et arrive ce jour où la compagnie me
propose de prendre la place d’une
danseuse qui s’en va.
Ça y est !Ça y est ! Mon rêve se réalise !Mon rêve se réalise !
Le travail au sein de la compagnie me
permet très rapidement de bénéficier de
l’intermittence du spectacle.
Je danse, et c’est ma profession !
Autant dire « ça y est, j’ai réussi ! »
Mais pendant les six années qui
suivent, je ne suis pas pour autant plus
heureuse à l’intérieur.
Je rencontre l’exigence, la notion de
limites et de dépassement, j’éprouve la
peur face à l’autorité, les douleurs et les
blessures physiques qu’il faudra taire,
j’expérimente une sorte d'état constant
de « sur-vie »...
Comment cela pourrait-il fonctionner?
Un tournesol offert sur le marché, un
baiser sous un chêne, je veux bien
essayer, mais je ne te promets rien…
Mon arrivée en Bretagne, c’est aussi
la découverte d’une compagnie de
danse professionnelle dont le langage
chorégraphique me parle aux tripes.
Un travail sur la rencontre de deux
mondes apparemment opposés, la
danse contemporaine et classique
avec les traditions afro-brésiliennes
(capoeira, afoxé…).
C’est une danse qui relie la terre et le
ciel.
Ça transpire, c’est de la performance
en puissance, c’est beau et j’en
pleure.
Comme j’aimerais danser cette
danse-là !
Mais je n’ai pas de diplôme.
Je n‘ai pas fait l’école « Fame », moi.
J’ose cependant partager mon
enthousiasme aux deux chorégraphes
qui me proposent de venir, aux cours
de la compagnie, le matin, travailler
au fond de la salle, pour voir.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 48 -
PARCOURS DE VIE
Il me faut tout arrêter.Il me faut tout arrêter.
Est-ce mon rêve que j’ai réalisé ?
Ou celui de quelqu’un d’autre ?
Et la joie, la joie pleine et profonde, où
est-elle ?
De beaux cadeauxDe beaux cadeaux
C’est là, dans cet espace vide qui
s’ouvre, que l’appel de la vie se fait.
Commence alors la gestation de notre
fils Marius qui naît à la maison, celle
que nous rénovons à la force de nos
petits bras, mon compagnon au
tournesol et moi.
J’ai alors 30 ans.
Dans l’année qui suit, une compagnie
de danse me fait la magnifique
proposition de reprendre un rôle et j’ai
la chance de pouvoir danser de
nouveau, mais cette fois de rencontrer
davantage le public, de voyager en
Europe et même jusqu’en Corée !
Et Marius est souvent du voyage.
C’est comme si sa naissance avait
remis quelque chose en mouvement.
Nous travaillons beaucoup, en
revanche, les spectacles sont très
peu joués en public.
Souvent la danse fascine.
C’est beau, magique.
Oui. Mais - et je sais que cela peut
sembler improbable - on peut danser
sans être dans son corps.
Oui, c’est ce que j’ai vécu, d’une
certaine manière.
Une danseuse à côté de ses pompes!
Vous imaginez ?
Et ça fait mal, à tous les niveaux.
Grande rupture avec la danse,Grande rupture avec la danse,
avec mon rêve…avec mon rêve…
J’ai besoin d’air. D’espace.
Je ne me sens plus à ma place.
Il y a ce désir de revenir à moi, en
moi.
Je sens que je ne peux plus donner
ainsi.
Que les choses ne circulent pas de
manière juste.
Je ressens un véritable épuisement
physique, mental et émotionnel.
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 49 -
Et quel mouvement !
Je me mets au travailJe me mets au travail
Je veux dire, le VRAI
travail.
Alors que je regarde cet
enfant assis par terre
comme un petit bouddha
bien enraciné, solide et
joyeux, il y a quelque
chose dans ses yeux qui
me dit :
« Maman, t’es où ?
Tu tiens pas debout ».
C’est comme une
sonnette d’alarme, qui
retentit plus fort encore
quelques semaines plus
tard, lorsque j’ai un
accident de voiture que je
me fais toute seule et
dont je ressors
heureusement indemne.
Cet évènement semble
me dire : « Hé, tu te
réveilles ? Tu vas
continuer encore
longtemps comme ça ? »
C’est bon, j’ai compris.
Commence alors un vrai
travail en profondeur avec
une thérapeute holistique
rencontrée (par hasard ?)
sur un festival où j’ai le
dos bloqué et où nous
avons dû annuler notre
représentation.
Avec elle, je vais nettoyer
beaucoup de mémoires et
de blessures.
Ça passe par le corps,
par le souffle, par la voix,
par des mises au monde
successives.
C’est également la
rencontre et toute une
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 50 -
PARCOURS DE VIE
Cela prend la forme d’un solo qui
s’intitule "Je suis un endroit" et qui est
inspiré de l’œuvre d’Alessandro
Baricco, romancier italien : une femme
(que j’incarne) est en adresse directe
au public.
Elle est convaincue de parvenir à créer
un auto-écouteur avec des tubes en
PVC pour entendre sa propre
voix…mais ça ne marche pas comme
elle voudrait…
A travers cette création, je découvre le
travail du clown, dont j’avais très peur
étant petite…
Je découvre que je peux être drôle et
que je peux même jubiler de cela.
Et ça, c’est énooorme !
Ce travail de compagnie est une
véritable traversée.
Une magnifique aventure au cœur de
laquelle, avec ma collaboratrice, nous
cherchons et créons à partir du
matériau que NOUS sommes.
C’est un travail extrêmement engageant
que celui du plateau de théâtre, de la
confrontation, de la collaboration, de la
rencontre, de l’écriture, d’oser exprimer
les peurs, d’oser leur faire face.
année d’enseignements, auprès d’une
chamane dans la forêt de
Brocéliande.
Ce sont aussi des lectures, des
enseignements, stages, traversées de
développement personnel depuis plus
de 10 ans maintenant pour cheminer
vers celle que je suis…
Et le travail sur le planEt le travail sur le plan
professionnel… ?professionnel… ?
Après avoir été interprète pour les
autres, émerge le désir de poser un
acte artistique personnel.
« Qu’est-ce que j’ai à dire,
en ce monde ? »
Cela s’incarne dans une collaboration
avec une danseuse comédienne,
rencontrée quelques années plus tôt,
dans un projet que nous avions
intitulé Morceaux de Soi.
L’axe principal de la compagnie de
théâtre que nous montons ensemble,
à ce moment-là, nous sommes en
2010, est de questionner notre « être
là », la place de l’être humain dans le
monde… Oui, rien que ça !
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 51 -
Le point de non-retourLe point de non-retour
Au cours du processus de création d’un
troisième spectacle intitulé « Quel
Temps ferons-nous demain ? », je sais
que je suis au bout de quelque chose.
Que ce n’est plus possible parce que si
je continue je vais tomber malade.
Gravement malade.
Nous sommes en 2017, j’ai 40 ans et
ma petite voix me hurle : « Ça suffit
Aurore, tu t’es dépassée, tu es allée au
bout de toi-même. OK. Il va falloir
arrêter maintenant. Tu vas vraiment
prendre ta place, tu vas vraiment faire
ce pourquoi tu es là. Tu n’as plus à te
battre. Tu n’as plus rien à prouver à qui
que ce soit et surtout tu vas prendre
soin… de toi. »
C’est un déchirement intérieur intense,
c’est comme si les murs à l’intérieur de
mon corps commençaient à s’effriter.
J’ai l’impression de trahir mes pairs, de
me trahir, mais je n’ai pas le choix.
Ce n’est plus possible, je le sais bien.
J’ai fait ce que j’avais à faire et
maintenant il faut que je fasse autre
chose.
Et de créer à partir de tout cela.
En parallèle, je monte, pour la
première fois de ma vie, une structure
de production de spectacle vivant
pour promouvoir nos spectacles ainsi
que ceux de mon compagnon.
Alors que je n’ai plus de revenus, que
notre enfant a trois ans, j’ai
conscience que c’est beaucoup, que
c’est un peu fou, mais je fonce, grâce
au soutien sans faille de mon
compagnon au tournesol (oui, il est
toujours là !).
Je ne suis pas inquiète
matériellement, pas besoin de grand-
chose, mais besoin d’élan, de
vibration, de me sentir vivante.
Je suis compagne, mère, directrice
artistique, interprète, coordinatrice.
Je monte des dossiers, je rénove une
maison…
… Et je m’épuise.
C’est évident.
Mais je continue, coûte que coûte.
Je confonds vivre et sur-vivre.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 52 -
Que je FASSE autre
chose ???
Ou que je commence à
ÊTRE ?
Je contacte quelqueJe contacte quelque
chose de l’ordre de machose de l’ordre de ma
vérité intérieurevérité intérieure
Entre temps, ces
dernières années, je me
suis tournée vers le taî-chi
et le tango argentin.
Des pratiques qui
s’appuient beaucoup sur
le ressenti.
En 2012, notamment je
rencontre le yoga sur
l’invitation d’un voisin.
Et alors que je referme la
porte derrière moi à
l’issue du cours ; je me
dis que rien ne sera plus
jamais comme avant.
Oui, pendant ce cours de
Yoga, j’ai vécu une
expérience corporelle
jusqu’alors inconnue.
J’ai vu.
J’ai vu ma difficulté à être
pleinement là, dans mon
corps.
Moi, la danseuse.
J’ai entrevu toutes les
souffrances aussi que
j’avais imposées à mon
corps et combien je ne
l’écoutais pas.
Je décide de faire le pas
et de continuer le yoga.
Je commence à étudier, à
pratiquer très assidûment,
heureuse d’explorer.
J’aime apprendre lorsque
ça me fait vibrer.
Je rencontre au même
moment l’Ayurveda,
science et médecine
préventive holistique,
sœur du Yoga, vieille de
plus de 5000 ans, qui vise
à nous relier au vivant.
Elle met en lumière
combien ce qui se vit à
l’extérieur de soi est le
reflet de ce qui se vit en
soi, et vice versa.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 53 -
Dire Oui, car c’est aussi à travers eux
que nous grandissons, que nous
cherchons, que nous créons…
C’est dans le frottement que l’énergie
se révèle, c’est au cœur de nos
contrastes que notre couleur émerge,
dans nos contradictions que notre
justesse prend place.
Petit à petit. Quitter le faire.
S’accorder du temps pour être.
Et laisser l’action juste en découler,
comme la rivière…
Aujourd’huiAujourd’hui
Dans l’accompagnement en Yoga que
je propose avec ORAYAME à travers
des stages, des cours collectifs mais
aussi individuels, mon intention est
d’accompagner chacune et chacun à
découvrir son propre yoga, au cœur de
son propre corps.
YOGA vient de {JUG} en sanskrit qui
signifie « relier, unir, joindre ».
Pratiquer le Yoga dans l’intention d’un
effort juste, au plus près de notre
essence profonde, en liberté et en
respect de soi, voilà ce à quoi j’invite et
Tout alors fait sens pour moi.
L’enseignement du Yoga m’apparaît
comme ma voie de salut !
Je décide de m’engager et de me
former pendant 4 ans pour valider
cette compétence.
Je cesse de lutterJe cesse de lutter
Aujourd’hui est venu pour moi le
temps de partager, de transmettre.
J’ai tellement reçu de la vie, à travers
mon corps, au fil de toutes ces
expériences.
J’ai découvert qu’il y a la nécessité de
mourir à l’ancien pour pouvoir créer
de la place et accueillir le nouveau.
Il n’y a pas de prise de conscience
sans « crise »,
sans «rite de passage».
Se mettre au monde est un travail
d’ombre et de lumière.
Accueillir cette dualité qui nous
compose est essentielle pour
s’unifier.
Et cela passe par accepter, d’abord.
Se pardonner, se donner toute la
douceur possible pour s’accueillir
dans nos choix passés, nos errances,
nos douleurs, nos souffrances.
PARCOURS DE VIE
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 54 -
PARCOURS DE VIE
j’accompagne.
En fluidité et en douceur.
Merci à la Vie.
Merci à la Voix.
AURORE MARGUERINAURORE MARGUERIN
Vous pouvez retrouver AuroreVous pouvez retrouver Aurore
sur son site : www.orayame.frsur son site : www.orayame.fr
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 55 -
"HEY PETIT VIRUS"
POÈME
Poème par Caroline GAUTHIER
Hey, j’ai pour toi une petite question
Alors s’il te plait monte le son
Crois-tu que la nature ne sache pas
fonctionner en harmonie?
Et qu’elle aurait créé un virus
en oubliant qu’elle est toujours
au service de la vie... ?
Tu serais un idiot de croire cela,
Alors vraiment, pour une fois,
écoute moi
Et sur le champ, arrête ton combat
Arrête la guerre et dépose les armes,
Car ce virus qui te fait du charme
N’est pas un démon à abattre,
Ni même un Alien à combattre
Il a, crois-moi, à l’intérieur de lui
un message que tu dois intégrer.
Pour que toi, petit homme,
tu retrouves ta nature
et ta vraie vérité.
Pour que tu te remettes
au service de la vie,
Et non pas en mode Warrior,
pour ta survie
Car oui, je t’assure,
tu t’es souvent perdu et égaré
Et tu détruits même la planète
sur laquelle tu es né.
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 58 -
POÈME
Alors s’il te plait, écoute et monte le son
Pour enfin tout changer pour de bon
Ce petit virus est venu
pour brûler, dès maintenant,
Tout ce qui n'était pas vraiment
vivant et vibrant.
Car vois-tu, la vie,
tu t’en fous depuis belle lurette
Et, tu détruis les arbres et l’Amazonie,
poumon de la planète
Tu tues même
le monde animal et sauvage
Et tu deviens un cancer pour la vie
pourtant si sage
Alors ce virus est venu pour t’enseigner
les grandes lois universelles.
Et pour que tu puisses toucher
à l’intérieur de toi le vivant
et même le spirituel.
C’est un dragon de feu
qui te met face à tes plaies,
Pour pouvoir les panser.
Tout ce que créé la nature
a un rôle bien défini dans l’énergie.
Tout y a vraiment sa place pour
retrouver l’équilibre et l’harmonie.
Même ce virus que
tu penses démoniaque
N’est là que pour remettre de l’ordre
dans tout ce chaos et ce vrac.
Car oui, toi tu as foutu le bordel,
Dans cette nature pourtant si belle.
Car oui, tu as oublié
l’organique et la vie,
Préférant te mettre
au service de la chimie.
Il existe, tu sais,
des lois dans la nature qu’il convient
de suivre pour vivre heureux.
Mais toi, tu ne les connais pas,
ou tu les ignores
croyant que c’est mieux.
Alors le virus vient frapper à ta porte
avec fracas,
Pour te faire enfin intégrer et
comprendre ce que tu n’entends pas.
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 59 -
Car oui là,
dans ce confinement,
tu es obligé de descendre
dans les méandres
de ton intériorité
Pour enfin regarder
ce que tu as refoulé
toutes ces années.
Alors s’il te plait,
écoute et monte le son
Pour faire tomber
les illusions
Si tu écoutes,
il va te plonger
dans le silence,
Là où se trouve ta vérité
quoi que tu en penses.
Il te fait descendre dans la
sève de ton vivant,
Il te pousse à ressentir
tout ce qu’il y a de vibrant
C'est même une force
qui te place
dans ta nature profonde ;
Celle qui anime le monde.
Là tu vas découvrir
la graine de ton être
Loin de l’argent
et même du paraître
Car vois-tu
depuis des années
tu t’es trompé de route
Tu as poussé le monde
vers sa banqueroute
Tu as monté
des stratégies,
Pour fuir l'amour et la vie.
POÈME
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 60 -
POÈME
Alors, n'aies plus peur de souffrir
et même d'y mourir.
Car l'amour après t’avoir déconstruit
à celui que tu avais cru être,
va te faire découvrir la vérité
sur la vie et même sur ton être.
CAROLINE GAUTHIERCAROLINE GAUTHIER
Plus d'inspirations surPlus d'inspirations sur
www.aunomducorps.frwww.aunomducorps.fr
Alors, si ce virus te fais descendre
au cœur de l'intime,
Et parfois même
dans de profonds abîmes,
Il te fait découvrir Ton trésor,
Pour que tu arrêtes de faire le mort
Alors…
s’il te plait écoute et monte le son
Et arrête pour une fois
de faire le con...
Ce virus peut te faire rencontrer
la langue de feu de l'amour
Et si tu suis son parcours.
Peut-être connaîtras-tu l'ouverture
de ton cœur un beau jour.
Et même si ce dernier peut se briser,
La lumière pourra enfin y entrer.
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 61 -
PLUS D'INFOS
Sur Amazon ou sur le Blog... Pour ceux qui sontprêts à tenter l’expérience, ce Roman exerceune action puissante sur ses lecteurs ! Toute saconstruction n’a qu’un seul but : mettre lelecteur en contact avec son vivant, sonessence.
"THE WAY""THE WAY", programme d'accompagnement pouraider les gens de consciences à prendre leur chemin
de rayonnement... et impacter le monde
M'écrire en message pour obtenir un rdv
Des Poèmes en vidéo et en musique.Des Textes.Des Articles.Des témoignages et Commentaires.Des vidéos de formationwww.aunomducorps.frContact : [email protected]
PLUS D'INFOS
"AU NOM DU CORPS" c'est plusieurs supports :Un Blog, Un Roman, Une Page Facebook Un Magazine, Une ChaîneYoutube, des Vidéos de formation.
"AU NOM DU CORPS" c'est : des Articles, des Stages, des Poèmes, Des Textes, Des Témoignages, Des Interviewsd'experts, Des Vidéos...
Et en ce moment : des formations en ligne chaque semaine !!!
Le Roman Initiatique
Actualité : Programme The Way
"Au Nom du Corps " sur Face Book ou Youtube ou sur son Blog
- Au Nom du Corps - N°54 - Page 64 -