vive les mariés ! les différentes façons de s'unir depuis la rome antique

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JUIN 2013 - N° 798 &:HIKPKG=\UZZU[:?k@h@j@s@a" M 05067 - 798 - F: 5,50 E NOS RENDEZ-VOUS INÉDITS : PRÉHISTOIRE, ARCHÉOLOGIE, LES ROUTES DE L’HISTOIRE, L’ORIGINE D’UNE EXPRESSION… PORTRAIT L’ambassadeur secret de Napoléon III ALL 6,90 €/BEL 6,30 €/CAN 9,99 $CAN/DOM 6,50 €/ESP 6,50 €/GR 6,50€/ITA 6,50 €/PORT-CONT 6,50 €/LUX 6,50 €/MAR 58,00 DH/MAY 7,90 €/CH 11 FS/TOM AVION 1550,00 XPF/TOM SURFACE 880 XPF/TUN 6,50 TND CE JOUR-LÀ 21 juin 1943, l’arrestation de Jean Moulin Les différentes façons de s’unir depuis la Rome antique Vive les mariés !

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Du contrat financier à la romaine au pacte civil de Napoléon, du concubinage à la mode germanique au sacrement indissoluble de l'Eglise : un dossier, signé des meilleurs spécialistes, pour voir plus clair dans l'histoire du mariage.

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CE JOUR-LÀ 21 juin 1943,

l’arrestation de Jean Moulin

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31 DossierVive les mariés !Polygamie, concubinage, remariage… les formes

d’union ont varié dans l’Histoire. Rome voyait dans

le mariage un contrat, l’Église en a fait un sacrement

indissoluble, Bonaparte un pacte civil. Et demain ?

62 Les Dessous De…La réunion secrète des magnats de l’or noirEn 1928, trois directeurs des plus grandes compagnies

pétrolières se partagent le marché mondial. En toute

illégalité. Et donc, en toute discrétion…

68 spéciaL viLLeLe Havre : une Renaissance à la normandeFondée au XVIe siècle, la cité portuaire a survécu à tous

les conflits. Ravagée en 1944, elle est désormais inscrite

sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité…

78 À L’affiche

84 Livres

91 mots croisés

92 portraitVincent Benedetti, diplomate de l’ombrePivot essentiel de l’appareil diplomatique mis en place

par Napoléon III, tous les dossiers d’importance lui sont

confiés. Avec des fortunes diverses !

98 iDée reçueLéonard de Vinci meurt dans les bras de François Ier

6 actuaLitésLa fin de la dépendance de la justice ?

10 À La préhistoireLes premières domestications

13 archéoLogieLe souterrain médiéval de Sublaines

15 Le musée insoLiteL’atelier-musée du Chapeau

16 L’art De L’histoireFrans Hals, le génial débauché du Siècle d’or flamand

18 Les routes De L’histoireLa route de Gilles de Rais

20 L’inéDit Du moisUn brevet pour des prothèses

21 un iLLustre inconnuSébastien Bottin

23 L’air Du tempsGöttingen, de Barbara

25 un mot, une expressionAvoir une voix de stentor

26 ce jour-LÀ21 juin 1943 : l’arrestation de Jean Moulin à Caluire

sommaire Juin 2013

Yves BruleyMaître de conférences à Sciences po. Il a signé en 2012 Le Quai d’Orsay impérial. Histoire du ministère des Affaires étrangères sous Napoléon III (éditions Pedrone).

anne BernetSpécialiste du Moyen Âge, son dernier ouvrage, Les chrétiens dans l’Empire romain, est paru cette année chez Tallandier.

gérard chauvyHistorien, journaliste au Progrès à Lyon, auteur d’ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale, il vient de publier une Histoire sombre de la Milice (Éditions Ixelles).

frédéric tonolliRéalisateur de films documentaires, Prix Albert-Londres en 1996, il a écrit L’Histoire inavouable du pétrole (La Martinière, 2012).

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Dossier : Vive les mariés ! p. 31Depuis la Rome antique…

Spécial ville : Le Havre, p. 68Renaissance à la normande

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sabine Melchior-BonnetHistorienne, elle a travaillé auprès de Jean Delumeau et de Daniel Roche. Elle a dirigé avec Catherine Salles une Histoire du mariage (Laffont, coll. « Bouquins », 2009).

jean tulardAcadémicien, éminent spécialiste de Napoléon Ier. Napoléon : les grands moments d’un destin (Fayard, coll. « Pluriel », 2013) est l’un de ses derniers ouvrages.

Catherine sallesMembre du comité éditorial d’Historia, spécialiste de l’Antiquité, elle a signé Les Grands Sites archéologiques de Rome (Archéologie Nouvelle, 2013).

séverine FargetteMédiéviste, elle travaille sur le thème « violence, justice et société en France ». Elle s’intéresse également à l’Italie de la Renaissance.

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16 historia juin 2013

l’art de l’histoire

Frans Hals n’est guère connu au XVIIe siècle. Sauf dans la ville de Haarlem où il a passé toute sa vie – ses

parents y ayant trouvé refuge en 1585 après le sac d’Anvers par les troupes espagnoles. Sa célébrité internationale ne remonte qu’au XIXe siècle lorsque le critique d’art français Théophile Thoré-Bürger le redécouvre et que des artistes, tels Courbet, Van Gogh ou Manet, af-fichent leur admiration pour son art du portrait. De récentes recherches démontrent que, de son vi-vant, l’œuvre du Flamand est déjà appréciée au-delà des frontières par des pein-tres et des collectionneurs étrangers, tant la scène artistique de Haarlem rayonne en Europe.Nous connaissons peu de chose de son enfance, si ce n’est qu’il est né à Anvers, en 1582 ou 1583. En revan-che, on sait qu’il a étudié la peinture avec Karel Van Mander, dont il a été l’ap-prenti, et qu’il s’est inscrit à la guilde des peintres de

Haarlem en 1610, l’année de son premier mariage. Il séjourne quelques mois dans sa ville natale pour exécuter sa première gran-de commande, Le Banquet du corps des officiers de la compagnie saint Georges, qui lui vaut une rapide notoriété. Sa touche, alerte et élégante, sa manière de rendre ses modèles vi-vants assurent son succès. Il intègre la Chambre de rhétorique de Haarlem, un signe de promotion sociale. Un an plus tard, il se rema-rie et deviendra père de huit enfants. Pour l’heure, Frans Hals peint des nota-bles, seuls ou en groupes, se détachant puissamment d’un fond sombre dans un clair-obscur quasi carava-gesque. Nul mieux que lui ne fait ressortir le tempé-rament des hommes et des femmes qu’il brosse, et qui pour la plupart sont issus de la meilleure société dont les affaires – malgré l’épo-que troublée – connaissent une nouvelle prospérité. Sans oublier les portraits d’enfants. Avec Catherine Hooft et sa nurse, il serait

le premier artiste à avoir représenté un enfant dans les bras de sa gouvernante (ci-contre). À cette époque, les enfants vivaient plus souvent avec elles qu’avec leur mère. Et une vraie complicité transparaît en-tre les deux personnages. Au faîte de sa maturité, Hals préfère brosser des personnages hauts en cou-leur et se spécialise dans les portraits de caractères. Ses premiers biographes parlent d’un homme licen-cieux et porté sur la bois-son, rapportent des beuve-ries héroïques, émaillées de querelles entre ca-tholiques et protestants. Hals se débat aussi avec d’innombrables difficultés financières. Au point qu’il est dispensé de la redevan-ce annuelle de la guilde, tandis que la ville lui verse une pension jusqu’à sa mort en 1666. Rien de la guerre ne transparaît dans l’œuvre du grand maître de l’âge d’or flamand, bien que sa carrière ait eu pour toile de fond l’un des épi-sodes les plus tragiques de l’histoire des Pays-Bas.

Tout s’embrase en 1566, lorsque les protestants flamands, en particulier les calvinistes, refusant la vénération des images saintes, pénètrent dans les églises catholiques pour la-cérer les tableaux d’autel et briser les sculptures. Pour Philippe II d’Espagne, dont l’empire comprend les provinces des Pays-Bas, cette violation des lieux sacrés du catholicisme, représente une terrible menace. En août 1567, il envoie ses troupes punir les iconoclastes. Cette san-glante répression, ajoutée à des prélèvements intolé-rables d’impôts, marque le début de la révolte générale contre Madrid et déclenche une guerre de quatre-vingts ans. Anvers est pillée, entraînant le départ de nombreux habitants et artistes vers Haarlem, qui sera, elle aussi, occupée, mais non anéantie. Aussi, tout porte à croire, que,à travers ses portraits pleins de force et d’allant, Hals ait fait le pari du triomphe de la vie sur la mort. LÉlisabeth Couturier

Jusqu’au 28 juillet, l’exposition « Frans Hals, sous le regard de Rembrandt, Rubens et Titien » se tient au Frans Hals Museum à Haarlem (Pays-Bas). L’opportunité de découvrir ce magnifique peintre de l’intime.

Frans hals,le génial débauché du siècle d’or flamand

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La représentation. Cette scène renvoie à l’iconographie catholique de la Vierge à l’Enfant. Il est évident qu’en optant pour cette pose le peintre fait référence à l’image sainte. Autre clin d’œil à la thématique religieuse : la pomme que tient la nourrice. L’artiste, qui a finalement rejoint l’Église protestante, sur le tard, en 1655, a peut-être souhaité transmettre un message de paix…

1 La robe. Un véritable habit de lumière… Brodée

de fils d’or, agrémentée de dentelles délicates et de bijoux, elle illumine la toile. En contrepoint, la tenue sombre de la gouvernante souligne la différence de statut social.

2 FiLLe ou garçon ? De longues recherches ont

été menées pour identifier l’enfant : il s’agit de Catherine Hooft. Mais le mystère a longtemps perduré car, à cette époque, filles et garçons étaient habillés de la même manière durant la petite enfance. En robe.

3 regard et sourire. Déjà

sûre d’elle et de sa position sociale, la fillette regarde le spectateur droit dans les yeux. La nourrice, elle, esquisse un timide sourire. Se sent-elle gênée d’être peinte par un grand maître, un honneur d’habitude réservé aux riches ?

« Catherine hooft et sa nurse », 1619-1620. Huile sur toile (86 x 65 cm).• Gemäldegalerie, Berlin.

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26 histORia JUin 2013

21 JUin 1943 L’aRREstatiOn dE JEan MOULin

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Dossier

Polygamie, concubinage, remariage… les formes d’union entre ceux qui s’aiment (ou pas) ont varié dans l’Histoire. Pour autant, les institutions, politiques ou religieuses, ont eu un droit de regard sur

cet acte éminemment social. Rome voyait dans le mariage un contrat, l’Église en a fait un sacrement indissoluble, Bonaparte un pacte civil.

Et demain ?

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32À Rome, un devoir civiqueUn contrat signé, une cérémonie bien précise, placée sous les auspices divins… et une promesse de fidélité !Par Catherine Salles

41Union à la bonne franquetteFrancs et Carolingiens peinent à rompre avec d’anciennes traditions comme le concubinatet la polygamie.Par Anne Bernet

44La mainmise de l’ÉgliseDécidé à imposer sa vision du monde, le clergé tente de contrôler les unions. Une démarche remise en cause par Luther…Par Sabine Melchior-Bonnet

50Enfer et joie de la vie conjugaleParfois source de moqueries, le mariage reste néanmoins, au Moyen Âge, un gage de respectabilité. Par Séverine Fargette

55Napoléon inaugure le mariage civilL’Empereur n’a pas eu de chance avec ses épouses. Ce qui ne l’empêche pas de réformer le Code Civil.Par Jean Tulard

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34 historia juin 2013

en un clin d’œil l’adultère, deux poids, deux mesuresLa femme est l’éternelle coupable de l’adultère… La femme fait peur car elle porte des enfants dont l’homme doute toujours d’être le père. C’est pourquoi ces derniers ont élaboré un arsenal répressif et dissuasif. Au Moyen Âge, les coutumes évoquent de multiples sanctions : amendes, emprisonnement ou humiliation publique. Mais la lapidation de

la femme et de son amant ou leur bannissement n’ont jamais été pratiqués en France. Au XVIe siècle s’impose « l’authentique », fondée sur les lois romaines réinterprétées par les juristes royaux. Le code Justinien punissait l’adultère de la réclusion à perpétuité, sauf si l’époux consentait à reprendre sa femme. Sous l’Ancien Régime,

l’épouse convaincue d’adultère par son mari est « authentiquée », c’est-à-dire qu’elle risque la réclusion à vie dans un monastère et la privation de sa dot. Seul son mari peut l’accuser et, éventuellement, lui pardonner en reprenant la vie commune. Pour les maris infidèles, aucune sanction n’est prévue. En 1792, les révolutionnaires abandonnent

Info

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Le mariage a toujours la cote…

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toute sanction, en même temps qu’ils instaurent le divorce le plus libéral qui soit, pour incompatibilité d’humeur. En 1804, le Code civil sanctionne l’infidélité d’une peine de prison pour la coupable et son amant. Il ne s’agit toutefois plus d’un crime mais d’un délit. L’épouse est autorisée à poursuivre son mari, mais seulement s’il l’a trompée sous

le toit conjugal, avec pour effet une simple amende ! Avec la loi Naquet en 1884, le divorce, définitivement rétabli, devient la sanction naturelle de l’adultère, un délit toujours punissable de l’emprisonnement, jusqu’à la refonte du Code civil en 1975, qui abroge les dispositions antérieures. L’adultère devient uniquement une cause de divorce.

Mais si la femme a toujours été considérée comme la coupable, elle a surtout été la victime, car, contre son mari volage, elle ne pouvait rien. Pour une femme sans indépendance financière, le divorce était synonyme de précarité. LAgnès Walch, auteur de Où va le mariage ?

(Fayard, 2013) et d’une Histoire de

l’adultère, XVIe-XIXe siècle (Perrin, 2009).

…le divorce aussi, et de plus en plus !

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PORTRAIT

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BenedeTTI le sheRPA de nAPOléOn III

Gravure extraite du tome VII de l’Histoire de France populaire, d’Henri Martin, publiée entre 1878 et 1883.