RTC 22 comment construire ou étendre ses installations

Posséder une chienne et lui faire faire des portées marque le début de l’élevage canin. A ce stade, l’éleveur ne se pose que très peu de questions. Mais la volonté de créer un véritable élevage, amateur ou professionnel, comprenant plusieurs chiennes voir même des étalons change la problématique. Comment vais-je bien pouvoir loger tout ce petit monde dans de bonnes conditions?

Agencement global :

Créer de toute pièce à partir de rien des installations d’élevage permet une certaine souplesse versus un agrandissement, mais la tâche reste ardue. Quelques soit le cas il est surtout important de respecter la règle de la « marche en avant » et du « non croisement ». Quelques exemples valant mieux que la théorie, voyons deux cas de dispositions adaptées de concepts d’élevage de canards en plein-air, élevage qui comporte de grandes similitudes avec les élevages canins mis à part la finalité.

Cas n°1 : avec un sas 3 zones

Dans ce cas, les bâtiments administratifs et privés sont regroupés en dehors de la zone d’élevage.

Le bâtiment permettant de loger les chiennes gestantes et la nurserie est installé à l’entrée de la zone d’élevage. Cette implantation du bâtiment à l’entrée de la zone d’élevage permet au sas d’entrée de ce bâtiment de servir aussi de sas d’accès à la zone d’élevage. Il faut alors un sas en trois zones séparées physiquement, ouvrant chacune avec une porte, d’une part vers la zone publique, d’autre part vers la zone d’élevage, et enfin vers la zone gestante et la nurserie (voir plan détaillé). Il est alors nécessaire de prévoir un sas assez grand. Au sein de la zone d’élevage, qui regroupe alors les femelles au repos ainsi que les mâles et les jeunes futurs reproducteurs, il est possible de créer autant de parcs avec des bâtiments (chenils, abris etc…) que l’on souhaite. Il convient également de disposer une infirmerie dans un parc en marge de la zone d’élevage. Son entrée est munie d’un sas 2 zones. La zone de quarantaine, munies également d’un sas 2 zones, est située elle aussi sur un parc éloigné de la nurserie.

Dans les élevages conséquents, pour lesquels sont mis en place des livraisons d’aliment, il faut prévoir que le camion de livraison d’aliment accède au stockage par une zone non fréquentée par l’éleveur lors de son tour des parcs.

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Cas n°2 : avec sas 2 zones à la sortie de la zone privative et sas 2 zones à chaque bâtiment

Un premier sas à la sortie des bâtiments administratifs et privés permet d’accéder à la zone d’élevage. Un deuxième sas est accolé au bâtiment permettant de loger les chiennes gestantes et la nurserie. Chaque sas est constitué de deux zones séparées physiquement, ouvrant chacune avec une porte, d’une part vers la zone publique et d’autre part vers la zone d’élevage (sas d’accès à la zone d’élevage) ou d’une part vers la zone d’élevage et d’autre part vers les gestantes et la nurserie (sas d’accès à la nurserie).

Le camion de livraison d’aliment accède au stockage par une zone non fréquentée par l’éleveur lors de son tour des parcs. Son trajet au sein de l’élevage est entièrement clôturé. En ce qui concerne les bâtiments de la zone d’élevage, l’infirmerie et la zone de quarantaine, les règles de fonctionnement et d’implantation reste les même que pour le premier cas. On n’oubliera pas la présence de sas à l’entrée de l’infirmerie et de la quarantaine.

Ce deuxième type d’agencement pose moins de contraint pour l’entretien et le soin des chiens hors reproduction, avec un cheminement simple. Par ailleurs, il permet si l’on souhaite de gravité tout

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Domicileet jardin de l’éleveur

autour du bâtiment nurserie. Il est peut-être plus adapté pour de l’extension en repensant les bâtiments déjà présents.

zone « sale » (non protégée)

zone d’accèsaux parcs

zone « propre »(protégée, pour accès

à la nurserie)

Nurserie

parcs

extérieur

Le sas en trois zones : principe

3 portes manteaux dans chaque zoneBottes spécifiques dans 2e zone pour accès aux parcsChaussures spécifiques dans 3e zone pour accès direct à la nurserie : séparation haute (1,2 à 2,4 mètres) : séparation physique basse (0,3 à 0,5 mètre)

Lavaboéquipé

2 poubelles

Agencement spécifique :

Au sein du bâtiment abritant les chiennes gestantes, celles qui ont mis bas et les chiots destinés à la vente il convient de concevoir une organisation simple et logique : en effet il est plus prudent d’installer les chiots destinés à la vente près de l’entrée de telle sorte à limiter le déplacement des visiteurs au sein du bâtiment. Ensuite, peuvent suivre les chiennes ayant mis bas car la fréquence de visites quotidiennes de l’éleveur y est élevée. Enfin dans le fond du bâtiment peuvent être installé les chiennes gestantes voir celles dont on suit de près les chaleurs. Un couloir central dans ce bâtiment permettra une circulation aisée. Dans ce couloir la présence d’un voir deux lavabos est indispensable selon la longueur du bâtiment. Les différentes salles hébergeant les divers stades physiologiques des chiennes et des chiots doivent toutes avoir un accès unique vers le couloir. Ceci permet en cas de pathologie se déclarant dans une des salles de pouvoir facilement la « calfeutrer » du reste du bâtiment : lorsqu’une telle situation se présente, il est préférable d’improviser un sas 2 zones à l’entrée de cette salle plutôt que de transférer tous les individus de la salle en infirmerie. L’improvisation de tel sas est par expérience efficace. Testé dans des bâtiments industriels d’élevage de dindes lors

d’épidémie de botulisme (maladie particulièrement virulente transmise une fois déclarée par les matières fécales et le sang), l’épidémie démarrant dans une moitié du bâtiment, la mise en place d’un sas entre les deux moitiés du bâtiment permet de préserver l’autre moitié des dindes.

Par ailleurs, dans l’idéal, il est important d’organiser les bâtiments en incluant aussi les vents dominants : pour protéger au mieux les chiots et les chiennes en reproduction, il faut éviter de mettre les entrées d’air du bâtiment les hébergeant dans le couloir de vent issu des parcs des autres chiens, mais également du stockage des déchets (fosse à lisier, fumure, compost…)

Enfin, un petit mot sur les circuits d’air et les canalisations d’eau sales ou de lisier. Pensez à prévoir des circuits n’ « attirants » rien vers la nurserie. Il faut les intégrer dans la démarche de « marche en avant ».

Retour d’expérience :

Le monde ne s’est pas fait en un jour. Pour toute construction ou extension, il est primordial d’échanger avec d’autres éleveurs. Il est très fréquent qu’une idée couchée sur papier paraisse extraordinaire alors qu’une fois le bâtiment monté il en est bien autrement : lors de visite de bâtiments, il est fréquent de voir des sas ou des lavabos non utilisés car in fine ils étaient de trop ou trop contraignant à utiliser au quotidien. Les matériaux et autres systèmes d’éclairage, de chauffage ou encore de ventilation « high-tech » peuvent aussi se révéler fragile ou d’une fiabilité trop faible. Je dis souvent qu’il vaut mieux du matériel « à l’épreuve des balles » quand on élève des chiens !!

Conclusion :

Dans le futur, à l’instar des bâtiments d’élevage d’animaux de rente, apparaitront par la force des choses des bâtiments types qui répondront à la fois aux exigences de santé et bien-être de nos chiens mais également au respect des normes environnementales et à l’écologie. Ceci marquera une avancée considérable pour nos élevages : le quotidien de l’éleveur sera amélioré grâce à l’étude ergonomique et les chiens vivront dans des structures de plus en plus saines et adaptées grâce à l’amélioration des connaissances en matière de logement et par exemple à la robotisation et la programmation des systèmes de chauffage et de ventilation. Selon la région d’élevage et la taille de l’élevage il pourra être préférable d’avoir des bâtiments à ventilation naturelle ou à ventilation dynamique.