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MODULE 4: LE SECTEUR MONETAIRE ET FINANCIER Vidéo 4.1 : Introduction Bonjour – Mon nom est Céline Rochon. Je suis Économiste Senior à L'Institut pour le Développement des Capacités du Fond Monétaire International. Dans ce cours, je vais vous initier aux fonctions et à l'activité du secteur monétaire et financier et aux façons de les inscrire dans les comptes correspondants. Dans ce cours, nous examinerons aussi certaines des questions auxquelles les décisions de politique monétaire sont confrontées. Nous allons d’abord examiner les principales fonctions du secteur financier et la façon dont il opère. Une fonction importante du secteur financier est l'intermédiation des flux financiers entre les différents secteurs économiques. Le secteur financier constitue la structure qui permet d’effectuer des paiements. Une autre fonction très importante du secteur financier est de collecter l'épargne générée par les excédents de revenu de certains secteurs, afin de les affecter aux secteurs qui ont besoin de financements. On dit que le secteur financier sert d’intermédiaire entre les différents secteurs de l'économie. En règle générale, les ménages épargnent, tandis que les entreprises ont besoin de fonds pour financer leurs investissements. Le secteur financier collecte l'épargne constituée par le secteur des ménages et procure des financements au secteur des entreprises. Le secteur financier collecte également les encaisses des entreprises et accorde des prêts (par exemple, des prêts hypothécaires) aux ménages. Comment le secteur financier fournit-il ces services? Les institutions financières peuvent procurer des instruments financiers particuliers, et notamment des instruments d'épargne. Elles permettent aux ménages de mettre leurs revenus en lieu sûr pour en profiter à une date ultérieure. Les instruments d'épargne sont les instruments qui permettent aux ménages de lisser leur consommation dans le temps et d'améliorer leur bien-être pendant toute leur vie. Le secteur financier crée aussi des instruments de crédit. Ceux-ci permettent une allocation efficace des ressources aux activités d'investissement. L'épargne est collectée auprès du grand public et allouée à des projets présentant un risque faible et de bonnes perspectives de rendement. Le secteur financier offre aussi des instruments financiers diversifiés qui atténuent les pertes de revenu causées par des chocs imprévus et donne ainsi le moyen de lisser le revenu et la consommation dans le temps. Les statistiques du secteur monétaire et financier donnent des informations sur les bilans des différents types d'intermédiaires financiers et les divers instruments qui sont intermédiés dans l'économie. Ces statistiques sont compilées selon les différentes fonctions des intermédiaires financiers et les différentes activités. Le secteur financier désigne le groupe d'agents d’une économie qui assure l'intermédiation des ressources financières.

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MODULE 4: LE SECTEUR MONETAIRE ET FINANCIER 

Vidéo 4.1 : Introduction

Bonjour – Mon nom est Céline Rochon. Je suis Économiste Senior à L'Institut pour le Développement des Capacités du Fond Monétaire International.

Dans ce cours, je vais vous initier aux fonctions et à l'activité du secteur monétaire et financier et aux façons de les inscrire dans les comptes correspondants. Dans ce cours, nous examinerons aussi certaines des questions auxquelles les décisions de politique monétaire sont confrontées. Nous allons d’abord examiner les principales fonctions du secteur financier et la façon dont il opère.

Une fonction importante du secteur financier est l'intermédiation des flux financiers entre les différents secteurs économiques. Le secteur financier constitue la structure qui permet d’effectuer des paiements. Une autre fonction très importante du secteur financier est de collecter l'épargne générée par les excédents de revenu de certains secteurs, afin de les affecter aux secteurs qui ont besoin de financements. On dit que le secteur financier sert d’intermédiaire entre les différents secteurs de l'économie.

En règle générale, les ménages épargnent, tandis que les entreprises ont besoin de fonds pour financer leurs investissements. Le secteur financier collecte l'épargne constituée par le secteur des

ménages et procure des financements au secteur des entreprises. Le secteur financier collecte également les encaisses des entreprises et accorde des prêts (par exemple, des prêts hypothécaires) aux ménages.

Comment le secteur financier fournit-il ces services? Les institutions financières peuvent procurer des instruments financiers particuliers, et notamment des instruments d'épargne. Elles permettent aux ménages de mettre leurs revenus en lieu sûr pour en profiter à une date ultérieure. Les instruments d'épargne sont les instruments qui permettent aux ménages de lisser leur consommation dans le temps et d'améliorer leur bien-être pendant toute leur vie.

Le secteur financier crée aussi des instruments de crédit. Ceux-ci permettent une allocation efficace des ressources aux activités d'investissement. L'épargne est collectée auprès du grand public et allouée à des projets présentant un risque faible et de bonnes perspectives de rendement. Le secteur financier offre aussi des instruments financiers diversifiés qui atténuent les pertes de revenu causées par des chocs imprévus et donne ainsi le moyen de lisser le revenu et la consommation dans le temps.

Les statistiques du secteur monétaire et financier donnent des informations sur les bilans des différents types d'intermédiaires financiers et les divers instruments qui sont intermédiés dans l'économie. Ces statistiques sont compilées selon les différentes fonctions des intermédiaires financiers et les différentes activités. Le secteur financier désigne le groupe d'agents d’une économie qui assure l'intermédiation des ressources financières.

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Comme il y a plusieurs manières différentes de combiner des statistiques, il est important de souligner que ce cours sera fondé sur le Manuel de Statistiques Monétaires et Financières de 2001.

Alors pourquoi les comptes du secteur monétaire et financier sont-ils si importants ?

Les statistiques monétaires et financières font état de la position nette du secteur financier vis-à-vis des autres secteurs de l'économie. Elles révèleront donc si les secteurs ont été épargnants nets ou utilisateurs nets des ressources financières. Par ailleurs, les comptes monétaires sont généralement disponibles avec très peu de retard dans la plupart des pays.

Même lorsque les données économiques sont limitées, ils comptent parmi les statistiques macroéconomiques les plus fiables et donc les plus utiles aux responsables de la politique économique qui doivent analyser les développements économiques. Les comptes monétaires sont importants car ils mettent l'accent sur des variables comme la monnaie, le crédit, les actifs et passifs en devises étrangères et bien d'autres variables, qui jouent un rôle central dans l'analyse macroéconomique d'une économie ouverte.

Ils sont particulièrement utiles pour la conception de la politique monétaire. Ce cours abordera deux thèmes principaux. La première partie sera consacrée à la structure des statistiques monétaires et financières, aux différents groupes d'intermédiaires financiers, et à la façon dont les différentes opérations sont présentées dans les comptes.

Nous commencerons par examiner les différents types d'intermédiaires financiers qui composent le secteur financier et comment ils sont regroupés. Nous analyserons ensuite deux sous-composantes: la banque centrale et les autres institutions de dépôts.

Nous verrons ensuite comment ces deux groupes constituent un sous-secteur d'intermédiaires appelé le secteur des institutions de dépôts. Dans de nombreux pays, il s'agit là du sous-secteur le plus important. Nous examinerons ensuite comment les comptes des institutions de dépôts sont reliés aux autres comptes vus dans les autres cours magistraux.

La seconde partie sera consacrée à la façon dont les intermédiaires financiers créent et multiplient la quantité de monnaie qui circule dans l’économie. On examinera ensuite les principales raisons pour lesquelles les ménages détiennent de la monnaie et pourquoi la masse monétaire dans l'économie est une variable importante pour les décisions de politique monétaire. Pour conclure, nous examinerons certaines questions générales ayant trait à l'analyse de la politique monétaire.

Les principaux objectifs de ce cours sont les suivants :

1) identifier les principales institutions qui constituent le secteur des sociétés financières; 2) comprendre les principaux postes du bilan du secteur des institutions de dépôts et le processus de consolidation; 3) analyser comment la monnaie est créée et calculer la croissance de la masse monétaire; et enfin 4) identifier les principaux déterminants de la demande de monnaie.

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Vidéo 4.2 : Le secteur financier

Dans cette partie, nous allons examiner les différents types d'intermédiaires financiers, leurs principales caractéristiques et la façon dont les statistiques sont compilées et consolidées pour définir les agrégats monétaires. Le secteur financier est le plus grand groupe d'intermédiaires financiers pour lesquels des statistiques sont recueillies.

Dans les statistiques monétaires et financières, on distingue les intermédiaires financiers selon qu'ils sont autorisés ou non à collecter les dépôts du grand public. La principale fonction du secteur des institutions de dépôts est de fournir des moyens de paiement, de collecter et d’assurer la garde des dépôts, et d’acheminer les ressources destinées à financer l’activité économique.

Les autres sociétés financières ne collectent pas de dépôts et comprennent toutes les institutions qui fournissent d'autres types de services financiers, comme les annuités, les assurances et bien d'autres types de produits. Il est important de rappeler que ce sont là les appellations utilisées dans le Manuel de statistiques, puisque le langage courant n'est généralement pas très précis.

Par exemple, on désigne couramment le groupe des institutions de dépôts par le mot "banques", mais la catégorie comprend un ensemble beaucoup plus vaste d'intermédiaires, comme les coopératives, les caisses de crédit mutuel, les banques d'affaires, etc. Pour être plus précis, les deux catégories sont divisées en d'autres sous-catégories comportant au moins un intermédiaire

financier qui est quelque peu différent de ceux des autres sous-catégories.

Le secteur des institutions de dépôts comprend notamment la banque centrale ou une caisse d'émission, ou encore un organisme public ayant des responsabilités de banque centrale, l'ensemble du secteur des banques commerciales et les fonds communs de placement monétaires. Quand on parle du bilan du secteur des institutions de dépôts, on entend le bilan agrégé de tous ces intermédiaires.

Le secteur des autres sociétés financières comprend les fonds de pension, les sociétés d'assurance, les entreprises de crédit-bail et bien d'autres types d'intermédiaires financiers qui ne collectent pas de dépôts mais offrent des services financiers. L'ensemble des comptes de la banque centrale est dénommé la Situation de la banque centrale. Les comptes des autres institutions collectrices de dépôts sont consolidés dans la Situation des autres institutions de dépôts.

Lorsqu’on consolide les comptes de la banque centrale avec ceux des autres institutions collectrices de dépôts, on obtient la Situation des institutions de dépôts. C'est ce qu'on appelait autrefois la Situation monétaire. Les comptes des autres intermédiaires financiers qui ne relèvent pas du secteur des institutions de dépôts sont agrégés dans la Situation des autres sociétés financières. Lorsque les comptes des institutions de dépôts sont consolidés avec les comptes des autres sociétés financières, on obtient la Situation des sociétés financières.

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Les passifs consolidés des institutions collectrices de dépôts incluront l'ensemble des dépôts dans le système et sont structurés de façon à présenter les agrégats monétaires larges. (broad money) Un schéma simple sert à représenter les trois niveaux de compilation des statistiques monétaires et financières. Le premier niveau et le plus désagrégé contient les différents bilans correspondant aux activités de banque centrale et au reste des activités de collecte de dépôts.

Le deuxième niveau consolide les données pour le secteur des institutions de dépôts. Les passifs des institutions de dépôts constituent un indicateur de la masse monétaire, qu'on appelle la monnaie au sens large ou M2. Le troisième niveau regroupe la situation monétaire et les bilans des autres sociétés financières et constitue la situation des sociétés financières.

Dans les pays où les marchés financiers ne sont pas très développés, le système bancaire représente généralement le gros des actifs et passifs financiers d'une économie. Les statistiques présentent les comptes de chaque composante du secteur financier. Les comptes montrent les stocks d'actifs et de passifs, ou l'état de la situation financière d'un certain groupe d'intermédiaire.

Pour l'analyse monétaire, les flux d’actifs et de passifs sont importants également. Les comptes des statistiques monétaires et financières sont valorisés à la juste valeur à la fin de la période de référence. Tous les postes sont représentés en monnaie nationale, ou en monnaie étrangère pour les pays où une devise étrangère est utilisée comme unité monétaire nationale.

Chaque compte présente les actifs bruts et les passifs bruts, par pays de résidence, par secteur de la contrepartie économique, par type, par échéance. Certains postes sont présentés sur une base nette, de sorte qu'une entrée négative pour un actif net est interprétée comme un passif net.

Dans ce cours, nous nous intéresserons à la présentation analytique des comptes des différents intermédiaires financiers. Les actifs et les passifs sont agrégés dans des concepts ayant trait à l'analyse de la politique monétaire. Pour résumer, nous avons appris que le secteur financier est divisé en deux grands groupes d'intermédiaires financiers, selon qu'ils sont autorisés ou non à collecter les dépôts.

Les passifs consolidés des institutions collectrices de dépôts comprennent tous les dépôts dans le système, et sont agrégés pour présenter les agrégats monétaires larges. Les statistiques monétaires et financières présentent la valeur des stocks à la fin de la période comptable à la juste valeur.

Vidéo 4.3 : La banque centrale

Dans ce cours, nous nous intéresserons aux fonctions et aux comptes de la Banque Centrale. La banque centrale est l'institution financière nationale qui exerce un contrôle sur les aspects essentiels du système financier. Quelles sont ses principales fonctions? Une fonction importante de la banque centrale est son rôle de prêteur de dernier ressort. Nous y reviendrons dans un instant.

La banque centrale est aussi chargée d'émettre la monnaie nationale. Une autre fonction importante de la banque centrale, liée

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à son rôle d'émetteur de la monnaie, est la conduite de la politique monétaire. Dans de nombreux pays, elle détient aussi les réserves de change alors que dans certains cas, c'est le Trésor ou un fonds de stabilisation sous le contrôle du Trésor qui détient les réserves officielles.

La banque centrale joue aussi souvent le rôle de banquier de l'État et surveille généralement la solidité du secteur financier. Quand une panique financière menace une banque, voire le système bancaire tout entier, la banque centrale devra agir rapidement pour rétablir la confiance des investisseurs. Si le rôle de prêteur en dernier ressort a été assigné à la banque centrale, c'est en raison de la nature essentiellement illiquide du système de crédit.

Les passifs des banques, dont les dépôts, sont le plus souvent assortis d'une échéance très courte. Toutefois, les prêts--qui constituent les actifs--sont à échéance plus longue. Si tous les créanciers retirent leurs dépôts en même temps, certaines banques risquent de faire défaut. Si une banque a des difficultés de paiement, les déposants du pays tout entier peuvent craindre pour leur épargne. S'ils se précipitent tous pour retirer leurs dépôts, le système bancaire tout entier peut devenir illiquide.

Pour éviter un effondrement financier, la banque centrale peut prêter à une banque en difficulté et garantir les paiements à ses déposants. Elle évitera qu'une crise de confiance dans un élément du système bancaire rejaillisse sur le reste du secteur. La banque centrale est aussi chargée d'émettre la monnaie nationale. Elle crée de la monnaie à haute puissance, appelée aussi monnaie centrale ou base monétaire, et exerce ainsi un contrôle sur le volume de

monnaie à haute puissance dans l'économie. C'est la principale voie par laquelle la banque centrale contrôle la masse monétaire (offre de monnaie) dans l'économie. La monnaie centrale se compose des passifs de la banque centrale envers le reste du système.

Une analyse de son bilan est donc essentielle pour comprendre le processus de création de monnaie. La banque centrale crée de la monnaie centrale chaque fois qu'elle acquiert des actifs du secteur privé parce qu'en effectuant un paiement, elle tire un chèque sur elle-même.

Dans le cadre des procédures comptables du FMI, les fonctions monétaires de l'État sont regroupées avec les comptes de la banque centrale de sorte que l’ensemble des fonctions des autorités monétaires relèvent d’une unité comptable.

Il est également important de noter que les activités de banque centrale peuvent être exercées par différents types d'institutions: une banque centrale, une caisse d'émission ou des autorités monétaires indépendantes ou encore des organismes affiliés aux administrations publiques. La banque centrale exerce un contrôle sur la quantité de monnaie à grande puissance dans l'économie.

On utilise un bilan analytique de la banque centrale pour présenter les concepts agrégés utiles à l'analyse de la politique monétaire. La monnaie centrale correspond aux passifs de la banque centrale. Elle se compose de la monnaie qui est émise par la BC et qui est détenue par le grand public et dans les banques, appelée aussi numéraire en caisse.

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Les dépôts des autres institutions de dépôts auprès de la banque centrale sont également des passifs de la banque centrale. Les passifs de la banque centrale envers le reste de l'économie sont inclus dans le concept national de monnaie au sens large.

En feront partie les dépôts des autres institutions financières et du secteur privé non financier, comme les particuliers, les entreprises ou les dépôts en devises effectués par les résidents. La monnaie centrale exclut les dépôts de l'État et des non-résidents auprès de la banque centrale.

Ceux-ci sont déduits des créances de la banque centrale sur l’État et des créances de la banque centrale sur les non résidents, à l'actif du bilan. À l'actif, la banque centrale détient les réserves de change du pays. Celles-ci entrent dans la composition des actifs extérieurs nets. La position des actifs extérieurs nets inclut les réserves de change officielles, l'or monétaire, les Droits de Tirage Spéciaux (DTS) et la situation des réserves au FMI.

Si dans de nombreux pays, les actifs extérieurs nets de la banque centrale représentent des réserves internationales officielles nettes, leur définition est plus large que celle des réserves internationales officielles nettes. Les actifs intérieurs nets de la banque centrale sont généralement divisés en crédit intérieur net et autres postes net, une catégorie résiduelle présentée sur une base nette.

Le crédit intérieur net se compose du crédit net au reste du secteur privé et des créances nettes sur l'État. Les opérations entre l'État et la banque centrale sont présentées sur une base nette, parce que l'État a un accès plus aisé au crédit que les autres secteurs. Ses

dépenses ne sont donc généralement pas limitées par les dépôts ou les soldes disponibles. Les créances sur les autres institutions de dépôts représentent les opérations de prêt entre la banque centrale et le secteur des banques commerciales. Elles incluent tous les crédits directs aux banques et les lettres de change pour escompte acceptés par la banque centrale.

On verra par la suite que le montant des prêts de la banque centrale aux autres institutions de dépôt et le taux d'escompte, qui est le taux d'intérêt pratiqué par la banque centrale sur les prêts qu’elle accorde aux banques, sont des instruments de politique monétaire.

Les créances sur les autres secteurs économiques intérieurs sont des opérations de prêt à d'autres secteurs, qui sont généralement négligeables, mais qui peuvent parfois être importantes selon les décisions de politique monétaire. Enfin, la catégorie résiduelle, Autres postes (net), inclut généralement les fonds propres de la banque centrale (bank capital), les pertes ou excédents d'exploitation cumulés de la banque centrale et la contrepartie des réévaluations.

Vidéo 4.4 : La banque centrale (suite)

Une composante importante de la monnaie centrale (ou base monétaire) est représentée par les dépôts des autres institutions de dépôts à la banque centrale. Ceux-ci sont communément appelés les réserves des banques. La raison pour laquelle des réserves obligatoires sont imposées sera examinée par la suite, mais, en principe, les réserves liquides des banques assurent une protection contre des retraits inattendus.

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Chaque banque agréée a un compte à la banque centrale sur lequel ses réserves obligatoires sont déposées. Le niveau des réserves obligatoires est fixé par l'organisme de réglementation en pourcentage des dépôts du secteur privé dans les banques.

Des réserves excédentaires sont maintenues sur une base volontaire par les banques et dépendent du coût d'opportunité d'autres investissements ainsi que de la propension des banques à se doter de réserves liquides. Comme on l'a vu, la monnaie centrale est le principal passif de la banque centrale.

De par la structure du bilan de la banque centrale, la monnaie centrale est égale à la somme des actifs extérieurs nets et des actifs intérieurs nets. On peut écrire cette identité en termes de flux. Par exemple, lorsqu’un excédent global de la balance des paiements s'ajoute aux réserves internationales nettes de la banques centrale ˗ toutes choses égales par ailleurs ˗ la monnaie centrale augmentera.

L'inverse vaudra pour un déficit de la balance des paiements. De la même façon, si la banque centrale achète des titres d'État ou octroie des prêts aux banques, les actifs intérieurs augmenteront, ce qui entraînera, toutes choses égales par ailleurs, une hausse de la base monétaire.

On peut lier la monnaie centrale et les actifs de la banque centrale, et cela nous permet de voir comment la banque centrale peut agir sur les conditions monétaires grâce à son influence sur la monnaie centrale. Les opérations de la banque centrale qui ont une incidence sur les actifs intérieurs nets (comme par exemple les opérations d'open-market, les prêts à l'État, les prêts aux banques, les achats

ou ventes de devises et les prêts au reste du secteur privé) entraîneront une modification de la monnaie centrale.

Quand la banque centrale effectue des paiements aux résidents, elle tire un chèque sur elle-même. Les résidents peuvent déposer l'argent qu'ils reçoivent sous forme de chèque auprès des banques qui les déposeront, à leur tour, à la banque centrale. Il en résultera une hausse des dépôts bancaires auprès de la banque centrale qui viendra augmenter la monnaie centrale. Aucune autre entité économique n'a cette aptitude.

Comme elle détient le monopole de la création de monnaie centrale, la banque centrale est l'arbitre incontesté de la politique monétaire. Par exemple, voyons comment la banque centrale peut effectuer des opérations d'open-market.

Celles-ci consistent en l’achat de titres, émis soit par l'État, soit par la banque centrale, sur le marché secondaire. Résultat : la banque centrale modifiera le stock de monnaie centrale. Quand la banque centrale achètera des titres d'État parce qu'elle finance le déficit public, le nombre de titres d'État détenus par la banque centrale augmentera, avec une hausse correspondante des passifs, à savoir de la monnaie centrale sous la forme d'une augmentation de la monnaie en circulation.

Quand l'État financera son déficit en empruntant auprès de la banque centrale, les créances de la banque centrale sur l'État augmenteront. Si la monnaie reste à la banque centrale sous forme de dépôt de l'État, alors la position nette de la banque centrale vis-

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à-vis de l'État ne changera pas et, par conséquent, la monnaie centrale ne changera pas non plus.

Mais quand l'État utilisera l'argent emprunté pour faire un paiement au secteur privé, le stock de monnaie centrale augmentera parce que les dépôts de l'État à la banque centrale diminueront. Quand la banque centrale intervient sur le marché des changes, par exemple, pour défendre un niveau particulier de taux de change ou pour acquérir un certain montant de réserves internationales, l'intervention a une incidence directe sur la monnaie centrale, car le volume d'actifs extérieurs nets variera.

Par conséquent, elle aura un impact direct sur la liquidité globale dans l'économie et l'orientation de la politique monétaire. La banque centrale peut aussi influencer la monnaie centrale par le choix du volume et des conditions de ses prêts au secteur bancaire domestique. En règle générale, elle prête aux banques domestiques par le guichet du réescompte (discount window).

Le mécanisme de l'escompte est un instrument de régulation monétaire. L'élément le plus important du dispositif est le taux d'intérêt pratiqué. Le crédit de la banque centrale aux banques est la source de monnaie centrale sur laquelle elle exerce le contrôle le plus direct. Une hausse du taux d'intérêt pratiqué par la banque centrale signale son intention de resserrer les conditions monétaires.

Le crédit étant plus coûteux, les banques auront tendance à réduire leurs emprunts auprès de la banque centrale et à accroître leurs réserves excédentaires. La banque centrale peut aussi stériliser ses

opérations en réalisant une opération de compensation. Par exemple, elle peut compenser l'achat d'un actif ˗ comme l’achat de titres d'État ou de devises ˗ par la vente d'un autre ac f.

Ainsi, la monnaie centrale ne changera pas. Dans ce cas, on dit que l'opération initiale -- l'achat d'un actif -- a été stérilisée, dans le sens où son impact sur la monnaie centrale et donc sur la situation globale de la liquidité dans l'économie a été annulé.

Vidéo 4.5 : Le bilan de la banque centrale

Regardons un exemple numérique illustrant comment la banque centrale peut agir sur la monnaie centrale. Comme on l'a vu, la monnaie centrale est égale à la somme des actifs extérieurs nets (NFA) et des actifs intérieurs nets (NDA).

Si la banque centrale achète des titres d'État d’une valeur de 100 sur l'open-market, ses créances sur l'État augmenteront d'un montant équivalent, de même que les actifs intérieurs nets, AIN. La contrepartie de cette opération sera un paiement aux banques de 100 pour ces titres, qui viendra accroître du même montant les engagements de la banque centrale envers les autres institutions de dépôts. Cela donnera lieu à une hausse de la monnaie centrale de 100.

Dans l'exemple suivant, on voit comment un achat de devises d’une valeur de 70 auprès des banques entraîne une hausse équivalente de la monnaie centrale et des actifs extérieurs nets, AEN, de la banque centrale, une fois que celle-ci a payé les banques. Dans cet

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exemple, l'achat de devises est dit « non stérilisé » car il n'y a pas d'action d'équilibrage de la part de la banque centrale.

Dans le troisième exemple, l'achat de devises est stérilisé: l’achat de devises par la banque centrale est financé par la vente d'obligations d'État aux banques d’un montant équivalent. On observera une augmentation de 70 des actifs extérieurs nets ; l’achat de la monnaie étrangère aux banques entraînera une augmentation des passifs envers les AID.

On notera aussi une réduction des actifs intérieurs nets (vente de titres), ce qui laisse inchangé le total des actifs de la banque centrale. La vente de titres publics réduira du même montant les passifs de la banque centrale envers les AID, ce qui laisse la base monétaire inchangée.

Lorsque la banque centrale effectue des opérations destinées à laisser la monnaie centrale inchangée, suite à des achats de devises ou de titres d'État, on dit qu’il y a “stérilisation”. Enfin, considérons l’effet d’une réévaluation des actifs extérieurs sur les comptes de la banque centrale. Supposons que la banque centrale a un montant d’actifs extérieurs nets de 50 et un montant d’actifs intérieurs nets de 50. La monnaie centrale est égale à 100.

Supposons que la réévaluation de la monnaie nationale vis-à-vis de la devise réduit de 10 la valeur des actifs extérieurs nets détenus par la banque centrale, de sorte que celle-ci enregistre une perte d'évaluation équivalente.

En contrepartie de la baisse de la valeur des AEN, il faudra inscrire une hausse équivalente dans le compte de réévaluation, dans la

catégorie Autres postes (net) de la banque centrale. Une hausse de 10 sera inscrite au compte de réévaluation. Elle apparaîtra comme une réduction des fonds propres de la banque centrale car ces derniers sont inscrits comme actif négatif, et une perte supposera en fait une hausse des fonds propres. Les AIN se chiffreront alors à 60. Les actifs de la banque centrale restent donc inchangés.

Prenons maintenant un exemple de comptes de la banque centrale. Vérifions d'abord l'identité du bilan. On voit que la monnaie centrale qui s’élève à 2218 est exactement égale à la somme des actifs extérieurs nets et des actifs intérieurs nets, 2446 et -228.

Elle se compose de la monnaie en circulation et des passifs envers les autres institutions de dépôts. Ces passifs sont les dépôts que les autres institutions de dépôts conservent à la banque centrale pour respecter les exigences de réserves obligatoires ou pour constituer une réserve supplémentaire de liquidités.

Les actifs extérieurs nets rendent compte de la position de la banque centrale vis-à-vis des non-résidents et les actifs intérieurs nets rendent compte de sa position vis-à-vis des résidents. Les composantes des actifs intérieurs nets sont les créances nettes sur l'État, les créances sur les autres institutions de dépôts et les obligations émises à des fins de stabilisation.

Enfin, la catégorie Autres postes (nets) inclut les fonds propres de la banque centrale. Il est intéressant de noter que les obligations de stabilisation (stabilisation bonds) émises par la banque centrale sont inscrites à l'actif, bien qu'elles soient en fait des passifs de la banque centrale. Cela tient au fait qu'elles sont exclues de la monnaie

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centrale. Le même raisonnement s'applique au compte de capital de la banque centrale, qui est exclus lui aussi du concept de monnaie à haute puissance. On peut utiliser ces statistiques pour se rendre compte de l’évolution économique au sein du pays au cours des années 2010 et 2011.

On peut constater qu'entre 2010 et 2011, la monnaie centrale s'est élargie de 186, dont 83 correspond à une hausse des AEN et 103 à une hausse des AIN. Lorsqu'on regarde la composition des AIN, une grande part de la hausse s'explique par un retrait des dépôts de l'État (qui ont diminué de 202) et il en résulte une hausse équivalente du crédit net au secteur public.

On observe aussi une hausse des créances vis-à-vis du secteur bancaire, qui porte à penser que la banque centrale octroie des liquidités aux banques locales. Un examen plus étroit du bilan de la banque centrale révèle que les autorités monétaires ont cherché à stériliser la hausse de la monnaie centrale en émettant des obligations de stabilisation monétaire, celles-ci ayant augmenté de 405 sur la période.

Dans le pays en question, la banque centrale émet ses propres passifs pour contrôler la base monétaire. On note aussi que, selon toute vraisemblance, l’émission de ses propres obligations de stabilisation assèche les ressources de la banque centrale, comme en fait état la forte hausse des fonds propres, ce qui représente une perte.

Résumons maintenant ce que nous avons vu pendant ce cours. Nous avons appris que la banque centrale est l'entité chargée

d'émettre la monnaie, de réguler le secteur bancaire et de jouer le rôle de prêteur en dernier ressort pour les institutions financières en difficulté.

Nous avons analysé les comptes de la banque centrale et nous avons vu que la monnaie centrale, appelée aussi base monétaire ou monnaie à haute puissance, se compose des passifs de la banque centrale. On a noté l'identité du bilan de la banque centrale selon laquelle la monnaie centrale est la somme des actifs extérieurs nets et des actifs intérieurs nets.

Enfin, nous avons appris que la banque centrale peut prendre des mesures compensatoires de sorte que le stock de monnaie centrale reste inchangé, même si elle modifie d'autres postes de son bilan.

Vidéo 4.6 : Autres institutions de dépôts

Aujourd'hui, nous allons parler des autres institutions de dépôts, c'est à dire, les institutions collectrices de dépôts “autres que” la banque centrale.

Parmi les autres institutions de dépôts, on compte les banques commerciales, les banques d'affaires, les associations d'épargne et de crédit, les coopératives de crédit, etc. C’est ce qu'on appelle couramment le "secteur bancaire". Elles sont dénommées "autres" institutions de dépôts car ce sont des institutions financières collectrices de dépôts autres que la banque centrale.

Comme on l'a vu, les autres institutions de dépôts sont des intermédiaires financiers domestiques qui collectent des dépôts auprès du grand public. Les dépôts du public sont les passifs au bilan

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des autres institutions de dépôts --- ils sont inclus dans le concept de monnaie au sens large. Les autres institutions de dépôts assument plusieurs fonctions importantes au service de l'économie locale.

En premier lieu, elles collectent des dépôts auprès du grand public et en assure la garde. Elles peuvent utiliser les ressources qu'elles ont collectées pour accorder des prêts aux entreprises afin de financer des projets d'investissement, et soutenir ainsi la croissance économique. Elles transforment notamment les dépôts qui sont, par nature, à très court terme, en actifs à plus long terme, comme les titres et les prêts.

Les décisions des autres institutions de dépôts concernant la collecte des dépôts et l'octroi de prêts influent sur le montant de ressources liquides à la disposition des agents du secteur privé ; il s’agira là du montant total de liquidités en circulation dans l'économie.

C’est pour cette raison que le secteur des autres institutions de dépôts constitue un instrument important pour la transmission de la politique monétaire au reste de l'économie. Les statistiques portant sur les autres institutions de dépôts présentent les comptes pour le secteur entier sur une base consolidée.

Nous appelons ce bilan consolidé “Situation des autres institutions de dépôts”. La situation des autres institutions de dépôts est élaborée de façon à ce que le passif inclut tous les passifs des autres institutions de dépôts qui entrent dans le concept de monnaie au sens large. Les passifs des banques commerciales sont

essentiellement constitués de dépôts et ils sont classés par type d'instrument selon leur échéance. Les dépôts à vue sont des dépôts qui restent mobilisables par les clients à leur demande. Tous les dépôts ayant une échéance inférieure à un an entrent généralement dans cette catégorie.

Les dépôts d'épargne et à terme sont des dépôts du public ayant une échéance égale ou supérieure à un an. Les dépôts en devises sont des dépôts du public qui seront payés en devises.

Les passifs des banques commerciales comprennent aussi les passifs des banques envers l’autorité monétaire, et d’autres passifs moins liquides. Les actifs des banques commerciales se composent du crédit accordé aux secteurs résident et non-résident, comme dans le cas de la banque centrale.

Les banques commerciales détiennent généralement des actifs extérieurs car elles financent des opérations de commerce extérieur et effectuent des opérations avec le reste du monde. La position des banques commerciales vis-à-vis du secteur non-résident est présentée sur une base nette.

Cela signifie que tous les actifs sont nets de tout passif des banques à l’égard du secteur non résident, comme les prêts de l’étranger ou les dépôts des non-résidents. Les actifs des banques commerciales se composent en majeure partie de prêts, qui comprennent généralement les prêts à l'État et au reste du secteur public, et les prêts au reste de l'économie.

Comme une grande partie des passifs peut être mobilisée à tout moment par leur clientèle, les banques doivent détenir une portion

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importante de leurs actifs sous forme de réserves, ce qui leur donnera un accès immédiat à des liquidités pour rembourser les dépôts. Les réserves des banques sont généralement détenues sous forme de numéraire ou de bons du Trésor.

Les "réserves obligatoires" représentent le montant que les banques sont tenues de déposer auprès de la banque centrale. Les "réserves excédentaires" sont détenues par les banques au-delà des exigences minimales. Elles sont généralement constituées pour des raisons prudentielles.

Le volume de réserves excédentaires détenu par les banques dépend le plus souvent du taux d'escompte, c'est à dire, le coût d'emprunt auprès de la banque centrale. Il dépend aussi de l'efficience du système de paiement, et donc du niveau de réserves liquides que les banques doivent détenir à des fins de transactions.

Le dernier poste du bilan des autres institutions de dépôts est une catégorie qui inclut tous les postes non classés ailleurs. Il inclura notamment les passifs à long terme, qui n'entrent pas dans la définition de la monnaie au sens large, comme les fonds propres. Il comprendra aussi les comptes de réévaluation, tout comme pour la banque centrale.

Prenons maintenant un exemple de comptes des autres institutions de dépôts. Comme pour la banque centrale, les actifs sont inscrits par pays de résidence (AEN, AIN) et par secteur d'activité économique (privé, public). Les passifs sont constitués essentiellement de dépôts qui sont inscrits par échéance. Les actifs sont essentiellement composés du crédit au reste du secteur privé.

Les actifs comprennent également les créances sur la banque centrale. Il s'agit du numéraire, et des réserves. Entre 2010 et 2011, on voit une accumulation importante de passifs vis-à-vis des non-résidents. Une baisse des actifs extérieurs nets AEN de 493 en témoigne. C'est le signe d'entrées de capitaux étrangers importantes.

Comme on l’a vu au bilan de la banque centrale, celle-ci a acheté une partie des entrées et stérilisé l'expansion des actifs extérieurs nets AEN en émettant ses propres obligations. L'entrée de capitaux étrangers, ou la hausse des emprunts à l'étranger du secteur bancaire intérieur, s'est accompagnée d'une forte expansion des actifs intérieurs nets, AIN des banques et, en particulier, d'une augmentation importante du crédit au reste du secteur privé, qui a augmenté de 1111 entre 2010 et 2011.

Résumons maintenant ce que nous avons vu jusqu'à présent dans ce cours. Nous avons appris que la principale fonction des autres institutions de dépôts consiste à collecter des dépôts auprès du public. Les autres institutions de dépôts peuvent utiliser les ressources collectées pour accorder des prêts au reste de l'économie. Cette fonction accroît le degré de liquidité de l'économie.

On a également vu comment les écritures des bilans consolidés des autres institutions de dépôts sont présentées par pays de résidence et par secteur d'activité économique. On a aussi appris que les dépôts sont les principaux passifs des bilans consolidés des autres institutions de dépôts, et on les inscrit généralement par échéance et par pays de résidence.

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Vidéo 4.7 : Situation des institutions de dépôts

Nous allons maintenant parler de la situation des institutions de dépôts (SID). La SID est établie par consolidation des bilans de la banque centrale et des autres institutions de dépôts. La situation des institutions de dépôts permet de suivre l'évolution du secteur bancaire consolidé. Elle est conçue de sorte que les passifs consolidés de la banque centrale et des autres institutions de dépôts constituent la monnaie au sens large.

La situation des institutions de dépôts était autrefois dénommée "la situation monétaire". Elle est conçue de manière à présenter la monnaie au sens large et ses composantes, les agrégats de crédit et leurs composantes, les actifs et passifs extérieurs ainsi que les autres actifs et passifs de l’ensemble des institutions de dépôts.

La situation des institutions de dépôts est importante car au delà des liens tout juste décrits, elle permet d’associer les statistiques monétaires à la balance des paiements et aux statistiques de finances publiques. Les principaux avantages de cette représentation sont les suivants : la situation des institutions de dépôts est un état consolidé des comptes du système bancaire tout entier, elle présente l'évolution du stock de monnaie au sens large et elle permet aux responsables d'ajuster la politique monétaire.

Pour élaborer la situation des institutions de dépôts, il faut consolider les bilans de la banque centrale et de toutes les autres institutions de dépôts. De même que pour toute consolidation, le processus nécessite l’enregistrement net des positions des institutions de dépôts. Quelles sont les positions entre la banque

centrale et les autres institutions de dépôt qui doivent être enregistrées sur une base nette?

D’abord, les prêts de la banque centrale aux banques devront être déduits des passifs des banques envers la banque centrale. Ils disparaîtront donc des comptes consolidés. Ensuite, les passifs de la banque centrale envers les banques sous forme de monnaie devront être déduits des actifs des banques sous forme de monnaie. Ils disparaîtront aussi dans le processus de consolidation.

Enfin, les dépôts des banques à la banque centrale (un actif pour les banques), qui sont détenus à des fins réglementaires ou de manière volontaire, devront être déduits des passifs sous forme de dépôts de la banque centrale envers les banques. Une fois que les positions opposées des institutions de dépôts seront annulées, on pourra élaborer le bilan consolidé pour le système.

Premièrement, on inscrit les actifs des autres institutions de dépôts par secteur, en termes des crédits au secteur public et au secteur privé. On peut ajouter chacune de ces deux catégories à la catégorie correspondante de la banque centrale.

De cette façon, on peut calculer le crédit total accordé au secteur public et au secteur privé par les institutions de dépôts. On peut voir maintenant combien l'État et le secteur privé ont emprunté ou épargné dans le secteur bancaire.

Ensuite, on peut consolider la position de la banque centrale et des banques commerciales vis-à-vis des non-résidents. Cette position résume la position nette du secteur des institutions de dépôts vis-à-vis des non-résidents. Une position nette positive suppose que des

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prêts ont été accordés aux non-résidents. Une position négative indique une entrée nette de ressources extérieures dans l'économie par suite d'une accumulation d'engagements envers les non-résidents.

Enfin, la catégorie "Autres postes (net)" recouvrira la somme des comptes résiduels de la banque centrale et des autres institutions de dépôts, déduction faite de toute position opposée, y compris tout engagement de l'une ou l'autre institution exclue de la monnaie au sens large.

Au passif, après la compensation des positions, la monnaie en circulation sera le passif le plus liquide des institutions de dépôts et il nous restera alors les dépôts du secteur bancaire inclus dans la monnaie au sens large. On a ainsi réalisé la situation des institutions de dépôts.

Résumons la situation des institutions de dépôts. La situation des institutions de dépôts SID consolide les créances du secteur des institutions de dépôts sur les résidents. Elle consolide aussi les créances du secteur des institutions de dépôts sur les non-résidents. Elle consolide les passifs du secteur des institutions de dépôts qui constituent la monnaie au sens large. La somme de la monnaie en circulation et des dépôts transférables représente M2, la masse monétaire.

La présentation des comptes des institutions de dépôts sera similaire à celle des comptes de ses sous-composantes, la banque centrale et les autres institutions de dépôts. Côté passif, on retrouve une liquidité globale générée par le secteur des

institutions de dépôts ou la monnaie au sens large. En feront partie tous les types de passifs du secteur des institutions de dépôts tout entier qui sont transférables, remboursables à peu ou pas de frais, et assortis d’échéance relativement courte : les billets et pièces en circulation, les dépôts transférables, c'est à dire les dépôts à vue, les dépôts à terme et d'épargne, les dépôts des fonds communs de placement monétaires et les dépôts en devises ; les autres dépôts, sur lesquels il est possible de tirer des chèques, et les autres titres ayant une échéance relativement courte.

À l'actif, la situation des institutions de dépôts indiquera les créances du secteur des institutions de dépôts par pays de résidence et les actifs intérieurs nets par secteur d'activité économique: prêts à l'État, prêts au reste du secteur résident.

La catégorie "Autres postes (net)" correspondra au concept consolidé des "Autres postes net" des institutions de dépôts, y compris les comptes de capital et de réévaluation, nets des flux intersectoriels, et aussi tous les postes au passif du secteur des institutions de dépôts qui n’entrent pas dans le concept de monnaie au sens large.

Faisons une pause avant d’étudier un exemple de comptes de la situation des institutions de dépôts.

Vidéo 4.8 : Exemple

On va maintenant voir un exemple de situation des institutions de dépôts. On voit qu'en premier lieu, la monnaie au sens large est constituée de la monnaie en circulation (circulation fiduciaire), des

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dépôts et d’autres passifs de la banque centrale. On peut noter en particulier que la monnaie en circulation sera égale à la monnaie totale en circulation émise par la banque centrale, déduction faite du montant détenu dans les coffres des autres institutions de dépôts. Les dépôts des institutions de dépôts incluront les dépôts des autres institutions de dépôts et les passifs restants de la banque centrale.

On peut vérifier que la position des actifs extérieurs nets (AEN) sera exactement égale à la somme de la position des actifs extérieurs des autres institutions de dépôts et de la banque centrale. Enfin, on peut vérifier que le crédit net aux secteurs public et privé représenté dans la situation des institutions de dépôts est égal à la somme des créances des banques et de la banque centrale sur le secteur public et le secteur privé, respectivement.

On voit désormais pourquoi la situation des institutions de dépôts représente l'évolution des agrégats monétaires pour l’ensemble de l’économie. Voici quelques observations liées à la période 2010-2011: Gardant en tête les bilans de la banque centrale et des autres institutions de dépôts analysés précédemment, on constate que la position vis-à-vis des non-résidents se détériore fortement après des afflux massifs de capitaux enregistrés par le secteur bancaire.

L'accumulation des actifs extérieurs nets AEN de la banque centrale ne suffit pas à compenser la détérioration du secteur des autres institutions de dépôts. On note aussi que la baisse des actifs extérieurs nets AEN finance le crédit au secteur public et le crédit au secteur privé, qui s'est accru rapidement entre 2010 et 2011. Enfin, malgré l'augmentation importante de ses propres émissions

d'obligations, les efforts déployés par la banque centrale pour réguler l'expansion de la monnaie au sens large ont donné des résultats limités.

Intéressons-nous maintenant aux agrégats monétaires. La situation des institutions de dépôts présente au passif les agrégats qui entrent dans la définition nationale de la monnaie au sens large. Cependant, la monnaie au sens large a plusieurs définitions.

Les plus courantes sont dénommées M1 et M2. M1 et M2 sont les agrégats que la banque centrale surveille le plus fréquemment pour les décisions de politique monétaire. M1 comprend les actifs les plus liquides tandis que M2 inclut aussi certains types d'actifs moins liquides, mais dont l’échéance reste courte. Plus précisément, M1, la monnaie au sens étroit, désigne la somme de la monnaie en circulation et des dépôts à vue, tandis que M2, la monnaie au sens large, inclut aussi les dépôts à terme et d'épargne, les fonds communs de placement monétaires et les dépôts en devises.

On a vu que ces derniers ont une échéance égale ou supérieure à un an, mais on est toujours dans le court terme. Ils sont couramment désignés par le terme "quasi-monnaie", de sorte que M2 est égal à M1 plus les agrégats de quasi-monnaie. L'identité entre actifs et passifs du secteur des institutions de dépôts implique que la masse monétaire M2 équivaut à la somme des actifs extérieurs nets en monnaie nationale et des actifs intérieurs nets.

On peut aussi décomposer les actifs intérieurs nets en : crédit net à l'État, crédit net au reste du secteur privé et "Autres postes (net)". Cette identité se vérifiera aussi pour les flux. Une augmentation de

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la masse monétaire devra se refléter dans une hausse équivalente des actifs extérieurs nets et des actifs intérieurs nets.

On peut ici aussi inscrire les actifs intérieurs nets en ses composantes. Cela sous-entend qu'une hausse du crédit à l'État, accordé par le secteur des institutions de dépôts, accroîtra les actifs intérieurs nets et, par conséquent, l'encours de la monnaie.

On peut aussi interpréter une hausse de la masse monétaire comme venant financer les opérations du secteur non-résident. Si une hausse de la masse monétaire finance les administrations publiques, alors on observera une augmentation du crédit net accordé à l'État par les institutions de dépôts.

Il est important de comprendre comment la situation des institutions de dépôts est liée aux autres secteurs de l'économie.

En premier lieu, la position nette envers les non-résidents sera mise en relation avec le solde de la balance des paiements. On sait que la variation des AEN équivaut à l'accumulation de réserves dans la balance des paiements. Elle sera alors égale au solde des paiements courants, au solde du compte de capital, au solde financier et au solde net du poste des erreurs et omissions.

Il est important de rappeler que la variation en monnaie nationale de la valeur des réserves inclut aussi un effet de variation de change qui figurera dans "Autres postes (net)", comme on l'a vu précédemment. Les actifs intérieurs nets de la situation des institutions de dépôts seront liés au secteur budgétaire par l'entremise du crédit net à l'État.

En font partie les prêts accordés par le système bancaire à l'État pour financer son déficit budgétaire. Cela montre comment la monétisation du déficit budgétaire a un impact direct sur la masse monétaire.

On voit aussi le lien au secteur réel de l'économie : À l'actif, le crédit que le système bancaire accorde au secteur privé a un impact sur le développement et la croissance. Au passif, la demande de liquidités du secteur privé est un déterminant important de l'inflation.

Tout ceci nous permet de comprendre le lien entre la masse monétaire dans l'économie, et les besoins de financements ou les excédents des différents secteurs.

Dans cette partie du cours, nous avons appris que le bilan de la banque centrale et ceux des autres institutions de dépôts sont consolidés pour constituer l a situation des institutions de dépôts.

Nous avons également vu que les passifs consolidés de la situation des institutions de dépôts correspondent au concept de monnaie au sens large. Enfin, on a vu que les flux de financement à destination et en provenance des autres secteurs de l'économie sont représentés dans le bilan des institutions de dépôts.

Vidéo 4.9 : Création de monnaie

Dans cette partie du cours, nous nous intéresserons aux questions d'analyse monétaire. Nous allons étudier le processus par lequel la monnaie émise par la banque centrale est transformée en dépôts, et finit par constituer la masse monétaire. Ce processus montre

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combien il est important de contrôler la monnaie centrale pour influer sur le volume de liquidité dans l'économie.

Commençons notre étude par l'analyse de la création de monnaie dans une économie. Le secteur privé ne gardera pas l'intégralité de ses bénéfices sous forme de numéraire mais en déposera une partie dans les banques commerciales à des fins de garde et d'épargne. On ne s'attend généralement pas à ce que les déposants retirent toute leur épargne au même moment.

Les banques commerciales peuvent donc utiliser une partie du montant qu'elles reçoivent sous la forme de dépôts pour accorder des prêts ou encore acheter des actifs. Ainsi, l'argent déposé dans les banques devient l'instrument utilisé par le secteur des banques commerciales pour prêter au secteur privé. Lorsque les banques accordent des prêts en utilisant les dépôts, elles augmentent la quantité de monnaie en circulation.

Lorsque les prêts sont utilisés et qu’ils génèrent de nouveaux gains, les dépôts effectués par le secteur privé auprès des banques s'accroîtront encore. Les activités de prêt des banques accroissent la quantité de monnaie en circulation. Il y a toutefois un détail important à considérer dans ce processus. Les banques doivent disposer de réserves liquides pour répondre aux demandes de retrait de leur client.

Comme on l'a vu lors de l'examen des comptes des autres institutions de dépôts, les banques détiennent généralement une partie de leurs dépôts sous forme de réserves. Elles sont tenues de déposer une partie de leurs réserves à la banque centrale. Ces

réserves sont connues sous le nom de réserves obligatoires et le système dont elles relèvent est le système des réserves fractionnées. Ceci veut dire qu'elles sont calculées en pourcentage du total des dépôts dans le système.

Les autres réserves, qui dépassent les exigences de la banque centrale, sont détenues pour des raisons prudentielles, afin de permettre aux banques de répondre aux demandes de retrait. Le montant de réserves excédentaires dépendra du degré de volatilité des retraits de la clientèle, et du coût d'opportunité de la détention de ressources liquides.

De manière générale, la banque centrale exige des banques qu’elles maintiennent un niveau minimal de réserves, mais comme les réserves détenues à la banque centrale sont rémunérées par un intérêt très faible, les banques ont tendance à détenir un très faible niveau de réserves au-delà des exigences obligatoires.

Ce processus crée un lien entre la monnaie centrale et la masse monétaire. Comme on l’a vu dans le bilan de la banque centrale, la monnaie centrale se compose des réserves et du numéraire à l’extérieur des banques. Le total de la monnaie en circulation ajouté aux dépôts constitue la masse monétaire.

Par le processus que nous venons d'examiner, les réserves des banques seront liées au montant total des dépôts dans le système. On peut donc voir qu'il y aura une relation entre la monnaie et la base monétaire (monnaie centrale, reserve money), de sorte que la masse monétaire sera égale à un multiple de la monnaie centrale.

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Prenons un exemple simple illustrant le processus de création monétaire.

Dans un modèle simplifié, le processus commence par un premier apport de monnaie centrale par la banque centrale, disons d’une valeur de 100.

L'expansion initiale de la monnaie centrale par la banque centrale entraîne une expansion ultérieure par les banques commerciales due à la multiplication des ressources déposées auprès d'elles. Cela est rendu possible car, sur chaque montant déposé, seule une partie (déterminée par l’obligation de constitution de réserves) devra être détenue sous forme de réserves, et le reste sera prêté.

Une partie de la monnaie reçue sera conservée sous forme de numéraire. Comme dans cet exemple le taux de préférence pour la liquidité est de 5 %, alors sur les 100, une somme de 5 sera gardée sous forme de numéraire. Le reste sera déposé à la banque. La banque détiendra une partie de ces dépôts sous forme de réserves. Et le reste sera prêté, soit le montant déposé moins les réserves.

Le prêt sera utilisé pour acheter des biens et des services et génèrera à terme une autre réserve de liquidités, à hauteur de 5 % du montant du prêt, et un autre dépôt à la banque. Là encore, la banque gardera un certain montant sous forme de réserves et prêtera le reste. Là encore, le prêt sera utilisé pour acheter des biens et des services.

Encore une fois, une partie sera conservée sous forme de numéraire. Et là encore, le reste sera déposé à la banque, et ainsi de suite. Le processus se répètera après la création de nouveaux

dépôts. A la fin du processus, le montant de dépôts créés sera un multiple de la hausse initiale de monnaie centrale.

On voit comment le crédit bancaire est un maillon majeur du processus de transmission de la politique monétaire. L'expansion du crédit conduit à l'expansion de la masse monétaire. Faisons une pause et ensuite, nous prendrons un exemple.

Vidéo 4.10 : Le multiplicateur monétaire

Calculons le multiplicateur monétaire en utilisant un exemple simplifié. Dans cet exemple, les déposants ne gardent pas de numéraire, mais ils déposent tous leurs revenus dans les banques. Les banques ne détiennent que les réserves obligatoires et n'ont pas de réserves au delà du minimum requis.

La banque centrale achète des obligations d'État d’une valeur de 100 dollars dans le cadre d'une opération d'open-market. Par conséquent, la monnaie centrale s'accroîtra donc de 100. Le coefficient de réserves obligatoires étant toujours de 10 %, comme dans le dernier exemple, nous allons montrer comment le volume total de monnaie finira par s'accroître de 1000.

Le processus est le suivant : en achetant 100 d'obligations d'État, la banque centrale génère une hausse de la monnaie centrale de 100. Les banques peuvent alors accorder 100 de nouveau crédit. Une fois les prêts accordés, il y aura 100 dollars de nouveaux dépôts dans le secteur bancaire.

De ces dépôts, les banques garderont 10 sous forme de réserves et utiliseront les 90 restants pour accorder de nouveaux crédits. Une

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fois que les crédits et les prêts auront été utilisés, et des biens et des services achetés, il y aura 90 de nouveaux dépôts générés dans le système. Et là encore, la banque conservera les réserves obligatoires, cette fois à hauteur de 9, puis accordera 81 de nouveaux prêts. Après quoi le processus se poursuivra.

On peut montrer que pour une hausse initiale de 100, le montant total de monnaie s'accroîtra de 1000. Comment fait-on ce calcul ? Et bien, en premier lieu, en achetant 100 de titres publics, la banque centrale augmente la monnaie centrale de 100. Les banques peuvent donc offrir de nouveaux crédits, d’une valeur de 100. Les dépôts des banques augmentent alors de 100. Nous avons donc ici une expansion initiale de la base monétaire, ΔBM.

La deuxième fois, il y aura une hausse des dépôts égale à la hausse de la monnaie centrale moins le coefficient de réserves obligatoires: ΔBM(1-rr) La troisième fois, il y aura une hausse des dépôts égale à la hausse initiale de la monnaie centrale moins le coefficient de réserves obligatoires, à la puissance deux: ΔBM(1-rr)^2 et ainsi de suite, jusqu'à ce que le processus atteigne sa dernière itération. En présence de quoi nous trouvons-nous ?

Et bien, cela ressemble fort a un développement de Taylor. On peut donc écrire M=ΔBM(1+(1-rr)+(1-rr)^2+…..+(1-rr)^n) Il est possible de montrer formellement que l'expansion est égale à la hausse initiale de la monnaie centrale divisée par rr : 1/rr x ΔBM. Dans notre exemple, on sait que rr=10 % et ΔBM=100 ; donc l'augmentation totale de ce stock de monnaie sera de 1000.

Calculons maintenant le multiplicateur monétaire formellement. On peut commencer par la définition de la monnaie centrale et de la masse monétaire. On a vu que la monnaie centrale générée par la banque centrale est égale à la somme de la circulation fiduciaire et des réserves des banques (BM=C+R).

On a également vu que celles-ci se décomposent généralement en réserves obligatoires et réserves excédentaires. On sait que le grand public demande de la monnaie à des fins de transaction, circulation fiduciaire et dépôts: M1=C+D. On vient d'examiner la relation entre le montant de la monnaie centrale BM et la masse monétaire M1.

On peut notamment exprimer la masse monétaire M1 comme multiple de la monnaie centrale BM, M1=mm BM, et on notera ce multiple mm, le multiplicateur monétaire. On peut alors exprimer le multiplicateur monétaire ainsi : ratio monnaie/monnaie centrale et, selon les définitions formulées ci-dessus, on peut écrire : C+D/C+R.

On peut aussi exprimer tous les termes qui entrent dans la composition du multiplicateur de monnaie en termes du ratio vis-à-vis des dépôts. c = ratio numéraire/dépôts = C/D, dénote la préférence du grand public pour la détention de monnaie, et r est le ratio « total des réserves/total des dépôts » = R/D qui donne de l’information sur les réserves obligatoires et les réserves excédentaires.

Ainsi, le multiplicateur monétaire peut être exprimé c+1 / c+r. On voit comment le multiplicateur monétaire augmente suivant une hausse de la préférence pour la détention de numéraire, ou augmente sous l’effet d'une certaine modification du coefficient de

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réserves obligatoires. La banque centrale, en augmentant ou en réduisant les réserves obligatoires, peut agir sur la masse monétaire. Aussi, lorsque les banques décident du montant de réserves excédentaires qu'elles détiendront, elles agiront sur r.

Tous changements dans le comportement des agents quant à la préférence pour la détention de monnaie ou de réserves se répercuteront alors sur la masse monétaire. Il est important de noter que le contrôle exercé par la banque centrale sur la masse monétaire qui découle de son aptitude à agir sur le multiplicateur n'est pas total, parce qu'il ne touche que les réserves réglementaires.

Toutefois, il peut aussi influencer la préférence pour la liquidité et la préférence pour les réserves excédentaires en influant sur le niveau du taux d'intérêt quand elle achète ou vend des titres dans le cadre d'opérations d'open-market. Voyons comment cette théorie s'applique en prenant un exemple numérique/chiffré.

Vidéo 4.11 : Exemple de multiplicateur monétaire

Voyons comment la théorie s’applique en prenant un exemple chiffré : Supposons que le ratio du total des réserves au total des dépôts, r =15 %, et c ˗-- la préférence pour la détention de monnaie ˗-- est égale à 5 %. Le multiplicateur monétaire que nous venons de définir est égal a c+1/c+r , et donc mm = 5,25.

Par conséquent, si la monnaie centrale augmente de 100, la masse monétaire devrait passer à 525. Si l'on veut étendre ces calculs à M2 --- le stock de monnaie au sens large --- et pas seulement la

monnaie au sens étroit, M1 que nous utilisons pour calculer le multiplicateur monétaire, on doit se rappeler que M2 inclut aussi les dépôts à terme et les fonds de placement monétaire, en plus des composantes de M1. Le multiplicateur de M2 inclura donc la préférence du public pour les dépôts à terme et d'épargne, qu'on désigne généralement par T, et FCP pour les fonds communs de placement monétaires.

On peut ensuite montrer que le multiplicateur monétaire pour M2 sera égal à 1 plus la préférence pour la détention de monnaie plus la préférence pour les dépôts à terme et d'épargne plus la préférence pour les fonds communs de placement monétaires, divisé par R+C, tout comme dans le cas de M1. On peut maintenant examiner les principales composantes du multiplicateur monétaire.

On a vu que les réserves obligatoires en sont une des composantes importantes. Elles sont fixées par la banque centrale. Le coût d'opportunité de la détention des réserves excédentaires déterminera le niveau des réserves excédentaires détenues par les banques privées.

Le multiplicateur monétaire dépendra aussi du coût d'opportunité de la détention de liquidité par le secteur privé au lieu de faire un dépôt à la banque. Les principaux déterminants de ces coûts d’opportunité seront les risques de liquidité vis-à-vis des taux d'intérêt en vigueur dans l'économie.

Lorsque, selon les estimations de la banque centrale, la masse monétaire s'accroît trop rapidement, la banque centrale peut intervenir en réduisant la monnaie centrale. On a vu comment ces

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opérations fonctionnent quand on examinait le bilan de la banque centrale : Elle peut vendre des actifs par le biais d'opérations d'open-market. Elle peut accroître le niveau du coefficient de réserves obligatoires pour le secteur bancaire.

Elle peut aussi réduire le montant qu’elle prête aux banques. Inversement, si la banque centrale estime que la croissance de la masse monétaire n'est pas suffisante, elle peut injecter des liquidités dans le système en faisant les opérations inverses, en l'occurrence en achetant des actifs, en réduisant les réserves obligatoires et en accroissant les prêts au secteur bancaire.

Résumons ce cours en nous intéressant aux composantes de la monnaie au sens large. La monnaie centrale (que l’on appelle aussi la base monétaire) et le multiplicateur monétaire déterminent le volume de la monnaie au sens large.

On a vu les différentes composantes du multiplicateur monétaire. On a vu qu'il dépend des réserves obligatoires et des réserves excédentaires des banques et de la préférence du public pour la détention de monnaie. La monnaie centrale, quant à elle, est composée des éléments qu'on a vus dans le bilan de la banque centrale, à savoir les actifs extérieurs nets, les créances nettes sur l'État , les créances sur les banques intérieures, et Autres postes (net).

Toutes les opérations réalisées par la banque centrale avec l'État accroissent la monnaie centrale et, par le biais du multiplicateur, la masse monétaire.

Vidéo 4.12 : Demande de monnaie

Nous allons maintenant étudier la demande de monnaie. Première question: Qu'est-ce qui incite les gens à détenir de la monnaie ? Et aussi : Quelles sont les fonctions de la monnaie ?

D'abord et avant tout, la monnaie est un moyen d'échange. Elle évite d'avoir à troquer des marchandises et à évaluer différentes quantités de marchandises différentes. Elle doit donc être de quelque manière liée à la quantité de produits qui s'échange dans l'économie au cours d’une période donnée.

La monnaie constitue aussi un moyen efficace d'exprimer la valeur de chaque marchandise, et elle est de ce fait l'unité de compte utilisée. Elle doit par conséquent être liée au niveau général des prix dans l'économie. Enfin, la monnaie est un moyen pour les ménages de mettre leurs revenus à l'abri et de transférer leur pouvoir d'achat du présent au futur.

Elle doit donc être liée à la valeur relative d'un report de la consommation d'aujourd'hui à demain. Une telle valeur relative dépendra du taux de rendement de la monnaie, comparé aux rendements des autres actifs financiers.

C'est pourquoi il y a lieu de s'attendre à ce que la demande de monnaie nominale ˗ qu'on dénotera Md ˗ dépende du revenu, Y, du niveau des prix, P, et du coût d'opportunité de la détention de monnaie, i.

Plus le revenu réel est élevé, plus les ménages achèteront des biens et services. Et donc, plus il y aura de transactions. La demande de

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monnaie augmentera. Il y a donc une relation positive entre Y et M. (+) Aussi, plus le niveau des prix est élevé, plus le montant de monnaie nécessaire pour acheter des biens est élevé, et plus la demande de monnaie augmentera. Il y a donc une relation positive entre P et M. (+)

Enfin, plus le taux d'intérêt (ou le coût d'opportunité de la détention de monnaie) est élevé, plus les autres actifs porteurs d'intérêt deviennent une réserve de valeur intéressante. C'est pourquoi la demande de monnaie des portefeuilles diminue. Il y a une relation négative entre i et M.

À ce stade, il nous faut faire une distinction entre demande d'encaisse nominale et demande d'encaisse réelle. La demande nominale est la demande d'un nombre donné d'unités monétaires spécifiques, comme, par exemple, des dollars. La demande réelle est la demande de monnaie exprimée en termes des biens et services que l'on peut acheter avec la monnaie.

On spécifie généralement la fonction de demande de monnaie en termes réels car on suppose que la demande d'encaisse nominale est proportionnelle au niveau des prix. L'élasticité - prix des encaisses nominales est 1. Cela implique que les ménages ne sont pas victimes de ce qu'il est convenu d'appeler "l’illusion monétaire".

La théorie monétaire la plus ancienne, et l'une des plus influentes, repose sur le lien entre la masse monétaire nominale et la valeur de marché de la production qu'elle finance (PY). L'équation quantitative nous dit que la masse monétaire en termes réels est égale à la production réelle multipliée par un facteur de

proportionnalité, k. Si k est constant, cette expression donne la théorie quantitative de monnaie.

Cette théorie suggère l’existence d’un lien direct entre la masse monétaire et le niveau des prix lorsque l'économie est en situation de plein emploi (c.-à-d. Y est fixé). Ainsi, tant que k reste constant, il y a une relation de proportionnalité entre M et P. On dénote "v" l'inverse de k, qui est alors le nombre de fois ou la monnaie M circule au cours d’une période donnée, finançant PY (la valeur de marché de la production).

On appelle v la vitesse de circulation de la monnaie. Une manipulation algébrique de l’équation de quantité fait apparaître la relation entre les variations de la quantité de monnaie et les variations de la valeur de marché des biens. Pour s’en rendre compte, exprimons l'équation de demande monétaire en termes logarithmiques.

En prenant les logarithmes naturels, puis les dérivés, on trouve une relation fondamentale qui associe la monnaie aux prix. Tant que la vitesse de circulation de la monnaie est constante, l'expansion de la masse monétaire au delà de la croissance du revenu réel entraînera de l'inflation. Plus la croissance de la masse monétaire est forte, plus le taux d'inflation sera élevé.

La vitesse de circulation de la monnaie est l'une des variables les plus étudiées de l'économie monétaire. Il s'agit-là d'un concept très utile pour un responsable de la politique monétaire. Si l’on est en mesure de prédire v avec certitude, alors on peut cibler le niveau de

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la masse monétaire qui est conforme avec la réalisation d'un objectif de taux de croissance réelle et de taux d'inflation.

Un examen plus minutieux de v révèle que la vitesse de circulation ne correspond pas à un lien mécanique entre revenu et masse monétaire. Il s'agit plutôt d'un concept entièrement lié à la demande de monnaie.

En fait, la vitesse de circulation et la demande de monnaie sont inversement liées. Que dit la théorie quantitative de la monnaie ? Elle prévoit qu'une augmentation indésirable de la masse monétaire entraînera une accélération de l'inflation dans l'économie. Est-ce que les données corroborent une telle théorie ? On peut vérifier les séries historiques pour voir si cette relation se vérifie.

Le graphique suivant représente la variation moyenne de la masse monétaire au sens large sur la période 2000-2012 en abscisse, comparé à la variation moyenne de l'indice des prix à la consommation (IPC) pendant la même période en ordonnée, pour un grand échantillon de pays.

Une interpolation linéaire des données fait apparaître une relation positive distincte entre la variation de la masse monétaire et la variation des prix, ce qui confirme les conclusions de la théorie quantitative de la monnaie.

Une conclusion importante peut être tirée de la théorie quantitative de la monnaie: en effet, la hausse des prix peut être contrôlée en contrôlant la masse monétaire dans l'économie.

On a vu que si le multiplicateur monétaire est stable, la banque centrale peut contrôler la masse monétaire en contrôlant la monnaie centrale. Elle sera alors aussi en mesure de maîtriser l'inflation dans l'économie.

On a vu comment la banque centrale peut contrôler la monnaie centrale en limitant la croissance des actifs intérieurs nets et des actifs extérieurs nets. Il découle de la théorie quantitative de la monnaie que si la banque centrale est en mesure de contrôler la masse monétaire, elle sera aussi en mesure de maîtriser l’expansion du crédit au secteur privé.

Questions : La vitesse de circulation de la monnaie est-elle réellement constante ? Ces dernières années, on a observé que la vitesse de circulation de la monnaie n'est pas une variable aussi stable qu'on pourrait l'imaginer.

Ainsi, un certain nombre de facteurs associés au développement du secteur financier, à l'accès accru aux services financiers et à l'expansion des instruments financiers, ont une incidence sur la vitesse de circulation de la monnaie dans les pays du monde entier.

Vidéo 4.13 : Demande de monnaie (suite)

Quand pouvons-nous nous attendre à ce que la vitesse de circulation de la monnaie augmente ? Cela se produira lorsque la demande de monnaie diminuera. Cela se produira donc en période de forte inflation, puisque les ménages tenteront de se débarrasser de leurs encaisses avant qu'elles ne se déprécient.

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Cela se produira aussi au cours d'une période marquée par des taux d'intérêt très élevés et, par conséquent, par une augmentation du coût d'opportunité de la détention de monnaie. On s'attendra à ce que la vitesse de circulation diminue si l'économie devient de plus en plus monétisée en raison d’un approfondissement du secteur financier. Il en résultera une hausse de la demande de monnaie.

On peut aussi observer une variation relative de la demande des différentes composantes de la masse monétaire. Par exemple, l’augmentation du nombre de banques ou les avancées techniques, comme les cartes de crédit, les guichets automatiques et les virements électroniques, peuvent accroître la vitesse de circulation parce qu'il devient plus facile de passer de la monnaie aux substituts de monnaie.

Alors la demande de monnaie sous forme d’encaisse pure diminue. La réduction de la demande de numéraire suppose que la vitesse de circulation de M1 augmente, mais il est important de dire que ce mouvement induit également une hausse de la demande des composantes de la monnaie au sens large, à savoir les instruments assortis d'une plus longue échéance.

On observerait donc une baisse de la vitesse de circulation de M2. La libéralisation des flux de capitaux est le plus souvent associée à une réduction du niveau des taux d'intérêt et une expansion des actifs financiers, de sorte que les effets sur la vitesse de circulation ont été contrastés. La banque centrale a besoin d’une estimation précise de la demande de monnaie.

Toutefois, si la vitesse de circulation de la monnaie change en raison de facteurs structurels dans l'économie, la banque centrale court le risque de faire une erreur. Si la banque centrale sous-estime la vitesse de circulation de la monnaie, cela signifie que la demande de monnaie est effectivement plus faible, et il en résultera un excès de monnaie au sein de l’économie.

L'offre excédentaire de monnaie entraînera une poussée d'inflation ou accroîtra la demande de biens extérieurs dans un régime de change fixe et se soldera, au final, par un épuisement des réserves de change. Si la banque centrale surestime la vitesse de circulation et fournit donc trop peu de monnaie, l'austérité monétaire entraînera une hausse des taux d'intérêt et, par conséquent, un ralentissement de l'investissement et de l’activité économique.

Après avoir examiné la théorie quantitative de la monnaie, voyons ce que les banques centrales font en pratique. Concrètement, on constate que les banques centrales du monde entier s'efforcent de prendre des décisions concordantes en vue de réaliser les objectifs parfois contradictoires des politiques monétaires et de change. Ce faisant, elles peuvent mettre en œuvre l’un des quatre régimes monétaires et de change. Suivants :

1) régimes où la banque centrale cible les agrégats monétaires ;

2) régimes où la banque centrale cible le taux de change ;

3) régimes où la banque centrale cible le taux d'inflation ;

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4) régimes éclectiques sans objectif prédéfini. Lorsqu'une banque centrale décide de cibler les agrégats monétaires, elle s'appuie sur la théorie quantitative de monnaie.

La banque centrale cherchera alors à faire en sorte que la masse monétaire dans l'économie concorde avec la demande de monnaie de façon à éviter une hausse indésirable des prix. On a vu que si le multiplicateur monétaire est stable, la banque centrale s’emploiera à contrôler la masse monétaire.

Rappelez-vous que le multiplicateur monétaire est fonction de la préférence pour la liquidité, et du niveau des réserves obligatoires. Dans ce cas, la banque centrale pourra donc contrôler la masse monétaire en réalisant des opérations d'open-market et en fixant le niveau de réserves obligatoires pour les banques.

Au début du cours, nous avons vu que M2 est égal à la somme des actifs intérieurs nets (AIN) et des actifs extérieurs nets (AEN) du secteur des institutions de dépôts. Pour cibler les agrégats monétaires, la banque centrale peut passer par les opérations d'open-market et stériliser toute hausse inattendue de ses propres actifs intérieurs nets AIN ou actifs extérieurs nets AEN, de façon à obtenir une monnaie centrale conforme au niveau recherché de M2 en circulation.

Il s'agit-là du principal cadre de politique monétaire utilisé dans les années 70 et 80 dans les pays industrialisés et, à ce jour, un certain nombre de pays l'utilisent encore. La liste complète de ces pays figure dans la publication du FMI sur les régimes et les restrictions de change.

Dans les régimes qui ciblent le taux de change, la banque centrale se sert du taux de change comme point d'ancrage nominal pour stabiliser les prix. Dans ce cadre, la banque centrale achètera et vendra des réserves de change de sorte que la dépréciation du taux de change soit aussi proche de 0 que possible.

Dans le cadre des régimes de change fixe, la banque centrale s'engage à acheter et vendre des devises à un taux de change donné. Les pays ayant adopté ce régime sont : le Danemark, l'Arabie Saoudite, etc.

Comme on l'a vu, la monnaie centrale est égale aux actifs intérieurs nets AIN et actifs extérieurs nets de la banque centrale. Si la banque centrale achète et vend des réserves pour arriver à un taux de change donné, elle n'exercera plus de contrôle sur les actifs extérieurs nets du bilan du fait que les actifs extérieurs nets fluctueront autant qu'il est nécessaire pour atteindre le niveau recherché.

La banque centrale devra donc effectuer des opérations d'open-market pour stériliser la hausse indésirable des actifs extérieurs nets par une baisse des actifs intérieurs nets de façon à garder la monnaie centrale au niveau voulu.

Toutefois, il arrive souvent que l'opération de stérilisation ne porte pas ses fruits. Et parfois, le contrôle de la monnaie centrale sera perdu en partie ou en totalité.

Les régimes qui ciblent le taux de change ne permettent pas à la banque centrale de mener une politique autre que la stabilisation

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du taux de change parce que les taux d'intérêt intérieurs ne peuvent pas s'éloigner des taux extérieurs.

Les banques centrales qui optent pour un objectif d'inflation utilisent les anticipations d'inflation comme point d'ancrage nominal. Elles mèneront des opérations d'open-market de sorte que le niveau des taux d'intérêt intérieurs en vigueur soit conforme à l'objectif d'inflation annoncée à l’avance.

Dans ce type de régime, le taux de change est flexible et les actifs extérieurs nets NFA ne varient pas, mais la banque centrale ciblera un niveau d’actifs intérieurs nets NDA et, par conséquent, de monnaie centrale, de sorte qu'ils seront en accord avec le taux d’intérêt ciblé. De nombreux pays ont un régime d'objectif d'inflation, et notamment : la Nouvelle-Zélande, le Chili, le Royaume-Uni, la République tchèque, la Pologne et la Roumanie.

Enfin, il y a des pays qui n'utilisent pas de point d'ancrage particulier pour réaliser la stabilité des prix, mais qui ajustent les instruments de politique monétaire pour assurer la croissance économique et un chômage de faible niveau. Il s'agit des États-Unis, de la zone euro, du Japon, de l'Inde et de nombreux autres pays.

À travers l’histoire, les pays se sont orientés vers un objectif d’inflation et les régimes éclectiques car les comptes de capitaux ont été libéralisés, et les banques centrales poursuivent des objectifs de croissance et d'emploi.

Ainsi, on voit que dans les pays avancés, le nombre de régimes éclectiques a fortement augmenté ces derniers temps, tandis que dans les pays émergents, les régimes à objectif d'inflation ont connu

la plus forte hausse. Quels sont les principaux concepts qui ont été examinés dans ce cours ?

En premier lieu, nous avons vu les raisons pour lesquelles les gens détiennent de la monnaie et nous avons établi que le niveau de revenu, le niveau des prix et le niveau des taux d'intérêt sont des déterminants importants de la demande de monnaie.

Nous avons formulé l'équation de la théorie quantitative de la monnaie qui montre que la demande d'encaisses réelles est proportionnelle au niveau du revenu. Il en ressort qu'une hausse non recherchée de la quantité de monnaie donnera lieu à une hausse de l’inflation si la vitesse de circulation de la monnaie est constante.

Enfin, nous avons examiné différents facteurs susceptibles de modifier la vitesse de circulation de la monnaie, ainsi que les risques auxquels les banques centrales sont exposées si leurs estimations de la vitesse de circulation de la monnaie sont erronées.

Vidéo 4.14 : Questions générales

Dans la dernière partie de ce cours, nous aborderons des sujets qui présentent un intérêt particulier pour l'analyse monétaire et les décisions de politique monétaire.

Il s’agit du seigneuriage, des entrées de capitaux étrangers et des vulnérabilités dans le secteur financier. Notre premier sujet est le seigneuriage. Le seigneuriage (appelé aussi profits de l’impression de la monnaie) est la rente à la banque centrale liée au fait qu'elle détient le monopole de l'émission de la monnaie. Il repose sur le fait

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que le coût de l’impression des monnaies est inférieur à la valeur des actifs de la banque centrale. Cette caractéristique a des incidences importantes sur les décisions de politique monétaire.

Pour expliquer cette propriété, supposons que la demande de monnaie dans un pays donné augmente au même rythme que le PIB, comme on s'y attendrait selon la théorie quantitative de la monnaie. Supposons que le PIB progresse au rythme de 4 % par an. Pour maintenir les prix à un niveau stable, la banque centrale doit accroître la masse monétaire de 4 % par an. Elle peut donc accroître la monnaie centrale d'autant sans générer d'inflation.

Le multiplicateur monétaire étant stable, cela suppose que la banque centrale accroisse son bilan de 4 % par an sans autre coût économique que celui de l’impression de la monnaie. L'autre composante du seigneuriage est l'impôt prélevé par l'inflation.

On parle généralement de l'impôt prélevé par l'inflation (ou prélèvement inflationniste) dans le contexte du déficit public. Si l'État exige de la banque centrale qu'elle finance son déficit, celle-ci devra imprimer de la monnaie. Lorsque la banque centrale imprimera de la monnaie, selon la théorie quantitative de la monnaie, elle fera monter les prix.

L’inflation ainsi créée deviendra un prélèvement sur le public, car en imprimant de la monnaie, la banque centrale réduit la valeur des encaisses réelles du grand public. D'une manière plus générale, l'inflation réduit la valeur réelle des passifs de l'État et de la banque centrale. La banque centrale en tire donc un revenu.

Par exemple, si la monnaie centrale correspond à 19,25 % du PIB, un taux d'inflation de 10 % réduira les passifs en termes réels de 1,9 % du PIB. Si la vitesse de circulation de la monnaie n'a pas changé, la banque centrale peut émettre 1,9 % du PIB en monnaie centrale. C’est là le prélèvement inflationniste réalisé par la banque centrale.

Nous passons maintenant à notre deuxième sujet : les entrées de capitaux. Ces dernières années, les comptes de capitaux des pays du monde entier ont été libéralisés et les capitaux peuvent circuler librement en franchissant les frontières nationales.

Des services d'intermédiation financière similaires à ceux que les banques offrent aux épargnants et aux investisseurs d’un pays peuvent désormais être offerts à d’autres pays. Les flux de capitaux renforcent le lien entre la politique économique intérieure et la balance des paiements.

Les marchés financiers mondiaux ont connu un mouvement d’intégration ces deux dernières décennies et la politique monétaire intérieure est de plus en plus imbriquée avec les évolutions monétaires observées à l’étranger.

En cas de mobilité parfaite des capitaux, la moindre différence entre les taux d'intérêt en vigueur sur les marchés des capitaux intérieurs et étrangers provoquera un mouvement important de capitaux. Le resserrement de la politique monétaire dans un pays fera affluer les capitaux.

Quand les pays cherchent à maintenir leur taux de change fixe, les capitaux qui entrent après une tentative de resserrement contraindront la banque centrale à intervenir sur les marchés des

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changes afin d'empêcher la monnaie nationale de s'apprécier. La hausse des actifs extérieurs nets enrayera toute contraction initiale de la monnaie, ramenant les taux d'intérêt intérieurs au même niveau que sur les marchés étrangers.

Quand un pays laisse flotter librement le taux de change après un resserrement de la politique monétaire, la banque centrale n'interviendra pas sur les marchés des changes. Par conséquent, les actifs extérieurs nets ne changeront pas, mais la monnaie nationale s'appréciera vis-à-vis de la devise.

Cela aura tendance à accroître la demande intérieure de biens étrangers et à générer une aggravation du déficit du compte courant qui sera financé par les mouvements de capitaux. Dans la pratique, les banques centrales hésitent souvent à laisser le taux de change trop s'apprécier en raison des conséquences potentiellement dommageables sur la position extérieure.

Pendant les périodes d'entrées de capitaux massives, la plupart des pays ont réagi en prenant un ensemble de mesures, à savoir :

1) une intervention partielle visant à acheter une partie des capitaux entrés, mais permettant une certaine dépréciation du taux de change nominal ;

2) une stérilisation partielle de la hausse des actifs extérieurs nets de façon à enrayer en partie l'impact de la hausse des actifs extérieurs nets NFA sur la monnaie centrale ;

3) une certaine hausse de la monnaie centrale et, par conséquent, une certaine appréciation du taux de change réel.

Parlons brièvement des principales vulnérabilités qui existent dans le secteur financier et comment elles sont gérées par les banques. Il est important que les banques centrales qui prennent des décisions de politique monétaire évaluent la solidité du secteur financier, parce que les décisions de politique monétaire auront un effet direct sur le bilan des banques et pourront affaiblir leurs positions financières.

Quand on parle de "risques" dans le secteur financier, on pense essentiellement à quatre types de risques. Il s’agit du risque de liquidité, du risque de change, du risque lié aux fluctuations des taux d’intérêt, et du risque de crédit.

On s’intéresse d'abord au risque de liquidité. Le risque de liquidité est le risque qu'un choc inattendu donne lieu à un retrait imprévu de dépôts. Il est intrinsèque à l'activité bancaire. Ce risque découle de la fonction de transformation des passifs à court terme, comme les dépôts, en actifs à long terme. C'est pourquoi à aucun moment les banques ne sont en mesure de rembourser la totalité de leurs passifs.

De par sa nature, l'activité bancaire repose sur l'hypothèse que les agents économiques n'auront pas à retirer tous leurs dépôts au même moment. Pour se protéger contre de tels événements, les banques sont tenues de détenir des réserves obligatoires auprès de la banque centrale. Et en général, elles détiennent aussi de la liquidité supplémentaire, en particulier dans les pays où les chocs de liquidité sont fréquents.

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On a ensuite le risque de change. Le risque de change sur le bilan des banques tient aux pertes potentielles occasionnées par la réévaluation des actifs et des passifs après une variation de la valeur de la monnaie nationale vis-à-vis de la devise étrangère.

Comme on l'a vu dans la partie consacrée au secteur des institutions de dépôts, si la position ouverte nette est négative, lorsque le taux de change se déprécie, les pertes des banques liées à la réévaluation des passifs dépasseront les gains liés à la réévaluation des actifs. Des positions ouvertes nettes équilibrées réduiront donc un tel risque au minimum. Si le taux de change a tendance à se déprécier, les banques bénéficieront d'une position ouverte nette positive.

Le troisième risque important qui pèse sur le bilan des banques est le risque de pertes lié à une modification des prix des actifs et passifs des banques à la suite d'une variation des taux d'intérêt. Rappelez-vous que les actifs des banques sont généralement à long terme et que le flux des revenus peut être fixe.

Inversement, les passifs des banques sont le plus souvent à court terme et génèrent des paiements en fonction du niveau des taux d'intérêt dans l'économie.

Les banques peuvent donc enregistrer des pertes ou des gains selon la structure des taux d'intérêt de leur bilan ˗ taux fixe ou flo ant. Elles se couvrent contre le risque de taux en constituant des portefeuilles d'actifs conformes à la structure de taux d'intérêt de leurs passifs.

Et enfin, le plus grand risque qui pèse généralement sur le bilan des institutions de dépôts traditionnelles est le risque de crédit. Qu'est-ce que le risque de crédit ?

C'est le risque qu'un prêt ne soit pas remboursé. Il y a un certain nombre de facteurs micro et macroéconomiques qui influencent la probabilité de remboursement des prêts : par exemple, le stade du cycle conjoncturel auquel se trouve l'économie et le niveau de chômage correspondant.

Tous deux influenceront la probabilité de remboursement des prêts. Il y a d'autres facteurs qu'on doit prendre en considération. Par exemple, il est important de savoir si la charge du service de la dette des ménages est très sensible au niveau des taux d'intérêt car les prêts sont assortis de taux flottants ou s'ils sont très sensibles au niveau du taux de change parce que les prêts sont libellés en devises.

Tous ces facteurs influent sur la probabilité de remboursement des prêts bancaires. Les banques se couvrent contre le risque de crédit en constituant des provisions pour faire face aux pertes liées au défaut. La quantité des provisions dépendra de la probabilité de perte et des antécédents de pertes.

En résumé, les banques centrales devraient analyser les risques qui pèsent sur les bilans ˗ et notamment le risque de liquidité, le risque de change, le risque de taux d'intérêt et le risque de crédit ˗ avant de prendre des décisions de politique monétaire.

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En effet, une vulnérabilité importante du secteur bancaire à l'un ou à l’ensemble de ces risques peut occasionner de lourdes pertes pour le secteur bancaire à la suite d'une décision de la banque centrale.

Prenons quelques instants pour revoir les enseignements que nous avons tirés de ce cours. Nous avons appris à déchiffrer le bilan de la banque centrale et des autres institutions de dépôts.

Nous avons aussi vu comment les bilans de la banque centrale et des autres institutions de dépôts sont consolidés pour analyser l'évolution des agrégats monétaires dans l'économie.

Nous avons examiné comment la banque centrale peut contrôler le montant de la monnaie en circulation en contrôlant la monnaie centrale si les multiplicateurs monétaires sont stables.

Nous avons également vu que la banque centrale doit analyser de près la demande de monnaie avant de prendre des décisions de politique monétaire. Plus particulièrement, nous avons vu que, en application de la théorie quantitative de la monnaie, une offre excédentaire de monnaie sera porteuse d'inflation.

Enfin, nous avons examiné un ensemble de questions que la banque centrale devra prendre en considération avant de prendre des décisions de politique monétaire, à savoir le montant de seigneuriage qu'elle peut extraire, l'impact de ses décisions sur les entrées de capitaux, et la solidité du secteur financier.

Cas pays : tutoriel vidéo (1)

Dans les questions qui suivent, vous allez travailler sur la situation des institutions de dépots de Macronia. En fait, dans les questions qui suivront immédiatement cette vidéo, vous travaillerez uniquement sur le bilan de la banque centrale et sur celui des autres institutions de dépôts.

Nous verrons ensuite comment consolider les deux pour parvenir à la situation des institutions de dépots dans la prochaine vidéo. Intéressons-nous au bilan de la banque centrale, et plus particulièrement, son passif.

Pour remplir le tableau et répondre aux questions suivantes, nous vous recommandons de suivre scrupuleusement l’ordre des questions.

Commençons par les passifs. La base monétaire est égale à la circulation fiduciaire plus les passifs envers les autres institutions de dépôts, soit 2.218. De manière générale, il est relativement facile d’obtenir des informations sur les actifs extérieurs nets.

Dans la plupart des cas, pour obtenir les actifs intérieurs nets, en examinant le bilan de la banque centrale, il peut être nécessaire de faire quelques réaménagements. On peut les calculer comme la valeur des passifs moins la valeur des actifs extérieurs nets. Pourquoi procéder ainsi?

Tout simplement parce que la somme des actifs extérieurs nets et des actifs intérieurs nets est égale aux passifs, donc à la base monétaire. Autrement dit, si vous connaissez la valeur de la base

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monétaire et des actifs extérieurs nets, il est très facile de calculer les actifs intérieurs nets.

Vous pouvez aussi calculer toutes les composantes des actifs intérieurs nets. Plus précisément, calculons les créances nettes sur le secteur public. Elles sont égales aux créances nettes sur les administrations publiques plus les créances nettes sur le reste du secteur public. En l’occurrence, le résultat est -86.

Maintenant, pour calculer les autres postes, net, on peut procéder de deux façons. On peut soit calculer la somme de toutes ses sous-composantes, actions et autres participations plus autres postes, net. Ou vous partez du principe que les actifs intérieurs nets représentent la somme de toutes les sous-composantes, de sorte que l’on peut calculer les autres postes, net, comme les actifs intérieurs nets moins les créances nettes sur le secteur public, moins les créances sur les autres institutions de dépôts, moins les créances sur le reste du secteur privé, moins les titres de stabilisation monétaire. Vous arriverez de la sorte au même résultat.

Pour le bilan des autres institutions de dépôts, vous devez faire exactement la même chose. Vous pouvez donc commencer par calculer le total des dépôts comme la somme des dépôts transférables et des autres dépôts. Vous passez ensuite du côté des actifs et vous calculez les actifs intérieurs nets comme la différence entre les dépôts et les actifs extérieurs nets.

Enfin, une fois de plus, vous pouvez calculer les autres postes, net, de deux manières. D’une part, vous pouvez calculer la somme de

ses sous composantes. Autrement, vous pouvez prendre les actifs intérieurs nets moins les créances sur la banque centrale, moins les créances nettes sur le secteur public, moins les créances nettes sur le reste du secteur privé. Vous obtenez ainsi -3.442.

Cas pays : tutoriel vidéo (2)

Les questions qui suivent concernent le tableau «Macronia : situation des institutions de dépots», sur lequel vous venez de travailler. Cette fois-ci, nous nous intéresserons à la partie inférieure du tableau : la situation des institutions de dépots. Pour commencer, je vais montrer pour 2011 ce que l’on doit faire pour 2012.

Commençons par le calcul de la monnaie au sens large. La circulation fiduciaire va être égale à la circulation fiduciaire du bilan de la banque centrale, 743, moins le numéraire détenu par les autres institutions de dépôts, 197. Les dépôts sont égaux aux dépôts des autres institutions de dépôts, 8470.

Une fois que vous avez ces deux éléments, vous pouvez additionner les trois sous-composantes de la monnaie au sens large, c'est-à-dire vous faites la somme de la circulation fiduciaire, des dépôts, et des autres passifs de la banque centrale comptabilisés comme monnaie au sens large, qui vous a été donné directement. Vous obtenez ainsi la monnaie au sens large, d’un montant de 10284.

Remontons maintenant dans le tableau et calculons tous les actifs des institutions de dépôts. Commençons par les actifs extérieurs nets. Il s’agit de la somme des actifs extérieurs nets de la banque

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centrale, 2446, et des actifs extérieurs nets des autres institutions de dépôts, -580. Nous obtenons 1866.

Une fois que vous avez ces informations, vous pouvez calculer les actifs intérieurs nets. En effet, il faut déduire les actifs extérieurs nets, 1866, de la monnaie au sens large, 10284, pour arriver aux actifs intérieurs nets, ce qui nous donne 8418. À ce stade, nous pouvons commencer à constituer toutes les sous-composantes du crédit intérieur net.

Commençons concrètement par les créances nettes sur le secteur public et plus précisément par ses deux sous-composantes, les créances nettes sur les administrations publiques et les créances nettes sur le reste du secteur public.

Pour obtenir les créances nettes sur les administrations publiques, on fait la somme des créances nettes sur les administrations publiques de la banque centrale, -86, et les créances nettes sur les administrations publiques des autres institutions de dépôts, 931, et l’on obtient 844.

Dans le même ordre d’idées, nous pouvons calculer les créances nettes des institutions de dépots sur le reste du secteur public comme la somme des créances nettes sur le reste du secteur public de la banque centrale, 1, plus les créances sur le reste du secteur public des autres institutions de dépôts, 98. Nous obtenons 98. Si l’on ajoute ces deux valeurs, on obtient les créances nettes sur le secteur public, 943.

A ce stade, nous pouvons calculer les créances sur le reste du secteur privé. Là aussi, il s’agit des créances de la banque centrale

sur le reste du secteur privé, plus les créances des autres institutions de dépôts sur le reste du secteur privé. On obtient ainsi 10072. Si maintenant nous additionnons les créances nettes sur le secteur public et les créances sur le reste du secteur privé, nous obtenons le crédit intérieur net.

Nous pouvons maintenant calculer les autres postes, net, de deux façons. D’une part, nous pouvons prendre les actifs intérieurs nets et en soustraire le crédit intérieur net. D’autre part, nous pouvons simplement additionner les sous composantes.

Calculons ces composantes et vérifions que la somme des sous composantes est égale aux autres postes, net, que nous venons de calculer. Nous additionnons les actions et autres participations des autres institutions de dépôts aux actions et autres participations de la banque centrale. Nous obtenons -817.

Les autres passifs exclus de la monnaie au sens large sont obtenus des données des autres institutions de dépôts (-1806). Nous pouvons maintenant voir que la somme des trois équivaut exactement à -2.597. Nous avons ainsi reconstruit la totalité de la situation des institutions de dépots.

Cas pays : tutoriel vidéo (3)

Vous allez maintenant calculer certains indicateurs à partir des comptes monétaires. Vous allez donc travailler à partir du tableau intitulé «Macronia : indicateurs de comptes monétaires». Dans ce tableau, vous devez calculer le premier groupe d’indicateurs qui se rapportent à la croissance des agrégats monétaires.

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Pour la croissance des agrégats monétaires, la démarche est simple. Il faudra calculer la croissance des actifs extérieurs nets, autrement dit, la variation en pourcentage des actifs extérieurs nets (= aux actifs extérieurs nets à la fin de l’exercice divisés par les actifs extérieurs nets à la fin de l’exercice précédent, moins 1). Nous multiplions par 100. Et nous arrivons ainsi à moins 18 %. (1866/2275-1)*100.

Les calculs pour tous les autres taux de croissance sont les mêmes. Illustrons maintenant le calcul de la contribution de certains de ces agrégats particuliers à la croissance de la monnaie au sens large. Calculons par exemple la contribution de la croissance des actifs extérieurs nets à la croissance de la monnaie au sens large.

En l’occurrence, nous devons calculer la différence entre les actifs extérieurs nets à la fin de l’exercice moins les actifs extérieurs nets à la fin de l’exercice précédent, et diviser cette différence par le stock de monnaie au sens large à la fin de la période précédente, le tout multiplié par 100. Vous obtenez ainsi -4,3 %. [(1866-2275)/9582] *100.

Je vais illustrer cette démarche avec un autre agrégat, le crédit intérieur net. Comme tout à l’heure, il s’agit de la différence entre le crédit intérieur net de deux exercices consécutifs, divisée par le stock de la monnaie au sens large à la fin de la période précédente, le tout multiplié par 100. Vous obtenez ainsi 14,1 %. [(11015-9664)/9582]*100.

Enfin, vous allez devoir calculer d’autres indicateurs, dont certains sont relativement faciles à obtenir. Par exemple, la base monétaire

par rapport au PIB. Pour d’autres, prenons par exemple le crédit rapporté aux dépôts, vous prenez simplement la variable pertinente, en l’occurrence les créances nettes sur le secteur privé, et vous la divisez par — dans le cas qui nous intéresse — les dépôts, puis vous multipliez le tout par 100, pour arriver à 118,9. [(10072/8470)*100].

La vitesse de circulation est sans doute une autre variable intéressante que vous pouvez calculer. Pour ce faire, vous prenez le PIB nominal et vous le divisez par la monnaie au sens large moyenne.

Vous pouvez calculer cette moyenne en prenant la monnaie au sens large à la fin de l’exercice en cours, plus la monnaie au sens large à la fin de l’exercice précédent, divisez par 2. C’est certes une approximation, mais elle n’en est pas moins valide. Et vous pouvez ainsi calculer la vitesse de circulation qui est de 2. [19428/[(10284+9582)/2]]