Œuvre pontificale de la propagation de la foi...janvier – février – emars 2010, n 1, 86 année...

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JANVIER – FÉVRIER– MARS 2010 Numéro 1 La Mission, c est ma vie Haïti : un prêtre témoigne La Mission, c est ma vie Haïti : un prêtre témoigne ŒUVRE PONTIFICALE DE LA PROPAGATION DE LA FOI

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  • JANVIER – FÉVRIER– MARS 2010 �

    Numéro 1

    La Mission, c’est ma vie

    Haïti :un prêtre témoigne

    La Mission, c’est ma vie

    Haïti :un prêtre témoigne

    ŒUVRE PONTIFICALE DE LA PROPAGATION DE LA FOI

  • Janvier – Février – Mars 2010, N° 1, 86e année

    Revue d’information et d’animation missionnaireau service de l’Église canadienne, publiéepar l’Œuvre pontificale de la propagation de la foi.

    Conférence des évêques catholiques du Canada :Mgr Eugène Tremblay (évêque ponens)Directrice nationale des Œuvres pontificales missionnaires : Huguette Le BlancRédacteur en chef : José I. [email protected] Ont collaboré à ce numéro :Huguette Le Blanc, José I. Sierra, Michel de Gigord

    Coût de l’abonnement :10 $ pour un an (4 numéros)15 $ (abonnement de soutien pour un an)TPS et TVQ inclusesPour s’abonner :Téléphone : 514 844-1929 Sans frais : 1 866 844-1929Télécopieur : 514 844-0382Par courriel : [email protected]

    Conception et infographie : Charles LessardNumérisation : Composition Orléans Inc.Prépresse et impression : Imprimerie Litho Milles Îles LtéePage couverture : Chemin de croix © Norbert JUNG – esprit-photo.com

    Œuvre pontificale de la propagation de la foi175, rue Sherbrooke EstMontréal (Québec) Canada H2X 1C7Téléphone : 514 844-1929 Sans frais : 1 866 844-1929Télécopieur : 514 844-0382Par courriel : [email protected]

    Conseil d’administration :Huguette Le Blanc (présidente), Mgr André Gazaille,Benoît Cardin, Jean-Claude Bergeron, m.s.a.,François Jacques, ptre,Martin Proulx, f.m.j.,Lise Tremblay, m.i.c.,Michelle Payette, m.i.c.,Diane Daneau,Huguette Bergeron-Fortin etSolange Blaquière-Beauregard

    La revue UNIVERS est répertoriée dans l’ARGUS des communications et est membre del’Association canadienne des périodiques catholiquesISSN 0381-9876Dépôt légal : Bibliothèque Nationale du QuébecEnvoi de poste – publications – enregistrement n° 09585Numéro de convention : 40007626Nous remercions le gouvernement du Canadade l’aide financière qu’il nous apportepour nos dépenses d’envoi postal,par l’entremise du programme d’aideaux publications (PAP),N° d’enregistrement 09585.

    SOMMAIRE

    José I. Sierra Rédacteur en chef

    3 Billet de la Directrice nationale Par Huguette Le Blanc

    4 Haïti : un prêtre témoigne Entrevue réalisée par José I. Sierra

    7 Au service des enfants de Cochabamba

    Entrevue réalisée par José I. Sierra

    10 L’autre… ou celui que je n’ai pas choisi Par Michel de Gigord

    12 La Mission, c’est ma vieEntrevue réalisée par José I. Sierra

    16 La Moisson de l’Église en Asie centralePar Univers

    20 Mission Monde

    22 Abonnement / Intentions missionnaires

    23 Aidons l’Église missionnaire…

  • 3JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010 �

    BILLET DE LA DIRECTRICE

    NATIONALE

    Huguette Le Blanc Directrice nationale des Œuvres pontificales missionnaires

    [email protected]

    D ans sa lettre aux gens de Corinthe,l’apôtre Paul écrit : «L’amour trouve sajoie dans la vérité. Il excuse tout, il croittout, il espère tout, il endure tout. L’amour nedisparaît jamais» (1Co 13, 6-8). L’apôtre parle de l’amour comme un

    homme qui a fait une expérience profonde desa petitesse. Il en parle comme un homme quia encore sur les lèvres le goût de la poussière.Il en parle comme un homme dont la vie aété traversée par un regard miséricordieux. Leseul regard capable de désarmer l’orgueil etla suffisance de Paul.L’apôtre parle comme un homme dont le

    cœur a été ouvert par une parole : «Saül, Saül,pourquoi me persécutes-tu ? Je suis Jésus, c’estmoi que tu persécutes. Saül, Saül... relève-toi... » (cf. Ac 9, 4-6). Cette parole était la seulecapable d’en faire un homme nouveau, quireprendrait sa marche vers la cité afin de té-moigner, avec un cœur repenti, que l’Amourest vivant à jamais.

    «Cet homme, dira le Seigneur à Ananias,l’un des disciples de Damas, est un instru-ment que je me suis choisi pour répondrede mon nom devant les nations... Je lui montrerai moi-même tout ce qu’il lui faudrasouffrir pour mon nom» (Ac 9, 15). La mission de Paul s’amorçait et les obsta-

    cles n’allaient pas tarder à se mettre en place.Heureusement, le Ressuscité, qui savaitque la croix de son Sacrifice portait toutesles croix humaines, ouvrait devant lui deschemins à l’Évangile. Saisi dans tout son être par l’Amour, Paul

    se met à prêcher avec enthousiasme et zèleafin de «prouver que Jésus est bien le Messie»(Ac 9, 22). Il parle de l’amour comme un homme

    L’Amour est vivant à jamais

    qui sait ce que signifie se désapproprier desoi-même et «naître à nouveau», commeJésus l’avait proposé un jour à Nicodème (cf. Jn 3).L’apôtre prend la route des nations. Il fait

    traverser la Parole sur d’autres rives. Il lasème à temps et à contretemps. Il la sèmedans les campagnes, dans les villes et jus -qu’au centre du pouvoir de son temps caren lui résonne, comme un battement de cœurde Dieu, la Charte du Royaume: «Bienheureuxles pauvres... Bienheureux les artisans de paix...les affamés et assoiffés de justice... » (Mt 5). Paul fait de sa vie un hymne à l’Amour. Il

    fait de sa vie une offrande au Christ et, parlui, une offrande à la Trinité très sainte. Il atout reçu de l’Amour et tout donné par amour.Il a bu à pleine vie la coupe de son baptême.Cet apôtre est devenu un exemple pour

    des générations de disciples-missionnaires,qui ont pris comme lui la route des nationsafin de proclamer que Christ est vivant à jamais. Parmi ces disciples, plusieurs sontmorts martyrs, comme on le souligne dansce numéro d’Univers. Leur itinéraire et leursang versé confirment, une fois de plus, que« l’amour ne disparaîtra jamais». Que leur témoignage ravive notre foi et

    nous donne le courage d’écrire nous aussiquelques pages inédites des Actes des Apôtresavec nos vies !

  • 4 � JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010

    À travers les médias, nous avons tous vuet lu quelque chose sur le terrible séismequi a frappé Haïti. Nous avons vu l’aideinternationale qui arrivait sur le tarmac del’aéroport, les reportages spéciaux montrantdes secouristes et des médecins en action, lesONG d’ici et d’ailleurs, s’empressant d’offrirleur soutien aux survivants afin de contreba-lancer l’ampleur du drame, le nombre desmorts qui se multipliait chaque jour...et quiajoutait au deuil, à la faim, à la soif. Nousavons vu la joie renaître sur les visages àchaque petit miracle qui confirmait qu’onavait retiré une personne vivante des décom-bres. Nous avons contemplé la longue proces-sion des rescapés... et nous avons entenduleurs chants de louange. Comme il nous a tou-ché ce peuple qui, dans cet immense cimetière

    qu’était devenu Port-au-Prince, était encorecapable de dire son espérance.

    La Parole de DieuLe père Pollux Jean sait tout cela. Il est

    fils de ce grand peuple. Pour le personnel desŒuvres pontificales missionnaires du Canada,il a témoigné, montrant les photos prisesdans les jours qui ont suivi le séisme, com-mentant pour que l’on se souvienne, pour quepersonne n’oublie ce peuple martyr...« Ici, vous pouvez voir la cour des Sœurs, qui

    est méconnaissable, raconte-t-il, photo graphieà l’appui. La plupart des églises ont été dé-truites, même notre cathédrale. Mais pas sacroix. Jésus est resté sur la croix. Et c’est là queles gens sont venus l’adorer et le contempler.Jésus est encore une fois resté debout pour sau-

    Port-au-Prince, Haïti, 12 janvier 2010. Il est 16h48 quand, sans aucun motif, le père Pollux Jean décide de sortir de sa maison et d’entrer dans sa voiture. Immobile, il attend... À 16h53,

    un bruit sourd envahit tout l’espace. Sa voiture est secouée comme si elle était sur une mer agitée, en pleine tempête. « Seigneur, prends pitié... Seigneur, prends pitié... »,

    ne cesse-t-il de répéter. Quand il se risque à ouvrir les yeux, il voit l’horreur autour de lui. En quelques instants seulement, le paysage qui lui était familier a disparu.

    Certes, il est vivant, mais le pasteur qu’il est cherche déjà à retrouver ses brebis. La revue UNIVERS a reçu son témoignage en février dernier.

    Par | José I. Sierra

    Haïti : un prêtre témoigne

    Père Pollux Jean

    L’église du Sacré-Cœur après le tremblement de terre.

    Haïti : un prêtre témoigne

    L’église du Sacré-Cœur après le tremblement de terre.

  • 5JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010 �

    ver le peuple haïtien, affirme-t-il. Beaucoup debâtiments sont tombés. Mais ce n’est pasgrave. Dieu est là… Sa Parole est encore an-noncée… Toutes les choses passeront, mais laParole de Dieu ne passera jamais, dit-il avecune conviction inébranlable. Même sous lecoup de la mitraille, la Parole de Dieu va se répandre partout, partout !

    Il y 2000 ans, il n’y avait pas de cathédralesou d’églises, pas de haut-parleurs… rien. Jésuset ses apôtres œuvraient sous le soleil de la Galilée, parcourant les villes pour annoncerla Bonne Nouvelle du salut. Nous allons conti-nuer... Même si toutes les églises sont tombées,le prêtre ne doit pas pour autant abandonnerson ministère. La messe doit être célébrée.Qu’elle se célèbre dans la cour, devant la cathédrale en ruines ou ailleurs, elle doit êtrecélébrée. Christ est vivant...»

    Homme de foi et d’actionCe prêtre du diocèse de Port-au-Prince ne

    fait pas que dire des belles paroles. C’est aussiun homme qui agit.« Je marchais dans les rues, au milieu des

    décombres et des gravats. Je portais ma sou-tane et mon étole, et j’avais le livre des rituelsen main. Pendant qu’on s’apprêtait à mettredes corps dans les fosses communes, je disaisà ceux qui étaient chargés de le faire, de melaisser quelques instants pour prier... pourprier encore, pour bénir et donner l’absolution.Des parents me suppliaient de venir auprès deleur enfant décédé avant que l’on emmène leurdépouille. Ils me disaient : ‘Père, veux-tu prierpour lui et lui donner l’absolution ’.»

    Le père Pollux se laisse toucher profon -dément. Il réalise qu’aucune formation uni-versitaire ne peut préparer un prêtre à faireface à tant de souffrances. Il n’y a que lagrâce, la compassion et l’amour... « Je n’étais pas loin de ma maison quand

    j’ai entendu une voix venant d’un bâtimentécroulé. Une petite fille était prise sous les décombres, à l’intérieur de son école. Blessée àun pied, elle me disait qu’elle avait passé lanuit dans la cour et qu’elle n’arrivait pas àcommuniquer avec sa famille. Je l’ai fait trans-porter chez-moi. J’ai lavé sa plaie et je l’ai soignée avec les médicaments dont je disposais.Après six jours, elle pouvait marcher. J’étaisvraiment content d’avoir rendu service à cettepetite... De retour dans son village, elle a dit àtout le monde qu’elle serait morte si un prêtrene l’avait pas sauvée. Ce n’est rien... mais jesuis heureux d’avoir été utile ce jour-là.»

    Se prendre en mainPlus d’un mois s’est écoulé depuis le trem-

    blement de terre. La vie reprend peu à peu.Les commerces ouvrent leurs portes et lespetits vendeurs, leurs étals en bordure desrues. Les enfants retrouvent leur classe im -provisée dans une cour ou sous une tente.Les odeurs de cuisine parfument l’air... et lesrires des enfants sont une musique que l’oncroyait disparue à jamais. Mais Haïti est encore en deuil. Un million de personnes estsans domicile... Le père Pollux, visiblement attristé par le

    sort de son peuple, s’interroge lui aussi surl’avenir d’Haïti. « Ce n’est pas la fin du monde, mais la fin

    d’un monde. Tout est à reconstruire. On esten droit de s’interroger très sérieusement :Qu’adviendra-t-il demain ? Qu’est-ce que lepeuple haïtien doit faire, ou sera en mesurede faire à court, moyen et long terme ? Est-cequ’il passera toute son existence à recevoir del’aide humanitaire ? Non.

    Je crois qu’en bout de ligne, ce sont les Haïtiens qui doivent prendre leurs responsa -bilités en main. Et cela doit passer par une rééducation considérable. Un vieux proverbechinois dit ceci : ‘ Si tu donnes un poisson àun homme, il se nourrira une fois. Si tu lui apprends à pêcher, il se nourrira toute sa vie ’.C’est, à mon humble avis, ce qu’il faudrafaire avec chaque Haïtien; lui apprendre àprendre sa vie en main. »

    Funérailles de Mgr Joseph Serge Miot, archevêque de Port-au-Prince, et de son vicaire Charles Benoît.

  • 6 � JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010

    après la mort de Jésus sur lacroix. Je la propose au pèrePollux...« En effet, ils étaient vidés.

    Vous savez, c’est dans les moments de détresse queJésus apparaît. Il est toujourslà pour nous rassurer et nousdire qu’il ne faut pas se décou-rager. Les disciples d’Emmaüs,c’est nous. C’est nous avec notre faiblesse humaine. Mais, voussavez, ils avaient la foi... Au

    moment du partage du repas, quand Jésusa rompu le pain, ils ont pu le reconnaître.Nous, peuple d’Haïti, nous, chrétiens du monde,saurons-nous le reconnaître dans notre vie, lereconnaître durant les temps d’épreuve ?

    En tant que prêtre, je sais que j’ai un rôleparticulier. Le prêtre doit être une présence significative et doit savoir conduire le peupleau Christ. L’Église entière a besoin de la pré-sence des prêtres pour aider les fidèles à traverserles épreuves, à remonter la pente... »

    La foi construite sur le rocHaïti est un peuple d’une grande foi et le

    père Pollux Jean en est une preuve vivante. « Ma maison a heureusement été épargnée.

    En même temps, je sais qu’elle avait été bienconstruite. J’ai fais appel à mon frère qui estingénieur, avec qui j’ai appris un tas de choses,et j’ai veillé à ce qu’elle soit bien solide. C’estde même avec la foi. Elle doit être construitesur le roc, sur du solide. Et cela m’amène à mequestionner. Est-ce que nous construisons véri-tablement notre foi sur le roc ? Si c’est le cas,alors les cyclones, les tremblements de terre intérieurs ne pourront jamais nous détruire.Moi, je suis de ceux qui ont cette foi là. J’ai lacertitude que c’est elle qui a permis que je soisdebout aujourd’hui. J’ai aussi une dévotionspéciale à la Vierge, que je prie pour me res-sourcer et me vivifier. Je suis sous la haute protection divine », lance-t-il dans un grandéclat de rire.Après tant de larmes et de deuils, cet éclat

    de rire est comme un arc-en-ciel après unorage. Haïti est un peuple qui vit dans le‘bondyé bon’ (Dieu est bon). Un peuple dedisciples de Jésus. Un peuple qui sait qu’il vas’en sortir. Et tout au long de ce pèlerinagevers la lumière, l’Église missionnaire l’accom-pagnera.

    Les Sœurs de Sainte-Croix reçoivent des enfants dans leur cour.

    Cap sur l’avenirPréparer les survivant(e)s à rebâtir leur

    pays, à se mettre au service de leurs frères etsœurs, voilà le défi. Les besoins sont phy-siques, économiques, mais aussi spirituels.« Il y a environ 160 prêtres au Grand Sémi-

    naire, souligne le père Pollux, qui doivent êtreslogés et formés. Leur année académique estperdue. Plusieurs sont décédés... d’autres vontvouloir abandonner à cause de leur mauvaiseexpérience. Il en va de même chez les diversescongrégations religieuses. C’est triste de leconstater, mais c’est une perte pour l’Église.

    Je pense à l’avenir des jeunes. Les écoles sesont écroulées. Plus de 60000 étudiants ont terminé leurs études secondaires. Qui paierapour leur éducation universitaire ? Les petits,quant à eux, reprendront leur cours dans desmaisons. Ils étudieront dans la peur, trauma-tisés pour des années.

    Les images de désastre sont gravées dans lamémoire des gens. Les bâtiments, on peut lesremettre debout, mais les gens qui sont tombéspsychologiquement, comment faire pour leurenlever leur désarroi, leur détresse ? Ce qui mesemble le plus important c’est la reconstructionde la personne, la reconstruction intérieure desenfants, des jeunes et des adultes.

    Il faut garder la foi, poursuit-il avec ferveur.Il ne faut pas se décourager, se laisser emporterpar la frustration... car rien n’est impossible àDieu. Ce travail énorme attend le prêtre et tantd’autres personnes qui vont devoir enseigneret transmettre la foi. Une foi vivante, capablede les aider à transformer leurs peurs et frus-trations en espérance.»

    Les disciples d’Emmaüs, c’est nousL’image des disciples d’Emmaüs me vient à

    l’esprit, eux qui marchaient dans la désolation,éprouvés par la tournure des évènements

  • 7JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010 �

    Au service des enfants de CochabambaDominique Leman a servi pendant deux ans comme laïque missionnaire à Cochabamba, en Bolivie. Son témoignage nous rappelleque la Mission est la vocation de toute personne baptisée. Servir les plus petits et les plus pauvres est un appel et une grâce.

    « Un jour, un appel a résonné en moi...Quelque chose se précisait... Je savais queje voulais servir les autres. Je comprenaisque j’avais beaucoup reçu de Dieu et quele temps était venu de donner à montour. »À 23 ans, Dominique s’engage com -

    me bénévole dans le cadre d’un projetde coopération de cinq semaines, Ellese rend au Pérou. L’expérience est si enrichissante qu’elle y retourne l’annéesuivante.La mission est une semence qui germe

    dans la bonne terre de son cœur et quicontinue de donner du fruit. Après lePérou, elle part trois mois au Kenya afin

    de collaborer avec des missionnaires canadiens. Faire la catéchèsepour des jeunes adultes la comble de bonheur. « Ce n’est qu’à partir de ces expériences, explique-t-elle, qu’est né le

    désir de vivre une expérience missionnaire de longue durée.»

    Une bonne préparationDominique approche la trentaine quand elle s’inscrit au Programme

    intercommunautaire de formation missionnaire. Elle sait, par expé-rience, qu’une bonne préparation est essentielle. « Pendant la formation, des prêtres, des religieuses, des laïcs nous

    accompagnent et nous orientent pour mieux identifier nos aspirations,nos désirs, nos besoins, etc. C’est une démarche sérieuse. Et c’est juste-ment cette approche qui aide à persévérer, à passer à travers les momentsplus difficiles... »Suite à ses deux années de formation, Dominique, qui parle déjà

    l’espagnol, choisit la Bolivie comme terre de mission.« J’étais laïque associée à la congrégation des sœurs Missionnaires de

    l’Immaculée-Conception, qui œuvrent dans différents pays d’Amériquelatine. Grâce à la correspondance établie avec une missionnaire enposte à Cochabamba, j’ai découvert peu à peu les besoins qui existaientdans cette ville... et j’ai trouvé ceux qui correspondaient à mes compé-tences professionnelles. Alors, je suis partie pour la Bolivie...»

    Par | José I. Sierra

    BOLIVIE

    Dominique Lemanavec une jeuneBolivienne.

    Au service des enfants de Cochabamba

  • 8 � JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010

    Premiers pas en BolivieAller à la rencontre de l’autre, c’est aller de

    découverte en découverte.« Au début, c’est l’émerveillement de la

    première rencontre, des personnes et de leurculture. Moi, j’étais fascinée par leurs traits,leur façon de vivre, leur environnement. Jeles voyais très différents de moi... 60% des Boliviens sont des autochtones. Ils parlent lequechua ou l’aymara... Heureusement, dansla grande ville de Cochabamba, je pouvais parler l’espagnol avec les gens.

    familles. Si ce retour à la maison ne pouvait sefaire, ils étaient placés dans un foyer degroupe, avec une quinzaine d’autres enfants,de façon plus permanente, c’est-à-dire jusqu’àl’âge de 18 ans.»

    Atteindre ses limitesMême si la situation est difficile au refuge, la

    jeune missionnaire ne ménage pas ses efforts.Ce n’est pas une mince tâche de prendre encharge des enfants au passé difficile, ayant vécudans des conditions familiales inadéquates :expériences traumatiques, abus, négligence,etc. C’est une épreuve dont Dominique se souvient encore.« On m’avait prévenue durant ma formation,

    me disant que, souvent, ces types d’expériencesnous confrontent rapidement à nos limites. Jesavais bien que cela arriverait un jour. Maisje ne savais pas que cela arriverait si tôt, aprèsseulement quelques mois au pays...

    J’étais formée pour travailler avec desadultes... et à Cochabamba, il y avait un be-soin urgent d’intervenir auprès des enfants.Cela me demandait beaucoup. Il fallait ap-prendre sur le tas… Je me sentais très limitée,pas assez outillée pour accomplir mon travail.Cette expérience m’a permis de prendreconscience que cette mission était plus difficileque je l’avais pensée et que j’étais incapablede fonctionner toute seule.»Tenace et persévérante, Dominique cherche

    aussitôt des moyens concrets pour réaliserjusqu’au bout la mission qu’on lui a confiée.Elle demande à une psychologue de l’aider dansson approche thérapeutique. Elle deman de àun accompagnateur spirituel de l’aider à discerner ce qu’elle vit. Elle participe quoti-diennement à la prière avec les Sœurs mis-sionnaires et, pour libérer un peu de stress,elle joue au tennis et va à la piscine. Avec toutesces balises, l’expérience peut se poursuivre...

    « Il faut dire que j’arrivais avec ma menta-lité de nord-américaine où il est importantd’être organisée, d’être efficace, de bien travail-ler, etc. Avec le temps j’ai appris à lâcherprise, à reconnaître l’importance de célébreret de fêter. Les Boliviens sont un peuple festif.À chaque occasion qui leur est donnée, les Boliviens enfilent leurs costumes, jouent de lamusique, dansent et défilent dans les rues.C’est un aspect de leur vie que je n’ai pas compris tout de suite. Célébrer et prier fait partie de leur joie de vivre.

    Cathédrale de Cochabamba, Bolivie.

    Comme laïque missionnaire, j’avais à vivreparmi les Sœurs de la communauté ainsi querendre service à la communauté bolivienne.Tout cela s’est précisé au cours du premiermois.

    En tant que psychothérapeute, ma tâcheprincipale était de travailler avec des enfantsde la rue, principalement des filles âgées entre8 et 12 ans. C’était une expérience difficile àvivre, aux plans humain et professionnel.

    Une des raisons étant qu’on ne savait jamaiscombien de temps les enfants allaient être avecnous. On n’a pas encore là-bas une organisa-tion sociale avec des familles d’accueil, commecela existe au Canada.

    Le refuge où on les accueillait était unlieu de transition. Les enfants y restaient entreun mois et un an et demi. Ils attendaientdans l’espoir de retourner un jour dans leurs

  • 9JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010 �

    La situation économique est très difficile.Même s’ils travaillent très fort, beaucoup d’entre-eux vivent dans une grande pauvreté.Célébrer est donc leur façon de vivre le quo -tidien, de renouer avec sa beauté et de lui redonner sa dignité. Sans cela, la vie n’auraitpas de sens pour eux. »

    Être témoinTrès prise par son travail de thérapeute,

    Dominique n’a pas souvent l’occasion de partager la Parole de Dieu, de partager sa foien Jésus ressuscité.

    « Travailler avec les enfants, les aider et êtreprésente pour eux, était une façon de vivre intensément ma foi. Pendant que je pour -suivais ma formation missionnaire en terre bolivienne avec les Pères Maryknoll, on a parléde la Mission d’une manière qui m’a rejointe :la Mission comme processus d’humanisationdes conditions de vie des personnes, commemoyen de leur redonner leur dignité humaine.Être envoyée au nom du Christ, au nom de mafoi au Christ, pour répondre à un besoinconcret, pour me donner... c’était ma mission.

    Avec le temps, j’ai aussi appris à recevoir.J’allais en mission pour donner, mais j’ai reçubeaucoup de la part des personnes rencontrées.En ce sens, les autres ont vécu leur missionavec moi. »

    Et au retourUne expérience de deux ans en Bolivie,

    est-ce que cela change une personne ? Je posela question à Dominique.

    « J’ai vécu tellement de choses pendant cesdeux années que je suis toujours en train dedéballer le cadeau. Ce que j’apprends encore,c’est que la réalité de la vie, telle que je la perçois, est plus complexe maintenant qu’ellene l’était avant cette expérience missionnaireen Bolivie. Aujourd’hui, j’ai moins d’idées préconçues sur les êtres et les choses.

    Quant à ma foi, elle est plus nuancée. J’airedécouvert les Écritures à travers des partagesbibliques. Tout cela m’a permis de voir que lafoi se vit de différentes façons, autant dans leséléments de la spiritualité autochtone que dansl’Église latino-américaine.

    Mon regard sur la culture d’ici a changé luiaussi. Je vois toujours notre société de consom-mation, notre difficulté à accueillir l’autreavec sa culture propre... parfois je vois notremorosité alors que l’on a tellement de privi-lèges : la santé, de quoi manger, un toit sur nostêtes, etc. Mais je ne peux plus vivre tranquille,vivre sans les autres, vivre sans penser aux personnes qui luttent pour leurs droits, sanspenser aux enfants qui souffrent... commeceux que j’ai vus en Bolivie ou ailleurs. »

    Le Programme intercommunautaire de formation missionnaire est pris en charge par différentes commu-nautés religieuses : Société des Missions-Étrangères,Sœurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception, Missionnaires de la Consolata, Sœurs Missionnaires deNotre-Dame d’Afrique et les Missionnaires d’Afrique.

    En tant que

    psychothérapeute,

    ma tâche était

    de travailler

    avec des enfants

    de la rue,

    principalement

    des filles âgées

    entre 8 et 12 ans.

  • 10 � JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010

    L’autre… ou celui que

    je n’ai pas choisi

    Le père Michel de Gigord, des Missions-Étrangères de Paris, a travaillé en Malaisie et,

    après des études d’islamologie à Rome, est parti travailler aux Philippines.

    Il nous parle ici de la peur de l’autre, du nécessaire dialogue et de respect.

    J ’ai personnellement vécu la rencontre avecl’autre en quatre étapes, de difficulté crois-sante. • L’étape du séminaire : De milieu aristocrato-militaire, je me suis vu pour la premièrefois de ma vie entouré de séminaristes quasiment tous issus de la classe paysanneet ouvrière. Nous étions tous, bien sûr, catholiques et français, mais de milieux différents. Premier choc, relativement facileà gérer.

    • L’étape à Rome : Ce fut au cours de mestrois années d’études à la Grégorienne. Mesprofesseurs et tous mes camarades declasse provenaient du monde entier. Nousétions tous catholiques, mais de pays etdonc de cultures très différentes. Deuxièmechoc déjà plus difficile à gérer.

    • L’étape de la Malaisie : Là, j’y rencontraisnon seulement des cultures complètementdifférentes de la mienne – malaise, chinoiseet indienne – mais aussi des religions queje n’avais jamais encore rencontrées enchair et en os – l’Islam, le Bouddhisme etl’Hindouisme. Troisième choc, en profon-deur celui-là.

    • La quatrième étape fut celle de la deuxièmepartie de mon séjour en Malaisie et, ensuite,aux Philippines, où j’ai vécu dans des régions à plus de 90 % musulmans. Cettequatrième expérience fut pour moi la plusdérangeante, la plus décapante et, finale-ment, la plus enrichissante de toutes.

    Quelques points à retenir• L’autre est essentiellement celui qui m’est

    donné, pas celui que j’ai choisi. Je me suispratiquement toujours trouvé dans des situations que je n’avais pas prévues nichoisies. L’autre est d’autant plus autre queprécisément je ne l’ai pas choisi. Et parceque je ne l’ai pas choisi, il me dérange terriblement dans mes habitudes de vie etmes schèmes de pensée.

    • Parce qu’il me dérange tant, mon premierréflexe vis-à-vis de l’autre est généralementd’ordre négatif : essentiellement un réflexede peur, suivi d’une grande tentation derejet. En fait, on cherche à se débarrasserde l’autre d’une façon ou d’une autre pourne pas avoir à se remettre en question. Il ya aussi quelquefois dans le rejet de l’autre

    Par | Michel de Gigord *

    Le père de Gigord, est prêtre au diocèse de Dijon, France.

  • 11JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010 �

    une grande paresse, à savoir le refus d’ap-prendre quelque chose de nouveau et d’enprendre les moyens.

    • Malgré tout, l’autre exerce presque toujoursune réelle fascination, quasiment irrésisti-ble. Et quand, justement, on n’y résiste pas,alors commence avec l’autre une aventureà la fois exigeante et merveilleuse. (...) Onfait l’expérience d’une réelle ouverture etd’un réel enrichissement qui, à leur tour,font naître une soif plus grande encored’élargir son horizon pour un approfondis-sement toujours plus grand.L’autre est tout à la fois effrayant et fasci-nant mais, au bout du compte, il est surtoutsource d’enrichissement. C’est pourquoi ilest d’une importance capitale d’apprendreà (le) rencontrer.Tout au long de mon parcours, j’ai ressenti

    très profondément combien la société etl’Église sont mal préparées pour cet apprentis-sage. Ici, je me réfère surtout à mon expé-rience en Asie...

    • Celui de l’éducation : alors que nos sociétéssont de plus en plus pluralistes, l’éducationqu’on y donne est restée essentiellementmonolithique, à savoir centrée sur la cul-ture dominante du pays, ne préparantpas les gens à vivre en harmonie avec lesautres et dans le respect des autres…

    Des mots piégésOn peut remarquer à quel point cette

    réflexion est nécessaire quand on voit l’am -biguïté des termes couramment utilisés parbeaucoup de ceux qui parlent ou écriventdans le domaine du dialogue et de la rencon-tre avec l’autre. Je m’arrêterai à trois termesseulement : tolérance, intégration et coexis-tence. Ce sont tous des mots piégés.• La tolérance d’abord. Comme le dit si bienKhalil Gibran : « La tolérance est en manqued’amour avec la maladie du mépris ». Ilfaudrait systématiquement remplacer cemot par celui de respect.

    • L’intégration ensuite. Les synonymes d’in-tégration sont : assimilation, fusion, incor-poration, unification (dictionnaire PetitRobert). Ce n’est pas cela le but du dialogueavec l’autre. Il vaudrait mieux, à mon avis,utiliser des mots comme insertion et/ouharmonisation, qui laissent à l’autre sondroit d’être différent.

    • La coexistence, enfin. Une fois de plus, cen’est pas là le but de la rencontre avec l’autre. Le grand problème de nos sociétéspluralistes, en fait le grand problème detoute vie relationnelle, c’est que justementles gens ne font que coexister, cohabiter, lesuns avec les autres. Il faut changer ce motet utiliser plutôt celui de communion.

    Défi pour l’ÉgliseLe défi pour l’Église, c’est d’acquérir et de

    pratiquer des attitudes qui lui permettent demieux accueillir l’autre, à savoir : l’humilitédans l’écoute des autres, tous les autres; la capacité de s’émerveiller devant tout ce quiest bon, beau et vrai chez l’autre; la force dansla dénonciation du mal et du mensonge, nonseulement chez l’autre, mais en elle-mêmeaussi - parce que la vraie rencontre de l’autrene peut se faire que dans la vérité, dans la pureté des cœurs et des intelligences; la pra-tique d’un vrai amour, au-delà des mots.

    * Avec l’autorisation de Spiritus, no 168, septembre 2002

    La société est mal préparée à deux niveaux

    • Celui des valeurs proposées/exposéesdans les médias. Alors que pour le dialogueavec l’autre, il y a parmi les valeurs les plusfondamentales celles de la tendresse, dupardon et du respect de l’autre, les diversmédias proposent, essentiellement auxjeunes, la compétition, la force, le succèsà tout prix, la violence et l’individualisme,attitudes qui rendent l’acceptation de l’autre très difficile, sinon impossible.

    Le père de Gigord, à droite, rencontre un des principaux leaders musulmans de Mindanao, Alim Elias Macarandas.

  • 12 � JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010

    R encontrer un prêtre, c’est franchir le seuil du mystère, c’estentendre le récit d’une vocation, d’un appel... Sans hésiter,François avoue que c’est à ses parents qu’il doit sa vocationsacerdotale. « Mes parents, dit-il, ont été pour moi l’exemple d’un couple qui

    vit sa foi chrétienne de manière authentique. Quand j’étais petit,ma famille avait l’habitude d’aller à la messe tous les jours. Monpère et ma mère étaient très dévoués envers leurs enfants et les autres. Et cela m’a beaucoup touché.» Encore enfant, François aimait être seul dans sa chambre pour

    prier Jésus dans son cœur. Par contre, aller à l’église lui demandaitun énorme effort, surtout à l’adolescence lorsqu’il remarquaitque ses amis ne faisaient pas comme lui. « Je me souviensd’une animatrice de pastorale qui m’invitait toujours à servir lamesse. Je refusais à chaque occasion. M’impliquer dans l’Églisene m’intéressait pas du tout.»

    La Mission, c’est ma vie

    François Charette a grandi à Repentigny. Il a été ordonné prêtre le 11 décembre 2009 dans le diocèse de Montréal.

    Avec simplicité et franchise, il nous livre ce témoignage missionnaire.

    Par | José I. Sierra

  • 13JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010 �

    Mais à 18 ans, sa vie changea à jamais. « Jecherchais le bonheur là où beaucoup de jeunesle cherchent aujourd’hui : la musique, les amis,les sorties, etc. Le temps passait, et je me ren-dais compte que je n’étais pas pour autantheureux. J’étais vide intérieurement.

    Un jour, parce qu’une personne de mon entourage est tombée malade, j’ai décidé de réciter un chapelet au complet pour la toutepremière fois de ma vie. La paix et la joieétaient telles que j’ai décidé de le réciter quoti-diennement. Suite à cela,j’ai pris le goût d’aller àl’église tous les jours, cequi m’a fait redécouvrirl’Eucharistie. C’est alorsque j’ai vraiment eu unerencontre intime avecJésus. Il est venu m’ha -biter, me combler en-dedans par sa présence, àtravers la communion.

    J’étais bouleversé... Jeréalisais que Jésus étaitl’ami que je cherchaispartout et sans cesse,celui sur qui je pouvaisvraiment compter, celuiqui voulait mon bien etmon bonheur ! Plus rienn’était pareil... J’étais rayonnant, heureux devivre ma vie et confiant en l’avenir.»

    L’appel à la prêtrise Le jeune François continue ses études. Il

    pense à son futur métier, à se marier et à fonder une famille. « Cela me paraissaitl’unique chemin pour être heureux », admet-ilavec candeur. Pourtant, cette certitude s’es-tompe lorsqu’il reçoit une lettre du Grand Séminaire de Montréal, proposant une fin desemaine de discernement vocationnel. Il se rappelle avec émotion : « Ce même

    soir, dans ma chambre, je me suis mis à genoux et j’ai dit au Seigneur : ‘ Si tu veux queje devienne prêtre, alors j’accepte. ’ Le fait dedire ‘ j’accepte ’ a fait descendre en moi unepaix immense, un bien-être qui venait du ciel.Cette paix, ce n’était pas moi qui l’avais produite, c’était Dieu qui me la donnait. Lesjours et les mois passèrent et la même paix demeurait en moi. J’étais soulagé… C’étaitcomme un combat qui était fini. Le « oui » auSeigneur m’a reposé en profondeur. Ce sont là

    des signes très humbles et très simples, mais,à travers eux, j’ai compris que Dieu m’appelaità devenir prêtre. J’étais heureux... »

    Un chemin d’expériencesÀ 19 ans, François fait son entrée au Grand

    Séminaire de Montréal. Pendant ses étudesphilosophiques, il se joint à une communautéde laïcs, la Société du Christ Seigneur1, pen-dant trois ans, il exerce quelques emplois,question d’être proche des gens et d’acquérir

    de l’expérience, notam-ment comme respon sa -ble de groupe pour lesJournées mondiales dela jeunesse de Rome etde Toronto.Puis viennent les

    études théologiques. Uncollègue séminariste l’in-vite à faire une expé-rience missionnaire d’unmois chez les Autoch-tones du nord du Mani-toba. François raconte :« Je suis allé dans les vil-lages des Ojibwés et desCris, où j’ai eu à animerdes camps bibliques pourles enfants à une fré-

    quence d’un village par semaine. C’était desendroits reculés et il fallait s’y rendre paravion. À travers cette expérience, j’ai découvertune réalité à laquelle moi, jeune banlieusardde classe moyenne, je n’étais pas habitué.Imaginez, je découvrais un milieu pauvre oùdes enfants erraient dans la rue toute la journée sans savoir quoi faire, où il y avaitdes problèmes d’alcool et de drogue. Cela m’aprofondément marqué. »Le jeune séminariste poursuit son parcours

    en exerçant quelques ministères, dont un auprès des malades. Il découvre, comme ille dit lui-même, des personnes « seules et souffrantes, qui avaient besoin d’une paroled’encouragement, besoin qu’on leur apportele Christ». Pendant ce temps de formation, un appel

    refait surface, c’est celui de la Mission. Sen-tant le besoin d’aller ailleurs afin de trouversa spécificité comme prêtre-missionnaire,François demande au Cardinal Jean-ClaudeTurcotte, archevêque du diocèse de Montréal,la permission de vivre une année missionnaire

    Den

    ise Morne

    au

    Ordination du père François Charette.

  • 14 � JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010

    à l’étranger. L’archevêque accepte et Françoiss’engage avec l’organisme Points-Cœurs2. « J’avais choisi cet organisme à cause de son

    souci de mettre l’accent sur un apostolat de laprésence, de la compassion... Il est importantd’aller vers ceux et celles qui souffrent afind’être avec eux signe de l’amour de Dieu. J’aivu en cela toute la dimension de l’abandon, dela confiance totale envers Dieu. Et j’ai fait mesvalises pour vivre la mission en Argentine. »

    Mission en ArgentineAprès un temps normal de préparation,

    François Charette se retrouve à Santa Fe, uneville de quelques 400000 habitants, au milieude la pampa argentine. Le dépaysement esttotal. Culture différente, langue différente... et

    des enfants délinquants. Laissés à eux-mêmes,ils erraient dans les rues, allumant des feuxn’importe où et sans penser aux conséquences.Ils rentraient à toute heure dans notre maison,volaient des objets, etc. Ce n’était pas facile...Mais à travers tout cela, on essayait de vivrela charité et la compassion de notre mieux.»Les familles défavorisées occupaient une

    place importante dans l’engagement mission-naire. Elles étaient heureuses d’accueillir lesjeunes missionnaires, de parler avec eux et deleur offrir du maté, une infusion tradition-nelle, faite à partir des feuilles d’houx.

    « On buvait du maté pendant des heures, sesouvient François. Et les gens parlaient si vitel’espagnol que je ne comprenais rien. Certainsjours, je me demandais même ce que je faisais

    là... Mais j’ai compris ma missionlorsqu’une jeune fille de ce quartiera tragiquement perdu la vie. La fa-mille, visiblement éprouvée, étaitextrêmement reconnaissante en-vers nous parce que nous avionsété à ses côtés, pour lui avoir ap-porté le réconfort dont elle avait be-soin. Par la suite, il y a eu d’autressituations similaires : familles endifficulté, maladies, deuil, etc. Etc’est à travers ces expériences quej’ai réalisé que toutes ces heures,passées à boire du maté et à ne‘ rien faire ’, avaient servi à tisserdes liens très forts, à développerune relation de confiance, de sorteque nous avons pu aider des fa-milles durant les moments plus

    difficiles. La nouveauté pour moi fut la décou-verte de cette dimension missionnaire, quiconsiste à apprendre à connaître les personneset leur milieu, pour pouvoir mieux les aider àrencontrer le Christ. »Et cette aide le comblait lorsqu’elle prenait

    la forme d’un apostolat auprès des prison-niers. François en parle avec enthousiasme :« Chaque semaine, on visitait les prisonniersdu pavillon psychiatrique. Presque personne neleur rendait visite. Ils vivaient seuls, dans lefroid, sans téléviseur ou autre divertissement.Ils ne faisaient rien de leurs journées, sauffumer et boire du maté. À cause de leur médi-cation, ils n’extériorisaient pas beaucoup leurjoie, leurs visages étant plus ou moins éteints.Les conversations n’étaient pas très élaborées.Mais ils étaient visiblement contents de nous

    souper à 21h. Mais il découvre aussi des similitudes entre les villages autochtones duManitoba et la pauvreté qu’il découvre main-tenant dans le Sud.Installé avec quatre camarades de mission

    dans un quartier périphérique de la ville, il estsurpris par la violence qui y règne. « Desbandes rivales s’affrontaient pour obtenir lecontrôle du trafic de la drogue et de la prosti-tution. On entendait des échanges de tirs dejour comme de nuit. Il m’est arrivé à quelquesreprises de chercher refuge, tellement j’étaisproche des fusillades. Bref, il existait un climatde tension considérable. Quant aux enfants, ilsavaient en eux tellement d’hostilité, que leurviolence se retournait malheureusement contrenous. Il fallait les encadrer, leur apprendre àêtre disciplinés. Cela les frustrait car c’était

    François entouré d’enfants, dans le cadre d’une retraite à Cordoba, Argentine.

    Puntos

    Coraz

    ón – Argen

    tina

  • 15JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010 �

    accueillir, nous faisant une place, nous posantdes questions... Je me sentais utile en allantles visiter.»

    Et mission chez nousCette expérience missionnaire à l’étranger

    laisse des traces dans le cœur. De retour aupays, François choisit le Québec pour exercerson ministère presbytéral. Il explique.

    « Aucun pays ne peut dire qu’il n’a plus besoin de prêtres, qu’il n’a plus besoin d’êtreévangélisé. Il y a des besoins immenses à combler partout, même en Amérique latineoù les sectes gagnent du terrain, où les gens commencent à quitter l’Église, où les vocationssont à la baisse… Il y a un besoin criant pourune évangélisation plus profonde, pour unepratique religieuse moins superficielle. Je suispersuadé que la Mission n’est pas une questiond’endroit. C’est plutôt une question d’appel.C’est à chacun de nous de discerner ce que leSeigneur nous demande. Quant à moi, maplace est ici et je suis prêt à m’engager pourtoute ma vie. Un jour, si le Seigneur m’appellepour une mission à l’étranger, je lui répondraioui, sans hésiter. Et je le ferai avec joie, car laMission, c’est ma vie.

    Entre-temps, l’Évangile doit être annoncéici... Je suis vicaire d’une paroisse où il y abeaucoup d’immigrants, où la foi s’exprimede diverses façons. Il y a beaucoup d’Haïtiens,si bien que j’ai souvent l’impression d’être davantage à Port-au-Prince qu’à Montréal. Enmême temps, je vois qu’il y a tant de défis à

    relever. Si j’étais d’un autre pays, je dirais auxjeunes désireux de devenir des missionnairesd’aller au Québec. Tout est à rebâtir... Il y aune grande quête de sens spirituel... Les jeunesne connaissent pas assez le Christ et son Église,les gens s’éloignent de l’Évangile, les églisesferment, etc.» En écoutant le témoignage de ce jeune

    prêtre, il me semble entendre Jésus dire auxApôtres : « Lancez vos filets... Allez vers le large...Traversez vers d’autres rives... Annoncez...proclamez l’Évangile... »Et comme si François devinait ma pensée,

    il me laisse avec ces paroles : « L’expériencemissionnaire en Argentine m’a fait prendreconscience que ce qui compte, c’est de me donner quotidiennement, là où le Seigneurm’appelle. L’annonce de l’Évangile du Christaux personnes qui ne le connaissent pas oune le connaissent plus, et qui est la mission première de chaque baptisé, est ma raison devivre. Et je sais que cela ne se fait pas sansconnaître leur milieu, leur façon de vivre, leursaspirations… et toute leur humanité.»

    1. La Société du Christ-Seigneur a été fondée en 1951par le père Ludger Brien, s.j.. Sa spiritualité est inspirée par les Exercices spirituels de saint Ignacede Loyola. Le père François Charette a fait ses vœuxperpétuels le 2 février 2010.

    2. Points-Cœurs, œuvre fondée par le P. Thierry deRoucy, envoie des jeunes vivre au cœur de quartiersdéfavorisés du monde, pour venir en aide, de façonspéciale, aux enfants délaissés.

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    Pont suspendu, un des symboles de la ville de Santa Fe.Petite fille dans un des quartierspauvres de Santa Fe, Argentine.

  • 16 � JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010

    Grâce aux offrandes recueillies lors du Dimanchemissionnaire mondial d’octobre 2009 dans les églises du Canada (secteur francophone), l’Œuvre pontificale de la propagation de la foi afait parvenir plus de 385000 $ (US) aux diocèses du Kazakhstan, du Kirghizstan, du Tadjikistan et de l’Ouzbékistan. L’Église catholique du Kazakhstana reçu la part la plus importante de ces dons. Allons à sa rencontre...

    Par | Univers

    Vue de la ville d’Almaty au Kazakhstan.

    La Moisson de l’Église en Asie centrale

    La Moisson de l’Église en Asie centrale

  • 17JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010 �

    L e Kazakhstan est la plus vaste des ex-Républiques soviétiques d’Asie centrale,qui confine à l’est avec la Chine et aunord avec la Russie. Les évêques du Kazakh -stan font partie de la fédération des Confé-rences épiscopales asiatiques (FABC) depuis2008. La Conférence des évêques catholiquesdu Kazakhstan est formée d’évêques de l’archidiocèse d’Astana, des diocèses de Karaganda et Almaty, et de l’Administrationapostolique d’Atyrau.L’Église catholique au Kazakhstan compte

    quelque 300000 fidèles, dans un pays dequinze millions d’habitants, constitué d’envi-ron 60% de musulmans sunnites et de 30%d’orthodoxes. En 2009, l’Œuvre pontificale dela propagation de la foi (secteur francophonedu Canada) a fait parvenir un subside de261000$ (US) à l’Église du Kazakhstan.

    Les racines profondesL’Église catholique a de profondes racines

    en Asie centrale. Sa présence au Kazakhstanremonte au IIe siècle. Les premiers chrétiensétaient des soldats romains, faits prisonniersaprès une bataille qu’ils avaient perdue contreles Perses. Au IVe siècle, il existait déjà unsiège épiscopal et au début du Ve, un monas-tère melkite.Le christianisme nestorien se propagea à

    travers le sud du Kazakhstan et du Turkménis-tan. Jusqu’au XIIIe siècle, sous la dominationd’un patriarche nestorien, il y eut 25 siègesmétropolitains et environ 150 évêques. ÀTaraz, par exemple, il y a encore des familleschrétiennes d’origine syrienne (facilement reconnaissables à leur peau foncée), qui affir-ment que leurs ancêtres sont allés là pouréchapper aux persécutions, dont le souvenirde celles-ci s’est perdu avec le temps.En l’an 1009, des missionnaires nestoriens

    baptisèrent les Kereïti, l’un des nombreuxgroupes ethniques de langue mongole, dontleur Khan, qui prit le nom chrétien de Marc.Durant cette même période, la tendance nes-torienne fit son chemin, se propageant parmiles autres peuples d’Asie centrale. Dans la famille des empereurs mongols, de nombreusesfemmes de la noblesse étaient chrétiennes, etdes ministres importants Ouïghours et Kereïtiétaient souvent Nestoriens. Pendant le règne de Kubilaï Khan, le Grand

    (1260-1295), les marchands vénitiens, MaffeoPolo et Marco Polo, ont découvert plus de700 000 familles chinoises de profession chrétienne.

    Missions franciscainesL’apparition des Ordres mendiants monas-

    tiques au XIIIe et XIVe siècles marquèrent ledébut des missions catholiques en Extrême-Orient. De 1253 à 1255, le franciscain d’ori-gine flamande, Guillaume de Rubrouck,entrepris un voyage missionnaire l’amenantde Constantinople à Karakorum, capitale del’empire des steppes. Il parcouru 16000 kmen deux ans. La plupart du territoire couvertpar Rubrouck constitue l’actuel Kazakhstan.Le franciscain rencontra le Grand KhanMunke, petit-fils de Gengis Khan, qui seconvertit plus tard au christianisme.En l’an 1278, le pape Nicolas III créa le dio-

    cèse de Kepciak en raison des innombrablesconversions faites par les Franciscains. À cette

    istock

    .com

  • 18 � JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010

    époque, les membres du clergé latin étaientexemptés du service militaire, des corvées, desimpôts, etc.

    Giovanni da Montecorvino, l’apôtre de l’Asie centraleL’un des plus grands diplomates mission-

    naires du Moyen-âge fut l’Italien Giovanni daMontecorvino (±1247-1328). Envoyé en Asiepar le pape Nicolas IV en 1289, Montecorvinoatteint Kambalik en 1294 où, très vite, il gagnal’estime du Khan, qui régnait sur la région deTenduk (l’actuelle Mandchourie, au nord dePékin). Le Khan avait déjà été baptisé par lesNestoriens et portait le nom chrétien deGeorges (Kirghiz). Sous l’influence de Monte-corvino, Kirghiz Khan, devenu membre del’Église catholique, a reçu les ordres des frèresmineurs et a même servi Montecorvino à l’autel pendant la messe.Montecorvino a fait traduire la Bible en

    mongol, menant à des centaines de milliersde conversions. Au total, 31 diocèses mission-naires ont été mis en place dans l’Extrême-Orient. Après la mort de Montecorvino et de

    Kirghiz Khan, la situation s’est compliquée.Utilisant la religion pour forger des alliancespolitiques, le prochain Khan se convertit à l’Islam et la persécution des chrétiens com-mença. Pour les 600 années suivantes, le Kazakhstan n’a pas eu d’évêque catholique. Ilaura fallu attendre jusqu’en 1991, quand lepape Jean-Paul II a nommé Jan Pavel Lengaadministrateur apostolique de Karagana, auKazakhstan.

    Le XXe siècleParadoxalement, l’histoire de l’Église catho-

    lique au Kazakhstan a repris au XXe siècle. Cefut sous le règne de Staline, dans les années1930 et 1940, lorsqu’il a ordonné la dépor ta -tion de peuples entiers de tradition catholiquedans des camps de travail d’Asie centrale,y compris au Kazakhstan. La plus grandevague de déportation fut en 1945-1946. Lescatholiques se trouvèrent prisonniers au Kazakhstan, le gouvernement soviétique lesempêchant de retourner dans leur pays.Malgré une condition de vie imposée,

    vécue dans la souffrance et les menaces demort, beaucoup de familles d’origine allemande, polonaise,ukrainienne, bélarussienne, cher-chaient à transmettre la foi àleurs enfants. Après la mort deStaline, la plupart de ceux quiavaient été arrêtés furent libérés,y compris les catholiques etleurs prêtres. Un grand nombrede religieux choisirent de resterau Kazakhstan où ils ont exercéun ministère clandestin pouraider à la reconstruction del’Église locale.

    Église du

    Kaz

    akhs

    tan

    À gauche : Campd’été paroissial

    dans la villed’Atyrau,

    Kazakhstan.

    À droite : Unedes paroisses appartenant au diocèse

    de Karaganda, Kazakhstan.

    Église du

    Kaz

    akhs

    tan

    Activité pastorale à Atyrau, Kazakstan.

  • 19JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010 �

    Parmi les prêtres déportés et envoyés dansles camps de concentration du Kazakhstan, ily avait des hommes admirables, tels le pèreTadeusz Fedorowicz, directeur spirituel dujeune Karol Wojtyla, qui a exercé un ministèrepastoral auprès des déportés; le père Wladys-law Bukowinski, prêtre polonais et ami deJean-Paul II, homme de grande foi, qui s’estmis au service des plus démunis. On luidonna une sentence de prison de plus de neufans, qu’il devait remplir en travaillant dans lesmines. Cela ne l’empêcha en rien de servir

    Dieu et de prêcher parl’exemple. Il fonda en secretune congrégation de reli-gieuses, aida les prisonnierset travailla en communionavec tous. Il y avait égalementMgr Alexander Chira, de riteoriental, ordonné prêtre clan-destinement dans un campde concentration en 1956. Il ademandé de travailler avec lepère Bukowinski. Mgr Chira a fait ses débutsen tant que conducteur d’ambulance et,plus tard, la situation s’étant améliorée aprèsla mort de Staline, il commença à travaillercomme assistant du curé de la paroisse, quiignorait qu’il disposait désormais d’unévêque.En effet, sans révéler son autorité, Mgr Chira

    enseigna humblement la foi à des centainesde jeunes, dont des nombreux futurs prêtres.Ce n’est qu’en 1980, lorsque l’église de Saint-Joseph a été consacrée à Karaganda, quel’évêque révéla son identité. En 1991, après l’effondrement de l’Union

    soviétique, le pape Jean-Paul II réaménageales structures de l’Église dans le pays. Aprèsavoir érigé l’Administration apostolique duKazakhstan en 1991, il la restructura en 1999pour créer le diocèse de Karaganda, siège épiscopal et principal centre du catholicismedu pays, et les trois nouvelles administrationsapostoliques : Almaty, Astana et Atyrau. LeSaint-Père a fait un voyage apostolique au Kazakhstan en 2001. Par la suite, en 2003, iléleva Astana au rang d’archidiocèse et Almatyà celui de diocèse. Les relations diplomatiques

    entre le Saint-Siège et le Kazakhstan ont étéétablies en 1994.

    Aujourd’huiLa chute de l’Empire soviétique derrière

    eux, les catholiques du Kazakhstan travail -lent à la revitalisation de leur Église, qui estpresque tombée en ruines durant le régimecommuniste. Le Gouvernement actuel assureà toutes les confessions religieuses présentesdans le pays la liberté nécessaire. Les rapportsentre l’État kazakh et l’Église catholique sont

    stables. Dans la capitale d’Astana, il y a la Nonciatureapostolique du Saint-Siègeainsi qu’un Concordat quiexiste entre le Saint-Siège etle gouvernement du Kazakh -stan. C’est à cette Nonciatureapostolique que nous avonsadressé les dons offerts en2009 par l’Œuvre pontificalede la propagation de la foi du

    Canada aux trois Églises suivantes : Kyrgystan : 50000$; Tadjikistan : 29200$;Ouzbékistan : 45000$.L’Église du Kazakhstan a désormais une

    structure consolidée dans ses diocèses et paroisses où un travail pastoral important estréalisé par les prêtres et les religieux et reli-gieuses provenant de divers pays. Différentsmouvements ecclésiaux et des nouvelles communautés se consacrent également à untravail apostolique remarquable. Les jeunesfont preuve d’une forte identité chrétienne,fruit précieux de l’engagement intense del’Église dans la pastorale des jeunes. Lesjeunes découvrent le Christ de plus en pluscomme unique réponse à leurs questionssur le sens de la vie, et l’Église comme unevéritable famille. L’Église du Kazakhstan re-garde l’avenir avec confiance.C’est un grand bonheur pour l’Église mis-

    sionnaire du Canada de soutenir le travaild’évangélisation qui se fait dans cette régiondu monde. Grâce à la charité des baptisésd’ici, l’Église offre aux peuples du mondel’Évangile du Christ Rédempteur. Et en le faisant, elle leur donne la VIE.

    L’Église du Kazakhstan regarde l’avenir avec confiance.

  • 20 � JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010

    Missionmonde

    En analysant la liste de chaque continent, au premier plan figure cette année, avec un chiffre extrêmement élevé, l’AMÉRIQUE, marquée du sang de 23 ouvriers pastoraux (18 prêtres, 2 séminaristes, 1 sœur, 2 laïcs). Elle est suivie par

    l’AFRIQUE où 9 prêtres, 1 religieuse et 1 laïc ont perdu la vie defaçon violente. Puis vient l’ASIE, avec 2 prêtres tués, et l’EUROPE,avec un prêtre assassiné.

    Malgré les brèves notes biographiques de ces frères et sœurs tués,nous pouvons saisir leur offrande généreuse et sans condition à lagrande cause de l’Évangile. Sans taire les limites de leur fragilité humaine; nous comprenons que c’est l’Évangile qui les a unis dansla vie et également dans la mort, bien que se trouvant dans des situations et des contextes profondément différents.

    Ils ont annoncé le Christ, mort et ressuscité pour le salut deshommes, en le témoignant dans des œuvres concrètes d’amour envers les plus démunis. Ils n’ont pas hésité à mettre quotidien -nement à l’épreuve leur propre vie dans des contextes de souffrance, de pauvreté extrême, de tension, de violence généra -lisée. Ils ont offert l’espérance d’un lendemain meilleur et cherché à soustraire tant de vies, surtout jeunes, à la dégradation et à la spirale de la malveillance, en accueillant tous ceux que la société rejette et met en marge.

    Certains ont été victimes de cette violence même qu’ils combat-taient ou de leur disponibilité à aller au secours des autres, en mettantau second plan leur propre sécurité. Beaucoup ont été tués dans lecadre de tentative de vol ou d’enlèvement, surpris dans leur habi -tation par des bandits à la recherche de trésors fantomatiques, secontentant la plupart du temps d’une vieille voiture ou du cellulairede la victime, enlevant en revanche le trésor le plus précieux, celuid’une vie donnée par Amour. D’autres ont été éliminés seulementparce que, au nom du Christ, ils opposaient l’amour à la haine, l’espé -rance au désespoir, le dialogue à la violence, le droit à l’injustice.

    À cette liste, il faut ajouter ceux qui, dans chaque coin de la planète, souffrent et paient aussi de leur vie leur foi en Christ. Il s’agit de cette « nuée de soldats inconnus de la grande cause de Dieu » – selon l’expression du pape Jean-Paul II – vers lesquels nous nous tournons avec reconnaissance et vénération, même sansconnaître leur visage, sans lesquels l’Église et le monde seraient terriblement appauvris.

    Depuis 1980, 949 missionnaires ont perdu la vie de manière violente (le génocide duRwanda – 1994 – a provoqué à lui seul au moins 248 victimes parmi le personnel ecclésiastique). En 2009, le sang de 30 prêtres, deux religieuses, deux séminaristes et de trois volontaires laïcs a coulé. Ces témoins du Christ sont présents sur tous les continents.

    Ce don de Dieu qu’est l’Église missionnaire

    « L’Église annonce partout l’Évangile du Christ, malgré les persécutions, les discriminations, les attaques et l’indifférence, parfois hostiles, qui lui permettent de partager le sort de son Maître et Seigneur. »Benoît XVI

    Ce don de Dieu qu’est l’Église missionnaire

  • 21JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010 �

    Le jeune William Quijano, 21 ans, de la commu-nauté de Sant’Egidio, au Salavador, a été tué alorsqu’il rentrait chez lui, le soir du 28 septembre2009. Les assassins faisaient partie d’un desnombreux gangs de violence organisée, qui attaquent les jeunes pauvres dans les banlieuesde l’Amérique Centrale. Depuis 5 ans, Williamétait engagé dans l’École de la Paix pour les enfants pauvres du quartier d’Apopa, dans lesfaubourgs de la capitale, San Salvador. Sa vie pacifique et bonne, au service des jeunes et desplus nécessiteux, était bien connue et représen-tait une alternative aux bandes violentes.

    Sœur Marguerite Bartz, 64 ans, de la Congré -gation des Sœurs du Très-Saint-Sacrement pourles Indiens et les Noirs, a été tuée dans son couvent de Saint-Bernard, dans la zone des Navajo, dans le Nouveau Mexique (États-Unis),dimanche 1er novembre 2009. La religieuse étaitconnue pour être une femme passionnée par la recherche de la justice et de la paix. Les Sœursdu Très-Saint-Sacrement pour les Indiens et lesNoirs ont été fondées en 1891 par sainte Catherine Drexel pour diffuser le message del’Évangile et de la vie eucharistique au milieu des Indiens et des Afro-américains.

    Ricky Agusa Sukaka, jeune congolais de 27 ans,ouvrier de la Caritas, a été tué dans l’après-mididu 15 juillet 2009, à Musezero, dans le nord du Kivu, République démocratique du Congo. Ingénieur agricole dans un projet du Secours catholique, il a été tué par deux hommes qui portaient des uniformes de l’armée tandis qu’ilrentrait chez lui. La Caritas internationale acondamné l’homicide brutal de ce jeune qui tra-vaillait courageusement dans une zone de guerrepour aider les autres à construire leur propre vie.

    À part l’exception louable, mais d’une certainemanière prévisible, des journaux catholiques, les médias n’ont attaché aucune importance àce dossier sur les missionnaires morts dans lecadre de leur apostolat (…) car cela contredit l’imagede l’Église qui domine dans les médias. En effet, elle y est représentée comme une structure riche etpuissante, qui veut imposer ses lois également à ceuxqui ne se sentent pas comme faisant partie du mondecatholique, une oligarchie antique et rigide, qui seraitincapable de comprendre la façon dont le monde achangé : en bref, une vieillerie démodée dont il faut sedébarrasser pour la liberté de l’humanité.

    Au contraire, on souligne avec beaucoup d’importanceles défauts et les crimes de l’Église, commis par certainsde ses représentants infidèles, comme ceux des prêtrespédophiles en Irlande. Une institution que l’on préfèrefaire représenter uniquement par les cardinaux, dépeintscomme des stéréotypes d’hommes de pouvoir, ou bienpar des prêtres qui font scandale en raison de leurcomportement ou de leur critique envers l’Église, plutôtque par des hommes et des femmes sérieusement engagés dans une mission difficile et souvent dange-reuse, la preuve en est qu’ils perdent la vie en raisonde ce choix de charité courageuse.

    Ces témoins du Christ sont présents sur tous les continents… Tous ont été tués en raison de leur décision de vivre et d’accomplir leur mission dans deszones dangereuses du monde, en s’efforçant, à traversleurs activités et leur exemple, d’apporter à ceux qui vivent dans ces lieux un message différent de la réalitéqu’ils doivent subir tous les jours. (…) Ils résidaient etaccomplissaient leur mission au sein de milieux violents, vivants et œuvrant sans aucune protection…Des lieux désertés par le plus grand nombre, et quel’on pourrait définir comme abandonnés de Dieu, mais dans lesquels les missionnaires se rendent pourapporter la preuve que Dieu n’abandonne personne.Extraits du texte de l’Osservatore Romano, 12 janvier 2010.

    La véritable Église dont les médias ne parlent pas

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  • 22 � JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010

    INTENTIONSMISSIONNAIRES

    MARS 2010Pour que les Églises en Afrique soient signeet instrument de réconciliation et de justicedans chaque région du continent.

    Prière

    Seigneur, veille sur ton Église-Famille et aide sesenfants à se relever afin qu’eux aussi puissentvivre et savourer la miséricorde et la justice del’Évangile.

    AVRIL 2010Pour que les chrétiens persécutés à cause del’Évangile, soutenus par le Saint-Esprit, persé-vèrent dans le témoignage fidèle de l’amourde Dieu envers l’humanité entière.

    Prière

    Esprit Saint, toi qui donnes force, fidélité et courage aux chrétiens persécutés, donne-nous, àleur exemple, de témoigner ouvertement de notrefoi en Jésus, l’unique Sauveur du monde.

    MAI 2010Pour que les ministres ordonnés, les reli-gieuses, les religieux et les laïcs engagés dansl’apostolat sachent infuser l’enthousiasmemissionnaire aux communautés qui leur sontconfiées.

    Prière

    Esprit Saint, accompagne les apôtres d’aujour -d’hui, qui servent avec ardeur l’Église mission-naire. Donne-leur de se laisser guider par toi afinqu’ils soient renouvelés dans leur foi et qu’ils inspirent un élan de générosité missionnaire auxbaptisés qui leur sont confiés.

    Un regard sur le monde avec les yeux de l’Évangile !

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  • 23JANVIER – FÉVRIER – MARS 2010 �

    HONORAIRES DE MESSESJ’offre des honoraires de messes aux prêtres des diocèses les plus pauvres du monde car je sais que c’est là leur unique salaire. Coût suggéré : 10 $ ou 15 $ par messe.

    NOMBRE DE MESSES MONTANT VERSÉ

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    DON Moi aussi, je veux vivre ma vocation missionnaire de baptisé(e). Voici mon don (chèque ou mandat-poste) à l’Œuvre pontificale de la propagation de la foi.

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    RENTES VIAGÈRESSi vos placements actuels ontun faible rendement, cela peutchanger... Pour ses rentes via -gères, l’Œuvre pontificale de lapropagation de la foi vous offreun taux supérieur à celui des banques. En léguant une sommeimportante d’argent à l’Œuvre,vous bénéficierez d’une rente annuelle fixe jusqu’à la fin devotre vie. Également, vous rece -vrez un reçu pour fins d’impôt représentant 20 % du capital investi.

    CERTIFICAT DE DÉPÔT VOLONTAIREGrâce au Certificat de dépôt volontaire,vous prêtez, pour un minimum de deuxans, une somme importante à l’Œuvre.Les intérêts générés servent à aider les diocèses les plus pauvres du monde.

    DONS PAR TESTAMENTPar testament, vous pouvez léguer une partie ou la totalité de vos biens. Il peuts’agir d’obligations, d’actions, de terrains,d’immeubles, de police d’assurance-vie,de voitures, du résidu de votre régime deretraite, etc.

    Communiquez avec nous et nous vousaiderons à effectuer un bon choix.

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    Témoigner de ton amourVraiment, il est juste et bonde te chanter louange et gloire, à toi, Seigneur, Père d’infinie bonté.Oui, il nous est bon de te rendre grâce et de te bénir.

    Car, à la parole de ton Filsannonçant l’Évangile du saint, tu as rassemblé ton Églisede tous pays, de toutes langues et de toutes cultures,et tu ne cesses de la vivifier par ton Espritpour faire grandir jour après jourl’unité du genre humain.

    En témoignant de ton amour, elle ouvre à chacun les portes de l’espérance,elle devient pour le monde un signe de la fidélité que tu as promise à tous les âges dans le Christ.

    Préface de prière eucharistique