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VIGUIER | architecte en mouvement URBANISME | mixité et mobilité CULTES | religions et entreprise Numéro 25 | Septembre 2012 | 12,50 E stratégies et environnements tertiaires

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Page 1: URBANISME | architecte en mouvement | mixité et mobilité ...pour Henry Dreyfuss où il apprend à penser production de masse et qualité totale. En 1980 il ouvre sa propre agence

VIGUIER | architecte en mouvement URBANISME | mixité et mobilitéCUltES | religions et entreprise

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stratégies et environnements tertiaires

#25

Dans le dédale desRÉGLEMENTATIONS, l’essentiel est de SAVOIR OÙ ON VA

Urbanisme, environnement, sécurité, technologie... Nos architectes et ingénieurs intègrent en amont l’ensemble des contraintes qui régissent chaque projet de construction ou d’aménagement. C’est le meilleur moyen d’éviter les impasses.

49 rue Lemercier - 75017 Paris - Tél. : 01 40 25 90 00 - Fax : 01 40 25 90 60

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Niels Diffrient avec une édition originale de Humanscale.

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Niels Diffrient est né en 1928. Il est diplômé de l’Academy of Art de Cranbrook. Il a travaillé chez Eero Saarinen qui est devenu un de ses mentors, puis chez Marco Zanuso, en Italie, dans les années 1950. De retour à New-York il travaille 25 ans pour Henry Dreyfuss où il apprend à penser production de masse et qualité totale. En 1980 il ouvre sa propre agence. Au cours de sa longue carrière il a pratiquement tout dessiné: ordinateurs, aménagements d’avions, tracteurs (John Deere), machine à coudre (Boretti)…. Dans les années 1970, il est aussi le coauteur avec Alvin Tilley et John Bardagly de Humanscale, trois tomes de compilations de données qui donnaient aux designers de l’époque toutes les informations sur les mensurations du corps humain. À 84 ans Niels Diffrient conçoit encore des sièges. À l’invitation de la société Humanscale, nous l’avons rencontré dans la belle demeure qui lui sert d’atelier et de résidence, dans les bois du Connecticut. Il nous a expliqué ce qu’était pour lui «créer».

Born 1928, still going strong

niels diffrient

Pour Niels Diffrient la création est solitaire il ne travaille pas en équipe. Il commence toujours avec un crayon et du papier. Surtout pas d’ordinateur. Toute sa vie c’est par le dessin qu’il s’est exprimé ; il n’a maîtrisé l’expression par le texte que sur le tard. Pour lui le dessin est le moyen d’expression dans lequel il excelle. «Je contrôle mon crayon car ma main est le prolongement de mon cerveau». L’ordinateur est un outil potentiellement dangereux : au bout du compte c’est lui qui peut finir par vous contrôler car le programme que vous utilisez peut, sans que vous vous en rendiez compte, vous guider beaucoup plus que vous ne croyez, orientez votre réflexion et finalement, prendre le pouvoir. Quand il commence un nouveau projet ce n’est jamais avec l’idée de «créer une nouvelle génération de sièges». Il définit d’abord quelle «expérience» le produit à naître fera vivre à l’utilisateur, quelle amélioration il doit apporter fonctionnellement par rapport aux produits existants. Il travaille ensuite en parallèle sur l’ergonomie et les mécanismes. La forme ou l’aspect final ne font pas partie de ses préoccupations initiales.

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Le côté émotionnel du design ne l’intéresse pas. À chaque étape plusieurs prototypes sont réalisés artisanalement ; ils sont utilisés pour valider telle ou telle solution technique ou évaluer le niveau de confort et la performance ergonomique. Une fois que tous les solutions sont validées et intégrés dans un prototype final alors seulement il commence à se préoccuper de l’aspect. Selon lui, chaque année, de nombreux produis sont lancés sur le marché, font parler d’eux, et se vendent bien durant deux ou trois ans puis disparaissent. Par contre d’autres créations attirent moins les projecteurs mais sont toujours en vente des années plus tard. Ceux-ci sont les produits efficaces. Et, de surcroît, les produits à obsolescence rapide ne fait pas bon ménage avec le développement durable. C’est dans les années 1950 qu’Henry Dreyfuss a initié Diffrient à ce qui s’appelait alors « l’ingénierie des facteurs humains » (human factors engineering) et qui devait plus tard prendre le nom d’ergo-nomie. Ses connaissances en anatomie remontent à cette époque. Il a ensuite coécrit les trois tomes de Humanscale pour lesquels c’est lui qui a conçu le système d’affichage sur carton, avec disques et fenêtres, ce qui était alors très sophistiqué en cette ère pré-or-dinateur. Toutes les bases de données disponibles avaient été ras-semblées et celles qui faisaient défaut avaient été extrapolées. Un corps entier placé dans différentes positions avait même été passé aux rayons X pour mieux comprendre les interactions muscles / articulations / tendons / os. La consultante du projet était la spécialiste qui s’était occupé du dos du président Kennedy. L’idée était de comprendre et de mettre en perspective toutes ces don-nées pour, au final, améliorer le confort de l’utilisateur de l’objet

Lampe Worklight II

Siège Liberty

Siège World

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calculé avec la base Humanscale. Niels Diffrient souligne que les sièges conçus pour la société Humanscale sont des descendants directs de cette recherche.» Je ne pars jamais d’une page blanche, j’ai toute cette expérience accumulée». Elle manque souvent aux clients qui, eux, veulent toujours savoir à quoi va ressembler le produit pour lequel ils ont rédigé un brief, souvent bien médiocre. Ce qui n’est guère étonnant car leurs compétences techniques sont généralement limitées. Le siège Freedom a été créé avec l’objectif de faire disparaître au-tant que possible les multiples leviers et manettes de contrôle que l’on trouve sous l’assise pour ajuster la hauteur, régler l’inclinaison du dossier et la hauteur des accoudoirs, positionner l’appui-tête. Freedom s’ajuste automatiquement à votre poids. Si vous voulez changer la position des accoudoirs vous le saisissez simplement à la main et le placer là où vous le désirez, l’autre accoudoir sera réglé simultanément. Se débarrasser de tous les éléments qui ne sont pas strictement nécessaires à la fonction a toujours été une des grandes recherches de Diffrient. Le nouveau siège World est un pas important dans cette direction. Constitué de seulement huit éléments de base le siège ne pèse que 12 kilos. Le nombre total de pièces ne dépasse pas 80, soit le tiers du nombre d’un siège stan-dard. « Les sièges que j’avais conçus auparavant étaient bons. J’ai simplement procédé à des arbi-trages différents et souvent abandonné des solu-tions techniques complexes sans compromettre la fonction ». C’est là le challenge : réduire le nombre de pièces et les coûts sans diminuer le niveau de fonctionnalité. « La fonction basculant de la World chair est par exemple équivalente à celle des autres sièges (les siens et ceux de la concurrence) mais le résultat est atteint d’une manière complètement nouvelle, plus simple. Toute la mécanique compliquée a disparu. »Le siège Liberty a été conçu avec la contrainte d’utiliser une résille qui était une demande insistante du marché. Le problème avec les résilles c’est qu’elles s’adaptent mal aux différentes formes de

dos qu’elles n’épousent qu’approximativement. C’est pourquoi de nombreux sièges à résille sont dotés d’un support lombaire com-plémentaire. Pour contourner le problème Niels Diffrient a utilisé

trois panneaux de résille à faible élasticité et les a assemblé d’une manière telle qu’ils viennent épouser le dos de l’utilisateur. Il n’y a plus besoin de support lombaire car le dossier s’adapte auto-matiquement aux différentes formes de dos des utilisateurs.Évidemment on est loin des designers à « vision » qui capturent les tendances. La création passe ici

par l’itération et l’ouvrage est remis sans fin sur le métier jusqu’à ce qu’il donne entière satisfaction. Et Niels Diffrient maîtrise par-faitement ce process. D’ailleurs au cours de la visite du studio, une pièce est restée inaccessible : celle des prototypes du futur siège Humanscale. Attendez-vous à du nouveau!

Jean-Paul Fournier Tous les produits Humanscale. (Photos : Courtesy Humanscale.)

« Les produits qui font le buzz ne sont pas toujours ceux qui se vendent longtemps »

Siège Smart

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