universitÉ de sherbrooke thÈse de doctorat …
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UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE
THÈSE DE DOCTORAT PRÉSENTÉE À
LA FACULTÉ DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
COMME EXIGENCE PARTIELLE
DU DOCTORAT EN PSYCHOLOGIE (D.Ps.)
PAR
CATHERINE JOANIS-SIROIS
INTOLÉRANCE À L’INCERTITUDE ET ANXIÉTÉ SOCIALE AUPRÈS DE
PATIENTS ANXIEUX RÉFÉRÉS EN CLINIQUE SPÉCIALISÉE
NOVEMBRE 2018
Composition du jury
Intolérance à l’incertitude et anxiété sociale auprès de patients anxieux référés en
clinique spécialisée
Catherine Joanis-Sirois
Cette thèse a été évaluée par un jury composé des personnes suivantes :
Patrick Gosselin, directeur de recherche
(Département de psychologie, Faculté des lettres et des sciences humaines, Université de
Sherbrooke)
Marie Papineau, membre du jury
(Département de psychologie, Faculté des lettres et des sciences humaines, Université de
Sherbrooke)
Josée Rhéaume, membre externe du jury
(Unité de Thérapie Cognitive-Comportementale, Site Hôtel-Dieu de Lévis, CISSS de
Chaudière-Appalaches)
Sommaire
Le trouble d’anxiété sociale (phobie sociale) est l’un des troubles psychologiques les plus
fréquents dans la population nord-américaine. Sa prévalence à vie varie entre 7 % et 14 %
(Kessler et al., 2005), ce qui en ferait le quatrième trouble psychiatrique le plus fréquent.
Pourtant, ce trouble demeure sous-traité et peu d’études portent sur ses facteurs explicatifs,
de développement et de maintien, rendant l’identification des cibles de traitement peu
accessibles. Récemment, des études ont identifié un lien entre l’intolérance à l’incertitude
(II) et l’anxiété sociale. Toutefois, aucune étude clinique ayant contrôlé la comorbidité et
le diagnostic différentiel n’a encore étudié le lien entre ces deux variables. Cette étude
quantitative vise à poursuivre l’étude du lien entre diverses dimensions de l’II et les
symptômes, dimensions et le diagnostic du trouble d’anxiété sociale, auprès d’une
population clinique. L’II a été mesurée par l’Inventaire d’Intolérance à l’Incertitude (III;
Gosselin et al., 2008). Les symptômes et dimensions de symptômes d’anxiété sociale ont
été mesurés par l’Inventaire de Phobie Sociale (IPS; Connor, Davidson, Churchill,
Sherwood, & Weisler, 2000; traduction française : Charrette, Léveillé, O'Connor,
Pélissier, & St-Jean-Trudel, 2003). Les participants de cette étude sont 242 patients
adultes de l’Unité de Thérapie Cognitive-Comportementale (UTCC) du Centre de
psychiatrie du CISSS de Chaudière-Appalaches (site Hôtel-Dieu de Lévis), référés par un
psychiatre pour un trouble anxieux ou de l’humeur. Afin de vérifier la présence de liens
entre les construits d’II et les symptômes de phobie sociale et afin de prédire les
symptômes d’anxiété sociale et les sous-dimensions de symptômes, des analyses de
corrélations de Pearson et de régressions multiples hiérarchiques ont été réalisées. Les
iv
analyses de régressions multiples montrent que certaines dimensions d’II sont
spécifiquement associées à l’anxiété sociale. L’évitement des incertitudes, le doute en
situations incertaines et l’intolérance aux imprévus sont associés à des symptômes ou
dimensions de symptômes de phobie sociale plus élevés. La recherche de réassurance en
situation d’incertitude est quant à elle associée à moins de symptômes comportementaux
de phobie sociale. Afin de comparer des patients avec un diagnostic primaire de phobie
sociale, sans autre trouble anxieux diagnostiqué, à ceux avec un autre trouble anxieux
primaire, sans phobie sociale, sur le plan de l’II, des tests t ont aussi été réalisés. Les
résultats sont présentés dans cette étude. La présente recherche contribue à identifier de
nouvelles cibles de traitement possiblement pertinentes pour le trouble d’anxiété sociale,
notamment l’intolérance aux imprévus, l’évitement des incertitudes et le doute en
situations incertaines. Cela s’avère un apport pour les psychologues et les professionnels
de la santé intervenant auprès de clientèles anxieuses.
Mots clés : Anxiété sociale, phobie sociale, intolérance à l’incertitude, peur du jugement
négatif, sensibilité à l’anxiété, troubles anxieux
Table des matières
Sommaire ......................................................................................................................... iii
Table des matières……………………………………………………………………......v
Liste des tableaux ........................................................................................................... viii
Remerciements .................................................................................................................. ix
Introduction ........................................................................................................................ 1
Contexte théorique ............................................................................................................. 7
Anxiété sociale ............................................................................................................... 8
Définition du trouble d’anxiété sociale ....................................................................... 8
Facteurs explicatifs de l’anxiété sociale ................................................................... 10
Intolérance à l’incertitude ............................................................................................. 12
Définitions de l’intolérance à l’incertitude ............................................................... 12
Le rôle de l’intolérance à l’incertitude dans les troubles anxieux ............................ 15
Liens entre l’intolérance à l’incertitude et l’anxiété sociale ......................................... 18
Objectifs et hypothèses ................................................................................................. 23
Méthode............................................................................................................................ 25
Déroulement et participants .......................................................................................... 26
Considérations éthiques ................................................................................................ 29
Instruments de mesure .................................................................................................. 30
Informations sociodémographiques .......................................................................... 30
Mesure d’intolérance à l’incertitude ......................................................................... 30
L’Inventaire d’Intolérance à l’Incertitude ............................................................. 30
Questionnaires sur les symptômes anxieux .............................................................. 31
L’Inventaire de Phobie Sociale ............................................................................. 31
Le Questionnaire sur l’Inquiétude et l’Anxiété ..................................................... 32
L’Inventaire des Obsessions et des Compulsions-Révisé .................................... 32
Le Questionnaire des Sensations Physiques ......................................................... 33
Autres questionnaires sur les processus cognitifs associés à l’anxiété sociale ......... 33
L’Échelle de Peur du Jugement Négatif d’Autrui ................................................. 33
vi
L’Index de Sensibilité à l’Anxiété ........................................................................ 34
Résultats ........................................................................................................................... 35
Analyses préliminaires ................................................................................................. 36
Analyses principales ..................................................................................................... 39
Corrélations entre les variables à l’étude .................................................................. 39
Prédiction des symptômes et dimensions de l’anxiété sociale ................................. 42
Identification des variables pertinentes à contrôler ............................................... 42
Vérification du rôle prédictif de l’II ...................................................................... 45
Prédiction des symptômes globaux de phobie sociale ...................................... 45
Prédiction de la dimension cognitive de l’anxiété sociale................................. 53
Prédiction de la dimension comportementale de l’anxiété sociale .................... 56
Prédiction de la dimension physiologique de l’anxiété sociale ......................... 58
Comparaison de la phobie sociale aux autres troubles anxieux primaires ............... 59
Discussion ........................................................................................................................ 62
Retour sur les objectifs et hypothèses de recherche ..................................................... 63
Liens entre les dimensions d’II et les symptômes et dimensions d’anxiété sociale . 64
Tendance générale à considérer les incertitudes inacceptables............................. 64
Manifestations spécifiques de l’II ......................................................................... 69
L’évitement des incertitudes.............................................................................. 70
Le doute en contexte d’incertitude .................................................................... 74
La recherche de réassurance en contexte d’incertitude ..................................... 75
Comparaison de groupes ........................................................................................... 81
Forces et limites ............................................................................................................ 83
Implications scientifiques et cliniques.......................................................................... 87
Implications scientifiques ......................................................................................... 87
Implications cliniques ............................................................................................... 88
Conclusion ....................................................................................................................... 92
Références ........................................................................................................................ 97
Appendice A : Questionnaire d’informations générales ................................................ 107
Appendice B : Inventaire d’Intolérance à l’Incertitude .................................................. 110
vii
Appendice C : Inventaire de Phobie Sociale .................................................................. 113
Appendice D : Questionnaire sur l’Inquiétude et l’Anxiété........................................... 115
Appendice E : Inventaire des Obsessions et des Compulsions-Révisé .......................... 117
Appendice F : Questionnaire des Sensations Physiques ................................................ 119
Appendice G : Échelle de Peur du Jugement Négatif d’Autrui ..................................... 121
Appendice H : Index de Sensibilité à l’Anxiété ............................................................. 123
Liste des tableaux
Tableau
1 Distribution des participants selon les variables sociodémographiques et
l’évaluation psychologique…………………………………………………...…28
2 Description des variables et cohérence interne des instruments de mesure pour
l’échantillon…………………………………………………………………..…37
3 Corrélations de Pearson entre les variables……….…………………………….40
4 Corrélations de Pearson entre les sous-dimensions de l’III et les autres
variables…………………………………………………………………………41
5 Prédiction des symptômes et dimensions de phobie sociale à partir des variables
autres que l’II – Sélection des variables pertinentes pour les analyses
principales……………………………………………………………………….44
6 Prédiction des symptômes et dimensions d’anxiété sociale (IPS total et sous-
échelles) en utilisant les construits d’II (scores totaux et sous-échelles des parties
A et B de l’III)…………………………………………………………………..46
7 Moyennes et écarts-types aux scores totaux et aux sous-échelles des parties A et B
de l’III pour les différents groupes cliniques........................................................61
Remerciements
Je souhaite d’abord remercier du fond du cœur mon directeur de thèse, Patrick. Je
ne compte plus le nombre de fois où j’ai dit à mon entourage à quel point je me considère
chanceuse de t’avoir eu comme directeur de thèse. Merci d’être si humain, simple et
bienveillant. Merci pour tes corrections et propositions constructives, pour tes
encouragements et ton aide si précieuse, du début à la fin de ma rédaction de thèse
doctorale. Après chacune de nos rencontres, je sentais un nouvel élan de confiance et de
motivation. Ça m’a grandement aidée à me rendre jusqu’à la ligne d’arrivée. Merci Patrick
d’avoir contribué à rendre ce processus de thèse plus agréable, par ton support, ta présence,
ton côté rassurant et tes anecdotes amusantes, lors de nos rencontres.
Je souhaite aussi remercier Josée, du CISSS de Chaudière-Appalaches, d’avoir
accepté cette belle collaboration. Sans toi, cette thèse n’aurait pas pu voir le jour. Merci
pour ton dévouement et ton aide.
Je veux remercier mes belles amies du doctorat, Franke, Laurie et Anne-Marie,
d’avoir partagé avec moi de nombreux vendredis à « thèser » ensemble. Merci pour votre
support moral du début à la fin. Un merci spécial à Franke. Merci d’avoir été si présente,
de m’avoir aidée, rassurée, encouragée. Merci pour nos éclats de rire et nos moments de
« récompenses » à regarder nos séries ensemble et à se sucrer le bec, après avoir « thèser ».
Ça a rendu ce processus bien plus agréable et, mine de rien, ces beaux moments vont me
manquer. Je remercie aussi toute ma cohorte du doctorat : ensemble, on en a traversé des
moments, et je n’aurais pas pu souhaiter une plus belle cohorte. Merci d’avoir été là.
x
J’aimerais aussi remercier Mélanie d’avoir été une personne si significative dans
mon parcours doctoral, depuis le début de mon internat, jusqu’à la fin de ma rédaction de
thèse. Merci pour tes encouragements et ta présence si bienveillante, saine et ajustée. Ça
m’a donné de l’énergie et de la confiance pour compléter ma thèse de doctorat.
Je remercie particulièrement mon amoureux Simon, pour son amour et sa présence
constante. Merci de m’avoir tellement soutenue et supportée, malgré toutes les montagnes
russes émotionnelles qu’implique le processus de thèse de doctorat. Merci d’avoir été là
dans mes périodes de doute, d’anxiété, de découragement et merci d’avoir été là pour
partager avec moi mes réussites et mes joies. Je veux aussi remercier mes amis de « la
commune » d’avoir contribué à mon équilibre mental et de m’avoir aidée à « décrocher »
dans les moments où j’en avais besoin.
Je veux finalement dire un merci spécial à mes parents. Merci de m’aimer
inconditionnellement, de croire en moi, de me supporter et de m’encourager depuis le
début de ma vie jusqu’à aujourd’hui. Vous avez grandement contribué à ce que je
complète ce beau parcours doctoral.
Introduction
Le trouble d’anxiété sociale (phobie sociale), qui se caractérise principalement par
une peur persistante et intense d’une ou de plusieurs situations sociales dans lesquelles
l’individu peut être exposé à l’observation d’autrui (Diagnostic and Statistical Manual of
Mental Disorders, 5e éd.; American Psychiatric Association [APA], 2013) est l’un des
troubles psychologiques les plus fréquents dans les populations occidentales nord-
américaines. Sa prévalence à vie varierait entre 7 % et 14 % (Kessler et al., 2005), ce qui
en ferait le quatrième trouble psychiatrique le plus fréquent, après la dépression majeure,
la dépendance à l’alcool et les phobies spécifiques (Turk, Heimberg & Magee, 2008).
Il est associé à plusieurs répercussions pour les individus qui en souffrent, affectant
leur qualité de vie. Plus précisément, il a un impact négatif sur leur fonctionnement social
et leurs relations sociales, dont les sphères amicale et amoureuse, leurs réalisations
scolaires et professionnelles et leur santé psychologique/émotionnelle et physique
générale (Kessler, 2003; Lecrubier et al., 2000; Wittchen, Fuetsch, Sonntag, Müller &
Liebowitz, 2000). Par exemple, Wittchen et al. (2000) ont observé, en comparant des
participants présentant un diagnostic de phobie sociale à des participants sans trouble
anxieux, mais présentant un souci de santé récurrent, que les individus souffrant de phobie
sociale rapportent un plus haut taux d’absentéisme au travail, une baisse de productivité
au travail et un plus haut taux de chômage, ont plus de difficultés à initier ou maintenir
des relations durables, ont moins d’amis que souhaité, sont plus souvent pas en couple ou
3
divorcés, rapportent plus de douleurs physiques et moins de vitalité, comparativement aux
individus sans phobie sociale. La phobie sociale apparaît souvent dès l’enfance,
l’adolescence ou au début de l’âge adulte, à un âge où l’aisance sociale est essentielle pour
l’établissement des réseaux relationnels et pour la réalisation des projets scolaires et
professionnels (Pelissolo, 2012; Wittchen et al., 2000). Par exemple, Wittchen et al.
(2000) ont observé, auprès de 150 participants avec une situation de phobie sociale, qu’à
l’âge de 20 ans, environ 70 % des participants avaient déjà rempli les critères diagnostics
de la phobie sociale, tels que rapportés par ceux-ci. Ces auteurs ont aussi observé que le
sommet où les symptômes sont à leur plus haute intensité, chez l’individu qui en souffre,
est généralement au début de l’âge adulte (vers 26 ans, en moyenne; Wittchen et al., 2000),
à un moment de la vie nécessitant des prises de décisions importantes, entre autres pour
les sphères professionnelle et sociale. Par ailleurs, Lieb et ses collaborateurs (2000) ont
observé, auprès de 1047 participants, que les enfants de parents avec un trouble d’anxiété
sociale sont plus à risque de le développer eux-mêmes, bien que plusieurs autres facteurs
familiaux soient impliqués. Le trouble d’anxiété sociale a aussi des conséquences
sociétales importantes (p. ex., augmentation des coûts sociaux), entre autres en lien avec
la baisse de productivité au travail, le taux de chômage et l’utilisation des services de santé
(Acarturk et al., 2009; Lecrubier et al., 2000; Pelissolo, 2012). Par exemple, Acarturk et
al. (2009) ont observé, auprès de 4879 participants, en comparant les coûts sociaux
(notamment les coûts en services de santé et les coûts découlant des pertes de production)
pour les individus avec un diagnostic de phobie sociale aux coûts sociaux pour les
individus sans trouble psychologique, que les coûts sociaux annuels sont significativement
4
plus élevés pour les individus avec un diagnostic de phobie sociale.
La phobie sociale est souvent une condition psychologique qui perdure dans le
temps, au long de la vie, lorsqu’elle n’est pas traitée par une aide professionnelle
(Wittchen et al., 2000). Bien qu’il semble y avoir une augmentation progressive des
demandes de prise en charge pour la phobie sociale depuis les dernières années, en raison
d’une meilleure information du grand public, il s’agit d’une situation psychologique
pourtant peu traitée et mal reconnue par le système de santé (Pelissolo, 2012; Wittchen et
al., 2000). Wittchen et ses collègues (2000) ont notamment observé auprès de 150
participants que seulement le tiers des personnes souffrant de phobie sociale recevrait un
traitement ou une aide professionnelle en lien avec cette condition. Selon Kessler (2003),
il se pourrait que les personnes souffrant d’anxiété sociale soient réticentes à aller chercher
de l’aide, par la nature de leur trouble (p. ex., sentiment d’embarras, peur du jugement),
tant en lien avec leur situation psychologique que pour des maux physiques, les mettant
plus à risque de problèmes ou d’aggravation de symptômes de santé psychologique et
générale.
Le trouble d’anxiété sociale est aussi associé à un haut taux de comorbidité (p. ex.,
avec anxiété généralisée, trouble panique, dépression, abus de substance), ce qui augmente
son interférence et les coûts associés (voir Acarturk et al., 2009). Lecrubier et al. (2000)
ont notamment répertorié que 70 % à 80 % des individus avec un diagnostic de phobie
sociale rencontreraient les critères diagnostiques d’au moins un autre trouble
5
psychologique. C’est généralement la phobie sociale qui précède la survenue des autres
troubles comorbides (APA, 2013). Par exemple, Wittchen et al. (2000) ont observé auprès
de 51 participants présentant une situation de phobie sociale avec comorbidité que, dans
plus de 80 % des cas, la phobie sociale avait précédé d’au moins un an les autres troubles
psychologiques comorbides. Bref, la phobie sociale a des conséquences individuelles,
collectives et socio-économiques notables et il est nécessaire de mieux la comprendre,
afin de mettre en place des interventions les plus ajustées et complètes possibles auprès
des individus qui en souffrent.
Peu d’études ont toutefois porté sur les facteurs explicatifs de la phobie sociale,
limitant la compréhension des facteurs contribuant à son développement et son maintien
ou l’identification des cibles d’intervention. Des auteurs ont identifié des vulnérabilités
cognitives comportementales pertinentes, telles que la peur du jugement négatif (p. ex.,
Rapee & Heimberg, 1997; Weeks et al., 2005) et la sensibilité à l’anxiété (p. ex.,
Rodriguez, Bruce, Pagano, Spencer, & Keller, 2004). Des travaux plus récents suggèrent
aussi que l’intolérance à l’incertitude (II) pourrait être une variable à considérer pour
mieux comprendre l’anxiété sociale (p. ex., Boelen & Reijntjes, 2009; Carleton,
Collimore, & Asmundson, 2010; Teale Sapach, Carleton, Mulvogue, Weeks, &
Heimberg, 2015). Dans ces études, l’II est ressortie comme étant associée à plus de
symptômes d’anxiété sociale. La nature des échantillons utilisés (c.-à-d., presque tous non
cliniques) ainsi que d’autres facteurs méthodologiques (p. ex., absence de contrôle pour
la comorbidité et pour le diagnostic différentiel) limitent toutefois la validité des résultats.
6
Notons aussi que, lors du traitement de l’anxiété sociale, l’ampleur de la diminution
observée sur le plan de l’II prédirait la diminution des symptômes après traitement
(Mahoney & McEvoy, 2012). Afin de contribuer à une meilleure compréhension de la
phobie sociale, cette thèse vise à poursuivre l’étude du rôle de l’II dans l’explication de
l’anxiété sociale, auprès d’une population clinique.
Cette thèse doctorale se divise en cinq sections. La première présente le contexte
théorique, incluant une revue des écrits portant sur les principales variables à l’étude. Les
définitions et les conceptualisations de l’anxiété sociale et de l’II y sont exposées et des
recherches empiriques ayant étudié leur lien y sont résumées et critiquées. Cette section
se termine par la présentation des objectifs et hypothèses de recherche. La deuxième
section décrit la méthode utilisée pour cette étude. Le déroulement, les participants, les
considérations éthiques ainsi que les instruments de mesure privilégiés pour cette étude y
sont exposés. La troisième section présente les résultats issus des analyses préliminaires
et principales réalisées avec les variables à l’étude. La quatrième section présente la
discussion des résultats. Elle présente des pistes d’explications possibles des principaux
résultats ainsi que des idées de recherches futures, en tenant compte d’écrits scientifiques
disponibles. Elle expose aussi les forces et limites de l’étude ainsi que ses retombées
scientifiques et cliniques. Enfin, la cinquième section présente la conclusion de cette
étude.
Contexte théorique
Le présent chapitre présente une revue des écrits scientifiques sur lesquels s’appuie
cette étude doctorale. Il présente d’abord une définition du trouble d’anxiété sociale ainsi
que des modèles théoriques et des travaux empiriques l’ayant étudié, incluant les
principaux facteurs cognitifs et comportementaux explicatifs de l’anxiété sociale, ayant
été identifiés jusqu’à maintenant. Ensuite, y sont présentés les définitions de l’II ainsi
qu’un résumé des principaux travaux empiriques ayant fait ressortir des liens entre l’II et
les troubles anxieux, exposant plus en détail ceux ayant fait ressortir des liens entre l’II et
l’anxiété sociale. Finalement, ce chapitre souligne la pertinence de poursuivre les études
sur le sujet ainsi que les objectifs et hypothèses de recherche de la thèse de D.Ps.
Anxiété sociale
Définition du trouble d’anxiété sociale
Le trouble d’anxiété sociale est défini par une peur persistante et intense d’une ou
plusieurs situations sociales dans lesquelles l’individu peut être exposé à l’observation
d’autrui (APA, 2013). Ces situations incluent des interactions sociales (p. ex., avoir une
conversation), être observé (p. ex., en train de manger) et des situations de performance
(p. ex., faire un discours). Lorsque l’individu est exposé à de telles situations, il craint
alors d’être jugé négativement (p. ex., être jugé comme anxieux, faible, fou, stupide,
ennuyeux, intimidant, sale ou antipathique), d’agir ou de montrer des symptômes
d’anxiété (p. ex., rougir, trembler, transpirer). Certaines personnes ont peur d’offenser les
9
autres ou d’être rejetées. Les situations sociales sont évitées ou subies avec une peur ou
anxiété intense. L’évitement peut être vaste (p. ex., ne pas aller à des fêtes, refuser d’aller
à l’école) ou subtil (p. ex., préparer de façon excessive le texte d’un discours, détourner
l’attention sur les autres, limiter les contacts visuels). La peur ou l’anxiété est jugée
disproportionnée par rapport à la menace réelle. Enfin, ces symptômes entraînent une
souffrance ou nuisent au fonctionnement (APA, 2013).
Des modèles empiriques proposent plus spécifiquement trois catégories de
symptômes d’anxiété sociale, soit cognitifs, comportementaux et physiologiques (Clark
& Wells, 1995; Rapee & Heimberg, 1997). Ceux-ci sont à la base du développement du
Social Phobia Inventory (SPIN; Connor, Davidson, Churchill, Sherwood, & Weisler,
2000), un des outils fréquemment utilisés pour la phobie sociale et qui décèle ces trois
dimensions (Antony, Coons, McCabe, Ashbaugh, & Swinson, 2006; Radomsky et al.,
2006). La dimension cognitive des symptômes d’anxiété sociale réfère à la peur des
situations sociales (p. ex., avoir peur des fêtes ou des événements sociaux, des personnes
en position d’autorité, de parler à des étrangers, d’être observé, embarrassé ou critiqué);
la dimension comportementale des symptômes d’anxiété sociale réfère à l’évitement de
telles situations sociales (p. ex., éviter de parler à des étrangers, d’aller dans des fêtes, de
parler en public, d’être le centre de l’attention, de parler à l’autorité ou d’être critiqué); et
finalement la dimension physiologique des symptômes d’anxiété sociale réfère aux
manifestations physiologiques d’inconfort ressenti en de telles situations sociales (p. ex.,
rougir, transpirer, avoir des palpitations ou trembler devant les autres; Connor et al., 2000;
10
Radomsky et al., 2006).
Facteurs explicatifs de l’anxiété sociale
Des recherches ont porté sur les aspects cognitifs du trouble, comprenant la
perception du public, la vision biaisée de soi, la peur du jugement négatif (PJN), ainsi que
sur des aspects comportementaux, tels que les comportements sécurisants (p. ex., Clark &
Wells, 1995; Hofmann, 2007; Moscovitch, 2009; Rapee & Heimberg, 1997). Elles ont
confirmé que la PJN est une composante fondamentale de l’anxiété sociale. Par exemple,
Weeks et al. (2005) ont observé auprès de 165 participants avec un diagnostic primaire de
phobie sociale que la peur du jugement négatif est associée à plus de symptômes de phobie
sociale. Ces chercheurs ont aussi observé, en comparant les participants avec une phobie
sociale primaire à un groupe contrôle de participants sans trouble anxieux, que ceux avec
un diagnostic primaire de phobie sociale présentent des scores significativement plus
élevés de peur du jugement négatif (Weeks et al., 2005). Cela appuie le fait que la PJN
distingue les individus avec une phobie sociale primaire des individus sans trouble
anxieux. La peur du jugement négatif est définie comme une appréhension face aux
évaluations d’autrui, une attente qu’autrui portera des jugements négatifs sur soi et une
détresse face à de tels jugements négatifs (Watson & Friend, 1969). La PJN se rapporte
au sentiment de crainte associée au fait d’être jugé défavorablement en anticipant ou en
participant à une situation sociale, alors que l'anxiété sociale concerne les réactions
affectives liées aux situations (Weeks et al., 2005).
11
Selon les modèles proposés, l'anxiété sociale serait, en partie, une réponse à la peur
du jugement négatif perçu (Clark & Wells, 1995; Rapee & Heimberg, 1997). Les individus
socialement anxieux supposeraient que le jugement négatif est probable dans toute
situation sociale (Rapee & Heimberg, 1997) et manifesteraient une attention sélective face
aux signes probables de jugements négatifs (Asmundson & Stein, 1994). Ils évalueraient
leurs comportements en situations sociales plus négativement que ne le font des
observateurs (Lundh & Sperling, 2002; Rapee & Lim, 1992), surestimeraient la
probabilité de jugements négatifs, ainsi que les conséquences de tels jugements (Clark &
Wells, 1995; Foa, Franklin, Perry, & Herbert, 1996; Hofmann, 2007; Moscovitch, 2009;
Rapee & Heimberg, 1997). Enfin, les individus socialement anxieux émettent plusieurs
comportements subtils visant à éviter une évaluation négative potentielle (Wells et al.,
1995). Mattick et Peters (1988) ont observé que des changements dans la PJN prédisent
la réponse au traitement de la phobie sociale. Plus spécifiquement, un changement dans
l’estimation des conséquences des jugements négatifs, plutôt que seulement dans
l’estimation des probabilités de tels jugements, prédit la réponse au traitement (Foa et al.,
1996; Hofmann, 2004).
La sensibilité à l’anxiété a aussi été identifiée comme un facteur explicatif lié aux
symptômes de phobie sociale. Par exemple, Rodriguez et ses collègues (2004) ont
observé, auprès de 206 participants présentant divers troubles anxieux, dont 60 présentant
un diagnostic de phobie sociale, que la sensibilité à l’anxiété est associée à plus de
symptômes de phobie sociale. La sensibilité à l’anxiété se définit comme la crainte que
12
les symptômes anxieux (p. ex., des palpitations cardiaques) aient des conséquences
néfastes comme d’entrainer la maladie, l’embarras ou davantage d’anxiété (Reiss,
Peterson, Gursky, & McNally, 1986; Taylor, 1999). Elle comporte trois dimensions :
(1) la dimension somatique, soit la peur des sensations physiques d’anxiété (p. ex., peur
que des palpitations mènent à un arrêt cardiaque), (2) la dimension cognitive, soit la peur
de la perte de contrôle cognitif (p. ex., peur que les symptômes anxieux mènent à la folie),
et (3) la dimension sociale, soit la peur de l’observation publique des symptômes d’anxiété
(p. ex., peur que les symptômes observables, tels que des tremblements, mènent à
l’humiliation ou au rejet; Carleton, Abrams, Asmundson, Antony, & McCabe, 2009;
Taylor et al., 2007; Zinbarg, Barlow, & Brown, 1997). La dimension sociale a été la plus
fortement liée à la phobie sociale auprès d’échantillons cliniques (p. ex., Olatunji &
Wolitzky-Taylor, 2009; Rodriguez et al., 2004) et non cliniques (Carleton et al., 2010).
Récemment, des liens ont aussi été établis entre l’intolérance à l’incertitude (II) et
l’anxiété sociale. Des études montrent qu’elle semble jouer un rôle significatif dans la
prédiction, le maintien et la sévérité des symptômes (p. ex., Boelen & Reijntjes, 2009;
Carleton et al., 2010; Mahoney & McEvoy, 2012). Selon Carleton, Sharpe et Asmundson
(2007b), l’II serait l’une des variables les plus fondamentales reliées aux troubles anxieux.
Intolérance à l’incertitude
Définitions de l’intolérance à l’incertitude
À un niveau plus général, l’II est définie comme la façon dont un individu perçoit
13
l’information dans des situations incertaines et répond à cette information avec un
ensemble de réactions cognitives, émotionnelles et comportementales (Freeston,
Rhéaume, Letarte, Dugas, & Ladouceur, 1994). Elle conduirait à l’incapacité d’agir
devant une situation incertaine (Dugas et al., 2005a), à la tendance à percevoir des
problèmes, même là où il n’y en a pas réellement, et à une résolution de problèmes
inefficace (Freeston et al., 1994). Cette définition est à la base de l’Intolerance of
Uncertainty Scale (IUS, 27 items; Freeston et al., 1994) qui a ensuite été abrégée (IUS-12,
12 items) par Carleton, Norton et Asmundson (2007a).
Dans leur travail sur l’instrument, Carleton et al. (2007a) ont présenté deux
dimensions sous-tendant les items de l’IUS. La première, la dimension prospective,
constituerait une dimension cognitive de l’II (p. ex., les événements imprévus me
dérangent beaucoup), traduisant un désir de prévisibilité et un engagement actif dans la
recherche de certitude. La deuxième, la dimension inhibitrice, constituerait la dimension
comportementale de l’II (p. ex., le moindre doute peut m’empêcher d'agir) traduisant la
paralysie de la cognition et de l'action dans le contexte d'incertitude (Birrell, Meares,
Wilkinson, & Freeston, 2011; Hale et al., 2016).
En 2001, Dugas, Gosselin et Ladouceur ont précisé la définition du construit en le
distinguant de ses manifestations. L’II est alors définie comme la tendance excessive d’un
individu à considérer inacceptable la possibilité qu’un événement négatif survienne,
indépendamment de sa probabilité d’occurrence et de ses conséquences associées. En
14
d’autres mots, des individus présentent un seuil de tolérance plus faible face au fait de ne
pas être certains de ce qui va se passer dans leur vie. Ils évaluent maintes situations comme
étant dérangeantes, voire inacceptables, comparativement aux individus plus tolérants, ce
qui est source d’inconforts au quotidien (Dugas et al., 2001b). Cette définition est à la base
du développement de l’Inventaire d’Intolérance à l’Incertitude (III, 45 items; Gosselin et
al., 2008) qui comprend deux sections. La première section mesure l’II, telle que définie
précédemment, en 15 items. Elle comprend trois dimensions cognitives et émotionnelles.
La première traduit une difficulté à accepter et tolérer les situations incertaines et le fait
que tout ne soit pas déterminé d’avance. La deuxième traduit une tendance à ne pas
supporter l’arrivée d’un imprévu et le fait de devoir y faire face. Enfin, la troisième traduit
une difficulté à demeurer dans l’attente en situations incertaines et un besoin de vouloir
tout savoir dans l’immédiat. La deuxième section de l’instrument, qui contient 30 items,
permet d’évaluer six manifestations cognitives et comportementales découlant de l’II :
l’évitement, le doute, la surestimation des probabilités, l’inquiétude, le contrôle et la
recherche de réassurance. L’évitement traduit l’idée que l’II conduit à éviter les situations
incertaines de façon cognitive (p. ex., éviter d’y penser) ou de façon comportementale
(p. ex., éviter de s’exposer à de telles situations). Le doute traduit l’idée que l’II conduit à
douter de soi-même et des autres. La surestimation des probabilités qu’un événement
négatif survienne traduit l’idée que l’II conduit à surestimer les probabilités que des
événements négatifs se produiront. L’inquiétude traduit l’idée que l’II conduit à
s’inquiéter. Le contrôle traduit l’idée que l’II conduit à vouloir contrôler les situations de
la vie pour tenter de diminuer les incertitudes. La recherche de réassurance traduit l’idée
15
que l’II conduit à chercher à être rassuré par autrui ou à travers différentes sources
d’information (Gosselin et al., 2008). Bref, l’III présente l’avantage d’évaluer la tendance
excessive d’un individu à considérer les incertitudes comme inacceptables en plusieurs
dimensions, en plus d’évaluer distinctement des manifestations ou conséquences
cognitives, comportementales ou émotionnelles qui en découlent.
Le rôle de l’intolérance à l’incertitude dans les troubles anxieux
Les premières études sur les liens entre l’II et les troubles anxieux ont surtout porté
sur le trouble d’anxiété généralisée (TAG) (p. ex., Dugas, Gagnon, Ladouceur, &
Freeston, 1998; Dugas et al., 2001b; Ladouceur et al., 1999; Ladouceur, Gosselin, &
Dugas, 2000). La prévalence du TAG se situe entre 4 % et 8 % au cours d’une vie (Kessler
et al., 2005) et les personnes souffrant de TAG présentent souvent d’autres troubles
anxieux comorbides, dont la phobie sociale (APA, 2013). Des études non cliniques (Buhr
& Dugas, 2006; Dugas, Freeston, & Ladouceur, 1997; Dugas et al., 2001b) et cliniques
(Dugas & Ladouceur, 2000; Ladouceur et al., 1999; Ladouceur et al., 2000) montrent que
l’II est fortement liée aux inquiétudes et que c’est un prédicteur significatif des symptômes
du TAG. Les études cliniques montrent que les individus souffrant d’un diagnostic de
TAG présentent des niveaux plus élevés d’intolérance à l’incertitude que ceux avec
d’autres troubles d’anxiété, tels que le trouble panique ou la phobie sociale (Ladouceur et
al., 1999; Dugas, Marchand, & Ladouceur, 2005b). Par exemple, Dugas et al. (2005b) ont
observé, en comparant 17 participants présentant un diagnostic de TAG sans comorbidité
à 28 participants présentant un diagnostic de trouble panique sans comorbidité, que les
16
niveaux d’II étaient plus élevés pour les participants avec un TAG. L’intolérance à
l’incertitude distinguerait également les individus présentant des symptômes de TAG
clinique et non clinique de ceux présentant des inquiétudes modérées non cliniques
(Ladouceur, Blais, Freeston, & Dugas, 1998). En outre, il a été démontré que les
changements dans l'intolérance à l'incertitude ont tendance à précéder les changements
dans l'inquiétude (Dugas & Ladouceur, 2000). Les études visant à manipuler
expérimentalement l’II montrent que l’II semble avoir un effet sur le niveau d’inquiétude
ensuite rapporté. Par exemple, l’étude de Ladouceur et ses collaborateurs (2000) a
démontré, en comparant deux groupes de 21 participants chacun, que lorsque l’intolérance
à l’incertitude est augmentée, cela conduit à une augmentation de l’inquiétude et lorsque
l’II est diminuée, cela conduit à une diminution de l’inquiétude. L'intolérance à
l’incertitude représente donc un processus cognitif clé impliqué dans la compréhension de
l’inquiétude qui est d’ailleurs la principale caractéristique du TAG.
Plusieurs études ont par ailleurs voulu vérifier la spécificité du lien entre l’II et les
symptômes du TAG (dont l’inquiétude excessive). Les études non cliniques (Buhr &
Dugas, 2006; Dugas et al., 2001b; Dugas et al., 1997; Freeston et al., 1994) ont démontré
que, même lorsque d’autres variables associées à l’inquiétude sont contrôlées (p. ex.,
l’anxiété, la dépression, la sensibilité à l’anxiété, les obsessions/compulsions,
l’intolérance à l’ambiguïté, le perfectionnisme, la perception de contrôle), le lien entre
l’intolérance à l’incertitude et l’inquiétude, considéré comme le principal symptôme du
TAG, demeure significatif. Ainsi, l’apport unique de l’II dans la prédiction des symptômes
17
du TAG a été démontré (Dugas et al., 2001b).
Par ailleurs, les chercheurs se sont également intéressés à étudier le lien possible
entre l’intolérance à l’incertitude et d’autres troubles anxieux dont le trouble obsessionnel-
compulsif (TOC) (p. ex., Holaway, Heimberg, & Coles, 2006; Sarawgi, Oglesby, &
Cougle, 2013; Steketee, Frost, & Cohen, 1998) et le trouble panique (p. ex., Carleton et
al., 2014; Dugas et al., 2005b). La prévalence à vie du TOC varie entre 1 % et 2 % et celle
du trouble panique varie entre 2 % et 6 % (Kessler et al., 2005). Tous deux présentent un
taux de comorbidité élevé avec les autres troubles anxieux, dont la phobie sociale (APA,
2013). Holaway et ses collègues (2006) ont observé, auprès de quatre groupes de
participants, présentant soit (1) un TAG sans TOC, (2) un TOC sans TAG, (3) les deux
troubles ou (4) aucun des deux, que l’intolérance à l’incertitude est associée aux
inquiétudes excessives, aux symptômes du TAG et du TOC, et la force de cette relation
ne différait pas significativement entre les symptômes du TAG et du TOC. De plus, il a
été démontré que l’II (mesuré par l’IUS-12) explique une variance spécifique significative
des différents symptômes et dimensions du TOC auprès d’une population clinique
(Jacoby, Fabricant, Leonard, Riemann, & Abramowitz, 2013) et non clinique (Sarawgi et
al., 2013). Par ailleurs, Carleton et al. (2014) ont démontré que l’II explique une variance
spécifique significative des symptômes du trouble panique, pour une population clinique
de 132 participants présentant un diagnostic primaire de trouble panique,
indépendamment de la sensibilité à l’anxiété, considérée comme une variable explicative
centrale dans ce trouble.
18
Liens entre l’intolérance à l’incertitude et l’anxiété sociale
Récemment, des chercheurs se sont intéressés à étudier le lien possible entre
l’intolérance à l’incertitude et l’anxiété sociale, incluant le trouble d’anxiété sociale
(phobie sociale) (p. ex., Boelen & Reijntjes, 2009; Carleton et al., 2010; Teale Sapach et
al., 2015). Des études non cliniques ont montré que l’II serait un prédicteur de l’anxiété
sociale (Boelen & Reijntjes, 2009; Carleton et al., 2010; Whiting et al., 2013),
indépendamment d’autres variables y étant liées, comme la PJN et la sensibilité à
l’anxiété. Boelen et Reijntjes (2009) ont d’abord tenté de vérifier si l’II, mesurée par l’IUS,
était un prédicteur significatif des symptômes d’anxiété sociale, après avoir contrôlé
l’effet d’autres variables cognitives pertinentes à ce trouble, soit la PJN, la sensibilité à
l’anxiété, la faible estime de soi, trois dimensions de perfectionnisme, l’inquiétude
pathologique et le névrotisme. Ils ont aussi examiné la spécificité du lien entre l’II et les
symptômes du TAG, de la phobie sociale, du TOC et de la dépression, en contrôlant la
variance partagée par ces symptômes. Leurs résultats ont montré que l’II permettait de
prédire un pourcentage significatif de la variance de l’anxiété sociale, au-delà de celle
prédite par les autres variables contrôles, et que seuls le névrotisme, la PJN et l’II
apportaient une contribution unique dans la prédiction. Deux régressions supplémentaires
utilisant ces dernières variables ont montré que l’II, entrée dans une dernière étape,
permettait de prédire 5,4 % de variance additionnelle de l’anxiété sociale,
comparativement à la PJN qui, entrée dans une dernière étape, augmentait la variance
prédite de 6,6 %. L’ensemble prédisait 52,8 % de la variance. Concernant la spécificité de
19
l’II, leurs résultats ont montré que les symptômes d’anxiété sociale permettaient de prédire
4,9 % de variance supplémentaire de l’II, après avoir isolé la variance prédite par les
symptômes du TAG, du TOC et de la dépression. En d’autres mots, ces résultats
confirment que l’II constitue un prédicteur pertinent de l’anxiété sociale et que sa
contribution s’avère indépendante de celle d’autres variables cognitives comme la PJN,
qui constitue un facteur important pour l’explication de la phobie sociale (voir Weeks et
al., 2005).
Deux autres études ont reproduit ces premiers résultats à l’aide de méthodes
similaires, en utilisant d’autres mesures ou dimensions de symptômes d’anxiété sociale,
dont l’anxiété de performance en situation sociale, l’évitement social et la détresse
ressentie (voir Carleton et al., 2010; Whiting et al., 2013). Leurs résultats appuient aussi
le rôle de l’II dans la prédiction des symptômes, après avoir contrôlé l’effet d’autres
variables cognitives. Ils apportent de surcroit des précisions quant au rôle prédictif des
dimensions inhibitrice et prospective de l’II. La dimension inhibitrice de l’IUS-12 a
contribué à la prédiction des symptômes d’anxiété sociale dans ces études, alors que la
dimension prospective de l’IUS-12 n’a pas contribué à la prédiction. L’évitement et la
paralysie liés aux incertitudes pourraient donc être des manifestations plus spécifiques de
l’II pour l’anxiété sociale, comparativement au désir de prévisibilité et à l’engagement
actif vers la recherche de certitude. Enfin, Carleton et al. (2010) ont observé que les
participants de leur échantillon qui présentaient à la fois des symptômes de phobie sociale
et de TAG étaient ceux qui présentaient le plus haut niveau d’II, comparativement aux
20
participants présentant seulement l’un ou l’autre des types de symptômes ou un faible
niveau de chacun d’eux. Ceux présentant seulement l’un ou l’autre des types de
symptômes (TAG ou phobie sociale) ne différaient pas quant au niveau d’II rapporté, mais
présentaient tout de même des niveaux d’II plus élevés que ceux présentant un faible
niveau de symptômes anxieux. Ces résultats appuient aussi le lien entre l’II et l’anxiété
sociale et suggèrent que les manifestations inhibitrices de l’II (évitement des incertitudes),
semblent davantage pertinentes à considérer dans ce trouble. Davantage d’II pourrait par
ailleurs être lié à un plus vaste éventail de symptômes chez les participants.
Certains aspects méthodologiques de ces études doivent toutefois être soulignés.
D’abord, les résultats proviennent de participants non cliniques. Les différents troubles
ont été évalués par questionnaires et aucun diagnostic n’a été réalisé. Les résultats obtenus
sont ainsi peu généralisables à la population clinique. Il pourrait y avoir d’importantes
différences entre les individus formellement diagnostiqués avec un ou des troubles
anxieux, dont la phobie sociale, et les participants des études provenant d’échantillons non
cliniques. L’échantillon de Boelen et Reijntjes (2009) comprenait par ailleurs 126 adultes
des Pays-Bas et était presque exclusivement composé de femmes (91,3 %). La
généralisation est donc limitée. Carleton et al. (2010) recommandent d’utiliser un
échantillon clinique, constitué de participants ayant un diagnostic confirmé de phobie
sociale, en contrôlant pour la comorbidité dans les études subséquentes et d’utiliser le
SPIN (Connor et al., 2000) pour mesurer les sous-types de symptômes d’anxiété sociale
distinctement et ainsi voir si l’II contribue à la prédiction de symptômes spécifiques du
21
trouble. Enfin, Whiting et al. (2013) suggèrent, comme outil de mesure de l’II, d’utiliser
l’Inventaire d’Intolérance à l’Incertitude (III; Gosselin et al., 2008).
Teale Sapach et ses collègues (2015) ont ensuite examiné le rôle de quatre
variables cognitives dans la prédiction de la phobie sociale, soit la PJN, la peur du
jugement positif (PJP), la sensibilité à l’anxiété (dimensions somatique, cognitive, et
sociale) et l’II (dimensions prospective et inhibitrice de l’IUS-12). Pour ce faire, ils ont
recruté des participants canadiens présentant un diagnostic de phobie sociale, au
téléphone. Leurs résultats ont montré que seules la PJN, la PJP, la dimension prospective
de l’II et la dimension cognitive de la sensibilité à l’anxiété étaient des prédicteurs
significatifs de la phobie sociale. Ces premiers résultats portant sur la contribution de l’II
auprès d’un échantillon clinique appuient ceux des études non cliniques. Toutefois, les
relations observées entre les deux dimensions de l’IUS-12 et les symptômes de phobie
sociale diffèrent de celles des études de Carleton et al. (2010) et de Whiting et al. (2013);
Seule la dimension prospective contribue à la prédiction des symptômes de phobie sociale.
Il importe aussi de souligner quelques facteurs méthodologiques inhérents à cette
étude. D’abord, seul le module de phobie sociale du Structured Clinical Interview for
DSM-IV-TR Axis I Disorders (SCID-I; First, Spitzer, Gibbon, & Williams, 2002) a été
administré pour le diagnostic. Aucun autre trouble n’a été évalué par un intervenant, ce
qui n’a pas permis de faire de diagnostic différentiel. Les participants devaient toutefois
indiquer que leur anxiété sociale était leur principale difficulté, ce qui a pu être biaisé par
22
l’objectif de l’étude (désir de bénéficier d’un traitement pour l’anxiété sociale). Les
auteurs rapportent par ailleurs un haut taux de comorbidités dans leur échantillon tel
qu’observé aux questions d’évaluation sommaire du SCID-I. Cela pourrait notamment
expliquer les différences de relation entre les sous-dimensions de l’IUS-12 et la phobie
sociale. Considérant ces limites, Teale Sapach et al. (2015) recommandent de poursuivre
les études en excluant ou en contrôlant la comorbidité auprès d’échantillons cliniques afin
d’approfondir et de mieux élucider le lien entre la phobie sociale et les dimensions de l’II.
Farmer, Gros, McCabe et Antony (2014) ont pour leur part comparé les symptômes
d’adultes présentant (1) un diagnostic de phobie sociale seule (sans comorbidité), (2) un
diagnostic primaire de phobie sociale avec comorbidité et (3) un diagnostic de phobie
sociale secondaire à un autre trouble primaire. Bien que leur but n’était pas d’étudier le
rôle de l’II, cette variable a été mesurée à l’aide de l’IUS-12. Leurs résultats n’ont pas
permis d’observer de différence significative entre les trois groupes sur le plan de l’II,
bien que certains effets étaient près du seuil de signification. Bien que cette étude puisse
à première vue suggérer que le niveau d’II ne soit pas lié au statut diagnostic des
participants cliniques (phobie sociale seule, primaire avec comorbidité ou secondaire), un
manque de puissance et le fait de ne pas avoir tenu compte des diagnostics secondaires
spécifiques peut avoir influencé les résultats. Le fait de préciser le diagnostic différentiel
et les troubles comorbides permettrait de contrôler l’effet d’autres symptômes liés à l’II et
de mieux investiguer son lien avec la phobie sociale.
23
En résumé, les études semblent, pour la plupart, appuyer le rôle de l’II dans la
prédiction de la sévérité des symptômes d’anxiété sociale. En majorité, il s’agit d’études
non cliniques, à l’exception de celles de Farmer et al. (2014) et de Teale Sapach et al.
(2015), qui n’ont pas évalué les différents troubles présents au sein de leur échantillon.
Par ailleurs, la plupart des études ont principalement utilisé l’outil de mesure IUS, court
ou long, qui se limite à évaluer les dimensions prospective et inhibitrice de l’II. Aucune
étude clinique n’a encore étudié le lien entre l’II et l’anxiété sociale en utilisant l’III
(Gosselin et al., 2008), permettant de mesurer l’II selon plusieurs dimensions. Enfin,
aucune étude clinique n’a encore examiné le lien entre l’II et l’anxiété sociale en vérifiant
l’apport prédictif de l’II sur les trois dimensions de l’anxiété sociale (cognitive,
comportementale et physiologique), évaluées par l’Inventaire de Phobie Sociale (IPS;
Connor et al., 2000; traduction française : Charrette, Léveillé, O'Connor, Pélissier, & St-
Jean-Trudel, 2003). Il est donc pertinent de poursuivre les études sur le sujet dans le but
de mieux comprendre la nature du lien entre l’II et la phobie sociale, tout en considérant
d’autres facteurs contributifs à la prédiction des symptômes d’anxiété sociale et d’autres
troubles ou symptômes psychologiques présents.
Objectifs et hypothèses
Cette thèse vise à poursuivre l’étude du lien entre l’II et le diagnostic et les
symptômes de phobie sociale auprès d’une population clinique ayant exprimé un besoin
d’aide au plan psychologique et ayant été référée par un psychiatre pour des troubles
d’anxiété et de l’humeur. Plus précisément, elle vise à (1) vérifier les liens entre, d’une
24
part, les dimensions d’II (p. ex., difficulté à accepter et tolérer les situations incertaines,
difficulté à demeurer dans l’attente, surestimation des probabilités d'occurrence d'un
évènement, évitement des situations incertaines, doute en présence d’incertitude; Gosselin
et al., 2008) et, d’autre part, les symptômes et dimensions (cognitive, comportementale et
physiologique) d’anxiété sociale. Elle vise aussi à vérifier l’apport unique de l’II dans la
prédiction des symptômes et dimensions d’anxiété sociale après avoir considéré l’effet
d’autres facteurs psychologiques (soit la PJN et la sensibilité à l’anxiété). Il est attendu
que l’II et ses manifestations seront liées positivement aux symptômes et dimensions
d’anxiété sociale, et ce, même après avoir contrôlé l’effet d’autres facteurs pertinents
(hypothèse 1). Basé sur les travaux ayant étudié les dimensions inhibitrice et prospective
de l’II, il est attendu que certaines sous-échelles de l’III, p. ex., la sous-échelle évitement,
seront associées de façon spécifique à l’anxiété sociale et à certaines de ses dimensions
(hypothèse 2). Puisqu’aucune étude n’a encore vérifié le lien concernant les dimensions
d’anxiété sociale, aucune hypothèse n’est postulée à ce niveau. Concernant la spécificité
de l’II, l’étude vise aussi à (2) comparer les patients présentant un diagnostic primaire de
phobie sociale (sans TAG, TOC ou trouble panique comorbides) à ceux présentant un
autre trouble anxieux primaire, c’est-à-dire un TAG (sans phobie sociale, TOC ou trouble
panique comorbides), un TOC (sans phobie sociale, TAG ou trouble panique comorbides)
ou un trouble panique avec ou sans agoraphobie (sans phobie sociale, TAG ou TOC
comorbides), sur le plan de leurs niveaux d’II. Compte tenu du nombre peu élevé d’études
sur ce sujet, cet objectif est traité de façon exploratoire; aucune hypothèse n’est postulée.
Méthode
Cette section présente la méthodologie utilisée pour répondre aux objectifs et
hypothèses formulées. Elle inclut des informations sur le déroulement, les participants, les
considérations éthiques et les instruments de mesure ayant servi à la collecte de données.
Déroulement et participants
Cette recherche, réalisée selon un plan de recherche corrélationnel transversal,
s’intègre au programme spécialisé d’évaluation et de traitement de l’Unité de Thérapie
Cognitive-Comportementale (UTCC) du Centre de psychiatrie du CISSS de Chaudière-
Appalaches (site Hôtel-Dieu de Lévis). Elle a eu recours à l’utilisation rétrospective de
données secondaires d’un projet en cours à l’UTCC, n’ayant pas encore été publié, ciblant
le même objectif principal que le présent projet, soit « améliorer la compréhension des
troubles anxieux ». Les participants recrutés pour cette étude, représentant un échantillon
clinique de 242 adultes (N = 242), ont d’abord été référés par un psychiatre, pour une
évaluation et un traitement cognitif-comportemental lié à des troubles d’anxiété et
d’humeur. Ceux-ci sont âgés entre 18 et 79 ans et la moyenne d’âge est de 39,80 ans
(ÉT = 13,85). L’échantillon comporte 150 femmes et 92 hommes. La moyenne d’âge est
de 38,88 ans (ÉT = 13,29) chez les femmes et de 41,29 ans (ÉT = 14,65) chez les hommes.
Pour ce qui est de l’évaluation globale du fonctionnement (EGF), basée sur le Diagnostic
and Statistical Manual of Mental Disorders, 4e édition, texte révisé (DSM-IV-TR;
American Psychiatric Association [APA], 2000), la moyenne est de 62,51 (ÉT = 7,35),
27
chez les participants. La majorité des participants de l’étude présente plus d’un diagnostic
psychologique : 78,1 % des participants présentent un diagnostic secondaire, 33,9 %
présente un diagnostic tertiaire, et 7 % présente un diagnostic quaternaire. Parmi les
participants, 65,7 % ont un diagnostic primaire de trouble anxieux (voir le Tableau 1) et
34,3 % ont un diagnostic primaire autre qu’un trouble anxieux. Parmi les diagnostics
autres qu’un trouble anxieux, les plus fréquents chez les participants de l’étude sont (a) le
trouble dépressif majeur (16,3 %), (b) le trouble d’adaptation, avec humeur dépressive,
anxieuse ou mixte (6,3 %), (c) le trouble bipolaire de type 1 ou 2 (5 %) et (d) les troubles
de la personnalité (3,7 %). Enfin, la majorité des participants (88,9 %) prennent une
médication en lien avec leurs symptômes anxieux ou dépressifs. Les principales
médications prises sont des antidépresseurs tricycliques (ATC), des inhibiteurs sélectifs
de la recapture de la sérotonine (ISRS), des benzodiazépines, des antipsychotiques
(typiques et atypiques), des anxiolytiques ou hypnotiques non benzodiazépinés, des
stabilisateurs de l’humeur, des anticonvulsivants et d’autres antidépresseurs. Le Tableau 1
présente la répartition des participants selon les différentes variables
sociodémographiques.
Pour établir le diagnostic clinique des participants, une première hypothèse est
d’abord formulée par un psychiatre, étant ensuite soumise à l’UTCC pour une évaluation
approfondie. Ceci permet alors de formuler l’impression diagnostique complète. Les
évaluateurs de l’UTCC sont soit des psychologues ou des étudiants, doctorants en
28
Tableau 1
Distribution des participants selon les variables sociodémographiques et l’évaluation
psychologique
Variables sociodémographiques N %
Tranche d’âge
18 à 24 ans 37 15,29
25 à 34 ans 61 25,21
35 à 44 ans 54 22,31
45 à 54 ans 51 21,07
55 à 64 28 11,57
65 à 79 10 4,13
Donnée manquante
1 0,41
Scolarité
Primaire 6 2,5
Secondaire 67 27,7
DEP ou l’équivalent 12 5,0
Collégial 72 29,8
Universitaire 83 34,3
Données manquantes
2 0,8
Statut civil
Marié(e) 62 25,6
Conjoint(e) de fait 79 32,6
Célibataire 75 31,0
Veuf(ve) 3 1,2
Séparé(e) 11 4,5
Divorcé(e) 11 4,5
Donnée manquante
1 0,4
Présence d’un trouble anxieux selon le DSM-IV-TRa
Trouble panique avec ou sans agoraphobie (TP/A) 39 (27) 16,1 (11,2)
Phobie spécifique 7 (5) 2,9 (2,1)
Phobie sociale (PS) 21 (14) 8,7 (5,8)
Trouble obsessif-compulsif (TOC) 38 (30) 15,7 (12,4)
Trouble de stress post-traumatique (ESPT) 14 (13) 5,8 (5,4)
État de stress aigu (ESA) 1 (1) 0,4 (0,4)
Trouble d’anxiété généralisée (TAG) 52 (37) 21,5 (15,3)
Trouble anxieux non spécifié (NOS)
45 (30) 18,6 (12,4)
Quantité de médicaments (en santé mentale)
0 18 7,4
1 57 23,6
2 84 34,7
3 50 20,7
4 15 6,2
5 7 2,9
6 2 0,8
Données manquantes
9 3,7
Hospitalisation antérieure psychiatrique
Oui 74 30,6
Non 165 68,2
Données manquantes 3 1,2
a Le nombre total de diagnostics pour le trouble est indiqué; (le nombre de diagnostics primaires pour le trouble apparaît
entre parenthèses).
29
psychologie, supervisés par une psychologue de près de 20 ans d’expérience. Les
psychologues et étudiants évaluateurs sont formés à l’utilisation d’entrevues structurées
et à l’évaluation de troubles anxieux et associés du DSM-IV-TR (APA, 2000). Chaque
patient complète une batterie d’instruments standardisés, comportant ceux de la présente
étude. Le temps requis pour remplir la batterie de questionnaires est d’environ deux à trois
heures au total, sur une période d’environ deux semaines. Les critères d’inclusion des
participants sont les suivants : (a) être âgé de 18 ans et plus, (b) avoir été référé à l’UTCC
par un psychiatre et (c) présenter un trouble anxieux ou de l’humeur selon le diagnostic
posé par le psychologue ou l’étudiant doctorant en psychologie, évaluateur à l’UTCC,
basé sur le DSM-IV-TR (APA, 2000). Les patients présentant un trouble psychotique, un
déficit cognitif majeur, une déficience intellectuelle ou toute autre raison risquant d’altérer
la validité des questionnaires (p. ex., un épisode maniaque non stabilisé), selon
l’évaluation faite par l’évaluateur de l’UTCC, ont été exclus.
Considérations éthiques
La procédure utilisée pour cette étude a été approuvée par le comité d’éthique du
CISSS de Chaudière-Appalaches (projet 2017-013) et par le comité d’éthique de
l’Université de Sherbrooke (projet 2017-1491). L’accès aux données utilisées pour la
présente étude requiert une demande d’autorisation d’accès aux dossiers des patients à la
direction des soins professionnels du Centre de psychiatrie du CISSS de Chaudière-
Appalaches (site Hôtel-Dieu de Lévis). Pendant la procédure clinique, les dossiers étaient
sous clé et réservés pour assurer la confidentialité. Ensuite, une banque de données
30
informatique indépendante, avec accès restreint, a été créée où les données sont
entièrement dénominalisées et où rien ne permet d’identifier les répondants. Leur nom,
date de naissance et adresse ne figurent à aucun endroit dans cette banque. Seuls les
chercheurs principaux de l’étude ont accès à cette banque de données informatique et c’est
celle-ci qui a été utilisée pour la présente recherche. La procédure, ne consistant qu’à
remplir des questionnaires et à être évalué, se situe sous le seuil du risque minimal.
Instruments de mesure
Informations sociodémographiques
L’âge, le genre, le niveau de scolarité complété et le statut civil sont évalués à l’aide
d’un questionnaire sociodémographique. (Voir Appendice A).
Mesure d’intolérance à l’incertitude
L’Inventaire d’Intolérance à l’Incertitude (III, 45 items; Gosselin et al., 2008).
Il évalue la tendance d’un individu à considérer comme inacceptables les incertitudes de
la vie. La cotation s’effectue à l’aide d’une échelle Likert en cinq points. Tel que décrit à
la section précédente, l’III comprend deux sections. La partie A (15 items) mesure la
tendance d'un individu à être intolérant à l’incertitude selon trois dimensions : (1) la
difficulté à tolérer les incertitudes, (2) la difficulté à tolérer les imprévus et (3) la difficulté
à tolérer l’attente en situations incertaines. La partie B (30 items) mesure six
manifestations cognitives et comportementales de 1'intolérance à 1'incertitude : (1) la
surestimation des probabilités, (2) le contrôle, (3) la recherche de réassurance, (4)
31
l’évitement, (5) l’inquiétude et (6) le doute. Il possède une structure factorielle bien
définie, une bonne validité convergente, une fidélité test-retest satisfaisante pour
l’ensemble des sous-échelles (cinq semaines; r = 0,66 à 0,76) et une excellente cohérence
interne pour la première section (α = 0,96), ainsi que pour la deuxième section (α = 0,97;
Gosselin et al., 2008). (Voir Appendice B).
Questionnaires sur les symptômes anxieux
L’Inventaire de Phobie Sociale (IPS, 17 items; Connor et al., 2000; traduction
française : Charrette et al., 2003). Il évalue les symptômes de phobie sociale en trois
dimensions, c’est-à-dire (1) la peur (sous-échelle cognitive), (2) l’évitement (sous-échelle
comportementale) et (3) les symptômes physiologiques (sous-échelle physiologique),
associés à l’anxiété sociale, tels qu’abordés à la section précédente. Il permet d’évaluer un
score total pour l’ensemble des symptômes de phobie sociale ainsi qu’un score pour
chacune des trois dimensions de symptômes de phobie sociale. La cotation s’effectue à
l’aide d’une échelle Likert en cinq points, permettant d’obtenir un score total de 0 à 68,
un score à la sous-échelle cognitive de 0 à 24, un score à la sous-échelle comportementale
de 0 à 28 et un score à la sous-échelle physiologique de 0 à 16. Un score total de 19 et
plus pourrait indiquer la présence d’une phobie sociale (Connor et al., 2000), bien qu’une
prudence est de mise dans l’utilisation d’un tel score critère à des fins diagnostiques. L’IPS
présente une validité factorielle ainsi qu’une bonne validité convergente et divergente
(Radomsky et al., 2006). La fidélité test-retest (r = 0,78 à 0,89) et la cohérence interne
(α = 0,82 à 0,94) de la version utilisée sont adéquates (Connor et al., 2000). (Voir
32
Appendice C).
Le Questionnaire sur l’Inquiétude et l’Anxiété (QIA, 11 items; Dugas et al.,
2001a). Il évalue la présence et l’intensité des symptômes et critères diagnostiques du
trouble d’anxiété généralisée (TAG), selon le DSM-IV (APA, 1994). Il compte dix items
évalués par une échelle de sévérité en neuf points de type Likert variant de 0 à 8 et une
question ouverte permettant aux répondants d’identifier leurs principaux thèmes
d’inquiétudes. Pour cette étude, un score total a été calculé. Il s’agit d’un score pondéré
dans lequel les items cognitifs et d’interférence ont un poids de 1 et les items somatiques
ont un poids de 0,5. Les scores de chaque item sont multipliés par leur poids et additionnés
pour créer un score total variant entre 0 et 56 (voir Deschênes & Dugas, 2013). Le QIA
montre une bonne validité convergente et divergente ainsi qu’une fidélité test-retest
satisfaisante (neuf semaines; r = 0,75; Dugas et al., 2001a). (Voir Appendice D).
L’Inventaire des Obsessions et des Compulsions-Révisé (IOC-R, 18 items;
Foa et al., 2002; traduction française : Zermatten, Van der Linden, Jermann, &
Ceschi, 2006). Il évalue les symptômes obsessionnels et compulsifs en six sous-échelles.
Seul le score total a été utilisé pour la présente étude. La cotation s’effectue à l’aide d’une
échelle Likert en cinq points, permettant d’obtenir un score se situant de 0 à 72.
L’inventaire présente une fidélité test-retest adéquate (quatre semaines; r = 0,70) ainsi
qu’une bonne validité convergente, divergente et factorielle (Foa et al., 2002; Hajcak,
Huppert, Simons, & Foa, 2004). La version française utilisée montre une cohérence
interne satisfaisante (α = 0,63 à 0,86; Zermatten et al., 2006). (Voir Appendice E).
33
Le Questionnaire des Sensations Physiques (QSP, 17 items; Chambless,
Caputo, Bright, & Gallagher, 1984; traduction française : Stephenson, Marchand,
& Lavallée, 1998). Il mesure la peur des sensations corporelles associées au trouble
panique. La cotation s’effectue à l’aide d’une échelle Likert en cinq points, permettant
d’obtenir un score se situant de 17 à 85. Il présente une bonne validité convergente et
divergente (Chambless et al., 1984; Stephenson et al., 1998). La validation en français de
l’outil révèle une cohérence interne (α = 0,89 à 0,94) et une fidélité test-retest à un
intervalle de 42 jours (r = 0,53) satisfaisantes (Stephenson et al., 1998). (Voir
Appendice F).
Autres questionnaires sur les processus cognitifs associés à l’anxiété sociale
L’Échelle de Peur du Jugement Négatif d’Autrui (PJNA, 12 items; Leary,
1983; traduction française : Kérouack, Boisvert, & Prévost, 1987). Elle évalue
l'appréhension d'être évalué, la détresse face à une évaluation négative, l'évitement des
situations d'évaluation et l'attente que les autres émettront un jugement négatif à propos
de soi. La cotation s’effectue à l’aide d’une échelle Likert en cinq points, permettant
d’obtenir un score se situant de 12 à 60. Elle présente une bonne validité convergente, la
cohérence interne de la traduction française est satisfaisante (α = 0,94; Musa, Kostogianni,
& Lépine, 2004) et la fidélité test-retest est adéquate (quatre semaines; r = 0,75; Leary,
1983). (Voir Appendice G).
34
L’Index de Sensibilité à l’Anxiété (ISA, 16 items; Reiss et al., 1986; traduction
française : Stephenson, Marchand, Lavallée, & Brillon, 1994). Il mesure la tendance à
attribuer des conséquences négatives aux symptômes anxieux aux plans social, physique
ou psychologique. La cotation s’effectue à l’aide d’une échelle Likert en cinq points,
permettant d’obtenir un score se situant de 0 à 64. La version française présente une bonne
validité convergente, une bonne cohérence interne (α = 0,87) et une bonne fidélité test-
retest (trois semaines; r = 0,91; Stephenson et al., 1994). (Voir Appendice H).
Résultats
Cette section présente les analyses effectuées lors de l’étude ainsi que les résultats
pertinents qui en ressortent. Des analyses préliminaires ont d’abord été réalisées afin de
vérifier la cohérence interne des instruments utilisés dans la présente étude, les postulats
de base à respecter et la pertinence de contrôler pour des variables sociodémographiques
lors des analyses principales. Les analyses principales ont ensuite été effectuées afin de
répondre aux deux objectifs de l’étude.
Analyses préliminaires
La cohérence interne des instruments de mesure auprès des participants de
l’échantillon a été vérifiée. Un alpha de Cronbach de plus de 0,70 représente une
cohérence interne adéquate selon les critères de Kline (1999). Tels que présentés dans le
Tableau 2, les indices obtenus pour l’ensemble des instruments se situent entre 0,75 et
0,96, ce qui soutient l’acceptabilité de leur cohérence interne et de celle de leurs sous-
échelles.
Les postulats de base des analyses nécessaires à la vérification des hypothèses ont
aussi été vérifiés et sont respectés. L’ensemble des variables présente des indices
d'asymétrie et d'aplatissement se situant entre -1,00 et 1,00, ce qui indique une distribution
normale. Le Tableau 2 présente ces indices ainsi que les statistiques descriptives des
variables à l’étude. Pour les analyses de régressions (analyses principales), divers indices
Tableau 2
Description des variables et cohérence interne des instruments de mesure pour l’échantillon
Variables Alpha de Cronbach Moyenne Écart-
type
Minimum Maximum Asymétrie Aplatissement
IPS 0,94 28,50 16,28 0 67 0,22 -0,79
IPS-cognitif 0,86 10,48 6,17 0 24 0,17 -0,88
IPS-comportemental 0,89 12,00 7,50 0 28 0,20 -0,99
IPS-physiologique 0,75 6,01 4,01 0 16 0,38 -0,55
QIA 0,85 38,38 9,00 5,5 54,5 -0,66 0,08
OCI-R 0,88 18,11 12,17 0 56 0,98 0,36
QSP 0,93 45,16 15,84 17 85 0,11 -0,89
III-A total 0,95 48,29 14,56 17 75 -0,31 -0,71
III-A incertitude 0,93 28,35 9,02 9 45 -0,23 -0,69
III-A imprévus 0,84 5,88 2,21 2 10 -0,16 -0,86
III-A attendre 0,87 14,07 4,32 4 20 -0,46 -0,74
III-B total 0,96 91,63 27,70 31 147 -0,21 -0,68
III-B surestimation 0,94 15,52 5,92 5 25 -0,22 -1,00
III-B contrôle 0,90 12,95 5,69 5 25 0,37 -0,80
III-B réassurance 0,91 15,83 5,59 5 25 -0,22 -0,94
III-B évitement 0,91 13,93 5,73 5 25 0,10 -1,00
III-B inquiétude 0,90 16,81 5,28 5 25 -0,41 -0,72
III-B doute 0,92 16,56 5,52 5 25 -0,46 -0,69
PJNA 0,90 44,34 9,95 16 60 -0,50 -0,47
ISA 0,90 27,02 13,367 0 59 0,058 -0,597
Note. IPS = Inventaire de Phobie sociale; QIA = Questionnaire sur l’inquiétude et l’anxiété; OCI-R = Inventaire des obsessions et des
compulsions-révisé; QSP = Questionnaire des sensations physiques; III-A = Inventaire d’intolérance à l’incertitude-partie A; III-B =
Inventaire d’intolérance à l’incertitude-partie B; PJNA = Échelle de peur du jugement négatif d’autrui; ISA = Index de sensibilité à
l’anxiété.
38
ne montrent pas de problèmes de multicolinéarité. Les nuages de points des régressions
standardisées, répartis uniformément, supportent le postulat d’homocédasticité et de
linéarité. Enfin, le postulat d’absence de valeurs extrêmes standardisées a été vérifié via
les indices de distance de Cook qui sont inférieurs à 1,00.
Des tests t, des ANOVAs et des corrélations de Pearson ont été réalisés afin de
vérifier la présence de lien entre les variables sociodémographiques et les construits
d’anxiété sociale mesurés à l’IPS (total et sous-échelles). Des variables catégorielles
sociodémographiques ont été transformées puisque certaines catégories étaient peu ou pas
représentées. D’abord, la variable « statut civil » a été regroupée en deux catégories, soit
les participants (1) en couple (marié ou conjoint de fait) ou (2) pas en couple (célibataire,
veuf, séparé ou divorcé). La variable « médication en santé mentale » a été transformée
de façon dichotomique, soit les participants (1) prenant une médication (un à six
médicaments) ou (2) ne prenant pas de médication (zéro médicament) et elle a aussi été
regroupée en cinq catégories représentant la quantité de médicament utilisée, soit (1) zéro
médicament, (2) un médicament, (3) deux médicaments, (4) trois médicaments ou (5)
quatre médicaments et plus (quatre à six médicaments). Enfin, la variable « scolarité » a
été regroupée en trois catégories pour représenter les participants ayant un niveau de
scolarité (1) primaire, secondaire ou un diplôme d’études professionnelles (DEP) ou
l’équivalent, (2) collégial ou (3) universitaire.
39
Aucune de ces analyses ne révèle de liens significatifs entre les variables. Les
résultats aux tests t ne démontrent pas de différence entre les hommes et les femmes
(t (226) = 0,52; p = 0,603), entre les participants en couple ou non (t (226) = -1,43;
p = 0,154) ou entre les participants prenant ou non une médication (t (218) = -1,22;
p = 0,224) sur le plan des symptômes d’anxiété sociale tels que mesurés par le score total
de l’IPS. Les ANOVAs ne révèlent aucune différence significative sur le plan des
symptômes d’anxiété sociale, selon la scolarité (F(2,225) = 1,53; p = 0,220) et la quantité
de médicaments (F(4,215) = 1,26; p = 0,287). Enfin, les corrélations ne démontrent pas
de lien entre l’âge et les symptômes d’anxiété sociale à l’IPS (r = -0,05; p = 0,425). Des
résultats similaires sont observés en utilisant les scores aux sous-échelles de l’IPS comme
variables dépendantes (tous les p > 0,05). Les résultats ne sont pas rapportés ici pour
alléger le texte, mais sont disponibles sur demande.
Analyses principales
Corrélations entre les variables à l’étude
Des analyses de corrélations de Pearson entre les variables ont été effectuées. Le
Tableau 3 présente les liens entre les symptômes et dimensions d’anxiété sociale (score
total et sous-échelles de l’IPS), les symptômes d’anxiété généralisée (QIA), les
symptômes obsessionnels-compulsifs (OCI-R), les symptômes paniques (QSP), l’II (score
total de l’III-A et de l’III-B), la peur du jugement négatif (PJNA) et la sensibilité à
l’anxiété (ISA). Le Tableau 4 précise les liens entre chacune des échelles de l’II (sous-
échelles de l’III-A et de l’III-B) et le reste des variables, dont les symptômes et les
Tableau 3
Corrélations de Pearson entre les variables
Variables 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
1-IPS-total 0,951*** 0,956*** 0,814*** 0,397*** 0,447*** 0,443*** 0,324*** 0,352*** 0,555*** 0,571***
2-IPS-cognitif 0,878*** 0,689*** 0,403*** 0,411*** 0,395*** 0,339*** 0,384*** 0,609*** 0,522***
3-IPS-comportemental 0,666*** 0,335*** 0,422*** 0,339*** 0,291*** 0,304*** 0,500*** 0,474***
4-IPS-physiologique 0,363*** 0,397*** 0,549*** 0,251*** 0,273*** 0,385*** 0,629***
5-QIA 0,370*** 0,325*** 0,370*** 0,374*** 0,382*** 0,448***
6-OCI-R 0,304*** 0,439*** 0,415*** 0,360*** 0,489***
7-QSP 0,212** 0,263*** 0,194** 0,747***
8-III-A total 0,819*** 0,414*** 0,335***
9-III-B total 0,434*** 0,375***
10-PJNA 0,407***
11-ISA
Note. IPS = Inventaire de Phobie sociale; QIA = Questionnaire sur l’inquiétude et l’anxiété; OCI-R = Inventaire des obsessions et des compulsions-
révisé; QSP = Questionnaire des sensations physiques; III-A = Inventaire d’intolérance à l’incertitude-partie A; III-B = Inventaire d’intolérance à
l’incertitude-partie B; PJNA = Échelle de peur du jugement négatif d’autrui; ISA = Index de sensibilité à l’anxiété.
* p < 0,05. ** p < 0,01. *** p < 0,001.
Tableau 4
Corrélations de Pearson entre les sous-dimensions de l’III et les autres variables
Variables 8 9 10 11 12 13 14 15 16
1-IPS-total 0,290*** 0,319*** 0,322*** 0,255*** 0,172* 0,138* 0,471*** 0,316*** 0,386***
2-IPS-cognitif 0,307*** 0,332*** 0,330*** 0,299*** 0,188** 0,184** 0,449*** 0,343*** 0,428***
3-IPS-comportemental 0,261*** 0,294*** 0,286*** 0,198** 0,145* 0,089 0,462*** 0,272*** 0,336***
4-IPS-physiologique 0,218*** 0,240*** 0,266*** 0,208** 0,135* 0,108 0,365*** 0,250*** 0,286***
5-QIA 0,342*** 0,339*** 0,356*** 0,263*** 0,241*** 0,306*** 0,315*** 0,351*** 0,367***
6-OCI-R 0,400*** 0,455*** 0,413*** 0,309*** 0,229*** 0,294*** 0,379*** 0,437*** 0,403***
7-QSP 0,166* 0,163* 0,280*** 0,274*** 0,200** 0,167* 0,242*** 0,197** 0,208**
8-III-A incertitude 0,797*** 0,796*** 0,644*** 0,439*** 0,658*** 0,559*** 0,848*** 0,685***
9-III-A imprévus 0,690*** 0,605*** 0,481*** 0,608*** 0,622*** 0,769*** 0,645***
10-III-A attendre 0,646*** 0,496*** 0,623*** 0,515*** 0,766*** 0,667***
11-III-B surestimation 0,513*** 0,659*** 0,605*** 0,731*** 0,668***
12-III-B contrôle 0,516*** 0,405*** 0,539*** 0,528***
13- III-B réassurance 0,443*** 0,728*** 0,698***
14- III-B évitement 0,648*** 0,683***
15- III-B inquiétude 0,766***
16-III-B doute
17-PJNA 0,383*** 0,336*** 0,420*** 0,361*** 0,241*** 0,313*** 0,345*** 0,396*** 0,480***
18-ISA 0,295*** 0,286*** 0,362*** 0,340*** 0,256*** 0,241*** 0,336*** 0,349*** 0,325***
Note. IPS = Inventaire de Phobie sociale; QIA = Questionnaire sur l’inquiétude et l’anxiété; OCI-R = Inventaire des obsessions et des compulsions-
révisé; QSP = Questionnaire des sensations physiques; III-A = Inventaire d’intolérance à l’incertitude-partie A; III-B = Inventaire d’intolérance à
l’incertitude-partie B; PJNA = Échelle de peur du jugement négatif d’autrui; ISA = Index de sensibilité à l’anxiété.
* p < 0,05. ** p < 0,01. *** p < 0,001.
42
dimensions de l’anxiété sociale. Les corrélations appuient les liens entre les construits
d’anxiété sociale et les différents construits d’intolérance à l’incertitude (r = 0,14 à 0,47).
Seuls les liens entre le construit d’II recherche de réassurance en contexte d’incertitude et
les dimensions physiologique et comportementale d’anxiété sociale n’apparaissent pas
significatifs dans les analyses de corrélations initiales (r = 0,11; r = 0,09, respectivement).
Elles appuient aussi les liens entre les construits d’anxiété sociale et les autres mesures de
symptômes anxieux (r = 0,34 à 0,55) ainsi qu’avec les mesures de variables cognitives
habituellement liées à l’anxiété sociale (r = 0,39 à 0,63), ce qui justifie de tenir compte de
leur effet dans la stratégie d’analyse. Puisque les corrélations entre les sous-échelles de
l’IPS entre elles apparaissent comme étant très fortes (r = 0,67 à 0,88), celles-ci ont été
traitées dans des analyses de régressions séparées. Enfin, les corrélations montrent aussi
des liens entre les construits d’intolérance à l’incertitude et les mesures des autres troubles
anxieux, ce qui justifie de mener également les comparaisons en fonction des diagnostics
établis.
Prédiction des symptômes et dimensions de l’anxiété sociale
Identification des variables pertinentes à contrôler. Dans un premier temps, les
symptômes et dimensions d’anxiété sociale (score total à l’IPS ainsi que les trois sous-
échelles) ont été séparément prédits à partir des symptômes des autres troubles anxieux
(QIA, OCI-R, QSP; Étape 1) et des variables cognitives associées à l’anxiété sociale,
autres que l’II (PJNA, ISA; Étape 2). Le but était de sélectionner les variables pertinentes
à contrôler ou considérer pour les modèles de régressions finaux incluant l’II. Le
43
Tableau 5 présente les résultats. Cette première étape montre que les trois variables de
symptômes des autres troubles anxieux prédisent significativement les symptômes et
dimensions d’anxiété sociale, tant le score total (F(3,167) = 36,60, p ˂ 0,001;
∆R² = 0,397) que la sous-échelle cognitive (F(3,167) = 32,67, p ˂ 0,001; ∆R² = 0,370), la
sous-échelle comportementale (F(3,167) = 23,20, p ˂ 0,001; ∆R² = 0,294) et la sous-
échelle physiologique (F(3,167) = 36,11, p ˂ 0,001; ∆R² = 0,393) de l’IPS, lorsqu’elles
sont simultanément entrées en première étape de régression. Elles ont donc été
sélectionnées pour les modèles finaux de régressions. Les deuxièmes étapes de régressions
dans lesquelles les variables cognitives peur du jugement négatif (PJNA) et sensibilité à
l’anxiété (ISA) sont simultanément entrées pour prédire le score total de l’IPS
(F(2,165) = 11,73, p ˂ 0,001; ∆R² = 0,075) et les sous-échelles de symptômes cognitifs
(F(2,165) = 17,20, p ˂ 0,001; ∆R² = 0,109) et comportementaux (F(2,165) = 7,46,
p = 0,001; ∆R² = 0,059) de l’IPS s’avèrent aussi significatives. Or, seule la variable peur
du jugement négatif (PJNA) contribue à la prédiction de ces symptômes. La deuxième
étape de régression s’avère aussi significative pour la prédiction de la sous-échelle de
symptômes physiologiques de l’IPS (F(2,165) = 4,27, p = 0,016; ∆R² = 0,030). Ici, seule
la variable cognitive sensibilité à l’anxiété (ISA) est un prédicteur significatif. La PJNA a
donc été sélectionnée pour les modèles finaux de régressions visant à prédire le score total,
la sous-échelle cognitive et la sous-échelle comportementale de l’IPS, alors que l’ISA a
été sélectionné pour les modèles finaux de régressions visant à prédire la sous-échelle
physiologique de l’IPS.
Tableau 5
Prédiction des symptômes et dimensions de phobie sociale à partir des variables autres que l’II – Sélection des variables pertinentes
pour les analyses principales
Variables IPS-total IPS-cognitif IPS-comportemental IPS-physiologique
∆R² β ∆R² β ∆R² β ∆R² Β
Étape 1 0,397*** 0,370*** 0,294*** 0,393***
QIA 0,245*** 0,284*** 0,208** 0,166*
OCI-R 0,357*** 0,330*** 0,363*** 0,256***
QSP 0,248*** 0,206** 0,144* 0,409***
Étape 2 0,075*** 0,109*** 0,059*** 0,030*
QIA 0,118 0,137* 0,096 0,091
OCI-R 0,229*** 0,198** 0,252** 0,151*
QSP 0,145 0,136 0,059 0,266**
PJNA 0,276*** 0,359*** 0,248*** 0,097
ISA 0,176 0,121 0,145 0,245*
R² total 0,472 0,478 0,353 0,423
n 171 171 171 171
Note. IPS = Inventaire de Phobie sociale; QIA = Questionnaire sur l’inquiétude et l’anxiété; OCI-R = Inventaire des obsessions et des
compulsions-révisé; QSP = Questionnaire des sensations physiques; PJNA = Échelle de peur du jugement négatif d’autrui; ISA = Index
de sensibilité à l’anxiété.
* p < 0,05. ** p < 0,01. *** p < 0,001.
45
Vérification du rôle prédictif de l’II. Afin de poursuivre l’étude du lien entre l’II
(scores totaux et sous-échelles de l’III-A et l’III-B) et les symptômes et dimensions
d’anxiété sociale (score total et sous-échelles de l’IPS), une série de régressions multiples
hiérarchiques a été conduite. Les mesures d’II (scores totaux et sous-échelles) ont été
traitées dans des analyses séparées en raison des corrélations parfois fortes entre elles
(r = 0,41 à 0,85; voir Tableaux 3 et 4). Les symptômes et dimensions d’anxiété sociale
ont été prédits en contrôlant pour les mesures de symptômes associés à l’anxiété sociale
(QIA, OCI-R, QSP; Étape 1). Les mesures d’II (scores totaux et sous-échelles de l’III-A
et de l’III-B) ont ensuite été entrées dans l’étape 2, suivie de la mesure cognitive pertinente
identifiée à l’étape précédente (soit PJNA ou ISA; Étape 3). Cela permet d’évaluer si l’II
prédit significativement les symptômes et dimensions d'anxiété sociale après avoir
contrôlé l'effet possible des autres symptômes anxieux, de voir si les autres variables
cognitives contribuent toujours à la prédiction ensuite, et de voir si la variable d’II
contribue aussi encore à la prédiction, en présence de ces dernières variables. Le Tableau
6 présente les résultats.
Prédiction des symptômes globaux de phobie sociale. Pour ce qui est de la
prédiction des symptômes d’anxiété sociale (score total à l’IPS) par les scores totaux et
sous-échelles des parties A et B de l’III, les résultats montrent que deux sous-échelles de
la partie B de l’III (III-B) semblent jouer un rôle dans sa prédiction, soit le doute en
situation d’incertitude et l’évitement des situations incertaines. À la première étape, les
46
Tableau 6
Prédiction des symptômes et dimensions d’anxiété sociale (IPS total et sous-échelles) en utilisant
les construits d’II (scores totaux et sous-échelles des parties A et B de l’III) Variables IPS-total IPS-cognitif IPS-comportemental IPS-physiologique
∆R² β ∆R² β ∆R² β ∆R² β
III-A total Étape 1 0,360*** 0,339*** 0,270*** 0,387***
QIA 0,216** 0,257*** 0,176* 0,180**
OCI-R 0,340*** 0,318*** 0,362*** 0,224***
QSP 0,240*** 0,200** 0,128 0,412***
Étape 2 0,001 0,007 0,000 0,000
QIA 0,209** 0,240*** 0,174* 0,177*
OCI-R 0,326*** 0,285*** 0,356*** 0,218**
QSP 0,238*** 0,195** 0,127 0,411***
III-A tot 0,043 0,097 0,016 0,017
Étape 3 0,080*** 0,120*** 0,067*** (0,020*)
QIA 0,113 0,122 0,085 0,134
OCI-R 0,264*** 0,210** 0,300*** 0,145
QSP 0,252*** 0,212*** 0,140* 0,260**
III-A tot -0,035 0,002 -0,055 0,009
PJNA
(ISA)
0,332*** 0,406*** 0,304*** (0,254*)
R² total 0,442 0,467 0,337 0,407
n 166 166 166 166
III-A incertitude
Étape 1 0,360*** 0,339*** 0,270*** 0,387***
QIA 0,216** 0,257*** 0,176* 0,180**
OCI-R 0,340*** 0,318*** 0,362*** 0,224***
QSP 0,240*** 0,200** 0,128 0,412***
Étape 2 0,001 0,007 0,000 0,000
QIA 0,210** 0,242*** 0,174* 0,178**
OCI-R 0,329*** 0,292*** 0,358*** 0,220**
QSP 0,239*** 0,197** 0,128 0,412***
III-A inc 0,039 0,088 0,014 0,012
Étape 3 0,080*** 0,121*** 0,066*** (0,020*)
QIA 0,112 0,121 0,085 0,134
OCI-R 0,261*** 0,208** 0,296*** 0,147
QSP 0,251*** 0,212*** 0,138* 0,260**
III-A inc -0,024 0,011 -0,043 0,004
PJNA
(ISA)
0,329*** 0,404*** 0,300*** (0,255*)
R² total 0,441 0,467 0,336 0,407
n 166 166 166 166
47
Tableau 6
Prédiction des symptômes et dimensions d’anxiété sociale (IPS total et sous-échelles) en utilisant
les construits d’II (scores totaux et sous-échelles des parties A et B de l’III) (suite)
Variables IPS-total IPS-cognitif IPS-comportemental IPS-physiologique
∆R² β ∆R² β ∆R² β ∆R² β
III-A imprévus Étape 1 0,360*** 0,339*** 0,270*** 0,387***
QIA 0,216** 0,257*** 0,176* 0,180**
OCI-R 0,340*** 0,318*** 0,362*** 0,224***
QSP 0,240*** 0,200** 0,128 0,412***
Étape 2 0,010 0,019* 0,006 0,002
QIA 0,200** 0,234*** 0,163* 0,173*
OCI-R 0,302*** 0,263*** 0,330*** 0,208**
QSP 0,240*** 0,200** 0,128 0,411***
III-A
imp
0,108 0,154* 0,088 0,044
Étape 3 0,074*** 0,114*** 0,060*** (0,020*)
QIA 0,104 0,114 0,077 0,128
OCI-R 0,238*** 0,183** 0,273*** 0,134
QSP 0,250*** 0,212*** 0,137 0,260**
III-A
imp
0,055 0,088 0,040 0,042
PJNA
(ISA)
0,314*** 0,391*** 0,284*** (0,254*)
R² total 0,443 0,473 0,336 0,408
n 166 166 166 166
III-A attendre
Étape 1 0,360*** 0,339*** 0,270*** 0,387***
QIA 0,216** 0,257*** 0,176* 0,180**
OCI-R 0,340*** 0,318*** 0,362*** 0,224***
QSP 0,240*** 0,200** 0,128 0,412***
Étape 2 0,000 0,002 0,000 0,000
QIA 0,216** 0,249*** 0,180* 0,179**
OCI-R 0,339*** 0,302*** 0,369*** 0,221**
QSP 0,240*** 0,194** 0,131 0,411***
III-A att 0,003 0,051 -0,022 0,007
Étape 3 0,087*** 0,128*** 0,074*** (0,020*)
QIA 0,115 0,127 0,087 0,135
OCI-R 0,277*** 0,227*** 0,312*** 0,148
QSP 0,262*** 0,221*** 0,151* 0,260**
III-A att -0,094 -0,067 -0,111 -0,001
PJNA
(ISA)
0,351*** 0,426*** 0,323*** (0,255*)
R² total 0,447 0,470 0,344 0,407
n 166 166 166 166
48
Tableau 6
Prédiction des symptômes et dimensions d’anxiété sociale (IPS total et sous-échelles) en utilisant
les construits d’II (scores totaux et sous-échelles des parties A et B de l’III) (suite)
Variables IPS-total IPS-cognitif IPS-comportemental IPS-physiologique
∆R² β ∆R² β ∆R² β ∆R² β
III-B total Étape 1 0,362*** 0,342*** 0,270*** 0,388***
QIA 0,219** 0,261*** 0,178* 0,182**
OCI-R 0,338*** 0,315*** 0,360*** 0,221**
QSP 0,242*** 0,202** 0,129 0,414***
Étape 2 0,010 0,027** 0,005 0,000
QIA 0,200** 0,230*** 0,164* 0,179**
OCI-R 0,305*** 0,259*** 0,335*** 0,218**
QSP 0,230*** 0,183** 0,120 0,412***
III-B tot 0,110 0,184** 0,082 0,012
Étape 3 0,069*** 0,102*** 0,059*** (0,020*)
QIA 0,110 0,120 0,081 0,137
OCI-R 0,248*** 0,191** 0,283*** 0,147
QSP 0,248*** 0,204*** 0,137 0,263**
III-B tot 0,028 0,084 0,006 -0,002
PJNA
(ISA)
0,312*** 0,378*** 0,287*** (0,254*)
R² total 0,441 0,471 0,334 0,408
n 165 165 165 165
III-B surestimation
Étape 1 0,360*** 0,339*** 0,270*** 0,387***
QIA 0,216** 0,257*** 0,176* 0,180**
OCI-R 0,340*** 0,318*** 0,362*** 0,224***
QSP 0,240*** 0,200** 0,128 0,412***
Étape 2 0,000 0,009 0,000 0,001
QIA 0,215** 0,252*** 0,177* 0,182**
OCI-R 0,336*** 0,295*** 0,366*** 0,231***
QSP 0,237*** 0,183** 0,131 0,419***
III-B sur 0,020 0,101 -0,020 -0,036
Étape 3 0,081*** 0,119*** 0,069*** (0,021*)
QIA 0,109 0,123 0,079 0,137*
OCI-R 0,261*** 0,205** 0,297*** 0,156*
QSP 0,256*** 0,207*** 0,149* 0,265**
III-B sur -0,037 0,032 -0,072 -0,050
PJNA
(ISA)
0,331*** 0,400*** 0,305*** (0,263*)
R² total 0,442 0,467 0,339 0,409
n 166 166 166 166
49
Tableau 6
Prédiction des symptômes et dimensions d’anxiété sociale (IPS total et sous-échelles) en utilisant
les construits d’II (scores totaux et sous-échelles des parties A et B de l’III) (suite)
Variables IPS-total IPS-cognitif IPS-comportemental IPS-physiologique
∆R² β ∆R² β ∆R² β ∆R² β
III-B contrôle Étape 1 0,360*** 0,339*** 0,270*** 0,387***
QIA 0,216** 0,257*** 0,176* 0,180**
OCI-R 0,340*** 0,318*** 0,362*** 0,224***
QSP 0,240*** 0,200** 0,128 0,412***
Étape 2 0,001 0,004 0,001 0,001
QIA 0,214** 0,251*** 0,174* 0,182**
OCI-R 0,335*** 0,305*** 0,357*** 0,229***
QSP 0,239*** 0,196** 0,127 0,414***
III-B con 0,028 0,068 0,025 -0,029
Étape 3 0,081*** 0,123*** 0,065*** (0,021*)
QIA 0,110 0,122 0,081 0,137*
OCI-R 0,258*** 0,210** 0,288*** 0,153*
QSP 0,251*** 0,212*** 0,138 0,261**
III-B con -0,025 0,003 -0,022 -0,037
PJNA
(ISA)
0,329*** 0,406*** 0,295*** (0,259*)
R² total 0,441 0,467 0,335 0,408
n 166 166 166 166
III-B réassurance
Étape 1 0,362*** 0,342*** 0,270*** 0,388***
QIA 0,219** 0,261*** 0,178* 0,182**
OCI-R 0,338*** 0,315*** 0,360*** 0,221**
QSP 0,242*** 0,202** 0,129 0,414***
Étape 2 0,002 0,001 0,007 0,004
QIA 0,227*** 0,256*** 0,193** 0,193**
OCI-R 0,347*** 0,309*** 0,377*** 0,234***
QSP 0,246*** 0,200** 0,136 0,419***
III-B réa -0,051 0,030 -0,090 -0,069
Étape 3 0,089*** 0,126*** 0,078*** (0,020*)
QIA 0,122 0,131 0,094 0,148*
OCI-R 0,269*** 0,217** 0,304*** 0,159*
QSP 0,262*** 0,219*** 0,151* 0,267**
III-B réa -0,124 -0,056 -0,159* -0,072
PJNA
(ISA)
0,350*** 0,415*** 0,327*** (0,255*)
R² total 0,453 0,468 0,355 0,412
n 165 165 165 165
50
Tableau 6
Prédiction des symptômes et dimensions d’anxiété sociale (IPS total et sous-échelles) en utilisant
les construits d’II (scores totaux et sous-échelles des parties A et B de l’III) (suite)
Variables IPS-total IPS-cognitif IPS-comportemental IPS-physiologique
∆R² β ∆R² β ∆R² β ∆R² β
III-B évitement Étape 1 0,362*** 0,342*** 0,270*** 0,388***
QIA 0,219** 0,261*** 0,178* 0,182**
OCI-R 0,338*** 0,315*** 0,360*** 0,221**
QSP 0,242*** 0,202** 0,129 0,414***
Étape 2 0,070*** 0,063*** 0,082*** 0,016*
QIA 0,171** 0,215** 0,126 0,154*
OCI-R 0,261*** 0,242*** 0,277*** 0,183**
QSP 0,203** 0,165* 0,087 0,394***
III-B évi 0,293*** 0,278*** 0,316*** 0,142*
Étape 3 0,059*** 0,101*** 0,045*** (0,017*)
QIA 0,083 0,101 0,050 0,114
OCI-R 0,198** 0,160* 0,222** 0,116
QSP 0,217*** 0,183** 0,099 0,254**
III-B évi 0,253*** 0,226*** 0,281*** 0,130
PJNA
(ISA)
0,281*** 0,367*** 0,246*** (0,237*)
R² total 0,491 0,506 0,397 0,421
n 165 165 165 165
III-B inquiétude
Étape 1 0,360*** 0,339*** 0,270*** 0,387***
QIA 0,216** 0,257*** 0,176* 0,180**
OCI-R 0,340*** 0,318*** 0,362*** 0,224***
QSP 0,240*** 0,200** 0,128 0,412***
Étape 2 0,002 0,011 0,000 0,000
QIA 0,210** 0,241*** 0,175* 0,180**
OCI-R 0,323*** 0,276*** 0,357*** 0,223**
QSP 0,238*** 0,195** 0,128 0,412***
III-B inq 0,049 0,118 0,013 0,002
Étape 3 0,079*** 0,117*** 0,067*** (0,020*)
QIA 0,110 0,119 0,083 0,137*
OCI-R 0,259*** 0,198** 0,299*** 0,153
QSP 0,251*** 0,210*** 0,139* 0,259**
III-B inq -0,015 0,040 -0,046 -0,018
PJNA
(ISA)
0,327*** 0,398*** 0,300*** (0,259*)
R² total 0,441 0,468 0,336 0,407
n 166 166 166 166
51
Tableau 6
Prédiction des symptômes et dimensions d’anxiété sociale (IPS total et sous-échelles) en utilisant
les construits d’II (scores totaux et sous-échelles des parties A et B de l’III) (suite)
Variables IPS-total IPS-cognitif IPS-comportemental IPS-physiologique
∆R² β ∆R² β ∆R² β ∆R² β
III-B doute Étape 1 0,362*** 0,342*** 0,270*** 0,388***
QIA 0,219** 0,261*** 0,178* 0,182**
OCI-R 0,338*** 0,315*** 0,360*** 0,221**
QSP 0,242*** 0,202** 0,129 0,414***
Étape 2 0,025* 0,052*** 0,016 0,003
QIA 0,180** 0,205** 0,147 0,168*
OCI-R 0,291*** 0,248*** 0,322*** 0,206**
QSP 0,234*** 0,191** 0,123 0,410***
III-B dou 0,174* 0,252*** 0,141 0,060
Étape 3 0,058*** 0,085*** 0,049*** (0,019*)
QIA 0,104 0,113 0,076 0,127
OCI-R 0,241*** 0,187** 0,276*** 0,135
QSP 0,247*** 0,207*** 0,135 0,264**
III-B dou 0,077 0,134* 0,051 0,049
PJNA
(ISA)
0,292*** 0,353*** 0,270*** (0,247*)
R² total 0,444 0,479 0,336 0,410
n 165 165 165 165
Note. IPS = Inventaire de Phobie sociale; QIA = Questionnaire sur l’inquiétude et l’anxiété; OCI-R =
Inventaire des obsessions et des compulsions-révisé; QSP = Questionnaire des sensations physiques; III-A =
Inventaire d’intolérance à l’incertitude-partie A; III-B = Inventaire d’intolérance à l’incertitude-partie B;
PJNA = Échelle de peur du jugement négatif d’autrui; ISA = Index de sensibilité à l’anxiété.
* p < 0,05. ** p < 0,01. *** p < 0,001.
52
trois mesures de symptômes introduites (QIA, OCI-R, QSP) prédisent un pourcentage de
variance significatif (36,2 %; changement de F(3, 161) = 30,39; p < 0,001). L’examen des
tests t vérifiant l’apport de chacune des variables montre qu’à cette étape, les trois mesures
de symptômes contribuent à la prédiction de façon indépendante.
Ensuite, lorsque le doute en contexte d’incertitude (sous-échelle doute de l’III-B)
est entré en deuxième étape de régression, il ajoute un pourcentage de variance significatif
(2,5 %; changement de F(1, 160) = 6,49; p = 0,012). L’examen du Bêta (β = 0,174,
p = 0,012) montre que le doute en situation d’incertitude est positivement relié aux
symptômes d’anxiété sociale. Cela signifie que le doute en contexte d’incertitude est
associé à plus de symptômes de phobie sociale. En troisième étape de régression, la peur
du jugement négatif (PJNA) ajoute un pourcentage de variance significatif supplémentaire
(5,8 %; changement de F(1, 159) = 16,53; p < 0,001), dans la prédiction des symptômes
de phobie sociale. Toutefois, le doute en situations incertaines ne contribue plus à la
prédiction des symptômes d’anxiété sociale, en présence de la peur du jugement négatif.
Les résultats montrent aussi que l’évitement des incertitudes (sous-échelle
évitement de l’III-B) prédit significativement les symptômes d’anxiété sociale (score total
à l’IPS), tant en deuxième qu’en dernière étape de la régression, soit après avoir contrôlé
les symptômes d’autres troubles anxieux associés et considéré la peur du jugement négatif.
D’abord, lorsque l’évitement des incertitudes est introduit en deuxième étape, il contribue
à la prédiction des symptômes d’anxiété sociale (ajout de 7 %; changement de F(1,
53
160) = 19,74; p < 0,001). Dans la dernière étape de la régression, l’ajout de la peur du
jugement négatif (PJNA) permet de prédire davantage de variance (ajout de 5,9 %;
changement de F(1, 159) = 18,53; p < 0,001). L’examen du Bêta (β = 0,253, p < 0,001)
montre que l’évitement des situations incertaines continue de prédire significativement les
symptômes d’anxiété sociale, même en présence de la peur du jugement négatif. Il est
positivement relié aux symptômes d’anxiété sociale. Ainsi, plus l’évitement des
incertitudes augmente, plus les symptômes d’anxiété sociale augmentent.
Prédiction de la dimension cognitive de l’anxiété sociale. La dimension cognitive
de l’anxiété sociale (score à la sous-échelle cognitive de l’IPS) a été prédite par les scores
totaux et les sous-échelles des parties A et B de l’III. En ce qui concerne la partie A de
l’III (III-A), les résultats montrent que la sous-échelle intolérance aux imprévus semble
jouer un rôle dans la prédiction de la dimension cognitive de l’anxiété sociale. D’abord,
en première étape de régression, les trois mesures d’autres symptômes anxieux associés à
l’anxiété sociale prédisent un pourcentage de variance significatif (33,9 %; changement
de F(3,162) = 27,74; p < 0,001). L’examen des tests t vérifiant l’apport de chacune des
variables montre que les trois mesures de symptômes contribuent à la prédiction de façon
indépendante. Lorsque la sous-échelle intolérance aux imprévus de la partie A de l’III est
entrée en deuxième étape de régression, elle ajoute un pourcentage de variance significatif
dans la prédiction (1,9 %; changement de F(1, 161) = 4,84; p = 0,029). L’examen du Bêta
(β = 0,154, p = 0,029) montre que l’intolérance aux imprévus (III-A) est positivement
reliée à la dimension cognitive de l’anxiété sociale (IPS). Plus les participants sont
54
intolérants aux imprévus, plus ils présentent des symptômes cognitifs de phobie sociale.
Dans la troisième étape de la régression (F(1,160) = 34,55; p < 0,001), l’intolérance aux
imprévus cesse toutefois de prédire significativement la dimension cognitive des
symptômes d’anxiété sociale, en présence de la peur du jugement négatif. La peur du
jugement négatif (PJNA) ajoute pour sa part 11,4 % de variance dans la prédiction de la
dimension cognitive de l’anxiété sociale.
En ce qui concerne la partie B de l’III en lien avec la dimension cognitive de
l’anxiété sociale, les résultats montrent que le score total des différentes manifestations
d’II (score total à la partie B de l’III) ainsi que les sous-échelles évitement des incertitudes
et doute en situations incertaines jouent un rôle dans la prédiction. D’abord, en première
étape de régression, les trois mesures d’autres symptômes anxieux associés à l’anxiété
sociale prédisent un pourcentage de variance significatif (34,2 %; changement de
F(3,161 = 27,88; p < 0,001). L’examen des tests t vérifiant l’apport de chacune des
variables montre que les trois mesures de symptômes contribuent à la prédiction de façon
indépendante.
Lorsque le score total des différentes manifestations d’II (score total à l’III-B) est
ensuite entré, celui-ci ajoute un pourcentage de variance significatif dans la prédiction
(2,7 %; changement de F(1, 160) = 6,86; p = 0,010). L’examen du Bêta (β = 0,184,
p = 0,010) montre que le score total des différentes manifestations d’II est positivement
relié à la dimension cognitive de l’anxiété sociale (IPS). Cela signifie que plus les diverses
55
manifestations d’II sont élevées (score total à l’III-B) plus les symptômes cognitifs
d’anxiété sociale sont élevés. Dans la troisième étape de la régression, l’ajout de la peur
du jugement négatif (PJNA) permet de prédire davantage de variance (ajout de 10,2 %;
changement de F(1,159) = 30,60; p < 0,001). Toutefois, le score total de la partie B de
l’III cesse de contribuer significativement à la prédiction, en présence de la peur du
jugement négatif.
Par ailleurs, concernant les sous-échelles évitement des incertitudes et doute en
situations incertaines, de la partie B de l’III, les résultats montrent qu’elles sont des
prédicteurs significatifs de la dimension cognitive de l’anxiété sociale, autant en deuxième
qu’en dernière étape de la régression, soit après avoir contrôlé les symptômes d’autres
troubles anxieux associés et considéré la peur du jugement négatif. À la deuxième étape,
la sous-échelle évitement des incertitudes (III-B) ajoute 6,3 % de variance prédite
(changement de F(1,160) = 17,06; p < 0,001). À la troisième étape, la peur du jugement
négatif (PJNA) permet aussi de prédire davantage de variance (ajout de 10,1 %;
changement de F(1,159) = 32,58; p < 0,001). L’évitement des incertitudes continue alors
de prédire significativement la dimension cognitive de l’anxiété sociale. L’examen du
Bêta (β = 0,226, p < 0,001) montre que l’évitement des incertitudes est positivement relié
à la dimension cognitive de l’anxiété sociale (IPS). Ainsi, plus les participants ont
tendance à éviter les incertitudes, plus ils présentent des symptômes cognitifs de phobie
sociale.
56
En deuxième étape, la sous-échelle doute en situations incertaines (III-B) ajoute
un pourcentage de variance significatif dans la prédiction de la dimension cognitive de
l’anxiété sociale (5,2 %; changement de F(1,160) = 13,78; p < 0,001). En troisième étape
de régression, la peur du jugement négatif (PJNA) permet de prédire davantage de
variance (ajout de 8,5 %; changement de F(1,159) = 25,79; p < 0,001). Le doute en
contexte d’incertitude prédit alors encore significativement la dimension cognitive des
symptômes de phobie sociale. L’examen du Bêta (β = 0,134, p = 0,048) montre que le
doute en situations incertaines est positivement relié à la dimension cognitive de l’anxiété
sociale (IPS). Ainsi, plus la tendance à douter en situations incertaines est élevée, plus les
symptômes cognitifs d’anxiété sociale le sont aussi.
Prédiction de la dimension comportementale de l’anxiété sociale. Pour ce qui est
de la dimension comportementale de l’anxiété sociale (score à la sous-échelle
comportementale de l’IPS), les résultats montrent que deux sous-échelles de l’III-B jouent
un rôle dans sa prédiction, soit l’évitement des situations incertaines et la recherche de
réassurance en contexte d’incertitude. À la première étape, les trois mesures de symptômes
anxieux associés à l’anxiété sociale (QIA, OCI-R, QSP) prédisent un pourcentage de
variance significatif (27,0 %; changement de F(3, 161) = 19,83; p < 0,001). L’examen des
tests t vérifiant l’apport de chacune des variables montre que les mesures de symptômes
d’anxiété généralisée (QIA) et obsessionnels-compulsifs (OCI-R) contribuent à la
prédiction de façon indépendante, mais pas la mesure des symptômes paniques (QSP).
57
Lorsque l’évitement des incertitudes est entré en deuxième étape de régression, il
ajoute un pourcentage de variance significatif dans la prédiction de la dimension
comportementale de l’anxiété sociale (8,2 %; changement de F(1,160) = 20,18;
p < 0,001). Lorsque la peur du jugement négatif (PJNA) est ensuite introduite, elle ajoute
un pourcentage de variance significatif supplémentaire (4,5 %; changement de
F(1,159) = 11,95; p = 0,001). La sous-échelle évitement des incertitudes (III-B) continue
alors de prédire significativement la variable dépendante. Selon le Bêta (β = 0,281,
p < 0,001), l’évitement des situations incertaines est positivement relié à la dimension
comportementale de l’anxiété sociale (IPS). En d’autres mots, plus les participants ont
tendance à éviter les incertitudes, plus ils présentent des symptômes comportementaux
d’anxiété sociale.
Concernant le rôle prédictif de la sous-échelle recherche de réassurance en
situation d’incertitude (III-B), les résultats montrent que, entrée en deuxième étape de la
régression, elle n’apparaît pas comme un prédicteur significatif de la dimension
comportementale de l’anxiété sociale (F(1,160) = 1,62; p = 0,206). Toutefois, en
troisième étape de la régression (F(1,159) = 19,22; p < 0,001), elle contribue
significativement à la prédiction, en présence de la peur du jugement négatif (PJNA).
Cette dernière variable contribue pour sa part à prédire 7,8 % de variance supplémentaire
dans la dimension comportementale de l’anxiété sociale. L’examen du Bêta (β = -0,159,
p = 0,023) montre que la recherche de réassurance en situation d’incertitude est alors
négativement reliée à la dimension comportementale de l’anxiété sociale (IPS). En
58
d’autres mots, plus les participants ont tendance à vouloir se rassurer en situations
incertaines, moins ils présentent des symptômes comportementaux d’anxiété sociale.
Prédiction de la dimension physiologique de l’anxiété sociale. Les résultats
montrent que seul l’évitement des situations d’incertitudes (III-B) prédit la dimension
physiologique de l’anxiété sociale (score à la sous-échelle physiologique de l’IPS)
lorsqu’il est entré avant l’autre variable cognitive pertinente, soit la sensibilité à l’anxiété
(ISA). En première étape de régression, les mesures d’autres symptômes anxieux (QIA,
OCI-R, QSP), prédisent un pourcentage de variance significatif (38,8 %; changement de
F(3,160) = 33,81; p < 0,001). L’examen des tests t confirme l’apport de chacune des
variables à cette étape. Lorsque l’évitement des incertitudes est entré en deuxième étape
de régression, il contribue significativement à la prédiction de la dimension physiologique
de l’anxiété sociale (ajout de 1,6 %; changement de F(1,159) = 4,25; p = 0,041). Selon le
Bêta (β = 0,142; p = 0,041), l’évitement des incertitudes est positivement relié à la
dimension physiologique de l’anxiété sociale (IPS). En d’autres termes, plus l’évitement
des situations incertaines est élevé, plus les symptômes physiologiques de l’anxiété sociale
le sont aussi. En dernière étape de régression, la sensibilité à l’anxiété (ISA) ajoute un
pourcentage de variance significatif supplémentaire (1,7 %; changement de
F(1,158) = 4,68; p = 0,032). Toutefois, l’évitement des incertitudes ne contribue alors
plus significativement à la prédiction de la dimension physiologique de l’anxiété sociale,
en présence de la sensibilité à l’anxiété.
59
Comparaison de la phobie sociale aux autres troubles anxieux primaires
Des tests t ont été réalisés afin de comparer les participants présentant un
diagnostic primaire de phobie sociale (sans TAG, TOC ou trouble panique; n = 14) à ceux
présentant un diagnostic primaire de TAG (sans phobie sociale, TOC ou trouble panique;
n = 36), de TOC (sans phobie sociale, TAG ou trouble panique; n = 23) ou de trouble
panique avec ou sans agoraphobie (sans phobie sociale, TAG ou TOC; n = 25), sur le plan
de l’intolérance à l’incertitude, telle que mesurée par l’III (Gosselin et al., 2008).
Les résultats montrent que les participants ayant une phobie sociale présentent une
moyenne moins élevée à la partie A totale de l’III (t(48) = -3,427; p = 0,001), aux trois
sous-échelles de la partie A de l’III, soit l’intolérance aux situations incertaines
(t(48) = -3,607; p = 0,001), l’intolérance aux imprévus (t(48) = -2,342; p = 0,023) et la
difficulté à demeurer dans l’attente (t(48) = -2,709; p = 0,009), ainsi qu’à la partie B totale
de l’III (t(48) = -2,287; p = 0,027) et aux sous-échelles désir de contrôle (t(48) = -2,428;
p = 0,019), recherche de réassurance (t(48) = -4,132; p < 0,001) et tendance à s’inquiéter
(t(47) = -3,178; p = 0,003) de la partie B de l’III, comparativement aux participants ayant
un TAG. Concernant les autres sous-échelles de la partie B de l’III (surestimation des
probabilités, évitement des incertitudes et doute en contexte d’incertitude), il n’y a pas de
différences significatives entre les participants ayant une phobie sociale et ceux ayant un
TAG.
60
Les résultats montrent aussi que, comparativement aux participants ayant un TOC,
les participants ayant une phobie sociale ont une moyenne moins élevée à la partie A totale
de l’III (t(35) = -2,211; p = 0,034), aux sous-échelles intolérance aux situations
incertaines (t(35) = -2,362; p = 0,024) et intolérance aux imprévus (t(35) = -2,055;
p = 0,047) de la partie A de l’III, ainsi qu’aux sous-échelles recherche de réassurance
(t(35) = -2,779; p = 0,009) et tendance à s’inquiéter (t(35) = -2,323; p = 0,026) de la partie
B de l’III. Pour ce qui est du reste des construits d’II, les participants ayant une phobie
sociale et ceux ayant un TOC n’affichent pas de différences significatives quant à leurs
moyennes.
Enfin, les résultats montrent qu’il n’y a pas de différences significatives sur le plan
de l’intolérance à l’incertitude entre les participants présentant une phobie sociale et ceux
ayant un trouble panique, tant sur le plan global que sur le plan des différentes
manifestations spécifiques de l’intolérance à l’incertitude. Le Tableau 7 présente les
moyennes et les écarts-types de chacun des quatre groupes cliniques, aux scores totaux et
aux sous-échelles de l’III.
61
Tableau 7
Moyennes et écarts-types aux scores totaux et aux sous-échelles des parties A et B de l’III pour
les différents groupes cliniques
Variables Phobie sociale TAG TOC Trouble panique
Moyenne ÉT Moyenne ÉT Moyenne ÉT Moyenne ÉT
III-A total 41,14 13,00 53,31 10,55 52,29 15,88 47,98 14,94
Incertitude 23,93 7,53 31,64 6,49 31,38 10,21 28,14 9,43
Imprévus 5,07 1,90 6,42 1,80 6,61 2,37 5,76 2,24
Attendre 12,14 4,64 15,25 3,19 14,30 4,26 14,08 3,95
III-B total 83,14 28,11 102,07 25,57 97,59 28,31 91,54 28,13
Surestimation 15,14 5,91 18,21 5,15 15,69 6,28 16,19 4,92
Contrôle 10,00 4,62 14,42 6,15 13,30 5,98 13,49 5,76
Réassurance 11,93 6,06 18,72 4,87 17,26 5,41 14,60 5,60
Évitement 16,50 5,64 13,99 4,96 15,26 5,83 15,40 6,27
Inquiétude 14,29 5,01 18,89 4,41 18,22 4,98 16,00 5,34
Doute 15,29 4,98 17,87 5,17 17,87 5,41 15,80 5,66
Note. ÉT = Écart-type; III-A = Inventaire d’intolérance à l’incertitude - partie A; III-B = Inventaire
d’intolérance à l’incertitude - partie B.
Discussion
Cette section présente un retour sur les objectifs de l’étude et les hypothèses de
recherche. Elle présente aussi des pistes d’explications possibles des principaux résultats
et des idées de recherches futures, abordées tout au long de la discussion, en tenant compte
d’écrits scientifiques disponibles. Enfin, les forces et limites de l’étude sont abordées, de
même que des implications scientifiques et cliniques découlant des résultats de la thèse.
Retour sur les objectifs et hypothèses de recherche
Cette recherche visait à poursuivre l’étude du lien entre l’II et le diagnostic et les
symptômes de phobie sociale auprès d’une population clinique ayant exprimé un besoin
d’aide au plan psychologique et ayant été référée par un psychiatre à une unité de soin
cognitivo-comportementale. Plus précisément, le premier objectif concernait la
vérification des liens entre les dimensions d’II et les symptômes et dimensions d’anxiété
sociale. Il impliquait aussi de vérifier l’apport unique de l’II dans la prédiction des
symptômes et dimensions d’anxiété sociale après avoir considéré l’effet d’autres facteurs
psychologiques (soit la peur du jugement négatif et la sensibilité à l’anxiété). Le deuxième
objectif de recherche visait à comparer les patients présentant un diagnostic primaire de
phobie sociale (sans TAG, TOC ou trouble panique comorbides) à ceux présentant un
autre trouble anxieux primaire, c’est-à-dire un TAG (sans phobie sociale, TOC ou trouble
panique comorbides), un TOC (sans phobie sociale, TAG ou trouble panique comorbides)
64
ou un trouble panique, avec ou sans agoraphobie (sans phobie sociale, TAG ou TOC
comorbides), sur le plan de l’II.
Liens entre les dimensions d’II et les symptômes et dimensions d’anxiété sociale
Les deux premières hypothèses postulaient que l’II et des manifestations
spécifiques d’II seraient liées positivement aux symptômes et dimensions d’anxiété
sociale, et ce, même après avoir contrôlé ou considéré l’effet d’autres facteurs pertinents.
Dans l’ensemble, les résultats confirment partiellement les hypothèses.
Tendance générale à considérer les incertitudes inacceptables. Sur le plan de
la tendance générale à considérer les incertitudes inacceptables, les résultats appuient des
liens entre les trois dimensions cognitives et émotionnelles générales de l’II, soit la
difficulté à accepter et tolérer les incertitudes de la vie, la difficulté à supporter l’arrivée
d’imprévus et à y faire face et la difficulté à demeurer dans l’attente en situation incertaine,
et les symptômes et les trois dimensions d’anxiété sociale (cognitive, comportementale et
physiologique). Après avoir contrôlé l’effet d’autres symptômes anxieux identifiés
pertinents, la tendance à ne pas supporter l’arrivée d’un imprévu demeure
significativement et positivement associée à la dimension cognitive des symptômes
d’anxiété sociale. En d’autres mots, plus les patients anxieux présentent une tendance à
ne pas supporter l’arrivée d’un imprévu, plus ils présentent une tendance à craindre les
situations sociales dans lesquelles ils peuvent être observés par autrui, indépendamment
de leur intensité de symptômes TAG, TOC ou de panique.
65
Les situations sociales comportent plusieurs possibilités d’occurrence d’un
imprévu, en comparaison à des situations où l’individu est seul. Un patient ne tolérant pas
les imprévus pourrait donc avoir davantage peur des situations sociales, dans lesquelles
plus d’imprévus peuvent survenir. Ces résultats sont cohérents avec ceux de Kaplan,
Levinson, Rodebaugh, Menatti et Weeks (2015). Ils ont montré que l’ouverture, comme
trait de personnalité évalué selon le modèle des cinq facteurs de personnalités (Costa &
McCrae, 1992), incluant entre autres la curiosité pour les situations nouvelles, la
préférence pour la variété et le désir d’aventure (McCrae, 1994), pourrait être un facteur
de protection aux symptômes d’anxiété sociale. L’ouverture est d’ailleurs ressortie dans
l’étude de Duplessis (2009) comme étant négativement associée à l’intolérance à
l’incertitude. Il serait possible que l’ouverture soit un facteur de protection aux symptômes
d’anxiété sociale, comparativement à l’intolérance aux imprévus qui pourrait être un
facteur de risque aux symptômes cognitifs d’anxiété sociale. Il serait intéressant de mener
d’autres recherches, afin de poursuivre l’étude du lien entre la tendance à ne pas supporter
l’arrivée d’un imprévu, l’ouverture et les symptômes d’anxiété sociale.
Schlenker et Leary (1982) ont aussi avancé que les individus présentant de
l’anxiété sociale tentent de contrôler les impressions que les autres se font d’eux. D’après
leur modèle théorique, l’anxiété sociale se produit quand une personne est motivée à
produire une impression désirée sur autrui, mais n’est pas certaine de réussir. L’arrivée
d’un imprévu pourrait induire un sentiment de perte de contrôle et amener l’individu à
66
centrer son attention sur la perception d’incertitude à produire l’impression désirée. Cela
pourrait ainsi avoir l’effet d’augmenter, chez le patient anxieux, sa peur face aux situations
sociales dans lesquelles il peut être observé.
Ce résultat pourrait aussi suggérer, dans l’autre sens, que plus les patients anxieux
présentent la dimension cognitive des symptômes d’anxiété sociale, c’est-à-dire une
crainte excessive des situations sociales dans lesquelles ils peuvent être observés, plus ils
présentent une perception inacceptable des imprévus. Cela pourrait s’expliquer par le fait
que l’arrivée possible d’un imprévu implique plus de chance de devoir faire face à une
situation sociale, à l’observation d’autrui, ainsi qu’aux conséquences associées possibles,
dans ce cas-ci à l’objet de la peur, pour les patients anxieux socialement.
Il est aussi possible que la peur excessive des situations sociales ait un rôle à jouer
dans la généralisation de l’intolérance aux imprévus. Initialement, il est possible que la
personne anxieuse socialement tolère difficilement les imprévus en situation sociale. Or,
à force d’être intolérant à la possibilité de conséquences sociales, il est possible que
l’intolérance se généralise dans plusieurs autres situations non sociales, menant ensuite à
une plus grande généralisation des symptômes anxieux. Des études longitudinales futures
pourraient suivre l’évolution de patients avec de l’anxiété sociale ou une anxiété
légèrement sous-clinique afin d’évaluer si leur intolérance aux imprévus se généralise à
un éventail plus grand de situations et non seulement au contexte social. Dans la présente
étude, il est possible que les patients vivant beaucoup d’anxiété sociale aient
67
automatiquement pensé à des situations impliquant le regard des autres lorsqu’ils étaient
questionnés par rapport à leur capacité à tolérer les imprévus. Il faudrait donc vérifier cet
aspect avant de conclure que les gens vivant de l’anxiété sociale vivent davantage
d’intolérance aux imprévus dans tout type de situation, même si le III n’est pas une mesure
spécifique aux situations sociales. Une méthodologie expérimentale exposant des
participants anxieux à des imprévus sociaux et non sociaux pourrait aussi permettre de
voir si le niveau d’anxiété sociale apparait lié à la tolérance à différents types d’imprévus.
Notons toutefois que l’effet prédictif de la tendance à ne pas supporter l’arrivée
d’un imprévu (II) sur la peur des situations sociales apparaît non significatif après avoir
considéré la peur du jugement négatif d’autrui. Ce résultat pourrait s’expliquer du fait que
ces trois variables se recoupent entre elles. Il s’agit de trois mesures cognitives
s’approchant chacune du concept de peur : soit (a) la peur face aux imprévus, (b) la peur
des situations sociales et (c) la peur du jugement négatif d’autrui. D’une part, il est possible
que la perception inacceptable des imprévus recoupe fortement la peur du jugement
négatif d’autrui comme conséquence ultime appréhendée, cet aspect pouvant représenter
l’objet de la peur liée à la perception inacceptable des imprévus. En d’autres mots, la
perception inacceptable des imprévus inclurait la peur qu’un imprévu mène à un jugement
négatif ou encore la peur qu’un jugement négatif imprévu survienne dans une situation
sociale. Ainsi, s’il est supposé que, dans la perception inacceptable des imprévus, l’objet
de la peur est la peur des possibles jugements négatifs imprévus d’autrui, l’effet de la
perception inacceptable des imprévus sur les symptômes cognitifs d’anxiété sociale
68
s’estompe lorsque la peur du jugement négatif est incluse dans la stratégie d’analyse. Il
pourrait s’agir de deux éléments très reliés, expliquant l’exclusion de l’un au plan
statistique, mais complémentaires sur le plan de la compréhension et de l’intervention
pour le client. L’imprévu et la peur de l’imprévu pourraient être des déclencheurs de la
peur du jugement négatif comme conséquence. Cela pourrait possiblement révéler, au plan
clinique, qu’une façon de cibler cette peur pourrait être de passer par la conséquence
appréhendée (c.-à-d. être jugé), pour travailler la peur du jugement négatif d’autrui, mais
aussi par la peur de l’imprévu (comme déclencheur possible de la conséquence
appréhendée). D’autre part, il est par ailleurs possible que la peur du jugement négatif
possède un recoupement fort avec les symptômes cognitifs de phobie sociale, c’est-à-dire
avec la peur excessive des situations sociales. Les résultats permettent d’ailleurs
d’observer un lien de corrélation particulièrement fort entre la peur du jugement négatif
et les symptômes cognitifs de phobie sociale. Ici, une grande proportion de la peur des
situations sociale inclurait possiblement la peur des jugements négatifs d’autrui, faisant
en sorte qu’il reste peu de variance unique expliquée par la peur des imprévus dans la
prédiction de la peur des situations sociales, lorsque la peur du jugement négatif est
considérée.
Notons par ailleurs que ce lien observé entre la tendance à trouver les imprévus
inacceptables et la dimension cognitive des symptômes d’anxiété sociale diffère des
résultats obtenus dans les études non cliniques de Carleton et al. (2010) et de Whiting et
al. (2013). Dans ces études, le lien entre la dimension prospective de l’II, soit la tendance
69
plus générale au désir de prévisibilité et à l’engagement actif vers la recherche de certitude
(telle que mesurée par l’IUS-12; Carleton et al., 2007a), et l’anxiété sociale n’était pas
ressorti. Les résultats de la présente étude appuient toutefois ceux de Teale Sapach et al.
(2015) ayant montré la présence d’un lien entre la tendance plus générale au désir de
prévisibilité (dimension prospective de l’II) et l’anxiété sociale. Cette étude avait
d’ailleurs utilisé un échantillon clinique de patients anxieux, comme c’est le cas pour la
présente étude. Cela mène à l’hypothèse que le lien entre la tendance plus générale à
considérer les incertitudes inacceptables (incluant p. ex. le désir de prévisibilité et la
perception inacceptable des imprévus) et l’anxiété sociale soit présent uniquement auprès
de patients présentant des symptômes anxieux cliniquement significatifs, mais qu’il ne
soit pas observable dans la population générale, soit auprès de personnes sous le seuil
clinique. En d’autres mots, il est plausible de supposer que la tendance générale à
considérer les incertitudes inacceptables ou, plus précisément selon les présents résultats,
la tendance à ne pas supporter l’arrivée d’un imprévu, joue un rôle significatif dans le
maintien et la sévérité de la peur excessive des situations sociales auprès de patients
anxieux socialement, mais pas nécessairement auprès d’individus peu ou pas anxieux.
Cela mérite de mener d’autres études pour approfondir le rôle de l’intolérance aux
imprévus dans l’exacerbation des symptômes cognitifs de phobie sociale, auprès de
patients anxieux.
Manifestations spécifiques de l’II. Des liens sont aussi observés entre les six
manifestations cognitives et comportementales d’II (la surestimation des probabilités, le
70
contrôle, la recherche de réassurance, l’évitement, l’inquiétude et le doute, en contexte
d’incertitude) et les symptômes et les trois dimensions d’anxiété sociale (cognitive,
comportementale et physiologique). La recherche de réassurance en contexte d’incertitude
n’est toutefois pas apparue liée aux dimensions physiologique et comportementale de
l’anxiété sociale lors des corrélations initiales. Après avoir contrôlé l’effet d’autres
symptômes anxieux et considéré les facteurs psychologiques identifiés pertinents, trois
des six manifestations spécifiques d’II sont ressorties comme étant associées à l’anxiété
sociale, suggérant leur lien spécifique ou rôle prédictif, soit l’évitement des incertitudes,
le doute en contexte d’incertitude et la recherche de réassurance en contexte d’incertitude.
L’évitement des incertitudes. L’évitement des situations incertaines, de façon
cognitive (p. ex., éviter d’y penser) ou comportementale (p. ex., éviter de s’exposer à de
telles situations), est une dimension d’II associée à chaque catégorie de symptômes
d’anxiété sociale (score global et sous-dimensions) dans la présente étude. Son lien ou
rôle prédictif demeure même après avoir contrôlé l’effet d’autres symptômes anxieux.
Ainsi, plus les patients présentent une tendance à éviter les incertitudes, plus ils présentent
des symptômes élevés du trouble d’anxiété sociale, incluant (1) la peur excessive des
situations sociales dans lesquelles ils peuvent être observés par autrui (dimension
cognitive), (2) les comportements d’évitement des situations sociales (dimension
comportementale) et (3) l’intensité des manifestations physiologiques d’anxiété devant
autrui, comme la transpiration ou le rougissement (dimension physiologique), et ce,
indépendamment des symptômes des autres troubles anxieux. De surcroît, même après
71
avoir considéré la variable cognitive identifiée pertinente (la peur du jugement négatif ou
la sensibilité à l’anxiété), le lien ou rôle prédictif de l’évitement des incertitudes demeure
pour les symptômes de phobie sociale ainsi que pour deux de ses trois dimensions, soit la
dimension cognitive et la dimension comportementale des symptômes d’anxiété sociale.
Ainsi, plus les patients présentent une tendance à éviter les incertitudes, plus ils présentent
des symptômes élevés du trouble d’anxiété sociale, incluant (1) la peur excessive des
situations sociales dans lesquelles ils peuvent être observés par autrui (dimension
cognitive) et (2) les comportements d’évitement des situations sociales (dimension
comportementale), et ce, indépendamment des symptômes des autres troubles anxieux et
de la peur du jugement négatif.
Plusieurs modèles théoriques du trouble d’anxiété sociale (p. ex., Hofmann, 2007;
Wells et al., 1995) identifient l’évitement comme facteur de maintien central des
symptômes du trouble d’anxiété sociale. Lorsque l’individu évite, il contribue au maintien
de son anxiété, il se prive d’une expérience potentiellement positive, continue d’avoir de
plus en plus peur et évite à nouveau lorsqu’une autre situation se présente. Par
renforcement négatif, dû à la diminution momentanée de ses symptômes anxieux et
l’évitement des catastrophes appréhendées, il aura ensuite tendance à maintenir son
évitement (Foa & Kozak, 1986). Le fait d’éviter les incertitudes, et non seulement les
situations sociales, implique un éventail important de situations du quotidien
(comportements inhibitoires associés à l’II). Cela prive donc de surcroît l’individu
d’expériences positives où il apprend, prend confiance en ses ressources et restructure ses
72
pensées dysfonctionnelles en contexte incertain. Cela peut aussi avoir comme effet de
renforcer la peur, de maintenir diverses croyances quant à la dangerosité de situations
incertaines, incluant les situations sociales, ainsi que par rapport à sa capacité à les
surmonter. Enfin, cela peut contribuer au maintien de ses affects négatifs face aux risques
possibles ou aux incertitudes, dont ceux inhérents aux relations sociales (être observé,
jugements ou critiques possibles des autres). Puisque le lien entre l’évitement des
incertitudes et les symptômes du trouble d’anxiété sociale demeure après avoir considéré
la peur du jugement des autres, il ne s’expliquerait pas seulement par l’appréhension du
jugement comme conséquence incertaine. L’évitement des incertitudes comme
mécanisme d’évitement généralisé pourrait, au même titre que l’évitement des situations
sociales, nuire au développement d’habiletés sociales concrètes, facteur déjà appuyé dans
le développement et le maintien du trouble d’anxiété sociale (Boisvert & Beaudry, 2012;
Stravynski, Kyparissis, & Amado, 2010). Il pourrait par exemple influencer le
développement d’habiletés à entrer en contact et à maintenir une conversation avec les
autres, à gérer les demandes et critiques ou à exprimer ses propres demandes ou critiques,
qu’elles soient positives ou négatives, étant donné la surcharge d’incertitude liée à ces
aspects.
Bien qu’il faille à ce moment-ci demeurer prudent dans la nature et le sens des
conclusions, l’évitement des incertitudes pourrait constituer un facteur de risque au
développement, au maintien ou à la modulation de la sévérité des symptômes de phobie
sociale et de dimensions de symptômes d’anxiété sociale (du moins cognitifs et
73
comportementaux). D’autres études sont nécessaires pour poursuivre l’exploration du rôle
de l’évitement des incertitudes. L’explication concernant la généralisation de l’évitement
à plusieurs situations incertaines pourrait aussi s’appliquer ici. Puisque l’évitement est
associé à une diminution momentanée et relativement rapide des symptômes anxieux,
l’individu souffrant d’anxiété sociale et manifestant beaucoup d’évitement social,
pourrait, par renforcement négatif, voir s’étendre l’éventail de ses stratégies d’évitement
à plusieurs situations incertaines. D’autres mécanismes, dont l’intolérance à l’incertitude
(notamment l’intolérance aux imprévus abordée précédemment) ou des difficultés de
régulation ou de tolérance des affects pourraient être impliqués. Riskind (2005) a
d’ailleurs déjà proposé le lien entre l’II et les difficultés de régulation des affects, ce qui
pourrait être pertinent à l’étude des symptômes d’anxiété sociale. Une étude récemment
publiée par Katz, Rector et Laposa (2017), réalisée auprès de 95 participants présentant
un diagnostic de Phobie sociale, montre que l’interaction entre la tolérance envers les états
psychologiques négatifs ou aversifs et l’II permet de prédire la sévérité des symptômes du
trouble en cours de thérapie. Ces construits d’intolérance pourraient donc aussi
s’influencer pour prédisposer à l’apparition des symptômes de phobie sociale et de
l’évitement généralisé des situations anxiogènes incertaines ou à la base d’un état
émotionnel négatif.
Enfin, soulignons que ces résultats sont cohérents avec ceux des études antérieures
de Carleton et al. (2010) et de Whiting et al. (2013) où la dimension inhibitrice de l’II, soit
la tendance à éviter les incertitudes, était apparue comme jouant un rôle significatif dans
74
l’explication de l’anxiété sociale, après avoir contrôlé l’effet d’autres variables cognitives,
comme la peur du jugement négatif.
Le doute en contexte d’incertitude. Le doute en contexte d’incertitude, comme
manifestation spécifique de l’II, apparait aussi lié aux symptômes du trouble d’anxiété
sociale (score global) et à la dimension cognitive des symptômes d’anxiété sociale, après
avoir contrôlé l’effet des autres symptômes anxieux. Plus les patients anxieux présentent
une tendance à douter lorsqu’ils font face à de l’incertitude, plus ils présentent des
symptômes accrus du trouble d’anxiété sociale, dont la peur excessive des situations
sociales et des observations d’autrui. Les résultats montrent aussi que, même après avoir
considéré l’effet de la peur du jugement négatif, le lien continue d’être significatif entre
le doute en contexte d’incertitude et la dimension cognitive des symptômes d’anxiété
sociale.
Certains modèles théoriques sur l’anxiété sociale montrent que les patients ayant
des symptômes de phobie sociale ont tendance à douter de leurs capacités à faire bonne
impression ou à produire l’impression désirée, à minimiser leurs performances et à avoir
une perception négative d’eux-mêmes (p. ex., Clark & Wells, 1995; Hofmann, 2007;
Rapee & Heimberg, 1997; Rapee & Lim, 1992). Il s’agirait d’ailleurs de facteurs de
développement et de maintien au trouble d’anxiété sociale. Ainsi, il est possible de
présumer qu’un patient anxieux doutant de ses capacités lors de situations incertaines
diverses du quotidien présente un risque accru de craindre excessivement les situations et
75
interactions sociales, soit de développer et maintenir des symptômes cognitifs de phobie
sociale. Une façon de comprendre ce résultat serait que, lorsqu’une situation comporte
une part d’incertitude, le patient ayant tendance à douter en guise de manifestation de son
II perd possiblement confiance en ses capacités, augmentant sa peur que l’interaction
sociale ne se passe pas bien ou encore d’avoir l’air incompétent, stupide, ridicule ou faible,
par exemple. Les symptômes cognitifs de phobie sociale, c’est-à-dire la peur excessive
des situations sociales, seraient alors activés par le doute comme manifestation spécifique
de l’II. Ceci se ferait indépendamment du niveau de peur du jugement négatif des autres,
puisque le doute que ça ne se passe pas bien dans leur relation avec autrui demeure
possible, ce qui serait vécu comme inacceptable ou intolérable. La peur excessive des
situations sociales semblerait possiblement en lien avec le simple fait que cela est incertain
et, face à cela, plus la personne doute en contexte de toute incertitude, plus elle présente
une peur excessive des situations sociales.
La recherche de réassurance en contexte d’incertitude. Les résultats semblent
appuyer un lien entre la tendance à chercher à être rassuré en contexte d’incertitude et la
dimension comportementale de l’anxiété sociale, après avoir contrôlé l’effet d’autres
symptômes anxieux et considéré l’effet de la peur du jugement négatif. À priori, après
avoir isolé l’effet des autres symptômes anxieux (TAG, TOC et trouble panique), le lien
entre la recherche de réassurance face aux incertitudes et les symptômes et dimensions de
phobie sociale est sous le seuil de signification. Toutefois, après avoir considéré l’effet de
la peur du jugement négatif, en plus des symptômes des autres troubles anxieux, le lien
76
devient alors significatif entre la recherche de réassurance en contexte d’incertitude,
comme manifestation spécifique de l’II, et la dimension comportementale des symptômes
d’anxiété sociale, soit la tendance à éviter les situations sociales. Le lien observé est
négatif. Ceci appuie donc partiellement la première hypothèse, qui supposait que le lien
entre les manifestations spécifiques de l’II et l’anxiété sociale serait positif.
Ce résultat signifie que lorsque l’on considère l’apport de la peur du jugement
négatif, les patients ayant une plus haute tendance à chercher à être rassurés par autrui en
contexte d’incertitude présenteraient moins de comportements d’évitement des situations
sociales, soit la dimension comportementale des symptômes de phobie sociale. Ce résultat
suggère aussi, à l’inverse, que plus les patients anxieux ont tendance à éviter les situations
sociales dans lesquelles ils peuvent être observés, moins ils cherchent alors à être rassurés
par autrui ou à travers différentes sources d’information, en contexte d’incertitude, et ce,
indépendamment de leur niveau de peur du jugement négatif. Une première explication
possible serait qu’en évitant toute situation sociale, le patient ne présente alors plus le
besoin d’être rassuré face à l’objet de la peur, qui serait ici l’incertitude en situation
sociale, l’incertitude face aux possibles observations d’autrui ou même l’incertitude de
façon générale, étant alors neutralisé par l’évitement des situations.
Ce résultat pourrait aussi suggérer que les patients anxieux présentant des
symptômes comportementaux élevés d’anxiété sociale évitent les contacts sociaux au
point de même éviter les contacts ayant pour but d’être rassurés par quelqu’un face aux
77
incertitudes possibles, parce que la recherche de réassurance représente alors une
exposition à ce qui crée l’anxiété. Les patients anxieux présentant une tendance élevée à
éviter les situations sociales auraient, par exemple, moins tendance à sortir de leur
domicile, auraient alors peu appris à interagir et à développer leurs habiletés sociales
(Stravynski et al., 2010) et auraient alors moins tendance à aller vers autrui, même pour
se rassurer. La recherche de réassurance auprès d’autrui en contexte d’incertitude serait
alors une « stratégie » moins utilisée par les patients avec des symptômes
comportementaux élevés de phobie sociale, c’est-à-dire ayant une forte tendance à éviter
les diverses situations sociales, par exemple, éviter de parler aux gens, de prendre parole
devant un groupe ou d’aller dans des soirées sociales.
Le modèle de Clark et Wells (1995) semble appuyer ce résultat, alors qu’il présente
que les individus avec de l’anxiété sociale cherchent à éviter de se dévoiler auprès d'autrui.
Or, la recherche de réassurance nécessite de se dévoiler un minimum, en exposant une
partie de soi plus vulnérable ou inquiète, et serait alors évitée par les patients avec de
l’anxiété sociale présentant une tendance à éviter les situations sociales. L’étude de
Plasencia, Alden et Taylor (2011) a aussi montré que les individus avec de l’anxiété
sociale présentent des comportements sécurisants comme le fait d’éviter de parler de soi
et de s’auto-dévoiler ou comme le fait de présenter un soi artificiel (p. ex., un soi
surpréparé, en contrôle, ayant l’air en confiance). Or, la recherche de réassurance auprès
d’autrui en situations incertaines apparaît incompatible avec le désir de se dévoiler le
moins possible ou de présenter un soi ayant l’air en contrôle.
78
Subséquemment, il serait possible d’émettre l’hypothèse que les manifestations
spécifiques d’II chez les patients anxieux socialement, particulièrement ceux présentant
des symptômes comportementaux élevés de phobie sociale, seraient moins de l’ordre de
celles nécessitant des contacts sociaux. En effet, il se peut que la recherche de réassurance
auprès d’autrui, par exemple demander à quelqu’un son avis pour se rassurer, soit trop
confrontant pour un patient qui a peu appris à interagir socialement ou pour un patient
utilisant des comportements sécurisants visant à se dévoiler le moins possible. Ainsi, un
patient anxieux présentant des symptômes comportementaux d’anxiété sociale risquerait
de moins présenter la recherche de réassurance auprès d’autrui, comme manifestation
spécifique de l’II; Il présenterait davantage la tendance à éviter les incertitudes ainsi que
la tendance à douter face aux incertitudes, tel que ressorti dans les résultats discutés plus
haut.
Ainsi, pour un clinicien évaluant un patient anxieux présentant de l’II,
l’observation d'une faible tendance à chercher de la réassurance auprès d’autrui pourrait
possiblement être un indicateur d’un plus haut risque de symptômes élevés de phobie
sociale sur le plan comportemental, soit l’indicateur d’une tendance à éviter les situations
sociales au point de nuire au fonctionnement social, professionnel ou personnel. Toutefois,
certaines études semblent contredire cette hypothèse en ayant plutôt montré que les
individus avec de l’anxiété sociale auraient une tendance élevée à chercher à être rassurés
ou à être « approuvés » par autrui (Cougle et al., 2012; Rector, Kamkar, Cassin, Ayearst,
79
& Laposa, 2011). Cette recherche de réassurance serait toutefois plus en lien avec leur
performance ou l’impression faite sur autrui, ou encore concernant leurs doutes sur les
perceptions d’autrui, alors que les résultats de la présente étude concernent plutôt la
tendance à chercher à être rassuré en lien avec les incertitudes de façon générale. Plus
d’études semblent donc nécessaires pour approfondir le lien entre la recherche de
réassurance comme manifestation spécifique de l’II et la phobie sociale, particulièrement
la dimension comportementale des symptômes de phobie sociale.
En somme, certaines dimensions et manifestations d’II affichent une association
spécifique avec les symptômes et dimensions d’anxiété sociale ou contribuent à leur
prédiction, notamment l’intolérance aux imprévus, l’évitement des incertitudes, le doute
en situations incertaines et la recherche de réassurance face aux incertitudes. Les résultats
appuient leur contribution unique dans l’explication de l’anxiété sociale. Ces
manifestations d’II sont associées à une plus grande sévérité de symptômes ou de
dimensions de symptômes d’anxiété sociale, à l’exception de la recherche de réassurance
en contexte d’incertitude apparaissant liée à moins de symptômes comportementaux
d’anxiété sociale. Ainsi, l’intolérance aux imprévus, l’évitement des incertitudes et le
doute en contexte d’incertitude pourraient s’avérer des facteurs de risque significatifs et
distincts au développement, au maintien et à la sévérité des symptômes d’anxiété sociale.
D’autres études sur le sujet seraient pertinentes pour approfondir leur rôle dans le
développement, le maintien et l’exacerbation des symptômes de phobie sociale.
80
En outre, deux des dimensions de l’anxiété sociale semblent ressortir comme étant
plus particulièrement liées à l’II, soit les dimensions cognitive et comportementale des
symptômes d’anxiété sociale : Toutes deux s’avèrent liées positivement à l’évitement des
incertitudes; la dimension cognitive s’avérant aussi associée positivement à la perception
inacceptable des imprévus ainsi qu’au doute en contexte d’incertitude et la dimension
comportementale s’avérant aussi associée négativement à la recherche de réassurance face
aux incertitudes. Nelson, Weinberg, Pawluk, Gawlowska et Proudfit (2015) ont montré
que l’II serait associée à la généralisation de la peur, un processus important dans le
développement et le maintien des troubles anxieux. En d’autres mots, le fait de présenter
davantage d’II, serait lié au risque accru de développer toutes sortes de peur, incluant entre
autres la peur des situations sociales, qui constitue la dimension cognitive des symptômes
de phobie sociale. Cela appuie les résultats de la présente étude faisant ressortir que
plusieurs manifestations d’II, notamment l’intolérance aux imprévus, l’évitement des
incertitudes et le doute en contexte d’incertitude, apparaissent liées à plus de peur des
situations sociales. Une façon de l’expliquer serait ainsi que l’II mène possiblement à une
généralisation de la peur allant jusqu’au développement d’une peur excessive des
situations sociales, p. ex., la crainte de parler aux inconnus ou en public, soit au
développement ou à l’exacerbation des symptômes cognitifs du trouble d’anxiété sociale.
Finalement, il serait intéressant de tester des modèles plus complexes sur l’anxiété
sociale ultérieurement, intégrant l’ensemble des présents résultats. Par exemple, une
hypothèse serait que la tendance à ne pas tolérer les imprévus en situations incertaines
81
amène du doute, activant alors des symptômes d’anxiété sociale. Les symptômes d’anxiété
sociale pourraient ainsi mener à de l’évitement, non seulement des situations sociales,
mais aussi d’un ensemble de situations incertaines, soit à de l’évitement des incertitudes
en général et ce, indépendamment de la peur du jugement négatif d’autrui. Dans ce cas-
ci, l’anxiété ou la peur excessive ne serait pas juste en lien avec la conséquence (p. ex., le
jugement négatif des autres), mais surtout en lien avec le simple fait que c’est possible
que la conséquence ait lieu (l’incertitude face à la conséquence); Cette possibilité serait
en soi vécue comme inacceptable ou intolérable. Ainsi, un enchaînement de ce type
pourrait être précurseur de l’anxiété sociale et, à l’inverse, le fait d’agir sur ces facteurs
de risque, au plan préventif ou curatif, pourrait bloquer le développement ou l’aggravation
des symptômes d’anxiété sociale. Plus d’études seraient nécessaires pour tester une telle
hypothèse.
Comparaison de groupes
Le deuxième objectif de recherche concernait la spécificité de l’II. Il visait à
comparer des patients avec un diagnostic primaire de phobie sociale, sans autre trouble
anxieux diagnostiqué, à ceux avec un autre trouble anxieux primaire, sans phobie sociale,
sur le plan de l’II. Les résultats sont ici discutés.
Les patients ayant un diagnostic primaire de phobie sociale, sans comorbidités,
présentent des niveaux d’II moins élevé que les patients ayant un diagnostic primaire de
TAG, sans comorbidités sur le plan de la tendance générale à considérer les incertitudes
82
inacceptables, de leur difficulté à accepter et tolérer les incertitudes de la vie, de leur
difficulté à supporter l’arrivée d’imprévus et à y faire face et de leur difficulté à demeurer
dans l’attente en situation incertaine. Ils présentent aussi moins de contrôle, de recherche
de réassurance et de tendance à s’inquiéter en situations incertaines. Les résultats ne
permettent toutefois pas de conclure en la présence de différences avec les patients ayant
un TAG sur le plan de la surestimation des probabilités d’occurrence d’un événement, de
leur évitement et du doute en contexte d’incertitude. Dans le même sens, les patients avec
un diagnostic primaire de phobie sociale, présentent des résultats plus bas que les patients
avec un diagnostic primaire de TOC, sur le plan de la tendance générale à considérer les
incertitudes inacceptables, de leur difficulté à accepter et tolérer les incertitudes de la vie
et de leur difficulté à supporter l’arrivée d’imprévus et à y faire face. Ils présentent aussi
moins de recherche de réassurance et d’inquiétude, en contexte d’incertitude. Les résultats
ne permettent toutefois pas de les distinguer des patients ayant un TOC primaire sans
comorbidités, sur le plan de la difficulté à demeurer dans l’attente en situation incertaine,
la surestimation des probabilités d’occurrence d’un événement, le contrôle, l’évitement et
le doute, en contexte d’incertitude. Enfin, les résultats ne permettent pas de conclure en la
présence de différences entre les patients présentant une phobie sociale primaire, sans
comorbidités, et ceux ayant un trouble panique primaire, sans comorbidités.
Ces résultats semblent cohérents avec les études soulignant que l’II semble plus
élevée pour les patients souffrant du TAG et du TOC, alors qu’elle ressort, mais moins,
pour la phobie sociale et le trouble panique (Dugas et al., 2005b; Holaway et al., 2006;
83
Ladouceur et al., 1999). Carleton et al. (2012) avaient toutefois montré que l’II semblait
ressortir avec des niveaux similaires chez les patients avec un TAG, un TOC ou une
phobie sociale. La comparaison des groupes avait toutefois été basée sur le diagnostic
principal, sans contrôle pour la comorbidité présente et élevée au sein des groupes.
Dans la présente étude, le nombre restreint de patients ayant une phobie sociale
primaire sans comorbidité TAG, TOC ou Trouble panique (seulement 14 patients,
comparativement à 36, 23 et 25, respectivement pour les groupes TAG, TOC et trouble
panique) suggèrent toutefois d’être prudent, avant d’aller plus loin dans l’exploration des
différences ou de l’absence des différences observées.
Finalement, bien que l’intolérance aux imprévus, l’évitement des incertitudes et le
doute en situations incertaines n’apparaissent pas plus élevés dans le groupe avec phobie
sociale, comparé aux autres groupes anxieux, il n’en demeure pas moins que ces
manifestations d’II prédisent significativement les symptômes ou certaines dimensions de
symptômes d’anxiété sociale, tel que discuté plus haut. Ces dimensions d’II apparaissent
donc pertinentes dans l’explication de l’anxiété sociale et l’II et ses dimensions pourraient
s’avérer transdiagnostiques aux troubles anxieux.
Forces et limites
Rappelons premièrement que très peu d’études ont été réalisées jusqu’ici auprès
de populations cliniques. Une force de cette étude est qu’elle a été réalisée auprès d’une
84
population clinique, plus précisément auprès de patients ayant exprimé un besoin d’aide
au plan psychologique et ayant été référés par un psychiatre à une unité de soin cognitivo-
comportementale. Les participants de l’étude présentent donc des symptômes anxieux
cliniquement significatifs et cela contribue à une meilleure généralisation des résultats à
une population clinique. En plus du fait que peu d’études avaient étudié le lien entre l’II
et les symptômes d’anxiété sociale auprès d’une population clinique, aucune ne l’avait fait
en considérant le diagnostic différentiel et la comorbidité, ce qui a été fait pour la présente
étude. Un diagnostic psychologique ainsi qu’un diagnostic différentiel des participants ont
été faits par des évaluateurs formés à l’utilisation d’entrevues structurées et à l’évaluation
des troubles anxieux et associés du DSM-IV-TR (APA, 2000).
De plus, la présente étude a permis un contrôle de la comorbidité par la méthode
utilisée, en intégrant dans la première étape des régressions les mesures des symptômes
des autres troubles anxieux que le trouble d’anxiété sociale, selon le DSM-IV-TR (APA,
2000). Cela a permis d’évaluer le lien entre l’II et les symptômes d’anxiété sociale en
excluant l’effet des autres symptômes anxieux comorbides, étant donné que la plupart des
participants de l’étude présentent des conditions comorbides, tel qu’évalué par les
évaluateurs ayant effectué leur diagnostic psychologique. Le fait que les participants
présentent un haut taux de comorbidité est d’ailleurs représentatif de la population clinique
et favorise la généralisation des résultats.
85
Les instruments de mesure utilisés ont par ailleurs permis d’évaluer trois
dimensions générales et six manifestations spécifiques d’II (III; Gosselin et al., 2008) en
lien avec les symptômes et les trois dimensions de symptômes d’anxiété sociale (IPS;
Connor et al., 2000; traduction française : Charrette et al., 2003). Cela permet de cibler
avec plus de précision les liens entre ces deux construits. D’autres études répliquant une
méthode similaire à celle-ci sont tout de même nécessaires pour approfondir davantage et
confirmer les liens observés et mis en lumière dans la présente étude.
Une limite de cette étude est que le plan de recherche corrélationnel transversal
utilisé ne permet pas de déterminer le sens du lien entre l’II et la phobie sociale. Cela
limite ainsi les conclusions qui peuvent être tirées en matière de causalité, permettant
seulement de conclure à la présence de liens bidirectionnels entre les variables à l’étude
et de suggérer des hypothèses à investiguer. Les résultats ont permis de mettre en lumière
le lien existant entre l’II et l’anxiété sociale, mais ne permettent pas d’affirmer si l’II joue
un rôle sur le développement ou la sévérité des symptômes de phobie sociale ou encore
si, dans l’autre sens, les symptômes de phobie sociale jouent un rôle dans le
développement ou la généralisation des manifestations d’II. Pour pouvoir déterminer un
lien de cause à effet entre l’II et les symptômes de phobie sociale, une étude longitudinale
serait, par exemple, nécessaire et cela pourrait ainsi inspirer des pistes de recherches
futures.
86
Une autre limite de la présente étude concerne le nombre limité de participants
avec un diagnostic primaire de phobie sociale dans l’échantillon utilisé. Concernant la
comparaison de groupes, le nombre de participants dans le groupe avec un diagnostic de
phobie sociale est très faible et a pu influencer les résultats. En effet, peu de différences
ont été observées entre le groupe phobie sociale et les autres groupes présentant d’autres
troubles anxieux primaires, mis à part que leurs niveaux d’II, pour quelques manifestations
spécifiques, sont apparus inférieurs aux niveaux d’II des groupes TAG et TOC. Il serait
recommandé d’utiliser de plus grands groupes de patients avec les différents diagnostics
de troubles anxieux pour les comparer sur le plan de l’II, afin d’approfondir plus
clairement la spécificité de l’II au sein des différents troubles anxieux. Aussi, même au
sein de l’échantillon total utilisé pour les régressions, peu de participants dans
l’échantillon présentaient un diagnostic primaire de phobie sociale; Plusieurs présentaient
des symptômes de phobie sociale, mais avec un autre trouble anxieux ou de l’humeur
comme diagnostic principal. Ainsi, la présente étude dresse le lien entre l’II et les
symptômes et dimensions de phobie sociale, auprès d’une population clinique anxieuse,
mais ayant, pour la plupart, un autre diagnostic psychologique primaire que la phobie
sociale, avec certains symptômes de phobie sociale. Afin de répondre à cette limite, il
serait recommandé de répliquer l’étude avec un échantillon clinique comportant un plus
grand nombre et une plus grande proportion de patients avec un diagnostic primaire de
phobie sociale. Une autre proposition serait aussi d’utiliser un échantillon clinique
incluant seulement des patients avec une phobie sociale primaire et excluant les autres
troubles anxieux, dans le but d’un contrôle encore plus rigoureux de la comorbidité.
87
Enfin, une autre limite concerne le fait que, même si la présente étude a eu recours
à des évaluateurs formés et même supervisés, ainsi qu’à une double évaluation, les
évaluations n’ont pas nécessairement été faites en suivant à la lettre un instrument
standardisé. L’utilisation d’un instrument et l’enregistrement des rencontres d’évaluation
pourraient permettre une évaluation interjuge des évaluations diagnostiques et maximiser
la validité de la procédure. Il s’agit toutefois de procédure fort coûteuse et parfois
difficilement implantable en milieu clinique naturel.
Implications scientifiques et cliniques
Implications scientifiques
La présente étude met en lumière l’existence d’un lien entre l’II et l’anxiété sociale.
Elle ajoute aux études précédentes (Boelen & Reijntjes, 2009; Carleton et al., 2010;
Teale Sapach et al., 2015; Whiting et al., 2013) ayant montré un tel lien, mais qui, pour la
plupart, étaient des études non cliniques. La présente étude est la première à démontrer un
lien entre l’II et la phobie sociale au sein d’une population clinique, où le diagnostic
différentiel et la comorbidité sont considérés. Elle est la première étude clinique à étudier
le lien entre les dimensions d’II et les trois dimensions de symptômes d’anxiété sociale
(mesurées par l’IPS; Connor et al., 2000; traduction française : Charrette et al., 2003). Il
ressort que l’II semble plus particulièrement associée aux symptômes cognitifs et
comportementaux de l’anxiété sociale. Également, elle est la première étude ayant utilisé
l’instrument de mesure III (Gosselin et al., 2008) pour étudier le lien entre l’II et l’anxiété
88
sociale. L’utilisation de cet instrument de mesure a ainsi permis d’identifier avec plus de
précision des liens entre certaines des trois dimensions cognitives et émotionnelles
générales et des six manifestations cognitives et comportementales spécifiques de l’II
(Gosselin et al., 2008) et les symptômes et dimensions de symptômes de l’anxiété sociale.
Elle fait ainsi ressortir la difficulté à tolérer l’arrivée d’un imprévu, l’évitement des
incertitudes, le doute en contexte d’incertitude et la recherche de réassurance en contexte
d’incertitude comme étant des dimensions et manifestations d’II semblant avoir un apport
unique dans la prédiction des symptômes de phobie sociale. Ainsi, bien qu’il faille
demeurer prudent dans les conclusions tirées, ces manifestations spécifiques d’II
pourraient être identifiées comme des facteurs de risque dans le développement, le
maintien et la sévérité des symptômes du trouble d’anxiété sociale. Au niveau des
implications théoriques, la présente étude fait ressortir la pertinence de considérer l’ajout
de certaines manifestations d’II (perception inacceptable des imprévus, évitement des
incertitudes, doute en contexte d’incertitude), comme facteurs de risque possibles à inclure
dans les modèles cognitifs-comportementaux déjà existants sur l’anxiété sociale (p. ex.,
Clark & Wells, 1995; Hofmann, 2007; Moscovitch, 2009; Rapee & Heimberg, 1997). Plus
d’études sont toutefois nécessaires afin d’approfondir les liens observés dans la présente
recherche et d’évaluer les possibles liens de causalité.
Implications cliniques
Les résultats de cette étude s’avèrent un apport pertinent pour les intervenants en
psychologie et en santé mentale travaillant avec des individus présentant des symptômes
89
d’anxiété sociale. Ils pourraient permettre d’identifier de nouvelles cibles de traitement
possiblement pertinentes pour le trouble d’anxiété sociale. En effet, les résultats
permettent d’entrevoir le rôle de l’II, plus précisément de l’évitement des incertitudes, du
doute en contexte d’incertitude et de l’intolérance aux imprévus en tant que facteurs de
risque face au développement et à la sévérité des symptômes de phobie sociale, puisque
ces manifestations d’II sont liées à davantage de peur intense ou d’évitement des situations
sociales. Le fait d’agir sur ces facteurs de risque, au plan préventif ou curatif, pourrait
probablement bloquer le développement ou l’aggravation des symptômes d’anxiété
sociale. Un plan d’intervention psychologique possible pour les cliniciens pourrait être de
cibler simultanément l’évitement des incertitudes, le doute de soi en contexte d’incertitude
et la perception inacceptable de l’arrivée d’un imprévu.
D’abord, concernant l’évitement des incertitudes, selon Hoffman (2007), non
seulement l’exposition mais aussi la réduction des comportements sécurisants comme
l’évitement aideraient à diminuer les symptômes de phobie sociale. Concrètement, le
travail thérapeutique pourrait cibler la diminution de l’évitement des incertitudes, de façon
cognitive (p. ex., éviter d’y penser) ou de façon comportementale (p. ex., éviter de
s’exposer à des situations impliquant de l’incertitude). Il pourrait aussi viser à augmenter
progressivement l’exposition cognitive et comportementale (in vitro), non seulement des
situations sociales, mais aussi des situations incertaines, imprévues et nouvelles.
Concernant le doute en contexte d’incertitudes, selon Hoffman (2007), améliorer la
perception de soi et de ses capacités serait plus efficace que d’améliorer les habiletés elles-
90
mêmes pour aider à diminuer les symptômes de phobie sociale. Une cible d’intervention
clinique auprès d’individus avec des symptômes de phobie sociale pourrait ainsi être de
travailler l’amélioration de leur perception de soi et l’augmentation de leur confiance en
leurs capacités personnelles, non juste en contexte social, mais aussi surtout dans les
situations imprévues ou incertaines plus générales. Cela aurait pour but de viser à diminuer
le doute de soi en contexte d’incertitude, ce qui englobe un spectre plus large de situations
de la vie en général. Enfin, concernant la tendance à ne pas supporter l’arrivée d’un
imprévu et le fait de devoir y faire face, il serait pertinent de cibler l’intolérance à
l’incertitude en général comme facteur vulnérabilisant pour les symptômes d’anxiété
sociale. Les cliniciens pourraient plus particulièrement cibler la perception négative des
imprévus de la vie ainsi que la peur face à ceux-ci. Plus précisément, le travail
thérapeutique pourrait viser à diminuer la crainte des imprévus et à améliorer la perception
et l’ouverture face aux imprévus et face aux situations nouvelles et spontanées de la vie.
Le fait d’avoir préalablement ciblé à améliorer la confiance et le contact avec les capacités
personnelles pourrait d’ailleurs contribuer à une plus grande ouverture et plus de confiance
face aux imprévus et aux incertitudes. Le travail thérapeutique pourrait aussi inclure de
faire vivre des expériences positives et valorisantes, en lien avec des situations nouvelles,
imprévues ou comportant de l’incertitude, par exposition progressive. Bref, un plan
d’intervention psychologique auprès d’individus avec des symptômes de phobie sociale
pourrait viser à travailler simultanément l’amélioration de leur perception de soi, de leur
contact et leur confiance en leurs capacités personnelles, non seulement sociales mais dans
les diverses situations imprévues et incertaines de la vie en général, l’amélioration de leur
91
perception des imprévus de la vie et de leur ouverture à des situations nouvelles incertaines
ainsi que la diminution de leur évitement cognitif ou comportemental des incertitudes et
des imprévus de la vie.
Concernant la recherche de réassurance en contexte d’incertitude, alors que les
résultats semblent indiquer que les individus ayant tendance à éviter les situations sociales
priorisent moins les comportements sécurisants nécessitant les contacts sociaux, cela
indique qu’une cible supplémentaire d’intervention pourrait être d’aider les individus avec
des symptômes d’anxiété sociale à développer et améliorer leurs habiletés
interpersonnelles et leur confiance en celles-ci. Beidel et al. (2014) ont d’ailleurs montré
l’efficacité d’un traitement psychologique incluant l’entrainement à améliorer les
habiletés sociales et la confiance en celles-ci, auprès d’individus avec de l’anxiété sociale.
Enfin, la recherche de réassurance auprès d’autrui pourrait être une première cible
d’exposition, dans un plan d’intervention auprès de personnes avec des symptômes de
phobie sociale; Il pourrait, par exemple, leur être proposé d’aller vérifier les impressions
auprès des autres. Bien qu’il s’agisse d’une forme de comportement sécurisant visant à
diminuer l’anxiété, cela procure du même coup une forme d’exposition aux situations
sociales. Il s’agirait d’une première étape d’exposition en douceur, préliminaire à de
prochaines étapes d’exposition à d’autres situations sociales ou encore à d’autres
situations incertaines ou imprévues.
Conclusion
En conclusion, cette étude a permis de faire ressortir l’existence de liens entre l’II
et l’anxiété sociale, auprès de patients souffrant de troubles anxieux et de l’humeur et
ayant été référés en clinique spécialisée. Les résultats montrent que certaines
manifestations précises d’II, c’est-à-dire la tendance à ne pas tolérer les imprévus,
l’évitement des incertitudes, le doute en situations incertaines et la recherche de
réassurance en contexte d’incertitude, ressortent comme étant spécifiquement associées
aux symptômes ou dimensions de symptômes d’anxiété sociale. Plus précisément,
l’évitement des incertitudes est associé à plus de symptômes de phobie sociale, incluant
ses trois dimensions de symptômes, soit la peur excessive des situations sociales
(dimension cognitive), les comportements d’évitement des situations sociales (dimension
comportementale) et l’intensité des manifestations physiologiques d’anxiété devant
autrui, comme la transpiration ou le rougissement (dimension physiologique); Le doute
en situations incertaines est associé à plus de symptômes de phobie sociale, incluant la
peur excessive des situations sociales (dimension cognitive); La tendance à ne pas tolérer
les imprévus est associée à plus de symptômes cognitifs de phobie sociale, soit la peur
excessive des situations sociales; Finalement, la recherche de réassurance auprès d’autrui
en contexte d’incertitude est associée à moins de symptômes comportementaux de phobie
sociale, soit à moins d’évitement des situations sociales. Les résultats appuient d’ailleurs
la contribution unique de ces manifestations spécifiques d’II dans l’explication des
symptômes ou dimensions de symptômes d’anxiété sociale, indépendamment des
94
symptômes d’autres troubles anxieux associés et des variables cognitives identifiées
pertinentes dans l’explication du trouble d’anxiété sociale, soit la peur du jugement négatif
et la sensibilité à l’anxiété. Il se dégage de ses résultats que l’évitement des incertitudes,
la tendance à douter en situations incertaines et la tendance à ne pas supporter l’arrivée
d’imprévus pourraient possiblement représenter des facteurs de risque en lien avec le
développement, le maintien ou la sévérité des symptômes du trouble d’anxiété sociale.
Cette hypothèse se doit tout de même d’être vérifiée par d’autres études ultérieures, étant
donné la limite du présent plan de recherche, ne permettant pas de confirmer le lien de
cause à effet entre les deux variables. Ceci appuie d’ailleurs la pertinence de mener
d’autres recherches portant sur le lien entre l’II et la phobie sociale.
La présente étude se distingue par le choix des outils de mesure ayant permis
d’évaluer neuf dimensions générales et spécifiques d’II (III; Gosselin et al., 2008) ainsi
que trois dimensions de symptômes de phobie sociale (IPS; Connor et al., 2000; traduction
française : Charrette et al., 2003). Elle est la première à étudier le lien entre, d’une part,
les trois dimensions générales et les six manifestations spécifiques d’II en relation avec,
d’autre part, les symptômes et les trois dimensions de phobie sociale. Cette nouveauté a
permis d’identifier avec plus de précision, quelles dimensions d’II, telles que les quatre
mentionnées ci-haut, apparaissent plus spécifiquement associées aux symptômes et
dimensions d’anxiété sociale, au sein d’une population clinique. Cette étude se distingue
d’ailleurs également par la population ciblée étant une population clinique constituée de
patients présentant des troubles anxieux et de l’humeur, ayant exprimé un besoin d’aide
95
au plan psychologique et ayant été référés par un psychiatre à une clinique spécialisée
dans les troubles anxieux et de l’humeur. Il s’agit de la première étude clinique à mettre
en lumière l’existence de liens entre l’II et l’anxiété sociale, en considérant le diagnostic
différentiel tel qu’évalué par des cliniciens de l’UTCC et en contrôlant pour la comorbidité
par les stratégies d’analyses utilisées. Cet ajout permet une meilleure généralisation des
résultats à la population clinique et permet aussi de distinguer que le lien entre l’II et la
phobie sociale ressort indépendamment de l’effet des symptômes d’autres troubles
anxieux.
Considérant la prévalence élevée du trouble d’anxiété sociale ainsi que ses
conséquences et impacts individuels et sociaux, cette étude contribue à l’avancement des
connaissances sur le trouble d’anxiété sociale. Elle apporte un éclairage supplémentaire
aux professionnels travaillant avec des personnes souffrant de symptômes d’anxiété
sociale. En effet, elle fait ressortir la pertinence d’inclure l’II, s’avérant associée à une
plus grande sévérité des symptômes du trouble d’anxiété sociale, au sein du travail
thérapeutique, comme cible supplémentaire à évaluer, d’une part, et à travailler dans les
pistes d’intervention, d’autre part.
Certains questionnements demeurent suite à la présente étude, supportant la
pertinence de mener d’autres études pour permettre une meilleure compréhension du rôle
de l’II dans le trouble d’anxiété sociale et pour mieux élucider ses effets à long terme sur
les symptômes de phobie sociale. Par exemple, quel est le rôle de l’II en lien avec
96
l’aggravation de symptômes de phobie sociale à long terme? Quels sont ses effets en lien
avec la généralisation de la peur ou de l’évitement? Y a-t-il un lien de cause à effet entre
l’II et l’anxiété sociale et quel est le sens de ce lien : est-ce que l’II cause des symptômes
de phobie sociale? Ou encore peut-être est-ce la phobie sociale qui mène à une
généralisation de l’II? Il serait pertinent de vérifier les effets à long terme des symptômes
de phobie sociale sur l’II et ses différentes manifestations spécifiques. Aussi, d’autres
questionnements émergent de la présente recherche par rapport au rôle de l’II, non
seulement dans la phobie sociale, mais aussi dans l’ensemble des autres troubles anxieux,
pouvant inspirer d’autres recherches futures. Par exemple, est-ce que certaines
manifestations précises d’II seraient plus spécifiques à certains troubles anxieux? Par
exemple, ce pourrait-il que l’évitement des incertitudes et le doute en situations incertaines
constituent des manifestations d’II plus spécifiques à l’anxiété sociale et que d’autres
manifestations d’II apparaissent spécifiques à d’autres troubles anxieux? Dans cette suite,
l’II pourrait-elle constituer un facteur de risque transdiagnostic?
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Appendice A
Questionnaire d’informations générales
QUESTIONNAIRE D’INFORMATIONS GÉNÉRALES
UNITÉ DE THÉRAPIE COGNITIVE ET COMPORTEMENTALE
1. Âge : ________ ans 2. Sexe : 1. Féminin
2. Masculin
SCOLARITÉ
3. Quel est votre dernier niveau de scolarité complété ?
1. Primaire
2. Secondaire
3. Collégial, précisez le programme : ______________________
4. Universitaire, précisez le programme : ___________________
Précisez le niveau :
Certificat
Baccalauréat
Maîtrise
Doctorat
5. Autre, précisez : __________________
OCCUPATION PRINCIPALE ACTUELLE
4. Quelle est votre occupation principale actuelle ?
1. Emploi rémunéré à temps plein 6. Recherche d’emploi
2. Emploi rémunéré à temps partiel 7. Invalidité
3. Emploi saisonnier 8. À la maison
4. Aux études 9. Arrêt de travail
5. Retraité(e)
STATUT CIVIL
5. Quel est votre statut civil actuel ? (cochez une seule case)
1. Marié(e)
2. Conjoint(e) de fait
3. Célibataire
4. Veuf(ve)
5. Séparé(e)
6. Divorcé(e)
S.V.P., répondre à toutes les questions. Merci !
Appendice B
Inventaire d’Intolérance à l’Incertitude
III – Partie A
(Gosselin, Ladouceur, Evers, Laverdiere, Routhier, & Tremblay-Picard, 2008)
Document retiré pour respect du droit d’auteur.
III – Partie B
(Gosselin, Ladouceur, Evers, Laverdiere, Routhier, & Tremblay-Picard, 2008)
Document retiré pour respect du droit d’auteur.
Appendice C
Inventaire de Phobie Sociale
INVENTAIRE DE PHOBIE SOCIALE (IPS)
(Connor, Davidson, Churchill, Sherwood, & Weisler, 2000; traduction française : Charrette,
Léveillé, O'Connor, Pélissier, & St-Jean-Trudel, 2003)
Document retiré pour respect du droit d’auteur.
Appendice D
Questionnaire sur l’Inquiétude et l’Anxiété
Questionnaire sur l’inquiétude et l'anxiété (QIA) (Dugas, Freeston, Provencher, Lachance, Ladouceur, & Gosselin, 2001)
Document retiré pour respect du droit d’auteur.
Appendice E
Inventaire des Obsessions et des Compulsions-Révisé
Questionnaire OCI-R (Foa, Huppert, Leiberg, Langner, Kichic, Hajcak, & Salkovskis, 2002 ; Version française : Zermatten,
Van der Linden, Jermann, & Ceschi, 2006)
Document retiré pour respect du droit d’auteur.
Appendice F
Questionnaire des Sensations Physiques
QUESTIONNAIRE SUR LES SENSATIONS PHYSIQUES (QSP) (Chambless, Caputo, Bright, & Gallagher, 1984)
Document retiré pour respect du droit d’auteur.
Appendice G
Échelle de Peur du Jugement Négatif d’Autrui
P.J.N.A.
(Traduction et adaptation de la version abrégée (Leary, 1983) du FNE (Watson & Friend, 1969) par Jocelyne
Kérouack, Jean-Marie Boisvert et Marie-Josée Prévost, Hôpital Louis H. Lafontaine, 1987. Tous droits
réservés.)
Document retiré pour respect du droit d’auteur.
Appendice H
Index de Sensibilité à l’Anxiété
Index de Sensibilité à l’anxiété (Reiss, Peterson, Gursky, & McNally, 1986)
Document retiré pour respect du droit d’auteur.