universitÉ de sherbrooke faculté d’éducation techniques d
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UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE Faculté d’éducation
Conception d’une classe inversée pour soutenir l’apprentissage des étudiants en techniques d’orthèses et prothèses orthopédiques
par Marie-Claude Bastien
Rapport d’innovation présenté à la Faculté d’éducation en vue de l’obtention du grade de
maitre en éducation secteur Performa
Mai 2019 © Marie-Claude Bastien, 2019
UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE
Faculté d’éducation
Conception d’une classe inversée pour soutenir l’apprentissage des étudiants en techniques d’orthèses et prothèses orthopédiques
par
Marie-Claude Bastien
a été évalué par un jury composé des personnes suivantes:
Madame Julie Roberge Présidente du jury
Monsieur Roger de Ladurantaye Membre externe du jury
Rapport d’innovation accepté le 2019
v
SOMMAIRE
Le projet d’innovation est né d’un problème au sein du nouveau programme de
techniques en orthèses et prothèses orthopédiques du collège Montmorency. Des
changements dans les pondérations des périodes allouées à la portion théorique et
laboratoires ont pris effet, notamment dans le cours « Réaliser des prothèses tibiales »,
que nous enseignons depuis sept ans. La pondération des périodes allouées à la portion
théorique pour le cours en question a été réduite de moitié, passant de deux heures par
semaine à une seule, sans que les objectifs visés par le cours soient modifiés.
La sélection de la classe inversée comme stratégie pédagogique s’est imposée
comme étant le meilleur choix pour atteindre les objectifs du cours dans le nouveau
contexte de pondération des périodes allouées à la portion théorique. L’implantation de
la classe inversée s’est réalisée à l’automne 2018 au sein de quatre leçons ciblées. Ces
dernières ont été sélectionnées pour le niveau élevé de complexité des notions qu’elles
abordent. Trois mesures ont été utilisées pour analyser l’implantation : deux collectes
d’opinions (une au début et l’autre à la fin de la session d’implantation) et un examen
théorique final. Les collectes d’opinions avaient pour but de connaître les habitudes
d’études de la cohorte, leur niveau d’engagement dans leurs études et leur familiarité avec
la classe inversée. L’examen final lui, est le même que pour les années passées, c’est-à-
dire, une étude de cas avec des questions sur la conception d’une prothèse tibiale.
vi
Les résultats de l’implantation de la classe inversée sont mitigés, notamment sur
la perception des étudiants1 face à leurs niveaux de responsabilisation dans ce nouveau
modèle pédagogique. Les commentaires informels recueillis lors de la dernière collecte
témoignent du décalage vécu par les étudiants et mettent en évidence le manque
d’appropriation du nouveau modèle. Nous présentons quelques pistes de solution afin
d’améliorer la prochaine itération de cette innovation pédagogique, prévue pour
l’automne 2019.
1 L’usage du masculin à sa forme neutre dans ce document a pour unique but d’alléger le texte.
x
ANNEXE P. ACTIVITÉ WEBQUEST ......................................................................... 87 ANNEXE Q. PLAN DE LEÇON SEMAINE NEUF ..................................................... 91 ANNEXE R. ACTIVITÉ TRAPPE À CERVEAUX ..................................................... 92
LISTE DES FIGURES
Figure 1. Démarche SoTL .............................................................................................. 14 Figure 2. Résumé conceptuel (Messier, 2014) ............................................................... 23 Figure 3. Questionnement didactique ............................................................................. 26 Figure 4. Vidéos pédagogiques efficaces ....................................................................... 29
LISTE DES ABRÉVIATIONS, DES SIGLES ET DES ACRONYMES
MEES Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement Supérieur SoTL Scholarship of Teaching and Learning TOPO Techniques d’orthèses et prothèses orthopédiques
REMERCIEMENTS
Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va. -Sénèque
Comment faire des remerciements qui rendent justice à tous ceux qui m’ont
permis de réussir ce projet un peu fou? Comment prioriser les noms sans oublier
personne? Une tâche presque impossible, avouons-le.
Mon conjoint chéri, Éric, qui m’a soutenue tout au long de ce processus, qui m’a
encouragée à sauter à pieds joints dans l’aventure, dans la catégorie support moral, il en
est le champion.
Mon enfant adorée, Constance, qui, par son autonomie, m’a donné du temps, si
précieux. Je souhaite l’avoir inspirée à atteindre ses buts, peu importe l’ampleur et le
travail à accomplir pour y arriver.
Mes amies de maîtrise, ces femmes fortes, uniques, et aussi folles que moi,
Amélie, Geneviève, Julie et Caroline, vous serez dans mon cœur, toujours.
Marie Ménard, ma répondante locale Performa, mais qui dépasse largement son
mandat, qui m’a soutenue, écoutée et encouragée, s’est battue pour ce projet, convaincue
qu’il en valait la peine.
xviii
Marie-Josée Gagné, qui a lu et relu mes travaux, apportée des commentaires
intelligents et constructifs, à son image. Qui a su trouver les mots pour me faire avancer
et clarifier le propos qui s’égarait parfois.
Ma maman, Ann, qui a corrigé tous mes travaux, en mettant un beau A+ en rouge,
dans le coin de chacun d’entre eux, me disant combien elle est fière de moi, des relents
de sa carrière de professeure, il va sans dire. Elle m’a donné des commentaires pertinents
sur la rédaction et m’aidait à organiser ma pensée lorsqu’elle devenait trop nébuleuse.
Julie Roberge, ma professeure, qui a pris le relai presque à mi-parcours et malgré
les embûches et les points nébuleux, m’a menée à bon port. J’ai aussi découvert en vous
une passion pour l’enseignement et la recherche qui m’a donné le goût de continuer à
chercher des solutions aux problèmes pédagogiques quotidiens.
Pierre Baudry, qui m’a mis sur la bonne piste, dès le départ en me disant : Think
not big, précisant ainsi clairement mon carré de sable de recherche. Il m’a parlé avec
passion de la recherche, m’aidant à passer à travers les moments plus difficiles, en plus
de m’avoir prêté d’innombrables livres et répondu à mes questions.
Alexandra Stréliski, que je ne connais pas personnellement, mais qui, avec sa
musique, m’a accompagnée et apaisée, telle une couverture réconfortante, tout au long de
la rédaction.
Et finalement, mon collège, qui m’a permis de dégager du temps pour faire ce
beau projet, merci, le temps est plus précieux que tout.
xix
Je souhaite donc dire un énorme merci, en sachant que vous tous avez contribué
au succès et à l’aboutissement de ce projet, qui m’ouvre des horizons, maintenant que je
sais où je vais. Sénèque serait fier.
INTRODUCTION
La classe inversée est un modèle pédagogique qui connaît une popularité
grandissante depuis quelques années. Elle est souvent associée à l’utilisation de
technologies et d’activités pédagogiques coopératives en classe (Lebrun et Lecoq, 2015).
Elle change la façon d’enseigner, en remettant en question les rôles traditionnellement
présents dans une classe, autant ceux des étudiants que ceux des enseignants. Ce modèle
pédagogique peut prendre plusieurs formes, avec des degrés d’inversion variables, mais
dans tous les cas, les habitudes et les vieux réflexes, doivent être remis en question afin
de maximiser ses bénéfices.
Ce projet d’innovation a pour but de soutenir les apprentissages des étudiants dans
le contexte d’une révision de programme. La pondération des périodes allouées à la
portion théorique du cours faisant l’objet du projet a été amputée de moitié. La
pondération antérieure était de deux périodes théoriques par semaine, maintenant, il n’y
en a qu’une seule, sans que les objectifs visés par le cours ne soient modifiés. Ces
changements nous ont obligés à réfléchir sur nos pratiques et à trouver une façon
d’atteindre les mêmes objectifs, avec la moitié de temps pour le faire. La classe inversée
comme modèle pédagogique nous apparaît idéal, car elle permet d’en faire plus avec
moins, sans sacrifier la qualité des apprentissages de la cohorte, mais au contraire, de les
améliorer.
2
Ce projet s’inscrit dans une démarche de développement d’une expertise en
enseignement supérieur, qui se nomme Scholarship of Teaching and Learning (SoTL). Il
fait partie d’un projet pilote de maîtrise de Performa, à l’université de Sherbrooke.
Le premier chapitre de ce rapport d’innovation permet de décrire le problème. Le
contexte dans lequel le problème s’inscrit est d’abord présenté, décrivant le profil des
étudiants et les facteurs qui nuisent à leur réussite.
Le deuxième chapitre est consacré à la recension d’écrits et présente le cadre de
référence de notre projet. Ce chapitre s’attarde aux définitions, débutant par celle du
SoTL, qui est le cœur de notre démarche. Les ouvrages présentés dans ce chapitre sont en
lien avec la problématique rencontrée. Ils nous permettent de jeter les bases de notre
réflexion et amorcer un plan d’action.
Le troisième chapitre décrit la conception et la planification du projet
d’innovation. Tout d’abord, le scénario de la planification est présenté sous forme de ligne
de temps. La description des étapes nécessaires pour la mise en œuvre du projet est
d’abord effectuée. Le critère d’évaluation du projet, qui se décline en trois éléments, sera
aussi présenté. Il est composé de deux collectes d’opinions, une au début de la session
d’implantation et l’autre à la fin, puis, un examen théorique final.
Le quatrième chapitre s’attarde à décrire la mise en œuvre du projet. Il présente
une description du déroulement du projet, les contraintes rencontrées ainsi que la
congruence de la mise en œuvre avec la planification établie au chapitre trois. Le
3
calendrier du cours de la session d’implantation et les plans de leçon pour les quatre
leçons où la classe inversée a été expérimentée sont en annexe.
Le cinquième et dernier chapitre aborde l’évaluation du projet d’innovation.
L’évaluation est faite en fonction des critères d’évaluation du projet et des résultats
obtenus. Il présente une analyse de ces résultats et y aborde les points forts. La
présentation des points à améliorer et leur explication est aussi présente. Des conclusions
seront tirées afin de présenter des pistes prospectives pour les itérations futures.
6
naissance ». (Fourny, 2011, pp. 14 et 16). Spécifiquement, le cours de prothèses tibiales
se trouve dans la catégorie des prothèses des membres inférieurs et traite de l’appareillage
des amputations en bas du genou.
Dans tous nos cours, nous appliquons une approche pédagogique
socioconstructiviste, où les interactions entre les étudiants et les contenus créent les
nouvelles connaissances (Raymond, 2006). Les cours sont aussi agrémentés de portions
magistrales.
Cette approche pédagogique s’inscrit dans le paradigme de l’apprentissage qui
peut se décrire comme proposant des situations d’apprentissages authentiques et
contextualisées, en lien avec les expériences de l’étudiant, le plaçant au centre de ses
apprentissages (Raymond, 2006). Dans ce paradigme, l’enseignant est positionné dans un
rôle d’accompagnateur (Raymond, 2006).
1.1 Profil des étudiants
Les étudiants inscrits à la technique d’orthèses et prothèses orthopédiques du
Collège Montmorency proviennent des quatre coins du Québec et sont issus, dans une
proportion de 50-25-25, directement du secondaire, d'un changement de programme et
d'un retour aux études. Les étudiants présentent donc des profils variés et la moyenne
d'âge est élevée (environ 25 ans). L’admission est contingentée (programme public
unique). Il n’y a qu’une seule cohorte par année, composée de 25 étudiants.
7
1.2 Problèmes pédagogiques
Nous avons identifié deux principaux facteurs qui nuisent à l’apprentissage et
conséquemment, à la réussite des étudiants inscrits au cours de prothèses tibiales. Il s’agit
d’une part de la modification (à la baisse) de la pondération des périodes allouées à la
portion théorique et, d’autre part, du fait que le cours aborde des contenus qui diffèrent
de ce que les étudiants ont vu en première année.
1.3 Pondération
Le programme, fraîchement révisé, vient d'amorcer sa 4e année d’implantation.
Des changements majeurs prennent effet cette année dans plusieurs cours du programme,
notamment dans le cours de prothèses tibiales. Ces changements au programme sont la
conséquence directe de l’intégration de nouveaux champs de pratique, dictés par l’Ordre
professionnel, se soldant par l’ajout d’un cours au programme. Cette situation a obligé le
département d’orthèses et prothèses à procéder à une répartition différente et créative des
heures du programme, le total d’heures du programme provenant d’une enveloppe
fermée. Nous y sommes arrivés en retirant des heures à des cours existants et en les
attribuant au nouveau cours.
C’est d’ailleurs pour faciliter l’adaptation à ce changement que le cours de
prothèses tibiales a été choisi comme point de départ de notre projet. En effet, la
pondération des périodes allouées à la portion théorique du cours en question est coupée
8
de moitié en passant de deux périodes par semaine à une seule, et ce, sans ajustement de
l'atteinte des objectifs.
Il y a trois compétences visées dans le cours faisant l’objet du projet d’innovation,
soit : optimiser le plan de traitement; assumer la responsabilité de la fabrication et de
l’installation de tout genre d’orthèses ou prothèses; communiquer avec les patients et les
différents intervenants du milieu de l’orthèse et prothèse (annexe A). Ces trois
compétences s’articulent autour de six objectifs institutionnels :
• TOP 1.2 : Concevoir des orthèses ou prothèses • TOP 1.4 : Évaluer l’efficacité des orthèses ou prothèses • TOP 3.1 : Appliquer les règles de santé et sécurité • TOP 3.2 : Sélectionner et utiliser l’équipement propre à l’orthèse et prothèse • TOP 3.3 : Fabriquer des orthèses et prothèses • TOP 4.2 : Communiquer avec les patients en milieu clinique
Ces objectifs institutionnels servent à préciser les compétences dictées par le
ministère de l’Éducation et de l’Enseignement Supérieur (MEES). Ces dernières datent
de 1994 et ne correspondent plus du tout aux besoins du marché du travail. Le Collège
Montmorency a donc obtenu la permission du MEES d’élaborer ses propres objectifs
institutionnels afin d’actualiser les compétences du programme (annexe A). Dans le
présent rapport, il sera toujours question des objectifs institutionnels à atteindre. Le
principal objectif qui est évalué dans la partie théorique est l’objectif TOP 1.2 (concevoir
des orthèses ou des prothèses). Les objectifs TOP 1.4 (évaluer l’efficacité des orthèses ou
prothèses), et TOP 4.2 (communiquer avec les patients) sont abordés en théorie, sans
9
application pratique. Cette dernière est faite en laboratoires, où les étudiants rencontrent
des patients amputés pour lesquels ils conçoivent et fabriquent une prothèse. La partie
laboratoire ne fait pas partie du projet d’implantation de la classe inversée. Les notions
portant sur la conception sont enseignées à l’aide d’un devis de conception qui permet de
synthétiser de façon logique les données relatives à la conception d’un appareil. La
prochaine section explicite ce processus. Un exemple du devis de conception est à
l’annexe H.
1.4 Contenus nouveaux
Il s’agit du premier cours de prothèses (toutes catégories confondues) pour les
étudiants, car la prothèse s’enseigne à partir de la deuxième année. Les étudiants peuvent
faire des liens avec quelques techniques de laboratoire de base, apprises en première
année, mais celles pour la prothèse sont différentes et ne sont enseignées que dans le cadre
des cours de prothèses. Au niveau théorique, les étudiants n’ont pas encore reçu de notions
spécifiques à la prothèse, excepté pour l’anatomie des membres inférieurs, bien que ce
cours ne traite pas spécifiquement d’amputation.
Le processus général de conception d’appareils orthopédiques est enseigné dès la
première année, ce qui permet aux étudiants de maitriser le processus et de pouvoir
l’appliquer de façon globale et générale pour tous les types d’appareils, tout au long de
leur formation. Baudry (2013) définit le processus de conception d’un appareil comme :
un travail de synthèse où tous les différents éléments d’informations recueillis lors du questionnaire et de l’évaluation physiologique du patient
10
prennent leurs places dans un tout cohérent. Plusieurs autres connaissances de base telles que l’anatomie, la biomécanique, le design d’appareils et la nature des matériaux contribuent à une conception éclairée. (p. 4)
Ce processus est mis en œuvre à l’aide d’un devis de conceptions (annexe H).
C’est donc dire que, dès la première année, les étudiants tentent d’intégrer les notions de
base de la conception afin de transposer ces notions dans chacun des cours qui traitent
des différents types d’appareils (orthèses ou prothèses). Particulièrement, dans les cours
théoriques de prothèses tibiales, la notion de la conception prothétique est abordée pour
la première fois. La conception prothétique est présente dans le processus complet de
réalisation d’un appareil; de l’évaluation du patient jusqu’à l’adéquation de l’appareil sur
celui-ci. Ce concept se décline en plusieurs éléments dans les contenus du cours, tout au
long de la session.
Le processus de conception prothétique diffère du processus de conception
orthétique, dans la mesure où il présente des particularités qui ne sont pas partagées par
l’orthèse, rendant ainsi impossible le rappel des notions déjà encodées par les étudiants.
Les principales différences résident dans l’application des forces pour la mise en charge
et la suspension, dans les principes biomécaniques qui sont impliqués, ainsi que pour les
objectifs qu’atteindra la prothèse. Le cours de conception de la première année traite de
ces différences, certes, mais ne les aborde pas en profondeur et les étudiants n’en
retiennent que les grandes lignes, à en juger par les exercices faits en classe à ce sujet
dans les cours de prothèses tibiales.
11
Ce sont les raisons évoquées plus haut qui nous ont poussées à faire le choix
d’inverser les notions reliées à la conception prothétique, car elles représentent un défi
chaque année, autant pour l’enseignante que pour les étudiants. Le cadre théorique et le
processus de sélection des concepts seront abordés dans les chapitres deux et trois.
1.5 Impacts de la réussite des étudiants
Nous prévoyons que la principale difficulté que les étudiants éprouveront est
l’atteinte des objectifs du cours de prothèse tibiale avec la pondération des périodes
allouées à la portion théorique réduite. En considérant les éditions passées, nous savons
qu’ils peinaient déjà à saisir les subtilités de la conception d’une prothèse avec deux
périodes de théorie par semaine. Spécifiquement, ils ont souvent de la difficulté à faire
des liens entre les besoins du patient (incluant l’identification de ces besoins) et la
conception qui en découle.
En effet, par les années passées, nous avons remarqué un manque d’efficacité dans
les apprentissages des étudiants, et ce, avant même la diminution de la pondération. Les
difficultés sont observées principalement dans les liens (ou l’absence de liens) entre les
éléments nécessaires à la conception efficace d’une prothèse. De nombreux exercices
formatifs en classe sont toujours planifiés. Ils sont élaborés, entre autres, afin de permettre
aux étudiants de se familiariser avec les subtilités du processus de conception prothétique,
étape par étape, et de leur permettre de s’ajuster au fur et à mesure. Ces exercices sont
toujours réalisés en équipe. C’est un moyen pédagogique fréquemment employé dans nos
classes, s’inscrivant dans l’approche socioconstructiviste. Ces exercices ont démontré
12
clairement les difficultés de la plupart des étudiants avec les notions de conception
prothétique. En d’autres termes, les étudiants ont de la difficulté à adapter les
caractéristiques de la conception de l’orthèse à celles de la prothèse.
2. OBJECTIF DU PROJET
L’objectif de ce projet d’innovation et découlant de la problématique présentée
dans ce chapitre est de concevoir une stratégie pédagogique de type classe inversée, afin
de soutenir l’apprentissage de la cohorte de deuxième année en techniques d’orthèses et
prothèses, dans le cours « Réaliser des prothèses tibiales ». Ce projet s’est déroulé à la
session de l’automne 2018.
14
la pratique enseignante en communiquant publiquement sur cette recherche ou ce
questionnement » (p. 94).
La particularité qui nous apparaît intéressante dans ce type de recherche est que le
processus SoTL encourage les enseignants à faire une analyse réflexive et de réinvestir le
fruit de ces réflexions auprès de leurs étudiants, ce qui favorise l’esprit d’investigation
sur leurs pratiques enseignantes, encourage l’utilisation de la recherche et fait la
promotion du partage de pratique entre les enseignants (Bélanger 2010). Bélisle, Lison et
Bédard (2016) représentent ce processus comme une boucle sans fin. La figure 1 illustre
la démarche SoTL.
Figure 1. Démarche SoTL
15
2. CLASSE INVERSÉE
Afin d’apporter une solution au manque de temps alloué à la portion théorique du
cours de prothèse tibiale, nous avons considéré les avantages de la classe inversée. Elle
nous apparaît une avenue prometteuse afin de compenser cette diminution de pondération
et de permettre aux étudiants d’atteindre les objectifs du cours.
La classe inversée ou flipped classroom est définie par Lebrun et Lecoq (2015)
comme étant:
Une méthode (ou une stratégie) pédagogique où la partie transmissive de l’enseignement (exposé, consignes, protocole, etc.) se fait « à distance » en préalable à une séance en présence, notamment à l’aide des technologies (vidéo en ligne du cours, lecture de documents papiers, préparation d’exercice, etc.) et où l’apprentissage fondé sur les activités et les interactions se fait « en présence » (échanges entre l’enseignant et les étudiants et entre pairs, projet de groupe, activité de laboratoire, séminaire, débats, etc.). (p.16)
Avec cette définition, les auteurs font référence à la classe inversée de niveau un,
qu’ils appellent aussi une classe translatée, où :
[…] le cours théorique (en classe dans le schéma traditionnel ou en préalable de la classe dans le schéma des flipped classrooms) précède encore et toujours la partie consacrée aux exercices, aux applications, etc. (p.16)
Ces auteurs nous rassurent : même s’il ne s’agit que du premier niveau de la classe
inversée, la transition est valable et bénéfique, autant pour les étudiants que pour les
enseignants. Ils font mention qu’il peut s’agir d’un premier pas vers une inversion plus
complète ou que l’enseignant peut décider de se contenter du niveau un et d’y rester.
16
Les auteurs nous font remarquer que, même si les apprentissages théoriques sont
faits hors classe, le niveau un ressemble au modèle traditionnel, notamment, dans l’ordre
et la façon de faire les apprentissages « théories, concepts en premier, les exercices et les
applications ensuite. » (p. 18). Le niveau deux amène une dimension plus impliquée aux
préparations des étudiants, au lieu de lire un chapitre prédéterminé, on leur demande de
faire une recherche d’information sur le sujet qui sera abordé en classe. Ces préparations,
au lieu d’être des exercices d’application, demandent aux étudiants de créer une carte
conceptuelle ou de présenter une analyse argumentée, par exemple. Le troisième et
dernier niveau, lui, combine le meilleur des deux premiers niveaux (préparation autonome
de l’étudiant) et y ajoute un effet d’apprentissage spiralé, où ce cycle « dépasserait la
linéarité déterministe du « avant la classe/pendant la classe » pour devenir une spirale
faite de contextualisation […], de décontextualisation […] et de recontextualisation
[…]. » (p.19).
Bishop et Verleger (2013), cité par Guilbault et Viau-Guay (2017) proposent une
définition qui met l’accent sur l’apprentissage actif, dans laquelle la classe inversée
s’inscrit :
Les activités d’apprentissage actif doivent être au centre de la planification d’un cours, et ce, afin que les étudiants prennent eux-mêmes leur éducation en charge et créent des liens avec leurs connaissances antérieures. (p.3)
18
sur le comment de l’action et sur les étapes et procédures qui permettent de la réaliser,
[…]. Il s’agit des manières de faire, du savoir-faire » (p. 50).
Ces notions plus complexes peuvent être abordées à l’aide d’exercices ou de
problèmes à résoudre, qui mobilisent les connaissances acquises de façon autonome. Les
activités en classe se déroulent habituellement en équipe, s’inscrivant dans
l’apprentissage actif (Chamberland, Lavoie et Marquis, 2011). De cette façon, les
principes du socioconstructivisme sont pleinement appliqués, maximisant les chances
pour les étudiants de faire des liens avec les concepts, en les mettant au premier plan de
leurs apprentissages.
3. CHANGEMENT DE RÔLES
Dans ce modèle pédagogique, les rôles changent, les étudiants deviennent actifs
et engagés dans leurs apprentissages et l’enseignante devient une accompagnatrice et
n’est plus la seule détentrice des connaissances. Grâce à l’interaction que procure la classe
inversée, l’enseignante est en mesure d’ajuster son intervention à chaque équipe, voire
même à chaque étudiant, et non d’avoir une seule et même pour tout le groupe. Lebrun et
Lecoq (2015) précisent que la classe inversée :
est un moyen d’amplifier les interactions et les contacts personnalisés entre les élèves et l’enseignant. Un environnement dans lequel les étudiants prennent la responsabilité de leurs propres apprentissages sous la guidance du formateur. (p.17)
19
Lebrun et Lecoq (2015) précisent que « l’enseignant n’est pas le maître sur
l’estrade (sage on the stage), mais bien l’accompagnateur attentif (guide on the side) en
permettant ainsi différentes formes de différenciation. » (p. 17)
Ils poursuivent en précisant que ce changement de posture (de maître à
accompagnateur) n’est pas nécessairement simple à accomplir. En effet, l’enseignant doit
changer sa posture pour devenir « facilitateur de travail et trouver sa place au milieu de
ses étudiants plutôt que face à eux » (p.91) et oblige l’enseignant à développer de
nouvelles attitudes pédagogiques.
À la lumière de ces informations, nous sommes en mesure de constater que la
classe inversée se présente comme une solution idéale pour répondre à la pondération
diminuée. Elle présente aussi des avantages qui peuvent avoir des impacts positifs sur la
qualité des apprentissages des étudiants.
4. LA MOTIVATION ET LES APPRENTISSAGES
Le changement de modèle et, conséquemment, des rôles et responsabilités des
étudiants nous a amenée à nous questionner sur l’impact que tous ces changements auront
sur leur motivation et ultimement sur leurs apprentissages. C’est d’ailleurs pour soutenir
les apprentissages de nos étudiants que nous avons mis sur pied ce projet, l’impact sur
leur motivation est aussi à prendre en considération. Nous allons voir que ces deux
facteurs (l’apprentissage et la motivation) sont souvent reliés.
20
4.1 Motivation
La motivation, plus particulièrement la motivation scolaire, est définie par
plusieurs auteurs. Considérant qu’elles sont complémentaires, nous retenons celles de
Viau (2009) et de Barbeau (1997).
Premièrement, Viau (2009) aborde la motivation à partir de plusieurs facteurs
relatifs aux réalités étudiantes. Il la présente comme la dynamique motivationnelle et
précise que « c’est un processus par lequel l’élève choisis délibérément de s’engager et
de persévérer dans l’accomplissement d’une activité. » (p. 18)
Pour sa part, Barbeau (1997) définit la motivation scolaire comme « un état qui
prend son origine dans les perceptions et les conceptions qu’un élève a de lui-même et se
son environnement et qui l’incite à s’engager, à participer et à persister dans une tâche
scolaire. » (p. 25)
Viau (2009), en proposant la dynamique motivationnelle, confirme les
conclusions de Barbeau (1997). Ces définitions nous amènent à réfléchir sur le manque
de motivation que l’on risque d’observer chez nos étudiants, notamment le
découragement devant la quantité de notions à acquérir de façon autonome et leur
perception de leur compétence à y arriver.
Viau (2009) propose trois sources de motivation chez l’étudiant, la perception
qu’il a de la valeur de l’activité d’apprentissage, la perception de sa compétence à
accomplir l’activité et, finalement, la perception du contrôle que l’étudiant peut avoir sur
21
l’activité. « Les trois perceptions s’influencent réciproquement » (p.13) et elles font partie
des facteurs reliés à la réussite de la classe. Nous postulons que la classe inversée permet
aux étudiants de voir la pertinence des tâches faites en classe, puisqu’elles sont en lien
avec la préparation demandée à la maison. La perception de contrôle sur la tâche à
accomplir sera obtenue par la latitude qu’ont les étudiants de regarder autant de fois que
nécessaire le matériel de préparation. Leur perception de la compétence à accomplir la
tâche pourra être augmentée en prenant tout le temps dont ils ont besoin pour s’approprier
les notions.
4.2 Apprentissages
Même si l’apprentissage est un processus appartenant à l’étudiant (Viau 2009), les
moyens qu’un enseignant utilise pour faciliter les apprentissages sont nombreux et leurs
impacts sont importants. Raymond (2006) fait référence au processus d’apprentissage
comme étant « constructif, cumulatif et dynamique » (p. 43) et précise que l’enseignant
doit mettre l’étudiant en situation d’interaction avec l’autre.
L’enseignant utilise différents moyens pour faciliter les apprentissages interactifs,
appelés activités pédagogiques par Viau (2009) ou stratégies pédagogiques par d’autres
auteurs. En révisant les écrits sur le sujet, nous avons rapidement constaté qu’il existe
plusieurs définitions de stratégies, apportant des différences entre stratégies
pédagogiques, stratégies d’apprentissages et stratégies d’enseignement. Ces définitions
sont même parfois en contradiction. Nous adoptons celle de Messier (2014) qui décrit une
stratégie pédagogique comme étant « un ensemble d’opérations qui, tenant compte des
22
caractéristiques inhérentes aux composantes d’une situation pédagogique, vise l’atteinte
d’objectifs pédagogiques. » (p.211).
Messier (2014) poursuit en cernant les caractéristiques d’une méthode
pédagogique « une stratégie pédagogique, validée empiriquement ou scientifiquement,
commune et partagée sous une appellation distincte dans le cadre de la profession
enseignante. » (p. 215)
À priori, cette définition nous informe très peu de son application concrète dans
la profession enseignante, c’est dans son contexte qu’elle prend tout son sens. En effet,
Messier (2014) poursuit son explication en donnant des exemples de méthodes, ce qui
aide à cerner ses applications. Elle place donc les méthodes de pédagogie par projet, de
l'enseignement stratégique, de la pédagogie de projet ou de l'enseignement explicite dans
les méthodes pédagogiques. Même si l’auteure n’y fait pas directement référence, nous
incluons aussi la classe inversée dans la catégorie des méthodes pédagogiques. L’auteure
précise également la définition d’une technique pédagogique comme étant « un moyen
pédagogique employé pour atteindre des objectifs pédagogiques spécifiques dans le cadre
d’une situation pédagogique » (p.222). Elle poursuit en précisant que la technique
s’inscrit toujours dans une démarche pédagogique qui comprend généralement plus d’une
technique pédagogique.
Nous proposons une conceptualisation des définitions présentées, en les
appliquant particulièrement à la classe inversée. La figure 2 illustre un résumé conceptuel
23
qui nous permet de bien situer les définitions de Messier (2014) et de les appliquer
concrètement à notre projet de classe inversée.
Figure 2. Résumé conceptuel (Messier, 2014)
Le but ultime du projet d’innovation étant de permettre aux étudiants d’atteindre
les mêmes objectifs avec moins de périodes allouées à la portion théorique, nous sommes
d’avis que cela demande des stratégies pédagogiques mettant de l’avant l’apprentissage
actif et coopératif, qui placent l’étudiant au centre de ses apprentissages.
25
5. QUESTIONNEMENT DIDACTIQUE
La didactique, comme les concepts de stratégies pédagogiques, est citée par
plusieurs auteurs, mais nous retenons celle du Dictionnaire des concepts fondamentaux
des didactiques, qui la définit comme « une discipline qui analyse les contenus en tant
qu’objets d’enseignement et d’apprentissage référés à des matières scolaires. » (Cohen-
Azria, Daunay, Delcambre, Lahanier-Reuter et Reuter, 2013, p.65).
C’est donc dire que la didactique donne un sens aux savoirs, en les contextualisant
et les mettant en relation avec les contenus.
Dans l’optique où nous avons à choisir des notions à inverser dans notre cours de
prothèses tibiales, le questionnement didactique s’est imposé comme le meilleur outil de
sélection. En effet, le questionnement didactique nous guide dans le choix de contenus à
transmettre, au regard de cinq entrées, représentées à la figure 3. D’ailleurs, Bizier (2014)
définit le questionnement didactique comme un questionnement qui :
prend en compte les différents rapports que les enseignants entretiennent avec leur discipline ou profession, les savoirs à enseigner et les difficultés des étudiants dans l’apprentissage du contenu, ce qui influe sur les choix de ressources didactiques et de stratégies pédagogiques. (p. 17)
26
Prud’homme (2015) nous propose un modèle de questionnement didactique (figure 3).
Figure 3. Questionnement didactique
De cette façon, le questionnement didactique permet à l’enseignant d’identifier
clairement les notions, ou les savoirs, qui se rapportent aux objectifs du cours. C’est un
outil pertinent quand vient le temps de choisir quoi enseigner et quelles stratégies utiliser
pour y arriver.
Dans le chapitre trois, portant sur la conception et la planification, il sera question
du processus de sélection des contenus à transposer en classe inversée. Le modèle du
questionnement didactique présenté à la figure 3 nous servira à sélectionner les contenus
à transposer en classe inversée. C’est ce que nous expliciterons dans le chapitre suivant.
28
temps du projet afin de clarifier chacune des étapes (annexe D). La conception et la
planification comptent quatre étapes.
La première étape est d’identifier le contenu à transposer en classe inversée.
Comme décrit dans le cadre de référence, nous avons utilisé le questionnement didactique
afin d’identifier les contenus à transposer.
Le questionnement didactique, illustré à la figure 3, nous sert de guide pour notre
réflexion, notamment au regard des entrées deux (savoirs à enseigner), trois (rapport des
étudiants aux savoirs) et cinq (stratégies d’enseignement, d’apprentissage et d’évaluation)
(Prud’homme, 2015). Cet outil nous permet de bien cibler les objectifs institutionnels (et
les contenus associés) à transformer en classe inversée. Nous avions déjà identifié le
processus de conception prothétique comme contenu difficile à intégrer pour nos
étudiants, et ce, même avant la diminution de la pondération. Il ne fut donc pas difficile
d’arriver à la conclusion d’inverser les notions sur la conception prothétique, qui sont en
lien avec l’objectif TOP 1.2 (concevoir des orthèses ou des prothèses). Au regard de
l’entrée trois (rapport des étudiants au savoir), du modèle de questionnement didactique
présenté en figure 3, nous avons pris en considération le rapport difficile des étudiants
aux notions de conception prothétique, c’est ce qui nous a permis de remettre en question
nos stratégies d’enseignement (entrée cinq).
32
La quatrième étape consiste au développement des activités en classe. Elles sont
développées en respectant le niveau taxonomique des objectifs du cours, et dans l’esprit
de la pédagogie active. Lors de la conception de ces activités, il est important de centrer
notre réflexion sur les objectifs du cours faisant référence aux notions de la conception.
D’ailleurs, Guilbault et Viau-Guay (2017) nous mettent en garde contre la surcharge
occasionnée lorsque des contenus supplémentaires, qui ne sont pas directement en lien
avec les objectifs du cours, sont présentés aux étudiants en guise de préparation au cours.
Nous sommes aussi consciente qu’il faut respecter la pondération du cours, notamment
celle des travaux exigés à la maison.
Les activités conçues respectent les principes de la pédagogie active, s’inscrivant
dans le courant socioconstructiviste, tel que décrit par Raymond (2006), explicité dans le
deuxième chapitre. En effet, tout comme l’avance Raymond (2006), elles ont été choisies
parce qu’elles « mettent les étudiants au centre de leurs apprentissages et leur permettent
de mobiliser leurs acquis et de les confronter à ceux de leurs coéquipiers » (p. 92).
La planification de la mise en œuvre se trouve grandement facilitée avec une
conception éclairée. Nous savons quels contenus inverser, quel logiciel utiliser pour faire
les capsules et le temps idéal des capsules pour garder l’attention afin de transmettre
efficacement les concepts à apprendre. La mise en œuvre a eu lieu en septembre 2018,
dans cinq leçons ciblées qui abordent le processus de conception prothétique. Le
quatrième chapitre présente les activités mises en œuvre lors de l’implantation.
33
2. CRITÈRE D’ÉVALUATION DU PROJET
Un seul critère d’évaluation a été choisi lors de la planification du projet. Il
s’intéresse au volet pédagogique, notamment aux impacts que peut avoir la classe
inversée sur les apprentissages des étudiants. Ce critère est relié à l’objectif du projet
innovant qui est de concevoir une stratégie pédagogique de type classe inversée, pour
soutenir l’apprentissage des étudiants dans le cadre d’une diminution de pondération des
périodes allouées à la portion théorique.
Il n’y a qu’un seul critère d’évaluation, car le choix de la classe inversée a été fait
dans un seul but, soutenir les apprentissages des étudiants inscrits au cours de prothèses
tibiales. Il sera mesuré à l’aide de deux collectes d’opinions et d’un examen final.
La certification éthique n’ayant été obtenue que de la part de l’Université de
Sherbrooke, nous avons utilisé des discussions spontanées avec nos étudiants, au début et
à la fin de la session. Les résultats de l’examen final sont utilisés pour des fins de
comparaisons de moyennes obtenues et sont anonymes.
2.1 Collecte d’opinions
La cueillette de données dans ce contexte consiste à identifier les habitudes de
préparation des étudiants inscrits au cours de prothèses tibiales. La collecte d’opinions
mesure le niveau de travail préparatoire qui est fait par les étudiants (préparation à la
maison pour le cours) avant leur expérience en classe inversée. Il est important de rappeler
34
ici que nous ne connaissons pas cette cohorte et nous ne disposons pas de groupe témoin,
n’ayant qu’un seul groupe dans la portion théorique.
La première collecte d’opinions est passée au début de la session pour avoir un
point de départ et la même est refaite à la fin de la session pour mesurer l’impact de la
classe inversée sur leurs heures de préparation.
2.2 Examen final
L’examen final pour la portion théorique est le même chaque année, c’est-à-dire
une histoire de cas d’un patient amputé au niveau tibial. Les étudiants doivent analyser le
portrait clinique du patient et faire le processus de conception complet d’une prothèse
répondant aux besoins spécifiques du patient. Cet examen évalue principalement
l’objectif TOP 1.2 (concevoir des orthèses ou des prothèses). Les moyennes des années
passées à cet examen sont toujours stables, c’est-à-dire autour de 75 %. C’est un outil que
nous estimons important, car il a le même format et niveau de complexité qu’avant le
changement de pondération en plus d’évaluer les mêmes objectifs du cours.
3. CONCLUSION
La planification rigoureuse de la mise en œuvre permet de mettre en lumière les
principales embûches et de les anticiper. Cela nous permet de prévoir des plans alternatifs
afin de contourner les difficultés pour obtenir un résultat satisfaisant. L’identification du
concept à inverser a permis de cerner rapidement les leçons à transposer et de planifier
efficacement la mise en œuvre du projet.
36
1. SEMAINE UN
Après avoir fait les présentations d’usages, premier cours oblige, nous avons
expliqué le mode de fonctionnement de la classe inversée, d’autant plus que c’est la
première fois, pour la plupart des étudiants, qu’ils sont exposés à ce fonctionnement. Ces
explications étaient informelles, exprimées oralement par l’enseignante. Le plan de leçon
de la semaine est à l’annexe F.
La deuxième partie du cours a servi à distribuer et à expliquer les études de cas.
Elles présentent chacune un patient fictif, et chaque étude de cas forme les équipes pour
la session. Elles avaient été imprimées en quantité précise, afin de former des équipes-
patient d’au maximum cinq étudiants. Le format de l’étude de cas (annexe G) permet à
l’équipe-patient de remplir adéquatement le devis de conception, au fur et à mesure que
les notions sont apprises tout au long de la session. Un exemple de devis de conception
prothétique est à l’annexe H.
Dans la dernière partie de la leçon, les tâches pour les semaines trois et cinq ont
été précisées, afin de donner assez de temps aux étudiants pour se préparer. Des
instructions orales ont été données, avec des indications que les capsules vidéo et les
documents pertinents étaient disponibles sur la plateforme de gestion de classe (Col.Net).
Des indications au plan de cours ont aussi été faites, où les descriptions sommaires des
devoirs à faire étaient présentes.
38
La deuxième partie de la leçon portait sur le devis de conception que les étudiants
devaient remplir en équipe patient. Le déroulement de cette activité est à l’annexe K.
Après la pause, lorsque vint le temps de travailler en équipe patient, nous avons constaté
qu’il y avait deux équipes pour le même patient, pourtant, nous avions distribué les
patients fictifs afin de contrôler le nombre de coéquipiers et de patients fictifs. Les
étudiants avaient fait des copies de nos études de cas pour former des équipes à leur goût.
3. SEMAINE CINQ
Une activité de type carré d’experts modifié a été réalisée. Le plan de leçon est à
l’annexe L. Puisque la question avait déjà été répondu en équipe-patient, les « experts »
étaient déjà formés, donc un temps minimal a été consacré à faire un résumé commun des
réponses pour ensuite discuter en équipe de patients hétérogènes. Encore une fois,
l’activité ne s’est pas tout à fait déroulée comme prévu, l’annexe M présente le
déroulement. Les questions en vrac sont apparues spontanément encore, comme à la
semaine trois. L’activité s’est toutefois bien déroulée grâce aux questions pertinentes des
étudiants. La projection de vidéos illustrant les effets de la torsion (chez les personnes
amputées et chez les non amputées) a été très pertinente pour permettre une bonne
visualisation des mouvements.
La deuxième partie de la leçon était consacrée à la suspension, où chaque équipe-
patient devait identifier la suspension de leur patient et la colliger dans le devis. Le
déroulement de cette activité est à l’annexe N. Cette partie s’est bien déroulée, les équipes
39
pouvaient utiliser les catalogues qui étaient à leur disposition ainsi que leurs téléphones
(ou ordinateurs) pour trouver les informations sur l’internet.
4. SEMAINE SEPT
Le déroulement de l’activité « Webquest sur les pieds prothétiques » est une
adaptation de l’activité conduite à l’hiver 2018 dans le cadre du cours « Réaliser des
prothèses fémorales ». Le plan de leçon est disponible à l’annexe O et le déroulement de
l’activité est à l’annexe P. En comparant les deux éditions, la tâche de l’année
d’implantation (automne 2018) a semblé plus facile pour les étudiants, car peu de
questions ont surgi comparativement à l’hiver dernier.
Les équipes-patient devaient présenter de façon orale leurs recherches au reste de
la classe. Nous avions peur de manquer de temps, malgré une planification rigoureuse.
Les équipes avaient dix minutes pour faire leurs présentations et, par expérience, nous
savons que le temps alloué est souvent dépassé.
5. SEMAINE NEUF
L’expérimentation de la semaine neuf est un peu différente, dans la mesure où elle
n’était pas tout à fait une classe inversée dans le sens strict du terme, car seule une
préparation minimale était prévue. L’activité prévue permettait aux équipes-patient de
remplir la section du devis de conception portant sur les composants prothétiques en
écrivant, de façon individuelle, le plus de composantes prothétiques possible, même s’ils
n’en connaissent pas le nom. Le but de cette activité est de permettre aux étudiants de
40
réaliser qu’ils en savent plus sur les composantes que ce qu’ils pensent. Le plan de leçon
de la semaine neuf est à l’annexe Q et le déroulement de l’activité à l’annexe R.
6. CONCLUSION
Les étapes de planification ont été respectées dans leur ensemble, même si le
déroulement particulier des leçons ne s’est pas fait comme planifié. Nous postulons que
puisque c’est la première expérimentation, la congruité est acceptable. Le fait de travailler
avec des étudiants rend impossible l’anticipation des fins détails. L’avantage d’être une
enseignante d’expérience nous a permis de trouver des solutions et d’apporter des
ajustements dans le feu de l’action.
42
exemple (Doyle, 2006). Tous ces éléments, en plus de l’adaptation au nouveau modèle
pédagogique, ont des impacts sur la performance de la cohorte.
La pertinence de ce critère n’est pas remise en question, mais la façon dont nous
l’avons mesuré n’est pas complète. Nous rappelons que le critère est de mesurer les
impacts de la classe inversée sur les apprentissages des étudiants dans le cours de
prothèses tibiales, notamment au regard de l’objectif TOP 1.2 (concevoir des orthèses ou
des prothèses). L’aspect multidimensionnel de la réussite des étudiants n’a pas été pris en
compte, diminuant ainsi la pertinence des résultats et conséquemment la validité des
conclusions que nous pouvons tirer. Malgré le fait que nous avions sous-estimé les
composantes de la réussite scolaire, nous pouvons quand même avancer que le modèle
pédagogique a été bénéfique pour certains étudiants, la section suivante, portant sur
l’évaluation du projet, abordera en détail cette affirmation.
1.1 Outils
Nous avons retenu trois outils d’évaluation pour mesurer l’atteinte du critère
(intégration des notions théoriques), nous le rappelons. Il s’agit de deux collectes
d’opinions spontanées, une en début de session et l’autre à la fin, et la moyenne à
l’examen théorique final (il n’y a qu’un examen théorique final dans le cadre de ce cours).
Ces outils nous permettent de mesurer l’efficacité des techniques pédagogiques mises en
place dans le cadre de la classe inversée (capsules, activités, etc.).
43
1.2 Première collecte d’opinions
La collecte en début de session avait pour but d’obtenir une base de référence sur
les habitudes d’études des étudiants. C’est une cohorte avec laquelle l’enseignante n’était
pas familière, ne lui ayant jamais enseigné auparavant. La collecte d’opinions nous
apparaissait une occasion de connaître les étudiants davantage, à travers leurs habitudes
d’étude.
Nombre d’heures de préparation
Cette collecte a permis d’apprendre, à l’aide de questions ciblées, combien
d’heures par semaine les étudiants passent à préparer leurs cours de la technique en
général, et s’ils trouvent que ce temps est adéquat. De façon informelle, les étudiants nous
ont appris qu’ils mettaient trois à cinq heures de préparation par semaine. Cette collecte
a aussi permis de savoir s’ils connaissent la classe inversée et d’évaluer leur niveau
d’aisance avec les outils informatiques. En général, ils sont à l’aise avec les outils
informatiques, mais avouent ne pas les utiliser régulièrement dans leurs cours de
technique. Pour ce qui est de leur familiarité avec la classe inversée, une majorité nous a
avoué ne pas connaître ce modèle.
Autonomie dans l’apprentissage
Nous voulions aussi savoir si nous étions en présence d’étudiants qui aiment faire
leurs apprentissages de façon autonome. Pour cette dernière question, les réponses
obtenues lors des conversations informelles étaient presque majoritairement en accord,
ils préférent manipuler eux-mêmes les notions. L’autonomie est une condition essentielle
44
à la réussite de la classe inversée, car il y a une portion importante de préparation à la
maison qui est demandée aux étudiants, et elle est faite sans supervision de la part de
l’enseignante. Selon Enfield (2013) l’autoapprentissage est un défi pour certains étudiants
et leur engagement est parfois relativement faible face à cette manière de faire.
Nous avions aussi anticipé que si les résultats en début de session indiquaient que
les étudiants passaient déjà plus de six heures par semaine sur leurs études et préparations
aux cours de la technique, ils seraient peut-être rébarbatifs à la charge additionnelle que
pourrait engendrer la classe inversée.
1.3 Deuxième collecte d’opinions
À la fin de la session d’implantation, en plus de mesurer le taux d’appropriation
des notions théoriques par un examen théorique final, nous avons fait une deuxième
collecte d’opinions. Cette deuxième collecte avait pour but de savoir si les habitudes
d’études des étudiants avaient changé afin de s’adapter à la classe inversée. La même
question qu’à la première collecte a été posée pour connaître le nombre d’heures de
préparation par semaine. De plus, les étudiants avaient la possibilité de donner des
commentaires sur leurs expériences suite à leur expérience vécue dans un contexte de
classe inversée.
Nombre d’heures passées à la préparation
La comparaison entre le nombre d’heures passées à la préparation entre le début
et la fin de la session démontre que le nombre est plus élevé au début de la session qu’à
45
la fin. La majorité des étudiants passent plus de trois heures par semaine à préparer leurs
cours à la fin de la session, mais ce résultat seul ne permet pas de tirer des conclusions
catégoriques face à l’impact de la classe inversée sur leur temps d’étude. En examinant
les résultats à la question sur le nombre d’heures additionnelles passées sur leur temps
d’études, la majorité des répondants ont dit passer deux heures additionnelles ou moins.
Ces deux derniers résultats (nombre d’heures passées et nombre d’heures
additionnelles) nous apparaissent en opposition, et témoignent peut-être d’une
incompréhension des questions ou des failles méthodologiques lors de l’élaboration de la
collecte d’opinions.
Motivation des étudiants
Le fait que les étudiants aient répondu avoir passé moins de temps de préparation
à la fin de la session qu’au début nous donne un indice sur le degré décroissant de
motivation au sujet de la classe inversée. Nous avons constaté le manque d’enthousiasme
relativement aux activités à faire en classe et nous avons aussi remarqué que certains
étudiants n’avaient pas fait la préparation de façon sérieuse. Même si les devoirs
préparatoires étaient exigés comme billet d’entrée en classe (les étudiants avaient accès à
la salle de classe sous présentation du devoir préparatoire dûment rempli seulement), nous
avons tout de même constaté que certains étudiants avaient fait leurs devoirs rapidement,
ne se souciant que de pouvoir entrer au cours, sans chercher à faire des liens signifiants
entre les concepts à apprendre. Il y a là matière à réflexion pour la prochaine itération,
nous devrons penser à une autre façon d’assurer la qualité des devoirs préparatoires.
46
Degré d’autonomie des étudiants
Pour ce qui est de leur niveau d’autonomie annoncé dans la première collecte de
données (la majorité des étudiants avaient affirmé qu’ils aimaient faire leurs
apprentissages de façon autonome), il s’avère que la vérité est ailleurs. En effet, ils ont
répondu ne pas s’être sentis dirigés dans leurs apprentissages, d’être trop laissés à eux-
mêmes. Ils ont indiqué souvent (un peu moins que la moitié) ce sentiment dans la section
des commentaires. Puisque ce n’était pas une question directe, que ce fut une section plus
ouverte de la collecte, nous concluons de deux choses l’une : soit qu’ils connaissaient mal
leurs habitudes d’étude ou qu’ils n’ont pas bien compris ce que la question impliquait.
Satisfaction au sujet de leurs apprentissages
Il est intéressant de noter que les étudiants étaient vraiment partagés sur leur
estimation des bénéfices que leur a apportée la classe inversée. Ce résultat est intéressant,
car il démontre qu’il n’y a pas de tendance claire, et nous fait réfléchir sur le type
d’étudiant qui a répondu qu’il voyait des bénéfices par rapport au type qui a répondu qui
n’en voyait pas. Nous nous questionnons à savoir s’il y a un lien entre ceux qui réussissent
bien et leur niveau de satisfaction face à la classe inversée. La nature anonyme de la
collecte de donnée ne nous permet pas de pousser plus loin l’analyse, mais il s’agit d’une
piste prospective intéressante à explorer dans une prochaine itération.
Les variables sont grandes et la collecte d’opinions n’est pas allée en profondeur
sur les caractéristiques des étudiants qui ont répondu à nos questions. C’est une faille
47
majeure dans le processus de collecte de données, que nous constatons a posteriori
malheureusement.
Commentaires généraux
Toujours dans la deuxième collecte d’opinions, nous avons aussi demandé des
commentaires des étudiants. Plusieurs ont remarqué que le modèle de la classe inversée
demandait une autonomie et une responsabilisation de leur part, ce qu’ils n’ont pas
développé, selon leur propre aveu. Toujours selon les commentaires des étudiants,
certains ont eu de la difficulté à prendre le cours au sérieux, l’impression de n’avoir rien
appris est assez généralisée. D’autres ont aussi mentionné qu’ils auraient aimé des cours
magistraux afin d’organiser plus clairement la matière. C’est un modèle traditionnel
auquel cette cohorte est plus habituée, étant encore très répandue dans notre département.
Nous sommes d’avis qu’il faut déduire que les étudiants auraient préféré que
l’enseignante fasse les liens à leur place, encore une fois, s’inscrivant davantage dans le
modèle plus traditionnel, connu et, de toute évidence, apprécié de cette cohorte.
Nous concluons donc qu’il y a un décalage entre les préférences de style
d’enseignement (et aussi d’apprentissage) des étudiants et le nouveau modèle de classe
inversée qu’ils ont vécu. Ce nouveau modèle comprenait presque exclusivement des
activités en classe, s’éloignant ainsi du modèle plus traditionnel magistral, où
l’enseignante gère les apprentissages des étudiants.
48
1.4 Examen final
Il s’agit du troisième et dernier outil d’évaluation du projet. Les collectes
d’opinions nous renseignent principalement sur les habitudes d’études des étudiants, sans
nous donner de résultats que nous pouvons comparer, car elles n’ont jamais été faites
auparavant. L’examen final est le seul qui nous donne un résultat permettant une
comparaison valable, puisqu’il évalue le même objectif et de la même façon que par les
années passées. La pondération diminuée est une variable à considérer dans la pertinence
de cet outil, mais puisque l’évaluation porte sur les mêmes objectifs d’apprentissage, nous
croyons qu’il est tout de même un outil valable.
L’examen théorique est une étude de cas, pour lequel les étudiants doivent faire la
conception d’une prothèse tibiale. Cet examen est principalement mis en place pour
évaluer l’objectif TOP 1.2 qui porte sur la conception. Comme décrit plus haut, les
résultats à l’examen théorique impliquent plusieurs variables qu’il est impossible de
mesurer clairement. Nous avons établi que puisque les paramètres de réussite sont
multiples, l’analyse complète des résultats est impossible. Nous rappelons que ces
variables ont trait aux particularités de la cohorte, pas seulement celles reliées à la
diminution de la portion théorique. N’ayant pas tenu compte des variables reliées à la
cohorte, parce que nous les avions sous-estimées, l’analyse demeure fragmentaire. Cette
situation est exacerbée par la méthodologie qui demandait l’anonymat des répondants. Le
projet présente tout de même des pistes de réflexion, nous en retenons deux principales :
1) l’influence de la classe inversée sur la motivation scolaire; 2) la nature des étudiants
49
(ceux qui réussissent bien et ceux qui réussissent moins bien). La section qui porte sur la
pertinence des critères a déjà abordé ces éléments. La moyenne de l’examen final pour
l’automne 2018 était légèrement inférieure à celle des années précédentes. Nous
enseignons ce cours depuis sept ans, et la moyenne habituelle de cet examen est autour
de 75 %, mais en 2018, elle était de 70 %. Les conclusions que nous pouvons tirer de ces
résultats sont partielles, car la différence entre les moyennes est statistiquement marginale
et nous avons établi que l’aspect multifactoriel n’a pas été pris en compte et qu’il est
impossible de le faire a posteriori, les étudiants n’étant plus dans notre classe. La seule
conclusion que nous pouvons tirer est d’affirmer que l’impact sur les apprentissages des
étudiants n’a pu être démontré par l’examen final, nous pouvons aussi postuler que le
modèle de classe inversée n’a pas nui aux apprentissages non plus. Guilbault et Viau-
Guay (2017) abordent cette même problématique en précisant qu’aucun impact négatif
n’a été rapporté lors de l’implantation d’une classe inversée. (p.5).
À la lumière de ces réflexions, il nous est permis de constater que, quoique faciles
à mesurer (en comparant la moyenne de l’examen final avec celles des années
précédentes, par exemple), les subtilités que pouvait comporter le critère n’avaient pas
été anticipées.
1.5 Avantages
Les bénéfices pour les étudiants sont signifiants, même s’ils ne semblent pas en
être conscients, si nous tenons compte des commentaires dans la deuxième collecte
d’opinions. Les étudiants ont performé presque aussi bien que les autres années lors de
50
l’examen final avec moins de temps en classe. Ces résultats nous donnent un indice que
même s’ils n’ont pas eu l’impression d’avoir appris quelque chose lors leur
expérimentation de la classe inversée, ils ont performé dans des proportions acceptables,
comparativement aux cohortes précédentes. Nous sommes convaincue que
l’apprentissage actif qu’ont induit les activités en classe a consolidé les apprentissages
construits de manière autonome (préparation hors classe). Selon Lebrun et Lecoq (2015),
« la classe inversée est un mélange fertile de la transmission directe (j’enseigne) avec une
approche […] socioconstructiviste de l’apprentissage (c’est aux apprenants qu’il revient
d’apprendre) » (p.17). L’interaction entre les étudiants a aussi permis de comparer leur
compréhension avec celle de leurs coéquipiers, un aspect important dans les critères d’un
apprentissage en profondeur et signifiant, qui selon Romano (1991) se manifeste par des
intentions de comprendre de la part de l’étudiant, où il interagit activement et fait des
liens entre la nouvelle information et ses connaissances antérieures.
Il nous apparaît clair que les bénéfices pour les apprentissages des étudiants sont
grands, mais ces derniers n’en ont manifestement pas reconnu la qualité. Mandeville
(2009) identifie sept composantes qui font qu’un apprentissage est signifiant, que nous
paraphrasons ici: 1) il est en continuité transactionnelle avec le vécu de l’étudiant; 2) il
représente un événement signifiant; 3) il favorise son engagement (qui suppose un degré
élevé d’investissement, de participation et de responsabilisation); 4) il est facilité par une
relation d’assistance, qui s’appuie sur un processus d’autoréflexion; 5) il reconnaît
l’accomplissement de l’étudiant; 6) il permet l’actualisation de l’étudiant; 7) et
finalement, permets le développement de métacompétences chez l’étudiant. Nous
54
Dans ce nouveau fonctionnement, l’étudiant doit s’impliquer dans ses
apprentissages, une responsabilisation qui n’est pas toujours facile pour lui. Pour
l’enseignant, puisque les apprentissages sont pris en charge activement par les étudiants,
son rôle devient celui de faciliter les interactions entre les étudiants et d’adapter ses
interventions au gré des questions soulevées en classe. Lebrun et Lecoq (2015)
poursuivent en disant que :
cette expérience tout aussi passionnante qu’inconfortable par sa nouveauté amène l’enseignant à se tourner vers ses pairs, à interroger son dispositif d’apprentissage, à l’analyser […] pour pouvoir le confronter à d’autres collègues. (p.99)
Pour l’étudiant, ce changement peut être synonyme d’angoisse ou de résistance,
en effet, les repères habituels d’une classe traditionnelle ne sont plus présents.
L’accompagnement des étudiants dans ce changement de rôle est primordial et ne doit
pas être négligé ni tenu pour acquis. Lebrun et Lecoq (2015) soulignent que « la
clarification, la mise au point explicite de ses divers aspects [de la classe inversée] ne doit
pas être réalisée uniquement au premier cours » (p.76).
2.2 Deuxième hypothèse
Leur impression de ne rien avoir appris était apparente à entendre les
commentaires recueillis lors de la collecte d’opinions effectuée à la fin de la session. Des
activités d’évaluations formatives auraient encadré les étudiants en leur donnant des
mesures fréquentes de leurs apprentissages, sans le stress d’une évaluation sommative
formelle (Nizet et Meyer, 2016). Nous estimons aussi que, pour maximiser l’efficacité de
55
la classe inversée, instaurer une capsule réflexive à la fin de chaque leçon serait bénéfique.
Deux ou trois questions à répondre avant de quitter la salle de classe permettraient aux
étudiants de prendre conscience de leurs apprentissages et soulever des questions qui
pourraient persister par rapport aux concepts abordés lors de la leçon. Par ces prises de
conscience sur leurs apprentissages, ils seront à même de constater leurs progrès et les
bénéfices de ce modèle.
Une interrogation persiste à savoir si les processus cognitifs exigés de la part des
étudiants sont trop élevés. Si nous analysons sommairement les types d’étudiants qui
s’inscrivent dans la technique d’orthèses et prothèses, nous constatons que cette technique
n’exige aucun préalable, et est composée d’un mélange d’adultes (avec ou sans formation
collégiale) et de jeunes du secondaire. Les adultes sont habitués au modèle magistral
(nous avons reçu de la part des adultes de la classe beaucoup de commentaires informels
à cet effet) et les jeunes n’ont peut-être pas encore toute la maturité nécessaire pour
prendre leurs responsabilités face à leurs apprentissages.
Il y a aussi le contexte où la classe inversée a été implantée, ainsi que les notions
enseignées dans ce premier cours de prothèses. Nous nous questionnons à savoir si le
premier cours de prothèse (le cours de prothèse tibiale, dans lequel la classe inversée a
été implantée) est idéal pour l’implantation du modèle de la classe inversée. La prothèse,
nous le rappelons, est un sujet abordé en deuxième année. Ce cours présente des notions
complètement nouvelles et différentes des cours que les étudiants ont depuis le début de
56
leur formation, car le sujet de l’orthèse constitue l’entièreté des cours que les étudiants
ont eus en première année.
Nous nous interrogeons à savoir s’il ne faudrait pas installer une base solide avant
de solliciter leurs capacités de résolution de problèmes. Selon Tardif (1992), pour
enseigner des connaissances déclaratives, le professeur doit « intervenir directement et
explicitement dans l’organisation des connaissances » (p.48). Toujours selon Tardif
(1992), les connaissances déclaratives sont « […] plutôt statiques que dynamiques et
qu’elles doivent, pour permettre l’action, être traduites en procédures ou conditions, en
connaissances procédurales ou conditionnelles » (p.48).
Nous comprenons que les connaissances déclaratives (le quoi) ne demandent pas
aux étudiants d’agir, mais bien de faire des liens avec ce qu’ils savent déjà, ce qui
explique, selon nous, pourquoi ils se sont sentis dépourvus devant la tâche que nous leur
avons demandée tout au long de la session avec les études de cas (le comment), qui
demandent des processus cognitifs plus complexes.
Nous avançons que c’est au niveau de l’organisation des connaissances que les
étudiants devaient acquérir de façon autonome que le problème est survenu. En prenant
en référence le processus-type d’apprentissage développé par le Pôle de l’Est (1996) et
les travaux de Saint-Pierre (1993), nous comprenons que l’activation et l’élaboration sont
les processus cognitifs sollicités lors de l’acquisition des connaissances déclaratives et
que les activités que nous avons conçues pour la classe inversée étaient plus de l’ordre de
57
l’organisation et de l’application, et parfois même, de la procéduralisation, qui relève de
l’acquisition des connaissances procédurales.
Nous proposons une solution à ce problème, en expérimentant la classe inversée
avec les étudiants du cours de prothèses fémorales, le cours qui suit le cours de prothèses
tibiales. Il est à noter que les deux cours de prothèses (tibiales et fémorales) sont
consécutifs (tibiales à l’automne et fémorales à l’hiver), s’adressent à la même cohorte de
la deuxième année de la technique et sont donnés par la même enseignante.
Les bases prothétiques (connaissances déclaratives) seraient donc intégrées dans
le cours de prothèses tibiales dans un format plus traditionnel et le modèle de la classe
inversée serait mis de l’avant dans le cours suivant, pour lequel la réussite du cours de
prothèses tibiales est prérequise. Nous postulons que, puisque les fondations seront plus
solides (connaissances déclaratives mieux intégrées), les processus cognitifs de haut
niveau, demandés avec la classe inversée, seraient plus faciles à atteindre.
2.3 Troisième hypothèse
La motivation décroissante des étudiants face au modèle de la classe inversée nous
apparaît reliée au manque de variété des activités pédagogiques. Viau (1994) affirme que
« […] la motivation des élèves est variable. Elle est susceptible d’être influencée par
différents facteurs comme la nature des tâches ou les intérêts personnels » (p.30).
Nous avons conçu des études de cas sur lesquelles les étudiants ont travaillé en
équipe-patient toute la session et leur motivation face à cette façon de faire était
58
décroissante à mesure que la session avançait. Nous concluons que segmenter davantage
le travail en équipe aura un effet positif sur leur motivation. Au lieu de passer les deux
périodes en travail en équipe, comme nous l’avons fait tout au long de la session, nous
comptons y passer moins de temps, en ponctuant avec des capsules magistrales, ce qui,
possiblement, rendra le travail en équipe plus attrayant.
Nous postulons que varier les méthodes pédagogiques aura un effet positif sur la
motivation et l’engagement des étudiants. Cette variété, selon nous, agira directement sur
le niveau de motivation des étudiants. Selon Barbeau (1997), « l’engagement, la
participation et la persistance peuvent être considérés comme des facteurs de la
motivation scolaire » (p.9). Nous croyons qu’en variant les activités en classe, la
motivation de nos étudiants sera plus facilement maintenue.
2.4 Conclusions
Notre analyse nous a permis de tirer des conclusions partielles, mais
encourageantes, notamment au regard des résultats à l’examen final théorique. Des
ajustements seront nécessaires afin de maximiser les bénéfices de la classe inversée, et
ont été présentés pour chaque hypothèse. Nous comptons instaurer des évaluations
formatives plus fréquentes, un accompagnement dans la transition plus soutenu et varier
davantage les activités proposées en classe. Nous reverrons aussi le contexte
d’implantation de la classe inversée (connaissances déclaratives dans un contexte de
classe plus traditionnel et les connaissances procédurales dans un contexte de classe
inversée).
59
Dans cette optique et à la lumière de l’analyse faite dans la section précédente,
nous pouvons affirmer que l’objectif de départ au regard du premier critère (l’intégration
des notions théoriques) est partiellement atteint. Nous pouvons inférer, en considérant les
nombreux commentaires (constructifs) des étudiants, que le modèle de classe inversée
était trop différent de ce qu’ils connaissent et ils n’ont pas pris la démarche au sérieux,
puisque l’impression que l’enseignante ne menait pas le bateau était omniprésente. Il faut
noter que l’inexpérience de l’enseignante avec ce modèle et la surcharge de travail vécue
à la session d’automne 2018 ont aussi contribué à cette atteinte partielle.
61
CONCLUSION
La classe inversée fait une incursion marquée dans les classes du réseau collégial,
nous n’y faisons pas exception. Elle change la façon d’enseigner et d’apprendre,
notamment face aux nouveaux rôles que chacun doit adopter dans la classe.
La classe inversée est devenue sujet d’intérêt quand nous avons été confrontée à
un problème de diminution de pondération de la partie théorique du cours de prothèses
tibiales dans le cadre d’une révision de programme. En introduction, nous avons mis en
contexte la cohorte visée par l’implantation de la classe inversée, il s’agit des étudiants
de deuxième année de la technique d’orthèses et prothèses, où il n’y a qu’une seule
cohorte.
Le premier chapitre explicite la problématique rencontrée et a permis d’identifier
l’objectif de notre projet. Le contexte de diminution de la pondération des périodes
allouées à la portion théorique sans changement aux compétences à atteindre a été
identifié rapidement comme notre problématique. C’est donc avec l’objectif de soutenir
les apprentissages de nos étudiants de la deuxième année de technique d’orthèses et
prothèses que nous avons entrepris ce projet d’innovation.
La recension d’écrits au deuxième chapitre a permis de mieux cerner les
fondements de la classe inversée, dans quelle mesure elle permet de répartir différemment
la façon dont les notions sont apprises par l’étudiant, en lui remettant la responsabilité de
s’approprier les notions déclaratives de façon autonome et en préparation à l’application
62
des notions procédurales en classe. Elle a aussi permis de mettre en évidence les liens
entre la motivation et les apprentissages des étudiants, et, finalement, le questionnement
didactique est présenté, un outil de sélection des contenus à transmettre afin qu’ils soient
congruents avec les objectifs du cours.
Le troisième chapitre décrit la conception et la planification de la mise en œuvre
de la classe inversée. La conception a permis d’identifier les notions à inverser,
notamment à l’aide du questionnement didactique et déterminer le niveau d’inversion à
adopter. La planification a permis de mettre en place un plan d’action ciblé dans quatre
leçons précises, qui abordent la conception prothétique, un concept identifié dans la phase
de conception du projet. La conception prothétique étant habituellement difficile à
intégrer pour nos étudiants.
La mise en œuvre de la classe inversée, dans quatre leçons ciblées, est explicitée
au quatrième chapitre. Les détails de chaque leçon y sont présents, témoignant de la
planification rigoureuse de l’enseignante. Les plans de leçons des quatre
expérimentations, le déroulement de chaque activité faite en classe, ainsi que le calendrier
du cours de la session d’implantation sont disponibles en annexes et permettent de
constater l’application concrète de la classe inversée.
Le cinquième chapitre a pour but de poser un regard analytique sur le critère
d’évaluation. Un seul critère est utilisé, soit la moyenne de l’examen théorique, et il
permet de mesurer l’impact sur les apprentissages des étudiants dans le modèle de la
63
classe inversée. Toutefois, puisque nous n’avions pas de groupe témoin, l’analyse
demeure fragmentaire.
L’analyse nous permet tout de même de produire trois hypothèses expliquant les
résultats mitigés du projet : 1) une première portant sur le décalage entre les habitudes
des étudiants et ce que le modèle de la classe inversée demande ; 2) une deuxième portant
sur l’impression des étudiants de n’avoir rien appris; 3) et la troisième sur la motivation
décroissante des étudiants face au modèle de la classe inversée.
L’analyse plus globale du projet nous a aussi permis d’apporter quelques pistes
prospectives pour l’avenir. Une itération à la session d’automne 2019 est déjà en branle,
avec des améliorations directement inspirées des conclusions du présent rapport. Nous
planifions instaurer, dans les leçons inversées, une activité de clôture qui permet aux
étudiants de faire une réflexion, un retour individuel sur la matière abordée lors de la
leçon. Nous prévoyons aussi rappeler les changements de rôles, et d’expliciter la
démarche pédagogique afin de permettre aux étudiants de s’ajuster et bien comprendre
les raisons du changement de modèle. De cette façon, nous pourrons rendre plus explicite
l’accompagnement des étudiants dans ce changement de modèle, accompagnement qui a
fait défaut lors de la première itération faisant l’objet de ce rapport.
69
ANNEXE A. PLAN DE FORMATION
ANNEXE C. CALENDRIER DU COURS (SESSION A-18)
72
73
ANNEXE D. LIGNE DU TEMPS
Cette ligne du temps est aussi disponible à l’URL suivant : https://infograph.venngage.com/p/418185/ligne-du-temps-classe-inverse
75
ANNEXE E. CAPSULE POWTOON
Lien pour une capsule portant sur les trois types de devis, remis lors du premier
cours d’implantation, à titre d’exemple.
https://www.powtoon.com/online-presentation/ctfCQj3u2Gz/les-devis-en-prothese/
76
ANNEXE F. PLAN DE LEÇON SEMAINE UN
APPORTER DES PROTHÈSES APPORTER UN MASQUE À STRATIFICATION
THÉORIE 23 AOÛT (Jeudi 13 h 30 à 15 h 15) A1238
• Présences • Heures d’ouverture du labo et masque à acheter • Présentation du prezi « premier cours » https://prezi.com/view/z3urs4r1rKrKXcfxymab/ o Déroulement, présentations et classe inversée o Contrat didactique et plan de cours o Généralités de la prothèse o Critères d’appareillage o À faire pour le prochain cours théorique • Regarder Powtoon sur les devis : https://www.powtoon.com/c/ctfCQj3u2Gz/1/m • Remplir de devis de conception pour votre patient fictif (en équipe-patient) • Regarder le Powtoon sur le travail en équipe :
https://www.powtoon.com/c/fX4KmGWpSQ5/1/m
NOTES
77
ANNEXE G. ÉTUDE DE CAS
Éléments à considérer
Daniel Gagnon
Diagnostic et Prescription
Amputation traumatique transtibiale du côté gauche, à la suite d’un accident d’escalade il y a un peu plus de cinq ans.
Prescription : Renouvellement emboiture
Renseignements généraux et anamnèse
Homme de 43 ans qui mesure 5’10. Il est en excellente santé, très athlétique, pratiquant plusieurs sports de plein air. Il fait, entre autres, du canot, du camping, du trekking et de la marche.
Il habite seul dans son appartement du 2e sur le plateau et n’a pas de voiture.
Il est infirmier de nuit à l’hôpital de Verdun. Pendant la belle saison, il prend son vélo pour aller travailler et, l’hiver, il prend le métro.
Il porte une prothèse définitive exosquelettique depuis un an, avant il portait une endosquelettique, mais il n’aimait pas le « look ». Il porte une emboîture à contact total avec un manchon de silicone à attachement distal (pin). Il a un pied 1D10 d’Otto Bock, parce qu’il va souvent dans l’eau.
Évaluation physique
Aucune limitation articulaire, bon tonus musculaire.
Segment amputé sans blessure ni cicatrice douloureuse.
Raison de la visite
Il ressent de la douleur au bout du tibia. Malgré l’ajout de bas prothétiques, il ressent toujours de la douleur avec un frottement à l’appui sous patellaire après 20-30 minutes de port et constate parfois que son emboîture « tourne » sur son moignon.
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ANNEXE H. DEVIS DE CONCEPTION PROTHÉTIQUE
ÉLÉMENTS ESSENTIELS À CONSIDÉRER
Renseignements généraux : sexe, âge, taille, poids, diagnostic, Rx, activités professionnelles/sportives Évaluation physiologique (posture, tissus, segments et articulations) anamnèse, autres éléments pertinents.
OBJECTIFS EN
LIEN Statique (passif)
Dynamique (actif)
OBJECTIFS (OBJ.) D’APPAREILLAGE PRIORISÉS COMPOSANTS PLANS (S’il y a lieu)
1.
2.
3.
DESIGN ET SYSTÈMES BIOMÉCANIQUES Type d’emboîture (classique, PTB, contact total, TSWB), englobement et découpe, type de suspension, modèle (endo ou exo)
ESQUISSE : Application des MEC, des suspensions et rotation (couples de force et vecteurs)
FRONTAL
SAGITTAL TRANSVERSE
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COMPOSANTS ET MATÉRIAUX JUSTIFICATIONS D’UTILISATION
SPÉCIFIQUE OBJECTIFS
EN LIEN Emboîture, articulations, courroies, coussinage,
composants prothétiques, suspension, etc. RÔLE, UTILITÉ DE LA PIÈCE COMPOSANT/MATÉRIAU CARACTÉRISTIQUES
ADÉQUATION Objectifs : Hypothèses de correctifs
1.
2.
3.
4.
Recommandations (et enseignements) spécifiques au cas
80
ANNEXE I. PLAN DE LEÇON SEMAINE TROIS
THÉORIE 6 septembre (Jeudi 13 h 30 à 15 h 15) A1238 • Contrat didactique • Faire la différence entre un devis d’analyse, un devis technique et un devis de
conception. (TOP 1.2)
ACTIVITÉ DE RÉFLEXION SUR LES TYPES DE DEVIS : § Grille de réflexion à faire par les étudiants § Retour en grand groupe pour corriger les erreurs
PAUSE • Faire une bonne évaluation de patient afin de concevoir le plan de traitement
prothétique approprié pour le patient fictif. (TOP 1.2)
ACTIVITÉ SUR LE DEVIS DE CONCEPTION AVEC LES PATIENTS FICTIFS : § Carré d’experts § Retour en grand groupe pour corriger les erreurs
À faire pour la semaine 5 :
Répondre à la question biomécanique suivante : Quels sont les impacts sur votre patient fictif du manque de torsion à la cheville et quelles sont les solutions que vous pouvez apporter?
Regarder le Powtoon sur le design d’emboîture : https://www.powtoon.com/c/czTa0XUhnZs/1/m À faire pour la semaine 7 :
Faire les recherches sur le type de pied attribué à votre patient (Webquest)
81
ANNEXE J. ACTIVITÉ DE RÉFLEXION SEMAINE TROIS
Préparation :
• Les étudiants ont visionné le POWTOON portant sur les trois types de devis.
• Ils avaient pour tâche de noter les informations dans chacun des devis respectifs et de noter leurs questions.
Déroulement :
• Faire des équipes de 3 ou 4 à l’aide de cartons. Les donner à l’entrée des étudiants en vérifiant leur devoir (devis de conception rempli jusqu’aux objectifs).
• De façon individuelle, chaque étudiant note les questions qui sont apparues lors du visionnement dans le tableau prévu à cet effet.
• De façon individuelle, chaque étudiant remplit le tableau des caractéristiques des devis
(grille d’équipe).
• En équipe de 3 ou 4, les étudiants comparent leurs questions, tentent d’y répondre.
• Toujours en équipe, ils écrivent les caractéristiques des autres dans la grille d’équipe.
Temps :
• 5 minutes pour les consignes.
• 5 minutes pour écrire leurs questions (individuel).
• 5-10 minutes pour écrire les caractéristiques (individuel)
• 15 minutes pour comparer les questions et tenter d’y répondre (équipe)
• 15 minutes pour remplir la grille d’équipe (équipe)
Matériel requis :
• Cartons pour faire des équipes
• Imprimer les grilles de réflexion
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ANNEXE K. ACTIVITÉ SUR LES PATIENTS FICTIFS
Déroulement :
• Les étudiants ont reçu des cas fictifs à la semaine 1. (Équipes de 4 ou de 5)
• En devoir, ils devaient remplir un devis de conception jusqu’aux objectifs d’appareillage (il en faut au moins 3) et ce, en équipe.
• En classe, ils se retrouvent en équipe-patient (l’équipe de base) et préparent un court
résumé de leur patient ainsi que les objectifs d’appareillage qu’ils ont trouvés pour lui. Ils deviennent des experts de leurs patients.
• Les équipes de base se séparent en équipes d’experts (un représentant de chaque
patient).
• En équipe d’experts, chacun présente son patient et justifie les choix des objectifs d’appareillage, répond aux questions et note les bonnes idées des autres experts.
Temps :
• 5 minutes pour les consignes
• 15 minutes pour la révision de cas et la préparation du résumé
• 30 minutes par expert pour la présentation de leur cas et les questions des autres
Matériel requis :
• Les étudiants doivent apporter les éléments essentiels de leur patient
• Les étudiants doivent apporter leur devis rempli
83
ANNEXE L. PLAN DE LEÇON SEMAINE CINQ
THÉORIE 20 septembre (Jeudi 13 h 30 à 15 h 15) A1238
APPORTER DES CATALOGUES DE PROTHÈSES
APPORTER DES MODÈLES ANATOMIQUES AVEC LIGAMENTS (CHEVILLE, GENOU, HANCHE)
APPORTER UNE PROTHÈSE AVEC UN ADAPTATEUR DE TORSION • Nous aurons besoin de vos téléphones intelligents après la pause (recherche sur les
suspensions) • Biomécanique de la prothèse
§ Activité « vos neurones au service de la biomécanique » § Torsion tibiale chez un non-amputé:
https://www.thegaitguys.com/thedailyblog/external-tibial-torsion-as-expressed-during-gait
§ Comparaison de la torsion entre une personne non amputée et un pied prothétique College Park. https://youtu.be/H0-lU4qeTbk
PAUSE • Démêler les équipes-patient : regrouper les équipes en vue de l’activité sur la suspension et
demander aux membres d’écrire leurs noms sur la feuille d’éléments essentiels que je leur remets. Ils me la remettent avant de quitter.
• Suspension de la prothèse § Activité « Identifier la suspension de mon patient fictif »
À faire pour la semaine 7 :
Remplir la section du devis portant sur la biomécanique
Préparer le Webquest pour les présentations à la semaine 7
À faire pour la semaine 9 : Remplir la section du devis portant sur les composants prothétiques
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ANNEXE M. ACTIVITÉ BIOMÉCANIQUE
Votre tâche :
Préparer les réponses à la question pour la SEMAINE 5 afin d’en discuter en classe
En équipe-patient fictif, veuillez répondre à la question suivante : Quels sont les impacts biomécaniques du manque de torsion à la cheville sur votre patient et quelles sont les solutions que vous pouvez apporter comme prothésiste? Pour guider votre réflexion : Identifiez d’abord les avantages biomécaniques de la torsion physiologique que procure une cheville saine (et les os de la jambe) et questionnez-vous ensuite sur les impacts que pourraient représenter la perte de cette torsion naturelle pour votre patient fictif (dans sa vie de tous les jours et dans ses activités) et finalement, comme prothésiste, que pourriez-vous faire pour minimiser les effets négatifs de cette contrainte biomécanique.
1- Avantages de la torsion physiologique
2- Impacts de l’amputation de la cheville sur le patient fictif qui est maintenant incapable de faire de la torsion
3- Quels sont les choix que vous pouvez faire, comme prothésiste, afin
de minimiser les impacts pour votre patient fictif (nommez au moins deux hypothèses)
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ANNEXE N. ACTIVITÉ SUSPENSION
Déroulement
Classe inversée :
• Les étudiants ont visionné le Powtoon sur le design d’emboîture • Les étudiants ont visionné le Prezi sur les suspensions • En devoir, ils devaient formuler 5 questions sur la suspension
En classe : Étape 1
• Ils se retrouvent en équipe-patient et mettent en commun les questions qu’ils ont trouvées sur la suspension et tentent d’y répondre ensemble.
• On reprend en grand groupe les questions sans réponses.
20 minutes pour la mise en commun des questions
10 minutes pour répondre en grand groupe
Étape 2 (distribuer les catalogues)
• Toujours en équipe, ils identifient la suspension de leur patient fictif. Seuls M. De La Durantaye et Mme Émard ne portent pas de prothèse déjà. Ces équipes doivent proposer une suspension.
• Ils remplissent la section sur le design d’emboîture et la biomécanique pour le reste du cours.
10 minutes pour identifier la suspension ou en proposer une, le reste du cours pour le devis.
Matériel requis :
• Catalogues de composants prothétiques
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ANNEXE O. PLAN DE LEÇON SEMAINE SEPT
THÉORIE 11 octobre (Jeudi 13 h 30 à 15 h 15) A1238
APPORTER LES GRILLES D’ÉCOUTE ACTIVE • Présentation des Webquests sur les pieds prothétiques.
À faire pour la semaine 9 • Suite des présentations • Remplir la section portant sur les composants prothétiques
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ANNEXE P. ACTIVITÉ WEBQUEST
BUT: Découvrir de façon autonome les différents types de pieds prothétiques disponibles pour les prothèses des membres inférieurs.
TÂCHE : En équipe-patient, vous devez trouver des informations crédibles sur les pieds prothétiques disponibles pour les prothèses des membres inférieurs. Je vous donne un sujet de recherche (un type de pied) par équipe et chaque équipe devra faire une présentation orale du fruit de ses recherches (PowerPoint, Prezi, affiche, etc.) à la semaine 7. Ces présentations seront d’une durée de 10 minutes chaque.
Les informations requises pour la présentation sont :
• Identification du pied : quel est son nom, ses caractéristiques (multiaxial, retour d’énergie, sécuritaire, de confort, etc.) et qui paye ce type de pied? (Agent payeur) • Analyse du pied : Identifier ses avantages et inconvénients (au moins deux de
chaque). Analysez le pied à partir des critères suivants : Facilité d’installation pour vous, facilitée d’utilisation pour votre patient, facilité d’entretien, sa sécurité et sa fiabilité. • Validation du choix de ce pied pour votre patient fictif à l’aide des critères de
sélection suivants : type de patient idéal, type de prothèse idéale (endo, exo, PTB, TSWB, contact total), combinaison possible avec d’autres composants (rotateur, adaptateurs, etc.). Est-ce le meilleur choix pour votre patient fictif? • Proposition d’un pied idéal sans la contrainte de l’agent payeur.
Vous pouvez utiliser mes notes de cours, le web (voir les liens plus bas) ou même des catalogues de produits prothétiques (voir Rachel).
Référez-vous à la grille d’observation et la liste de vérification pour être certain de ne rien oublier!
88
Il vous faudra citer au moins trois sources différentes. Utilisez les liens dessous pour vous guider dans la collecte de données, mais vous pouvez fouiller ailleurs! N’oubliez pas, vos sources doivent être crédibles, c’est-à-dire provenir d’un site honorable! Google peut vous aider à trouver des sites intéressants et Wikipédia est à utiliser avec modération!
Qu’est-ce qui rend une source crédible? Utilisez la méthode CRAAP 1! Cinq facteurs sont à considérer :
1. La date de la publication. Est-ce que le site a été mis à jour récemment? Pour certaines informations, c’est moins important, comme des sites sur l’anatomie ou sur les phases de la marche par exemple. Ce genre d’information n’a pas changé depuis plusieurs années. Dans ces cas, la date de publication est moins importante.
2. La pertinence de l’information. Est-ce que le site que vous consultez traite exclusivement du sujet de votre recherche ou ce n’est qu’une infime partie de l’information disponible?
3. La crédibilité des auteurs. Est-ce qu’ils ont les qualifications nécessaires pour traiter de votre sujet de recherche? Est-ce que vous êtes en mesure de trouver d’autres sites qui les mettent en référence?
4. La nature de l’information. Est-ce que l’information est précise et dépourvue de biais? Est-ce simplement l’opinion de l’auteur? Est-ce que le site est commandité par une compagnie?
5. Le but de l’information trouvée sur le site. Est-ce que l’information est claire, est-ce que l’intention de l’auteur est claire? Est-ce que l’auteur a quelque chose à vendre?
1 Tiré de la librairie F. D. Bluford de l’université de la Caroline du Nord http://libguides.library.ncat.edu/c.php?g=778558&p=5584082
RAMQ
http://www.artlimb.com/more-details/lower-limb-articles/
89
https://www.rehab.research.va.gov/jour/09/469/king.html
https://www.ortoped.ca/fr/
https://www.ottobock.ca/en/
https://www.ossur.ca
https://opedge.com
https://www.oandp.org
https://www.youtube.com
https://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil
https://www.google.ca
90
Vous pouvez utiliser cette liste de vérification pour guider vos recherches (checklist) et préparer votre présentation. Utilisez le tableau à la page suivante pour noter les informations lors des présentations.
Informations Présent Absent
Nom du pied
Ses caractéristiques
Son financement (code et prix RAMQ)
Ses avantages et inconvénients (au moins deux de chaque)
Ses critères de sélection: Facilité d’installation pour vous, facilité d’utilisation pour votre patient, facilité d’entretien, sa sécurité et sa fiabilité
À qui s’adresse ce pied (patient idéal, type de prothèse idéale)
Proposer un pied idéal pour votre patient fictif
Les sources utilisées sont citées dans la présentation et il y en a au moins 3
91
ANNEXE Q. PLAN DE LEÇON SEMAINE NEUF
THÉORIE 25 octobre (Jeudi 13 h 30 à 15 h 15) A1238
APPORTER LES TRAPPES À CERVEAUX APPORTER LES DOCUMENTS RAMQ
• Activité trappe à cerveaux (Brain dump) PAUSE
• Activité « Pareil-pas pareil » sur la facturation RAMQ • Remplir devis sur les composants prothétiques
À faire pour la semaine 11
• Lire le chapitre sur les chirurgies et préparer 3 questions à m’envoyer avant le 1er novembre (par courriel) en vue du génie en herbe du 8 novembre.
92
ANNEXE R. ACTIVITÉ TRAPPE À CERVEAUX
Préparation :
• Distribuer la feuille pour noter les réflexions dans le tableau prévu à cet effet qui est identifiée afin de former des équipes de 4. • Préparer le minuteur qui sera affiché au projecteur.
Déroulement :
• De façon individuelle, les étudiants réfléchissent sur la gamme de composants prothétiques sans que je leur donne le contenu à ce sujet et sans avoir recours à leurs notes de cours.
• Ils doivent écrire le maximum de choses à ce sujet en moins de deux minutes. S’ils ne
connaissaient pas le nom, ils peuvent faire une brève description du composant.
• Toujours de façon individuelle, chaque étudiant organise les éléments qu’ils ont trouvés (les pieds avec les pieds, les adaptateurs avec les adaptateurs, etc.)
• En équipe de 3 ou 4, les étudiants comparent leurs réponses et comparent l’organisation
des éléments
• Toujours en équipe, ils consultent leurs notes de cours et les internet pour garnir leurs regroupements et trouver les noms des composants.
• Toujours en équipe, ils produisent un schéma de leur travail.
Temps :
• 5 minutes pour les consignes.
• 2 minutes pour écrire leurs composants (individuel).
• 5 minutes pour organiser les éléments en groupes d’éléments semblables (individuel)
• 15 minutes pour comparer les éléments et leur organisation (équipe)
• 20 minutes pour la production du schéma (équipe)
• 20 minutes pour les présentations
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Matériel requis :
• Minuteur électronique
• Cartons pour faire des équipes
• Cartons blancs pour les schémas
• Imprimer les grilles de réflexion