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Université de Bordeaux – Centre Universitaire d’Agen Licence AES – Première Année Année Universitaire 2016-2017 Introduction à la Macroéconomie Travaux Dirigés Dossier 3 : Comptabilité nationale (2) Exercice 1 : les comptes des ménages 2013-2015 Voici le compte des ménages 2013-2015 dans la présentation publiée par l’INSEE sur son site internet. Compte des ménages 2013 2014 2015 Compte de production Ressources Production 433,1 435,1 438,7 Production marchande 237,5 236,9 237,8 Production pour emploi final propre 195,6 198,2 200,9 Emplois Consommation intermédiaire 91,0 91,7 92,8 Valeur ajoutée brute 342,1 343,5 345,9 Consommation de capital fixe 75,5 76,4 76,8 Valeur ajoutée nette (*) 266,7 267,1 269,0 Compte d'exploitation Ressources Valeur ajoutée brute 342,1 343,5 345,9 Emplois Rémunération des salariés 43,8 42,8 42,4 Salaires et traitements bruts 33,3 32,3 32,1 Cotisations sociales à la charge des employeurs 10,5 10,5 10,3 Cotisations sociales effectives à la charge des employeurs 10,5 10,4 10,3 Cotisations sociales imputées à la charge des employeurs 0,0 0,0 0,0 Impôts sur la production 18,5 19,0 19,6 Impôts sur les salaires et la main d'oeuvre 0,6 0,6 0,6 Impôts divers sur la production 17,9 18,4 19,0 Autres subventions sur la production -7,0 -7,1 -7,9

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Université de Bordeaux – Centre Universitaire d’Agen

Licence AES – Première Année

Année Universitaire 2016-2017

Introduction à la Macroéconomie

Travaux Dirigés

Dossier 3 : Comptabilité nationale (2)

Exercice 1 : les comptes des ménages 2013-2015 Voici le compte des ménages 2013-2015 dans la présentation publiée par l’INSEE sur son site

internet.

Compte des ménages

2013 2014 2015

Compte de production

Ressources

Production 433,1 435,1 438,7

Production marchande 237,5 236,9 237,8

Production pour emploi final propre 195,6 198,2 200,9

Emplois

Consommation intermédiaire 91,0 91,7 92,8

Valeur ajoutée brute 342,1 343,5 345,9

Consommation de capital fixe 75,5 76,4 76,8

Valeur ajoutée nette (*) 266,7 267,1 269,0

Compte d'exploitation

Ressources

Valeur ajoutée brute 342,1 343,5 345,9

Emplois

Rémunération des salariés 43,8 42,8 42,4

Salaires et traitements bruts 33,3 32,3 32,1

Cotisations sociales à la charge des employeurs 10,5 10,5 10,3

Cotisations sociales effectives à la charge des employeurs

10,5 10,4 10,3

Cotisations sociales imputées à la charge des employeurs

0,0 0,0 0,0

Impôts sur la production 18,5 19,0 19,6

Impôts sur les salaires et la main d'oeuvre 0,6 0,6 0,6

Impôts divers sur la production 17,9 18,4 19,0

Autres subventions sur la production -7,0 -7,1 -7,9

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2013 2014 2015

Excédent brut d'exploitation et revenu mixte brut 286,9 288,8 291,8

Excédent net d'exploitation et revenu mixte net (*) 211,5 212,4 215,0

Excédent brut d'exploitation 169,9 171,9 172,1

Excédent net d'exploitation (*) 107,6 108,1 107,4

Revenu mixte brut 117,0 116,9 119,7

Revenu mixte net (*) 103,9 104,3 107,5

Compte d'affectation des revenus primaires

Ressources

Excédent brut d'exploitation et revenu mixte brut 286,9 288,8 291,8

Rémunération des salariés 1 123,8 1 139,1 1 155,2

Salaires et traitements bruts 820,8 828,8 841,7

Cotisations sociales à la charge des employeurs 303,0 310,3 313,5

Cotisations sociales effectives à la charge des employeurs

248,4 255,1 257,6

Cotisations sociales imputées à la charge des employeurs

54,6 55,2 55,8

Revenus de la propriété 130,7 126,7 122,3

Intérêts 22,8 19,1 15,7

Revenus distribués des sociétés 51,5 52,2 53,8

Dividendes 25,1 25,8 27,4

Prélèvements sur les revenus des quasi sociétés 26,4 26,4 26,4

Autres revenus d'investissements 53,7 52,6 49,9

Revenus des terrains et des gisements 2,7 2,8 2,8

Emplois

Revenus de la propriété 20,3 16,4 13,4

Intérêts 18,7 14,8 11,7

Loyers des terrains et des gisements 1,6 1,6 1,7

Solde des revenus primaires bruts 1 521,1 1 538,1 1 555,9

Solde des revenus primaires nets (*) 1 445,6 1 461,7 1 479,0

Compte de distribution secondaire du revenu

Ressources

Solde des revenus primaires bruts 1 521,1 1 538,1 1 555,9

Prestations sociales autres que transferts sociaux en nature

458,2 468,3 477,3

Prestations de sécurité sociale en espèces 331,5 337,6 344,2

Autres prestations d'assurance sociale 88,8 91,2 92,9

Prestations d'assistance sociale en espèces 37,8 39,5 40,2

Autres transferts courants 66,7 68,1 70,7

Indemnités d'assurance-dommages 32,1 32,7 34,4

Transferts courants divers 34,6 35,4 36,3

Transferts courants entre ménages résidents et non-résidents

1,0 0,9 0,9

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2013 2014 2015

Autres transferts courants divers 33,6 34,5 35,4

Emplois

Impôts courants sur le revenu et le patrimoine 209,2 212,4 215,9

Impôts sur le revenu 186,9 189,0 191,9

Autres impôts courants 22,3 23,4 24,0

Cotisations sociales nettes 447,0 458,8 465,0

Cotisations sociales effectives à la charge des employeurs

248,4 255,1 257,6

Cotisations sociales imputées à la charge des employeurs

54,6 55,2 55,8

Cotisations sociales effectives à la charge des ménages 144,1 148,5 151,5

Cotisations sociales effectives à la charge des salariés 113,8 117,5 120,8

Cotisations sociales effectives à la charge des non-salariés

30,3 31,0 30,7

Prestations sociales autres que transferts sociaux en nature

0,0 0,0 0,0

Autres transferts courants 67,8 70,5 71,0

Primes nettes d'assurance-dommages 31,5 32,0 33,6

Transferts courants divers 36,3 38,5 37,4

Transferts courants aux ISBLSM 10,9 11,2 12,0

Transferts courants entre ménages résidents et non-résidents

9,0 9,4 9,6

Autres transferts courants divers 16,4 18,0 15,8

Revenu disponible brut 1 321,9 1 332,8 1 352,0

Revenu disponible net (*) 1 246,5 1 256,4 1 275,2

Compte d'utilisation du revenu

Ressources

Revenu disponible brut 1 321,9 1 332,8 1 352,0

Emplois

Dépense de consommation individuelle 1 132,2 1 140,9 1 156,0

Epargne brute 189,7 191,9 196,0

Epargne nette (*) 114,2 115,5 119,2

Compte de capital

Ressources

Epargne brute 189,7 191,9 196,0

Transferts en capital à recevoir 5,6 4,6 5,5

Aides à l'investissement à recevoir 2,1 2,4 3,0

Autres transferts en capital à recevoir 3,5 2,3 2,5

Transferts en capital à payer -11,8 -12,3 -14,0

Impôts en capital à payer -9,6 -10,3 -12,3

Aides à l'investissement à payer

Autres transferts en capital à payer -2,3 -2,1 -1,7

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2013 2014 2015

Emplois

Formation brute de capital 120,5 118,0 115,5

Formation brute de capital fixe 120,1 117,4 116,7

Variations des stocks -0,3 0,0 -1,8

Acquisitions moins cessions d'objets de valeur 0,7 0,6 0,6

Acquisitions moins cessions d'actifs non financiers non produits

-2,5 -3,1 -2,6

Capacité (+) ou besoin (-) de financement 65,5 69,4 74,6

Milliards d’euros

Source : Comptes nationaux - Base 2010, Insee

(*) Les montants nets sont obtenus en retranchant la consommation de capital fixe aux montants bruts.

A partir des informations données par le compte des ménages 2013-2015, répondre aux

questions suivantes.

1) Quelle proportion de la production des ménages sert en 2015 à l’autoconsommation

(ou à l’autoinvestissement) des ménages ? Comparer le taux de croissance sur la

période 2014-2015 de cette composante de la production des ménages avec le taux

de croissance de la production marchande des ménages.

L’autoconsommation et l’autoinvestissement des ménages sont enregistrées en ressources

dans le compte de production, et plus précisément dans le poste « production pour emploi

final propre » (loyers fictifs versés par les ménages à eux-mêmes, emploi de personnel

domestique etc.). On trouve en 2015 un montant de 200,9 milliards d’euros ; sachant que la

production totale des ménages est de 438,7 milliards d’euro, on obtient une proportion de

46% (200,9/438,7 = 0,46). Le taux de croissance de la production pour emploi final

propre entre 2014 et 2015 est de 1,4% (en effet : (200,9 – 198,2)/198,2 = 0,136). Le taux de

croissance de la production des ménages est de 0,8% (en effet : (438,7 – 435,1)/435,1 =

0,0083). La production pour l’emploi final propre augmente donc plus vite que la production

totale des ménages. Une explication possible : la hausse plus que proportionnelle aux revenus

des dépenses de logement en France (observable depuis plusieurs décennies), ce qui conduit

automatiquement au gonflement des loyers fictifs.

2) Quels sont les montants des dons et cotisations versés en 2013, 2014 et 2015 par les

ménages aux partis politiques, syndicats des travailleurs, églises, associations

religieuses et culturelles ?

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On trouve les montant de ces dons et cotisations dans le compte de distribution secondaire

du revenu (en emplois), et plus précisément dans le poste « Transferts courants aux

ISBLSM ». On a les montants suivants. 2013 : 10,9 milliards, 2014 : 11,2 milliards, 2015 : 12

milliards.

3) Comment évolue la capacité de financement des ménages sur la période 2013-2015 ?

Identifier les principaux facteurs qui expliquent cette évolution.

On constate une augmentation conséquente de la CAF des ménages, qui passe de 65,5

milliards en 2013 à 69,4, puis en 2015 à 74,6 milliards. Cela correspond à une croissance de

6% entre 2013 et 2014, et de 7,5% entre 2014 et 2015 (croissance sur deux ans : 13,9%). On

peut se poser la question si cette hausse de la CAF correspond plutôt à une hausse des

ressources des ménages (plus de « recettes », attention ce terme n’est pas tout à fait

approprié dans ce contexte), ou plutôt à une baisse des emplois (des « dépenses » des

ménages).

Pour se faire une idée de l’évolution des ressources des ménages, il convient d’observer le

compte d’affectation des revenues primaires, et plus précisément les deux plus grands postes

pour les ménages qui sont le Revenu mixte brute et les salaires et traitement brutes. Sur les

deux ans de la période 2013-2015, le RMB augmente de 1.7 % et les salaires et traitement de

2.8 %. On est donc bien en présence d’une augmentation des ressources. Si la, pluparts des

emplois sont caractérisés par une croissance comparable à la croissance des ressources

(exemples : dépense de consommation individuelle : +2.1%, impôts sur le revenus : + 2.7%),

on observe un emploi qui est fortement en baisse : l’investissement (FBC), qui passe de 120,5

milliards d’euros en 2013 à 155,5 euros en 2015 (baisse de 4.1 % sur un horizon de deux ans).

La hausse de la CAF des ménages s’explique donc par une hausse des ressources

accompagnée d’une baisse des emplois en matière d’investissement. (Avis aux chargés de

TD : ce raisonnement est assez approximatif, il faudrait calculer les contributions exactes

des ressources et des emplois. Une croissance foret associé à un niveau faible n’a pas un

impact très prononcé sur la croissance de la CAF. Toutefois, ce n’est pas l’objectif du TD

d’aller dans ces détails techniques – et de perdre 95 % des étudiants. Il s’agit avant tout

d’obliger les étudiants à lire les comptes attentivement et de leur faire comprendre que les

montants enregistrés ont bel et bien une signification économique).

4) Calculer la Formation nette de capital fixe (FNCF) sur la période 2013-2015. Discuter

l’éclairage donné sur l’investissement par la FNCF et la FBCF (Formation brute de

capital fixe).

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On obtient la FNCF en retranchant la CCF (Consommation de capital fixe, renseigne dans le

compte de production en emplois) de la FBCF (renseigné dans le compte de capital en

emplois). On obtient pour 2013 : FNCF = FBCF – CCF = 116,7 – 75,5 = 41,2

2014 : FNCF = FBCF – CCF = 117,4 – 76,4 = 41

2015 : FNCF = FBCF – CCF = 120,1 – 76,8 = 43,3

La FNCF nous renseigne sur la véritable augmentation du stock de capital (machines,

équipements, bâtiments, camions etc.) des entreprises individuelles en France. En effet, une

partie de la FBCF ne sert qu’à compenser l’usure et la dévalorisation du stock de capital (=

stock de « biens d’investissements ») existant (dévalorisation mesurée par la CCF). Lorsqu’on

veut appréhender l’évolution du stock de capital, il convient donc de retenir la FNCF. Lorsque

celle-ci est positive, on assiste à une augmentation du stock et donc des capacités

productives des entreprises individuelles. On est ici plutôt dans une vision de l’offre des

répercussions des décisions de l’investissement.

La FBCF correspond à une vision des répercussions de ces décisions sur la demande, car elle

représente la valeur des biens d’investissement achetés, c’est donc la demande qui s’adresse

aux entreprises qui produisent les biens d’investissement. De ce point de vue là, il n’est pas

important de savoir si l’achat de telle ou telle machine sert à remplacer une machine usée, ou

par augmenter le parc de machines. Ainsi, toute hausse de la FBCF d’une année à l’autre

indique une augmentation de la demande de biens d’investissement. Exemple : de 2013 à

2014, la FNCF diminue. Mais on aurait tort de considérer que la demande des biens

d’investissement diminue ; en effet, la FBCF augmente sur cette période, tirée par la hausse

de la CCF et donc la nécessité de remplacer des biens d’investissement usés (Attention, dans

ce raisonnement, on fait abstraction de l’inflation, qui était en effet assez faible sur cette

période …)

5) Le poste Acquisitions moins cessions d'objets de valeur représente quelle proportion

de l’investissement ? Même question pour la variation des stocks. Pourquoi les

économistes s’intéressent beaucoup plus à la variation des stocks que à l’acquisition

moins cessions d'objets de valeur ?

On a pour le poste « Acquisitions moins cessions d'objets de valeur » les

observations suivantes. En 2013 : 0,7 milliards, en 2014 : 06, milliards, en 2015 : 0,6 milliards.

Pour l’investissement en retient la FBC (en 2013 : 120,5 milliards, en 2014 : 118 milliards, en

2015 : 115,5 milliards. On obtient ainsi la proportion de l’investissement qui correspond aux

« Acquisitions moins cessions d'objets de valeur » : 2013 : 0,58%, 2014 : 0,51% et 2015 :

0,52%. Les « Acquisitions moins cessions d'objets de valeur » sont donc une composante

négligeable de l’investissement. Le même constat est vérifié pour les variations des stocks

(2013 : -0.3, 2014 : 0,0, 2015 : -1.8), avec les proportions suivantes : -0,25% (en 2013), 0% (en

2014) et -1.56% (en 2015).

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Toutefois, les économistes s’intéressent de très près aux variations des stocks, car celles-ci

reflètent l’état des anticipations des entrepreneurs. Attention, il convient dans ce contexte de

distinguer entre une vision de court terme (comme ici, avec des données annuelles) et une

vision de très court terme (qui nécessiterait toutefois des données mensuelles ou, encore

mieux, hebdomadaires). A court terme, la baisse des stocks (variation négative) indique que

les entrepreneurs sont pessimistes concernant l’évolution future de la demande. En effet,

beaucoup d’entreprises fonctionnent avec des règles heuristiques de gestion des stocks, par

exemple des stocks qui représentent une semaine de vente de leur production. La baisse des

stocks indique ainsi que les entrepreneurs anticipent une baisse des ventes qu’ils pourront

réaliser pendant une semaine. Inversement, une variation positive des stocks traduit le fait

qu’ils pensent pouvoir écouler plus de marchandises par semaine que dans le passé.

Attention, à très court terme, c’est la logique inverse, on est plutôt dans une logique de

baisse involontaire des stocks : la demande a augmenté, et cette hausse n’a pas été anticipée

par les entrepreneurs. Pour servir la demande supplémentaire, ces derniers doivent puiser

dans les stocks, qui se vident. Pour garder un stock qui correspond à une semaine de ventes,

les entrepreneurs doivent augmenter leur niveau de production. (Nous retrouverons cette

logique de très court terme dans le mécanisme du multiplicateur. Attention, cette lecture

n’est pas valable avec les données annuelles dont nous disposons dans ce dossier de TD, mais

il convient d’insister sur la distinction conceptuelle entre les visions court terme-variation

volontaire des stocks et très court terme-variation involontaire des stocks, car les deux

apparaissent dans le cours, ce qui risque de perturber certains étudiants !).

6) Le compte des administrations publiques indique pour 2015 un montant global

d’impôts sur les produits (qui regroupent TVA, impôts sur les importations et autres

impôts proportionnels aux quantités vendues tels que la TICPE, les taxes sur le tabac

etc.) de 247,9 Milliards d’euros, dont on doit retrancher des subventions sur les

produits de 17,6 Milliards d’euros. On sait que ces impôts sont collectés par les

entreprises, mais payé par le consommateur final. Où est-ce qu’on peut trouver dans

le compte des ménages les impôts nets des subventions sur les produits payé par les

ménages en 2015 ?

Il n’y a pas d’enregistrement explicite des impôts nets sur les produits dans le compte des

ménages. La prise en compte de ces impôts se fait « en amont » dans les comptes de

production des différentes unités institutionnelles. En effet, la production de ces unités (en

ressources du compte de production) est mesurée en prix de base, alors que les importations

et les différentes composantes de la demande sont enregistrées en prix d’acquisition. Dans

ces conditions, une inscription explicite des impôts nets sur les produits (par exemple en

emplois dans le compte d’affection des revenus ou dans le compte de distribution secondaire)

correspondrait à une double prise en compte et induirait ainsi des erreurs.

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Pour illustrer cela, voici l’exemple d’une économie très simple, composée d’une entreprise, un

ménage et les APU. L’entreprise produit 100 biens, avec un prix de base de 1 euro. Les APU

appliquent une TVA de 20% pour financer la consommation publique de ce bien. Le ménage

travaille pour l’entreprise pour produire les biens et reçoit en contrepartie un salaire de 80

euros. L’entreprise verse ses profits au ménage sous forme de dividende. On obtient la

séquence suivante des comptes :

Compte de production (entreprise)

Emplois Ressources

Consommation intermédiaire 0 Production 100

Valeur ajoutée brute 100

Compte d’exploitation (entreprise)

Emplois Ressources

Rémunération des salariés 80 Valeur ajoutée brute 100

Excédent brut d’exploitation 20

Compte d’affectation des revenus primaires (entreprise)

Emplois Ressources

Excédent brut d’exploitation 20

Revenus de la propriété (versés) 20

Solde brut des revenus primaires 0

Les comptes suivants de l’entreprise sont sans intérêt (pas de consommation, pas

d’investissement).

Pour les ménages, les comptes de production et d’exploitation sont sans intérêt (pas de

production des ménages)

Compte d’affectation des revenus primaires (ménage)

Emplois Ressources

Excédent brut d’exploitation 0

Rémunération salariés 80

Revenus de la propriété (reçus) 20

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Solde brut des revenus primaires 100

Compte de distribution secondaire sans intérêt.

Compte d’utilisation du revenu disponible (ménage)

Emplois Ressources

Dépense consommation finale 100 Revenu disponible brut 100

Epargne brut 0

Comptes suivants sans intérêt (pas d’investissement) pour les ménages.

Comptes de production et d’exploitation des APU sans intérêt (pas de production des APU)

Compte d’affectation des revenus primaires (APU)

Emplois Ressources

Excédent brut d’exploitation 0

TVA 20

Solde brut des revenus primaires 20

Compte d’utilisation du revenu disponible (APU)

Emplois Ressources

Dépense consommation finale 20 Revenu disponible brut 20

Epargne brut 0

Comptes suivants sans intérêt (pas d’investissement).

On peut déduire de ces éléments que les 100 biens produits par l’entreprise sont vendues

pour 120 euro (somme des dépenses de consommation du ménage et des APU). Autrement

dit, chaque bien est vendu pour un prix de 0.83 euros, faisant en sorte que le ménage achète

83.3 biens et les APU 16.7 biens.

Une inscription de la TVA payé par les ménages dans le compte d’affectation des revenus

primaires (ou dans le compte de distribution secondaire) induirait une erreur dans les

calculs. Imaginons par exemple que l’enregistre 20 euros de TVA payé en emplois. Par

conséquent, les ménages auraient un revenu disponible brut de 80 euros, impliquant une CF

de 80 euros. La somme des CF serait égale à 100 euros, ce qui est incohérent avec

l’information d’une production totale de l’entreprise vendue pour un montant de 120 euros.

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Le fait de valoriser la production en prix de base suffit donc pour traiter de manière

adéquate le paiement de la TVA par les ménages.

7) Le compte d’exploitation de l’année 2013 indique un montant de 33,3 pour le poste

Salaires et traitements bruts. Curieusement, on trouve dans le compte d’affectation

des revenus primaire pour le même poste un montant de 820,8. S’agit-il d’une

erreur ? Laquelle des deux informations est à retenir ?

Les deux informations sont à retenir, mais elles ne correspondent pas aux mêmes

opérations. Les 33,3 milliards d’euro de salaires et traitement dans le compte

d’exploitation correspond à la rémunération des salariés embauchés par les entreprises

individuelles (salariés des artisans, agriculteurs etc). Très logiquement, ces salaires versés

sont enregistrés en emplois. Les 820,8 milliards d’euros correspondent aux salaires reçus

par les ménages, c’est la somme des salaires des ménages embauchés par les SNF, les SF,

les APU, et les entreprises individuelles. Par conséquent, ces salaires reçus sont

enregistrées en ressources !

8) Montrer comment en trouve en détail pour l’année 2015 le montant de 345,9 pour la

valeur ajoutée brute et de 269,0 pour la valeur ajoutée nette.

C’est un calcul basique, mais utile car il nous familiarise avec les conventions utilisées

dans la présentation des comptes par l’INSEE. LA VAB est la différence entre la production

et la consommation intermédiaire : VAB = production – CI = 438,7 – 92,8 = 345,9. On

comprend alors que la production est la somme de la production marchande (237,8) et de

la production pour emploi finale propre (200,9). La production est donc un sous-total,

composé des deux postes suivants. Il faut faire attention à cela, car on additionnant la

production, la production marchande et la production pour emploi finale propre, en

double par erreur le montant de la production des ménages. Malheureusement, les sous-

totaux ne sont pas toujours indiqués en tant que tels. Il est donc nécessaire de refaire les

calculs amenant au solde du compte (ici la VAB) pour les identifier.

Une deuxième difficulté apparait dans le calcul de la VAN : VAN = VAB – CCF = 345,9 -

76,8 = 269,1. Curieusement, on trouve dans le compte publié par l’INSEE un montant de

269,0, et non 269,1. Il s’agit d’une incohérence dans les calculs dus à des arrondis. Ce

type de problème est récurrent dans les documents fournis par l’INSEE.

9) Expliquer pourquoi le montant du poste Transferts en capital à payer est négatif.

Dans une logique de transferts nets, on trouve ce montant en ressources, bien qu’il

corresponde à une somme à payer par les ménages. Par conséquent, il est enregistré avec

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un signe négatif. On a en effet : transferts en capital net = transferts en capital à recevoir

– transferts en capital à payer = 5,6 – 11,8 = -6.2.

Exercice 2 :

Soit une économie nationale composée de deux branches, l’industrie et les services. La

matrice des coefficients techniques de cette économie est la suivante :

industrie services

industrie 0 0.15

services 0.1 0

L’économie en question importe de biens industriels pour un montant de 400 millions

d’euros et des services pour un montant de 700 millions d’euros. Elle n’exporte que des

biens industriels, pour un montant de 900 millions d’euros. Les investissements en biens

industriels et en services sont respectivement de 430 et de 350 millions. Les consommations

finales s’élèvent à 2530 millions d’euros pour les biens industriels et 3550 millions d’euros

pour les services.

1) Donnez la définition générale des coefficients techniques de production. Expliquez

les valeurs trouvées ici.

Les coefficients techniques de production indiquent la quantité de consommations

intermédiaires utilisées pour fabriquer une unité d’un produit donnée. On les calcule en

faisant le rapport de la consommation intermédiaire d’une branche j en un produit i

donné, notée CIij, par la production totale de cette branche en Produits Pj :

j

ji

jiP

CIa

.

.

Le coefficient aindustrie,services = 0.15 est calculé en rapportant les consommations en

produits industriels de la branche services à la production totale de la branche services.

Cela indique que la branche services utilise 0.15 unités de biens industriels pour produire

une unité de services.

Le coefficient aservices,industrie = 0.1 indique que la branche industrie utilise 0.1 unités de

services pour produire une unité de biens industriels.

2) En détaillant les différents calculs, complétez le TES ci-après. Mettez en évidence

l’équilibre emplois-ressources et calculez le PIB selon deux optiques différentes.

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P M Total industrie services Total CF FBC X

industrie

services

Total CI 400

Total CI

VAB

P 3600

Première étape : calcul des consommations intermédiaires à partir des coefficients

techniques :

Le TES nous indique déjà la production totale de la branche services, Pservices = 3600, et la CI

total de la branche industrie : CIindustrie = CIindustrie,industrie + CIservices,industrie = 400. On sait aussi

que aindustrie,industrie = 0, donc CIindustrie,industrie = 0, impliquant CIservices,industrie = 400.

De même, aservices,services = 0, donc CIservices,services = 0.

On peut aussi calculer CIindustrie,services : CIindustrie,services = aindustrie,services * PA = 0.15 * 3600 = 540.

On a maintenant le TES :

P M Total industrie services Total CF FBC X

industrie 0 540

services 400 0

Total CI 400

Total CI

VAB

P 3600

Deuxième étape : On ajoute les montants indiqués dans l’énoncé :

P M Total industrie services Total CF FBC X

400 industrie 0 540 2530 430 900

700 services 400 0 3550 350 0

Total CI 400

Total CI

VAB

P 3600

Troisième étape : On rapport les montants des cases qui apparaissent à plusieurs endroits

du tableau :

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P M Total industrie services Total CF FBC X

400 industrie 0 540 2530 430 900

3600 700 services 400 0 3550 350 0

Total CI 400

Total CI 400

VAB

P 3600

Quatrième étape : Là où tous les montants sont indiqués, on peut calculer les totaux.

D’ailleurs, ce calcul permet de parfois de calculer d’autres totaux. On obtient ainsi :

P M Total industrie services Total CF FBC X

400 industrie 0 540 540 2530 430 900

3600 700 4300 services 400 0 400 3550 350 0

1100 Total CI 400 540 940 6080 780 900

Total CI 400 540

VAB

P 3600

Cinquième étape : On sait que l’égalité empois-ressources implique pour chaque type de

produits que le total des ressources (P + M) est égal au total des total des emplois (Total des

consommations intermédiaires + CF + FBC + X). On obtient pour les produits industriels :

P + 400 = 540 + 2530 + 430 + 900 = 4400, et donc P = 4000

On remplit la case P (industrie) du tableau et on peut compléter d’autres montants totaux,

ainsi que des valeurs indiquées plusieurs fois au tableau :

P M Total industrie services Total CF FBC X

4000 400 4400 industrie 0 540 540 2530 430 900

3600 700 4300 services 400 0 400 3550 350 0

7600 1100 8700 Total CI 400 540 940 6080 780 900

Total CI 400 540 940

VAB

P 4000 3600 7600

Dernière étape : On calcule les valeurs ajoutées brutes en retranchant de la production de

chaque branche le total de sa consommation intermédiaire.

P M Total industrie services Total CF FBC X

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4000 400 4400 industrie 0 540 540 2530 430 900

3600 700 4300 services 400 0 400 3550 350 0

7600 1100 8700 Total CI 400 540 940 6080 780 900

Total CI 400 540 940

VAB 3600 3060 6660

P 4000 3600 7600

La première définition du PIB est celle de la somme des valeurs ajoutée brute de l’ensemble

des branches. La dernière case de la ligne VAB indique que cette somme est égale à 6660 :

VABéconomie = VABindustrie + VABservices = 3600 + 3060 = 6660.

Deuxième définition : PIB = CF + FBCF + (X-M) = 6080 + 780 + (900 -1100) = 6660.