le pharmacien + 4 avril 2016 + n°186

V alentijn Vanhee, architecte d’intérieur,connaît si bien le monde de l’officineque sa réflexion et son ressenti sont

parfaitement en phase avec cet espace – fatalement, pourrait-on dire, puisque sonaménagement et la manière dont le pharma-cien s’acquittera de ses missions au cours des30 années à venir sont pour lui des préoccu-pations quotidiennes. Lors des « journées despharmaciens » organisées par la firme Clement, il a eu l’occasion à plusieurs reprisesd’exposer ses idées devant un auditoirebondé. Une vision des choses qui, pour certains, demandera manifestement un tempsd’adaptation.

Voir grand !La taille des pharmacies est appelée à

augmenter : alors qu’on pouvait autrefois sesatisfaire d’un modeste 30 m2, les structuresles plus récentes peuvent atteindre jusqu’à200 m2. Si vous avez toute la place qu’il vousfaut, il ne dépend que de vous de voir grand.Mais quid si ce n’est pas le cas ? Vaut-il mieuxconstruire autre chose ou transformer ? « Lapremière chose à faire est d’examiner les

possibilités du bâtiment existant », analyseValentijn Vanhee. « Parfois, il est utile d’avoirun bel espace en hauteur où installer parexemple l’air conditionné ou la ventilation.L’espace est toutefois aussi intimement lié àl’automatisation. Le robot à médicaments seraau cœur de l’officine de demain, qu’il setrouve juste derrière le comptoir ou ailleursdans le bâtiment, couplé à un tapis roulantvoire (pourquoi pas !) à une glissoire. Danscertains cas, il est également possible deréduire la surface habitable derrière la pharmacie pour développer l’espace commer-cial. Cela dit, il est un fait qu’un nouveau bâtiment offrira toujours plus de liberté,puisqu’on peut alors partir d’un plan ouvert. »

Cet agrandissement d’échelle est directe-ment lié à la nouvelle vision de ce que devraitou pourrait être la pharmacie. « La tendanceest de plus en plus à la création de« boutiques » distinctes à l’intérieur de l’officine, avec des coins séparés, un espaceconseils, une zone pour les soins à domicile,etc. Le patient/client veut avoir une vue d’ensemble de l’espace et de tout ce qui l’entoure... et le pharmacien doit pouvoir tout

garder à l’œil, qu’il se trouve dans l’officineproprement dite, dans l’espace de préparationou dans son bureau. »

L’informatisation : un mustL’automatisation est aujourd’hui devenue

une réalité incontournable. En principe, l’automate de distribution pourrait allerjusqu’à la façade – si ce n’est que ce n’estactuellement pas autorisé et qu’il reste donc,pour l’heure, relégué à un sas. « Cela dit, jesuis surtout séduit par le principe de la paroiOTC numérique », ajoute Valentijn Vanhee enprésentant quelques exemples. « Ces écranssont déjà en production et font leur apparitiondans un nombre croissant de pharmacies.Pourquoi surcharger l’espace et les stocks enbourrant nos rayons de produits en ventelibre, alors qu’on peut si facilement les présenter sur un écran ? Un certain nombred’officines vont même un pas plus loin enaffichant les spécialités sur deux ou troisécrans tactiles qui permettent au pharmaciende donner des explications supplémentairesau patient. L’évolution future se devine aisé-ment : le client pourra parcourir une liste de

produits sur un écran, cliquer sur ce qui l’intéresse pour de plus amples informationset comparer tranquillement les options disponibles. Fini les étagères pleines de boîtesqui prennent de la place et n’apportent pourainsi dire aucune valeur ajoutée ! On libère del’espace pour respirer et pour présenter laparapharmacie d’une manière claire etattrayante. »

Vente au détailDans le concept de vente au détail de

Valentijn Vanhee, les étagères d’OTC n’existent plus sous leur forme physique, cequi permet d’agrandir l’espace dévolu aupublic et de garantir au travers d’un aménage-ment adapté une confidentialité accrue auxpatients qui en ont besoin. Prévoir plusieursespaces de vente à l’intérieur de l’officine permet aussi de mieux répartir le personnelsur toute la surface disponible, de renforcerles contacts avec les patients et de s’assurerqu’il y a toujours un conseiller à proximité, ycompris au rayon parapharmacie. « Les écransnumériques ont aussi l’avantage d’être programmables en fonction du publicattendu : on pourra par exemple se concentrersur les produits qui intéressent les mamansvers l’heure où elles font un saut à la pharma-cie après être allées chercher leurs enfants à lasortie des classes, sur ceux qui ciblent lapopulation âgée en fin de matinée, etc. »

« Grâce à ces écrans, la pharmacie peut êtreaménagée d’une manière complètement différente », s’enthousiasme l’expert. « Nousavons évalué le gain de place d’une approchereposant sur davantage d’écrans et de zonesdistinctes dans plusieurs pharmacies exis-tantes : la différence peut atteindre 16 à 25 % ! »

Une bonne basePas question, évidemment, de développer

un concept total sans disposer d’abord debases solides. « Commencez par élaborer unbon organigramme. Où doivent être le robot,l’entrée, le backoffice ? Quel matériaux allez-vous utiliser – sachant que, au-delà des consi-dérations pratiques, il est aussi important degarder à l’esprit une vision globale du « lookand feel ». Quelles techniques allez-vous utiliser pour le chauffage, la ventilation, l’airconditionné ? Où et comment les produitsseront-ils livrés ou délivrés ? Quid du parkingpour les clients ? Comment organiser la conti-nuité du service pendant les transformations ?Il est important à cet égard que l’entrepreneursoit ponctuel et fiable : il est évidemment possible de déplacer temporairement vos activités dans un container, mais si lesouvriers ne respectent pas les délais convenusou vous font faux bond pour une raison ouune autre, vous allez vous retrouver le becdans l’eau. Ce sont des situations à évitercoûte que coûte ! » +

D O S S I E R A M É N A G E M E N T D E L ’ O F F I C I N E

Une pharmacie du futurradicalement différente

Plus grande, plus aérée, plus ordonnée et plus attrayante, l’officine du futur offrira auxclients une expérience totale. Jusque-là, rien de bien nouveau... si ce n’est qu’elle poseraaussi un regard très différent sur le patient et sur la manière dont il aborde et regarde lapharmacie. + Désirée De Poot

8

LP186-008_Dossier 29/03/16 13:40 Pagina 8