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Situation d’apprentiSSage durée totale : 9 hSA 2
Une personne d’exceptionOn a tous, dans sa mémoire, des moments qu’on souhaiterait préserver à tout jamais, des souvenirs de gens qui ont laissé des traces profondes et qu’on voudrait ne pas oublier.
Avant que le temps efface ces souvenirs, quoi de mieux que de les immortaliser par l’écriture ? Le cours Partager ses souvenirs vous invite à vous constituer une banque de souvenirs de gens exceptionnels ou d’événements marquants. Cet exercice vous amènera à réfléchir à vos valeurs, vos sentiments, vos émotions et votre perception du monde.
Au terme de la présente SA, vous fouillerez dans vos souvenirs pour choisir une personnalité du domaine public, une personne d’exception, qui a suscité votre admi-ration, et vous rédigerez son portrait pour qu’il reste gravé dans votre mémoire.
But de la situation d’apprentissageRédiger le portrait d’une personne que l’on admire.
A c t i v i t é S V
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Objet d’admiration V 4
Une rencontre inoubliable V
But : Établir les critères qui font qu’une personne suscite l’admiration.
But : Décrire en 300 mots une personne d’exception.
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Un saut dans l’espace V 5
Pour faire le point V
But : Apprendre à sélectionner l’information nécessaire à la description d’une personne d’exception.
But : Évaluer sa compétence à chercher de l’information, à la résumer et à la trans-mettre correctement.
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Des notions utiles V
But : Réactiver ses connaissances sur la reprise de l’information, la conjugaison de verbes irréguliers, les anglicismes et les coupures de mots en fin de ligne.
a) Nom :
b) Domaine :
a) Nom :
b) Domaine :
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BUt Établir les critères qui font qu’une personne suscite l’admiration.
Chaque domaine d’activités a ses étoiles, ses figures dominantes qui suscitent l’admiration. Que ce soit dans le monde littéraire, celui des arts, des sports, des sciences…, des personnes marquent des générations entières grâce à leurs qua-lités exceptionnelles. Vous en connaissez certainement plusieurs.
1 Les photos ci-après sont celles de personnalités qui ont joué ou qui jouent toujours un rôle important dans la société québécoise. Saurez-vous les identifier ? a) Inscrivez le nom de chacune de ces personnalités sous sa photo.
b) Précisez le domaine dans lequel chacune s’est fait connaître.
Remarque : Essayez de faire l’exercice sans aide. Au besoin, effectuez une recherche dans Internet. Si vous ne réussissez pas à identifier toutes les personnalités et leurs domaines, jetez alors un coup d’œil aux choix de réponses présentées après la série de photos.
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a) Nom :
b) Domaine :
Comparez vos réponses avec celles du corrigé.
2 a) Parmi les sept personnalités de la question 1, laquelle suscite le plus votre admiration ?
b) Expliquez votre choix en faisant ressortir les qualités particulières que vous admirez chez cette personne (environ 25 mots).
a) Nom :
b) Domaine :
a) Nom :
b) Domaine :
personnalités
René Lévesque • Janette Bertrand • Hubert Reeves • Marie-Mai
• Yvon Deschamps • Émilie Heymans • Fred Pellerin
domaines de réalisation
Sport • Écriture télévisuelle • Politique • Chanson • Sciences
• Conte • Humour
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3 Voici une liste de personnalités québécoises illustres dans divers domaines. Écrivez le nom de chacune d’elles dans la colonne appropriée du tableau ci-après.
Alexandre Despatie • Andrée Lachapelle • Armand Vaillancourt • Bryan Perro • Céline Bonnier • Chantal Petitclerc • Cœur de Pirate • Diane Dufresne • Émile Nelligan • Frère Marie-Victorin • Dr Gilles Julien • Guy Laliberté • India Desjardins • Jean-Paul Riopelle • Jean-Pierre Ferland
• Jehane Benoît • Louis Cyr • Luc Picard • Marc-Aurèle Fortin • Marie Laberge • Maurice Richard • Michel Tremblay • Micheline Lanctôt • Oscar Peterson • Pierre Elliott Trudeau • Philippe Falardeau
• Robert Bourassa • Sylvie Fréchette • Yannick Nézet-Séguin
Littératurecinéma et
théâtreMusique
Peinture et sculpture
Politique Sport Autres
4 Quelles caractéristiques font que certaines personnalités publiques suscitent votre admiration ?
a) Caractéristiques psychologiques :
b) Caractéristiques sociales :
c) Caractéristiques morales :
Comparez vos réponses avec celles du corrigé.
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ConCeption
BUt
a C t i V i t É 2 Un saut dans l’espace 4 h 30 min
ConCeption
BUt apprendre à sélectionner l’information nécessaire à la description d’une personne d’exception.
dans cette activité :
◗vous lirez deux textes portant sur une personnalité québécoise ;
◗vous ferez ressortir les principales caractéristiques de cette personnalité ;
◗vous observerez l’organisation du texte, en relevant les organisateurs textuels ;
◗vous ferez une recherche sur une personnalité que vous admirez ;
◗vous sélectionnerez l’information pertinente qui vous servira à rédiger le portrait de cette personnalité.
Lorsqu’on décrit une personnalité publique, ses qualités psychologiques, sociales et morales sont plus importantes que ses qualités physiques. Connaître la cou-leur des yeux d’une personne qui a réussi des exploits grandioses n’a aucune importance. Ce qui importe, c’est de souligner ses réalisations et de donner la mesure des retombées et du rayonnement qu’elles ont eus. Les portraits de per-sonnalités ne s’attardent donc généralement pas à leurs caractéristiques physi-ques, mais plutôt à tout ce qui fait d’elles des personnes admirables.
Faites une première lecture de l’extrait qui suit pour prendre connaissance du chemin parcouru par l’astronaute québécoise Julie Payette. Au besoin, consul-tez un dictionnaire pour trouver le sens des mots que vous ne connaissez pas. Relisez ensuite le texte et surlignez, au passage, les éléments d’information qui la décrivent le mieux.
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Julie Payette est née
le 20 octobre 1963
à Montréal. Mme Payette
pratique la course à
pied, le ski, les sports
de raquette et la plon-
gée sous-marine. Elle
détient une licence de
pilote professionnel avec qualification sur hydravion.
Mme Payette parle couramment le français et l’anglais
et peut converser en espagnol, en italien, en russe et
en allemand. Elle est pianiste et s’est notamment pro-
duite avec l’Orchestre symphonique de Montréal. […]
ÉtudesÉtudes primaires et secondaires à Montréal. Bacca-
lauréat international (1982) au United World College
of the Atlantic au Pays de Galles, au Royaume-Uni.
Baccalauréat en génie électrique de l’Université McGill
(1986) à Montréal et maîtrise en sciences appliquées
(génie informatique) de l’Université de Toronto (1990).
[…]
ExpérienceAvant de se joindre au Programme spatial canadien,
Mme Payette a participé à des activités de recherche
en informatique, en traitement du langage naturel et
en reconnaissance vocale automatique. Elle a travaillé
à titre d’ingénieure de systèmes, chez IBM Canada
(1986-1988), d’assistante à la recherche à l’Univer-
sité de Toronto (1988-1990), de scientifique invitée au
IBM Research Laboratory, à Zurich, en Suisse (1991),
et d’ingénieure de recherche chez BNR/Nortel à
Montréal (1992).
En juin 1992, Mme Payette a été sélectionnée par
l’Agence spatiale canadienne parmi 5330 candidats
pour faire partie du groupe de quatre nouveaux astro-
nautes canadiens. Après avoir suivi sa formation de
base au Canada, elle a travaillé comme conseillère
technique pour le système d’entretien mobile, un
système robotique perfectionné qui constitue la contri-
bution canadienne à la Station spatiale internationale
(SSI).
Durant sa préparation en vue de son affectation à une
mission spatiale, Mme Payette a décroché sa licence
de pilote professionnel, a étudié le russe et a effectué,
à titre de chercheure, 120 heures de vol en pesanteur
réduite à bord de différents avions. En avril 1996, elle
a obtenu son brevet de plongée en eaux profondes
dans un scaphandre pressurisé à une atmosphère.
Mme Payette a terminé son entraînement de pilote mili-
taire en février 1996 et obtenu son grade de capitaine
sur le jet Tutor CT-114 Snowbird à la base des Forces
armées canadiennes de Moose Jaw en Saskatchewan.
Elle a obtenu sa qualification militaire de vol aux ins-
truments en 1997.
Mme Payette compte à ce jour plus de 1300 heures de
vol. Mme Payette a été astronaute en chef de l’Agence
spatiale canadienne de 2000 à 2007.
Expérience à la NASAMme Payette s’est jointe au Corps d’astronautes de la
NASA en août 1996 pour continuer sa formation au
Centre spatial Johnson à Houston au Texas. Après
avoir terminé un entraînement initial en avril 1998, elle
a été affectée aux dossiers techniques concernant
la robotique et les télémanipulateurs utilisés dans
l’espace.
Mme Payette a participé à deux missions à bord de la
navette spatiale et compte 611 heures de vol dans
l’espace.
De septembre 1999 à décembre 2002, Mme Payette a
travaillé en Russie et en Europe, en tant que représen-
tante du Corps d’astronautes auprès des spécialistes
et ingénieurs de la Station spatiale internationale. Elle
était chargée notamment de la vérification de l’équi-
pement destiné à la SSI et de l’élaboration des procé-
dures utilisées par les équipages.
Depuis janvier 2003, Mme Payette occupe le poste
de CAPCOM (Capsule Communicator) au Centre de
contrôle des missions à Houston. En 2006, Mme Payette
a été CAPCOM en chef pendant la mission STS-121.
Le CAPCOM est responsable de l’ensemble des com-
munications et assure le lien vocal entre l’équipe au
sol et les astronautes en vol.
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AGENCE SPATIALE CANADIENNE, Biographie de Julie Payette [En ligne] [http://www.asc-csa.gc.ca/fra/astronautes/biopayette.asp] (Page consultée le 23 avril 2013).
1. Chaire : poste de professeur d’université.
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Les questions qui suivent ont pour but de vous aider à faire ressortir, dans un texte, l’essentiel de la description d’une personne. Rappelez-vous que les carac-téristiques d’une personne ne sont pas nécessairement décrites explicitement : elles peuvent être dévoilées par ses actions, ses paroles, ses attitudes.
5 a) Quelles sont les deux caractéristiques physiques de Julie Payette mentionnées dans le texte ?
b) Pourquoi, selon vous, donne-t-on ces précisions ?
Expérience de vol spatialDu 27 mai au 6 juin 1999, Mme Payette a pris part à la
mission STS-6 à bord de la navette spatiale Discovery.
Au cours de cette mission, l’équipage a effectué le
premier amarrage manuel de la navette à la Station
spatiale internationale et a livré et installé quatre
tonnes de matériel. Mme Payette occupait les fonc-
tions de spécialiste de mission, était responsable des
systèmes de la station, a supervisé une sortie dans
l’espace et a manœuvré le bras robotique Canadarm.
Pendant la mission STS-96, la navette Discovery a
décrit 153 orbites autour de la Terre et a parcouru
plus de 6 millions de kilomètres en 9 jours, 19 heures
et 13 minutes. Au cours de cette mission, Mme Payette
est devenue la première Canadienne à participer à une
mission de construction de la Station spatiale interna-
tionale et à monter à bord du laboratoire orbital.
Du 15 au 31 juillet 2009, Julie Payette a agi en tant
qu’ingénieure de vol au sein de l’équipage de la mis-
sion STS-12 à bord de la navette Endeavour. Il s’agis -
sait de la 29e mission de navette à destination de la
Station spatiale internationale. Dans le cadre de cette
mission d’assemblage de la SSI, […], l’équipage a
achevé la construction du module expérimental japo-
nais Kibo, installé des expériences scientifiques sur
la plateforme d’exposition au vide spatial du module
japonais et livré au complexe orbital des pièces de
rechange indispensables ainsi que des batteries de
remplacement. La robotique a été mise à contribution
pratiquement tous les jours, et Mme Payette était aux
commandes des trois bras robotiques spatiaux, soit le
Canadarm de la navette, le Canadarm2 de la station et
le bras spécialisé japonais équipant le module Kibo.
Un nombre record de 13 astronautes, issus de 5 natio-
nalités différentes, se sont réunis à bord de l’immense
vaisseau constitué de la navette et de la SSI rattachées
l’une à l’autre. Autre fait marquant : c’était la première
fois que deux Canadiens se trouvaient dans l’espace
en même temps. Lors de cette mission de 16 jours,
les astronautes ont effectué 5 sorties extravéhicu-
laires, parcourant plus de 10,5 millions de kilomètres en
248 orbites autour de la Terre.
En janvier 2011, Julie Payette a accepté une chaire1
en politique publique au prestigieux Woodrow Wilson
International Center for Scholars à Washington, D. C.
En octobre 2011, Mme Payette a été nommée au poste
de déléguée scientifique du Québec à Washington.
Pendant cette affectation, Mme Payette demeure
membre du Corps des astronautes de l’Agence
spatiale canadienne.
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6 Tout le reste du texte est consacré au portrait social de Julie Payette. Que décrit-on principale-ment qui trace le portrait social de l’astronaute ?
7 Si vous aviez à faire le portrait de Julie Payette, quelles informations de cette biographie retiendriez-vous ? Dans vos mots, résumez-en quatre.
8 Les qualités de Julie Payette ne sont pas exprimées explicitement dans le texte. À partir de ce que vous avez lu, lesquelles lui attribueriez-vous ? Donnez-en trois, et expliquez vos choix.
9 Les organisateurs textuels sont des mots, des groupes de mots ou des phrases qui servent à faire des liens entre les grandes parties d’un texte.
a) Relevez, dans Biographie de Julie Payette, huit organisateurs textuels.
Comparez vos réponses avec celles du corrigé.
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Comparez vos réponses avec celles du corrigé.
En avril, l’astronaute québécoise retournera dans l’espace pour la dernière mission de la navette spatiale. Que fait-on de sa vie après avoir touché les étoiles ?
J’ai rendez-vous avec une astronaute. C’est rare,
une astronaute. Encore plus une Québécoise
astronaute ! La première Canadienne à se rendre,
à bord de la navette Discovery, à la Station spatiale
internationale, à 400 kilomètres au-dessus de nos
têtes. C’était en 1999. Dix jours en orbite, 153 fois
le tour de la Terre. Et elle repart. En avril prochain,
à bord d’Endeavour, c’est elle qui manœuvrera les
bras robotisés chargés d’assister les astronautes qui
travailleront dans l’espace. À part ça, une personna-
lité exceptionnelle. Musicienne de haut niveau, poly-
glotte (six langues), sportive accomplie, ingénieure,
pilote de jets militaires, bardée de diplômes et d’hon-
neurs, multi boursière. Une fille qui a des écoles et
un prix scientifique à son nom, un timbre à son effigie
et qui a inspiré à Luc Plamondon et à Kent Nagano
l’opéra qu’ils sont à écrire sur des musiques de Franz
Schubert. Une crack ! Et moi, j’ai le trac. La rencontre
a lieu au studio de la photographe Monic Richard, à
Montréal.
La voilà qui vient vers moi. Présentations. Étonnamment
menue (59 kilos), très chic dans l’ensemble Marisa
Minicucci proposé par la styliste (il lui va si bien qu’elle
demande si elle peut l’acheter), Julie esquisse un sou-
rire, forcé on dirait, comme si elle s’excusait. Sous l’ava-
lanche de boucles, les yeux sont inquiets, le front plissé.
On dirait que vous n’aimez pas vous faire
photo gra phier…
Non, en général, quand on me prend en photo, c’est
en groupe et en scaphandre orange. On s’assoit en
rangée, on sourit, c’est fini. […]
L’équipe range ses accessoires. Libérée, très drôle,
volubile, Julie jase. Raconte que, dans son milieu pro-
fessionnel, il n’y a pas beaucoup de place pour les
b) Quelle sorte d’organisateurs textuels l’Agence spatiale canadienne a-t-elle utilisée pour composer la biographie de l’astronaute ?
c) Que permet ce type d’organisateurs textuels ?
Le texte qui suit est une entrevue que l’astronaute Julie Payette a donnée au magazine Châtelaine. Quand on cherche de l’information sur une personna-lité, les articles publiés dans des magazines, des journaux, dans Internet, sont les outils à privilégier. Les articles basés sur des entrevues avec la personnalité apportent une autre dimension à la recherche. En effet, certaines paroles, des réactions, des hésitations de la personne interviewée révèlent des caractéristi-ques qui ne sont pas exprimées explicitement.
Au cours de votre lecture, surlignez d’une couleur l’information qui vous semble nouvelle par rapport à ce que vous avez appris dans le texte précédent. Surlignez d’une autre couleur les passages qui laissent deviner des qualités ou des aptitudes de l’astronaute.
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coquetteries vestimentaires. Elle s’amuse de sa pres-
tation comme pianiste invitée à l’OSM, il y a quelques
semaines – un concert au profit de la réinsertion
sociale de jeunes adultes, une cause qu’elle défend.
Elle parle de Houston, où elle vit la plupart du temps
depuis son embauche à la NASA, en 1996, et men-
tionne combien c’est différent d’ici. Puis des ratons
laveurs qu’elle vient de déloger de son grenier. […]
Elle s’assoit en face de moi, à contre-jour. C’est connu :
si Julie Payette est très loquace au sujet de sa profes-
sion, elle ne livre pas sa vie privée. Je n’insisterai pas.
De toute façon, on connaît l’essentiel. Une p’tite fille
d’Ahuntsic, née en 1963, un papa ingénieur, une voca-
tion précoce – elle est au primaire quand on marche
sur la Lune pour la première fois, et ça l’impressionne
à jamais. Mariée à un pilote d’essai américain du nom
de Billie Flynn, deux fils, 14 et 5 ans. J’ai lu sur Internet
que Julie Payette pratique la course à pied, les sports
de raquette et la plongée sous-marine. Et que, chaque
année, elle prend part fidèlement, avec son mari, à la
Grande Traversée de la Gaspésie : 300 kilomètres en
skis de fond. […]
J’ai vu des photos des entraînements auxquels vous êtes soumis, vous les astronautes. C’est… athlétique !D’ailleurs, on a beaucoup de points communs avec les
athlètes olympiques. Comme nous, ils travaillent dans
l’ombre pendant des années. Ils se perfectionnent,
font des sacrifices. Et arrive le moment où ils doivent
performer. Ce moment-là, pas un autre. On ne peut
pas dire : « Je vais performer une autre journée. » Non,
le lancement se fait aujourd’hui ou bien le 100 mètres
se court maintenant.
Et vous suscitez, les uns et les autres, beaucoup d’admiration. Pourquoi ?Parce que c’est excitant ce qu’on fait ! J’apporte ma
culture, mon monde, je représente mon pays.
Vous avez été longtemps astronaute en chef de l’Agence spatiale canadienne. Que pensez-vous de votre rôle d’« ambassadrice » ?Représenter son pays, c’est un grand privilège. Dans
le cas de la Station spatiale internationale, c’est une
énorme collaboration, le projet d’ingénierie le plus
ambitieux que les humains n’aient jamais entrepris en
temps de paix. Et ça se passe dans un but et pour des
raisons pacifistes.
Expliquez-moi.On ne le fait pas dans un but de domination, de pou-
voir. On le fait en collaboration, notamment, avec des
nations qui étaient, il y a à peine deux décennies, des
ennemies jurées et qui sont aujourd’hui des parte-
naires. La Russie, les États-Unis, le Japon, plusieurs
pays européens, le Canada. […]
Voudriez-vous que vos fils fassent la même chose que vous plus tard ?Pas du tout. Ce que j’aimerais, c’est que mes fils fas-
sent quelque chose qui leur plaît. Je leur dis souvent,
en riant : « La seule chose que je ne vous permettrai
pas de faire, c’est de ne rien faire. Le reste, c’est votre
choix. » J’ai l’impression que ce seront des artistes.
Votre dernière mission remonte à 10 ans. Vous avez trouvé ça long ?L’accident de Columbia nous a cloués au sol presque
quatre ans. Sans ça, je serais retournée dans l’espace
au bout de cinq ou six ans. Cela dit, le travail est pas-
sionnant au sol. Et, en plus, j’ai eu un enfant pendant
cette période-là.
C’est quand même 10 ans de persévérance…Oui, il faut vouloir, il faut vouloir.
Et là, ça y est, vous partez en avril prochain.Un très, très gros vol. Je serai l’ingénieure de bord.
Dans la navette, il y a le commandant et le pilote qui
sont toujours des militaires américains, c’est la règle.
Le plus haut poste auquel on peut accéder, c’est
d’être assis entre les deux. Et c’est là que je vais être.
Au poste de pilotage de la navette.
Vous avez dû crier de joie quand votre comman-dant vous a annoncé que vous aviez le poste ?J’ai travaillé fort pour l’obtenir. […]
Et ça vous plaît, la compétition ?Je suis astronaute depuis 1992. Notre performance
est constamment évaluée. Je passe des examens
régulièrement. On me demande d’être toujours
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aguerrie. Si je ne le suis pas, on va me dire : « Madame,
on en a d’autres qui aimeraient votre job. » Je suis très,
très heureuse de faire ce que je fais. Je voulais, je veux
aller dans l’espace. Alors j’ai travaillé pour. Ce n’est
pas seulement du rêve…
Vous étiez consciente du prix à payer ? Des
heures dures et des nuits blanches ?
Tout a un prix. There is no such thing as a free lunch
[Il n’y a rien de gratuit dans la vie]. Il faut mettre l’effort
pour avoir ce qu’on veut, point, ça vient de s’éteindre.
La chance, c’est extrêmement rare, c’est la loterie.
Mais la probabilité de réussir est grande quand on y
met l’effort, la persévérance et qu’on choisit un métier
parce qu’on veut le faire. Moi, ma job, c’est d’être
l’ingénieure de vol, l’opérateur robotique. C’est une
énorme tâche, 50 % de mon entraînement.
Vous avez un grand sourire en disant
« énorme tâche » !
C’est un grand honneur, un grand honneur. Et je suis
fière de ce que je fais. Depuis le début, chaque fois
qu’on m’a demandé à la NASA à quoi j’aspirais, j’ai
répondu « ingénieure de bord ». Parce que c’est du pilo-
tage. Et c’est assez rare que quelqu’un dont la langue
maternelle n’est pas l’anglais se retrouve à ce poste.
Même chose pour les capcom, les capsule communica-
tors. Je suis capcom depuis quatre ans. Vous savez, cet
énorme centre de contrôle, à Houston, où sont tous les
ordinateurs ? Vous l’avez vu dans Apollo 13 : « Houston,
we have a problem. » Il existe pour vrai, et moi, j’y tra-
vaille. J’assure la communication avec les astronautes
qui sont dans l’espace. Et les capcom de langue mater-
nelle non anglaise à Houston, ou de langue maternelle
non russe à Moscou, ils sont rares. Alors c’est un bel
honneur. Et je vous assure que la première fois qu’un
astronaute de Discovery que j’appelais m’a répondu
« Bonjour, Julie » en français, ça m’a fait plaisir.
Allez-vous avoir peur, le matin du départ ?
Non. Ce dont j’ai le plus peur, comme tout le monde
dans le métier, c’est de faire une gaffe qui mettrait la
mission en péril.
Mais comment pouvez-vous vivre toujours dans
la crainte de faire une erreur ?
Ça se contrôle. Par l’entraînement, la répétition, ce
que les Anglais appellent le focus1. On peut réduire
les marges d’erreur en effectuant des vérifications,
des contre-vérifications, en travaillant en équipe. Dans
le cockpit, il faut souvent se mettre d’accord à trois
avant d’effectuer une opération. Et on est trois ou
quatre à s’entraîner pour la même manœuvre ou le
même système. Comme ça, on peut sauter dans les
souliers de l’autre s’il y a un problème. On répète les
gestes pendant des mois et des mois.
Vous allez revoir la Terre d’en haut. Comment
vous sentirez-vous ?
Écoutez… on est vraiment fasciné, c’est beau, magni-
fique, intéressant, on se pose des questions. Puis,
bang, il faut aller faire autre chose. Parce que les astro-
nautes ont des horaires serrés à respecter. Et puis ce
n’est pas nous qui décidons ce qu’on fait et quand.
Dans les missions de construction de la Station spa-
tiale, tout est chorégraphié.
Y a-t-il plus de femmes dans votre milieu
maintenant ?
Dans le milieu opérationnel technique, directeurs de
vol, ingénieurs, techniciens, oui. Mon équipe d’entraî-
neurs est à moitié féminine. Chez les astronautes, ça
reste dans les 15 % à 18 %. C’est à peu près le pour-
centage de diplômés en sciences dans la population.
Quand on travaille dans un monde d’hommes…
Laissez-moi préciser que, pour moi, la grande diffé-
rence, ce n’est pas d’être une fille. C’est que ma langue
maternelle, mon bagage culturel, n’est pas l’anglais.
Ça vous isole ou ça vous distingue ?
Ça me distingue un peu. Mais, quand on n’est pas la
majorité, il faut s’accommoder. Je ne commencerai
pas à imposer le français à Mission Control ! […]
Les enfants, ça a changé quoi dans votre vie ?
Évidemment, ça prend toute notre vie. Mais, moi, je ne
suis pas une personne d’absolu. Comme la plupart de
mes collègues, mes amis pilotes inclus, on n’est pas des
émotifs. Ça ne m’a pas transformée d’aller dans l’espace,
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10 Le sens de certains mots du texte vous a peut-être échappé. pour bien saisir le personnage de Julie Payette, assurez-vous de bien comprendre la signification des 15 mots qui suivent en répon-dant aux questions. Au besoin, consultez un dictionnaire.
Attention ! Repérez d’abord les mots dans le texte : le contexte dans lequel ils sont utilisés vous aidera à trouver leur sens.
• jet(ligne13)
• bardée(ligne13)
•multiboursière(ligne14)
• crack(ligne18)
•menue(ligne22)
• volubile(ligne33)
• loquace(ligne44)
• performer(ligne64)
• aguerrie(ligne118)
• job(ligne119)
• cockpit(ligne164)
• chorégraphié(ligne178)
• cartésienne(ligne202)
•workaholic(ligne209)
a) Deux mots de la liste sont des synonymes signifiant « qui parle beaucoup ». Quels sont ces deux mots ?
b) Quel adjectif décrit la taille de Julie Payette ? Que signifie-t-il ?
d’avoir des enfants non plus. Ça m’a changée, donné
une expérience, fait grandir. Comme tout le monde.
Ce serait quoi, votre défaut le moins avouable ?Je suis très cartésienne. Et ça a des mauvais comme
des bons côtés. En fait, ce n’est pas mauvais dans
mon métier. Mais d’autres fois… […]
Il reste que vous intriguez les gens. On se demande comment vous faites pour abattre tant de travail.On roule, des fois on est un peu découragée… comme
tout le monde. C’est sûr que je suis un peu workaholic.
Et ce n’est pas gratuit. Je cours après mon temps tout
le temps. Tout le temps, tout le temps, tout le temps,
tout le temps.
Vous prenez un peu de vacances ? Qu’est-ce que vous faites alors ?Du sport. L’hiver, on vient souvent skier ici, en famille.
[…]
Un jour, vous cesserez d’être astronaute. Qu’allez-vous faire ?Un peu de tout… Enseigner, j’aimerais bien. (La voix
est lasse. La journée a été longue.) Mais d’abord, je
veux du temps. On se dit : « J’ai encore du temps » puis,
à un moment donné, il n’y en a plus… Est-ce que je
rêve en couleurs en pensant qu’un jour je vais avoir
du temps ?
MATTEAU, Hélène, « Julie Payette », Châtelaine, 20 août 2008 [En ligne] [http://fr.chatelaine.com/article/1207-julie-payette] (Page consultée le 3 mai 2013).
1. Focus : dans le contexte, ce mot doit être traduit par « concentration ».
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c) Relevez cinq anglicismes et donnez un mot français par lequel on pourrait remplacer chacun de ces anglicismes. Au besoin, consultez un dictionnaire des anglicismes ou le Multi Dictionnaire de la langue française.
d) Quel mot, qui n’est pas un anglicisme, est utilisé dans la langue familière ? Que veut-il dire ?
e) Quel mot est composé d’un préfixe signifiant « plusieurs » ? Que nous apprend ce mot sur Julie Payette ?
f) Quel adjectif signifie que l’on possède quelque chose en grande quantité ?
g) Quel adjectif, employé au sens figuré, signifie que tout est bien organisé ? Quel est le sens propre de cet adjectif ?
h) Quel adjectif signifie que l’on est habitué aux épreuves, aux choses pénibles, que l’on est endurci ?
i) Quel adjectif Julie Payette utilise-t-elle pour dire qu’elle est une personne rationnelle, méthodique ?
Le saviez- vous Les entrevues sont généralement le fait d’une communication orale. Lors qu’elles sont publiées dans des journaux ou des magazines, elles sont souvent transcrites mot à mot (verbatim) pour rester fidèles au propos de la personne interviewée. C’est pour cette raison que l’on trouve, dans ces transcriptions, des marques de la langue familière, souvent utilisée à l’oral : des mots familiers, des anglicismes, des régionalismes, des écarts par rapport aux règles de grammaire (absence de la négation ne, phrases déclaratives utilisées comme inter-rogatives, etc.), des onomatopées, des répétitions, etc.
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11 En 2008, au moment de l’entrevue, Julie Payette mentionne qu’elle est capcom (pour capsule communicator) (ligne 143) depuis quatre ans. Quel rôle joue-t-elle à la base de Houston ?
12 a) Dans son introduction (« J’ai rendez-vous […] le front plissé. »), la journaliste Hélène Matteau dresse un court portrait de Julie Payette. Quelles informations de ce bref portrait confirment ce que vous avez lu dans le premier texte ? relevez-en au moins cinq.
b) Quelles informations nouvelles sur Julie Payette apprend-on dans cette introduction (lignes 1 à 26) ? Relevez-en au moins cinq.
13 Dans les lignes 32 à 56 (« L’équipe range […] de skis de fond. »), la journaliste donne quelques informations sur la vie privée de Julie Payette. Qu’apprend-on sur l’astronaute qui est plutôt du domaine de la perception de la journaliste ? donnez deux caractéristiques.
14 La comparaison, comme la métaphore, est une figure de style bien utile à la description.
a) À qui Julie Payette compare-t-elle les astronautes dans l’entrevue ?
b) Quelles caractéristiques communes entre ces personnes et les astronautes souligne-t-elle ?
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15 Quand on lui demande si elle aime la compétition (ligne 114), Julie Payette ne répond ni par oui ni par non. Que doit-on déduire de sa réponse ?
16 Dans le reste de l’entrevue, à partir de la ligne 123 jusqu’à la ligne 223 (« Vous étiez consciente du prix […] avoir du temps ? »), Julie Payette révèle quelques aspects de sa personnalité. Nommez-en au moins cinq.
Les questions auxquelles vous avez répondu jusqu’à maintenant vous ont fourni plusieurs exemples d’éléments que vous devrez prendre en considération lorsque vous ferez de la recherche sur la personnalité de votre choix. Rappelez-vous que des informations sont données explicitement dans les divers textes que vous consulterez, mais que d’autres le sont implicitement.
Comparez vos réponses avec celles du corrigé.
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1 h
BUt Réactiver ses connaissances sur la reprise de l’information, la conjugai-son de verbes irréguliers, les anglicismes et les coupures de mots en fin de ligne.
a C t i V i t É 3 Des notions utiles
dans cette activité :
◗vous repérerez des formes de reprises de l’information ;
◗vous conjuguerez des verbes irréguliers ;
◗vous corrigerez des anglicismes ;
◗vous apprendrez les principales règles de coupures des mots en fin de ligne.
Avant de rédiger la description de la personnalité que vous avez choisie, revoyez des notions qui vous seront fort utiles.
La reprise de l’informationPour faire l’exercice suivant, revoyez, au besoin, la notion sur la reprise de l’in-formation dans L’ESSENTIEL.
17 Dans le texte qui suit, Gabriel Béland commente l’entrevue exclusive que le cycliste Lance Armstrong a donnée à l’animatrice de télé américaine Oprah Winfrey concernant les accusa-tions de dopage qui pesaient contre lui. Surlignez les 21 reprises de l’information du gn Lance Armstrong mentionné dans le sous-titre de l’article.
La reprise par relation de tout à partie est utilisée six fois dans le texte. Rappelez-vous cette forme de reprise en observant l’exemple suivant :
Le cycliste peinait dans la montée : ses jambes ne répondaient plus.
Le GN « ses jambes » reprend un aspect d’un être, en l’occurrence, Lance Armstrong.
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