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Page 1: Une expérience pédagogique en seconde : étude du roman ...ens-religions.formiris.org/userfiles/files/er_732_8.pdf · de faire tomber le voile qui cache à notre propre cœur le

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Une expérience pédagogique en seconde : étude du roman Désert de J.M.G. Le Clézio,

Joël Arlin, juin 2006 Pour revenir à la séquence pédagogique, cliquer ici. LA VOIE SOUFIE, SES CARACTERISTIQUES 1 - POINT DE DEPART Les maîtres soufis insistent d'abord sur l'importance de la pratique des cinq piliers de l'Islam que nous avons rappelés dans la première séance. Le point de départ de l'itinéraire soufi, de la voie est la compréhension en profondeur de la première partie de la shahâdah : « iI n'est de Dieu qu'Allah ». Dieu se révèle la seule réalité transcendant les apparences et les contingences. En définitive, seul Dieu est véritablement, il est le réel absolu, la seule vraie réalité qui soit digne de nous occuper. « Tout périt sauf son visage » dit le Coran. « Quel que soit le côté vers lequel vous vous tourniez, là est la face de Dieu » dit encore le livre sacré. Cette reconnaissance de l'Etre divin comme seule réalité transcendante est fondamentale pour le soufi. En effet, pour celui-ci tout le créé n'existe, ne doit son existence qu'à l'Etre unique qui seul est en plénitude. Une fois cette reconnaissance posée, le « travail » du soufi va être de retrouver cette unité (Thawid) entre le créateur et la créature. La séparation n'existe pas de manière irrémédiable puisque nous avons soif de Dieu d'Allah, que « notre cœur est inquiet tant qu'il ne demeure en Dieu » (St Augustin, Les confessions, ch 1), tant qu'il n'a pas retrouvé cette unité première. REMARQUE Cette soif de dieu, la Bible en témoigne aussi : « Dieu, Tu es mon dieu, je Te cherche dès l'aube, mon âme a soif de Toi... » (Livre des psaumes, psaume 62) et « Comme languit une biche après l'eau vive, ainsi languit mon âme vers Toi, mon Dieu. » (Livre des psaumes, Psaume 41) C'est en lui-même que le soufi va rechercher l'essence divine, le véritable trésor, la perle de grand prix dont parle l'Evangile. Comme le dit Mahomet : « celui qui se connaît connaît son Seigneur ». Il s'agit de faire tomber le voile qui cache à notre propre cœur le secret de son mystère. Il s'agit d'une invitation au voyage depuis le monde fini vers l'Infini. L'homme est créé pour retrouver cette unité primordiale avec l'Etre divin. C'est aussi ce qu'a toujours développé la théologie mystique de l'Orient chrétien : « Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu. Il s'est fait ce que nous sommes pour que nous devenions ce qu'il est. » (St Irénée de Lyon) Mais bien sûr, l'incarnation est étrangère à l'Islam. 2 - PRATIQUES SOUFIES Celui qui veut devenir soufi doit être initié. Il va voir un maître (sheikh, pir). C'est lui qui va le conduire sur la voie, diriger la méditation, choisir les lectures, répondre progressivement aux questions du néophyte. Un lien très fort va unir le maître et le disciple. Une soumission absolue et une fidélité totale du disciple envers le maître sont requises. Celui-ci va faire pratiquer à son disciple le dzikr (= souvenir, mention, invocation, rappel, remémoration) ou prière perpétuelle du cœur. Elle consiste à invoquer et à se remémorer sans cesse Dieu, de façon à oublier tout ce qui n'est pas Lui.

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Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org – 2008 1/2

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Cette pratique va bien au-delà de la prière rituelle (Salât) et doit se poursuivre jusqu'à ce que le Nom divin prenne possession de celui qui l'invoque. Elle a pour effet de fortifier l'âme, de pénétrer le cœur. Le dzikr commence awec la langue et se termine avec le cœur. Cette pratique est justifiée par de nombreux versets du coran : « Souvenez-vous de Moi et Je me souviendrai de vous. » REMARQUE Cette méthode ressemble fort à celle des orthodoxes russes qu'on appelle la prière du cœur et qui consiste en la répétition de la parole évangélique : « Seigneur Jésus, fils du Dieu vivant, aie pitié de moi, pêcheur. » Comme on l'a dit plus haut, des liens ont existé et existent toujours entre soufis et chrétiens. Cet exercice se fait soit lors d'une retraite solitaire soit au cours de séances collectives. C'est le maître qui prescrit au disciple la récitation. Celle-ci peut prendre pour support : la Fatiha (Coran, 1ère sourate, 1ère séance) ou la litanie des 99 plus beaux noms de dieu ou la première partie de la shahâda : "La ilâha ill-Allah : il n'y a de dieu qu'Allah." Pendant les séances collectives, dans certaines confréries, on joue de la musique et on se met à danser. C'est le cas des Mewlewis, en Turquie, la confrérie des derviches tourneurs fondée par Jalâl al-dîn rûmi où la danse cosmique, le samâ se présente comme un office liturgique. Comme les planètes tournent autour du soleil, les derviches tourneurs tournent autour de leur maître. Le dzikr, dans d'autres confréries, est toujours en rapport avec la respiration (l'expir et l'inspir). En définitive, ce qui compte, c'est que par te dzikr, l'homme se sépare de toutes choses. II est ravi à lui-même (extase). L'invocation est un intermédiaire, elle est faite pour accéder à la vision du cœur. Ce qui reste, c'est l'un, l'unité entre Allah et sa créature. Les compléments indispensables du dzikr sont la méditation et la garde du cœur qui permettent de préparer ou de prolonger l'état créé par le dzikr. Le cheminement de l'initié doit se faire de façon progressive. Il y a plusieurs étapes pour se dépouiller, mourir à soi-même et accéder à cette seconde naissance dont parlait Jésus à Nicodème : « Comment puis-je renaître alors que je suis vieux ? » (Évangile selon St Jean, chapitre 3). La seconde naissance passe toujours par une mort à soi-même.

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Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org – 2008 2/2