un petit village briard, gretz-armainvilliers

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Page 1: Un petit village briard, Gretz-Armainvilliers
Page 2: Un petit village briard, Gretz-Armainvilliers

par

ANTOINE JOURDAIN

Editeur Société Historique de Villiers-sur-Marne et de la Brie Française

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Je désire remercier :

Le Ministère de la Culture Les Archives Nationales Les Archives départementales de Seine-et-Marne Les Archives municipales de Gretz-Armainvilliers La Bibliothèque Nationale La Bibliothèque Mazarine La Société Historique de Villiers-sur-Marne et de la Brie Française La République de Seine-et-Marne La Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites La Revue de l'Aviation Française ICARE Le Musée de l'air et de l'espace

Madame Taboulet, pour son autorisation de reproduire les documents de la seconde guerre mondiale, monsieur Vandenberghe, pour la description de l'église de Gretz, avec toute ma gratitude, Et ma reconnaissance toute particulière à Monsieur Roger Moreau et aux habitants de Gretz-Armainvilliers pour l'aide précieuse qu'ils m'ont apportée.

En couverture : le château Péreire en 1938

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Depuis plusieurs années, le goût de nos concitoyens pour le passé de leur cité incite des historiens à rédiger des monographies communales dont l'intérêt, pour une meil- leure connaissance des réalités sociales, culturelles ou économiques de notre Nation, est reconnu aujourd'hui indispensable.

M. Antoine Jourdain, après avoir écrit l'histoire de Tournan-en-Brie, se penche aujourd'hui sur Gretz-Armainvilliers, commune riche à la fois par son passé et par les perspectives actuelles de son développement.

C'est une étude dense et fournie qu'il livre au public. Non seulement parce qu'il reconstitue avec un soin particulier l'histoire des Briards qui ont fait, de siècle en siècle, le. tissu communal de Gretz-Armainvilliers mais aussi parce qu'il retrace avec bonheur cette particularité du passé gretzois: l'importance des grandes familles qui ont profon- dément marqué l'histoire de cette petite ville heureusement située au milieu d'un cadre de forêts.

On ne peut pas dissocier, en effet, l'histoire de Gretz-Armainvilliers de celle des grands domaines, possédés tantôt par des seigneurs de robe ou d'épé, tantôt par les représentants d'illustres familles du monde bancaire, qui s'y sont implantés. Au demeu- rant, l'histoire de ces domaines rejoint également l'histoire nationale lorsqu'il s'agit des Péreire qui contribuèrent largement à la transformation économique et à la réalisation des chemins de fer de notre pays sous le Second Empire, ou de Clément Ader, inventeur génial, qui fit voler pour la première fois au monde une machine plus lourde que l'air.

Il faut féliciter M. Antoine Jourdain pour la qualité de ses recherches documentaires et iconographiques. Briard d'ancienne extraction moi-même, j'ai été particulièrement sensible au soin avec lequel il a tenu à illustrer par une série de documents bien choisis le terroir et les activités des hommes et des femmes de Gretz-Armainvilliers, du moyen- âge au milieu de ce siècle.

Les habitants actuels de Gretz-Armainvilliers seront également heureux de retrouver quelques documents ou listes des personnalités, telle celle des Maires qui depuis 1793 dirigèrent leur commune.

Je souhaite un grand succès à ce bel ouvrage d'histoire locale qui vient de paraître à la veille des fêtes de Noël 1985: voilà l'occasion imprévue de donner à ses amis ou à soi-même le sujet de réflexion sur notre passé, sur notre petite patrie qui nous apprend à mieux aimer la grande, selon le mot d'un auteur célèbre.

Lorsque l'intérêt de sa lecture s'agrémente d'une heureuse illustration, le plaisir du lecteur se décuple. Je ne doute pas qu'il soit partagé par tous les amis de Gretz- Armainvilliers et du canton de Tournan-en-Brie. Puissent-ils demeurer attachés à défendre contre les nuisances tentaculaires de la banlieue, le charme discret et fraternel d'une cité briarde fière de son passé.

Monsieur Alain Vivien Député de Seine-et-Marne

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"La forme sociale et politique dans laquelle un peuple peut entrer et rester n'est pas livrée à son arbitraire mais déterminée par son caractère et son passé".

Hippolyte TAINE Les origines de la France contemporaine

Retracer l'histoire d'une ville s'avère être une tâche particulièrement intéressante et les éléments qui permettent de reconstituer le passé ne manquent pas: familles sei- gneuriales célèbres, fiefs, châteaux, événements importants. Gretz n'échappe pas à cette règle avec notamment les seigneurs tels que de Grez, Beringhen, les différents fiefs (Armainvilliers, Péreire, Vignolles, Maison-Rouge), la construction du chemin de fer dans la région et, bien entendu, l'envol de l'Eole de Clément Ader.

La plupart des textes sont illustrés de reproductions de cartes postales anciennes, peu connues et animées, parmi les 400 concernant Gretz pour la période de 1900 à 1930. L'histoire plus récente n'a pas été retracée car cela n'entrait pas dans le cadre du présent ouvrage. Cependant, quelques faits sont mentionnés.

J'ai suivi un itinéraire qui commence à l'ouest de Gretz, en passant ensuite par la gare, la rue de Paris, l'église et les fiefs environnants. Cette méthode a pour but de rendre la lecture de cè livre la plus agréable possible et présente, en quelque sorte, un défilé des différents aspects de la ville de Gretz, vu par les cartes postales.

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Une grande partie du territoire du département de Seine-et-Marne forme une région réputée par la richesse et l'importance de ses moissons. Il s'agit bien entendu de la Brie (briga en celtique, c'est-à-dire colline). Surnommée à juste titre "le grenier de Paris", cette contrée s'étend de la rive droite de la Seine à la rive gauche de la Marne. C'est un plateau parsemé de forêts et la physionomie de Gretz n'échappe pas à cette règle. Nous pouvons facilement nous rendre compte que la forêt d'Armainvilliers occupe au moins les trois cinquièmes de la commune, soit environ 2500 hectares, ce qui est loin d'être négligeable. Ce massif s'étend de l'est de Crécy jusqu'aux bois de Coubert et ceux de Ferrières. Nous verrons à la suite de notre récit, les divers morcellements de cet ensemble qui ont été effectués sous la Révolution. A la fin du siècle dernier, M. et Mme Péreire et M. le baron de Rothschild possédaient à eux seuls presque tous les bois compris entre Mortcerf et les bords du Grand-Morin jusqu'à Emerainville et Lagny. Les essences les plus communes de la forêt d'Armainvilliers sont le chêne, le bouleau, l'aune, l'érable et le frêne. Le sol de la région est principalement composé de calcaire, d'argile, de silice et de meulière.

54 - Gretz (S.-et-M.) - La Moisson - Scène champêtre

L'étang d'Armainvilliers avec une surface de 83 hectares, est la plus importante pièce d'eau de la région. Viennent ensuite les étangs de la Barrière-Noire et celui de Vincennes situé plus au nord. A la limite sud de la forêt, se trouve la ville de Gretz. Sa situation géographique se définit de la manière suivante, longitude Est 2°44, méridien de Greenwich, latitude Nord 48°44'30" altitude de 100 à 109 m. Le point culminant est l'endroit où se situe la gare S.N.C.F. (109,007 m) (01).

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Gretz, fait partie de l'arrondissement de Melun et du canton de Tournan. Les autres communes de ce canton sont, outre les deux villes déjà citées, Châtres, Favières, Courquetaine, Chaumes, Liverdy, Presles, Ozouer-le-Voulgis. La distance qui sépare Gretz de Paris est de 32 km, par la route, 39 km par le chemin de fer. Melun se trouve à 28 km. Sa surface couvre 1351 hectares et devint officiellement Gretz-Armainvilliers le 21 octobre 1950. Nous allons maintenant décrire les limites de notre commune: au nord, est située la ville de Pontcarré, à l'est celles de Favières et de Tournan, à l'ouest, celles de Chevry- Cossigny et d'Ozoir-la-Ferrière, au sud celle de Presles. Avant la Révolution, une partie de ces limites était dans la forêt d'Armainvilliers tandis que l'autre traversait l'étang dans son milieu pour passer ensuite par l'ancienne grille du domaine et se diriger en ligne droite vers Vignolles dont elle contournait le parc. Puis, elle atteignait le tracé du chemin de Brie jusqu'à la forêt. Ces limites n'ont guère changé dans leur ensemble pendant des siècles. Aujourd'hui, il faut bien sûr inclure toute la plaine de Maison-Rouge, Bois-Vignolles et le domaine Péreire. Il existe quelques cours d'eau dont les plus connus sont le rû de la Buronnerie (ou Beuronnerie), les sources du Réveillon, le rû des Monbarres.

Progression de la population 1669 : 400 1740 : 430 1826 : 450 1851 : 435 1866 : 533 1876 : 594 1881 : 642 1886 : 936 1891 : 915 1896 : 1072 1901 : 1077 1906 : 1124 1911 : 1162 1921 : 1287 1926 : 1545 1936 : 1925 1946 : 2021 1954 : 2265 1956 : 2517 1962 : 3119 1968 : 4559 1970 : 5104 1972 : 6025 1975 : 7127

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Quatre cents ans avant J.C., les tribus des Meldi, voisins des Parisii, des Sénons et des Vadicaces, occupaient un vaste territoire dont les contours restent encore mal définis de nos jours. Selon les archives, les Meldes ou Meldi, étaient le peuple de la Gaule belgique entre les Parisii à l'ouest (du celtique Pas-ri, gens du passage de la rivière), et les Sénons à l'est (02). Leur capitale aurait été Janitum ou Meldi, aujourd'hui la ville de Meaux. Les Vadicaces ou Viducasses habitaient le pays nommé depuis Valois et ils s'installèrent ensuite vers la région qui constitue maintenant le Calvados. Les Sénons formaient le peuple gaulois de la Celtique et étaient sans doute les alliés des Parisii au temps de César. Leur territoire comprenait la totalité ou une partie du département de Seine-et- Marne, mais aussi l'Yonne, la Côte d'Or et la Marne, avec pour villes principales, Condate (Montereau), Melodunum (Melun), Corabilium (Corbeil), Autissiodurum (Auxerre), Agendicum (Sens). Quelques chefs des Sénons auraient envahi l'Italie, occupé la côte de l'Adriatique, entre Ancône et Ravenne, fondé Sena Gallica (Siniga- glia), battu les Romains à l'Allia en 390, et pris Rome pendant plusieurs mois. Ils furent vaincus à leur tour avec les Etrusques et les Samnites par le consul Dolabella, gendre de Cicéron. Les Sénons et les Parisii prirent certainement part au soulèvement de Vercingétorix, mais ils furent vite soumis par les armes romaines. Dans les commentaires de César, Melun ou Melodunum, est désignée comme étant une place forte ou oppidum des Sénons. Pendant l'occupation romaine, notre département actuel eut à subir les ravages de Labiénus Titus, chevallier romain tristement célèbre et lieutenant de César. Il avait en effet la réputation d'un pillard et combattit Camulogène, le chef des Sénons, avant de le tuer en 53 av. J.C. dans une bataille livrée sur le terrain qui forme aujourd'hui la plaine d'Issy et de Vaugirard.

A cette époque, les petites provinces du Gâtinais et de la Brie faisaient partie de la quatrième province lyonnaise (03). Les historiens sont presque unanimes pour affirmer que le christianisme a été prêché au troisième siècle dans la vallée de la Seine et de la Marne par St-Saintain puis, par St-Savinien, l'apôtre des Sénons.

Ces derniers étaient encore compris dans la quatrième province lyonnaise avec les Meldi, quand Clovis s'empara des territoires du Gâtinais et de la Brie. Les provinces de Meaux et de Melun furent les premières à se soumettre à la domination de Clovis après sa victoire de Soissons sur le dernier général romain Syagrius. Celui-ci gouverna le territoire de la Gaule de 464 à 486 et fut condamné à la suite de sa défaite.

A la mort du roi des Francs, le village de Gretz et tous les territoires environnants ont été partagés entre ses fils. Il semblerait que l'actuelle Brie faisait partie de la Neustrie qui, selon les cartes, servait à désigner la Gaulle occidentale. Ses frontières à l'est se seraient arrêtées près de Reims et la forêt des Ardennes, et la tribu des Francks Saliens s'y est peut-être installée. Toutefois, ce royaume appartenait certainement, en 561, à Chilpé- ric I qui mourut assassiné près de sa villa de Chelles en 584.

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Au contraire, des auteurs s'accordent à penser que notre région dépendait de l'Austra- sie, qui veut dire royaume de l'Est. Il comprenait les pays situés entre l'Escaut et le Rhin et s'étendait à peu près de la Brie ou de la Champagne actuelle jusqu'au duché de Bavières. La capitale était Metz et le premier roi, Thierry 1 fils de Clovis. A la suite de plusieurs rivalités familiales, ce territoire devint partie intégrante du domaine royal en 752. Au milieu du IX siècle, la Brie française fut pillée de fond en comble par les Normands, notamment après le siège de Paris en 861. Lorsque Hugues Capet accèda au pouvoir en 987, il dut aliéner la moitié de notre province qui appartenait au duché de France. Ainsi, les comtes de Vermandois reçurent les comtés de Meaux et de Provins, mais celui de Melun resta seul dans le domaine royal. Avant de poursuivre notre parcours historique, il faut revenir sur la période du christia- nisme. En effet, ce fut surtout à partir du IV siècle que la ferveur religieuse multiplia les monastères. Les saints étaient nombreux et parmi eux figuraient, selon Dom Bouquet, les enfants de Chagnéric (04). Celui-ci possédait de vastes domaines et occupait la charge de dignitaire de la cour de Théodebert II d'Austrasie. Sa fille devint Sainte-Fare ou Burgundofara (ce nom désigne une haute noblesse d'origine bourguignonne), et son fils, Saint-Faron, futur évêque de Meaux (faron ou fara signifie génération dans la loi des Lombards). Leurs terres, toujours d'après Dom Bouquet, se seraient étendues jusqu'à Champeaux, en passant par Tournan et Faremoutiers dont l'abbaye de Saint-Benoît fut fondée par Sainte-Fare en 617 (Faremoutiers, alias Eboriac, Evoriacum, Eboroac qui veut dire cours d'eau) (05). La vie de Sainte-Fare reste encore méconnue de nos jours. Seul son testament, dont voici un extrait, peut être consulté aux Archives nationales. "... la cinquième année du très-glorieux roi Dabogert I , la septième des calendes de novembre (premier jour du mois romain), moi Burgonde-Fare, renonçant à la malice et grandeur du siècle, ayant fait bâtir au nom du Seigneur et pour l'amour de Jésus-Christ, et pour la rémission de mes pêchés sous le titre de religion, le monastère d'Eboriac pour y faire ma résidence et y attendre l'heure de ma mort et le jour du jugement, j'ai voulu écrire et confirmer sous le titre de mon testament, tout ce qui a été donné au dit lieu pour servir à celles qui présentement servent, et à celles qui au temps à venir serviront Dieux dans le dit monastère". Les célèbres "Chroniqueurs français de Saint-Denis" dont l'abbé Hilduin vers 820, laissent supposer que les terres de Tournan appartenaient peut-être aux ancêtres de Sainte-Fare. Après les invasions des Normands au IX siècle, les évêques de Paris réparèrent le monastère de Tournan dont il ne restait que des ruines. C'est pouquoi, Guy de Vitry, seigneur de Tournan et sa femme, Hadvise ou Havise, donnèrent à Wulférius, abbé de Saint-Maur ainsi qu'à sa communauté, l'église de Saint-Denis de Tournan. Le village de Gretz aurait appartenu à l'abbaye de Saint-Denis en France qui l'échangea, sous Louis-le Débonnaire, contre des biens situés à Messy, appartenant à Théodoarius. Il fit des engagements aux chanoines de Saint-Thomas du Louvre, mais nous en ignorons l'époque exacte. En 1219, Gretz passa entre les mains des chanoines réguliers de l'abbaye de Livry qui jouissaient déjà de dîmes dans la région avec le prieuré de Saint-Martin des Champs (06). L'abbaye de Livry donna en aumône sur ces dîmes, quatre septiers tant en bled qu'en avoine à l'abbaye d'Hermières, deux septiers à la léproserie de Tournan et un septier à l'église des Hermites du Cormier (07). En 1223, l'abbaye de Livry convenait, par un traité passé avec Radulphe, abbé de Saint-Maur, la donation de plusieurs biens au prieur de Tournan. Si l'on se réfère aux plus anciens documents, les domaines des moines bénédictins de Saint-Maur étaient immenses dans notre région au XIII siècle. Ils percevaient principalement des dîmes à Favières et à Gretz, et cet impôt en nature, consistait surtout en une portion des fruits de la terre et des troupeaux. Il variait de province à province quant à son importance, mais à cette époque, il s'agissait de "dîmes

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réelles" qui étaient levées sur les récoltes, et parfois de "dîmes grosses" qui concernaient les produits de la culture, comme par exemple, les vins dans les pays vignobles (ce fut le cas pour le fief de Vignolles), et les céréales dans les pays de labour (pour le fief d'Armainvilliers). L'abbaye de Saint-Maur a été réunie en 1662 à l'archevêché de Paris par Hardouin de Beaumont de Péréfixe qui était le précepteur de Louis XIV en 1644, évêque de Rodez en 1648, puis membre de l'Académie française en 1654 (08). L'origine du nom Gretz demeure incertaine faute de preuves historiques. Ce village existait dès le IX siècle comme un hameau dépendant de la paroisse de Tournan. Gretz s'appelait autrefois Graium, "in pago Parisiaco, in villa que dicitur Gressus" (820, Arch. nat.), Gres (1182, Arch. nat.), Grez, Gressium (1209), Gresseium in Bria (1280 à. Meaux), Gres-en-Brie (1289, Arch. nat.), Gres en Brye (1466, Bibl. nat.) G resum (qui désignait un terrain rocailleux à l'époque gallo-romaine). D'une manière générale, Gres ou Grez sont indifféremment mentionnés dans les archives. Il est possible que le nom du chevalier Jehan de Grez soit à l'origine de celui du village de Gretz, à défaut de certitude. De plus, il n'existe pas de carrière de grès dans la région (09). Au XIII siècle, un grès se disait gressus ou-gressis dans les écritures latines. Le nom de Grez était très répandu à cette époque, et, exceptée une célèbre épitaphe datant de l'an 1261 avec l'inscription "De Gressu", les autres noms pour désigner Gretz consistaient surtout en appellations de Grez ou, plus rarement, Greetz. D'après certains auteurs, dont le plus connu est l'abbé Lebœuf, l'origine de ces noms pourrait remonter au XI siècle, mais rien n'est définitivement établi dans ce domaine. Seuls Guillaume de Nangis et l'auteur de la continuation des églises des évêques d'Auxerre ont employé l'expres- sion latine Gresseium ou Gressium dans les écrits (10). Selon une autre version, Gretz viendrait du latin Grimbus. Toutefois, l'orthographe actuelle du nom Gretz n'apparut qu'en 1690 (11). D'autres noms ont été mentionnés tout à tour, tels, par exemple, Greez, Grest, Graist, Grezt. Il y aura enfin Gres-en-Brie ou Gretz-en-Brie jusqu'en 1784 environ. C'est la Révolution qui "officialisera" le nom Gretz.

En 1192, Anselme II de Garlande, seigneur de Tournan accorda aux prieurés de Gretz, le droit d'établir des écoles. Mais, l'histoire de Gretz commence en 1210 car le premier acte connu qui mentionne le seigneur de ce village, Béatrix de Grez, date de cette époque. Dans ce document, les prieutés lui reconnaissaient le droit et l'autorité de prélever toutes les dîmes et rentes des bois et forêts de Grez, pouvoir très relatif car subordonné au contrôle des chanoines réguliers de l'abbaye de Livry. Béatrix eut un fils, Barthélémy de Grez, qui épousa dame Havis ou Hawide (inhumée vers 1230), et devint chevalier puis seigneur de Nesles-en-Brie. De cette union, naquirent dix enfants qui étaient représentés avec leur mère sur une tombe dans le chœur de l'église du prieuré de Tournan. Plusieurs d'entre eux furent les seigneurs de Gretz et la notoriété de cette famille permit au village d'être érigé en paroisse au mois de janvier 1239 (12). Guillaume de Grez: chevalier, évêque de Beauvais en 1249 et pair de France, mort le 22 février 1266 (13); Henri de Grez: archidiacre de Blois puis évêque de Chartres; Adam, Henri, Hugues de Grez: chevaliers et seigneurs de Gretz. A l'origine, il fallait, pour devenir chevalier, être noble de plusieurs générations et avoir servi, depuis l'âge de 7 ans, comme page dans le château d'un seigneur qu'on servait à table, qu'on suivait à la chasse, aux tournois et sous les yeux duquel on se formait au maniement des armes et aux vertus chevaleresques. A 14 ans, mis hors de page, il devenait écuyer. Alors il avait le soin des armes et des chevaux et suivait le seigneur en voyage ou à la guerre. A 21 ans, il pouvait être armé chevalier. Après le bain, symbole de purification, on le revêtait tour à tour d'une tunique blanche, signe de pureté, d'une robe rouge, symbole du sang qu'il était tenu de répandre pour la foi, et d'un justaucorps noir, image de la mort qui l'attendait. Il observait un jeûne et passait la veillée des armes en prières à l'église ou à la chapelle. Le jour de la cérémonie, il entendait une messe du St-Esprit et ordinairement un sermon sur les devoirs des chevaliers. Le prêtre bénissait

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38 A. Hugues : Les routes de Seine-et-Marne avant 1789 39 G. Cheverry : Bulletin Officiel Municipal de Tournan-en-

Brie et de Gretz, 1963, p. 29 - 32 40 E. Jean : op cit 41 A. Péreire : Je suis dilettante, 1955 42 G. Husson : Le chemin de fer de Meaux à Melun, 1891,

A.Z. 1126 (Arch. Départ.) 43 Manuscrit des Archives Départementales de S. et M. 44 Fontaine : Notice historique 45 A. Vielle : Terre de patrie. Bulletin municipal de Gretz-

Armainvilliers, 1963, p. 26 - 27 46 Michelin : Notice historique sur le département de S. et M. 47 Th. Lhui ier : Almanach historique de S. et M., 1906, p. 139 48 F. Loriot : op cit 49 F. Loriot : op cit 50 Manuscrit des Archives Départementales de S. et M. 51 Th. Lhuillier : op cit 52 Lebeuf : op cit 53 F. Loriot : op cit 54 Th. Lhuillier : op cit 55 Michelin : op cit 56 Th. Lhuillier : Notice historique, Meaux, 1907 57 Chan. Müller : Eglise de Gretz, 1911, Brie et Gâtinais, p. 128 58 Th. Lhuillier : op cit 59 Guilhermy : Les inscriptions de la France, T 4, p. 377 60 Guilhermy : Les inscriptions de la France, T 4, p. 380 61 P. Noël : Les cloches du canton de Tournan-en-Brie, 1968,

Société d'Histoire et d'Art du Diocèse de Meaux 62 Manuscrit des Archives Départementales de S. et M. 63 J. Bellanger : Les poètes de la Voulzie, Brie et Gâtinais,

1911, p. 237 64 G. Cheverry » Du blason de Gretz-Armainvilliers à l'origine de

ce nom; Bulletin municipal de Gretz, octobre 1976, p. 16 65 Manuscrit des Archives Départementales de S. et M. 66 J. Dulaure : op oit 67 Michelin : op cit 68 Manuscrit des Archives Départementales de S. et M. 69 A. Chaffanjon : Napoléon et l'univers impérial, Ed. Serg, 1969,

p. 325 70 Brie et Gâtinais, 1911

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