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N°71 JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013 ign.fr DOSSIER ZOOM UN NOUVEAU REGARD SUR LA TERRE PLÉIADES, SPOT 6 ET LES FUTURS SATELLITES SENTINEL CHANGENT LA DONNE. COMMENT L’IGN ET LES POMPIERS AUVERGNATS METTENT EN COMMUN LEURS INFORMATIONS

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N°71 JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013 ign.fr

DOSSIER

ZOOM

UN NOUVEAU REGARD SUR LA TERREPLÉIADES, SPOT 6 ET LES FUTURS SATELLITES SENTINEL CHANGENT LA DONNE.

COMMENT L’IGN ET LES POMPIERS AUVERGNATS METTENT EN COMMUN LEURS INFORMATIONS

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AU SOMMAIRE DU NUMÉRO 71 JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013

2 / IGN MAGAZINE JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013

TRIMESTRIEL DE L’INSTITUTNATIONAL DE L’INFORMATIONGÉOGRAPHIQUE ET FORESTIÈRE

Direction générale et siège social73, avenue de Paris, 94 160 Saint-Mandé.Tél. : 01 43 98 80 00.ISSN : 1624-9305.

Directeur de la publication Pascal Berteaud.Directrice de la rédaction Véronique Lehideux.Rédacteur en chef Philippe Truquin.Rédacteur en chef adjoint Jean-Marc Bornarel.Comité de rédactionE. Aracheloff, M. Bacchus, B. Bèzes, C. Cecconi,J.-E. David, X. Della Chiesa, M. Morand, J. Peron,J.-M. Viglino.Ont participé à ce numéroGeneviève de Lacour,Marc Provot, Alain Puiseux.Conception éditoriale et graphiqueAgence Cinquième Colonne,tél. : 04 73 87 15 27www.agencecinquiemecolonne.com

CouvertureAstrium

ImpressionIGN

Dépôt légal JUILLET 2013

L’Auvergne estnumérique. Première

région couverte à 100 % par lehaut débit, elle se prépareactivement, dès aujourd’hui, àdevenir une région à très hautdébit, ouverte, toujours à lapointe en matière detechnologies de l’informationet de la communication. Auniveau des usages, desinitiatives innovantes sontnées en Auvergne, dans lesdomaines de la santé, desloisirs ou de l’économie, et laRégion s’est dotée depuis le1erjuillet d’un portail opendata afin de s’engager dansune démarche de libérationde ses données publiques.Je suis donc particulièrementheureux que le partage desinformations géographiqueset leur mise à jour en bonneintelligence entre les quatreservices départementauxd’incendie et de secoursauvergnats, l’Institut nationalde l’informationgéographique et forestière(IGN) et le Centre régionalauvergnat de l’informationgéographique (Craig) puissent

suivre le même cheminconstructif d’échanges dedonnées, dans l’intérêt detous.Grâce aux partenariats entreces structures, tout le mondeest en effet gagnant. Lessapeurs-pompiers peuventexercer leurs missions en sefiant à des bases de donnéesrégulièrement mises à jour, eteux-mêmes, quand ilsconstatent sur le terrain deschangements, peuvent eninformer rapidement l’IGN etle Craig et faire remonter lescréations ou modifications devoies, de manière qu’ellessoient mises à jour dans lesplus brefs délais dans lesbases de données nationales.Par des conventions de cetype, nous œuvrons àl’amélioration d’outils degéolocalisation, de cartogra-phie, au perfectionnementd’outils utiles à tous. LaRégion est heureuse que despartenariats aussi efficaces etpertinents aient pu naître enAuvergne : c’est ainsi quenous pouvons avancer dans lebon sens de la marche.

ACTUALITÉ ÉDITORIALAGENDA

LES NOUVELLES TECHNOLOGIESAU SERVICE DE TOUS»

L’éditorial de…René SouchonPrésidentdu groupementd’intérêt public Craig,

Présidentde la Région Auvergne

Ancien ministre

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Précurseur. Vue d’artiste de Sentinel-1, composante spatiale du programme européen Copernicus (ex-GMES).

LES NOUVEAUXSATELLITESPlus rapides, plus précis, plus accessibles, les nouveaux satellites d’observation vont changer notre regard sur la Terre.

DOSSIER 8-18

AOÛTDU 25 AU 30Dresde (Allemagne)26e conférence internationalede cartographie

DU 26 AU 30 ForcalquierL’École nationale des sciencesgéographiques (ENSG) reconduit l’écoled’été «La photogrammétrie au servicedes archéologues et des architectes».

SEPTEMBRE14 ET 15Les 30es journées européennes du patrimoine auront pour thème« 1913-2013, cent ans de protection ».

LE 15 MarseilleVisites du marégraphe de Marseille,(inscriptions à l’office de tourisme).

DU 17 AU 20 ChambéryAu centre de congrès Le Manège,colloque « Naturalité, vers une autreculture des eaux et des forêts ».

DU 23 AU 27 NancyÀ l’occasion des vingt ans de l’Instituteuropéen des forêts (EFI), semaine dela recherche et de la gestion forestière.

LE 25 DunkerqueRencontres des services départemen-taux d’incendie et de secours.

OCTOBREDU 2 AU 3 Versailles (Yvelines)Conférence francophone Esri.

DU 3 AU 6Saint-Dié-des-Vosges (Vosges)La 24e édition du festival internationalde géographie a pour thème « La Chine, une puissance mondiale ».

LE 15Ouverture du concours Géoportail.

DU 16 AU 19Place Carrée, Forum des Halles, Paris1er. L’IGN participe à l’opération« Sciences au carré (e) ».

ESA, P. CARRIL, 2007

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JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 3

EN POINTE

L'IGN et le Muséum national d'Histoirenaturelle pédalent pour la biodiversité

> POUR TÉLÉCHARGER GRATUITEMENT IGN MAGAZINE, RENDEZ-VOUS SUR IGN.FR> POUR TÉLÉCHARGER GRATUITEMENT IGN MAGAZINE, RENDEZ-VOUS SUR IGN.FR

ACTUS 3-7

Retrouvez sur Internet les journées de la recherchede l’IGN

L’expo «Vues d’en haut»fait vivre notre rêve d’IcareL’IGN à l’écoute des gestionnaires de réseaux

ZOOM 26-29

Gagnant-gagnantL’IGN et les pompiersd’Auvergne mettenten commun leurs informa-tions. Et tous bénéficient de données plus fraîches.

QUESTIONS,RÉPONSES 19Posez vos questionssur ign.fr

GÉOPORTAIL24-25 Des échanges à l’échelle européenne

CARTES SUR TABLE 30

Pierre de VallombreuseLes racinesde la passion des autres

DR

E. LANDRY / SDIS 63

FORÊTS20-21 Statistiquesforestières transfrontalières.

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ENSG22-23 À la découverte de la vallée des Merveilles

Échappées bellesL’aigle royal pour l’étape19, le chamois pour la 20. Et un escargotpour l’arrivée place de l’Étoile…

� On connaissait «l'aigle de Tolède» —le grimpeur es-pagnol Federico Bahamontes—, qui survola les étapesde montagne du Tour dans les années 50 et 60 et rem-porta l'édition 1959… Histoires cyclistes et naturelles,suite : le 100e Tour de France, qui s'est couru du 29 juinau 21 juillet derniers, a donné l’occasion au Muséum na-tional d'Histoire naturelle (MNHN) de montrer toutela richesse de la biodiversité métropolitaine. 21 espèces animales ou végétales, dont l'aigle royal, lebouquetin ou le lézard ocellé, ont ainsi été associées aux21 étapes de la course dans une carte au 1 : 1400000élaborée par l'IGN, dans 21 spots télévisés diffusés surFrance Télévision durant le Tour, et dans l’exposition«Tour de France de la biodiversité» qui se tientjusqu'au 7 octobre 2013 à la grande galerie de l’évolu-tion du MNHN, à Paris.La carte sera distribuée aux visiteurs de l'exposition. Elle

reprend bien sûr les étapes du Tour 2013, sur fond deréseau routier, et y associe les fiches descriptives des 21espèces rares et en danger. Elle affiche en outre les parcsnationaux, les réserves naturelles, les parcs de protec-tion du biotope et les Znieff (les zones naturelles d'in-térêt écologique, faunistique et floristique) de France.L'opération est organisée à l'occasion du dixième an-niversaire de l’Inventaire national du patrimoine na-turel (INPN). Les informations relatives au patri-moine naturel sont également disponibles sur le Géo-portail, le portail des territoires et des citoyens. mnhn.fr, inpn.mnhn.fr, ign.fr et geoportail.gouv.fr

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REMONTER LA MARNE� Remonter à pied la Marne depuissa confluence avec la Seine jusqu’à la sourceest une odyssée à travers les odeurs,et des paysages encore intacts traversés parune étrange lumière, la rambleur. Villages auxdevantures vides, églises fermées, communesdémeublées mais nullement moribondes,cette France inconnue se découvre pas à pas.Seule la marche permet un rapport profondau temps, au silence, aux rencontres.Une géographie imprévue se dessine.L’aventureuse histoire de notre pays, richeen coups de théâtre, s’y révèle à la lumièredu présent. Vulnérable, la Marne est depuistoujours la rivière du sursaut. L’auteury a découvert la France des conjurateurs,

ces indociles qui résistent à la maussaderie des temps présentset conjurent les esprits maléfiques d’aujourd’hui.Par Jean-Paul Kauffmann. Editions Fayard, prix 19,50 €

4 / IGN MAGAZINE JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013

� Les 7es rencontres des Dyna-miques régionales en informa-tion géographique organiséesconjointement par l’Associationfrançaise pour l’information géo-graphique (Afigéo) et la plate-forme d’information géogra-phique mutualisée en Aquitaine(Pigma), se sont déroulées à Bor-deaux les 4 et 5 avril. Le groupe-ment d’intérêt public ATGéRI(aménagement du territoire etgestion des risques) et l’IGN y ontsigné un protocole d’accord surla mise à jour des données rela-tives à l’adresse et leur intégra-tion dans le référentiel géogra-phique à grande échelle (RGE®).Sur la base d’un service gratuitd’échanges d’informations par-

tagées en région Aquitaine, lespartenaires publics de la plate-forme Pigma peuvent désor-mais transmettre facilement etdirectement à l’IGN la mise àjour des adresses de leur terri-toire de compétence. L’IGN enretour s’engage à les analyser,les traiter et les intégrer dans leRGE®. « Ce partenariat surl’adresse entre une plateformerégionale et l’IGN est une pre-mière en France», se félicite Pas-cal Berteaud, directeur généralde l’IGN. Ce dispositif impliquedeux communautés d’agglomé-rations, trois communautés decommunes et deux communes,soit 122 communes abritant en-viron 215 000 habitants.

En Aquitaine,un partenariat précurseursur la gestion des adresses

CARTES ET CD OACI, AU BONHEUR DES PILOTESLE CONTEXTE Les cartes de l’Organisation de l’aviation civileinternationale (OACI) éditées par l’IGN sont conçues pour le volà vue, à partir des informations aéronautiques fourniespar la direction générale de l’aviation civile (DGAC).Elles sont actualisées chaque année.

LA NOUVEAUTÉ L’édition 2013 comporte une nouveautéimportante : un relèvement du plafond de couverturede l’espace aérien porté à 11 500 pieds (3 505 m), pour5 000 pieds (1 524 m) auparavant. Ce relèvement, indiquépar la mention « Espace aérien couvert : SFC-FL-115 »sur la couverture, a impliqué l’ajout d’un nombre conséquentde zones de survol entraînant un traitement graphique

approprié de l’information.

LES VERSIONS Ces cartes se déclinent sur différents supports :en quatre cartes version papier couvrant chacune un quartde la France (nord-ouest, nord-est, sud-est, sud-ouest),ces mêmes cartes sur support plastifié, et enfin une versionnumérique qui réunit les quatre cartes sur CD-ROM.Prix de la carte papier OACI : 19,90 €. Prix de la carte plastifiée OACI :26,50 €. Prix du CD-ROM : 78 €

SCAN EXPRESSLE CONCEPT SCAN Express est une cartographie quasiautomatique produite à partir des bases de données de l’IGN,idéale pour localiser les données métier.

LES ATOUTS Un fond topographique actualisé et compatibleavec le référentiel à grande échelle (RGE)

LES VERSIONS SCAN Express est décliné en deux versions.Une version « classique » destinée aux utilisateurs du SCAN25® et une version « standard » adaptée aux usages écran.

PYRAMIDE «PLAN IGN»LE CONCEPT Pyramide «Plan IGN», ensemble de fonds de plans multiéchelles extrêmement lisibles, est la référence cartographique pourles applications courantes, idéale pour mettre en valeur ses propresdonnées géolocalisées.

LES ATOUTS Pyramide «Plan IGN» est disponible via les API duGéoportail et est gratuit pour les applications destinées au grandpublic comme pour tout usage relevant de mission de service public.Prix : http://professionnels.ign.fr/sites/default/files/Bareme %20des %20licences_10juin2013 %20- %20WEB.pdf

EN BIBLIOTHÈQUE

ACTUALITÉ PROSPECTIVE

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NOUVEAUTÉS CARTOGRAPHIQUES BU

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Échanges d’informations Pascal Berteaud, directeur général del’IGN (à gauche) et Bruno Lafon, président du GIP ATGéRi (à droite).

� Le 11 avril 2013, lors de la cé-rémonie organisée par l’Euro-pean Geoscience Union (EGU) àl’Austria Center de Vienne (Au-triche), Zuheir Altamimi, directeur de recherche au labo-ratoire de recherche en géodé-sie de l'IGN (Lareg), s’est vu décerner la médaille VenningMeinesz 2013 pour ses travauxsur le développement et l’amé-lioration continue du repère deréférence terrestre international

(International Terrestrial Refe-rence Frame, ITRF) et sescontributions majeures à la re-cherche en géodésie spatiale.L’ITRF (lire en pages 14 et 15)est indispensable aux applica-tions relatives aux sciences de laTerre ainsi qu’à la navigationpar satellite. Les publications deZuheir Altamimi et de ses co-auteurs du laboratoire surl’ITRF sont parmi les articles lesplus cités en géodésie spatiale.

Une nouvelle distinctionpour Zuheir Altamimi

DR

Médaille Venning MeineszZuheir Altamimi reçoit cette prestigieuse distinction.

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JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 5

POINTSDE REPERES

«Cartographie :la révolutionnumérique»

La géographieest bouleverséede fond en comblepar les nouvellestechnologies.

Entre l'IGN, Google etles initiatives de cartographieparticipative, trois grandsmodèles émergent pourproposer des cartesqui empilent des couchesvirtuelles d'informations.[…] L'lnstitut géographiquenational, devenu en janvierl’Institut nationalde l'information géographiqueet forestière (au sigleinchangé, IGN), est en trainde redessiner la cartede France au 25 000, l'échellela plus familière auxrandonneurs, et commenceà libérer ses données,au moins pour les collectivitéslocales et le mondeacadémique. La cartographied'aujourd'hui n'est pluscelle d'hier. Les cartes ne sonten fait même plus des cartes !Ce sont des basesde données, c’est-à-diredes ensembles de points,d'objets, de noms… quià la demande, se transformenten carte particulière,à l'apparence différenteselon les besoins. […]« La valeur de la donnéecartographique brute baisse.Nous devons maintenantapporter de la valeur ajoutéepar des contenus, descroisements de données… touten préservant notre capacitéà décrire le territoire.C'est un changement majeurpour l'IGN », explique PascalBerteaud, directeur généralde l'institut.Trois modèles […] contribuentà ces transformations : lesystème public, le commercialet le collaboratif.Honneur au fleuron nationalde la cartographie, l’IGN.Ici, à coups de technologie,d’informatique et de savoir-faire humains, on visel’excellence : précision,exhaustivité pour le territoirenational et fraîcheurde l’information […]Afin d’accélérer la disponibilitéde son travail, l’IGN lanceraà partir de juillet un servicegratuit (mais avec optionpayante), Scan Express,à destination des autoritéspubliques. […]

DAVID LAROUSSERIE,LE MONDE

MERCREDI 8 MAI 2013

� Les journées de la rechercheIGN, édition 2013, se sont tenuesà l’ENSG, à Champs-sur-Marne,les 24 et 25 avril. Elles ont réuniplus de 150 chercheurs, étu-diants, partenaires, instituts ho-mologues, industriels ou jour-nalistes spécialisés.Les présentations scientifiquesont eu lieu en séance plénière oulors des «sessions posters» met-tant à l’honneur les travaux desdoctorants et des élèves.La première journée a été consa-crée aux travaux sur la ville du-rable, aux projets collaboratifsTerraMobilita, iSpace&Time et e-PLU ainsi qu’aux travaux surl’acquisition et le traitement dedonnées images et lidar. Le len-demain, les laboratoires ont faitun point sur les recherches surla localisation absolue et relativepar géodésie spatiale, sur la dé-termination des repères de ré-

férence, et les contributions de lagéodésie et de la gravimétrie spa-tiale aux sciences de la Terre. Lestravaux menés en cartographieet en géomatique dans l’aména-

gement, la santé ou l’histoire ont clos cette édition.

Retrouvez les présentations surhttp://recherche.ign.fr/jr13.htmDécouvrez les laboratoires de l’IGN: http://recherche.ign.fr/

Retrouvez sur Internetles journées de la recherche IGN

IGN

� «En quoi consiste votre mé-tier ? Quel cursus avez-voussuivi? À quoi ressemblent vosjournées ? À quelles sciencesfaites-vous appel?» C'était le 4avril dernier, au lycée parisienJean-Zay, dans le 16e arrondisse-men. Des ingénieurs et des cher-cheurs travaillant dans les mé-tiers du développement durabley répondaient, en trois minutess'il vous plaît, aux questions deslycéens. Parmi eux, deux repré-

sentantes de l'IGN. De petitsgroupes d’élèves se sont ensuiteformés autour des chercheurs,des ingénieurs, des thésards oudes techniciens afin d’approfon-dir en une quinzaine de minutesles sujets abordés. Le dialogue en-gagé a permis aux élèves deconstater que les métiers de lascience sont accessibles, et capi-taux lorsqu'il s'agit de traiter lesquestions de santé, de climat oud'énergie. Cet exercice de speed

dating a été une réussite et res-senti par les lycéens comme unencouragement désintéressé àdécouvrir ou à se tourner vers lesmétiers scientifiques. Cette actionde communication, organiséedans le cadre de la semaine dudéveloppement durable, a étéremarquée par le ministère del’écologie, du développement du-rable et de l’énergie (MEDDE), etsera classée parmi les actions«coup de cœur».

Trois minutes pour découvrirles métiers de la science

Terra mobilitaPrésentation du projet de navigation immersive 3D.

Speed datingConversations à bâtons rompus.

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6 / IGN MAGAZINE JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013

ACTUALITÉ PROSPECTIVE

� Après avoir reçu les auditeursde la Commission des titresd’ingénieur (CTI) le 12 décembredernier, l’école de la géomatiques’est vu renouveler son habilita-tion à délivrer le diplôme d’in-génieur lors de l’assembléeplénière de la commission du9avril. Le rapport de la CTI sou-ligne la «haute qualité» de la

formation, met en avant la placeque la géomatique occupe dansla société, et relève l’importanttravail mené par l'école surl’évolution du cycle d'ingénieur.Dès la rentrée 2013, les élèvessuivront à nouveau leur pre-mière année à Marne-la-Valléeet pourront ainsi découvrir lesfondamentaux de la géoma-

tique. Par ailleurs, l'école a misen place un partenariat avec desécoles sous tutelle des minis-tères de l'écologie et de l'agri-culture (ENGEES, ENM,ENTPE et AgroSupDijon) afind'intégrer la géomatique dansles coopérations pédagogiquesqui porteront sur les probléma-tiques du territoire.

L'ENSG félicitée pour la qualité de ses formationsE

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PôleLe grand hall communà l’ENSG et à l’ENPC,à Champs-sur-Marne.

Côté jardinFaçade de l’ENSG et de l’ENPC.

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JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 7

� De nombreux gestionnaires deréseaux ont répondu le 30 mai àl’invitation de l’IGN, qui organi-sait une matinée d’échanges in-titulée «Quelle information géo-graphique pour des réseaux in-telligents ?».À l’heure du déploiement des ré-seaux dits «intelligents», de l’ex-tension des couvertures et desusages dans le domaine des té-lécommunications, ou encore dela préservation de la ressource en

eau, l’IGN souhaitait faire lepoint sur l’évolution des besoinsdes professionnels dans ce sec-teur. Après une série de témoi-gnages (Ineris, GRTgaz, EsriFrance), des ateliers sectorielscouvrant les thématiques énergie,eau-assainissement et télécom-munications ont permis aux ges-tionnaires de réseaux d’expri-mer leurs attentes spécifiques.Toutes les vidéos des interventions surhttp://www.ign.fr/institut/actualites/lign-a-lecoute-gestionnaires-reseaux

L’IGN à l’écoute des gestionnaires de réseaux

� L’IGN est partenaire du centrePompidou de Metz à l’occasion del’exposition « Vues d’en haut »qui se tient du 17 mai au 7 octo-bre 2013. Le public peut assisterà la projection en numérique dephotographies aériennes histo-riques issues de la Photothèquenationale (depuis les obliques de1925 jusqu’à l’orthophotographiede 2009), dans un espace qui ac-cueille également un film de re-

portage sur la région de Metz-métropole, réalisé en 2013 parYann Arthus-Bertrand.« Vues d’en haut » revient sur unsujet de fascination: la vue de laTerre depuis le ciel, des pre-mières photographies aériennesjusqu’aux images satellitaires.Elle analyse la manière dontcette vue a transformé le regarddes artistes. Comme en témoi-gnent le succès des photogra-

phies prises par Yann Arthus-Bertrand depuis son hélicop-tère, ou la popularité de GoogleEarth et du Géoportail, la vue aé-rienne est aujourd'hui entréedans les mœurs, influençant no-tre regard.« Vues d’en haut » remonte à lasource de cette actualité et ex-plore son impact sur la créationartistique et l’histoire de l’art.Plasticiens, photographes, archi-

tectes et cinéastes n’ont cesséd’explorer les facettes de cette vi-sion insolite. Sur plus de 2000 m2,l’exposition plonge dans le rêved’Icare et offre à travers plus de350 peintures, photographies,dessins, films ou maquettes d’ar-chitecture un voyage inédit à tra-vers l’art moderne et contem-porain.

www.centrepompidou-metz.fr/vues-d-en-haut

À Metz, l'exposition «Vues d'en haut» réalise notre rêve d'Icare

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Œil d’aigleManuscrit original aquarellé au 1 : 20 000 de l’état-major sur Metz, datant de 1853.

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En réseauTable ronde sur les réseaux intelligents.

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8 / IGN MAGAZINE JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013

Marc Bernard appellecela « le fantasme del’espion qui espionne

mieux», et en sourit. Les satellitesPléiades, avec leur redoutable ré-solution de 70 cm, ramenée à 50 cmaprès traitement, sont capables depointer la forme et la taille de vo-tre piscine de jardin —quand les sa-tellites militaires, d’ailleurs, par-viennent presque à lire par-dessusvotre épaule. Les Landsat 1 à 3, pre-miers satellites d’observation lancésen 1972, 1974 et 1978 par les États-Unis, n’avaient qu’une résolution dequatre-vingts mètres. Un peu mieuxque deux bassins olympiques…C’est un progrès fabuleux, poursuitMarc Bernard, mais ce n’est qu’unprogrès parmi d’autres. Les utili-sateurs de données spatiales ont be-soin d’images précises. Ils appré-cient tout autant, voire plus, que lesatellite soit capable de survoler à

la demande un point précis duglobe, et qu’il soit capable d’y re-venir dans les heures ou les joursqui suivent pour pointer l’évolutiond’un phénomène météorologique,le taux de mûrissement d’une par-celle ou la décrue d’un fleuve. C’esten cela que la dernière générationde satellites franco-européenschange ou améliore la donne dumarché et de l’utilisation de l’in-formation géographique spatiale.

DES SATELLITESCONTORSIONNISTES

Marc Bernard est chargé de mis-sion à la division GEO-Information d’Astrium Services, filiale du groupeEADS, comme Airbus ou Euro-copter. Astrium lance et exploitedes satellites, pour son comptepropre (Spot 6) ou pour celui duCNES (Spot 6) ou d’autres parte-naires. Astrium Services, qui a re-

pris les activités de Spot Image etd’Infoterra, commercialise les don-nées et images. La différence entreles programmes récents et d’autresplus anciens, dit Marc Bernard, estque la série Spot, depuis le lance-ment de Spot1 en 1986, est opéra-ble à la demande. «C'est encore unegrande force face à Landsat ouaux capteurs qui sont presque gra-tuits, mais dont la programmationa été définie une fois pour toutes. Jepense notamment aux concurrentsde Pléiades comme GeoEye, qui ontd'abord vendu leurs capacités d'ac-quisition à la défense américainemoyennant des contrats en mil-liards de dollars: le gouvernementaméricain en a constamment lapriorité. Pléiades offre la capacitéd'opérer des commandes de der-nière minute. L'utilisateur peut dé-poser une demande en urgence,quelques heures avant la prise de

DOSSIER

LES YEUXAU CIELCNES 2012/DISTRIBUTION ASTRIUM SERVICES/SPOT IMAGE

BaieImage Pléiadessur la baiedu Mont-Saint-Michel.

MarseilleImage Pléiadessur la cité phocéenne.

AtollImage Pléiades surMaupiti, dans l’archipeldes îles Sous-le-Vent...

Pléiades, Spot6 ou les futurs satellites Sentinel changent la donne de l’observationet de l’imagerie satellitaires : les images sont plus précises, moins chères,programmables à la demande. Les données sont partagées et accessiblesà tous. L’enjeu ? Transformer le progrès technique en révolution des usages.

CNES 2012/DISTRIBUTION ASTRIUM SERVICES/SPOT IMAGE

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JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 9

vues. L'utilisateur des donnéesLandsat doit se contenter d’allervoir le catalogue d'archives.»Les satellites Pléiades reçoiventtrois fois par jour la liste des zonesqu’ils doivent photographier dansles 24 prochaines heures. Les gou-vernements européens financeurssont prioritaires. Les autres com-mandes sont ordonnées en fonc-tion du plan de vol, de l’urgence etde la météo. Spot6 vient aux ordressix fois par jour. La souplesse estdouble: non seulement le satellitetravaille à la demande, mais il estaussi capable de se tordre le coupour observer des zones situées endehors de son couloir théorique.«Les satellites Spot1 à 5 étaient destélescopes fixes pointés à la verticale,avec une fauchée de 60 km sur plu-sieurs centaines de kilomètres delongueur. Pour aller voir à l’oblique,on utilisait un miroir orientant lavisée vers l'est ou l'ouest. AvecSpot6 ou Pléiades, le dispositif estcomplètement différent. Des mo-teurs gyroscopiques orientent le sa-tellite dans toutes les directions.Quand il fait beau sur une zone, onpeut faire un balayage nord-sud desegments continus qui couvrent

jusqu'à six fois les 60km de fauchée.On peut couvrir des zones plusgrandes, et les images sont beau-coup plus cohérentes. C'est unconcept de satellite très différent.Spot6, 7 et Pléiades, ont été conçusautour de leurs télescopes.»

DOSER LES PESTICIDESDEPUIS LE CIEL

Plus souples, Pléiades et Spot6 sontégalement plus souvent présents. Ledélai de «revisite» est maintenantquotidien. Cela permet le suivi desphénomènes liés à la météorologieet des évolutions de la végétation.Grâce à Spot 5, Astrium Services adéveloppé le service Farmstar, enpartenariat avec Arvalis-Institut duvégétal, destiné aux agriculteurs.«Nos spécialistes interprètent desimages très récentes, et envoient unmail, qui contient un fichier des-criptif de zones (ou de parcelles) etdes préconisations d'intrants enkilos par hectare.»L’observation de l’état des culturesse fonde notamment sur l’analysede la radiométrie des images, quitraduit la teneur des végétaux enchlorophylle.«Le service est parti de rien. Au-

jourd'hui, nous sommes à 14 000abonnés sur la France. Chaqueagriculteur ou coopérative com-munique les informations sur laparcelle et les dates. En mai, c'estl'usine ! Le gain est double : l'agri-culteur économise en engrais et enpesticides, le pays progresse enmatière de pollution et de santé pu-blique. Avec Pléiades, nous auronsaccès à des cultures nouvelles —même si avec un pixel à 0,50 mètre,on ne peut pas observer des fraisesou des asperges.»

DEVANCERLES NUAGES

«Les satellites Spot 1 à 5 n'ontguère été exploités en France horsdes applications agricoles, poursuitMarc Bernard. La résolution amé-liorée modifie les pratiques. Spotn'est plus seulement un outil pourl'export. Quand le programme Spota été initié, en 1982, il s’agissait d’as-surer l'indépendance de l'infor-mation vis-à-vis des États-Unis,de maintenir le rayonnement de laFrance et de développer le commerceà l'export.» La résolution plusfine permet d’autres usages, no-tamment en matière de cartogra-

SOMMAIRE

Les starseuropéennesde l’observation 10Sentinel : une flottede pointe poursurveiller la Terre 11Image satelliteet photographieaérienne : des rôlescomplémentaires 11Un nouveaumodèleéconomique 12Equipex Géosud,ou le paride la banalisation 12Doris, ITRF:les satellites aussiont leur GPS! 14Galileo décolle…enfin 15Théia,ou le programmeSentinel pour tous ! 16Le Mali cartographiéau 1 : 200 000par Spot 6 et IGN FI 17Un plan d’applicationssatellitairespour le MEDDE 18

CNES 2012/DISTRIBUTION ASTRIUM SERVICES/SPOT IMAGE

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acteurs publics. L’IGN sera leur in-terlocuteur pour transformer leursbesoins en images et assurer l’in-terface avec Astrium Services pourl’acquisition. »Le mauvais temps du premier se-mestre 2013 a hélas ralenti lestests de couverture systématiquede la métropole. Mais l’été offrede belles éclaircies aux satellites.Même si là encore, la technique abeaucoup progressé, les « nou-veaux » satellites ne peuvent tou-jours pas voler sous les nuages,mais ils peuvent mieux les prévoir

et les contourner. «La fiabilité desprévisions météo, c'est un progrèscolossal ! assure Marc Bernard. Astrium Services et Météo-Francesont tous deux basés à Toulouse.« Nous avons un contrat spéci-fique avec Météo-France qui nousfournit la météorologie mondialequatre fois par jour. Avec les sa-tellites Spot1 à 5, seule une imageacquise sur dix était exploitable. Etune sur dix des images utilisablesétait vendue. Avec Spot 6, le tauxdes acquisitions non ou peu nua-geuses est bien supérieur. » �

10 / IGN MAGAZINE JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013

DOSSIER LES YEUX AU CIEL

phie, de gestion de l’espace (pourconstituer par exemple la futurecouche d’occupation du sol du ré-férentiel à grande échelle) et d’en-vironnement. «L'arrivée de Pléiades a changé ladonne, confirme Magali Stoll, res-ponsable d’IGN Espace : cesimages peuvent être intéressantesmême pour la métropole. C’est unsatellite à vocation cartographiqueet 40 % de sa ressource sont réser-vés aux institutionnels. L’IGN seprépare à être un gros utilisateurde Pléiades au bénéfice de tous les

LES STARS EUROPÉENNESDE L’OBSERVATION

PLÉIADES 1A ET 1BLancés en décembre 2011 et en décembre 2012Satellites d’observation civile et militaire lancéspar le CNES, au sein d’un programme européen(France, Espagne, Suède, Belgique, Autriche, Italie)Capacité : des produits échantillonnés à 50 cmet une revisite tous les deux à trois jours.Orbite héliosynchrone de 694 km.Embarquent chacun un télescope de 65 cmde diamètre monté sur des actionneursgyroscopiques.Capacité maximale de 600 images par jour chacun.

SPOT 5Lancé en mai 2002Satellite d’observation civile lancé par le CNES(en collaboration avec la Belgique et la Suède).Toujours en vol. Capacité de 2,5 mètres en « super-mode », par fusion de deux images à cinq mètresde résolution. Fréquence de revisite de deuxou trois jours. Altitude 832 km.

Spot 6Un téléscope volant,orientable et pilotable à la demande. Il serarejoint sur orbiteen 2014 par son jumeauSpot 7.

ASTRIUM SERVICES 2011

CNES / ILL. / DUCROS DAVID, 2002

Senseur stellaireLe «senseur d'étoiles»,braqué vers l'espace,utilise la positiondes étoiles pour estimerprécisément l'orienta-tion du satellite aumoment de la prise devue. Les informationsqu'il fournit permettentd'étalonner les images,et d'améliorerleur précision.

Générateurs solairesLa surface totaledes panneauxà arséniure de galliumest de 5,4 m2. Spot 6embarque aussides batteries, utileslors des éclipses.

Radiateurs latéraux

Tuyèresde propulsionAlimentées parle réservoir d'hydrazine,elles permettentau satellite d'évoluerdans l'espace.

ObjectifsSpot 6 embarquedeux téléscopes Korschidentiques, capablesd'enregistrer en mêmetemps en mode pan-chromatique à 1,5 mètrede résolution. En modemultispectral,la résolutionest de 6 mètres.

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JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 11

IMAGE SATELLITE ET PHOTOGRAPHIE AÉRIENNE: DES RÔLES COMPLÉMENTAIRES«Les utilisateurs veulent de la donnée deplus en plus fine et de plus en plus fraîche,rappelle Magali Stoll, responsable d’IGNEspace. Pour répondre à cela nousbâtissons un scénario de production de lacouverture du territoire combinantl'acquisition de photographies aériennes àtrès haute résolution tous les trois à quatreans, et l’acquisition d’images satellitaires àmoins haute résolution, mais plus fréquentes.La cartographie aujourd'hui est déjà issued'une combinaison d'images aériennes,d'images satellitaires, de données de terrainet de données émanant de partenaires.» Lesatellite a pour lui sa rapidité de revisite et sasouplesse d’utilisation. Alors que la prise devues aériennes permet une meilleurerésolution sur les zones de grande taille. « Lesbases de données sont mises à jourmajoritairement par prise de vues aériennes.Pour certains projets, les collectivités ontrecours à leurs propres vols, rappelle MarcBernard, d’Astrium Services. La ligne àgrande vitesse (LGV) Est, par exemple, est entravaux entre Nancy et Strasbourg sur unesection de 100 kilomètres. Pléiades a acquisdes images de cette zone qui montrent laligne mais aussi les déviations, les accès…Pour la première fois Pléiades a été utilisé parl’IGN pour mettre à jour la BD TOPO®. Sur

cette zone les remblais et déblais du chantiersont à jour… alors que le chantier est toujoursen cours. » Avec la flotte Sentinel, se réjouitPascal Kosuth, directeur de la Maison de latélédétection de Montpellier, certainesimages seront disponibles trois heures aprèsla prise de vue, permettant le suivi en tempspresque réel d’un phénomène. Le satellite estégalement précieux outre-mer, même en casde couverture nuageuse. L’IGN  a demandé àAstrium Services de faire l’acquisitiond’images Pléiades sur la collectivité territorialede St-Pierre-et-Miquelon, la période météofavorable à une mission aérienne étant trèsrestreinte et l’envoi d’un avion depuis laFrance onéreuse. Pléiades a ainsi permisl’acquisition d’un couple stéréoscopique surces îles de l’Atlantique Nord à un coûtinférieur à celui d’une prise de vues aériennesde même résolution.

NOUVEAUX CAPTEURSMais «comme n’importe quel appareil photo,le satellite a ses limites», rappelle Magali Stoll.Il n’enregistre pas à travers les nuages, sauf àutiliser l’imagerie radar. Sa précision est aussivariable. «Pléiades passe tous les jours vers10 h 30 TU (temps universel) au-dessus de laFrance (12 h 30 en heure d’été). Il repassefréquemment sur la même zone, mais pasforcément avec le même angle. Pour une

couverture annuelle, il faut “relâcher” lesangles, et donc accepter une résolutionmoins bonne. Pour une ortho-image parfaite,il faudrait idéalement 0% de nuages, un bonmodèle numérique de terrain et un angle deprise de vue pas trop important. Même sil’image satellitaire ne remplit pas cesconditions, on peut réaliser des produitsutiles ». Avec du savoir-faire, il est possible degommer a posteriori les nuages, comme celaa été fait pour cartographier la Guyane avecde nombreuses images Spot. Enfin, lorsqu’ils’agit de couvrir une ville, les 50 cm peuventparaître insuffisants. La demande sur ceszones, poursuit Magali Stoll «est aujourd’hui,à la fois, plus détaillée et plus fréquente.L’avenir sans doute, en matière decartographie comme d’analyse, est à lacohabitation intelligente entre laphotographie aérienne pour la résolution etl’image satellitaire pour diversifier ainsi l’offrede produits et de services afin de mieuxrépondre aux besoins. L’IGN travaille avec leSchapi, le Service central d'hydrométéo-rologie et d'appui à la prévention desinondations, basé à Toulouse, à une meilleurecouverture des crues. Elle associerait unecouverture satellite à des images aériennesacquises en urgence, pour de multiplesapplications. »

SPOT 6 ET 7Spot 6 a été lancé en septembre 2012.Spot 7 est annoncé pour début 2014.Successeurs des satellites Spot 1 à 5, Spot 6 et 7sont financés par Astrium. Ils forment avec les deuxsatellites Pléiades une constellation. Leur résolutionest de 1,5 mètre, l’emprise au sol de 60 X 60 km.La couverture quotidienne maximale est de troismillions de km² par jour et par satellite.Opérant ensemble, Spot 6 et 7 pourront assurer unecouverture quotidienne de n’importequel point du globe.

ObservationSentinel aux aguets.ESA / P. CARRIL, 2007

SENTINEL: UNE FLOTTE DE POINTEPOUR SURVEILLER LA TERREL’Europe a lancé en 1998 le programmeeuropéen de surveillance de la Terre, ditGMES (pour Global Monitoring forEnvironment and Security), récemmentrebaptisé Copernicus. Sa composantespatiale, le programme Sentinel, mené par l’Agence spatiale européenne (ESA),pourrait accélérer la recherche et lasurveillance environnementale depuis lalutte contre la piraterie en mer jusqu’ausuivi de la montée des océans, en passantpar la surveillance de la couche d’ozone,des aérosols, des gaz à effet de serre et duclimat. «Ce sera une révolution», dit SelmaCherchali, du CNES. «Quelque chose degénial, anticipe Pascal Kosuth. Dix mètresde résolution tous les dix jours, voire peut-être cinq, avec un délai de trois heuresentre la descente du satellite et la mise à

disposition… Cela devrait permettre un suivi du territoireen temps réel. Et c’est là que les habitudesse modifieront.» Précises, gratuites,accessibles, renouvelées à hautefréquence, les données du programmeréjouissent d’avance les chercheursspécialisés dans la surveillance de l’environnement.Le CNES a d’ailleurs mené un programmede préfiguration de Sentinel-2 en profitantdes derniers mois de service de Spot 4,dont l’orbite a été abaissée pour parvenir àune revisite de cinq jours. La diffusion desdonnées pourrait s’appuyer sur des relaisnationaux. Il pourrait s’agir pour la Francede l’équipement d’excellence Géosud et dupôle thématique surfaces continentales(PTSC) (lire en page 16). La flotte comptera

six satellites, dont deux paires de jumeaux, et deux instruments embarqués dans dessatellites existants. Les Sentinel 1-A et 1-Bsont des satellites d’imagerie radar, doncopérationnels par tous temps. Lancementprévu en 2013 pour 1-A, 2014 pour 1-B. Les Sentinel 2-A et 2-B fourniront des images optiques à 10-20 mètres de résolution, mais avec une fauchée de 290 km. Lancements prévus en 2013puis 2015. Sentinel 3 fournira des imagesinfrarouges de la végétation et des océans.Lancement en 2013. Les Sentinel 4 et 5seront des équipements météo embarquésà bord de satellites appartenant à d’autresprogrammes. Enfin Sentinel 6 devraitprendre la relève du satellite altimétriqueJason-2, lancé en 2008 et spécialisé dansla mesure du niveau des mers. �

ASTRIUM ASTRIUM

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12 / IGN MAGAZINE JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013

DOSSIER LES YEUX AU CIEL

IGN

EQUIPEX GÉOSUD, OU LE PARI DE LA BANALISATIONL’image et la donnée spatiales sont rares,chères et sous-exploitées? Diffusons-les à prix coûtant et faisons-en la pédagogie !Ainsi est né en 2011 le projet de l’Agencenationale de la recherche (ANR) EquipexGéosud. Il est prévu pour durer jusqu’en2020 et a été doté d’un budget global de11,5 millions d’euros.Geosud associe quatorze partenairespublics, dont l’Irstea, AgroParis Tech, leCNRS, l’IGN et plusieurs universités. Il apour ambition d’être à la fois la centraled’achat, la boutique unique et l’école deformation de la donnée spatialeenvironnementale. Son acronyme esttrompeur : même basé à Montpellier,Géosud a une envergure nationale. Le«sud» correspond à Sustainabledevelopment, développement durable.L’idée a émergé en 2009, explique PascalKosuth, premier coordinateur du

programme. À Montpellier l’Irstea, le Cirad,l’IRD et AgroParisTech travaillaient déjàensemble à exploiter des données tombéesdu ciel. «Malgré un discours proactif, ladonnée spatiale était largement sous-utilisée. L’État et les collectivités ne s’enservaient quasiment pas. Une quarantainede laboratoires sur 400 ou 500 l’utilisaient,alors que nous étions convaincus de lapertinence de ce type d’informations. En2009, pour deux opérations touchant à laconsommation d’espaces agricoles, nousavons acheté des couvertures larges. Lesurcoût des acquisitions multilicencesn’était que de 30 à 50%.» Et toutes lesréutilisations devenaient possibles.Géosud propose aujourd’hui des imagesSpot localisées, ou une couverturecomplète Spot de 2003 permettant descomparaisons avec 2010. Ses 240adhérents se répartissent en 90 services

de l’État (dont près de la moitié desdirections départementales des territoires,14 directions départementales del’alimentation, de l’agriculture et de la forêtet autant de Dreal), 60 laboratoires derecherche et 60 collectivités, souventassociées ou proches des grandesagglomérations. Huit de ces adhérents sontsitués dans les régions et communautésd’outre-mer. Géosud forme les techniciensdes établissements adhérents, et disposerabientôt de son centre de réception et detraitement. De l’aveu même de PascalKosuth, le programme Sentinel (lire en page11) pourrait rendre une partie de ces effortscaducs. À moins que Géosud ne deviennel’un de ces relais nationaux que l’Europeencourage. Quoi qu’il en soit, «on auragagné dix ans dans l’appropriation desprogrammes satellitaires».

Au commencement futl’émerveillement. Dansles années soixante-dix,

avec Landsat, puis quatre-vingtavec les premiers satellites Spot, lesépoustouflantes images satellitairesépatent les amateurs de paysages etremplissent les livres de géogra-phie. La NASA vend ses images. LeCNES crée Spot Image, sa filialecommerciale. Trente ans après, lesimages sont encore plus belles.Mais elles se sont banalisées. La«faute » à Google Earth, sourit Ma-gali Stoll dans son bureau toulou-sain. «Les gens ne veulent plus

payer l'information géographique,comme ils ne veulent plus payerl'information tout court. Celle-cidoit être gratuite.» Elle ne l’est pasencore tout à fait devenue. Maisl’évolution est en cours. Et personneou presque ne regrette « l’ancien»modèle économique, ou n’en a lesmoyens. «Jusqu'à il y a quelques années,poursuit la responsable d’IGN Es-pace, l'IGN était un vendeur dedonnées… à des utilisateurs pu-blics. L'IGN a changé son modèleavec la diffusion gratuite aux acteurspublics. On se dirige vers ce modèle

avec les satellites: l'information doitêtre largement gratuite pour les uti-lisateurs. D'où le projet EquipexGéosud auquel l’IGN contribue avec13 partenaires (cf. encadré) et danslequel l’État investit pour acheter lesimages satellitaires, les traiter et lesdiffuser pour les rendre facilementaccessibles et exploitables par lesscientifiques et les acteurs publics. Cemodèle doit prouver son efficacité. Ilfaut que l’on apporte la preuve quela mise à disposition développe denouveaux usages. C'est un pari.» Il est simple, mais difficile à vérifier.«Pour les télécoms et la navigation,

Les images et les données satellitaires sont de moins en moins souvent vendues à l’unité,et de plus en plus souvent mutualisées, selon les principes de l’open data.Rentable ? Sans doute. Mais autrement.

UN NOUVEAUMODÈLE ÉCONOMIQUE

ReliefModèle numérique de terrain en teinteshypsométriques issu de la base de donnéesReference3D® sur lenord-ouest de la Crète.

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JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 13

facteur 7 donne une idée de l’éco-nomie d’échelle.»Encadrés par les délégations deservice public qui obligent AstriumServices, les prix des images Spot ouPléiades avaient déjà baissé. Lacouverture annuelle d’une zone de20 × 20  km à 50  cm de résolutionrevient à 2 500 €. Les laboratoiresde recherche bénéficiaient déjà duprogramme Isis du CNES, leur as-surant des données à prix quasi coû-tant. Le pari d’Equipex-Géosud estdésormais de prouver la rentabilitéindirecte des données. Opérationméritoire : les bénéfices sont diffuset le resteront mais ils sont bien là.«La direction départementale desterritoires (DDT) des Deux-Sèvresrencontrait des difficultés dans l’ap-plication de la directive européennesur les nitrates, raconte Pascal Ko-suth. La directive prévoit des cul-tures d’hiver destinées à fixer les excès d’azote. Il faut vérifier que ces “cultures dérobées” sont bienmises en œuvre. Jusqu’ici, les agents

reprend Magali Stoll, le modèleéconomique existe. Ce sont les uti-lisateurs finaux de la télévision etd'Internet qui paient. Le marché destélécoms a explosé. Il y a un mar-ché commercial pour les GPS et lestéléphones intelligents.»

TROIS MARCHÉSDE LA DONNÉE SPATIALE

Les données d’observation de laTerre sont d’un autre ordre. Elles in-téressent essentiellement des col-lectivités, des chercheurs et des or-ganismes publics. Leur valeur estindirecte : elle dépend de l’exploi-tation qui en sera faite. Commepour la météo. On dit usuellementqu'un euro investi dans la météopermet d’en gagner dix. Mais com-ment le chiffrer? Comment évaluerpar exemple une vie sauvée ?« Il y a trois marchés de la donnéespatiale», analyse Pascal Kosuth,directeur de la Maison de la télé-détection de Montpellier et coor-dinateur d’Equipex-Géosud.«D’abord, celui du conseil munici-pal qui achète une image de sa villetous les ans pour l’afficher dans lamairie. C’est une utilisation ba-sique mais très noble. Avec uneimage par an, en dix ans, on peutvoir évoluer une ville. Ensuite, il y ales données dont on extrait de l’in-formation, des indicateurs de risquesou de pollution, par exemple. Enfin,il y a un troisième niveau: celuidans lequel l’utilisateur va extrairedes données une tâche plus spéci-fique, par croisements. C’est plus éla-boré. Et actuellement, il y a une fortedemande sur le deuxième niveau.»

UNE ÉCONOMIEDE FACTEUR 7

Equipex Géosud (lire encadré) réu-nit à parts presque égales des ser-vices de l’État, souvent déconcen-trés, des collectivités et des labo-ratoires de recherche parmi ses 240adhérents. «Une partie des béné-fices attendus est chiffrable, analyseMagali Stoll: ce sont les économiesde budget des collectivités territo-riales. On ne dupliquera plus lesachats publics.» Equipex-Géosud aen stock 1,2 million de kilomètrescarrés de couverture au sol. Il en adiffusé huit millions. « Image char-gée ne veut pas dire image utilisée,pondère Pascal Kosuth. Mais un

Une imagesatellitaire

d'automne (image Spot4des Deux-Sèvres au 30octobre 2012) est utiliséepour localiser les terresagricoles exposéesau lessivage de nitrates.La méthode consisteà cartographier l'étatde surface des parcellesagricoles (sols nusen brun, végétationsèche en ocre,végétation activeen vert), à croisercette informationavec des donnéessur la culture principale(culture d'hiverou de printemps) et surles pratiques culturalesrégionales, à quantifierun indicateur de risquede lessivage de nitrates.Cela permet d'identifierles zones les plusexposées et de guiderles contrôles de terrain(Directiondépartementale desterritoires des Deux-Sèvres, Irstea-Geosud).

Ce qu’ilfaut voirpar PascalKosuthCoordinateur du projet Equipex Geosud

P. K

OS

UT

H

allaient sur le terrain près des zonesde captage.» Comment distinguerun sol nu d’un champ à peinesemé? Géosud et la DDT ont déve-loppé ensemble une méthodeidoine, applicable dans tout le pé-rimètre de la directive nitrates, soitun tiers de la métropole. La DDT apu réduire des deux tiers le nombredes contrôles sur le terrain, tout encouvrant un périmètre plus large.Ailleurs en France, des directions régionales de l'alimentation, del'agriculture et de la forêt (DRAAF)ont pris l’habitude de contrôler lescoupes de bois par satellite. «Ce sontdeux exemples d’utilisation de type “police”, sourit Pascal Kosuth. Les vrais bénéfices sont à attendredans l’aménagement du sol, l’urba-nisme, la surveillance des espacesnaturels et de l’artificialisation. En tâchant de rendre la télédétectiond’usage aussi courante que laconsultation du Géoportail ou de la météo, Géosud espère amorcer lapompe.» �

Dans l’œil du satellite Couverture satellitaireSpot 4 des 30 et 31 octobre 2012du département des Deux-Sèvres.CNES, 2012

AgrandissementExtrait d’image Spot 4sur le départementdes Deux-Sèvres.CNES, 2012

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Cela fait penser à laplus célèbre publicitétélévisée automobile du

monde — celle de Bill Bernach pourVolkswagen, en 1949. «Vous êtes-vous déjà demandé commentl’homme qui conduit le chasse-neige parvient jusqu’au chasse-neige ?», interroge la voix off, surfond sépia de Coccinelle avançantprudemment dans la poudreuse.En version satellite, cela donne« Vous êtes-vous déjà demandécomment s’oriente le satellite qui pi-lote votre géonavigateur GPS?»La réponse est «grâce à la géodé-sie spatiale». Et en partie, grâce àl’IGN.«Typiquement, la géodésie, sciencede la mesure de la Terre, sert à don-ner la référence», dit Alain Harmel,chef du service de la géodésie et dunivellement de l’IGN. Sur la Terrecomme au ciel. À terre, la géodésiedonne le «la» aux entrepreneursde BTP, aux constructeurs d’auto-routes, à tous ceux qui nivellent desterrains. Autrefois calculée partriangulation depuis des bornesréparties sur le territoire, elle s’ap-puie aujourd’hui, pour la France,sur les 351 bornes terrestres quiconstituent le réseau GNSS (GlobalNavigation Satellite System) per-manent (RGP). Ces bornes per-mettent par exemple, à l’aide d’unrécepteur GPS mobile situé sur lechantier, de localiser un objet aucentimètre près.Et dans l’espace? Le réseau Do-ris (détermination d’orbite et deradiopositionnement intégréspar satellite, ou Doppler Orbi-tography and Radioposition-ning Integrated by Satellite),élaboré par le Centre nationald’études spatiales (CNES) en1986 et l’IGN est peu ou prou leGPS des satellites. «C’est l’envers

du GPS, précise Alain Harmel :c’est un système montant. Le satel-lite reçoit les signaux de trois ouquatre balises, et se localise. En re-tour, il localise à son tour le réseau.C’est un cercle vertueux.» Le réseaucompte soixante stations, répartiessur le globe. Il est entretenu par uneéquipe de sept personnes du servicede la géodésie et du nivellement quiremplace ou déplace des antennesaux Seychelles, en Antarctique ouaux Kerguelen…

HAUTE VOLTIGESUR ORDINATEUR

Le réseau Doris n’est que l’une desquatre techniques utilisées parl’IGN pour calculer l’ITRF, Inter-

national Terrestrial ReferenceFrame, en français le repère in-ternational de référence ter-restre. L’ITRF définit au cen-timètre près le centre de laTerre, et situe d’après lui tout

point de l’espace, dont les or-bites des satellites. Un des plus

beaux numéros de voltige mathé-matique jamais réalisés, sachant

que nous dansons sur un vaisseauen mouvement dont la rondeurn’est qu’apparente, la densité va-riable, la gravité fantasque, et le solmouvant. «Une grande marée, cesont huit tonnes supplémentairespar mètre carré, donc le sol s’en-fonce…» Pour calculer l’ITRF, pour-suit Alain Harmel, «nous utili-sons l’interférométrie à longue base— des radiotélescopes qui scrutentles quasars —, des tirs laser sur sa-tellite, le GPS, et Doris». L’ITRF estune référence mondiale. Son calculest surtout l’affaire du Lareg, le la-boratoire de recherche en géodésiede l’IGN. Il a valu plusieurs dis-tinctions internationales à ses di-recteurs de recherche.Cumulées, les mesures définissentun référentiel absolu, recalculé tousles quatre à cinq ans. L’édition 2013est en préparation. L’ITRF a deuxmissions, explique Olivier Jamet(lire interview), responsable du La-reg : il transmet les références auxutilisateurs des satellites et permetd’observer des phénomènes géo-physiques avec une précisionpresque absolue. Exemples? «Ladéformation des plaques qui suit ouprécède les séismes, la montée du ni-veau des mers, la fonte des calottespolaires et le cubage du volume deglace qui disparaît, le “rebond post-glaciaire” de l’écorce terrestre libéréedu poids de glaciers disparus.» Letout en valeur absolue : «Si unpoint s’est déplacé en dix ans, il fautsavoir par rapport à quoi.»

DANS QUEL SENSL’EAU COULE-T-ELLE ?

Le satellite permet aussi des étudesgravimétriques précises, à condi-tion d’être finement localisé. La gra-vimétrie est l’étude du champ depesanteur de la Terre. Pour savoir«dans quel sens coule l'eau, et où

14 / IGN MAGAZINE JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013

DOSSIER LES YEUX AU CIEL

L’IGN entretient le système de stations Doris depuis Saint-Mandé. Il est aussi le centre de calculmondial du repère de référence terrestre (ITRF). L’un et l’autre fournissent aux satelliteset à leurs utilisateurs des repères exacts dans l’espace. Sans eux, pas de mesures précises au sol.

DORIS, ITRF: LES SATELLITESAUSSI ONT LEUR GPS!

CibleUne station laser mobileen position de tirsur satellite artificiel.

Plaies et bossesReprésentation du géoïde en teinteshypsométriques.

IGN

CNES

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sont la verticale et l'horizontale»,résume Olivier Jamet. La Terre estirrégulière et bosselée, aplatie auxpôles, cintrée à l’Équateur. Où sontles verticales réelles ?«Les mesures gravimétriques au solcoûtent très cher. Des mesures d'ac-célération sont faites pour détermi-ner les équipotentielles du champ degravité (perpendiculaires aux lignesde champ de pesanteur terrestre).Mais à la précision cherchée pour lesréférences géodésiques, il faut unemesure par kilomètre, et les mesuresdisponibles sont parfois très an-ciennes. Les appareils, les référencesne sont pas les mêmes. Aujourd’hui,la généalogie et la qualité ne sont pasmaîtrisées. Depuis les années 2000,nous disposons de satellites d'ob-servation du champ de gravité. Ilssont insuffisants mais donnent déjàdes indications très précises duchamp de pesanteur sur 200 ou1 000 kilomètres. Cela donne des élé-ments et permet de qualifier lesmesures anciennes, faisant pro-gresser la détermination des sur-faces de référence.»La gravimétrie permet aussi unmeilleur calcul des altitudes.«Chaque pays a un réseau légère-ment déformé. Chacun a choisison niveau de référence des mersdans son port préféré, et il est trèsdifficile de créer une référence in-ternationale. Ou de creuser untunnel entre Lyon et Turin en nes'appuyant que sur les référencesfrançaises et italiennes qui ne don-nent pas d’altitudes cohérentes en-tre elles. Si l'on voulait repercer au-jourd’hui le canal de Suez, il fau-drait refaire du nivellement.» �

JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 15

Mesurer une distance au milli-mètre près depuis un satellitevolant à 15 000 km/h et à20000 km d’altitude… Com-ment réussit-on ce prodige ?Avec trois satellites et un seul pas-sage, on ne fait pas de mesures aumillimètre. Ce qui autorise des me-sures au millimètre depuis l'espace,c'est la modélisation et la redon-dance. Nous exploitons les donnéesde plusieurs satellites sur plusieursannées pour observer des mouve-ments millimétriques… La redon-dance permet de vérifier des hypo-thèses  : «Non, ce mouvement n'est pas erra-tique.» Les mesures sont des moyennes faitesd'après de nombreuses observations.

Peut-on être encore plus précisque le centimètre, et cela a-t-il un sens?Quand nous observons une faille, à très haute ré-solution, le millimètre n'a pas de sens. Mais àl'échelle du kilomètre, il en a. Une grande question,quand on étudie les calottes glaciaires, porte surla mesure du mouvement du sol sous la glace. Lesglaciers qui ont fondu il y a cent mille ans enfon-çaient la croûte terrestre. Aujourd'hui, celle-ci re-monte, jusqu'à un centimètre par an. Pour estimerle volume précis des glaces de l'Antarctique, il fautestimer ce rebond au millimètre près. Nous utili-sons des marégraphes depuis un siècle pour me-surer le niveau de la mer. Avant le GPS, nous nepouvions pas mesurer les mouvements lents quiaffectent les mesures marégraphiques. Au-jourd’hui, leur prise en compte révèle qu'au pre-mier ordre de grandeur, la montée des eaux est ho-mogène régionalement. Ce sont aussi des vitessesqui se comptent en millimètres par an.

Quels progrès pouvez-vousencore attendre ?La stabilité, en premier lieu. Nos es-timations permettent de penserque le repère que nous calculons estexact au demi-millimètre par anprès. Mais elles sont contestables. Etnous voulons flirter avec le dixièmede mm par an. C'est une visée à longterme, disons 2020.Le premier repère terrestre issudu spatial, dans les années quatre-vingt, avait une précision décimé-trique. Et nous ne savions pas qua-lifier ce repère. En presque trente

ans, nous sommes descendus à des positionne-ments absolus de l'ordre du centimètre et à desmouvements de l’ordre du millimètre par an. Cetteévolution est en très grande partie intervenuegrâce au GPS, qui a apporté une révolution dansles années quatre-vingt-dix. Non parce que la tech-nique est plus précise, mais parce que le réseauest plus dense. Nous attendons une précision en-core supérieure grâce à l'augmentation du nom-bre de satellites. Et des gains liés à la modélisa-tion des mouvements mesurés. Des questions res-tent pourtant aujourd'hui encore en suspens. Ily a parfois des incohérences entre les positionsvues de l’espace et les mesures faites au sol. Pourles lever, il faudrait plus de liens entre les diffé-rentes techniques spatiales utilisées. On attend parexemple une vraie mission géodésique: un mêmesatellite embarquant Doris, Laser, VLBI et GPS.Le progrès à vingt ou trente ans concerne aussil'amélioration des horloges des satellites. Si lesGNSS avaient des horloges absolues et pou-vaient communiquer entre eux, nous pourrionsfabriquer un repère dans l’espace et y raccrocherensuite le repère terrestre.

3 questions à...Olivier JametDirecteur du laboratoirede recherche en géodésie(Lareg) de l’IGN

NOUS ATTENDONS UNE PRÉCISIONENCORE SUPÉRIEURE»

DR

Le programme européen de satellites denavigation Galileo a été défini en 2001, maisles deux premiers des trente satellites quidevraient à terme composer la constellationn'ont été mis en orbite qu'en 2011.Deux autres les ont rejoints en 2012.«Deux autres devraient suivre cet automne,annonce Jonathan Chenal, ingénieur au service de géodésie et de nivellement de l'IGN. Fin 2015, nous devrions disposerde 18 satellites. »La flotte Galileo a d'abord été destinée àassurer l'indépendance de l'Europe vis-à-visdes systèmes américain (GPS), russe(Glonass) ou chinois (Beidou). Elle permettraaussi, poursuit Jonathan Chenal, un positionnement plus précis.

«Mécaniquement il y aura plus de données,car il y aura plus de satellites. Et Galileo émetsur trois bandes, contre deux pour le GPS etGlonass. Le signal est aussi plus robuste, etles horloges atomiques embarquées dansles satellites sont plus précises.»Outre l'amélioration escomptée des servicesde géolocalisation et sauvetage, le réseauGalileo permettra à l'IGN de progresserencore dans la définition de l'ITRF (lire ci-contre). L'IGN calcule et fournit, chaquesemaine, le repère de référence terrestre deGalileo. Il est aussi, avec le CNES, l'un despromoteurs du réseau mondial derécepteurs terrestres Regina, endéploiement, qui devrait à terme permettrede démultiplier l'efficacité de Galileo.

GALILEO DÉCOLLE… ENFIN

AntenneLa station de Papeete du réseau Régina.

IGN

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Le programme sera«quelque chose de co-lossal pour la connais-

sance de la Terre et des écosys-tèmes», dit-elle. Les satellites ju-meaux du programme européenSentinel-2 ne sont pas encore en or-bite, mais Selma Cherchali, res-ponsable des programmes envi-ronnement continental au CNES, necache pas son enthousiasme.Avec leur fauchée de 290 km et leursrevisites dans les cinq jours, les Sen-tinel 2A et 2B, dès 2013 puis 2014,vont changer la donne de l’obser-vation spatiale environnementale.Le progrès est aussi au sol: à peineacquises et traitées, les images et lesdonnées Sentinel, parmi bien d’au-tres, seront disponibles quasi gra-tuitement pour tous les établisse-ments publics et les centres de re-cherche français sur un site dédié.C’est toute la mission de Theia, ex-PTSC créé en décembre 2012 par leCEA, le Cirad, le CNES, le CNRS,l’IGN, l’INRA, l’IRD, Irstea, et Météo-France.Dès juin 2013, Theia mettra à dis-position des laboratoires, des orga-nismes d’État ou des collectivités ter-ritoriales non seulement les don-nées, mais aussi les outils et les mé-thodes permettant de les exploiter.Il regroupera, traitera et mettra àdisposition des données acquisespar des satellites, Sentinel 2 et 3 enparticulier, Spot, Landsat, Venμs(un programme franco-israélien),Jason, et bien d’autres. Il devrait ali-menter 400 laboratoires et unecentaine d’écoles en données sur labiomasse, les hauteurs d’eau, la vé-gétation, le cycle du carbone ou l’oc-cupation du sol, offrant «une visionclaire de ce qui est disponible, à lafois comme données et comme mé-thodes». Compilant les séries four-nies par les différentes missions sa-

En attendant la mise en service de la flotte européenne Sentinel, neuf organismes scientifiques,dont l’IGN, se sont regroupés pour exploiter et partager gratuitement ou presque la donnée spatiale au sein de Theia, nouveau nom du pôle thématique surfaces continentales (PTSC).

THEIA, OU LE PROGRAMMESENTINEL POUR TOUS!

DOSSIER LES YEUX AU CIEL

Sentinel-2Le satellite européenaura une vue moinsperçante que celle deSpot (10 mètres contre0,5) mais une fauchéeplus large (290 kmcontre 60).

ESA / CARRIL PIERRE, 2007

pacité de revisite des Sentinel per-mettra notamment une mise à jourdes cartes d’occupation du sol encours de saison et un meilleur suivide la dynamique de la végétation.En guise de bande-annonce, leCNES a profité de fin janvier à finmai  2013 des derniers tours depiste de Spot 4 pour simuler le pro-gramme Sentinel. Lancé en 1998,Spot 4 est aujourd’hui en fin de car-rière. Son orbite a été abaissée de2,5  km. La revisite est passée àcinq jours. Quatre-vingts labora-toires français ont sauté sur l’oc-casion pour mener à bien leurs pro-pres programmes. Ceux-ci portentpar exemple sur la télédétection del’irrigation d’une parcelle test auMaroc, le pistage de l’habitat dugrand hamster d’Alsace, celui desparticules fines en suspension dansl’air, ou la validation des capteursde pression d’eau installés dans l’es-tuaire de la Loire… �

https://www.ptsc.fr/fr/produits/produits-services

www.cesbio.ups-tlse.fr/multitemp/

tellites, Theia fournira notammentdes séries temporelles permettantles comparaisons à court ou longterme.

EN ATTENDANTUN EFFET DE LEVIER

Spécialisé dans la recherche envi-ronnementale terrestre, trait decôte compris, Theia a pour ambitionde dynamiser ce domaine grâce no-tamment à la recherche d’unesynergie entre les projets existantsou à venir. A ce titre, Géosud devientune des composantes majeures deTheia en matière d’applicationsenvironnementales. Exemple de«convergence institutionnelle» ditSelma Cherchali, il devrait per-mettre de mutualiser les coûts d’ac-quisition et de traitement. Il disposede son propre centre de traite-ment, installé à Montpellier et Tou-louse, qui fournira des données or-tho-rectifiées ou corrigées radio-métriquement. «Nous attendonsun effet de levierpour les utilisa-teurs», dit Selma Cherchali. La ca-

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Pourquoi et comment l’IGN s’est-illancé dans l’image satellitaire ?IGN Espace, un des services de l’IGN,est né en 1989, avec le programmeSpot et avec quatre personnes [pour 83aujourd’hui, N.D.L.R.]. On a fait appelaux compétences de l'IGN en matièrede traitement d’images et de photo-grammétrie. L'IGN ayant une expé-rience en matière de géométrie descapteurs a commencé à produire de lacartographie spatiale —il en produittoujours—, surtout à l'export. Lespays émergents n'ont pas de capacitéaérienne. Nous faisons donc des cartogra-phies à partir d'images spatiales, surtout pourdes pays africains. Le travail consiste à choi-sir le bon satellite, le bon angle, la bonne sai-son pour assembler le tapis d'images dont se-ront extraites les cartes. Entre le satellite etles cartes, il y a l’IGN, qui a un savoir-faire etdes outils, dont Géoview. Géoview est un ou-til industrialisé à IGN Espace et utilisé pourtraiter les images numériques. Nous avons80 % de commandes du ministère de la dé-fense, 10 % d'activités commerciales, surtoutà l'export, et 10 % d'activités pour la sphèrepublique française, en croissance.

Quelles sontles demandesdu ministèrede la défense ?Le ministère de la dé-fense a besoin de pro-duits cartographi quessur les théâtres d’opé-ration ou d’intérêt. IGNEspace contribue à laproduction de ces don-nées de référence. Celaa démarré il y a plus dedix ans. Le ministère de

la défense a commandé à Spot Image (pourles images) et à l'IGN (pour les traitements)le produit GéoBase Défense, constitué d’unMNT et d’une orthoimage couvrant au-jourd'hui 50 à 80 millions de km2, pour 100millions de km2 de terres émergées dans lemonde. Il n'en finance que la moitié : Géo-Base a une version civile, Référence 3D, quifournit l'autre moitié des recettes. Au fil desans, la précision géométrique a été affinée.Plus le référentiel est précis, plus les cartesqui en sont extraites le sont. La précisionétait à plus de dix mètres et tend aujourd’huivers moins de cinq mètres. Des "masques

qualité" sont associés aux données pourfournir des informations sur la qualité desdonnées, notamment leur précision. C'estimportant car le ministère de la défense in-tègre ces données dans ses systèmes d'armespour réduire les «dégâts collatéraux». Le ministère de la défense fait égalementproduire par des groupements industrielsdans le cadre de l'opération TopoBase, àpartir de sources images dont GéoBase, desbases de données vectorielles et des pro-duits cartographiques. L'IGN en a assurédès le début la qualification, et depuis 2011,la Direction générale de l'armement (DGA)a confié également à l'IGN le pilotage des in-dustriels. Le ministère de la défense souhaite des pro-duits de plus en plus riches et précis. Ceux-ci verront le jour dans la prochaine gé-nération de données dans le cadre du pro-gramme Géode 4D. Géode 4D reposera surquatre composantes qui sont les informa-tions géographiques, hydrographiques, océa-nographiques et météorologiques (GHOM).Le programme a une exigence forte d'accèset de précision. Il sera orienté services et offrira des produits d'aide à la décision com-binant les informations GHOM.

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2 questions à...Magali StollResponsable d’IGN Espace

ENTRE LE SATELLITEET LES CARTES, IL Y A L’IGN»

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Ce fut, dit Christophe Dekeyne, directeurcommercial d’IGN France International,la première mission commerciale de Spot 6,fraîchement lancé. De novembre 2012à avril 2013, le satellite, toujours en périodede «recette» — en « étalonnage » — a couvertles 1,2 million de km²de surfacedu Mali. «L’acquisition est aujourd’huicomplète. La production d’une cartographieau 1 :200000 va durer entre deux et quatreans.» La constitution d’une ortho-imagedu pays puis la production des 138 cartesse feront à Bamako, au sein de l’Institutgéographique du Mali, en collaboration avec IGN FI, et avec le soutien de l’Unioneuropéenne. À l’exception des réseauxroutiers dont la lecture peut être ambiguëet des villes, qui nécessitent des imagesà 10 ou 20 cm, aucun relevé terrestre ne sera nécessaire, poursuit ChristopheDekeyne. De fait, la guerre dans le nord dupays n’a pas perturbé les opérations.

Spot 6 a pour lui «une fauchée très large etdes capacités d’acquisition supérieures à laconcurrence». Sa résolution est adaptée àla production de cartographies à moyenneéchelle, au 1 : 25 000 ou au 1 : 50 000. IGN FI annonce des projets similaires avec le Bénin, le Niger, ou la Guinée.Pour autant, le satellite n’est pas devenu laclef universelle de la cartographie. Les zones tropicales, ennuagées, restent leplus souvent inaccessibles, sauf auxsatellites radar type TerraSAR-X etTanDEM-X. «L’aérien s’est démocratisé», et la différence de coût avec l’imageriesatellitaire n’est pas si simple à chiffrerlorsque l’on prend en compte le coût réel dulancement des télescopes volants. Laconcurrence joue à plein, y compris avecdes lots d’images souvent plus ancienneset moins qualifiées, mais mises à dispositiongratuitement par certains pays. «LesAfricains aussi veulent bénéficier du

modèle économique qui se développe cheznous (lire en page 12)». Une station de réception est enconstruction au Gabon. Restent au créditdes satellites la facilité d’administration,l’espoir d’une baisse des coûts parmultiplication de l’offre et des solutionstechniques adaptées aux pays émergents,comme dans les six pays du bassin duCongo, où IGN FI intervient en assistance à maîtrise d’ouvrage dans le cadre du projetde l’Agence française de développementde mise à disposition d’images Spot. Lescomparaisons diachroniques avec desimages anciennes permettent de suivrel’évolution des forêts — au Gabon, parexemple —, et les modèles numériques de terrain calculés par radar ou lidar avecune précision de quelques centimètres sont parfaits pour le suivi «des risquesd’inondations et des questionsd’assainissement, cruciales en Afrique».

Ce fuff t, dit Christott phe Dekekk yne, direrr ctcc ett ur Spot 6 a pour lui «unuu e faff uchcc ée trtt èrr sèè lall rgrr e et modèdd lèè ell écocc nomiqii ue quiuu se dédd vevv lee oll poo ppp e chcc ezee

LE MALI CARTOGRAPHIÉAU 1 : 200 000 PAR SPOT 6 ET IGN FI

Champ de cotonParc d’Arly, à l’ouestdu Burkina Faso.

IGN FI / AUDE ARRESTE LAMENDOUR

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18 / IGN MAGAZINE JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013

UN PLAN D’APPLICATIONS SATELLITAIRESPOUR LE MINISTÈRE DE L’ÉCOLOGIEUn «émerveillement de découverte» lorsqu’apparaîtl’image satellitaire, mais dans les faits, une sous-utilisation: voilà le constat fait par le ministère del’écologie. Les services de l’État, comme d’autresacteurs, publics ou privés, utilisent peu ou pas assezles données spatiales. Le «plan d’applicationssatellitaires» 2011-2015, qui prend la suite d’un premiervolet (2007-2011) espère y remédier, en sept «actionstransversales». C’est le CETE sud-ouest (lire interviewci-dessous) qui en assure le secrétariat. Dans sesannexes, le plan énumère quelques-unes des donnéesqui font défaut aux services de l’État, éventuellementpar manque d’informations ou de compétences. Dans

cette liste figurent des relevés altimétriques à 25 cm,pour le contrôle du niveau des fleuves notamment, deséquipements de géolocalisation permettant de suivreles wagons de fret, les camions (pour éviter les vols) oules voitures partagées, des dispositifs de surveillanceautomatique de la circulation, des mesures de gaz àeffet de serre, des particules en suspension dans l’air,du rayonnement énergétique perdu par l’éclairagepublic la nuit, des superficies de stockage de lisier à l’airlibre, des outils de surveillance des canalisations,de la foudre, des barrages, des nappes phréatiquesou des captages d’eau potable…

Le rapport de présentation du pland’applications satellitaires (cf. encadré)évoque un «éblouissementde découverte», vis-à-vis du spatial,mais une exploitation réelle décevante.Est-ce encore d'actualité?Il ne faut pas penser que le spatial va ré-pondre à tout. L'outil contribue à une éva-luation de la politique publique, répond àdes situations d'urgence… mais il ne suffitpas d'appuyer sur un bouton. L'enthou-siasme pour la technologie est réel, mais ilfaut faire en sorte que ces outils soient misà disposition de tous ceux qui en ont ou enauraient besoin — et parfois ne le saventpas. L'évolution des capteurs a été très forte.On est aujourd'hui dans le submétrique. Nous rêvonsà encore plus puissant, et ce pourrait être pour l'hori-zon 2020. Et nous souhaitons des revisites plus fré-quentes. La technologie progresse vite, mais la capacitédes utilisateurs moins. Il faut néanmoins rester opti-miste. Ces nouveaux outils, dès qu'ils seront appropriés,seront à l’origine de nouveaux besoins.

Quels sont les freins à l'utilisationdes données spatiales ?Le modèle économique en premier lieu. Pour les ap-plications de navigation, les utilisateurs — les construc-teurs automobiles par exemple — ont de quoi payer.Mais lorsqu'il s'agit d'observation de la Terre, les uti-lisateurs sont le plus souvent des collectivités ou desservices de l'État. La crise des finances publiques étantce qu'elle est, le modèle économique est moins facileà trouver. Ce qu'il nous faut prouver, c'est que l'imagesatellite peut faire faire des économies. Cela dit, l'uti-lisateur « lambda» se moque de savoir si l'image est

spatiale ou pas. La météo que vousécoutez le matin est le plus souvent faitepar satellite, mais ça n'est pas le plus im-portant… En théorie, l'image spatialeest aujourd’hui accessible. Des dispo-sitifs le permettent. Mais il nous ap-partient — je parle du CNES, de l'IGN,du CETE — de faire en sorte que celasoit connu. Ceci dit, l'image n'est qu'uneimage. Si l'on veut une information surla tache urbaine et que l'image n'est pastraitée… cela ne sert à rien. L'objet n'estpas l'outil. Le spatial exige des change-ments de pratiques professionnelles, desgains de compétences. Passer de laphoto-interprétation au traitement au-

tomatique n'est pas évident pour tous. Enfin, si l'onveut vendre une image, il faut qu'on puisse en assu-rer la pérennité. Le monde de la recherche peut fairedes miracles sur des expériences isolées. Mais les ser-vices de l'État ont besoin d'informations sur degrandes surfaces, à l'échelle des régions souvent. Il fautque les algorithmes fonctionnent à cette échelle, et quenous puissions garantir à l'utilisateur qu'il aura accèsaux images dans le futur. C'est ce que garantissent lessatellites Spot et Pléiades.

Les programmes d'aujourd'huisont-ils plus européens que français ?Si l'on met de côté Copernicus, la démarche est es-sentiellement française. Cela dit, si nous développonsdes outils, ils peuvent servir à nos voisins. Nous déve-loppons des algorithmes permettant des traitements au-tomatisés. Ils peuvent être adaptés à différents paysages,ce qui ne veut pas dire que ce qu'on a développé pourle Limousin est utilisable au-delà du cercle polaire…

3 questions à...DidierTreinsoutrotDirecteurde la délégation de Toulousedu CETE Sud-Ouest

LE SPATIAL EXIGE DES GAINSDE COMPÉTENCES»

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DOSSIER LES YEUX AU CIELMoucherons,hamsterset particulesLes données et les imagessatellitaires fournissentla matière premièredes cartes d’occupationdu sol. Mais elles donnentaussi lieu à des traquesinattendues. Ainsi,on traque ou espèretraquer par satellite…� L’évolution de l’habitatdu grand hamster d’Alsace— dont la survie dépenddes parcelles de céréalesd’hiver. Par le servicerégional de traitementd’image et de télédétection,rattaché à l’école Télécomphysique de Strasbourg.� L’estimation de la densitéde particules en suspensiondans l’air (aérosols).www.cesbio.ups-tlse.fr

� L’identificationdes biotopes favorisde Culicoides imicola,un petit moucherontransmettant aux moutonsla fièvre catarrhale ovine,en Corse, grâceà des images Spot.� Le suivides efflorescencesd’Alexandrium catanella,une algue toxique,dans le bassin de Thauainsi que dans deux sitesespagnol et Italien, parl’Ifremer (Institut françaisde recherche pourl’exploitation de la mer)et une société privée.� La pulvérisationde pesticides dansles vignes pargéoréférencement GPS.La position du tracteurest rapportée dans un SIGqui comprend aussile dessin des parcelles,les bassins versants,le réseau hydrographiqueet le relief. Les donnéessont corroboréesavec la météo instantanée,puis enregistréesà des fins d’analyseet de comparaisons.Par l’Irstea (Institut nationalde recherche en scienceset technologies pourl’environnement etl’agriculture).� Le mûrissementde la canne à sucreà La Réunion. Soit le projetSucrette (suivi de la canne àsucre par télédétection),mené par le Cirad (Centrede coopération internationalen recherche agronomiquepour le développement)et Spot Image, grâceà des images Spot 4 et 5.� Les avalanches:le satellite, en mesurantle rayonnement solaireet la réflectance de la neige,permet de modéliserles risques. Par le Centred’études de la neigede Grenoble.� La datation de la poussedes feuilles d’arbres,par l’Inra (Intitut national dela recherche agronomique)de Bordeaux.

IGN

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JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 19

Quels services en ligne gratuits de l’IGN puis-je utiliser ?

Je suis un particulierLe site www.geoportail.gouv.frest gratuit pour tous. Il permet la visualisation de données géographiques en 2D et en 3D, le calcul de distances, de surfaces,de pente, l’impression et mêmele stockage de données au seind’un espace personnel.Le site existe en version mobile(m.geoportail.fr) sous formed’une application sur Android.

Je suis un chercheur ou un enseignantLes entités chargées de re-cherche ou d'enseignement ontun accès gratuit et illimité auxservices du Géoportail et à l’ensemble des données IGN,pour leurs applications internes, pour des extranets ou-verts à des tiers, ou encore pourdes sites internet et des applica-tions destinés au grand public.

Je suis un organisme chargéd’une mission de servicepublic Les organismes chargés d’une

Fionn HallemanResponsable marketinginternet et nouvellestechnologies

IGN

QUESTIONS RÉPONSES

mission de service public sanscaractère industriel et com-mercial ont un accès gratuit etillimité aux données du référentiel à grande échelleRGE®. Pour les autres données acces-sibles via des sites internet oudes applications grand public,l’utilisation est gratuite dans la limite de 100 000 transac-tions par mois.

Je développe des services enligneLes accès au Géoportail né-cessaires au développement deservices en ligne ou d’applica-tions mobiles sont gratuits pendant toute la durée néces-saire au développement.

Je gère un site internet ouune application mobile• L'IGN propose une licence li-bre et gratuite (API Géoportail)donnant accès aux services duGéoportail dès lors que le siteinternet ou l'application mobilesont «ouverts » (c’est-à-dire

Accès aux donnéesde l’IGN dans son espaceprofessionnel en ligne.

gratuits et accessibles sans motde passe) et pour l'usage privéde l'utilisateur final. En pra-tique, tout site internet outoute application mobile gratuite pour ses visiteurs,même financé par la publicité,peut bénéficier de cette licence.

• Les responsables de sites internet ou d’applications mo-biles non commerciales accè-dent gratuitement au serviceINSPIRE de consultation desdonnées de l’IGN.

• L'utilisation de la pyramide « Plan IGN » est illimitée. Les autres données sont ac-cessibles gratuitement dans lalimite de 100 000 transactionspar mois et de 50 visiteurs simultanés.

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20 / IGN MAGAZINE JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013

comme forêts… Comment avoirune vision européenne cohérente ?Le réseau des inventaires forestierseuropéens Enfin (European Na-tional Forest Inventory Network)s’est engagé depuis 2004 dansl’harmonisation des définitions,avec le soutien de l’Union euro-péenne et de son Cost (Cooperationin Science and Technology) Office.

Combien les forêts d’Europestockent-elles de carbone ?

La question est simple. Mais la ré-ponse nécessite l'utilisation dedonnées comparables pour chacundes pays de l’Union. Or, quand laFrance définit comme forêt “toutesurface de plus d’un demi-hectarecouverte à plus de 10 % par des ar-bres”, l’Allemagne fixe le seuil à

30 %, et l’Espagne à seulement 5%.Histoires et cultures nationalesont suscité des définitions diverses.En Allemagne, les forêts sontdenses : le seuil de 30 % a été re-tenu. En Espagne, c'est parce quele sylvo-pastoralisme est très im-portant que les surfaces de plus de0,5 hectare couvertes à plus de 5 %par des arbres sont considérées

FORÊTS

IGN

Pour assurer la cohérence des statistiques et des rapports européens sur la forêt, les inventaires nationaux ont harmonisé leurs données et leurs définitions. À commencer par celle-ci : qu'est-ce qu'une forêt?

L’EUROPE PEUT ENFINCOMPTER SES ARBRES

RepèresCarte d'harmonisationdes données dessurfaces terrières éditéepar le consortium desinventaires forestiersnationaux d'Europe,piloté par l'IGN.La surface terrière est la somme de la section des troncs des arbres, mesuréeà 1,30m du sol.

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JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 21JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 21

Les définitions et les techniquesd’inventaire ont été répertoriées, etles États se sont accordés sur desdéfinitions de référence de la forêt,des différents compartiments desarbres, du bois mort, de la bio-masse et des types forestiers. Cetteharmonisation permet de produiredes statistiques forestières euro-péennes (action COST e43). Cetravail s’étend désormais à la res-source forestière et donc aux ac-croissements ainsi qu’aux arbreshors forêt (action COST Usewood).

RASSEMBLER DES DONNÉESHARMONISÉES

En 2008, un consortium de 21 in-ventaires forestiers, soutenu par leréseau Enfin et piloté par l’Inven-taire français, a signé un contrat-ca-dre avec le Centre commun de re-cherche (CCR) de l’Union euro-péenne. Une infrastructure a étémise en place pour recevoir lesdonnées des pays partenaires etproduire les résultats attendus. Laplateforme de consultation Web E-forest — tel est son nom — offre parexemple la possibilité de visualiserdes cartes thématiques de réparti-tion des essences forestières. Ellemet à disposition des services per-mettant d’utiliser ses données enflux (WMS) dans des systèmesd’information géographique conte-nant les métadonnées nécessairesà la compréhension des différences.Les informations délivrées par E-fo-rest ont déjà servi à valider la carteeuropéenne des forêts établie par leCCR à partir de télédétection. L’ob-jectif est aussi de présenter les ré-sultats quantitatifs à l’échelle des ré-gions d’Europe, selon la nomen-clature européenne des unités ter-

EspècesLa répartition des pinssylvestres en Europerapportée aux forêts de feuillus et de conifères, telle qu’elle apparaît sur la plateforme E-forest.

BiotopesEn haut, un massifforestier dans uneboucle de la Sarre, près de Mettlach(Allemagne)En bas, une zone boisée de châtaigniers et de chênes verts dans la province de Leon, en Espagne.

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MRKS_V/FOTOLIA.COM

HENRY CZANDERNA/FOTOLIA.COM

E-FOREST

ritoriales statistiques (NUTS 2) ouencore sur les cellules d’une grilleInspire de 50 km de côté.

DES OUTILS DE VALORISATION DES DONNÉES

Pour cela, un estimateur universela été développé. Il restitue un ré-sultat cohérent, y compris sur descellules transfrontalières compo-sites. Quant à donner des résultatsfiables sur des cellules de petitetaille, cela reste une autre affaire.Les méthodes d’inventaire multi-sources, combinant les donnéesterrain et celles extraites d’images,sont à l’étude dans le cadre deCOST UseWood. Elles sont déjàutilisées dans certains pays d’Eu-rope du nord à forêts homogènes.Les politiques européennes de dé-veloppement des énergies renou-velables, de réduction des émissionsde gaz à effets de serre et de pré-servation de la biodiversité néces-sitent une connaissance fine del’état et de l’évolution de l’écosys-tème, et des ressources forestières.UseWood analyse les connaissanceset les modèles de simulation desressources et des disponibilités fo-restières. En partenariat avec l’uni-versité suédoise d’agriculture (SLU)et le centre de recherche forestièrefinlandais (Metla), le consortiumdes inventaires a posé les bases d’unsimulateur de ressources. Il per-mettra à terme de modéliser conve-nablement la croissance de forêts ir-régulières et mélangées, et de tenircompte de l’impact du change-ment climatique. �

L’IF n° 22http://inventaire-forestier.ign.fr/spip/IMG/pdf/IF22_internatio-nal_web.pdfhttps://sites.google.com/site/costactionfp1001/http://forest.jrc.ec.europa.eu/efdac/

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22 / IGN MAGAZINE JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013

gravées du secteur des Merveilles.Ce secteur, qui fait partie du site duMont Bego, est entouré de zonesplus petites mais tout aussi richesen gravures, dont la vallée de Fon-tanalba ou le col du Sabion.La répartition des rôles entre ar-chéologues et topographes est clai-rement définie. Les premiers ar-pentent le site du Mont Bego afinde relever les dessins des gravures ;les topographes s’occupent de re-lever les coordonnées des roches

La vallée des Merveilles estune zone archéologique de

grand intérêt au sein du parc na-tional du Mercantour. On y trouve,sur une superficie de 14 hectares, lelong des sentiers de randonnée ouplus isolées dans les hauteurs, plusde 4000 roches gravées (les «pé-troglyphes»). Les plus anciennes deces gravures ont plus de quatremille ans et datent du Bronze an-cien. Parmi elles se trouvent des re-présentations d’armes, de halle-

bardes, des anthropomorphes, des«cornifor mes» (bêtes à cornes)et des réticulés (quadrillages).Manifestation symbolique descroyances des bergers de l’époque?Traces d’un culte antique? L’inter-prétation a fait l’objet de nom-breuses théories. Et le sens réel desdessins reste un mystère.Depuis 2007, chaque été, l’IGN etl’ENSG s’associent à l’Institut de pa-léontologie humaine (IPH) pourdes campagnes de levés des roches

UN SIG INVENTORIELA VALLÉEDES MERVEILLESPoignards, bêtes, masques, cornes… Depuis 2007, des anthropologueset des géomaticiens de l'IGN et de l'ENSG inventorient et cartographientles milliers de mystérieuses gravures de la vallée des Merveilles.Un système d’information géographique a même été créé tout exprès.

ENSG

Du Bronze au satelliteLe récepteur GPS enstation permet le relevéexact des pétroglyphes.

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par des mesures GPS. Les coor-données, les dessins et les des-criptions sont ensuite numérisés aulaboratoire du Lazaret, à Nice.

CODES ARCHÉOLOGIQUES ETDONNÉES GÉOGRAPHIQUES

Après plusieurs dizaines d’annéesd’études de ce matériel archéolo-gique, la nécessité de disposer d’unoutil cartographique pour l’étudede la répartition des roches s’est im-posée. L’ENSG a alors contribué audéveloppement d’une nouvelle pla-teforme de consultation et d’étude.Le choix s’est porté sur un systèmed’information géographique (SIG)orienté Web, afin que les cher-cheurs du laboratoire du Lazaret etde l’IPH puissent collaborer à l’ou-til et consulter les données.Une base de données géographiquea été développée afin d’intégrer lesdonnées géométriques au SIG Web.Elle liste les zones (I à XII), diviséesen groupes, les roches et les gra-vures. Un code alphanumérique aété mis au point au Lazaret pourdécrire le type de gravure : la pre-mière lettre représente la figure(poignard, anthropomorphe…) etles caractères suivants permettentune description plus fine.

Le SIG est entièrement développéà partir d’outils et de librairiesopen source. En plus de la base dedonnées, le serveur cartographiqueMapServer diffuse les informa-tions vectorielles (points et poly-gones) nécessaires à la cartographiedes roches et des zones. Son grandintérêt est de pouvoir générer desservices à la volée selon les stan-dards WFS (Web Feature Service) :pour les demandes complexes, etselon les besoins des utilisateurs,plusieurs tables de la base de don-nées sont croisées et une liste deroches correspondant à la requêteest renvoyée. Côté client, l’applica-

tion cartographique Web proposede nombreux onglets de requête etdes outils d’interaction avec lacarte. Grâce aux services de don-nées en lignes offerts par l’APIGéoportail, les orthophotographieset la cartographie de la vallée desMerveilles sont utilisées commedonnées de base.

OUTIL DE MISEEN CORRESPONDANCE

Cette plateforme Web comporte desoutils d’analyse à l’échelle d’unsecteur (celui des Merveilles), deszones qui le composent, comme àl’échelle des roches. Des filtres per-mettent de passer rapidement del’intégralité des roches à une zoned’intérêt, à un type spécifique degravures, ou bien combinent cesdeux critères (tous les poignards dela zone VII, par exemple). Une re-cherche fine est possible en utili-sant un code plus complet pour letype de gravure.Un outil interactif de cartographiepar cercles proportionnels permetde représenter le nombre deroches ou de gravures à l’échellede son choix (par zone, par roche).La description de ces gravuresest ensuite accessible sous formede tableau ou de diagramme encliquant sur les roches ou sur leszones. Ce SIG Web permet aux ar-chéologues de retrouver facile-ment des roches d’intérêt, et de re-chercher une correspondance en-tre le type de gravure et leur ré-partition sur le terrain. Grâce auxtravaux de fouilles et aux levés destopographes qui se déroulent en-core chaque été, les autres secteursde la vallée des Merveilles sontprogressivement saisis dans labase de données afin de permet-tre une étude plus complète de cetrésor. D’autres merveilles sontencore à découvrir !

SuperpositionEn jaune, le nombre decorniformes par roche.

CatalogueLes types de gravuredans une zone donnée.

LevéUn exemple de planarchéologique.

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PétroglyphesRoche gravéedans la Valléedes Merveilles(parc du Mercantour).

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Le Géoportail propose désormais les images du satellite allemandRapidEye acquises sur la métropole, pour l’Institut national de recherche ensciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea), et desimages aériennes du Grand-Duché du Luxembourg.

IMAGESSANS FRONTIÈRES

La constellation RapidEye est composéede cinq satellites exploités par la société

allemande RapidEye AG. Leurs images de6,50 m de résolution (un pixel représente 6,50 msur le terrain) se caractérisent par leur richessedans le domaine de l’infrarouge. Elles sont doncparticulièrement utilisées par de nombreuxpays pour des applications liées à la végétation,et notamment le suivi de la production agricole.Environ 160 scènes ont été acquises sur laFrance métropolitaine entre mai et octobre2010 par l’Institut national de recherche en

sciences et technologies pour l’environnementet l’agriculture (Irstea), avec une licence d’usageétendue au secteur institutionnel. Mises en géométrie par l’IGN pour devenir su-perposables à la cartographie et au référentiel àgrande échelle (RGE), les ortho-images obte-nues, une fois échantillonnées à 5 m, ont été li-vrées à l’Irstea pour diffusion. La donnéevisualisable sur le Géoportail est issue de l’as-semblage géométrique de ces ortho-images enmode «  couleurs naturelles  » (utilisation desseules bandes spectrales rouge, vert et bleu).

RAPIDEYE:UN ŒIL SUR LA TERRE

GÉOPORTAIL

GÉOPORTAIL / RAPIDEYE Vue de l’espaceImage satellitaire prisepar l’un des satellitesde la constellationRapidEye.

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La collaboration entre l’IGN et l’Adminis-tration du cadastre et de la topographie

(ACT) du Luxembourg remonte à plusieurs di-zaines d’années. Dès les années 1950, l’IGN etl’ACT collaboraient pour cartographier le Grand-Duché du 1: 10000 au 1: 250000.En 2005 et 2006, l’ACT passait commande à IGNFrance International d’une base de données car-tographiques du Luxembourg à partir de la-

quelle l’IGN a mis à jour les cartes au 1: 20000puis au 1:50000 et au 1:100000 de l’ACT.Aujourd’hui, les résultats de ces travaux sont visualisables sur le Géoportail. Vous pouvez sur-voler le Grand-Duché de Luxembourg de Cler -vaux à Esch-sur-Alzette en passant par la ville deLuxembourg, grâce aux images aériennes, et dé-couvrir les cartes topographiques de ce territoire.Ces données sont superposables entre elles.

CARTES ET PHOTOS AÉRIENNESDU GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG

GÉOPORTAIL / ACT

SuperpositionOrthophoto et cartetopographiquesur la même zonegéographiquedu Luxembourgvisualisablessur le Géoportail.

GÉOPORTAIL / ACT

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On pense d’abord aux camionsrouges. Pas aux cartes et aux don-nées. Certes, il est de pires in-

justices. Mais aujourd’hui, dans tous les ser-vices départementaux d’incendie et de se-cours (SDIS) de France, c’est bien un systèmed’information géographique qui guide, lo-calise et parfois rappelle les engins de se-cours. À condition d’être à jour… Selon lestermes d’une convention signée en avril 2012,les quatre SDIS d’Auvergne et l’IGN échan-gent désormais leurs données. Les pompiersenregistrent et corrigent les imprécisionsqu’ils pourraient rencontrer sur leurs cartes.Ils transmettent à l’IGN les informations surles créations ou les modifications de voies oud’adresses dont ils ont connaissance dansleur département d’intervention. En re-tour, l’IGN leur fournit gratuitement laBDTOPO® et la BDADRESSE®, via le Cen-tre régional auvergnat de l’information géo-graphique (Craig). Les pompiers peaufinentles bases de données de l’IGN, qui leur four-nissent un socle actualisé pour géolocaliserleurs données métier. Un cercle vertueux, quin’a pas toujours été.

UN PREMIER GÉOMATICIEN EN 2002

La départementalisation des services d’in-cendie et de secours a été instituée par laloi du 3 mai 1996. La cartographie  alors était

ÉCHANGEGAGNANT

rustique. « Les centres de secours ache-taient des cartes IGN au 1:25000 à la mai-son de la presse et se procuraient des plansde ville auprès des offices de tourisme…»,se souvient le lieutenant-colonel Mondet,aujourd’hui chef du groupement gestiondes risques du SDIS de l’Allier.En 2002, le SDIS a embauché pour la pre-mière fois un géomaticien. Le poste est au-

jourd’hui occupé par Florian Robert. Il dis-pose d’un bureau au premier étage du bâ-timent tout neuf de la nouvelle direction dé-partementale, et il utilise son propre réseauinformatique.Au second, les salles de commandement. Lecentre de traitement de l’alerte (CTA), oùparviennent tous les appels du départe-ment, occupe 80m2. Un poste de travailpour le chef de salle, quatre autres pour lespompiers de permanence, un mur d’écrans.

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Un SDIS par département> Depuis la loi du 3 mai 1996, les services d’incendie et de secours (SDIS) sont départementalisés. Ils ontleur conseil d’administration et sont autonomes dans leurs choix logistiques et informatiques. Ils sont clas-sés, selon leur importance, en cinq catégories. En Auvergne, le Puy-de-Dôme est en catégorie 2, l’Allier en 3,la Haute-Loire en 4 et le Cantal en 5. En moyenne, pour la région Auvergne, une intervention est déclenchéetoutes les six minutes, dont quasiment 70 % de secours à des personnes. La convention signée par l'IGN, leCraig et les quatre SDIS auvergnats est la première convention à dimension régionale.

Depuis avril 2012, les quatre SDIS d’Auvergne fournissent à l’IGN les donnéespermettant la mise à jour locale du RGE®. Les sapeurs-pompiers reçoivent en retour les bases de données topographiques et adresses, qu’ils intègrentdans leurs systèmes d’information. Et tout le monde y gagne.

Vue d’ensembleDocument de travaildes sapeurs-pompiers.

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De l’autre côté de la vitre, une salle jumelle :le centre opérationnel départemental d'in-cendie et de secours (Codis), d’où les offi-ciers coordonnent les secours en cas d’in-tervention lourde. Sur le côté, la « salle dedébordement», qui ne servira qu’en cas decrise. Le département est sujet aux inon-dations de l’Allier, de la Loire, du Cher et deleurs affluents. Des radios alignées sur le râ-telier, des téléphones muets —aujourd’hui,tout est calme.

UN RÉFÉRENTIEL COMMUN

Sur l’écran, un plan de Vichy. On y suit ununique véhicule de retour d’intervention.L’information géographique est partout, ex-plique le lieutenant-colonel Mondet. Elle lo-calise les appels passés au centre de traite-ment, géolocalise les véhicules, permetl’édition des cartes murales et des atlas em-barqués dans les camions. « Chaque alerte

déclenche l’envoi d’unticket de départ au centrede secours concerné. Ilcomporte les détails del’accident et le numéro del’atlas à embarquer,

l’adresse s’il s’agit d’un bâ-timent répertorié et les in-

dications complémentairesdonnées par la personne qui ap-

pelle les secours…»Hors traitement des appels, la donnée géo-graphique sert aussi à l’analyse des risques,aux statistiques, à la mise au point des rè-glements opérationnels, aux études pros-pectives. Comment produire sans elle lesschémas de «propagation des moyens» fi-gurant dans les obligatoires schémas dé-partementaux d’analyse et de couverturedes risques (SDACR)?La convention signée avec l’IGN présenteplusieurs avantages pour le SDIS de l’Allier.D’abord, elle propose des données de réfé-rence plus souvent mises à jour. Le SDIS, avant de disposer de la BDADRESSE® de l’IGN, travaillait avec Tele Atlas.Le colonel l’avoue, le SDIS restait parfois plu-sieurs années sans mise à jour.La convention IGN-Craig-SDIS prévoit unemise à jour de la BDTOPO® et de la BDA-DRESSE® tous les six mois. Le nouvel accordmet aussi les pompiers en situation d’utiliser

un référentiel —le RGE® — commun aux au-tres services de l’État et bien sûr aux SDISvoisins. Stratégiquement, poursuit le colo-nel, cet accord «a aussi permis d’associer lesquatre SDIS et de leur donner du poids.Avant, quand le Cantal, avec ses 110 000 ha-bitants, émettait une demande, il était peuentendu. Maintenant, c’est toute la régionAuvergne qui s’exprime. La mutualisationdes données a aussi fait baisser les coûts, quimaintenant tangentent le zéro. Grâce auCraig, les SDIS peuvent bénéficier d’ortho-photographies haute résolution sans avoir àdépenser un euro. On est passé du coût d’unelicence nominale à la gratuité.» Enfin, laconvention, d’une certaine manière, quali-fie les données. «Ça garantit la fiabilité. Ce

???

SpécialisteLe lieutenant-colonelMondet devantl’écran géantdu Codis de l’Allier.

CommandementEn banlieue de Moulins,la directiondépartementaledes pompiers de l’Allier.

IsochronesTracés de déplacements à intervallesde temps égaux du SMUR du Puy-de-Dôme.

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qu’il nous faut, c’est l’information la plus fia-ble possible, le plus rapidement possible.»Les transmissions d’information se font viale site internet dédié de l’IGN : ripart.ign.fr.La version logicielle de Ripart va pouvoir en-trer en service dans les SDIS, précise Fran-çois Perrussel-Morin, directeur interrégionalcentre-est de l’IGN. « Il y avait un problèmede labellisation et de sécurité, les systèmes in-formatiques des SDIS étant protégés. Le pro-blème est aujourd’hui réglé. Ripart vientd’être labellisé par les prestataires. Les si-gnalements d’informations pourront doncse faire directement depuis les SIG des pom-piers.»

«DU GAGNANT-GAGNANT»

«Ce qui évolue le plus, dit Florian Robert, cesont le réseau routier, les bâtiments et leschemins. Il y a les remembrements, lescréations de voies… Lorsqu’il y a un feu devégétation, il est important de savoir si unchemin est ouvert ou fermé. L'IGN a re-cueilli toutes nos données, les a comparéeset additionnées aux siennes. Il y avait100 000 objets pour le réseau routier de

l'Allier. L'IGN arrive à 250000 en ajoutantnotamment des chemins, des voies pié-tonnes, des pistes cyclables. En ce moment,nous croisons les deux référentiels. Il y abeaucoup d'écarts, beaucoup de choses àvérifier. Nous essayons d'être au fait detout ce qui se passe. L'IGN apporte les sensuniques, les numéros des voies…»La convention prévoit que les pompiers gar-dent pour eux leurs «données métier»,

dont la position des «hydrants», les pointsd’eau, qui comme les plans intérieurs desgrands bâtiments n’ont pas vocation à fi-gurer dans le référentiel à grande échelle(RGE®).

UNE CONFIANCE ABSOLUE

«Dès que les pompiers mettent à jour uneinformation sur leur propre base de don-nées, reprend François Perrussel-Morin,cela déclenche un envoi à l’opérateur del’IGN chargé de cette zone géographique. LeSDIS signale un changement ou une créa-tion de rue, par exemple. Une fois l’infor-mation reçue, un géomètre va vérifier surle terrain et remettre l’information en géo-métrie pour la rendre compatible avec leRGE, puis elle revient vers les pompiers.C’est du gagnant-gagnant. Plus vite l’in-formation est mise à jour, plus vite lespompiers peuvent l’utiliser. Il reste néan-moins un délai technique incompressible.»La convention a été signée en avril 2012pour trois ans. «Nous en sommes à la miseen place, précise François Perrussel-Morin.Ce qui n’effraie aucun des partenaires.«Notre calendrier, c'est celui de tous les SDIS.Ils exigent d'avoir une confiance absoluedans les bases de données routières, pour évi-ter d'envoyer un camion au mauvais en-droit», note Frédéric Deneux, directeur duCraig (lire interview). La sécurité prime. �

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Les véhicules de commandement mobileemportent des PC reliés au SIG. Mais lesengins de secours «ordinaires»emportent eux des plans numérotésdans un porte-cartes, emprunté au « localcartes» de la caserne. Le réseau radioAntares des pompiers peut pourtanttransmettre des données. C’est lematériel qui fait encore défaut, expliquele colonel Mondet : « Il n’y a pas encorede tablettes embarquées dans lesengins, car nous avons du mal à trouverun outil qui fait tout. Même si elle existedans les de véhicules de l’avant blindé(VAB) utilisés pour le transport destroupes, nous n’avons pas trouvé detablette GPS et de PC durci satisfaisantnos contraintes »… Le reste del’infrastructure, lui, est prêt.

Pas (encore)de donnéesnumériquesdans les véhiculesde secours

PC mobileVéhicule de poste de commandementdu SDIS du Puy-de-Dôme.

Il y avait 100000 objets pour le réseau routierde l'Allier. L'IGN arrive à 250000en ajoutant notamment des chemins,des voies piétonnes, des pistes cyclables.»

Soldats du feuPompiers en action lors d’un incendie.

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À quoi le Craig sert-il ?Le Craig existe depuis 2004 à tra-vers une disposition du contrat deprojets État-Région (CPER). En2007, la Région a souhaité accélé-rer le dispositif en y réunissant sesquatre départements et ses sixagglomérations. En 2011, le Craiga changé de statut. Il est devenuun groupement d’intérêt public, etl’IGN l’a rejoint. Notre objectifest d'être un centre de ressourcesde l'information géographique.Notre première mission est defournir de la donnée cartogra-phique à nos adhérents. Nous fa-cilitons l'achat de données au-près des producteurs ou passonsdes marchés publics. Nous avonspassé un marché pour la produc-tion d’une couverture en ortho-photographies en 2009. Nous re-versons les données acquises àl'IGN. Cela évite une double dé-pense d'argent public. Nous avonsreconduit ce partenariat avecl'IGN en 2013. Le Craig vole surl'Allier et le Puy-de-Dôme, et l'IGN s’occupedu Cantal et de la Haute-Loire. Nous pre-nons aussi des vues des six agglomérations.Cela permet de faire des économies etd’avoir des données homogènes, les quatredépartements étant survolés la même an-née. Nous avons pour ambition d'être leguichet unique de l'information géogra-phique pour la région Auvergne. Et noussommes la première région à avoir établiune relation privilégiée avec l'IGN.

Qui utilise de l’informationgéographique en Auvergne,et pour quelles applications ?Nous avons réalisé récemment une enquêteauprès des utilisateurs. Les données sontutiles essentiellement à l’aménagement duterritoire, elles servent, par exemple, de sup-port à l’élaboration des documents de pla-nification. Autre application, pour les besoins

des forestiers, nous pro-duisons une image infra-rouge couleur qui permetde produire la coucheverte de la BD TOPO®. Au-jourd’hui, en partenariatavec l'IGN, nous envisa-geons de produire lescouches d’occupation dusol (OCS). C'est un besoinexprimé par les utilisa-teurs et qui découle duGrenelle de l’environne-ment, pour l’élaborationdes trames vertes et bleuesnotamment. Nous nousefforçons d’être en cohé-rence avec les travaux del'IGN pour éviter que l'Au-vergne ne soit une île. Il ya des régions autour denous, il y a un espace géo-graphique cohérent quiest le Massif Central dontnous ne pouvons pas faireabstraction. Nous avonstravaillé récemment avec

l'université Blaise-Pascal de Clermont-Fer-rand à un modèle numérique de terrain dehaute précision qui couvre 40 km2 autour duPuy-de-Dôme. Il est utilisé par des labora-toires de volcanologie et d'archéologie. Le dé-partement du Puy-de-Dôme soutient ce pro-jet dans le cadre de sa campagne pour le clas-sement de la chaîne des puys au patrimoinemondial de l'humanité. Il a été produit en2011, les données sont en cours d'exploitation.

Quel a été votre rôle dans la miseen place de la convention avec l’IGN?Nous avons un rôle de fédérateur. Nousavons mis les quatre SDIS autour de la ta-ble avec l'IGN. Les SDIS n'avaient pas l'ha-bitude de travailler ensemble. Il a fallu ap-prendre à se connaître et à se faire confiance :la culture du partage ne se décrète pas. LesSDIS avaient des niveaux de développementdes SIG très différents. Notre objectif est de

garantir la cohérence régionale. Nousveillons à ce que les SDIS travaillent avec lesmêmes référentiels, pour qu'un SDIS inter-venant à la frontière de son département aitles mêmes données que son voisin. Les SDISutilisent beaucoup de bases de données denavigation, de type Navteq ou Tele Atlas, oudes données créées par leurs propresmoyens. Cela prend du temps. Nous ensommes au tout début, et nous n’avons pasle droit de nous tromper. Chaque SDIS y vaà son propre rythme. Le partage permetd'améliorer le référentiel à grande échelle del'IGN, et en même temps d’expertiser desdonnées produites par les SDIS. Nous avonsmené une expertise en Haute-Loire : il man-quait des éléments dans le RGE comme dansla base de données locale. Pas de routes, non,mais certains noms de voies et certains sensde circulation ne sont pas les mêmes. Dansle département, plus de 1 000 objets sont enphase d’appariement, ce qui n'est pas anor-mal. Qui a raison ? Dans certains cas, il fau-dra que l'IGN envoie ses collecteurs sur leterrain pour le savoir.

Les mises à jour peuvent-elles devenirencore plus collaboratives ?Il faut faire vivre le partenariat — car le souf-flé peut retomber. L'idée est d'étendre cettelogique de partage des informations auprèsde nos  400 utilisateurs, pour améliorertoutes les composantes du RGE. Nous ani-mons des groupes de travail qui intéressentl'IGN, sur des sujets comme l'accès à la fo-rêt ou la desserte forestière. Au final, l'inté-gration de ces éléments dans le RGE profiteà tous les utilisateurs… et au-delà. Pour latransmission des informations, nous nousappuyons sur l’application Ripart en versionInternet. L'idée est d'ouvrir ce service à tousnos utilisateurs. Il faut de la simplicité, sur-tout si nous voulons étendre le principe auxpetites communes. L’outil proposé ne doitpas être trop technique. C'est de la carto-graphie participative, comme on le feraitavec Open StreetMap, mais à la sauce IGN.Et ça nous va bien.

4 questions à...Frédéric DeneuxDirecteur du Centrerégional auvergnatde l’informationgéographique (CRAIG)

Sandrine TousChargée de missiongéomatique

LE GUICHET UNIQUE DE L’INFORMATIONGÉOGRAPHIQUE EN AUVERGNE»

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À votre écoute Le centre de traitementdes alertes du SDIS 63.

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30 / IGN MAGAZINE JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013

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1962 Naît un 23 juillet à Bayonne.

1984 Entre aux Arts Déco.

1985 Voyage à Bornéo.

2007-2012 Réalise Hommes racines.

Lignes de vie

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En parlant de racines… quelles sont les vôtres?J’ai grandi au pays basque. Avant de commencerHommes Racines, je suis d’ailleurs retourné sur mon lieud’enfance. Car pour moi, le peuple basque est un peu-ple autochtone, même si cette réalité est difficile à ac-cepter en France. On imagine plus volontiers ces peu-ples ailleurs. En fait, les Basques posent la question del’autochtonie en Europe. Plus tard, j’ai étudié aux artsdécoratifs. Je voulais dessiner : faire de la BD, du des-sin de presse. Je voulais raconter des histoires aux gens.Mais avant de les raconter, j’ai voulu les vivre. À 22 ans,je décide de partir à Bornéo pour vivre avec des nomadeschasseurs-cueilleurs. Ce fut un choc énorme. Je suistombé en amour avec la forêt, les bruits, les senteurs.

Votre travail s’apparente-t-il à de l’ethnologie?Absolument pas. Il n’est pas scientifique. Je fais un tra-vail sur le sensible, l’humain, j’essaie de capter la rela-tion de l’homme avec son environnement. D’ailleurs, aufur et à mesure de mes voyages, l’environnement est de-venu de plus en plus important. Avant, j’observais lesattaques sur ces peuples en dissociant les hommes dela nature. Je voulais saisir comment une terre donne uneidentité, et comment, lorsque ces peuples sont déraci-nés, cette identité est altérée. Aujourd’hui, je prends desphotos plus panoramiques, pour capter ces peuples dansleur cadre… lui aussi attaqué.

Pourquoi sont-ils si fragiles?Déjà parce qu’ils sont ultraminoritaires dans un pays.Et aussi parce qu’ils ont perdu toute souveraineté surleur territoire. Avec l’accaparement des terres agricoles,des zones de pêche, leur territoire se réduit commepeau de chagrin. On nie leurs lois, on nie leurs droits.Ensuite, parce qu’ils sont intimement liés à leur en-vironnement. Leur économie est donc plus fragile. En-fin, ils se situent sur la ligne de front du réchauffementclimatique, ils en sont les premières victimes.

Quel avenir pour ces peuples autochtones?Avec la crise environnementale que nous traversons,nous leur portons un regain d’intérêt car ils ont unevision très respectueuse de leur environnement. Cer-tains peuples sont moribonds, victimes de l’argentfacile amené par le tourisme, d’autres se métissent etacquièrent leur indépendance comme c’est le cas auGroenland. Il y a des succès, des peuples qu’oncroyait morts et qui renaissent de leurs cendres, et

puis des fins annoncées comme celle des Hadzabésde Tanzanie, un peuple de chasseurs-cueilleurscomptant moins d’un millier d’individus et qui esten train de s’éteindre.

Vous sentez-vous révolté par leur condition?Ce sont des peuples qu’on a réduits au statutd’hommes de Cro-Magnon. De grands photographesse sont servis de leur image en la nettoyant, en latransformant, pour mieux la faire coller au mythe dubon sauvage. Il s’agit d’une prédation de l’image, com-parable à celle des terres, des forêts, du sous-sol. Ornous n’avons pas le droit de nier une culture, unelangue. Il faut respecter le lien particulier qu’ils ont àla terre. Leur mode de vie fait qu’ils ont besoin d’es-pace. Et l’espace est devenu un luxe. Jusqu’à présent,l’accaparement des terres s’est toujours fait avec beau-coup de violence, de mépris de la part des autorités.Tout projet sur leur territoire devrait donc se fairedans la concertation, le dialogue. Moi je suis pour ladiversité des cultures, pas la monoculture. Les proté-ger eux, c’est aussi nous protéger nous.

En vingt-cinq ans, quelle évolutionavez-vous pu constater?Quand j’arrivais dans une communauté, je gardais unepart de mystère à leurs yeux. Aujourd’hui je ne suis plusun point d’interrogation. Il faut dire que l’accès à cespeuples est devenu plus facile, les routes sont beaucoupplus nombreuses et donc les contacts également. Denombreuses traditions d’hospitalité ont été mises àrude épreuve. Le rapport avec l’étranger a été biaisé parles conflits, les incursions. Être accepté prend actuel-lement beaucoup plus de temps. Mais avec de la pa-tience, l’échange demeure possible.

Quel rôle les cartes ont-elles joué dans vosaventures?Dans les premières années, les cartes étaient extrê-mement importantes. Je préparais mes voyages de ma-nière très méthodique. Maintenant je n’en ai plus dutout besoin. Je n’ai peut-être plus peur de me perdre…

JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2013 IGN MAGAZINE / 31

Bibliographie

2002 Les Hommesdes rochers, Hoebeke.

2006 Peuples, textesd’Edgar Morin, Paris,Groupe Flammarion.

2008 Itinéraires,Éditions de la Martinière.

2010 La Dalle, voyageà Choisy-le-Roi, Éditionsde La Martinière.

2012 Hommes racines,Éditions de la Martinière.

2014 Son prochainlivre porterasur les sociétésmatrilinéaireset sera éditéchez Arthaud.

Pierre de VallombreuseDepuis vingt-cinq ans, Pierre de Vallombreuse parcourt le monde, captantavec sensibilité, à travers son objectif, la relation des peuples autochtonesavec leur environnement. Il vient de signer « Hommes Racines », un projetqui l'a mené à la rencontre de onze de ces peuples.

Certains peuples sont moribonds,victimes de l’argent facile amenépar le tourisme, d’autres se métissentet acquièrent leur indépendance,comme c’est le cas au Groenland.»

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GigantismeImage satellitaire obliquePléiades 1A de la ville de Dubaï(Émirats arabes unis),avec la tour Burj Khalifa(828 mètres de hauteur).Cet édifice est actuellementla plus haute structuredu monde.2012 CNES

© IGN / CINQUIEME COLONNE / 2013 / REF. 86 / MAGIGN71