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Un milieu naturel qui marque le territoire Simple fleuve pour le profane, la Seine est pour
le scientifique comme pour le gestionnaire un
véritable système constitué d’une variété de
milieux en interaction. Comprendre le fonction-
nement de ce système vivant, c’est retracer l’his-
toire de sa formation, connaître les milieux et
étudier la dynamique du fleuve dans le temps et
dans l’espace.
La richesse faunistique et floristique a justifié le
classement d’une grande partie des berges en
espaces naturels sensibles. De plus, le “ Schéma
des services collectifs des espaces naturels et
ruraux “, dans sa contribution francilienne, iden-
tifie la vallée de la Seine comme une liaison
écologique d’importance nationale, entre l’Est et
l’Ouest.
Les espaces naturels sensiblesLa Seine et ses berges constituent un point fort du “Schémades espaces naturels sensibles“. Deux des sept objectifs traitent d’ailleurs de cette problématique.Sur les soixante-six kilomètres de berges, trente-trois ont étérépertoriés comme espaces naturels sensibles soit soixante-quatorze hectares. Cette décision a été motivée par quatre raisons principales :
- la vallée de la Seine est un corridor écologique d’intérêtnational dont la continuité doit impérativement être préser-vée,
- les berges de Seine constituent un important potentiel d’ac-cès à la nature pour les habitants du nord du département :soit pour l’intérêt intrinsèque du fleuve et de ses rives, soitpour la possibilité qu’offrent ces berges de relier entre euxles principaux espaces verts,
- les îles constituent des sites privilégiés où la végétationreste très prégnante et qu’il convient de préserver au cœurde l’agglomération,
- ces zones humides possèdent un très fort potentiel écologi-que et une dynamique de reconquête unique dans les écosys-tèmes terrestres des régions tempérées. Ce sont donc desmilieux à mettre en avant pour la renaturation des zonesurbaines.
Cette démarche est d’autant plus intéressante qu’elle s’intè-gre dans une volonté affirmée de protéger les zones humidesà l’échelon tant national qu’européen.
> Nénuphars sur le fleuve à Neuilly-sur-Seine > Canards colverts sur la Seine
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Une géographie fluvialecontrastéeLa Seine prend sa source en Côte-d’Or, sur le plateau de
Langres, à 471 mètres d’altitude et se jette dans la Manche
après un parcours de 776 kilomètres dont la dernière partie,
en aval de Charenton, est allongée par de nombreux méan-
dres.
Le fleuve draine d’abord la Champagne (passant à Troyes),
longe la Brie (où il arrose Melun), traverse Paris et sa ban-
lieue puis atteint la Normandie en passant par Rouen, avant
de rejoindre la Manche par un estuaire d’une largeur d’en-
viron 10 km à son embouchure.
L’Aube, l’Yonne, le Loing, la Marne, l’Oise et l’Eure sont,
d’amont en aval, ses principaux affluents. Les crues sont par-
fois redoutables mais, ses colères passées, la Seine est un
long fleuve tranquille et navigable sur une grande longueur.
La Seine et les Hauts-de-SeineLa Seine traverse les Hauts-de-Seine - d’Est en Ouest - sur
39 kilomètres, en traçant deux larges méandres. Ses 66 kilo-
mètres de berges, dont 15 concernent les îles, marquent
fortement le paysage.
Au nombre de trente-quatre il y a deux siècles contre six
aujourd’hui, les îles participent au charme du fleuve. En
amont, l’île Saint-Germain, à Issy-les-Moulineaux, précède
l’île Seguin. Plus loin, l’île de Puteaux forme un chapelet avec
l’île de la Jatte. Dans la Boucle nord, l’île Saint-Denis, longue
et étroite, sépare les Hauts-de-Seine de la Seine-Saint-Denis.
Plus en aval encore, l’Ile fleurie, ou Ile de Chatou appelée
encore Ile des impressionnistes, est marquée par les séjours
de peintres célèbres.
Les trois boucles - celle de Boulogne-Billancourt, celle de
Gennevilliers et celle de Croissy - limitent le département à
l’Est, au Nord et à l’Ouest.
Des coteaux, véritables balcons sur la vallée et sur Paris, sou-
lignent le tracé du fleuve. Ceux du Val de Seine dominent la
Boucle de Boulogne-Billancourt et dessinent des reliefs élevés
et escarpés qui surplombent de plus de 140 mètres le niveau
du fleuve. Ils se prolongent jusqu’au Mont-Valérien, butte et
ultime témoin du plateau de la Beauce. Plus en aval, le
coteau d’Orgemont, de moindre ampleur, délimite la Boucle
de Gennevilliers. Enfin, au sortir du département, la Seine se
frotte à nouveau aux reliefs marqués de Rueil-Malmaison et
de Bougival.
De larges plaines alluviales environnent le fleuve. Les plaines
de Boulogne-Billancourt, de Villiers (de Neuilly-sur-Seine à
Clichy-la-Garenne), de Gennevilliers, de Nanterre et des
Closeaux à Rueil-Malmaison, longtemps restées submersibles
et dévolues aux caprices du fleuve, ont repoussé l’urbanisa-
tion à distance sur les premiers reliefs.
Le réseau hydrographique du fleuve, localement, est
composé de plusieurs petits affluents, tels que le ru de
Marivel ou le ru de Vaucresson, pour ne citer que les plus
importants. Ils échancrent les plateaux du centre du départe-
ment et s’écoulent vers la Seine, en formant de nombreux val-
lons. Bien peu de ces petites rivières sont encore à ciel
ouvert. Recouvertes par l’urbanisation, elles sont peu percep-
tibles. Un des affluents interdépartemental important est la
Bièvre, presqu’entièrement enterrée ; plusieurs organismes et
associations réfléchissent afin de la voir ressurgir à ciel
ouvert.
> L’écluse de Suresnes
Quelques chiffresLe débit* moyen de la Seine est de 500 m3/seconde ; il peutvarier de 250 m3/seconde en été à 2500 m3/seconde en hiver,lors de très grandes crues. Période de basses eaux (de juin à octobre) : en dessous de300 m3/seconde.Période de hautes eaux (de décembre à avril) : au dessus de500 m3/seconde.La quantité d’eau de pluie tombée sur l’ensemble du bassinversant de la Seine influe directement sur le régime et surles crues du fleuve.Le département est parcouru par la Seine sur 39 kilomètres. Son niveau de retenue normal est de 26,73 mètres NGF à l’amont du barrage de Suresnes et de23,56 mètres NGF à l’aval, contrôlé par le barrage de Chatou(source DIREN Ile-de-France). Les longueurs des deux biefsnavigables sont de 8 kilomètres à l’amont de Suresnes et de31 kilomètres à l’aval. La largeur moyenne du fleuve est de 160 mètres et sa pro-fondeur moyenne de 3 mètres 50.*débit d’un fleuve : quantité d’eau qui passe, en 1 seconde, en un point donné d’unerivière.
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> La SeineLe nom « Seine » vient du latin Sequana,déesse romaine qui était adorée à lasource du fleuve il y a 2000 ans. Ce nomlatin viendrait lui-même d’un mot celteplus ancien « Squan » qui signifie « semblable à un serpent » (tortueux).
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Une nature dynamique
La Seine évolue selon les saisons. L’hiver, le fleuve se gonfle
progressivement, parfois jusqu’au débordement. L’été, des
orages violents et soudains peuvent générer des augmenta-
tions du niveau d’eau sur une courte période.
Le débit du fleuve varie au cours de l’année, en fonction des
précipitations (pluie et neige) et de l’évaporation (donc de la
température).
La période des hautes eaux, de décembre à avril, alterne
avec la période des basses eaux, de juin à octobre. Le
niveau maximum des crues est atteint habituellement pendant
les mois de janvier et février.
Le climat rencontré sur les territoires qui longent la Seine et
ses principaux affluents expose les rivières de son bassin et
elle-même à des crues hivernales dont certaines, dans le
passé, ont été catastrophiques.
La période des basses eaux est située l’été. L’équipement de
barrages complété par des écluses contribue à maintenir le
niveau d’eau nécessaire à la navigation et autorise la
pratique des sports nautiques.
Lors de sa traversée en région parisienne, le réseau hydro-
graphique de la Seine perd ses caractéristiques naturelles.
Les débits eux-mêmes sont régulés par quatre grands barrages-
Les formations géologiques à Paris et dans la banlieue ouest. [d’après Ch.Pomerol, découverte géologique de Paris et de l’Ile-de-France]
De la formation la plus ancienne à la plus récente :1 Craie campanienne surmontée localement par le
calcaire et les marnes de Meudon.2 Argile et sables yprésiens.3 Calcaire grossier du Lutétien. 4 Marnes et caillasses du Lutétien.5 Sables de Beauchamp. 6 Calcaire de Saint-Ouen. 7 Sables de Monceau, marnes et masses du gypse.8 Argile verte du Stampien.9 Formation de Brie.10 Marnes à huîtres et Sables de Fontainebleau. 11 Argile à meulière.
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Lit mineur
Lit majeur périodique
Lit majeur épisodique
Berges
Bourelets de rive
MURETTES ANTI-CRUES EXISTANTES
GéologieIl y a 1,8 million d’années, la Seine coulait encore au niveaudes plateaux, à 100 ou 150 mètres d’altitude et son enfonce-ment progressif s’est effectué tout au long de l’ère quater-naire.A cette époque, le fleuve charriait des alluvions grossières. La Seine, encombrée de bancs de galets, possédait alors unetrès grande puissance d’érosion qui a facilité le creusement de la vallée et explique sa topographie actuelle.Sur son chemin, elle a entaillé des couches de calcaire puis de craie, visibles encore dans les anciennes carrières descoteaux de Meudon et d’Issy-les-Moulineaux.Le débit actuel, plus lent qu’autrefois, ne permet plus le creusement des rives.
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L’hydrogéologie de la rivièreL’eau libre de la Seine est reliée à sa nappe phréatique depart et d’autre de son lit. Cette nappe, appelée nappe desalluvions parce qu’elle imbibe les terrains alluvionnairesde la vallée, constitue un réservoir aquifère et surtout une« zone tampon » lors de crues ou de montée des eaux.Plus en profondeur, les roches perméables sont de vastesréservoirs dont la saturation en eau dépend des entrées etdes sorties, par voie naturelle ou par prélèvement effectuépar l’homme.
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Bourrelets de rive
Berges
L’écosystème fleuve : un écosystème fragile et d’une grande potentialité floristique et faunistique
Dans notre département, la Seine constitue un espace naturel d’enver-
gure de près de 450 hectares. Elle joue un rôle de corridor écologi-
que pour de nombreuses espèces animales et végétales liées ou non
au milieu aquatique. Bien évidemment, ce rôle ne se limite pas au
département.
Même si l’urbanisation a réduit les emprises sauvages en bordure
du fleuve, celles-ci n’ont jamais complètement disparu. Les berges
naturelles et semi-naturelles existent encore sur toute la partie aval
du fleuve, de Colombes à Rueil-Malmaison, ainsi que dans des
endroits parfois insoupçonnés comme les petits bras de l’île
Puteaux, de l’île Saint-Germain et de l’île de la Jatte.
Ces berges naturelles et semi-naturelles représentent 8,2 kilomètres,
soit 12,5% du linéaire total, sur les 66 kilomètres de berges.
Sur ces secteurs, la Seine et ses berges constituent un écosystème
dynamique, unique, fragile et précieux qui abrite une flore et une
faune spécifiques. La terre, l’eau, la luminosité interagissent pour
offrir des milieux aquatiques, humides et terrestres propices au
développement d’une grande diversité d’espèces vivantes.
L’importance des berges naturellesLes berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions
essentielles :
> elles stabilisent les talus par la structure des parties souterraines
des plantes ;
> elles constituent autant d’habitats pour un grand nombre d’espèces
animales terrestres et aquatiques : poissons, batraciens, insectes,
oiseaux… ;
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réservoirs qui jouent le rôle d’écrêtement de crues et de soutien
d’étiage. Le lit habituel du fleuve est appelé lit mineur. En cas de
crue, l’eau envahit parfois les alentours et définit alors le lit majeur.
Dans l’histoire du fleuve, les crues les plus spectaculaires sont tou-
jours intervenues l’hiver, pendant la période des hautes eaux. La
plus ancienne connue est celle de février 1658, où le pont Marie,
à Paris, fut emporté et vingt-deux maisons avec lui (cote maximale
par rapport au zéro local : 8,96 mètres).
Plus récente et dévastatrice, la crue de 1910 a atteint la cote de
8,62 mètres et noyé la gare Saint-Lazare; un peu moins spectacu-
laire, celle de 1924 a atteint 7,20 mètres.
L’importance des crues est liée aujourd’hui :
> à la concomitance et au niveau des pluies tombées sur les bas-
sins versants de l’Yonne, de la Seine, de la Marne et des autres
affluents de la Seine ;
> à l’imperméabilisation naturelle et temporaire (saturation des
sols, gel) ou artificielle des sols, du fait de l’urbanisation.
La crueLa crue est un phénomène naturel périodique ; il est aléatoirepour les crues exceptionnelles correspondant à une montée duniveau d’eau au-dessus de son niveau moyen pendant lequel lecours d’eau sort de son lit. Lorsque le fleuve n’a pas été endiguépour protéger les terres riveraines, les espaces naturels inondables jouent un rôle de régulateur de débit.
> L’étiage. Été 1942 © I.
I.B.R
.B.S
.
> Côtes des principales crues dans les Hauts-de-Seine
> elles contribuent à la régulation des crues par dissipation
de l’énergie du courant ;
> elles jouent un rôle de filtre naturel vis-à-vis de la pollution
présente dans l’eau (matières en suspension, fixation des
nitrates, des phosphates) ;
> elles préservent les échanges entre l’eau libre du fleuve et
sa nappe phréatique.
Des habitats dépendants de la dynamiquefluvialeLe milieu aquatique
Le lit du fleuve est caractérisé par une faible pente avec un
chenal assez large et profond.
On peut y distinguer trois grands types biologiques d’espèces
vivantes selon l’importance du courant. Il s’agit des espèces :
> fixées ou se déplaçant sur le fond (la végétation, les vers,
les mollusques, les larves d’insectes, les crustacés, les gas-
téropodes…) ;
> dérivant en pleine eau (le plancton) ;
> les organismes nageurs (les poissons essentiellement).
Les milieux semi-aquatiques et les berges
Les berges naturelles sont en pente douce et recouvertes
d’une végétation herbacée (de type roselière) en rive
concave. Elles sont plus abruptes et présentent des fronts
d’érosion favorisant l’implantation d’une végétation arborée
en rive convexe. La juxtaposition de ces différents types d’ha-
bitats, du plus humide au plus sec, du plus récent au plus
ancien, du plus ensoleillé au plus ombragé, est favorable à
l’installation d’une grande diversité d’espèces animales et
végétales.
La berge est une zone de contact entre le milieu aquatique et
le milieu terrestre et la nature de la végétation que l’on y
trouve dépend des conditions locales d’humidité. Ainsi, ren-
> Héron cendré
> Canard colvert à Neuilly-sur-Seine
> Foulque macroule > Méconème fragile
> Chardonneret élégant
> Mouettes au pied du quartier de la Défense
> Berges de la Seine au parc des Chanteraines
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> Oedipode turquoise
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contre-t-on une succession de milieux dont l’affinité avec
l’eau diminue lorsque l’on s’éloigne de la Seine.
Une flore diversifiée 1
La végétation aquatique des eaux calmes
Au pied des berges se développe une végétation amphibie
complètement ou partiellement immergée. Les éléments
caractéristiques en sont le nénuphar jaune (Nuphar lutea) et
le myriophylle en épis (Myriophyllum spicatum). Ces végé-
taux constituent des zones de frayères, d’abri et de nutrition. Ils
ont très largement régressé au fur et à mesure de l’urbanisation.
Exemple de localisation : Ile de la Jatte.
Les grèves alluviales
A proximité immédiate des berges, les grèves alluviales sont
constituées de plantes herbacées annuelles qui colonisent les
sols nus, riches en nitrates et périodiquement inondés. Si rien
ne bloque l’évolution dans le temps de la végétation, les grè-
ves alluviales se voient supplantées par des roselières et
éventuellement par des sauleraies.
Exemples de localisation : Colombes et Nanterre.
Les roselières
Quelques roselières subsistent sur le département, dominées
par le roseau (Phragmites australis) accompagné de l’eupa-
toire chanvrine (Eupatorium cannabinum), du lycopode
d’Europe (Lycopus europaeus), de la salicaire (Lythrum sali-
caria) ou de diverses épilobes.
Elles délimitent des zones d’eau calmes et peu profondes,
essentielles pour l’installation d’une faune et d’une flore
diversifiées. Elles sont indispensables à la reproduction des
libellules, des poissons et des amphibiens. Elles constituent
également un lieu d’abri, de nutrition et de reproduction pour
les oiseaux. En effet, ce type de milieu, même de dimension
restreinte, constitue en zone urbaine une halte précieuse
pour les oiseaux migrateurs. Par ailleurs, les roseaux jouent
un rôle épurateur des eaux par assimilation minérale ce qui
représente un réel intérêt pour des fleuves comme la Seine.
Exemples de localisation : parc des Chanteraines à
Villeneuve-la-Garenne, Colombes, Nanterre.
La forêt rivulaire (ou ripisylve)
La forêt rivulaire, peu développée sur le département
lorsqu’elle est présente, constitue une bande arborée de quel-
ques mètres d’épaisseur seulement.
Les grands arbres tel que le frêne (Fraxinus excelsior), l’aulne
glutineux (Alnus glutinosa) et le chêne pédonculé (Quercus
robur) dominent. On note aussi la présence du saule blanc
(Salix alba), du saule fragile (Salix fragilis) et du saule des
vanniers (Salix viminalis). On peut y trouver par endroit la
cardamine impatiente (Cardamine impatiens), plante proté-
gée au niveau régional. L’orme lisse (Ulmus laevis), arbre
rare en Ile-de-France, a été découvert récemment sur les
berges du port de Gennevilliers.
Exemples de localisation : Nanterre (présence de la carda-
mine impatiente).
Les bois et les fourrés
Aux abords des lieux fréquentés par la population, la végé-
tation forme souvent des bois et des fourrés caractérisés par
un grand nombre d’espèces végétales introduites.
> Grève alluviale à Nanterre
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> Tanaisie > Cirse commun
> Salicaire> Alliaire pétiolée
1Les plantes citées ci-après sont caractéristiques des habitats décrits ou s'yretrouvent de manière constante. Toutes ont été observées ces dernièresannées dans les Hauts-de-Seine.
Ce rongeur amphibie, de mœurs crépusculaires, s’installe préféren-
tiellement sur les berges boisées. Sans prédateur naturel, il est
déclaré nuisible à cause des galeries qu’il creuse et qui endomma-
gent non seulement les berges, mais aussi les ouvrages hydrauli-
ques. Il est notamment présent à Issy-les-Moulineaux.
Les oiseaux
Les rivières et leurs berges présentent une multiplicité de milieux
favorisant une avifaune diversifiée. Si certaines espèces présentes
sont attachées au milieu terrestre, d’autres exploitent le milieu aqua-
tique.
Les oiseaux aquatiques utilisent la Seine pour leur quête de nourri-
ture mais ils nichent ou se reposent sur la terre ferme. Ainsi, la
mouette rieuse (Larus ridibundus), le goéland argenté (Larus argen-
tatus) et le goéland leucophée (Larus cachinnans) survolent la Seine
en quête de déchets flottants. De nombreuses bandes de grands
cormorans (Phalacrocorax carbo) sont aussi observées à l’automne
et durant l’hiver. Un grand dortoir hivernal existe à la pointe avale
de l’île-Saint-Denis.
Le héron cendré (Ardea cinerea) survole le fleuve toute l’année mais
niche dans les départements limitrophes. Le martin pêcheur (Alcedo
atthis), espèce rare et en régression en Ile-de-France, est également
présent sur la plupart des îles. Il creuse son nid dans les talus des
berges couvertes de végétation. L’enrochement ou l’endiguement,
en détruisant ces sites favorables à la reproduction, constitue le
principal facteur de régression de cette espèce.
Les grèves alluviales, peu nombreuses, procurent repos et nourriture
au chevalier guignette (Actitis hypoleucos) qui fréquente ces rives
lors de ses escales migratoires. La bergeronnette des ruisseaux
(Motacilla cinerea) et la bergeronnette grise (Motacilla alba) peu-
vent aussi y être observées.
Canards colverts (Anas platyrhynchos), foulques macroule (Fulica
atra) et poules d’eau (Gallinula chloropus) fréquentent la plupart
des berges. La rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaeus) et la
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La strate arborée est dominée par le robinier (Robinia pseudoaca-
cia), l’orme (Ulmus minor) et les érables. L’étage arbustif est souvent
constitué de sureau noir (Sambucus nigra), de saule marsault (Salix
capraea) ou de symphorine (Symphoricarpos albus). Les lianes,
telles la clématite (Clematis vitalba) et le houblon (Humulus lupulus),
sont envahissantes, formant une véritable barrière végétale difficile-
ment pénétrable. De nombreuses espèces herbacées caractérisent
ce groupement. La plupart sont communes, mais quelques unes sont
moins fréquentes comme l’agripaume cardiaque (Leonorus car-
diaca).
Exemple de localisation : berge sud-est de l’île de Puteaux.
Les friches et prairies
Les friches sont bien représentées et leur présence est souvent liée
à d’anciennes activités humaines.
Les berges et les talus entretenus de manière extensive laissent
apparaître une végétation dense, très diversifiée, dont quelques
espèces rares comme la passerage à larges feuilles (Lepidium lati-
folium) et la passerage à feuilles de graminée (Lepidium graminifo-
lium).
Lorsque l’entretien se relâche, friches et prairies évoluent vers des
fourrés puis des boisements.
Certains sites avaient autrefois une vocation maraîchère. La pré-
sence de l’asperge (Asparagus officinalis), du fenouil (Foeniculum
vulgare) et de la betterave (Beta maritima) en témoigne encore
aujourd’hui.
Exemples de localisation : Gennevilliers et Nanterre.
Une petite faune insoupçonnée2
Les mammifères
Le rat surmulot (Rattus norvegicus) est présent sur tout le linéaire des
berges de Seine, généralement à proximité des habitations ou des
dépotoirs mais aussi parmi les berges enrochées et boisées. Son
cousin d’Amérique du sud, le ragondin (Myocastor coypus) fré-
quente, quant à lui, les berges naturelles où il creuse son terrier.
> Lucane> Cane et ses canetons à Suresnes
2 Les animaux cités ci-après ont tous été observés ces dernières années dans lesHauts-de-Seine.
fauvette babillarde (Sylvia curruca) sont aussi observées
localement. La chouette hulotte (Strix aluco) et le faucon cré-
cerelle (Falco tinninculus) nichent probablement non loin des
berges. Ils fréquentent les milieux ouverts riches en micro-
mammifères et petits passereaux vulnérables. Plus de trente
autres espèces, plus communes, sont présentes sur les berges
couvertes de buissons et de boisements.
Reptiles et batraciens
Reptiles et batraciens sont assez peu présents dans les inven-
taires écologiques des berges de Seine. Le lézard des
murailles (Podarcis muralis) y a été observé ponctuellement.
En revanche, la tortue de Floride, espèce exotique invasive,
est, hélas, relativement commune, au détriment de la faune
indigène.
Les poissons
Si le saumon atlantique (Salmo salar), la grande alose (Alosa
alosa) et la lamproie marine (Petromizon marinus) ont dis-
paru, faute de pouvoir franchir les écluses et barrages, le
seul poisson migrateur à s’être maintenu est l’anguille
(Anguilla anguilla). La population de cette espèce est cepen-
dant considérée comme vulnérable tant sur le plan national
qu’à l’échelle du bassin versant de la Seine.
La diversité piscicole a payé un lourd tribut à la pollution des
eaux. Dans les années 60 seules trois ou quatre espèces très
résistantes peuplaient encore la Seine, à l’instar du chevesne
(Leuciscus cephalus) ou de la perche (Perca fluviatilis).
Toutefois, la qualité de l’eau s’améliorant depuis le milieu des
années 90, des espèces plus sensibles comme la vandoise
(Leuciscus leuciscus) ou la bouvière (Rhodeus sericeus) ont
réapparu. Cette dernière est d’ailleurs intéressante dans la
mesure où elle est considérée comme vulnérable, tant locale-
ment qu’à l’échelon national.
> Grand cormoran
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2> Sphinx demi-paon
> Canthus pellucens > Gardon
> Pic épeichette
En 2002, vingt-huit espèces de poissons étaient dénombrées
dans les Hauts-de-Seine (source : Conseil supérieur de la
pêche). Le maintien de cette biodiversité est intimement lié à
la présence de berges naturelles et végétalisées qui offrent
des frayères et des abris à la faune piscicole. Cependant, en aval
d’Achères, le nombre d’espèces de poissons retombe à trois*.
Les insectes
Aucun insecte à développement aquatique présentant un
intérêt patrimonial n’est connu et les animaux de ce groupe
semblent avoir largement régressé.
Parmi les insectes liés à l’existence de végétation arborée,
notons la présence, à Colombes, du spectaculaire sphinx
demi-paon (Smerinthus ocellatus), papillon nocturne dont la
chenille se nourrit de feuilles de saules ou de peupliers.
Cependant, l’élément le plus remarquable de l’entomofaune
des berges est probablement le méconème fragile
(Meconema meridionale), sauterelle considérée comme rare
en dehors de la zone méditerranéenne. L’un de ses cousins,
l’œdipode turquoise (Oedipoda caerulescens), protégé en
Ile-de-France, semblait presque éteint depuis 10 ans dans la
région. Sa présence à Nanterre est donc également remar-
quable. Le grillon d’Italie (Oecanthus pellucens), lui aussi
protégé au niveau régional, est également présent à
Gennevilliers et Nanterre.
> Rousserole effarvate
* Source : CEMAGREF
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