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Chargésparleurpèrederetrouverl'héritierperdudesLeopardi,Rocco,AlessandroetFalconvontchacuntrouverlapassion...

PENNYJORDANUnchâteau enSici le

( résumé)Alorsqu'iln'ycroyaitplus,Falconretrouveenfinlatracedel'héritierdelafamilleLeopardi,lefilsdesondemi-frèreAntonio.Aussitôt,ilserendàLondrespouryrencontrerlamèredubébé,etlaconvaincredel'accompagnerenSicile.Unmarchéqu'ellenerefuserapas,ilenestcertain. Comment cette céature vénale — à l'instar de toutes les femmes que fréquentaitAntonio—pourraitrefuserl'argentetleluxequelesLeopardisontsusceptiblesdeluioffrir?Pourtant,lorsqu'ilfaitlaconnaissanced'Annie,Falcondécouvreunejeunefemmeépuiséeetapeurée,pourlaquelleiléprouvesoudainunétrangedésirdeprotection...

CollectionAzurLaforced'unerencontre,l'intensitédelapassion.

Le troisièmeetderniervoletde la trilogie«La sagadesLeopardi»,dePennyJordan :Un

châteauenSicile,n°2942éditiondu1ernovembre2009

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PENNYJORDAN

UnchâteauenSicile

COLLECTIONAZUR

éditionsHarlequin

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PrologueFalcon Leopardi eut unemoue de dégoût. Cette réunion à l'initiative de leur père était

censéeêtreunhommageà lamémoired'Antonio, sondéfuntdemi-frère,maiselleétait entraindesetransformerenbeuverie.Lamajoritédessoi-disantamisd'Antoniopartageaientsapassionpourl'alcooletsesmœursdissolues.L'und'euxs'approchadeFalcon,exhalantdesvapeursd'alcool,etsepenchaversluipour

luifaireuneconfidence.— Est-ce que Tonio vous avait parlé de cette fille qu'il avait discrètement droguée à

Cannesl'annéedernière?Ilnousavaitjuréqu'ilsevengeraitparcequ'ellel'avaitrepoussé,etonpeutdirequ'il l'a fait !Auxdernièresnouvelles, ilparaîtqu'elleaprétenduqu'il était lepèredesonmarmot.Falcon, qui était sur le point de s'éloigner, agacé, se retourna pour regarder cet homme

répugnantquititubaitdevantlui.— Ilmesemblequ'iladûmentionnerune foisce t t e histoire,mentit-il.Pourriez-vous

merafraîchirla mémoire?L'hommefutravides'exécuter.— Nous l'avions rencontrée sur la plage de Nikki Beach. Elle traînait avec des jeunes

vedettes,maisellenes'amusaitpascommelesautresfilles.Elleétaittoujoursaffubléed'unchemisier et d'une jupe, on aurait dit une institutrice. Un jour, Antonio a renversé duChampagne sur son chemisier pour rire, pour essayer de la détendre unpeu,mais elle n'arienvoulusavoir.Ellel'atraitéd'unetellefaçon...ilétaitfurieux.Ellel'arepoussé,commesiellevalaitmieuxquelesautres!Ilnousapromisqu'ilsevengerait,etc'estcequ'ilafait.Ilatrouvédans quel hôtel elle était descendue, puis il a payéun serveur pourmettre quelquechosedanssonverre.Ladroguel'acomplètementassommée.Nousavonsdûnousymettreàtrois pour lamonter dans sa chambre. Antonio nous a fait jurer de ne rien dire et nous amenacésdereprésaillesterriblessil'affaires'ébruitait.Ilnousademandédemonterlagardedevantlaporte...Le visage de l'homme changea. Jusqu'alors confiant, il devint presque penaud devant le

silence glacial de Falcon.Malgré son ivresse, il prenait conscience de la gravité de ce qu'ilracontait.— Toniones'enestpas tirési facilement,s'empressa-t-ildedire,commepourrassurer

Falcon. Ilm'a dit un jour que le frère de la fille l'avait retrouvé, et l'avait accuséde l'avoirmiseenceinte.Maisiln'étaitpasquestionpourToniodepayerquoiquecesoit.Falconn'avait pas dit unmot. Il n'avait aucunmal à imaginer le rôle de son demi-frère

dans cette histoire sordide. Cela lui ressemblait tellement et ne faisait que confirmerl'antipathiequesesdeuxfrèresetluiavaienttoujourséprouvéepourAntonio.—Comments'appelaitcettefille?Vousensouvenez-vous?demanda-t-ilenfin.L'hommesecoualatête,puisseconcentraenfronçantlessourcils.

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— Je crois que c'était quelque chose comme Anna ou Annie... Je sais juste qu'elle étaitanglaise,dit-ilavantdes'éloignerentitubant.Ilétaitsansdoutepartiseservirunautreverre,songeaFalconenregardantendirectionde

sesfrèresetdeleursépouses.Leurpère,lePrince,avaitadoré,vénéréetgâtésonplusjeunefils,leseulenfantqu'ilavait

euaveclafemmequiavaitétésamaîtressepuissasecondeépouseàlamortdelamèredesestroisfils.D'aprèslePrince,lesdernièresparolesd'Antoniodansl'ambulance,aprèssonaccidentde

voiture,avaientrévéléqu'ilavaitunenfant,conçuàCannes.Levieilhommeavaitalorsexigéqu'onleretrouveàtoutprix.Falconcroyaitavoirtouttentépourretrouversatrace,maisilréalisaitàprésentqu'ilavait

négligé le fait que les cercles dans lesquels Antonio évoluait étaient habitués à dissimulerleursactionshonteuses.Il savaitàprésentcequ'il lui restaità faire.Laseulequestionétait dedécider s'il devait

prévenirsesfrèresavantouaprèsavoirretrouvélafemmedontAntonioavaitmisérablementabusée. Même s'il devait retourner la terre entière, il la retrouverait. Son honneur et sondevoirenverslenomdesLeopardil'exigeaient.

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1.Anniesefrottalesyeux.Ellelevaunemain,sonpoignetfrêlesemblantsurlepointdese

briser, et repoussa la lourdemassedebouclesblondesqui lui tombaient sur levisage.Elleattachaitd'ordinairesescheveuxlongsenunchignonstrict,maisOliverl'avaitdéfaitunpeuplus tôt lorsqu'elle luiavaitdonnésonbainetellen'avaitpaspris le tempsdese recoiffer.Elle aimait tant sonbébé ! Il était toutpour elle et elle était prête à toutpour leprotéger.Absolumenttout.Elleavaitpassé lasoiréeplongéedansses livres.Sontravailderechercheàmi-tempslui

fournissaitunrevenumodeste,bienmoinslucratifquelorsqu'elleeffectuaitdesrecherchespourTom.Leromancierlapayaiteneffettrèsgénéreusementàl'époque;safemmeSusieetluiétaientdevenusdevéritablesamispourelle.Leregardd'Annies'assombritàcesouvenir.Prèsdesdocumentsqu'elleétudiait,sur lapetitetablepliantemaléclairéequi luiservait

debureau,elleavaitposélapiledecourrierquelaposteavaitfaitsuivre,etdanslaquellesetrouvaitunelettredesondemi-frère.Ellefrissonnaetregardapar-dessussonépaule,commesiellecraignaitqueColinpuissesurgirdenullepart.Colinhabitaitlamaisonquiappartenaitaupèred'Annieetquiauraitdoncdûluireveniràsamort.Illaluiavaitvolée,toutcommeilluiavaitvolé...Non,ellenevoulaitpluspenseràlui!Elle ne pouvait cependant pas oublier son existence, à cause d'Oliver. Colin avait

désapprouvé son choix de garder son bébé et avait tout fait pour la convaincre de le faireadopter.Maisrienaumonden'auraitpulaséparerdesonfils,pasmêmeColinetsesproposculpabilisants. Il avait argué qu'un couple lui aurait offert demeilleures conditions de viequ'unefemmeseule.Ilpouvaitsemontrertrèspersuasifquandilvoulaitetelleavaiteupeurqu'ilparvienneàconvaincred'autrespersonnesqu'ilavaitraison.Elleavaitparfoisl'impressionqu'ellenepourraitjamaiscesserderegarderautourd'elle,de

peurqueColinlesretrouveettentedenouveaudelaséparerdesonfils.Ellen'avaitpaseul'intentiondeluiparlerdesagrossesse,maisSusieavaitcrubond'écrire

unelettreàColinpourluiracontercequiluiétaitarrivé,lesoiroùelletravaillaitpourTom.Susies'étaitensuiteréjouiequeColinproposed'hébergerAnnie,aprèslanaissanced'Oliver,etdesubveniràtoussesbesoins.Annieavaitpourtantdéclinél'offredeColin:elleleconnaissaittropbien.Elleétaitrestée

dans sonappartement,prétextantqu'ellepréférait accoucherdans l'hôpitalde sonquartier,quijouissaitd'uneexcellenteréputation.Colin avait mal pris son rejet et avait insisté pour continuer à lui rendre visite

régulièrement.Ilavaitd'abordfaitsemblantd'acceptersadécisiondegarderlebébé,maisilavait vite changé de comportement lorsque Antonio Leopardi avait refusé d'accorder lacompensationfinancièrequ'illuiavaitréclamée.Biensûr,Colins'étaitgardédeparlerdetoutcelaàTometSusie.Finalement, elle s'était sentie si oppressée etmenacée, elle avait eu tellement peur que

Colin réussisseà luiprendre sonbébé,que,quelques semainesaprès lanaissanced'Oliver,

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alorsqueColinsetrouvaitenEcossepourréglerunproblèmed'héritage,elleavaitdécidéderésilierlebaildesonappartementetdedéménagerpourdémarrerunenouvellevie.Sans prévenir personne, pas même Susie et Tom, qui faisaient malheureusement une

confianceaveugleàColin,elleavaittrouvéunnouvelappartementetunnouvelemploi,puisavaittoutsimplementdisparu,laissantpourinstructionàlapostedenerévéleràpersonnesanouvelleadresse.Londresétaitsivastequecenouveaudépartétaitpossible.Celafaisaitàprésentcinqmoisqu'elleétaitpartie,maisellenesesentaittoujourspasen

sécurité.Elleavait eudes remordsdenepasavoirprévenuSusieetTom,maisellenepouvait se

permettre de prendre quelque risque que ce soit. Ils ne connaissaient pasColin aussi bienqu'elle,ilsnesavaientpasdequoiilétaitcapable,combienilpouvaitêtreobstiné.Elle frissonnaencore, se souvenant combienelle avait étémalheureuse lorsque samère

avaitépousélepèredeColin.ElleavaitenvaintentédeluiexpliquerqueColinlamettaitmalàl'aiseàobserversesmoindresfaitsetgestesetàlajugersanscesse.Ilétudiaità l'universitéàcemoment-là, ilavaitdix-neufansetelledouze,mais,aprèsle

mariagedeleursparents,ilavaitdécidédechangerdecursusetderevenirvivreaveceux.Colinavaitimmédiatementéprouvédel'antipathiepourlameilleureamied'Annie,Claire.

Un soir, il avait failli la renverser avec la voiture de son père. Après cet incident, lamèred'Annieavaitjugépréférablequelajeunefilleneviennepluschezeux.Aujourd'hui, c'était pour Oliver que Colin éprouvait de l'antipathie. Annie frissonna de

nouveau.Ellen'avaitjamaisconnusonpère.C'étaitunmilitaire,commesonpèreetsongrand-père,

et il était décédé dans une embuscade à l'étranger avant sa naissance. Annie avait tout demêmegrandiheureuseavecsamère.Sonpèreleuravaitlaisséunhéritageconfortable,etsamèreluiavaittoujoursditquecet

argentluireviendraitunjour.Maissamèreétaitdécédéeavantsonsecondmari,sibienquelamaisonétaitrevenueàsonbeau-père,puisàColin.ElleavaitétéprivéedufoyerdanslequelelleauraitdûéleverOliver.Annie jeta un regard inquiet au berceau de son fils. Oliver dormait profondément.

Incapablederésisteràlatentation,elleselevaetallalecontempler.Ilétaitsibeau,siparfait,queparfois le simple faitde le regarder l'emplissaitde tantd'amouretd'admirationqu'elleavaitl'impressionquesoncœurallaitexploser.C'étaitunbébécalme,enbonnesantéetsouriant,curieuxdetoutcequil'entourait.Ilétait

simignon, avec ses boucles brunes et ses yeux d'un gris-bleu qui contrastait avec ses cilsnoirs,quelesgenss'arrêtaientclanslaruepourl'admirer.Lespuéricultricesl'adoraientàlacrèchemunicipaleoùelledevaitledéposertouslesjours

pour aller faire des ménages — c'était le seul emploi qu'elle avait pu trouver sans devoirfournir trop d'informations personnelles. La plupart des autres employées de son agenceétaientétrangèresetneparlaientpassouventsalangue,cequil'arrangeait.Savieactuelleétaitbienloindumondedanslequelelleavaitgrandietdel'avenirqu'elle

s'était imaginé.Contrairementà elle,Olivernegrandiraitpasdansune confortablemaisonavecungrandjardinàl'oréed'unvillagepittoresqueduDorset.Lequartierdanslequelellevivait àprésent était décrépit, pleinde grandesbarresd'immeubles grises, où leshabitantsn'aimaientpaslesquestionsetn'enposaientpasnonplus.Oliver ouvrit les yeux et la regarda en lui adressant un sourire radieux. Annie se sentit

fondre. Elle l'aimait tant. L'amour maternel était un sentiment extraordinaire, qui l'avaitenvahiemalgrélescirconstanceshorriblesdelaconceptiondesonfils.

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Elles'assombritdenouveau.Elles'efforçaitdenejamaisrepenseràcequiluiétaitarrivéàCannes. Heureusement, elle n'avait aucun souvenir de cet affreux moment, à cause de ladrogueverséeàsoninsudanssonverre.Susie,quil'avaittrouvéedanssachambre,toujourssous l'effet de la drogue, avait voulu qu'elle aille porter plainte à la police,mais elle avaitrefusé,carelleétaitencoresous lechocetavaiteupeurqu'onne lacroiepas.Susies'étaitmontréeadorableavecelle.Commesagentillesseetsonamitiéluimanquaient,àprésent!C'était Susie qui avait révélé le nom d'Antonio à Colin, estimant comme lui qu'il devait

verseruneaidefinancièrepoursonenfant.Annien'avaitpasvouludemanderquoiquecesoitàAntonio,etellen'avaitd'ailleurspasétésurprisequ'ilrefuse.Lavérité,c'estqu'elleavaitétésoulagéed'apprendresondécèsdanslesjournaux:désormais,iln'existaitplusaucuneraisonpourqu'Oliverapprennequiétaitsonpèreoudansquellescirconstancesilavaitétéconçu...àmoinsqueColinnelesretrouve.Sonestomacseserra.Non,c'étaitimpossible,ilnepouvaitpaslesretrouver.Ellenedevait

pluspenseràlui.Elleseconsidéraitcommeunepersonnelogiqueetréaliste,conscientedeladureréalitéde

lavie,maisparfois,quandellesesentaitterriblementseule,elleespéraitqu'uneféepourraitd'uncoupdebaguettemagiquelestransporterelleetOliverdansunendroitoù ilsseraientensembleetensécurité,oùColinnepourraitpluslesatteindre.Maislesvœuxn'étaientquedesvœux,etellesavaitbienquelesféesn'existaientpas!Falcon était d'humeur sombre. Il était arrivé à Londres au début de la semaine et avait

immédiatementrencontréledirecteurd'uneagencededétectives,censéeêtrelameilleuredupays.Onluiavaitannoncéqu'ilsavaientbienréussiàidentifierAnnieJohnsoncommeétantlamèrede l'enfantd'Antonio,maisqu'elle avaitdisparudepuis cinqmoisavec sonbébéetqu'ilsn'avaienttoujourspasréussiàretrouversatrace.Falconavaitensuitepasséunaprès-midipeufructueuxavecledemi-frèred'Annie,quilui

avait instinctivement inspiré une profonde antipathie. Puis son frère cadet Rocco l'avaitappelépourluiannoncerquelasantédeleurpères'étaitsoudainaggravée.— Il est stable maintenant et il a pu rentrer au château, lui avait dit Rocco. Mais les

médecinsletrouventtrèsfragile.IldevaitrentrerenSicile,illesavait,c'étaitsondevoir.Maisilétaitaussidesondevoirde

retrouvercetenfantconçudelapiremanièreparsondemi-frèreetreniéparcelui-ci.Leméprisqu'iléprouvaitpourAntoniograndissaitdejourenjour.Ilpénétradanslehalldel'hôtelbaignédesoleil,etvitunefemmedeménageagenouillée

près d'un seaud'eau sale.Elle était vêtued'uneblouse bleue informe et usée, ses cheveuxtirés en arrière révélant un visage sansmaquillage. Quand elle leva la tête pour éviter lesrayonsdusoleil,lecœurdeFalconfitunbond.C'était elle, cela ne faisait aucun doute. Il venait de consulter un dossier contenant

plusieurs photos. Impossible de ne pas reconnaître ces yeux intensément bleus, ce visagerégulier,cepetitnezdroitetcettebouchepleine,mêmesiencetinstantsapeauétaitpâleetses traits tiréspar la fatigue.Sescheveuxblondsétaientdissimulésparunesortede fichu,maisc'étaitbienelle.Parunesortedemiracle,ilétaittombésurelle.Laréceptionnistelatoisaitduregard,cequifitmonterlacolèred'Annie.Elleauraitdéjàdû

terminersonservice,et cette fillen'avaitpasà luidemanderde resterau-delàdeshorairesprévus!Elleselevabrusquementetétouffauncricarsongestelafitheurterquelqu'un.Aussitôt,

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des mains viriles la saisirent par les bras. L'homme avait visiblement eu le réflexe de larepousser, nonde l'empêcherde tomber. Il portait un costume très chic et des lunettesdesoleil griffées, ses cheveux bruns étaient soigneusement coupés et sa peau avait une joliecouleurmate.Il la tenait toujours, attendant sans doute qu'elle lui présente ses excuses, songea-t-elle

avecamertume.Annievoulutsedégagermaisilresserrasonétreinte.Alors,ellelevalesyeuxverslui.Une

sensationétrangeparcourut soncorps,partantde l'endroitoù sesdoigts étaient en contactavecsapeau.Sonpoulss'accéléra.Elleavaitlatêtequitournaitetl'impressiondemanquerd'oxygène.Dessensationsinconnuess'éveillaientenelle...Aussiinsenséquecelapuisseparaître,elle

avait envie de s'appuyer contre lui, de se laisser aller dans ses bras pourmieux sentir soncorps.Unfrissonlaparcourutetellesentitlaculpabilitéetlahontel'envahir.Falconétaitlaproied'unesensationextraordinaire.Ilignoraitdequoiils'agissaitoud'où

celapouvaitvenir.Ilavaitéprouvéquelquechosedesimilairelejouroù,adolescent,ils'étaittenu devant l'une des falaises les plus dangereuses de Sicile, au milieu d'une violentetempête,sachantqu'ilpouvaitsefaireemporteretespérantpresquequecelaarrive.Ilavaitvouluàlafoisrésisteràlapuissanceduventetycéder.Acetinstant-là,ilavaitressentiunmélangedecrainteetd'euphorie,laconscienced'êtreenprésenced'unegrandepuissanceetledésirdesemesureràelle.Ils'étaitsentivivant,grisédesetrouverdevantunélémentaussidangereuxetfascinant.Soudain,Falconvitlaréceptionnistequittersonbureauetvenirverseux.Aussitôt,Annie

Johnsonparvintàselibéreretramassasonseaupourdisparaîtrerapidement.Tandisqu'elles'éloignait,laréceptionnistes'excusapourelleauprèsdeFalcon.

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2.Renvoyée!Elleavaitétérenvoyéeparcequ'unclient—quellehorreur!—avaitétéobligé

de la toucher. La réceptionniste avait manifestement rapporté l'incident et la direction del'hôtel s'étaitplainteà l'agencequi l'employait.Lorsqu'elle était rentréeaubureauavec sescollègues,laresponsablel'attendaitetluiavaitannoncélanouvelle.C'était l'été,mais lesoleildumatinavaitdisparuet ilavaitcommencéàpleuvoir.Quand

elle se retrouva dans la rue, Annie remonta le col de son imperméable— unmanteau dequalitéquidataitdesavied'avant,avantlamortdesamèreetlanaissancedesonfils.Elleavaitvingt-quatreans,serappela-t-elle.Elleavaitpassél'âgedepleurerparcequ'elle

sesentaitseuleetvulnérableetsurtoutterriblementinquiètedel'avenir.Lesruesde laville fourmillaientdemondeàprésentetellenevoulaitpasêtreenretard

pourallerchercherOliveràlacrèche.Elleavaitremarquéuneannoncedansl'entréedisantque l'école primaire d'à côté recherchait une assistante. Annie aurait adoré postuler, maisc'étaittroprisqué.Ilsserenseigneraientsurelleetdécouvriraientquelesavocatsd'Antonioavaientmenacédelapoursuivreenjusticepouravoirprétenduqu'ill'avaitviolée,alorsqu'ilaffirmaitqu'elleétaitconsentante.Saréputationseraitruinée.Etellen'avaitaucunepreuvedecequis'étaitpassé.Elle frissonna,puisaccrochaun sourire forcéà ses lèvresavantdegrimper lesquelques

marchesquiconduisaientàlaportedelacrèche.Lesmursjaunesétaientcouvertsdedessinsd'enfantsmulticolores.MadameNkobu,une

desresponsables,l'accueillitavecunsourirechaleureux.—Ilyaunmonsieurquivousattend.MmeWardnevoulaitpaslelaisserentrer,elleluia

expliquéquec'étaitinterditparlerèglement,maisiln'apasl'airdugenreàseplierauxrèglesdesautres,murmura-t-elleàAnnie.Lesangseglaçadanslesveinesd'Annie.Colinlesavaitretrouvées!Ellesavaitcombienil

pouvait se montrer persuasif et contourner les règlements. Soudain, elle se sentit mal. Ilallaitessayerdereprendrelecontrôlesursavie,enarguantquec'étaitdanssonintérêt.Illuirappelleraitquesesparentsluiavaientconfiéleursbiensparcequ'ilsluifaisaientconfianceetqu'ilssouhaitaientqu'ilveillesurelle.Maisellenedevaitpaspenseràcela.Elledevaitrassemblertoutessesforces.—Ilvousattendlà-bas,l'informaMmeNkobuenluiindiquantlapetitepiècevitréed'où

lesparentspouvaientvoirlesenfants,enattendantdelesrécupérer.Anniehochalatête,maissedirigeadirectementlàoùsetrouvaientlesenfants.Oliverétait

assissurlesolàjoueravecunepetitevoitureetcommetoujoursquandellelevoyait,Anniesentit son cœur se gonflerd'amour.A l'instant où il la vit, il tendit les bras pour qu'elle leprenne. Ce n'est que lorsqu'elle le tint contre elle qu'elle trouva le courage de regarder del'autrecôtédelavitre.Unhommesetrouvaitseuldanslapetitepièce.Il tournait ledosà lavitre,maisellesut

toutdesuitequecen'étaitpasColin.Sonsoulagementfitimmédiatementplaceàuntumulte

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desensationssemblablesàcequ'elleavaitressentiplustôtdanslehalldel'hôtel...Dessouvenirsappartenantàunpassélointain,lorsqu'elleétaitadolescente,luirevinrent.

Elle se revit, parlant en riant et en rougissant avec une camarade d'un chanteur qu'ellesadmiraient toutes lesdeux.Ellesesentait si vivanteà l'époque,siheureuseet tellementàl'aiseavecsespremiersémois...Elle serra Oliver un peu plus fort contre elle, ce qui le fit se tortiller dans ses bras un

moment.Soudain,l'hommeseretournaetellevitsonvisage.Leclientdel'hôtel...IIneportaitplusseslunettesdesoleil,etellevitsesyeux.Alors, ce fut comme si l'air quittait ses poumons, comme si elle avait reçu un choc

physique. Elle savait qui était cet homme ! Comment ne pas s'apercevoir qu'il avaitexactementlesmêmesyeuxquesonfils?Ilétaitindéniablequ'Oliveretluiétaientdumêmesang,etpourtantilneressemblaitenrienàl'hommequiavaitabuséd'elle.AntonioLeopardiavait un visage mou et charnu et des yeux durs trop rapprochés. Il était trapu, de taillemoyenne.Cethommeenfaced'elleétaitgrand,de largecarrure,et,commeelleavaitpu levérifierparelle-même, son corps était trèsmusclé.Soneaudecologne était discrètemaistrèsagréable.Ilétaitrasédeprèsetsescheveuxétaientsoigneusementcoiffés,contrairementàAntonio

quiavaittoujoursunebarbedeplusieursjoursetbeaucoupdegeldanslescheveux.Annie eut enviede tourner les talons etdepartir en courant.Lapeur faisait tomber ses

défensesuneàunecommeunchâteaudecartes.Cependant, son instinct luidisaitquecethommenereprésentaitpasunemenacepourelle.Cen'étaitd'ailleurspasellequ'ilregardait,c'étaitOliver.Ellesentitsabouches'assécheretsoncœurbattreàtoutrompre.Elle retarda l'inévitable confrontation en installant Oliver dans sa poussette, les mains

tremblantes,puispoussalaporteàcontrecœur.Falcon fronça les sourcils en remarquant la réticence craintive de la jeune femme. Cela

faisait-il partie des séquelles qu'Antonio lui avait laissées ? Tout à l'heure, dans le hall del'hôtel,ilavaitétéfrappéparsavulnérabilité.Etilavaitéprouvél'étrangeenviedelarassurer,uneenviequ'iléprouvaitdenouveauencetinstant.Falconn'avaitpasl'habituded'avoirdessentimentsaussifortspourquiconqueendehors

de sa famille proche. Il nepouvait nier qu'il s'étaitmontré trèsprotecteur envers sesdeuxfrèrescadets,estimantqu'enl'absencedeleurmèreetfaceàlafroideurdeleurpère,ilétaitdesaresponsabilitéd'aînédelesprotégeretdeleséleverdansl'amour.Il avait endossé très tôt cette responsabilité,mais il n'avait encore jamais ressenti cette

envie de protéger quelqu'un. Cette réaction irrationnelle était sans aucun doute due à laprésencedel'enfant.Plusieursheurespasséesautéléphone,àinsisterpourobtenirdesinformationsauprèsde

l'agencequil'employait,avaientéténécessairespourlaretrouver.Toutcelaàcausedecettesatanéeréceptionnistequil'avaitempêchédelasuivreunpeuplustôt.Al'hôtel,ilavaitéprouvédelapitiépourAnnieJohnson.Aprésent,ilétaitmotivéparson

devoir et sa volonté, au nom des Leopardi, pour réparer, dans lamesure du possible, cequ'Antonioavait fait.Etbien sûr, il voulait s'assurerque l'enfantgrandirait en connaissantson héritage familial. Dès qu'il l'avait vu à la crèche, Falcon avait su que le bébé était unLeopardi,celasevoyaitindéniablementsursestraits.Ilsuivitlajeunefemmedanslarue.Aprésent,ilsétaientloindesoreillesindiscrètes.—Quiêtes-vous?demandaAnnied'unevoixmalassurée.Quevoulez-vous?

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—Jem'appelleFalconLeopardi.—Vousêteslefrèred'AntonioLeopardi?—Non,corrigea-t-il.Jenesuisquesondemi-frère.Commeellecomprenaitsonbesoindemarquerladifférence!songeaAnnie.Toutcomme

elleavaittoujoursvoulugardersesdistancesavecColin.Aujourd'hui encore, elle entendait samère lui répéter d'une voix plaintive : «Maisma

chérie,Colinessaiejusted'êtregentilavectoi.Nepourrais-tupasfaireuneffort?»Partousles moyens, elle avait essayé d'expliquer à sa mère ce qu'elle ressentait. Mais commentmettredesmotssurcettesituation?Celaavaitfiniparcréerdestensionsentreelles,etColinavaitcontinuéàpasserpourlebeau-filsidéal.Falconfronçalessourcils.Aquoipensaitlajeunefemme?Sonregards'étaitassombri.Elle devait en vouloir à Antonio, sans aucun doute. Son amour pour son enfant était

pourtant évident, et ne faisait que confirmer toutes les informations que les enquêteursavaientpuréunir.Elleétaitunemèreexemplaireetdévouée.Uneseulechoseluiéchappait:pourquoi avait-elle refuséd'habiter chez sondemi-frère ?ColinRileyn'avaitpu lui fournird'explication logique,mais il avait évoquéunevaguequerellequ'elle avait refuséde régler,malgré ses tentatives de réconciliation. « Elle a toujours eu tendance à réagir demanièreexcessive,elleesttrèsémotive,avait-ilditàFalcon.Toutcequejevoulais,c'étaitl'aider.»AnnieclignadesyeuxenentendantFalconreprendre:—Mesdeuxfrèresetmoin'avonsjamaisappréciéAntonio.Sonanglaisétaitparfaitetsansaccent,remarqua-t-elle.—Jen'essaieraipasdevouslecacher.Jepeuxvousassurerquelestyledeviequ'ilavait

choisin'estpaslenôtre.Nousn'avonsjamaisapprouvésoncomportement.Annie leva les yeux vers lui, puis détourna le regard, le cœur serré comme chaque fois

qu'ellerepensaitàlaconceptiond'Oliver.—Quantàlaraisondemaprésenceici...Ilmarquaunelonguepauseavantdereprendre:— Avantsamort,Antonioarévéléànotrepèrequ'ilavaitunenfant,mais ilestdécédé

avant de pouvoir en dire plus. Notre père aimait tellement Antonio qu'il nous a demandéqu'onretrouvecetenfant.Devantl'échecdenosrecherches,nousenavonsdéduitqu'unefoisdeplus,Antonion'avaitpasditlavérité.Falcon marqua une nouvelle pause. Elle continuait à éviter son regard, mais il avait

remarquéquesamains'étaitcrispéesurlapoussette.— Naturellement, lorsque j'aiapprisqu'ilavaitbeletbienconçuunenfant, j'aivouluà

toutprixconnaîtrelavérité.Ils'étaitarrêtédemarcher,obligeantAnnieàl'imiter.—Commentl'avez-vousappris?demanda-t-elled'unevoixétranglée.Falcon la considéra un instant, puis décida que la vérité devait être à la base de leurs

rapports.—Unamid'Antoniom'aparlédelasubstanceverséedansvotreverreetdecequis'était

passéensuite.J'aivitefaitlerapprochement.Annie avait envie de fermer les yeux ainsi que le font les enfants, dans l'espoir de

disparaître comme par magie. Le simple fait que Falcon Leopardi prononce c e smots lareplongeaitdanslahonte.—JesaisquevousavezpriscontactavecAntoniopourluiannoncerlanaissancedeson

fils...— Non, corrigea-t-elle aussitôt, sa fierté reprenant le dessus. Je ne l'aurais jamais

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contacté. C'est mon demi-frère qui l'a fait. Je l'ignorais jusqu'à ce que Colin m'annoncequ'Antonioniaitcequis'étaitpassé.Falconfronçalessourcils.Etait-celaraisondeleurquerelle?— Votre demi-frère n'a pas mentionné cela lorsque je lui ai parlé. Il était surtout

préoccupéparvotresituation,etilm'ademandédeletenirinformédetoutprogrèsdansmesrecherchesàvotresujet.Anniecrutquesoncœurallaitcesserdebattre.— Vous n'avez pas... Vous ne lui avez pas dit où j'étais ? demanda-t-elle d'une voix

implorante.—Votredemi-frèrem'aassuréquesonseulbutétaitdevousaideretdevousprotéger.Combiendetempsluirestait-ilavantqueColinnelaretrouveetqu'ilnerecommenceàla

harcelerpourqu'ellefasseadopterOliver?Lapaniqueluinoualeventre.—Ilnedoitpassavoiroùnoussommes!s'écria-t-elle,prisedepanique.FalconLeopardil'observaitattentivement.— Colin pense qu'il vaudrait mieux faire adopter Oliver, parvint-elle finalement à

articuler.Parcequ'iln'avaitpasréussiàobtenird'argentd'Antonio?Oubienparcequ'ilestimaitque

ce serait mieux pour l'enfant ? Falcon n'eut pas de difficulté à choisir entre ces deuxpossibilités.Eneffet,ColinluiavaitexpressémentdemandésiOliverallaithériterdesbiensd'Antoniooudesafamille.—Maisvousn'êtespasdesonavis?demanda-t-il.—Non,jenepourraisjamaisl'abandonner.Jamais.Riennipersonnenepourraientm'en

persuader.Lapassiondanssavoix lamétamorphosaitcomplètement,ellesemblait toutàcoupplus

vivanteetelleétaittrèsbelle.—Jeconviensqu'unenfantaussijeunequ'Oliverabesoindesamère,dit-il.Cependant,

votrefilsestunLeopardi,et,entantquetel,ilseraitjustequ'ilgrandisseaumilieudessiens,dans sa famille et dans son pays. J'ai le devoir, envers Oliver et envers ma famille, dem'assurerqu'ilseraélevécommeunLeopardi.C'estlaraisonpourlaquellejesuisici:pourvousemmenertouslesdeuxenSicile.Annieledévisagea.Safaçonarchaïquedeparlerdesondevoirétaitàdesannées-lumière

desonpropremonde,etpourtantcelarésonnaitenelle.—VousvouleznousemmenerenSicile...pourquenousyvivions?demanda-t-elled'une

voixhésitante,détachantchaquemotpourbienensaisirlesens.Ilsecontentad'unbrefacquiescementdelatête.—Maisvousn'avezaucunepreuvequ'Oliverest...Illuiadressaunregardquilaréduisitausilence.— Vous-même,vousvousenêtesaperçue : cet enfantpourrait être lemien, tant ilme

ressemble.IlalestraitsdesLeopardi.—IlneressembleenrienàAntonio,bredouilla-t-elle.— Non,convint-il.Antonioressemblaitàsamère,c'estpourcelaquemonpère l'aimait

tant.Ecoutez-moi,enSicile,Olivervousauravous,samère,etilaural'amouretlaprotectiondesesonclesetlacompagniedesescousins.IlseraunvraiLeopardi.Danslabouchedecethomme,toutsemblaitsisimpleetsijuste.Maisellenesavaitrien

de luini de sa famille, àpart le fait qu'il avait pris lapeinede les chercherpour retrouverOliver.Commentfaireconfianceàunétranger?Falcondutsentirsonanxiété.

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—Vousaimezvotrefils,n'est-cepas?—Biensûrquejel'aime!—Alors,vousvoulezsansdoutelemeilleurpourlui.—Oui,reconnutAnnie.—Vous conviendrez, je pense, qu'il auraunebienmeilleure vie en grandissant enSicile

plutôtqu'ici?—Vousvoulezdire,avecunemèrequi faitdesménagespourvivre?demanda-t-elled'un

tondedéfi.—Cen'estpasmoiquicréelesstatistiquesselonlesquellesunenfantquigranditdansdes

conditions précaires rencontre plus de difficultés dans sa vie. Et puis, il ne s'agit passimplementd'argent,mêmesicelacompte.Vousêtesseuleaumonde,puisquevousn'avezplusaucuncontactavecvotredemi-frère.Vousêteslaseulefamilled'Oliver.Cen'estpassainpourunenfant,enparticulierpourunpetitgarçon,den'avoirquesamère.EnSicile,Oliveraura une vraie famille. Si vous l'aimez autant que vous le prétendez, alors vous accepterezpoursonbien.Aprèstout,qu'est-cequivousretientici?Sadernièrequestionétaitabruptemaisfondée.Riennelaretenaitici,sauflefaitqu'onne

quittait pas tout du jour au lendemain pour partir à l'étranger avec un inconnu, surtoutlorsqu'onavaitunenfantdesixmoisàprotéger.EnSicile,ellen'auraitplusrienàcraindredeColin.Ellen'auraitpluspeurdeseréveilleret

deletrouverpenchésurleberceaudesonbébé,leregardfixe,commec'étaitarrivéunjouroùilluiavaitrenduvisiteàl'improviste,peuaprèslanaissanced'Oliver.SoninstinctluidisaitquesonfilsseraitensécuritéauprèsdeFalconLeopardi.Mais elle ? Que penser de cette réaction troublante, involontaire et dangereuse qu'elle

éprouvaitfaceàcethomme?Elle devait avant tout penser à Oliver, non à elle, Falcon Leopardi avait raison, son fils

auraituneviebienmeilleureenSicilequ'enrestantàLondresseulavecelle.SielleajoutaitàcelalamenacequereprésentaitColin,ellen'avaitpasàhésiter.Tandis qu'elle débattait intérieurement des conséquences que pourrait avoir son départ

avecFalcon,ellesesouvintque,cematin,elles'étaitmoquéed'elle-mêmeparcequ'ellerêvaità l'impossible :qu'uncoupdebaguettemagique les transporte elle et son fils loind etousleursproblèmes.L'impossiblevenaitdeseproduireetelledevaitsaisircetteopportunité,pour lebiende

sonfils.Riennecomptaitdavantagepourelle.Une étrange sensation s'était emparée d'elle, la tête lui tournait et elle se sentait légère

commel'air,commesilespiedsnetouchaientplusletrottoir.Illuifallutplusieurssecondespourréaliserqu'elleéprouvaittoutsimplementdusoulagement.Lesgenspenseraientqu'elleétaitfolledepartiravecunhommequ'elleneconnaissaitpas

etdeluiconfiersonsortetceluidesonfils.SielleenavaitparléàSusieetTom,ilsauraientcertainementposébeaucoupdequestionsetluiauraientrecommandélaprudence.Susie lui aurait rappelé la proposition de Colin et lui aurait lancé un regard plein de

reproches.Ellen'avait jamais comprispourquoi ellen'avaitpasacceptéque son demi-frèrel'héberge.Ellel'avaittoujourstrouvégentiletattentionné,etelleétaitmêmed'accordavecluisurlesavantagesd'uneadoptionpourOliver.Commeelleregrettaitd'avoirunjourditàSusiequ'elleavaitundemi-frère!Sonamieavaitréussiàtrouversonnometsonadresseetl'avaitcontacté sans la prévenir, croyant bien faire. Colin s'était évidemment conduit demanièreexemplairedevantSusie,jouantlerôledudemi-frèreattentionnépendantsagrossesse...—Etsijerefuse?demandaAnnie.

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— Si vous refusez, alors je ferai valoirmes droits et mon lien de parenté avec Oliverauprèsd'unjuge.— Cequevousmedemandezexigebeaucoupdeconfiance,fit-elleremarquer.Orjen'ai

aucuneraisondevousfaireconfiance,àvousetvotrefamille.— Antonion'a jamais étéun vraiLeopardi.Par sa conduite, il s'est déshonoré et a sali

notre nom. Il est de mon devoir de réparer ses torts. Vous avez ma parole que rien nipersonnenevousferontaucunmaltantquevousserezsousmaprotection.Annie se sentit étrangement émue. Il lui offrait quelque chose dont elle avait

désespérément besoin : la sécurité et le soulagement. Quel autre choix avait-elle qued'accepter?Elleprituneprofondeinspiration,puisdemandaaussicalmementqu'elleput:—Quanddevrions-nouspartir?ElleavaitcédébienplusfacilementqueFalconnel'auraitimaginé.Celadevait-illerendre

méfiantvis-à-visd'elle?—Rapidement,répondit-il.Leplusrapidementpossible.Monpèreestmaladeetilesttrès

faible.Sonplusgrandsouhaitestdevoirlefilsd'Antonio.—Jevaisavoirdeschosesàrégler,commença-t-elle.Lesconséquencesdecequ'ellevenaitdedécidercommençaientàdéfilerdanssonesprit.

Mais elle sut, e nvoyant l'expression de Falcon Leopardi, qu'il ne la laisserait pas changerd'avis.—Parexemple?—Je vais devoir prévenir la crèche d'Oliver, etmonpropriétaire. Et il faudra que jeme

renseignesurlesvaccinsdontilpeutavoirbesoinpourallerenSicile.— Il n'en a pas besoin.Quant à la crèche et à votre appartement, je peuxm'en occuper.

Vousaurezcependantbesoindevêtementsadaptésàunclimatchaud.C'est lepleinétéenSicileencemoment.—Denouveauxvêtements?Maiscommentdiableallait-ellepouvoirselespayer?Commes'ilavaitludanssespensées,Falconpoursuivitd'unevoixdouce:— Naturellement, je prendrai en charge les frais engagés pour tout ce dont vous aurez

besoin.—Nousnedemandonspaslacharité,dit-ellesèchement.Iln'estpasquestionquejevous

laissem’acheterdesvêtements.— J'insiste. A propos, mes belles-sœurs sont toutes les deux anglaises, vous vous

découvrirezsansdoutebeaucoupdepointscommunsavecelles.MonfrèrecadetRoccoetsafemmeontdéjàadoptéunenfant,unpetitgarçondel'âged'Oliver.Ses frères avaient épousé des Anglaises ? Elle aurait donc de la compagnie ? Ses

inquiétudes commencèrent à se dissiper... jusqu'à ce qu'elle se demande comment onréagiraitàsonarrivée.—Vousviveztousensemble?demanda-t-elled'unevoixhésitante.Ellen'avaitqu'unevagueidéedecequ'étaitlaviedefamilleenItalie,etencoremoinsdela

vied'unefamillearistocratesicilienne.—Ouietnon.Roccoasapropremaisonsurl'île,tandisqu'Alessandroetmoiavonsnos

appartements dans le château des Leopardi, où mon père vit également. Une suite serapréparéepourvous.—PourOliveretmoi?vérifia-t-elle.— Oui, bien sûr. Sa place est auprès de vous, comme je vous l'ai dit. Bien, dit-il en

consultant sa montre. Nous nous verrons demain matin afin d'acheter le nécessaire pour

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Oliver. Je passerai vous prendre chez vous et, avec un peu de chance, nous serons prêts àpartirdemainsoir.JevaisdemanderàAlessandrodepréparerun jetpournous.Quantauxformalitésadministrativesconcernantvotrevieici,jevouslerépète,jepeuxm'encharger.

—MaisvousnedirezpasàColinquevousm'aveztrouvée,n'est-cepas?Ellen'avaitpaseul'intentiondeposercettequestion,entoutcaspassurcetondésespéré,

maisilétaittroptard.Falconlaregarda,étudiantsonvisageattentivement.—Non,jeneluidirairien.Elleavaitpeurdesondemi-frère,comprit-il.Ill'avaitdéjàsupposé,maissaréactionvenait

deleconfirmer.—S'ilmeretrouve, iln'auradecessedemeconvaincrede faireadopterOliver,sesentit-

elleobligéed'expliquer.Falconacquiesça.—Jeneluidirairien,répéta-t-il.

***

Annie se réveilla en sursaut au petit matin, le cœur battant la chamade et les sens en

alerte,cherchantàdistinguerdans lapénombrecequiavaitpuperturbersonsommeildéjàagité.Dehors,danslarue,unemotofitvrombirsonmoteur.Lebruitachevadelaréveilleretluipermitderecouvrersesesprits.Elle regarda en direction du berceau où Oliver dormait paisiblement. Seigneur, pourvu

qu'elle ait pris la bonne décision en acceptant de partir en Sicile ! Pourvu qu'elle n'ait paséchangéuneprisonpouruneautre...Toutcequicomptait, c'était la sécuritéet lebien-êtred'Oliver.Riend'autren'avaitd'importance.

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3.Fidèleàsaparole,FalconLeopardiétaitarrivéchezelletôtlematinpourl'emmeneravec

Oliver, dans la voiture avec chauffeur qu'il avait louée. Il les avait conduits chez HarveyNichols,ungrandmagasinhautdegammedeLondres,oùilsavaientpasséplusd'uneheureet dépensé plus d'argent qu'Annie ne pouvait le croire pour constituer une garde-robeadéquateàOliverpoursanouvellevie.Aprésent,enconsidérantlamontagnedepetitsvêtements,Anniesesentaitcoupable.Elle

s'étaitbeaucoupamuséeàchoisirtouscesarticles.— Je suisdésolée,dit-elleàFalcon.J'enai choisibeaucoup tropet c'estbeaucoup trop

cher.Jevaisfaireletri.— C'estàmoide jugercequiestcherounon,etnousn'avonspas letempsdechanger

d'avis. Il faut encorequevousvousoccupiezdevotregarde-robe.J'imaginequevous serezplusàl'aisepourlefairesansmoi.Il portait un costume clair aujourd'hui, et toutes les vendeuses se retournaient sur son

passage.—Jevousaiprisrendez-vousavecunestylistepourvousaiderdansvosachats.Jevous

laisseavecelleetjereviensdansuneheure.Annieacquiesça.Biensûr,illalaissaitsedébrouillerparcequ'ilavaitautrechoseàfaire,et

non parce qu'il avait deviné combien sa présence l'aurait rendue nerveuse pendant sesessayages.Ilnefallaitpasqu'ellecommenceàs'imaginerqu'ilétaitcapabledeliredanssespensées.Maiselleétaitréellementsoulagéedesavoirqu'ilneseraitpaslà,àjugerensilenceleschoixqu'elleferait.Petite fille, elle portait de jolies robes et adorait faire du shopping avec sa mère, rien

qu'elles deux, mais tout cela avait changé lorsque celle-ci s'était remariée... La cabineconsacrée au relooking personnalisé était immense. A son grand soulagement, Oliver, quiavaitétéravid'êtreentouréd'autantdejouetsàl'étagepuériculture,s'étaitàprésentendormidanssapoussette.Lastyliste semblaitavoiràpeuprès sonâge,maiselleportaitdesvêtementsélégantset

trèscintrésdanslesquelsAnnieneseseraitpassentieàl'aise.—Bonjour,jem'appelleLissa.Bien,jevaisd'abordprendrevosmensurations,annonça-t-

elle.—J'aitoujoursportédu40,luiditAnnie,cequiluivalutunhaussementdesourcils.— Chaquecréateurauneidéedifférentedestailles,c'estpourquoinouspréféronsnous

basersurlesmensurationsréellesdenosclientes,expliquaLissaavecunsourireaimable.Jeparie que vous faites plutôt un 36, un 38 aumaximum. Beaucoup de nos clientes ont uncorpsquichangeaprès l'arrivéed'unbébé,ellesperdentsouventunetaillesanss'enrendrecompte.Avez-vousunemarqueouunstyleparticulieràl'esprit?—Non...Enfin,nouspartonsvivreenSicile,alorsilmefaudraitdesvêtementsadaptésà

unclimatchaud...maisriendetroponéreux,s'ilvousplaît.Jepréfèreleschosessimpleset

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sobres.— Desvêtementspourtous les joursetpour lesoiraussi?Sortirez-vousbeaucoup?A

quelgenred'événementsassisterez-vous?— Oh,non,riendetoutcela, l'interrompitAnnie.Non, jepasseraitoutmontempsavec

monfils.J'aijustebesoindetenuessimplespourtouslesjours.— Exactement ceque jepensais, triompha la styliste lorsqu'elle eut finideprendre les

mensurationsd'Annie.Vousfaitesdu36.Bien,n'hésitezpasàvousserviruncafésivouslesouhaitez.Elleluimontralamachineàexpressosurunepetitetable.— Ensuite, je vousdemanderaidevousdéshabiller etd'enfilerunpeignoir.Pendant ce

temps,jevaischercherquelquesvêtements.Jeneseraipaslongue.Eneffet,elle futbientôtderetour,accompagnéededeuxvendeusespoussantunportant

chargédevêtements.Deuxheuresplus tard,Anniese sentait commeunepetite fille.Pireencore,elleétaitau

borddeslarmes.Lissaperdaitpatienceavecelle.Elle avait remis sa jupe en jean qui descendait sous le genou, ses collants opaques bon

marchéetsonchemisieràmanchescourtesqu'elleavaitachetéàlafindesagrossesseetquilacouvraitducouauxhanches.Elleavaitchaud,ellesesentaitmalà l'aiseetavaithâtedes'enfuirdecemagasin.—Jesuisdésolée,s'excusa-t-elleencoreunefois,maisjenepourraivraimentrienporter

detoutça.Lissal'entenditàpeine,etAnniecompritquec'étaitparcequeFalconvenaitd'entrerdans

lapièce.—Çayest?demanda-t-il.—Ehbien...pasvraiment,bredouillaAnnie.—Pourquoicela?demanda-t-ilenfronçantlessourcils.—Apparemment,toutesttrop«osé»,réponditLissasansdissimulersonirritation.Annienepouvaitpasluienvouloir.Lissaluiavaitmontrédesvêtementsmagnifiques,des

robesbaindesoleildansdescouleursquiallaientparfaitementavecsonteint,descorsairesbiencoupés,unnoir,unblanc,unvertanis,etunbleuassortiàsesyeux,desdébardeursauxfinesbretelles,desrobesdécolletéesenV...Cesvêtementsétaientfaitspourexposerlapeauau soleil et flatter la silhouette. Les femmes qui les portaient étaient sûres d'attirer lesregardsmasculins.Acelas'ajoutaientdesmaillotsdebain,desétoles,dessandalesplatesetàtalons et des sous-vêtements très fins et presque invisibles.Mais Annie avait tout refusé,mêmecettebellerobeblanchebrodéedefleursquiluirappelaittantunerobequ'elleportaitquandelleavaitsixans.—Troposé?répétaFalconenregardantleportant.En tant qu'architecte, italien de surcroît, il était sensible à la beauté des lignes, et il ne

trouvait rien à redire aux choix de la styliste. Il se tourna versAnnie et l'observa dans sesvêtementsusésettropgrands.—Lestempératurespeuventdépasserles45degrésenSicileenété.Vousaurezbesoinde

vêtementslégers.Ilvousseraimpossibledeportervosvêtementsactuels.Nousprenonstout,dit-ilens'adressantàlastyliste.Tout?Iln'étaitpassérieux!Etait-ce ainsi que cela allait se passer dorénavant ? Allait-il lui dire en permanence ce

qu'ellepouvaitfaireounon?Anniesecrispa,révoltée.N'avait-ellepasprisunedécisiontropprécipitée?S'était-ellejetéedanslagueuleduloup?

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— Il faut que nous nous dépêchions.Mon frère a programmé un vol pour nous dansquatre heures, je suggère donc que nous retournions à votre appartement. Au fait, j'aiprévenuvotrepropriétaireetrésiliévotrebail.—Résilié?Mais,etsijechanged'avisetquejeveuxreveniravecOliver?—Pourquoireviendriez-vous?Votredemi-frèreaappelémonbureaucematinetalaissé

unmessagepoursavoirsijevousavaisretrouvée.Pourquoileluiannoncerencetinstantprécis?Essayait-ildelamanipuler?Elleétaitbien

loinàprésentdesonétatd'espritdelaveille,lorsqu'elleétaitpleined'espoiretdegratitudeenversFalcon.Commentavait-ellepuêtreaussinaïve?Elleavaitcommissuffisammentd'erreursdanssavieetenavaitpayéleprix.Iln'étaitpas

questionqu'ellelaisseFalconLeopardilapiéger.—Queluidirez-vous?demanda-t-ellesuruntondedéfi.— Rien. Ilestvotredemi-frère,c'estdoncàvousdedécidercequevousvoulezounon

qu'ilsache.Cetteréponselapritaudépourvuetsacolèreretombaaussitôt.— Je vais vous déposer chez vous, pour que vous puissiez faire vos valises. Ne vous

encombrez pas avec du matériel de puériculture, j'ai téléphoné à Rocco et demandé à safemmedecommandertoutcedontvouspourriezavoirbesoin.N'oubliezpasvotrepasseport,biensûr.J'imaginequevousn'enavezpaspourOliver,j'enaidoncdemandéund'urgence.Illeurfaudraunephotographie,nousallonsnousenoccupertoutdesuite.Falconavaitpenséàtout,reconnutAnnieunpeuplustard,épuisée,lorsquelalimousine

lesdéposasurletarmac,àquelquesmètresdujetquilesattendait.Ladernière foisqu'Annieavaitpris l'avion, c'étaitpour se rendreàCannesavecSusieet

Тоm,poureffectueruntravaildedocumentation.Тоmassistaitàlaprojectiond'unfilmbasésurundeseslivresetsouhaitaitprofiterdel'occasionpourensavoirplussurlajet-set,sujetde son prochain livre. C'était pour cela qu'elle était allée sur Nikki Beach : Тоm pensaitqu'une jeune femmeavait plusde chancesdepénétrer cemilieu et de le comprendre.Elleavaitprotesté, expliquantqu'ellepréférait sedocumenterdans lesbibliothèques,maisТоmn'avaitrienvouluentendre.Ilavaitétébouleverséd'apprendrecequiluiétaitarrivéets'enétaitprofondémentvoulu.

Susieetluipensaientqu'ilvalaitmieuxqu'ellenesesouviennederien,maisColin,lui,n'étaitpasdecetavis.Aucontraire,ill'avaitharceléepourqu'ellesesouvienne.Falconn'avaitjamaisvudesyeuxaussiexpressifsqueceuxd'Anniequandellenesesavait

pasobservée.Ladouleuretlapeurlesassombrissaientetilsedemandaitàquoiellepouvaitpenserencetinstant.— Laissez-moi prendre Oliver, proposa-t-il en tendant les bras vers le bébé lorsque le

chauffeurouvritlaportière.Instinctivement,Annieserrasonbébécontreelle.—Jepeuxmedébrouiller,merci.Ellesemontraittrèsprotectriceenverssonenfant,remarquaFlacon.—Jesuissononcle,souligna-t-il.—Etmoijesuissamère.—Vousdécouvrirezvitequedanslesfamillesitaliennes,lesbébéspassentdebrasenbras

pourquechacunpuisseavoirlajoiedelesconnaître,expliqua-t-ild'unevoixcalme.Cesmotsluifirentpresquemonterleslarmesauxyeux.Anniesavaitqu'unegrandefamille

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aimanteétaitcequipouvaitfaireleplusdebienàOliver.Le chauffeur l'aida à sortir et un steward en uniforme s'avança depuis l'avion pour les

accueillir,suividupilote.Aucund'euxnesemblaitcurieuxàsonsujet.Ilsétaientsansdoutetrop professionnels pour cela, se dit Annie, et ils devaient avoir l'habitude de voir FalconLeopardimonteràborddejetsprivésavecdesjeunesfemmesàsonbras.Maiscertainementpas avec une femme comme elle, songea-t-elle. Elles devaient être sophistiquées et sûresd'elles, portant des vêtements de créateurs, qui révélaient leur sensualité. Elles nes'habillaientsûrementpascommeelle!Maispourquoisecompareràelles?LegenredefemmesaveclesquellesFalconLeopardi

sortaitappartenaitàunautremondequelesien.Yavait-ilunefemmedanslaviedeFalcon?Quelqu'unquicomptaitpourlui,avecqui il

envisageaitd'avoirdesenfants?Malgréelle,Anniesentitunpincementdejalousie.—Laissez-moileportermaintenant,ditFalconenprenantOliverdesesbrasavantqu'elle

puissel'enempêcher,tandisqu'ilsmontaientdansl'avion.Elle essaya de ne pas se laisser impressionner, mais ce n'était pas facile. Elle n'aurait

jamaiscruquel'intérieurd'unavionpuisseressembleràunsalonaussiluxueux.Falcon, juste derrière elle, lui montra le berceau prévu pour Oliver. Ce dernier était à

présenttoutàfaitréveilléetobservaitavecravissementcequisepassaitautourdelui.Annie le regarda, attendrie. Elle l'avait vêtu d'une de ses nouvelles tenues, un petit

pantalon en toile avec une chemise à carreaux vert et bleu et un pull en V, avec deschaussettesassorties.Ilétaitvraimentbeau,etilsemblaitlesavoir.Elle,enrevanche,portaittoujourssonchemisierterneetsajupeenjean,auxquelselleavaitajoutésonimperméable,malgrélatiédeurdecettefind'après-midi.Ilnefaisaitaucundoutequelanouvellefamilled'Oliverallaitinstantanémentl'adoreret

l'adopter, sedit-elleaprèsque le steward lui eutdiscrètementmontré commentattacher laceinturedesonconfortablefauteuiletqu'ilseurentcommencéàdécoller.Ilsl'adoreraient,maiscommentréagiraient-ilsfaceàelle?Etquesavaient-ilsd'elle?Elle était inquiète, se dit Falcon en voyant une fois de plus les yeux de la jeune femme

s'assombrir.Visiblement, elle ne se souciait pas de son apparence. Comment une jeune femme

séduisantepouvait-elles'habillerainsi?Lesvoyantsdesécurités'éteignirent,etFalcondétachasaceinture.Pourquoisepréoccuper

delafaçondontAnnies'habillait?C'étaitdesonenfantqu'ildevaitsesoucier,c'étaitenversluiqu'ilavaitdesdevoirs.Annienepouvaitpluscontenir sonanxiété.Sesdoigts tremblaient lorsqu'elledétachasa

ceintureetsetournaversFalconLeopardi.—Vosfrèresetleursépouses...quesavent-ilssurmoi?—Ilssaventquevousêteslamèred'Oliveretqu'ilestunLeopardi.—Savent-ilscommentOliveraétéconçu?Savent-ilsque...?—Qu'Antoniovousadroguéepuisviolée?Savoixétaitplusdurequ'ilnel'auraitvoulu,teintéedelacolèrequ'iléprouvaitenversson

défuntdemi-frère,maisAnnieleperçutcommeuneaccusationetbaissalesyeux.—Oui,ilslesavent,confirmaFalcon.Etilspartagentmapositionsurcesujet.— Parce que vous le leur avez ordonné ? demanda-t-elle d'une voix qui trahissait son

appréhensionàl'idéederencontrerlesLeopardietd'êtremaljugéepareux.

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—Qu'entendez-vousparlà?— N'est-ce pas évident ? Votre frère a toujours nié ce qui s'est passé. Il a refusé de

reconnaîtreOliver.Commentsavoircequecroientvosfrèresetleursépouses?Devantsonsilence,ellepoursuivit:—Croyez-vousquej'aienviequelesgenssachentcequim'estarrivé?Falcon avait déjà pensé à ces questionsmais il les avaitmises de côté, estimant que la

prioritéétaitderetrouverl'enfantd'Antonio.Ilenavaitdiscutéavecsesfrèresavantdepartiràlarecherched'Oliver.—Ladernièrechosequenousvoulons,avaitditRocco,c'estd'unautreAntonio.Sinous

laissonsfairenotrepère,iltraiteral'enfantcommeilatraitéAntonio.— Je ne le laisserai pas faire, avait assuré Falcon. Je me chargerai d'être une figure

paternellepourlui.—Cetenfantnepourraitpasavoirunmeilleurpèrequetoi,eneffet.Alessandroetmoite

seronséternellementreconnaissantsdenousavoirélevés.Falcon était ému en repensant à cet instant. Il était si jeune lorsque leur mère était

décédéeetqueleurpères'étaitremarié...Tropjeunepeut-êtrepourassumerlaresponsabilitédeprotégersesdeuxjeunesfrères.— Reconnais-le, l'avait taquinéRocco pour détendre l'atmosphère, tu veux prendre cet

enfant sous ton aile parce que ça temanque de t'occuper de nous. Tu devrais trouver unefemmeàaimer,l'épouseretluifairedesenfants.MaisFalconavaitvusamèreseflétrirpuisrenonceràlavieàcauseducomportementde

sonpère. Puis il avait vu la seconde épousede sonpère triompher.Bien sûr, il enviait sesfrèrespour leursmariagesréussiset l'amourqu'ilspartageaientavec leurs femmes,mais iln'étaitpasdans lamêmesituationqu'eux.Sesdésirspersonnelspasseraient toujoursaprèssondevoir.Unjour, ilseraità latêtedelafamilleet il lui incomberaitd'assurer l'avenirdunomdesLeopardi.S'il semariait, son épousedevrait comprendre et partager ses objectifs. Il ne croyait pas

possible de rencontrer une femme avec laquelle il partagerait le grand amour et quiaccepteraitparailleurssonrôleetsesdevoirsdeprince.IlregardaAnnie,quiétaitdésormaissoussaresponsabilité.—Vousparlezcommesivousaviezhonte,dit-il.Maisc'estAntonioquiauraitdûporter

cettehonte,etc'estsurnous,safamille,qu'ellerejaillitàprésent,passurvous.C'estànous,àmoientantqu'aîné,deveilleràcequecettehonteneretombenisurvous,nisurOliver.Vousavezmaparolequemesfrèressontdumêmeavisquemoi.Annie réprimaun soupir. Elle le croyait,mais il n'avait parlé que de ses frères. Et leurs

épouses?Laconsidéreraient-ellesaveccondescendance?Remettraient-ellesenquestionsaversiondesfaits?Lestewardapparutpourluidemandersiellevoulaitboirequelquechose.—Justeunverred'eau,s'ilvousplaît.Falconlaregardaquelquesinstants,avantdereprendre:—SiOliverapprendcequ'estlahonte,celaviendradevous,sivouscontinuezàlaporter

commeunerobedebure—toutcommevoussemblezportervosvêtements.Unéclairdecolèrepassadanslesyeuxd'Annie.—Jenevoispascequevouspouvezreprocheràmesvêtements.—Croyez-moi,lesreprochesseraientnombreux!SaréponsedirectelaissaAnniedésemparée.—Jelesaimebien.Etcelameregarde.

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—Aucunefemmedevotreâgenepourraitaimerdetelsvêtements.Annieétaitoutréeet,bienqu'ellenevoulûtpasl'admettre,blessée.—Cen'estpasparcequevotrepetiteamies'habillechezdegrandscréateurs,que...—Jen'aipasdepetiteamie,l'interrompit-il.Malgréelle,Anniesesentitsoudainpluslégère.— La chaleur enSicile est telle qu'il vous sera impossiblede continuer à voushabiller

ainsi.LesSiciliennessontjambesnuesl'étéetmettentdesdébardeurs.—Ellespeuventfairecequ'ellesveulent,maismoijepréfèreporterdesvêtementssobres

etnepasattirerl'attentionsurmoi.— Cesont justementvosvêtements inadéquatsquiattireront l'attentionsurvous.C'est

peut-êtrecequevouscherchez?—Non,c'estfaux!Ladernièrechosequejeveux,c'estqueleshommesmeregardent.Elleseleva.Elleavait l'airbouleversé.Falconnes'attendaitpasàuneréactionaussivive

desapart.Elletremblaitdelatêteauxpieds,sesyeuxparaissaientencoreplusimmensesqued'habitude.— Jenevoulaispassous-entendrequevouscherchiezdélibérémentàattirer l'attention

deshommessurvous,essaya-t-ildeserattraper.— Si, c'est cequevousavezdit. Je supposequevousnepouvezpasvousempêcherde

penserquej'aiencouragéAntonio,quej'aiméritécequim'estarrivé,n'est-cepas?Ladouleurqu'ilperçutdanssesmotsl'emplitdecompassion.Ilselevaàsontour.—Pasdutout.Jesaisquevousn'avezabsolumentrienàvousreprocher.—Vous...Soudain,l'avionfutprisdansuneturbulenceetelleperditl'équilibre.Falconlarattrapaau

moment où elle allait tomber sur lui. Elle se retrouva la joue pressée contre son torse,enserréedanssesbras,etelleentenditlebruitfortetrégulierdesoncœur.Sonproprepoulss'étaitaffolé, la tête lui tournait.Celadevaitêtredûà l'atmosphèrede lacabine,elledevaitmanquerd'oxygène...àmoinsquecenesoitlaproximitédeFalcon?Ilportaitlamêmeeaudetoilettequel'autrejour,maisellelapercevaitplusnettementcettefois-ci.Sonventresenoua.C'étaitl'effetdelahonte,biensûr,cenepouvaitêtrequecela.C'était

toutcequ'ellepouvaitressentirdanslesbrasd'unhomme,ellelesavait.EllefrissonnaetFalconresserrasonétreinte.—Toutvabien,nebougezpas,c'estjusteunepetiteturbulence.Il lui fallut plusieurs secondespour comprendreque la turbulencedontFalconparlait à

sonoreilleétaitdanslecieletnonàl'intérieurdesoncorps.Pendantuneseconde,Anniesedemandaqueleffetcelapouvait faired'êtredans lesbras

d'unhommeetdesesentirenconfiance,deposersa têtecontresontorseensachantqu'ilrespecterait sa vulnérabilité et répondrait à ses besoins... Une avalanche de sensationsinconnues s'abattit sur elle. Quelque chose de plus fort que ses peurs, un instinctprofondémentenfoui,réveillaitenelledenouvellesémotions.Elleavaitenviedetournerlatêtepourmieuxrespirerl'odeurdeFalcon.Soncœurbattaitlachamade,maisellesavaitquecen'étaitpasdelapeur.Enfin,l'avionsestabilisaetpoursuivitsonvolendouceur.Oliver se réveilla alors et poussa un petit cri. Ramenée à la réalité, Annie essaya de se

libérerdel'étreintedeFalcon.—Vousavezpeurdemoi?Annienepouvaitpasparler.Laculpabilitéetlahontel'enempêchaient.

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— C'estàcausedecequ'Antoniovousa fait,n'est-cepas?Tous leshommesvous fontpeur.Annien'osaitpasleregarder.— Vousn'avez rien à craindredemoi, lui dit-il en larelâchant doucement. Je vous en

donne ma parole, et je vous donne également ma parole qu'en Sicile, sur les terres desLeopardi,voussereztoujourstraitéeavecrespect.Pouvait-elle le croire et lui faire confiance? Elle en avait envie... tout comme elle avait

enviequ'ilcontinueàl'étreindre.Maissaculpabilitérepritviteledessus.Non,c'étaitfaux,ellen'avaitpasenviedecegenre

dechoses!Lapaniques'emparad'elleetsesmainstremblaientlorsqu'ellepritOliver.Falconlaregardaitensilence.Ill'avaitsentiesivulnérabledanssesbras...C'étaitd'ailleurs

pourcelaqu'ilavaitvoulularassurer,enlagardantcontrelui.Antoniol'avaitprofondémentblessée.Commeunoiseauauxailesbrisées,elleavaitbesoin

d'êtreprotégéejusqu'àcequ'ellesoitguérieetdenouveaucapabledevoler.Ilavaitd'abordestiméqu'ilétaitdesondevoirdes'occuperdubébé,maisils'étaittrompé,

illecomprenaitàprésent.Elleavaitautantbesoinqu'ils'occuped'ellequ'Oliver,etilleferait.

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4.La chaleur de la nuit sicilienne s'abattit sur eux commeune couverturemoite lorsqu'ils

sortirentde l'avion.Letempsqu'ilsatteignent lavoiturequi lesattendait,Anniesentaitsesvêtementstropchaudsluicolleràlapeau.—BonsoirRocco,ditFalconavecchaleurenvoyantsonfrère.LesdeuxhommeséchangèrentuneaccoladeavantqueFalconprenneAnnieparlebraset

la pousse doucement en avant pour la présenter au bel homme qui se tenait près de lavoiture.Elles'attendaitàunepoignéedemain,maiselleeutdroitelleaussiàuneaccolade,quine

luifitbizarrementpaslemêmeeffetquelorsqueFalconl'avaittenuedanssesbras.RoccoadmiraensuiteOliver,lesortitdesapoussetteavecdesgestessûrsquirassurèrent

aussitôtAnnie.Ilfitsourirelebébéetlesoulevadanslesairs,visiblementhabituéàtenirunenfantdecetâge.—C'estunvraiLeopardi,entendit-elleFalcondireavecautantdefiertéques'ils'agissait

desonproprefils.Jevoisqu'ilatesyeux.Ce fut Falcon qui s'occupa d'Oliver pendant qu'ils montaient dans la voiture, et qui

l'installadanslesiège-autotoutendiscutantavecsonfrère.Laroutejusqu'auchâteauétaitsombreettortueuse,contrastantaveclechâteaului-même

quiresplendissaitdelumière.— Ma femme est très impatiente de vous rencontrer, dit Rocco à Annie avant qu'elle

descende de la voiture. Elle voulait venir avecmoi ce soir,mais Falcon a pensé que vousserieztropfatiguée.Ellepasseravousvoirdemainavecnotrefils.IlembrassabruyammentOliversurlefrontet leserradanssesbrasavantdelepasserà

Falconquil'installadanssapoussettetandisquedeuxhommesôtaientlesvalisesducoffre.Annie fut entraînéeà l'intérieurdu châteauetprésentée à la gouvernante et àdeux très

jeunesfemmesdechambre.Durantletrajet,elleavaitapprisqueRoccoetsafemmevivaientdansunevillaàquelques

kilomètres du château et que Rocco était promoteur immobilier, qu'il voyageait beaucouppour son travail, tandis que l'autre frère de Falcon, Alessandro, possédait une compagnieaérienne.Ildisposaitd'unappartementdanslechâteau,maispassaitlamajeurepartiedesontempsàFlorence,oùsacompagnieétaitbasée.Annieavaitétéétonnéed'apprendrequeFalconaussiavaitdesactivitésprofessionnelles

en dehors de ses responsabilités d'héritier. Il était architecte et expert en conservation debâtiments.IlpossédaitunappartementàFlorence,ainsiquetouteuneaileduchâteau.—Donc,vousnevivezpasicitoutletempsdemanda-t-ellelorsqu'ilsfurentàl'intérieur.—Non,pasentempsnormal,maisnevousinquiétezpas,jenevaispasvousabandonner

iciseuleavecOliver.—Cen'étaitpasàcelaquejepensais,mentit-elle.Elle ne voulait pas qu'il croie qu'elle avait besoin de lui, car il pourrait alors imaginer

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qu'elles'intéressaitàlui.Orcen'étaitpaslecas.—Mariaapréparévoschambres,annonçaFalcon.Ellevavousyconduire.Elleétaitsifatiguéequedèsqu'ellevitl'immenselitdanslachambre,elleeutenviedes'y

allonger.Mais, avant de se détendre, elle jeta un coupd'œil à lapièce attenante et découvrit une

nurserieéquipéedetoutcedontunbébépouvaitavoirbesoin,cequilarassura.—LafemmeduSignorRocco,ditMariadansunanglaismalassuré,c'estellequiatout

choisi.LorsqueAnnieseréveillalelendemainmatin,elledécouvritquequelqu'unavaitdûentrer

danssachambreetdéposerunplateaudepetitdéjeuner,avecducafé,desfruitsetdespetitspains.Onavaitaussiouvertlesrideauxpourlaisserentrerlesoleilradieux.Elleseleva,enfilalepeignoirenépongequ'elleavaittrouvédanslasalledebainslaveille

etallavoirOliver,quiregardait,émerveillé,lemobilesuspenduau-dessusdesonlit.Tout en gardant un œil sur son fils, elle se servit une tasse de café qu'elle but devant

l'élégante porte-fenêtre qui ouvrait sur un balcon suffisamment large pour accueillir unetableetdeuxchaises.Il faisaitdéjà chaud.Le ciel était d'unbleu éclatant.Avec ravissement, elle réalisaqu'on

voyaitlamerau-delàdesrempartsduchâteau.Elleadmiralesjardinsàlafrançaise,délimitéspardesmurs trèsanciensensevelis sousdesrosiersgrimpantset,plus loin, lesmontagnesauxpicsdéchiquetéss'élevantverslecieletauxflancscouvertsd'oliviers.Oliver gazouillait joyeusement, et elle semit à sourire.Ce seraitmerveilleuxdepouvoir

êtreavecluietdeprofiterdechaqueinstant,dechaqueprogrèsqu'ilferait.Ilavaitadoréallerà la crèche, mais elle avait toujours envié les puéricultrices qui s'occupaient de lui. Elleespéraitjustequesespetitscamaradesneluimanqueraientpastrop.Uneheureplustard,unefoisOliverbaigné,changé,nourriethabillé,ellelemitdansson

parcavecquelques jouetsetallas'habiller.Netrouvantpas lesvêtementsqu'elleportaitenarrivant,sonétonnementlaissaplaceàdelaméfiance,puisàunecolèretellequ'ellesemitàtremblerdelatêteauxpieds.Elledécouvritquelavalisecontenantsespropresaffairesavaitdisparu.Sesvêtementsavaientétéemportés,sansaucundoute,surordredeFalcon,pourlaforcer

à porter les tenues qu'il lui avait achetées et qui, bien sûr, étaient soigneusement rangéesdanslapenderie.Iln'étaitpasquestionqu'il lui imposeseschoix.Ellenese laisseraitpasainsidominer !

Ellen'avait cependantd'autrepossibilitéquedeporterunedes tenuesneuves,ne serait-cequepoursortirdesachambre.Elle enfila à contrecœur un corsaire et glissa ses pieds dans de jolies chaussures plates.

Heureusement,elleréussitàtrouverunegrandeétoleenvoiledecotonàmettrepar-dessusundébardeuràfinesbretellespourcouvrirsesépaules.EllepritOliverdanssesbrasetsortitenhâtedelachambre,aveclafermeintentiondedire

franchementàFalconcequ'ellepensaitdesesméthodes!Lechâteausemblaitêtreundédaledelongscouloirs.Laveille,elleétaittropfatiguéepour

prêterattentionaucheminqu'ilsavaientempruntélorsqueMarialesavaitconduitsàl'étage.Après avoir emprunté plusieurs couloirs sans fin, Annie commença à paniquer, jusqu'à cequ'elledécouvrequ'elleétaitenfinarrivéesurlegrandpalierd'oùpartaitl'escalierrejoignantl'imposanteentrée.Elleallaitdescendrequanduneportes'ouvritetfitapparaîtreFalcon.

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—Jeveuxqu'onmerendemesvêtements,ditaussitôtAnnie,avantqu'ilaitpuprononcerunmot.— Je suppose que vous avez cru intelligent de les faire enlever, sachant que je serais

obligéedeporterceuxquevousm'avezachetés,mais...—Vosvêtementsontdisparu?Ceuxaveclesquelsvousêtesarrivée?— Vous savez parfaitement où ils sont, ainsi quema valise. Après tout, c'est vous qui

commandeztoutici.Ignorantsessarcasmes,FalcontenditlesmainsversOliver.—Vousfaiteserreur,jen'aidonnéaucunordreconcernantvosvêtements.Jepenseque

vous serezbienplus à l'aisedans ceuxque vousportez en cemoment,mais ce choix vousappartient.Cependant,jecroisdevinercequiapuarriveràvosaffaires.Venezavecmoi.Il avait réussi à lui prendre Oliver des bras, sans |qu'elle sache trop comment. Cela ne

semblaitpasdéranger lebébéqui lui adressaitdesgrands sourireset lui racontaitpleindechoses dans son propre langage tandis que Falcon descendait à grands pas l'escalier ettraversaitlehall,Anniecourantpresqueàsasuite.Ilstraversèrentensuiteplusieurssallesderéceptiontoutesplusmajestueuseslesunesque

lesautres, jusqu'àunepièceplusconfortableoùMariadonnaitdes instructionsà l'unedesfemmesdechambre.Dès que la gouvernante aperçut Oliver, elle lui sourit chaleureusement et salua ensuite

Annie.— Annie souhaite savoir ce qui est arrivé aux vêtements qu'elle portait lorsqu'elle est

arrivéehiersoir,expliquaFalcon.MariasouritàAnnie.—Jelesaiprisetjelesaimisdanslamachine,dit-elle.Vousvoulezducafé?Vousvoulez

manger?—Nousprendronsuncafésurlaterrasse,merciMaria,réponditFalcon.Ah,etprévoyez

aussidestassespourRoccoetsafemmequinedevraientpastarderàarriver.Il attenditque la gouvernante et la femmede chambreaientdisparuavantd'expliquerà

Annie:— Il faudra vous enprendre àmesbelles-sœurs, pour la disparitionde vos vêtements.

Ellesont insistépourremettreàneuf les installationsduchâteau,sibienqueMariautilisetous les prétextes pour faire fonctionner son lave-lingedernier cri.Quant à votre valise, jevaismerenseigner.Annieétaitmortifiée.Elleavait tropvitetirédesconclusionserronées.Siellen'yprenait

pasgarde,Falconallaitfinirparcroirequ'elleétaitparanoïaque.—Jevousdoisdesexcuses,dit-elled'unevoixgênée.—C'estinutile,ditFalconensecouantlatête.C'estmafaute.Detouteévidence,jevousai

misemalàl'aiseenvousdonnantdesconseilsquevousn'aviezpasdemandés.Annie était tellement étonnéequ'elle leva vers lui un regard interrogateur,ne cherchant

pas,pourunefois,àcachersondésarroi.— Jusqu'àcequ'ilssemarient,mesfrèresm'ontreprochémonattitudetropprotectrice

envers eux. C'est une habitude que j'avais prise lorsqu'ils étaient jeunes, lorsque noussubissions l'indifférence de notre père et les sautes d'humeur d'une belle-mère quin'appréciaitpasnotreprésence.Maislefaitd'êtrel'aînénemedonnepasledroitdememêlerdeleursvies.Monsenssurdéveloppédesresponsabilitésnem'autorisepasnonplusàvousfaire la leçon sur votre façon de vous habiller. J'ai été trop loin, puisque vousm'avez crucapabledevousconfisquervosaffaires.

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—J'aisansdouteréagidemanièreexcessive,admit-elle.Lesourirepleindechaleurqu'illuiadressafitdangereusementaccélérerlesbattementsde

soncœur.—MonpèrevavouloirvoirOliver,repritFalcon.Ilsouffredeproblèmescardiaqueseta

récemmentfaitunerechutependantmonabsence.Sachezqu'iltientbeaucoupàcequ'Oliverfasse partie de la famille. Il sait que vous êtes là tous les deux et cela l'a apaisé,mais sonmédecinluiarecommandélereposavantdevoirlebébé.Jedoisvousprévenirquemonpèrevénérait Antonio et qu'il ne sait rien des circonstances de la conception d'Oliver. Il refused'entendre lamoindrecritiquesurson filspréféréet,enraisondesasanté fragile, j'ai jugépréférabledenepasleconfronteràlaréalité.Jedoiségalementvousdirequemonpèrenetraitepasvotresexeavec lerespectqui luiestdû, il sepeutquevous trouviezsonattitudeoffensante.Neprenezpascelapersonnellement.Sivouspréférez,jepourraisemmenerOlivermoi-mêmevoirsongrandpère.En l'écoutant, Annie commençait àmieux comprendre Falcon. Il semontrait prévenant

avecelle,sanspourautantessayerdelacontrôler.Etcetteprévenancesemblaitinstillerunedoucechaleurenelle...Ellefutsoulagéed'entendredesvoixs'approcheretlatirerdesespensées.Lecouplequiarrivaitdans lehalld'entréesemblait tellementamoureuxqu'Annieneput

s'empêcherde lesenvier.Ellevit la façondontRoccoregardaitsa femmetouten l'aidantàinstallerunpetitgarçondel'âged'Oliverdansunepoussette.Lesenfantssevirentaussitôtetnesequittèrentpasdesyeux.—C'estétonnant,n'est-cepas,devoircommeilssontattirésdèsleurplusjeuneâgepar

les autres enfants ? Ils arrivent à communiquer entre eux sans dire un mot, s'amusa lafemmedeRocco.Au fait, jem'appelle Julie, dit-elle en confiant la poussette àRocco pourembrasserchaleureusementFalconpuisAnnie.— Eh bien, on voit tout de suite que c'est un Leopardi ! s'exclama-t-elle en admirant

Oliver.Oh,regardeRocco,tuavaisraison:ilavraimentlesyeuxdeFalcon.

**Les deux jeunes femmes étaient restées à bavarder sur la terrasse tandis que les deux

bébésjouaientsuruntapisàleurspieds.FalconetRoccoavaientdisparupourassisteràuneréuniond'affaireset,depuisuneheurequ'ilsétaientpartis,AnnieenavaitbeaucoupapprisgrâceàJulie.Notammentqu'àunmoment,lesLeopardiavaientpenséquesonneveu,Josh,pouvaitêtrelefilsd'Antonio.—CelaadûtefaireunchocquandFalcont'acontactée.J'aimoi-mêmeététerrifiéequand

Roccom'aabordée lapremièrefois.Jecroyaisqu'ilallaitessayerdemeprendreJosh.C'esttrès courageux de ta part d'être venue ici. J'imagine combien tu as dû te sentir seule etvulnérablequandOliverestné.Maismaintenant,Falconest làpourvousprotéger tous lesdeux et tu peux lui faire confiance. C'est un homme d'honneur, un homme fort. Rocco neveutpaslereconnaître,maisjesaisqu'illemetsurunpiédestal,etquandonsaitcommentFalcons'estoccupédesesdeuxfrères,c'estcompréhensible.Leurpèreaététrèsduraveceux,tu sais, ainsiqu'avec leurmère.Roccoditque c'est grâceau sensdudevoirdeFalconqu'iladresseencorelaparoleàsonpère.JuliejetaunœilàJoshpuisreprit:—Cequej'admirelepluschezlui,c'estlamanièredontilaapprisàsesfrèresàdevenir

desadultesresponsablesetàseforgerleurproprepersonnalité.Illesaencouragésàdevenir

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indépendantsdeluietdelafortunefamiliale.TouslestroisontréussidansleurdomaineetRoccoditquec'estparcequeFalconleuramontrél'importancedurespectdesoi.Çaadûêtretrèsdurpourlui.Aprèstout,ilétaitencoretrèsjeunequandleurmèreestmorte,justeaprèslanaissancedeRocco.Ilavaitàpeinedouzeans.—Tusemblesbeaucoupl'apprécier,ditAnnieensouriant.Elleauraitaiméchangerdesujet.Entendrelerécitdel'enfancedeFalcon,l'imaginerpetit

garçon,penseràladouleurqu'ilavaitconnue,l'entraînaitversdesémotionstropfortes.—Oui,jel'adore!Etjetiensàcequetusachesquetupeuxluifaireconfianceetqu'Oliver

ettoiserezensécuritéaveclui.Ellefronçalessourcilsetajustalesplisdesajupe,puissemitàjoueravecseslunettesde

soleilposéessurlatable,visiblementmalàl'aise.— Ecoute, jen'aimepasêtremédisante,mais j'aidéjàditàRoccoceque jepensais.Tu

peuxfaireentièrementconfianceàFalcon,maisméfie-toiduvieuxprince.JenesaispassiFalcont'aparlédelui?—Ilm'aditqu'ilvénéraitAntonio.—Oui,eneffet.Jecroisqu'ilseraitprêtàtoutpourquelefilsd'Antoniograndisseici.Annieperçutl'avertissementdanslavoixdeJulie.Maisavantqu'ellepuisseluidemander

desexplications,FalconetRoccoétaientderetour.

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5.Après avoir porté des vêtements légers pendant deux jours, Annie ne put réprimer une

grimaceenenfilantsesvieuxhabitslourdsetchaudsqueMariavenaitdeluirapporter.Les seulsoccupantsduchâteauétaient le vieuxprince,Falconet lesdomestiques... sans

doute pouvait-elle continuer à porter ses nouveaux vêtements sans craindre les regards ?QuandellejouaitavecOliveràl'ombredanslejardin,ellesesentaittellementàl'aisequ'elleretiraitmême son étole de ses épaules. Lesparoles de Julie l'avaient rassurée et confortéedansl'idéequ'ellepouvaitavoirconfianceenFalcon,commeellel'avaitsentidèsledébut.Julieluiavaitpromisdeluifairevisiterl'île,quandelleseraitbieninstallée.Elleluiavait

dit combien elle était ravie que Josh, son neveu que Rocco et elle avaient adopté, ait uncamaradedejeudesonâge.—Pourmoiaussi,ceserafantastiquedepouvoirdiscuteravectoi,nousavonstellement

depointscommuns!avait-elleajoutéchaleureusement.Annie espérait qu'elles deviendraient amies. Il avait toujours étédifficile pour elle de se

lier,carsamèrelamettaittoujoursengardecontresessoi-disantmauvaisesfréquentations.Cen'étaitqu'après le tragiqueaccidentdesamèreetdesonbeau-pèredansunminibus,

lors d'un safari, qu'elle avait enfin quitté leur maison, aidée par un de ses professeursd'universitéquiluiavaitdécrochéunemploiàlabibliothèquenationaleàLondres.Elleavaitréussiàtrouverunechambreàlouerchezunevieilledameveuve,maiscelaneluiavaitpaspermis de nouer autant de contacts que si elle avait partagé un appartement avec d'autresjeunesfilles.Colinn'avaitpasouvertementexprimésonmécontentementenlavoyants'éloigner,mais

elle savait ce qu'il en pensait. Elle avait tout de même subi un choc lorsqu'un jour, enrentrant de son travail, elle l'avait trouvé dans le salon de sa logeuse, buvant le thé enexpliquantàMmeSlaterquelamèred'Annieluiavaitfaitpromettredeveillersurelle.—Annieatendanceànepassavoirchoisirsesamis,avaitpoursuiviColin.Ellefréquente

desgarçonsdonttoutemèreseméfierait.Anniesesouvenaitencoredecettehumiliationetdusentimentd'impuissancequ'elleavait

éprouvé.Sansenthousiasme,elletenditlamainverssesvieuxvêtements.Aprésentqu'ellelesavait

tousrécupérés,elleserendaitcomptequ'ellen'avaitplusvraimentenviedelesporter.IlsluirappelaientColin,carellelesavaitchoisisàcausedelui.Lesoleildardaitsesrayonsbrûlantssurleparquetetletapisanciendesoiequilecouvrait.

Elle bougeait un peu et le soleil vint déposer sur son bras des reflets dorés. Elle avaitremarquéqueJulieavaitunbronzagesuperbe.Sapeau,commesesyeux,semblaientirradierdebonheuretdebonnesanté.Julieétaitheureuseetamoureuse.ElleavaitconfiéàAnniequeRoccoetelleattendaient

unenfant.—Joshaurabientôtunpetitfrèreouunepetitesœur,dit-elleenserrantlebébédansses

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bras.Anniesedemandaqueleffetcelafaisaitdesesentiraussiheureuseetconfiante,d'accepter

quionétaitsansquequiconqueessaiedevouschanger.Plus que tout au monde, elle voulait qu'Oliver puisse grandir avec cette liberté, en se

sentantaimé.Ellevoulaitqu'ilaitconfianceenluietqu'ilconnaisselebonheur.Avantdechangerd'avis,elleenfilarapidementunedesestenuesneuves,unejolierobeau

décolleté carré en coton bleu gansé de blanc. Annie considéra un instant le petit cardiganqu'elleavaitmissurlelitpourcouvrirsesbras,puisdécidadeleremettredanslacommode.Oliveravaitétéprésentéàsongrand-pèrequi,commeAnniel'avaitdeviné,nes'étaitpasle

moins du monde intéressé à elle. Il ne lui avait inspiré aucune sympathie, en particulierlorsqu'ilavaitpleuréau-dessusdubébé,ledésignantcommelefilsdesonenfantchéri.Elle n'avait pu s'empêcher de regarder Falcon à ce moment-là, mais il lui avait été

impossiblededéchiffrersestraitsimpassibles.Ellevenaitd'atteindrelegrandhallavecOliverlorsqueFalconsortitdel'unedessallesde

réception.— Annie, vous tombez bien, je viens juste de demander àMaria si elle savait où vous

étiez.Pouvez-vousm'accorderquelquesminutes?—Biensûr,répondit-elleensouriant.EllesesentaitplusdétendueavecluiaprèssaconversationavecJulie,maispasassezpour

nepassecrisperlorsqu'ilpassalamainsoussoncoudepourl'emmenerjusqu'àlaterrasse.Cen'étaitpaslapremièrefoisqu'elleréagissaitainsilorsqu'illatouchaitouqu'ilsetenait

tropprèsd'elle.Ellesentitsonregardsurellemais,àsongrandsoulagement,ilneditrien.Ilportaituncostumecouleurtaupeavecunechemiseàfinesrayures,cequilerendaitàla

fois très élégant et terriblement séduisant.Quelques jours plus tôt, elle aurait été prise depaniqueensentantsoncorpstrahirainsisonattirancepourFalcon,maisellecommençaitàsavoirmaîtrisersespulsions.Etelles'était faiteà l'idéequecelan'était riend'autrequ'uneréactionnormalefaceàunhommeviriletattirant.Une fois qu'ils furent assis et qu'Oliver fut occupé à essayer de rouler sur le tapis, une

domestiqueleurapportaducafé.—PuisqueOliveretvousêtesmaintenantchezvousauchâteau,commençaFalcon,ilfaut

quenousprévoyonsunlogementplusconfortableetadaptéquelesdeuxchambresquevousoccupezactuellement.—Noschambressonttrèsbien,assura-t-elle.—Non.J'aimonpropreappartementauchâteau,monpèreaussi,etilestimportantque

vousayezvotreendroitàvous,oùvouspourrezcréerunfoyeravecOliver.Etpuis,unjourviendraoùvousaurezenviederecevoirdesamisenprivé.Vousêtesunejeunefemme,ilestnaturelqu'unjourvousrencontriezunhomme...Anniesesentaitsinerveusequ'elleavaitenviedeseleveretdecourirdanssachambre.—Jeneveuxpasrencontrerunhomme.Jen'auraijamais...Elleétaittropbouleverséepourcontinuer,maisFalconavaitcomprissontrouble.—Cequemondemi-frèreafaitestimpardonnable,maisvousnepouvezpaslaisserson

acte vous empêcher de vivre. Sinon, ce serait lui accorder la victoire. Et puis vous devezpenseràOliver.Jeneveuxpasvousfairelaleçon,maisjesuisbienplacépoursavoirquelecomportement de victime de ma mère a eu des conséquences sur le développementémotionnel demes frères et moi. Il est parfois difficile pour un adulte de savoir aimerlorsque enfant, il n'a pas senti l'amour entre ses parents. J'ai bien l'intention d'être une

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présencemasculinepourOliver,maisjenepourraipas remplacercequ'ilpourraitapprendreenvousvoyantvivreavecquelqu'unquevousaimerez.Jesaisqu'ilvousesttrèsdifficiledemettredecôtél'horreurqu'Antoniovousafaitvivreetqu'apprendreàrefaireconfianceauxhommesexigebeaucoupdecourage,mais jesuispersuadéquevousenavezlaforce.Annienepouvait le laisserpoursuivre,c'eûtétéinjusteetmalhonnête.Sesparolessur le

devoirqu'elleavaitenversOliver l'avaienttouchée.Elleconnaissaitbienleseffetsdurablesque pouvait avoir un traumatisme de l'enfance. Elle se rassit et croisa les mains sur sesgenouxpourdissimulerleurtremblement.Ellenepouvaitpas leregarderenface,sinonellen'arriveraitpasàluidire cequel'honnêtetél'obligeaitàpréciser.— Je... Ce n'est pas juste à cause de ce qu'Antoniom'a fait que je ne veux rencontrer

personne.Falconétudialajeunefemmequiavaitbaissélatête.IIserenditcomptequ'ilavaittouché

unpoint très sensible et qu'il devait êtreprudent. Il se remémora rapidement tout ce qu'ilsavaitd'elle,puisditavecautantdetactquepossible:—Ondiraitquequelqu'unvousaapprisàvousméfierdeshommes.Peut-êtren'avez-vous

pasappréciéquevotremèreseremarie?Vousaviezdouzeansàl'époque,jecrois.C'estunâge où l'on se sent plus fragile. Si votre beau-père n'était pas compréhensif ni trèsattentionné...— Non, l'interrompit Annie. Au contraire, mon beau-père et Colin étaient très

attentionnés,enparticulierColin.Falconavaitinstinctivementéprouvédel'antipathiepourcethommequis'étaitmontrési

insistantpourobtenirdesinformationssurAnnie.—C'estàcausedevotredemi-frère,n'est-cepas?—Non!Il perçut de la terreur dans sa voix. Elle s'était levée, beaucoup plus agitée que tout à

l'heure.— Non!répéta-t-elleentapantdupoingsur la table,cequi fitvolersa tassedecaféet

tachasarobe.—Est-cequeçava?demandaaussitôtFalcon.Vousnevousêtespasbrûlée?Annielevitvenirverselle,unebouteilled'eauàlamain.—Non...,murmura-t-ellecommeuneenfantapeurée,tendantlesmainspourl'empêcher

d'approcher.— Tout vabien,Annie. Jene vais pas faireunpasdeplus, ni vous toucher, je vous le

promets.Maisj'aibesoindesavoirsivousvousêtesbrûlée.Savoixdoucelacalmaunpeu.—Non,jevaisbien.—Tantmieux.Maintenant,nousdevrionsnousasseoiretparler.Colinnepeutpasvous

fairedemalici,Annie.Ilnevousenferaplusjamais,parcequejenelelaisseraipasfaire.Elles'assitetluiditd'unevoixmécanique,leslèvrestremblantes:—Ilvousdiraitquejemens,quetoutcequ'ilveut,c'estmeprotéger.Ilprétendraitque

jenesaispaschoisirmesamis,commeilledisaitàmamère.Falconlaregardait,attendantqu'elles'explique.—Jesaiscequevousdevezpenser,dit-elle,maiscen'étaitpasça.Iln'yajamaisrieneu

de sexuel dans la façon dont Colinme parlait ou se comportait avecmoi. C'est juste qu'ilétait...Ilappelaitçaêtreprévenant,maismoi,jemesentaisétouffée.Ilnefaisaitjamaisriendemal,etc'estpourquoimamèrenecomprenaitpasleproblème.Ellepensaitquejevoyaislemalpartout.Quandjesuisentréeau lycée, jemesuis faitdenouveauxamis,maisColin

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insistait pour aller me chercher à la sortie des cours. J'avais une camarade avec qui jem'entendaisparticulièrementbien,maisilnel'aimaitpas.Unjour,ilyaeuunaccident.Elleétaitenvéloetilareculésurelleàtoutevitesseenvoiture.A présent qu'elle avait commencé à parler, elle nepouvait plus contenir les mots. Elle

pouvaitenfinexprimersespeursetsesdoutessanscraindred'êtreréprimandée.— J'ai essayé de parler à ma mère, mais elle aimait beaucoup Colin, elle refusait de

comprendre.Elle leva les yeux vers Falcon qui l'écoutait attentivement depuis le début. Le mépris

qu'ellelutdanssesyeuxlablessa.—Vouspensezcommemamère.Jelevoisàvotreexpression...— Ne vous méprenez pas, l'interrompit-il. Votre demi-frère ne vous a peut-être pas

touchée,maisilaabusédevousd'uneautrefaçon.Soudain,uneimmensevaguedesoulagementetdegratitudeenvahitAnnie.Julieluiavait

ditqu'ellepouvaitavoirconfianceenFalcon,etellesavaitàprésentaveccertitudequec'étaitvrai.Pourlapremièrefoisdesavie,quelqu'unétaitprêtàl'écouter,àlacomprendreetàlacroire.— Celan'apasdûêtre facilepourmamère, se sentit-elleobligéed'ajouter. Je suppose

qu'elleétaitreconnaissanteenversColinparcequ'ilnousacceptait.Ildisaitsouventquesonpère ne se serait jamais remarié sans son accord. Quant à ma mère, elle avait besoin des'appuyersurquelqu'un.Souvent,j'aieul'impressionqu'elleregrettaitdem'avoireue,parcequ'illuiauraitétéplusfaciledeseremariersansenfant.Au fond de lui, Falcon sentait des liens se tisser entre eux. Il n'aimait pas parler de sa

propreenfanceetlefaisaitrarement,maisàprésent,avecAnnie,celaluisemblaitnaturel.C'était parce qu'il voulait l'aider et non parce qu'il avait besoin de partager ses propres

peines,sedit-ilpourserassurer.—C'estdifficilepourunenfantd'accepterquelapersonnequidevraitl'aimerleplusnele

fassepas.Celaempêchedereconnaîtreetd'accepterl'amouràl'âgeadulte.Mesfrèresonteulachancederencontrerdesfemmesquileurontouvertlesyeuxdanscedomaine.—Jecroisqu'ilsontaussieulachancedevousavoir,pourlesaimeret lesprotéger,dit

Annied'unevoixtimide.C'étaitnouveaupourelledeparlerainsiàcœurouvert,ellequiavaitpassédesannéesà

faire attention à ce qu'elle disait, de peur que Colin saute sur l'occasion pour l'accuser dequelquechose.—Votredemi-frères'esttrèsmalcomportéavecvous...—Cen'étaitsansdoutepasentièrementlafautedeColin.Jen'étaispasuneadolescente

facile.Mais quand il a commencé àme critiquer, àme dire ce que je devais ou non faire,comment je devais m'habiller, à me mettre en garde sur les conséquences de moncomportement,j'aicommencéàavoirpeur.Plus il en apprenait sur ceColin, plus Falcon leméprisait et le détestait, et plus il avait

enviedelibérerAnniedelaprisondanslaquellesondemi-frèrel'avaitenfermée.— C'était surtout sa façon de manipuler la vérité qui m'effrayait. Parfois, je finissais

mêmeparmedemandersijen'avaispasvraimentfaitcedontilm'accusait.—Ilvoulaitvousempêcherd'avoirvospropresjugementsetvoschoixmoraux.ChaquemotqueprononçaitFalconsemblaitluiôterunpoidsdesépaules.—Colinavaitditàmamèrequejetraînaisavecdesjeunespeufréquentablesaucollège,

toutçaparcequ 'i l m'avaitvuerireavecdescamaradesdeclasse.Ilétaitfurieux.Iladitdeschosesauxquellesjen'avaisencorejamaispensé...Surlesgarçons,lesexe.Ilsous-entendait

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quejevoulaisattirerl'attentiondesgarçonsetquejevoulais...Elleneputcontinuer,maisellen'enavaitpasbesoin,Falconcomprenait.—Ilvousarenduehonteusedevospremiersémois.— Oui. Il a dû réussir à convaincremamère aussi, car ellem'a fait un sermon sur les

comportements provocateurs et le danger de porter certains vêtements. Ellem'a emmenéedans un magasin et m'a acheté des jupes longues. Je les détestais car elles me faisaientparaîtredifférentedesautresfilles,maisColindisaitquesijenevoulaispaslesporter,c'étaitparcequejevoulaisquelesgarçonsmeregardent.Ilvenaitsouventdansmachambrelesoirquandj'étaiscouchée.Ils'asseyaitauboutdemonlitetm'interrogeait.Ilvoulaitsavoiravecqui j'avais parlé pendant la journée, si j'avais adressé la parole à des garçons. Parfois jementaisetjedisaisquenon,pourqu'ils'enaille.Mais,unjour,ilasuquejementais.Annieseremitàtrembler.— Cela a étéhorrible. Il était à la fois froid et furieux. Il apris lespetites figurines en

porcelainequejecollectionnaisetlesajetéesuneàunesurlesol,jusqu'àcequ'ellessoienttoutesbrisées.Iladitquetoutcequ'ilsouhaitait,c'étaitveillersurmoietqu'ilnevoulaitpasquelesgarçonsmeprennentpourunefillefacile.Mamèremedisaitsanscessequej'avaisdela chance d'avoir un demi-frère quim'aimait autant. Elle ne comprenait pas. Personne necomprenait.Jevoulaisalleràl'université,etquandj'aiobtenuuneplaceàCambridge,j'aiétéfolledejoie.Maismamèreacommencéàdirequ'elletrouvaitquejen'étaispasassezmûrepourvivre loinde lamaison,qu'il vaudraitmieuxque je fassecommeColinenallantdansl'universitélaplusprochepourpouvoircontinueràhabiteraveceux.Jesaisquec'étaitl'idéedeColin,toutcommejesaisquec'estluiquiacabossélavoituredugarçonquim'aemmenéeaubaldefind'annéedulycée.Annienepouvaitplusarrêterletorrentdesmots.—AvantderencontrerlepèredeColin,mamèrem'avaittoujoursditquenotremaison,

quiappartenaitàlafamilledemonpère,mereviendraitunjour.Maisquandmonbeau-pèreet elle sont morts, j'ai découvert que la maison avait été léguée à Colin et qu'il avait étédésigné comme mon tuteur. Heureusement, j'avais dix-huit ans passés et un de mesprofesseursàl'universitém'aaidéeàtrouverunemploiàLondres.Colinétaitfurieux.Ilm'asuppliéederevenir,maisjen'aipascédé.Jesavaisqu'ildevaitresterdansleDorsetàcausede son entreprise. C'étaitmerveilleux de vivre et de travailler à Londres,mais je n'arrivaistoujours pas à être moi-même. Chaque fois que je regardais une jolie robe ou une jupecourte,jevoyaislevisagedeColinouj'entendaissavoix...Anniesesentaitfaibleàprésent,vidéedesonénergie.—Jen'auraispasdûvousparlerdetoutça.— Parcequevotredemi-frèren'auraitpasapprécié?Vousn'auriezpasdûvivretoutça,

réponditFalcon.Serendait-ellecomptedusinistretableauqu'ellevenaitdedépeindre?Sonenfanceàlui

avait été gâchée par le manque d'amour de son père, mais Annie avait vécu une autredétresse.Ilavaitlecœurpleindecolèreetl'espritplusquejamaisdéterminé.Annieétaitdésormais

unmembredesafamilleet,àsesyeux,outreladédommagerpourlemalqu'Antonioluiavaitfait,ildevraitégalementluirendrecequiluiavaitétévolé.— Aprèscequevousvenezdemedire, jecomprendsmieuxpourquoivousavez ignoré

Antonioetessayédel'éviter.— Je savais qu'il se moquait demoi en faisant semblant de s'intéresser àmoi. Je ne

l'appréciaispas.Heureusement,jenemesouvienspasde...decequis'estpassé.QuandSusie,

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la femme de l'écrivain pour lequel je travaillais, m'a trouvée, j'étais encore à moitiéinconsciente.—N'avez-vouspasportéplainte?—Non.J'avaispeurqu'onnemecroiepas.Falcondevinaquec'étaitparcequesondemi-

frèreluiavaitrépétésisouventquesoncomportementétaitprovocant.—CelaaétéunchocterriblequandSusiem'ademandésijepouvaisêtreenceinte.Cela

nem'étaitmêmepas venu à l'esprit. C'est stupide, je sais,mais j'avais supposé qu'Antonioavait...enfin,qu'iln'auraitpasprislerisque.—Celanem'étonnepasdeluiqu'iln'yaitmêmepaspensé.—Quandc'estarrivé,Susieavudansmespapiersquej'avaisindiquéColincommeparent

leplusproche.Jel'aisuppliéedeneriendireàpersonnemais...Ellevoulaitbienfaire,voussavez.EtquandColinestarrivéàLondres,ils'estmontrésiinquietquebiensûr...—IlapumanipulerSusiecommeilavaitmanipulévotremère?—Oui.Ilvoulaitquej'avorte.Ildisaitquecelavalaitmieux.Maisjenevoulaispas,jene

pouvaispas.Alorsilacommencéàdirequej'avaisdûcherchercequiétaitarrivé.J'aieubeaunier,iladitquesijenemesouvenaisderien,jenepouvaispasnonplusdirequejenel'avaispasvoulusurlecoup,quej'avaisprobablementencouragéAntonio.JecroisqueSusieetTométaientdesonavis,mêmes'ilsnel'ontjamaisditouvertement.QuandOliverestné,Colinavoulu qu'Antonio assume ses responsabilités, malgré mes protestations. Quand Antonio arefusé,Colinm'aincitéeàfaireadopterOliver.IlamêmeréussiàconvaincreSusiequ'ilavaitraison.J'aieutellementpeurqu'ilnoussépare...,dit-elleavecunfrisson.Tout comme il l'avait séparée de tous ceux qui auraient pu l'aimer ou l'aider, songea

Falcon.—C'estpourçaquevousavezacceptédevenirenSicile,n'est-cepas?—Oui,jemesuisditqu'Oliverseraitensécuritéici.—Vousavezeuraison.—Vous comprenez à présent pourquoi je ne veux pasm'engager avec quelqu'un, dit-elle

d'unevoixlasse.Pendant quelques secondes, elle crut qu'il n'allait pas répondre. Mais il lui demanda

doucement:— Vousn'avez jamaisconnud'hommequivous fasseconnaître leplaisirdanssesbras,

n'est-ce pas ? Avec qui vous auriez connu une intimité et qui vous aurait appris àcomprendreetappréciervotreproprecorps?Annie avait envie de pleurer. Elle avait passé tellement d'années à refuser sa féminité

qu'elleavaitfiniparacceptersondestin.Elleétaitrestéeseuleaveclepoidsdesonchagrin.Aprésent, en quelques mots, Falcon avaitavait mis en lumière ce sombre secret qui larongeait.Cette lumière crue lui faisaitmal et elle avait envie de retournerdans l'obscuritépouryéchapper.Elleavaithonteetelleavaitpeur.Ellenepouvaitpas répondreà saquestion.Lavéritéétait tropdouloureuseet la rendait

tropvulnérable.Etpourtant,quelquechoseaufondd'ellelapoussaàparlermalgrétout.— Non, jamais, admit-elle en tremblant. J'étais trop jeune quand... quand Colin a

commencéàmemettremalàl'aiseavec...Ilfallaitqu'elles'arrête.Elleenavaitdéjàtropdit.Elletrouvaithumiliantpourunejeune

femmedevingt-quatreans,mèredesurcroît,denepassavoircequ'était leplaisirdans lesbrasd'unhomme.—Aveclesexe?Annieavaitenviedeseboucherlesoreilles.

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—Iln'yaaucuneraisond'avoirhonte,dit-il.Nouspassonstousparlà:delacuriosité,del'attirance,del'excitationetlapeurd'êtreridicule.—J'aidûmalàvousimagineraveclapeurd'êtreridicule.—Jevousassurequecelaaétélecas.C'estnormaletnaturel.Toutlemondeenabesoin

pourgrandir…maisonvousl'ainterdit.—Aprèscequem'avaitditColin,jenesupportaispasl'idéequequelqu'unpuissemevoir

commeunefillefacile.Jenemesuispasautoriséeàêtreattiréeparquiquecesoit,admit-elle.Ellen'enrevenaitpasderéussiràparlersifacilementetsiouvertement.—Alorsvousavezréprimévosdésirs.—Jevoulaisjustemesentirensécurité.—Parrapportauxgarçonsouàvotredemi-frère?Annieécarquillalesyeux:ilcomprenaitsibiencequ'elleressentait!— Je pense que j'aurais pu essayer de... d'être plus normale quand je suis arrivée à

Londres,maislesautresjeunesfillesétaienttellementdifférentesdemoi.Jenepouvaispasimaginer que quelqu'un puisse... C'est-à-dire, je pensais que si je sortais avec quelqu'un, ilfinirait par êtredégoûté ou semoquerdemoi. Je trouvais plus facile denepasprendre lerisque. Et maintenant, bien sûr, c'est trop tard. Je ne pourrais pus démarrer une relationmêmesij'enavaisenvie.Quelhommevoudraitd'unefemmecommemoi?Mèrecélibataire,quinesaitriendel'amourniduplaisir?Commentpourrais-jeluiexpliquer?Jenepeuxtoutdemêmepasraconterque...—Pourquoipas?Vousmel'avezbienraconté.— C'estdifférent,dit-elled'unevoix faible.Vousn'êtespas...Nousnesommespas... Je

saisquejepeuxvousfaireconfianceparceque...Anniene savait comment l'expliquer,mais elle savait queFalcon était différent, unique,

quec'étaitunhommequiincarnaitdesvaleurstrèsraresauXXIesiècle.—Celaadûêtretrèsdifficilepourvousdemenerunevietellementcontrenaturepour

unejeunefemmeséduisante.Latrouvait-ilvraimentséduisante?Oubiendisait-ilcelaparpitié?—Nesoyezpasdésolépourmoi,sedéfendit-elle.Jesuisparfaitementheureusecomme

jesuis.—Non,c'estfaux.Vousvouscroyezheureuse,mais vousaveztellementpeurd'êtrepunie

quevousaveztotalementreniévotresexualité.Vousnepouvezpascontinueràvivrecommeça,enniantetcraignantunepartessentielledevous-même.—C'estcommeçaquejedoisvivre,dit-elle.Jen'aipaslechoix.—Maisaimeriez-vousavoirlechoix?Aimeriez-vousretrouvervotresexualité?Aimeriez-

vousvousautoriseràtrouverquelqu'unavecquipartagervotrevie?—Je...Elle aurait voulu s'accrocher à son amour-propre et nier qu'elle puisse vouloir une telle

chose,maislesparolesdeFalconavaientréveillétropdechosesenelle,ilétaittroptardpouravoirhontedelavérité.—Oui,admit-elle.Falcondétournaleregard.Ilvenaitdeprendreunedécision.—Ilyaunechosequejedoisvousdire,Annie.Votredemi-frèrevousavoléunepartiede

votrevie.Puis, il y a cequ'Antoniovousa fait.En tantqueLeopardi, j'ai le devoirde vousdédommageretdevousrestituercequivousaétévolé.C'estlaloidelafamilleLeopardietlecodeselonlequelnousvivons.

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—Celan'apasdesens,dit-elled'unevoixmalassurée.UnelueursombrebrillaitdanslesyeuxdeFalconquandiltournalatêteverselle.—C'estmondevoir,enversvousetenversOliver,avecquijepartagedesliensdesang.Ila

ledroitdegrandirauprèsd'unemamanheureuseetépanouie.Commentpourra-t-ilunjourtrouver l'amour s'il ne vous a jamais vue avec quelqu'un ? Comment saura-t-il trouver labonnepersonne?Ilestdevotredevoirluimontrerl'exemple.Chacundesesmotslafaisaitculpabiliserunpeuplus.—Cenesontquedesmots,dit-elle,maisjenepeuxpaschanger.—Si,vouslepouvez,avecmonaide.

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6.Avecsonaide?Qu'entendait-ilparlà?—Donnez-moivotremain,ditFalcon.Acontrecœur,Annietenditlamainetseraiditlorsqu'illapritetlagardaentrelessiennes.— Après cequevousvenezdemedire, je suispersuadéqu'au fonddevous, vousavez

enviederetrouvercedontvousavezétéprivéeetquevousvoulezdevenirunefemmelibreetconfiante,sexuellementépanouie.Ai-jetort?—Jenesaispas,répondit-elle.Son cœur battait la chamade. Elle avait l'impression d'affronter quelque chose de très

dangereux,maisaussidetentantetexcitant.—Si,jesaisquej'airaison.VousadorezOlivieretvoussavezquepourfairesonbonheur,

vous devez aussi penser au vôtre. Je peux vous apprendre à devenir celle que vous voulezêtre.Vousavezdittoutàl'heurequevousmefaisiezconfiance,n'est-cepas?—Je...—Jevousprometsquejenevousferaiaucunmaletquejeneferaijamaisrienquevous

ne souhaiteriezpas.Mais jevousprometsaussidevousmontrerquevousavez ledroitderecevoirduplaisiretd'endonner.Sivousacceptez,jevousaideraiàredécouvrircequivousaété volé. Jene vous force à rien. Je vousdemanderai juste, chaque fois,dedécider cequevousvoulezvraiment.Vouspourrezcomptersurmoi,iln'yaurarienquevousnepuissiezmedireoumedemander.—Jecomprendsquevousvoulezmonbien,maisnousne...—Oui...?—Nousnenousaimonspas.L'étincellequifitbrillerlesyeuxdeFalconlafitrougir.— Il n'est pas indispensable de s'aimerpour se donnerduplaisir. Il faut, en revanche,

éprouveruneattirancemutuelle.Ilmarquaunepausetandisqu'elleportaitunemainàsoncœurpouressayerd'enapaiser

lesbattementsincontrôlés.—J'ail'impressionquenouspartageonsunetelleattirance,reprit-il.—Non...jeveuxdire...jenecroispas...—...quejevoustrouveattirante?Jevousassurequesi.Falcontenaittoujourssamain,qu'ilretournapourdoucementcaresser l'intérieurdeson

poignetavecsonpouce.Depetitesflammesparcoururentsonbrasetellepoussaungémissement,voulantretirer

samain.Falconl'observaitattentivementetAnniesutquesaréactionl'avaittrahie.—Vousm'avezcauséunchoc,dit-ellefaiblement.— Jevousaidonnéduplaisir, corrigea-t-ild'unevoixdouce. Imaginez, si le contactde

mon pouce sur votre poignet peut nous procurer à tous les deux du plaisir, combien cela

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deviendraitintensesijepoursuivaisavecmeslèvres.Annienesavaitplusquefaire.Cependant,ellenepouvaitignorerledésirquelesmotsde

Falconéveillaientenelle.— Il est toutà faitpossibled'éprouverduplaisir sansaimerquelqu'un,vous savez.Tant

quelesdeuxpartenairesserespectentetsecomprennent.Iln'yalàriendehonteux,quoiquevotredemi-frèreaitessayedevousfairecroire.Ilavaitlâchésamain,àsongrandsoulagement.—Vousn'êtespasobligéededécidertoutdesuite.Jedoisprendrel'avionpourFlorence

enfind'après-midi,afind'assisteràuneréunionausujetd'unimmeublequejedoisrénover.Jeseraideretourdemainsoir,vouspourrezalorsmedonnervotreréponse.Annie, jepeuxvousaider,maisc'estvousseulequiprendrezladécisiond'accepterounonmonaide.Anniesepenchasurlebassinaucentredujardinàlafrançaise,laissanttomberquelques

miettesdepainpourlespoissonsrougesquinageaienttranquillementdansl'eautiédieparlesoleil. Oliver dormait dans s apoussette. Falcon devait être arrivé à Florence. Le châteausemblaitvidetoutàcoup.Quandilrentrerait...Non,ellepréféraitnepaspenseràsonretour,carcelavoudraitdire

avoirprisunedécision.Cependant,ellen'avaitpasbesoinderéfléchirà ladécisionàprendre,serassura-t-elleen

selevantetensaisissantlespoignéesdelapoussettepourramenerOliveràl'intérieur.Elleétaitheureusecommeelleétait.Elle était heureuse, n'est-ce pas ? Alors, pourquoi se répétait-elle sans cesse ces mots

comme une litanie ? sedemanda-t-elle, tandis qu'elle se préparait à aller se coucher. Elleaurait voulu échapper à la petite voix déconcertante qui essayait de saper la décisionraisonnablequ'elleavaitprise.EllenedoutaitpasqueFalconseraità lahauteurdecequ'il luiproposait,maisétait-elle

capabled'accepter?Unfrissondangereusementprochedel'excitationlaparcourut.Falcon...Serait-ilassezfortpourvaincresonpasséetsadouleur?Serait-ellecapabledele

laisseressayer?Elleavaitlesnerfsàfleurdepeauetsesentaitpleinedecontradictions.Iln'étaitque20h30.AFlorence,lasoiréedeFalconnefaisaitsansdoutequecommencer,

songea-t-elleensefaisantcoulerunbain.Celal'aiderait,dumoinsespérait-elle,àserelaxeretàtrouverlesommeil.A cette heure-là, Falcon était peut-être en train de prendre une douche avant de sortir.

Malgré elle, des images naquirent dans son esprit : son corps viril sous l'eau chaude quiruisselait sur ses largesépaules,puis sur son torse,descendanten rigoles jusqu'à sonbasventre...Annie avala avec peine sa salive, puis plongea sous l'eau pour tenter de cacher son

embarras. Que lui arrivait-il ? Elle n'avait jamais pensé à un homme de cette façon. Sonimaginationavaitàprésentdeseffetstrèsconcretssursoncorps,sesseinsétaienttendusetsonventredevenaitdeplusenpluschaud.QuepenseraitFalconde son corps ?Le trouverait-il attirant?Eprouverait-il dudésir?Si

elleacceptaitsaproposition,illuidemanderaitdecesserdesecacher.Ilvoudraitqu'ellesoitfièredesoncorps.Ilvoudrait lavoir, la toucher, l'embrasser...Maispourquoipensait-elleàcela?Elleavaitdéjàdécidédedéclinersonoffre,n'est-cepas?

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Elle essaya de se concentrer sur autre chose. Elle n'avait pas besoin de découvrir sasexualité;elleétaitheureusecommeça.Elleavaitsonfilsadoréetellecommençaitàselierd'amitiéavecJulie.Rocco et Julie étaient si heureux ensemble, ils s'aimaient tant ! Chaque sourire, chaque

geste qu'ils échangeaientmontraient leur amour. Ne rêvait-elle pas en secret de connaîtrecela?D'avoirunpartenaire,quelqu'unavecquipartagercelienmerveilleux?Non. Ils avaient peut-être la chance de s'aimer, mais nombreux étaient les couples qui

s'engageaient et le regrettaient ensuite. Elle n'avait besoin de personne dans sa vie, ellen'avaitpasbesoinqueFalconluiapprenneàlâcherpriseaveclepasséet,surtout,ellen'avaitpas besoin qu'il lui montre comment réveiller sa sexualité refoulée. D'ailleurs, celle-ci seréveillaitdéjàd'elle-même, et elle avaitpeur, si cela continuait,d'apprécierunpeu trop lesleçonsdeFalcon.Ilétaitcependantabsurdedefairesemblantdecroirequ'elleseraitheureusedepasserle

restedesavieseule.Tout lemondeavaitbesoind'amour.ElleavaitOliver,certes,maisunjourilauraitsaproprevie.Queressentirait-elles'ilsel'interdisaitàcaused'elle?L'eaudesonbaincommençaitàrefroidiretelleavaitmalà la têteà forcedese torturer

avecsespenséesconfuses.Ellesortitdelabaignoire.Que faisaitFalconen cemoment ?Pensait-il à elle ?Non, iln'avait aucune raisonde le

faire.Enfilant son peignoir, Annie traversa sa chambre et alla voir Oliver, qui dormait

paisiblementdanssonpetitlit.Cenouvelenvironnement faisait leplusgrandbienàson fils. Ilavaitprisdupoidsetsa

peau,malgré l'épaissecouchedecrèmesolairequ'elle luiappliquait régulièrement,étaitentraindedevenirplusmate,ressemblantdeplusenplusàcelledeFalcon.Ilétaittrèscurieuxdetoutcequil'entourait,souriaitplusfacilementauxpersonnesquivenaientd'entrerdanslavie qu'il ne le faisait à Londres. Pouvait-il sentir, avec son instinct de bébé, que ces gensétaientdumêmesangquelui?SielleacceptaitlapropositiondeFalcon,elleneleferaitpastantpourelle-mêmequepour

Oliver. Quand i lgrandirait, elle voulait qu'il connaisse la joie et le bonheur, qu'il sache cequ'étaitl'amouretquecelaluipermetted'avoirdesrelationsharmonieuses.Ellevoulaitpourluicequ'elle-mêmen'avaitpasconnuetqu'elleallaitdevoirapprendre.Mais y arriverait-elle ? Trouverait-elle la force de se jeterà l'eau et d'endurer plus, bien

plus,quecequ'elleavaitdéjàéprouvélorsqueFalconl'avaiteffleurée?

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7.—J'airéfléchi,annonçaFalconensepenchantsurlatableenferforgédelaterrasse,oùil

buvaitunapéritifencompagnied'Annie.Voilà une demi-heure qu'il était rentré de Florence. Annie avait vu sa voiture remonter

l'alléeduchâteauetsegarerdanslacourpavée.Ellel'avaitregardédescendre,puisattraperlasacochedesonordinateurportableetsavestequ'ilavaitnégligemmentjetéesursonépauleavantdemonterlesmarchesdemarbrequimenaientaugrandhallduchâteau.Elle n'avait pas vraiment attendu son retour. Si elle se trouvait au premier étage du

château et qu'elle avait pu le voir arriver par une fenêtre de l'un des salons de réception,c'étaitseulementparcequeMariaavaitinsistépourlesluifairevisiter.Le château était immense, avec des caves et des greniers, trois ou parfoismême quatre

étages. Il possédait trois tours, une salle de bal démesurée. En réalité, il se composait duchâteau d'origine et d'unpalazzoduXVIIIe siècle, que les ancêtres de Falcon avaient faitconstruirepourl'agrandir.Lorsqu'ilétaitentrédanslesalonpourluiproposerdelerejoindresurlaterrasseetboire

un verre avant le dîner,Annie avait remarquéqu'il s'était changé. Il portait un jeandélavéavecunechemiseenlinblanche.Ilsemblaitdétendu,tandisqu'ellesesentaitcrispéeetmalàl'aise dans une de ses nouvelles robes. Elle nevoulait pas qu'il pense qu'elle avait essayéd'êtreséduisantepourlui.Le jersey beige de sa robe lui avait paru si quelconque sur le cintre qu'elle n'avait pas

réfléchipluslongtemps: l'avaitenfiléeàlahâteetattrapédessandalesàpetitstalonsdelamêmecouleur.Elleneportait jamaisdetalonshautsd'ordinaire,depeurdetrébucheravecOliverdanslesbras.Ellenes'étaitmêmepasregardéedanslemiroiravantdequittersachambre,secontentant

depasseruncoupdebrossedanssescheveuxetdemettreunpeudebrillantsurseslèvres,avant de se parfumer légèrement avec la délicieuse eau de toilette que la styliste lui avaitconseillée,etdeprendreOliverdanssesbras.Cen'estqu'aumomentderefermerlaportedelachambrequ'elleavaitaperçusonrefletet

qu'elles'étaitrenducomptecombienlarobelafaisaitparaîtremince,soulignantchacunedesescourbes.Une fois sur la terrasse, Falcon s'était avancé vers elle pour lui prendreOliver des bras,

puis l'avait étudiée dansun silence qui en disait long. Elle avait senti son cœur s'emballerquandilluiavaitsouriavantd'installerOlivierdanslachaisehautequil'attendait.Ilfallaitqu'ellepenseàautrechosequ'àcesourire,sedit-elle.Falconétaitentraindelui

parler. Que disait-il ? Avait-il changé d'avis à propos de son projet de la transformer enfemmemoderneetsensuelle?Sic'étaitlecas,elleseraitsoulagée,non?Ellepritunegorgéedevinrosé.Ellen'avaitpasl'habitudedeboiredel'alcool,maiscevin

fraisetlégerqueFalconl'avaitconvaincuedegoûterétaittrèsagréable.Ellesentaitquecelala détendait petit à petit. Elle essaya de respirer normalement, commesi elle n'avait eu

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aucuneappréhension,commesielleavaitpudormirlanuitprécédente.—Quandj'étaisàFlorence,j'aidiscutéavecunmembredelafamilledemadéfuntemère.

Une des demeures de la famille est vidée en cemoment de tous sestrésors, y compris lecontenudelabibliothèqueetungrandnombredelettres.Ilm'ademandésinouspouvionsentreposerleslivresici,cequej'aibiensûraccepté.L'histoirede la familledemamèreestassezintéressante.AuXVesiècle,c'étaientdesmarchandsdesoie,quiontachetéleurtitredenoblesseetfinipardevenirtrèsrichesetinfluents.Lemariagedemesparentsaéténégociéentremon père et l'oncle demamère, chacun y trouvant un avantage financier ou social.Maismonpèren'ajamaismanquéderappeleràmamèrequ'ilétaitissud'unenoblelignée,tandisqu'elledescendaitdemarchands.—Celadevaitbeaucoupblesservotremère,ditAnnieaveccompassion.— Elle a énormément souffert de la cruautédemonpère.Enfants, nouspensionsque

notremèrenenousaimaitpasassezpourvivre,maisc'étaitfaux.Enréalité,elleestdécédéeàlasuitedecomplicationsaprèslanaissancedeRocco.—Grandirsansvotremèreadûêtreterriblepourvous.— Tout commevous avezdû souffrir de grandir sans votrepère.Nous savons tous les

deux c eque c'est. Peut-être que, si vous décidez d'apprendre l'italien, vous lirez un jourl'histoire de mes ancêtres. La bibliothèque du château contient de nombreux journauxintimes.Lesyeuxd'Anniesemirentàbrillerd'excitation.—J'enseraisravie,dit-elle.—Danscecas,jevaismerenseignerpourvoustrouverunprofesseur,àmoinsquevous

ne préfériez suivre un cours à Florence. Mon appartement là-bas est suffisamment grandpourvousaccueilliravecOliver.Lorsqu'il saisit la bouteille pour la resservir, elle se rendit compte qu'elle avait vidé son

verreenl'écoutant.— Oh, non, merci. Je ne bois pas d'habitude..., dit-elle tandis que Falcon ignorait ses

protestationsetachevaitderemplirsonverre.— Jenesuispaspour l'excèsd'alcool,mais ilest importantquevousappreniezàboire

quelquesverresdevinsansquecelavoustournelatête.Vousaurezplusd'assurancelorsdevossortiesetdesoccasionsmondaines.Bon,etpuisj'aiaussipenséàOliveretvouspendantquej'étaisàFlorence.Lecœurd'Annies'emballadenouveauetellepritunegorgéedevinpoursecalmer.Cerosé

était vraiment bon et une chaleur douce, une impression de détente commençaient àl'envahir.— Si vous voulez avoirdu tempspour vous, vous allez avoir besoind'unepersonnede

confiancepourgarderOliverenvotreabsence.—Jeneveuxpasquequiquecesoits'occupedelui,protesta-t-elle.Jel'aimeetjeveux

êtreaveclui.—Iln'estpassainqu'unemèreetsonenfantsoienttoutl'unpourl'autre.EnItalie,une

mèrea toujoursquelqu'unversquise tournerpour l'aider.Onne la laissepaséleverseulesonenfant.J'enaidéjàparléavecMariaetelleaunecousinequipossèdeuneformationdepuéricultrice. Elle et sonmari viennent de revenir habiter sur l'île et je lui ai demandé depasserauchâteau lorsquevous serezdisposéeà la rencontrer.Si vousestimezqu'ellepeutconvenir,vousluirendrezégalementservice.Malgrésesprotestations,Anniesavaitqu'ilavaitraison.—Oliverestentraindes'endormir,dit-elle.Jeferaismieuxd'allerlecoucherdanssonlit.

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—Jevaisleporter,réponditFalconenselevant.J'aicommel'impressionque,sijevouslaissedisparaîtreàl'étage,vousneredescendrezpas.Or,commevouslesavez,nousavonsàparlerdechosesimportantes.Heureusementqu'AnnienetenaitpasOliverdanssesbras:elleauraitpulefairetomber

tellementelleétaittroubléeparlesparolesdeFalcon.Il ne lui fallut pas longtemps pour coucher son fils. Elle lui sourit, attendrie, en

l'embrassantsurlefrontavantdeserendrecomptequeFalconl'observait.—Oliveradelachanced'avoirunemèreaussidévouéequevous.— Je suis sûre que votremère vous aimait beaucoup tous les trois, dit-elle, et qu'elle

auraitvouluêtreavecvous.Elleavaitposélamainsursonbrasdansungestenatureldecompassion,maisàprésent

qu'ils'étaitrapprochéetqu'ellesentait lachaleurdesapeausoussesdoigts,unesensationnouvellel'envahissait.Lesjouesécarlates,elleretiravivementsamain.— Vous avez sans doute raison, dit Falcon en la suivant hors de la pièce. Aujourd'hui,

j'éprouvesurtoutdelapitiépourmamère,mêmesisamortm'adésespéréquandj'étaispetit.Jel'aisouvententenduedirequ'elleavaiteudesenfantspardevoiretqu'elles'étaitsacrifiée.Annieluttapournepasmontrercombienelleétaitchoquée.Cettefemmedevaitavoirété

terriblementmalheureuse pour parler ainsi à son fils, au lieu de le protéger.Elle ne feraitjamaiscelaàOliver,jamais.Ellevoulaitqu'ilgrandisseheureux,sansculpabilité.On leur servit àdîner,une saladede chèvre chaudaccompagnéde tomates etdebasilic,

puisdupouletrôtiavecdedélicieusespâtesfraîches.Annie avait déjà appris de la bouche de Maria que la majeure partie du personnel du

châteausecomposaitdegensdelarégionetqueleursfamillesvivaientettravaillaientsurlesterresdesLeopardidepuisdesgénérations,ycomprislechefcuisinier.Elleavaitbuunautreverredevinavecsonrepasmaisàprésentqu'ilsavaientterminéles

cafésbrûlantsqu'onleuravaitapportés,ellesesentaittrèsnerveuse.Pendanttout lerepas,Falconavaitréponduàsesquestionssur lesmœursféodalesde la

régionetsurlesrelationsentrelevieuxprinceetlesgensquileconsidéraientencorecommeleur souverain. Pas une seule fois il nementionna le fait qu'elle ne lui avait toujours pasdonnésaréponse.— L'attitude demon père envers la terre et lesgens est en effet féodale, lui expliqua

Falcon.C'estun importantsujetdepréoccupationpourmesfrèresetmoi.Nousavonstoustroiseulachancedepouvoirprofiterdelafortunedelafamilledenotremèreetdeconnaîtrele succès financier. Je tiens à donner l'opportunité à notre peuple de vivre dans lemondemoderne, contrairement à mon père qui souhaite rester ancré dans le passé... Il se levasoudain.— Venez, une promenade dans les jardins nous fera du bien. Pendant que nous

marcherons,vouspourrezmedirequelledécisionvousavezpriseconcernantmaproposition.Anniesentitl'airquittersespoumons.—Qu'ya-t-il?demandaFalcontandisqu'elleselevaitàsontour.— J'ai cruquevousaviezchangéd'avisetquec'étaitpour celaquevousn'enaviezpas

reparlé,confessa-t-elle.—Vousavezcruouespéré?lataquina-t-ilenlaguidantverslesmarchesquidescendaient

auxjardins.Ilfaisaitplussombrequesurlaterrasse.UnfrissonparcourutAnnie.Lanuitétaitpleine

dedangerscachés...oudepromesses,peut-être?

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Lalune,pleineetlumineuse,éclairaitjusteassezpourrévélerlescontoursdesmontagnesetcouvrirderefletsargentéslesterresdesLeopardi,lesoliveraies etleschampsprochesduchâteau.Oliverétaitliéà cemonde,toutcommeilétaitliéàelle.Quelquepartunoiseaudenuit poussa un cri strident, la faisant sursauter et rater une marche. Aussitôt Falcon serapprochapourlarattraper.Annie sentit l'odeur de sa peau, presque familière, qui lui rappela le moment où ils

s'étaientrencontréspourlapremièrefois.—Vousavezfroid?Non,ellen'avaitpasfroid,lanuitétaitdélicieusementtièdeetembaumée.—Ilesttard,dit-elled'unevoixfaible,avecunregardimplorantverslechâteau.—Annie,ilesttroptardpourchangerd'avis.Ill'avaitattiréeàlui.Unedesesmainsétait

toujoursdanssondos,lamaintenantfermementcontrelui,tandisquesonautremain...Anniesentitsagorgeseserrer.Sonautremaincaressaitduboutdesdoigtssonbrasnu,de

l'intérieurdesonpoignet jusqu'aucreuxdesoncoude.Depetitesflammespassèrentsursapeau.Elletremblait,incapablededissimulersaréaction.ElletentadedéfierFalconduregardenluirappelantd'unevoixtremblante:—Jenevousaipasencoredonnémaréponse.Ilrit.—Si,vousmel'avezdonnée.Annie,vousaveztrembléquandjevousaitouchée.Elleouvritlabouchepourprotester,maisl'oiseaupoussadenouveauuncriquilasurprit,

etelleseblottitplusprèsencoredeFalcon.Soussarobe,ellesentaitsesseinssedurcir,tandisqu'unechaleurdiffusepartantdeson

ventreserépandaitsensuellementdanstoutsoncorps.Ellemourait d'envie de fermer les yeux et de se laisser aller contre Falcon, pour qu'il

puisselaserrerdanssesbrasetcaresserchaquepartiedesoncorps.Mais soudainlapaniques'emparad'elleetelles'écarta.ToutcecontrequoiColinl'avait

miseengardeluirevenaitàl'esprit,l'emplissantdedégoûtpourelle-même.Falconfitunpasenarrièreet, latenantparlamainil l'entraînaunpeuplusloindansle

jardin.Ledanger étaitpassé.Mais était-ce vraiment cequ'elle voulait ?N'était-ellepas,uninstantplustôt,entraindedésirerardemmentlecontactdesabouchesurlasienne?—Vousêtesunefemmeextrêmementdésirable,dit-il.Ellesetournapourluifaireface.—Vousn'avezpasbesoindemediredeschosespareilles.Enfait,jepréféreraisquevous

vousenabsteniez.Jenesuispasstupide,malgrémonmanqued'expérience.Jesaisquevousessayezdevousmontrergentiletdemedonnerconfianceenmoi.Unhommecommevousnemetrouveraitjamais«extrêmementdésirable».LesrayonsdelaluneéclairaientpleinementlevisagedeFalcon,soulignantsestraitsvirils,

cequiéveillaenelleundésiràlafoisintenseetdoux.Queluiarrivait-il?—Vousadmettezquevousnesavezriendesdésirsdeshommes;vousn'êtesdoncpasen

mesuredesavoirque jevous trouvedésirable.Le faitquevoussoyezcapabledeprovoquermon désir sans rien faire d'autre que de me laisser voir ce que vous ressentez est unedécouvertepourmoicommepourvous.—Je...jesuisflattéequevous...—Quejevoustrouvedésirable?Quelefaitdemetrouvericiauclairdeluneavecvous

metrouble? I lfautquenousprenionsnotre temps,sinon jevaisperdrela têteetneplusêtreunprofesseurtrèsefficace.Son visage était dans l'ombre,mais Annie devinait à sa voix qu'il souriait, ce qui devait

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signifier qu'il plaisantait et qu'il ne risquait en fait pas du tout de perdre son sang-froid.C'étaitunsoulagementpourelle,biensûr.EllenevoulaitsurtoutpasqueFalconéprouvedudésirpourelleaupointdeperdrelatêteetdeluifairel'amourpassionnément,n'est-cepas?—Ilvautmieuxquejerentre.Jen'aimepaslaisserOliverseul.—Nevousinquiétezpas,j'aidemandéàMariadegarderunœilsurlui.Jesavaisquevotre

instinctmaternelvouspousseraitàvous inquiéter.Dansunesemaineenviron,quandvousaurez trouvévos repèreset si celavous tente, jeprendraiun jourdecongépourvous fairevisiterl'îleavecOliver.—Merci,oui,j'aimeraisbien,répondit-elletimidement.Ilss'étaientenfoncésdanslejardin,lesbranchesd'unarbredissimulantlalune.—Maintenant,vouspouvezvousdétendre:votrepremièreleçonestpresqueterminée.—J'espèrequevousn'avezpasl'intentiondemefairepasserdestests,répondit-ellesans

dissimulersonsoulagement.ElleréalisasonerreurenentendantFalconrire.—Oh,maissi !Etpourvoirsivousavezétéattentive, jevousdemanderaiderefairesur

moitoutcequejevousaiappris.Maispastoutdesuite.Annie fronça les sourcils. Il voulaitqu'elle le caresse,qu'elleprovoqueen lui lesmêmes

frissonsdélicieux...?C'étaitimpossible!—Ilmerestejusteunedernièrechoseàfairecesoir,avantdeconclurecetteleçon.Elle allait répliquer, mais il prit son visage entre ses mains et caressa ses lèvres

entrouvertesavecsonpoucedansunmouvementde légerva-et-vient.Ellesentit la tête luitourner,commesasensualités'éveillaitetprenaitledessussursonesprit.Bouleversée,ellesentitleslèvresdeFalconseposersurlessiennes.Annie semit à gémir, se cambra et se pressa contre lui. Elle se sentit frustrée lorsqu'il

s'écarta,puisellefutenvahiedevoluptélorsqu'ildéposaunepluiedebaiserslégersdanssoncou.Voyantsatêtepenchéesurelle,elleneputrésisteràl'envied'enfoncersesdoigtsdanslamassedesescheveux.Ellesentaitsoncœurtambourinerdanssapoitrine,Falcon l'embrassaencore, tandisque

sesmainseffleuraientsesseins.Anniesecrispaimmédiatement.Leschosesallaienttropvite.Commes'ils'étaitditlamêmechose,ilrelâchasonétreinte.Posantsonfrontcontrelesien,

ilditd'unevoixrauque:—HeureusementquevotrerobenepossèdepasdefermetureEclair,sinonjeseraisence

momententraindecaresservosseins.Anniefrémitets'écartadelui.—Ilfautvraimentquejerentre.—Oui,convint-il.Jecroisqu'illefaut...àmoinsquevousn'ayezenviequejepoursuive

cetteleçonplusloinquecequej'avaisprévu.Annieétaittroublée.Elleoscillaitentrelapeuretl'excitation.Parviendrait-elleunjouràse

libérerdesespeurs?

***

Annie ne put dormir. Elle avait essayé, de toutes ses forces. Mais, chaque fois qu'elle

fermaitlesyeux,elleétaitderetourdanslejardinavecFalcon.Lesimagesétaientsivivantessoussespaupièresqu'ellepouvaitpresquelesentir.Lachaleurdesoncorps,sesmainssursa

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peau,sonodeur,sesbaisers,savoix...Annie repoussa le drap et sortit de son lit. La nuit était si chaude que même sa fine

chemisedenuit en coton la gênait. Peut-être était-ce parce qu'elle aurait préféré sentir lesmains de Falcon sur elle ? C'était ridicule. Elle était heureuse, bien sûr, de découvrir sasensualité.Ellenes'étaitpasattendueàéprouverdessensationsaussiintenses.Aucontraire,elleavaitimaginéqu'elleseraitnerveuseethésitante,tropanxieusepourprofiterdecequisepassait. Mais c'était comme si Falcon lui avait jeté un sort. Elle alla jusqu'à la chambred'Oliver,oùcelui-cidormaitprofondément,commeelleauraitdûlefaire.Falconregardaitsanslevoirl'écrandesonordinateur.Incapabledetrouverlesommeil,il

avaitdécidédetravaillersurl'undesesnouveauxprojets.Iladoraitsonmétier.Samèreluiavaittransmissonamourpourlabeautédesimmeubles

deFlorence,carelleyétaitnée.Annieaimeraitcetteville,ilenétaitsûr,etilaimeraitlavoirdécouvrircetendroit,toutcommeilavaitaimélavoirdécouvrirleplaisir,cesoir...Lavérité, c'estqu'ilavaitétéprisaudépourvupar l'intensitédesonpropredésirpour la

jeunefemme.Il s'enfonçadans sa chaise et soupira. L'objet de l'exercice n'était pas sonpropre plaisir,

maislaredécouverteparAnniedesasensualitéperdue.Or,cesoir,ilavaitéprouvéundésirquiauraitpudevenirincontrôlable,etildevaitveilleràcequecelanesereproduisepas.Ilselevaetmarchajusqu'àlafenêtre.Sesappartementssetrouvaientdanslapartielaplus

ancienneduchâteau,qu'ilavaitrestauréeenrespectantsoncaractèred'originetoutencréantun espace de vie moderne. U ndes murs étant très abîmé, il l'avait remplacé par uneimmense baie vitrée sur deux étages, qui donnait sur u npatio derrière lequel une piscineinfinieseconfondaitvisuellementaveclamer.Lapartiequ'ilavaitrénovéecomprenaitplusieurspiècesdontunepetitecuisinemoderne

quidonnaitaussisurlamer.Unescalierenacierbrossémenaitaunpalierouvertsurtroischambres,chacunepossédantsasalledebainsetsondressing.L'appartementétaitdécorédemagnifiques meubles italiens de bois, cuir et acier, de textiles contemporains et d'œuvresd'art.Tout l'appartement était un espace ouvert et lumineux. Peut-être était-ce l'antidote qu'il

avaittrouvéaugoûtdusecretetdeladominationdesonpère?Falconfronçalessourcils.IlvalaitmieuxpenseràAnnieplutôtqu'àsapropreenfance.Ellen'apprécieraitsansdoutepassonappartement.Elleletrouveraitpeuaccueillantpour

unenfant.SonidéalressemblaitcertainementplusàlavillaendehorsdeFlorencequesonfrère avait achetée, une grande demeure de famille élégante qui pouvait accueillir uneribambelled'enfantsentoutesécuritéetdansleplusgrandconfort.Il était cependant de son devoir, en tant que fils aîné, de rester ici. Quand son père

décéderait,lesgenscompteraientsurlui.MaisilétaitàprésentpluspréoccupéparAnnieetOliverqueparsespaysans.Annie... Elle envahissait ses pensées plus profondément et plus intensément qu'il ne s'y

était préparé. Il ne pouvait cependant pas le lui reprocher. II était évident qu'elle n'avaitaucune idée de l'effet qu'elle lui avait fait quand il avait senti son corps frémir sous sescaresses.Unetelleréactionpouvaitfacilementfairetournerlatêted'unhommeetlarendrevulnérable.Lefaitquetropdejeunesfemmessesoientjetéesàsatêtel'avaitrendudifficileencequi

concernaitsespartenaires,etseptiquesurlapossibilitédetrouverl'amour.D'unpointdevuepragmatique, il était important que la femme qu'il épouserait un jour comprenne son

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engagementenverssesgensetqu'ellesoitprêteàlepartageraveclui.Maisilétaittoutaussiimportant que son mariage respecte la règle primordiale de la fidélité. En effet, lecomportementdesonpèreavaitfaitnaîtreenluil'horreurdel'adultère.Il devrait faire passer ses propres besoins après ceux de son peuple. Or la passion et le

pragmatisme pouvaient-ils aller ensemble ? Ou bien devait-on toujours sacrifier l'un poursauverl'autre?Falconsoupiradenouveau.S'ilfermaitlesyeux,ilverraitAnnie,nonpascommeelleétait

dans le jardin, tout à l'heure,maisnue sous les rayonsde la lune.Elle aurait le goûtde lanuit,lesouffletremblantdedésir.El le gémiraitlorsqu'ill'embrasseraitetl'étreindrait.Et i l ...

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***

— J'aipenséque, ce soir,nouspourrionsnous concentrer sur lesmoyensauxquelsun

hommepeutrecourirpourmontrerqu'ilestattiréparunefemme.Ilsavaientterminédedîner.Olivers'étaitendormi,Annieétaitmontéevérifier.Elleétaitsi

nerveusequ'elleétaitsûrequeFalcons'enrendaitcompte.Celafaisaitcinqjoursqu'ill'avaitembrassée. Cinq jours et cinq nuits. Et il ne s'était pas passé une heure sans qu'el len'aitpenséàcebaiser.—Lesmoyens...?répéta-t-elle.—Oui,commelafaçondontunhommepeutdévorerduregardunefemmequ'iltrouve

belle.Ilpritlementond'Anniedanssamainetplongeasonregarddanslesien.Latensionentre

eux ne faisait qu'accroître sa nervosité, et il lui était impossible de ne pas entrouvrir leslèvres,impossibledes'arracheràsonregard.Falcon savait que c'était à lui de rompre le charmedont il se sentait à présent lui aussi

prisonnier.Regarderlabouched'Anniesuffisaitàluidonnerenviedel'embrasser.Cen'étaitpasdutoutcequ'ilavaitprévu.Il réussit à détourner le regard, mais il ne pouvait rien faire contre les battements

frénétiquesdesoncœur.Annie le regardait, partagée entre la déception et le soulagement de le voir s'efforcer de

reprendrelecontrôle.— Je vois combien cela peut être... sensuel, dit-elle en essayant de parler d'une voix

détachée.C'estincroyable,n'est-cepas,qu'unsimpleregardpuisseavoirautantd'effet?Avecvous, tout semble si naturel... Je veux dire qu'il n'y a rien de répréhensible ni de honteux,contrairementàcequedisaitColin.—Aucunhommedignedecenomnerendraitunefemmehonteusedesasensualité,dit

Falcond'unevoixchargéed'émotion.La sincérité des aveux qu'elle venait de lui faire l eramena au rôle qu'il s'était engagé à

jouer.Ilôtalesmainsdesonvisage.Al'avenir,ilvaudraitmieuxpoursuivresesleçonsavecelleenpublic,afindenepasrisquerd'êtredépasséparsespropresréactions.—Emportezunmaillotdebain,luiavaitditFalconlaveille,quandilluiavaitproposéde

visiterl'île.MaisAnnien'avaitpasimaginéqu'illesemmènerait,Oliveretelle,dansunendroitaussi

chic que l'hôtel où ils avaient déjeuné, après une promenade en voiture durant laquelleFalconluiavaitdécritl'environnementetexpliquélepasséarchitecturaldelarégion.Elles'habituaitpeuàpeuàl'intimitéquis'installaitentreeux,àceseffleurementslorsqu'il

tiraitunechaisepourelleouqu'il luitenaituneporte,auxsouriresquiaccompagnaientlescomplimentsqu'illuiadressait.Ellesavaitquetoutescesattentionsétaientdestinéesàluiredonnerconfianceenelle.Elleétaitàl'aiseaveclui,maisenmêmetempssouventtroubléeparcequ'elleressentait.L'hôtelétaitprochedelavilledeTaormina,célèbrepoursesmonumentshistoriques,dont

lesruinesd'unthéâtregrec,etpoursaproximitéavecl'Etna.Avantdedéjeuner,ilsavaienteuletempsdesepromenerdanslarueprincipale.Falconavaitinsistépourprendrelapoussetted'Oliver,tandisqu'ilmontraitàAnnieleslieuxlesplusintéressants,dontleCaffeWunderbar

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oùElizabethTayloretRichardBurtonbuvaientdescocktails.FalconluiavaitracontéqueD.H.Lawrencepassaitlàsesvacances.L'auteurdeL'Amantde

LadyChatterleyavaitcréélepersonnagedeMellorsd'aprèsunbatelierdelaville,aveclequelsonépouseavaiteuuneaventure.—Al'époque,Taorminaétaitconnuepourlafascinationqu'elleexerçaitsurlesAnglaises

quilavisitaient.Vousmedirezsicetterumeurestfondée.Il souriait en luiparlant, avecune telle complicitédans le regardqu'Annie oublia vite le

sentimentdesolitudequ'elleavaitéprouvéunpeuplus tôt, lorsqu'ilsétaientpassésdevantuncoupletendrementenlacé.Légèrement étourdie, elle prit appui sur la poignée de la poussette pour ne pas perdre

l'équilibre.Falconrecouvritaussitôtsamaindelasienne.Cesimplegesteavaittellementd'effetsurelle!Elleauraitvouluretirersamain,nefût-ce

quepour la poser sur son cœur affolé,mais elle se souvint soudainque justement, Falconessayaitdeluiapprendreàressentirtoutescespetiteschosesnaturelles.Ellesentait sacuisseeffleurer lasiennepresqueàchaquepas.Quand ilsarrivèrentàun

carrefour,illâchasamain,maislesoulagementd'Anniefutdecourtedurée,carillapritparlataillepourtraverserlarue.—Vousavezl'airterrifié,luidit-il.Quandunhommeprofitedechaqueoccasionpourêtre

près de vous, en public, cela signifie non seulement qu'il vous désire, mais encore qu'ilsouhaitemontrerqu'ilestavecvousetqu'ilvousprotège.Détendez-vous.Lachaleurde samainsepropageaitdans tout soncorps, rendant ses seins lourdset ses

tétonspresquedouloureux,allumantunincendiedanssonventre.Danssonespritdéfilaientdesimagesquilafirentrougird'embarras.Etait-ce cela, le désir physique ? Elle avait l'impression que Falcon avait fait sauter une

serrureenelleetqu'uneportes'étaitouvertesurdesdésirsfous,qu'elleavaitpeurdenepassavoirmaîtriser.Falconavaitdevinécequisepassaitenelle,celanefaisaitaucundoute,songeaitAnnieà

l'ombredeleurbungalowprivé,prèsdelapiscinedel'hôtel.Annie avait vu des photos de pareils endroits dans lesmagazines des salles d'attente de

dentistesoudemédecins,maisellen'auraitjamaiscrusavourerunjourceluxe.Le déjeuner leur avait été servi à une table isolée à l'ombre d'un parasol. Elle avait été

impressionnéeparlaporcelaineraffinée,leslourdscouvertsenargent,lesverresencristaletlanappeimpeccable.Alorsqu'Oliversereposaitdanssapoussette,etqueFalconnageait,elles'étaitallongéeà

l'ombre,suruntransatd'unconfortinimaginable.Elleportait lemaillotdebainet leparéojolimentbrodéquelastylisteavaitchoisispour

elle. Elle ne l'avait même pas essayé, convaincue qu'elle ne porterait jamais aucun desvêtementsqu'onavaitsélectionnéspourellece jour-là,encoremoinsquelquechosed'aussipeucouvrantqu'unmaillotdebain.Aprésent,elleétaitobligéedereconnaîtrequ'elleauraitdûl'essayeravant.Dans son élégante boîte, la couleur anthracite de la matière lui avait paru raisonnable,

peut-êtremêmeunpeuterne.Mais,lorsqu'elleavaitenfilécemaillot,elles'étaitaperçueque,toutencouvrantsoncorpsdemanièretoutàfaitdécente,ildonnaitunesensualitéinouïeàsescourbes,allongeaitses jambes.Elleavaitétésoulagéedetrouver leparéoassorti,qui lacouvraitdelapoitrineauxgenoux.Pourtant, l'intimité du bungalow et l'effet relaxant du verre de vin qu'elle avait bu au

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déjeunerl'avaientpousséeàôterleparéopourprofiterdelachaleur.Fatiguéparsajournée,Olivercommençaitàfermerlesyeux.Souriantàsonfils,Anniese

levadesontransatetlepritdanssesbras,l'embrassaetl'allongeasurunmatelaspourqu'ilpuissedormir.Ellevenait justed'installerOliverquandFalconrevintde lapiscine, le soleildardant ses

rayonssursesépaulesaussilargesetpuissantesquecellesd'unnageurolympique,bronzéescommelerestedesoncorps.Laproximitédesoncorpsàmoitiénul'empêchaitderespirernormalement.Nevoulantpasêtresurpriseentraind'admirersesépaulesetsesbrasmusclés,ellebaissa

lesyeuxmaisneréalisasonerreurquetroptard, lorsqu'elleneputs'empêcherderegarderlesgouttelettesd'eauquiroulaientsursontorse.Elle ne pouvait plus respirer, ni bouger, ni penser,mais elle était certaine d'une chose :

Falconavaitbeletbienréussiàréveillersondésir!Lavueduduvetsombrequidescendaitsoussonnombrilachevadeluitournerlatête,si

bienqu'ellefutsoulagéelorsqueFalconsaisituneservietteetsemitàs'essuyer.—JevousaivuemettredelaprotectionsolaireàOlivertoutàl'heure.J'espèrequevous

n'avezpasoubliéd'enmettresurvous,dit-ilensefrottantlescheveux.—Non,non,j'enaimis,répondit-elleenhâte.Ellesentaitsatempératureinterneaugmenteraussivitequelesbattementsdesoncœurà

lasimplepenséequ'ilpuisseluiproposerdelefairepourelle.— Très bien, dit-il enprenant le flaconqu'elle avait posé sur son transat.Dans ce cas,

voulez-vousbienm'enmettresurledos?Que pouvait-elle répondre ? Si elle refusait, il allait deviner pourquoi. De plus, c'était

exactementlegenredechosesqu'unejeunefemmedesonâgepouvaitfaire.Elleacceptad'unhochementdetête, lagorgetropserréepourprononcerunmot.Aprèstout, ilsavaitqu'ellen'avaitaucuneexpériencedecegenred'intimité.I l luiprésentaitsondosetattendaitdebout,lesmainssurleshanches.Lesmainsd'Annietremblaienttellementqu'ellefittomberleflacon.Elle commençaàappliquer la lotionsur lehautde son dos, et sentit aussitôt la chaleur

brûlante de sa peau contre sesmains. Sous ses doigts, les épaules de Falcon étaient aussimusclées qu'elles en avaient l'air et il lui était difficile de ne pas céder à la tentation d'entracer lescontoursavecsesdoigts.C'étaitextraordinairepourelledepenserqu'unjoursonfils deviendrait un homme comme Falcon, que les femmes admireraient, désireraient etaimeraient.Ellesecrispa.CombiendefemmesFalconavait-ileuesdanssavie?Combienenavait-il

aimées?—Quelquechosenevapas?demandaFalcon.—Toutvabien,dit-elle.— Danscettesituation, iln'yaurait riendemal,aucontraire,àmecaressercommeun

amantsousprétextedememettredelalotion.Annieseraiditaussitôt.—Jen'aipasl'habitudedecegenredechoses,sedéfendit-elle.Malgré elle, elle était blessée qu'il trouve ses gestes trop mécaniques pour éveiller son

désir.—Peut-êtrevaudrait-ilmieuxquejevousfasseunepetitedémonstration?suggéra-t-il.Avantqu'ellepuissedirequoiquecesoit,ilavaitversédelalotiondanssapropremainet

faisaittournerAnniesurelle-même.

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Ellesentitsonsouffledanssoncouquandilserapprochad'elle.Allait-ill'embrasser?Safrustrationneduraqu'uncourtinstantpoursetransformerenexcitationquandilbaissalesbretellesdesonmaillot.Ellecroisaaussitôtlesbrassursapoitrinepourcacherpudiquementsesseins,tandisqueFalconcommençaitàcaresserlentementsondosnu,traçantdescerclesdefeusursapeau.Comment un geste au départ si anodin pouvait-il devenir si érotique ? Annie avait

l'impression d'entrer dans un monde nouveau de sensations, un monde dans lequel sesinhibitionsdisparaissaientuneàune.QuandFalconatteignitlebasdesondos,Annien'avaitqu'uneenvie:ôtercomplètement

sonmaillot de bain pour qu'il puisse prodiguer ses caresses sur tout son corps. Commentétait-ilpossiblederessentirdeschosesaussifortes?Peut-êtreColinavait-ileuraisondelamettreengardependanttoutescesannées?Peut-êtreavait-ellebesoindeseprotégerdesaproprenature,tropsensuelle?CommesiFalconavaitsentisespeurs, il la fitpivotervers lui,etposa lesmainssurses

braspourlarassurer.—Vouséprouvezdudésiretc'étaitprécisémentlebutdecemassage,luidit-il.Vousne

devez pas en avoir honte. Eprouver du plaisir ne fait pas de vous une femme auxmœurslégères.—Merci,murmura-t-elle,auborddeslarmes.Jenesavaispastrops'ilétaitnormalqueje

ressente...cequej'airessentisirapidementetsi...intensément.—C'esttoutàfaitnormal.Et,sicelapeutvoussoulager,jedoisvousavouerquej'aimoi-

mêmeéprouvébeaucoupd'excitation.Annieluilançaunregardhésitant.—Est-cebienoumal?—C'estàlafoisbienetmal,répondit-ilsuruntonénigmatique.Maisellen'avaitpaslaforcedeluidemandercequesignifiaitsaréponse.—Maintenant,annonça-t-ilenluitendantlalotion,àvotretourdemettrecetteleçonen

pratique.—Vousvoulezquejevousfasseressentirlamêmechose?Elle avait parlé sans réfléchir et regretta aussitôt de s'être montrée aussi ouvertement

naïve,maisFalconacquiesçasimplement.—Jeveuxquevousessayiez.Jevousprometsquelorsquevousrencontrerezunhomme

avecquivousaurezenviedefairel'amour,vousnevoudrezpasseulementéveillersondésir,vous voudrez aussi le toucher simplement pour le plaisir que cela vous procurera.Et vousvoussentirezbienplusconfiantesivoussavezcequevousfaites.Elle savait qu'il avait raison,mais elle avait peur. Falcon s'était déjà allongé sur un des

transats,latêteappuyéesursesavant-bras.Annieessayadenepascéderàlapaniqueetdeconsidérercelacommeunsimpleexercice

de travaux pratiques. Falcon avait commencé par lui masser la nuque, provoquant unecascadededélicieuxfrissonstoutlelongdesondos,ellen'avaitqu'àimitersesmouvements.Ellesesentitmaladroiteaudébut, incertainede la façondontelledevaits'yprendre,des

endroits sur lesquels elle devait insister, se contentant de reproduire ce qu'il lui avait fait.Mais,rapidement,leplaisirdeletoucherprisledessuseteffaçasaréserve.Quand elle entendit Falcon émettre un long soupir alors qu'elle suivait sa colonne

vertébrale du bout des doigts, un sentiment de triomphe l'envahit et lui donna l'audace decaresserlentementlebasdesondos,jusqu'àseshanches.En fait, elle éprouvait tellement de plaisir à cequ'elle faisait qu'à un moment, elle se

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pencha et pressa ses lèvres sur sa peau, d'abord timidement, puis avec plus de confiancelorsqu'elle entendit Falcon gémir. S'il avait porté un short plus court, ou simplement uneserviette,elleauraitpudescendreplusbas,pourcaressersescuissespuissantes.Soudain,Falconseretournaettenditlesbrasversellepourlasouleveretl'allongercontre

lui.Elleauraitvoulus'écarter,maiselleavaitencoreplusenviedesepressercontrelui.— Trèsbien...,murmura-t-ilàsonoreille.Mais jedois toutefoisvousmettreengarde :

quandvousferezçapourdebon,ilvaudramieuxvousassurerquevotrepartenairepossèdebeaucoupdesang-froid,surtoutsivousvoustrouvezdansunlieupublic!Vousm'avezmisdansunétatpeu convenablepour l'endroit oùnousnous trouvons... Jedois vous accorderune note de vingt sur vingt, mais nous poursuivrons notre leçon ce soir, dans monappartement.Avait-ellebiencompriscequ'ilvenaitdedire?Elleauraitvouluprotester,luidirequetout

allaittropviteetqu'ellen'étaitpasprête,maisilavaitlamainposéesursoncœuretildevaitensentirlesbattementsaccélérés.Commentaurait-ellepunierqu'elleenavaitenvie?Heureusement,elleavaituneexcuseenorpourretarderleschoses.—JenepeuxpaslaisserOliver,dit-elle.—Vousn'aurezpasàlelaisser.Jesuissûrquecelaneledérangerapasdedormirdansun

lit-parapluie pour une fois. J'avais demandé à Maria d'en commander un au cas où voussouhaiteriezm'accompagnerunjouràFlorence.Seigneur,elledevaitchangerdesujetdeconversation...—VousadorezFlorence,n'est-cepas?bredouilla-t-elle.—Eneffet,Falconpritsamain.— Monpèreavaitsansdouteraisondedéclarer,quand j'étaisenfant,que jen'étaispas

assez Leopardi pour lui succéder, que je ressemblais plus à ma mère qu'à lui.Malheureusementpourluietpourmoi,jesuissonfilsaîné.IlauraitàtoutprixvoulumettreAntonioàmaplace,maisilauraitfallupourcelaquemesfrèresetmoidisparaissions.Quandj'étaispetit,j'avaispeurque...Ils'interrompit,maisAnniedevinacequ'ilaillaitdire.—Vousaviezpeurquevotrepèreessaiedevousfairedumal?—J'avaispeurpourmesfrères,admit-il.Lamain de Falcon était toujours sur la sienne. Sans réfléchir, elle posa son autremain

dessusdansungestederéconfort.—Celaadûêtreterriblepourvous.— Monpèrene leur aurait jamais faitdemal, àmoinonplus, bien sûr. Ses reproches

n'étaientque l'expressiondesonamourexcessifpourAntonio.L'ironiedusorta faitqu'ilaperdu son fils favori... Je suis persuadé que les défauts d'Antonio étaient dus aucomportementdemonpère. Il l'a gâtédès sanaissance et, pire, l'a encouragé à imiter sonattitudeméprisanteenversnoustrois.IlalaisséAntoniograndiravecl'impressionqu'ilétaitinvincible,au-delàdetouteformedeloioudepunition.— Parfois j'aipeurqu'Oliveraitpuhériterdecertains...défautsd'Antonio,avouaAnnie,

mettantpourlapremièrefoisdesmotssurunecraintequilahantait.—Oliverestlui-même,assuraFalcon.Vousêteslàpourl'aimeretleprotégeret,sivousle

voulezbien,jusqu'àcequevoustrouviezunhommeavecquivoussouhaiterezpartagervotrevie, j'aimeraisêtreuneprésencemasculineàsescôtés.LesangdesLeopardicouledanssesveinescommedanslesmiennes,etc'esttoutcequicompteàmesyeux.Ilauramonamourtantquejeseraienviepourleluidonner.Lesyeuxd'Annies'emplirentde larmes.Ellen'aurait jamais imaginéqu'unhommeaussi

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virilqueFalconpuisseparlerainsietêtreautantenaccordavecsespropresémotions.— Mon père espérait trouver un petit-fils qu'il pourrait modeler à l'image de son fils

perdu.MaisjenelelaisseraijamaisagiravecOlivercommeill'afaitavecAntonio.Annieserapprochaimperceptiblementdelui,paniquéeàl'idéequelevieuxprincepuisse

tenterl'exerceruncontrôlesursonbébé.—Mariam'aditquevousvousattendiezàcequevotrepèrenevivepastrèslongtemps.— Les médecins nous ont prévenus qu'il n'avait plus beaucoup de temps, mais son

nouveautraitementsembleluifairedubien.Malgrétoutelasouffrancequ'ilnousacausée,nimoi,nimesfrèresnesouhaitonssamort.—Non,biensûrquenon,convint-elleaussitôt.Samainétaittoujoursposéesurcellede

Falcon.Illevalesyeuxverselle.— J'avais raison à votre sujet : vous êtes une femme très séduisante. C'est votre

compassion et votre tendresse qui vous rendent aussi belle, pas uniquement cette passionque vous vous efforcez de dissimuler.Une passion que, ce soir, nous laisserons se révélerdanstoutesasplendeur.Annie sentitqu'elle semettaità trembler.Ellene résistapas lorsqueFalcon l'attiraà lui

pourl'embrasser.Ce fut un baiser très bref, un simple effleurement de leurs lèvres, mais il suffit à lui

montrer une fois de plus combien son corps réagissait intensément au contact de celui deFalcon.

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8.Annieavaitfaitletourdel'appartementdeFalconetavaitététrèsimpressionnée.Elleen

avaitadmiréchaquedétail,enparticulierlabaievitréesurdeuxétages,allantduséjouràlachambreprincipale.—Iln'yapasderideaux,avait-elleremarquétandisqueFalconetellesetenaientcôteà

côte,regardantlamerau-delàdesfalaises.Falconavait insistépourprendreOliverdans sesbras,quipleuraitunpeu, sansdouteà

caused'unedentquipoussait.Ils'étaitmisàsouriredèsqu'ils'étaitretrouvédanslesbrasdesononcle.— Non,personnenevientjamaisdececôtéduchâteau.J'aimepouvoirm'allongerdans

mon lite tcontempler lecielétoilé, toutcommej'aimemepromenerdans la tenuequimeplaîtchezmoi,ounagernudansmapiscine.Cesontdesplaisirssimplesmaisvrais.Riennevautlasensationsoyeusedel'eausurlapeaunue.—Jen'ensaisrien,avaitréponduAnnie,troubléeparlesimagesquecesmotsavaientfait

naîtredanssonesprit.—Ehbien,cesoir,vouspourrezvousfaireuneidée,sivouslesouhaitez,avait-ilrépliqué

d'unevoixdouce.A son grand étonnement, Falco avait préparé lui-même le dîner, du poisson frais

accompagnédelégumes farcisetdespâtesavecunesaucedélicieusementveloutée,dont ilavouaavoirempruntélarecetteauchefduchâteau.Cuisinait-ilsouventpourdesfemmeschezlui?sedemandaAnnieenréalisantquecette

questionprovoquaituntumulted'émotionsenelle.Elle avait installé le lit pliant d'Oliver dans le dressing attenant à la chambredeFalcon,

pourpouvoirl'entendres'ilseréveillait.Prenant une profonde inspiration, elle ouvrit la porte du dressing et entra dans la

chambre...quiétaitvide.Perplexe,ellejetaunregardhésitantdanslapièce,etseraiditenvoyantFalconémergerde

lasalledebains,enpeignoir.—Jevaisnager.Voulez-vousvousjoindreàmoi?Qu'entendait-ilparlà?Etait-ilnusoussonpeignoir?—IlvautmieuxquejeresteiciaucasoùOliverseréveillerait,répondit-ellefaiblement.Unescaliermenaitdelachambreaupatioetàlapiscine.Anniesejuradenepasregarder

pour voir s iFalcon était nu ounon.Elle retourna d'un pas déterminé au bas des escalierspourrécupérerleverredevinblancqu'elleavaitabandonnéplustôtsuruneconsole,quandelleétaitalléecoucherOliver.Ilyavaitunemusiquedoucedans lesalon,maiselleétait incapabledesedétendre.Elle

retourna à l'étage pour être plus près d'Oliver et fit les cent pas dans la pièce, buvant sonverreenévitantàtoutprixderegarderendirectiondelapiscine.CefutsansdoutelaraisonpourlaquelleellefutaussisurprisequandFalconsurgitderrièreelle,luiretirasonverredes

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mainsetlafitpivoterfaceàlui.— Alors, où en étions-nous ? demanda-t-il avant de couvrir ses lèvres de sa bouche

fraîche.Cen'étaitpaslapremièrefoisqu'ill'embrassait,maiscettefois-cil'effetdesonbaiserétait

mille fois plus fort, se dit-elle, grisée, tandis qu'il taquinait sa lèvre inférieure du bout desdents.Annien'aurait sudireàquelmomentelle semit sur lapointedespiedspour sepresser

violemmentcontreFalconetenroulersesbrasautourdesoncoupourl'étreindre.—Oui,c'estça,montre-moiquetuasenviedemoi,murmura-t-ilàsonoreille.Ilapprofonditsonbaiser.Derrière labaievitrée, lepatioet lapiscine,baignésde lumière lorsqueFalconétait allé

nager,setrouvaientàprésentpresquedanslenoir.Leseuléclairageétaitceluidesétoilesetdelalunequidéposaitdesrayonsargentéssurlesondesdansantesdelameretdelapiscine.Cette même clarté arrivait par la baie vitrée, transformant la pièce en un mystèremonochromeauxombresmagiques.Ilsétaientdansunautremonde,unmondedanslequelAnniepouvaits'aventurerensécuritéetoublierlaréalité.C'estdumoinsainsiqu'elleessayaitdes'expliquerl'impressionsoudainedelibertéquila

submergeait.ElleétaitgriséeparlebaiseràlafoispassionnéettendredeFalcon.Etlorsqu'illadébarrassadesarobe,ellesesentitinsolemmentlibre,ainsicaresséeparlanuitetparleregarddel'hommequiluifaisaitface.—Tuesparfaite,commejel'avaisdeviné,dit-ildoucement.A cesmots, elle sourit. Elle était impatiente de le déshabiller à son tour. Bien sûr, elle

n'avait pas besoin qu'il enlève son peignoir pour savoir qu'il était la perfectionmasculineincarnée.Aprèstout,ellel'avaitvupresqueentièrementnucetaprès-midi.Presque...N'était-cepasprécisémentlegenredepenséescontrelesquellesColinl'avaitmiseengarde

? Pendant une seconde, Annie erra entre le passé et le présent, ses peurs d'adolescenterevenantlahanter.Comme s'il avait lu dans ses pensées, Falcon l'attira à lui et la serra dans ses bras. Il

l'embrassa derrière l'oreille, effleurant son cou du bout des doigts, puisson épaule et sonbras.Chaque cellule du corps d'Annie était en feu. Pas une seule parcelle de sa peau n'était

insensibleàsescaresses.Elleneportaitpasdesoutien-gorgesoussarobebustier,et ilpritses seins libresàpleinesmains, tout en taquinant ses tétonsdéjàdurcis, les faisant roulerentresesdoigts.Anniepoussauncri,incapablederésisteràl'intensitédesessensations.Falconreculaverslelitetl'attiraàlui.Illafitasseoirsursesgenouxtandisqu'iltaquinait

sestétonsdelalangue.Ivre de plaisir, Annie renversa la tête en arrière, le dos arqué. Le bras de Falcon la

soutenaitfermementtelleunebarredeferdanslebasdesondospourl'empêcherdetomber,tandisqu'ilentreprenaitdecaressersonventrebrûlantdesamainlibre,toutenfaisantpeuàpeuglissersaculottedesoie.Falcon caressa son sexe à travers le fin tissu humide. Ce contact fit perdre la raison à

Annie.Elleavaitdésormaisbesoindequelquechosedeplusintense,deplusintime.LabouchedeFalconrecouvritundesestétons,salanguesefaisanttouràtourcaressante

et exigeante, puis ses dentsmordillèrent sa peau brûlante. Aumêmemoment, il glissa samainsouslasoieetcaressalecœurhumidedesaféminité.Annieneputreteniruncri.

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Falconsentaitquesonpropredésirétait incontrôlable.Mais,pourunefois, iln'avaitpasl'intentiond'écouterlavoixdelaraison.L'excitationd'Annie,sonenviedes'offriràlui,lefaitqu'elleluifasseautantconfiance,toutcelalesubmergeait.Il voulait la posséder. Il voulait l'entendre crier au moment de l'orgasme, il voulait

satisfaire lamoindre partie de son corps, avec sesmains, ses lèvres, jusqu'à ce qu'elle soitentièrementsienne.Ilfitglissersaculottesurlesoletcontinuaàlacaresser.—Voilàcequej'auraisvoulutefairecetaprès-midi,murmura-t-ild'unevoixrauque.Soudain,Anniesecambraetcriadeplaisir.C'étaitdonccela,unorgasme!C'étaitcequ'elles'étaitrefusépendant toutescesannées,

ayanttroppeurdefranchirlepasàcausedetoutcequeluiavaitditColin.Falconlaserracontrelui.—Merci!chuchotalajeunefemmeàsonoreille.Il aurait dû la raccompagner dans sa chambre. Les choses avaient bien assez progressé

pourl'instant.Ilavaitbeauêtreaucombledelafrustration,lebutdecetexercicen'étaitpasdesatisfairesonpropredésir.Maisilnepouvaitpaslalaisserretournerdanssachambredanscetétat:elleétaitentrain

des'endormirdanssesbras.IlallongeaAnniesurlelit,etallavoirOliver.Celui-cidormait tranquillement.Falcon restaunmomentàobserver cepetit êtrequi lui

ressemblait tellement. Il n'en revenait pas d'éprouver autant d'amour pour ce petit garçonqu'il connaissait depuis si peude temps.Olivern'étaitmêmepas son fils, et pourtant il sesentait le devoir de le protéger. Cet enfant ne devait pas être gâté nimeurtri par le princecomme Antonio l'avait été. Le meilleur moyen de s'en assurer était qu'Annie trouve unpartenairequi protégerait et élèveraitOliver comme sonpropre enfant. Soudain, cette idéeprovoqua une douleur terrible dans sa poitrine, comme un poignard que l'on y auraitenfoncé.Que lui arrivait-il ? Il ne devait pas oublier que l'objet de cette soirée était de rendre à

Anniesaconfianceenellepourqu'ellepuisseavoirdesrelationsharmonieusesavecl'hommequ'elleaimerait.C'est parcequ'Oliver était unLeopardi qu'il ressentait cela, parcequ'il savait qu'il devait

grandirenSicileetconnaîtresesracines.Soncorpsétaittoujoursdouloureusementtenduparlafrustration.Ilauraitdûallernager

de nouveau pour se détendre, mais il retourna dans la chambre, retira son peignoir ets'allongeadanslelitprèsd'Annieattirantsoncorpsendormidanssesbras.

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9.—C'esttellementbienquetusoisvenuehabitericiavecOliver,ditJulie.Parfoisj'aibesoin

demepincerpourvérifierquejenerêvepas.J'aivraimentdelachance!AnnieacquiesçaetessayadeprêterattentionàcequeJuliedisait.Toutesdeuxbuvaientun

théenregardantleursbébésjouerdanslepatioombragédelamagnifiquedemeuredeRocco.En réalité, elle n'arrivait pas à écarter de ses pensées les événements de l'avant-veille,

quandelles'étaitréveilléedanslelitdeFalcon.Encoregalvaniséeparleplaisiretparlesentimentgrisantd'avoirenfinbriséseschaînes,

elles'étaitsentiepleinedeconfianceetdebonheur.C'était cet état, elle en était sûre, qui l'avait poussée à s'étirer langoureusement contre

Falcon.Cecontactpeauàpeauluiavaitimmédiatementdonnéenvied'enavoirplus.Ellen'avaitpasréfléchiuneseulesecondeetavaitposésamainsurletorsedeFalconpour

sentirlesbattementsdesoncœursoussesdoigts...cequiluiavaitdonnéenviedepoursuivresonexploration.Ellen'avaitmêmepasvraimentréaliséqueFalconétaitendormi.Sonnouveausentiment

de libertéavait effacé toute rationalitéenelle.Elleétaitperduedansunebrumededélicessensuels,incapablederésisteràsanouvelleféminité.ElleavaitcaressélesbrasdeFalcon,tracéunelignedebaisersdesoncœuràsoncou.Peu

àpeu,elleavaitsentilajoielangoureusedesonréveilsetransformerenundésirimpérieux.Sesseinss'étaientplaquéscontresontorse.Le frottementdeses tétonssursapeaun'avaitfaitqu'augmentersonardeur.ElleignoraitcommentsamainétaitdescenduesurleshanchesdeFalcon.Soudain,celui-ci

avaitmurmuréàsonoreille:—Soittuarrêtesçatoutdesuite,soittuaccepteslesconséquencesdetesactes.Elleauraitdûarrêter,biensûr.Aprèstout,elleavaitdécouvertsasensualité,ilétaitinutile

depoursuivreces leçonsavecFalcon.Maisellen'avaitpasarrêté.Rienn'auraitpu l'arrêter.Elleavaitfaitglissersamainplusbas,jusqu'àenserrersonsexeenérection.Falconavaitpousséungémissementsauvage.—J'aienviedetoi,icietmaintenant,avait-ilmurmuréd'unevoixrauque.—Moiaussi.Laluneéclairaitsoncorpsvirilderefletsargentés,permettantàAnniedevoirledésirqui

brûlaitdanssesyeux,sonintensitéégalantlefeuquicoulaitdanssesveines.Quelquepartauplusprofondd'elle-même,elleavaitressentiunmélangededésir,dechagrinetdecertitude:ellevoulaitqueFalconsoitsonpremieramant.Ilavaitembrassésonvisage,puissoncou,parcourusoncorps,caressésonsexeavecses

doigtscommeill'avaitfaitplustôt.Ilavaitembrassésesseins,etdemandédoucement:—Tuessûredelevouloir?—Oui!J'enaimillefoisplusenviequejen'auraispul'imaginer!

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Etill'avaitpénétrée.—Situveuxquejem'arrête...Mais elle avait secoué la tête et enroulé ses jambes autour de lui en se cambrant pour

mieuxs'offriràlui.Aprèscela,lemondeétaitdevenuuntourbillondeplaisir...Elleavaittellementaimélesentirenelle!Celaneressemblaitàriendecequ'elleavaitpu

imaginer. Il l'avait remplie, complétée, et son plaisir n'avait cessé d'augmenter, jusqu'à cequ'ellesoitemportéeparunedernièrevague,plusviolenteetintensequelesautres...Le cri de protestation d'Oliver qui voulait lemême jouet que Josh ramena brutalement

Annieauprésent.—QuandFalcondoit-ilrentrerdeFlorence?luidemandaitJulie.—Demaindanslasoirée.Annie remarqua le regard intrigué de Julie et elle essaya de ne pas rougir. Sa voix avait

manifestementtrahisonimpatiencederevoirFalcon.Lechâteautoutentierluiparaissaitvideetfroidsanslui.Ressentirait-ellelamêmechoselorsqu'elledevraitvivreseule?Anniesursautacommesielleavaitreçuunepetitedéchargeélectrique.Pourquoidetelles

pensées?Commentsaviepourrait-elleêtrevidealorsqu'elleavaitunfilsetquedésormais,grâceàFalcon,ellepouvaitenvisagerdes'engageravecunhomme?Sansdouteparcequeleseulaveclequelelles'imaginaitvivre,c'étaitFalcon.Non ! Elle ne devait pas penser ainsi. Quand il avait décidé de l'aider, ce n'était

certainement pas pour qu'elle tombe amoureuse de lui. Il serait horrifié s'il découvrait cequ'elleressentait.—JemesensnerveusequandFalconn'estpaslà,dit-ellepourexcusersaréaction.Surtout

aprèscequetum'asditsurlevieuxprince.C'était vrai, en un sens. Elle s'était inquiétée quand Maria lui avait annoncé que le

majordome du prince avait déclaré que son maître voulait voir « l'enfant » et qu'il étaitchargédeleconduireàsongrand-père.Laprésenced'Annien'étaitpasrequise.IlétaitstupidedesesentirsoucieuseetvulnérableparcequeFalconn'étaitpas là.Après

tout,qu'auraitpuluifairecevieilhomme,toutprincequ'ilétait?Falconécartalesplansqu'ilétaitentraind'étudier.C'étaitinutile.Impossibledetravailler.

SespenséesétaientaccaparéesparAnnie.Il s'était toujours targuéd'êtrealtruiste,mais ildevaitadmettreque, cette fois-ci, il était

coupabled'orgueil.Iln'avaitpasvuledangerquerecelaitsonplan;dangerpourlui-même,maissurtoutpourAnnie.Inutiledeseraconterqu'ilavaitagiparpurdevoir.Ilavaitcruqu'iln'yauraitaucunrisque

poureuxdeux...«Aucunrisque»,alorsqu'ilavaitenfreintlarègled'orennemettantpasdepréservatif?Queluifallait-ildepluspourqu'iladmettesafaiblesseetsonerreur?Il avait défié le destin demanière irréfléchie, et, aujourd'hui, il allait devoir en payer le

prix.Mais pire que cela, par son comportement il avait brisé la relation de confiance qu'ilavaitpromiseàAnnie.Lavéritésansfardétaitqu'ill'avaitdésiréedèslaminuteoùill'avaittenuedanssesbras.

Quelque chose s'était passé à cemoment-là, atteignant aussi bien ses sens que son cœur.Pourtant,ilavaitdélibérémentignorétouslessignauxd'alarme.Aufond, ilnevalaitpasmieuxqu'Antonio,mêmesidanssesbraselleavaitdécouvert le

vraiplaisirsexuel,toutcommelui-mêmeavaitdécouvertcequ'étaitl'amour...

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Unfrissonleparcourut.Ils'écartadesonbureauetse leva.Delafenêtredesonbureau,danslemagnifiquepalazzoduXVIIIe sièclequ'ilavaithéritédesamère,Falconcontemplal'élégantjardinintérieur.Ilavaitabuséd'Annie, toutcommesondemi-frère l'avait fait,mêmesiellen'enétaitpas

encore consciente,même si, avantde s'endormirdans sesbras, elle lui avaitmurmurédesremerciementspourcequ'ilsvenaientdepartager.Aunmoment,uneligneavaitétéfranchie,cequ'iln'auraitjamaisdûlaisserseproduire.Il

luidevaitdesexcusesetdesexplications.Mais que pourrait-il expliquer ? Qu'il s'était caché la vérité en n'admettant pas que ses

actesétaientenpartiemotivésparsondésirpourelle?Ilauraitdûleluidireplustôtetluilaisser le choix. Iln'avaitpasétéhonnête,niavecelle,niavec lui-mêmeetAnnieaurait ledroitderéagiraveccolèreetmépris.C'étaitentoutcascequ'ilressentaitenvers lui-même.D'ailleurs,sonbesoindelavoirétait-iluniquementdûàsonenviedes'excuser?N'avait-ilpasplutôthâtederetrouverl'intimitéqu'ilsavaientpartagée?Il avait vu ses frères tomber amoureux et être aimés en retour et il avait envié leur

bonheur.Aprésent,illesenviaitplusencore...Parcequ'ilétaitentraindetomberamoureuxd'Annie?C'étaitimpossible.Illuiavaitpromisqu'elleauraitlalibertédefairesespropreschoix,etil

nedevaitpasl'encombreravecsessentiments.Désormais,ceseraitsonsecret,àluiseul.Cesoir,ildevaitdîneràFlorenceavecunarchitecteetsonépouse,maisiln'yavaitqu'un

seulendroitoùilvoulaitêtreencemoment,etuneseulepersonnequ'ilvoulaitvoir.

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10.Ils étaient en vuedu châteauquandun taxi sortant de la cour croisa leur voiture sur la

route.Lecœurd'Anniebonditdejoieàl'idéequeFalconsoitrentréplustôtqueprévu.QuandlechauffeurdeRoccol'eutdéposée,ellecourutdemanderàMariasiFalconétaitde

retour.Maiscettedernièresecoua la tête.Le taxiavaitamenéunvisiteurpour leprince, ledeuxièmecetaprès-midi.Ellegrommelaque,sansdoute,Falconnesavaitriendecesvisitesetqu'elleespéraitquecenesoitpastropfatigantpourlevieilhomme.Annie se contenta d'acquiescer. Elle se sentait plus inquiète de la déception qu'elle

ressentait,quecurieusedesavoirquiétaientcesvisiteurs.Après avoir nourri et changé Oliver, elle fit avec lui le tour du jardin clos adjacent à la

terrasse.Allongédanssapoussette,ilprofitaitdelatiédeurdecettefind'après-midi.Elleétaitplongéedanssesrêveries,jusqu'àcequelleaperçoivesonrefletdanslebassinà

poissonsprèsduquelelles'étaitarrêtée.Endéfinitive,ellen'était facilementhabituéeàsesnouveauxvêtementsetassumaitàprésentsescourbesféminines.Ellesouritàsonreflet.Elledevait remercier Falcon pour cela. Il lui avait donné confiance en elle et elle se savaitdésormais capable de choisir ce qui lui allait. Sa peau avait commencé à prendre une jolieteintedotéeetsescheveuxétaientlibressursesépaules.Elle soulevaOliverde sapoussette et, le tenant bien, luimontra les poissons rougesdu

bassin.Cetendroitétaitidéalpouryfairegrandirsonenfant.IlauraitlacompagniedupetitJosh,quinetarderaitpasàavoirunpetitfrèreouunepetitesœur.Ilseraitentouréd'amour,etsurtoutilauraitFalconpourleguideretleprotéger.Falcon...Ellemurmurasonprénomensouriant,profitantqu'ilnesoitpaslàpourlavoir.La soirée s'annonçait longue, vide et solitaire sans lui, tout comme les deux soirs

précédents, d'ailleurs. Il lui manquait tant ! Le fait qu'elle le connaisse depuis peu nechangeait rien. Combien de temps fallait-il pour tomber amoureuse ? Au fond, un simplebattementde cœur suffisait à changer le coursd'une vie.Et c'était ce queFalcon avait faitpourelle.Elleluidevaitdéjàtant:ellenedevaitpasajouterunautrefardeauàceuxdontellel'avaitdéjàchargé.Mûparsondevoiretsonsensdesresponsabilités,ilseseraitsansdoutefaitdusoucipourelles'ilavaitsuquelssentimentsellenourrissaitàsonégard.EllevitMariavenirverselle,sansdoutepourluidemandercequ'ellevoulaitpourledîner.Maisquandlagouvernantearrivaàsahauteur,elleétaithorsd'haleine.—LePrinceveutvousvoir,Oliveretvous,danssesappartements.—Comment?Maintenant?—Oui,toutdesuite.—Ilveutmevoir,moiaussi?Jusqu'à présent, c'était Falcon qui avait emmené Oliver voir son grand-père, le prince

n'ayantmanifestéaucunintérêtpourelleaprèsleurpremièrerencontre.— Vous devez vous dépêcher, ditMaria, inquiète. Le Prince n'aime pas qu'on le fasse

attendre.

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Dans l'idéal, Annie aurait aimé pouvoir se rafraîchir et s'assurer qu'Oliver était à sonavantageavantdesubirl'inspectionduprince.MaisMariaavaitétéclaireetcommençaitdéjààemmenerlapoussette.Annien'eutd'autre choixquede la suivre.Puis elle traversa les salonsde réception aux

sols cirés et aux tapis précieux, jusqu'à atteindre l'ascenseur discret qui conduisait auxappartementsduprince,aupremierétage.Maria prit l'ascenseur avec eux. Lorsqu'il s'arrêta et que les portes s'ouvrirent, elle les

confiaaumajordomequilesattendait.Le vieuxprince tenait beaucoupaux traditions, commeJulie l'avaitdit àAnnie, et vivait

encore dans le XIXe siècle, entouré d'une impressionnante escorte de serviteurs presqueaussiâgésquelui.Cettepartieduchâteauétaitradicalementdifférentedel'appartementdeFalcon.Ledécor

des deux salons qu'on lui fit traverser au pas de course était très baroque. Les plafondsétaient chargés de moulures, dorées comme les boiseries, les murs étaient couverts desoieriesassortiesauxrideauxetauxautrestissusd'ameublement.Cespiècesressemblaientplusàunmuséequ'àunendroitoùl'onpouvaithabiter,seditAnnieenfrissonnantunpeudanssarobelégère.Unvaletenlivréegardaitladoubleportequ'ilouvritengrandpourlafaireentrer.Dans cette pièce, le décor était encore plus imposant que dans les deux précédentes.

D'immensestableauxauxcouleurssombresdominaientlesmurs,tandisqu'au-dessusd'elle,lafresqueduplafondauraitpurivaliseraveccelledelachapelleSixtine.Leslourdsrideauxdevelours,departetd'autredesquatrefenêtres,atténuaientlalumière

dujour,sibienquelapièceétaitéclairéeauxchandeliers.Mais, tout à coup, Annie cessa d'observer le décor. Elle était incapable de détacher son

regard de l'un des deux hommes en costume sombre, qui se tenaient près de la silhouetterabougrieduprince,enveloppédansunecouvertureetassisdansunfauteuilroulantprèsdelacheminée.—Colin!Quefaisait-ilici?Soncœursemitàtambourinerdepaniqueetellesemitàtremblerlorsquesondemi-frère

posaunregarddésapprobateursursesépaulesnues.Combien elle regrettait de ne pas avoir insisté pour aller chercher un cardigan dans sa

chambre,oumêmesechangercomplètement!Ellesavait,rienqu'àl'expressiondeslèvresdeColin,cequ'ilpensaitdesatenue.—Quefais-tuici?Lesmotsétaientsortisdesabouchemalgréelle.—Toutvabien,Annie,ditColind'unevoixcalmeetrassurante.Personnenevasefâcher

contretoi.Jesuisicipourm'enassurer.Tusaisquej'aitoujourseutesintérêtsàcœur...Elle ne pouvait pas le laisser lui faire cela ! Il ne fallait pas qu'elle redevienne la jeune

femmeapeuréequ'elleétaitquandFalconétaitvenuàsonsecours,Falcon...Siseulementilavaitétélà!—Jenecomprendspascequetufaisici,ditAnnied'untoncatégorique.Elle devait être forte et ferme, se comporter comme si Falcon était à son côté pour la

protéger.—Jesuisvenupourterameneràlamaison.Ellereçutcesmotscommeuncoupdepoing

dansleventre,maiselledécidaqu'ellenedevaitpasperdresonsang-froid.—C'esticiquenoushabitonsmaintenant,Oliveretmoi.

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Colinluisourit,decesouriretriomphantqu'elleluiconnaissaitsibien.Lefaitqu'ilsoitsicalmeluifaisaitvraimentpeuretluidonnaitlanausée.

— C'est iciqu'Oliverhabitedésormais,eneffet.Mais taplaceestavecmoi,Annie, tu lesais.Ceseratoujoursainsi.

—Finissons-en,ditleprincequin'avaitpasencoreprononcéunmot.Ilsetournaversl'autrehomme.—Oùsontlespapiers?demanda-t-il.Qu'ellelessigneetensuiteellepourrapartir.Avant

qu'ellefassedumalàmonpetit-fils.Apportez-moil'enfant.FairedumalàOliver?Quedisaitleprince?Quesepassait-il?Voyantl'inconnus'approcherd'elle,AnniesortitOliverdesapoussetteetletintserrédans

sesbras.Commesielleluiavaittransmissapeur,lebébésemitàpleurer.—Vousvoyez,ditleprince,sonfrèrearaison.Ellen'estpascapabledes'occuperdelui.Il

apeurd'elle.La confusion, la peur et l'horreur s'emparèrent d'elle. Instinctivement, elle tenta de

s'échapper, se tournantvers laportepar laquelle elle était entrée,mais elle était ferméeetgardéepardeuxvalets.Sa peur augmenta, l'envahissant et étouffant presque le courage que Falcon lui avait

insufflé. Falcon... La simple évocation de son nom l'aida à retrouver son calme. Elle seraccrocha à son image, se rappelant qu'elle n'était plus une enfant et qu'elle n'avait plusaucuneraisond'avoirpeurdeColin.Mais leprince? Ilvoulait luiprendreOliver,etColin l'yencourageaitet l'yaiderait.Son

demi-frèren'avait jamaisvouluqu'ellegardesonbébé.Malgré tout,ellenedevaitpasavoirpeur,justeêtreforte.— Toutvabien,Annie,ditColind'unevoixdoucereuse.Noussavonscombientuaimes

Oliver,maissaplaceestauprèsdesongrand-père,et l'avocatduprincesaural'expliqueraujuge.NousavonstousvulafaçondonttuastenuOliverau-dessusdubassintoutàl'heureetj'aidéjà témoignéquetudésiraisavorterpendant tagrossesse.Personnenetereproched'yavoirpensé,aprèscequit'estarrivé.Ilesttoutàfaitnaturelqu'àcertainsmoments,celatesubmerge.Nousvoulonsjustevousprotéger,Oliverettoi,t'empêcherdecommettreunacteque tu regretterais plus tard. C'est pour ton bien et pour le sien. Imagine comment tu tesentiraissituluifaisaisdumal.Maintenant,situlemontresraisonnableetquetusigneslesdocumentsquel'avocatduprinceapréparépourluiaccorderlagarded'Oliver,toutdeviendraplusfacilepourtoi.JevaisteramenerenAngleterreetnouspourronsoubliertoutcela...—Non!criaAnnie.Elleétaitentraindefaireuncauchemar,celanepouvaitêtreréel.—Jesuisdésolé,ditColinens'adressantauprince.Commejevous l'aidéjàexpliqué, la

dépression nerveuse qu'a eue Annie après la naissance d'Oliver l'a rendue très fragilementalementetémotionnellement.C'estpourquoi...—Elledevraitêtreenferméedansunasile,oùellenepourraplusfairedemalàmonpetit-

fils!LeprincesetournaverssonavocatetluiparlaenItalien. Colin était responsable de ce qui lui arrivait, Annie en était certaine. Il avait réussi à

échafauderunplanpourlamettredanscettesituationterrible.—Jenesignerai rien,dit-elleaux troishommes.Et jen'irainullepart,pasavantd'avoir

parléàFalcon.Tandisqueleprinceetsonavocatéchangeaientunregardetquecederniersecouaitlatête,

Colins'approchad'elle.

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Commes'ilavaitsentiledanger,Oliversemitàpleurerdeplusbelle.—Donnez-moimonpetit-fils,ordonna leprinceenavançant vers elledans son fauteuil

roulant.C'est unLeopardi, et aucun tribunal enSicilenenieramondroit de garde sur lui,surtoutquandilsconnaîtrontlacruautédesamère,quiatentédelepriverdelavie.

—Cen'estpasvrai!protesta-t-elle.—Annie,c'estinutile.J'aidéjàtoutracontéauprince.Ilsaitquetuvoulaisavorter,etque

tuasessayédefaireadopterOliverquandtuassuqu'Antoniovoulaitlerécupérer.—Cen'estpasvrai,répéta-t-elled'unevoixétranglée.— Non, en effet, fit une voix ferme derrière eux. Aucun d'eux n'avait entendu la porte

s'ouvrir,maisilsseretournèrentetvirentFalcon.—Falcon!s'exclamaAnnie,soulagée,enallantsejeterdanssesbras. Ilsessaientdeme

prendreOliver.Ilsessaientdeprouverquejesuisunemauvaisemère.—L'enfantestunLeopardi,insistaleprince.Saplaceesticiavec...—Avecmoi,père,l'interrompitFalcon.Etc'estexactementlàqu'ilseradésormais,avecsa

mèreetmoi,puisqu'elleaacceptédem'épouseretquejevaisofficiellementadopterOliver.Il avait passé sonbras autourd'elle pour la soutenir et resserra légèrement son étreinte

pourl'empêcherdeprotester.—Jevousprévienstouslestroisqu'iln'existeaucuneloidanscepaysquipourram'ôter

lagardedemonbeau-fils,nim'empêcherdelesprotéger,luietsamère.—Tunepeuxpasfaireça!protestaleprince.Tunepeuxpasépouserunegarcequeton

frère...Falconnelelaissapascontinuer.—Unejeunefilleinnocentequevotrefils,quin'estheureusementquemondemi-frère,a

violéeetsalie,maisqui,grâceàsabontéetàsadouceur,adonnéàcettefamilleunenfantque je ne laisserai jamais personne blesser ou corrompre. Cependant, je ne peux blâmerAntonioseulpourcequ'ilaété.Eneffet,ilavaithéritédesamèrelafaiblesseetl'amourduvicequil'ontfinalementdétruit.Oliver,lui,hériteraducourageetdelaforcedecaractèredesamère.Quandileutfinideparler,FalconpritOliverdesbrasd'Annieetleserracontrelui.Lebébé

luisourit.Leregardqu'ilséchangèrentdonnaenvieàAnniedepleurerdegratitude.Passantsonbraslibredansledosdelajeunefemme,Falconlaguidaverslapoussetteety

installaadroitementOliveravantdeseredresser.—Jedevraisvoushaïrpourtoutcequevousavezfaitàceuxquej'aime,maisj'aipitiéde

vous,père,pourtoutcequevousauriezpuavoiretquevousavezgâché.Lecauchemard'Annieétaitterminé.Oliveretelleétaientensécurité,dansl'appartement

deFalcon.Maiselle courait toujours ledangerde lui laisservoir ses sentiments.Lavérité,c'est que son amour pour Falcon avait encore grandi après ce qu'il venait de faire pour lasauver.—Jetesuisprofondémentreconnaissantepourcequetuasfait,luidit-elleavecémotion,

assiseenfacedeluidansundescanapésencuirdisposésenU.Unetablebasselesséparait,etelleyavaitposésatassedecafé.Olivers'étaitendormisur

labanquettedumilieu.Falcon inclina la tête. La voix de la jeune femme était encore tremblante après la peur

qu'elleavaitéprouvée.Lui-mêmen'osaitpasencoreparler.Ilbouillaitencoredecolèrecontresonpère.

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—Jesuistellementcontentequetusoisrentréàcemoment-là,plustôtqueprévu.J'aieusipeur!—J'avaisterminécequej'avaisàfaireàFlorence,dit-ild'untonbrusque.C'était un mensonge. Il était assis à la terrasse d'un café sur une piazza près de son

appartement,quand,toutàcoup,ilavaiteulacertitudeinexpliquéequ'Annieavaitbesoindelui.Ilavaitessayédeseraisonner,maissonintuitionn'avaitfaitquegrandir.IlavaitappelésonfrèreAlessandroetavaitinsistépourqu'illuiorganiseunvolprivépour

rentrer en Sicile. Ensuite, il avait roulé à toute allure, contrairement à son habitude, del'aéroportauchâteau,surprenantMariaenarrivantentrombe.IlavaitvitedécouvertoùétaitAnnieetavecquiellesetrouvait.PuisMarias'étaitoccupéed'Annie, luiavaitapportéducaféetétait restéeavecelledans

l'appartementdeFalcon,ferméàclé,pendantquecedernierétaitretournévoirleprince.Aprésent ilsétaientseuls, tous lestrois.Ilavait jetésavestesur ledossierducanapéet

défaitlepremierboutondesachemise.C'étaitainsiqu'ilvoulaitvivre,comprit-il:avecAnnieetOliver.— J'ai parlé avec mon père, dit-il, et exigé des explications pour son comportement

impardonnable. Il semble que ton demi-frère et lui soient entrés en contact et qu'ils aientrapidement compris que leurs objectifs se rejoignaient. Mon père voulait contrôler la vied'Oliver et ton demi-frère voulait contrôler la tienne. Je doute que mon père ait cru uninstantquetuavaisl'intentiondefairedumalàOliver,maisçal'arrangeaitdefairesemblant.—Colinavaitdéjàessayédefaireça.C'estenpartiepourcetteraisonquej'aiessayédeme

cacher.Ilmenaçaitderaconterauxservicessociauxquejen'étaispascapabledem'occuperd'Oliver.Cen'étaitpasvrai,maisj'avaispeurqu'onlecroie.C'estpourçaquej'aidéménagé.Falconacquiesça.IlavaitdéjàinforméColinqu'ilseraitconduitàl'aéroportlelendemainmatinetqu'onle

mettrait dans un avion. Il l'avait aussi prévenu qu'il ferait les démarches nécessaires pourqu'ilnepuisseplusentrerencontactavecAnnieouOliveretqu'iln'aitplusjamaisledroitdeposerlepiedsurlesolsicilien.IlneraconteraitjamaisàAnnietouteslesgrossièretésetlessous-entendusquesondemi-

frère avait proférés, ni ses accusations odieuses sur son comportement soi-disant ambiguenversleshommesdepuissonplusjeuneâge.—Jesupposequetuasditàtonpèrequ'iln'avaitpasàs'inquiéteretquetun'allaispas

vraimentm'épouser?Annieavaitpassé l'heureprécédente,enattendantFalcon,àréfléchirà la façondontelle

pourraitévoquerlesujetdumariageenluifaisantsavoirqu'ellecomprenaitbienqu'iln'avaitditçaquepourlaprotéger.—Non,réponditFalcon.Annies'étaitjurédenepasregarderFalconenface,carelleavaittroppeurqu'illisedans

sesyeuxcombienelle l'aimait.Maisàprésentsonregardétait irrésistiblementattirépar lesien.—J'imaginequ'ils'enrendracompteunjouroul'autre...Jeveuxdirequandilverraque

nousne...— Je ne lui ai pas dit ça pour une simple raison : ce mariage me paraît tout à fait

raisonnable.Annienepouvaitdétachersonregarddusien.Etait-elleentrainderêver?—Tucroisquenousdevrionsnousmarier?demanda-t-elleenfind'unevoixfaible.— Oui. C'est la meilleure façon de te protéger de ton demi-frère et d'assurer l'avenir

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d'Oliver. Une fois que tu seras ma femme, personne, encore moins mon père, ne pourraessayerdetevolertonfils.—Maisunjourtusuccéderasàtonpère,protesta-t-elle.Tudeviendrasprinceàtontour,

ettuserasàlatêtedelafamilleLeopardi.Tunepeuxpasépouserquelqu'uncommemoi.—Jepeuxépouserquijeveux,corrigea-t-il.Etsitucrainsquelesgensnet'acceptentpas

commemonépouse,laisse-moiterassurer:soitilst'accepteront,soitilspourrontfaireunecroixsurleursrelationsavecmoi.

—Jenepeuxpastelaisserfaireuntelsacrifice,répliqua-t-elle.Tudoisépouserquelqu'unquetuaimes.Falconhésita.Devait-illuiavouerqu'ill'aimait?Non,iln'avaitaucundroitdeluiimposer

sessentiments,enparticulieralorsqu'ellesesentaitaussivulnérableetbouleverséeaprèssaconfrontationavecsondemi-frère.— Mon devoir est plus important,mentit-il. Or il est demon devoir de vous protéger

Oliverettoi.Pourcela, jenevoispasdemeilleurmoyenquedet'épouser.Celaneveutpasdirepourautantquetusoisobligéededireoui.Nepasdireoui,alorsqu'ellel'aimait?songeaAnnie,paniquée.Maispeut-êtredevait-elle

refuser,pourlebiendeFalcon.Ilavaitbeauprétendrequeledevoirpassaitavanttout,quesepasserait-ilsiunjouriltombaitamoureux?Avait-elleledroitdel'enfermerdansunmariageavecelle?Mais si elle refusait, où irait-elle ? Colin la pourchasserait, elle en était sûre. Comment

seraient-ilsensécurité,Oliveretelle?—Celasembleunesolutionraisonnable,convint-elled'unevoixfaible.Falcon sentit son cœur cogner dans sa poitrine, dans unmélange de soulagement et de

désir. Il mourait d'envie de la prendre dans ses bras et de lui dire ce qu'il ressentait etcombienilvoulaitlarendreheureuse.Aulieudequoi,ilseforçaàrépondrefroidement:— C'esteneffetlasolutionlaplusraisonnable.IlselevaetAnnieneputempêcherson

regard de glisser le long de ses cuisses musclées. Ce qu'elle avait éprouvé ces dernièresheuresfutsoudaineffacé,pourlaisserplaceàcettechaleurfamilièrequi luidisaitcombienelleavaitenviedeFalcon.—Apartirdemaintenant,Oliverettoihabiterezdanscetappartement.Jevaistedonner

uneclé,pourquetupuissest'enfermersitulesouhaitesquandjenesuispaslà.Maistuasmaparolequemonpèrenerenouvellerapassonexploitd'aujourd'hui.ElleallaitvivreavecFalcon...,songeaAnnieenfrissonnant.—Ilyaunechambred'amislibre,continua-t-il.—Est-cequecelasignifieque...Annies'arrêta,lesjouesroses.—Oui?—Sinousnousmarions,est-cequecelasignifiequenous...dormironsensemble?— Il est habituel que les couples mariés dorment ensemble, répondit-il. Mais si ta

questionconcerne lesrelationssexuelles,alors laréponseestque j'aimeraisbeaucoup,oui.Maisc'estàtoidedécider.Aellededécider?Anniesemorditlalèvre.Ellesavaitcequ'elleauraitvoulurépondre,bien

sûr.Oui,elleauraitvoululuidirequ'ellel'aimaitetqu'elleseraitcombléedeluiappartenir.Elle hésitait, comprit Falcon. Sans doute était-elle réticente à l'idée d'abandonner sa

liberté.Aquois'attendait-il?Acequ'ellesejettedanssesbrasenluidisantqu'ellel'aimaitetqu'elleavaitenviedelui?— Tun'espasobligéedeprendre tadécision toutdesuite,dit-ild'un tonaussidétaché

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quepossible.—Est-ceque...Colinest-ilparti?demanda-t-ellepourchangerdesujet.Falconfronçalessourcils.—Non.Lepremiervolquej'aiputrouvern'estpasavantdemainmatin.Jen'aipasenvie

delelaissercirculerlibrementdansl'îleenattendant.Mesavocatssontentraindedemanderuneordonnancerestrictiveaujugepours'assurerqu'ilnes'approcheraplusjamaisd'Oliveretdetoi.Malheureusement,ilvadevoirresterauchâteaupourl'instant.Maisnet'inquiètepas,Oliverettoiêtesensécuritéici.Ilresteradanslesappartementsdemonpère.Commecela,ilsdevrontsesupportermutuellement.Pourrait-il un jour gagner son amour ? se demanda-t-il. Et avait-il seulement le droit

d'essayer ? En l'épousant, la protégeait-il ou l'emprisonnait-il tout comme son demi-frèrel'avaitfait?Accomplissait-ilsondevoiroubienagissait-ilégoïstement,guidéparsondésir?IlregardaAnnie,quis'étaitpenchéesurlecanapépourregarderOliver.L'amourmaternel

quiéclairaitsonvisagelebouleversa.Ildevaitd'abordpenseràelle.—Jepenseque,pourlebiend'Oliver,ilestnécessairequenousnousmariionstrèsvite.

Cependant, si notre mariage ne fonctionne pas, ou si à l'avenir l'un de nous tombaitamoureux,alorsnouspourronsdivorcer.Lecœurd'Annieseserradouloureusement.Si l'und'euxtombaitamoureuxdequelqu'un

d'autre, ce ne serait pas elle. Comment pourrait-elle supporter que Falcon aime une autrefemme?Regrettait-ildéjàsadécision?—Nousnesommespasobligésdenousmarier,seforça-t-elleàdire.—Jepensequesi.Ajoutonsàcelalefaitquenousavonspeut-êtredéjàconçuunenfant

ensemble.Annierefoulaseslarmes.—JevaisprévenirMariaquetuemménagesdanslachambred'amis,ajoutaFalcon,pour

qu'elledonnedesinstructionsauxfemmesdechambre.Annieacquiesça,mais,dèsqu'il atteignit laporte, l'idéede se retrouver seule l'emplitde

panique.—Est-cequeçanepeutpasattendredemain?demanda-t-elleenselevant.Jesaisquetu

m'asditquejepouvaism'enfermer,mais...jeneveuxpasêtreseuletantqueColinestencorelà.Ilmefaittellementpeur...Jecroisquejen'arriveraismêmepasàdormirtouteseule.Ellerougitdèsqu'elleprononçacesmots.—Cen'estpascequejevoulaisdire!protesta-t-ellepourserattraper.— Je comprends, la rassura-t-il. Tu n'es pas obligée de dormir seule. Je serais très

heureuxdepartagermonlitavectoi.Sonlit,soncorps,savie,soncœuretsonamour...toutcequ'ilavaitàdonner!Maisilnepouvaitpasleluidire.

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11.Pourquoi était-ce si différent de se retrouver dans le lit de Falcon cette nuit-là ? se

demandaitAnnieavec tristesse.Elle était seule.Cela faisaituneheurequeFalcon lui avaitdemandésielleétaitfatiguée.Quandelleavaitréponduparl'affirmative,illuiavaitannoncéavoirdutravailàtermineretluiavaitdemandédenepasl'attendre.Elleavaitdoncprisunedouche,puisétaitalléeseblottirdanslegrandlit,lecorpsbrûlantdedésir.MaisFalconnel'avaitpasrejointe.Peut-être retardait-il lemomentd'aller secoucherpourqu'elle soitendormiequand il la

rejoindrait?Aprèstout,c'étaitellequiavaitdemandéàdormiraveclui,paslecontraire.Pourtant, la dernière fois qu'il avait partagé son lit avec elle, il l'avait désirée... Ou bien

avait-iljustetenusapromessedel'initierauplaisir?Ilallaitl'épouserpardevoir,elleenétaitcertaine.Falconpassalamaindanssescheveuxmouillés,uneservietteenrouléeautourdesataille.

IlvenaitdepasseruneheureàfairesemblantdetravailleralorsquesespenséesétaientavecAnnie.Ilavaitmêmeprisunedouchefroidepourcalmersesardeursetnepasêtretentédelaréveillerpourl'attirerdanssesbras.Hélas, l'eau glacée n'avait eu aucun effet sur son corps.Quant à son amour, il semblait

augmenteràchaquesecondequ'ilpassaitavecelle.Falconcroyaitcontrôlersesémotionspourfairefaceàtouteslessituations,maisiln'était

paspréparéàcela.Depuislongtemps,ils'étaitconvaincuquel'amourn'étaitpasfaitpourlui,quecelanepouvaitpasluiarriver.Toutlemondeautourdeluisupposaitqu'unjouroul'autre,ilsemarieraitetproduiraitun

héritier,commetouslesaînésdesLeopardilefaisaientdepuisdessiècles.Ilavaitgrandiensejurantdenejamaisrendreunefemmemalheureusecommesonpère

avait pu le faire avec samère,mais il ne croyait pas non plus à la longévité desmariagesmodernes, conclu sur un coup de tête. Il doutait également qu'une union réussie soitcompatibleavecdetellespressionssociales,politiques,familiales,etledevoirquiétaitlesiendeveillersursonpeuple.Carilavaittoujourspriscesresponsabilitéstrèsausérieux.Or,sansunamourfortetdurable, ildoutaitqu'il fûtpossiblededonneràdesenfants la

sécurité affectiveni la forcedont ils avaientbesoin.Pour toutes ces raisons, il avaitdécidéqu'ilvalaitmieuxrestercélibataire.Après tout,ses frères,eux,auraientdesenfants.QuandAlessandro et Rocco avaient fait des mariages d'amour leur bonheur avait renforcé sadécision.Mais tout cela, c'était avant qu'Annie ne fasse irruption dans sa vie et qu'il ne tombe

amoureuxd'elle.Même s'ils s'étaient rencontrés « normalement » et qu'ils étaient tombésamoureuxl'undel'autre,iln'auraitpasvoululuiimposeruneviepleinedesacrifices.Ilcroyaitdetoutsoncœurqu'Annieavaitledroitdefairesespropreschoix,dedéfinirelle-

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mêmeseslimitesetdevivrepleinementsavie.L'idéequ'onaitpuvouloirlapriverdecettelibertéleremplissaitdedégoût.Etpourtant,ilétaitsurlepointdelapriverd'unelibertéessentielleenl'épousant.Quelchoixavait-il?Sanssaprotection,elleseraitmenacéetantqueColinseraitenvie.L'épouser,lamettredanssonlit,luifaireunenfant,l'aimer...toutcelaétaitpourtantune

façon de l'emprisonner, tout comme l'avait fait son demi-frère, qui lui aussi prétendaitl'aimer.L'amourpouvaitêtreuneterriblegeôles'iln'étaitpasréciproque,enparticulierpourceluiquinel'avaitpasdemandé.Alorsquedevait-il faire ?Nepas l'épouser et la laisser auxprises avec lesmachinations

d'un homme qui avait déjà clairement montré qu'il voulait récupérer Annie mais sedébarrasserdesonenfant?L'épouser,maisveilleràcequeleurmariagesoitjusteuneformalitéquin'empêcheraitpas

lajeunefemmedevivrelibrementsavie?Quandill'avaittenuedanssesbras,ellel'avaitdésiré,elleluiavaitréponduavecplaisiret

passion...parcequ'ellen'avaitconnupersonned'autre,parcequ'illuiavaittenduunpiègequis'était refermésurelle.La sensualitéde sa réactionn'étaitque ledébutde sonvoyageà ladécouvertedesaféminité,etnonlafin.Elle continuerait ce voyage dans ses bras, mais seulement parce que leur mariage l'y

obligerait,pasparcequ'ellel'auraitchoisi.AnniesentitFalconentrerdanslelit.Elleattendit,espérantqu'ilallaitfaireungestevers

elle, ou peut-être dire quelque chose, des mots de réconfort et de tendresse qui luiindiqueraient que cen'était pas elle qu'il rejetait,mais juste leur situation.Elle n'eut droitqu'àunsilencefroid.Elleseforçaàfermerlesyeux,dansl'espoirdetrouverrefugedanslesommeil,maisOliver

semitàpleurerjusteàcemoment-là.Ilavaitdéjàunpeupleurédanslajournée,etsajouedroiteétaitrouge,indiquantqu'une

nouvelle dent était en train de pousser. Annie se glissa avec précaution en dehors du lit,priantpourquelespleursd'OliverneréveillentpasFalcon.Elleseprécipitadans ledressingsansprendre letempsd'enfilerunpeignoir.Elleportait

unedesnuisettesquecomportait sanouvellegarde-robe, longue,ensoie rosepoudré,avecunrubanplussombresoulignantsapoitrineetnouésurledevant.Lescouturessurlescôtéss'arrêtaient juste en dessous de ses hanches, créant une longue échancrure retenue pard'autres rubans en haut de ses cuisses. Ce n'était pas vraiment la tenue idéale pour allers'occuper d'un bébé,mais elle devait admettre qu'elle n'y avait pas vraiment réfléchi en lamettant,pensantplutôtàlavitesseàlaquelleFalconpourraitladéshabillerentirantsurlesrubans.Le dressing ne possédant pas de fenêtre, une petite veilleuse avait été laissée allumée.

QuandOlivervit samère, il cessadepleurer.Sa joueétaitplus rougeencore.Annie lepritdanssesbrasets'assitsurunechaisepourl'installersursesgenoux.Unerapideinspectiondesaboucheconfirmaqu'unedentétaitentraindesortir.Quandil

sentitsondoigtsursagenciveenfeu,ilresserralamâchoirepoursoulagersadouleur.—Monpauvrepetit,luidit-elle.Elleavaitdugelapaisantpourlesgencivesetunmédicamentdanssatrousseàpharmacie,

mais il aurait fallu pour cela qu'elle remette Oliver dans son lit pour les chercher, or ellesavait que, dès qu'elle le laisserait, il semettrait à pleurer pour protester. Comme elle nevoulaitsurtoutpasréveillerFalcon,ellepoussalaporteet lafermaavecsoncoudeetremit

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Oliverdanssonlit,luifaisantsignedenepasfairedebruitpendantqu'ellefouillaitdanssatrousseàlarecherchedugeletdusiropantidouleur.Cinqminutesplus tard, ellepouvait se féliciterd'avoir soulagéOliver sans avoir réveillé

Falcon.Elleseredressadanslapénombreaprèsavoirembrassésonbébérendormi.Maiselleheurtaunplateausurlequelétaitposéunverrevide.Celui-citombasurlesolenmarbreetsebrisaenmillemorceaux.Parmiracle,Oliverneseréveillapas,maislorsqu'ellerecula,piedsnus,ellemarchasurun

destessons.Ellepoussaunpetitcridedouleuretlaportedudressings'ouvritaussitôt.Falconcomprittoutdesuitecequis'étaitpassé.Contrairementàelle,ilportaitdesmules

encuir,ainsiqu'unépaispeignoir.—Nebougepas,dit-ilenentrantdansledressing.Il la soulevadanssesbraset l'emmenadans la salledebains, ignorant sesprotestations

quantauxéventuellestachesqu'ellepourraitfairesurlamoquettedelachambreàcausedusangquicoulaitdesonpied.Quand ils furent dans la salle de bains en marbre, il la posa en haut des marches qui

menaientàlagrande-cabinededouche.—N'appuiepastonpiedsurlesol,aucasoùilresteraitduverre.—Cen'estrien,justeunepetitecoupure,protesta-t-elle.Elles'envoulaitdel'avoirréveillé,maisFalconnel'écoutaitpas.Ils'accroupitsurlesolet

examinasonpiedavecattention.—Jenevoisaucunmorceaudeverre.—Jesuissûrequ'iln'yenaplus,dit-elleenessayantdesedégager.Mais il tenait fermement son talon dans sa main, ce qui provoquait une chaleur

dangereusedanstoutsoncorps.—Peut-être,maisjeneveuxprendreaucunrisque.Toutdoucement,ilpassaleboutdesondoigtautourdelacoupure.Quandils'arrêta,Anniepoussaunlongsoupirétranglé.Falconsemépritsursonsoulagementetlevalesyeuxverselle.—Eneffet,ilnesemblepasyavoirdeverre.Heureusement,Falconnes'étaitpasrendu

comptequecen'étaitpassacoupurequil'inquiétait,maislapeurdetrahirsaréactionquandillatouchait.—Restecommeçaetneposepastonpiedparterre.Jevaisallerchercherquelquechose

dans lacuisinepourque tupuissesdésinfecter lablessure,puis j'irainettoyer lesdébrisdeverre.Ilnes'absentaquequelquessecondesetrevintavecunflacon.—Çarisquedepiquerunpeu,prévint-il.Ilavaitraison,celapiquait,seditAnnieaprèsqu'ilfutpartinettoyerlesdégâts,maiscette

douleurn'étaitriencomparéeàcelledesoncœur.Lasensationdepicotementavaitdisparulorsqu'ilrevint.Ilvérifiasonpied.—Celavaaller,dit-elle.Jesuisdésoléedet'avoirdérangé.Falconlevalesyeuxverselle.Ellenesutcommentinterpréterl'expressiondesonregard

sombre.—Moiaussi,dit-il.Elleaccusa lecoup.Qu'avait-elleespéré?Uneréponsegalanteàsesexcuses,prétendant

quecelaneledérangeaitpas?Illuitenaittoujourslepied.Ill'examinaencore,posaunecompressesurlacoupure,puis

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unsparadrap.Pensantquesonsuppliceétaitterminé,elleseleva.MaisFalconl'arrêtaaussitôt.—Cen'estpasunebonneidéedemarchertoutdesuite.Ilallaitlaporterjusqu'aulit...MaisAnnienesesentaitpascapabled'endurerdenouveau

uncontactphysiqueaveclui.Soncœurtambourinaitdanssapoitrinecommesiellevenaitdecourir.Sessensétaientcomplètementdébordéspar ledésir.Elleavait réussiàsemaîtriserpendanttoutcetemps,maisellen'avaitaucunechanced'yarrivers'illaprenaitdanssesbras!Lapaniqueluidonnalaforcederéagir.Elles'écartadelui.— Non ! s'exclama-t-elled'unevoixétouffée.Jeveuxdire... cen'estpas lapeinedeme

porter.JedoisallervérifierquetoutvabienpourOliver,detoutefaçon.—Jesuisdéjàallélevoir,ildortprofondément.Ilétaitimpossibledeluiéchapper,sedit-elletandisqu'ilsepenchaitverselle.Annieferma

lesyeux.Peut-êtrecelaserait-ilplusfacilesiellenelevoyaitpas?Graveerreur.Lesyeuxfermés,ellesentituneboufféed'amourmonterenelle.Elle l'aimaitetelle levoulaitdanssavie,encemomentetpourtoujours,commeilétait

déjàdanssoncœur.Ellevoulaitqu'illaprennedanssesbras,qu'ill'aimeetqu'ilpartageavecellelamerveilleusemagiedelasensualitéàlaquelleill'avaitinitiée.Annieouvritlesyeux.IlsavaientatteintlelitetFalconsepenchaitpourl'ydéposer.Encorequelquessecondeset

lecontactentreeuxseraitrompu.Encorequelquessecondesetl'opportunitéquiseprésentaità elle disparaîtrait. Aurait-elle le courage de la saisir et d'en assumer les conséquences, ycomprisunrejet?Ellesentitlematelassouselle.Falconétaitentraindelalâcher.Ilétaitdéjàpresquetrop

tard.Dansunefractiondeseconde,elleauraitlaissépassersachance.Ill'avaitdésirée,ilallaitl'épouser,ilallaitdevenirleprotecteurd'Oliveretsonresponsable

légal, pourquoine serait-il pas également sonamant,même s'il ne l'aimaitpas ?Elle avaitsuffisammentd'amourpoureuxdeux.Annieprituneprofondeinspirationettendit lesmainspour lespasserderrière lecoude

Falconetl'attireràelle.—Non!s'écria-t-il.Faceàuntelrejet,elleauraitpuimmédiatementlelâcheretserecroquevillerdedouleur

etd'humiliation.MaisFalconluiavaitapprisàêtrefièredesasensualité.Il luiavaitmêmeconseillé d'utiliser tous ses arguments féminins pour choisir son partenaire.Même s'il nepensaitpasàluilorsqu'ilavaitprononcécesmots.Elleavaittoujourslesmainssursanuque.Soncœur,sonespritetsoncorpsétaientunis

dansunmêmeobjectif.—Si,répliqua-t-elle.Puis elle se redressa et posa les lèvres sur les siennes. Elle se laissa aller pendant une

secondeàsavourercecontactdélicieux.Ellelesentitrésister,luttercontreelle.Maiscelanefitqu'augmentersadéterminationàatteindresonbut.Elle embrassa un coin de sa bouche, puis l'autre, et, amoureusement, avec un immense

plaisir sensuel, elle traça lentement le contour de sa lèvre supérieure avec le bout de salangue.Dans l'obscurité argentée, son cœur battait à un rythme passionné. Ce qu'elle faisait

l'excitaitetlachoquaitàlafois.Falcon poussa un gémissement et la saisit, l'embrassant soudain avec passion. Il

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l'embrassaitcommeelleenavaitrêvéetelleréponditàsonbaiseravecunejoieeuphorique.C'étaitcommesiunecouchedeglaces'étaitbrisée...Ilsretirèrentleursvêtementsavecdesgestesfébriles.Lesimplefaitdesentirl'odeurdelapeaudeFalconsuffîtàlagriseretàluifairetournerla

tête.Celan'auraitpasdûseproduire,seditFalcon,maisilnepouvaitplusrienyfaire.Ilétait

impuissantfaceàsonamouretsondésirpourAnnie.Levisagedelajeunefemmerayonnaitdejoie.—J'aitellementenviedetoi!Lesmots sortirent de sa bouche tandis qu'elle s'ouvrait à lui, voulant s'offrir sans plus

attendre.Toutsoncorps frémitdedélice lorsqu'ellesentitFalconrépondreàsonbesoin,ets'enflamma lorsqu'ilpénétra lentementenelle,puisdeplusenplusviteetdeplusenplusprofondément, l'emmenantdansune extase où seul comptait le plaisir qu'ils sedonnaient.Ellesecramponnaàluietcriasajouissancetandisqu'ilprenaitpossessiond'elle,deplusenplusfort.Leurétreintefutbrèveetintense,leslaissanttouslesdeuxhorsd'haleine.—Celan'auraitpasdûarriver,ditFalcond'untonbrusque.—Etmoijesuisheureuse,carc'estcequejevoulais,luidit-elled'untondedéfi.Falcons'écartad'elle.—C'estparcequelesexeestunplaisirtoutnouveaupourtoi,c'esttout.Safaçondenierl'intensitédecequivenaitdesepasserlapoussaàrépliquer:— Non,cen'estpastout.Cen'estpasarrivéparcequejesuisuneadolescentedébordée

parseshormones,maisparcequejet'aimeetquejevoulaistemontrercetamour.Jesaisquetunem'aimespas,Falcon,et...Annieprituneprofondeinspiration.Ellevenaitdeprendreunedécisionimportante.—Ettun'espasobligédem'épouser,carcequetum'asmontré,cequetum'asappris,m'a

donné la force d'être une femme. Je n'ai plus peur de Colin et je n'ai pas l'intention det'imposerdes responsabilités supplémentairesenversOliveroumoi.Aimerquelqu'un, c'estvouloir lemeilleur pour lui, souhaiter son bonheur avant le sien. Tum'as libérée demonpassé.Jeveuxt'offrirlalibertéderencontrerquelqu'unetdetomberamoureux...—C'estdéjàfait.Ladouleurfutsifortequ'Anniecrutqu'elleallaits'évanouir.—Tuasrencontréquelqu'undonttuesamoureux?demanda-t-elled'unevoixblanche.— Oui,etjel'aimeplusprofondémentetpluspassionnémentquejen'auraisjamaiscru

pouvoiraimerquelqu'un.—Celarendtapropositiondem'épouserencoreplusadmirable,bredouilla-t-elle.C'étaitlavérité,aprèstout,mêmesilefaitdeprononcercesmotsl'étouffaitpresque.—Cen'estpasadmirabledutout,Annie.C'étaitjusteunepropositionégoïste.—Tuvoulaismeprotéger.—Jevoulaistegarderpourmoi.Jevoulaistelieràmoipourquetunemequittesplus.Anniesentitsoncœurrecommenceràbattre.— Je voulais tout ce qu'unhomme rêvede partager avec la femmequ'il aime.Mais je

pensais l'avoir obtenu de façon malhonnête. Je me croyais investi de mon devoir et desentimentsnobles,maisenréalitéiln'enétaitrien.— Tu as étémerveilleux ! répliquaAnnie avec passion. Tu esmerveilleux. Oh, Falcon,

m'aimes-tuvraiment?—Ohoui,répondit-ild'unevoixdouce.

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Ellevitdanssesyeuxqu'ildisaitlavérité.— Mais je suis le premier homme qui... ton premier amant. Je ne veux pas que tu

confondes...—...ledésiretl'amour?acheva-t-elleavantdesecouerlatête.J'aivingt-quatreans,Falcon,

passeize.J'auraispusortirdepuislongtempsdelaprisonqueColinavaitbâtieautourdemoi,sijel'avaisvraimentvoulu.Maisjenelevoulaispas,avantdeterencontrer.Lapremièrefoisquenousnoussommesvusdanslehalldel'hôtel,àl'instantoùtum'astouchée,j'aisuquequelquechoseenmoiavaitchangé.—C'étaitpareilpourmoi,admitFalcon.Ilavaitprissesmains.—Mais jen'aipassu toutdesuitequeceque j'éprouvaispour toiétaitde l'amour.Si je

m'enétaisrenducompte,jen'auraispas...—Tuneseraispasdevenumonprofesseur?suggéra-t-elleensouriant.—C'estcequejedevraisdire,maisj'ignoresic'estlavérité.Encequiteconcerne,jen'ai

aucuncontrôlesurmessentiments.—Tusemblaispourtantlescontrôlertoutàl'heure,souligna-t-elle.— Ce n'était pas du contrôle, c'était du désespoir. Je savais que si je te touchais, je ne

pourraisplusm'arrêter.Tuesunebientropbonneélève.Irrésistible,enfait.Anniesepelotonnacontrelui.—Mmm...,l'encouragea-t-elle.Irrésistibleàquelpoint,exactement?

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Épilogue—Vouspouvezembrasserlamariée.Le visage d'Annie était illuminé de bonheur et d'amour quand Falcon souleva le voile

traditionnelendentelledesLeopardipourl'embrassersolennellement.L'église était remplie de tous les membres de la famille Leopardi et leurs amis. Tous

étaient venuspour célébrer leurmariage, organisé à lahâte en raisonde l'étatde santéduvieuxprince.Dumoinsétait-cecequ'avaitprétenduFalcon.Annieluiadressaunsourirecomplice, sachantque lui seulconnaissait la raisondeson

bonheur.Ellen'avaitcertespasencorelemêmeventrerondquelesdeuxépousesdesfrèresdeFalcon,mais leurbébégrandissaitdéjàenelle,conçu,elleenétaitsûre, lapremièrefoisqu'ilsavaientfaitl'amour.

—Jet'aime,murmuraFalcon.—Jet'aimeaussi,répondit-elle.