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1 Un atelier métropolitain pour penser la métropole Tirana-Durrës Du 9 au 14 décembre 2018, l’AVITEM a organisé et animé, en partenariat avec l’AFD, la GIZ et le CMI, le troisième séminaire du cycle 2019 d’études urbaines et territoriales dans la métropole Tirana- Durrës. Ce séminaire à destination des cadres publics et privés de l’aménagement issus du pourtour méditerranéen a pris la forme d’une semaine d’immersion rythmée par des conférences, visites de terrains, ateliers participatifs, table ronde publique et partage d’expertise avec les acteurs du territoire. Cet article restitue les quelques éléments d’analyse construits par les participants de l’atelier métropolitain durant leur séjour dans la capitale albanaise. L’Albanie renoue avec son rôle historique de connecteur international Source : Marin Haxhimihali, « Regard historique sur Durrës et Tirana des origines à nos jours » L’Albanie et tout particulièrement le territoire Tirana-Durrës occupe un positionnement historique stratégique de connexion entre Balkans et Méditerranée, entre Orient et Occident. Dans le temps long, l’Albanie via la ville-port de Durrës s’affirme comme un espace de liens historique, économique, humain, culturel et religieux entre Occident et Orient. Tour à tour Grecque, Romaine et Ottomane, avec un passage de deux siècles sous domination vénitienne, suivie de la domination Ottomane, Durrës a un destin particulier sur la route Trans-balkanique qui relie Rome et Byzance. Point de rassemblement des croisés pour le départ vers l’Orient, point de contact entre les Orthodoxes et les Catholiques, point de passage obligé des flux est-ouest de marchandises… Marin Haxhimihali, historien, archéologue et ancien Directeur du site d’Apollonia, résume : « Sur les quelques kilomètres de bord de mer, on a donc 25 siècles d’histoire, et toutes les strates archéologiques du 6 ème siècle avant J-C jusqu’au 19 ème siècle. »

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Un atelier métropolitain pour penser la métropole Tirana-Durrës

Du 9 au 14 décembre 2018, l’AVITEM a organisé et animé, en partenariat avec l’AFD, la GIZ et le CMI, le troisième séminaire du cycle 2019 d’études urbaines et territoriales dans la métropole Tirana-Durrës. Ce séminaire à destination des cadres publics et privés de l’aménagement issus du pourtour méditerranéen a pris la forme d’une semaine d’immersion rythmée par des conférences, visites de terrains, ateliers participatifs, table ronde publique et partage d’expertise avec les acteurs du territoire. Cet article restitue les quelques éléments d’analyse construits par les participants de l’atelier métropolitain durant leur séjour dans la capitale albanaise. L’Albanie renoue avec son rôle historique de connecteur international

Source : Marin Haxhimihali, « Regard historique sur Durrës et Tirana des origines à nos jours »

L’Albanie et tout particulièrement le territoire Tirana-Durrës occupe un positionnement historique stratégique de connexion entre Balkans et Méditerranée, entre Orient et Occident. Dans le temps long, l’Albanie via la ville-port de Durrës s’affirme comme un espace de liens historique, économique, humain, culturel et religieux entre Occident et Orient. Tour à tour Grecque, Romaine et Ottomane, avec un passage de deux siècles sous domination vénitienne, suivie de la domination Ottomane, Durrës a un destin particulier sur la route Trans-balkanique qui relie Rome et Byzance. Point de rassemblement des croisés pour le départ vers l’Orient, point de contact entre les Orthodoxes et les Catholiques, point de passage obligé des flux est-ouest de marchandises… Marin Haxhimihali, historien, archéologue et ancien Directeur du site d’Apollonia, résume : « Sur les quelques kilomètres de bord de mer, on a donc 25 siècles d’histoire, et toutes les strates archéologiques du 6ème siècle avant J-C jusqu’au 19ème siècle. »

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Source : Armand Vokshi, « Tirana : metmorphosis of the regimes historical center »

Par ailleurs, l’Albanie n’est pas un Etat à part. Il fait partie de l’ensemble des Balkans Occidentaux, situés entre monts Balkans de Bulgarie et Méditerranée. L’Albanie est la façade méditerranéenne de beaucoup de ces États enclavés, et à ce titre attractive pour une grande partie d’entre eux à l’instar du Kosovo ou de la Macédoine. Elle présente une façade au climat, aux paysages, aux cultures, à l’art de vivre méditerranéens. Au cours du 20ème siècle marqué par les périodes du fascisme, du nazisme et d’un communisme très violent sous la dictature d’Enver Hoxha, le pays s’isole des flux et influences internationales. Tirana devient alors la capitale, et sera très marquée par ces différents régimes qui isolent peu à peu l’Albanie du reste du monde. Aujourd’hui trop méconnue et quelques fois sous-estimée, l’Albanie souhaite jouer une carte contemporaine qui fédère politiques et population : celle de l’intégration européenne, celle d’une réalité apaisée entre les religions – musulmans de la secte des Bektachi, branche libérale de l’Islam, catholiques et orthodoxes – , celle d’une cohésion sociale et d’un développement durable – elle est signataire de la convention de Barcelone qui porte sur la protection et le développement durable de la Méditerranée et organisatrice de la 20ème conférence pour la protection des milieux marins – tout en profitant d’un potentiel d’ouverture à 360° est-ouest et nord-sud. A ce titre, le port de Durrës, premier port d’Albanie qui correspond à 85% du commerce maritime du pays, s’impose aujourd’hui comme un moteur de l’internationalisation du pays. Le port développe des partenariats commerciaux en Albanie, dans les Balkans et partout dans le monde grâce à un réseau routier et ferroviaire qui ne demande qu’à être renforcé : « La capacité du port s’élève à 5 millions de tonnes par an. Les investissements à l’intérieur du port doivent aller de pair avec des investissements à l’extérieur. Pour l’instant, nous l’avons qu’une liaison ferroviaire avec le Monténégro. Ces infrastructures de transport doivent être renforcées pour servir le marché jusqu’en Bulgarie : c’est notre ambition » résume Arben Xhemali, Responsable du département de la promotion et de la formation de l’Autorité Portuaire de Durrës.

Le port de Durrës, premier port d’Albanie, moteur de l’internationalisation du pays

Tirana : A Meeting-Point between East and West

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La question territoriale, notamment celle du territoire de la capitale Tirana-Durrës, constitue un enjeu important de ce repositionnement national, pour au moins trois raisons :

- La capacité d’entrainer à partir de la métropole capitale, le développement de tout le pays, notamment dans un contexte d’érosion démographique et d’émigration des populations et d’orienter la croissance vers des économies durables. « Tirana, c’est le plan B des Albanais après le départ à l’étranger ! » indique son Maire, Erion Veliaj.

- La perspective d’une démocratie participative, intégrant les populations et notamment les jeunes dans les choix de la cité en affichant une exemplarité en termes de respect du Droit et des droits.

- Une connexion à l’international grâce aux liens physiques et virtuels qui se créeront à partir de Tirana-Durrës, préfigurant la coopération européenne.

Tirana, un héritage urbain d’intérêt en mutation rapide Tirana devient capitale de l’Albanie très tardivement en 1920 en raison de sa position plus neutre, plus facile à défendre car non positionnée sur le front de mer. Elle ne connait son essor qu’à partir des années 1930. Différentes étapes caractérisent la construction du modèle urbain de Tirana. Pour Armand Vokshi, Président de l’Ordre des Architectes d’Albanie : « L’Albanie par sa position géographique a toujours été la frontière des Empires, des religions, des idéologies. Cela a déterminé le fait urbain de la capitale. La place Skanderbeg est point de rencontre de ces idéologies. » D’abord, la période ottomane, aujourd’hui essentiellement disparue : le bazar, modèle organique avec les ruelles. Puis, la période monarchique des années 1920, durant laquelle une succession de trois plans régulateurs signés par des architectes italiens fonde le développement urbain à partir d’éléments structurants comme l’axe du boulevard « Dëshmorët e Kombit » ponctué de places centrales – dont la fameuse place Skandenberg – ainsi que des rocades de circulation et les premiers développements de périphéries. Ensuite, les périodes totalitaires fasciste et communiste caractérisées par un certain nombre d’extensions de logements, de parcs, de lacs complètent le dispositif. Enfin la période démocratique avec deux étapes, une période sans plan d’urbanisme caractérisée par le développement rapide d’un urbanisme informel et une période avec un système de planification du territoire à partir de 2014. L’héritage urbain de Tirana offre aujourd’hui une certaine qualité, même si l’on peut déplorer la perte d’un patrimoine Ottoman. Une ville dessinée grâce à la puissance de l’espace public et en même temps une ville diverse par ses influences et par la coexistence d’une ville planifiée – habitat industrialisé et néanmoins identitaire de la période communiste – et d’une ville informelle qui s’est développée à la suite de la chute du régime communiste.

Source : Armand Vokshi, « Tirana : metmorphosis of the regimes historical center »

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Il n’en est pas de même de l’hinterland de Tirana et notamment du couloir Tirana-Durrës. Une urbanisation diffuse s’est développée à partir de Tirana et « une métropole de fait » entre Durrës et Tirana s’est construite. Il suffit pour s’en convaincre de découvrir le continuum urbain entre les deux villes. L’urbanisation s’est rapidement accélérée, notamment après la chute du régime communisme et la libéralisation de la construction : sous le régime communiste, les familles étaient assignées à résidence, sans droit de construction. Elle se produit au coup par coup avec une très faible qualité architecturale et urbaine, remettant en cause les paysages et la capacité de production agricole.

Constructions informelles à Tirana

Urbanisation des terres agricoles dans la métropole Tirana-Durrës

Aujourd’hui, les autorités de Tirana-Durrës doivent répondre à au moins trois questionnements majeurs :

- En urgence, l’accueil de nouvelles populations - 30 000 personnes viennent s’installer chaque année - qui suppose un confortement des pôles urbains

- Le changement de dimension de la ville à la grande échelle territoriale, qui appelle une vision et un projet métropolitain

- Une mise en relation internationale, notamment à partir du Port de Durrës, qui passe par des actions infrastructurelles mais également par le soft

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La volonté politique de la Municipalité ne manque pas de souffle, s’inscrivant résolument dans une perspective contemporaine d’un développement durable connectant les problématiques urbaines, économiques, environnementales et sociales.

Musée National d’Histoire et mobilier urbain sur la place Skanderbeg

Tirana, une ville au vert L’approche environnementale est pour la Municipalité de Tirana un enjeu de premier ordre. A l’heure où l’urbain se diffuse, la Municipalité recherche un système de limitation de la ville et un nouveau paysage, identitaire d’un rapport ville-nature renouvelé.

C’est ainsi qu’est proposée une forêt orbitale de 250 hectares à l’horizon d’une quinzaine d’années. Plantée de quelques deux millions d’arbres, la forêt orbitale est un instrument de structuration et d’aménagement territorial de la ville, puisqu’elle délimite l’urbain dense et crée un écotone, espace d’hybridation entre urbain, agriculture et nature. Son mode de réalisation en fait également un projet mobilisateur, puisqu’une partie de ses arbres est plantée par les familles, les enfants, les investisseurs.

« Si tout le monde s’engage, si un enfant pour son anniversaire ou en mémoire d’un grand-parent plante un arbre, le projet peut fonctionner. Je vais rencontrer l’Ambassadeur du Vatican qui va planter un arbre de façon symbolique. Nous pouvons donc tous faire des miracles que même des pays bien développés ne peuvent pas réaliser » commente Erion Veliaj, Maire de Tirana.

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Plus qu’un objet, cette forêt orbitale est le point d’ancrage d’un système complexe écoenvironnemental fait d’un réseau de parcs et de lacs, d’un maillage de mobilités douces, d’une trame verte et bleue, d’un archipel de pôles urbains secondaires pour contenir l’urbanisation, d’un corridor énergétique et d’une stratégie d’agriculture métropolitaine jusqu’à des équipements comme les écoles ouvertes sur ce système de nature. Pour Fatmir Guri, Professeur à l’Université Agricole de Tirana, « la métropole ne répond pas uniquement aux fonctions résidentielles mais aussi aux fonctions productives et agricoles. L’agriculture péri-urbaine représente par exemple un complément de revenu aux ménages récemment arrivés sur le territoire dans un cadre où le marché du travail de Tirana est très compétitif ». Ainsi la logique de protection et de gestion des grands sites naturels est complétée par un système de solidarité réciproque entre une nature productive de biens et de services pour les urbains et des urbains gestionnaires respectueux de ce bien commun. Dans une perspective d’aménagement du territoire, le Gouvernement albanais soucieux de la redynamisation de l’espace rural engage un projet territorial autour de 100 villages désignés pour être réhabilités et développés selon une complémentarité économico-touristique.

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Les bords de la rivière Lana dans le centre-ville de Tirana

Tirana, un renouvellement urbain à partir d’un équilibre entre grands projets et micro-projets systèmes Lors de la période communiste 1945-1991, l’aménagement se réalise sous l’impulsion de projets publics étatiques à grande échelle dans les domaines de l’industrie, de l’agriculture et de l’infrastructure, tels que diverses usines, lignes de chemin de fer, logements pour la classe ouvrière, bunkers à des fins de défense, lacs artificiels pour l’irrigation ainsi que des collines en terrasses. Nombre de ces projets sont aujourd’hui délaissés, en friches ou fortement dégradés. En outre, l’urbanisation diffuse de la période post-communiste produite de façon illégale donne à voir des territoires entiers déstructurés, en partie construits, en partie agricoles, souvent à l’état de non-gestion. Dès lors la question du renouvellement urbain s’impose comme un autre axe prioritaire de la municipalité de Tirana. Arba Baxhaku, Architecte à la Mairie de Tirana, souligne que dès les années 1990, l’ancien Maire Edi Rama a entrepris de parer de couleurs les immeubles grisonnants issus du régime communiste : « le sujet de l’adaptation des bâtiments communistes de Tirana aux usages contemporains touche la question identitaire de la ville. Le Maire de l’époque y a travaillé un peu comme sur une toile, ce qui a permis à l’Albanie d’être représentée à la biennale de Venise ». Cette politique visant exclusivement les façades des bâtiments qui avait participé à la notoriété de la ville est aujourd’hui complétée par un travail plus en profondeur sur le tissu urbain et les infrastructures.

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De grands projets de restructuration urbaine sont engagés, à l’instar du projet urbain du Boulevard Nord qui a fait l’objet d’un concours international. Initié à partir d’un plan-guide, la Municipalité réalise l’ensemble des espaces publics de grande qualité. Un boulevard urbain structure l’axe du centre-ville à la rivière et au lac, dimensionné pour un multi usages-transports individuels et collectifs, mobilités douces et espaces de détente, notamment une séquence de places, un parc de 12 hectares et les bords de la rivière et du lac. La qualité de la réalisation atteste des savoir-faire municipaux et d’une méthode récurrente d’adaptation du projet aux usages sociaux, l’espace public étant mis en service avant la réalisation du projet urbain, comme une phase de test.

Source : Devis Agaraj, « Tirana Northern Boulevard Central Park and River Project »

Les participants du séminaire découvrent le projet du Boulevard Nord

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En complément, un projet-système de récupération de micro-espaces publics dans la ville informelle permet d’initier des mutations plus complexes avec réhabilitation de logements, création d’espaces d’activités ou d’équipements publics, dont la création de 17 nouvelles écoles ou de 32 parcs de sports. Chaque espace est une pièce unique à partir de la récupération de lieux délaissés et fait l’objet d’un travail de propositions qui mobilisent des équipes pluridisciplinaires de la Municipalité et les habitants du quartier. Pour Gjergj Dushniku, Responsable des micro-projets à la Municipalité de Tirana, « le but est de créer la même qualité d’espace public que la place Skanderbeg dans toute la ville ». L’ambition est de produire à ces petites échelles une qualité formelle et d’usages, notamment de mobilité douce l’ensemble des espaces étant reliés par des pistes cyclables.

Source : Gjergj Dushniku, « Micro-public spaces »

Tirana-Durrës, de la Métropole de fait à la Métropole de projet L’Albanie a été caractérisée ces 25 dernières années par des flux migratoires très importants à l’extérieur du pays - en 20 ans, le pays a perdu 1,15 millions d’habitants mais également à l’intérieur du pays. Le résultat est une concentration de populations et des richesses sur quelques pôles, en premier lieu Tirana-Durrës. La région de Tirana-Durrës, quelquefois nommée « Durana », constitue le centre du développement économique et social du pays, un moteur qui génère les activités économiques, les infrastructures de service, l’éducation, la technologie.

Erion Veliaj, Maire de Tirana, présente sa vision du développement de la métropole capitale

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L’enjeu d’un projet métropolitain est de premier ordre. Les dernières réformes institutionnelles ont conduit à un mouvement de fusion des communes au profit de territoires plus grands, sans division entre communes rurales et urbaines : le pays compte aujourd’hui 61 municipalités contre 373 auparavant. La ville de Tirana rassemble donc désormais environ 1 million d’habitants et la métropole Tirana-Durrës environ 2 millions d’habitants. Pour Anila Gkija, Chercheuse à l’Institut Co-PLAN de l’Université Polis, « désormais la question de la capacité des municipalités à répondre aux besoins des citoyens se pose. Lors du changement de gouvernement en 2014, la décentralisation a été renforcée par un cadre légal augmentant les moyens de financement des communes avec des budgets locaux ou l’impôt sur le patrimoine. » L’État propose une planification par secteur métropolitain – en témoigne le plan stratégique « Tirana-Durrës 2030 » développé par l’Agence Nationale de Planification du Territoire - sans toutefois avoir complètement les moyens de sa mise en œuvre. La question du projet métropolitain reste donc entière aussi bien en termes de vision, de système stratégique d’actions que de gouvernance et d’ingénierie. Les sujets de coopération et d’optimisation sont nombreux : connexion internationale et nationale avec les autres pôles de développement, éco-aménagement, écodéveloppement notamment à partir du port, écosystème environnemental. La prochaine étape de la modernisation de l’Albanie passera certainement par ce processus métropolitain ! Souhaitons qu’une des premières étapes soit la sélection de « Durana » comme capitale européenne de la culture.

Source : Deni Klosi, « Cross-sectorial Integrated Plan for the economic area Tiranë – Durrës : a general overview »

M I N I S T R I A E I N F R A S T R U K T U RËS D H E E N E R G J I SË

AGJENCI A K OM BËTARE E PL ANI FI K I M I T T Ë T ERRI T ORI T

THE METROPOLITAN REGION OF TIRANA-DURRES,

LEVEL;

AN IMPORTANT ,

THAT MANAGES TO BECOME

;

AN ECONOMY BASED ON INNOVATIVE INVESTMENTS,

PROMOTING CREATIVE BUSINESSES THAT ENCOURAGE A HIGH

LEVEL OF .

A REGION WITH A HIGH QUALITY OF LIFE THAT RESPECTS

AND PROMOTES ; THAT VALUES AND

;

THAT ENSURES ACCESS TO FOR THE

DEVELOPMENT OF .

AN ECONOMIC SETTING OF HIGH PROSPERITY AND

ORIENTED TOWARD ;

WITH EFFICIENCY IN AT REGIONAL,

NATIONAL AND INTERNATIONAL LEVEL; BASED ON

; ADEQUATE FOR THE

NEEDS AND DEMANDS OF THE .

Vision and Strategic ObjectivesVisionRegional Territorial Development

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Sortir d’une Histoire lourde et chargée de drames, l’Albanie d’aujourd’hui chercher à retrouver la communauté internationale, à assumer toutes ses responsabilités dans son environnement régional, à rejoindre les rives de l’UE et à répondre aux aspirations de sa population au risque de voir celle-ci s’évaporer sur les chemins de l’émigration. Dans ce contexte, la construction du territoire métropolitain Tirana-Durrës prend toute sa valeur et apparait comme un enjeu majeur qui va bien au-delà du simple aménagement urbain. Pour autant, la réussite de celui-ci-ci conditionne au partie tout le reste : maintien et accueil de la population, territoire moteur de développement économique du pays, réponse au principal foyer de déséquilibre environnementaux, rôle géoéconomiques pivot dans les espaces adriatiques et balkaniques, dans la ligne des 25 Siècles d’histoire durant lesquels s’est forgée, au fil des épreuves, ce qui est aujourd’hui l’Albanie.

Marie Baduel