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GRAND-DUCHE DE LUXEMBOURG MINISTÈRE D'ÉTAT SERVICE INFORMATION ET PRESSE ULLETIN DE DOCUMENTATION 19 e Année 18 AVRIL 1963 6 Le Millénaire de la Ville et du Pays de Luxembourg Inauguration des cérémonies et festivités Les fêtes du Millénaire de la Ville et du Pays de Luxembourg débutèrent par trois manifestations pu- bliques auxquelles la participation des plus hautes autorités du pays conféra le caractère de solennité que comportait dans l'esprit de tous les Luxembour- geois le 1000 e anniversaire de naissance de Luxem- bourg. Le 13 avril eut lieu une Séance Académique à l'Hôtel de Ville en présence de Leurs Altesses Royales Madame la Grande-Duchesse et Monseigneur le Prince de Luxembourg. Le 14 avril, dimanche de Pâques, fut célébrée une messe pontificale à la Cathé- drale, et le 15 avril la « Journée des Bourgmestres » réunit dans la Capitale tous les bourgmestres du pays. Déjà les quelques jours qui précédaient le 13 avril, 1 importance que l'événement revêt dans la con- science de la population s'exprimait dans les décors des rues de la Capitale, le pavoisement des bâtiments publics et des maisons ainsi que dans les éditions spéciales que les journaux faisaient paraître. Ceux- ci en effet publièrent d'importantes pages dans les- quelles étaient évoquées les péripéties et vicissitudes des dix siècles de vie de la Ville et du Pays et dans lesquelles était défini le rôle joué par le Luxembourg dans l'histoire. Dans des messages parus dans un quotidien luxem- bourgeois M. Pierre Werner, Ministre d'Etat, Prési- dent du Gouvernement, M. Pierre Grégoire, Ministre de l'Intérieur, et le Collège des Bourgmestres et Echevins de la Ville de Luxembourg, soulignèrent l'importance du millénaire. Nous reproduisons ci- après ces trois messages : MESSAGE L'origine de la ville et, à travers elle, du pays de Luxembourg ne se situe pas dans la brume de la légende ou du mythe. L'événement surgit dans la pleine clarté de l'Histoire. Il se situe à des points

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  • GRAND-DUCHE DE LUXEMBOURG

    M I N I S T È R E D'ÉTAT

    SERVICE INFORMATION ET PRESSE

    ULLETINDE DOCUMENTATION

    19e Année 18 AVRIL 1963 N» 6

    Le Millénaire de la Ville et du Paysde Luxembourg

    Inauguration des cérémonies et festivités

    Les fêtes du Millénaire de la Ville et du Pays deLuxembourg débutèrent par trois manifestations pu-bliques auxquelles la participation des plus hautesautorités du pays conféra le caractère de solennitéque comportait dans l'esprit de tous les Luxembour-geois le 1000e anniversaire de naissance de Luxem-bourg.

    Le 13 avril eut lieu une Séance Académique àl'Hôtel de Ville en présence de Leurs AltessesRoyales Madame la Grande-Duchesse et Monseigneurle Prince de Luxembourg. Le 14 avril, dimanche dePâques, fut célébrée une messe pontificale à la Cathé-drale, et le 15 avril la « Journée des Bourgmestres »réunit dans la Capitale tous les bourgmestres dupays.

    Déjà les quelques jours qui précédaient le 13 avril,1 importance que l'événement revêt dans la con-science de la population s'exprimait dans les décorsdes rues de la Capitale, le pavoisement des bâtimentspublics et des maisons ainsi que dans les éditions

    spéciales que les journaux faisaient paraître. Ceux-ci en effet publièrent d'importantes pages dans les-quelles étaient évoquées les péripéties et vicissitudesdes dix siècles de vie de la Ville et du Pays et danslesquelles était défini le rôle joué par le Luxembourgdans l'histoire.

    Dans des messages parus dans un quotidien luxem-bourgeois M. Pierre Werner, Ministre d'Etat, Prési-dent du Gouvernement, M. Pierre Grégoire, Ministrede l'Intérieur, et le Collège des Bourgmestres etEchevins de la Ville de Luxembourg, soulignèrentl'importance du millénaire. Nous reproduisons ci-après ces trois messages :

    M E S S A G E

    L'origine de la ville et, à travers elle, du pays deLuxembourg ne se situe pas dans la brume de lalégende ou du mythe. L'événement surgit dans lapleine clarté de l'Histoire. Il se situe à des points

  • précis du temps et de l'espace. Nous connaissonspar écrit authentique les noms des personnages his-toriques qui ont participé à la transaction immo-bilière touchant le lieu dit « Lucilinburhuc ». Nousle localisons à un point topographique avec une margeminimale d'erreur.

    Dans la sobriété d'un acte juridique commencentl'épopée de la Maison de Luxembourg ainsi quel'histoire de notre ville et de notre peuple.

    En nous saisissant de la Charte de 963, nous nousaccrochons donc à une base ferme, à un point précis,qui doit être relevé et mis en lumière, du haut du-quel nous contemplerons le sort millénaire de notrepopulation.

    C'est à juste titre que nous fêtons le Millénairede la Ville de Luxembourg dans l'allégresse et lafierté nationales. Nous remontons aux origines pournous éclairer sur les raisons d'être de notre petitenation et pour puiser dans son histoire des raisonsd'espérer.

    L'année 1963 doit nous fournir l'occasion d'explo-rer le pays dans sa dimension historique. Certes,l'Histoire dégrise souvent de certaines illusions, maiselle est aussi mère consolante et enseignante. LeLuxembourgeois moyen ne se rend qu'imparfaite-ment compte de la richesse de son passé historique.Le jubilé de cette année nous permet un déploiementde souvenirs et d'évocations qui contribueront à laprise de conscience de la personnalité et du rôle duLuxembourg.

    Puisse cette année jubilaire se célébrer dans lapaix et la concorde, pour qu'elle marque à son tourune étape de notre devenir national que les géné-rations aimeront à évoquer avec fierté et à citer enexemple.

    PIERRE WERNERMinistre d'Etat. Président du Gouvernement

    •¥•

    tant toujours de la réalité — ils travaillent sansrelâche à réaliser dans leur communauté, qu'elle soitmunicipale ou nationale, cette attitude collective spi-rituelle et morale, historiquement fondée, grâce àlaquelle la réalité de tous les jours, celle qui se faitsentir dans tous les domaines, est dominée et façon-née à l'image du peuple, dont les individus se dé-clarent être les particules inaliénables et particulière-ment satisfaites, parce que développées au maximumdans leur essence intérieure comme dans leur subs-tance matérielle.

    Ces individus finiront par comprendre que leursomme ne fait pas le peuple, mais qu'au-delà de leurappartenance au corps vivant de la nation, ils sontliés à d'autres mondes qui les obligent à toujoursagir en mandataires du passé et de l'avenir.

    Les Luxembourgeois, les habitants de la capitalemillénaire ayant acquis la certitude d'avoir remplice devoir, ils ont droit, mille fois à la manifestationde leur fierté devant le monde que, pendant quel-ques mois, ils ont le souci de ramener aux sourcesyives de leurs valeurs civiles et spirituelles, où l'onpeut apprendre ou réapprendre les belles leçons d'unpassé non renié, capable de garantir un avenir pros-père et heureux.

    PIERRE GRÉGOIREMinistre de l'Intérieur• • ' . ' • ' • • j i

    *

    M I L L E ANS

    MANDATAIRES DU PASSÉ ET DE L'AVENIR

    A droit à un bel avenir tout peuple qui, fier deson passé, ne s'en cache pas.

    La grandeur nationale étant le résultat visibled'efforts continus, faits par les générations mon-tantes, aux forces morales aussi fortes qu'inépuisa-bles, léguées par les disparus à ceux qui ont con-science des valeurs de la tradition, les vivants necessent de se rappeler les mobiles de leurs ancêtreset de continuer leur marche ascendante vers la sta-bilité et l'unité sociales dans la direction que sem-blent leur imposer les morts.

    Les nouvelles initiatives, stimulant les zélateursdu progrès, ont leur terrain le plus fécond dansl'histoire même, dont les chefs de file ont pris con-science, intimement, à un point tel qu'ils ne peuventque pratiquer une politique positive : celle qui apour base, non pas une pure doctrine, mais l'histoireou la tradition. Sachant que la bonne politique, laseule qui puisse servir le bien-être de tous, dépasselargement l'aire d'une doctrine — la doctrine s'écar-

    Mille Ans ! Ce n'est rien en face de l'éternité,c'est peu par rapport aux lointaines civilisations quiont précédé et inspiré la nôtre.

    Pourtant quel gage de constance !Si on faisait en effet le point de tout ce qui a

    résisté durant dix siècles aux vicissitudes de l'histoireet à l'évolution du monde, on serait étonné de lapauvreté du bilan.

    C'est donc avec d'autant plus de fierté que Luxem-bourg, en cette année jubilaire, peut dresser le sien.

    Durement forgée par l'adversité et les épreuves,la ville, dont le fier passé se reflète dans sa silhouettemajestueuse, au cours de son histoire millénaire, aconnu grandeur et déclin, gloires et humiliations.Solide comme le roc sur lequel elle a été bâtie, ellea toujours su résister aux coups du sort et se trouveaujourd'hui, après de prodigieux essors, vivante,alerte, pleine de rayonnant attrait.

    Jadis, point de cristallisation des courants d'idéesoccidentales qui ont pris une part prépondérante àla formation de l'Europe, c'est de nos jours qu'elleporte sa contribution au renforcement de notre tra-dition européenne commune.

    Des sentiments d'intime satisfaction et d'allégresseremplissent donc en cette année les cœurs de tousles habitants de Luxembourg, et notre appel à lapopulation pour fêter tous ensemble le Millénaire,véritable fête de famille, ne manquera pas de trou-ver l'écho le plus favorable.

  • Nos nombreux clubs et sociétés, quelles que soientleurs activités, ont tenu, nous le constatons avec plai-sir, à s'associer aux manifestations du Millénaire,afin de donner à l'année 1963 un maximum d'éclat.Qu'ils en reçoivent nos vifs remerciements.

    A tous nos amis de l'étranger va la plus cordialeinvitation de nous rendre visite en cette année jubi-laire.

    La ville et la population de Luxembourg leurferont l'accueil le plus cordial et le plus hospitalier;elles leur feront sentir l'atmosphère toute spéciale detradition et de progrès qui ne manquera pas — nous

    en sommes persuadés — de leur laisser un souvenirindélébile.

    Janvier 1963.

    Le collège des bourgmestre et échevins :Emile Hamilius, bourgmestre,Marcel FischbachGeorges ReuterGeorges MarguePaul BohrLéon BollendorffGaston Thom, échevins.

    La Séance académique à l'Hôtel de Ville

    Le 13 avril à 11 heures la cérémonie solennellequi eut lieu dans la grande salle, richement décorée,de l'Hôtel de Ville, marqua le début des festivitésdu millénaire de la capitale. Parmi les personnalitésqui assistèrent à cette séance solennelle on remar-quait les membres du Corps diplomatique résidantà Luxembourg, les représentants des Institutions Eu-ropéennes établies à Luxembourg, le Président de laChambre des Députés, le Président, le Vice-Présidentet plusieurs membres du Gouvernement, Monsei-gneur l'Evêque de Luxembourg et les membres duclergé, le Président du Conseil d'Etat, le Bourg-mestre de la Ville de Luxembourg, les membres duCollège échevinal et du Conseil communal, ainsique toutes les autorités civiles et militaires luxem-bourgeoises.

    Leurs Altesses Royales Madame la Grande-Du-chesse et Monseigneur le Prince de Luxembourgfurent salués à Leur arrivée devant l'Hôtel de Villepar le Bourgmestre Emile Hamilius et les EchevinsMarcel Fischbach, Georges Reuter, Georges Margue,Paul Bohr, Léon Bollendorff et Gaston Thorn. Lafoule qui s'était rassemblée devant l'Hôtel de Ville,acclamait chaleureusement Leurs Altesses Royalesqui furent ensuite conduites à la salle des fêtes auxsons de l'hymne de la Maison grand-ducale.

    La cérémonie était encadrée d'un programme musi-cal exécuté par l'ensemble à cordes du Conserva-toire de musique de la Ville de Luxembourg, placésous la direction de Jules Kruger.

    M. Emile Hamilius, Bourgmestre de la Ville deLuxembourg, ouvrit la séance en s'adressant en cestermes à Leurs Altesses Royales et aux invités d'hon-neur.

    « Altesses Royales,Excellences,Mesdames, Messieurs,

    II y a des fêtes qui s'imposent d'emblée à l'atten-tion universelle, et qui sont des points de repère denos propres existences, de nos droits fondamentaux,de nos libertés communales.

    Telles sont les fêtes du Millénaire de la fondationde notre bonne Ville de Luxembourg.

    La présente cérémonie inaugurale, placée sous lesigne d'une communauté dix fois séculaire, est mar-quée de l'empreinte de la plus haute élévation.

    Par leur auguste Présence Leurs Altesses Royalesdonnent à cette séance solennelle tout l'éclat que laville entière souhaite lui conférer, et marquent enmême temps, l'importance vraiment nationale decette manifestation commemorative.

    C'est pour moi un insigne honneur de me fairel'interprète du Conseil Communal et de la Munici-palité pour exprimer à Leurs Altesses Royales lesplus respectueux remercîments et leur confirmer, encette occasion, l'indéfectible attachement de toute lapopulation.

    Je me dois également d'exprimer nos sentimentsde profonde gratitude envers MM. les Président etMembres du Gouvernement auprès desquels nousavons toujours trouvé une parfaite compréhensionet l'appui le plus entier.

    Je salue très chaleureusement MM. les Présidents,les membres des exécutifs et les représentants -desorganisations européennes établis en notre ville etles chefs des missions diplomatiques, dont la présenceconstitue une marque de haute estime à notre égardet donne d'autant plus de relief à cette cérémonie.

    De même je suis heureux de saluer M. le Prési-dent de la Chambre des Députés et M. le Présidentdu Conseil d'Etat.

    Je souhaite également une bien cordiale bien-venue aux hauts dignitaires ecclésiastiques et civilsici présents.

    Me faisant l'interprète des membres dû ConseilCommunal, et de tous mes concitoyens, j'exprimemes sentiments de gratitude envers tous ceux quiont tenu, par leur présence, à témoigner ici leursympathie à notre capitale millénaire, non pas enhommage protocolaire et conventionnel, mais enexprimant en toute franchise simplement, et dansun sentiment patriotique, ce que dans leur cœur, ilsressentent profondément et sincèrement envers leurcapitale.

    La joie de ce jour exceptionnel et unique nousrappelle un passé prestigieux. C'est en effet une bienfière et glorieuse histoire que celle de notre commu-nauté de Luxembourg, qui est à l'origine de la for-mation du pays et qui constitue un point de cristal-lisation de l'idée occidentale.

  • Malgré les dures épreuves subies et le fardeaudes ans, Luxembourg continue à participer de toutesa vitalité à l'épanouissement de valeurs ethniqueset spirituelles dans le monde, et peut se prévaloirde l'incontestable mérite d'avoir réussi à constituerla première cellule du régime de coopération et desolidarité qui doit. rendre à l'Europe sa force et saprospérité. . . :

    Aussi, — ancienne et fière- noblesse oblige ! —est-ce avec enthousiasme et courage que la ville deLuxembourg et sa population sont prêtes à continuerleur mission' et à contribuer non seulement à lacréation d'une Europe unie, mais à forger un mondemeilleur, plus stable et plus humain.

    Unis par des liens de respect, de mutuelle con-fiance et d'affection inébranlable à notre VénéréeMaison Souveraine, symbole et garant de nos libertéset .de notirè développement harmonieux, c'est sousson Egide que nous marcherons ensemble vers unavenir heureux et prospère, vers notre Bi-Millénaire.»

    Après l'allocution du Bourgmestre, M. NicolasMargue, ancien Ministre, Président de la Commis-sion de : coordination instituée par la Municipalitépour l'organisation des Fêtes du Millénaire, prit laparole. Voici le texte de son discours :

    « Millénaire ! C'est le mot magique qui donne soncaractère à l'année que nous vivons, le mot quis'offrira à nos regards, qui résonnera à nos oreillespendant lés mois à venir. Que contient-il pour nous?Que doit-il nous rappeler, nous révéler, nous en-seigner ?

    Nul besoin pour nous d'exagérer l'importance denotre Millénaire. Nous savons que le monde n'a pascommencé en 963 et que, malgré tout, Luxembourgn'est pas le centre du monde. Nous savons que lacivilisation n'a pas pris son origine dans nos contréesavec la fondation de notre Ville. D'autres cités autourde nous sont plus anciennes. Arlon et Metz ont pourle moins deux mille ans, Trêves prétend en avoirquatre mille: nous. sommes venus parmi les der-niers. : .

    Mais ce n'est pas là une raison pour minimiser laportée des événements que nous allons commémoreret des conséquences qui en ont résulté. Célébronsdignement, gravement, joyeusement les fêtes denotre Millénaire. En revoyant notre passé, en analy-sant le présent, en esquissant peut-être quelquesmodestes projets d'avenir, nous prenons consciencede notre destinée, nous trouvons un contenu valableà notre existence nationale. C'est l'instant plein desatisfaction intime qui vaut la peine d'être vécu.C'est de nos origines, de notre entrée dans l'histoirequ'il s'agit. Puisque le Luxembourg existe et veutcontinuer à exister, nous avons le droit et le devoird'affirmer solennellement cette volonté de vivre, enexaminant comment nous sommes devenus et ce quenous sommes, — un petit peuple indépendant, pai-sible, travailleur, conscient de son essence particu-lière au milieu de la grande communauté européenneet humaine dont nous sommes, qui nous entoure etnous protège, un peuple décidé à accepter tous lesdevoirs qui se dégagent pour nous de cette réalitébien comprise.

    Que s'est-il donc passé en 963 qui vaille la peined'être commémoré ?

    Le dimanche des Rameaux, le 12 ou le 17 ayrijde l'année plusieurs grands seigneurs des environsétaient réunis à Trêves autour de l'abbé de St.. Maxi-min. Ils étaient convoqués pour être témoins et ga-rants d'un échange de terrain, proposé à l'abbaye parun comte Sigefroid, d'une origine insuffisammentprécisée par les historiens, mais se rattachant d'uncôté à la famille des Carolingiens, rois de France,de l'autre à la famille' des ducs de Saxe, qui étaientalors la couronne du Saint Empire romain. Sigefroid,possédant des biens dans la région, sur la Moselle,dans les Ardennes, devenait, contre la cession decertaines terres à Feulen, propriétaire d'un promon-toire rocheux situé au confluent de l'Alzette et de laPétrusse, avec une certaine étendue de terrain adja-cent. Sur ce rocher facile à défendre, Sigefroid, selonla coutume de l'époque féodale, allait construire unchâteau fort pour donner à ses propriétés un centremilitaire et administratif. Voulait-il fonder une ville?L'emplacement était mal choisi. Avait-il consciencede devenir le fondateur d'une future célèbre dynastieluxembourgeoise ? Il ne pouvait y penser. Mais l'his-toire suit son cours, au gré des actes humains etsous l'influence des événements que les historienschercheront à expliquer plus tard. Quelles qu'aientété les intentions et les projets 'des principaux acteursdu moment, le dimanche des Rameaux 963 marquele début de notre histoire.

    Autour du château fort construit aussitôt parSigefroid, avec une église consacrée en 987 et unmarché compris sans doute dans la première en-ceinte, s'est développée avec le temps une forteresseplus étendue, une ville ensuite, qui est devenue lacapitale d'un comté féodale, puis duché de Luxem-bourg, lequel, après une histoire mouvementée etune éclipse passagère, a été restauré au Congrès deVienne, en 1815, dans la forme du Grand-Duchéactuel.

    Voilà les faits dans leur extrême simplification.Nous constatons donc pour commencer, qu'au

    mois d'avril 963 rien n'existait sur le terrain acquispar. Sigefroid, sauf un petit castel délabré qui neservait plus à grand'chose, mais qui a légué son nomde Lucilinburhuc au château, puis à la ville et, àl'Etat qui allaient se former.

    a) Une ville d'abord, qui progressait lentementdans le cadre étroit des fortifications qui l'enser-raient. Vers le milieu du onzième siècle, une secondeenceinte a dû englober les quelques paysans et jar-diniers demeurant dans la vallée ainsi que les arti-sans et commerçants établis sur la hauteur devantles premiers remparts. Son tracé paraît quelque peuindiqué par les Trois Tours de la montée de Pfaffen-thai, la rue du Fossé et la rue de Clairefontaineactuelles. Une troisième enceinte, qui suivait à peuprès la ligne du Boulevard Royal actuel, fut commen-cée vers 1340 par Jean l'Aveugle et achevé sous sesdeux successeurs : en faisaient partie les tours semi-circulaires du Rham. '

    Ëntrëtemps le statut juridique et administratif deîa localité'avait été entériné en 1244 par la charte

  • d'affranchissement de la grande comtesse Ermesindeet ce privilège ne devait pas manquer d'attirer d'au-tres habitants. Néanmoins la Ville elle-même restaitconfinée dans l'espace étriqué de la troisième en*ceinte^ sans, même, que le terrain y compris fût en-tièrement bâti. ,.r

    Mais, sur son pourtour, la forteresse à travers tantde siècles, souvent attaquée, plusieurs fois prise, futsaris cesse agrandie et renforcée, notamment parVauban, qui, de 1684-97, posa des ouvrages fortifiéssur les hauteurs: environnantes^ au-delà des deuxvallées de l'Alzette et de la Pétrusse, mais aussi parles Espagnols, les Autrichiens et finalement, au 19e

    siècle, par les Prussiens, qui y tenaient garnison.Enfin, après 1867 seulement, le traité de Londres,

    pour mettre fin à des convoitises et des compétitionsqui suscitaient un danger de guerre permanent, i;pro-clama la neutralité désarmée du Grand-Duché. Lesfortifications tombèrent et Luxembourg devint laville ouverte actuelle, avec ses magnifiques possibili-tés d'expansion, concrétisées une première fois, ily a quarante ans, par l'incorporation des quatrecommunes limitrophes, et projetées dans l'avenir parl'urbanisation entamée du plateau de Kirchberg, oùla construction d'une cité européenne doit faire dela capitale du Grand-Duché une des capitales del'Europe naissante ou renaissante. .,

    b) Autour du château fort primitif, Sigefroid etses successeurs de la première dynastie avaient réussi,par les moyens les plus divers, mariages, achats,conquêtes, à agrandir leurs domaines et à constituerun comté féodal qui, doté d'une administration ré-gulière par Ermesinde, dans la première moitié du13e siècle, atteindra sa plus grande étendue au 14e,sous Wenceslas Ier, qui contribua par de nouvellesinstitutions à l'organisation de l'Etat et par de sagesmesures au bien-être matériel de ses sujets et auquelson frère, l'empereur Charles IV, conféra en outrele titre de duc.

    Les acquisitions territoriales de tous ces temps sefaisaient indistinctement des deux côtés de la fron-tere linguistique. Déjà Sigefroid avait possédé desdomaines dans les Ardennes, en pays wallon, surla Moselle et ailleurs, en pays germanique. L'écoled'Altmünster, installée en 1083 par Conrad I01, avaitacquis renommée du fait que des Allemands y ve-naient pour apprendre le français et des Françaispour apprendre ce qu'on appelait alors le thiois.Administrativement s'étaient constitués ainsi deuxquartiers différenciés par leur langue officielle, lequartier wallon et le quartier germanique, qui appa-raissaient distinctement au 14e siècle, sous Jeanl'Aveugle et Wenceslas Ier, et restent ainsi jusqu'àla fin de l'Ancien Régime.

    c ) La dynastie des comtes de Luxembourg, descen-dants de Sigefroid, éteinte en ligne directe au 12e

    siècle, continua deux fois en ligne féminine, deve-nant Luxembourg-Namur, puis Lüxemhourg-Lim-bpurg avec les descendants d'Ermesindç. Ce sont lesreprésentants de cette troisième, lignée qui l'ame-nèrent à ses suprêmes destinées. C'est Henri VII,« l'alto "Arrigo » de Dante,-qui accéda au Saint Em-pire jromahv auquel il entreprit .de rendre son éclathistorique,, échouant .. malheureusement par • une

    mort prématurée dans cette, fameuse , expéditiond'Italie. C'est Jean l'Aveugle, devenu roi de Bo-hême, le dernier roi-chevalier du moyen âge, celuique ses contemporains dénommèrent le roi de lapaix, sans lequel personne ne pouvait rien faire etqui, détenant tous les records de vitesse et de durée,courait sa vie durant d'un champ, de.bataille à l'au-tre, pour trouver une mort aussi inutile que glo-rieuse à Crécy. C'est Charles IV, le premier empe-reur moderne, abandonnant les fastes et. les gloiresdu moyen âge, laissant l'Italie et Rome, pour orga-niser un empire germano-slave .avec. la. Bohêmecomme pays principal et comme capitale^ cette villede Prague qui. lui doit toute sa splendeur .̂. C'estSigismond, enfin,, le détenteur de la plus grandepuissance patrimoniale de l'époque; le. défenseur del'Europe contre les Turcs asiatiques, le restaurateurde l'unité de l'Eglise, mettant fin, par le Concile deConstance, au grand schisme d'Occident.

    Mais après un siècle et demi de ' puissance etde gloire, c'est l'évanouissenient, c'est la submersion.Sigismond est le dernier représentant mâle de ladynastie. Sa fille unique Elisabeth épousant AlbertII d'Autriche, les royaumes orientaux de Bohême etde Hongrie, en même temps que l'Empire, passentà, la maison de Habsbourg. Le petit Luxembourg,de plus en plus négligé déjà au milieu des soucisimpériaux, est entraîné dans les luttes territorialeset nationales sans fin de l'Europe occidentale. Letitre de duc de Luxembourg revient à des souverainsdu dehors. Tour à tour Bourguignons, Espagnols,Français, Autrichiens viennent occuper le pays avecsa forteresse : c'est la période dite des dominationsétrangères qui s'étend de 1443 à 1815.

    Deux traits caractéristiques sont à. relever ici :Le premier, c'est qu'à l'exception de la période au-trichienne au 18e siècle, sous Charles VI, Marie-Thérèse et Joseph II, tout ce temps n'est qu'unesuite à peine interrompue de complications politiqueset militaires, de guerres et d'invasions, de misèreset de souffrances, à tel point que nos ancêtres, élisantla Sainte Vierge comme patronne de la ville en1666 et du pays en 1677, n'ont pas cru pouvoirl'invoquer autrement que comme Notre Dame Conso-latrice des Affligés. C'est cette vénération qui estrestée notre dévotion nationale jusqu'à ces jours.

    La seconde observation à retenir, c'est que, malgrétous les avatars politiques, le duché de Luxembourg,pendant toute cette période, n'a pas perdu sonexistence autonome. 11 n'a jamais été, avant 1795,annexé à un Etat étranger; il a conservé ses institu-tions et ses lois, ses états et ses conseils, ses us etcoutumes, son language et sa religion, et ses repré-sentants ont pu, au début comme à la fin, fournirla preuve qu'ils se rendaient compte de leur statutparticulier. La dernière manifestation de cet espritd'indépendance a été le soulèvement des paysans,en 1798, connu sous le nom de „Kléppélkrich", pro-voqué précisément, par la première .annexion, cellequi a réparti le territoire luxembourgeois sur quatredépartements français, de 1795 à 1814'. .

    Mais l'effet de cette éclipse 'de'vingt ans surle sentiment national dés * Luxembourgeois' a: étéfuneste.' En 1814 ils résistaient bien à une .propa-

  • gaiide en faveur d'une annexion à la Prusse qui,dès lors, ne peut obtenir que la cession des cantonsde Bit bourg et de St. Vit h ainsi que le droit deplacer une garnison dans la forteresse de Luxem-bourg. Mais nos ancêtres auraient facilement con-senti à devenir Autrichiens, ils se résignèrent en1816, contrairement aux dispositions du Congres deVienne, à être assimilés aux Pays-Bas, et en 1830,la plupart se prononcèrent pour une incorporationà la Belgique. Ils auraient même pu être entraînésdans le nouvel Empire allemand, si celui-ci en 1848,avait pu se faire par l'action du Parlement dé Franc-fort. En 1866*67 encore le Luxembourg et sa for-teresse faillirent dévenir l'enjeu d'une guerre franco-prussienne : c'est le traité de Londres du 11 mai1867 qui écarta le danger en proclamant la neutra-lité du Luxembourg et le démantèlement de la for-teresse.

    Malgré le gouvernement propre et l'administrationautonome que, après le partage de 1839, lui avaitdonnés Guillaume II, le Grand-Duché fut rétenudans l'union personnelle avec la Hollande et c'esten 1890 seulement, à la mort de Guillaume III, quela différence dé la loi de succession permit auLuxembourg d'avoir une dynastie nationale bien àlui, ce qui contribua notablement à consolider laconscience nationale de nos compatriotes et à affer-mir la confiance de ceux qui croyaient en l'indépen-dance du Luxembourg.

    Il fallait pourtant les nouvelles crises exté-rieures et intérieures des deux guerres mondiales,de la deuxième surtout, pour que se manifestât glo-rieusement, dans le danger et la souffrance et parun magnifique élan de résistance et de sacrifice, lavolonté désormais inébranlable des Luxembourgeoisde vivre leur vie nationale dans la liberté et dans lapaix. Et si nous sommes prêts à nous intégrer dansune communauté européenne, c'est que nous y voyonsle moyen le plus sûr d'assurer notre existence natio-nale. Au sein de cette nouvelle Europe il nous serabien permis de distinguer entre un nationalismepérimé et un patriotisme raisonnable. Dans cetteEurope des patries, bien comprise et sagement réali-sée, pour notre second Millénaire nous resteronsfidèles à notre devise nationale, elle aussi bien com-prise :

    Mir vele blaive vaat mer sin ! »

    Cette séance solennelle du Conseil communal quimarqua l'Inauguration officielle de l'année du Millé-naire de la Ville et du Pays de Luxembourg fut clô-turée par le discours de Son Excellence M. PierreWerner, Ministre d'Etat, Président du Gouverne-ment, dont nous reproduisons le texte ci-après :

    « Altesses Royales,Excellences,Monsieur le Bourgmestre,Messieurs- les Echevins et .

    Conseillers municipaux,Mesdames, Messieurs,

    En attachant son nom à la Charte signée le Di-manche des Rameaux de l'an 963, le comte Sigefroi

    engendra trois ordres de développement, lança troisflèches d'évolution, que nous sommes appelés à re-mémorer en ce jour. Les trois se couvrent d'ailleursen partie et se conditionnent mutuellement. Le dé-veloppement urbain qui part du château fort pourpasser par le stade de la bourgade et devenir laville dé Luxembourg, ne se conçoit pas sans la crois-sance en influence et en puissance de la lignée dela Maison de Luxembourg. Les deux développements,urbain et dynastique, ont déterminé le destin del'entité politique qui, évoluant à travers bien désvicissitudes, subsiste en tant qu'Etat souverain, leGrand-Duché de Luxembourg.

    La cité, la lignée, la nation, les trois tracent leurorigine à partir de données documentaires et topo-graphiques précises dans la pleine lumière de l'His-toire.

    Pour ce qui est de la cité, j'estime de mon devoirprimordial de lui rendre pour son Jubilé un vibranthommage.

    Je crois pouvoir me faire l'interprète du pays en-tier, pour vous présenter, Monsieur le Bourgmestre,en ce début des célébrations jubilaires, les vœux lesplus ardents de la population pour l'avenir et laprospérité de la Capitale.

    L'évolution millénaire n'en a pas encore fait unemétropole grouillante, mais une ville aérée qui joueson rôle de capitale avec une noble et souriante gra-vité. Cette capitale prêtant son nom à un pays età une nationalité, c'est un peu la version modernede 1'« urbs » antique, une espèce de capitale-mère.Sa signification pour tous les Luxembourgeois n'enest que plus grande.

    Son implantation n'aurait pas été choisie par unurbaniste moderne, conscient des problèmes de lacirculation et de la croissance citadines. Coupée parde profondes vallées, éparpillée sur une série de pla-teaux, accrochant ses vieux quartiers à des pentesabruptes, elle trahit encore aujourd'hui l'artificiel desa fondation en tant que cité. Se pliant aux volontésimplacables de l'art militaire pendant de longs siè-cles, elle en est restée marquée, et lorsque, il y acent ans, éblouis, les bourgeois voyaient se desserrerle carcan des fortifications, certains concevaient desdoutes sur l'avenir d'une ville se consacrant exclu-sivement aux œuvres de la paix.

    Elle a connu bien des sièges, bien des drames, biendes ruines et bien des reconstructions. De ce fait elleest dépourvue de joyaux architecturaux de valeurexceptionnelle tels que les exhibent des villes d'âgeou d'origine similaires. Le siècle des grandes cathé-drales romanes et gothiques n'a laisse que des traces.

  • Et néanmoins les siècles nous ont légué un cadrede beauté pénétrante. Le souvenir des temps anciensreste inscrit dans le plan de la ville, dans son reliefet dans son profil, dans ses rochers coiffés, rabotésou étayés, dans ses bastions et ses jardins. Sonassiette à cheval sur les vallées et les précipices estdevenue soil attrait, son atout, la constante de sesproblèmes urbanîstiques, à tel point que des con-structions modernes comme la Caisse d'Epargne, laFondation Pescâtore et même le nouveau théâtrebordent lès plateaux avec l'altière désinvolture desanciens bastions. „Anmut und Größe", voilà com-ment Gœthe résumait l'impression que la forteressefaisait sur lui» Visait-il par là le contraste entre lesconstructions et la verdure, qui s'insinue enc"oïeaujourd'hui dans la plupart des quartiers de laville ?

    Après l'extension monotone et drue vers le pla-teau de l'ouest, le développement urbain reprend laconquête dès plateaux sur les autres fronts notam-ment ceux de l'est. Le grand pont qui enjambera lavallée de l'Alzette s'inscrira dans la tradition de laville des viaducs.

    Parce qu'elle porte les cicatrices des déchirementsséculaires de notre continent, parce qu'elle monte lagarde à un point de rencontre des cultures euro-péennes, parce qu'à sa jeunesse guerrière a succédél'âge de l'accalmie et de la conciliation, elle veutassumer son rôle de centre et de lieu de rencontreeuropéens. C'est pourquoi l'Etat et la Municipalitéentendent l'équiper pour lui permettre de remplircette vocation.

    Aux heures patriotiques, nos historiens et nospoètes aiment à exalter l'ascension de la Maison deLuxembourg au Moyen Age. Les rimes allègres d'unechanson due à Dicks mettent déjà dans la bouchede nos enfants la glorification des „quatre qui ontceint la couronne de l'Empire".

    Il n'est que juste d'évoquer en ce jour le destinde nos comtes du Moyen Age. Leur opiniâtreté etleur habilité ont formé et organisé notre territoire.Leur action politique a rayonné au dehors et, avantmême qu'ils ne fussent portés à l'honneur impérial,ils intervenaient déjà avec force dans les affaires del'Europe occidentale.

    Il existe d'ailleurs un curieux parallélisme dansla montée dés Luxembourg et celle de£ Habsbourg.S'appuyant sur dés domaines familiaux assez mo-destes et situés dans des régions plutôt déshéritéesen Europe occidentale, lés seigneurs issus des deuxsouches n'étaient pas naturellement destinés à jouer

    un rôle primordial en Europe. Chacune des deuxMaisons a été amenée à ce constituer un nouveaudomaine à l'Est, les Habsbourg en Autriche, lesLuxembourg en Bohême, comme si l'équilibre poli-tique de l'Empire et de l'Europe né pouvait êtresauvegardé qu'à partir des positions fortes ainsiacquises. Lès Luxembourg ont été moins constantset moins durables que les Habsbourg. Lés destinsdes deux Maisons se sont finalement confondus auprofit des Habsbourg par, le mariage de la fille deSigismond, dernier empereur de la Maison de Luxem-bourg, Rôi dé Bohême et de Hongrie, avec Albertd'Autriche qui lui aUssi deviendra empereur. L'ac-tiott politique de nos comtés et ducs a tracé la voieimpériale à la glorieuse lignée des Habsbourg enrassemblant Un ensemble de territoires, formant unapport décisif à la monarchie de l'aigle bicéphale.

    Cette double vocation, luxembourgeoise et euro-péenne, de nos comtes et ducs orientait leur actionpolitique dans deux directions : l'organisation etl'extension de leur comté natal d'une part, l'inter-vention dans les affaires de l'Europe, d'autre part.

    A partir du rocher du „Bock" ils sauront étendreleur domaine „comme le paysan arrondit sa ferme"selon le mot de Paul Weber. Lorsque finalement lecomte Wenceslas Ier obtiendra le comté de Chiny en1364 et prendra le titre de duc, le Luxembourg estquatre fois plus grand qu'il ne l'est aujourdhui. Quiplus est, il aura été organisé comme un Etat.

    On sait que c'est la comtesse Ermesinde (1196 à1247) qui, achevant l'œuvre de ses ancêtres, donnaau comté une véritable structure administrative avecun pouvoir central renforcé. C'est de son temps quenous voyons également émerger le peuple des villeset des campagnes. Sous son règne notre ville millé-naire reçoit sa Charte d'affranchissement, ses liber-tés que les bourgeois défendront avec acharnementpendant les siècles de domination. Wenceslas, déjàcité, continuera l'œuvre administrative intérieure dela comtesse Ermesinde.

    A partir du 12e siècle, sous l'influence des acqui-sitions territoriales à l'Ouest se précise aussi notreposition culturelle par le bilinguisme qui marqueradéfinitivement le particularisme luxembourgeois. Al'Abbaye d'Altmunster, créée par le comte Conrad Ier

    à proximité de son château, on enseigne en françaiset en allemand. •:..'•

    * • *

    Quant à l'intervention dans les affairés généralesdé l'Europe, rappelons d'abord que de 843 à 963,l'histoire de notre territoire est celle dé la Lotharin-gie, doät il partage les ballottements entré la Franciedé l'Est et celle die l'Oüêtfe

    I

  • Cependant, un an avant l'acte d'échange de Sige-froi, le 1er février 963, Othon Ier le Grand avait étécouronné Empereur. Ce qu'on allait appeler le SaintEmpire romain germanique était fondé. L'Empiredu Moyen Âge était autre chose que là caricaturequ'en donnaient encore dans un récent passé desgermanistes impénitents. Au Moyen Age ce regrou-pement politique dans l'intérêt de la paix et de l'or-dre a su, enthousiasmer des Latins autant que des(germains. En un sens c'était un très haut idéal poli-tique répondant à un courant universaliste et contre-carrant l'anarchie féodale. Mais l'Empire comportaitaussi de terribles ambiguïtés qui devaient finalementdéchirer la Chrétienté. La fiction de la continuationde l'Empire romain entretenait dans l'esprit desaspirants à l'Empire des illusions sur les réalitéspolitiques et géographiques. Les Luxembourg ont étéballotés à leur tour entre la splendeur et les décon-venues de l'Empire. Leur pays d'origine en a étéaffecté par contrecoup.

    La première lignée des comtes de Luxembourg sesignale par sa fidélité à l'Empereur. Dans la que-relle de l'Investiture on les retrouve du côté del'Empereur Henri IV. Déjà ils interviennent dansles luttes entre les candidats pour l'Empire. Parcontre le comte Henri IV l'Aveugle, père de la com-tesse Ermesinde, prendra de la distance vis-à-vis del'Empereur et donnera à la politique étrangère ducomté une orientation que vous me permettrez d'ap-peler „beneluxienne". A cette époque, l'EmpereurFrédéric II, embarrassé dans sa politique italienne,dut subir l'émancipation des petits souverains del'Europe occidentale, qui formaient une espèce de„troisième force" entre la France et l'Empire.

    L'apogée de la Maison de Luxembourg commenceen 1309 avec le couronnement de Henri VII à Aix-la-Chapelle. Dans ce quatorzième siècle qui voits'ébranler les solides bases de la société médiévale,où l'ordre craque de tous les côtés, les princes de laMaison de Luxembourg ont joué en Europe un rôledéterminant mais difficile. Ce rôle primordial a étéassumé même par ceux qui n'ont pas porté la cou-ronne de l'Empire, comme Jean l'Aveugle, dontl'épée intervenait à droite et à gauche pour trancherles conflits. ., • . . , . .

    Avec Henri VII l'idéal .de l'Empereur semblait seréincarner. Précédé de la renommée dé la. justice etde la mansuétude, il devait enthousiasmer ceux quien Italie mettaient leurs espoirs dans la monarchie.Dante l'a célébré dans des termes dithyrambiques etlui._a érigé un monument impérissable dans la „Di?vine Comédie". A l'ayant-dernier chant du .Paradisil installe sur un trône spécial ..l'ânie. impériale, du

    grand Henri qui est venu redresser l'Italie avantqu'elle n'y fut disposée elle-même ".

    Qn peut établir un parallèle entre les relations deHenri VII et de Dante, d'un côté, et celles deCharles IV, son petit-fils, et Pétrarque, de l'autre.Poussé par des sentiments analogues à ceux de Dante,Pétrarque implore Charles de descendre en Italie,Une lettre datée du 11 mars ,1363 de Venise etadressée à l'Empereur se termine par. cet appel pa-thétique : « L'Italie t'appelle, César, César,. César,où restes-tu ? Pourquoi m'as-tu abandonnée ? »

    Charles ÎV, cet être sobre, mystérieux, ce premierhp.mme d'Etat sur : le trône impérial, avait déjà uneautre conception de l'Empire. Il oriente la Bohêmevers .la monarchie nationale. En fin diplomate, ilrespectait les intérêts du Saint-Siège tout en prenantde la distance à son égard.

    , Sigismond, son fils, durant un long règne, avaità "affronter toutes les tempêtes déchaînées sur l'Eu-rope, II mit fin au grand schisme d'occident, com-,battit le Turc, fut aux- prises avec l'hérésie. C'estlui néanmoins qui a mené la politique européennela plus vigoureuse parmi les Empereurs de la Maisonde Luxembourg. . . . . . . . ;.

    .. . * * *:.,

    Entre-temps le duché périclitait. La grandeur dudestin de ses princes devenait pour lui une sourcede malheurs.

    Passant sous, les différentes dominations, son rôleeuropéen ne se fonde plus sur sa dynastie. Il se con-centrera de plus en plus sur la forteresse. Nous re-venons ainsi à notre point de départ, l'importancepour notre destin politique du site de la ville deLuxembourg. La fondation de Sigefroi n'a pas finid'enfanter des résultats politiques jusqu'à nos jours.

    Î es avatars de l'Histoire sont à la base de la volontéd'indépendance du . peuple luxembourgeois. Notrepassé historique, qui a eu ses périodes d'éclat, déter-mine encore notre présent.

    Il est réjouissant de voir le peuple luxembour-geois commémorer ce Millénaire dans une tranquilleallégresse et marquer en même temps un regain d'in-térêt à notre histoire nationale. Nous faisons nôtre unmot de Raymond Poincaré, selon lequel „le présent,„loin, d'exclure je passé, le contient tout entier et„le peuple le plus digne d'espérer est celui qui„sait le mieux respecter ses souvenirs".

    L'histoire luxembourgeoise, c'est de l'histoire euro-péenne, reflétée dans les vicissitudes de notre passé.La position géographique et stratégique dç.notre paysa voulu que jamais il ne pût être englobé durable-ment et définitivement -à un pays ou un,, groupe de

    «

  • pays avec qui ij a des frontières communes. Mêmeles longues années des Pays-Bas, Espagnols, et Autri-chiens, n'ont pas altéré le particularisme de la pro-vince. Par la constante exposition aux affres de laguerre, il est resté petit et longtemps pauvre. Maisil a toujours produit des hommes qui' ont été en-traînés, corps et âme, dans lés courants historiquesde l'Europe.

    ; "De l'histoire du Luxembourg médiéval, nous pou-vons déduire la leçon de la double vocation qui doitêtre celle de tout Luxembourgeois. Cette vocationest de réaliser là justice et la prospérité sur le terri-toire national, et de se consacrer à la cause d'unordre-européen. • - ..

    J'ai dit que nos comtes ont été séduits par l'idéede l'Empire et que certains des meilleurs esprits deleurs temps ont appelé de toute leur ferveur les bien-faits d'une nouvelle Pax Romana. .

    Nous autres, nous appelons la Pax Europaea. For-mulons des vœux que celle-ci évite les écueils surlesquels l'Empire a échoué.

    •: Le principe de la construction européenne doitêtre celui de 'l'ëgalitê: des droits des nations qui l'en-treprennènt, du respect aussi des droits des faibles.Le principe de la suzeraineté, sur lequel se fondaitl'Empire, est.remplacé par celui de la communauté,celui de la Bulle impériale par des décisions statu-taires et démocratiques, celui du tribut imposé parlà contribution à des tâches communes et vouluespar tous.

    L'exemple historique nous montre cependant quela poursuite d'une grande idée ou d'un grand destin

    ne doit pas nous détourner de nos origines et nouslaisser déracinés, comme ce fut le cas des dernierssouverains de la Maison de Luxembourg.

    L'Histoire nous montre enfin que les hommes dece pays, exposés aux tribulations et aux variationsde régime, ont réagi par la vertu de fidélité et deconstance envers ceux qui étaient leurs souverainslégitimes. . ' ' . . • ' . '

    • Sur ce point, Madame, les Luxembourgeois n'ontpas changé. Après mille ans d'histoire, ils retrouventune dynastie nationale qui a partagé toutes leursjoies et toutes leurs peines. Ils en sont fiers et re-connaissants. .

    ;• Le' premier Millénaire a débuté sous lé regardfarouche du guerrier. Le second s'ouvre sous l'égidede Votre royale et maternelle sollicitude. Vive leLuxembourg! » ;

    Après le discours de M. Pierre Werner, Ministred'Etat, Président du Gouvernement, Leurs-AltessesRoyales furent accompagnées vers le cabinet de M.le Bourgmestre de, la Ville de Luxembourg où Ellessignèrent le livre d'or. M. Joseph Bech, Ministred'Etat honoraire, Président de la Chambre des Dé-putés, M. Pierre Werner, Ministre d'Etat, Présidentdu-, Gouvernement et M. Emile; Hamilius^ Bourg-mestre de la Ville de Luxembourg, signèrent égale-ment le livre d'or à cette occasion.

    Leurs Altesse Royales Madame la Grànde-Duchesseet Monseigneur le Prince de Luxembourg après avoirr,eçu l'hommage du premier exemplaire du « Livredu Millénaire » prirent congé des personnalités etau moment de quitter l'Hôtel de Ville, Elles furenttrès.;chaleureusement acclamées pas la foule.

    Une réception fut offerte par la Ville de Luxem-bourg dans le péristyle de l'Hôtel de Ville.

    La Messe pontificale à la Cathédrale

    Le 14 avril, Dimanche de Pâques, une messe pon-tificale fut célébrée en la cathédrale de Luxembourgpar Son Excellence Monseigneur Léon Lommel,Evêque de Luxembourg, en présence de Leurs Altes-ses Royales Madame la Grande-Duchesse et Mon-seigneur le Prince de Luxembourg, des Membres duCorps diplomatique et de toutes les personnalitésciviles, militaires et religieuses.

    Au cours, de ce service religieux M, Emile Hami-lius, député-maire de la Ville de Luxembourg, en-touré de MM. Marcel Fischbach et Georges Reuter,Echevins, remit à Monseigneur l'Evêque de Luxem-bourg, assisté de Mgr Alfred Mille, Chanoine de laCathédrale, Prévôt du Chapitre, et de M. l'Abbé Fr.Rasqué, curé-doyen de Notre-Dame, une clef en or,emblème du millénaire de ia Ville de. Luxembourg,destinée à Notre-Dame de Luxembourg,. Consolatricedes Affligés, « Patronne de la Cité et de la Patrie».

    En recevant la clef en métal précieux et richementsertie de diamants Mgr l'Evêque de Luxembourgdit au Bourgmestre de la Ville : Je vous remercie aunom de la Patronne de la Cité et de la Patrie. »

    Au moment de la remise de. cet emblème à Mgrl'Evêque Léon Lommel, la maîtrise de la Cathédrale,sous la direction de M. l'abbé Dr René Ponchelet,avec aux orgues maître Albert Leblanc, exécutait« O Patriae Patrona » de Beicht.

    Par ce geste symbolique et solennel la Ville deLuxembourg renouvela, en présence de Leurs AltessesRoyales et des Autorités du Pays le choix que leMagistrat de la Ville avait fait en 1666 en ratifiantpar un acte public l'élection de Notre-Dame commePatronne et Protectrice perpétuelle de la Ville deLuxembourg.

    Après avoir déposé là clef.en or au pied de lastatué de Notre-Dame de Luxembourg, Monseigneur

    9

  • l'Evêque Léon Lommel prononça l'allocution sui-vante :

    « Altesses RoyalesExcellencesMonsieur le BourgmestreMessieurs les EchevinsMessieurs les Conseillers municipaux

    Au moment où s'ouvrent sous d'heureux auspices,dans la clarté pascale, les festivités jubilaires desti-nées à marquer le millénaire de Ville de Luxem-bourg, vous avez voulu associer à ses titres de gloirele doux nom de sa céleste Patronne, la Consolatricedes Affligés, en lui offrant, au nom de la Cité, uneclef d'or.

    Par ce noble geste que vous venez d'accomplir enprésence de Leurs Altesses Royales, Madame laGrande-Duchesse et Monseigneur le Prince, du Corpsdiplomatique et des autorités publiques, vous ayezrenouvelé un des souvenirs les plus glorieux et lesplus attachants de notre histoire religieuse et natio-nale.

    S'il ne nous a pas été donné de célébrer cette heuresolennelle, dans un cadre plus grandiose, les froidsde l'hiver ayant fait reporter l'ouverture de la nou-velle partie de la Cathédrale jusqu'au troisièmedimanche après Pâques, il s'ensuit ceci de signifi-catif : c'est à la même place, sous les vôutes del'ancienne église des Pères Jésuites, dans l'enceintedu même chœur que nos prédécesseurs, les Magistratsde 1666 ont ratifié par un acte public et avec l'aveude toute la Ville l'élection de Notre-Dame commePatronne et Protectrice perpétuelle de la Cité.

    En signe d'hommage le Prévôt et le Juge de laVille ont remis à la nouvelle Patronne les clefs desportes de la Ville, confiées à leur garde. Et le pre-mier anniversaire de ce jour mémorable le Gouver-neur lui-même, le Prince de Chimay, résolut d'hon-

    norer la puissante Patronne par une clef d'or quenous voyons encore aujourd'hui au bras de la statueles grands jours de fête.

    Fidèles à ce contrat, les citoyens de la Ville n'ontcessé de rendre à Marie les honneurs qui lui sontdus, en multipliant au long des siècles les marquesde leur amour et de leur vénération.

    De son côté, la Patronne de la Ville n'est pasrestée insensible aux témoignages de cette fidélité.En repassant l'histoire de la dévotion à Notre-Damede Luxembourg, on est frappé par la force et l'unani-mité des témoignages qui attribuent la sauvegardede la Ville à sa spéciale protection.

    Dans le passé militaire de la forteresse, ce sonttour à tour ses gouverneurs, ses magistrats, sesprinces et ses seigneurs qui proclament d'avoir étépréservés et sauvés par la vigilance de la glorieusePatronne.

    Et les temps les plus récents ne manquent pas detémoignages non moins éloquents. Rappelons avecémotion l'exemple de nos Princes qui, dès la pre-mière heure de leur retour, sont venus s'agenouilleraux pieds de Notre-Dame pour la remercier de lalibération de la patrie.

    Messieurs, c'est avec une profonde gratitude quenous considérons le renouvellement du Votumsolemne par la Municipalité comme une marquenouvelle de dévouement envers notre Patronne,comme un gage nouveau d'espérance pour la sauve-garde de notre patrimoine le plus précieux.

    Que Notre-Dame de Luxembourg accepte aveccomplaisance votre pieuse démarche et qu'elle daignecontinuer à veiller sur notre Ville et notre Patrieque nous aimons et que nous sommes décidés à ser-vir avec le meilleur de nos forces, dans l'accom*plissement de sa tâche historique, dans la paix etla concorde. »

    La Journée des Bourgmestres du Pays

    Le Lundi de Pâques eut lieu 1'« E'mais'chen »,fête populaire ancestrale, sur le Marché-aux-Pois-sons, emplacement du premier marché de la Villede Luxembourg où furent vendus, dans des standsauxquels on avait donné l'aspect des ancienneséchoppes artisanales, des objets fabriqués sur place,des poteries, des jouets, des friandises et des œufsde Pâques. Des chants, des amusements populaireset des cortèges eurent lieu sur la Place du Marché-oux-Herbes, ainsi que des concerts instrumentaux etvocaux.

    La veille un concert avait été donné à l'occasionde l'ouverture des fêtes folkloriques de l'E'mais'chenet dans la soirée un superbe feu d'artifice fut tiré duplateau du Rham devant une foule nombreuse quis'était massée le long de la montée de Clausen etdu Chemin de la Corniche jusqu'aux alentours dela Caserne du St-Esprit.

    C'est dans cette atmosphère qu'eut lieu la Journéedes Bourgmestres du Pays, réunissant à Luxembourg

    cent et dix élus locaux des cent vingt-six communesdu pays, sur invitation du Bourgmestre de la Villede Luxembourg.

    En fin de matinée un concert fut donné à la Placed'Armes en présence des Bourgmestres du pays etd'une importante foule.

    A midi trente Son Altesse Royale Monseigneur leGrand-Duc héritier fut reçu à l'Hôtel de Ville parM. le Bourgmestre Emile Hamilius, entouré desmembres du Collège échevinal et du Conseil com-munal. Son Altesse Royale signa le livre d'or de laVille de Luxembourg, puis tous les maires du paysLui furent présentés.

    Le déjeuner offert à l'Hôtel de Ville de Luxem-bourg par M. le Bourgmestre Emile Hamilius futprésidé par Son Altesse Royale Monseigneur leGrand-Duc héritier qui avait à ses côtés le Bourg-mestre Emile Hamilius et M. Pierre Werner, Mini-stre d'Etat, Président du Gouvernement, représen-tant M. le Ministre de l'Intérieur.

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  • A l'issue de ce banquet M. le Bourgmestre EmileHamilius prononça l'allocution suivante :•,. . « Excellences,

    Chers Collègues, etc. etc.La Ville de Luxembourg est en fête!Drapeaux et oriflammes claquant joyeusement au

    vent pritannier, et les cloches pascales versant surla ville leurs harmonies, soulignent l'allégresse desgrands jours.

    La cité millénaire, aux quatre points cardinaux dupays à lancé à toutes les communes l'invitation cor-diale de s'associer à ses fêtes jubilaires en y prenantpart en la personne de leurs bourgmestres.

    C'est avec la plus vive satisfaction que je constatecombien nombreux ceux-ci ont répondu à notre invi-tation; avec quel enthousiasme, ils ont dans un sen-timent national unanime de commémoration, apportél'hommage de leur sympathie.

    La présence à ces agapes amicales de M. leMinistre de l'Intérieur et de ses éminents collabora-teurs nous remplit de fierté et nous comble d'aise.Je leur en exprime mes vifs remerciements. Je meplais aussi à leur dire, à cette occasion, mes senti-ments de gratitude pour la pleine compréhensionet l'appui entier que les autorités communales trou-vent toujours auprès d'eux.

    A mes chers collègues, MM. les bourgmestres,j'apporte les saluts chaleureux de la municipalité etde toute la population de la capitale; qu'ils soientassurés que nous sommes extrêmement sensibles auxsentiments amicaux dont ils ont fait preuve à notreégard en prenant part aux festivités millénaires denotre ville.

    L'année 1963 est pour notre cité une année, oùvivace, monte du passé son histoire millénaire.

    Un vaste destin s'y est accompli au prix de rudesefforts et de grands sacrifices. Et aujourd'hui, ilsouffle, par-dessus les rochers plus que millénaires,un grand vent d'optimisme. Car si Luxembourg,au courant de longs siècles a toujours su maîtriserses destinées, c'est sur ses lancées qu'elle entendpoursuivre sa route vers l'avenir.

    Si parmi les journées de fêtes du Millénaire, ilnous a tenu à cœur s'en placer une sous le signede la commune, c'est que nous avons tenu à soulignerle rôle et l'importance des communes dans toute lavie nationale. Nous avons également voulu cimenterainsi la solidarité entre nos communes, et renforcerune coopération constructive pour le plus grand biende notre chère patrie.

    C'est dans les anciennes communes que la civilisa-tion occidentale a trouvé son berceau.

    Puis-je donc évoquer brièvement à cette place, lerôle et l'importance des communes dans l'Etat etdans la vie nationale ainsi que sur le plan inter-national ?

    La commune n'est-elle pas, en effet, la cellule-mère de l'Etat, n'est-elle pas le foyer primitif le plusvivant de la vie sociale et politique ? Et l'esprit

    communal, fait de bon sens, de réalisme, d'expé-rience quotidienne, qui doit animer l'élu aussi bienque l'administré, n'a-t-il pas été depuis des sièclesun facteur stabilisateur des plus- importants ?

    C'est dans nos communes que se trouvent les basesmêmes de la vraie vie politique du pays.

    C'est là que les citoyens suivent de près les pro-blèmes politiques qui se posent dans leur localité;c'est là aussi que nos édiles communaux sont encontact direct avec les citoyens qu'ils représentent etsont chargés d'administrer.

    Qui mieux qu'eux pourrait connaître les soucisde la population ? N'est-ce pas autour d'eux queviennent se rassembler les citoyens et chercher aideet conseil dans les périodes critiques ?

    Aussi communes et édiles constituent-ils une forceincontestable dans la vie publique moderne non seu-lement du point de vue national, mais égalementdans le domaine international. Sans vouloir insistersur le rôle primordial dévolu aux communes dansla création d'institutions européennes, j'ose dire quesans la vénérable tradition communaliste, il n'y au-rait pas d'Europe.

    C'est dans ce sens que j'invite donc mes collèguesà poursuivre avec énergie et confiance leur missioncommunale. Ce faisant, ils se conformeront au pro-fond instinct de la population et ils continueront latradition que nous enseigne notre histoire.

    Que tous participent donc ensemble, de cœur etd'âme à notre jubilé. Qu'ils considèrent les festivitéscomme souvenir de notre grand passé, mais en mêmetemps comme mission pour notre tâche au servicedes communautés locales. »

    M. Pierre Werner, Ministre d'Etat, Président duGouvernement, s'adressa également aux maires dupays au cours d'une allocution improvisée.

    A l'issue du banquet les maires du pays se ren-dirent ensemble à « l'E'mais'chen ». Vers 17 heuresune réception fut offerte en leur honneur par leComité des « Amis de la Vieille Ville ».

    En souvenir de cette journée, qui se déroula dansune atmosphère de très grande cordialité, chaquebourgmestre reçut en souvenir une médaille debronze des mains de M. Emile Hamilius, Bourg-mestre de la Ville de Luxembourg.

    Ajoutons encore pour terminer que le 16 avrilLeurs Altesses Royales Madame la Grande-Duchesseet Monseigneur le Prince de Luxembourg reçurenten audience au Palais grand-ducal le Collège éche-vinal de la Ville de Luxembourg. Au cours de cetteaudience M. le Bourgmestre Emile Hamilius remità la Souveraine une reproduction en or des premièresarmoiries de la Ville de Luxembourg montrant unetour ouverte surmontée de trois crénaux. Son AltesseRoyale Madame la Grande-Duchesse reçut égale-ment à cette occasion une pièce unique en argent dela « Médaille du Millénaire », due à l'artiste LucienLefèvre, ainsi que les copies d'artiste des a eauxfortes » éditées par l'artiste Franz Kinnen à l'occasiondu Millénaire.

    11

  • L'Exposition Philatélique Internationale «MELUSINA

    Aux trois cérémonies décrites il convient d'ajou-ter l'inauguration de l'Exposition Philatélique In-ternationale « Melusina » au cours de l'après-midi du13 avril, en présence de Son Altesse Royale Monsei-gneur le Prince de Luxembourg, des Membres duCorps diplomatique, de MM. Pierre Werner, Mini-stre d'Etat, Président du Gouvernement et Ministredes P.T.T., Eugène Schaus, Vice-Président du Gou-vernement, Ministre des Affaires Etrangères, EmileSchaus, Ministre de l'Education Nationale, et denombreuses personnalités étrangères et luxembour-geoises.

    Cette remarquable exposition, qui était placée sousle haut patronage de S.A.R. Monseigneur le Grand-Duc héritier avait été organisée par la Fédérationdes Sociétés Philatéliques du Grand-Duché en colla-boration avec l'Administration des P.T.T., sous lesauspices de la Haute Autorité de Communauté Eu-ropéenne du Charbon et de l'Acier, du Gouverne-ment du Grand-Duché de Luxembourg, de la Villede Luxembourg, de l'Administration des P.T.T. duGrand-Duché de Luxembourg et de la FédérationInternationale de Philatélie. Elle groupait les plusbelles collections et les timbres les plus rares de 650exposants venus de cinq continents. La valeur assuréede ces collections dépassait 500 millions de francs.

    Un jury international devait décerner aux expo-sants les prix offerts notamment par M. Pierre Wer-ner, Ministre d'Etat, Président du Gouvernement, laMunicipalité de la Ville de Luxembourg, et le Di-recteur de l'Administration des P.T.T.

    M. Léon Putz, Président des philatélistes luxem-bourgeois, souhaita la bienvenu à Son Altesse Royaleet aux invités d'honneur luxembourgeois et étran-gers, tout en remerciant tous ceux qui avaient con-tribué au succès de cette exposition internationalequi avait attiré à Luxembourg de nombreux spécia-listes du monde philatélique.

    M. Lucien Berthelot, Président de la FédérationInternationale de Philatélie, prononça une allocutionde circonstance, et M. Pierre Werner, Ministred'Etat, Président du Gouvernement, prononça undiscours au cours duquel il esquissa l'importance etle rôle du timbre-poste à travers l'histoire. Avant dedéclarer ouverte l'exposition « Melusina », M. leMinistre d'Etat Pierre Werner souhaita également latrès cordiale bienvenue à tous les participants étran-gers et exprima ses remerciements à tous ceux quiavaient collabaré à la réussite de l'exposition.

    Plusieurs dîners, réceptions et manifestationsfurent organisés en l'honneur des personnalités étran-gères et luxembourgeoises du monde philatélique aucours de la durée de l'exposition, notamment par leMinistre d'Etat, Président du Gouvernement, leDirecteur de l'Administration des P.T.T. du Grand-Duché, la Haute Autorité de la Communauté Eu-ropéenne du Charbon et de l'Acier et l'Administra-tion de la Ville de Luxembourg. Des concerts furentdonnés par le grand orchestre de Radio-Télé-Luxem-bourg, placé sous la direction du maître Louis deFroment, et la musique de Garde grand-ducale.

    Au cours du banquet de clôture de l'exposition« Melusina » qui eut lieu sous la présidence de M.Pierre Werner, Ministre d'Etat, Président du Gou-vernement, furent proclamés les prix décernés parle jury international aux exposants.

    Voici le palmarès de cette exposition :Prix décernés par le Jury International: en Classe

    d'Honneur, le Grand Prix de Son Excellence Mon-sieur le Président du Gouvernement, à M. RolfGummeson, pour sa collection « Finlande »;

    en Classe de Compétition, le Grand Prix Nationalde la Municipalité de Luxembourg est attribué àM. Francis Rhein (USA);

    en Classe de Compétition, le Grand Prix Interna-tional de M. le Directeur Général des PTT de Lu-xembourg est attribué à M. Gottfried Mueller(Suisse) pour sa collection générale « Suisse »;

    en Classe d'Honneur, la Médaille d'Or de la Fédé-ration des Sociétés philatéliques du Luxembourg estattribué à M. le D' Joseph Schatzkes (France) poursa collection « France »;

    en Classe d'Honneur, une Médaille d'Or est attri-bué à MM. Jean Dupont (Belgique), Garcia Gon-zales (Portugal) et Jan Kolpak (Pologne), qui ontexposé dans cette classe;

    la Médaille du Conseil de l'Europe est attribué àM. Jacques Diemer (France);

    la Médaille de la Fédération Internationale dePhilatélie est attribué à M. le Dr Alphonse Zoller(Luxembourg);

    le Prix Mélusine est attribué à M. BernardKuschmann.

    De nombreuses médailles d'or, d'argent, de vermeilet de bronze ainsi que des diplômes furent remis auxlauréats des sections réservées au Luxembourg, aux:pays d'Europe et aux pays hors d'Europe.

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