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CULAMBOURG ULAMBOURG S STÉPHANIE TÉPHANIE DUMAZ UMAZ L LUCIE UCIE MASTER ASTER 2 E 2 ECONOMIE CONOMIE S SOCIALE OCIALE ET ET S SOLIDAIRE OLIDAIRE EN QUOI QUOI PEUT PEUT-ON ON PARLER PARLER DUN UN COMMERCE COMMERCE ÉQUITABLE ÉQUITABLE NORD ORD/N /NORD ORD ? COURS OURS D’E ’ECONOMIE CONOMIE S SOCIALE OCIALE ET ET S SOLIDAIRE OLIDAIRE MR B BLANC LANC UNIVERSITÉ NIVERSITÉ L LUMIÈRE UMIÈRE L LYON YON II II ANNÉE NNÉE U UNIVERSITAIRE NIVERSITAIRE 2005-2006 2005-2006 _________________________________

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SOMMAIRESOMMAIRE

IINTRODUCTIONNTRODUCTION P 3 3

1/ QU’EST - CE - QUE LE COMMERCE EQUITABLE ? PP 4

SSONON HISTOIREHISTOIRE P 4 4

LES STRUCTURES « EMBLÉMATIQUES » DU COMMERCE EQUITABLE PP 5

LLESES GARANTIESGARANTIES APPORTÉESAPPORTÉES PARPAR LELE LABELLABEL PP 6

L’L’IMPACTIMPACT DUDU LABELLABEL M MAXAX H HAVELAARAVELAAR P 7 7

UN DÉVELOPPEMENT DES VENTES ET POURRTANT… PP 7

2/ L2/ LEE CONCEPTCONCEPT DUDU C COMMERCEOMMERCE E EQUITABLEQUITABLE ESTEST – – ILIL TRANSPOSABLETRANSPOSABLE ?? P 9 9

LLEE RESPECTRESPECT DESDES PRINCIPESPRINCIPES DUDU C COMMERCEOMMERCE E EQUITABLEQUITABLE P 9 9

L’ACCEPTATION PAR LE PUBLIC D’UNE RELATION « ÉLARGIE » PP 11

1.1. DDESCRIPTIFESCRIPTIF DEDE LALA POPULATIONPOPULATION ÉTUDIÉEÉTUDIÉE

2. LLEE RAPPORTRAPPORT AUAU COMMERCECOMMERCE ÉQUITABLEÉQUITABLE « TRADITIONNEL »

3. LLEE RAPPORTRAPPORT À À L’AGRICULTURE FRANÇAISE ET AUX SYSTÈMES DE COMMERCE ALTERNATIF

3/ P3/ PROPOSITIONSROPOSITIONS DEDE MODÈLESMODÈLES DE COMMERCE EQUITABLEQUITABLE N NORDORD/N/NORDORD

EXISTANTSEXISTANTS ENEN FRANCE P 15 15

LLES JARDINS DE COCAGNE P 16 16

LLESES AMAP AMAP PP 16

ALTER CONSOALTER CONSO PP 17

4/ L4/ LESES FREINSFREINS AUAU DÉVELOPPEMENTDÉVELOPPEMENT DD’’UNEUNE FILIÈREFILIÈRE ÉQUITABLEÉQUITABLE N NORDORD/N/NORDORD P 18 18

CCONCLUSIONONCLUSION PP 20

BBIBLIOGRAPHIEIBLIOGRAPHIE PP 21

AANNEXESNNEXES PP 22

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INTRODUCTIONINTRODUCTION

Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine (Déclaration universelle des droits de l’homme, article 23).

Définir le commerce équitable équivaut à définir les moyens permettant de respecter ce principe.

Nous retiendrons 2 définitions :

Le Commerce équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l'objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète. (Définition de FINE regroupant les quatre coordinations internationales de commerce équitable : FLO, IFAT, NEWS et EFTA 2001).

Le commerce équitable, c’est à dire l’équité dans les échanges économiques, concerne tous les travailleurs impliqués dans une filière (producteur, emballeur, transporteur, transformateur, prestataire de services, commerçant et client). Ceux-ci doivent pouvoir décider de leur vie économique et vivre correctement de leur travail, en respectant l’équilibre écologique, que la filière aille du nord vers le sud, de l’est vers l’ouest ou en sens inverse, ou d’un voisin à l’autre.(Définition de l’association MINGA).

Ces définitions, si elles reposent sur un principe commun : l’équité, montrent deux visions distinctes du commerce équitable. On peut donc se poser la question suivante : le commerce équitable doit-il se contenter d’être un échange Nord-Sud ou peut-il être élargi à d’autres relations ?

La première partie de ce dossier est avant tout explicative, elle a pour objectif de poser le cadre du commerce équitable : nous montrerons que c’est son histoire qui fait du commerce équitable un échange nord-sud, nous déterminerons les critères concrets qui permettent de se déclarer commerce équitable et enfin nous étudierons la situation actuelle de ce commerce au niveau international et national.

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1/ Q1/ QUU’’ESTEST--CECE QUEQUE LELE COMMERCECOMMERCE ÉQUITABLEÉQUITABLE ??

SON HISTOIRE

Les Pays Bas sont les pionniers en matière de commerce équitable et les débuts de son histoire sont en lien avec l’histoire coloniale de ce pays.Depuis 1988 le nom de Max Havelaar est associé au commerce équitable mais qui est-il ?Dans l’édition « Max Havelaar ou les ventes de café de la compagnie commerciale des Pays Bas » d’Edouard Douwes Dekker autrement appelé Multatuli, on peut lire ce passage : « Ils sont très rares, très rares, les Européens qui ne croient pas inutile de condescendre à observer les émotions de ces outils à produire le café ou le sucre que l’on nomme "les indigènes"». Ce passage d’un roman est inspiré par la réalité de ce qui se passe sur l’île de Java entre 1825 et 1830 où la révolte contre les Pays Bas est matée dans le sang. Voyant que cette colonie coûte davantage d’argent qu’elle n’en rapporte, le gouvernement des Pays Bas instaure un « système de cultures ».La population javanaise se voit contrainte d’utiliser une partie de ses terres pour cultiver des produits notamment le café et le sucre demandés par les Pays Bas. En contrepartie, elle perçoit une somme décidée par le gouvernement. La colonie devient alors « rentable ». En 1848, le roi perd une partie des ses attributions au profit du parlement qui décide la libre entreprise sur l’île de Java.

En 1860 parait le livre « Max Havelaar ». Son auteur travaillait pour le gouvernement hollandais aux Indes. Il a alors constaté que le régent exploitait et opprimait la population locale. Il a informé le gouvernement de cette situation mais devant l’indifférence des politiques, il choisit de démissionner. Il part alors pour l’Europe où il écrit « Max Havelaar… ». A travers ce livre, il demande la réhabilitation de l’histoire et souhaite que les autorités reconnaissent leurs erreurs. Son influence est telle que le système des cultures disparaît progressivement en Inde au profit de la libre entreprise.

Vers la fin du 19ème siècle, une politique plus éthique est mise en place dans les colonies néerlandaises : l’intérêt des populations locales prime sur celui de la métropole. Les américains sont les premiers, avec Thousand villages et SERRV, à se lancer dans le commerce équitable dans les années 1940.

A la fin des années 50 l’idée gagne l’Europe avec OXFAM (Oxford committee for Famine relief), une ONG anglaise, qui décide de vendre des produits réalisés par des artisans de pays du tiers monde afin de leur garantir un revenu régulier. L’objectif de cette ONG n’est pas de distribuer de l’argent « gratuitement » mais contre un travail. De cette manière, ces artisans, s’ils restent dépendants parce que soumis à la demande, ne sombrent pas dans l’assistanat.

En 1965, OXFAM crée les « Bridge Programme » destinés à favoriser la rencontre entre les consommateurs du nord et les producteurs du sud. A la fin des années soixante, ce commerce éthique est un des principaux revenus de l’association OXFAM. Aujourd’hui 22 000 bénévoles travaillent dans 830 boutiques OXFAM au Royaume Uni.

Parallèlement en 1959, aux Pays Bas, SOS, une association caritative importe des produits issus du tiers monde dans un but de solidarité. Les premiers produits à être importés sont des objets d’artisanat. SOS est la première organisation exclusivement dédiée au commerce équitable, elle prendra par la suite le nom plus connu de Fair Trade Organisatie.

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En 1964 à Genève, la volonté des pays du tiers monde est caractérisée par le slogan : « Trade not aid » (du commerce pas de l’assistance).C’est sur cette volonté que se basera le commerce équitable. Les clauses du GATT (General Agreement on Tarifs and Trades) s’appuieront sur cette conception de rapports plus équitables en permettant l’ouverture des marchés du nord au pays du sud sans réciprocité.

En 1971, l’abbé Pierre propose de payer plus cher un certain nombre de produits issus du tiers monde.

En 1986, des producteurs de café mexicains demandent un commerce équitable pour leur produit. En écho à cet appel, le prêtre ouvrier hollandais, Francisco Van Der Hoof dira : « protester c’est bien, proposer c’est mieux ». Sa conviction : « ceux que le marché exclu aujourd’hui peuvent devenir les acteurs de demain ».Ce prêtre vivant au Mexique au milieu des petits producteurs depuis 30 ans s’est rapidement aperçu que le commerce du café ne leur rapportait rien du tout.

Deux raisons à cela :

- le café est la 2nde matière première échangée dans le monde après le pétrole et à l’image de celui ses cours sont fluctuants.

- entre le producteur et le consommateur final, il y a en moyenne 10 intermédiaires, le circuit absorbe environ 80% du prix de la vente.

Il propose alors une réunion à un grand nombre de caféiculteurs afin d’étudier les mesures nécessaires à leur survie. Ils décident alors de commercialiser leur café en toute indépendance et s’unissent en une coopérative : l’UCIRI. En 1988, Francisco Van der Hoof et Nico Rozen créent l’association et le label Max Havelaar : le commerce équitable est né.

L’historique du commerce équitable nous permet de mieux comprendre pourquoi ce commerce est caractérisé par des échanges nord-sud. Par contre nous pouvons nous demander si cette histoire et l’impact de Max Havelaar dans celle-ci n’occultent pas l’existence d’autres structures qui pourraient se revendiquer du commerce équitable. Afin d’élargir notre vision nous avons souhaité connaître les « grosses » structures du commerce équitable et leurs actions.

LES STRUCTURES « EMBLÉMATIQUES » DU COMMERCE ÉQUITABLE

Structure générale du mouvement (source Wikipédia) :

Le commerce équitable est pratiqué et promu par un vaste mouvement international, largement associatif. En France, la Plate-Forme pour le Commerce Equitable (PFCE) rassemble toutes les organisations françaises de commerce équitable. Au niveau international existent différentes fédérations ; leur diversité est à l'image de la diversité des acteurs du commerce équitable :

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L'IFAT (International Federation for Alternative Trade - ou International Fair Trade Association), qui existe depuis 1989, est assez généraliste. Elle a lancé en 2004 la marque de commerce équitable FTO (Fair Trade Organization), qui a pour caractéristique essentielle de labelliser des organisations et non des produits (le label de Max Havelaar, lui, labellise uniquement des produits). Les quatre membres français de l'IFAT sont (au printemps 2005) Alter Eco, Artisanat SEL, la fédération Artisans du Monde, et Solidar'monde.

L'EFTA (European Fair Trade Association) rassemble depuis 1990 les centrales d'importations européennes, c'est-à-dire les entreprises solidaires qui sont en contact direct avec les producteurs du Sud et leur achètent leurs produits. L'entreprise Solidar'monde est le membre français de l'EFTA.

Le réseau NEWS (Network of European Worldshops) rassemble depuis 1994 les différents réseaux nationaux de magasins spécialisés. La fédération Artisans du Monde est le membre français de NEWS.

L'association FLO (Fairtrade Labelling Organizations rassemble depuis 1997 les organismes de labellisation du commerce équitable. L'association Max Havelaar France est le membre français de FLO.

Ces quatre fédérations sont regroupées en 1998 dans un réseau informel nommé FINE, pour : Fairtrade Labelling Organizations, International Federation for Alternative Trade, Network of European Worldshops et European Fair Trade Association.

Il est très difficile de se retrouver dans cette multitude d’organisations qui sont relativement mouvantes. En France Max Havelaar est l’organisation de commerce équitable qui a le plus fort impact marketing sur le public : 32% en 2005 contre 23% en 2004 connaissent Max Havelaar. Cette organisation labellise les produits du commerce équitable.

LES GARANTIES APPORTÉES PAR LE LABEL

La Fair Trade Labelling Organisation (FLO) définit les standards internationaux (cf. annexes) du commerce équitable et gère la certification commerce équitable. Certains organismes tels que Max Havelaar ont été certifiés comme acteurs du commerce équitable et peuvent ainsi attribuer le label FLO aux produits qui répondent aux critères commerce équitable.

Les critères de cette labellisation sont :

- une juste rémunération du travail

- la perception d’une prime de développement

- des conditions de travail décentes

- des méthodes de production respectant l’environnement

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L’association MINGA, qui regroupe 80 structures commerciales alternatives, s’inscrit en faux par rapport au principe de label : « soyons clairs, aujourd’hui ni en France, ni dans aucun autre pays, n’existe de véritable label de commerce équitable ». L’association avance le fait que selon la législation française un label doit être agrée et contrôlé par les services de l’Etat. De ce fait même si Max Havelaar a été reconnu « campagne d’intérêt général » par le premier ministre en 2003, l’association ne peut, selon MINGA, se prévaloir d’un quelconque label commerce équitable. Ceci nous amène à la question suivante : pourquoi le concept de label prend-il tant d’importance ?

L’IMPACT DU LABEL MAX HAVELAAR

Devenir un consommateur responsable, c'est n’est pas simplement acheter en fonction du prix ou des caractéristiques propres du produit mais aussi en intégrant des critères humains et environnementaux (Max Havelaar).

Un label identifie un certain produit et informe le public qu’il a été fabriqué sous certaines conditions. De ce fait le label devient un élément marketing lorsque les valeurs qu’il défend rejoignent celles du consommateur.

Le magazine LSA, semblant trouver la communication autour du commerce équitable trop frileuse et désorganisée, titrait en 2003 : « consommation éthique, des citoyens motivés mais désorientés ». Pourtant le chiffre d’affaires des produits portant le label Max Havelaar est de 880 millions d’euros en 2004 contre 238 millions d’euros en 2001 dans le monde, 70 millions d’euros en 2004 contre 6 millions d’euros en 2000 pour la France. Pour faire face à la confusion dans laquelle peut se trouver le consommateur face à la multitude des initiatives dites citoyennes, le label se veut un outil d’identification des produits et une garantie du respect des valeurs équitables. De plus Max Havelaar multiplie les opérations destinées au grand public en organisant depuis 5 ans la quinzaine du commerce équitable, en partenariat avec la PFCE. L’association est également à l’origine de la « journée consommons équitable ». En 2004, environ 2000 manifestations autour du commerce équitable ont été organisées en France et Max Havelaar a été sponsorisé pour participer au Vendée Globe Challenge. Le sigle jaune et bleu du label attribué par FLO apparaît sur un nombre croissant de supports. Ces opérations dans lesquelles Max Havelaar est partie prenante contribuent à la médiatisation et à l’essor du label.

Le label Max Havelaar est reconnu dans 20 pays. Environ 1000 industriels (importateurs, transformateurs, exportateurs) participent aux filières agrées Max Havelaar. En France le nombre de dépositaires du label est de 74 en 2004 contre 15 en 2000. En 2004, on compte 11% d’acheteurs de produits labellisés Max Havelaar sur l’ensemble de la population française.

UN DÉVELOPPEMENT DES VENTES ET POURTANT…

Aujourd’hui 300 unions de coopératives de petits producteurs possèdent la certification commerce équitable.

Malgré cet engouement, seules 20 à 30 demandes de certification sur 500 effectuées chaque année sont validées par FLO international. Parallèlement à l’accompagnement des coopératives postulant à la certification, il serait nécessaire de développer la demande en produits équitables. Ainsi il n y aurait pas de déséquilibres préjudiciables aux producteurs.

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Il convient de rappeler que l’offre de produits labellisés commerce équitable est restreinte : café, thé, banane, chocolat, jus de fruits, sucre, riz, miel…composent la majeure partie des ventes alimentaires équitables.

Deux solutions pour agir sur la demande apparaissent alors :

- La première est celle mise en avant par Max Havelaar, le véritable développement d’un marketing commercial soutenu par les médias (télévisions, radios..), certaines personnalités (Jean-Pierre Coffe, Anthony Kavanagh…), des structures de l’économie sociale et solidaire (chèques déjeuners, MACIF…). Cette optique permet de fidéliser les consommateurs et d’aller au devant des futurs acheteurs de produits équitables.

- La seconde solution est de diversifier l’offre tout en tenant compte des contraintes liées aux terres, aux conditions météorologiques, à la formation ou aux infrastructures des producteurs. On peut alors se demander si un échange sans clivage ne pourrait pas se substituer à l’échange nord-sud. Dans ce cas, pourrait-on parler de commerce équitable ? Actuellement le champ d’intervention de la FLO s’étend à 114 pays identifiés comme étant des cibles prioritaires du fait de la faiblesse de leurs IDH (indicateur de développement humain1) et IPH (indicateur de pauvreté humaine). L’intervention du commerce équitable se fait là où les Etats n’ont pas les ressources économiques suffisantes à l’amélioration de leur situation. Les Etats dans lesquels la redistribution des ressources est inégale n’entrent donc pas dans le champ du commerce équitable tel qu’il est défini par la FLO.

Nous touchons ici le point de divergence entre Max Havelaar (membre du réseau FLO) et des associations telles MINGA. Pour les organisateurs du salon Equitexpo qui a réuni une centaine d’exposants, le commerce équitable ne peut pas se contenter d’être « tiers-mondiste », il doit s’ouvrir aux producteurs les plus proches. Didier Porte membre de MINGA nous donne la position de l’association : « Nous défendons la vision d’une démarche économique de filière et non pas une niche commerciale sur une matière première ».

Les standards de certification commerce équitable sont-ils inamovibles ? Cela semble difficile à croire lorsque l’on sait que les produits labellisés, qui devraient selon ces mêmes standards n’utiliser que des partenaires commerce équitable telles les boutiques spécialisées, sont vendus en grande surface. En effet la grande distribution, si elle permet une diffusion massive des articles, n’est pas régie par les principes du commerce équitable.

S’il est possible de parler de commerce équitable via un circuit de distribution de type grande surface, peut-on parler également d’un commerce équitable sans frontières ?

Le plus grand défi n'est pas seulement dans les institutions, il est d'abord dans les esprits.Prendre soin de l'environnement, faire en sorte que les pauvres puissent dire leur mot dans les décisions qui les touchent, promouvoir la démocratie et le commerce équitable : tout cela est nécessaire pour concrétiser les bienfaits potentiels de la mondialisation." (Joseph E. Stiglitz, Prix Nobel d'économie, La grande désillusion, page 281)

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2/ L2/ LEE CONCEPTCONCEPT DUDU COMMERCECOMMERCE ÉQUITABLEÉQUITABLE ESTEST--ILIL TRANSPOSABLETRANSPOSABLE ??

On peut soumettre cette interrogation à deux conditions préalables :

Le respect des principes du commerce équitable

L’acceptation par le public d’une relation « élargie »

LE RESPECT DES PRINCIPES DU COMMERCE ÉQUITABLE

Le commerce équitable repose sur un certain nombre de principes définis et contrôlés par la FLO, que l’on pourrait développer ainsi :

- Le principe de juste rémunération : le commerce équitable est basé sur l’idée que tout travail mérite un salaire permettant de vivre dans des conditions décentes c'est-à-dire de satisfaire ses besoins essentiels, les producteurs et tous les acteurs de la filière doivent bénéficier d’une juste rémunération.

- Les conditions de travail décentes : le travail est réglementé par le cadre juridique défini par l’Organisation Internationale du Travail, les conditions de travail reposent sur les idées de non discrimination, interdiction de travail forcé, réglementation pour le travail des enfants, matériel correct…Elles sont vérifiées par les organismes de labellisation.

Quand on parle d’équité, on pense au présent : une équité temporelle « horizontale » mais le commerce équitable se préoccupe également d’une équité « verticale » c'est-à-dire qui prenne en compte les besoins des générations futures.

La mise en œuvre du concept intègre la notion de durabilité. Celle-ci est traduite de deux manières :

-Une prime au développement utilisée pour le développement socio-économique des producteurs, de leur famille ou de la communauté (exemples : amélioration des conditions de transport, construction d’une école…).

-La protection de l’environnement reste un souci majeur, il est demandé aux producteurs de s’orienter vers des pratiques « écologiques » : diminution de l’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires, encouragement à s’orienter vers la culture biologique.

Ces principes nous rappellent que derrière la notion de commerce équitable et notamment derrière le mot équitable se cachent plusieurs idées. La première est celle que l’on retient en premier lieu à savoir assurer un revenu décent aux petits producteurs. Cette vision est néanmoins réductrice. Le commerce équitable se place dans une dimension plus générale : il participe au développement de communautés dans le présent comme dans le futur grâce à la prime de développement et à la mise en œuvre de pratiques durables.

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A l’heure où le développement durable résonne comme une nécessité, cette forme de commerce pourrait s’avérer être un moyen de servir cette durabilité. Mais cela ne saurait se faire sans une globalisation du commerce équitable. Sachant que le développement durable doit concerner toutes les parties du globe, il en va de même de la lutte contre les inégalités. Il parait impensable de réduire des inégalités à certains endroits pour en créer à d’autres, cela reviendrait à déplacer le problème.

Ainsi nous pouvons rejoindre l’idée de l’association MINGA selon laquelle « la démarche pour un commerce équitable ne peut être qu’universelle : elle concerne toutes les filières économiques, locales ou internationales, dans tous les pays ».

Un commerce équitable universel ? Cela suppose une juste rémunération pour les acteurs et la prise en compte des ressources naturelles dans les différents pays. Or, si nous occidentaux voyons aisément les inégalités criantes entre les pays du Nord et les pays en voie de développement ou sous-développés, il nous est plus difficile de remarquer que dans nos pays il existe également certains déséquilibres (voir analyse questionnaire).

Un article paru dans le journal « La Croix » le 09/02 /2004 reprenait les termes de Michel Besson, membre de la coopérative Andines, ainsi : « en France, le milieu paysan se réduit comme peau de chagrin. C’est le secteur où il y’a le plus de suicides ». Cette intervention nous amène à nous interroger sur la condition d’agriculteur en France. Michel Besson ne soulève-t-il pas le fait qu’en France et par extension dans d’autres pays dits développés le monde agricole souffre aussi.

La revue prospectives n°251 parue en juin 2005 nous dit : « en France il y’a entre 1.2 et 3.5 millions de travailleurs pauvres dont environ 20% relèvent du domaine agricole ». Seuil de pauvreté en France : 602 euros par mois.

Selon la FNSEA, « l’agriculture est dans une dynamique déflationniste liée à une faible création de valeur surtout pour les produits de base. La valeur ne permet pas de rémunérer les facteurs de production ».

- Il apparaît que depuis 1998, l’exploitant agricole français a perdu en moyenne 15% de son revenu. - Le nombre d’exploitations agricoles est passé de 1263 en 1979 à 590 en 2003.- Les petites exploitations ont disparu au profit de grosses structures agricoles.

Tous ces éléments nous permettent de noter que les petits producteurs français se font absorber de plus en plus fréquemment par des structures plus imposantes et que le maintien de leur activité est liée à une rémunération plus juste de leur travail.

De la même manière que Francisco Van Der Hoof a remarqué que les petits caféiculteurs mexicains ne pouvaient vivre de leur production, certaines institutions françaises sonnent l’alarme et tentent de sensibiliser l’opinion aux problèmes des agriculteurs français. Ainsi le Parti Communiste Français a-t-il crée un groupe de travail pour un commerce équitable en France et en Europe avec pour objectif la mise en place d’une filière fruits et légumes équitables en France et en Europe. Une enquête a été menée auprès de 1500 directeurs de magasins, 1500 producteurs, de la confédération paysanne, la FNSEA et le MEDEF.

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Nous avons retenu les informations suivantes :

Il n’y a pas de surproduction, exemple : les français consomment 950 000 tonnes de tomates par an, les agriculteurs français en produisent 500 000 et pourtant les productions ne sont pas toutes vendues. A priori les importations sont un moyen de pression sur les prix français.

Pour la pêche, le prix de revient au kg est 1.25 euro, son prix de vente sur les marchés professionnels est environ 1 euro et son prix de vente au consommateur est environ 1.93 euro. Cette donnée rejoint une étude menée par l’INSEE pour le compte des chambres d’agriculture qui montre que la part du prix du produit agricole dans le prix du produit final a tendance à baisser au profit de la transformation, du transport et de la distribution.

A la vue de ces données, nous pouvons nous demander pourquoi le commerce équitable doit nécessairement contenir une dimension Nord-Sud. Pour quelles raisons un agriculteur vivant dans un pays dit riche ne pourrait-il pas obtenir une juste rémunération de son travail ? Est-ce que le fait que les richesses soient inégalement réparties n’est pas l’affaire de chacun d’entre nous ? Si tel n’était pas le cas, nous pouvons nous demander si des associations telles les restaurants du cœur existeraient.

En appréhendant cette situation à travers le regard de Max Havelaar, force est de constater que pour cette entreprise la réponse est non. Pourtant si le commerce équitable repose sur l’article 23 de la déclaration des droits de l’homme (citée par Max Havelaar), l’appliquer aux producteurs en difficulté, indépendamment de leurs origines, parait une évidence. Au regard des valeurs du commerce équitable, l’extension du concept, tout du moins de ses principes, semble possible. L’inconnue est alors de savoir quel sera l’accueil du public.

Aujourd’hui le public intègre une dimension « tiers-mondiste » au commerce équitable (cf analyse questionnaire). Cela peut être du à une interprétation réductrice qui serait la conséquence d’une information à visée marketing développée par Max Havelaar. Or si au niveau théorique nous pouvons étendre le concept, il apparaît difficile de le mettre en oeuvre sans une bonne information du public. Nous avons donc voulu connaître l’avis des français sur l’idée d’un commerce équitable élargi.

L’ACCEPTATION PAR LE PUBLIC D’UNE RELATION « ÉLARGIE »

Pour parvenir à un état des lieux de la perception du public du commerce équitable et de son éventuel élargissement à la vente directe de produits issus de l’agriculture française, nous avons réalisé un questionnaire (disponible en annexe) auquel ont répondues 58 personnes âgées de 15 à 60 ans. Il s’agit d’un groupe relativement hétérogène que ce soit dans les métiers, les tranches d’âges, le fait d’avoir des enfants ou non, de consommer des produits équitables ou non… comme le montrent les graphiques ci-après.

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1. DESCRIPTIF DE LA POPULATION ÉTUDIÉE : Avant d’analyser les réponses de nos sujets, nous allons d’abord en faire la description.

Question N°1 : métiers et niveaux de vie

Nous avons essayé, lors de la passation du questionnaire, de choisir un échantillon qui soit relativement représentatif de la population française en général, même si le nombre de personnes ici interrogées n’est vraisemblablement pas suffisant. Ainsi, nos sujets sont des cadres, des professeurs, des étudiants, des lycéens, des chômeurs, des retraités, des secrétaires, des assistantes sociales, des professions libérales, des employés de tous bords… ayant par la même un niveau de vie différent les uns des autres.

Question N°2

Age de la population étudiée

25%

43%

32%15-25 ans

26-40 ans

41-60 ans

Notre échantillon est constitué de trois catégories représentatives. Les 15-25 ans qui sont ici 25%, les 26-40 ans représentant 43%, et les 41-60 ans 32%.

Question N°3

Avez-vous des enfants?

41%

59%

oui

non

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Notre échantillon regroupe légèrement plus de personnes n’ayant pas d’enfants que de parents, ce qui sur le nombre de sujets total n’est pas très significatif. On peut donc dire que c’est un groupe relativement homogène de ce point de vue.

Question N°4

Consommez-vous des produits équitables?

57%

43%oui

non

Le commentaire peut ici être équivalent au précédent, l’écart entre les deux catégories n’est pas très représentatif, il y a donc également homogénéité. On peut également constaté que le Commerce Equitable est connu et soutenu par une grosse partie de la population étudiée ce qui est très encourageant.

2. LE RAPPORT AU COMMERCE EQUITABLE « TRADITIONNEL »

Maintenant que nous connaissons bien notre population nous allons pouvoir analyser au mieux ses réponses en lien avec le commerce équitable.

Question N°5

Pour cette question, nous avons reçu des résultats correspondant aux définitions traditionnelles et aux représentations du commerce équitable tel que véhiculées actuellement par des labels comme Max Havelaar. Les sujets ont ainsi parlé en majorité de la situation des petits producteurs du sud, de relations plus justes, ils sont pour cela mis en avant les marges inadaptées des gros réseaux de distribution. Ils ont beaucoup plus dénoncé le fonctionnement actuel que parlé du rôle des consommateurs, ce qui laisse penser que qu’ils ont du mal à considérer qu’une entité n’existe qu’à travers le rassemblement de forces humaines.

Question N°6

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MaxHavelaar

Minga Les deux Aucunedes deux

De quelle définition vous sentez-vous le plus proche?

On constate ici que la tendance à adhérer à la définition de Max Havelaar est un peu plus importante que pour Minga. On ne peut pas vraiment expliquer ce phénomène, peut-être est-ce parce que Max Havelaar est plus connu que Minga et qu’il représente un vrai repère pour les consommateurs, ou bien que ces derniers conçoivent le commerce équitable comme un phénomène qui doit se limiter entre des relations Nord-Sud strictes.

Cependant l’écart entre les deux définitions n’est pas assez explicite pour qu’on puisse émettre des hypothèses. Les annotations des sujets à la suite de cette question montre toutefois qu’ils semblent avoir des difficultés à s’y retrouver dans la prolifération actuelle de messages, ou a contrario l’absence totale de connaissances, sur le commerce équitable.

3. LE RAPPORT À L’AGRICULTURE FRANÇAISE ET AUX SYSTÈMES DE COMMERCE ALTERNATIF

Cette partie va nous permettre d’analyser la demande en terme de commerce alternatif, liant à la fois, qualité du produit à consommer, en y incluant les notions de développement durable, respect de l’environnement, traçabilité, mais également la volonté de respecter les producteurs, autant de notions prônées par les défenseurs du traditionnel commerce équitable.

Question N°7

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35

oui non je ne saispas

ça dépend

Pensez-vous que l'on puisse parler de "pauvreté" en ce qui concerne la situation des agriculteurs en

France?

Il apparaît de manière flagrante sur ce graphique que la majorité des sujets (35%) considère que les agriculteurs français ne sont pas en situation de pauvreté. Ils ne sont que 15% à penser le contraire et environ 7% à faire une différence au sein de la catégorie « agriculteurs ».

Question N°8

Hormis un petit nombre de personnes qui a mis en doute la véracité des chiffres énoncés dans les annexes du questionnaire, la majorité a été stupéfaite de découvrir que la situation des agriculteurs était aussi précaire et en déclin. Ils ont d’ailleurs souhaité revenir sur leurs opinions à la réponse précédente.

Il semble que les informations véhiculées par les médias au niveau de la situation des agriculteurs français soient en grande partie focalisées sur les gros producteurs, oubliant dès lors que beaucoup fonctionnent encore en petites productions, n’ayant pour seuls moyens de vente que la grande distribution, d’un côté, qui écrasent les prix et poussent au maximum les délais de paiement, et de l’autre, les marchés traditionnels qui ne permettent pas des marges et une distribution maximales.

Les subventions versées par la PAC semblent également faire penser à l’opinion publique que c’est la panacée pour les agriculteurs français. Certes, on ne peut pas nier que les agriculteurs de notre pays bénéficient d’avantages importants comparés à certains autres, mais il faudrait éviter de faire des conclusions hâtives et généralistes et dans ce but peut-être faudrait-il mettre en place une information plus exhaustive.

Question N°9

100% des répondants sont pour la mise en place sur le marché de produits équitables Nord/Nord.

Beaucoup ont considéré que cela serait une solution à beaucoup de problèmes de « mal –bouffe » satisfaisant du même coup leurs souhaits de consommer mieux, de savoir ce qu’ils mangent, quelle en est la provenance, et également de retourner à un réseau de distribution plus humain. On peut vraiment dire ici que ce modèle a déclenché un réel enthousiasme, toutefois si la majorité des répondants aiment à flâner dans les marchés traditionnels, peu

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d’entre eux connaissaient les réseaux de Cocagne ou les AMAP. Force est de constater que ces réseaux restent actuellement marginaux malgré l’existence d’une volonté d’une grande partie des consommateurs questionnés de se diriger vers ce genre de structures. Reste à savoir si ces derniers sont prêts à franchir réellement le pas vers cette nouvelle forme de consommation.

Aux vues des résultats de ce questionnaire il apparaît nettement que le modèle du commerce équitable est transposable à des relations Nord/Nord et que le public y est favorable et réceptif.

Mais finalement, quels sont donc ces réseaux de consommation alternatifs ? Comment fonctionnent-ils ? Quelles sont leurs politiques ? Sont-ils prêts aujourd’hui à aller à la rencontre des désirs des français ?

3/ P3/ PROPOSITIONSROPOSITIONS DEDE MODÈLEMODÈLE S DEDE COMMERCECOMMERCE ÉQUITABLEÉQUITABLE N NORDORD/N/NORDORD EXISTANTSEXISTANTS ENEN FRANCE

Il existe plusieurs modèles dans le domaine de l’agriculture des fruits et légumes qui prônent des valeurs identiques au commerce équitable. La tendance de ces associations ou coopératives, est de permettre l’émergence d’un consomm’acteur, d’une part, qui recherche une nourriture saine et dont il connaît l’origine, et d’autre part, qui s’investit dans cette agriculture financièrement et régulièrement, afin de prendre en considération les besoins du producteur. Ce mode de fonctionnement permettra ainsi une agriculture raisonnée car adéquate aux besoins.

Nous allons ici exposer brièvement les modèles des Jardins de Cocagne et des AMAP, avant de nous intéresser plus particulièrement à ALTER CONSO, association lyonnaise qui débute tout juste son activité et que nous avons pu rencontrer lors de l’élaboration de ce dossier.

LLESES J JARDINSARDINS DEDE C COCAGNEOCAGNE (Source : http://www.reseaucocagne.asso.fr/)

Les adhérents de l’association souscrivent à une "part légumes".Le prix de cette "part légumes" annuelle correspond au calendrier de culture construit en début de saison. Le prix de référence des légumes est calculé en fonction des variations saisonnières du marché bio, en tenant compte de l’environnement local.Tout adhérent (seul ou en couple), peut souscrire à une demie part légumes.

Le montant de cette souscription peut faire l’objet de conditions de paiement (annuelles jusqu’à mensuelles). Les recettes obtenues par la vente des légumes, complétées par des subventions prenant en compte le surcoût social et la formation des personnes accueillies, permettent :

- d’embaucher un ou plusieurs maraîchers professionnels,- de louer du terrain agricole,- d’acheter le matériel nécessaire au fonctionnement de ces Jardins,- de proposer du travail, sous forme de contrats divers (CES, CEC, CIE, postes EI...) à des personnes en difficultés sociales. Le travail sur le Jardin, régulier, fait appel à des qualités cognitives et des goûts différents du travail en industrie ou sur des chantiers.

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Le(s) maraîcher(s) professionnel(s) établit le plan de culture (le plus diversifié possible) et coordonne le travail de chaque jardinier sur le terrain (au Réseau Cocagne, la terminologie de "maraîcher" correspond à l’encadrant, celle de "jardinier" aux personnes en insertion). Les légumes biologiques sont récoltés et distribués sur le lieu de production et dans les quartiers ou villages où habitent les adhérents : les lieux de dépôt peuvent être des centres sociaux, des associations, des particuliers... Chaque adhérent peut participer aux grandes décisions de la vie du Jardin et, s’il le désire, aux travaux sur le terrain en accord avec le personnel encadrant. A partir du “noyau central” des Jardins peuvent venir se greffer d’autres activités selon les opportunités locales, par exemple, une opération permettant à des enfants du voisinage de venir cultiver leur parcelle de jardin.

LLESES AMAP AMAP (Source : http://alliancepec.free.fr/Webamap/index1.php)

Une Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne est un partenariat entre un groupe de consommateurs et une ferme, basé sur un système de distribution de « paniers » composés des produits de la ferme. C’est un contrat solidaire, basé sur un engagement financier des consommateurs, qui payent à l’avance une part de la production sur une période définie collectivement.

Les AMAP se fondent sur un contrat dont les objectifs sont d’offrir : au paysan, une garantie de revenu ; au citoyen responsable, une éducation à l’environnement, au goût et aux problématiques de

production agricole ;

au consommateur, des aliments frais, de saison, souvent biologiques, produits à partir de

variétés végétales ou races animales de terroir ou anciennes ; un prix équitable pour les deux partenaires.

Ce sont également des animations sur la ferme, favorisant le dialogue social de proximité, l’éducation au goût et à l’environnement.

Elle a pour objet de lier un groupe de consommateurs à un agriculteur local dans le but : d’offrir au consommateur des aliments de bonne qualité gustative, frais, de saison, sans

produits chimiques ou pesticides de synthèse ; de garantir à l’agriculteur et aux consommateurs un prix équitable définis en partenariat ; de favoriser un dialogue social autour du goût, de la biodiversité, de l’utilisation du foncier,

de la lutte pour l’emploi... et une économie solidaire à l’échelle d’une ferme et du territoire dans lequel elle est implantée.

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Graphique réalisé par Alliance PEC Rhône-Alpes

ALTER CONSOALTER CONSO

Alter conso s’est créée sous la forme associative en 2005, ses premières distributions commenceront en février 2006, et petit à petit ses fondateurs espèrent la voire évoluer en Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC), afin de former un réseau effectif entre les collectivités locales, les agriculteurs, les consommateurs et eux-mêmes.

Leurs objectifs sont les suivants :

- parvenir à 15 lieux de distribution et 500 consommateurs lyonnais. Ils souhaitent en effet rester un réseau de proximité et pour ce faire avoir des objectifs commerciaux raisonnés ;

- démocratiser les produits des producteurs locaux aux personnes ayant de faibles revenus, notamment à travers un abonnement dégressif, selon la situation socioprofessionnelle.

Chaque personne adhérant à Alter Conso devra payer un abonnement hebdomadaire ainsi que le prix du producteur de vente à la ferme pour ses paniers. Le producteur et le consommateur s’y retrouveront ainsi tous les deux, l’un car il saura d’avance que la quantité produite sera vendue et qu’il n’aura pas d’avance sur frais à fournir, et l’autre car il bénéficiera de produits de qualité dont il connaîtra l’origine. Alter Conso propose ainsi une série de « bonnes raisons » d’adhérer à leur cause :

« - je veux manger des produits agricoles de qualité à un prix raisonnable ;- je veux connaître les producteurs et leurs modes de production ;- je veux soutenir une agriculture locale et respectueuse de l’environnement ;- je veux adopter un mode de consommation responsable et alternatif ».

Alter conso cherche ainsi à recréer un commerce de proximité éthique : « les partenariats entre consommateurs et producteurs sont l’occasion de rapprocher villes et campagnes (…) et de renouer des liens qui tendent à disparaître aujourd’hui » et écologique, c’est d’ailleurs

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pour cette dernière raison qu’ils ont choisi de ne travailler qu’avec des producteurs situés dans un rayon de 50 Km autour de Lyon et de réduire l’utilisation d’emballages.

Il s’agit donc bien pour eux d’un Commerce Equitable local, même s’il préfère l’appellation « commerce responsable ».

Toutefois, il apparaît clairement que le développement de ce genre de commercialisation n’est pas sans contraintes et qu’elle est très vite limitée.

4/4/ LES FREINS AU DÉVELOPPEMENT D’UNE FILIÈRE ÉQUITABLE NORD/NORD

L’extension de la filière équitable peut présenter certains blocages. Ceci en dehors du respect dans la pratique des principes du commerce équitable, qui ne peut être vérifié qu’en aval du démarrage des activités. Mais nous ne pouvons pas extrapoler ici sur les dérives possibles de ce fonctionnement.

Les freins que nous avons pu noter lors de nos entretiens avec ALTER CONSO, l’Epicerie Equitable, l’Association TRACE ( Travaux Rhône-Alpins pour le Commerce Equitable) ainsi que de nos recherches Internet, peuvent provenir de différentes sources :

Pour les agriculteurs :

- difficulté à faire évoluer les mentalités : certains ne souhaitent pas changer leur fonctionnement. Nous pouvons imaginer qu’une partie a ses repères et que le changement peut leur faire peur ou nécessite des aménagements qu’ils ne désirent pas effectuer. D’autres n’ont pas besoin de modification de leur activité et vivent très bien avec leur fonctionnement actuel (partenariat avec les grandes surfaces même avec une rémunération faible, AMAP…).

- accepter la pratique d’une agriculture raisonnée qui peut être synonyme d’investissements ou de rendement moindre.

Pour les consommateurs :

- Mauvaise information par rapport à la nécessité pour eux et les producteurs de s’accorder sur un système de vente équitable: travail de fond important pour faire connaître la filière : qui va l’effectuer ? Les consommateurs veulent de plus en plus savoir ce qu’ils consomment mais désirent aussi payer un prix « raisonnable ». Il convient alors de penser à une équité réciproque, payer un peu plus cher un produit de meilleure qualité : oui, mais il semble évident qu’il faut veiller à éviter les dérives abusives sur les prix.

- Adapter sa consommation aux saisons si on veut une agriculture raisonnée : les produits ne sont pas disponibles à tout moment. Pour les collectivités cela peut poser des problèmes dans la réalisation des menus pour les cantines par exemple.

- Paiement d’une cotisation pour un service qu’on ne connaît pas. Cela nécessite une bonne information et la confiance des adhérents.

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- Disponibilité pour aller chercher les produits à un endroit fixe : système de vente manquant de flexibilité.

Par rapport à la législation :

- Nécessité d’avoir un matériel conséquent : une caisse par produit frais et par producteur. Par exemple les œufs, le lait, le fromage…du producteur A doivent être séparés dans des caissons différents, mais ils doivent aussi être séparés des mêmes produits du producteur B. Ainsi la personne qui recueille les produits doit avoir un caisson pour les œufs de A, un autre pour ceux de B, un autre pour le lait de A…

- Si l’on ajoute à cela le respect de la chaîne du froid, nous pouvons comprendre que le démarrage de la filière nécessite un investissement relativement important.

- Le principe de la vente directe impose la présence d’un des producteurs sur chaque lieu de distribution lors des ventes. Il est donc nécessaire que le producteur puisse se libérer au moment des ventes. Encore une fois nous remarquons le peu de flexibilité du système.

Les conséquences directes de ces contraintes sont financière et structurelle :

- Qui va payer les investissements ? Les producteurs, les consommateurs, les deux ?

- La rigidité d’un tel système n’est pas sans conséquence à l’heure où la flexibilité est de mise, on peut se poser la question de savoir comment l’assouplir pour le rendre plus accessible.

CONCLUSIONCONCLUSION

Le Commerce Equitable est un système complexe, d’une part parce qu’il est relativement nouveau en tant qu’acteur de poids et donc plus ou moins en phase de « rodage », et d’autre part à cause d’un désaccord au sein de ses structures représentatives.

C’est un commerce qui se développe de plus en plus, à la fois dans l’alimentaire, mais aussi dans le domaine du textile où les filières tendent à devenir équitables de la matière première au produit fini. Au fil du temps le Commerce Equitable a donc du se structurer pour devenir crédible et concurrentiel, ce qui a amené des points de discorde entre ses décideurs mais aussi d’un pays à l’autre. Nous sommes donc, aujourd’hui, face à un véritable conflit d’intérêts qui jette le discrédit sur toute la « famille » du Commerce Equitable engendrant des amalgames aux yeux du consommateur.

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Ces désaccords empêchent pour le moment toute évolution. Parler de Commerce Equitable Nord/Nord c’est faire un pas au-dessus d’un gouffre sans pont, et c’est, par la même, adhérer à un mouvement dont les bases ne sont pas encore suffisamment consolidées pour permettre une structuration de cet ordre.

Il paraît donc plus prudent de ne pas faire d’amalgame, pour le moment, entre des structures telles que les AMAP et ARTISANS DU MONDE, par exemple. Ainsi même si comme nous l’avons montré précédemment les valeurs prônées sont identiques dans les deux cas, il conviendrait d’utiliser un terme plus neutre tel que Commerce Responsable ou Commerce Ethique.

De plus, nous nous sommes également rendues compte que le Commerce Equitable et le Commerce que nous avons appelé Responsable sont parfois en concurrence. Certains magasins de Commerce Equitable disposent également de produits d’agriculteurs locaux à la vente, car ils estiment qu’il n’est pas juste de proposer des produits étrangers alors que le même type de produit issu de l’agriculture française n’arrive pas à se vendre. Ils prennent ainsi l’exemple du miel, que les apiculteurs locaux n’arrivent pas à distribuer. Les produits équitables ne doivent pas, selon eux, être privilégiés au détriment du commerce local.

Peut-être faudrait-il alors créer un lieu de distribution de Commerce Responsable proposant à la fois des produits du Commerce Equitable traditionnel et des produits d’agriculteurs français utilisant une filière de distribution éthique, tous deux proposés au consommateur dans une situation de libre concurrence. Cela permettrait dès lors aux consommateurs de choisir une politique d’achat tout en laissant libre cours à leurs préférences et à leurs goûts. Un tel lieu existe cependant déjà, puisque nous en avons rencontré un lors de notre recherche : l’Epicerie Equitable qui est un lieu de distribution de produits labellisés équitables sera également cette année un des lieux de distribution choisi par ALTER CONSO.

Selon nous c’est vers ce genre de compromis qu’il faudrait arriver pour rassembler le maximum d’acteurs et s’opposer ainsi de manière plus importante au commerce actuel. Reste à convaincre l’ego de chacun que l’union est plus forte que l’unité.

BIBLIOGRAPHIEBIBLIOGRAPHIE

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http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/

http://alliancepec.free.fr/Webamap/index.php

www.alter-conso.org

http://www.confédération paysanne.fr

http://www.credoc.fr/pdf/4p/155.pdf

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http://www.insee.fr

http://www.fairtradefederation.com/

http://www.fnsea.fr

http://www.inegalites.fr/

http://www.maxhavelaarfrance.org/association/

http://www.minga.net/

http://www.novethic.fr/novethic/site/article/index.jsp?id=95065

http://paris.apca.chambagri.fr/

http://www.pcf.fr/?iddoc=5083&idcol=61

http://www.reseaucocagne.asso.fr/

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ANNEXESANNEXES

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