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la revue de l’UFOLEP Juin 2016 - N° 22 - Prix 3,50 en jeu une autre idée du sport e j 1866-2016 UNE HISTOIRE DU SPORT DANS LA LIGUE

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EN JEU, UNE AUTRE IDEE DU SPORT, mensuel de l'Ufolep (n°22, juin 2016) /////////////////////////////// DOSSIER : Une histoire du sport à la Ligue de l'enseignement ////////// INVITE : Patrick Mignon, du Mondial à l'Euro, en quoi le football a-t-il changé ? /// FEDERAL : Philippe Machu réélu président de l'Ufolep /// FORUM : S'adapter à a réforme territoriale /// HISTOIRES : "Les Couleurs du souvenir", par Michel Pastoureau

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la revue de l’UFOLEP Juin 2016 - N° 22 - Prix 3,50 €

en jeu une autre idée du sportej

1866-2016UNE HISTOIRE

DU SPORT DANS LA LIGUE

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Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 32 Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22

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Par Philippe Machu, président de l’Ufolep

Sereine et résolue, l’assemblée générale de l’Ufolep a confirmé, fin avril à Port-Leucate, la cohésion de la fédération autour d’un projet qui vise à mettre le sport au service de tous les publics, à favoriser le bien-être, le plaisir de pratiquer, et à développer la citoyenneté.

Les interventions de Véronique Moreira, nouvelle présidente de l’Usep, de Jean-Karl Deschamps et de Nadia Bellaoui, respectivement secrétaire national et secrétaire générale adjointe de la Ligue de l’enseignement, ont confirmé par ailleurs la place du secteur sportif dans le projet de la Ligue et une conception pleinement partagée par chacun d’un sport éducatif et social.Du niveau local à l’échelon national, l’heure est à présent à la mobili-sation des compétences et des énergies pour construire, avec toutes les parties prenantes, des projets de terrain, tournés vers les besoins des publics et motivés par l’animation et la valorisation des territoires.Dans une relation renforcée avec tous les acteurs de notre réseau associatif, le nouveau comité directeur, largement renouvelé, devra s’organiser sans tarder. Et traduire dans son projet de mandature les grands axes qui contribueront à dessiner l’Ufolep de demain, appuyée à part égale sur ses deux secteurs, « sport éducation » et « sport et société ». ●

coup de crayonpar Jean-Paul Thebault

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en jeu “une autre idée du sport” est la revue de l’Union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep), secteur sportif de la Ligue de l’enseignement Ufolep-Usep 3, rue Récamier, 75341 Paris Cedex 07 Téléphone 01 43 58 97 71 Fax 01 43 58 97 74 Site internet www.ufolep.org Directeur de la publication Nelly Aradan Président du comité de rédaction Philippe Machu Rédacteur en chef Philippe Brenot Ont participé à ce numéro France Poret-Thumann, Philippe Machu, Pierre Chevalier, Noémie Vincent, Nicolas Armand, Marina Chaumond, Bruno Aguiar, fabrice Audebrand Photo de couverture Fête de « l’école laïque », Limoges, 14 juillet 1914, par Jean-Baptiste Boudeau (détail), coll. Jean Jouhaud / Les Ardents éditeurs Maquette Agnès Rousseaux Impression et routage Centr’Imprim, rue Denis Papin 36 100 Issoudun Abonnement annuel 13,50 € Numéro de Commission paritaire 1015 K 79982 Numéro ISSN 1620-6282 Dépôt légal Juin 2016 Tirage de ce numéro 8525 exemplaires

som

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4 actualitéPatrick Kanner, hôte de l’Ufolep dans les YvelinesVuLuEntendu : Un Parfum de bonheur, Didier Daeninckx (Gallimard) ; Voici des ailes, Maurice Leblanc (Libretto) ; « Fair-Play » au théâtre du Rond-Point

6 invité9 dossier18 fédéral

AG de Port-Leucate : Philippe Machu réélu président de l’Ufolep ; un comité directeur national largement renouvelé

23 forum26 réseau

Ufolep Rhône-Alpes : L’Électr’Enduro promeut le VTT électriqueInstantanés : La famille du parkour se retrouve à Roubaix

28 histoiresMorceaux choisis : « Les Couleurs de nos souvenirs », Michel Pastoureau (Point) Je me souviens : Daniel RondeauL’image : « Roland-Garros », par Bruno Aveillan (La Martinière)

30 repèresSélection d’essais sur le football à l’occasion de l’Euro 2016

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INVITÉPatrick Mignon, du Mondial à l’Euro, en quoi le football a-t-il changé ?

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À la veille de l’Euro 2016, organisé du 10 juin au 10 juillet en France, Patrick Mignon établit un parallèle avec la Coupe du monde 1998, à la lumière des enjeux d’intégration et de socialisation liés au ballon rond.Et aussi : L’Ufolep associée au « 11 Tricolore »

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150 ans de sport à la Ligue de l’enseignement

DOSSIER

La Ligue de l’enseignement fête ses 150 ans. L’occasion de rappeler la place que les activités physiques et sportives y occupent et de questionner l’idéal d’un sport laïque, incarné depuis 1928 par l’Ufolep.

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Alors que l’Ufolep modifie les statuts de ses comités régionaux pour se conformer au redécoupage territorial, quelles stratégies ses

associations doivent-elles mener pour exister sur le terrain ?

FORUMRéforme territoriale :

les réponses du ministère et notre démarche fédérale 23

9L’association multisports Sports et Loisirs de la Vie, en Vendée : l’un des visages de l’Ufolep d’aujourd’hui.

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é née mercredi 27 avril dans les locaux du ministère de l’Économie et des Finances, en présence de la secrétaire d’État au numérique, Axelle Lemaire. France eSports réunit des organisateurs de tournois, des médias spécialisés et des syndicats professionnels du jeu vidéo. Elle a vocation à « structurer » la communauté de l’e-sport et constitue « une première étape pour favoriser son émergence comme un sport à part entière » a précisé la secrétaire d’État.À terme, c’est bien une fédération que souhaitent de nombreux joueurs et organisateurs, pour être à pied d’égalité avec les sports « classiques ».« On bute encore sur des conservatismes, ou l’argument erroné que l’e-sport ne nécessite pas d’effort physique », concède Matthieu Dallon, le président de l’association, qui estime que la création d’une fédération prendra encore « cinq à dix ans ». On ignore le point de vue du ministère des Sports… Les compétitions représentent en revanche un enjeu d’image et d’emploi aux yeux du gouvernement et du ministère de l’Économie, qui

Playa Tour 2016

Depuis sa création en 2007, l’Ufolep Playa Tour, rendez-vous multisports proposant aussi des ateliers culturels et citoyens, n’a cessé de grandir et d’évoluer. Cette tournée estivale des plages et des plans d’eau intérieurs (à la campagne et en milieu urbain), touchera cette année encore près de 20 000 personnes, touristes ou jeunes des structures sociales partenaires de l’événement.L’édition 2016 débutera le 22 juin, conjointement à Sillery (Marne) et à Strasbourg, et se concentrera tout particulièrement sur le mois de juillet, de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) à Port-Leucate (Aude), et de Giffaumont (Meuse) à l’Étang-Salé (La Réunion). Au mois d’août, le Playa Tour s’arrêtera notamment à Évry (Essonne) et, durant près

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de trois semaines, sur la base de Marville (Seine-Saint-Denis). Soit, en tout, 26 étapes – de deux à quatre jours le plus souvent – qui mobiliseront un millier de bénévoles et d’animateurs professionnels dans 19 départements. Toujours avec des espaces de pratique aménagés sur des sites choisis, dans une démarche d’innovation sociale et d’accessibilité alliant activités sportives, ateliers de sensibilisation (prévention des addictions, développement durable…) et animations de soirée contribuant à la dimension festive.

Vers une fédération française d’e-sport ?

France eSports, association regroupant les acteurs majeurs du sport électronique, est officiellement

PATRICK KANNER, HÔTE DE L’UFOLEP DANS LES YVELINESLe ministre de la Ville, de la

Jeunesse et des Sports, Patrick

Kanner, s’est déplacé vendredi 15

avril à Chatou, où il a pu avoir un

large aperçu des actions menées

par l’Ufolep et le comité des

Yvelines en matière de sport pour

tous. Le ministre est notamment

allé à la rencontre des partici-

pantes d’un atelier hebdomadaire du projet « Mam’en Sport »,

qui depuis deux ans propose gratuitement des activités d’en-

tretien à des mères de famille, pendant que leurs enfants sont

confiés à des puéricultrices.

Dans un second temps, le ministre a participé à un échange

sous forme de table ronde avec une quinzaine de respon-

sables nationaux, régionaux et départementaux de l’Ufolep,

dont Philippe Machu et Pierre Chevalier, président et direc-

teur national. Ce tour d’horizon a permis d’évoquer plusieurs

actions menées en appui du plan « Citoyen du sport » impulsé

par le ministère : le dispositif Toutes sportives de promotion du

sport féminin, l’accueil de jeunes

en service civique ou l’application

Tout Terrain pour smartphones –

qui favorise la reprise d’une acti-

vité sportive en permettant à des

personnes isolées de se retrouver

pour pratiquer ensemble.

De son côté, outre Mam’en Sport, le

comité des Yvelines a détaillé plu-

sieurs de ses initiatives, comme Inser’Sport (destinée aux béné-

ficiaires du RSA, en partenariat avec le conseil départemental)

et le sport des seniors. Ou bien encore les missions des volon-

taires en service civique, ciblées pour certaines autour de l’Eu-

ro 2016, et le Raidy to Go, qui mènera cette année des jeunes

jusqu’à Rio à l’occasion des Jeux olympiques. Une initiative qui

a particulièrement intéressé le ministre.

Patrick Kanner a conclu l’échange en fixant deux rendez-vous :

l’un sur une étape de l’Ufolep Playa Tour cet été, l’autre pour

l’organisation d’un événement à l’occasion du lancement de

l’application Tout Terrain. ● Noémie ViNceNt

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Sur un atelier « Mam’en Sport » animé par l’Ufolep à Chatou.

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VuLuEntenduvoient là une opportunité pour la France de se positionner comme l’un des grands pays organisateurs de tournois, aux côtés de la Corée, de la Suède ou des États-Unis. (avec www.lemonde.fr)

Rando raid VTT

L’association Pujols Rando Nature et l’Ufolep du Lot-et-Garonne organisent les 25 et 26 juin à Ville-neuve-sur-Lot ce qu’ils présentent comme la « 1ère rando raid VTT en Aquitaine ». Un événement comme il en existe d’autres à l’Ufolep, mais révélateur d’un état d’esprit. Cette rando raid est en effet ouverte à tous, licenciés et non licenciés, avec des parcours allant de 10 à 35 km le samedi et de 40 à 120 km le dimanche. S’y ajoutent des parcours pédestres (balade, trail, marche nordique), une animation VTT Kid et une invitation au trial. Invité de marque également, le vélo à assistance électrique, tandis que sont autorisés vélos de route, de cyclo-cross, single speed et tandems. Enfin, l’événement repose sur un partenariat avec l’office de tourisme du Grand Villeneuvois.

Lutte contre la radicalisationLe plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme présenté le 9 mai par le Premier ministre Manuel Valls comporte une mesure sur la prévention de la radicalisation dans le champ sportif. Elle prévoit la création d’une mission d’appui nationale pilotée par l’Inspection générale de la Jeunesse et des Sports pour engager des contrôles dans les associations et les clubs sportifs. Une cinquantaine d’inspecteurs seront mobilisés sur ces contrôles qui pourront se traduire par la suspension des financements de l’État ou le retrait des agréments.Un guide d’information sera diffusé.

UN PARFUM DE BONHEUR, OU L’ESPRIT DE 36 Ce livre, explique Didier Daeninckx en avant-propos, est né de la découverte, par l’entremise du petit-fils de leur auteur, de photos prises au cœur des années 1930. Très vite, le romancier à la fibre sociale acquiert « la certitude que ces instantanés racontaient la période du Front populaire d’une manière tout à fait inédite ». Et d’expliquer : « Ils fixent en effet un groupe d’une vingtaine de jeunes gens et de jeunes filles passionnés de sport dont les histoires personnelles vont être bouleversées par une invention sociale majeure, celle du temps libre. Les 40 heures et les congés payés leur permettent d’échapper aux stades étriqués des périphéries pour aller s’ébattre sur les plages, grimper aux flancs des montagnes, glisser sur les pentes enneigées. »S’inspirant du « regard espiègle » de la jeune personne qui revient souvent devant l’objectif du photographe amateur, et s’appuyant sur les archives personnelles et intimes de trois autres femmes « ordinaires et remarquables », Didier Daeninckx invente le parcours d’une héroïne dont il imagine qu’elle se confie à lui, cinquante ans plus tard.Le texte – c’est sa vertu et sa limite – se veut pédagogique afin de restituer pleinement cet esprit de 1936 que son héroïne, Ginette Tiercelin, présente comme « un parfum de bon-heur ». En cela, il colle parfaitement à des photos irradiées d’une joie neuve dans laquelle les corps se libèrent et exultent. Des photos qui accompagnent aussi les premiers pas de la toute jeune Fédération sportive et gymnique du travail (fondée en 1934), et sont le cœur battant de ce livre de lendemains qui chantent. ● Ph.B.Un parfum de bonheur, Didier Daeninckx, photographies de France Demay, Gallimard, 128 pages, 25 €.

VOICI DES AILES, FANTAISIE CYCLISTEC’était en 1898, au temps du cinéma muet, balbutiant, et des premiers élans suscités par la petite reine, jeune ingénue. C’était aussi au temps où Maurice Leblanc (1864-1941), d’abord journaliste, se cherchait. Le futur romancier de La Dent creuse et de L’Île aux trente cercueils n’avait pas encore inventé le personnage de gentleman cambrioleur qui ferait son succès. Inspiré peut-être d’un Maupassant croquant le lawn-tennis, il troussait un court roman à la gloire de la bicyclette : Voici des ailes, aimable marivaudage qui voit deux couples changer de partenaire au fil d’une randonnée les menant de Normandie jusqu’en Bretagne.L’argument est mince, le style plaisant, l’intrigue faible. « Voilà un petit livre charmant » résume Antoine de Caunes en préface. Un petit livre dont les meilleures pages sont celles qui exaltent ces engins racés, symboles d’une certaine modernité. « C’est un plaisir d’art réel, une émotion neuve que de contempler ces jolies bêtes de courses dont tous les détails indiquent la double destinée. Y a-t-il rien qui évoque plus l’idée de vitesse que ces deux roues égales, aux rayons ténus et vibrants comme des nerfs, deux jambes sans commencement ni fin ? Y a-t-il rien qui soit plus stable, plus solide d’aspect que ces reins d’acier, que cette échine rigoureuse, que tout cet appareil de muscles logiques et nécessaires ? » De ce genre de prose, Voici des ailes est agréablement parsemé. ● Ph.B.Voici des ailes, Maurice Leblanc, Libretto, 126 pages, 5,10 €.

LE FAIR-PLAY VU DU ROND-POINT « Avec Fair-Play, outre le clin d’œil à l’univers de Jacques Tati dont je suis un fan absolu, je voulais mettre en musique le corps du sportif, ses mouvements, ses états d’âme, épingler ses travers… Porter un regard tendre, poétique et critique sur son rêve de gloire, son mental d’acier, son physique, sa force, mais aussi ses faiblesses et parfois son ridicule. » Ainsi parle Patrice Thibaud du spectacle qu’il a créé il y a quatre ans et qu’il interprète lui-même, avec un acolyte, sur la scène du Théâtre du Rond-Point, à Paris. Cela vous dit ? ●Fair-Play, de et avec Patrice Thibaud, et avec Philippe Leygnac, Théâtre du Rond-Point, du 7 juin au 3 juillet. (www.theatredurondpoint.fr)

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les pratiques de loisir. La France demeure néanmoins un pays où la majorité des gens ne sont pas directement investis dans l’activité comme pratiquants ou supporters, et s’y intéressent seulement comme question générale. J’ajouterai que le concept de « fête » est utilisé comme un leitmotiv à forte connotation marketing, et permet au passage de stigmatiser les supporters ultras, certes par-fois trop passionnés voire violents, mais pointés comme de simples hooligans, pour souligner qu’ils n’ont pas leur place dans le football. On souhaite une fête bon enfant et surtout une atmosphère festive, détendue, un prélude aux vacances estivales.

Vous-même, dix-huit ans après, quel regard portez-vous sur ce qui fut présenté par certains comme un moment de ferveur nationale, incarné par une équipe black-blanc-beur, quand d’autres n’y ont vu qu’une hallucination collective ?Affirmer que les Bleus de Zidane avaient fait davan-tage pour l’intégration que toutes les politiques menées jusqu’alors était illusoire et extravagant. Si l’équipe de France offrait un visage black-blanc-beur, cela traduisait avant tout le fait que le football était devenu un vec-teur d’ascension sociale, en particulier pour les enfants d’immigrés, à défaut d’autres lieux de réalisation.Je pense néanmoins que ne voir là qu’une illusion collec-tive est une autre exagération. On sait l’importance que peuvent avoir les émotions partagées, au-delà de l’illu-sion lyrique d’une France métissée où tout allait pour le mieux. Or, je le répète, cette émotion partagée a été insuffisamment travaillée et utilisée pour approfondir ces questions d’intégration par le sport. Notamment au sein des clubs, où l’on a continué à penser aux résultats sportifs davantage qu’aux enjeux sociaux : esprit associa-tif, esprit d’équipe, solidarités locales... 1998 a laissé des traces dans les mémoires, et cette ferveur aurait pu servir de base de travail, ce qui n’a pas été le cas.

Dans La Passion du football, paru en mai 1998 ; vous évoquiez le « feel good factor » que peut susciter un tel événement et vous envisagiez le foot comme « mesure de l’état moral d’une nation ». Depuis, les Bleus sont devenus un baromètre de la cohésion nationale : les médias clament qu’il faut les « aimer » ou parlent de « divorce » avec les Français…

P atrick Mignon, la France accueille l’Euro 2016 de football avec le souhait affiché des autorités politiques de renouer avec la fête populaire du Mondial 1998. Mais le contexte s’y prête-t-il ?

La réponse est évidente : non. L’Euro survient dans le contexte d’une année 2015 marquée par les attentats qui ont endeuillé Paris et d’un pays qui vit sous le règne de l’état d’urgence, la compétition étant d’ailleurs elle-même l’un des arguments invoqués pour la prolongation de celui-ci. Cela « plombe » forcément l’ambiance. Par ailleurs, il convient de relativiser l’atmosphère de fête de l’été 1998. Ce fut surtout la fête à la fin et après, et celle-ci n’avait pas été préparée. Focalisés sur l’organisa-tion de l’événement, ni l’État ni la Fédération française de football n’avaient anticipé un tel retentissement. Cela leur est tombé dessus sans qu’ils en perçoivent immédia-tement les enjeux, notamment au regard de la problé-matique de l’intégration et des banlieues. D’une certaine manière, après la finale, c’était trop tard.

Cela a changé entre-temps…Oui, parce que le football s’est un peu plus installé dans

Patrick Mignon, du Mondial à l’Euro, en quoi le football a-t-il changé ?À la veille de l’Euro 2016, organisé du 10 juin au 10 juillet en France, Patrick Mignon établit un parallèle avec la Coupe du monde 1998, à la lumière des enjeux d’intégration et de socialisation liés au ballon rond.

Sociologue du SupportériSme et de la performance

Patrick Mignon, 65 ans, a effectué la majeure partie de sa carrière

de sociologue à l’Insep, où il a notamment analysé les grandes

enquêtes relatives à la pratique sportive des Français, jusqu’à sa

retraite en fin d’année dernière. Il continue toutefois d’y animer

des séminaires autour de la notion de performance et collabore,

entre autres, à la revue Esprit. Patrick Mignon a également tra-

vaillé sur les cultures jeunes, sur le dopage et sur le supportérisme

dans le football, sujet auquel il fut l’un des premiers à s’intéresser.

La journée d’études qui lui était dédiée, fin avril au Louvre-Lens,

a témoigné de l’influence qu’il a exercé sur plusieurs générations

de chercheurs. À cet égard, il convient de citer l’ouvrage fonda-

teur que fut La Passion du football (Odile Jacob, 1998), et dont la

conclusion résume sa démarche : « Si la question n’est pas toujours

d’aimer le football, elle est au moins d’en comprendre les différents

enjeux et d’en connaître toutes les composantes. » ●

LA PASSION DU FOOTBALL DÉCRYPTÉE

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Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°21 7

Sociologue du SupportériSme et de la performance

témoigne cette exposition – attachement à un club, un terroir, et forte identité ouvrière – n’est-elle pas désormais un objet de musée ?Non, je ne crois pas. L’exposition du Louvre-Lens parti-cipe à un mouvement bien identifié de « patrimonialisa-tion » d’une activité « banale », qui autrefois n’aurait pas intéressé une telle institution. Elle traduit l’ouverture des grandes institutions culturelles à de nouveaux publics. Certes, on recueille plus facilement les traces d’objets et de pratiques en voie de disparition parce que les groupes qui les ont portés sont eux-mêmes en voie de disparition. Mais cela permet d’inscrire une mémoire de cette activité qui fut très profondément intégrée à la vie quotidienne des communautés ouvrières du Pas-de-Calais.Le football n’en est pas moins aujourd’hui à la fois une pratique très répandue et un pur spectacle qui intéresse le plus grand nombre. C’est toujours un sport très exci-tant dans l’opposition des équipes et le suspens intrin-sèque au jeu – en particulier lors des grands événements internationaux. Le football permet aussi l’expression de sociabilités de nature diverse, locales, nationales ou transnationales. En cela, il reste un outil de communica-tion entre les individus. ●

ProPos recueillis Par PhiliPPe BreNot

Cela met en évidence le fossé qui peut exister entre deux mondes : d’un côté celui du football, de l’autre celui de ceux qui ne s’intéressent pas au foot mais le commentent abondamment en tant qu’expression d’un état de la société, d’un état des mœurs. De fait, 1998 aidant, un intérêt s’est développé parmi le grand public et dans le monde politique : engageons-nous, en tant que président de la République, en tant que Premier ministre, à prendre en compte ce phénomène social… Mais l’affaire des quo-tas ou, plus récemment, l’affaire Benzema, ont troublé le jeu et ce « feel good factor », en rappelant ce qui fait mal : la question de l’intégration, des binationaux, du racisme… Avec cette question récurrente : « ces joueurs sont-ils de bons Français ? ». Cela complique la perception de l’équipe de France.

Les joueurs évoluent dans un sport professionnel aussi éthique que celui de la finance, comme l’a rap-pelé l’affaire d’évasion fiscale des Panama Papers, où apparaissent les noms de joueurs, de dirigeants…L’économie du sport, et en particulier celle du football, illustre la question posée avec acuité par la crise finan-cière de 2007 : s’agit-il d’une économie réelle, reposant sur l’échange des biens et des produits, ou d’une écono-mie-casino où s’échangent des produits financiers, avec des stratégies de rentabilisation maximale ? Or le football ressemble à plus d’un titre à une économie-casino. En outre, au-delà de la production d’un spectacle payant, les investisseurs recherchent de l’image, ce qui favorise les salaires mirobolants des joueurs. Certains d’entre eux s’efforcent alors de placer leur argent et d’échapper au fisc, ce qui explique qu’on pourrait les retrouver, joueurs ou dirigeants, dans les Panama Papers. Le monde du sport se réclame de valeurs fortes, mais parce qu’il est le sport le plus populaire et qu’il draine le plus d’argent, le foot-ball est aussi une organisation dont les acteurs maxi-misent leurs profits.

Faut-il voir en lui l’incarnation du capitalisme mon-dialisé, comme le clament les tenants de la théorie critique du sport ?Le football est à l’avant-garde de tous les sports. Après s’être développé dans la seconde moitié du 19e siècle grâce à ce que l’on nomme la deuxième mondialisation, il incarne la troisième mondialisation, observée depuis les années 1980, et que traduit l’arrêt Bosman de 1995 sur la libre circulation des joueurs. Le football est le produit phare d’une économie du divertissement qui consiste à vendre du plaisir à l’échelle de la planète. À ce titre, il échappe à des règles éthiques ou de réglementation éco-nomique. En témoigne la défiscalisation de ses activités exigée par l’UEFA pour accorder à un pays l’organisation de l’Euro. Le Comité international olympique, la Fifa ou l’UEFA se comportent comme des entités extraterrito-riales qui défendent leur droit de marque en profitant de la concurrence entre pays pour l’organisation des JO, d’un Mondial ou d’un Euro. Et contrôlent toutes les retombées de leurs événements, contribuant un peu plus à brider toute manifestation spontanée du public.

Parallèlement, le football est entré au musée, comme l’illustre l’exposition dédiée au Racing Club de Lens au Louvre-Lens. Mais, justement, la culture dont

Patrick Mignon : « Le football demeure un outil de communication entre les individus. »

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LES SUPPORTERS RECONNUS Le Parlement a définitivement adopté, jeudi 28 avril, une proposition de loi concernant les relations avec les supporters. D’une part, elle institu-tionnalise le dialogue avec les supporters à travers une reconnaissance législative de leurs associations. De l’autre, elle accorde aux autorités des pouvoirs renforcés pour lutter contre les atteintes à l’ordre public et les violences commises par les hooligans. Au plan local, la loi prévoit la désignation par chaque club professionnel d’un ou plusieurs référents chargés des relations avec les supporters. Au plan national, elle prévoit la création d’une instance nationale du supportérisme, placée auprès du ministère chargé des Sports. ●

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Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 98 Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22

Le football a déjà eu les honneurs du

Musée national du sport, de la Cité de

l’histoire de l’immigration ou de mani-

festations d’art contemporain. Mais,

cette fois, il entre presque dans le saint

des saints : ce sont en effet les cimaises

de l’antenne lensoise du musée du Louvre

qui l’accueillent, à travers des archives papier et vidéo et

diverses reliques ou objets de culte des supporters du RC

Lens, réunis notamment grâce à une collecte publique.

Pourquoi ce choix ? Parce que le club, historiquement lié aux

Houillères, est imprégné de la culture ouvrière du « meil-

leur public de France ». Et que le stade Bollaert-Delelis, que

l’on peut apercevoir, jouxtant les terrils, depuis les baies

vitrées du musée, accueillera quatre matches de l’Euro.

Certes, l’exposition est modeste. Elle consiste principale-

ment en deux espaces. Le premier s’intéresse à la mémoire

collective, avec des témoignages de supporters ou d’anciens

joueurs et entraîneurs, des extraits de matches, des mail-

lots, un album Panini... Le second s’appuie sur des objets

faits main pour caractériser la relation

intime entretenue par les supporters

avec leur équipe et la façon dont celle-ci

fait partie de leur quotidien.

C’est par exemple la trompette de l’ani-

mateur du kop, musicien dans une har-

monie, ou le tabouret bricolé par un

père pour que son fils puisse voir le match, juché sur celui-

ci. Ou bien le très customisé meuble de télévision autour

duquel se réunit à chaque match la famille d’Yvette, vieille

dame dont le salon déborde de son obsession bicolore. Nul

chef-d’œuvre, pas même l’huile sur toile collée sur carton

de Pierre Even, représentant une action d’un derby Lille-

Lens des années 1960-1970. L’exposition « RC Louvre »

lorgne plutôt du côté des arts et traditions populaires. Elle

n’en est pas moins particulièrement émouvante, témoi-

gnage d’une époque où la passion du football n’avait rien

de manufacturé. ● Ph.B.

RC Louvre, mémoires Sang & Or, Louvre-Lens, jusqu’au 7 novembre 2016. Entrée gratuite, tous les jours de 10h à 18h. (www.louvrelens.fr)

POUR L’EURO, LES SANG ET OR ENTRENT AU LOUVRE-LENS

to-arbitrage. Un mode de fonctionnement qui traduit très concrètement la charte du fair-play que signe chacune de la centaine d’équipes participantes.Quatre jeunes volontaires en service civique impliqués dans des comités Ufolep – dans le Calvados, l’Ille-et-Vilaine et les Yvelines – ont également participé, avec Nadia Bellaoui, à un atelier sur l’engagement des jeunes et la citoyenneté. Parallèlement, ils ont co-animé des ateliers sportifs pour une cinquantaine d’élèves de CM2 de l’école parisienne de la rue de Tanger (19e), sous les yeux du président de la République. Lors de l’Euro, les deux volontaires des Yvelines animeront d’ailleurs des plateaux sportifs dans des quartiers concernés par la politique de la Ville (QPV). ● (avec Nicolas Armand)

(1) Philippe Machu et Pierre Chevalier, président et DTN de l’Ufolep, menaient une délégation complétée par plusieurs membres de la direc-tion nationale.

L’Ufolep associée au « 11 Tricolore »En présence de François Hollande, l’Ufolep a participé le 29 mars à l’Insep à une animation dans le cadre de la mobilisation des jeunes autour de l’Euro.

Le 30 mai 2015 au stade de France, François Hollande donnait le coup d’envoi du comité « 11 Tricolore ». Une opération conçue afin d’« utili-ser, dans le meilleur sens du terme, l’Euro, pour

que cela puisse être l’affirmation d’une ambition fran-çaise, une ambition économique sûrement, une ambition culturelle, une ambition touristique mais également une ambition en termes de valeurs : qu’est-ce que nous avons à porter à l’occasion de l’Euro 2016 ? »Le dispositif « 11 Tricolore » repose sur onze domaines : emploi, citoyenneté, parité et féminisation, nouvelles technologies, environnement… Parmi les objectifs figure celui de « promouvoir l’esprit de dévouement à l’égard de la jeunesse ». Cette mission a été confiée à Nadia Bellaoui, secrétaire générale adjointe de la Ligue de l’en-seignement et présidente du Mouvement associatif.La demi-journée organisée le 29 mars sur les installa-tions de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), dans le bois de Vincennes, était une sorte de point d’étape de l’opération. Aux côtés de différents acteurs – dont la Fédération française de foot-ball et la FF de sport adapté, autres fédérations sportives présentes – l’Ufolep a pu montrer la façon dont elle envi-sage « autrement » la pratique du ballon rond (1). Des représentants du comité d’Eure-et-Loir ont ainsi expliqué que leur championnat de football à 7 s’appuyait sur l’au-

Le président de la République, entouré de Philippe Machu et de Nadia Bellaoui.

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La Ligue de l’enseignement fête ses 150 ans.

L’occasion de rappeler la place que les

activités physiques et sportives y occupent et de

questionner l’idéal d’un sport laïque,

incarné depuis 1928 par l’Ufolep.

Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 9

150 ans de sport dans la Ligue

Épreuve VTT, catégories jeunes.

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Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 1110 Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22

L a Ligue de l’enseignement fête ses 150 ans. En quoi cela concerne-t-il l’Ufolep, se demanderont peut-être certains. Ils ignorent que, bien que

fédération sportive à part entière, celle-ci appartient à ce grand mouvement d’édu-cation populaire. C’est là ce qui fonde sa spécificité.La naissance officielle de l’Ufolep, en 1928, ne fut en effet que le prolongement et l’ins-titutionnalisation de pratiques physiques préexistantes au sein de la Ligue. Une héré-dité qui se retrouve dans l’ambition, parta-gée avec l’Usep, fédération scolaire née en son sein en 1939, de former des « citoyens sportifs ». L’ordre des mots n’est d’ailleurs pas neutre : nom, « citoyen » ; complément, « sportif ». Même si, désormais, bon nombre

de pratiquants Ufolep ne découvrent qu’au fur et à mesure la place qu’occupent, au sein de la fédération dont ils sont adhé-rents, des valeurs forgées dans la défense de la République et de l’école publique, laïque, gratuite et obligatoire.

PROMOUVOIR LA GYMNASTIQUE

En 1866, lorsque Jean Macé fonde la Ligue de l’enseignement sous un Second Empire dont nul n’entrevoit encore la fin pro-chaine, il s’agit d’éduquer le peuple au suffrage universel. Le développement de l’activité physique ne figure pas au pro-gramme. Néanmoins, ce souci d’éduquer à la citoyenneté s’élargit bientôt à l’encoura-gement des activités physiques, afin de ne pas dissocier le corps et l’esprit.

Dès 1868, la toute jeune Ligue de l’enseigne-ment mène ainsi une campagne en faveur de la création de salles d’éducation physique, dont elle fournit même les plans ! (1) Puis, dans les années 1880, dans une République rétablie et confortée après la crise du 16 mai 1877 et l’affirmation de la prééminence du Parlement, diverses publications de la Ligue témoignent d’un réel intérêt pour les acti-vités physiques : en 1884, c’est un Abrégé de gymnastique à l’intention des « sociétés qui débutent » et une étude sur La gymnas-tique en Suisse ; en 1885, deux textes sur La question d’argent dans les sociétés de gym-nastique et Le professeur et le moniteur de gymnastique ; en 1886, une brochure, Un gymnase pour cent francs, et une autre, dédiée aux Exercices corporels.

De l’activité physique dans un corpus laïque

de quoi l’ufolep eSt-elle le nom ?

Si les activités physiques ont toujours eu leur place au sein de la Ligue de l’enseignement, elles n’y ont jamais été une fin mais un moyen au service d’un projet éducatif, indissociable de la défense de la laïcité.

Le 25 octobre 1866, le journal L’Opinion natio-

nale publie un article dans lequel Jean Macé

appelle au rassemblement de tous ceux qui

désirent contribuer à l’enseignement du peuple.

C’est en fait une exhortation à la formation des

citoyens que lance ce journaliste républicain,

professeur en Alsace depuis qu’en décembre

1851 le coup d’État du futur Napoléon III, sup-

primant la République, l’a contraint à quitter la capitale.

Ayant constaté que le peuple peut élire un dictateur, il

considère que, pour garantir la démocratie, « l’éducation

au suffrage universel » est indispensable. Pour cela, il veut

créer en France une Ligue de l’enseignement semblable

à celle fondée deux ans plus tôt en Belgique.

Dans les jours qui suivent, Macé reçoit une lettre

du sergent de ville Larmier, qui lui déclare « vou-

loir faire partie, avec le cheminot Mamy et le tail-

leur de pierre Petit, de cette Ligue ».

Le 15 novembre, estimant suffisant le nombre

de signatures, Jean Macé annonce la naissance

officielle de la Ligue de l’enseignement. Un an

plus tard, la Ligue compte 5000 membres répartis dans

72 départements, tandis que de nombreux « cercles de la

Ligue de l’enseignement » se constituent dans les princi-

pales villes du pays pour regrouper ces adhérents. ●

La Ligue de l’enseignement, Pierre Tournemire, Les Essentiels Milan, 2015.

EN 1866, JEAN MACÉ, JOURNALISTE RÉPUBLICAIN…

DR

Jean Macé, par Nadar.

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Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 11

La question s’invite aussi aux congrès du mouvement. En 1889, on débat de « l’École normale civique de gymnastique de Joinville » et on écoute une communica-tion sur « la gymnastique et les enfants au Havre ». L’année suivante, l’assemblée émet un vœu demandant que « l’enseignement de la gymnastique reçoive une sanction efficace au certificat d’études primaires ».En 1895, les activités physiques font l’objet de deux rapports. Portant sur l’éducation physique de la jeunesse, le premier fixe des catégories d’âge et demande l’interdic-tion de tout exercice qui, par une dépense excessive, pourrait être nuisible à la santé. Dans le second, le Dr Tissié s’appuie sur l’exemple de l’œuvre girondine d’éducation physique pour demander l’extension à toute la France des lendits du Sud-Ouest, qu’il a lui-même fondés.

DÉFENDRE LA RÉPUBLIQUE

Toutefois, « ce qui a vraiment conduit la Ligue à se préoccuper des activités physiques et sportives, c’est l’adhésion de sociétés dédiées à celles-ci, observe Pierre Tournemire, vice-président en charge de la mémoire de la Ligue. Il faut se replacer dans le contexte de l’époque : adhérer à la Ligue, c’est adhérer à la République. De nombreuses sociétés spor-tives constituées autour de la gymnastique et du tir affichent cette adhésion, en opposi-

tion aux organisations confessionnelles. Elles manifestent ainsi une appartenance d’ordre idéologique, plus que sportif. »Adhérer à la Ligue est à la fois un engage-ment en faveur de la démocratie, de la laï-cité, de l’enseignement public, du progrès en général, et contre « l’obscurantisme ». À cette époque où la République est encore fragile et contestée par une partie de l’opinion, c’est aussi partager une ferveur patriotique et revancharde, entretenue par la perte de l’Alsace-Lorraine après la guerre de 1870. C’est dans ce contexte que voient le jour, au début des années 1880, les « bataillons scolaires » un temps encouragés par la Ligue. L’idée était qu’il faut préparer les jeunes gens à devenir plus tard de bons soldats. « L’existence des bataillons scolaires a été brève. Mais ils ont donné naissance à la pratique physique et sportive à l’école et aux fêtes de jeunesse », souligne Pierre Tournemire.Dans ce combat contre l’église catholique, avec pour enjeu l’influence auprès des jeunes âmes, il faut en effet concurrencer les saints par l’érection de monuments aux grands hommes de la République, et trou-ver l’équivalent des processions religieuses. Or les mouvements gymniques se prêtent parfaitement aux fêtes de la jeunesse. « Cela fait plus sérieux que les danses, tout en offrant de jolis défilés et de belles exhibi-

tions, avec ces jeunes gens musclés en jus-taucorps », note l’historien de la Ligue.

DES « PETITES A », PUIS L’UFOLEP

C’est toutefois la création d’amicales laïques autour des écoles publiques et, dès 1898, de « Petites A », qui va donner lieu à une pratique sportive élargie.Les amicales laïques visent à compléter la formation culturelle et civique des adoles-cents et des adultes tandis que les « Petites A » (Petites Amicales) sont des sociétés plus axées sur la pratique sportive. Elles sont 7 000 en 1909 et on y pratique le cross-country, l’athlétisme et le football. Le basket-ball apparaîtra en 1920, au lende-main d’une Grande Guerre qui, en dépit de la saignée opérée parmi les jeunes hommes, contribue à la diffusion des pratiques phy-siques et des sports anglais.Quelle place faire au sein de la Ligue à ce « sport » qui dépasse la seule éducation physique ? Jusqu’en 1910, le discours est résolument hostile. Mais, cette année-là, au congrès de Tourcoing, G. Brun, président des patronages laïques liés à la Ligue, plaide pour l’introduction du sport dans les œuvres de la Ligue. Mais, même au nom de la lutte contre les patronages religieux, il n’obtient pas la création d’une « organisa-tion spéciale » chargée de mettre en place « des championnats pour les différents

de quoi l’ufolep eSt-elle le nom ?

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150 ans de sport dans la Ligue

Football, département de la Seine, années 1950.

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Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 1312 Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22

sports ». Celle-ci ne voit le jour qu’en 1928, au congrès de Lille, sous le nom d’Union française des œuvres laïques de l’éducation physique. Pour cela, il aura fallu vaincre les réticences de ceux qui voient dans le sport une déviance de l’éducation physique – course aux records, recherche du spectacle, « tare morale » du professionnalisme – ou craignent d’attirer des « laïques incertains ».

DU FRONT POPULAIRE À VICHY

L’Ufolep naît dans un contexte fort diffé-rent de celui de l’avant-guerre. La Ligue de l’enseignement sort en effet du conflit très affaiblie dans ses effectifs et son influence. Elle trouve néanmoins un renouveau dans la riposte à l’offensive cléricale, laquelle se focalise sur la question de l’application de la législation scolaire dans les territoires « libérés » de l’Alsace-Moselle et le finance-ment des écoles confessionnelles. En outre, elle se réorganise à partir de 1925 en créant, avec l’appui des élus républicains et des ins-pecteurs d’académie, des fédérations dans chaque département. Auparavant, la Ligue était à la fois « un réseau de pression agis-sant en faveur de l’école publique et de la laïcité de l’État » et « une nébuleuse d’asso-ciations visant à l’encadrement des loisirs péri et postscolaires » (2). Devenue une « confédération » et portée par un grand ras-semblement laïque, elle retrouve un rôle de premier plan.Ainsi, la Ligue est proche du gouvernement de Front populaire (1936-1938), qui partage ses aspirations dans le domaine de l’éduca-tion et de l’accès aux loisirs. Jean Zay, élu d’Orléans et ministre de l’Éducation natio-nale, est l’un de ses militants. Par une cir-culaire datée du 1er février 1939, il créera l’Usep, commission scolaire de l’Ufolep char-

gée de développer la pratique physique et sportive des écoliers. Et son secrétaire d’État aux sports, Léo Lagrange, sera commissaire général de l’Ufolep en 1939.L’Ufolep organise des championnats et se développe rapidement en passant des accords avec des fédérations « dirigeantes » – basket-ball, football, athlétisme – dont elle se démarque toutefois sur le plan idéo-logique. Dans un contexte fascisant – celui de l’émeute parisienne du 6 février 1934 – elle affiche en revanche sa proximité avec la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) et enverra avec elle, à l’été 1936, une délégation aux Jeux ouvriers et républicains de Barcelone, censés faire contrepoids aux Jeux nazis de Berlin. On ne s’étonnera donc pas de la dissolution, en 1942, par le régime de Vichy, de la Ligue de l’enseignement et de son secteur sportif.

VECTEUR DE LA SOCIÉTÉ DES LOISIRS

Fédération multisports officiellement recon-nue en 1946, l’Ufolep retrouve en quelques années environ 3 000 associations et plus de 60 000 licenciés. À la fin des années 1960, ce premier nombre n’a que peu augmenté, mais celui des licenciés a doublé. De son côté, portée par l’explosion de la population d’âge scolaire, l’Usep approche les 500 000 licenciés à la fin des années 1960.Davantage de moyens sont consacrés aux loisirs et, après le premier essor des années 1930, ceux-ci se pousuivent leur démocrati-sation. L’après-guerre est ainsi une période faste pour l’éducation populaire et les dif-férents secteurs de la Ligue : l’Ufolep et les autres services constitués sur le même modèle – et avec le même suffixe – pour aider les associations à développer leurs activités en matière d’éducation artistique

(l’Ufolea), de cinéma (l’Ufocel puis l’Ufoleis) ou de séjours de vacances (l’Ufoval).

DES AMICALES AUX CLUBS

Mais les activités sportives vont bientôt prendre une place écrasante, au regard du nombre d’adhérents qu’elles fédèrent. « Institutionnellement, la rupture officielle c’est 1966, explique Pierre Tournemire. Lors du congrès du centenaire, la Ligue décide de se réorganiser en services sur les bases de ter-ritoires, les comités départementaux, et non plus autour d’activités. C’est la fin des Ufo. Sauf pour l’Ufolep, afin qu’elle puisse gar-der son statut de fédération sportive agréée, avec une identité juridique autonome. » Or si la licence est exigée de tout pratiquant sportif, beaucoup d’associations culturelles n’inscrivent pas tous leurs adhérents…Puis, à partir des années 1980, le nombre d’associations culturelles chute de manière régulière. « Beaucoup n’adhéraient plus à la Ligue par engagement militant mais pour des prestations de services, observe Pierre Tournemire. Et lorsque que ces prestations ne leur paraissaient plus à la hauteur du coût de l’affiliation… » L’Ufolep accueille en revanche toujours plus de pratiquants, notamment chez les jeunes. Elle élargit la palette des activités proposées, la gestion des championnats et des rassemblements nationaux étant assu-rée par des commissions nationales. Et si la pratique sportive au sein des amicales laïques marque le pas, les clubs unisports garnissent ses rangs, parfois sur le mode de la double licence permettant à la fois une pratique « délégataire » et « ufolépienne ». Au milieu des années 1980, l’Ufolep réunit ainsi plus de 11 000 associations et 450 000 licenciés. Et si les sports collectifs entament

Instituteur dans un village de l’Oise, le président de l’Ufolep,

Philippe Machu, a animé une amicale. Témoignage.

« J’ai découvert l’Ufolep dans mon école de Chantilly à l’âge

de dix ans. C’étaient les années 1950 et l’EPS enseignée en

cours complémentaire était prolongée hors temps scolaire

par l’engagement de notre prof, Gaston Delberghe, qui

est ensuite devenu délégué puis président du comité de

l’Oise. Mes premières émotions sportives, je les ai vécues

sur une piste d’athlétisme et sur un terrain de football avec

l’Ufolep-Usep, car alors on ne faisait guère la différence.

Puis, en 1963, j’ai été nommé instituteur dans le village de

Baron, où venait de naître une Amicale des anciens élèves

affiliée à la Ligue de l’enseignement, avec des sections

sportives : tir, volley, tennis de table… Je me suis lancé

dans la gestion de ces activités, qui d’ailleurs faisait partie

de mon contrat : en acceptant le poste de directeur d’école,

j’acceptais aussi ceux d’animateur de l’amicale et de secré-

taire de mairie, m’avait précisé l’inspectrice ! Je suis resté

vingt-cinq ans à Baron, et je suis fier que l’amicale continue

d’animer ce village de 800 habitants, avec de nombreuses

activités sportives et culturelles ! » ●

LE TEMPS DES AMICALES ET DE L’UFOLEP-USEP

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Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 13

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Rassemblement laïque, piscine de Fontaine (Isère), juin 1961.

adapte sa devise : forgé dans les années 1980, le slogan « une autre idée du sport », plus politique, cède la place à « tous les sports autrement ». Parallèlement, l’érosion régulière de ses effectifs (3) conduit l’Ufolep à questionner le sentiment d’appartenance et ce en quoi son offre la distingue de ses concurrentes.Après quelques tâtonnements, elle trouve au début des années 2010 la formule consistant à développer conjointement un secteur « sport et éducation » appuyé sur sa base associative, et un secteur « sport et société » impulsé par ses comités départe-mentaux, en partenariat avec des associa-tions à vocation sociale, les collectivités et les services de l’État. De son côté, la Ligue de l’enseignement montre un intérêt renou-velé pour les pratiques sportives. « Quand on met l’activité au service d’un projet plus global, les liens redeviennent naturellement plus étroits » résume Pierre Tournemire.C’est pourquoi on peut penser que, à l’image de la place qui est désormais la leur dans la société, les pratiques physiques et sportives n’ont jamais été aussi présentes dans le projet de la Ligue. Mais comment pourrait-il en être autrement quand l’Ufo-

leur déclin, le dynamisme des pratiques individuelles (activités cyclistes et sports mécaniques chez les hommes, gymnastique sportive et d’entretien chez les femmes) le compensent largement.« On observe un changement dans la nature de l’adhésion, constate Pierre Tournemire. Pendant longtemps, on adhérait à l’Ufolep parce qu’on était membre d’une amicale ou d’une association attachée à la défense de l’école publique. Si on faisait du sport, c’était naturellement à l’Ufolep. Désormais, on y vient pour l’activité – parce que c’est moins cher, mieux organisé ou plus sympathique – mais plus par idéologie. Cela n’empêche pas de s’engager, de faire sien un idéal, mais ce n’est plus la motivation première. » Cela n’est pas sans conséquences sur les rapports entre la Ligue et l’Ufolep, à la fois partie prenante de celle-ci et dotée de l’au-tonomie propre à son statut de fédération sportive. Symboliquement, lors des congrès nationaux, il arrive que le discours du représentant de la Ligue, figure imposée de ces assemblées, tombe à plat s’il reste sur le mode du « Tous Ligueurs », sans faire le lien avec les réalités du terrain. Surtout si, au passage, l’intervenant dénonce les turpi-tudes du sport sans nuances et de manière un peu trop généralisatrice…Signe plus tangible d’un certain malaise, dans certaines fédérations départementales les relations se tendent. Les représentants de l’Ufolep se sentent snobés, alors même qu’ils représentent parfois plus de licenciés que tous les autres secteurs de la Ligue réunis. « C’étaient avant tout des querelles de pouvoir et des conflits de personnes, liés aux ambitions plus ou moins assumées de certains », relativise Pierre Tournemire. Ces dissensions, même isolées, trouvent toute-fois un certain écho au niveau national et, à la rentrée 1999, un secrétaire national de la Ligue, Gilles Cavé, est nommé directeur de l’Ufolep afin de remettre de l’ordre dans la maison (lire page 15).

ÉDUCATION ET SOCIÉTÉ

À partir des années 2000, l’Ufolep cherche à concilier ses ambitions éducatrices et sociales avec les réalités de son tissu asso-ciatif et de pratiques qui se différencient insuffisamment de celles des fédérations délégataires. Elle se tourne vers les publics éloignés de la pratique : femmes, seniors, jeunes des quartiers défavorisés ou des zones rurales… Elle investit le sport-san-té et promeut le concept de « plurisport », tourné vers le loisir. Symboliquement, elle

lep et l’Usep – confrontée depuis 2014 à l’impact de la Refondation et des nouveaux rythmes sur ses rencontres sportives sco-laires – réunissent chacune plus d’un tiers des associations affiliées, et la très grande majorité des adhérents (4) ?Il ne reste plus qu’à faire pleinement par-tager ce projet aux associations et aux licenciés qui ont rejoint l’Ufolep, et par conséquence la Ligue, sans en connaître tous les soubassements idéologiques. Afin qu’ils puissent s’approprier, à leur façon, 150 ans d’histoire. ● PhiliPPe BreNot

(1) « L’éducation physique et la Ligue de l’enseignement de 1866 à 1928 », dans le supplément à Informations Ufolep-Usep n°119, avril 1978. Malheureusement, cet article non signé n’indique pas ses sources.(2) La Ligue de l’enseignement, 150 ans d’une histoire politique, Jean-Paul Martin, avec la collaboration de Frédéric Châtaignier et Joël Roman, à paraître fin 2016. Plusieurs développements de cet article en sont direc-tement tirés. Profitons-en aussi pour expliciter la diffé-rence entre activités « périscolaires » (pour les écoliers en marge de l’école) et « postscolaires » (pour les anciens élèves et les amis de l’école publique). (3) 341 000 licenciés en 2014-2015.(4) Fin mars, le logiciel Affiligue recensait 22 591 asso-ciations (dont 7 750 pour l’Ufolep et 8 477 pour l’Usep) et 1 121 697 adhérents (dont 218 665 adultes et 103 947 jeunes à l’Ufolep et 37 914 adultes et 609 741 enfants à l’Usep).

150 ans de sport dans la Ligue

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14 Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22

1978, la « doctrine » BelbenoitCette distorsion, entre l’unité d’étiquette et la variété des pratiques, favorise des confu-sions fructueuses pour les pêcheurs en eau trouble qui vivent du sport ; elle entretient aussi des malentendus entre amis : deux raisons d’élucider ce que nous mettons dans le terme de sport, de distinguer les pratiques qui correspondent à nos objectifs éducatifs et que nous voulons promouvoir de celles que nous récusons : du côté du « sport pour tous », lorsque l’insuffisance de l’engagement physique ou celle de l’en-gagement militant leur enlève à nos yeux toute valeur éducative et font de l’emploi du mot sport une mystification ; du côté d’une compétition exposée aux facteurs de dénaturation que l’on sait, l’argent, la politique, la projection inconsidérée des modèles du haut niveau, l’élitisme, la spé-cialisation prématurée… et finalement cette inversion des valeurs qui, sous des prétextes divers, subordonne (et parfois sacrifie) l’athlète à la performance, au lieu que sa réussite sportive ne devrait être qu’un des moyens de l’épanouissement de sa personne. (…)L’Ufolep m’a toujours paru balancer entre deux tentations et une ambition. Deux tentations antinomiques : ne pas lâcher la proie pour l’ombre, persévérer avec bonne conscience dans un comportement éprouvé de fédération sportive consacrant en fin de compte l’essentiel de ses efforts à la prépa-ration et à l’organisation de compétitions, en comptant sur la qualité de son encadre-ment pour que le sport à l’Ufolep soit digne du cadre de la Ligue ; ou bien au contraire

En avril 1978, Georges Belbenoit, ins-pecteur général de l’Éducation nationale et ancien président de l’Ufolep-Usep (1970-1976), signe dans le numéro du cinquantenaire de la revue fédérale un texte intitulé « Unité du sport, unité de l’éducation (permanente). Il y expose finement les questionnements du sec-teur « sport et plein air » de la Ligue de l’enseignement. Ceux-ci restent d’actua-lités. Extraits.

En adoptant, en 1967, la dénomina-tion de « Ligue de l’enseignement et de l’éducation permanente », notre confédération se dotait, avec

le concept d’éducation permanente, d’un cadre explicatif auquel pouvaient se rap-porter toutes les activités. (…) Cet ins-trument devrait pouvoir nous aider (…) à clarifier nos idées dans le domaine encore controversé du sport et du plein air [et], comme l’a décidé l’assemblée générale de la Ligue à Creil le 10 décembre 1977, à définir les propositions du mouvement pour une politique générale du sport.

CLARIFIER NOS IDÉES

Clarifier nos idées, d’abord. Elles en ont besoin. L’unité du sport ne va pas de soi, ni, par suite, la position de l’Ufolep – voire de la Ligue – face à un problème mal défini. Bien qu’on puisse inventorier une gamme quasiment ininterrompue de pratiques intermédiaires, sport pour tous, sport de masse et sport de haut-niveau n’ont guère en commun que le mot sport.

se reconvertir délibérément dans les activi-tés qui distinguent le plus l’Ufolep dans le monde sportif et qui font le moins double emploi avec les pratiques offertes par les autres fédérations. L’ambition bien sûr, c’est de concilier ces deux vocations sans rien abandonner, de reconquérir même, à des fins éducatives, toute la gamme des activités physiques, sportives et de plein air en les reprenant à un bout aux marchands de loisirs actifs, à l’autre aux industriels du sport spectacle (…).L’Ufolep, en tant que fédération sportive, expressément confirmée comme le « service sport et plein air » de la Ligue, se voit char-gée (…) de « l’ensemble de l’organisation, de l’animation et du développement des activités physiques, sportives et de plein air ».Il n’empêche qu’à l’Ufolep même, et proba-blement aussi dans d’autres secteurs de la Ligue, cette consécration n’a pas toujours été accueillie sans méfiance ou sans arrière-pensée. La constitution du service sport et plein air pouvait fort bien apparaître comme une machine de guerre conçue pour obliger l’Ufolep à renoncer aux pompes et aux œuvres d’un sport de compétition irré-médiablement aliéné et de ce fait fonda-mentalement aliénant. Par une dynamique subtile, les nouvelles responsabilités fini-raient par éliminer les pratiques anciennes. Le risque n’est pas nul, mais l’Ufolep a eu raison de relever le défi. (…) ●

Cette même année 1978, l’Ufolep

adopte à l’AG de Saint-Étienne un

texte d’orientation qui débute par

l’affirmation de cinq points :

1. L’Ufolep contribue à l’harmonieux

épanouissement de la personne hu-

maine.

2. L’Ufolep veut donner à chacun, sans

discrimination aucune, la possibilité

de pratiquer librement les activités

physiques et sportives de son choix.

3. La conception de l’Ufolep va de la

saine détente dans le cadre des loi-

sirs jusqu’à la compétition si elle est

formatrice, amicale et désintéressée.

4. L’Ufolep contribue à la défense et

à l’extension des institutions éduca-

tives et sociales laïques.

5. L’Ufolep entretient toutes relations

utiles avec les pouvoirs publics et les

collectivités locales, les fédérations

sportives et de plein air, les organisa-

tions culturelles laïques. ●

LES ORIENTATIONS DU CINQUANTENAIRE

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Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 15

« Même projet, même mouvement »Ma mission était de sortir des clivages qui avaient pu naître au niveau national entre l’une et l’autre. À mes yeux, c’était avant tout des histoires d’hommes, de pou-voir, dans un cadre structurel qui avait changé dans les années 1970 et que la loi sur le sport de 1984 avait renforcé, en reconnaissant l’Ufolep comme fédération sportive à part entière (1). C’était d’ailleurs un progrès. Mais cela a entraîné des autono-mies, voire des indépendances de fonction-nement dans certains départements, avec des volontés d’exister davantage au sein du monde sportif : l’affinité a alors perdu du terrain, au profit de l’aspect purement sportif. L’Ufolep venait de connaître une période de fort développement et s’est sen-tie en capacité de rivaliser avec les fédéra-tions délégataires, en oubliant qu’il aurait fallu être davantage sur le terrain du social et du loisir que de la compétition spor-tive. Mon arrivée à la direction nationale a coïncidé avec une forte interrogation entre les tenants d’une Ufolep plus axée sur les activités, elles-mêmes gérées par toute une structure avec des commissions techniques, et ceux qui développaient une approche illustrée par les projets socio-sport déve-loppés pour répondre à des problématiques sociales, notamment dans les quartiers dif-ficiles.

Cet éloignement n’était-il pas aussi la conséquence du dédain parfois manifes-té à l’égard du secteur sportif ?Si, et l’on peut même parler de mépris, car les torts étaient partagés. C’était heureu-sement loin d’être vrai partout, mais dans plusieurs fédérations certains responsables, convaincus d’être des acteurs politiques et se sentant investis de changer la société, voyaient les activités sportives comme très secondaires. Du genre : ce ne sont que des types qui poussent un ballon… Ces atti-tudes ont renforcé cet éloignement : mépris affiché d’un côté, refus de partager un pro-jet global de l’autre.

Ancien secrétaire national de la Ligue, Gilles Cavé est un bon connais-seur de l’Ufolep, pour en avoir été directeur national de décembre 1999 à juin 2002. Il livre

une analyse fine et sans langue de bois des rapports Ligue-Ufolep.

Gilles Cavé, vous affirmez volon-tiers être tombé tout petit dans le « bain laïque »…C’est la vérité : ma mère était tré-

sorière de l’amicale de Sion-les-Mines, au nord de la Loire-Atlantique, et tout jeune je me rendais utile lors des fêtes, je servais à la buvette… Mon premier film, je l’ai vu avec le cinéma itinérant de la Fédération des amicales laïques (Fal), et l’écolier que j’étais participait aux lendits Usep, avec la finale à Nantes, tous en blanc... Par la suite, j’ai tou-jours été à l’amicale laïque. J’y jouais même au foot, même si ça n’était pas en Ufolep.

Jeune instituteur, vous avez continué…Sorti à vingt ans de l’École normale, j’ai fait de l’Usep dans les deux écoles où j’ai été nommé successivement. Puis j’ai participé au stage national de Talence : à l’époque, l’Usep était la commission scolaire de l’Ufolep. J’étais aussi adhérent de la Ligue de l’ensei-gnement : pour moi, cela formait un tout.

Vous avez ensuite été délégué Ufolep, puis directeur national…En 1977, je suis entré à la Fal comme délégué Ufolep, et j’ai vécu mon premier congrès l’année suivante... Je suis ensuite devenu délégué Usep puis, à 30 ans, secré-taire général de la fédération, avant d’inté-grer le secrétariat national de la Ligue, à plein temps à partir de 1998. J’avais déjà en filigrane la mission d’opérer un rapproche-ment avec le secteur sportif, qui était alors l’Ufolep-Usep, même si dans la réalité du terrain les fédérations étaient distinctes. Et, au bout d’un an, j’ai remplacé Gérard Letessier au poste de directeur national.

Pourquoi un « rapprochement » : l’Ufolep s’était éloignée de la Ligue ?

Or, à l’inverse d’un mouvement olym-pique qui refuse de mélanger sport et politique, la Ligue affirme que celui-ci n’est pas neutre…Non, le sport n’est pas neutre, et il convient d’affirmer notre différence. J’ai l’expérience d’un département qui a développé très tôt, dans les amicales laïques, les écoles de sport et le multisports, autant d’activités qui ne nous enferment pas dans un mimétisme avec les fédérations délégataires. Et de la cohérence du projet découlait naturelle-ment la cohésion au sein du mouvement.

Le souci d’intégrer l’Ufolep au projet de la Ligue est également plus affirmé depuis quelques années…Sans doute. Les habitudes et les mentali-tés mettent du temps à évoluer, et ce n’est pas encore gagné partout. En revanche, ce qui a changé, c’est le regard porté par les comités sur le « national ». Longtemps, on pouvait entendre des réflexions du genre : « À Paris, ils ne nous servent à rien… » Aujourd’hui, la bonne entente qui règne entre la Ligue et l’Ufolep au niveau natio-nal a un effet positif auprès des départe-ments. C’est pourquoi, à l’occasion de la réforme territoriale, nous avons décidé, en conseil d’administration de la Ligue (2), que l’Ufolep et l’Usep auraient voix délibé-rative au sein de nos nouvelles instances régionales. Il est également précisé que l’une et l’autre doivent participer à l’écri-ture du projet des Ligues régionales. C’est là un signe de reconnaissance. ●

ProPos recueillis Par PhiliPPe BreNot

(1) Idem pour l’Usep, jusqu’alors « commission scolaire » de l’Ufolep.(2) Gilles Cavé est aujourd’hui chargé d’une mission sur l’accompagnement des dynamiques régionales.

DR

150 ans de sport dans la Ligue

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Jeu

Parmi les stagiaires de Talence, années 70.x

Page 16: Ufolep 22 juin 2016 hd

16 Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22

Le sport, une question de « société »…

de la Ligue de l’enseignement, l’Ufolep s’est donc attachée à rendre plus éduca-tive une pratique longtemps réservée aux jeunes hommes et volontiers jugée « bar-bare » ou « vulgaire », jusqu’à vouloir en

P hilippe Machu, en quoi l’appar-tenance de l’Ufolep à la Ligue de l’enseignement fonde-t-elle sa spécificité ?

La spécificité de l’Ufolep vient évidemment de sa filiation directe avec la Ligue. Elle est née de l’impulsion de « Ligueurs », malgré les réticences de ceux qui voyaient dans le sport l’expression d’une force physique mal contrôlée, propice aux dérives mercantiles et aux comportements violents. On peut d’ailleurs s’interroger sur leurs représenta-tions du sport : des empoignades où l’on s’échangeait force horions… Ils se mon-traient réservés à l’égard d’un phénomène social qui leur semblait peu maîtrisé et encore peu répandu à l’époque.En accord avec les principes et la vocation

faire aujourd’hui un « droit » pour tous les publics, à l’heure où l’on met en avant les bienfaits de la pratique physique et sportive en matière de santé et de lien social.

Justement, comment cette spécificité s’incarne-t-elle aujourd’hui ?Aujourd’hui, l’engouement pour le sport déborde très largement du cadre fédéral et, au-delà de millions d’individus, réunit les acteurs économiques, institutionnels, les collectivités locales, les organismes sociaux, etc. Mais comment utiliser cet intérêt en mettant la pratique sportive au service de la société ? C’est la question qui guide l’Ufo-lep, davantage que d’autres fédérations, en vertu de son appartenance à la Ligue. Car, pour nous, le sport s’inscrit dans un projet de société.

Et plus concrètement ?L’Ufolep envisage le sport sous un angle plus général et avec une certaine distance, comme un moyen et non une fin. Par notre ancrage dans la société, nous percevons sans doute mieux que d’autres les attentes du public. Surtout, à la différence des fédérations délé-gataires, nous n’avons ni l’ambition ni la mission de gérer des compétitions de haut niveau. Nous ne sommes pas corsetés par des exigences de résultat sur la scène internatio-nale ou la fabrique de champions. Libérés de ces contraintes, nous pouvons mettre toutes nos compétences en matière d’organisation des pratiques physiques et sportives au ser-vice des populations, et en particulier celles qui en sont le plus éloignées. ●

ProPos recueillis Par Ph.B.

l’UFOLEP lance l’année

Président de l’Ufolep, Philippe Machu siège aussi au conseil d’administration de la Ligue de l’enseignement, où il est en charge du dossier « sport et société ».

DR

…MAIS AUSSI D’« AFFINITÉ »En 2015 à l’AG d’Orléans, Bernard

Criner, vice-président de la Ligue, a

exprimé sa conception de l’Ufolep,

fédération sportive « affinitaire ».

« Affinité : “Harmonie de goûts,

de caractère, de sentiments, entre

deux ou plusieurs personnes.” Au

regard de cela, c’est quoi notre affi-

nité ? L’affinité, ce n’est pas l’activité !

L’affinité, ce n’est pas faire du ten-

nis ou du badminton ensemble ! Car

[sinon] toutes les fédérations “délé-

gataires” seraient aussi des fédéra-

tions “affinitaires” ! Non, l’affinité ce

sont les valeurs qui nous sont com-

munes, et dont nous voulons qu’elles

structurent la société (…).

La laïcité en premier lieu, valeur essen-

tielle qui fonde notre République,

mais ô combien récupérée et pervertie

en ces temps troublés. (…) La liberté,

qu’on croit souvent acquise, mais dont

la limite aujourd’hui se trouve dans

la liberté ou non d’exercer des choix,

et donc de choisir librement son par-

cours, sa vie.

L’égalité : oui, après bien des luttes, on

est arrivé à l’égalité des droits. Mais

on voit bien qu’elle ne suffit pas pour

garantir une égalité réelle, une “égali-

té des possibles” comme disait un phi-

losophe et, pour nous, comment ne pas

travailler cette question forte de l’éga-

lité d’accès des citoyens, à l’éducation,

à la culture, à la santé, aux sports, aux

loisirs, etc. La fraternité, [qui] ne se

limite pas (…) à la solidarité [et] ne

supporte pas les discriminations de

toute nature, ni le racisme qui n’est,

hélas, plus latent, mais avéré !

Ces valeurs, appuyées sur l’éducation

populaire, sont hautement portées par

la Ligue de l’enseignement et l’Ufo-

lep ! Voilà, chers amis, l’affinité qui

nous rassemble ! » ●

Page 17: Ufolep 22 juin 2016 hd

Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 17

150 ans de sport dans la Ligue

Clubs fanions du sport laïque

sont attachées à ces trois initiales, CJF, relève Joëlle Gaucher. Et la notion de sport pour tous redevient d’actualité, quand enga-ger des équipes et se déplacer coûte de plus en plus cher, tandis que nos subventions ont été réduites de 20% l’an passé. »

JEAN MACÉ À INGRÉ ET BOURGES

À quelques kilomètres de là, le Cercle Jean Macé d’Ingré est un autre bastion laïque, fier d’une histoire séculaire. « En novembre 1904, est-il rappelé sur son site Internet, s’ouvre à l’école de la Mairie un cours d’adultes qui regroupe rapidement une soixantaine d’élèves âgés de 13 à 27 ans. Ces cours ont lieu le soir après le travail et complètent l’instruction et l’éducation des jeunes. Une solide cama-raderie y naît et, dans l’enthousiasme, est proposée la création d’un Cercle. Le 25 mars 1905, sont élaborés les premiers statuts de la société postscolaire : le Cercle Jean Macé est né. » Et de préciser : « Immédiatement, s’organisent des distractions variées : football, jeu de quilles, gymnastique, tir à la carabine, et la première séance théâtrale est présentée le 24 décembre 1905. »Mais les temps ont changé, et le Cercle s’est divisé en trois associations indépendantes : les activités culturelles (adhérentes de la Ligue du Loiret), le basket et le tennis de table. Tout en continuant d’arborer les initiales de Jean Macé, les deux dernières n’entretiennent plus aucune relation avec la Ligue ou l’Ufolep. « Hormis un barbecue annuel, l’Union qui statutairement réunit les trois entités n’a plus de réalité au quoti-dien » regrette Bernard Vignoles, président du CMPJM (2), qui « continue depuis 111

Ils arborent les patronymes de Jean Macé, Jules Ferry ou Paul Bert, sou-venirs d’un temps où ce n’était pas seulement des équipes qui s’affron-

taient sur les stades, mais aussi des idées. Au-delà de vieilles rivalité entre « laïcards » et « calotins », ces noms témoignaient également d’une conception éducative et pluraliste des activités sportives. Mais, au gré des évolutions de la société, l’idéal des débuts s’est étiolé et, motivées par la progression dans l’excellence, par-fois jusqu’au plus haut niveau, ces sections sportives ont souvent pris leur indépen-dance. Si le nom est resté, qu’ont-elles encore de laïque aujourd’hui ?

JULES FERRY AUX AUBRAIS

Le Cercle Jules Ferry de Fleury-les-Aubrais – commune du Loiret fameuse pour la gare qu’Orléans refusa – est un bon exemple de compromis entre fidélité aux origines et adaptation aux réalités du temps. Quasi-hégémonique sur son territoire, ce club omnisports réunit 4 500 licenciés, dont 700 pour la section de gymnastique d’entretien, qui demeure affiliée à l’Ufolep. Depuis une modification des statuts opérée en 1986 pour des questions d’indemnisa-tion, il faut d’ailleurs parler d’associations et non plus de sections. Dotées d’une compta-bilité séparée, ces 18 associations indépen-dantes restent néanmoins affiliées à l’Union des Cercles Jules Ferry. C’est le cas du CJF Fleury Loiret Handball, qui joue les premiers rôles en D1 féminine dans la salle Albert-Auger, du nom de l’ancien président du club. Décédé en 2013 à l’âge de 91 ans, il en était membre depuis sa création en 1932 !Symboliquement, le siège officiel du CJF est toujours sis à l’école qui l’a vu naître. « Son directeur était l’un des fondateurs et, en vertu de nos statuts, la directrice actuelle demeure vice-présidente de droit » précise Joëlle Gaucher, ancienne formatrice Ufolep d’activités physiques d’entretien (APE), qui préside « l’Union » depuis mars.Mais, au-delà de l’affiliation des APE et de la gymnastique artistique à l’Ufolep, que demeure-t-il de l’esprit laïque ? « Le club est géré par des bénévoles et les associations

ans de défendre la laïcité au travers de ses sections culturelles et de loisirs. »Dans le département voisin du Cher, il est un club qui, pour sa part, a porté le nom de Jean Macé au firmament national et euro-péen : le CJM Bourges Basket de Yannick Souvré puis de Céline Dumerc. Au départ, en 1967, le club réunit trois activités : basket, escrime et tennis de table. « Il se positionne alors comme le rival du Cercle sportif de Bourges, d’obédience catholique. Puis, en 1994, le basket se sépare des autres sections et devient le CJM Bourges Basket » explique son président, Philippe Peyrot.En 2003, une société anonyme, Tango Basket, est ensuite créée afin de gérer l’équipe fémi-nine professionnelle. « Mais cela demeure un seul et même club » insiste Philippe Peyrot. Et si plus rien ne relie celui-ci à l’Ufolep ou à la Ligue, « il reste les idées de la plupart des dirigeants, insiste le président. Beaucoup sont d’anciens enseignants et partagent tou-jours l’idéal laïque ». ● Ph.B.

(1) Les clubs cités dans l’article n’en sont évidemment qu’un petit échantillon…(2) Cercle Municipal Postscolaire Jean Macé.

Le Cercle Paul Bert de Rennes est l’un des meilleurs exemples de fidélité à

l’idéal laïque de celui qui fut, en tant que ministre de l’Instruction publique

en 1881-82, un promoteur de l’école publique tout aussi fervent que Jean

Macé et Jules Ferry. Fort de 11 000 adhérents, le CPB ne réunit pas seulement

près de la moitié des licenciés de l’Ufolep d’Ille-et-Vilaine autour d’une

large palette d’activités à dominante loisir. Il mène également des actions à

caractère social, en particulier dans les quartiers de la capitale bretonne. ●

PAUL BERT, TOUJOURS ACTIF À RENNES

Cercles Jean Macé, Jules Ferry, Paul Bert… Leur nom épouse celui des promoteurs de l’école publique (1). Mais, derrière la façade, que reste-t-il de cet héritage ?

DR

Les filles du CJF Fleury Handball jouent en D1

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18 Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22

fédé

ral

Continuité et renouvellementLa confortable réélection de Philippe Machu comme président de l’Ufolep confirme la large adhésion à un projet équilibré, entre assise associative et ambitions sociales, tandis qu’émergent de nouvelles têtes.

ag élective de port-leucate (aude) deS 29 et 30 avril

Collège femmes (14 élues) : Natacha MOUTON-LEVREAY (93,37%,

E), Marie-Christine LABUZAN-FAVÉRIAL (91,52%, S, médecin fé-

déral), Laetitia ZAPPELLA (87,92%, E), Haïfa TLILI (86,91%, E),

Camille COLLET (84,47%, E), Danièle ROUX (84,29%, S), Isabelle

JACQUET (82,89%, E) ; Catherine BERRIT-SAUVAGE (80,32%, E),

Sandrine MANET (79,13%, E), Michèle ROIG (78,08%, S), Henriette

MANUEL (71,43%, S), Myriam WAGNER (67,86%, E), Anne MALLU-

RET (64,48%, S), Christelle LACOSTAZ (60,22%, S).

Collège hommes (16 élus) : Arnaud JEAN (92,62%, E), Thierry

BROYDÉ (88,20%, S), Daniel GUÉRIN (88,01%, S), Philippe MACHU

(85,23%, S), Alain BOUGEARD (80,56%, S), Jean-Claude DAUPHANT

(67,93%, S), Bruno DOUILLARD (67,10%, E), Henri QUATREFAGES

(66,25%, E), Denis FABRE (66,09%, S), Germain TICHIT (65,69%,

S), Georges LAVY (65,45%, S), Jean-Louis BORGNI (55,66%, S),

Régis FOSSATI (53,93%, S), Ludovic TRÉZIERES (52,56%, S), Jean-

Claude SABLÉ (52,15%, E), Gilles COUTURE (48,76% puis 46,57% au

second tour, où il restait en lice avec quatre autres candidats, E). ●

(E : entrant-e ; S : sortant-e)

LES 30 NOUVEAUX ÉLUS NATIONAUX

Machu a repris les principaux points qui structuraient celui-ci : constat des dégâts liés à l’inactivité physique et des limites de l’organisation actuelle du sport en France, détermination à faire du sport « un droit » et souci de proposer, au nom de l’Ufolep, des réponses adaptées à tous les publics. C’est pourquoi la fédération a choisi de ren-forcer « sa légitimité éducative et sociale » en se réorganisant depuis 2012 en deux sec-teurs : « sport éducation », qui s’appuie sur

le tissu associatif, et « sport et société », principalement porté par les comités. Le rapport moral insistait notamment sur l’indispensable adaptation des différents échelons de la fédération à la récente réforme territoriale (lire page 23 et suivantes) et sur les coopérations à développer, tant entre les comités départementaux et régionaux Ufolep qu’avec les services de la Ligue et les collectivités locales. En conclusion de son intervention, Philippe Machu a résumé cette ligne politique : « L’Ufolep s’est toujours affirmée fidèle à ses origines affinitaires et citoyennes, émancipatrices et soli-daires. Elle se veut aujourd’hui porteuse de combats nou-veaux pour imposer dans notre pays le droit au sport pour tous et une vision du sport qui participe à une société plus juste et plus solidaire. Je suis heureux et fier de partager avec vous une telle ambition fédérale. » Les applaudisse-ments invitaient à penser que la réciproque était vraie.

NOUVEAUX PROFILS

Le moment fort de cette assemblée générale de l’Ufolep fut toutefois l’élection, pour quatre ans, du nouveau comité directeur. En vertu de la quasi-parité existant aujourd’hui parmi les licencié-es de la fédération, il réu-nit 14 femmes et 16 hommes, le renouvellement étant plus marqué chez les femmes (plus de la moitié de nou-velles élues, contre un quart chez les hommes).Émergent également de nouveaux profils, comme celui de deux jeunes universitaires, engagées dans des pro-jets socio-sport en lien avec le réseau Ufolep : Haïfa Tlili, enseignante à l’université Paris-Descartes et partenaire de l’étude menée il y a deux ans sur la pratique des jeunes filles dans les quartiers ; et Camille Collet, qui réalise une thèse en lien avec les projets à vocation sociale dévelop-pés par le Cercle Paul Bert de Rennes. Sur le même registre du socio-sport, on mentionnera l’action d’un autre nouvel élu : Henri Quatrefages, président du comité de l’Hérault et longtemps instituteur dans le quartier de La Paillade, à Montpellier. Des expertises qui réunissent connaissances

Alors, cette AG Ufolep ? Un rapport moral et un budget qui passent comme des lettres à la poste, l’accord parfait avec la Ligue de

l’enseignement, et – comme dans la chan-son – toujours le même président. Philippe Machu a en effet été aisément réélu, samedi 30 avril, sur proposition du nouveau comi-té directeur, avec plus de 90% des voix. Il entame ainsi un cinquième mandat à la tête d’une équipe largement renouvelée (à 40%) et sensiblement rajeunie (56 ans en moyenne), en parti-culier parmi les femmes, qui affichent dix ans de moins que les hommes.Le vote des deux rapports moral et financier et du budget 2016 a également pris des allures de plébiscite pour le projet politique et sa mise en œuvre : tous trois ont été approuvés à hauteur de 98%, sans avoir guère suscité de questions ou de prises de parole dans la salle.

AMBITIONS SOCIALES

Dans son complément oral au rapport moral – adressé un mois plus tôt aux comités départementaux –, Philippe

Phili

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Bren

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Philippe Machu

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Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 19

universitaires et expérience de terrain et contribueront à développer le secteur « sport et société ».On peut aussi s’arrêter sur les deux candidats les mieux élus dans chaque collège, qui sont l’une et l’autre des « entrants ». Animatrice à Calais d’une association mul-tisports, Natacha Mouton-Levreay, 42 ans, est vice-présidente chargée du développement de l’Ufolep Pas-de-Calais. Dans sa profession de foi, elle affirmait son souhait d’apporter son expérience « dans le secteur sport et société et pour les thématiques des quartiers, du sport-santé, des seniors et du développement durable ». Une expérience forgée de surcroît « sur un territoire en proie à de nombreuses difficultés sociales ».De son côté, Arnaud Jean, 45 ans, est déjà connu du réseau, pour avoir été un permanent national très entre-prenant avant de rejoindre il y a quelques années les bureaux parisiens du ministère des Sports. Tout en se plaçant dans le droit fil du projet actuel de l’Ufolep, il formulait à l’appui de sa candidature des pistes aux allures de programme en matière de développement asso-ciatif, de communication, de formation ou de gouver-nance partagée. « Le comité directeur national doit être un lieu de concertation, de projet et d’innovation, très largement ouvert sur le réseau de notre fédération et à des collaborations » insistait celui qui est aussi adjoint au maire d’une commune de la banlieue d’Orléans.

UNITÉ

On retiendra enfin de cette 69e assemblée générale de l’Ufolep l’identité de vue et de projet résolument affichée entre la Ligue de l’enseignement et son secteur sportif. C’est ce que fit Jean-Karl Deschamps, secrétaire national, en évoquant en ouverture de l’AG des histoires « fondues » et en réaffirmant : « Nous ne sommes pas dans la même maison, nous sommes la même maison. » Puis il men-tionna les collaborations en matière d’accompagnement conjoint du réseau (1), de formation, de développement durable ou d’offre de séjours touristiques.Le lendemain, Nadia Bellaoui, insista sur « l’énergie

incroyable » dégagée par l’assemblée. « Vous savez où vous allez, au nom de quelle histoire, et vous vous donnez les moyens de vos ambitions. Je n’en suis pas étonnée, et heu-reuse de le vivre avec vous » poursuivit ensuite celle qui, au lendemain du congrès des 150 ans de la Ligue, fin juin à Strasbourg, devrait en être la nouvelle secrétaire géné-rale. « Cette assemblée générale montre que la Ligue de l’enseignement et l’Ufolep ont un agenda commun, alors même que la nouvelle présidente de l’Usep a exprimé sa volonté de s’agréger à cette dynamique », s’est également félicité Nadia Bellaoui.

CHANTIERS

De l’énergie, le nouveau comité directeur ne devra pas en manquer pour s’atteler aux dossiers qui l’attendent. À ce titre, le principal défi de la mandature sera de stopper l’érosion de la base associative de l’Ufolep – une perte de 10% des effectifs entre 2012 et 2015, de 380 000 à 341 000 adhérents, a rappelé le directeur technique national Pierre Chevalier dans son complément au rapport d’activité –, voire d’inverser la tendance, tout en déve-loppant un secteur « sport et société » dont le dynamisme ne se traduit pas en nombre de licences (1). Un enjeu au cœur du séminaire organisé les 21-22-23 mai, à La Rochelle, pour favoriser la cohésion entre élus et cadres permanents, affiner le projet politique et répartir les res-ponsabilités de chacun. ● PhiliPPe BreNot

(1) La prise en compte de ces actions, qui touchent plusieurs dizaines milliers de personnes, doit être une priorité pour inverser la courbe des licences.

ag élective de port-leucate (aude) deS 29 et 30 avrilPh

ilipp

e Br

enot

Rapport moral : 98,46% (contre 0,45%, abstentions 1,09%).

Rapport financier : 98,71% (contre 0,84%, abstentions 0,45%).

Budget 2016 : 97,81% (contre 0,70%, abstentions 1,49%).

Tarifs statutaires 2016-2017 : 78,93% (contre 15,49%, abst. 5,58%).

PRINCIPAUX VOTES

Le nouveau comité directeur… moins les absents sur la photo.

Page 20: Ufolep 22 juin 2016 hd

20 Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22

Philippe Machu a répondu en tribune à

la question orale d’Alain Ribet, président

du comité de Haute-Garonne (photo),

au sujet de la défense des associations

en « double affiliation » lorsqu’elles « se

trouvent en conflit avec les fédérations

délégataires ».

« La Loi Buffet de 2000 a ouvert une brèche juridique dans

laquelle les fédérations délégataires se sont engouffrées pour

exiger de leurs associations qu’elles affilient tous leurs adhé-

rents, y compris ceux qui, par exemple, ne pratiquent qu’en

Ufolep. Nous avons exposé le problème auprès du ministère des

Sports et une médiation a été menée au sein du Comité natio-

nal olympique et sportif français. En dépit de l’étonnement

manifesté par un juriste devant cette contrainte contraire à la

liberté d’adhésion, les conclusions de la commission chargée

de cette médiation sont restées floues. Le CNOSF doit à présent

statuer, et une réponse nous sera peut-

être apportée le 27 mai lors de la réunion

du collège des fédérations affinitaires,

toutes concernées. Mais ne nourrissons

pas trop d’espoirs.

Si la réponse n’est pas concluante, il nous

restera alors trois pistes à explorer : favo-

riser la concertation locale là où elle est

possible ; créer au sein des clubs des sections spécialisées pour

cloisonner les adhésions (ce qui est très contraignant, nous

en sommes conscients) ; enfin, intenter une action auprès du

Conseil d’État, voire auprès de la Cour européenne de justice

comme l’envisage la FSCF, très déterminée. Mais c’est là une

démarche longue et coûteuse, dans laquelle nous ne pour-

rons nous engager qu’avec votre concours : aussi, faites-nous

remonter des situations précises, avec des preuves écrites,

afin d’étayer un dossier conséquent si nous devions aller en

justice. » ●

MENACES SUR LA LIBERTÉ D’ADHÉSION : ASSOCIATIONS, VOS TÉMOIGNAGES !

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Alain Ribet (Haute-Garonne).

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Bren

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Véronique MoreiraPrésente à l’AG de Port-Leucate, la nouvelle prési-dente de l’Usep a ouvert la voie à des collaborations communes.

À l’issue de l’AG élective d’Arras des 16 et 17 avril, Véronique Moreira, inspectrice de l’Éducation nationale, a succédé à Jean-Michel Sautreau à la tête de l’Union sportive de l’enseignement du

premier degré. Outre le sens que pouvait revêtir sa présence à Port-Leucate, accompagnée du directeur national Benoît Lasnier, son discours prononcé en ouverture des travaux a traduit un net changement de ton à l’égard de la fédération dont l’Usep est historiquement issue.

DÉVELOPPEMENT CONJOINT

Après avoir présenté le concept de rencontre « sportive-asso-ciative » qui sous-tend le nouveau projet de l’Usep, Véronique Moreira a souligné que celui-ci s’inscrivait « dans une mission plus globale, commune à celle de l’Ufolep, à savoir contribuer à la formation d’un enfant éduqué, émancipé, libre, prêt à prendre sa place de citoyen éclairé dans la société ». Avant d’enfoncer le clou : « Nous devons envisager entre l’Usep et l’Ufolep des collaborations naturelles et d’autant plus efficaces que nous devons, de façon respective, assurer le développe-ment de nos fédérations. »Des collaborations sont notamment envisageables en matière de sensibilisation aux premiers secours civiques ou dans le cadre des temps d’activités périscolaires (Tap) nés de la Refondation de l’école et de la réforme des rythmes. Ceci alors même que « 80% des projets éducatifs de territoire présentent des activités sportives » a rappelé

Véronique Moreira, tout en déplorant que l’Usep y soit « peu présente ».Dans son complément au rapport d’activité, le directeur technique national de l’Ufolep, Pierre Chevalier, souligna pour sa part combien la séparation opérée entre l’Usep et l’Ufolep, à l’issue de l’assemblée générale de Romans en 2004, avait contribué à fragiliser l’Ufolep en incitant les fédérations délégataires à rompre le « pacte de non-agres-sion » qu’elles observaient jusqu’alors avec elle, en raison de leur souhait de collaborer avec la fédération sportive scolaire de la Ligue de l’enseignement.Rappelant que le modèle de développement de l’Ufolep était basé sur la « complémentarité entre des fédérations déléga-taires très orientées vers le haut niveau et des fédérations affinitaires tournées vers l’accessibilité », le DTN a estimé que ce nouveau contexte ne pouvait que favoriser des projets communs avec les autres fédérations, par exemple dans la déclinaison du plan ministériel « Citoyens du sport ». ● Ph.B.

Dialogue renoué avec l’Usep

Page 21: Ufolep 22 juin 2016 hd

Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 21

En bref Hommage

L’assemblée générale s’est ouverte par un hommage à Frédéric Vauthier, délégué Ufolep-Usep du Gers, brutalement décédé début

avril d’une crise cardiaque, à l’âge de 45 ans. La minute de silence observée par l’assemblée associait également deux militants récemment disparus : Guy Le Mener, président du comité Ufolep du Maine-et-Loire, et Christian Séguin, vice-président du comité de l’Aube.

Saines finances

Le rapport financier et le projet de budget ont été présentés par le trésorier national, Daniel Guérin. Et si la taille des diapositives projetées à l’écran n’a pu lui permettre d’en commenter toutes les finesses, les chiffres sont là : le budget réalisé pour l’année 2015 s’est établi à près de 4,3 millions d’euros (4 289 427 €) et fait apparaître un bénéfice de 30 291 euros. Le budget 2016 est pour sa part en légère progression par rapport au précédent, puisqu’il s’établit à hauteur de 4,76 millions d’euros (4 762 700 €). De saines finances saluées par le commissaire aux comptes, Olivier Souillard.

Lutte antidopageL’unique vœu soumis cette année à l’assemblée générale était présenté par le comité de l’Indre et portait sur la lutte antidopage. Constatant l’absence de contrôles sur les épreuves organisées par les comités départementaux et régionaux, tout en étant « de plus en plus souvent témoins de performances

douteurs sur nos compétitions », il proposait d’ajouter à l’un des articles du règlement médical la mention suivante : « chaque année sera inscrite au budget une ligne consacrée à l’organisation de contrôles antidopage sur des épreuves nationales, régionales ou départementales ».Le comité directeur a donné un avis favorable à ce vœu, tout en précisant, après confirmation par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), que 95 contrôles ont été réalisés en 2015 sur les épreuves organisées par l’Ufolep, révélant deux cas positifs. De plus, l’Ufolep négociera avec l’AFLD une convention qui permettra d’élargir le nombre de contrôles et de cibler des épreuves, à raison de 300 € par contrôle supplémentaire sollicité. Le vœu proposé par le comité de l’Indre a été adopté par 96,03% des voix.

Statuts régionaux Les principaux échanges avec la salle auront porté sur le toilettage des statuts types des comités régionaux, rendu nécessaire par la réforme

territoriale. Plusieurs mandataires se sont en effet montrés particulièrement tatillons concernant les formulations rappelées en tribune par Jean-Claude Dauphant. Celles-ci avaient pourtant fait préalablement l’objet de débats et de concertations, notamment lors des réunions régionales de l’automne dernier. Finalement, les différents articles ainsi retouchés ont tous été adoptés à une large majorité.

Médailles d’honneur En dépit de l’absence de Paulette Ronsin – habituelle maîtresse de cérémonie, et à laquelle le délégué du Loir-et-Cher Mohamed Benthanane adressa un facétieux clin d’œil –, la remise des deux médailles d’honneur fut un moment d’émotion. Ceci notamment grâce à la douce ironie de Jean-Marie Vergne, instituteur de formation mais surtout Charentais voyageur aux multiples engagements, et dont on aurait pu croire que le CV, scrupuleusement égrené

par Philippe Machu, ne finirait jamais. Membre du comité directeur depuis 1992, à 67 ans Jean-Marie Vergne ne se représentait pas.Ce n’était pas le cas de la toujours vive et pimpante Henriette Manuel, réélue à Port-Leucate, et qui émut l’assemblée en retraçant son parcours sous la forme d’une adresse à sa mère : un savant dosage d’humour et de sentiment, proposé par la cadette d’une modeste famille cognaçaise de sept enfants. L’assemblée fut sensible au tendre et piquant message d’une militante à l’autorité naturelle, formée à l’école de l’éducation surveillée et qui, la passion du vélo aidant, devint factrice, avant de rejoindre la famille Ufolep en 1983 pour y créer un club cycliste. Après cela, nul ne s’étonnera que l’un de ses fils écrive des romans…

Ils étaient présents

Hormis les participants précédemment cités, se sont exprimés en tribune : Marie-Hélène Fabre, députée de l’Aude (photo) ; Jean-Jacques Camel, président de la Ligue 11 ; Jean-Marc Lafon, président de l’Ufolep 11. Étaient présents durant l’AG : Hélène Grimbelle, secrétaire nationale de la Ligue de l’enseignement, et Roger Évrard, trésorier national de la Ligue et président de l’Apac. Ont assisté à la séance de clôture : Philippe Thiébault, DTN de la FF de motocyclisme ; Mr. Paulino (FSCF, Ligue Midi-Pyrénées) ; André Farizon (FF de la Retraite sportive) ; Jackie Silvestre (Cdos 11).

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22 Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22

1. Une banda a salué en fanfare les nouveaux élus avant d’animer la soirée festive du samedi. 2. En tribune : Jean-Jacques Camel (Ligue 11), Philippe Machu, Jean-Karl Deschamps (Ligue de l’enseignement), Véronique Moreira (Usep), Jean-Marc Lafon (Ufolep 11). 3. Prise de parole. 4. Nadia Bellaoui, secrétaire générale adjointe de la Ligue de l’enseignement. 5. Vote électronique pour l’élection du comité directeur. 6. À l’invitation de la salle, Philippe Machu n’a pas hésité à revêtir le maillot cycliste symbolisant la collaboration avec Vacances pour tous concernant des séjours sportifs. « C’est aussi cela, l’autre idée du sport de l’Ufolep » a commenté, admiratif, Jean-Karl Deschamps, secrétaire national de la Ligue, en regrettant que sa carrure ne lui permette de réaliser lui-même pareil exploit. 7. Merci à toute l’équipe de l’Aude et à celle du centre Rives de Corbières pour leur accueil et l’organisation sans faille de cette 69e AG de l’Ufolep. Pour le congrès de l’an prochain, rendez-vous à Agen (Lot-et-Garonne).

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Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 23

F rance Poret-Thumann*, dans le cadre de la réforme territoriale, la compétence sport reste partagée entre les échelons local, dépar-temental, régional et national. Mais certains

vont-ils prendre le pas sur d’autres ?Pour les collectivités locales, le sport n’est effective-ment une compétence obligatoire pour aucun des trois niveaux. La loi portant nouvelle organisation territoriale de la République réaffirme cette situation en indiquant que « les compétences en matière de culture, de sport, de tourisme, de promotion des langues régionales et d’édu-cation populaire sont partagées entre les communes, les départements, les régions et les collectivités à statut par-ticulier ». Il a en effet été considéré qu’en raison de la diversité des interventions existantes et de la fragilité des opérateurs, le sport méritait de demeurer un des domaines de compétences partagées.La question qui se pose actuellement est donc avant tout une question de gouvernance et non de clarification des compétences entre les différents acteurs. Il y a un consensus pour que chaque niveau puisse continuer à financer des équipements sportifs et à verser des subven-tions de fonctionnement aux acteurs du monde sportif. Toutefois, cette situation conduit à un foisonnement des initiatives des acteurs publics locaux qui ne sont pas for-cément coordonnées entre elles.Aussi, le renforcement des outils de gouvernance par-tagée du sport sur les territoires est nécessaire. C’est le sens de la mise en place des schémas de développement du sport dans les régions que le ministère chargé des sports a initié. L’intervention conjointe de toutes les collectivités publiques (État et collectivités) appelle en effet une démarche active visant à assurer leur prise en compte mutuelle et leur coordination afin de rationaliser l’action publique et de partager les priorités essentielles.

Quels risques et quelles opportunités la réforme ouvre-t-elle aux associations sportives locales ? Comment exister dans un environnement où l’inter-communalité tend à supplanter la commune comme organe de décision ?Dans un contexte de réforme territoriale, les associations doivent bien comprendre l’organisation et le fonctionne-

ment des territoires afin de se doter d’une stratégie qui prenne en compte les compétences et les enjeux relatifs à chaque niveau d’organisation territoriale (la commune, l’intercommunalité, le département, la région…). Le sec-teur associatif doit en effet bien s’organiser localement, en développant par exemple des stratégies inter-asso-ciations. Il en retirerait un plus grand pouvoir de négo-ciation. Les collectivités y gagneraient quant à elles des interlocuteurs plus collectifs.De manière générale, les associations souhaitent que leur projet soit considéré dans son entier. Il leur appartient pour cela de faire davantage connaître et de mieux expli-quer ledit projet. De leur côté, les élus des collectivi-tés doivent mieux prendre en compte la globalité des démarches associatives, car ils ont intérêt à impliquer les associations dans les projets de territoire. Les associations sportives locales bénéficient pour l’essentiel des aides du secteur communal (communes, groupements de communes à fiscalité propre et syndi-cats intercommunaux) qui assume la majeure partie des dépenses publiques en faveur du sport. En 2012, cette contribution a atteint 10,8 milliards d’euros, soit près de 30% de la dépense sportive nationale.Le développement de l’intercommunalité est effecti-vement porteur de changements culturels et organisa-tionnels, dont les associations doivent tenir compte. L’intercommunalité favorise des systèmes sportifs locaux contrastés, qui s’appuient sur différentes formes de proximité, sur des logiques identitaires à ancrage terri-

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quelS changementS pour leS aSSociationS ufolep ?

Réforme territoriale : les réponses du ministèreAlors que l’Ufolep modifie les statuts de ses comités régionaux pour se conformer au redécoupage territorial, quelles stratégies ses associations doivent-elles mener pour exister sur le terrain ? Le ministère des Sports a répondu par écrit à nos questions.

*France Poret-Thumann est sous-directrice de l’action territoriale, du développement des pratiques sportives et de l’éthique du sport, au sein de la Direction des sports.

Quelles conséquences pour les associations ?

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24 Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22

torial ou sur le développement du partage des savoirs, sur l’accroissement de l’offre et des pratiques de qualité. La capacité qu’auront les associations à bien s’organiser localement et à développer des stratégies collaboratives paraît donc essentielle.

Le département voit ses compétences renforcées en matière sociale. Or l’Ufolep développe depuis plu-sieurs années son secteur « sport et société » : cela peut-il être une opportunité pour les comités Ufolep de solliciter un accompagnement des projets ciblant les publics éloignés de la pratique ?Les départements interviennent prioritairement pour favoriser la pratique du sport de masse et fournir des aides à l’investissement, notamment pour les équipements sportifs municipaux. Le renfort de leurs compétences en matière sociale peut effectivement être une opportunité à saisir pour demander le soutien de projets en faveur de la réduction des inégalités d’accès à la pratique sportive.

La réforme risque-t-elle d’avoir pour conséquence une diminution des aides de l’État et des collectivités territoriales envers les associations sportives ?Comme indiqué précédemment lors de l’évocation des schémas de développement du sport en région, il est nécessaire que ces acteurs publics coordonnent leurs actions. Il s’agit, à l’échelle d’un territoire, de dispo-ser d’une vue prospective des besoins de la population concernée afin d’améliorer l’équilibre entre l’offre de pra-tiques et la demande, de renforcer les solidarités entre les acteurs, d’optimiser les aides de chacun par une prio-risation des interventions. L’enjeu sera particulièrement de faire ressortir les territoires les plus carencés et les publics les plus éloignés, qui nécessitent une prise en compte renforcée. La réforme territoriale n’a donc pas pour conséquence directe une diminution des aides publiques aux associations, mais doit être l’occasion de mieux les coordonner et de les recentrer sur les publics et territoires prioritaires.

Et pour les aides à l’emploi dont bénéficiaient les comités régionaux qui sont invités à fusionner ?La professionnalisation du mouvement sportif est une priorité forte de l’État, et ce depuis plusieurs années. Elle s’est notamment traduite par une augmentation sensible du nombre d’emplois soutenus par les crédits du Centre national de développement du sport (CNDS). L’effort est poursuivi en 2016, notamment pour l’aide à l’emploi d’éducateurs sportifs intervenant dans les quartiers prio-ritaires de la politique de la Ville (QPV), afin d’en diver-sifier l’offre sportive et de structurer les associations les plus fragiles impliquées dans ces territoires prioritaires. La fusion des comités régionaux n’entrainera pas auto-matiquement la diminution des aides à l’emploi. Comme le ministre et le secrétaire d’État chargés des sports l’ont indiqué dans une lettre adressée à l’ensemble des prési-dents de fédération, les délégués territoriaux du CNDS pourront continuer à allouer des subventions aux comi-tés départementaux et régionaux actuels, dans le res-pect des orientations annuelles du CNDS, et ce jusqu’à fin décembre 2017. À compter du 1er janvier 2018, ils ne pourront le faire qu’au profit des instances déconcen-trées des fédérations qui auront conduit à leur terme leur réorganisation territoriale. Aussi, les nouveaux comités régionaux bénéficieront des aides du CNDS, dont celles à l’emploi, dès la suppression des comités actuels.

Les comités régionaux Ufolep préparent actuellement leur prochain projet de territoire : à quoi doivent-ils se montrer particulièrement vigilants ?Comme indiqué précédemment, les comités régionaux doivent identifier deux enjeux majeurs : le premier est de mener un diagnostic approfondi permettant d’iden-tifier les territoires les plus carencés et les publics les plus éloignés afin de leur proposer une offre de pratique qui soit adaptée à leurs besoins. Pour mener à bien cet objectif, le deuxième enjeu est de renforcer la coordina-tion des associations intervenant pour ces publics et ces territoires prioritaires. ●

Ufolep Playa Tour, été 2015.En J

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Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 25

Pour dialoguer avec les responsables de ter-

rain et les décideurs institutionnels et apporter

les réponses les plus adaptées aux besoins des

publics, le projet territorial est un outil indis-

pensable.

Depuis des années, l’Ufolep invite aux coo-

pérations inter-associatives. Elle oriente ses

missions vers les territoires « carencés » et les

publics les plus éloignés de la pratique sportive,

tout en encourageant l’emploi associatif. Et en

accélérant aujourd’hui l’adaptation de son orga-

nisation aux nouvelles régions, dès septembre

prochain notre fédération sera prête à accompa-

gner les politiques sportives territoriales.

L’Ufolep doit donc saisir dès à présent l’opportu-

nité offerte par la réforme territoriale. ●

PhiliPPe machu, PrésideNt de l’ufoleP

UNE OPPORTUNITÉ À SAISIR

pour leS régionS, maiS auSSi leS départementS

La réforme, notre démarcheL’Ufolep profite de la réforme pour réorganiser son action sur les territoires, en se fixant la rentrée 2016 pour échéance.

Comme toute fédération sportive agréée par l’État, l’Ufolep est dans l’obligation d’appliquer la réforme territoriale. Mais, plutôt que de la subir, nous y avons vu l’occasion de revoir nos fonction-

nements et d’envisager des évolutions structurelles.En outre, le fait de conserver le département comme échelon de proximité fort est de nature à nous rassurer. Notre fédération est en effet structurée à partir de ses comités départementaux, qu’il s’agisse de l’affiliation des associations, de l’adhésion des licenciés ou des mandats pour les assemblées générales. C’est également au niveau départemental que notre fédération s’est professionnali-sée. Hors personnel administratif, nous comptons un peu plus de 300 professionnels, délégués ou directeurs dépar-tementaux et agents de développement.

FUSION-ADHÉSION OU RAPPROCHEMENT

En fonction de la situation de nos anciens comités régio-naux sur le plan des finances, des ressources humaines et des conventions existantes avec l’État et les collec-tivités territoriales, il est proposé soit un scénario de fusion-adhésion, soit un traité de rapprochement. L’idée est de s’adapter aux réalités de chaque territoire. Cette approche sera aussi de mise pour l’élaboration du projet territorial, ce qui se justifie pleinement au regard de la diversité des situations.

Concernant le calendrier, nous nous sommes donné l’ob-jectif ambitieux d’installer ces comités régionaux au ter-ritoire élargi – sauf exceptions – pour la rentrée sportive 2016. Pourquoi si vite ? Pour que cela coïncide avec notre plan national de développement quadriennal (2016-2020), dont la déclinaison régionale sera ainsi confiée à des équipes tout juste renouvelées.Parallèlement, nous avons aussi engagé auprès de nos comités une démarche de mutualisation et de contrac-tualisation. Elle repose sur le constat suivant : l’échelon départemental ne peut se suffire à lui-même pour mettre en œuvre le projet national de développement.Concrètement, les départements qui ne travaillent pas encore ensemble doivent mutualiser leurs ressources afin de « démultiplier » l’impact de leurs actions sur des thé-matiques communes, la santé par exemple. C’est le cas en Centre-Val-de-Loire, où il existe un projet régional fort, partagé avec chacun des comités départementaux concernés. Pour résumer : on ne peut plus faire seul dans son coin.En outre, et même si ce n’est encore aujourd’hui qu’un projet, nous souhaitons aussi développer à un niveau « infra-départemental » – et tout particulièrement auprès des territoires ruraux – des projets globaux regroupant les différents secteurs de la Ligue de l’enseignement : sport, éducation, culture, vacances... ●

Pierre cheValier et mariNa chaumoNd,dtN et ctN de l’ufoleP

• 5 numéros par an ❒ 13,50 € (octobre, décembre, février, avril, juin)

Mon adresse postale :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Mon adresse e-mail (pour recevoir également gratuitement la version numérique de En Jeu) :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je joins un chèque postal bancaire de la somme de. . . . . . . . . . . à l’ordre de EJ GIE

À. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , le. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Signature :

EN JEU, UNE AUTRE IDÉE DU SPORT LA REVUE DE L’UFOLEPabonnez-vous !

Réunion régionale, Poitiers, automne 2015.

En J

eu

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26 Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22

Contact :[email protected]él. 01 43 58 97 61

rése

au

les valeurs d’éco-responsabilité que nous défendons depuis plusieurs années », souligne Nils Ainas, chargé de mission.Plusieurs opérations de promotion de l’e-VTT sont ainsi menées au niveau régional, parallèlement au soutien apporté à l’Électr’Enduro : balisage de parcours sur les événements de pleine nature, secoureurs en e-VTT, par-ticipation à des salons ou initiation à l’activité lors des rassemblements Ufolep... « J’ai essayé le VTT électrique fin mars à l’occasion du rassemblement des organisateurs de l’Éco-Tour, et j’ai vraiment été surpris d’y prendre autant de plaisir. Il me semble intéressant de l’intégrer dans nos épreuves cyclistes traditionnelles, comme la Ligérienne », confie ainsi le délégué Ufolep de la Loire, Jean-Pierre Moreno.Reste toutefois à surmonter l’obstacle du coût de l’engin (à partir de 900 €) et à améliorer la question des batte-ries et de leur rechargement, au regard des aspects envi-ronnementaux. Mais le comité Rhône-Alpes y travaille, bien décidé à ne pas manquer le virage de l’e-VTT. ●

BruNo aguiar Valadão, chargé de missioN déVeloPPemeNt duraBle

(1) Voir En Jeu Ufolep n°15, février 2015. L’Avem (Association pour l’Ave-nir du Véhicule Electro-Mobile) est partenaire de l’événement. Pour plus d’infos : http://www.boostrider.com/electrenduro

ufolep rhône-alpeS

L’Électr’Enduro booste l’e-VTT

Dédiée au VTT à assistance électrique, l’associa-tion Ufolep Boostrider organisait les 28 et 29 mai à Chapanost, près de Lyon, la deuxième édi-tion de son Électr’Enduro (1). Après avoir réuni

l’an passé une centaine de participants – et trois fois plus de spectateurs –, Boostrider a revu ses ambitions à la hausse et mis sur pied, avec l’appui de l’Ufolep Rhône-Alpes, un événement sur deux jours, accessible à tous dès 16 ans.

TOUS PUBLICS

Samedi 28, l’ÉlectroBoost proposait de parcourir une boucle de 4 km le plus grand nombre de fois en l’espace de 2 h 16. « Tout l’intérêt réside dans la gestion conjointe de sa batte-rie et de son effort physique », souligne Cédric Godderidge, conseiller technique régional de l’Ufolep. Puis, dimanche 29, l’Électr’Enduro proprement dit consistait à réaliser le meilleur chrono sur deux boucles de 24 km.Parallèlement, une E-rando non compétitive invitait à découvrir le parcours 100% nature de la course, sans restriction d’accès. Un « village de la mobilité durable » accueillait également le public : essai de vélos à assis-tance électrique (VAE), sensibilisation aux transports doux, recharge de batterie sur des bornes solaires, expo-sition « sport et développement durable »…Si, avec sa vingtaine de licenciés, Boostrider est l’unique association exclusivement dédiée à l’e-VTT, l’intérêt des cyclistes et vététistes traditionnels est grandissant. « De plus en plus, nos clubs se positionnent sur le vélo à assis-tance électrique », assure Gaylord Sarazin, responsable des affiliations à l’Ufolep du Rhône. Le comité y voit égale-ment un moyen de rendre la pratique cycliste accessible au plus grand nombre. De son côté, le comité régional s’y intéresse tout particulièrement dans le cadre de son pro-jet seniors. En outre, « cette pratique est compatible avec

L’épreuve permet de promouvoir le VTT électrique.

Pionnière de l’e-VTT, l’association Boostrider organisait fin mai le 2e Électr’Enduro. Avec l’appui du comité Rhône-Alpes.

L’Électr’Enduro s’inscrit dans le cadre de l’Éco-Tour 2016. Ce

projet, porté par le comité régional Ufolep, regroupe sous ce la-

bel des événements éco-responsables sur tout le territoire rhô-

nalpin. Les organisateurs qui en sont membres se réunissent

pour échanger sur les difficultés rencontrées en matière d’éco-

conception et y apporter des solutions. Tous les bénévoles de

l’association s’engagent également à agir en faveur de l’envi-

ronnement, ainsi que les participants, sensibilisés dès l’ins-

cription à l’éco-responsabilité.

Le développement du vélo à assistance électrique (VAE) et,

plus largement, la promotion des modes de mobilité douce,

est l’une des priorités de l’Ufolep Rhône-Alpes. En effet, dans

un événement sportif, le transport est le poste le plus concer-

né par l’émission de gaz à effet de serre (GES). Malgré les

efforts déjà réalisés par les organisateurs, les déplacements

des sportifs, notamment les pratiquants de sports de pleine

nature (avec souvent un accès aux espaces de pratique plus

difficile) peuvent être optimisés. Or cela peut passer par le

recours au VAE.

Au-delà, la popularisation du VAE et l’utilisation de ce dernier

comme mode de transport quotidien est aussi une cause défen-

due par l’Ufolep. ● BaV

UN ENJEU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

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Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 27

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LA FAMILLE DU PARKOUR RÉUNIE À ROUBAIXC’est à Roubaix (Nord) que la FPK, la fédération de par-

kour, organisait les 23 et 24 avril son rassemblement

national. Chaque année, les traceurs – comme se sont

baptisés les adeptes de cette pratique de déplacement et

d’escalade urbaine – se retrouvent pour partager leurs tech-

niques et s’entraîner ensemble. Cette fois, c’est l’associa-

tion Parkour 59, affiliée à l’Ufolep, qui accueillait l’évé-

nement. Près de 700 pratiquants de France et d’Europe

se sont ainsi retrouvés au parc des sports de Roubaix et

dans son vélodrome couvert, « le stab ». Tous ont pu s’exer-

cer sur les équipements de l’association et sur une éton-

nante structure venue d’Allemagne, mais aussi – malgré

le temps pluvieux – sur des « spots » à Roubaix et à Lille.

Parmi les nouveautés de cette édition nordiste figuraient

des tables rondes sur les méthodes d’entraînement, le tra-

vail avec les publics spécifiques ou encore l’institutionna-

lisation de la pratique, ce dernier débat étant co-animé

par le délégué Ufolep du Nord, Thibaut Dourlen. Étaient

également proposés des ateliers et des workshops avec les

grands noms français de la discipline, et une rencontre avec

des adeptes du freerunnig. Le grand public était lui aussi

convié à l’événement, notamment à travers des initiations

pour les plus jeunes. ● faBrice audeBraNd, Vice-PrésideNt de Parkour 59

Retrouvez l’événement sur facebook : parkour59 – UM team, ou sur Internet : www.parkour59.com

Park

our R

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ter

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Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22 2928 Juin 2016 en jeu une autre idée du sport ufolep n°22

les lisais avec délectation. Ce sont ces classements interminables, imprimés sur le papier médiocre d’un quotidien régional, qui m’ont donné de bonne heure le goût des listes et des struc-tures de liste, un goût qui ne m’a plus quitté.

Les plus anciens résultats dont je me souvienne datent de 1957 : les malices du sport et de l’anthroponymie avaient fait que cette année-là, pen-dant quelques jours, les deux coureurs placés en tête du classement général s’appelaient Bihouée et Bihannic, deux noms bien bretons aux conso-

nances inoubliables. J’ai du reste vu ces deux coureurs sur leur vélo l’année suivante, à Lamballe, lors d’un crité-rium d’après-Tour (de l’Ouest) : Édouard Bihouée portait un maillot vert et blanc et Arthur Bihannic, un maillot rouge et blanc.

Ma mémoire des compétitions cyclistes en cette fin des années 1950 s’est construite autour des palmarès et des maillots. Ces derniers affichaient des couleurs franches et étaient presque vierges de toute publicité : seul le nom de l’équipe – souvent ceux des principaux sponsors réunis par un trait d’union – y figurait, relativement discret. Les maillots étaient facilement reconnaissables et avaient, notamment auprès des enfants, des vertus classificatoires que les maillots actuels, confus, bariolés, souillés d’ins-criptions publicitaires, ne possèdent plus. Comment les sportifs professionnels acceptent-ils de s’humilier de la sorte, de se déguiser en histrions polychromes, de servir de supports vivants pour glorifier marques et produits ? Quelle image ont-ils d’eux-mêmes ? L’appât du gain tue-t-il toute dignité ? De fait, en France, certains parmi les mieux payés gagnent en un an ce qu’un smicard gagne en un millénaire ! Où sont passées les sobres tenues d’autre-fois, lorsque le sport était encore le sport et que la pré-sence de la couleur sur les maillots remplissait un triple rôle : déictique (qui est qui ?), esthétique, magique ?

La plupart de ces maillots étaient alors bicolores, associant le blanc et une couleur de base (rouge, bleu, vert, jaune). L’orange et le violet étaient rares, et plus rares encore le rose, le gris et le brun. Quelques maillots étaient monochromes, mais le cuissard noir ou le short blanc donnaient à l’ensemble de la tenue la bichromie propre à toute panoplie embléma-tique. Heureuse époque où les maillots de quatre ou cinq couleurs n’existaient pas, et où les tissus synthétiques qui aujourd’hui font abominablement briller toutes les couleurs vives n’avaient pas encore fait leur apparition. Tout était mat, franc, uni, presque héraldique. ● © seuil / PoiNts

hist

oire

s )

Morceaux choisis michel paStoureau

Tour de l’OuestJe n’ai assisté au passage du Tour

de France qu’assez tard, vers l’âge de 20 ans, à la fin des années 1960. C’était dans le nord de la

Mayenne, au plus profond de la France profonde, parmi une des plus belles campagnes qui puissent se voir. Je n’en garde cependant pas un souvenir très ému ni très distinct, juste une impres-sion de palette confuse et de cacophonie pénible : les coureurs sont passés devant moi à une vitesse folle – impossible de reconnaître un maillot ni d’identifier qui que ce soit – et le tapage racoleur de la caravane publicitaire était à la limite du supportable. L’attente avait été longue et le plaisir fut absent. Une partie des rêves cyclistes de mon enfance s’est éteinte au bord de cette route de campagne, la départementale 121.

Je me souviens en revanche de manière plus agréable du regretté Tour de l’Ouest, une épreuve d’arrière-sai-son qui traversait la Bretagne, la Vendée, le Maine et la Normandie occidentale et qui fut supprimée en 1960. Elle n’était pas réservée aux professionnels de premier plan ; les amateurs et les semi-professionnels, coureurs souvent plus entreprenants et plus téméraires que ceux qui parti-cipaient au Tour de France, pouvaient y prendre part. Les échappées étaient nombreuses, et chaque étape connais-sait plusieurs retournements de situation.

Le journal Ouest-France en donnait un récit détaillé le lendemain et publiait de manière exhaustive les diffé-rents classements. Âgé d’une dizaine d’années à peine, je

LES COULEURS DU SOUVENIRNé en 1947 à Paris, Michel Pastoureau est l’auteur d’une thèse sur

le bestiaire héraldique qui l’a mené à la chaire d’histoire de la sym-

bolique médiévale de l’École pratique des hautes études. Auteur de

nombreux ouvrages, il est toutefois surtout connu comme histo-

rien des couleurs depuis ses essais sur le Bleu, le Noir ou le Vert

(Seuil, 2000, 2008, 2013). Dans Les Couleurs de nos souvenirs (prix

Médicis essais 2010), celles-ci sont vues au prisme d’un essai auto-

biographique ordonné en chapitres consacrés aux vêtements, à la

vie quotidienne, aux mots ou aux arts et lettres. Intitulé « Sur les

terrains de sport », l’un d’eux met également en scène son expé-

rience de goal de football scolaire, l’achat avorté d’un vélo ou bien

encore l’émotion suscitée par les maillots des coureurs cyclistes du

défunt Tour de l’Ouest. ● Ph.B.

Les couleurs de nos souvenirs, Points Histoire, 2015, 8,80 €.

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Les couleurs ont un peu passé…

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La passion de la boxe m’a frappé sur le tard et sans avertissement. Voilà bien un sport auquel je n’avais jamais pensé. Enfant, j’avais tâté de tout, un peu. Brûler l’énergie vitale était une façon de

m’accorder au rythme de l’univers, de mettre les pulsations de mon cœur au diapason des vibrations sismiques de la planète. Pendant les vacances, dans le village de mes grands-parents, à peine tombé de mon lit, je prenais mes jambes à mon cou et partais au petit trot par des chemins matutins. Sentir la terre sous mes pieds, dériver entre les vignes ensoleillées, retrouver la plaine et ses halliers, fouler la lumière des blés : j’appartenais au paysage et à l’été. Plénitude !À cette époque, la télévision commençait à livrer à domicile les images du Tour de France. Chaque après-midi de retransmission était un moment de communion avec mon père. Le lendemain, je sautais sur mon vélo et je m’imposais des épreuves (des pentes bien modestes) en pensant aux héros des Alpes et des Pyrénées. Le jour où Châlons fut ville étape du Tour de Champagne, j’at-tendais les coureurs le matin dans le hall de leur hôtel. Tout au long de l’année scolaire, je fréquentais avec une certaine assiduité la cendrée d’un petit stade et dès le mois de mai, en sortant des cours, j’allais nager dans les

eaux vertes de la Marne. Sports de garçon pauvre qui ne sait pas qu’il est pauvre mais a compris que les vraies richesses ne s’achètent pas.Mes parents m’avaient offert pour mon anniversaire une paire de chaussures à pointes, rouges avec des bandes blanches. Les chaussures que mon père, qui soutenait financièrement ses parents, n’avait jamais pu s’offrir quand il pratiquait l’athlétisme à l’École normale d’insti-tuteurs. Une chute d’échelle a brisé ma foulée. Je me suis retrouvé cloué pour longtemps sur une planche en bois glissée sous mon matelas, avec le sentiment que la vie se dérobait, mais l’affection souriante de mes parents et la compagnie des livres m’ont aidé à garder un moral de fakir. Mes chaussures quasi neuves, désormais inutiles, sont restées dans leur boîte en carton d’origine, bien graissées et emballées dans du papier de soie. Je les ai retrouvées au fond d’un placard à la mort de mon père, les pointes un peu rouillées, malgré la graisse.J’ai repris le sport à l’âge où les autres décrochent. Jogging, tennis, squash. Sans jamais être bon en rien, c’était trop tard. Puis la boxe, à 56 ans. « Dommage que je ne t’aie pas rencontré plus tôt, m’a dit Jérôme, mon coach, j’aurais fait quelque chose de toi. » ●

© grasset

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ROLAND-GARROS, par Bruno Aveillan (La Martinière)l’image

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n Entre deux échanges, le ballet des ramas-seurs de balles de Roland-Garros est un spectacle en lui-même. Pleinement investis de leur rôle, ils cachent derrière la sobriété de leurs gestes l’exaltation intérieure qu’ils ressentent à fouler le même ocre que leurs idoles, et à céré-monieusement leur offrir d’un rebond calculé la balle jaune qui les renvoie aussitôt au rang de spectateur. Le seul instant où ils peuvent libérer ce trop plein d’émotions est lorsqu’ils brisent les lignes à toutes jambes pour se repla-cer au fond du court ou au plus près du filet, un genou à terre comme le sprin-ter dans ses starting blocks ou le vassal devant son seigneur. Avant de jaillir à nouveau pour effacer d’une course brève un service manqué. C’est cela que raconte « L’envol », l’une des photos les plus rêveuses de l’album composé par Bruno Aveillan. Lequel se caractérise par le sens du détail et des couleurs froides, métalliques, qui pourront sur-prendre ceux qui voient plutôt le stade de la porte de Saint-Cloud comme une palpitante fournaise. ● Ph.B.

Roland-Garros, Bruno Aveillan, préface de Nicolas Rey, 150 photos couleur et noir et blanc, La Martinière, 144 pages, 39 €.

Journaliste, écrivain puis diplomate, Daniel Rondeau, 68 ans, est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages. Le dernier, Boxing-Club (Grasset, 134 p., 14 c), narre sa rencontre tardive avec le noble art, dans une petite salle d’Épernay. Extrait des premières pages.

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res

temps par le magazine Le Contre Pied, et ici contée par un membre et un sympathisant du mouvement. Ph.B.Le Mouvement Football Progrès et la revue Le Contre Pied, un combat des footballeurs amateurs, 1970-1980, Loïc Bervas et Bernard Gourmelen, L’Harmattan, 158 pages, 18,50 €.

À LA FRANÇAISE

Existe-t-il un style français, incarné par le jeu des Bleus, de Kopa à Zidane en passant par Platini ? Et comment s’est-il façonné, au fil de quels débats tactiques, mais aussi de quelles joutes idéologiques ? Dû à la plume de Thibaud Leplat, membre de la rédaction de So Foot, cet essai intéressera avant tout les amateurs éclairés. La mise en perspective historique

aujourd’hui. Qu’on ne se méprenne pas : ce franc-tireur de la Théorie critique du sport ne montre aucune sympathie pour les supporters ultras, inquiets que s’attiédisse encore l’atmosphère des stades ou de se voir cernés par des spectateurs rivés à leur tablette ou leur smartphone pour revoir une action ou s’enquérir d’autres résultats, jusqu’à perdre le fil de la partie. Non, ce qu’il s’emploie à démontrer, c’est que le caractère « asservissant » du sport de compétition se voit « décuplé par la numérisation du lieu même de sa pratique », achevant ainsi de « pulvériser » la conscience des individus.Smart stadium, le stade numérique du spectacle sportif, Marc Perelman, L’Échappée, 92 pages, 9 €.

LE FOOTBALL DES NATIONSLoin de constituer « l’élément cristallisateur exclusif et

permanent des fiertés nationales », les sélections sont le

produit de « constructions historiques fort différentes »

affirme cet ouvrage universitaire, qui en présente onze

à l’appui de sa thèse, européennes (France, Allemagne,

Belgique…) ou sud-américaines (Argentine, Brésil).

Avec, en guise de conclusion, le regard de William

Gasparini sur « Le football dans la construction européenne ». Celui-ci y

note que le Championnat d’Europe des nations et la Ligue des Champions

(jouée par des équipes de club « multinationales ») incarnent deux aspects

de la construction européenne : « une Europe d’États membres défendant

leur autonomie et une Europe du marché “libre et non faussé” promouvant

la circulation des travailleurs, des capitaux, des biens et des services ». ●

Le Football des nations, des terrains de jeu aux communautés imaginées, sous la direction de Fabien Archambault, Stéphane Beaud et William Gasparini, Publications de la Sorbonne, 266 pages, 18 €. À l’occasion de cette parution, l’Université de Strasbourg organise un colloque sur « Ce que l’Euro 2016 nous dit de l’Europe », vendredi 10 juin de 9 h à 17 h. Par ailleurs, Stéphane Beaud animera une conférence au Musée national de l’immigration, à Paris, mardi 7 juin à 18h30.

– l’appel aux entraîneurs britanniques pour poser les bases dans les années 1930 – est passionnante, et l’ouvrage prend parfois le ton d’un traité de philosophie nourri des citations des grands penseurs en survêtement que furent Albert Batteux, Jean-Claude Suaudeau ou Michel Hidalgo. Car dans ce Football à la française, on joue moins avec ses pieds qu’avec sa tête. Pour preuve, cette pénétrante relecture de La Peste, de Camus, où un dialogue sur le rôle de demi-centre résume une façon d’être au monde.Football à la française, Thibaud Leplat, Solar, 436 pages, 18,90 €.

SMART STADIUM « Au cours d’un match de l’équipe du PSV Eindhoven (Pays-Bas), ses supporteurs brandissaient une banderole sur laquelle on pouvait lire : “Fuck Wi-Fi, support the team”. » Marc Perelman part de cette anecdote pour développer une réflexion sur la numérisation des stades observée

FOOTBALL PROGRÈS

Dans les années 1970, l’esprit contestataire de Mai 68 trouva à s’exprimer dans le sport français sous la bannière du Mouvement Football Progrès. Principalement implanté en Bretagne, celui-ci s’incarnait dans le jeu offensif du Stade Lamballais, inspiré du « football total » de l’Ajax d’Amsterdam et orchestré par le regretté Jean-Claude Trotel, dont on apprend au détour d’une page qu’il fut un temps éducateur sportif à l’Ufolep…On relève d’ailleurs ici où là les connections établies avec des comités Ufolep et des amicales laïques, auprès desquelles le mouvement trouva parfois un appui face à l’hégémonie de la très conservatrice Fédération française de football. On s’en étonnera d’autant moins que, dans la plateforme d’action élaborée en février 1974, il est à la fois question de « lutter contre la conception conformiste du football caractérisée par la commercialisation croissante [et] par la recherche du résultat par tous les moyens dans les compétitions » et « d’élaborer et répandre une conception du football qui respecte la dignité du joueur, sa liberté d’expression, son plaisir de jouer, l’épanouissement de sa personnalité ».Une « autre idée du football », prolongée un

L’Euro 2016 s’accompagne d’une floraison d’ouvrages sur le football. Petite sélection critique.

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