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04/06/2015 1 Paul TCHAWA Professeur Université de Yaoundé 1 Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE Master 1 Marginalités, Stratégies de développement et Mondialisation UE 416 MARGINALITE: de la théorie à la réalité Plan du cours Introduction générale Chapitre 1 définitions clarifications conceptuelles et sémantiques Les approches disciplinaires Quelles typologies? Chapitre 2 Aux origines du concept de marginalité L’influence des courants de pensée Chapitre 3 De la ségrégation spatiale à la pauvreté inscrite dans l’espace Chapitre 4 Perceptions différentielles de la marginalité et de la pauvreté Chapitre 5 Processus de marginalisation/réinsertion à différentes échelles Conclusion: Recherches transdisciplinaires sur la marginalité et l’exclusion: un préalable aux stratégies de lutte contre la pauvreté

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Paul TCHAWA Professeur

Université de Yaoundé 1

Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

Master 1 Marginalités, Stratégies de développement et Mondialisation

UE 416

MARGINALITE:

de la théorie à la réalité

Plan du cours

• Introduction générale

• Chapitre 1 – définitions clarifications conceptuelles et sémantiques

– Les approches disciplinaires

– Quelles typologies?

• Chapitre 2 – Aux origines du concept de marginalité

– L’influence des courants de pensée

• Chapitre 3 – De la ségrégation spatiale à la pauvreté inscrite dans l’espace

• Chapitre 4 – Perceptions différentielles de la marginalité et de la pauvreté

• Chapitre 5 – Processus de marginalisation/réinsertion à différentes échelles

• Conclusion: Recherches transdisciplinaires sur la marginalité et l’exclusion: un préalable aux stratégies de lutte contre la pauvreté

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Introduction

• La marginalité : objet de recherche se prêtant bien à l’analyse géographique étant donné sa dimension spatiale incontestable.

• L’on parle de personne marginale tout comme il existe des régions marginales ou marginalisées.

• La dimension géographique tient aussi au caractère multiscalaire de ce concept.

• Si la marginalité est abordée dans le temps, elles est aussi abordée dans l’espace et est de fait une notion dynamique

• La marginalité passe par les perceptions est donc une notion subjective

• Il s’agit d’un objet de recherche qui interpelle la démarche inter voire transdisciplinaire. Il y a dans la marginalité une dimension sociologique, psychologique, économique et géographique

• Les liens forts s’établissent entre marginalisation, dérégulation et mondialisation

• Des liens tout aussi fort entre marginalisation-pauvreté et développement et justifient la pertinence autant que l’actualité de ce thème

• Les régions marginales sont moins développées: ceci crée le développement inégal et des disparités régionales étudiées en géographie (Andréoli)

• Il est urgent de mieux cerner la nature de la marginalité et de comprendre les processus qui y conduisent

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Mandela s’est prononcé sur la pauvreté

II - Références bibliographiques

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Références

• Bailly (A.), et al., 1983. «La marginalité : réflexions conceptuelles et

perspectives en géographie, sociologie et économie ». Géotopiques, 1 : 73-11 5.

• Bailly (A.), 1986. « L'émergence du concept de marginalité : sa pertinence géographique ». In Marginalité sociale, marginalité spatiale. CNRS, Paris.

• Barel (Y.), 1982. La Marginalité sociale. PUF, Paris.

• Camilleri (G.), 1986. « Marginalité et discrimination ». In Nature et signification du discours marginalisant. Crilaup, Perpignan.

• Courade (G.), 1985. « Jalons pour une géographie de la marginalité en Afrique noire ». L'Espace géographique, 2 : 139-150.

• Hugon (Ph.)1997 « Mondialisation et économie politique «

• Castel (Robert), 1994 La dynamique des processus de marginalisation: de la vulnérabilité à la désaffiliation, Cahiers de recherche de sociologie, N°22

• Paugam (S), 1996 (Sous la direction de), L'exclusion, l'état des savoirs, Éditions la découverte, Paris, 1996, 583 p.

• Paugam (S), 1997 - La disqualification sociale, essai sur la nouvelle pauvreté, Presses Universitaires de France, Paris, 256 p.

• Lamarque Gilles, L'exclusion, Que sais-je n° 3077, 1998, 145 p.

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Chapitre 1

Définitions clarifications conceptuelles et sémantiques

– Les approches disciplinaires

– Quelles typologies?

I - Clarifications et précisions sémantiques

• La marginalité, tout comme son opposé la centralité, recouvrent à la fois une position géographique (point de vue géométrique et un état social .

• II exprime un processus d’exclusion (du latin excliusio) sociale et spatiale traduit par l’action de refuser, bannir, renvoyer...

• Le groupe marginal est dans un état d’isolement relationnel par suite de sa position géographique et de son rôle social qui l’écartent des processus d’interaction.

• La marginalité doit être explicitée de manière bimodale, sous une double face, celle du signifiant (contenant) spatial et du signifié (contenu) social

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• Cette définition de la marginalité rend difficile l’utilisation du concept.

• En effet, une région exclue de la croissance sera étudiée de manière idiographique en tant qu’espace à mesurer pour sa pauvreté.

• Mais cette région peut être localisée de manière centrale (et non périphérique) tout en étant exclue des relations de centralité.

• Il n‘existe pas de lien nécessaire entre la périphérie, la minorité et la marginalité pas plus qu’il y en aurait forcément entre le centre et la majorité

• La marginalité peut se trouver en plein centre, même dans les métropoles

• Le contenu et la signification de la marginalité ne peuvent être dissociés des conception systémiques de l’organisation sociale

• La reproduction sociale ne procède pas de dynamiques marquées par la permanence mais plutôt par le changement.

• Ces changements sont traduits par les oppositions et les contradictions internes entre les sous-systèmes constitutifs du systèmes et le système lui-même.

• Il y aurait donc des sous-systèmes déviants faisant partie du système et participant à la dynamique d’ensemble.

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• Marginalisation = déconnection ou dissociation d’éléments ou de sous-systèmes consécutivement au vieillissement ou à un dysfonctionnement du cœur de l’ancien système.

• Pour Brunet, elle consiste dans la mise à la marge, à l’écart et situation dominé, dépendante, hors du centre des décisions mais pas hors du système.

• Le fait de se trouver à la marge d’un système ne signifie pas qu’on est mis à l’écart.

• On y est intégré de facto mais on est position de subordination dans la prise de décision, de relative relâchement des relations sociales et de fragilité économique

• Pour Barel, l’avantage de la marginalité est qu’elle constitue le fer de lance de la société vers le changement, du fait que le marginal exprime les dysfonctionnements de la société.

• Le marginal serait donc dans cette logique le miroir de la société car ce qui se voit dans ce miroir n’est pas le marginal lui-même mais la société dans son rapport à la marginalité

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• Pour Barel comprendre le marginal passe par la prise en compte:

- du rapport au pouvoir du marginal: ce dernier apparaît souvent comme quelqu’un qui ne peut ou qui ne veut pas être « compromis » par une participation au pouvoir et aux décisions y compris celles qui le concernent.

- De sa tendance à se mettre en porte-à-faux par rapport à la norme, d’où le caractère dit déviant.

- De son refus d’agir qui est pour Barel une façon de faire sentir son pouvoir, en réalité, il s’affirme en s’opposant

La connotation spatiale de la marginalité • La connotation spatiale de la marginalité oblige à considérer les notions telles que

excentricité- exclusion-la marginalité-périphérie

• Chacun de ses domaines représente un domaine précis dans sa relation avec le centre

A : CENTRALE : Au cœur du système Dans les normes où se prennent les décisions B : EXCENTRIQUE : Eloigné du centre Manière d’être différente de celle de la majorité C : MARGINALE : qui est dans la marge Personne vivant en marge volontairement ou non D : PERIPHERIQUE : près de la limite et très loin du centre E : EXCLUE: En dehors du système, tenue à l’écart en Interdisant l’accès

A

A

B

C

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• Ce qui est marginal se trouve éloigné, mal situé, passif ou actif vis-à-vis du centre et en dissidence larvée ou ouverte par rapport à l’ordre établi.

• La marginalité désigne le caractère de ce qui ne fait pas entièrement partie du système

• Les marginaux sont des individus qui ne s’intègrent pas et se regroupent dans des lieux caractéristiques qui peuvent ne pas être la périphérie au sens spatial du terme

• Le processus de marginalité est un mouvement de mise à l'écart de la participation sociale.

• Hans MAYER distingue marginalité intentionnelle et marginalité existentielle, la première étant un processus d'isolement volontaire, la seconde une « mise à l'écart imposée »

II - Synonymes et termes connotés

II.1 - La pauvreté

• L'évolution sociale et la crise économique ont redessiné les contours de la pauvreté.

• En période de plein emploi, la pauvreté est résiduelle, ne concernant que des personnes restées en marge du processus d'expansion économique,

• Pauvreté = notion et condition de vie élémentaires. Elle traverse cumulativement différents sous-systèmes économiques, culturels, résidentiels, relationnels et sanitaires au travers desquels s'articule la vie d'un individu ou d'un groupe.

• La pauvreté nécessite une assistance sociale et la mise en place de jeu de solidarités

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• Malgré la pénibilité et l’instabilité du travail pendant la phase d’expansion économique en France, le monde ouvrier était organisé et solidaire, la pauvreté y était résiduelle.

• Aujourd’hui la réalité économique et sociale a changé et est apparue la nouvelle pauvreté.

• Il s’agit d’une pauvreté qui n’est plus résiduelle mais structurelle et liée aux dysfonctionnements sociaux

• Elle concerne des personnes exclues de la vie économique et vivant aux crochets de la société, elle se conjugue avec précarité

• Elle se rapporte à un ou plusieurs sous-systèmes (le travail, la vie sociale et même la famille), sans que ceci comporte automatiquement une précarisation dans tous les autres., on devrait donc parler de pauvretés au pluriel.

• La nouvelle pauvreté n'apparaît plus comme une condition existentielle unitaire et cumulative.

• Elle réside dans le fait qu'aujourd'hui les facteurs qui peuvent générer les syndromes de la pauvreté se sont différenciés et multipliés consécutivement à la

complexification de la société. • Il s'ensuit que la nouvelle pauvreté n'est pas l'apanage

de ceux qui se situent au-dessous d'un seuil de revenu.

• C'est à partir du moment où ils sont assistés, qu'ils deviennent partie d'un groupe caractérisé par la pauvreté.

• Ce groupe ne reste pas unifié par l'interaction entre ses membres, mais par l'attitude collective que la société comme totalité adopte à son égard».

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La nouvelle pauvreté concerne des personnes qui après un temps d'intégration dégringolent dans la zone de vulnérabilité sociale, consécutivement à la perte de l'emploi ou de difficultés personnelles n’ayant pas trouvé solutions.

Contrairement à la plupart des pays du Tiers-Monde, la pauvreté dans les pays riches ne signifie plus forcément la menace de la faim ou de la malnutrition mais une situation dans laquelle une personne ne peut atteindre les standards habituels de la société où elle vit. La relation d’assistance donne la clé de la définition sociale de la pauvreté

II - 2- La précarité

• La précarité: une autre face de la pauvreté et de l’exclusion. Il s’agit d’une pauvreté potentielle qui doit être distinguée de la pauvreté stricto sensu

• La précarité renvoie à une instabilité, par exemple lorsque le revenu n’est pas stable et régulier ou que les contrats de travail sont à durée déterminée et donc précaires

• Parlant de précarité, P. Bourdieu parle de misère de position qu’il oppose à la pauvreté même dont le synonyme serait misère de situation

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II. 3- La vulnérabilité

• Quelque soit le niveau de vie, la vulnérabilité d'un individu est la probabilité de voir sa situation ou ses conditions de vie se détériorer et de tomber dans la pauvreté, en dessous de la ligne de pauvreté.

• La vulnérabilité est donc associée au degré de risque encouru par les catégories, et à leurs capacités à anticiper, à résister aux chocs et à remonter la pente.

• Le degré d'exposition d'une région donnée à des risques et les capacités de réaction aux chocs des populations déterminent le niveau de vulnérabilité.

• Le niveau de vulnérabilité dépend du contexte local (physique, environnemental, social, politique, économique)

• Il varie d'une personne à une autre, d'une catégorie à une autre, d'une région à une autre.

• La vulnérabilité renvoie à de multiples dimensions qui s'imbriquent entre elles: physique et environnementale, démographique, socio-économique et socioculturelle.

II - 4– L’Exclusion/Inclusion

• L’exclusion: un caractère définitif, un acteur non agissant, hors-jeu

• Pourtant l'exclusion dans l'absolu n'existe pas.

• Pour bien camper l’exclusion il faut pour repère l’inclusion, l’état de ceux qui agissent autant au plan économique que social

• l'exclusion sociale est liée au phénomène d'inadaptation économique.

• Pour cerner le processus d'exclusion, il convient de partir de la définition de la société comme un ensemble d'individus dont chacun est apte à nouer toutes formes de contrats et de relations dénuées de coercition.

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• La société est un lieu d'intégration constitué de normes, de rôles et de valeurs qui entraînent des rapports de classes .

• L’exclusion concerne des personnes mises hors du circuit de participation sociale et économique, par manque de travail, du fait de formations insuffisantes, inadéquates ou non reconnues, ou de tout autre handicap économique et social :

Celui qui n’est pas exclu se trouve dans la zone d'intégration et peut donc disposer des garanties d'un travail permanent et mobiliser des supports relationnels solides ;

la zone de vulnérabilité associe précarité du travail et fragilité relationnelle ;

la zone d’exclusion ou de désaffiliation conjugue absence de travail et isolement social.

• Quelles différences entre l’intégration et l’insertion sociales?

• L’insertion ne procure que des statuts instables (RMI) alors que l’intégration suppose une adaptation aux structures sociales par le travail (statut professionnel) par la famille (statut social/civil) et par la santé (statut personnel, physique ou psychique);

• En biologie, un organisme est adapté quand il choisit, parmi plusieurs façons possibles d'être, celle qui lui assurera le plus d'efficacité;

• L’inadapté ne dispose pas de ressources lui permettant d’opérer des choix susceptibles de lui permettre de s’intégrer;

• L’inadaptation est un facteur d’exclusion alors que l’adaptation est un facteur d’intégration.

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III. Les Approches disciplinaires

• Avant de se présenter aujourd’hui comme un concept transdisciplinaire la marginalité a été pendant longtemps abordée séparément par les disciplines (sociologie, géographie, psychologie, économie).

• Elle est sociale, est spatialement connoté, est aussi chargée de représentations

III.1 - L’approche sociologique

• R. E. Park en 1928, se réfère pour la première fois à la notion de marginalité en sociologie.

• Il traitait alors de la structure de la personnalité marginale, et pas de la marginalité sociale et des processus de marginalisation.

• Les divers traits caractéristiques d'une personnalité marginale ont été inventoriées par E. V. Stonequist (1937)

• Ces deux précurseurs estiment que le changement social est l’une des conditions essentielles de la marginalisation et de la marginalité.

• Leurs travaux portaient surtout sur l'adaptation ou l'inadaptation des individus aux structures sociales .

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• Actuellement, la sociologie a plus ou moins délaissé l'étude de la personnalité marginale et se concentre d’avantage sur la situation marginale.

• Deux approches complémentaires de la marginalité (T. Vascino, 1976): – le problème est posé en termes d'intégration de la société, la

recherche porte sur les structures de la société globale et les notions de pouvoir et de domination sont alors des concepts centraux;

– Le problème de la marginalité est posé en termes d'intégration dans la société, la recherche se focalise plus sur les individus et/ou les groupes marginaux. O n fait souvent appel aux concepts de personnalité modale ou de personnalité de base.

• Les sociologues ont eu recours aux concepts de déviance ou de contrôle social pour tenter d'expliquer les phénomènes de marginalité.

• Certains sociologues tels que A. Touraine ont repris la thèse de E. Durkheim pour qui la marginalité est une innovation, (une anticipation, un acheminement vers ce qui sera. »

• La marginalité constitue également un défi social. Elle suscite un renouvellement et une adaptation des structures aux mutations des mentalités et des comportements.

• Elle est davantage perçue comme un facteur sociologique positif allant dans le sens du changement social.

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• Peu importe l'approche retenue, les sociologues ont, le plus souvent, assimilé marginalité à déviance et ainsi minimisé la dimension spatiale du concept.

• Depuis quelques années, les sociologues mettent l’accent sur l'analyse des valeurs et des traits culturels dont sont porteurs les marginaux, plutôt que sur la problématique de la déviance.

• La dimension spatio-culturelle de la marginalité est ainsi clairement posée. (J. Mancini Billson 1988). Ce sociologue relève 3 acceptions du terme marginalité :

– La marginalité culturelle, liée aux difficultés de

contacts et d'assimilation interculturels et pouvant générer isolement et confusion d'identité. L'exemple du migrant;

– La marginalité du rôle social comme conséquence d'une cassure par rapport au groupe social de référence. Cas de l'adolescent balloté entre les valeurs familiales et celles de son groupe de jeunes ;

– La marginalité structurelle concerne les exclus du pouvoir politique, économique et social. Elle résulterait des systèmes économiques capitalistes.

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III.2 - L’approche géographique • Les Géographies allemande et Anglo saxonne ont été les 1ères

à s’intéresser à la marginalité.

• La géographie française arrive en retard sur ce champ peut être en raison de la trop forte connotation sociologique des études de la marginalité en France.

• La géographie de langue allemande distingue 3 approches de la marginalité :

• une approche spatiale qui considère l'espace et le territoire comme objet d'analyse;

• une approche épistémologique qui intègre la dimension spatiale dans l'explication des phénomènes sociaux;

• une approche sociogéographique, plus proche de la sociologie, qui étudie les disparités sociales en fonction de leur localisation.

• Cette troisième approche s'est le plus largement développée.

• La Géographie anglo-saxonne

Elle a longtemps associé les phénomènes de marginalité à l'économie libérale : les inégalités spatiales proviennent de la croissance économique et du changement technologique (Myrdal, 1957).

• Le couple centralité-périphérie est alors étroitement associé à celui de (bien-être / « mal-être ) socio-spatial.

• la marginalité est analysée en terme de processus et le concept de marginalisation apparaît.

• Cependant, dans de nombreux travaux, le concept de marginalité est sociologiquement connoté puisque l'analyse des processus socio-spatiaux constitue une contestation du système libéral, tout changement dans le mode de production mettant en cause l'organisation sociale et spatiale de la société.

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• La géographie a largement minimisé la dimension socioculturelle de la marginalité, ramenant souvent cette dernière au concept de périphérie.

• En privilégiant une dimension au détriment de l'autre, la sociologie et la géographie, ont amoindri la portée du concept de marginalité, voire l'ont parfois dénaturé.

• Depuis les années 1980, de plus en plus des travaux géographiques portent sur les processus de marginalisation (Ecole lyonnaise) pour qui la marginalité est avant tout une représentation sociale à cerner par la prise en compte des rapports du socioculturel et du spatial.

• Cette dimension spatio culturelle réfute la notion déterministe d'espaces marginaux (A. Vant, 1984)

• Ainsi des phénomènes socioculturels auraient des implications spatiales (femmes seules, homosexuels.. .)

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III.3 - L’approche psycho sociale

• D'un point de vue psychosociologique, la marginalité ne peut en effet se concevoir qu'à travers l'interaction dynamique de ses deux dimensions, socioculturelle (1) et spatiale (2).

• Ces dimensions interagissent grâce à un processus psychosociologique d'appropriation spatiale qui permet à l'individu de matérialiser une partie de son univers mental et de le faire sien; elles constituent ainsi un

système complexe d'interdépendances.

• L'appropriation passe par le marquage qui est une manière de signer l'espace par des objets, des inscriptions, des modifications spatiales qui sont identifiés au Moi.

• Il peut s'opérer par une personnalisation du territoire à l'aide d'objets personnels tout comme Il peut refléter le groupe d'appartenance, le groupe de référence, le statut, le niveau socioéconomique..

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Toute cette réflexion conduit à se poser une double question

Est-ce l'isolement culturel et relationnel vécu par I'individu ou le groupe marginal qui génère des pratiques spatiales contribuant à l'écarter des processus d'interaction dominants

Ou, au contraire, est-ce l'isolement géographique qui induit des comportements territoriaux propres et produit ainsi des formes de sociabilité marginales ?

IV - Esquisse typologique de la marginalité

IV -1 Typologie des marginaux • Plusieurs critères permet de les classer:

– Les processus qui les engendrent (déviants et désadaptés passifs, les déviants actifs et les hétérodoxies, les exclus du système dominant

– Les espaces qui servent de contenant • Marginalités a spatiales

• Marginalités spatialement circonscrites

– Marginalités des espaces de confrontation ouverts

– Marginalités des espaces dissidents

– Marginalités des espaces refuges

– Marginalités des espaces d’internement et de discrimination

– Marginalités des espaces périphériques déstructurés ou aliénés (démographiquement dévitalisés)

– Marginalités des espaces périphériques vulnérables

– Marginalités des espaces périphériques réticents

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• IV.2. Types de pauvreté • 1. La pauvreté intégrée renvoie davantage à la question sociale de

la pauvreté. Ici, les «pauvres» sont nombreux et peu distincts des autres couches de la population. Leur situation est si courante que l'on en parle moins comme le problème. Ils ne constituent pas une under class stigmatisée

• 2. La pauvreté marginale renvoie au moins autant, dans le débat social, à la question de la pauvreté au sens traditionnel du terme qu'à celle de l'exclusion. Contrairement à la pauvreté intégrée, ce que l'on appelle les «pauvres» ou les «exclus» forment seulement une petite frange de la population.

• 3. La pauvreté disqualifiante renvoie plus à la question sociale de l'exclusion qu'à celle de la pauvreté proprement dite, bien que les acteurs sociaux continuent à utiliser les deux expressions. Ce que l'on appelle les «pauvres» ou les «exclus» sont de plus en plus nombreux. Ce dernier type caractérise les stés post industrielles

IV – 3 - Types de personnes marginalisées • 1. Personnes en situation de marginalité ayant une insertion sociale

relative,

• Par le biais d'un travail temporaire ou d'une assistance sociale suivie, elles possèdent quelques atouts sur lesquels s'appuyer pour ne pas perdre tout repère social.

• 2. Personnes marginalisées sans relations sociales.

• les ressources cognitives et socio-affectives ne sont plus les mêmes. Les milieux de marginalité englobent un des personnes vivant en marge par manque de reconnaissance d'un statut avéré ou d'un état social d'intégration. Ceci entraîne une sortie du circuit économique, comme c'est le cas des personnes incarcérées.

• 3. Les malades,

• Ils constituent une catégorie à distinguer des autres, bien qu‘ils puissent aussi se trouver dans l'une des catégories précédentes.

• Le malade ne possède aucun moyen de défense hors du traitement physio ou psychothérapeutique. Malades du sida issus de lieux de marginalité qui connaissent une rupture sociale totale, tant par leur situation marginalisante que par leur maladie qui rebute beaucoup de monde.