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CFD & Tech 2016 02 – 03 Mai 2016, CRND-Draria, Alger
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ÉTUDE NUMÉRIQUE VIA UNE APPROCHE MODIFIÉE DU MODÈLE
DE POINTES THERMIQUES DE LA PULVÉRISATION EN SURFACE
D’UNE CIBLE SOLIDE DE DIOXYDE DE SILICIUM (SIO2) IRRADIÉE
PAR DES IONS LOURDS RAPIDES AUX ÉNERGIES DU MEV.
S. Mammeri, A. Dib et H. Ammi
Centre de Recherche Nucléaire d’Alger, B.P. 399, 02 Bd. Frantz Fanon, Alger-gare, Alger,
Algérie.
[email protected], [email protected]
Résumé : La pulvérisation en surface induite dans une cible solide de dioxyde de silicium
(SiO2) sous l’impact des ions lourds rapides aux énergies du MeV a été étudiée
numériquement en utilisant une approche modifiée du modèle de pointes thermiques
précédemment proposée pour décrire la formation des défauts par excitation électronique dans
les métaux et les semi-métaux. L’effet de synergie entre la pulvérisation nucléaire et
électronique sur une large gamme d’énergie s’étalant du keV jusqu’au MeV a été également
exploré en introduisant des valeurs appropriées des paramètres de ralentissement de l’ion
incident et les propriétés thermo-physiques du matériau irradié. Finalement, les résultats
numériques obtenus ont été comparés aux données expérimentales du rendement de
pulvérisation et autres prédictions théoriques existantes dans la littérature.
Mots clés : Pulvérisation électronique et nucléaire; Modèle de pointes thermiques; Couplage
électron-phonon; Pouvoir d’arrêt; Capacité calorifique et conductivité
thermique.
I. INTRODUCTION
Les effets induits par l’interaction des ions lourds énergétiques avec la matière, comme la
pulvérisation ou l’érosion des surfaces solides, ont été bien étudiés pendant les cinq dernières
décennies et demeurent encore un sujet d’investigation privilégié en recherche fondamentale
et appliquée, Nastasi et al. (1996), Sigmund (2012), Behrisch & Eckstein (2007). Le
processus conduisant à ces effets se produit lorsqu’un ion rapide pénètre dans un matériau
solide et perd son énergie cinétique par interaction avec les atomes cibles, en donnant lieu à
différents défauts ponctuels et de dommages en volume accompagnés par l’émission en
surface de diverses espèces de particules atomiques par pulvérisation. Aux basses énergies
(~keV), l’énergie de l’ion est principalement déposée dans la cible par des collisions
nucléaires élastiques en induisant des déplacements atomiques directs dans le matériau cible
et à l’érosion de sa surface. Tandis qu’aux énergies élevées (du MeV jusqu’au GeV), la perte
d’énergie de l’ion dans le matériau solide est essentiellement causée par des collisions
électroniques inélastiques, c.-à-d., via l’excitation et l’ionisation des atomes cibles tout au
long du chemin de l’ion incident dans la cible, en créant ainsi une zone endommagée et
instable à l’origine de la pulvérisation atomique en surface. La pulvérisation nucléaire aux
énergies du keV a été intensivement étudiée pendant plusieurs décennies par modélisation
analytique ou numérique et par expérimentation sur un grand nombre matériaux de différentes
natures, Sigmund (2012), Behrisch & Eckstein (2007). Concernant la pulvérisation
électronique aux énergies du MeV, les données expérimentales sont principalement
disponibles pour les matériaux isolants et quelques métaux, Behrisch & Eckstein (2007), pour
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lesquels deux principaux modèles théoriques de l’explosion Coulombienne, Fleischer et al.
(1975) et des pointes thermiques (Dufour et al. (1993), Yasui (1994), Szenes (1996)) avaient
été proposés pour décrire le processus d’interaction ion-matière dans cette gamme d’énergie.
Dans le premier modèle, valable au moins durant l’étape initiale de l’interaction, on suppose
que les atomes cibles prés de la trajectoire de l’ion incident sont fortement ionisés et se
déplacent sous l’action de leur répulsion mutuelle en créant des défauts et des dommages dans
le matériau irradié. Alors que dans le second modèle, les électrons excités transfèrent aux
atomes cibles une grande partie de l’énergie ionique déposée par couplage électron-phonon,
en conduisant à une augmentation transitoire de la température autour de la trajectoire de l’ion
incident. Et si cette température dépasse une certaine limite correspondante à la chaleur de
fusion ou de vaporisation propre au matériau irradié, différents types de dommages en volume
ou en surface peuvent se produire. Notant que ce dernier modèle de pointes thermiques
proposé avec différentes approches modifiées (Dufour et al. (1993), Yasui (1994), Szenes
(1996)) a été souvent appliqué avec succès pour tenir compte des effets d’irradiation des ions
lourds dans la matière tels que la création des traces latentes et la pulvérisation électronique.
L’objet du présent travail concerne une étude numérique exhaustive sur la pulvérisation en
surface induite dans une cible solide de dioxyde de silicium (SiO2) irradiée par des ions lourds
rapides aux énergies du MeV. Ce matériau de type isolant présente un intérêt grandissant dans
diverses applications technologiques, en particulier, dans les installations nucléaires
radioactives où il est largement utilisé dans les dispositifs d’analyse et de détection (Fonseca
et al. (2000), Ruzin et al. (2000)) fonctionnant dans des environnements de rayonnements
élevés. Ainsi, nous avons appliqué une approche théorique modifiée du modèle de pointes
thermiques récemment proposée (Mammeri et al. (2012) & (2015)) pour interpréter des
données expérimentales de pulvérisation dans des matériaux semi-métalliques irradiés aux
énergies du MeV. Il s’agit de résoudre numériquement deux équations différentielles non-
linéaires de diffusion de chaleur associées aux sous-systèmes électroniques et atomiques, avec
l’introduction des paramètres de pouvoirs d’arrêt (nucléaire et électronique) de l’ion incident
comme conditions initiales aux limites avec des valeurs appropriées des propriétés thermo-
physiques du matériau irradié en phase solide et liquide. Contrairement au modèle inélastique
de pointes thermiques (Dufour et al. (1993)) largement utilisé dans la littérature pour décrire
la pulvérisation électronique aux énergies élevées du MeV, notre approche modifiée tient en
compte simultanément les deux processus de collisions élastiques et inélastiques, ce qui nous
a permis d’étudier l’effet de synergie entre la pulvérisation nucléaire et électronique sur une
large gamme d’énergie s’étalant du keV jusqu’au MeV. Ainsi, nous avons pu quantifier le
nombre de défauts crées dans le matériau irradié et le rendement de pulvérisation en surface
(ou le nombre moyen d’atomes éjectés de la surface cible par ion incident) via l’évaluation
des profils de températures électroniques et atomiques en fonction du temps et de la distance
radiale autour de la trajectoire de l’ion incident dans la cible. Finalement les résultats
numériques obtenus ont été comparés aux données expérimentales du rendement de
pulvérisation (Behrisch & Eckstein (2007), Matsunami et al. (2002) & (2003), Toulemonde et
al. (200), Seah & Nunney (2010),Ninomiya et al. (2005)) et aux autres prédictions théoriques
existantes dans la littérature, Dufour et al. (1993).
II. APPROCHE MODIFIÉE DU MODÈLE DE POINTES THERMIQUE
Les mécanismes d’interaction ion-matière sont mathématiquement formulés (Yasui (1994),
Mammeri et al. (2015)) en termes de deux équations différentielles de diffusion de chaleur
dans une tranche cylindrique du matériau autour de la trajectoire de l’ion incident, soit :
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𝜋 𝑟 + ∆𝑟 2 − 𝑟2 𝑛𝑒 𝐶𝑒 2
𝜕𝑇𝑒
𝜕𝑡
2= −2𝜋𝑟 𝐾𝑒 1
𝜕𝑇𝑒
𝜕𝑟 1
+ 2𝜋 𝑟 + ∆𝑟 𝐾𝑒 3 𝜕𝑇𝑒
𝜕𝑟
3−
𝜋 𝑟 + ∆𝑟 2 − 𝑟2 𝑛𝑒
𝐶𝑒 2
𝜏 𝑇𝑒 2 − 𝑇𝑎 2 , (1)
et
𝜋 𝑟 + ∆𝑟 2 − 𝑟2 𝑛𝑎 𝐶𝑎 2
𝜕𝑇𝑎
𝜕𝑡
2= −2𝜋𝑟 𝐾𝑎 1
𝜕𝑇𝑎
𝜕𝑟 1
+ 2𝜋 𝑟 + ∆𝑟 𝐾𝑎 3 𝜕𝑇𝑎
𝜕𝑟
3+
𝜋 𝑟 + ∆𝑟 2 − 𝑟2 𝑛𝑒
𝐶𝑒 2
𝜏 𝑇𝑒 2 − 𝑇𝑎 2 . (2)
Ces deux équations décrivent l’évolution de la température des deux sous-systèmes
électroniques et atomiques en fonction du temps (t) et de la distance radiale (r) de la trace
cylindrique. Les deux densités électronique et atomique sont reliées par : ae nzn , où z est le
nombre d’électrons de la bande de valence (pour le matériau étudié SiO2, z = 16). Les trois
couples de quantités (Te, Ta), (Ce, Ca) et (Ke, Ka) sont les températures, les capacités
calorifiques et les conductivités thermiques des deux sous-systèmes électroniques (indice e) et
atomiques (indice a) avec les indices 1, 2 et 3 désignent, respectivement, leurs valeurs à des
distances radiales 𝑟, 𝑟 +∆𝑟
2 et 𝑟 + ∆𝑟. Le temps de relaxation électron-phonon (𝜏) est relié à la
constante de couplage électron-phonon (𝑔) et au libre parcours moyen (𝜆) de l’électron dans
le solide par : 𝜏 =𝑛𝑒𝐶𝑒
𝑔=
𝜆2
𝐷𝑒 , avec 𝐷𝑒 =
𝐾𝑒
𝐶𝑒 est la diffusivité électronique, Toulemonde et al.
(2012). Les conditions aux limites (températures ambiantes) pour les deux sous-systèmes
électroniques et atomiques à des distances radiales éloignées (c.-à-d., pour 𝑟 ⟶ ∞) sont
supposées de l’ordre de 100 K. Les conditions initiales à t = 0 sont liées au pouvoir d’arrêt
électronique de l’ion dans la cible, 𝑆𝑒 𝐸 = −𝑑𝐸
𝑑𝑥
𝑒, via la densité d’énergie électronique
donnée par la relation suivante :
𝐸𝑒 𝑟, 𝑡 = 0 =𝑆𝑒
4𝜋𝜎𝑒2 𝑒𝑥𝑝 −
𝑟2
4𝜎𝑒2 + 𝑛𝑒 𝐶𝑒
100𝐾
0𝑑𝑇, (3)
où 𝜎𝑒 =𝐿
2𝑙𝑛2 , avec 𝐿 étant la largeur-à-mi-hauteur (FWHM) de la distribution radiale initiale
de l’énergie déposée dans le sous-système électronique. La densité d’énergie électronique
peut être aussi exprimée par une relation :
Ee r, t = 0 = ne CeTe r,t=0
0dT, (4)
ce qui nous permet de déterminer la température radiale initiale 𝑇𝑒 𝑟, 𝑡 = 0 du sous-système
électronique en égalant les deux expressions (éqs. (3) et (4)) de 𝐸𝑒 𝑟, 𝑡 = 0 . En outre, une
augmentation supplémentaire du rendement de pulvérisation en raison des pointes thermiques
de collisions élastiques aux énergies élevées du MeV a été également prise en compte en
introduisant la perte d’énergie nucléaire comme une condition initiale de la température
atomique par analogie avec la densité d’énergie électronique, Behrisch & Eckstein (2007),
Mammeri et al. (2015), en réécrivant les deux équations (3) et (4) sous la forme suivante :
En r, t = 0 =Sn
4πσa2 exp −
r2
4σa2 + na Ca
100K
0dT, (5)
En r, t = 0 = na CaTa r,t=0
0dT, (6)
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où 𝐸𝑛 𝑟, 𝑡 = 0 est la densité d’énergie nucléaire à un temps initial t = 0, 𝑆𝑛 𝐸 = −𝑑𝐸
𝑑𝑥
𝑛 est le
pouvoir d’arrêt nucléaire de l’ion incident dans la cible et 𝜎𝑎 =𝑅
2𝑙𝑛2 avec R étant la largeur-à-
mi-hauteur (FWHM) de la distribution radiale initiale de l’énergie déposée par collisions
nucléaires. Ainsi, la température radiale initiale du sous-système atomique, 𝑇𝑎 𝑟, 𝑡 = 0 , est
déterminée de la même manière en égalant les deux expressions (5) et (6) de la densité
d’énergie nucléaire. Finalement, en connaissant l’évolution de la fonction 𝑇𝑎 𝑟, 𝑡 , nous
pouvons déterminer le rendement de pulvérisation (ou le nombre total de particules évaporées
de la surface cible par ion incident) en utilisant la relation suivante:
Y at./ion = dt Φ Ta r, t 2πrdr∞
0
∞
0, (7a)
où Φ est le flux d’évaporation donné par :
Φ Ta r, t = na kB Ta r,t
2πMaexp
−Us
kB Ta r,t , (7b)
En termes de densité atomique de la cible, na, sa masse atomique, Ma, et l’énergie de surface,
Us, prise comme l’énergie de sublimation par molécule évaporée (Us 3.3 eV dans le cas du
SiO2, Seah et al (2010)), avec kB = 8.617310-5
eV/K étant la constante de Boltzmann.
III. PROCÉDURE NUMÉRIQUE
Notant que les deux équations non-linéaires (1) et (2) contiennent divers paramètres
dépendants de la température. Elles peuvent être donc résolues numériquement via une
méthode explicite de différences finies en développant les deux composantes de la
température, 𝑇𝑒 𝑟, 𝑡 et 𝑇𝑎 𝑟, 𝑡 en séries de Taylor, soit :
T r ±∆r
2, t ≈ T(r, t) ±
∆r
2
∂T
∂r, (8a)
T r + ∆r ±∆r
2, t ≈ T(r + ∆r, t) ±
∆r
2
∂T
∂r, (8b)
T r +∆r
2, t + ∆t ≈ T r +
∆r
2, t + ∆t
∂T
∂r. (8c)
Après la sommation et la substruction de l’ensemble de ces trois dernières relations, nous
obtenons les valeurs moyennes suivantes :
∂T
∂r 1
=T r+
∆r
2,t −T r−
∆r
2,t
∆r, (9a)
∂T
∂t
2=
T r+∆r
2,t+∆t −T r+
∆r
2,t
∆t, (9b)
∂T
∂t
3=
T r+3∆r
2,t −T r+
∆r
2,t
∆r, (9b)
En définissant les deux variables 𝑟 = 𝑖 −1
2 ∆𝑟 et 𝑡 = 𝑗∆𝑡 (avec r et t étant les pas de la
distance radiale et du temps), nous pouvons donc discrétiser les deux équations de diffusion
de chaleur (1) et (2) selon le maillage présenté sur la figure 1, soit :
𝑇𝑒 𝑖𝑗+1 = 𝐴1𝑇𝑒 𝑖+1
𝑗 + 𝐴2𝑇𝑒 𝑖𝑗 + 𝐴3𝑇𝑒 𝑖−1
𝑗 + 𝐴4𝑇𝑎 𝑖𝑗 , (10a)
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𝑇𝑎 𝑖𝑗 +1 = 𝐵1𝑇𝑎 𝑖+1
𝑗 + 𝐵2𝑇𝑎 𝑖𝑗 + 𝐵3𝑇𝑎 𝑖−1
𝑗 + 𝐵4𝑇𝑒 𝑖𝑗 . (10b)
Figure 1 : Maillage des différences finies utilisées dans le présent travail.
Les quantités 𝐴1−4(𝑇𝑒𝑖
𝑗) et 𝐵1−4(𝑇𝑎𝑖
𝑗, 𝑇𝑒𝑖
𝑗) sont également dépendantes de la température via les
propriétés thermo-physiques du matériau étudié, principalement, les capacités calorifiques et
les conductivités thermiques des deux sous-systèmes électroniques et atomiques. Ces deux
dernières équations discrétisées (éqs. (10a) et (10b)) sont finalement résolues via un
algorithme numérique contenu dans un programme FORTRAN, avec la condition de
convergence suivante, 2𝐷𝑒∆𝑡
∆𝑟 2 < 1, en fixant les pas radial ∆r et temporel ∆𝑡 à des valeurs
appropriées de l’ordre de 0.2 nm et 0.15 fs (1 fs = 10-15
s), respectivement. Pour la
détermination du rendement de pulvérisation via l’expression (7), nous avons inclus dans
notre programme numérique un sous-algorithme supplémentaire de quadrature
bidimensionnelle (QUAD2D) pour évaluer l’intégrale double en espace et en temps.
Également pour tenir compte des paramètres de ralentissement de l’ion incident dans le
matériau étudié, nous avons introduit une version modifiée d’un sous-programme STOP96 du
code SRIM de Ziegler et al. (1985) calculant directement les pouvoirs d’arrêts nucléaire et
électronique à partir des expressions semi-empiriques obtenues par ajustement aux données
expérimentales d’un grand nombre de systèmes projectile-cible.
Figure 2(a) : Variation en fonction de la température de la capacité calorifique pour les deux
sous-systèmes électronique et atomique dans le cas du SiO2 (Awazu et al. (2008).
Concernant les capacités calorifiques (Ce, Ca) et les conductivités (Ke, Ka), nous avons
introduit des expressions semi-empiriques (Awazu et al. 2008) ajustant les données
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expérimentales de ces paramètres thermo-physiques à l’état solide et liquide du matériau
étudié (voir Figures 2a et 2b).
Figure 2(b) : Idem que Figure 2(a) mais pour la conductivité thermique.
Dans le présent travail, nous avons également effectué une étude systématique sur
l’influence de différents paramètres d’interaction sur la variation du rendement de
pulvérisation, comme le temps d’interaction électron-phonon () et les largeurs-à-mi-hauteur
(L et R) de la distribution radiale initiale de l’énergie déposée dans les deux sous-systèmes
électronique et atomique. D’autre part, nous avons procédé de la même manière pour
l’évaluation numérique du rendement de pulvérisation selon le modèle de pointes thermiques
inélastique (i-TS) proposé précédemment par Dufour et al. (1993). Notant que cette dernière
approche diffère de celle que nous avons adopté dans notre calcul de pointes thermiques par
deux aspects : (i) le mécanisme de transfert de chaleur au sous-système atomique et (ii) les
expressions utilisées pour décrire l’interaction électron-phonon dans les équations de
diffusion de chaleur. Dans notre approche modifiée, l’énergie transférée par l’ion incident aux
électrons et noyaux cibles est introduite comme condition initiale de la température
électronique et atomique, et les équations de diffusion de chaleur contiennent uniquement la
constante de couplage électron-phonon, 𝑔 ≡𝑛𝑒𝐶𝑒
𝜏, via le terme
ne Ce
τ Te − Ta reliant le
transfert de chaleur entre les deux sous-systèmes électronique et atomique. Alors que dans le
modèle inélastique, l’énergie transférée par l’ion incident aux électrons cibles est introduite
dans les équations de transfert de chaleur où elle s’opère d’une manière progressive durant
toute la période du processus de thermalisation des électrons cibles. Pour l’approche
inélastique, nous avons utilisé des valeurs appropriées de la constante de couplage électron-
phonon (g) de l’ordre de 12.5×1018
W/m3/K, similaire à celle donnée par Toulemonde et al.
(2012) dans le cas du matériau de quartz sous irradiation ionique. Aussi, les mêmes valeurs
d’entrée des capacités calorifiques (Ce, Ca) et des conductivités thermiques (Ke, Ka) ont été
utilisées.
IV. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS, ANALYSE ET DISCUSSION
L’évolution des deux températures électroniques et atomiques en fonction du temps et de
la distance radiale est illustrée sur les deux figures (3a) et (3b) pour une cible SiO2 irradiée
par des ions lourds Bi+ d’énergie de 63.1 MeV, à titre d’exemple. Nous pouvons observer sur
ces deux figures une augmentation initiale de la température électronique jusqu’à une période
de temps de l’ordre de 10-14
s, suivie ensuite par une l’augmentation de la température
atomique due au transfert de chaleur par couplage électron-phonon jusqu’à 10-13
s. Par la
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suite, les deux températures diminuent lentement jusqu’à ~ 10-11
s, puis diminuent rapidement
pour atteindre leurs valeurs minimales à la température ambiante (à savoir, à 100 K) autour de
~410-10
s. Nous pouvons observer également sur les deux figures (3a) et (3b) la diminution
des températures électronique et atomique en fonction de la distance radiale r.
Figure 3(a) : Variation de la température électronique en fonction du temps (t) et de la
distance radiale (r) pour des ions Bi+ d’énergie 63.1 MeV incidents sur une cible
de SiO2.
Figure 3(b) : Idem que Figure 3(a) mais pour la température atomique.
Ces comportements sont similaires à ceux précédemment révélés par divers calculs
numériques pour un grand nombre de matériaux solides indépendamment des modifications
introduites dans le modèle de pointes thermiques (Yasui (1994), Toulemonde et al. (2012),
Ryazanov (2005). En particulier, différentes investigations numériques appuyées par des
mesures qualitatives des rayons de traces latentes ont été précédemment effectuées
(Toulemonde et al. (1990), (1996) & (2003)) pour ce même matériau étudié en employant une
autre approche dite modèle inélastique de pointes thermiques. Elles confirmaient ainsi les
mêmes tendances avec peu différences significatives dans les résultats numériques des profils
de températures électroniques et atomiques.
En intégrant par la suite le flux d’évaporation Φ(r, t) donné par les éqs. (7a) et (7b) sur
tout l’intervalle du temps d’interaction et de la distance radiale, nous avons ainsi calculé
numériquement le rendement de pulvérisation en fonction de l’énergie de l’ion incident. Mais
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avant de comparer nos résultats numériques aux données expérimentales existantes dans la
littérature, nous avons optimisé les différents paramètres d’interaction rentrant dans le calcul
du rendement de pulvérisation. Le premier paramètre concerne le temps de relaxation
électron-phonon () qui a été fixé à une valeur de 1.5×10-13
s précédemment mesurée par une
expérience de laser (Awazu et al. 2008). Les deux autres paramètres optimisés sont les pas de
discrétisation (∆𝑡, ∆𝑟) qui ont été fait varier en respectant la condition de convergence
(2𝐷𝑒∆𝑡
∆𝑟 2< 1) cité ci-dessus (voir Figures 4a et 4b). On peut voir sur ces deux figures que les
valeurs numériques du rendement de pulvérisation sont stables pour des pas de discrétisation
comprises dans la gamme du temps 10-17
-10-16
s et de distance radiale 0.1-0.6 nm. Notre choix
est porté sur deux valeurs appropriées de (0.15 fs, 0.2 nm) tout en respectant la condition de
convergence.
Figure 4(a) : Variation du rendement de pulvérisation en fonction de pas de discrétisation
radiale (∆𝑟) pour des ions lourds Bi+ d’énergie 63.1 MeV incident sur une cible
de SiO2 en tenant compte uniquement de la perte d’énergie électronique.
Figure 4(b) : Idem que Figure 4(a) mais pour le pas de discrétisation temporelle (∆𝑡).
D’autre part, nous avons également pris en considération l’influence sur le rendement de
pulvérisation de l’effet des largeurs à mi-hauteur (FWHM) des distributions initiales de la
perte d’énergie électronique et nucléaires (L et R, voir figures 5a et 5b).
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Figure 5(a) : Variation du rendement de pulvérisation en fonction de la largeur à-mi-hauteur
(L) de la distribution initiale de perte d’énergie électronique pour des ions lourds Bi+
d’énergie 63.1 MeV incident sur une cible de SiO2.
Figure 5(b) : Idem que Figure 5(a) mais pour la largeur à-mi-hauteur (R) de la distribution
initiale de perte d’énergie nucléaire.
Dans le premier cas, nous observons que le rendement de pulvérisation est stable (Y~ 102
at./ion) pour des valeurs de L situées à peu près entre 0.2 nm et 3 nm suivie d’une
décroissance rapide au-delà de cette intervalle. Concernant la distribution initiale de la perte
d’énergie nucléaire, Y(R) est une fonction décroissante pour des valeurs de R inférieures à 2
nm, suivie d’une saturation où le rendement de pulvérisation est stable (Y(R) 56 at./ion, voir
Figure 5b). On doit noter que les valeurs appropriées des deux paramètres (L et R) peuvent
être recherchées à partir des mesures expérimentales ou des tabulations numériques des
rayons de traces latentes induites suite au bombardement du matériau étudié par des ions
lourds aux énergies du MeV. Pour le premier cas, nous avons estimé la valeur de L à 1.8 nm
en ajustant la distribution radiale de dépôt d’énergie des électrons () secondaires obtenue via
un calcul Monte Carlo de Waligorski et al. (1986) dans une cible de SiO2 irradiée à une
énergie de 63.1 MeV. Notant que L est dépendant de l’énergie de l’ion incident (ex., L(1
MeV) 0.46 nm, L(1 GeV) 1.95 nm). Concernant le paramètre R, nous l’avons également
estimé à partir de la distribution radiale de la perte d’énergie nucléaire obtenue via des calculs
Monte Carlo de Winterbon et al. (1970). Notant aussi que le rayon de cascade de collision
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élastique R est dépendant de l’énergie de l’ion incident, (ex., R(1 keV) 0.32 nm, R(1MeV)
21.7 nm).
Finalement, l’optimisation des différents paramètres de l’interaction ion-matière, nous a
permis de calculer le rendement de pulvérisation sur une large gamme d’énergie s’étalant de 1
keV jusqu’à 1 GeV. Sur la figure 6 est présentée la variation du rendement de pulvérisation
calculé en fonction du pouvoir d’arrêt électronique de l’ion incident dans la cible SiO2, où il
est comparé aux données expérimentales disponibles dans la littérature ainsi qu’avec les
prédictions théoriques de Sigmund (1969) et de Sigmund-Claussen (1981) valables dans le
régime du pouvoir d’arrêt nucléaire (c.-à-d., aux énergies du keV). Notant également que le
modèle de pointes thermiques inélastique développé par Dufour et al. (1993) a été également
inclus dans la comparaison.
10-1
100
101
10-1
100
101
102
103
Bi+ ions -----> SiO
2
Y(a
t./i
on)
Se (keV/nm)
Données expérimentales [3,12-16]
[ , , , , ]
Notre calcul (éq. 7)
éq. (7) + Modèle de Sigmund [26]
Sigmund-Claussen [27]
Modèle iTS [5]
Figure 6 : Variation du rendement de pulvérisation en fonction du pouvoir d’arrêt
électronique pour des ions lourds Bi+ incidents sur une cible de SiO2. La
comparaison avec les données expérimentales et d’autres prédictions théoriques est
également incluse.
En observant attentivement cette dernière figure, nous pouvons faire les remarques
suivantes: notre approche modifiée (c.-à-d., eq. 7) additionnée à la théorie linéaire de cascades
élastiques de Sigmund (1969) est en très bon accord avec les données expérimentales du
rendement de pulvérisation sur toute la région de prédominance du pouvoir d’arrêt
électronique tandis que le modèle inélastique de Dufour et al.5 s’écarte légèrement en dessous
de nos valeurs numériques. Aux basses énergies correspondantes au régime du pouvoir d’arrêt
nucléaire, notre calcul est en accord satisfaisant avec la théorie de cascades élastiques non-
linéaires de Sigmund-Claussen (1981). Il est aussi en très bon accord avec les données
expérimentales lorsqu’on tient en compte de la contribution des cascades de collisions
élastiques linéaires dans le processus de pulvérisation. Comme on peut le constater, le
rendement de pulvérisation calculé via l’éq. (7) en tenant compte uniquement des collisions
électroniques inélastiques devient significatif à partir d’une valeur seuil du pouvoir d’arrêt
électronique Se 1.25 keV/nm correspondante à peu près à une énergie cinétique de 1 MeV
de l’ion Bi+ incident, tandis que celle du modèle iTS a été estimée à Se(4 MeV)~2.37 keV.
Ainsi, la valeur seuil du pouvoir d’arrêt électronique est très proche de celle obtenue
expérimentalement (Toulemonde et al. 2001) dans le cas des ions lourds Au+ incidents sur
une cible de quartz. Notant finalement que la différence entre notre approche modifiée et celle
du modèle inélastique réside dans le fait que notre calcul est basé sur l’introduction des
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valeurs précises des paramètres d’entrée déduites expérimentalement comme le temps
d’interaction , tandis que celle de Dufour et al.5 utilise généralement la constante de couplage
électron-phonon comme paramètre d’ajustement aux données expérimentales des traces
latentes induites dans le matériau irradié.
V. CONCLUSION
Dans le présent travail, la pulvérisation en surface induite par des ions lourds aux énergies
du MeV sur un matériau isolant de dioxyde de silicium a été étudiée numériquement en
utilisant une approche modifiée du modèle de pointe thermique basée sur l’introduction des
données expérimentales relatives aux propriétés thermo-physiques du matériau cible et des
paramètres de l’ion incident via une version adaptée du code SRIM qui nous a permis
d’évaluer le pouvoir d’arrêt et le parcours de l’ion à chaque étape de l’interaction ion-matière.
Cette étude vient de compléter la validation de notre approche modifiée initialement
appliquée sur des cibles semi-métalliques minces irradiées par des ions lourds Kr15+
aux
énergies du MeV. Elle nous a ouvert encore notre champ de vision sur d’autres phénomènes
liés aux effets d’irradiation ionique induits dans d’autres matériaux de natures différentes
comme les polymères et les échantillons de tissues biologiques.
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