TRUCS ET ASTUCES DE L’ÉCRIVAIN

LE LIVRE PRÉCIEUX ÉDITEUR

© Le Livre Précieux 2011

TRUCS ET ASTUCES DE L’ÉCRIVAIN ————————————————————————

FAITES UN TEST: QUEL ÉCRIVAIN ÊTES-VOUS ?

Lire les livres des autres est la meilleure façon de constater qu'il existe dans la littérature une grande diversité de style, mais que, parmi les styles existants, nous avons une préférence.

Quel est votre écrivain préféré? Ken Follett? Alphonse Daudet? Simenon? Colette? Wilbur Smith? Une fois que vous aurez défini ce que vous aimez dans l'une ou dans l'autre de vos œuvres préférées, le pittoresque, le réalisme, l'action, la sensualité, vous aurez fait une première approche de ce qui sera votre style. «Dis-moi ce que tu lis, je te dirai ce que tu écriras.» Même si votre héros favori est San Antonio, l'admettre est déjà une piste : ne reculez pas devant la verdeur langagière ni les personnages caricaturaux.

Vous n'aimez pas lire? Vous ne lisez que la presse ? Vous préférez la télévision ?

C'est déjà la définition d'un style qui vous est propre : vous voyez le monde en images. En ce cas, imaginez vos souvenirs sous la forme d'un reportage d'actualité, et décrivez ce film qui passe dans votre tête.

Attention : vous ne serez pas pour autant dispensé de plan ni de règles, mais vous aurez alors dépassé votre défiance de l'écrit. En restant simple et direct, en utilisant des phrases courtes, descriptives, vous atteindrez votre but aussi bien que si vous aviez dévoré les œuvres complètes de Chateaubriand.

Testez-vous:

♦ Écrivez une ou deux pages sur un sujet concret : votre jouet préféré, le jardin de votre grand-mère, un prof détesté, votre copain de régiment, votre premier jour d'embauche, une blague qu'on vous a faite au bureau, l'intrusion d'un cambrioleur.♦ Laissez reposer quelques heures, un jour, une semaine, le temps d'oublier, de vous faire un œil neuf.♦ Et relisez-vous... ———

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ROMANTIQUE OU RÉALISTE? CLASSIQUE OU AVENTURE ?

En lisant les deux pages test que vous avez rédigées, cherchez les caractéristiques qui vous apparentent à l'un de ces six types d'écrivain:

Vous avez choisi de décrire un paysage, un lieu; vous aimez les adjectifs, vous vous attardez à décrire les nuances : vous êtes un romantique ou un poète.

♦ Vous avez choisi de brosser un portrait physique ; vous êtes précis, concret; vous avez noté les détails qui expriment une qualité morale ; vos phrases sont plutôt courtes ; vous avez le souci du souvenir exact ; vous avez l'œil du reporter: vous êtes un réaliste.

♦ Vous avez raconté une situation où l'action, le risque ou la peur ont une part importante, un événement dont vous étiez le personnage principal ; vos phrases décrivent une succession d'actes, de gestes accomplis ; vous aimez ménager un suspens ; vous avez recherché une chute originale. Spontanément, vous avez eu envie d'introduire un dialogue: vous êtes un écrivain d'action, d'aventure.

♦ Vous avez été attentif à décrire un sentiment, le vôtre ou celui d'un tiers; vous avez cherché à définir l'indéfinissable en établissant des comparaisons, des rapprochements, des correspondances («... c'était comme si...»; «... on aurait cru qu'il...»): vous êtes un psychologue.

♦ Vous allez naturellement vers l'auto-dérision; vous aimez amuser en riant de vous-même ou des autres ; en décrivant un personnage ou un événement, vous avez volontairement forcé le trait («... il était d'une avarice aussi grande que le trou de la sécu... ») ; l'argot vous vient naturellement; vous adorez vous inventer des mots ou des expressions de votre cru : vous êtes un pittoresque, humoriste ou caricaturiste.

♦ Vous adorez écrire, peu importe le sujet : chacune de vos phrases est comme un bijou que vous prenez plaisir à ciseler quel qu'en soit le sens; vous utilisez des phrases à plusieurs pronoms relatifs (qui, que, dont, où...); vous préférez le passé simple au passé composé («Il entra...» plutôt que «Il est entré... »); vous aimez les adjectifs originaux: vous êtes un classique. ———

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CONSEILS À L'ÉCRIVAIN QUE VOUS ÊTES

Vous êtes un romantique

La nature vous inspire ou vous apaise. Vous adorez la poésie, les chansons poétiques, Verlaine, Jacques Brel, Piaf, vous êtes sensible à la majesté des vieilles pierres, à l'âme des meubles anciens. Vous aimez (ou vous aimerez, si vous ne les avez pas encore lus) George Sand, Colette, Maurice Genevoix, La Varende...

Ces qualités vous seront précieuses pour exprimer la nostalgie autant que pour évoquer des lieux disparus. Laissez-vous porter par votre sensibilité... Sans oublier les cinq sens : une description sera d'autant plus évocatrice que vous vous attarderez sur un parfum indissociable d'une époque ou d'une personne, sur les mille nuances du bruit de la pluie sur le pavé, sur le velouté d'une feuille de tilleul. N'hésitez pas à puiser dans les figures de style les plus raffinées : les métaphores sont vos alliées («Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige... », osait Baudelaire), les oxymorons¹ également («l'obscure clarté» de Corneille). ¹ Figure de style consistant à associer deux mots contradictoires

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« Cependant l'air était d'une tiédeur anormalement parfumée. Peut-être y verrait-on une des caractéristiques de ce pays, à cause du voisinage des forêts qui l'encerclent de près. À cause de l'argile sous-jacente, aussi, qui mêle son arôme secret aux effluves de l'herbe et des plantes; l'odeur douceâtre de la glaise. Aujourd'hui, le précoce développement des aubépines encore en boutons, commençait à sucrer la brise. »

La Varende, Cœur pensif.

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Attention, cependant, aux adjectifs, que vous aimez parfois jusqu'à l'excès - trop d'adjectifs tuent l'adjectif. Et ne multipliez pas les images, préférez développer celle que vous avez retenue (si vous avez comparé les couleurs du soleil à celles du sang, ne les comparez pas à celles d'un ballon d'enfant à la ligne suivante mais enrichissez le ton de tragédie que vous donnez au crépuscule).

Vous êtes un réaliste

Vous aimez les œuvres des grands reporters, des historiens journalistes, les biographies sans concession; parmi vos lectures d'enfance, vous avez gardé un souvenir fort de livres comme Le Petit Chose d'Alphonse Daudet ou L'Enfant de Jules Vallès.

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« Un dimanche entre autres, un beau dimanche de fête, et de grand soleil, Bamban m'arriva pour la promenade dans un tel état de toilette que nous en fûmes tous épouvantés. Vous n'avez rien rêvé de semblable. Des mains noires, des souliers sans cordon, de la boue jusque dans les cheveux, presque plus de culottes... un monstre. Le plus risible, c'était qu'on l'avait fait très beau ce jour-là avant de me l'envoyer. Sa tête mieux peignée qu'à l'ordinaire était encore roide de pommade, et le nœud de cravate avait je ne sais quoi qui sentait les doigts maternels. Mais il y a tant de ruisseaux avant d'arriver au collège ! »

Alphonse Daudet, Le Petit Chose.

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Aujourd'hui, vous aimez Max Gallo, Gilles Perrault. vous ne ratiez aucune émission d'Alain Decaux. Vous appréciez le vocabulaire expressif, les comparaisons vigoureuses.

Vous possédez l'art de faire revivre les personnages et les situations que vous avez rencontrés. Vous trouvez facilement le mot juste, celui qui frappe. Vous concevez votre texte comme un album de photo noir et blanc aux contrastes forts. C'est un talent précieux ; il vous aidera à faire de votre livre de souvenirs un film vivant aux acteurs inoubliables.

♦ Un danger vous guette, cependant: l'excessive rapidité. Alerte, votre plume court vite, très vite, parfois trop vite. Laisser reposer votre manuscrit avant de le déclarer «fini». Prenez le temps de vous relire. Ne multipliez pas les phrases lapidaires jusqu'à l'excès; alternez-les avec des séquences plus longues, qui seront comme une respiration.

Vous êtes un écrivain d'action, d'aventure

Vous aimez les scènes musclées, les polars et les thrillers. Ken Follett, John Grisham, Ed Mc Bain, Léo Malet ou, dans un registre plus psychologique, Simenon, Conan Doyle, Chandler sont vos auteurs.

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« Il éprouve en découvrant le visage ascétique et rayonnant de Leclerc un instant de joie. C'est si rare un homme de métal pur, dont chaque geste diffuse de l'énergie, dont le regard bleu et gris est éclatant de franchise...»

Max Gallo, De Gaulle.

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À moins que vous aimiez l'action conjuguée au passé? Les romans de cape et d'épée ont emballé votre jeunesse. Lagardère, d'Artagnan, Ivanhoé, Robin des bois ferraillent encore au fond de votre mémoire. Aujourd'hui, si vous ne l'avez pas encore fait, vous devez lire Robert Merle.

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«Trente mètres plus bas, au fond du précipice, un petit cabriolet était écrasé contre un énorme bloc de granit. Il était presque retourné, un peu incliné. Trois hommes étaient en bas. Ils avaient déplacé la voiture assez pour en retirer quelque chose. Tout ce qui restait d'un homme. »

Chandler, La Dame du lac.

«Mais son adversaire ne rompit pas d'une semelle, le recevant sur son épée. Trois fois le général recula, se trouvant trop engagé, et revint à la charge. À la troisième fois, il tomba encore. On crut qu'il glissait comme la première fois ; cependant, les témoins voyant qu'il ne se relevait pas, s'approchèrent de lui et tentèrent de le remettre sur ses pieds; mais celui qui l'avait pris à bras-le-corps sentit sous sa main une chaleur humide. C'était du sang. »

Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo.

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Ne croyez pas que votre goût pour les scènes d'action ne peut trouver à s'exprimer dans un livre de souvenirs. Au contraire ! Vos lecteurs apprécieront la surprise ; ils vous liront comme on lit un polar et en redemanderont. Ne vous bridez pas : n'hésitez pas à être violent, appelez « un chat un chat ». Recourez aux dialogues vifs, évitez toute sentimentalité, si ce n'est pour l'exprimer brièvement et fortement.

♦ Mais soyez vigilants. Une scène d'action est un jeu de construction: s'il manque une pièce du Meccano, l'œuvre s'écroule. En effet, rapide et visuelle, elle court le risque d'être confuse - qui est qui? Où setient ce personnage ? Et cet autre qui intervient brusquement, qui est-il ? Veillez à être précis dans les dialogues et les actions. Le lecteur doit toujours savoir qui parle, qui agit, dans quel but, avec quel instrument et dans quel lieu.

Vous êtes un psychologue

Vos domaines de prédilection sont le sentiment et la sensation. Vous avez des points communs avec le « romantique » à ceci près que vous préférez observer, voire disséquer, les rapports humains, amoureux ou conflictuels. Vous lisez ou relisez Proust, Henry James, André Gide et, plus près de nous, Françoise Sagan, Annie Ernaux.

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«... Ils convinrent de se déclarer l'un et l'autre le même soir, ensemble, puis de s'abandonner à son choix. Arnica, toute neuve devant l'amour, remercia le ciel dans la surprise et la simplicité de son cœur. Elle pria les deux soupirants de lui laisser le temps de réfléchir. À vrai dire, elle ne penchait non plus vers l'un que vers l'autre, et ne s'intéressait à eux que parce qu'ils s'intéressaient à elle, alors qu'elle avait résigné l'espoir d'intéresser jamais personne.»

André Gide, Les Caves du Vatican.

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Art subtil et délicat que l'étude psychologique, mais sans doute celui qui a fourni ses plus grands écrivains à l'Occident. Comment exprimer l'inexprimable? Voilà le défi qui vous passionne. Pour le relever, il vous faudra procéder en deux temps : d'abord laissez filer votre esprit, laissez-le rechercher librement sans guides les mots évocateurs et les associations d'idées. Pour vous aider, n'hésitez pas à comparer, à imager : «On aurait dit que... » «Une image me venait... ».

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«J'écris lentement. En m'efforçant de révéler la trame significative d'une vie dans un ensemble de faits et de choix, j'ai l'impression de perdre au fur et à mesure la figure particulière de mon père. L'épure tend à prendre toute la place, l'idée à courir toute seule. Si au contraire je laisse glisser les images du souvenir, je le revois tel qu'il était, son rire, sa démarche. »

Annie Ernaux, La Place.

«Fabrice se mit à vivre à Bologne dans une joie et une sécurité profondes. Cette disposition naïve à se trouver heureux de tout ce qui remplissait sa vie perçait dans les lettres qu'il adressait à la duchesse. »

Stendhal, La Chartreuse de Parme

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Vos phrases seront longues parce que vous craindrez de les arrêter avant d'avoir trouvé l'exacte nuance que vous avez en tête. Elles seront parfois répétitives et redondantes pour la même raison : vous êtes en recherche, vous multipliez les essais pour mieux définir, mieux approfondir. C'est pourquoi ce premier travail sera suivi d'un second : vous élaguerez, retiendrez l'image la plus forte, l'adjectif le plus exact. Vous éliminerez les autres.

♦ Bien sûr, le danger est l'abstraction. À force de vouloir approfondir, vous quittez le monde des objets pour celui des idées. Pour déjouer ce piège, appuyez-vous sur le décor; rien n'est plus suggestif d'un état d'âme qu'un cadre expressif, bien choisi. N'oubliez pas que c'est à partir d'une petite madeleine, modeste gâteau trempé dans une tasse de thé, que Proust a découvert l'essence même du souvenir:

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« [...] D'où avait pu me venir cette puissante joie? Je sentais qu'elle était liée au goût du thé et du gâteau mais qu'elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D'où venait-elle? Que signifiait-elle? Où l'appréhender? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m'apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m'arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n'est pas en lui, mais en moi. »

Marcel Proust, Du côté de chez Swann.

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Vous êtes un pittoresque

Vous vous régalez des Lettres de mon moulin, de La Guerre des Boutons, et/ou d'Alphonse Boudard, Albert Simonin, Frédéric Dard, Cavanna ; vous parlez machinalement comme les Tontons flingueurs et reprenez avec plaisir les inventions langagières de Bérurier.

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«- T'es pas chic hoqueté le Dodu, Pas compatible pour un fif, mec ! Vlà que tu carbonises mes vacances au moment que j'allais lourder. Cœur de bronze, quoi. À cause de toi je me brouille à outrance avec ma Berthe qui fout le camp avec Alfred, le blé et ma part de caravane. Au lieu d'aller manier le gobelet dégustation dans les caves de mes copains angevins, je pars en chasse pour tes beaux yeux... »

San Antonio, Ça mange pas de pain.

« Ça ne nous fait pas gras à ronger autour de l'os, l'admiration de notre chef. On groume un peu question jaffe, ça nous met pas des humeurs les plus joyeuses. Ousqu'il y a des saboteurs qui s'en mettent plein les fouilles à Paris, au ministère de la Guerre, ça ne serait que justice qu'on aille leur asticoter les miches avec nos Sten. »

Alphonse Boudard, Le Corbillard à Jules.

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Vous l'avez compris: les erreurs de syntaxe, les incorrections grammaticales et les bévues vous vont à ravir. Mieux encore : loin d'être des maladresses, elles seront de savoureuses bouchées que vous mitonnerez amoureusement («Tonton, qu'elle m'a fait pendant qu'on arpentait le mac à dames de Paris... », dit encore Bérurier).

N'hésitez pas à inventer votre propre argot, à utiliser toutes les ressources poétiques de ceux que vous connaissez. Vous privilégierez les dialogues, car la verdeur est plus facile à placer dans la bouche de personnages que sous la plume du narrateur.

♦ Attention à ne pas changer de style en cours de route : le pittoresque, l'humour, la caricature sont des genres aussi rigoureux que les autres !

♦ Puisque vous allez évoquer des personnages existant et non fictifs, prenez garde à ne pas glisser de l'humour bon enfant à la moquerie méchante.

♦ Vous hésitez à vous lancer par crainte de ne pouvoir aborder ce qu'il y a de dramatique dans votre récit ? Pourtant, le pittoresque et le drame font bon ménage ; parfois même, leur mariage est le plus émouvant qui soit.

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« Rue Marcadet, il y avait une affiche au-dessus du marchand de chaussures, juste à l'angle, une grande affiche en couleur. Dessus, on voyait une araignée qui rampait sur le globe terrestre, une grosse mygale velue avec une tête d'homme, une sale gueule avec des yeux fendus, des oreilles en chou-fleur, une bouche lippue et un nez terrible en lame de cimeterre. En bas c'était écrit quelque chose du genre : "Le Juif cherchant à posséder le monde." On passait souvent devant avec Maurice. Ça nous faisait ni chaud ni froid, c'était pas nous, ce monstre ! On n'était pas des araignées et on n'avait pas une tête pareille, Dieu merci : j'étais blondinet, moi, avec les yeux bleus et un pif comme tout le monde....

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Vous êtes un classique

L'écriture vous ravit. Vous vous y adonnez comme d'autres à la mécanique ou au bridge. Les règles complexes de la langue française sont autant de défis que vous aimez à relever. Vous admirez Chateaubriand, Michel Tournier, Marguerite Yourcenar, Jean d'Ormesson.

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...Alors c'était simple, le Juif, c'était pas moi. Et voilà que tout à coup, cet abruti me disait que j'avais un tarin comme sur l'affiche ! Tout ça parce que j'avais une étoile. »

Joseph Joffo, Un sac de billes.

« La jeunesse est une chose charmante ; elle part au commencement de la vie couronnée de fleurs comme la flotte athénienne pour aller conquérir la Sicile. La prière est dite à haute voix par le prêtre de Neptune ; les libations sont faites avec des coupes d'or... »

Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe.

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Vous lire sera un bonheur à condition que vous ne vous enfermiez pas dans votre plaisir au point d'oublier celui du lecteur. Ne perdez pas le but de votre narration : transmettre quelque chose à ceux qui vous lisent ; les mots ne sont que les instruments de votre message ; si vous sacrifiez la clarté au nom des belles lettres, vous aurez raté l'objectif. Pensez à introduire de temps à autre une phrase très brève, utilisez des références compréhensibles par tous. La longueur des phrases n'est pas un défaut en soi mais elle doit être le résultat, non de la confusion, mais d'un rythme choisi:

QUELQUES CONSEILS À TOUS LES ÉCRIVAINS, QUEL QUE SOIT LEUR STYLE

♦ Quand vous aurez déterminé votre style, gardez-le. Il est déconcertant pour un lecteur de passer du style thriller à un aparté longuement romantique. Lorsque vous relirez votre manuscrit, posez-vous cette question toutes les deux ou trois pages : quel est mon style ?

♦ Quel que soit le style choisi, vous mêlerez les sujets. Par exemple: le «pittoresque» sera conduit à faire le portrait psychologique d'un homme ordinaire, le « classique » décrira une scène de guerre, et le «romantique» l'arrivée d'un bateau au port.

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« Née dans un état obscur mais de parents honnêtes, j'ai passé ma jeunesse au sein des Beaux-Arts, nourrie des charmes de l'étude, sans connaître de supériorité que celle du mérite ni de grandeur que celle de la vertu. »

Mme Roland, Mémoires.

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«Il s'agite beaucoup, en ce moment, le père Mancelier, je le surprends à regarder le portrait de Pétain d'un œil qui n'est pas encore critique mais qui n'est déjà plus totalement admirateur. C'est à cela que je sais que les Alliés avancent, l'œil d'Ambroise est plus révélateur pour moi que Radio-Londres. »

Joseph Joffo, Un sac de billes.

« Ah ! m'y voilà enfin au feu ! se dit-il. J'ai vu le feu ! se répétait-il avec satisfaction. Me voici un vrai militaire. À ce moment, l'escorte allait ventre à terre et notre héros comprit que c'étaient des boulets qui faisaient voler la terre de toute part. Il avait beau regarder du côté où venaient les boulets, il voyait la fumée blanche de la batterie à une distance énorme et, au milieu du ronflement égal et continu produit par les coups de canons, il lui semblait entendre des décharges beaucoup plus voisines. »

Stendhal, La Chartreuse de Parme.

«La pluie cessa, le navire s'ébroua dans l'accalmie, s'empluma d'une vapeur légère; tout à coup, la nuit parut s'entrouvrir sur une lueur; devant l'étrave, les nuages s'écartèrent à toute vitesse comme un rideau de théâtre. »

Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes.

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Dans un exemple comme dans un autre, c'est le rythme des phrases, les mots choisis, la nature des images, l'articulation des propositions, qui feront que votre point de vue est pittoresque, classique ou romantique.

♦ Ne vous caricaturez pas vous-même en poussant trop loin le style que vous avez choisi d'adopter. Attention aux excès. Pour éviter de tourner à l'auto-parodie, intercalez des phrases ou des groupes de phrases toutes simples, neutres, d'une longueur résolument différente de celles qui précèdent.

♦ Conservez toujours présent à l'esprit l'objet de votre livre. Regardez souvent votre plan et vos sous-plans : y êtes-vous fidèle ? Répétez-vous le titre provisoire que vous avez donné au chapitre que vous traitez. Vous suivrez ainsi à la lettre l'adage de Boileau: «Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément. »

ET SURTOUT, QUEL QUE SOIT LE STYLE CHOISI, RESTEZ SIMPLE...

Simplicité de l'écriture

Le premier danger qui vous menace, que votre style soit réaliste ou classique, est la phrase compliquée.

♦ Trop d'adjectifs. Un exemple à éviter: «Le flamboyant et immense soleil lumineux. » Le soleil se trouvera mis en valeur avec plus de force si vous retenez un seul de ces qualificatifs.

♦ Trop de pronoms relatifs. Un exemple à éviter: «L'homme qui a donné le cheval que j'ai monté dans la prairie qui s'étend derrière chez moi...» Les grands classiques des XVIII\ et XVIIII\ siècles raffolaient de ces constructions périlleuses mais, à moins d'être un acrobate du style, préférez le pronom relatif unique, et coupez la phrase. Le risque est de vous emmêler dans la syntaxe et, pire, de perdre l'intérêt du lecteur.

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♦ Trop de participes présents. Certains pensent éviter la complexité des propositions relatives en remplaçant les relatives par un participe présent:«L'homme ayant donné le cheval monté dans la prairie s'étendant derrière chez moi... » La formulation n'est ni plus élégante ni plus concise que la précédente. Dans un cas comme dans l'autre, votre phrase gagnera à être coupée en deux.

Simplicité de la pensée

Le second danger naît de la volonté d'en dire trop dans une seule phrase.

♦ Trop d'idées. « Une idée ou une information ou une action par phrase » : conservez sous les yeux cette règle d'or. Toute tentative d'écriture, de la plus utilitaire à la plus élaborée, doit répondre à ce prin-cipe. C'est la garantie d'être compris.

On ne peut que regretter que certains universitaires et intellectuels se paient le luxe de négliger cette autodiscipline élémentaire qui est, avant tout, une marque de respect envers le lecteur. Vous qui écrivez pour les autres et non pour vous-même, vous ferez l'effort d'articuler chacune de vos phrases autour d'une information simple.

Un exemple : « C'est dans une cabine téléphonique derrière le commissariat qu'on m'a volé mon vélo préféré pendant que je téléphonais à ma mère qui attendait de savoir si j'étais reçu à mon examen passé un mois plus tôt dans des conditions difficiles dues à une rage que je n'avais pu soigner faute d'argent puisque la poste étant en grève, mon mandat n'était pas encore arrivé. » Le narrateur a manifestement oublié de se poser une question simple : « Dans cette phrase, quelle est l'information que je veux donner à mon lecteur ? »

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NOTRE CONSEIL

Alternez les phrases de moyenne longueur (deux lignes) et les phrases courtes, voire très courtes.

Vous pouvez varier leur construction sans cesser de rester fidèle à ce principe de simplicité.

" Votre vie est passionnante. Elle mérite d'être sauvée

de l'oubli "

N'en doutez pas ! Même si elle a été un long fleuve tranquille, elle est passionnante.

Cela ne dépend que de vous : vous pouvez la raconter, c'est à votre portée. Il vous suffit, pour cela, d'apprendre à le faire grâce au :

GUIDE PRATIQUE DE L'ÉCRIVAIN

Ce Guide met à votre disposition les conseils et le savoir-faire de deux écrivains confirmés. Grâce à eux, vous aurez entre les mains un outil qui vous fera gagner un temps précieux. Que ce soit pour faire revivre votre vie ou un autre texte, vous avez besoin d'un apprentissage et des conseils de ceux qui vous ont précédé sur le chemin de l'écriture; qui en ont connu et déjoué les pièges, et qui en ont savouré les satisfactions.

Certes, un écrivain peut se lancer sans préparation mais le résultat sera à coup sûr bien meilleur s'il profite de l'expérience de professionnels reconnus.

C'est vrai de la menuiserie, de la boulangerie... et de l'écriture. Cela est encore plus vrai de la création car écrire un livre est (pour celui qui écrit) une chose, en général, importante. C'est une partie de soi-même qu'on livre au public et souvent au public qu'on connaît, sa famille, ses amis, ses relations... Dès lors, pourquoi ne pas s'armer correctement d'un savoir-faire qui rendra le texte agréable avant d'affronter la page blanche ?

LES AUTEURS Christel MOUCHARD a écrit plusieurs ouvrages sur l'histoire, les voyages au féminin dont Aventurières en crinoline, La reine des Boucaniers aux Editions du Seuil, La reine Antilope aux Editions Robert Laffont ainsi que plusieurs ouvrages de contes pour enfants aux Editions Flammarion. Claude BERTIN, spécialiste de la Seconde Guerre Mondiale, a écrit La bataille de Normandie, Des plages normandes à Berlin aux Editions François Beauval, Les grands procès de l'histoire aux Editions de Crémille, ainsi que Le Dictionnaire de la seconde Guerre Mondiale aux Editions Famot à Genève.

J'ai demandé à l'un des auteurs du GUIDE PRATIQUE DE L'ECRIVAIN de vous dire lui-même pourquoi et comment cet ouvrage a été conçu, quels services il peut vous rendre :

Christel Mouchard Écrivain J'ai accepté de collaborer au "Guide Pratique de l'Écrivain" car je me souviens du temps où je n'avais rien écrit, où j'avais pour la première fois à affronter la "page blanche". De plus, je suis fermement convaincue que l'aide d'écrivains expérimentés peut être décisive. En tous cas, il serait vraiment triste que tous ces moments, toutes ces émotions, tous ces paysages, tous ces personnages et toutes ces expériences, disparaissent à tout jamais.

J'ai acquis la certitude qu'avec un bon apprentissage, on devient un écrivain intéressant à lire, comme on devient menuisier.

Attention ! Je n'ai pas dit que l'on devient Victor HUGO mais, surtout si l'on veut raconter sa vie, la faire revivre pour sa famille, il suffit de trois choses : Le vouloir vraiment Persévérer Se munir d'un bon outil et de conseils éclairés

De toute façon, raconter sa vie est un exercice relativement facile, à la portée

de l'écrivain sans expérience. De plus, songez qu'il serait vraiment triste que tous ces moments, toutes ces émotions, tous ces paysages, tous ces personnages et toutes ces expériences, disparaissent à tout jamais. Je suppose que vous n'êtes ni Victor Hugo ni Émile Zola, mais même eux ont appris à écrire, à rédiger et à séduire leurs lecteurs. Même eux, malgré leur talent, ont appris leur métier. Ils ont appris tous les trucs, de la page blanche au mot « FIN ». Alors, si vous ne voulez pas que votre témoignage tombe dans l'oubli, À VOTRE PLUME * !

Christel Mouchard

* Bien entendu, le support importe peu (Stylo-bille, ordinateur...)

Voici pour vous deux témoignages d'écrivains amateurs pour qui le Guide Pratique de

l'Écrivain a permis de mettre noir sur blanc le récit de leur vie. Ils m'ont avoué que leur famille leur en a été profondément reconnaissante.

" J'avais déjà entamé mes souvenirs lorsque j'ai découvert, sur Internet, l'existence du guide pratique de l'écrivain. J'en ai acheté un exemplaire papier. Il m'a été fort utile et j'ai beaucoup regretté de ne pas l'avoir connu plus tôt. Grâce à lui, j'ai gagné beaucoup de temps et j'ai évité de nombreuses erreurs. Le but de ma lettre est le suivant : j'ai deux amis qui sont dans mon cas et qui préfèrent aussi la version papier. Pouvez-vous m'en expédier deux autres exemplaires ou dois-je les aiguiller sur la version « Internet » ? Jean-Pierre, Vendôme

LE GUIDE PRATIQUE DE L'ÉCRIVAIN

Voici le sommaire détaillé de ce que vous y trouverez: Vous avez quelque chose à raconter Ne croyez pas que votre expérience doit être héroïque pour faire le sujet d'un livre ; le souvenir que vous pensez être banal, auquel vos enfants semblent ne pas s'intéresser – pour le moment… - peut cacher un trésor qu'il faut sauver de l'oubli. Ne dites pas : ça n'intéresse personne

Je vous félicite de votre édition du guide de l'écrivain que j'ai reçu. Il m'est d'un grand secours, ne serait-ce-que pour me donner le courage d'affronter « la page blanche ». J'ai pu constater par moi-même que tout le monde (je veux dire par là quelqu'un de culture moyenne) peut réussir à écrire ce qu'il a envie de transmettre à ses proches... et à d'autres aussi. Je suis fort encouragé par les réactions de mon entourage. Merci aux auteurs dont l'expérience et la compréhension m'ont littéralement permis de mettre ma vie noir sur blanc. Lucien, Paris

Vous voulez des preuves ? Voici quelques titres de souvenirs personnels apparemment banals qui sont des chefs d'œuvre en même temps que de grands succès populaires. « Je ne suis pas un écrivain », faites-vous remarquer Qui sait ? « Je parle au papier comme je parle au premier que je rencontre » a écrit Montaigne qui n' »était pourtant pas le premier venu. Vous trouverez dans ce guide, vous qui débutez, de quoi accompagner votre apprentissage : une méthode, quelques règles essentielles, très simples, sans oublier des trucs efficaces que même les plus grands écrivains ne dédaignent pas.

LES QUATRE MOTS CLÉS Simplicité La simplicité est une garantie contre le découragement. Pour votre plaisir et celui du lecteur, elle doit dominer l'ensemble de votre texte. Personnalité Ne changez pas de personnalité sous prétexte que vous passez de l'oral à l'écrit, de la parole au livre. Voyez comment rester fidèle à vous-même (ce qui n'est pas si évident qu'il y paraît), dans la partie « choisissez votre style ». Organisation La liberté que vous allez laisser à votre personnalité doit être accompagnée d'une grande rigueur dans l'organisation du livre. Technique Tout artisanat a sa technique. La plus belle des charpentes en bois n'existerait pas sans panne faîtière, chevrons, poinçons, entraits… Ces éléments de soutien ou de lien ont leur équivalent en littérature.

INSTALLEZ –VOUS OÙ ? Ne rêvez pas d'une tour d'ivoire : elles sont hors de prix. Cependant, faites en sorte de vous créer un petit coin à vous. QUAND ? « Ecrire est un acte d'amour », disait Jean Cocteau. N'écrivez que par désir : vous n'êtes pas devant une « dissertation en temps limité ». COMMENT ? Vos outils Vos guides

Le rangement Le brouillon

CONSTRUISEZ VOTRE LIVRE

LE PLAN Les souvenirs divers Les souvenirs autour d'un thème Les récits de voyage La correspondance

Le journal intime Quel que soit le type de livre choisi Les avantages d'un bon plan Comment faire le plan

LES PREMIÈRES PAGES Par où commencer ? La naissance L'autoportrait Le décor

Les circonstances historiques Faut-il commencer par la fin ? Le dialogue La première phrase : sa technique, sa difficulté

LE CŒUR DU RÉCIT Souvenirs divers Souvenirs autour d'un thème LES DERNIÈRES PAGES Par où finir ? La fin ouverte La morale

Les points de suspension Le retour en arrière La dernière phrase

ET LE TITRE ? TOUS LES STYLES SONT BONS

LES TRUCS DE L'ÉCRIVAIN D'UN SUJET À L'AUTRE La vie quotidienne Le portrait L'autoportrait

La scène d'action Le décor Le dialogue

CES ASTUCES QUI FACILITENT LA TÂCHE L'ellipse L'adresse au lecteur : « Cher lecteur » L'aveu L'aparté

Métaphore, image, comparaison L'illustration La mise en situation historique

CE QUI MARCHE À COUP SÛR

Faites rire de vous, plutôt que de faire rire des autres Les anecdotes

Les détails La confidence Le message de fin

LES QUESTIONS QUE VOUS VOUS POSEZ Je ne me souviens plus de rien ! Une date m'échappe, un nom Je ne me souviens plus des détails Faut-il suivre strictement la chronologie ? Le plan chronologique m'ennuie : que faire ? Pourquoi faire des chapitres ? Comment faire un flash-back ? Je n'arrive plus à me relire ! Je suis très désordonné Je refais sans arrête ce que j'ai déjà écrit Quel temps utiliser ? Comment éviter les répétitions ? Je connais mal la grammaire et l'orthographe J'écris comme je parle

J'ai écrit un épisode démesurément long Ce que j'ai écrit n'est pas assez long pour faire un livre J'aime raconter, mais en parlant Mon ancien métier Puis-je raconter mon accouchement ? Comment passer d'un sujet à l'autre ? Je ne sais pas faire le tri entre mes souvenirs Les anecdotes qui me reviennent Je ne veux pas avoir l'air de me vanter Comment reprendre après un long arrêt ? J'ai laissé dormir mon manuscrit

PENSE-BÊTE Vieilles chansons Les affiches de notre jeunesse Des films qui ont fait date Sur les écrans de 1940 à 1944

Les journaux avant, pendant et après la guerre Ce que lisaient les jeunes Repères chronologiques Quelques voyages inoubliables

CONCLUSION

Quelques livres à lire ou à relire

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