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trouver un chez-soi Refaire sa vie dans la sécurité et la dignité Journée mondiale du réfugié, 20 juin 2004 ©UNHCR/L.Gubb, 1982 ©UNHCR/P.Benatar, 2002 ©UNHCR/L.Astrom, 1985 ©UNHCR/P.Benatar, 2002

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Refaire sa vie dans la sécurité et la dignité

Journée mondiale du réfugié, 20 juin 2004

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Au vu de la longue histoire deconflits qu’a connue l’humanité, l’exildes réfugiés est un phénomène rela-tivement récent. Ce n’est qu’au coursdu dernier siècle que la guerre a chan-gé de nature, passant d’un affronte-ment jadis limité à deux armées surun champ de bataille, au bombarde-ment de populations entières par tirsd’artillerie, attaques au gaz ou bom-bardements aériens. C’est alors que lemonde a commencé à voir des milliersde civils, fuyant leurs foyers et leurpays pour aller chercher refuge ailleurs.

En cinquante cinq ans, depuis quel’UNHCR a été investi de son man-dat, l’organisation est venue en aideà plus de 50 millions de personnes,déracinées par les conflits, obligéesd’abandonner leurs foyers ou mêmecontraintes de fuir leur pays. Et encorece chiffre exorbitant ne tient-il pascompte des millions de civils dépla-cés durant les deux guerres mondiales.

Aujourd’hui, quelque 22 millions dedéracinés sont encore placés sousla protection de l’UNHCR. Si vousdemandiez à l’un d’eux quel est sonplus cher désir, vous l’entendriez àcoup sûr prononcer le mot « foyer » :il répondrait qu’il veut regagner sonfoyer et son pays, ou en trouver unautre. Dans un cas comme dansl’autre, le foyer, qui évoque lasécurité, la chaleur, les relations debon voisinage, l’autonomie et lapermanence, est l’objectif desréfugiés. C’est également le nôtreet, lorsque la dernière personne quinous a été confiée aura retrouvé unchez-soi, c’est de très bonne grâceque nous décrocherons l’enseigne« UNHCR », éteindrons la lumière etmettrons la clé sous la porte.

Certes, nous savons que ce jourheureux, si tant est qu’il n’arrivejamais, n’arrivera pas de sitôt. Nouscontinuons donc à travailler trèsactivement, en cherchant à nousacquitter de nos trois missionsprincipales : offrir des secours dans lessituations de crise ; essayer decontribuer au règlement desdifférends avant que les populationsciviles en soient victimes ; et aider les

réfugiés à trouver une « solution dura-ble » à leur situation. C’est cette dernièremission qui constitue, cette année, lethème de la Journée mondiale duréfugié : « Trouver un chez-soi : refairesa vie dans la sécurité et la dignité ».

Pour atteindre cet objectif à longterme, ou ne serait-ce que pour s’enrapprocher, il faudra un effortconsidérable, un engagement àtoute épreuve, et fatalement,beaucoup d’argent. Les « solutionsdurables » ne consistent passeulement à transporter desréfugiés jusqu’à leurs villes etvillages d’origine, ou à persuaderd’autres pays de les accueillir. Eneffet, en vertu du mandat qui nous aété conféré par l’ONU, les réfugiésplacés sous la protection del’UNHCR ne doivent en aucun cass’installer dans un autre pays ourentrer dans leur pays d’originecontre leur gré, ou dans desconditions inadéquates oudangereuses. Nous devons doncnous efforcer de créer, par différentsmoyens, des conditions propices auretour, à la réinstallation ou àl’insertion dans d’autres sociétés.Pour y parvenir, il nous faut réunir demultiples conditions, que nous, gensplus chanceux, considérons souventcomme acquises. Il faut, pour neciter que quelques exemples :

une relative stabilité politique ; une infrastructure sociale,juridique et matérielle en état defonctionnement ; des garanties quant à la sécuritéet à l’absence de discriminations ; la certitude de ne pas êtrepersécuté ou obligé de fuir ànouveau pour les mêmes raisons ; des services appropriés enmatière d’alimentation, d’approvi-sionnement en eau, d’hygiène etde soins médicaux ; des garanties quant à l’octroi d’unstatut juridique et à la délivrancede papiers officiels ; la liberté de circulation ; le déminage et l’enlèvement desengins non explosés ; des perspectives d’emploi et despossibilités d’assurer sasubsistance ;

un enseignement linguistique etune formation technique ouprofessionnelle.

Et il ne s’agit que de quelques-unsdes droits et services élémentairesdont tout le monde, y compris lesréfugiés, devrait pouvoir bénéficieret qui, bien entendu, ne sont pasgratuits. La facture augmenteencore lorsqu’on y ajoute certainspostes, comme la fourniture de lotsd’outils de base, indispensablespour cultiver la terre ou construire unabri, les garanties de crédit pourl’établissement de micro-entreprisesou la construction de maisons, etl’assistance financière directementaccordée aux pays d’asile afin de lesaider à faire face aux coûts d’accueildes réfugiés. Multipliez ce total parles 20 et quelques millions dedéracinés que nous essayonsd’aider dans leur quête de solutionsdurables et vous aurez une idée desmontants vertigineux qu’il fautrassembler. En un mot, l’UNHCR abesoin de toute l’aide possible, tantsur le plan matériel que financier.

Vous découvrirez dans ce dossierd’information plusieurs « histoires deréfugiés » qui ont eu une conclusionheureuse : certains réfugiés ontregagné leur pays d’origine, d’autresse sont parfaitement intégrés à lasociété de leur pays d’accueil,d’autres enfin se sont réinstallésdans des pays prêts à les accueillir.Vous trouverez également différentsarticles, relatant comment l’UNHCRa fait face aux crises de réfugiésdéclenchées par les conflits qui sesont succédés à travers le mondedans les dernières décennies. Enfin,le dossier propose une dizained’articles de fond relatifs auxmandats, aux initiatives et auxprogrammes d’action, à la missionet aux statistiques de l’UNHCR, ainsiqu’un glossaire. Tout ou partie de cedocument peut être cité et reproduità loisir. Pour obtenir desinformations complémentaires,vous pouvez contacter la délégationde l’UNHCR de votre pays ouconsulter le site de l’Organisation,www.unhcr.org.

TROUVER UN CHEZ-SOIRefaire sa vie dans la dignité et dans la sécurité

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L ’AGENDA POUR LA PROTECTION

Recherche de solutions durables :

une nouvelle impulsion

L’année 2001 a marqué le 50eanniversaire du texte fondateur de laprotection internationale des réfugiés :la Convention des Nations Uniesrelative au statut des réfugiés.

Loin d’y voir un motif de réjouissance,certains États ont émis des critiquesà l’encontre de la Convention de 1951et du Protocole de 1967, aux-quels ilsreprochaient de ne pas être adaptésaux défis de notre temps : citonsnotamment le recours abusif auxsystèmes d’asile, le problème desmouvements migratoires « mixtes »,réunissant des migrants et desréfugiés, l’intensification de la contre-bande et de la traite des êtres hu-mains, ainsi que la lassitude ressentie,d’une part, par différents États quiaccueillent des réfugiés, et d’autre part,par certains pays donateurs.

Sûr qu’un dialogue diversifié etparticipatif avec l’ensemble desacteurs permettrait de tirer au clairces problèmes et d’indiquer la voie àsuivre, l’UNHCR donnait, en 2000, lecoup d’envoi aux Consultationsmondiales sur la protection interna-tionale. L’objectif de ces consulta-tions était de revivifier la Conventionde 1951, tout en dotant les pays demoyens plus solides pour relever lesdéfis dans un esprit de dialogue etde coopération.

Dans le cadre des Consultationsmondiales, l’UNHCR a organisé uneréunion ministérielle, la première decette nature depuis 50 ans, entre lesÉtats signataires de la Conventionet/ou du Protocole. Dans une décla-ration adoptée à l’issue de cette ren-contre, en 2001, les États ont réaffirméle rôle central que joue la Conventiondans la protection des réfugiés etl’importance persistante de ce traité,en tant qu’instrument primordial de laprotection des réfugiés.

Les Consultations mondiales ontabouti à un programme d’action,l’Agenda pour la protection. Refletd’un vaste éventail de préoccu-pations, l’Agenda formule desrecommandations concrètes, émises

par les États, les organisations inter-gouvernementales, les organisationsnon gouvernementales (ONG) et lesréfugiés eux-mêmes, sur les activi-tés qui permettraient de renforcer laprotection internationale des réfugiéset des demandeurs d’asile, tout enfacilitant l’application de la Conventionde 1951 et du Protocole de 1967.

L’Agenda pour la protection définitsix objectifs essentiels dans leursgrandes lignes :

Renforcement de la mise en œuvrede la Convention et du Protocole ;Protection des réfugiés dans lecontexte de mouvements migra-toires plus amples ;Répartition plus équitable desresponsabilités et des chargesrelatives à la protection desréfugiés entre les États ;Gestion plus efficace desproblèmes liés à la sécurité ;Intensification de la recherche de

solutions durables au sort des

réfugiés ;

Satisfaction des besoins desfemmes réfugiées et des enfantsréfugiés en matière de protection.

Si tous ces objectifs sont importantspour la protection des réfugiés, la

recherche de solutions durablesoccupe le premier plan. C’est pourquoila Journée mondiale du réfugié 2004lui est consacrée.

Il importe de trouver, de toute ur-gence, des solutions pour remédier du-rablement au sort des 20 millions deréfugiés qui relèvent, à travers lemonde, de la compétence de l’UNHCRet qui en ont désespérément besoin.Or la coopération durable de la com-munauté internationale, sa volontéde résoudre les crises de réfugiés,qui se prolongent parfois depuis plu-sieurs dizaines d’années, est déter-minante à cet égard, tout comme lesoutien qu’elle peut apporter aux troissolutions durables : le rapatriementlibrement consenti, l’intégration surplace et la réinstallation. L’on admeten général que le rapatriement libre-ment consenti, dans la sécurité et ladignité, constitue la meilleure solu-tion pour les réfugiés. L’intégrationsur place permet également deremédier au sort de nombreux réfu-giés ou de groupes de réfugiés. Enfin,la réinstallation est à la fois une so-lution durable et un outil de protec-tion essentiel, qui favorise dans lemême temps la solidarité interna-tionale et la répartition des charges.

Réfugiés bosniaques en Croatie.

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1. Élaboration de stratégies globales, relatives aux solutions durables,

notamment pour remédier aux situations d’exil prolongé

● Examen de toutes les situations d’exil prolongé en vue d’étudier la faisabilité de plans d’action globaux envisageant les trois solutions durables ; les plans d’action seront mis en œuvre avec les pays d’origine, les pays d’accueil, les pays de réinstallation et les réfugiés.

2. Amélioration des conditions du rapatriement librement consenti

● Engagement des pays d’origine à respecter le droit au retour et à accueillir les rapatriés dans un cadre acceptable de sécurité physique, juridique et matérielle.

● Promotion, par les pays d’origine, du dialogue et de la réconciliation, notam-ment avec les communautés réfugiées, et maintien de l’ordre public.

● Appui des États aux pays d’origine afin d’aider ces derniers à assumer leurs res-ponsabilités quant à la sécurité juridique, physique et matérielle des réfugiés.

● Faciliter la participation des réfugiés, et plus particulièrement des femmes, aux processus de paix et de réconciliation pour garantir le droit au retour et pour encourager le rapatriement, la réintégration et la réconciliation.

● Promotion, par les pays d’origine et d’asile, du rapatriement librement consen-ti moyennant des accords tripartites, des dispositions destinées à faciliter les décisions relatives au retour – telles que des « visites de repérage » et des séances d’information entre les réfugiés et les autorités du pays d’origine – et d’autres mesures de même type, destinées à rétablir un climat de confiance.

● Veiller à ce que les particularités d’un programme de rapatriement ou de réintégration en matière d’appartenance sexuelle ou de classe d’âge soient identifiées au stade initial, puis prises en compte lors de la planification et de la mise en œuvre.

● Veiller à ce que les femmes, aient, au même titre que les hommes, la possibilité de prendre, librement et en pleine connaissance de cause, une décision quant à leur retour, et de signer individuellement le formulaire de rapatriement librement consenti.

3. Renforcement de la coopération en vue d’assurer la viabilité des

rapatriements

● Aider au processus de réconciliation en veillant à inclure, lors de la plani-fication et de la programmation de l’opération de rapatriement, des mesures susceptibles d’encourager la réconciliation en garantissant aux rapatriés, aux déplacés et à la population locale un accès égalitaire aux services essentiels, ainsi que des possibilités identiques de participer à la vie publique.

● Lors de la planification du rapatriement, veiller à engager le plus tôt pos-sible les partenaires du développement, de façon à garantir la durabilité du rapatriement et à faciliter le retrait de l’UNHCR, en temps utile et sans heurts.

● Pour les investissements relatifs à la réintégration, adopter une approche fondée sur la communauté, bénéficiant tant aux rapatriés qu’à la population locale et accordant une importance suffisante au logement et aux services essentiels, de façon à accroître les capacités d’absorption etde contribuer à la réconciliation.

● Prendre des mesures pour garantir aux femmes des droits identiques à ceux des hommes en matière de logement, de propriété et de restitution des terres.

● Veiller en priorité à garantir l’accès des rapatriés à l’éducation et la reconnaissance des compétences ou connaissances, professionnelles ou autres, acquises durant la période d’exil.

4. Octroi d’un rôle adéquat à l’intégration sur place dans le cadre d’une

stratégie globale destinée à faciliter la mise en œuvre de solutions durables

● En ce qui concerne l’intégration sur place, promouvoir une approche de développement communautaire qui intègre les spécificités liées à l’âge ou à l’appartenance sexuelle et qui tienne à la fois compte des besoins des réfugiés et de ceux de la population locale.

● Étudier dans quelles circonstances et suivant quelles modalités il convient d’encourager l’octroi d’un statut juridique sûr et de droits de résidence, y compris la naturalisation des réfugiés déjà bien intégrés au plan socio-économique.

● Contribuer à l’intégration sur place moyennant une répartition des charges, afin d’assurer la disponibilité des ressources nécessaires au renforcement de l’autonomie et à l’intégration sur place.

5. Augmentation des possibilités de réinstallation

● Accroître le nombre de pays offrant des possibilités de réinstallation.● Encourager les États qui n’acceptent pas de candidats à la réinstallation à

envisager sérieusement la possibilité d’offrir des places.● Élaborer des programmes de constitution de capacités avec les

nouveaux pays de réinstallation. ● Inviter les États qui offrent des possibilités de réinstallation à envisager

d’accroître leurs quotas, de diversifier les critères d’admission des groupesde réfugiés et d’adopter des critères de réinstallation plus souples.

● Veiller à ce que la réinstallation soit couplée avec une politique d’intégra-tion plus dynamique, qui permettrait aux réfugiés d’obtenir le statut de résidents permanents, de bénéficier des mêmes droits que les ressortissants des pays d’accueil et des mêmes chances dans la sphère sociale, économique et culturelle.

6. Utilisation plus efficace de la réinstallation comme outil de

protection et comme solution durable

● Rationaliser le traitement des demandes de réinstallation en accordant davantage d’attention aux besoins en matière de protection.

● Étudier la possibilité de mettre en place un système centralisé d’enregistrement biométrique afin de faciliter le recensement des réfugiés qui ont besoin d’être réinstallés.

● Étudier les moyens qui permettraient de procéder à une analyse plus précoce des données démographiques, afin de prévoir les besoins en matière de réinstallation et de traiter plus rapidement les demandes, notamment dans les situations d’urgence.

● Accorder davantage d’attention aux besoins de protection liés à l’appartenance sexuelle, ainsi qu’à la catégorie des femmes vulnérables, dans les programmes de réinstallation.

● Améliorer les méthodes et les mécanismes destinés à minimiser les risques de prévarication et à lutter contre la fraude et la corruption

7. Autosuffisance des réfugiés

● Veiller à ce que les programmes d’assistance prévoient d’emblée des stratégies axées sur l’autosuffisance et le renforcement de l’autonomie, l’UNHCR jouant un rôle actif dans la mobilisation de l’appui financier et technique.

● Adopter des stratégies de substitution aux secours, qui tireront parti des capacités et de l’ingéniosité des femmes réfugiées, afin d’éviter les graves problèmes de protection – notamment les violences sexuelles et sexistes – résultant du désœuvrement et de la dépendance.

● Accroître les possibilités en matière d’enseignement et de formation professionnelle, ainsi que les programmes agricoles et les activités génératrices de revenus, en veillant à ce que les femmes en bénéficient au même titre les hommes.

● Veiller à ce que les réfugiés, en particulier les femmes et les adolescents,et les communautés d’accueil participent à la conception et à la mise au point des programmes de renforcement de l’autosuffisance.

● Œuvrer avec les pays hôtes à l’élaboration d’approches intégrées, suscep-tibles d’accroître les capacités d’absorption des régions qui accueillent des réfugiés.

8. Réhabilitation des zones d’accueil des réfugiés dans les anciens pays

d’asile

● Étudier avec les États, l’UNHCR et les organisations de développement, les moyens qui permettraient de promouvoir au mieux et de contribuer de manière positive aux efforts déployés par la communauté internationale pour faciliter la réhabilitation des zones ayant accueilli des réfugiés dans les anciens pays d’asile.

Intensification de la recherche de solutions durables : les 8 objectifs clés

Source : UN document A / AC.96 / 951 Note on International Protection, 13/09/2001UNHCR Resettlement Handbook

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Les réfugiés sont des pions, impli-qués bien malgré eux dans un jeu quiles dépasse. À la suite d’un conflit oude persécutions, ou pour d’autresraisons, ils ont été placés devant unealternative terrible : braver la mort et ladestruction ou abandonner leursfoyers et leurs communautés.Acculés à la deuxième solution, ils seretrouvent, déracinés, dans un milieuétranger, voire hostile, qui leur offrecertes plus de sécurité que celui qu’ilsont quitté mais où ils ne se sentent enaucun cas chez eux.

Le statut de réfugié accordé à celui quidemande l’asile est donc, pardéfinition, une solution provisoire.C’est une réponse temporaire à unproblème immédiat auquel il convientd’apporter une solution durable,acceptable pour le réfugié et tenantcompte de ses besoins, ainsi que deses droits. Il importe de ne pas laissercette situation, en principe provisoire,se prolonger indéfiniment, tant dansl’intérêt du pays d’accueil que danscelui du réfugié : c’est pourquoil’UNHCR s’emploie en priorité àtrouver un moyen satisfaisant pourrésoudre le problème aussi prompte-ment que possible. Logiquement, lameilleure solution consisterait à créerles conditions dans lesquelles le statutde réfugié ne serait plus nécessaire,soit que le réfugié ait eu la possibilitéde regagner son pays dans la sécuritéet la dignité, soit qu’il ait été enmesure de s’intégrer avec succès

dans son pays d’asile, soit qu’il ait puse réinstaller dans un pays tiers.

Bien que l’UNHCR ait toujours pourmission de protéger les réfugiés, sonobjectif ultime est d’œuvrer à la miseen œuvre de solutions durables, quipermettront aux réfugiés de sepasser de sa protection. En d’autrestermes, l’Organisation veut les aider àsatisfaire l’une des aspirationshumaines les plus essentielles :retrouver un chez-soi, sans que leurliberté ou leur vie ne soientmenacées.

50 millions de personnes sontdéplacées à travers le monde, pourdifférentes raisons, et 20 millionsd’entre elles bénéficient de laprotection de l’UNHCR. Les solutionsqui leur sont pro-posées pour remé-dier à leur sort sesubdivisent en troisgrandes catégorieset sont toutes« volontaires » –autrement dit, tousles efforts sontdéployés pour infor-mer au mieux lespersonnes déra-cinées des avan-tages et des incon-vénients de chaqueoption. Ainsi, pourl’UNHCR, le rapatriement doit êtrelibrement consenti, ce qui signifie que

le choix de la destination est laissé àl’individu ou à la famille et que lesautorités ne doivent pas chercher àl’influencer. Pour faciliter la décisionconcernant un éventuel rapatriement,l’UNHCR organise des « visites derepérage », durant lesquelles lesréfugiés sont en mesure de juger desconditions de vie dans leur paysd’origine, ainsi que des séancesd’information, durant lesquelles ilspeuvent interroger directement lesautorités.

Chaque individu ou famille est de cefait vivement encouragé à prendre,librement et en pleine connaissancede cause, une décision sur l’une destrois solutions suivantes :

Rapatriement librement consentidans le pays d’origine, dans lequelles conditions qui ont provoqué lafuite ont été inversées et lasituation suffisamment amélioréepour permettre le retour desréfugiés dans leurs foyers.Intégration sur place : les réfugiéspeuvent retrouver des racinesdans le pays d’accueil.Réinstallation : des individus, desfamilles, voire des communautésentières sont réinstallés de leurplein gré dans un pays tiers où ilss’intègrent à la société du pays.

Le cadre pour les solutions durables

Au travers de ses activités en faveurdes réfugiés et des rapatriés,l’UNHCR encourage les efforts de la

c o m m u n a u t éinternationale enmatière de préven-tion, de règlementdes conflits et deréconciliation. Lesacteurs humanitaires,dont l’UNHCR, jouentun rôle important ens’employant à péren-niser les retours. Unetelle action ne sauraittoutefois être efficacesans l’effort conjointdes acteurs huma-nitaires et des organi-

sations pour le développement. Lerenforcement de l’autonomie des

LA RECHERCHE DE SOLUTIONS DURABLES

Camp de transit de Sheikh Sharif pour lesrapatriés à Jijiga / Ogaden / Ethiopie.

« Nous devons inv-estir dans la recher-che de solutions du-rables pour les mil-lions de réfugiés et depersonnes déplacéesen Afghanistan, carinvestir en eux, c’estinvestir dans la paixet la stabilité futuresde la région. »

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réfugiés est un objectif qui mérited’être pleinement pris en compte partous les intervenants. À cet effet, leHaut Commissaire a publié le Cadrepour les solutions durables en faveurdes réfugiés et des personnesrelevant de la compétence del’UNHCR en mai 2003. Ce documentprésente des orientations généralespour une répartition plus équitable descharges et des responsabilités, pourun renforcement des capacitésd’accueil et de protection des réfugiéset pour une intensification de larecherche de solutions durables. Lecadre pour les solutions durablescomporte trois volets : l’Assistance audéveloppement pour les réfugiés(DAR), axée sur les situations d’exil

prolongé ; la stratégie des « 4 R » –Rapatriement, Réintégration,Réhabilitation et Reconstruction – quis’applique au rapatriement librementconsenti ; le Développement parl’intégration sur place (DLI), destiné àfavoriser l’insertion dans le paysd’accueil.

Le rapatriement librement consenti

Le retour volontaire des réfugiés dansleur pays d’origine, dans la sécurité etla dignité, constitue, de l’avis général,la meilleure solution pour remédierdurablement à leur sort ; c’estégalement la solution que l’UNHCRet la plupart des réfugiés privilégienten général.

L’initiative des « 4 R »« On est rentrés parce qu’on nous adit que la paix et la sécurité étaientrevenues. Mais il n’y a pas de travail etnous n’avons pas d’endroit où habiter.Nous avons la liberté, mais la liberté çane se mange pas ».

A son retour, le réfugié trouvesouvent un pays dévasté par le conflitet ravagé par la haine. L’atmosphèreest très tendue ; son absence estparfois considérée comme unedésertion et il peut être, de nouveau,victime des rivalités ethniques dont ledéchaînement avait provoqué sa fuite.Bien souvent, les accords de paix sontélaborés sans que les réfugiés soientinvités à y participer, et parfois, sans

même tenir compte de leurexistence. Pour citer le HautCommissaire, Ruud Lubbers, « c’estune chose de rentrer dans son pays,c’en est parfois une toute autre d’ydemeurer. Il est donc capital que lacommunauté internationale s’emploieà garantir la viabilité des rapatriementsde réfugiés, au travers d’importantsprojets et programmes deréhabilitation et de reconstructionpost-conflit dans les pays d’origine ».

Au cours des dernières années, leHaut Commissaire a accordé uneplace encore plus importante à larecherche de solutions durables, dontil a fait la pierre angulaire de la missionde l’UNHCR. En ce qui concerne leretour des réfugiés, Ruud Lubbers aproposé la stratégie des « 4 R » –Rapatriement, Réintégration,Réhabilitation et Reconstruction –destinée à relier plus efficacementl’action « humanitaire » et le travail de« développement », la nécessairetransition entre les secours et ledéveloppement n’ayant pas étéassurée correctement dans le passé.Les acteurs humanitaires et lesorganisations pour le développementdoivent coopérer plus étroitement

dès le début d’une opération et durantla phase de transition, tout à faitcruciale. À travers le programme des4 R, Ruud Lubbers indique desmoyens qui permettraient ausystème des Nations Unies et à laBanque mondiale de renforcer leurcoopération et d’œuvrer, ensemble, àl’élaboration du plan.

Après vingt ans de guerre civile, les Angolais,réfugiés en République Démocratique duCongo, font la queue pour rentrer chez eux.

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L’intégration sur place

Parfois, la situation dans le paysd’origine est si précaire et les espoirsd’amélioration si ténus qu’il vautmieux miser sur l’installation dans lepays d’accueil que sur le rapatriement.Certains conflits sont tellement longsque, lorsque les conditions de vieredeviennent enfin acceptables dansle pays d’origine, les réfugiés qui ontvécu très longtemps dans leur paysd’asile ne souhaitent pas réellementregagner un lieu où ils se sentiraient« dépaysés ». Bien souvent, ils sesentent chez eux dans leur commu-nauté d’accueil et s’y sont mêmemariés ; une procédure d’intégrationofficielle, leur conférant tous les droitsreconnus par la loi, leur permet alorsde renoncer à leur statut de réfugié.

L’intégration sur place demeure doncune solution importante pourremédier durablement à un certainnombre de situations, même s’il fautbien souvent déployer des effortspour instaurer un climat de confiancedans la société du pays d’accueil. Ladifficulté consiste à accroître aumaximum le potentiel des réfugiés,au profit des communautés d’accueil :de la sorte, la population réfugiée estconsidérée comme un atoutéconomique pour le pays hôte etcontribue au développement deslocalités et des régions. L’on peut citerdes expériences particulièrementfructueuses, où des réfugiésautonomes ont fourni une main-d’œuvre et des compétences au paysd’accueil, tout en contribuant, en tant

que consommateurs, au dynamismedes marchés locaux. Dans certainspays en développement auxressources limitées, les actions visantà engager les réfugiés sur la voie del’autosuffisance ont entraîné uneaugmentation de l’aide étrangère etattiré des projets de développementqui bénéficient à la communauté toutentière.

Pour favoriserl’intégration desréfugiés dansleur pays d’ac-cueil, le HautCommissaire aproposé l’appro-che dite du Dé-veloppement parl’intégration sur place (DLI). Cettestratégie sera appliquée aux situationsd’exil prolongé, où l’État décide defavoriser l’intégration progressive desréfugiés par certaines mesures. Ensollicitant des fonds de dévelop-pement supplémentaires, destinés àfavoriser les solutions durables parl’intégration sur place, il serait possibled’améliorer les conditions de vie desréfugiés et de renforcer leurautonomie, en améliorant par lamême occasion la qualité de vie descommunautésd’accueil.

La réinstallation

La réinstallationdans un payssûr est parfois leseul moyen deprotéger desréfugiés quisont victimes depersécutions oudont la vie est en danger. Il se peut parexemple que les droits les plusélémentaires leur soient déniés dansleur pays d’asile, que leur vie soitmenacée pour des motifs d’ordreracial, politique ou religieux, ou par desattaques provenant directement del’étranger. Il arrive aussi que lespouvoirs publics ne puissent ou neveuillent pas assurer adéquatementleur protection. La réinstallation estparfois proposée à des individus ayantsubi des tortures, ou à des réfugiéshandicapés, blessés ou gravement

traumatisés qui ne peuvent obtenir detraitement dans leur pays d’asile. Laréinstallation n’est pas une solution de« dernier ressort » mais un objectifprincipal : c’est à la fois un instrumentde protection internationale et unesolution durable qui consolide leprincipe du premier asile et permet deremédier à des problèmes d’exilprolongé dans un esprit de solidarité

internationale etde répartition desresponsabilités.Aujourd’hui, 16pays, répartis surplusieurs co-ntinents, offrentdes places deréinstallation ;l ’ U N H C R

poursuit ses efforts pour les doter desmoyens nécessaires pour accueillir lesréfugiés, pour étendre la réinstallationà d’autres pays et pour accroître lenombre et la qualité des placesoffertes aux réfugiés dans les pays deréinstallation existants.

L’UNHCR cherche à faire en sorteque ses critères de réinstallationsoient acceptés avec davantage desouplesse (voir encadré). Ceci s’avèreparticulièrement important pour les

réfugiés qui vi-vent dans unesituation incer-taine depuis desannées ou qui ontdes besoins deprotection parti-culièrement aigusdans leur paysd’accueil. La réin-stallation desadolescents est

extrêmement ardue : au nombre dessuccès récents, il convient de citer laréinstallation, aux États-Unis, d’ungroupe de 2 000 et quelques jeunesgens, qu’on avait fini par surnommerles « garçons perdus » en raison deleurs déplacements répétés enAfrique orientale.

Source : UN document A / AC.96 / 951 Note onInternational Protection, 13/09/2001UNHCR Resettlement HandbookMagazine Réfugiés n°127, 2002, p.31

Les critères de réinstallation de

l’UNHCR L’UNHCR affirme, notam-ment, que la réinstallation est axée enpremier lieu sur les besoins particuliersdes réfugiés dont la vie, la liberté, lasécurité ou les autres droits fonda-mentaux sont menacés dans le pays oùils se sont réfugiés. La décision deréinstaller un réfugié est habituellementprise lorsqu’il n’y a pas d’autre moyen degarantir sa sécurité juridique ou physique.

En 2004, les huit principaux pays deréinstallation étaient les États-Unis, leCanada, l’Australie, la Suède, la Norvège,la Finlande, la Nouvelle-Zélande et leDanemark. Ils ont été rejoints par huitnouveaux pays de réinstallation, à savoir leBrésil, le Chili, le Bénin, le Burkina Faso,l’Irlande, l’Islande, le Royaume-Uni etl’Espagne.

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Les éléments clés d’un rapatrie-

ment durablement reussi.

Aucun réfugié ne souhaite resterréfugié. La plupart des réfugiésplacés sous la protection del’UNHCR préféreraient retrouver lefoyer et la communauté qu’ils ontété contraints de quitter, àcondition, bien entendu, que lesproblèmes qui ont causé leur fuiteaient été réglés ou du moinssuffisamment atténués pour leurpermettre de rentrer chez eux deleur plein gré et en toute sécurité.Du point de vue de l’UNHCR, lerapatriement librement consentiest d’abord et avant tout un retourdans des conditions de sécuritéphysique, juridique et matériellesatisfaisantes, aboutissant aurétablissement intégral de laprotection nationale.

Même lorsque la paix règne ànouveau dans le pays d’origine, ilarrive que les conditions desécurité soient trop précaires pourque le rapatrié puisse reprendre lavie qu’il menait auparavant. Lesviolences, notamment les guerresciviles et autres conflits prolongés,à caractère ethnique, politique outerritorial, ravagent les terres etréduisent bien souvent lesstructures sociales et admi-nistratives à néant : le rapatrié doitdonc s’efforcer de refaire sa vie enavançant sur un terrain miné – aupropre comme au figuré – où leguettent mille dangers imprévus.

Avant que la situation puisse êtrejugée suffisamment satisfaisantepour autoriser le rapatriementlibrement consenti et en bon ordred’une population réfugiée, et pourqu’une solution viable et durable aitune chance de réussir, il faut définirun certain nombre de conditionsphysiques, juridiques et écono-miques et les mettre en place. Ilest indispensable de préparersoigneusement le terrain si l’onveut « pérenniser » la réintégration.Les éléments clés d’un « retourdans la sécurité et la dignité », et lerôle joué par l’UNHCR à cet égard,sont décrits ci-après.

SÉCURITÉ PHYSIQUE

Dans la quasi-totalité des cas, lesquestions de sécurité sont aupremier plan des préoccupations.La sécurité des rapatriés doit êtreassurée par les autorités, lacommunauté internationale sechargeant si nécessaire desactivités d’appui et de surveillance.Après l’arrêt des hostilités, ilimporte de mettre en place unsystème judiciaire indépendant etune police respectueuse des droitsde l’homme.

Mines

Ce sont les mines et les enginsnon explosés, disséminés sur unelarge partie du territoire, quimenacent le plus fréquemment lerapatrié. Il est donc indispensabled’organiser des opérations dedéminage et des campagnesd’information et de sensibilisation.

Évacuations

Habituellement, l’UNHCR nefacilite pas les retours en directionde régions peu sûres et ne sauraitêtre impliqué dans des opérationsde rapatriement forcé. Il arrivenéanmoins que la situation sedégrade et devienne plusdangereuse dans le pays d’asileque dans le pays d’origine.L’UNHCR peut alors décider, à titreexceptionnel, de faciliter lesrapatriements dans des conditionsqui ne correspondent pas auxnormes de sécurité minimale.L’évacuation est, dans ce cas,destinée à sauver des vies.

Engagement de l’armée

Dans la période immédiatementconsécutive au conflit, l’UNHCRdoit souvent se concerter avec lesforces militaires, qu’il s’agisse del’armée régulière du pays, de

PRÉPARER LE TERRAIN

Un réfugié congolais à Pretoria en Afrique du Sud.

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milices, de forces irrégulières ou desoldats de la paix de l’ONU. L’inter-action est plus efficace lorsqu’ellerepose sur une délimitation trèsclaire des tâches confiées à lafonction militaire et des tâchesrelevant de la fonction humanitaire ;ceci permet de profiter d’une sé-curité accrue sans pour autantcompromettre le caractère civil del’opération humanitaire. Le person-nel militaire ne doit exécuter desactivités d’assistance que sous lasupervision de collaborateurs civilsdes organismes d’aide.

SÉCURITÉ JURIDIQUE

Il est souvent nécessaire de rétabliret/ou de réformer les systèmeslégislatifs et juridiques des paysd’origine. L’UNHCR œuvre à la sup-pression des obstacles juridiques etadministratifs au rapatriement etdispense des conseils spécialiséset une assistance technique lors del’élaboration des lois relatives à lanationalité, à la propriété immo-bilière et foncière, à la délivrance dedocuments et au rapatriement.

Amnistie

L’élaboration et l’application de loisd’amnistie revêtent une extrêmeimportance dans les premièresphases du rapatriement etpermettent d’encourager lesretours. Elles mettent les réfugiés àl’abri des discriminations ou dessanctions auxquelles ils pourraients’exposer du seul fait d’avoir fui lepays, tout en réglant différentesquestions relatives au servicemilitaire, à la désertion ou àl’enrôlement dans d’autres forcesarmées. L’UNHCR encouragel’adoption de lois d’amnistie, sauf àl’adresse des criminels de guerre.

Nationalité

Seuls les individus possédant lanationalité d’un pays peuventexercer leurs droits fondamentaux,dans la sphère civique, politique etéconomique. Lors des retours, lesrapatriés se heurtent fréquemmentà des problèmes, résultant de laperte de leur nationalité, d’unenationalité douteuse ou d’unchangement d’état-civil consécutif

à un mariage. En coopération avecles États, l’UNHCR s’emploie àremédier aux problèmes desapatrides et à prévenir l’apparitionde nouveaux cas d’apatridie.

Certificats et papiers

La question de la nationalité est enrapport avec l’enregistrement desmodifications de l’état-civil – nais-sances, mariages, adoptions, divor-ces ou décès – et la reconnais-sance d’autres documents relatifsau statut personnel, surtout si ceux-ci ont été émis dans le pays d’asile.L’UNHCR s’emploie à régler ces pro-blèmes et encourage la délivrance depièces d’identité et autres documentsrelatifs à l’état-civil, ainsi que la re-connaissance des diplômes et quali-fications acquises dans d’autres pays.

Restitution des logements et

des biens

Les chances de réussite du rapatrie-

ment seront moindres si les réfugiésne peuvent rentrer en possession deleur logement et de leurs biensimmobiliers. Il est donc importantd’aborder dès les premiers stades duprocessus la question de la restitutiondes logements et des biensimmobiliers ou fonciers. Le droit auretour est étroitement lié au droit aulogement, ce qui signifie, dans cecontexte, d’abord et avant tout le droitde ne pas être dépossédé de sonlogement. En conséquence, lesréfugiés ont le droit de reprendrepossession des maisons qu’ils ont

quittées ou dont ils ont étéexpulsés.

Réparation

Lorsque la restitution s’avèreimpossible, le rapatrié devraitpouvoir user du droit d’obtenir uneréparation adéquate pour lepréjudice subi. Il faut parfoisdéployer des efforts particulierspour que les femmes rapatriéespuissent faire valoir leurs droits enmatière de propriété immobilière etde succession.

Réorganisation de

l’administration

Bien souvent, après un conflit, lesinfrastructures judiciaires et ad-ministratives souffrent de nom-breux dysfonctionnements, man-quent de ressources et doiventmettre fin à différents problèmes :procédures entachées d’irrégula-rités, procès discriminatoires,

redevances et taxes excessives.L’UNHCR peut organiser desformations à l’intention des juges etdes avocats, faciliter la mise en placede mécanismes de règlement desdifférends et fournir un appui matériellors de la mise en place de structuresadministratives et judiciaires.L’UNHCR a souvent joué un rôledéterminant en ouvrant des centresd’assistance juridique à l’intention desrapatriés, qui éprouvaient desdifficultés lors de leur retour et ontainsi pu disposer de moyens derecours efficaces.

Des rapatriés guatemaltèques arrivent au village deQuetzal.

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SÉCURITÉ MATÉRIELLE

Dans la période immédiatementconsécutive au retour, la sécuritématérielle est synonyme de survie : ilest donc indispensable de garantirl’accès des rapatriés à certainsservices élémentaires, tels quel’approvisionnement en eau potable,les soins médicaux et l’enseigne-ment. L’UNHCR s’efforce donc, enpremier lieu, de développer cesservices essentiels lorsqu’ils ontdisparu, lorsqu’ils fonctionnent malou lorsqu’ils ne suffisent pas àrépondre aux besoins d’uneimportante population rapatriée, et àgarantir l’accès gratuit aux servicespublics existants.

Capacités d’absorption

Un mouvement de retour préma-turé en direction de zonesprésentant des capacitésd’absorption faibles ou nulles risqued’engendrer des tensions, lesrapatriés se disputant lesressources disponibles ou étantobligés de les partager avec lapopulation des environs. C’estpourquoi les programmes derapatriement librement consenti del’UNHCR tiennent toujours comptedes capacités d’absorption de larégion de destination.

Autosuffisance

Si l’on veut ancrer les retours dans ladurée, il est indispensable d’encou-rager l’autonomie et de réduire ladépendance à l’égard de l’assistanceextérieure. Il est en général nécessaired’organiser des activités génératricesde revenus pour faciliter la réinsertiondes rapatriés. Pendant la périodeinitiale, l’UNHCR prodigue uneassistance limitée, sous forme demicro-financements, de crédits et deformations professionnelles, auxrapatriés les plus vulnérables.

Lorsque la plupart des rapatriésvivent en milieu rural, l’UNHCRpeut fournir des semences, desoutils et certains matériaux deconstruction, en laissant à ses par-tenaires, spécialistes du dévelop-pement, le soin d’entreprendre desprogrammes de développementplus ambitieux. La récupération desterres arables ou la restitution desdroits fonciers sont égalementindispensables si l’on veut que lesrapatriés retrouvent leurs moyensd’existence.

Réintégration des professionnels

dans leurs fonctions

L’UNHCR peut faciliter la réinté-gration dans leurs fonctions anté-

rieures des fonctionnaires, desenseignants, des spécialistes de lasanté et d’autres professionnels.

Réconciliation

La réconciliation des communautésdivisées est un processus particu-lièrement difficile, qui requiert dutemps. Ce processus interne, déter-miné par l’interaction des commu-nautés concernées, peut néanmoinsêtre stimulé par l’aide internationale,notamment lorsque les membres descommunautés ou leurs chefs nepeuvent ou ne veulent pas faire lepremier pas. L’UNHCR et d’autresacteurs peuvent l’encourager par desmesures destinées à promouvoirl’égalité entre les personnes déplacéeset les résidants de la région.

Rétablissement de la confiance

Les structures et les mécanismesvisant à promouvoir la coexistenceoccupent une place croissantedans les programmes de l’UNHCR.Ainsi, l’UNHCR mène des actionsfort utiles, destinées à instaurer unclimat de confiance : « visites derepérage » organisées à l’intentiondes réfugiés, afin de leur permettrede prendre une décision en touteconnaissance de cause quant à leurretour, mise en service de lignes

Rapatriés maliens près d’un point d’eau. ©U

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d’autobus reliant les différentescommunautés, exécution deprojets communautaires destinés àfavoriser la coexistence, promotiondes initiatives féminines et desréunions en face-à-face. Lapublication de documents sur lesviolations et les abus passés, ainsique la mise en place de structureslocales, nationales ou interna-tionales, telles que les commis-sions d’enquête, qui obligent àrendre compte des atteintes auxdroits de l’homme, attirent de plusen plus l’aide internationale.

Mise en œuvre : activités concrètes

menées lors du rapatriement

En résumé, l’UNHCR coopère à lafois avec le pays d’asile et le paysd’origine pour créer des conditionsacceptables pour l’exécution del’opération de rapatriement. Lesactivités que l’UNHCR mène à ceteffet sont décrites dans lesparagraphes suivants.

En général :

● Inviter les réfugiés et notammentles femmes réfugiées à participeraux négociations de paix ;

● Mentionner le droit au retour etd’autres normes relatives aurapatriement librement consentidans les accords de paix ;● Œuvrer à la conclusion d’accordsrelatifs au rapatriement librementconsenti et veiller à les rendreopérationnels ;● Nouer, dès le début, des parte-nariats avec des acteurs bilatérauxet multilatéraux, allant des autoritéslocales dans le pays d’origine et lepays d’asile aux ONG ;● S’assurer la participation desautorités locales et tirer parti descapacités et des ressources locales ;● Garantir le libre accès del’UNHCR aux réfugiés et auxrapatriés, à tous les stades duprocessus de rapatriement, ycompris pendant la périodeconsécutive au retour ;● Faciliter l’adoption de dispositionssimples, équitables, rapides,transparentes et non discriminatoires,réglementant concrètement le retour ;● Fournir immédiatement un appuimatériel ou financier pour assurer lerapatriement et la réinsertion durantla phase initiale.

Dans le pays d’asile

● Planifier le rapatriement en dressantle profil démographique des réfugiés(et en précisant à cet effet les villagesd’origine, la répartition par classe d’âgeet par sexe, les qualifications profes-sionnelles, les besoins particuliers, etc.) ;● Veiller à ce que les réfugiés puis-sent prendre leur décision en pleineconnaissance de cause et en touteliberté, en leur fournissant des

informations exactes et objectives eten prodiguant une orientation psy-chosociale ;● Veiller à ce que les différentesclasses d’âge et les représentants desdeux sexes participent au processusde prise de décisions ; ●Par des négociations, veiller à ceque les réfugiés qui ne peuvent ou neveulent pas regagner leur paysd’origine continuent à bénéficier d’uneprotection et d’une assistance.

Dans le pays d’origine

● Entreprendre une analyse desobstacles au rapatriement ;●Veiller à ce que le rapatriement soitacceptable pour le pays d’origine, ycompris pour les autorités locales ;● Encourager le pays d’origine àpromulguer des amnisties et d’autresgaranties législatives à l’endroit desrapatriés ;●Établir une présence conséquentesur le terrain pour promouvoir, auniveau national et local, les actionsnécessaires à un retour dans lasécurité ; pour organiser des « visitesde repérage » ; pour encourager ledialogue entre les chefs decommunautés et les autorités locales,ainsi que d’autres mesures visant àinstaurer un climat de confiance ; pourintervenir auprès des instancesconcernées en vue de créer desconditions propices à un rapatriement ;pour aider à la prévention des incidentsde sécurité dirigés contre les rapatriés,ou du moins pour procéder à un suiviadéquatement documenté avec lesautorités ;● Suivre de manière systématique lasituation des rapatriés, pour cernerles problèmes de protection et lesbesoins en matière d’assistance ;pour concevoir des interventions deprotection et d’assistance adéquates ;pour rassembler des informationspertinentes sur les pays d’origine àl’intention des candidats aurapatriement, des pays d’accueil et dedifférents acteurs ;● Veiller à ce que les rapatriés et leszones de retour soient pris en comptedans les plans nationaux de redres-sement et de reconstruction.

Cadre de mise en place de solutions durables pourles réfugiés et les personnes relevant de lacompétence du HCR, 2003.

« Les solutions durablesà long terme sont sansaucun doute le meilleurinvestissement quenous puissions réaliserpour la paix et lastabilité. »

Ruud Lubbers

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Réfugiés vietnamiens réinstallés en Norvège,profitant de leur nouvelle vie

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Il doit rester bien peu de gens, sur laplanète, qui n’ont pas entendu parlerdes droits de l’homme, même s’ils nejouissent pas toujours de ces droits.Certes, les droits des réfugiés qui sontplacés sous la protection de l’UNHCRsont reconnus depuis longtemps partous les États signataires de laConvention de 1951. Mais qu’en est-ildes droits de ceux qui cessent d’êtredes réfugiés, parce qu’ils ont regagnéleur pays d’origine de leur plein gré ouse sont intégrés avec succès dans lasociété du pays qui les accueille ? Àprésent qu’ils ne bénéficient plus dustatut de réfugié, leurs droits sont-ilsencore reconnus et sauvegardés ?

Qui est concerné ?

Les normes régulièrement fixéesdans les accords tripartites quiréglementent les rapatriementslibrement consentis promettent deprotéger les droits des « personnesqui se trouvent actuellement horsdu pays et dont le retour suscitedes problèmes de protection ».« Ces personnes sont désignéescomme ‘relevant de la compétencede l’UNHCR’ ou par le nom de‘rapatriés’ et comprennent desressortissants du pays d’origine,des personnes qui y résidaienthabituellement et d’anciensressortissants qui ont été privésarbitrairement de leur nationalité ».

Ces normes, qui font habituelle-ment partie des accords conclus parle pays d’origine, le pays d’accueil etl’UNHCR, ouvrent également lavoie à une solution durable enstipulant que le « processus deretour se déroulera dans la sécuritéet la dignité, en bon ordre, et demanière progressive et humaine ».Lorsque la situation dans le paysd’origine, peu satisfaisante oudangereuse, interdit tout rapatrie-ment, « les gouvernements despays d’accueil conviennent, enprincipe, d’octroyer un statutapproprié aux personnes qui nepeuvent rentrer, du fait de motifshumanitaires impérieux, et qui ontencore besoin de la protectioninternationale. »

Les accords de rapatriement libre-ment consenti constituent, de facto,une Déclaration des droits durapatrié, énonçant ses droitsfondamentaux et ses besoinsessentiels. Voici, en substance,quels sont ces droits et besoins.

Droit au retour

Toutes les personnes relevant de lacompétence de l’UNHCR ont le droitde rentrer dans leur pays de leur pleingré, dans leur localité d’origine, dans lelieu où elles résidaient habituellementauparavant ou dans tout autre lieu deleur choix.

Libre choix de la destination

Le choix de la destination est laisséà l’individu ou à la famille et lesautorités ne sauraient en aucun cass’immiscer dans cette décision. Enparticulier, les rapatriés ne doivent pasêtre obligés de déménager dans desrégions peu sûres ou dans desrégions dépourvues des infra-structures les plus indispensables, oùils ne pourraient reprendre une vienormale ou assurer leur subsistance.Les situations où les rapatriés seraientcontraints de se déplacer à l’intérieurde leur propre pays ou de s’installerdans un logement dont la possession

ou l’occupation est litigieuse doiventêtre évitées.

Persécutions, détention arbitraire

et discriminations

Les réfugiés doivent être enmesure de rentrer en toutesécurité, sans s’exposer à despersécutions, à des mises endétention arbitraires ou à desdiscriminations, motivées notam-ment par leur départ, leur statut deréfugié, leurs activités ou leursopinions politiques, leur origineethnique ou leurs croyancesreligieuses.

Poursuites

Les autorités envisageront depromulguer une amnistie afind’encourager le retour despersonnes qui pourraient craindrede s’exposer à des poursuites ou àd’autres sanctions au motif qu’ellesont quitté le pays et sontdemeurées hors du pays. Une telledisposition ne saurait, bien entendu,s’appliquer aux crimes contre lapaix, aux crimes de guerre, auxcrimes contre l’humanité ou à desactes contraires aux objectifs et auxprincipes des Nations Unies.

UNE DÉCLARATION DES DROITS DU RAPATRIÉ

Boat people vietnamiens en transit à l’aéroport KaiTak de Hong Kong avant de rentrer dans leurpays.

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Restitution des biens ou réparation

Les rapatriés ont le droit de recouvrerles biens dont ils ont été illégalementou arbitrairement dépossédés. Ils ontle droit d’exiger que ces biens leursoient restitués et doivent obtenir uneréparation équitable lorsque celas’avère impossible. Les femmesrapatriées dont les époux sont mortsou portés disparus peuvent seprévaloir de ce droit. Il importeégalement de mettre d’autres terresou logements à la disposition despersonnes qui occupent actuellementles propriétés des réfugiés et qui ont,comme eux, été déplacées contreleur gré, ou qui ne peuvent rentrerdans aucune localité.

Reconnaissance des documents

officiels

Les autorités reconnaîtront le statutjuridique des rapatriés et tous leschangements survenus dans leur état-civil (naissances, décès, adoptions,mariages, divorces, etc.), ainsi que toutdocument émis par une institutiondûment habilitée dans le pays d’origineou dans d’autres pays.

Apatridie

Selon la Déclaration universelle desdroits de l’homme, « Tout individu adroit à une nationalité ». Néanmoins,en cette époque de migrationsmassives et de montée des tensionsethniques, le nombre d’apatridesaugmente car les pays sont de plus enplus réticents à accueillir des réfugiés.Dans la pratique, les apatrides sont desexclus du système politique mondial.N’étant reconnus comme les

ressortissants d’aucun État, ils sontpiégés dans une sorte de no man’sland juridique et ne peuvent de ce faitse prévaloir de certains droitsfondamentaux, concernant notam-ment l’accès à la santé, l’accès àl’enseignement et le choix politique.

Les réfugiés qui regagnent leursfoyers ne doivent pas être privés deleur identité juridique ou menacésd’apatridie, en particulier lorsqu’unnouvel État a été créé sur le territoiredont ils sont originaires. Les rapatriéspeuvent légitimement s’attendre à ceque tous les litiges relatifs à lanationalité aient été réglés à leur retouret à ce que toutes les mesures soientprises pour leur octroyer un statutjuridique approprié.

Naturalisation

Le conjoint et les enfants ayant unenationalité différente de celle durapatrié seront admis dans le paysd’origine de ce dernier et autorisés à yrésider. Cette disposition s’appliqueraégalement aux conjoints ou auxenfants de ressortissants décédés quisouhaiteraient entrer ou demeurerdans le pays d’origine. Les autoritésenvisageront favorablement leurnaturalisation et leur délivrerontpromptement des visas.

Regroupement familial

Tous les efforts seront déployéspour préserver l’unité des familleslors du rapatriement et pour éviter laséparation involontaire. Si de telsefforts échouent, un dispositifdestiné à regrouper les membres

de la famille dans le pays d’accueilou dans le pays d’origine sera misen place, conformément à lalégislation des pays concernés.

Accès aux services essentiels

Avec l’appui de l’ONU et d’autresorganisations, des mesures serontprises pour améliorer la mise àdisposition, sans discrimination au-cune, de services essentiels relatifsaux vivres, à l’eau potable, aux abris, auxsoins médicaux et à l’enseignement.

Reconnaissance des qualifica-

tions scolaires, universitaires et

professionnelles

Pour faciliter la réintégration, lesautorités reconnaîtront les diplômes,certificats et autres attestationssanctionnant les connaissances etcompétences acquises par lesrapatriés durant leur séjour à l’étranger.

Besoins particuliers et personnes

vulnérables

Des mesures particulières serontprises afin de garantir une protection etune assistance adéquates, ainsi quedes soins appropriés, aux groupesvulnérables tout au long du processusde rapatriement et de réintégration.Les mineurs non accompagnés ouséparés de leur famille, notamment,ne devront pas être rapatriés avantque leur famille ait été localisée, ouavant que des dispositions aient étéprises pour assurer leur accueil et leurprise en charge.

Accès de l’UNHCR aux rapatriés

L’UNHCR pourra accéder, librementet sans restriction aucune, à tous lesrapatriés, que ceux-ci se trouventencore dans le pays d’accueil ou dansle pays d’origine. Les autoritéspermettront à l’UNHCR d’observer letraitement réservé aux rapatriés, afinde s’assurer qu’il est conforme auxnormes internationales. Les autoritésinformeront l’UNHCR de toutes lesarrestations, détentions et poursuitespénales dont les rapatriés pourraientfaire l’objet ; elles délivreront tous lespapiers nécessaires et veilleront à ceque le personnel de l’Organisationpuisse rendre visite, dans les plusbrefs délais et sans restriction aucune,aux rapatriés concernés.

Réfugiés du Sud Soudan dans le camp de Bongaà l’ouest de l’Ethiopie : distribution de nourriture.U

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LE PROGRAMME DES « 4 R »

Le programme des « 4 R » estdestiné à servir de cadre général àune collaboration institutionnelle lorsde la mise en œuvre des opérationsde réintégration dans la phaseconsécutive au conflit. Il est conçu desorte que les opérations sur le terrainpuissent appliquer, avec unesouplesse maximale, des approchesspécifiques aux pays.

Le rapatriement librement consenti,suivi d’une réintégration dans lepays d’origine, demeure la solutionpréférable pour remédier au sort demillions de réfugiés. L’un des ob-jectifs prioritaires de la communautéinternationale est d’assurer unetransition en douceur entre la phaseinitiale, où les secours sont prodiguésen urgence, et le développement àplus long terme. Le programme des« 4 R » vise à réaliser cet objectif àtravers quatre processus inter-dépendants : le rapatriement, laréintégration, la réhabilitation et lareconstruction. Il relie les quatreprocessus pour réduire la pauvreté etpermettre la mise en place dessolutions durables dont les réfugiésont désespérément besoin. Cetteapproche intégrée devrait égalementproduire un certain nombre de

résultats souhaités : citons notam-ment la bonne gouvernance dans lespays concernés, la défense desdroits des rapatriés, l’améliorationdes structures sociales et desservices sociaux, le renouveauéconomique, la création de moyensde subsistance et l’amélioration del’accès aux services.

Pourquoi l’approche des « 4 R »

est nécessaire

Après l’opération de réinsertioninitiale et l’aide d’urgence qui estprodiguée à cetteoccasion, le proces-sus de réintégrationet de reconstructionqui suit ne se déroulepas sans heurts.Dans la phaseimmédiatementconsécutive à unconflit, la situationpolitique est précaire et bien souvent,les rapatriés sont livrés à eux-mêmeset traversent de longues périodes dedénuement. Sans moyensd’existence ni perspectives d’avenir,ils vivent dans un climat d’oisiveté quiengendre le désespoir, la violence (enparticulier contre les femmes), lacriminalité et l’exploitation.

Par le passé, les besoins desrapatriés n’ont pas toujours, loins’en faut, été pris en compte dansles plans de transition et deredressement des gouvernementsconcernés, de la communauté desdonateurs et même du systèmedes Nations Unies. Les rapatriésfigurent rarement dans les plansde développement nationaux ettrop souvent, les projets dedéveloppement sont entreprissans qu’on songe à tirer parti dupotentiel, en termes de

compétences et deproductivité, desrapatriés. Il importede considérer cettepopulation, non pascomme une chargefinancière, maiscomme un capitalhumain : lesrapatriés peuvent

contribuer au processus deredressement en devenant desmembres productifs de la société.Ne pas tenir compte de leuraptitude à contribuer aux efforts dereconstruction du pays, c’est, peuou prou, gaspiller avec frivolité deprécieuses ressources.

Les Raskolniks de Chine du Nord arrivant à HongKong, sur le chemin vers une réinstallation auBrésil.

« Nous voulons… nonseulement procéderau rapatriement, maiségalement à la réinté-gration, en liaison avecla réhabilitation et lareconstruction. »

Ruud Lubbers

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Lorsque la réintégration n’est pasviable, l’on peut également assisterà un phénomène de reflux : las des’épuiser en efforts stériles dansleur propre pays, les rapatriéschoisissent le moindre de deuxmaux et repartent dans leurprécédent pays d’asile.

Le rôle de l’UNHCR

Dans le cadre du programme,l’UNHCR prendrait la tête desopérations de rapatriement, lesactivités de réintégration, deréhabilitation et de reconstructionétant définies conjointement parl’Équipe des Nations Unies dans lepays et la Banque mondiale. Lesprogrammes des « 4 R » seraientplanifiés et mis en œuvre demanière intégrée, avec la forteimplication de l’Équipe des NationsUnies dans le pays – notammentdu PAM, du PNUD, de l’UNHCRet de l’UNICEF – ainsi que desdonateurs bilatéraux etmultilatéraux. Le gouvernementtémoignerait de son fortengagement et assumerait laresponsabilité de l’ensemble duprocessus.

Dans un premier temps, l’UNHCRs’attacherait essentiellement àappuyer les activités aptes àencourager la réinsertion ouréintégration initiale des rapatriés. Ils’agirait notamment de suivre lesaccords sur la protection, d’assurerla réfection ou la reconstructiondes abris familiaux, d’appuyer lesprojets de microcrédit de petiteenvergure et d’autres activités pro-ductives et d’aider au rétablisse-ment des services indispensablesen matière de santé, d’eau etd’éducation dans les commu-nautés de rapatriés. Ce premier «R » fixerait également le cadre duretrait progressif de l’UNHCR et del’entrée en scène des organi-sations pour le développement.

En ce qui concerne les trois autres «R », l’UNHCR assumerait la directiondes opérations de réintégration avecle PNUD. Une fois les programmesde développement entrepris,l’UNHCR limiterait ses interventions

à la réinsertion et à la réintégrationinitiales des rapatriés, tout enmettant, bien entendu, sesimportantes ressources humaines etsa solide expérience du terrain à ladisposition d’autres organisationstelles que la Banque mondiale, leProgramme alimentaire mondial,l’UNICEF, etc. Durant la phase deréhabilitation (troisième « R »), lePNUD assurerait la coordination deséchanges avec les communautésd’accueil et les autorités locales, et

avec d’autres organisations dedéveloppement. La Banquemondiale et le PNUD, spécialistes dufinancement des opérations dedéveloppement, assureraient ladirection de phase de reconstruction(quatrième « R »).

À l’épreuve de la réalité

Ayant approuvé sans réservel’initiative des « 4 R », la Banquemondiale, le PNUD et l’UNHCR ontconvenu, à l’occasion de la réunion

de leurs agents centralisateurs àNew York le 12 septembre 2002, dela mettre à l’épreuve de la réalité, afind’en régler les détails pratiques etd’en déceler les inconvénients,d’élaborer des « Règlesd’engagement » et de définir desindicateurs pour mesurer les progrèsaccomplis. Les organisations ontdécidé de lancer l’initiative dans uncertain nombre de pays pilotes, àsavoir l’Érythrée, la Sierra Leone, leSri Lanka et l’Afghanistan. Jusqu’à

présent, les résultats obtenus onttémoigné de la pertinence del’approche des « 4 R ».

Cadre de mise en place de solutions durables pourles réfugiés et les personnes relevant de lacompétence du HCR, 2003.

Réfugiés libérians au camp Largo, Sierra Leone.

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Sur la voie de l’autosuffisance

L’autonomie est la clé de tout. Unréfugié qui rentre chez lui a beaucoupplus de chances de se réinsérer dansson pays d’origine s’il est en mesurede subvenir à ses besoins. Il faut doncréduire sa dépendance vis-à-vis del’aide extérieure et l’encourager à volerde ses propres ailes. Si l’on parvient àengager le réfugié sur la voie del’autosuffisance lorsqu’il est encore enexil, c’est encore mieux. Mais danstous les cas, il est clair qu’il ne suffit pasd’augmenter l’aide financière, car celane résout rien. Et il est tout aussi clairqu’il faut mettre en œuvre des pro-grammes soigneusement élaborés,tenant compte de toute une série defacteurs pratiques, psychologiques etéconomiques.

Loin des yeux... loin du cœur

En général, les pays qui prodiguentl’hospitalité à d’importantes popula-tions réfugiées sont pauvres : plus de60 % des personnes qui sont placéessous la protection de l’UNHCR viventdans des pays en développement etla moitié de ces pays figurent parmi les49 nations les plus pauvres du monde.Les autorités des pays hôtes ont biend’autres soucis que de favoriserl’autonomie des réfugiés qui résidentencore sur leur territoire. C’est là l’undes plus gros écueils. Sauf quand ils

sont parfaitement assimilés à lasociété, les réfugiés sont considéréscomme des citoyens de seconde zone :comme ils ne votent pas, ils ne sontpas pris en compte dans les plans dedéveloppement du gouvernement. Etcomme ils vivent souvent dans desrégions isolées, ils illustrent à merveillele dicton « loin des yeux, loin du cœur »– tant pour les autorités que pour lesorganisations d’assistance, quis’alignent sur la politique du gouverne-ment. Bref, les réfugiés sont purementet simplement relégués au second plan.

Le syndrome de la dépendance

Certains réfugiés vivent exil pendantdes années, voire des dizainesd’années. À mesure que le tempspasse, le problème s’aggrave : la pré-sence permanente de ces commu-nautés étrangères, indésirables, irrite lapopulation qui réside dans les environs; le ressentiment enfle, grandit et finitparfois par susciter des incidents etdes troubles dans le pays d’accueil. Il ya peut-être encore pire : ces annéesd’inactivité déprimante et de sujétiontotale à l’égard des organismesd’assistance – qui procurent de lanourriture et des abris – créent un «syndrome de dépendance » quis’enracine de plus en plus profon-dément au fil du temps.

Une richesse pour le pays hôte

En réalité, les réfugiés ne diffèrent enrien des autres membres de lasociété. Ils ont les mêmes talents etles mêmes aptitudes, les mêmesambitions, les mêmes capacités deréussite et d’indépendance. La seuledifférence, c’est que ce potentiel a étéétouffé par les événements trau-matisants qui ont provoqué leur fuiteet qui les ont forcés à vivre en reclus,dans l’enceinte d’un camp situé enterre étrangère.

Compte tenu de ces capacités, il nefait pas de doute que les réfugiéspeuvent contribuer à la société qui lesaccueille, pour peu qu’on les y aide. Ilsont du courage, de la détermination àrevendre et la volonté, non seulementde survivre, mais de réussir. Lesfemmes, notamment, font preuved’une remarquable faculté d’adap-tation et d’une ingéniosité à touteépreuve.

Si on les encourage dans cette voie –par exemple en les autorisant à circulerlibrement dans le pays, en leurgarantissant l’accès à l’enseignement,à la formation professionnelle et aumarché du travail, les réfugiés peuventacquérir une certaine autonomie, quiréduira leur dépendance à l’égard del’aide humanitaire.

L’ASSISTANCE AU DÉVELOPPEMENT POUR LES RÉFUGIÉS

Tchéchènes déplacés à l’intérieur du pays, dans le campde tentes A, district de Sunzhenski.

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Ils pourront même contribuer audéveloppement économique du paysqui les accueille. Autrement dit, lespays hôtes devraient considérer laprésence d’une telle pépinière detalents et d’un tel potentiel deproductivité comme un atout etcomme un outil de développement.

Forts de leurs espoirs et de leurs

compétences

Une fois rentrés dans leur paysd’origine, les rapatriés ne peuvent pluscompter sur l’aide dont ils bénéficiaientauparavant. Bien souvent, leur pays seremet difficilement d’un conflit : lesproblèmes des rapatriés passentaprès les problèmes – gigantesques –que pose la reconstruction d’un paysentier et de l’ensemble de sesinfrastructures socio-économiques.Évidemment, toute compétenceacquise pendant la période d’exil nepeut qu’accélérer leur réinsertion. Et siles réfugiés sont réinstallés dans unautre pays, ils s’y intègreront plusfacilement et seront mieux acceptéss’ils sont en mesure de subvenirrapidement à leurs besoins.

L’Assistance au développement

pour les réfugiés

Afin de donner aux réfugiés lescompétences et les moyensnécessaires pour se prendrerapidement en charge, l’UNHCR aproposé une initiative appeléeAssistance au développement pourles réfugiés (DAR) en 2003. Il s’agit

d’un partenariat très vaste, réunissantdes gouvernements, des organismesde développement, des organisationsd’aide et d’autres intervenants. Laparticipation des autorités des paysd’accueil est également indispensableà sa réussite. Voici quels sont lesprincipaux objectifs du programme :

Répartir plus équitablement lescharges pesant sur les pays quiaccueillent d’importantespopulations réfugiées. Ces paysjugent que l’aide qui leur estaccordée pour faire face à cessituations est insuffisante etréclament une assistance à la foisplus importante et plus efficace. Préparer plus efficacement lesréfugiés à faire face aux difficultésde la réinsertion dans leur paysd’origine, de l’intégration dans lepays qui les accueille, ou de laréinstallation dans un pays tiers.Apaiser les rancœurs en améliorantles conditions de vie despopulations d’accueil, qui viventpour la plupart dans des régionsisolées et pauvres, et quireprochent souvent aux réfugiésd’être mieux lotis qu’elles.

Le développement par l’intégration

sur place

En même temps, l’UNHCR a proposéun programme en rapport avecl’initiative précédemment décrite(DAR). Baptisé Développement parl’intégration sur place, ce programme

est destiné à solliciter une aide audéveloppement supplémentaire, quipermettra de remédier durablementau sort des réfugiés en favorisant leurinsertion dans le pays d’accueil.L’attitude du gouvernement du payshôte et des autorités locales estdéterminante pour la réussite de cettestratégie. Le DLI s’appuie donc surl’Assistance au développement pourles réfugiés. Pour le pays qui accueilledes réfugiés, ce n’est pas uneobligation, mais un choix. L’attitude lacommunauté des donateurs, savolonté d’offrir une aidesupplémentaire, est tout aussidéterminante pour le succès duprogramme.

Comme l’Assistance au développe-ment pour les réfugiés, le DLI prévoitde vastes partenariats entre lesgouvernements, les organisationshumanitaires et les organismes dedéveloppement, bilatéraux et multi-latéraux. La composition de ces par-tenariats variera d’un pays à l’autremais ils reposeront toujours surl’engagement des gouvernements etdes administrations centrales et lo-cales, sur leur volonté de favoriserl’intégration des réfugiés dans leurpays.

Le DLI serait appliqué aux situationsd’exil prolongé, si l’État décidait d’offrirdes possibilités d’intégrationprogressive aux réfugiés. Le fait desolliciter des fonds de développementsupplémentaires permettrait derenforcer l’autonomie des réfugiés,tout en améliorant leur qualité de vie etcelle des communautés d’accueil.

Il est encore trop tôt pour juger desrésultats de la DAR et du DLI.Néanmoins, ces deux initiatives ontété accueillies avec enthousiasme partous les intervenants et les premierssignes sont très encourageants.

Distribution de nourriture : cérémonie tribale.

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Cadre de mise en place de solutions durablespour les réfugiés et les personnes relevant de lacompétence du HCR, 2003

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Historique

Les guerres civiles qui embrasent leSalvador, le Guatemala et le Nicaraguadans les années 1970 et 1980provoquent le déplacement de plus dedeux millions de personnes. Parmicelles qui franchissent les frontièresinternationales, moins de 150 000sont officiellement reconnues en tantque réfugiés par les pays d’accueil, oùelles ne trouvent qu’une sécuritérelative. De plus en plus inquiets dunombre des réfugiés, difficiles àintégrer dans la population etconsidérés comme une menace pourla sécurité, les pays d’accueil attendentavec impatience leur rapatriement.

En 1989, avec la fin de la guerre froide,les puissances étrangères impliquéesdans ces conflits, et en particulier lesÉtats-Unis, acceptent de soutenir lesefforts de paix au niveau régional. Parailleurs, diverses initiatives prises parles réfugiés eux-mêmes contribuent àl’instauration de la paix dans la région.D’abord au Salvador à la fin desannées 1980, puis au Guatemala audébut des années 1990, les réfugiéscommencent à organiser desrapatriements à grande échelle sansattendre la signature officielle desaccords de paix.

Salvador

Avant la conclusion des négociationsde paix parrainées par l’ONU, lesSalvadoriens réfugiés au Hondurasannoncent le début des rapatriementsen groupes organisés. Au mépris deshostilités en cours, ils s’installent dans

les lieux de leur choix, faisant valoir desdroits de propriété discutables. Leursécurité ne pouvant être assurée,l’UNHCR n’est guère disposé àpromouvoir ou à faciliter leurrapatriement. Pourtant, au milieu desannées 1990, les quelque 32 000réfugiés salvadoriens officiellementrecensés dans les pays voisins sonttous rentrés au pays.

Guatemala

Suivant l’exemple salvadorien, uncertain nombre de Guatémaltèquesréfugiés au Mexique regagnent leurpays par groupes organisés. Cettefois, les conditions de leur retour sont

négociées avec le gouvernementguatémaltèque et l’UNHCR, mêmesi le succès de l’opération estquelque peu entravé par la pénuriede terres fertiles disponibles.L’assistance que l’UNHCR fournitaux réfugiés est extrêmementimportante par rapport aux autresprogrammes de rapatriement. Desefforts considérables sont déployéspour impliquer les femmes et lesinciter à participer à la vie de lacommunauté. Par ailleurs, leprogramme visant à aider lesrapatriés à se procurer des papiersd’identité et autres documents d’étatcivil bénéficie de l’expérience acquiseau Salvador.

Entre 1984 et juin 1999, date de la findu programme de rapatriementsoutenu par l’UNHCR, environ 42 000réfugiés rentrent du Mexique. Les22 000 autres, dont à peu près lamoitié sont nés sur place, acceptentl’offre du gouvernement mexicain des’installer définitivement au Mexique.

Nicaragua

Ce n’est qu’après la défaiteélectorale du gouvernementsandiniste en 1990, et lerétablissement de la paix, que desrapatriements massifs ont enfin lieu.

Réfugiés salvadoriens rentrant chez eux, sur la routede Vucetas dans la Province de Chatatenango.

AMÉRIQUE CENTRALE

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La plupart des 72 000 réfugiés, des350 000 personnes déplacées àl’intérieur du pays et des 30 000anciens combattants regagnent leursfoyers. Cette opéra-tion se distinguenettement des rapa-triements au Salvadoret au Guatemala, quiont débuté avant laconclusion officielledes accords de paix.Ces derniers ontconduit l’UNHCR àdéfinir plus clairementsa politique concer-nant les conditions depromotion et d’aide aux rapatriementslibrement consentis.

Reconstruction : le processus de

la CIREFCA

La Conférence internationale sur les ré-fugiés d'Amérique centrale (CIREFCA),qui se tient en mai 1989 à CiudadGuatemala, marque une étape capi-tale dans la recherche de solutionsdurables au problème des réfugiés,des rapatriés et des personnes dépla-cées dans la région. Les 56 États par-ticipants adoptent un Plan d’actionconcerté sur trois ans, qui canaliseraplus de 300 millions de dollars consa-crés à des projets d’amélioration de lasécurité, de l’autosuffisance et desinfrastructures locales et productives.

Lors de ces pourparlers placés sousl’égide de l’ONU, les dirigeantspolitiques et les groupes d’oppositioninsistent pour que les efforts de paixet de développement soient menésconjointement et puissent aboutir àun plan de reconstruction global àl’échelle régionale. Les donateurs

décident de canaliser les fonds par lebiais de l’UNHCR et du PNUD, afin demettre en œuvre une série de projetsvisant l’ensemble des populations

victimes du conflit. Ilest convenu que cesfonds ne serviront pasà apporter une aideindividuelle auxfamilles de rapatriés,mais à soutenir descommunautés et deszones entières,éprouvées par laguerre.

Cette initiative,connue sous le nom de « processusde la CIREFCA », coordonnera jusqu’àla fin de l’année 1994 l’action nationale,régionale et internationale visant àapporter des solutions durables auxproblèmes de déplacements dans larégion. Généreusement soutenus parles donateurs, les dirigeants politiqueslocaux s’engagent à apporter dessolutions en faveur des réfugiés, desrapatriés et des personnes déplacéesà la question du dialogue et de laréconciliation nationale. Le processusde la CIREFCA constitue l’une desplus importantes innovations apparuesen Amérique centrale. Il permet depromouvoir des projets au niveaucommunautaire, de susciter unconsensus parmi les dirigeantsnationaux et de faciliter la commu-nication entre les gouvernements etles ONG, ainsi qu’entre lesnombreuses ONG de la région. Ilpermet également à l’UNHCR derépondre de manière plus exhaustiveque jamais aux besoins des rapatriéset des personnes déplacées. Enfin,c’est la première fois que l’UNHCR et

le PNUD collaborent étroitement etsur une longue période à la conceptionet à la mise en œuvre de programmesconjoints.

Projets à impact rapide

Parmi les initiatives de la CIREFCA, laplus novatrice et la plus importantepour les opérations de rapatriementultérieures est la création de projets àimpact rapide. C’est au Nicaragua queles premiers projets sont mis enœuvre à grande échelle. Il s’agitgénéralement de microprojets, axéssur la réhabilitation de dispensaires,d’écoles et de systèmes de distribu-tion d’eau ou sur la création d’activitésgénératrices de revenus. Ces projetsnécessitent des fonds modestes etune forte implication des commu-nautés locales. Ils répondent à desbesoins urgents, cernés par desmembres de la communauté, dansdes localités comportant un grandnombre de rapatriés récents. En en-courageant les habitants à mettre encommun leurs idées, leurs compé-tences et leurs ressources, ils aident àréduire les tensions entre anciensadversaires. En fin de compte, ces pro-jets s’avèrent non seulement inno-vants, mais également indispensablesà la réintégration et à la réconciliation.

Enseignements

En Amérique centrale, il est devenu deplus en plus évident pour l’UNHCR etles autres organisations humanitairesqu’à l’issue d’un conflit, la paix et ledéveloppement ne peuvent êtreobtenus sur la seule base de projetsmodestes, à court terme, visant despopulations vulnérables. De tels projetsne sauraient résoudre les problèmesstructurels qui sont souvent à l’originedes conflits. Les efforts en faveur d’uneréintégration durable se poursuiventaujourd’hui encore en Amériquecentrale, et l’impact du processus de laCIREFCA demeure visible dans ledynamisme et dans l’efficacité desgroupes communautaires et des ONGlocales de toute la région. Le succèsdes projets à impact rapide conduira àla mise en œuvre de projets similairesau Cambodge, au Mozambique etdans d’autres zones de retour.

« Les réfugiés ne sontpas seulement lesbénéficiaires de l’aidehumanitaire. Ce sontdes agents potentielsdu développement,aussi bien dans leurpays d’asile qu’aprèsleur retour dans leurpatrie. »

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Anciens refugiés guatémaltèques au Mexique,recevant les titres de propriété de terres au coursd’une cérémonie à Maya Balam, Quintana Roo.

Source : Les Réfugiés dans le monde Appel global de l’UNHCR pour l’année 2002

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Historique

L’indépendance de la Namibie en1990 est directement liée à la fin del’apartheid en Afrique du Sud, ainsiqu’à celle de la guerre froide.Autrefois appelé Sud-Ouest africain,ce territoire est contrôlé par l’Afriquedu Sud depuis la fin de la PremièreGuerre mondiale. En 1966, laSWAPO (South West AfricanPeople’s Organization) entame unelutte armée pour l’indépendance. En1978, afin d’apporter une solution à laguerre civile qui fait rage dans le paysvoisin, l’Angola, les Nations Uniesadoptent une résolution appelant àl’indépendance du territoire suite àdes élections organisées sous l’égidede l’ONU. Pourtant, il faudra attendreencore dix ans pour que l’Afrique duSud, l’Angola et Cuba parviennent àun accord concernant la mise enœuvre de cette résolution et le retraitdes troupes cubaines de l’Angola.

D’emblée, les Nations Uniesconsidèrent le retour et la réin-tégration dans le calme des réfugiésnamibiens comme une conditionpréalable à l’organisation d’électionset à la transformation de la Namibieen un pays indépendant et démo-cratique. En moins d’un an, plus de43 000 Namibiens sont rapatriés deZambie, d’Angola et d’autres pays.

Rôle de l’UNHCR

L’UNHCR entreprend d’abord delongues et difficiles négociations avecl’Afrique du Sud, afin d’obtenirl’amnistie de tous les rapatriés. Ceux-ci sont ensuite transportés par avionet par voie terrestre via trois « pointsd’accès », puis conduits dans cinqcentres d’accueil nouvellementaménagés. Là, ils sont recensés etreçoivent des vivres, des vêtements,des soins médicaux et quelquesustensiles ménagers de base, avantd’être conduits à leurs localitésd’origine.

En prenant la décision controverséed’opter pour le transport aérien, pluscoûteux, afin de rattraper le tempsperdu, l’UNHCR atteint son objectif :rapatrier la plupart des réfugiés à

temps pour les élections et laformation du premier gouvernementindépendant du pays. Certains, ayantaccompli des études supérieures àl’étranger, apportent à la Namibiediverses compétences profession-nelles qui contribuent à édifier unenation stable et modestementprospère.

Enseignements

Dans le cas présent, l’UNHCR alimité son assistance aux besoinsalimentaires et matériels immédiats.L’Organisation a retiré la plupart deses collaborateurs après avoirramené les rapatriés à bon port etréglé la question de l’amnistie. Un anaprès, une mission conduite parl’ONU constatera toutefois que les

rapatriés rencontrent de gravesproblèmes d’insertion économique,puisqu’il leur est difficile de trouver unemploi et de subvenir à leurs besoins.La mission recommande qu’une aideleur soit apportée, mais lescontributions des donateurs étanttrop modestes, seul un petit nombrede projets sont mis en place. En dépitdu succès de l’opération, le retrait apeut-être été un peu prématuré. Lorsdes opérations de rapatriementultérieures, l’UNHCR s’impliquerabeaucoup plus dans l’aide à laréintégration des rapatriés.

Source : Les Réfugiés dans le monde

LE RAPATRIEMENT EN NAMIBIE

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Les accords de paix de 1991 auCambodge témoignent de la pro-fonde transformation de la situationgéopolitique depuis la fin de la guerrefroide. Les forces vietnamiennes seretirent du pays à mesure que l’aidesoviétique au Vietnam se tarit. Lesdirigeants régionaux cherchent uneissue au conflit et les quatre factionsarmées impliquées acceptent decoopérer. Les accords de paix conclusen octobre 1991 à Paris confient àl’Autorité provisoire des Nations Uniesau Cambodge (APRONUC) le soin desuperviser la transition du pays vers ladémocratie. L’APRONUC se trouveface à des défis gigantesques. Àl’issue de 22 années de conflit, lesinfrastructures du pays sont réduites ànéant. La plupart des personnesdotées des compétences néces-saires à la reconstruction du pays sesont enfuies, ou ont été tuées.

Le rapatriement, partie intégrante

du plan de paix

On considère que le retour desréfugiés est indispensable à l’appli-cation effective des accords de paix etau bon déroulement des électionsnationales à venir. Bien avant ledéploiement de l’APRONUC,l’UNHCR s’était rendu au Cambodge

pour aider à la réinstallation desrapatriés spontanés et avait ouvert,dès 1980, un bureau dans la capitale,Phnom Penh. En 1989, comme lasituation politique donne des signesd’amélioration, l’UNHCR acommence à planifier l’opération derapatriement. S’inspirant du précédentcréé en Namibie, les accords de paixstipulent que les Cambodgiensréfugiés dans les camps situés à lafrontière thaïlandaise doivent regagnerleur pays à temps pour participer auxélections nationales de mai 1993.

Or le rapatriement est beaucoup plusrapide que prévu. Des itinéraires derapatriement, des centres d’accueil etdes zones de réinstallation sontaménagés, même si au début, lestravaux doivent être exécutés dansl’urgence et avec les moyens du bord.Du fait de sa présence dans le paysavant la signature des accords de paix,l’UNHCR joue un rôle important durantcette période initiale.

La boue et les mines

Plus de 360 000 réfugiés, provenantdans leur très grande majorité deThaïlande, regagnent le Cambodgeentre mars 1992 et avril 1993.L’opération est coûteuse et d’une

grande complexité logistique, du faitde l’état de délabrement des infra-structures, de l’absence d’informationsfiables sur les conditions de vie àl’intérieur des terres, de la méfiance quicontinue de régner entre lesdifférentes factions politiques et desfréquentes violations du cessez-le-feu.Qui plus est, la mousson transformebon nombre des routes utilisées pourles opérations de rapatriement entorrents de boue.

Autre problème, le pays est littéra-lement infesté par une quantité im-pressionnante de mines et d’enginsnon explosés. Les opérations dedéminage et les campagnes desensibilisation aux dangers liés auxmines sont lentes à démarrer, desorte que cette menace plane enpermanence sur la population.Comme le dit un collaborateur del’UNHCR : « Si déminage il y a, c’estquand quelqu’un a le malheur demarcher sur une mine ». Et lorsqueles opérations de déminagecommencent enfin, il apparaît quecertains continuent à poser desmines, plus rapidement qu’on ne lesretire.

LE RAPATRIEMENT AU CAMBODGE

Un centre de transit dans le Nord pour lesrapatriés cambodgiens.

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Lors des élections de mai 1993, 15 000mines et engins ont été retirés, surun total estimé à plus de huit millionsdans l’ensemble du pays.

Enfin, certains camps frontaliers sonttoujours aux mains des Khmers rou-ges et, dans les zones qu’ils contrô-lent, l’UNHCR a les plus grandesdifficultés à gérer la situation desrapatriés. L’Organisation cherche àobtenir des pouvoirs publics cambod-giens des garanties, pour qu’ils renon-cent à toute action de représaillescontre les rapatriés provenant decamps connus pour avoir servi debases à des attaques contre lesforces gouvernementales ; de fait,seuls quelques cas de harcèlement àl’encontre de rapatriés seront signalés.

Les projets à impact rapide

En juin 1992, l’UNHCR commence àmettre en œuvre de nombreux pro-jets à impact rapide. À la fin de l’année1994, l’Organisation a investi 9,5millions de dollars dans 80 projetsenviron, axés sur la réfection desroutes, des ponts, des hôpitaux, desdispensaires et des écoles. Ces pro--jets fondés sur les communautéss’avèrent toutefois plus délicats àmettre en œuvre qu’en Amériquecentrale, car les ONG cambodgien-nes sont beaucoup moins dévelop-

pées et les structures administrativeset sociales, embryonnaires.

L’accès aux terres

L’UNHCR avait indiqué dans unpremier temps aux réfugiéscambodgiens des camps thaïlandaisqu’ils pourraient s’installer dans leszones rurales de leur choix et qu’ilsrecevraient deux hectares de terrearable. Il s’avère néanmoins que lespremières estimations concernant lesterres disponibles ne sont pas fiables,notamment en raison du grandnombre de mines qui y sont enfouies.Constatant que les terres cultivableset disponibles sont en nombreinsuffisant et qu’il ne peut mettre sonplan à exécution, l’UNHCR proposede nouvelles solutions aux rapatriés :l’octroi d’une terre arable mais pasnécessairement dans la région de leurchoix, ou d’une subvention en es-pèces, assortie d’autres formes d’aidematérielle. Au bout du compte,environ 85 pour cent des famillescambodgiennes choisissent l’alloca-tion financière, complétée par uneaide alimentaire et une série d’articlesménagers et d’outils agricoles. Au lieud’affluer en masse dans les villes,comme on le craignait, la plupart deces rapatriés rejoignent des parentsinstallés dans des zones rurales.

Le désarmement raté

À la veille des élections de 1993, laquasi-totalité des réfugiés ont regagnéleur patrie mais l’ONU n’a pas atteintl’un de ses objectifs principaux, àsavoir le désarmement et la démo-bilisation des factions militaires. LesKhmers rouges, à la tête du régimesanguinaire des années 1970, seretirent des accords de démobilisationet se retranchent dans leurs placesfortes. Tout au long de la période oùl’APRONUC est présente auCambodge, les troupes gouverne-mentales et les Khmers rougess’affrontent lors de combats spora-diques qui déplacent des milliers depersonnes, dont un grand nombre derapatriés de fraîche date. Les électionsde mai 1993 se déroulent néanmoinsdans un calme exceptionnel, de sorteque l’UNHCR commence à réduireses activités dans le pays peu après.

Plus récemment, l’UNHCR a étécontraint, pour des raisons de sé-curité, de se retirer d’un accord concluavec le Cambodge et le Vietnam ausujet des « montagnards » réfugiés.En 2003, les autorités cambodgien-nes ont néanmoins fini par autoriserla réinstallation d’environ 900« montagnards » aux États-Unis.

Sources : Les Réfugiés dans le mondeRapport global de l’UNHCR – édition 2002

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Historique

En 1975, après plusieurs années derébellion armée contre la dominationportugaise, le Mozambique obtientenfin son indépendance. Mais lescombats reprennent bientôt, cette foisentre la faction au pouvoir, le Frelimo,et les forces d’opposition de laRenamo. La terrible sécheresse quisévit à partir de 1992 met les partiesadverses dans l’impossibilité definancer leurs armées, et c’estfinalement la pauvreté qui les conduit àla table des négociations. Un accordde paix est signé en octobre 1992,mettant un terme à plus de trente ansde conflit armé et déclenchant unvaste mouvement de rapatriementdes réfugiés. Les infrastructures dupays ont en grande partie été détruiteset plus d’un tiers de la population a étédéplacé au moins une fois. Plus d’unmillion sept cent mille Mozambicainsont trouvé refuge dans un pays voisinet environ 4 millions ont été déplacés àl’intérieur du pays.

Rapatriement en provenance de

six pays

Une opération de rapatriement estorchestrée à partir des six pays où un

million sept cent mille Mozambicainsont trouvé asile. Le Malawi enaccueille à lui seul environ un milliontrois cent mille depuis le début desannées 1980, tandis que les 400 000restants se répartissent entre l’Afriquedu Sud, le Swaziland, la RépubliqueUnie de Tanzanie, la Zambie et leZimbabwe. Comme en Amériquecentrale, les réfugiés commencent àrentrer spontanément avant lasignature de l’accord de paix, enparticulier du Malawi, d’où la plupartont facilement accès au Mozambiqueà partir des camps. La grande majoritédes réfugiés rentrent au pays bienavant les élections, qui se tiennent enoctobre 1994.

Rapatriement, réconciliation et

reconstruction

Les programmes de réintégration misen œuvre par l’UNHCR et d’autresorganisations internationales sont plusambitieux que ceux menés enAmérique centrale et au Cambodge.L’UNHCR y consacre environ 100millions de dollars. Contrairement à cequi s’est passé au Cambodge, lasignature des accords de paix marquel’arrêt presque total des combats et la

plupart des belligérants acceptent decoopérer. La démobilisation se déroulesans trop de heurts et les incidentssont rares, même dans les régions oùdes partisans des deux camps se sontinstallés. L’accord de paix prévoit uneamnistie générale et renonce à punirles crimes de guerre commis àl’encontre des populations civiles. Lescommunautés ont recours à desmoyens traditionnels pour rendrejustice et obtenir la réconciliation.

Coopération interorganisations

L’UNHCR, le PNUD et la Banquemondiale travaillent en étroitecollaboration pour concevoir et mettreen œuvre des programmescomplémentaires. L’UNHCR participeégalement aux opérations dedéminage des Nations Unies, mais lalenteur des travaux le contraint àinsister davantage sur les campagnesd’information concernant les mines.Avec d’autres organisationsinternationales, l’UNHCR participe à laréparation et à la réhabilitation desécoles, des dispensaires, des puits,des routes et autres infrastructures dupays. Plus de 1 500 projets à impactrapide sont lancés.

LE RAPATRIEMENT AU MOZAMBIQUE

Deux sœurs rapatriées récemment auMozambique, construisent une nouvelle maison etune nouvelle vie à Villa Nova, Tete Provence.

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Comme en Amérique centrale, cesprojets aident à stabiliser et à renforcerles communautés déchirées par laguerre.

Recherche de solutions durables

par le rétablissement de la paix

Au cours des années 1990, il apparaîtde plus en plus clairement que laprévention d’une reprise des combatset d’un nouvel exode de réfugiésdépend largement des effortsdéployés pour instaurer une paixdurable. C’est pourquoi, au cours desquelques années qui séparentl’intervention en Namibie (1989) decelle au Mozambique (1993–94), lerôle de l’UNHCR dans les opérationsde rapatriement évolue profon-dément. Jusque-là, son principalobjectif était de garantir le retour desréfugiés dans de bonnes conditions desécurité. Mais les opérations derapatriement menées en Amérique

centrale, au Cambodge et auMozambique s’inscrivent dans uneperspective plus large : l’UNHCR semet à jouer un rôle majeur dans les

efforts de paix et de réconciliationdéployés par l’ONU. Les activitéshumanitaires sont intégrées dans uncadre stratégique et politique plusample destiné à assurer laréconciliation, la réintégration et lareconstruction.

Il est clair que ces efforts doivent êtremaintenus dans la durée pour aiderefficacement les populations àsurmonter les animosités, lestraumatismes et le désespoirengendrés par des années de guerreet d’exil. Mais la réalisation de cesobjectifs nécessite des fondsconsidérables. Or, ces dernièresannées, il s’est avéré difficile d’obtenirle soutien des donateurs, en particulieren faveur de pays présentant unemoindre importance stratégique oudont les problèmes ont été éclipséspar d’autres crises plus récentes.

Source : Les Réfugiés dans le monde

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Une histoire dominée par la

violence nationaliste et les

haines ethniques

En juin 1991, la Croatie et la Slovénieproclament leur indépendance vis-à-vis de la Yougoslavie et donnent lecoup d’envoi à la plus grande crise deréfugiés que l’Europe ait connuedepuis la deuxième guerre mondiale.Les premiers combats éclatent enSlovénie mais demeurent limités etne durent que quelques jours. Lapremière grande flambée de violencese produit en Croatie, où réside uneminorité serbe forte de plus de cinqcent mille personnes. À la suite de ladéclaration d’indépendance de laCroatie, l’armée yougoslave et lesmilices paramilitaires serbes s’empa-rent rapidement d’un tiers du territoire.Des milliers de Croates sont alorsexpulsés des zones sous contrôleserbe. Puis les forces croates obligentdes milliers de Serbes à abandonnerleur domicile. En 1992, la guerregagne la république voisine de Bosnie-Herzégovine, où elle aura des consé-quences encore plus dramatiques.

Lorsque la Bosnie-Herzégovineproclame son indépendance en mars1992, le gouvernement serbe, dirigépar Slobodan Milosevic, jure de sebattre pour défendre la minoritéserbe qui y réside. À la fin du moisd’avril 1992, 95 % des habitantsmusulmans et croates des grandesagglomérations de la Bosnie orientaleont été chassés de leur domicile etSarajevo est soumise à desbombardements quotidiens. À la mi-juin, les troupes serbes contrôlent lesdeux tiers du territoire bosniaque etun million de personnes ont pris lafuite, abandonnant leurs foyers. Lesforces croates de Bosnie, soutenuespar la Croatie, tentent de créer uneenclave « ethniquement purifiée » surun pan de territoire adjacent à laCroatie. À la fin de la guerre, en dé-cembre 1995, plus de la moitié de lapopulation bosniaque (qui s’élève à4,4 millions de personnes) est dépla-cée. 700 000 personnes se sontréfugiées en Europe occidentale.

Le cache-misère humanitaire

En octobre 1991, au plus fort des

déplacements de population enCroatie, les autorités yougoslavessollicitent l’assistance de l’UNHCR.L’Organisation mène des opéra-tions de secours dans toutes lesrépubliques de l’ex-Yougoslaviemais c’est en Bosnie-Herzégovinequ’elle se heurte aux plus gravesdifficultés. En mai 1992, l’UNHCRcommence à livrer des milliers detonnes d’articles de secours,transportées par avion à Sarajevo etacheminées par route à traverstoute la Bosnie-Herzégovine.Incapable de s’entendre sur lesmoyens de mettre un terme auconflit, la communauté interna-tionale consacre le gros de sesefforts à l’opération de secourshumanitaire dirigée par l’UNHCR. Àdéfaut de parvenir à un consensussur le reste, les gouvernementsfinancent massivement lessecours. Seule réaction tangible dela communauté internationale faceà cette guerre, l’opérationhumanitaire ressemble de plus enplus à un cache-misère.

Face à l’épuration ethnique

Si l’UNHCR et d’autres organismeshumanitaires parviennent à livrer desarticles de secours en grandes quan-tités durant la guerre, ils ont beau-coup de mal à protéger les popu-lations civiles des mesures d’ « épu-ration ethnique ». Dans l’ensemble,l’UNHCR est impuissant face auxexécutions, brutalités, viols, incar-cérations et expulsions dont les civils

sont victimes. Tout au plus sescollaborateurs peuvent-ils rendrecompte des atrocités dont ils ont étéles témoins. Dans un premier temps,l’UNHCR s’oppose à l’évacuation descivils mais il apparaît rapidement quela seule alternative possible pour bonnombre d’entre eux est d’échouerdans des camps de détention où ilsseront bien souvent battus, violés,torturés ou tués. L’Organisationcommence alors à évacuer les civilsdont la vie est en danger. Aussitôt,les critiques pleuvent : ces évacua-tions, dit-on, facilitent l’ « épuration ethni-que ». L’UNHCR exhorte alors lesÉtats de la région et d’Europe occiden-tale à accorder une « protectiontemporaire » aux gens qui fuient, enmasse, l’escalade de la guerre en ex-Yougoslavie.

La création de « zones de sécurité »

Au début de l’année 1993, la situationen Bosnie occidentale est critique : àl’exception de trois poches situéesaux alentours de Srebrenica, de Zepaet de Goradze, le territoire a été vidéde sa population non-serbe. Dans cesenclaves surpeuplées s’entassentdes musulmans venus de la cam-pagne alentour. Ils sont défendus parl’armée gouvernementale bosniaque,insuffisamment équipée, et encercléspar les forces serbes de Bosnie. Le 2avril 1993, le Haut CommissaireOgata écrit au Secrétaire général del’ONU en insistant sur la nécessitéde prendre des mesures plus « draco-niennes » pour assurer la survie de

LES BALKANS

Réfugiés bosniaques dans l’ouest de la zone desécurité des Nations Unies, en Croatie.

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la population de Srebrenica.Madame Ogata demande instam-ment à ce que les soldats de laFORPRONU soient autorisés à faireusage de la force pour protéger lapopulation de Srebrenica, ou à cequ’on permette à l’UNHCR d’organi-ser une évacuation massive. Lorsd’une évacuation organisée parl’UNHCR à Srebrenica, des obusserbes tuent 56 personnes : le Conseilde sécurité adopte alors la résolution819, où il déclare que l’enclave est une« zone de sécurité » protégée parl’ONU et appelle notamment laFORPRONU à y renforcer sa pré-sence. Un peu plus tard, la résolution824 déclare Sarajevo, Tuzla, Zepa,Goradze et Bihac « zones de sécurité ».

Les zones de sécurité : trop peu,

trop tard

Les zones de sécurité sont instituéessans l’accord des belligérants et sansconstitution d’une force de dissuasioncrédible. Comme les gouvernementsne sont pas disposés à fournir lenombre d’hommes requis, le Conseilde sécurité opte pour une « solutionlégère » limitant le déploiement à7500 soldats de la paix. Les soldats dela FORPRONU ne peuvent recourir àla force que pour se protéger :interdiction leur est faite de défendrepar les armes les populations surlesquelles ils sont censés veiller. Enfait, les zones de sécurité ne sont « nides zones protégées, ni des sanc-tuaires au sens du droit humanitaireinternational, ni des zones de sécuritéau sens militaire du terme ». Le 11juillet 1995, l’armée serbe de Bosnieenvahit Srebrenica, prenant descentaines de soldats de la paixnéerlandais en otage et contraignantquelque 40 000 personnes à s’enfuir.Quelque 7 000 hommes et jeunesgens, musulmans dans leur trèsgrande majorité, sont exterminés parles forces serbes de Bosnie, lors duplus épouvantable massacre jamaisperpétré en Europe depuis laDeuxième Guerre mondiale. Quelquesjours après la chute de Srebrenica, lesforces serbes envahissent Zepa, autrezone dite « de sécurité ».

Opération Tempête

Début 1995, la Bosnie occidentale, enparticulier la région de Banja Luka, est

victime d’une nouvellevague d’« épurationethnique » déclen-chée par les Serbesde Bosnie. Mais lesévénements qui sur-viennent au milieu del’année vont radicale-ment modifier le coursde la guerre. Débutaoût, l’armée croatelance l’opération« Tempête », offensive militairemassive au cours de laquelle plus de100 000 hommes déferlent surtoutes les zones contrôlées par lesSerbes. Le 28 août 1995, les forcesserbes de Bosnie bombardent lemarché de Sarajevo à une heure degrande affluence, faisant 37 morts etdes dizaines de blessés. L’OTANriposte par une campagne de frappesaériennes, pilonnant pendant deuxsemaines les cibles serbo-bosnia-ques. Les forces gouvernementalescroates et bosniaques lancent uneoffensive commune en Bosnie-Herzégovine. Sachant qu’ils perdentchaque jour du terrain, lesreprésentants des Serbes de Bosnieacceptent un cessez-le-feu etparticipent aux négociations de paixorganisées à Dayton, dans l’Ohio.

L’accord de paix de Dayton

L’accord de paix issu de cespourparlers est signé le 14 décembre1995 à Paris. Si l’unité de l’État deBosnie-Herzégovine est préservée,deux entités sont néanmoinsreconnues : la Republika Srpska et laFédération croato-musulmane.L’accord précise que « tous lesréfugiés et les déplacés ont le droit deregagner librement leurs localitésd’origine » mais ne prévoit aucunedisposition pour imposer ces retours.Il laisse aux anciens belligérants le soinde créer un environnement propice àun retour des réfugiés « en toutesécurité, sans risque de harcèlement,d’intimidation, de persécution, ou dediscrimination ».

Sur le plan civil, toutefois l’accordlaisse les chefs nationalistes des deuxcamps au pouvoir, ce qui décourageles espoirs de réconciliation entre lesdifférents groupes ethniques etinterdit aux déplacés et aux réfugiés

de regagner lesrégions d’où ils ontété chassés, pourraisons d’« épurationethnique », pendantla guerre. La situationqui règne en Bosnie-Herzégovine, oùl’ordre public n’estpas assuré et où lesminorités ethniquesne sont pas véri-

tablement en sécurité, empêche deremédier aux effets de l’entreprised’« épuration ethnique » déclenchéedurant la guerre. Les chefs politiquesdes deux camps font systéma-tiquement obstruction aux retours, enréinstallant des membres de leurpropre groupe ethnique dans leslogements vacants et en créant unclimat de peur et d’intimidation àl’endroit des membres de minorités.Ceux-ci s’établissent donc dansd’autres zones, où leur propre groupeethnique est majoritaire.

À la fin de l’année 1999, la Bosnie-Herzégovine compte quelque 800000 déplacés, qui ne peuvent toujourspas regagner leur localité d’origine.L’UNHCR a organisé un certainnombre de liaisons par autobus entreles deux entités de Bosnie-Herzégovine et facilite les visites engroupe des réfugiés et des déplacésdans leurs localités d’origine.

Le projet « Villes ouvertes »

Autre initiative de l’UNHCR, le projet« Villes ouvertes » encourage lesdonateurs à investir dans les villes quipermettent à des groupes minori-taires de se réinstaller. Un petitnombre de gens ont regagné des sec-teurs où ils font désormais partied’une minorité ethnique ; néanmoins,force est de constater que la Croatieet la Bosnie-Herzégovine ont faible-ment progressé dans la reconstitutionde leurs sociétés multiethniques.

L’engagement dans le processus

de paix

L’UNHCR n’a cessé de souligner quepour que le processus de retour nes’essouffle pas, la communautéinternationale devait continuer deconsacrer des ressources considé-rables à la promotion de la paix et de la

« La sécurité maté-rielle englobe l’accèsaux services de base.La sécurité juridiqueenglobe la réparationdes atteintes auxdroits de l’homme, lanon-discrimination etle libre accès à lajustice. »

Ron Redmond

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réconciliation dans la région.Témoignant de son propre engage-ment dans le processus, l’UNHCR aétroitement coopéré avec lesprincipaux acteurs de la région, dont laforce de police internationale del’ONU, l’Organisation pour la sécuritéet la coopération en Europe (OSCE), laBanque mondiale et d’autresorganisations internationales oulocales. Le processus de séparationethnique amorcé pendant le conflits’est néanmoins poursuivi pard’autres moyens dans l’après-guerre.

Le Kosovo, la Serbie et Milosevic

En 1998, neuf ans après que leKosovo ait perdu son statut deprovince autonome au sein de laYougoslavie, l’Armée de libération duKosovo (UCK), soutenue par lesAlbanais de souche, majoritaires, serévolte ouvertement contre ladomination serbe. Quoique sensible àcette aspiration à la liberté, lacommunauté internationale s’opposeaux revendications indépendantistesdes Kosovars albanais et fait pressionsur l’homme fort du régime serbe,Slobodan Milosevic, pour qu’il mettefin à l’escalade de la violence dans laprovince. Cette violence a d’ores et

déjà provoqué le déplacement de260 000 personnes à l’intérieur duKosovo, la fuite de 79 000 Kosovarsalbanais, déplacés ou réfugiés dans lespays voisins et l’exil de plus de 100 000réfugiés ou demandeurs d’asile enEurope occidentale ou plus loinencore.

Le génocide et les expulsions

L’UCK et les troupes yougoslavescontinuent de s’affronter, pendantque l’armée et la policeyougoslaves, auxquelles desmilices paramilitaires et des Serbesdu Kosovo prêtent main-forte,lancent une brutale campagned’épuration ethnique, accompa-gnée de déportations massives endirection des pays limitrophes.Pendant que des milliers deKosovars albanais sont massacrés,800 000 de leurs semblables sontexpulsés de la province ouprennent la fuite. Parmi ceux-ci,426 000 prennent le chemin del’Albanie, 228 000 gagnent l’ex-République yougoslave deMacédoine et quelque 45 000 seréfugient au Monténégro.

Retour vers... le chaos et la peur

En juin, la Yougoslavie accepte un plande paix prévoyant le retrait de toutesles forces serbes du Kosovo, ainsi quele retour des réfugiés et des déplacés.Les réfugiés commencent aussitôt àrentrer. En trois semaines, 500 000personnes regagnent la province et àla fin de l’année, plus de 820 000Kosovars albanais sont rentrés.Néanmoins, ils retrouvent une sociétésans administration civile, sans police,sans système juridique ou judiciaire, oùleurs maisons et leurs biens ont faitl’objet de destructions massives. Il leurfaut aussi compter avec les mines, lesobjets piégés et les engins nonexplosés. Découvrant les dizaines demilliers de maisons détruites ougravement endommagées, l’UNHCRet d’autres organisations humanitairess’attellent aussitôt à un ambitieuxprogramme de réhabilitation.

L’ « épuration ethnique à l’envers »

Hormis la tâche de reconstruction,d’une ampleur gigantesque, c’est laprotection des Serbes, des Romset des autres minorités demeuréesau Kosovo qui pose le plus graveproblème.

Destruction de la zone de sécurité des Nations Unies de Vukovar en Croatie.

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Après avoir regagné massivementla province, les Kosovars albanais s’enprennent aux Serbes et aux autresgroupes minoritaires qu’ilssoupçonnent d’avoir participé auxatrocités, multipliant les attaques et lesmanœuvres d’intimidation. En troismois à peine, 200 000 Serbes etmembres d’autres minorités quittentle Kosovo, chassés par un processusqu’on qualifie d’« épuration ethnique àl’envers ». Très vite, la province estdivisée entre d’une part, les zonespeuplées d’Albanais de souche, etd’autre part, les poches de territoire oùrésident encore des Serbes et desRoms. L’UNHCR et les autresorganisations humanitaires mènentdifférentes actions pour protéger etassister les Serbes et les autresminorités.

L’exode des Serbes du Kosovo endirection d’autres régions de laYougoslavie met à rude épreuve unpays affaibli par des sanctionsinternationales prolongées et lesbombardements aériens. Avant cedernier afflux, la Yougoslavie prodiguaitdéjà l’hospitalité à plus de 500 000réfugiés originaires de Croatie et deBosnie-Herzégovine, ce qui en faisait leplus important paysd’accueil de la région.

La chute de

Milosevic

Les relations entre laSerbie et la seuleautre républiqueyougoslave restante,le Monténégro, sedégradent à mesureque les dirigeants monténégrinsprennent leurs distances vis-à-vis deMilosevic et de sa gestion du Kosovo.Inévitablement, après 83 annéesd’existence, la Yougoslavie disparaît dela carte de l’Europe. Elle est remplacéepar une union plus lâche, appelée toutsimplement Serbie-et-Monténégro.

Battu aux élections présidentielles de2000, Milosevic refuse de s’avouervaincu. Mais il est chassé du pouvoirpar les grèves, les manifestationsmassives et l’assaut donné auparlement. Milosevic est déféré au

Tribunal pénal international de La Haye,où il est actuellement jugé pour crimescontre l’humanité et génocide.

Le Kosovo est devenu un protectoratdes Nations Unies, bien que certainspouvoirs aient été délégués auxautorités locales, légalement élues.L’un des principaux problèmes estd’inciter les Serbes – qui se sont enfuislors du retrait des forces de sécuritéyougoslaves en 1999 – à regagner laprovince.

Les armes se sont tues mais la

tension demeure

La région est toujours en proie à destensions ethniques latentes : à la fin del’année 2000, un conflit a bien failliéclater entre les Serbes et les Albanaisde souche sur la portion de territoireserbe adjacente au Kosovo ; en 2001,la Macédoine a été embrasée par uneflambée de violences interethniques –impliquant une fois encore la minoritéalbanaise –, qui a été contenue par lesforces de maintien de la paix del’OTAN et réglée par des moyenspolitiques. L’on a assisté, trèsrécemment, en mars 2004, à uneautre explosion de violence, que lestroupes de l’ONU n’ont pu maîtriser

qu’au prix de renfortsimportants.

Bien que des pro-grès considérablesaient été accompliset que les blessurescausées par lesviolentes années1990 se referment,d ’ i m p o r t a n t s

problèmes persistent. Environ 2,2millions de civils ont regagné leursfoyers après que les canons sesoient tus. Les déracinés sont deplus en plus nombreux à rentrerdans des régions où ils sontminoritaires et vivent aux côtés deleurs anciens ennemis, commel’ont fait 400 000 personnes enBosnie-Herzégovine. Néanmoins,l’on dénombre toujours plus d’unmillion de déplacés, résidant pour laplupart en Serbie.

Des leçons importantes ont été

tirées de cette décennie de conflitsdans les Balkans, en ce quiconcerne le recours à la forcemilitaire pour protéger les civilsvictimes de la guerre.

Dans un rapport extrêmementcritique sur la chute de Srebrenica,soumis en novembre 1999 àl’Assemblée générale de l’ONU, leSecrétaire général, Kofi Annan,résumait ainsi la plus importante :« La leçon capitale de Srebrenica,c’est que toute tentative délibéréeet systématique pour terroriser,expulser ou assassiner unepopulation entière doit faire l’objetd’une réaction décisive, avec tousles moyens nécessaires et avec lavolonté politique d’appliquer cesmesures jusqu’à leur conclusionlogique. Dans les Balkans, il a falluapprendre cette leçon non pas unefois, mais deux fois. Par deux fois,en Bosnie et au Kosovo, lacommunauté internationale a tentéde négocier un règlement de lacrise avec un régime sans scrupuleet meurtrier. Par deux fois, il a fallurecourir à la force pour mettre unterme à une entreprise planifiée etsystématique d’élimination etd’expulsion de civils. »

Trop souvent au cours des années1990, les organisations humani-taires, comme l’UNHCR, ont étélaissées seules face à desproblèmes essentiellement politi-ques. Dans chaque cas, les limitesde l’action humanitaire sontclairement apparues. Comme lerappelait le Haut CommissaireOgata avec une insistancegrandissante tout au long de ladécennie, les opérations desecours d’urgence ne sauraient enaucun cas se substituer à uneaction politique, ferme et prompte,pour remédier aux causes desconflits.

BBC NewsLes Réfugiés dans le mondeHelping Refugees, 2003

« Les opérations desecours d’urgence nesauraient en aucuncas se substituer à uneaction politique, fermeet prompte, pour re-médier aux causes pre-mières des conflits »

Kofi Annan

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RWANDA : UN LONG PASSÉ DE VIOLENCES

Depuis son indépendance en 1962, leRwanda est l’épicentre des violentssoubresauts qui agitent la région desGrands Lacs. Les origines de cetteviolence remontent néanmoins auxpremières années de la dominationcoloniale : au lendemain de la premièreguerre mondiale, les autorités belgesautorisent la minorité tutsie à dominerla majorité hutue, au mépris du statuquo tribal. À la fin des années 50, justeavant d’accorderl’indépendance auRwanda, dans unebrutale volte-face, lesautorités belges ac-cordent leur soutienaux Hutus, qui ren-versent aussitôt lamonarchie tutsie. Lesémeutes qui s’en-suivent provoquentun exode, le premier d’une longuesérie, en direction des paysavoisinants. Cet afflux de réfugiéssuscite des tensions et des troublesconsidérables, dont les effets se fontencore sentir dans la région.

Le génocide

Les Hutus demeurent au pouvoirjusqu’à la fin des années 80, époqueà laquelle les plus extrémistes desexilés tutsis commencent à préparer

militairement leur revanche. Unis ausein du Front patriotique rwandais(FPR), ils attaquent le Rwanda en1990. En 1993, une trêve prévoyantun partage du pouvoir est conclue auprix de mille difficultés. Néanmoins, lamort des présidents du Rwanda etdu Burundi dans un accident d’avionéminemment suspect donne lesignal du massacre : les extrémisteshutus se soulèvent et exterminent

près d’un million deTutsis et de Hutusmodérés. Le FPRs’empare du pouvoiret c’est au tour desHutus de s’enfuir.Deux millions d’entreeux s’entassent dansdes camps situésdans les pays mêmesoù ils avaient contraint

les Tutsis à l’exil, 30 ans auparavant.

La militarisation des camps de

réfugiés

Les grands camps de réfugiés situésà proximité de la frontière rwandaise,notamment ceux de Goma au Zaïre,servent de base principale à l’arméerwandaise battue et à ses alliés de lamilice hutue, qui forment un quasi-gouvernement en exil. Les réfugiésdeviennent ainsi des otages

politiques et la tâche de l’UNHCR s’entrouve singulièrement compliquée.Désormais, plus de la moitié de lapopulation rwandaise (estimée à 7millions de personnes) est réfugiée àl’étranger ou déplacée à l’intérieur duterritoire national. Le gouvernementrwandais se sent menacé par cetteimportante population réfugiée, quis’entasse dans des camps trèsproches de la frontière et au sein delaquelle l’opposition peut recruter destroupes. Il décide donc de les faireévacuer par la force. Environ un millionquatre cent mille réfugiés rentrent auRwanda lorsque les camps sontdémantelés ou détruits, sans autreforme de procès, et quelques 200000personnes périssent ou sontexécutées pendant l’opération.

La région des Grands Lacs à feu et

à sang

La région est devenue une véritablepoudrière et l’inévitable explosion seproduit en 1996, au Zaïre. Après deuxannées d’insécurité endémique,d’opérations militaires et d’alliances auZaïre oriental, une rébellion arméeentraîne le renversement du PrésidentMobutu Sese Seko et sonremplacement par Laurent Kabila en1997. Le conflit, centré sur laRépublique Démocratique du Congo

« Nous attendons lejour où tous les habi-tants de la planètepourront vivre entoute sécurité dansleur propre pays etleur propre commu-nauté. »

Sadako Ogata

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et ses richesses, objets de toutes lesconvoitises, s’étend alors à l’ensemblede la région : les armées de six pays,qui soutiennent Kabila ou cherchent àprovoquer sa chute, y sont impliquées.Les populations fuient les combats etle nombre de personnes nouvellementdéplacées dépasse le million à la fin del’année 1999.

La politique d’imidugudu

En 1996-1997, le Rwanda doit faireface à l’afflux d’un million quatre centmille réfugiés, qui ont désespérémentbesoin d’un toit et d’une aide à laréinsertion. Il faut également venir enaide à 800 000 rapatriés qui se sontenfuis avant l’indépendance, lors desémeutes de 1959. En janvier 1997, legouvernement publie son programmed’imidugudu, qui prévoit de regrouperla population – traditionnellementdispersée dans les collines – dans desvillages où il sera plus facile de garantirla sécurité et d’assurer les servicesindispensables.

En 1998, les problèmes de sécuritéentraînent le déclenchement d’uneautre opération militaire, cette fois aunord-ouest du pays, qui déstabilise leszones situées de part et d’autre de lafrontière rwandaise. Quelque 700 000personnes sont déplacées de force, lesautorités tentant ainsi de rétablir la

sécurité intérieure. On intime auxdéplacés l’ordre de se regrouper dansdes villages mais les pays donateursrefusent de financer leur réinstallation.

La stabilité, enfin

À la fin de l’année 1999, la situations’est, dans une certaine mesure,stabilisée sur le territoire national. Cecalme relatif est néanmoins menacépar les conflits qui sévissent à l’Est de laRépublique Démocratique du Congoet au Burundi. En 2003, le Rwandas’est doté d’une nouvelle constitutionet a organisé des électionsprésidentielles, les premières depuis1994. Les élections législatives qui leuront succédé ont mis un terme à unepériode de transition, longue de neufans, dans la vie politique rwandaise. En2003, l’UNHCR a conclu des accordstripartites, réglementant le rapatriementlibrement consenti des réfugiés, avecle Rwanda et la Zambie, ainsi qu’avecl’Ouganda et la République Démo-cratique du Congo. L’Organisationespère également faciliter, en 2004, lerapatriement de quelque 32 000Congolais actuellement réfugiés auRwanda.

Néanmoins, la situation est loin d’êtreparfaite et il est essentiel de continuer àfavoriser la réintégration des rapatriésrwandais, en prodiguant l’aide

nécessaire. À leur arrivée, la plupartd’entre eux se trouvent dans unesituation d’extrême dénuement et nepeuvent plus compter sur lesstructures d’assistance institutionnelleset les réseaux d’entraide personnels,réduits à néant par le génocide de1994.

Les leçons de l’expérience

rwandaise

L’incapacité d’arrêter le génocide auRwanda en 1994, à prévenir lamilitarisation des camps de réfugiés àGoma en 1994-1996, à localiser lesréfugiés rwandais hutus dispersés auZaïre et à leur prodiguer une protectionet des secours montrent que si l’on neréagit pas promptement aux guerresciviles et aux déplacements forcés depopulation, l’on s’expose, à plus longterme, à des conséquencescatastrophiques.

Le génocide d’avril 1994 est unévénement déterminant pour l’histoirerécente de la région. Il aurait pu êtreévité et il apparaît comme laconséquence de décenniesd’occasions manquées. .

Sources : RLSS Mission Report 2000/03 Geneva;External Evaluation of the UNHCR Shelter Program inRwanda 1994 –1999Les Réfugiés dans le mondeAppel global de l’UNHCR pour l’année 2004

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1979-2000 – Les années d’exil

En décembre 1979, l’arméesoviétique envahit l’Afghanistan.Objectif : prêter main-forte aurégime communiste qui s’estemparé du pouvoir l’annéeprécédente. Résultat : dixannées de conflit acharné,durant lesquelles le gouverne-ment afghan et son puissantallié soviétique affronteront lesmoudjahidins et leurs différentspartisans, islamiques ouoccidentaux. Une partie de lapopulation se réfugie à l’étran-ger et dès lors, les mouvementsd’exode alternent avec lesvagues de retour, dans un cyclesans fin.

Lorsque les Soviétiques fran-chissent l’Amou-Daria et seretirent du pays en 1988, la finde la guerre semble proche. Iln’en sera rien. Les moudjahidinscontinuent à combattre legouvernement, qui finit partomber en 1992. Un gouverne-ment provisoire, rassemblant lesprincipales factions rebelles, estformé au Pakistan. Presqueaussitôt, les chefs des dif-férentes factions commencent àse disputer le pouvoir. Pendantque les alliances se nouent, sedéfont et se reforment, lescombats continuent de faire

rage et causent des souffrancesincommensurables.

Fin 1994, une nouvelle faction,étonnamment puissante, entreen scène : il s’agit du mouve-ment des Talibans, dirigé par unhomme qui vit en reclus, lemollah Omar. De leur place-fortede Kandahar, les Talibanss’élancent à la conquêted’Hérat, puis de Jalalabad, ets’emparent de la capitale,Kaboul, à la fin de l’année 1996.Lorsque Mazar-i-Sharif tombeen 1998, les Talibans contrôlentplus de 80 pour cent duterritoire.

Fuyant la tourmente, desmillions d’Afghans abandonnentleurs foyers et se réfugient dansd’autres régions du pays, dansdes États limitrophes (notam-ment l’Iran et le Pakistan) ouplus loin encore, gagnant l’Inde,la Russie, l’Europe, l’Amériquedu Nord et l’Australie.

Fin 1980, un an après l’invasionsoviétique, le Pakistan et l’Iranaccueillaient déjà un million neufcent mille réfugiés afghans.Cette population ne cesserad’augmenter, atteignant sixmillions de personnes, répartiesentre les deux pays.

Durant la décennie 1980-1990,les réfugiés Afghans représen-teront près de la moitié de lapopulation réfugiée recenséedans le monde. Le seul UNHCRdépensera plus d’1,6 milliard dedollars pour leur venir en aide.

En 1989, lorsque les dernierssoldats soviétiques quittent lepays, quelques réfugiéscommencent à regagner desrégions relativement calmes, endépit des combats qui opposentles troupes gouvernementaleset les moudjahidins.

En 1992, les moudjahidinsvictorieux entrent dans lacapitale. En huit mois, un millionsix cent mille Afghans réfugiésen Iran et au Pakistan regagnentleur pays, bien souvent avecl’assistance de l’UNHCR et duProgramme alimentaire mondial(PAM).

L’euphorie suscitée par la vic-toire sera de courte durée. Eneffet, les groupes de moudjahidinss’engagent dans une luttefratricide, de plus en plusféroce. Dans les années 1990,quantité d’Afghans regagnentleur pays ; néanmoins, le conflit,la dégradation de la conjonctureéconomique et la sécheresse

AFGHANISTAN

Des réfugiés afghans se préparent à rentrer dans leur pays à TakhtaBaig Center, Peshawar.

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implacable qui sévit à la fin de ladécennie jettent bon nombre deleurs compatriotes sur lesroutes. Bien souvent, ceux-ciéchouent dans des camps pourpersonnes déplacées àl’intérieur du territoire national(PDI) ou se joignent auxcommunautés de PDI quioccupent illégalement desbâtiments publics désaffectés.

À la fin de la décennie, lapopulation réfugiée en Iran et auPakistan s’élève, une foisencore, à plus de cinq millionsde personnes. Les Afghansreprésentent toujours la part laplus importante de la populationprise en charge par l’UNHCR.

L’après 2001 : rapatriement et

réintégration

Soudain, à l’automne 2001, lesregards se tournent à nouveauvers l’Afghanistan. Aprèsl’intervention des forces de lacoalition et le retrait des Talibansdes villes principales, lesréfugiés et les PDI prennent le

chemin du retour. Au début dumois de décembre 2001, plusde 10 000 Afghans, provenanttantôt du Pakistan, tantôtd’autres régions du pays, ontregagné la capitale.

Les collaborateurs de l’UNHCRen poste dans la régioncommencent à élaborer, avecleurs homologues au sein desadministrations afghane,pakistanaise et iranienne, unestratégie sur plusieurs années,destinée à favoriser le rapatrie-ment librement consenti et laréintégration initiale des réfugiésafghans. L’UNHCR négocie desaccords tripartites de rapatrie-ment librement consenti avecl’Afghanistan, la Républiqueislamique d’Iran et le Pakistan.Ces accords sont importants carils fixent le cadre juridique desrapatriements volontaires.L’UNHCR et l’Afghanistan con-cluent par la suite des accordssimilaires avec la France, lesPays-Bas et le Royaume-Uni.L’une des plus importantes

opérations de rapatriement

de l’histoire

Depuis la fin de l’année 2001,l’Afghanistan est le théâtred’une des plus importantesopérations de rapatriement,librement consenti et assisté, del’histoire récente : quelques 3millions de déplacés ontregagné leurs foyers. Durant lamême période, un Gouverne-ment provisoire, nouvellementconstitué et reconnu par lacommunauté internationale,s’est efforcé d’asseoir sonautorité sur l’ensemble duterritoire et d’attirer lesinvestissements étrangersindispensables à la reconstruc-tion et au développement dupays.

L’opération organisée en 2002était essentiellement uneopération d’urgence : l’UNHCR,ses homologues gouverne-mentaux, d’autres institutionsde l’ONU et différentes ONGont, à cette occasion, aidéquelques deux millions de

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réfugiés et de PDI à regagnerleurs foyers, tout en procurantun toit et de l’eau potable à descentaines de milliers depersonnes.

La collaboration avec le

gouvernement

En 2003, l’UNHCR s’estdavantage attaché à renforcerles capacités gouvernementales(à l’échelon national et pro-vincial) et à nouer des liens avecune série d’autres organisationsd’aide et de développement,redoublant d’efforts pourassurer la réinsertion durabledes réfugiés. Le budget del’organisation, comme celui desautres agences de l’ONUprésentes en Afghanistan, a étéinclus dans le budget dedéveloppement national del’Administration transitoire. Lesprogrammes de l’UNHCR sontalignés sur les priorités, lespolitiques et les activités natio-nales, coordonnées par ungroupe consultatif réunissantdes représentants du Gouverne-ment, des donateurs et desorganismes d’assistance et dedéveloppement.

Une année de transition

L’année 2004 est une année detransition : l’UNHCR réorienteses efforts sur le long terme etinsiste sur la nécessitéd’envisager d’autres approchespour régler, à l’avenir, leproblème des déplacés afghans.Le renforcement des capacitésgouvernementales est toujoursconsidéré comme un élémentclé, dans le cadre d’un pro-

gramme qui est, pour reprendreles termes du Haut Com-missaire, axé sur les « 4 R »(rapatriement, réintégration,reconstruction, réhabilitation) et« gouvernementalisé ». L’UNHCRentend prodiguer une assis-tance directe en matièred’hébergement (20 000 abrisdevraient être mis à disposition)mais a entamé des discussionsavec d’autres organisationsopérationnelles afin de concluredes accords de partenariat.Dans le secteur de l’eau, lesinterventions sont pour laplupart menées dans le cadrede programmes gouverne-mentaux. L’Organisation metégalement en œuvre desprogrammes de formationprofessionnelle et des projets « espè-ces contre travail », principale-ment axés sur la reconstructiond’infrastructures légères et surla réalisation ou la réhabilitationde petits systèmes d’irrigation.

L’action de l’UNHCR estcentrée sur la protection, lacoexistence, le suivi et lepartenariat. Le suivi desrapatriés étant considérécomme prioritaire, l’Organisationanalyse les rapports et lestransmet aux institutionsconcernées, de sorte que lesmesures appropriées puissentêtre prises. L’UNHCR proposeet prend des mesures pourprévenir les atteintes aux droitsde l’homme et pour y mettre fin ;parallèlement, il appuie lesefforts visant à mettre en placedes institutions efficaces, àinstaurer la suprématie du droit(en ce qui concerne les retourset les déplacements) et àéliminer les obstacles à laréintégration.

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L’UNHCR commence à intervenir auSri Lanka en 1987. Sa principalemission est d’aider au rapatriementd’environ cent mille personnes, quise sont réfugiées en Inde pouréchapper à la guerre qui fait ragedepuis quatre ans. Mais les combatss’intensifient et , en fin d’année, on es-time à 400 000 le nombre de civils quiont été contraints de fuir leurs foyers.

La lutte pour l’indépendance

La guerre civile est déclenchée en1983 lors d’une embuscadetendue par les Tigres libérateurs del’État tamoul (LTTE) aux troupesgouvernementales, qui faitquatorze victimes. Les LTTE sontl’une des organisations tamoulescréées en réaction à la politique demarginalisation de la minoritétamoule menée par la majoritécinghalaise. En 1954, huit ansaprès l’indépendance, le cinghalaisa en effet été désigné seule langueofficielle du pays, et lorsque l’île deCeylan a été rebaptisée Sri Lankaen 1972, le bouddhisme s’y est vuaccorder une place prépondéranteen tant que religion nationale. Nésde la montée de la tension à la findes années 1970, les LTTEréclament l’indépendance desrégions septentrionales etorientales du pays, peuplées deprès de trois millions de Tamouls.

Les hostilités se poursuivent tout aulong des années 1990, portant à plusde 800 000 le nombre de civilsdéplacés à l’intérieur de l’île. À celas’ajoutent les 200 000 personnesréfugiées dans l’État du Tamil Nadu,au sud de l’Inde. En outre, pas moinsde 65 000 personnes ont péri dans ceconflit qui dure depuis près de deuxdécennies.

Les négociations de paix

Après plusieurs tentatives de paixinfructueuses, des combats intensesse poursuivent au nord et à l’est dupays jusqu’en février 2002, date àlaquelle le Gouvernement et lesTigres libérateurs de l’État tamoulsignent un cessez-le-feu définitif. Cetaccord ouvre la voie à des pour-parlers dans le cadre d’une nouvelleinitiative de paix placée sous les

auspices de la Norvège. Par lasuppression de nombreux postes decontrôle militaires et l’ouverture de laliaison routière avec la ville de Jaffna,au nord de l’île, le Gouvernementtente de procurer à la population lesbienfaits de la paix avant même ledébut des pourparlers officiels.

Les retours

Fin 2003, plus de 345 000 person-nes déplacées ont déjà profité de laliberté de circulation accrue pourregagner leurs localités, situées dansles anciennes zones de conflit. Deplus, près de 6 000 réfugiés déclaréssont revenus d’Inde dans le cadre demouvements organisés ou sponta-nés. Ces retours devraient se pour-suivre au cours de l’année 2004, leurnombre étant largement tributaire del’issue des négociations de paix.

Malgré l’accord de cessez-le-feu et ledébut des pourparlers de paix, lesréfugiés éprouvent des sentimentsmitigés à la perspective de retournerdans des régions qu’ils ont quittéesdepuis dix ou vingt ans. Le Gouverne-

ment et les LTTE se montrentdéterminés à promouvoir les retoursspontanés et de nombreuses per-sonnes s’empressent de faire levoyage. D’autres, plus à l’aise dansles régions où elles ont été dépla-cées et où elles ont accès à desécoles, à des emplois et à d’autresservices essentiels, tâchent, nonsans difficulté, de se faire accepterdéfinitivement au sein de leurscommunautés d’accueil. Fin 2003, ilrestait plus de 385 000 personnesdéplacées à l’intérieur de l’île.

Un retour semé d’embûches

Ceux qui choisissent de rentrer chezeux sont également confrontés à desdifficultés. Nombre d’habitations et deconstructions ont été détruites, lesécoles sont fermées et les infrastruc-tures les plus indispensables fontdéfaut. Pis encore, la lenteur du démi-nage – quelque 25 000 mines anti-personnel infestent la seule péninsulede Jaffna – nuit au bon déroulementdes retours. Certains déplacés sontmême encouragés à retourner dansdes zones non encore sécurisées.

Une famille de réfugiés devant leur abri au WelfareCenter de Thodadeli.

LA GUERRE CIVILE AU SRI LANKA

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La question de la propriété

La réinstallation soulève égalementdes problèmes concernant les droitsde propriété, car les documents ontété détruits pendant la guerre et l’onne dispose pas d’archives officielles.En rentrant chez eux, beaucoup dé-couvrent que d’autres se sont installésdans les logements qu’ils avaient dûabandonner. Dans certains cas, lesdécoupages administratifs ont étémodifiés durant le conflit, ce qui en-gendre encore d’autres difficultés. Lesdédommagements sont souventinsuffisants pour reconstruire leshabitations endommagées et lespopulations de retour se retrouventsouvent confrontées à une pénuriede services publics – concernant ladistribution d’eau potable, les écoles,les hôpitaux, etc.

Des droits pour tous

Afin de permettre à chacun de rentrerchez soi dans la sécurité et la dignité,il importe de garantir des conditionsadéquates dans les zones de retour.Les anciens déplacés doivent pouvoirvivre sans crainte, envoyer leursenfants à l’école et gagner leur vie. Side telles conditions ne sont pas ré-unies, le retour n’est pas envisa-geable et il faut élaborer d’autressolutions. Les personnes déplacéespeuvent par exemple rester sur placeet s’intégrer à leur communautéd’accueil ou être relogées ailleurs, ausein d’une autre communauté.

Ceci vaut pour toutes les person-nes déplacées, y compris celles quioccupent des logements aban-

donnés. Lorsque, à leur retour, lesoccupants d’origine trouvent unefamille installée chez eux, il nesuffit pas d’affirmer que lesoccupants illégaux doivent quitterles lieux et se reloger ailleurs.

Toutes les personnes déplacéesont droit à une solution.

Une paix durable ?

Les perspectives de règlementpacifique du conflit qui sévit depuisvingt ans à Sri Lanka demeurentprometteuses, puisque l’accord decessez-le-feu conclu en février2002 a dans l’ensemble étérespecté. Lors de la signature del’accord, le pays comptait près de750 000 personnes déplacées ; fin2003, près de la moitié sontrentrées chez elles. Quant aux 80 000Sri Lankais réfugiés en Inde, prèsde 6 000 d’entre eux ont pris lechemin du retour.

Source : Magazine Réfugiés, n° 130UNHCR World News, 12 février 2003Appel global de l’UNHCR pour l’année 2004

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Avec l’aide du HCR, la famille de ce jeune garçon a pu éleverdes chèvres. Les programmes d’insertion économiquedonnent l’opportunité aux populations de devenirindépendantes financièrement.

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Contexte

L’Angola est un pays riche enressources naturelles, qui exportedavantage de pétrole aux États-Unisque le Koweït. En dépit de cetterichesse – ou peut-être faudrait-il direà cause de cette richesse – la plusgrande partie du pays a été réduiteen ruines par la guerre. Le conflitentre les forces gouvernementaleset les rebelles de l’UNITA, qui aéclaté après l’accession de cetteancienne colonie portugaise àl’indépendance, en 1975, s’estpoursuivi avec la même intensitéjusqu’au début de l’année 2002, dateà laquelle le chef rebelle JonasSavimbi a été tué et où desnégociations de paix ont étéamorcées. À présent, après plus detrente ans de guerre, l’Angola peutenfin espérer la paix.

Mais le pays a payé un lourd tribut auconflit. La guerre civile a entraîné ledéplacement de plus de quatremillions de personnes, soit environun tiers de la population. 450 000 deces déracinés ont franchi lesfrontières pour aller chercher lasécurité dans des pays voisins.

L’Angola doit à présent faire face àdeux formidables défis : la recons-truction et la réadaptation despopulations déplacées.

Retour... vers la famine

Peu après l’arrêt des combats, lesAngolais réfugiés au Congo, payslimitrophe où certains étaient exilésdepuis 25 ans, ont commencé àregagner leur pays par leurs propresmoyens. Par milliers, ils sont rentrésà pied, franchissant la frontière au lieude passage officiel, tandis qued’autres, plus nombreux encore,regagnaient l’Angola sans signalerleur départ. Les Angolais réfugiésdans la Zambie voisine sont rentrésdans la province du Moxico, dont ilsavaient été chassés par descombats sanglants en 1998. Plutôtque de rentrer dans la précipitation etl’affolement, les réfugiés originairesde localités situées à plus grandedistance des frontières ont préféréattendre que l’UNHCR organise uneopération de rapatriement.

Au cours des derniers mois de laguerre civile, les campagnesangolaises ont été pratiquement

vidées de leur population parl’armée, qui entendait ainsiprévenir toute insurrection. Lorsde ces rafles, des centaines de milliersde gens ont été arrachés à leursfoyers et privés de moyens d’exis-tence. En prenant le chemin du re-tour, ces personnes déplacées àl’intérieur du territoire (PDI) sontvenues grossir les rangs de la popu-lation tributaire de l’aide alimentaire,qui est passée de 1,8 million à 2,4millions avant les premières récoltes.

Le rôle de l’UNHCR

Pour aider les réfugiés à rentrer et àse réintégrer dans la sécurité et dansla dignité, l’UNHCR et ses parte-naires, ainsi que d’autres organi-sations, ont coordonné leur actionavec celle des autorités, en vued’ouvrir des écoles et des hôpitauxet d’assurer des services d’assainis-sement ou autres. Des efforts ontégalement été entrepris pour faciliterl’obtention de papiers officiels, etpour proposer des services édu-catifs, portant sur l’enseignementscolaire, la formation professionnelle,et l’apprentissage des langues (aprèsdes années d’exil en Zambie, de

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Rapatriés angolais à Cazombo. ©U

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nombreux réfugiés avaient apprisl’anglais, mais oublié le portugais).

À l’issue de la guerre, le pays étaitinfesté de mines antipersonnel etantichar – environ sept millionsselon les estimations. Afin defavoriser la réinstallation desdéplacés et des réfugiés dans deszones sûres, les opérations dedéminage et les campagnesd’information et de sensibilisationont été poursuivies.

L’UNHCR a également procuréune assistance logistique auxrapatriés angolais et facilité leurtransport, tout en leur distribuantdes articles de première néces-sité, comme des couvertures, desseaux, des ustensiles de cuisineet du savon. Des examens mé-dicaux et nutritionnels ont étéégalement organisés et les ra-patriés bénéficient d’une assis-tance alimentaire de base, fournieen coopération avec le Program-me alimentaire mondial (PAM),jusqu’à ce qu’ils puissent consom-mer leurs propres récoltes.

Dans les zones de retour, des projetsà impact rapide ont été mis en œuvreafin de reconstruire les infrastructuresles plus indispensables, ce qui faciliteles transports, stimule la production àpetite échelle et crée des emplois.Les campagnes d’information sur leVIH/SIDA, d’assainissement des lieuxde vie et d’hygiène bénéficient d’uneattention particulière. Différentesinitiatives de développement com-munautaire engagent les com-munautés sur la voie de l’auto-suffisance et garantissent unerépartition équitable de l’aide.

La paix. Mais à quel prix !

L’accord de paix a mis fin auxcombats mais ne s’est pas traduitpar une amélioration immédiatede la situation humanitaire. Il a enrevanche révélé les effetsdramatiques de la guerre sur lespopulations civiles descampagnes, notamment dans 36secteurs auparavant inaccessibles,où cinq cent mille personnes ontdésespérément besoin d’aide.

Aujourd’hui, la malnutrition, l’insé-curité alimentaire persistante, lemanque d’eau potable et salubre,l’insuffisance des mesuresd’assainissement et l’indigencedes structures médicales posentles problèmes les plus graves. Sil’on en croit l’UNICEF, l’Angola estl’un des pays au monde où lasituation des enfants est la plusdramatique. Le taux de mortalitéinfantile est le deuxième dumonde, puisque près d’un tiersdes enfants meurent avant d’avoiratteint cinq ans. Moins de lamoitié des enfants en âge d’aller àl’école bénéficient d’unenseignement institutionnalisé etseuls 34 pour cent des enfantsscolarisés parviennent jusqu’à lafin du cycle primaire.

Progrès

En dépit de ces difficultésextrêmes, la situation s’estsensiblement améliorée en 2003 :le nombre de personnes nécessi-tant une assistance d’urgence anettement diminué, des millionsd’enfants ont été vaccinés et lamalnutrition a régressé dans desproportions non négligeables.Néanmoins, si des effortsconsidérables ont été déployéspour venir en aide à ce paysaffamé, ravagé par la guerre, ilfaudra en faire encore davantagesi l’on veut qu’un jour, il donnetoute la mesure de son potentiel.

Esperanza et Alfredo (Kit pédagogique « Jeunesréfugiés africains : construire l’avenir »)Appel Global de l’UNHCR pour l’année 2004

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PARCOURS DE VIE

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Deux adolescents pleins

d’espoir de retour en Angola

Après plus de 30 ans de guerre enAngola, le processus de paix amorcéen avril 2002 a provoqué un afflux derapatriés, situation accompagnée del’inévitable triple défi : reconstruction,réadaptation et réconciliation.

Un tiers de la population a étédéplacée durant le conflit et près d’undemi-million d’Angolais ont fui lepays, en se dirigeant principalementvers deux États limitrophes, laZambie et la République démo-cratique du Congo. Voici l’histoire dedeux adolescents qui ont connutoutes les vicissitudes du réfugiéjusqu’au point final, le retour dans laville d’origine. Aujourd’hui, avecl’assistance de l’Office d’aidehumanitaire de la Commissioneuropéenne (ECHO), de l’UNHCR etdes organisations partenaires, cesdeux adolescents peuvent espérerun avenir.

Les ravages de la guerre

Cazombo, ville d’Angola proche de lafrontière zambienne, a été durementtouchée par la guerre civile qui adéchiré le pays pendant desdécennies. Après la signature del’accord de paix, les réfugiés ontcommencé à rentrer dans un paysravagé par la guerre et infesté demines. Malgré l’ampleur desdestructions, les populations,impatientes de reconstruire leur pays,ont afflué en masse dans les villages,mettant à rude épreuve les capacitésde l’ECHO et de l’UNHCR, quidevaient veiller à ce que les rapatriéstrouvent des « conditions accep-tables » dans un pays qui se remet-tait difficilement, comme tantd’autres, d’une guerre.

Deux ans plus tard, la malnutrition, lesdifficultés d’approvisionnementalimentaire, la pénurie d’eau potable,le manque d’hygiène et l’indigencedes structures médicales posenttoujours de très graves problèmes.Le taux de mortalité demeure élevé,le paludisme, l’anémie, les infections

respiratoires aiguës et la diarrhéeétant les maladies mortelles les plusrépandues. Pour hâter le dévelop-pement, le pays doit s’atteler sanstarder à une tâche prioritaire : lareconstruction rapide des écoles et lerecrutement d’enseignants.

Pour Marie Olsen de l’ECHO, « Tou-tes les catégories d’infrastructuresont été détruites pendant la guerre :plus d’écoles, plus de dispensaires nid’hôpitaux en état de fonctionner, pasassez d’eau pour assurer l’hygiène, àpeine assez pour boire. Il était trèsdifficile pour les populations decommencer une nouvelle vie enl’absence du minimum nécessaire ».

L’histoire d’Alfredo

Alfredo Chivunda, 14 ans, est nédans un camp de réfugiés en Zambie :il ne connaît donc pas son paysd’origine, ni en guerre ni en paix. Ildécouvre donc Cazombo, la terre deses ancêtres, et espère y trouver uneécole. Mais, trop âgé pour fréquenterl’école primaire, il apprend que lesécoles secondaires n’ont pas encoreété reconstruites. Pis encore, élevéen Zambie, il ne parle pas le portu-gais, la langue de l’enseignement enAngola. Alfredo redoute de perdre deprécieuses années : « Il me sera trèsdifficile d’apprendre le portugais, c’estdéjà un peu tard pour moi. Il faudraque je recommence à zéro, et çasera très dur ».

Alfredo a quitté la Zambie tout seul etvit maintenant dans un village à 40minutes à pied de Cazombo, avecson demi-frère Manuel et sa famille.Nettement plus âgé que les autresenfants du village, il se sent isolé. « Iln’y a personne de ma taille ici », dit-ilet d’un geste de la main, il indique lataille d’un enfant de cinq ans.

ALFREDO ET ESPERANZA

Alfredo Chivunda

« Je n’ai pas d’amis.Mon seul ami c’estcet arbre. Je restelà, auprès de lui, etje lis. C’est tout. »

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« Ils sont tous hauts comme ça. Jen’ai pas d’amis. Mon seul ami c’estcet arbre. Je reste là, auprès de lui, etje lis. C’est tout. » Un livre de classe àla main, Alfredo poursuit : « J’ai meslivres d’école, un manuel d’instructioncivique, un livre d’histoire et un autreintitulé Mariages traditionnels enZambie. J’aime ces livres ! », ajoute-t-ilen riant.

À son retour, Alfredo espéraitrecevoir un petit soutien financier deson demi-frère, mais, à sa grandedéception, celui-ci ne peut pas l’aider.Montrant du doigt l’évidente misèrequi l’entoure, l’adolescent explique :« La vie ici, vous voyez… Nous n’avonspas d’argent et mon frère se plaint den’avoir pas d’argent pour m’aider ».

Ainsi, au lieu d’être aidé, Alfredo doitaider son frère à sarcler le maniocpour gagner de quoi manger,s’habiller, etc. Le gros problème c’estqu’il a quitté la Zambie pour l’Angolatrès rapidement, sans prendre depapiers, et sans papiers, il ne peutprétendre à l’aide alimentaire.L’UNHCR essaie de résoudre leproblème, de sorte qu’Alfredo puisserecevoir l’aide minimum, à défautd’autre chose (L’ECHO et l’UNHCRfournissent tous les mois une petitequantité de maïs à tous les rapatriésrecensés, dont les 20 000 Angolais

rentrés à Cazombo au cours de lapremière année).

Esperanza

Esperanza Kabiba, autre jeunerapatriée, vit également à Cazombodepuis qu’elle est rentrée deRépublique démocratique du Congoavec sa mère et ses jeunes frères etsœurs. Esperanza, quinze ans, a étéréfugiée deux fois – d’abord enZambie puis au Congo – et vivait de lacharité dans les camps. Elle travailledur pour aider sa mère, qui s’appuiesur l’énergie et la jeunesse de sa fille,à monter une petite entreprise deproduction de légumes destinés aumarché local à Cazombo.

« Pour cultiver ces plantes, il fautpayer. Il faut acheter les boutures ettout le reste, » explique Esperanza.« Mais les rapatriés n’ont rien, alorsquand on reçoit quelques rations demaïs, on en vend une partie, commeça on récupère un peu d’argent pouracheter des boutures. » Elle soupire :« Sans argent, on ne peut pas fairegrand chose ».

L’Angola est au premier rang mondialpour… les mines : plus de septmillions de ces engins mortels ontété répandus dans le pays etmenacent directement la populationcivile. Les accidents se sont multipliés

avec le retour des populations et ilexiste peu d’endroits sûrs pour lescultures. Sans tenir compte dudanger, la famille d’Esperanza aplanté du manioc et des patatesdouces. En attendant la récolte,Esperanza se rend dans une ferme,située à une heure de marche, pouracheter des cannes à sucre qu’ellerevend sur le marché. Elle ne sait nilire ni écrire, mais comme bonnombre d’Africaines, Esperanza a lesens des affaires.

L’espoir et les rêves

Alfredo et Esperanza ont assisté àdes réunions organisées à l’intentiondes jeunes rapatriés à Cazombo, afinde discuter des problèmes auxquelsils sont confrontés et de l’adaptation àleur nouvelle vie en Angola – avecnotamment l’apprentissage de lalangue portugaise. Lorsqu’on luidemande dans quelle classe elle est,Esperanza répond d’un air rêveur « Jene sais pas. Je ne suis jamais allée àl’école. »

L’enseignement et l’apprentissagedu portugais, tels sont les deuxbesoins les plus pressants desjeunes : « La meilleure façon de nousaider c’est de mettre à notredisposition une école où nouspourrons apprendre rapidement leportugais. Comme ça nous pourronsensuite suivre l’enseignement assuréen portugais », explique Alfredo.

Esperanza rêve d’un avenir radieux –un avenir pour eux, pour leursfamilles, dans un Angola neuf. « Monrêve ? Que l’Angola devienne unpays développé et que nous, lesjeunes, puissions apprendre pourparticiper à son développement. »

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Esperanza Kabiba

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Pour Ali Mohammed, cette funestejournée de l’année 1979 débutecomme les autres. Pourtant,lorsque vient la nuit, sa vie achangé à jamais.

Alors que des millions d’Afghansont fui le pays, ravagé par delongues années de guerre civile etmeurtri par l’invasion soviétique,Ali a décidé, lui, de rester, et des’accommoder de la guerre dumieux qu’il peut. Tous lesmatins, l’adolescent se rend aumarché de Kaboul dans l’espoird’y dénicher quelques bonnesaffaires – des jouets, des boîtesde conserve, des appareilsélectroménagers, qu’il revendradans les rues de son quartier enfaisant un petit bénéfice.

Pourtant, ce matin-là, Ali ne peutéchapper à l’œuvre de destructionaveugle de la guerre. Lorsqu’ilrevient à lui, il est entre la vie etla mort, dans un dispensaire de

la Croix-Rouge. Un obus a éclatéà quelques mètres de lui, criblantson corps d’éclats. Les mé-decins expliquent au jeunegarçon qu’il a fallu l’amputerséance tenante, juste au-dessusde la cheville. Des complicationssurviennent et, deux mois plustard, il faut procéder à unedeuxième amputation, cette foisau-dessus du genou. « Lorsquej’ai quitté le dispensaire, j’étaisestropié, mais content d’êtreencore en vie », explique Ali.

Gare aux Talibans !

La réputation des Talibans, cessbires impitoyables et sangui-naires, les précède où qu’ilsaillent. « Gare aux Talibans ! » :ce refrain résonne de plus enplus souvent dans les ruelles dusecteur de Qala-e-Shada, oùvivent les adolescents mutilés.« Ils nous faisaient affreusementpeur », dit Ali Mohammed. « Lebruit courait qu’ils tuaient tout le

monde, sans faire de détail ».Alors, avant que les Talibans nes’emparent de Kaboul, le jeuneAli s’enfuit au Pakistan avec samère et ses trois frères.

Six millions deux cent milleAfghans se sont déjà réfugiés auPakistan et en Iran. Ali et sa familles’installent dans la ville dePeshawar, au Pakistan, et vontgrossir les rangs des « réfugiésurbains ». Mais les conditions devie sont si éprouvantes qu’au boutde quelques mois à peine, Alidécide de braver le péril taliban etde rentrer à Kaboul. Une erreur quimanque de lui coûter la vie, pour ladeuxième fois.

Adolescent et estropié, Ali attireinévitablement les soupçons. Aubout de quelques jours, il estarrêté. « Traître ! », éructent lesTalibans pendant l’interrogatoire ;l’un des fonctionnaires s’assiedsur son moignon, tandis qu’un

L’ODYSSÉE D’UNE FAMILLE AFGHANE

Cours privé d’anglais à Kaboul le 14 juillet 2002. ©U

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autre s’escrime sur la plante deson pied valide à coups de barrede fer. À deux autres reprises,les Talibans interpellent le « sus-pect » pour lui soutirer del’argent. Lorsqu’Ali est relâchépour la troisième fois, il seprécipite chez un parent, luiemprunte de l’argent et prendun bus pour se rendre à lafrontière. « Je me suis enfui deKaboul aussi vite que j’ai pu », sesouvient-il.

Une fois encore, Ali Mohammedse retrouve dans la situation peuenviable du réfugié sans le sou.Mais il est toujours en vie. Et iln’est plus seul : il a épouséMajan, une jeune veuve dont lemari a été tué par un obussoviétique perdu, et qui estaccompagnée de sa fille, Sabara.À Peshawar, la famille trouveune pièce de quatre mètrescarrés – c’est minuscule mais il ya une petite cuisine et...l’électricité. « Je me souvienssurtout de l’électricité », raconteMajan. « On avait la télévision eton écoutait toutes sortes demusiques (interdite sous lesTalibans). La vie était très difficilemais on n’avait pas peur. Nousétions en paix ».

Retour au pays

Après le traumatisme du 11septembre, la spectaculaireintervention dirigée par les États-Unis chasse les Talibans du payset la situation change du tout autout. Dans un mouvementmassif, plus de deux millionsd’Afghans regagnent leursfoyers. Ali commence lui aussi àsonger au retour. « On avait prispied au Pakistan. On pouvait aumoins subsister. Est-ce que j’allaistrouver du travail à Kaboul ? Est-cequ’on pourrait assurer notresubsistance là-bas ? Autour denous, tout le monde rentrait aupays », poursuit-il. « Y compris lemarchand de tapis. À la fin, onn’avait plus le choix ».

L’UNHCR traite le dossier de lafamille d’Ali Mohammed, qui sevoit accorder un « colis deréinstallation » composé de 100kilos de farine, de deux bâchesen plastique, de protectionspériodiques, d’un kilo de savonet de 65 dollars. Le jeunehomme, sa femme et sa fille sejoignent à un groupe de rapatriéset, périlleusement juchés sur lamontagne de ballots et d’objetsqu’ils ont entassés sur leurvéhicule de location, entament lelong périple qui doit les conduirechez eux, par les cols de hautemontagne et à travers les valléesdésolées.

Kaboul : la morne bourgade d’antan,qui tremblait sous la férule de lapolice religieuse, a fait place à uneagglomération grouillante de monde,à la circulation chaotique, où règneun vacarme infernal. Des centainesde milliers de rapatriés s’y pressent,ce qui n’augure rien de bon pour lesréfugiés de la deuxième vague,comme Ali et sa famille. Pendantdes semaines, Ali arpentepéniblement les rues sur sesbéquilles pour trouver du travail.

Il n’y a rien. « C’était peut-être uneerreur de rentrer », se dit-ilsouvent. Certains rapatriésn’hésitent pas à repartir au

Pakistan. Mais Ali Mohammedpersévère et finit, après de longsmois de recherche, par trouverdu travail... la famille tissera destapis, comme au Pakistan.

Pas d’eau, pas d’électricité, pasde toilettes, pas de chauffage.Aujourd’hui, la famille occupe lapièce dans laquelle Ali vivaitauparavant, dans les faubourgsde Kaboul. C’est un endroitexigu, qui mesure à peine quatremètres carrés. Pas de gaz, pasplus que d’électricité ou d’eauet, en guise de carreaux auxfenêtres, des sacs en plastique.Contre un mur, un métier àtisser prêté par un hommed’affaires afghan et que mère etfille actionnent à la main. Ali, quisouffre toujours de sesblessures et ne peut rien porterde lourd, fait de petits boulots.

Pour Saba, il n’est pas questiond’aller à l’école. « Tant que je n’ai pastrouvé d’emploi à plein temps »,explique Ali, « on ne peut pas sepermettre de l’envoyer à l’école. Ilfaut qu’elle reste ici pour gagner del’argent pour la famille ». L’avenirest on ne peut plus incertain. Tousles Afghans se demandent avecinquiétude pendant combien detemps l’aide étrangère continueraà affluer. Mais ils ne baissent pasles bras. Ali cite un dicton afghan :« Chaque fois qu’on passe unebonne journée ici-bas, on a unebonne vie ».

Pour Ali Mohammed et safamille, cela signifie : « à chaquejour suffit sa peine ».

Source : magazine Réfugiés

« La très grande ma-jorité des Afghanssouffrent tous lesmatins de la faim, dufroid et de la ma-ladie. Nous savonstous que la com-munauté interna-tionale doit êtreprête à soutenir unprogramme de re-construction qui vadurer des années. »

Colin Powell

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Demandez à n’importe quelamateur de théâtre à Göteborg, ausud de la Suède, qui est le directeurartistique du théâtre municipal et ily a fort à parier qu’il donnera sanshésiter un nom qui n’a rien desuédois : Jasenko Selimovic. Cenatif de Sarajevo, dans l’ex-Étatyougoslave de Bosnie-Herzé-govine, talentueux et reconnu, estaujourd’hui citoyen suédois et fierde l’être et occupe cetteimportante fonction depuis 1998.Et pourtant, il y a quatre ans àpeine, il ne savait même pas s’ilserait encore en vie 24 heures plustard… alors comment imaginerqu’il vivrait en sécurité en Suède etjouerait un rôle important sur lascène culturelle de ce pays…

Lorsqu’éclate la guerre en Bosnie,les parents de Jasenko viennentde déménager en Suède pour desraisons professionnelles. Le 6 avril1992, après leur avoir rendu visite,Jasenko rentre à Sarajevo où ilpense terminer ses études d’artdramatique. Il est le seul passagerdu vol, l’un des derniers à rallierSarajevo avant le siège. La guerreest un vrai choc : « Nous n’arri-vions pas à croire qu’une tellechose pouvait arriver dans notrepays… que des gens pouvaient sefaire tuer en raison de leur nom oude leur nationalité. »

Les bombardements commencentle 5 mai. Ils détruiront la moitié dela ville : « Un obus par habitant »commente sèchement Jasenko.Sarajevo devient alors une villeassiégée. Seul l’aéroport, tenu parles soldats de la paix de l’ONU,reste ouvert (les forces serbes ont« accepté », à la demande del’ONU, de ne pas attaquer les volsde ravitaillement à condition quepersonne n’arrive ou ne quitte laville par l’aéroport).

Fuir !

Jasenko est décidé à fuir d’unefaçon ou d’une autre et endécembre, par l’intermédiaire d’unpasseur, il s’arrange pour quitter

Sarajevo de nuit, en passant parl’aéroport. Le jour du départ, onvient le chercher chez lui et on luidonne quinze minutes pour faireses bagages. Jasenko rassemblerapidement un peu d’argent, del’or et des sous-vêtements mais,dans la panique, laisse tout dans

l’appartement ! Il n’emportera quedeux choses : des disques deDjordje Balasevic, l’une desvedettes de l’ex-Yougoslavie, etThe Blooming of the Pumpkins d’A. Mihajlovic, l’histoire d’unimmigrant en Suède.

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Avec plusieurs autres fugitifs,Jasenko se cache près del’aéroport jusqu’à la nuit. Quand lemoment est enfin venu de courirjusqu’à l’avion, Jasenko et unautre homme du groupe se fontrepérer, et se mettent à courirdans la direction opposée, versSarajevo. Dans l’impossibilité derentrer dans la ville, ils doiventmarcher vers les monts Igman. Lelendemain, Jasenko parvient à sefaire conduire jusqu’à la frontièrecroate, et de là à prendre un buspour Split, et enfin un avion pour laSuède… et la sécurité.

C’est Noël et Jasenko est ébahipar toutes les lumières dans lesrues et aux fenêtres. Durant leslongs mois du siège, Sarajevo aété plongée dans les ténèbres,alors Jasenko ne se lasse pas demarcher avec ses parents dansl’une des rues les plus illuminéesde Stockholm : le simple fait demarcher dans la lumière luiprocure une immense sensationde liberté. Mais il éprouve enmême temps un certain malaisedevant cette avalanche denourriture et de marchandises ;après tout ce temps passé dansune ville assiégée, affamée,Jasenko explique qu’il a pratique-ment terrifié toute sa famille enparlant de cette « abondance debiens ».

S’enraciner

Au début, Jasenko éprouvequelque réticence à se mêler auxautres. Mais à Stockholm, desamis de ses parents l’aident àsortir de son isolement en lemettant en contact avec ungroupe de théâtre indépendant quirépète une pièce de GoranStefanovski, Sarajevo. Jasenkocommence par raconter sa vie àSarajevo aux acteurs. Très vite, onlui donne un rôle dans la pièce. Àpropos des petites choses quichangent tout, Jasenko explique :« Le groupe de théâtre a vraimentbouleversé ma vie en Suède. Sanscela, qui sait combien de temps jeserais resté un rescapé, prostré.On peut sauver des vies sans lesavoir, on peut vraiment aider lesautres, vraiment ! »

Sarajevo est en anglais mais,lorsque Jasenko et sa familleobtiennent leur permis de séjour,Jasenko apprend très vite lesuédois. Dès le printemps 1994, ilse présente à l’École d’artdramatique, section mise enscène, à Stockholm. Malgré uneconcurrence sévère, il est reçu et ilne lui faudra pas plus de deux anspour obtenir son diplôme. En1995, Jasenko s’installe àGöteborg, où il travaille à denombreuses pièces inspirées deson expérience de la guerre. En1998, il est nommé directeurartistique du théâtre municipal deGöteborg.

Des privations et des dangers deSarajevo assiégée à cette réussiteet cette vie tranquille en Suède,quelle n’a pas été l’odyssée deJasenko Selimovic !

Source : UNHCR Stockholm

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Hier persécutée au Congo,

aujourd’hui députée au

Parlement suédois

Nyamko Sabuni est la fille d’unmilitant qui soutenait PatriceLumumba, le premier Premierministre de l’ancienne République duCongo (devenue par la suite le Zaïre),et fut assassiné en 1961. A l’époque,les convictions politiques de M.Sabuni lui valent beaucoupd’ennemis, et entraînent de gravesconséquences pour Nyamko et lereste de la famille, elle-même victimede nombreuses persécutions. Lasituation s’aggrave à tel point queNyamko, sa mère et ses six frères etsœurs sont contraints de se réfugierau Burundi voisin, en taisant leur nomde famille par mesure de précaution.Pendant ce temps, au Zaïre, son pèrefait de nombreux séjours en prison.La famille rentre même quelquetemps au pays afin de le soutenir etde lui fournir des vivres et d’autresproduits de première nécessitédurant son incarcération.

En 1980, avec l’aide d’un ami, le pèrede Nyamko parvient à s’échapper deprison et à s’enfuir en Tanzanie. Maisles services secrets zaïrois ne tardentpas à retrouver sa trace et tentent del’assassiner dans son hôtel. Traqué,M. Sabuni ne peut plus rester enAfrique. Il a alors la chance d’être« adopté » par Amnesty Internationalet de se voir offrir l’asile en Suède, l’undes pays les plus sensibles à la crisequi sévit dans la région.

Le 24 mars 1981, quelques joursavant le douzième anniversaire deNyamko, toute la famille est ànouveau réunie. La Suède connaît àl’époque une forte expansionéconomique et il est relativementfacile de trouver un emploi. En moinsde six mois, M. Sabuni entame unelongue carrière au départementinternational des services postauxsuédois. Il trouve également unappartement à Kungsaengen, dans labanlieue de Stockholm et, grâce auxautorités suédoises, toute la familleobtient un permis de séjour. PourNyamko, le plus beau cadeaud’anniversaire est de pouvoir ànouveau vivre avec son père.

Les parents de Nyamko ont toujoursencouragé leurs sept enfants à fairedes études. Convaincus que lesenfants peuvent réaliser leurs rêves,ils considèrent que rien n’estimpossible. Une fois les formalitésréglées, Nyamko prend gaiement lechemin de l’école, où elle sepassionne immédiatement pourl’athlétisme, le basket et la danse. Enbonne adolescente, elle nes’intéresse guère à la politique. Dumoins pas encore.

Mais après avoir passé son bac,Nyamko ne tarde pas à entendrel’appel de la politique. En 1991, dans lebut de souligner l’apport desimmigrants africains à la sociétésuédoise, elle co-fonde l’Associationdes Africains de Suède, dont elleprendra plus tard la présidence. Ceci laconduit vers le Parti libéral suédois,dont elle devient quatre ans plus tardmembre du comité directeur de lasection de la jeunesse. Nyamko entrebientôt à la direction de la section deStockholm du parti et devientmembre du comité directeur àl’échelon national, tout en participantactivement à la Commission culturelledu Comté de Stockholm.

En 2002, Nyamko est élue députéeau Parlement suédois, où elle est

aujourd’hui membre d’un certainnombre de commissions telles quel’industrie, le commerce extérieur, ledéveloppement régional ou l’énergieet les ressources naturelles. Prenanttrès à cœur sa mission parlementaire,elle ne cesse de sillonner la Suèdepour rencontrer des gens et departiciper à des débats, notamment àla télévision.

Nyamko est mariée depuis quelquesannées à un Suédois originaire de larégion de Dalarna, au nord-ouest deStockholm, avec qui elle a eu desjumeaux : Christian et Patrice, qui doitson prénom au héros de son grand-père, Patrice Lumumba.

Avoir été la victime impuissante desconflits souvent violents qui déchirentl’Afrique occidentale et devenir unmembre démocratiquement élu de lascène politique suédoise n’est pas unmince exploit. Le parcours deNyamko illustre bien ce qu’on peutaccomplir avec un peu d’aide ex-térieure et beaucoup de détermi-nation. Lorsqu’on lui demande si sesparents, aujourd’hui à la retraite, sontfiers de ses prouesses, Nyamkos’esclaffe et déclare : « Fiers,oui, mais ils n’en attendaient pasmoins de moi ! ».

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William, est l’un de ces milliers de

« garçons perdus » du Soudan,

qui ont marché pieds nus

pendant des mois avant de

trouver la liberté et de nouvelles

perspectives d’avenir à l’étranger.

Vancouver, avec ses élégants gratte-ciel dressés dans le ciel d’azur et, àl’arrière-plan, les sommets enneigéset les flots étincelants du Pacifique, estune ville résolument tournée versl’avenir. En comparaison, le sud duSoudan offre un contraste saisissant :une région aride, constamment enproie à la souffrance et à la mort, avecses silhouettes décharnées avançanten file indienne devant l’immensitédes cieux africains.

Combler le fossé apparemmentinfranchissable qui sépare ces deuxunivers, c’est ce que tente de faire lejeune William Kolong Pioth,aujourd’hui âgé de 26 ans.

L’exode

L’improbable odyssée qui va menerWilliam de l’Afrique orientalejusqu’au Canada occidental débuteen 1983, lorsque ses parents, avecles anciens de la tribu soudanaisedes Dinkas, décident de mettre leurs

enfants à l’abri de la guerre civile quiravage alors une partie du plus grandpays d’Afrique. À peine âgé de 10ans, William entame sa longuemarche en compagnie de 300 autresgarçons dinkas. Il leur faudraexactement deux mois et 24 jourspour parcourir les mille kilomètres quiles séparent d’un camp de réfugiéssitué de l’autre côté de la frontière,en Éthiopie occidentale.

À travers les vastes plaines, d’autrestroupes de « garçons perdus »sillonnent ainsi la campagne enquête d’un refuge, se faisant parfoisenrôler par les troupes de la guérillacomme porteurs ou enfants soldats.Leur saga deviendra l’une des plustristement célèbres de l’histoire desréfugiés, à la fois immense tragédieet extraordinaire leçon de survie.

Longues marches

En réalité, William devraentreprendre deux autres longuesmarches. « Je me suis déshabillé etj’ai marché nu », se souvient-il, « il yavait des gens qui tuaient les enfantsrien que pour leurs vêtements». Ilatteint enfin le camp de réfugiés deKakuma, dans la régioninhospitalière, semi-aride de la pointe

nord du Kenya. Là, il apprend l’anglaisdans une petite école aux mursd’argile et occupe pendant plusieursannées un poste de travailleur socialpour 10 dollars par mois. L’une de sestâches consiste à organiser desmatchs de volley et de basket dans lecamp. Après la visite d’une délégationdu Comité international olympique,l’un des délégués lui envoie une pairede Nike. Rien ne sera plus jamaiscomme avant : « Le jour où ceschaussures sont arrivées », raconte-t-il, « je me suis senti comme un roi. »

Le meilleur des mondes !

Un autre coup de chance attendWilliam. L’année suivante, unresponsable de l’immigrationcanadienne en visite dans le camp luiaccorde le droit de se réinstallerdéfinitivement au Canada. Il a toutjuste 21 ans lorsqu’il atterrit àl’aéroport de Vancouver durant l’été1998. Pour lui, c’est commedécouvrir un monde fantastiquedans quelque lointaine galaxie. Faireles courses est une notiontotalement inconnue, qu’il va devoirimmédiatement maîtriser. « Je nesavais pas par où commencer »,confie-t-il, évoquant son désarroilorsqu’on lui remet une allocation

LA LONGUE MARCHE

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pour acheter de la nourriture etd’autres produits de premièrenécessité. Après tant d’annéespassées dans un camp de réfugiés,William a l’habitude de recevoir desrations alimentaires.

La perspective de faire les coursess’avère tellement intimidante qu’ilreste cloîtré chez lui. Après avoirenfin négocié l’achat d’un poulet, ils’agit de le faire cuire. N’augurantrien de bon de la cuisinièreélectrique, totalement exotique àleurs yeux, William et sescompagnons soudanais risquent unenouvelle descente au magasin pourse procurer du charbon. En vain.Lorsque l’assistant à la réinstallationleur rend visite le lendemain, ildéclare : « Tout va bien, à part lecharbon pour faire la cuisine ».

Le maniement du téléphone exigeune ou deux semaines d’appren-tissage, tout comme celui de latélécommande du téléviseur.William se souvient avec hilarité de lacrainte que lui inspire le mot « Power»sur l’interrupteur. « Je savais ce queça voulait dire, puisque je savais lire,mais j’avais l’impression terrifianteque tout allait exploser ! »

Le paradoxe canadien

Si l’organisme de réinstallation aideWilliam et un autre réfugié soudanaisà se procurer un logement, trouverdu travail est une autre affaire. Lesnouveaux arrivants se plaignentsouvent du paradoxe canadien : pourobtenir un emploi, il faut del’expérience, mais pour avoir del’expérience, il faut un emploi. Aprèsavoir rempli les rayonnages d’unsupermarché pour obtenir del’expérience, William est aujourd’huihomme à tout faire dans le serviced’entretien d’un grand centrecommercial.

Un accueil chaleureux

William est constamment frappé parla gentillesse des Canadiens. Il sesouvient que peu après son arrivée,un couple de retraités a engagé laconversation dans un parc, curieuxde savoir d’où il venait. Ils l’ont appelé« fiston », comme le font souvent

les personnes âgées, ce qui l’aprofondément touché. « J’aivraiment eu l’impression d’être le filsde quelqu’un ! », s’exclame le jeunehomme, qui n’a pas revu sesparents depuis l’âge de neuf ans.Bien que les années passées auCanada soient les plus heureuses deson existence, la seule ombre ternitce tableau : l’absence de sesparents. Il a tenté de les retrouver parl’intermédiaire de la Croix-Rouge,

mais en vain. « Je ne sais rien de mafamille », reconnaît-il. « Même si mamère était assise là, je ne lareconnaîtrais pas. »

Naturalisation

En 2002, William obtient la nationalitécanadienne. Il se prépare d’arrache-pied à l’examen obligatoire pour tousles résidents autorisés à déposerune demande de naturalisation. Peuaprès l’examen, il reçoit une lettrel’invitant à la cérémonie où il prêteserment en tant que citoyen. Audépart, William a du mal à cerner cequ’est un « vrai Canadien » et n’estpas entièrement convaincu que sacarte d’identité apparemmentinsignifiante, de la taille d’une cartede crédit, lui suffira pour être traité

comme un citoyen à part entière.Pour s’en assurer, il décide defranchir en voiture la frontière entre leCanada et les États-Unis. S’attendantà être arrêté et refoulé, il découvreavec bonheur qu’on le laisse passer.« C’est incroyable d’avoir les mêmesdroits que les autres, des droits queje n’aurais jamais cru avoir un jour. »

Projets d’avenir

Pour William, l’aspect le plus

important de sa nouvelle vie estl’impression d’être constammentprotégé. C’est ce sentiment desécurité qui lui permet de mener unevie normale – d’étudier, de travailler,de voyager librement, de faire desprojets d’avenir. Sur ce dernier point,il n’en revient pas que son emploi luidonne droit à un contrat d’assurance-vie. « Les Canadiens pensent àl’avenir », s’exclame-t-il. « En Afrique,on vit au jour le jour. Là-bas, pe-rsonne n’avait d’assurance-vie ! Maisici, je suis sûr, absolument sûr, que jeserai encore en vie demain. Je prévoisles choses 25 ans à l’avance ! »,conclut-il avec enthousiasme.

Source : Judith Kumin - Magazine Réfugiés

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Des cachots du Chili de l’après-

Allende au Conseil municipal

d’Oslo

En septembre 1973, le Comman-dant en chef de l’armée chilienne, legénéral Augusto Pinochet, prend latête d’un coup d’État destiné àrenverser Salvador Allende, premierprésident marxiste jamais élu à lafaveur des urnes dans un pays.Après le coup d’État, NolviaDominguez Skjetne, militante degauche, est licenciée et, son mari,membre du syndicat des travailleurs,exécuté.

En 1980, les services de ren-seignement chiliens arrêtent Nolvia.Cette période de détention laisserades séquelles et plus tard, Nolviasouffrira de problèmes de santé. À salibération, la jeune femme décide des’enfuir avec son fils de dix ans et serend en Norvège, où elle obtient lestatut de réfugiée en novembre 1980.Dans son pays d’asile, elle décide delutter contre le régime militaire, de sebattre pour la défense des droits del’homme au Chili et de continuer àsoutenir son parti, le MIR (Movimentode Izquierda Revolucionaria).

Au début de la décennie, à l’époqueoù de nombreux Chiliens seréfugient à l’étranger, Nolvia devientl’une des dirigeantes de l’Associationdes exilés latino-américains à Oslo.Entre autres activités, elle aide unavocat norvégien en lui fournissantdes renseignements sur la situationpolitique au Chili. Parallèlement, ellefonde la section norvégienne duComité de défense des droits dupeuple (CODEPU).

Il ne faut pas longtemps à Nolviapour s’impliquer activement dans lavie politique norvégienne. Elle entreau Sosialistik Venstreparti (partisocialiste norvégien) et en 1990, elleest la première immigrée jamais élueau conseil municipal d’Oslo.S’intéressant en particulier auxaffaires culturelles, elle se préoccupeaussi des questions d’immigration etdevient un modèle pour les autresréfugiés et les immigrants enNorvège.

Bien que ses activités politiques enNorvège lui laissent peu de répit,Nolvia n’en oublie pas le Chili pourautant et multiplie les interventionspour obtenir l’extradition et lejugement du général Pinochet.

Nolvia, qui a épousé un Norvégien, aaujourd’hui le sentiment d’apparteniraux deux cultures. Son fils,spécialiste de la break-dance, adéménagé au Danemark afin d’ypoursuivre une carrière prometteuse.Nolvia a ouvert un jardin d’enfants,qu’elle gère elle-même. Elle a siégéau Conseil municipal jusqu’à l’annéedernière, époque à laquelle lamaladie d’un membre de sa famillel’a obligée à renoncer à ses activitéspolitiques pour quelque temps. Cettefemme dévouée et énergique n’en apas moins trouvé le temps d’ouvriret de gérer une deuxième garderie.Pas de doute : le Chili a perdu auchange et la Norvège y a gagné !

Source : UNHCR Stockholm

NOLVIA DOMINGUEZ SKJETNE:

Nolvia Dominguez Skjetne ©U

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Surtout quand on revient de loin

Le périple d’un médecin rwandais,de retour chez lui après dix annéesd’exil.Le docteur Joseph Nsengiyumvane peut s’empêcher de sourire : « Oui,on n’est vraiment bien que chezsoi. » Et il sait de quoi il parle. Ilrevient en effet d’un voyageéprouvant qui l’a mené de chez lui,à Butare, au Rwanda jusqu’à…Butare. Un voyage qui a duré dixlongues années.

Le génocide

Tout commence en 1994. JosephNsengiyumva, marié, père d’unepetite fille de 2 ans, est étudiant enmédecine à l’université de Butare,au Rwanda, son avenir de mé-decin devant lui. Soudain touts’écroule : les années de troublespolitiques aboutissent à ungénocide qui fera des millions demorts, et laissera des millionsd'orphelins et de réfugiés. Joseph,ses amis et sa famille ramassentquelques affaires et s’enfuient àGikongoro – où se trouveaujourd’hui un monument poignantdédié aux milliers de Rwandaismassacrés, alors qu’ils cherchaientrefuge dans une école.

À l’époque, Gikongoro est le sited’un camp pour PDI, personnesdéplacées à l’intérieur du pays. Là, lafamille a la chance d’être nourrie parla Croix-Rouge pendant une se-maine avant d’être transférée àCyangugu, une villesituée au bord d’unlac, à la frontière duZaïre (l’actuelle Ré-publique démocra-tique du Congo) etdu Burundi. Sur laroute, la familleentassée dans unminibus bondé, doitse frayer un cheminentre les barrages dela milice et subir sesextorsions. C’est affamés et sans lesou qu’ils finissent par découvrir unspectacle que Joseph résume

aujourd’hui sobrement par ces deuxmots : la panique.

Deux millions de personnes sur

les routes

Le bruit court que le gouvernementrwandais a décidé de se reformer enexil et appelle les citoyens à le suivre,ce qui déclenche le déplacement dedeux millions de civils. Bon nombred’entre eux sont chargés de portes ou

de fenêtres, depoulets et de mar-mites, dont ilspensent avoir besoin.Joseph traverse lafrontière près de laville congolaise deBukavu, où il ren-contre un prêtre qu’ilconnaissait à Butare,et qui lui donne 40dollars – pas grand-chose mais assez

pour maintenir sa famille en vie.

De là, quelques heureux élus, parmilesquels sa sœur et son beau-frère,sont envoyés en France. « Ils avaientsuivi des études et une formation enFrance plusieurs années auparavant »raconte Joseph, « c’est peut-êtrepour ça qu’ils ont été pris. » D’autresse voient accorder l’asile enBelgique, au Canada et aux États-Unis. Pas Joseph. Il se retrouve àBukavu avec sa famille, sans abri,sans sanitaires et sans eau potable.Aujourd’hui, le lac Kivu est redevenule joyau de la région des GrandsLacs. Mais pour les réfugiés, en1994, ses eaux servent à la fois debaignoire, de boisson et de poubelle. Ils repartent, cette fois pour Uvira enRépublique Démocratique duCongo, où la famille, épuisée, prendun ferry pour Kigoma en Tanzaniepuis passent par Mpulungu enZambie.

« QU’ON EST BIEN CHEZ SOI ! »

Camp de personnes déplacées, Rwanda.

« Ce qui compte,c’est d’aider lesréfugiés à refaireleur vie, soit enrentrant chez eux,soit en repartantde zéro dans unnouveau pays »

Ruud Lubbers

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Espérant que la capitale leur offriraplus de possibilités, Josephemmène sa famille jusqu’à la têtede la ligne ferroviaire à KapiriMposhi. Ils prennent alors le trainpour Lusaka – et rencontrent leurpremier gros problème : ils se fontarrêter. Heureusement, la policecomprend vite la situation, leurdonne à boire et à manger et lesconduit auprès de l’UNHCR. « Ilsont été très aimables » expliqueJoseph. « Ils ont promis de nousemmener à Maheba, au nord-ouest, où se trouvait un camp avecécoles et hôpitaux ».

Deux jours dans le camion

L’UNHCR fournit un camion. MaisMaheba, une zone forestière froide,sans hôpital ni école en vue, n’estpas le paradis dont ils rêvaient : « Ilaurait fallu couper des arbres neserait-ce que pour pouvoir planternos tentes ! » Ils comprennent ques’ils restent là, on les oubliera, alors ilsrefusent obstinément de sortir ducamion. « Nous y sommes restésdeux jours. Nous descendions à unou deux pour cuisiner juste à côté.Le chauffeur n’a pas pu nous fairesortir alors il nous a ramenés àLusaka. » Ils se retrouvent bientôtdans un camp avec des réfugiésoriginaires de l’Angola, duMozambique et de l’Ouganda.

Ils commencent à prendre leursmarques en Zambie. La majorité dugroupe est composée de profes-sionnels qui veulent travailler ets’intégrer. Aussi leur premièredécision est-elle d’apprendre l’an-glais. Joseph décrit leurs hôteszambiens comme des gens trèsaccueillants et serviables. Un prêtrecatholique l’aide vite à trouver sonpremier travail : employé à lapharmacie de l’hôpital.

Retour à la faculté de médecine

Joseph veut toujours être médecin ;il dépose donc une demande debourse à Lusaka et six mois plustard il obtient une réponse positive,même s’il doit redoubler uneannée. Enfin, après des années detravail acharné, il obtient sondiplôme de docteur en médecine.Quelque temps après, il trouve dutravail à l’université.

En octobre 2003, apprenant que leRwanda organise des élections,Joseph prend contact avecl’UNHCR en vue d’obtenir sonrapatriement. Après plusieursvoyages remis, il finit par retournerà Butare… là où tout avaitcommencé.

« Ils m’ont ri au nez quand j’ai

parlé de rentrer chez moi. »

Aujourd’hui, il a le sentiment quetout a changé au Rwanda, enmieux, malgré ce qu’en disent lesmédias étrangers qui, selon lui,donnent une image très négativede son pays. Bien sûr, le motgénocide reste irrémédiablementassocié au Rwanda. Mais Josepha été agréablement surpris de voirque la vie avait repris son cours,que les gens travaillaient ets’amusaient, que la paix était là,que le pays était endéveloppement – une situationdifficile à expliquer aux réfugiésrwandais toujours en exil. « Ilsm’ont ri au nez quand j’ai parlé derentrer chez moi » dit-il amusé.

Le docteur Nsengiyumva gagnedésormais presque autant qu’enZambie et lorsqu’on lui demandequel conseil il donnerait auxRwandais exilés, il réfléchit unmoment avant de répondre : « Leretour n’est pas pour tout lemonde. Certains ont desentreprises florissantes qu’ils nepeuvent pas laisser derrière eux. »Une pause. « Mais ceux qui sontdans des camps devraient rentrer. »Même si les Zambiens étaientgentils et amicaux, c’est del’étiquette réfugié qu’il voulaitabsolument se défaire.

Il a réussi. De retour chez lui àButare, Joseph est entouré de sesamis et de sa famille. Tout va bien, ilest content. Il sourit encore : « Onest vraiment bien que chez soi ! »

Source : Caroline Mwangi UNHCR Rwanda

The Club Mamans Sportives, set up for Rwandanmothers, by the Rwandan Women’s Initiative, providesadult literacy training.

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Le parcours d’un artiste afghan,

de l’exil à l’intégration

Le peintre Akbar Kurasani, ex-réfugiéafghan aujourd’hui naturalisé ukrai-nien, a offert à l’UNHCR une œuvreinspirée de son expérience, afin de re-mercier l’agence pour les réfugiés del’aide qu’elle lui a prodiguée au fil des ans.

La toile, intitulée Réfugiés, est expo-sée dans les bureaux de l’UNHCR àKiev, la capitale ukrainienne. On y voitdes réfugiés, portant des enfants dansles bras, qui ne veulent pas partir ; letracé ténu de routes presque invisiblesparmi lesquelles il leur faut choisir ; et laroute qu’Akbar a prise – la verte, quiconduit à la verte ville de Kiev.

Recevant le tableau mardi, M. GuyOuellet, Délégué régional del’UNHCR au Bélarus, en Républiquede Moldova et en Ukraine a déclaré :« Pour le personnel de l’UNHCR,quelle plus belle récompense que devoir les réfugiés refaire leur vie ? Noussommes là pour les aider préci-sément à cela et les années d’inter-ventions, assorties de négociations,auprès du parlement ukrainien et dugouvernement ont porté leurs fruits –les réfugiés peuvent désormaisobtenir la nationalité ukrainienne ets’intégrer dans le pays ».

Le « syndrome du yo-yo »

« Je suis reconnaissant à l’UNHCR dem’avoir protégé », explique Akbar.« Le sort du réfugié n’est pas trèsenviable. Le réfugié éprouve lesyndrome du yo-yo : il est totalementdépendant de décisions prises pardes tiers, sa vie est entre leurs mains.Lorsque j’ai obtenu la nationalitéukrainienne, mon indépendanceretrouvée m’a permis de reprendreconfiance en moi ; maintenant je suismaître de mon destin. »

Sans art, point de salut pour le peintre,âgé de 43 ans : « L’art m’a préservéde la folie qui s’est emparée denombre de mes compatriotes du faitde cette guerre civile absurde etinterminable » explique-t-il en évoquantle chaos dans lequel l’Afghanistan aété plongé pendant des décennies.« Je viens d’une région superbe, mais il

ne doit plus rien en rester aujourd’hui.Toutes ces années de guerre ont faitd’énormes dégâts. »

Akbar est né dans les montagnes dela province d’Uruzgan, au centre del’Afghanistan. Il a découvert la peinturelors de son service militaire à Kaboulet a appris à peindre avec un artistemoscovite, dont il suivait les cours auCentre soviétique d’information et deculture.

L’aide de l’UNHCR

En 1986, Akbar est envoyé en Ukrainepour poursuivre une formationartistique. Mais avant qu’il ait terminéses études, les Talibans prennent lepouvoir. Désormais, plus question derentrer en Afghanistan. L’UNHCRintervient pour empêcher qu’il ne soitexpulsé de la résidence universitaire,lui offre l’assistance juridique nécessaireet l’aide à faire connaître son travail àl’occasion d’expositions destinées àsensibiliser le grand public.

Lorsque les services de l’immigrationentament la procédure de déter-mination du statut de réfugié en 1996,Akbar obtient le statut de réfugié.Peintre confirmé, il vit toujours dansune pièce de 9 mètres carrés à la rési-dence universitaire, au milieu de 300

toiles, et finit par développer uneallergie aux émanations de peinture.En 2002, il peut enfin s’installer dansun petit appartement.

La naturalisation

Akbar devient ukrainien en juillet 2003,en application de la loi révisée sur lanationalité qui autorise la naturalisationdes réfugiés ayant résidé pendant troisans dans le pays. Au 1er mars 2004,plus de 230 réfugiés – afghans pour laplupart – avaient bénéficié de cettedisposition, entrée en vigueur en 2001.

Au fil des ans, Akbar s’est intégré à lasociété ukrainienne. Devenu un pro-tagoniste important de la vie artistique,il a organisé de nombreuses exposi-tions personnelles au cours des cinqdernières années. Il a également vendudes toiles à des collectionneurs privésen Europe, aux États-Unis et en Asie.

Mais son cœur est resté en Afgha-nistan. Akbar essaye en effet de re-trouver la trace de sa mère et de safamille, déplacés à l’intérieur du pays,et espère retourner bientôt dans sapatrie. Plus précisément, il rêve deconcevoir des logements pour lesrapatriés pour qu’un jour, les exiléscomme lui puissent avoir un endroit« à eux » où revenir.

SANS ART, POINT DE SALUT

Akbar Kurasani

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ANNEXES

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NOMBRE DE PERSONNES RELEVANT DE LA COMPÉTENCE DE L’UN HCR – PAR RÉGION

Région Total au Total au

1er Janvier 2002* 1er Janvier 2003

Asie 8,820,700 9,378,900Afrique 4,152,300 4,593,200Europe 4,855,400 4,403,900Amerique du Nord 1,086,800 1,061,200Amérique latine et Caraïbes 765,400 1,050,300Océanie 81,300 69,200TOTAL 19,761,900 20,556,700

* Chiffres révisés à la fin de l’année..

Pays d’origine 2 Principaux pays d’asile Total

Afghanistan Pakistan / Iran 2,481,000Burundi Tanzanie /Rép. dém. Congo 574,000Soudan Ouganda / Ethiopie / Rép. dém. Congo / Kenya / Rep. Centrafricaine 505,200Angola Zambie / Rép. dém. Congo / Namibie / Congo 433,000Somalie Kenya / Yemen / Ethiopie / Royaume Uni / USA / Djibouti 429,000Rép. dém. Congo Tanzanie / Congo / Zambie / Burundi / Rwanda 415,000Iraq Iran / Allemagne / Pays-Bas / Suède 401,000Bosnie-Herzegovine Serbie-Monténégro / USA / Suède / Danmark / Pays-Bas 372,000Viet Nam Chine / USA 348,000Eritrée Soudan / Ethiopie 316,0001 Plus de 4 millions de Palestiniens relèvent du mandat de l’Office de secours et de travaux des Nations Uniespour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et ne sont donc pas pris en compte dans cerapport. Les Palestiniens qui vivent ailleurs que dans la zone d'activités de l'UNRWA – en Iraq ou en Libye parexemple – sont en revanche considérés comme relevant de la compétence de l’UNHCR. A la fin de 2002 leurnombre était de 428 710.2 Estimations de l’UNHCR concernant les réfugiés qui se trouvent dans les pays industrialisés, basées sur lenombre de réfugiés arrivés récemment, ainsi que sur le nombre de réfugiés qui ont été reconnus comme telspar ces pays.

ORIGINE DES PRINCIPALES POPULATIONS RÉFUGIÉES EN 2002

[ Les 10 groupes les plus importants1 ]

ANNEXE I : STATISTIQUES

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NOMBRE TOTAL DE RÉFUGIÉS ET PERSONNES RELEVANT

DE LA COMPÉTENCE DE L’UNHCR DANS LE MONDE1

(Chiffres au 31 décembre de chaque année)

Année Nombre Total de personnesde réfugiés relevant de la

compétence de l’UNHCR1980 8,439,000 —1981 9,696,000 —1982 10,300,000 —1983 10,602,000 —1984 10,710,000 —1985 11,844,000 —1986 12,614,000 —1987 13,103,000 —1988 14,319,000 —1989 14,706,000 —1990 17,370,000 —1991 16,829,000 —1992 17,798,500 —1993 16,280,100 —1994 15,703,100 —1995 14,860,600 —1996 13,317,400 —1997 11,966,200 19,741,0001998 11,429,700 19,827,7001999 11,625,700 20,503,2002000 12,062,500 21,800,3002001 12,029,900 19,761,0002002 10,389,700 20,556,7001 Chiffres révisés à la fin de l’année.

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NOMBRE DE PERSONNES RELEVANT DE LA COMPÉTENCE DE L’UNHCR – PAR CATÉGORIE

Demandeurs Rapatriés Personnes Apatrides TOTALRégion Réfugiés d’asile déplacées* et autres 1er JAN. 2003

Asie 4,188,100 28,900 1,995,700 2,940,600 225,700 9,378,900Afrique 3,343,700 159,600 345,300 715,100 29,600 4,593,200Europe 2,136,300 366,800 84,000 1,171,500 645,400 4,403,900Amerique du N. 615,100 446,100 — — — 1,061,200Amerique Latine 41,100 9,100 — 950,000 50,100 1,050,300& CaraïbesOcéanie 65,400 3,900 — — — 69,200TOTAL 10,389,700 1,014,400 2,425,000 5,777,200 950,800 20,556,700 * Comprend 1,1 million de déplacés internes qui sont retournés chez eux en 2002.

PRINCIPALES ARRIVÉES DE RÉFUGIÉS EN 20021

Origin Main countries of asylum Total

Libéria Sierra Leone / Guinée / Côte d’Ivoire 105,000Rép. dém. Congo Burundi / Tanzanie / Zambie 39,000Burundi Tanzanie 29,000Somalie Yémen / Kenya 24,000Côte d’Ivoire Libéria / Guinée 22,000Rép. centrafricaine Tchad / Congo 20,000Nigéria Cameroun 17,000Soudan Uganda / Kenya / Rép. centrafricaine. 16,000Angola Zambie / Rép. dém. Congo 8,000Rwanda Uganda / Tanzanie 6,0001 Les dix mouvements les plus importants

PRINCIPALES OPÉRATIONS DE RAPATRIEMENT VOLONTAIRE[ En 2002 par pays de destination1 ]

Destination En provenance de

(pays d’origine) (principaux pays d’asile) Total

Afghanistan Pakistan / Iran 1,958,000Angola Zambi / Rép. dém. Congo / Namibie 88,000Sierra Leone Guinée/ Libéria 76,000Burundi Tanzanie / Rép. dém. Congo 54,000Rwanda Tanzanie / Rép. dém. Congo 39,000Bosnie-Herzégovine Serbia-Monténégro / Croatie / Suède / Allemagne 42,000Somalie Ethiopie / Djibouti 32,000Timor-Leste Indonésie 32,000Libéria Côte d’Ivoire 22,000Erytrée Soudan 20,0001 Les dix mouvements les plus importants.

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PRINCIPAUX PAYS DEREINSTALLATION

[ en 2002 ] 1

1 Source : gouvernements

L’UNHCR EN BREF[ Données au 1er juillet 2003 ]

● Bureaux de l’UNHCR dans le monde, y compris le siège : 251 dans

115 pays

● Effectifs de l’UNHCR, y compris le personnel temporaire : 6235

● Personnel sur le terrain : 5325 (85% du total)

● Ratio du personnel de l’UNHCR / nombre de personnes relevant de la compétence de l’UNHCR : 1 pour 3300

● Budget total de l’UNHCR pour 2003 : 1,16 milliard de dollars

● Budget total de l’UNHCR pour 2002 : 1,06 milliard de dollars

● Nombre d’ONG partenaires sur le terrain au 1er juillet 2003 : 514

● Nombre d’ONG partenaires en 2002 (total) : 573

● Etats signataires de la Convention de 1951 et/ou du Protocole de 1967 : 145

EN QUELQUES CHIFFRES

● Au début de 2003, le nombre depersonnes relevant de la

compétence de l’UNHCR était de

20,6 millions. Ce chiffre comprend10,4 millions de réfugiés (51%), 1,0million de demandeurs d’asile (5%),2,4 millions de rapatriés (12%), 5,8millions de déplacés internes (28%) et951 000 autres personnes bénéficiantde l’aide de l’UNHCR (4%).

● Le chiffre de 20,6 millions traduitune légère augmentation dunombre de personnes déracinées parrapport aux 19,8 millions de l’annéeprécédente. Il résulte à la fois dequelques changements d’ordredémographique, juridique etadministratif, ainsi que de plusieurs

développements majeurs : une

forte intensification desmouvements de retour des réfugiéset des déplacés, une sensible

diminution du nombre de nouveauxréfugiés, ainsi qu’une augmentation

tout aussi importantedu nombre depersonnes continuant à avoir besoind’aide pour reconstruire leur vie aprèsavoir regagné leur patrie.

● Le nombre global de réfugiés anettement diminué, soit 10,4 millions

de personnes contre 12 millions

précédemment, essentiellement enraison du retour de près de 2 millionsde réfugiés afghans en provenanced’Iran et du Pakistan.

● D’autre part, le nombre depersonnes bénéficiant d’uneassistance après leur retour dans leurlieu d’origine – les rapatriés – afortement augmenté, passant de

462 000 en 2001 à 2,4 millions en

2002.

● Quelque 293 000 nouveaux

réfugiés ont été enregistrés en 2002,soit 69% de moins que l’annéeprécédente. La majorité d’entre euxvenaient du Libéria (105 000), de laRépublique démocratique du Congo(39 000), du Burundi (29 000), de laSomalie (24 000), de la Côte d’Ivoire(22 000) et de la Républiquecentrafricaine (20 000).

● L’Asie accueillait près de la moitié

des personnes relevant de la

compétence de l’UNHCR avec 9,4millions de personnes, soit 46%,suivie de l’Afrique avec 4,6 millions(22%), l’Europe avec 4,4 millions

(21%), l’Amérique du Nord etl’Amérique latine avec un millionchacune (10%), et l’Océanie avec 69200 personnes (0,3%).

● Le nombre de demandes d’asile

présentées ou encore en coursd’examen en 2002 a été de 1,0 millioncontre 940 000 en 2001.Conséquence des récentsévénements politiques et militaires, lesressortissants iraquiens ont

constitué le groupe le plus

important de demandeurs d’asiletandis que le nombre de demandesprésentées par des Afghans a chutéde plus de 50%.

● Globalement, les principaux

pays d’asile des réfugiés sont lessuivants : l’Iran (estimation del’UNHCR : 1,3 million), le Pakistan(estimation de l’UNHCR : 1,2million), l’Allemagne (980,000), laTanzanie (690 000), les Etats-Unis(estimation de l’UNHCR : 485000), la Serbie-Monténégro (350000), la République démocratiquedu Congo (330 000), le Soudan(330 000), la Chine (300 000) etl’Arménie (250 000).

Etats-Unis 26,300

Canada 10,400

Norvège 1,200

Suède 1,000

Nouvelle-Zélande 670

Finlande 570

Danemark 490

Pays-Bas 160

Irelande 23

Australie 9,200

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Les Nations Unies ont donné pourmandat à l’UNHCR, l’agence pourles réfugiés, de conduire et decoordonner l’action internationalepour la protection des réfugiés àtravers le monde et de rechercherdes solutions à leurs problèmes.

La mission première de l’UNHCRest de garantir les droits et le bien-être des réfugiés. L’agencecherche à s’assurer que chacunpuisse bénéficier du droit d’asiledans un autre pays et regagner sonpays d’origine de son plein gré. Ellecherche également à remédierdurablement au sort des réfugiésen les aidant à rentrer chez eux ouà s’installer dans un autre pays.

L’action de l’UNHCR est déter-minée par son Statut et guidée parla Convention des Nations Uniesde 1951 relative au statut desréfugiés, ainsi que par le Protocolede 1967. Le droit international desréfugiés constitue le cadre normatifessentiel des activités humanitairesde l’UNHCR.

Le Comité exécutif de l’UNHCR etl’Assemblée générale des NationsUnies ont également autorisél’agence à intervenir en faveurd’autres groupes de personnes,

comme les apatrides ou lesindividus dont la nationalité estcontestée et, dans certains cas, lespersonnes déplacées à l’intérieurde leur propre pays.

L’UNHCR s’efforce de prévenir lesdéplacements forcés depopulations en encourageant lesÉtats et autres institutions à créerdes conditions propices à laprotection des droits de l’hommeet au règlement pacifique desdifférends. Dans ce même esprit,l’UNHCR cherche à consolider laréintégration des rapatriés dans leurpays d’origine, afin d’éviter dessituations d’instabilité quiprovoqueraient de nouveauxexodes de réfugiés.

L’UNHCR offre sa protection etson assistance aux réfugiés et auxautres personnes relevant de sacompétence de manière impartiale,en fonction de leurs besoins etsans distinction de race, de sexe,de religion ou d’opinion politique.Dans toutes ses activités, l’UNHCRaccorde une attention particulièreaux besoins des enfants et veille àpromouvoir les droits des femmeset des jeunes filles, afin de garantirla parité des sexes.

Dans les efforts qu’elle déploiepour protéger les réfugiés etremédier à leurs problèmes,l’agence collabore étroitement avecles gouvernements, les orga-nisations régionales, internationaleset non gouvernementales. Laparticipation des réfugiés auxdécisions qui ont une incidence surleur vie est un principe essentiel deson action.

Par ses activités en faveur desréfugiés et des déplacés, l’UNHCRsert également les buts et lesprincipes de la Charte des NationsUnies : maintenir la paix et lasécurité internationales, développerentre les nations des relationsamicales et encourager le respectdes droits de l’homme et deslibertés fondamentales.

ANNEXE II : LA MISSION DE L’UNHCR

Hongrois réfugiés en Autriche, réinstallés enEurope

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Peu après la deuxième guerremondiale, comme le problème desréfugiés n’a toujours pas été réglé,la communauté internationale res-sent la nécessité d’adopter unnouveau traité pour définir le statutjuridique des réfugiés. Les paysappellent à l’élaboration d’un traitéqui propose une définition généraledu réfugié et qui se substitue auxaccords ponctuels précédemmentadoptés pour remédier à des situa-tions spécifiques. La Convention de1951 relative au statut des réfugiésest adoptée lors de la Conférencedes Nations Unies sur le statut desréfugiés et des apatrides, qui sedéroule à Genève du 2 au 25 juillet1951. Les États peuvent la signer àpartir du 28 juillet et elle entre envigueur le 22 avril 1954.

La Convention énonce les droits etles obligations des réfugiés, ainsique les obligations des États à leurégard. Elle fixe également des

normes internationales relatives autraitement des réfugiés. Enfin, elleformule une série de principesvisant à promouvoir et à défendreles droits des réfugiés en matièred’emploi, d’éducation, de résis-tance, de liberté de mouvement,d’accès aux tribunaux, denaturalisation et, par-dessus tout,de garantie de non-retour dans despays où les réfugiés s’exposeraientà des persécutions. Les articles 1eret 33 contiennent deux desdispositions les plus importantesde la Convention :

Article premier — Définition du

terme « réfugié »

A(2) [Une personne qui] ....craignant avec raison d’êtrepersécutée du fait de sa race, de sareligion, de sa nationalité, de sonappartenance à un certain groupesocial ou de ses opinions politiques,se trouve hors du pays dont elle ala nationalité et qui ne peut ou, du

fait de cette crainte, ne veut seréclamer de la protection de cepays ; ou qui, si elle n’a pas denationalité et se trouve loin du paysdans lequel elle avait sa résidencehabituelle […] ne peut, ou en raisonde ladite crainte, ne veut yretourner...

Article 33 — Défense d’expulsion

et de refoulement

1. Aucun des États contractantsn’expulsera ou ne refoulera, dequelque manière que ce soit, unréfugié sur les frontières desterritoires où sa vie ou sa libertéserait menacée en raison de sarace, de sa religion, de sanationalité, de son appartenance àun certain groupe social ou de sesopinions politiques…

La définition figurant dans laConvention de 1951 est limitée auxindividus qui sont devenus desréfugiés « par suite d’événementssurvenus avant le 1er janvier 1951 ».Cette restriction temporelle sera,plus tard, levée par l’article I (2) duProtocole de 1967 à la Convention.Les États qui adhèrent à laConvention de 1951 ont égalementla possibilité de faire unedéclaration spécifique, limitant leursobligations à des événementssurvenus en Europe.

La Convention de 1951 sur lesréfugiés, complétée par leProtocole de 1967, est, aujourd’huiencore, la clé de voûte du droitinternational des réfugiés ; c’estaussi le seul traité qui ait une valeurvéritablement universelle. Au 31décembre 1999, 131 États avaientadhéré à la Convention de 1951 etau Protocole de 1967, et 138 Étatsavaient ratifié au moins l’un desdeux textes.

Source: Les Réfugiés dans le monde (2000)Guide des procédures et critères à appliquer pourdéterminer le statut de réfugié au titre de laConvention de 1951 relative au statut des réfugiéset du Protocole de 1967. HCR/IP/4/Eng/REV.1

LA CONVENTION DES NATIONS UNIES SUR LES RÉFUGIÉS (1951)

Après des années passées dans un camp deréfugiés en Allemagne, cette famille se prépare à seréinstaller en Nouvelle Zélande et à commencer unenouvelle vie.

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1. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés agissant sous

l'autorité de l'Assemblée générale, assume les fonctions de protection

internationale, sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies, en ce qui

concerne les réfugiés qui entrent dans le cadre du présent statut, et de recherche

des solutions permanentes au problème des réfugiés, en aidant les

gouvernements, et, sous réserve de l'approbation des gouvernements intéressés,

les organisations privées, à faciliter le rapatriement librement consenti de ces

réfugiés ou leur assimilation dans de nouvelles communautés nationales.

Dans l'exercice de ses fonctions, et en particulier en cas de difficulté, notamment s'il

s'agit de contestations relatives au statut international de ces personnes, le Haut

Commissaire prend l'avis du Comité consultatif pour les réfugiés, si celui-ci est créé.

2. L'activité du Haut Commissaire ne comporte aucun caractère politique; elle est

humanitaire et sociale et concerne en principe des groupes et catégories de réfugiés.

3. Le Haut Commissaire se conforme aux directives d'ordre général qu'il recevra de

l'Assemblée générale ou du Conseil économique et social.

4. Le Conseil économique et social peut décider, après avis du Haut Commissaire,

de créer un comité consultatif pour les réfugiés, qui sera composé de représentants

d'Etats membres et d'Etats non membres de l'Organisation des Nations Unies,

choisis par le Conseil en raison de l'intérêt qu'ils portent au problème des réfugiés et

de leur dévouement à cette cause.

5. L'Assemblée générale examinera, au plus tard lors de sa huitième session ordinaire,

les dispositions relatives au Haut Commissariat pour les réfugiés en vue de décider si le

Haut Commissariat doit être reconduit au delà du 31 décembre 1953.

DE L’OFFICE DU HAUT COMMISSAIRE

DES NATIONS UNIES POUR LES REFUGIES

Chapitre I - Dispositions d’ordre général

ANNEXE III : STATUT

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Asile : lieu sûr, refuge. Selon le droitinternational, tout individu a le droit dechercher asile dans un autre pays s’ilest en danger dans son pays d’origine.Assemblée générale des NationsUnies : principal organe délibérant desNations Unies. Elle est composée dereprésentants de tous les Étatsmembres, qui disposent chacun d’unevoix. Les décisions concernant desquestions importantes telles que la paixet la sécurité, l’admission de nouveauxmembres et le budget nécessitent unemajorité des deux tiers. Pour les autresdécisions, la majorité simple suffit.

Convention de 1951 relative au

statut des réfugiés : principal accordjuridique concernant les réfugiés. Cedocument fournit une définition duterme « réfugié » et définit lesconditions de traitement minimalesdont ils doivent bénéficier.

Demandeur d’asile : personne qui afranchi une frontière internationale etsollicité l’asile dans un autre pays. Ledemandeur d’asile sollicite uneprotection et le droit de ne pas êtrerenvoyé dans un pays où il serait endanger. Si le statut de réfugié lui estaccordé, il a le droit de rester dans lepays d’accueil aussi longtemps qu’il lefaudra.

Droits de l’homme : droits auxquelstout individu peut prétendre. Les droitsdéfinis par la loi sont appelés droitslégaux. Les droits de l’homme, qui nesont pas respectés dans certains pays,sont des droits moraux universels. Ilss’appliquent à tous, en tout temps entoutes circonstances. Le principal texteinternational les concernant est laDéclaration universelle des droits del’homme, adoptée par l’Assembléegénérale des Nations Unies en 1948.

Équipe des Nations Unies dans le pays :

ensemble des fonds, des program-mes, des organismes spécialisés etautres entités affectés par les NationsUnies à un pays donné. L’objectifprincipal de ce dispositif est de garantirla cohérence de l’approche adoptée parles différents organes de l’ONU lors dela mise en œuvre collective des

stratégies humanitaires, des stratégiesde développement et des autresstratégies propres au pays où ilsinterviennent.

Groupe ethnique : groupe depersonnes se considérant commemembres d’une même communautéet partageant diverses caractéristiquestelles que la race, la culture, lanationalité et la religion.

Guerre civile : guerre entre différentsgroupes d’habitants d’un même pays.

Humanitaire : relatif au souci du bien-être de l’humanité.

Mandat : autorité confiée à un organeou à une organisation pour mener àbien une politique spécifique.

Nations Unies (ONU) : organisationinternationale d’États soucieux depréserver la paix et la sécurité dans lemonde et de promouvoir la coopérationculturelle, sociale et économique.Fondée en 1945, elle compteaujourd’hui plus de 190 membres.

Organisation non gouvernementale

(ONG) : organisation bénévole nedépendant pas d’un État.

Pays d’accueil : pays dans lequel undemandeur d’asile a fui.

Persécution : violation répétée desdroits de l’homme. Dans le contextedes réfugiés, la persécution est unegrave atteinte aux droits fondamentauxpour des raisons de race, de religion, denationalité, d’opinion politique oud’appartenance à un groupe socialparticulier.

Personnes déplacées à l’intérieur (PDI) :

personnes qui ont été contraintes defuir leur domicile en raison de la guerreou d’autres dangers. Contrairementaux réfugiés, elles n’ont pas franchi defrontières internationales et restentdans leur propre pays. Il n’existe pas delois internationales spécifiques pour lesprotéger sur le plan des droits del’homme.

Rapatrié : individu qui cesse d’être unréfugié après être retourné de son pleingré dans son pays d’origine afin de s’yétablir définitivement.

Rapatriement : action de reconduireune personne dans son pays d’origine.Le rapatriement est soit imposé (onparle alors de refoulement), soitlibrement consenti, auquel casl’UNHCR offre fréquemment son aide.

Refoulement : action de repousserune personne vers un territoire où ellerisque de subir des persécutions. Lerefoulement constitue une violation duprincipe de non-refoulement et doncune infraction au droit des réfugiés etau droit coutumier international.

Réfugié : personne qui fuit son paysparce qu’elle craint, avec raison, d’êtrepersécutée du fait de sa race, de sareligion, de sa nationalité, de sonappartenance à un certain groupe socialou de ses opinions politiques. Unréfugié ne peut ou ne veut pas, du faitde cette crainte, rentrer dans son paysd’origine.

Solution durable : tout moyen parlequel la situation des réfugiés peutêtre résolue de manière satisfaisante etdéfinitive en leur permettant de menerune vie normale. L’UNHCR recherchegénéralement trois types de solutionsdurables : le rapatriement librementconsenti, l’intégration sur place dans lepays d’asile et la réinstallation dans unpays tiers.

UNHCR : Haut Commissariat desNations Unies pour les réfugiés.Institué en 1950 par l’Assembléegénérale des Nations Unies, l’UNHCRest mandaté pour conduire etcoordonner l’action internationale pourla protection des réfugiés à travers lemonde et la recherche de solutions àleurs problèmes.

ANNEXE IV : GLOSSAIRE