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146 SIG et gestion des espaces verts dans la ville de PortoNovo au Bénin A.A. Osseni 1 , I. Toko Mouhamadou 2* , B.A.C. Tohozin 3 & B. Sinsin 1 Keywords: GISManagement Green spaces’ attractiveness Spatial coverage PortoNovo Benin 1 Université d’AbomeyCalavi, Faculté des Sciences Agronomiques, Département Aménagement et Gestion de l’Environnement, Laboratoire d’Ecologie Appliquée, Cotonou, Bénin. 2 Centre Régional de Formation aux Techniques des Levés Aérospatiaux, Département des SIG, IléIfè, Osun State, Nigéria, 3 Centre Régional de Formation aux Techniques des Levés Aérospatiaux, Département de Cartographie, IléIfè, Osun State, Nigéria. * Auteur correspondant: Email: [email protected] / [email protected] Reçu le 13.12.13 et accepté pour publication le 24.09.14 Résumé La ville de PortoNovo a longtemps négligé la prise en compte des paramètres écologiques dans son processus de développement, au profit de l’extension incontrôlée du bâti. L’objectif de cette étude est d’analyser l’attractivité des espaces verts publics de la ville en vue d’une gestion efficace de ceuxci. Le GPS, le questionnaire d’enquête et le SIG ont été les principaux outils utilisés à cette fin. Quatorze espaces verts répartis en huit places publiques, quatre jardins et deux esplanades boisés ont été identifiés dans la ville. Les nombres d’arbres présents dans chaque site et leurs diversités spécifiques sont relativement faibles. La superficie d’espace vert par habitant est très faible et difficile à améliorer à cause du manque de place disponible. Une forte fréquentation des espaces verts (61,4% des enquêtés) est observée sur un rayon de 300 m, contre respectivement 30% et 8,6% de fréquentation sur des rayons de 600 et 900 m. Enfin, des cartes d’attractivité et de couverture spatiale des espaces verts ont été réalisées. Un modèle de gestion optimale des espaces verts dans la ville est proposé sur base des contraintes sociologiques et techniques identifiées. Summary GIS and Green Spaces' Management in PortoNovo Town in Benin PortoNovo town has for a long time neglected to take in account ecological parameters in its process of development, in favor of uncontrolled expansion of constructed areas. The aim of this study is to analyze the attractiveness of public green spaces in the city for their efficient management. GPS, survey questionnaire and GIS were the main tools used for this purpose. Fourteen green spaces, distributed into eight public squares, four gardens and two wooded esplanades were identified in the town. The numbers of trees available in each site and their species diversity are relatively weak. The area of green space per inhabitant is very low and difficult to improve because of the lack of available areas. A strong frequentation of the spaces (61.4% of surveyed) was noted on a radius of 300 m, against respectively 30% and 8.6% of frequentation on radii of 600 and 900 m. Finally, maps of attractiveness and spatial coverage of green areas were developed. A model of optimal management of green spaces in the town is proposed based on identified sociological and technical constraints. TROPICULTURA, 2015, 33,2,146156

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SIG et gestion des espaces verts dans la ville de Porto­Novo au BéninA.A. Osseni1, I. Toko Mouhamadou2*, B.A.C. Tohozin3 & B. Sinsin1

Keywords: GIS­Management­ Green spaces’ attractiveness­ Spatial coverage­ Porto­Novo­ Benin

1Université d’Abomey­Calavi, Faculté des Sciences Agronomiques, Département Aménagement et Gestion de l’Environnement, Laboratoired’Ecologie Appliquée, Cotonou, Bénin.2 Centre Régional de Formation aux Techniques des Levés Aérospatiaux, Département des SIG, Ilé­Ifè, Osun State, Nigéria,3Centre Régional de Formation aux Techniques des Levés Aérospatiaux, Département de Cartographie, Ilé­Ifè, Osun State, Nigéria.*Auteur correspondant: Email: [email protected] / [email protected]

Reçu le 13.12.13 et accepté pour publication le 24.09.14

RésuméLa ville de Porto­Novo a longtemps négligé la priseen compte des paramètres écologiques dans sonprocessus de développement, au profit del’extension incontrôlée du bâti. L’objectif de cetteétude est d’analyser l’attractivité des espaces vertspublics de la ville en vue d’une gestion efficace deceux­ci. Le GPS, le questionnaire d’enquête et leSIG ont été les principaux outils utilisés à cette fin.Quatorze espaces verts répartis en huit placespubliques, quatre jardins et deux esplanades boisésont été identifiés dans la ville. Les nombres d’arbresprésents dans chaque site et leurs diversitésspécifiques sont relativement faibles. La superficied’espace vert par habitant est très faible et difficileà améliorer à cause du manque de place disponible.Une forte fréquentation des espaces verts (61,4%des enquêtés) est observée sur un rayon de 300 m,contre respectivement 30% et 8,6% defréquentation sur des rayons de 600 et 900 m.Enfin, des cartes d’attractivité et de couverturespatiale des espaces verts ont été réalisées. Unmodèle de gestion optimale des espaces verts dansla ville est proposé sur base des contraintessociologiques et techniques identifiées.

SummaryGIS and Green Spaces' Management inPorto­Novo Town in BeninPorto­Novo town has for a long time neglected totake in account ecological parameters in its processof development, in favor of uncontrolled expansionof constructed areas. The aim of this study is toanalyze the attractiveness of public green spaces inthe city for their efficient management. GPS, surveyquestionnaire and GIS were the main tools used forthis purpose. Fourteen green spaces, distributedinto eight public squares, four gardens and twowooded esplanades were identified in the town. Thenumbers of trees available in each site and theirspecies diversity are relatively weak. The area ofgreen space per inhabitant is very low and difficultto improve because of the lack of available areas.A strong frequentation of the spaces (61.4% ofsurveyed) was noted on a radius of 300 m, againstrespectively 30% and 8.6% of frequentation on radiiof 600 and 900 m. Finally, maps of attractivenessand spatial coverage of green areas weredeveloped. A model of optimal management ofgreen spaces in the town is proposed based onidentified sociological and technical constraints.

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IntroductionDurant plusieurs décennies les villes se sontdéveloppées en faisant abstraction de la nature quiles entourait. Il en résulte une érosion de labiodiversité causée par l’étalement urbain,l’imperméabilisation des sols et la gestion intensivedes espaces urbains (17).La conception d’espaces publics ou privés dequalité, où la nature et plus particulièrement levégétal trouve toute sa place, intègre les nouveauxmodèles de la ville durable avec la réalisation desinfrastructures vertes telles les parcs, jardins,espaces interstitiels et arbres d’alignement (12). Laréflexion pour des villes plus durables appelle à undéveloppement des surfaces vertes dont la gestionest souvent inscrite dans un programme deforesterie urbaine (5, 21). Ces infrastructurespeuvent être un outil de structuration de l’urbain enfonction de la densité du végétal et de leurscapacités attractives (14). De plus au­delà del'enjeu scientifique, des besoins de connaissancessont formulés par des gestionnaires, desaménageurs du territoire pour une gestion optimaleet équilibrée des espaces verts (22). Mais lescitadins ignorent parfois l’importance des espacesverts pour mieux les protéger (2). Ces besoinss’expriment souvent en termes de compositionfloristique comme facteurs d’attractivité des citadinsvers les espaces verts. Il est d’une évidencecertaine aujourd’hui que la planification et la gestionde l’aménagement de la nature en ville peuvent êtrecombinées avec un objectif de préservation de labiodiversité mais aussi dans l’optique del’amélioration de la qualité de vie au sein desterritoires urbains (11).Ces mêmes besoins sont nécessaires dans la ville dePorto­Novo au Bénin pour maintenir et gérer lesespaces verts auxquels une place privilégiée n’estpas encore accordée dans l’aménagement. Porto­Novo est une ville en restructuration dans laquelleles travaux d’aménagement tiennent moins comptedes aspects écologiques (1). Ce constat joueénormément sur les aspects techniques de la miseen place des espaces verts et leur entretien. Aussi,l’inexistence d’outils modernes dans le domaine dela gestion des espaces verts de la ville constitue­t­il

un handicap pour rendre disponible les donnéesutiles à la planification urbaine (20). Parmi lesnombreuses approches disponibles et utilisées à ceteffet: approche biogéographique (23) et approchepar télédétection (4) ou approche écologique (18),cette étude propose l’outil SIG dont les applicationsdans l’urbanisme végétal et la biodiversité sontrévélées efficaces.La répartition spatiale et les modes de gestion desespaces verts de la ville de Porto­Novo sontprésentés puis un modèle de gestion à l’aide du SIGest proposé pour tenter de répondre à la doublepréoccupation scientifique et d’aménagement dansce domaine.Matériel et méthodesPrésentation de la zone d’étudeSituée à 30 km de Cotonou dans le Sud­Bénin, laville de Porto­Novo couvre une superficie de 52 km²et est localisée entre 6°25’ et 6°30’ de latitude nordet entre 2°34’ et 2°40’ de longitude est (Figure 1).La température moyenne est de 27,5°C avec unepluviométrie moyenne de 1300 mm par an. Lavégétation naturelle de la ville est composée deforêts marécageuses et sacrées (1). La végétationanthropique est composée de plantationsd’alignement, d’espaces verts et de jardins dont leJardin des Plantes et de la Nature (10).MatérielLa grande partie des données utilisées pour cetteétude reposent sur des données spatiales.Le matériel utilisé comprend un GPS (GlobalPositioning System) de marque Garmin 76csxprésentant une bonne précision planimétrique pourprendre les coordonnées géographiques des sitesdes espaces verts. Il a été aussi utilisé une cartetopographique de Porto­Novo de 1968 comportantles feuilles NB­31­XV­2c et NB­31­XV­4a à l’échellede 1/50.000 avec des fichiers de forme et un plancadastral au 1/10.000 de 2010.

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Méthode de collecte et de traitement desdonnéesDeux méthodes de collecte et de traitement desdonnées ont été utilisées dans cette étude.La première concerne les enquêtes de terrainauprès des acteurs de la ville et la deuxième prenden compte la création de la base de donnéescartographiques ou des bases de donnéescartographiques.Méthode d’enquête de terrain pour un mode degestion des espaces vertsSelon le rapport sur la monographie de la ville dePorto­Novo (10), quatorze espaces verts existentsur le territoire de cette commune. Une visiteexploratoire des sites a permis de constater ladestruction de deux de ces espaces verts pour desraisons d’aménagement et qui n’ont pas été pris encompte dans ce travail. Cependant, deux autressites récemment réalisés ont été pris en compte etportent toujours le nombre des espaces verts de laville à quatorze. Une enquête sur le mode actuel degestion des espaces verts a été réalisée auprès desacteurs concernés afin de pouvoir les caractériser.Un questionnaire leur est administré à cet effet pourrecueillir les informations relatives aux avantages

procurés par les espaces verts aux populations. Unéchantillonnage aléatoire a permis de questionnercinq personnes par jour et par site pendant unesemaine.Deux responsables de la section communale desEaux et Forêts, deux responsables en charge de laforesterie urbaine de la Direction des ServicesTechniques de la Mairie et deux représentants desONG ont été soumis au questionnaire. Soit unéchantillon de quatre cent quatre­vingt­seizepersonnes enquêtées sur la situation des espacesverts.Le dépouillement des fiches d’enquête a été fait defaçon manuelle. Toutes les données recueillies sontencodées. Les tableaux sont réalisés avec le logicielWord, les diagrammes et courbes avec le tableurExcel pour représenter les données quantitatives.Le taux de réponse par type d’information a étéexprimé par la formule suivante : F=100S/NAvec F: taux de réponses données; S: nombre depersonnes ayant fourni une réponse positive parrapport à une information donnée et N: nombre depersonnes interviewées.Les résultats de ces enquêtes ont contribué engrande partie à identifier les faiblesses du mode degestion des espaces verts puis les paramètresd’attractivité et de durabilité des sites.

Figure 1: Situation géographique de la ville de Porto­Novo.

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Analyse spatiale de l’attractivité des espacesvertsLa notion d’attractivité prend en compte l’ensembledes équipements (éclairage, bancs publics etsurtout les végétaux) disponibles sur les sites (12;20). Elle prend aussi en compte la couverturespatiale des espaces verts à travers leur proximitédes populations pour faciliter leur fréquentation (8).Cette étude se focalise plus sur l’attractivité spatialecar elle met en jeu la notion de proximité et ledomaine que peut desservir un espace vert.L’analyse spatiale est effectuée dans le logicielArcGIS 10 dans lequel les résultats d’enquête sontintroduits à partir d’une base de données crééedans le logiciel Access. Les opérations suivantes ontsuivi et ont permis d’intégrer les données spatialesà la base de données. Dans un premier temps on aprocédé à la création d’un système de coordonnéesbasé sur le référentiel WGS 84 et de zone 31N. Legéo­référencement et la numérisation des limitesd’arrondissement ont été effectué à partir du plancadastral et de la carte topographique. Les levésGPS des sites inventoriés ont été ensuite projetéssur le résultat de la numérisation. Cette opération apermis de passer à l’étape des analyses spatiales.La toute première analyse est basée sur ladétermination des rayons d’attractivité des espacesverts à partir d’un buffer multi­ring (zone tampon àplusieurs rayons). Cette opération a permisd’évaluer les espaces en creux (non couverts) etles espaces couverts (8). Suivant les normesdéfinies en la matière, des rayons de 300; 600 et900 m sont délimitées autour des espaces vertspour les limites de leurs possibilités à attirer lescitadins (8, 20). La deuxième a permis dedéterminer la couverture spatiale de chaque espacevert à partir d’un polygone de Thiessen. Cetteopération permet d’évaluer le poids spatial desespaces verts (20). Enfin, il a été procédé à ladétermination de la superficie d’espace vert parhabitant à partir du ratio superficie des espacesverts par la population de chaque Arrondissement(16).

RésultatsAttractivité spatiale des espaces verts dans laville de Porto­NovoLa ville de Porto­Novo dispose d’infrastructures dontcertaines jouent le rôle d’espaces verts. Il s’agit desplaces publiques, de jardin et d’esplanades dont laliste est présentée dans le tableau 1. Les quatorzeespaces verts de la ville sont répartis en huit placespubliques, quatre jardins et deux esplanades boisés.Les enquêtes ont révélé que la fréquentation dessites est proportionnelle à la distance qui sépare lesvisiteurs de leur lieu de résidence. Une fortefréquentation des espaces verts (61,4% desenquêtés) sur un rayon de 300 m contrerespectivement 30% et 8,6% de fréquentation surdes rayons de 600 et 900 m a été notée (Figure 2).L’analyse de cette figure montre que la couverturedu territoire de la ville par les espaces vertsexistants est partielle et la fréquentation estfavorisée par l’effet de proximité des populations.Malgré le rayon maximum de 900 m de couvertureplusieurs localités de la ville restent encore noncouvertes. La superficie des espaces en creux(espaces non couverts) est estimée à 23,05 km2soit 44,32% de la superficie totale de Porto­Novo. Ilconvient de noter qu’il existe des Arrondissementsqui bénéficient de la couverture de deux ouplusieurs espaces verts (Figure 3). Quatretendances s’observent à ce niveau: des zones noncouvertes qui représentent près de 44% duterritoire de la ville, des zones couvertes par un seulespace vert, des zones couvertes par deux espacesverts et enfin des zones couvertes par trois espacesverts et plus. Une autre analyse basée sur lepolygone de Thiessen généré autour des espacesverts a permis d’évaluer également leur couverturespatiale (Figure 4). Cette analyse révèle undéséquilibre au niveau de la couverture spatiale desespaces verts. Les zones de forte concentractiond’espace vert ont une couverture faible alors que leszones de faible concentration ont une grandecouverture. Cette couverture est de 0,4 km2 pour leplus petit polygone délimitant la place dumonument aux morts contre 5,9 km2 autour de laplace publique de Houinmè pour le grand polygone.

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Tableau 1Potentiel floristique des espaces verts.

Source : Travaux de terrain, 2012EV= Espace Vert ; S = Nombre d’espèces ; N = Nombre d’individus d’arbres.

Figure 2: Rayons d’attractivité des espaces verts.

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Figure 3: Zone de couverture des espaces verts.

Figure 4: Evaluation de la couverture spatiale des espaces verts.

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Il est à noter que la surface moyenne couverte estde 2,5 km2. En fonction de la superficie des espacesverts et de leur nombre, leur étendue par habitantdiffère d’un arrondissement à un autre (figure 5).On note que ces superficies varient de 1 m2 pour lepremier Arrondissement à 0,003 m2 pour lecinquième arrondissement.Le premier arrondissement a une couverture enespace vert la plus élevée de la ville. Mais cesvaleurs sont très faibles et représentent le dixièmede ce que la FAO recommande (entre 10 et 15 m²d’espace vert par habitant) pour qu’une villeprétende être durable (16).Mode de gestion des espaces verts de la villeLa gestion des espaces verts de la ville de Porto­Novo est assurée par plusieurs acteurs qui utilisentdes outils et méthodes réglementaires en lamatière. Le tableau 2 présente les acteurs et leursrôles dans la gestion des espaces verts dans la villede Porto­Novo.Ce tableau montre les différents acteurs intervenantdans la gestion des plantations et espaces verts. Onnote que le rôle de reboisement est commun à tousles acteurs et se révèle comme action principalemenée au sein des espaces verts. La sensibilisationde son côté est assurée par les ONG et les agentsdes Eaux et Forêts de la Section Communale del’Environnement et de la Protection de la Nature.Elle démarre habituellement le 1er juin de chaqueannée qui marque la journée de l’arbre et le débutde la campagne de reboisement. La Direction desServices Techniques de la Mairie assure l’entretiendes infrastructures vertes.

Problèmes rencontrés en matière de gestiondes espaces verts de la ville de Porto­NovoUn problème de synergie d’actions pour uneoptimisation de la gestion se pose entre ces acteurs.Cela est dû aux prérogatives que les outilsréglementaires confèrent aux principaux acteurs. Eneffet, la loi 93­009 du 2 juillet 1993 portant régimedes forêts en République du Bénin et son décretd’application permettent aux forestiers de protéger

et de réprimer les actes d’incivisme des populationsà l’endroit des végétaux urbains. Une autre loi n°97­028 du 15 janvier 1999 portant organisation del’Administration Territoriale en République du Béninen son article 94 confère aux Communes une partde responsabilité active dans la gestion desressources de leur territoire. Ces lois servent decadre réglementaire pour la mise en œuvre,l’entretien et la protection des espaces vertspermettant aux principaux acteurs d’agir sansconcertation avec les autres.Les ONG s’intéressent aussi à la protection desespaces verts en sollicitant l’appui technique etfinancier de la Mairie. Malheureusement les plans dereboisement élaborés au niveau de la municipaliténe les prennent pas en compte.De plus, les techniciens de la Mairie en charge del’entretien des espaces verts manquent demotivation, d’outil de stockage et de planification del’information puis de qualification professionnelle enla matière. Ces aspects apparemment négligés parles autorités municipales influencentconsidérablement l’organisation et la répartition desespaces verts de la ville.Proposition d’un modèle de gestion desespaces verts de la ville de Porto­NovoFort de ces constats précédemment signalés, il esturgent de mettre en place un modèle convenablepour une optimisation de la gestion des espacesverts dans cette ville. Les éléments utilisés dans cemodèle de gestion prennent en compte lesdifférents acteurs intervenant dans la foresterieurbaine (Figure 6). L’efficacité de ce modèle permetde dégager quatre niveaux interdépendants ethiérarchiques. Le premier niveau qui est celui desacteurs assure la coordination de toutes lesactivités. Les informations de l’ensemble dusystème sont concentrées dans une base dedonnées manipulable dans le SIG et assurée par lamunicipalité à travers sa direction des servicestechniques.

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Source: Travaux de terrain, 2012.

Tableau 2Acteurs et rôles dans la gestion des espaces verts dans la ville de Porto­Novo.

Figure 5: Etendue des espaces verts par Arrondissement.

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Figure 6: Modèle de gestion des espaces verts.DiscussionImportance des espaces vertsLa végétation urbaine remplie des fonctionsécologiques essentielles et est assez importantedans l’équilibre urbain en ces temps de changementclimatique drastique. La végétation de nos jours(par opposition au minéral) occupe une placeimportante dans le tissu urbain des villesoccidentales (13). En guise de comparaison à cetteaffirmation, Osseni (20) montre que les villes despays en voie de développement doivent aussi jouirdes mêmes privilèges. Ce même auteur a démontréque les espaces verts sont assez importants enmilieu urbain. Les constats faits par Da Cunha (7) etEmelianoff (9) , en montrant que les espaces vertssont des lieux de détente et de récréation prisés parles citadins, confirment nos observations. D’autresavantages tels que la production d'oxygène commebénéfice pour les citadins et par comparaison auxautres bénéfices environnementaux ont été aussinotifiés par Nowak et al. (19). L’esthétique dupaysage facilite la récréation en limitant le stressdes citadins, le captage des particulesatmosphériques et la lutte contre l’érosion (3).

Aujourd’hui, sept Français sur dix choisissent leurlieu de vie en fonction de la présence d'espace vertà proximité de leur habitation (25). Les raisons decet engouement sont diverses: relaxation, rencontredes autres habitants, pratique d'un sport ou d'uneactivité récréative (24). Il est alors indispensable deplanter des arbres et de les entretenir pour le bienêtre de la population.Attractivité des espaces verts dans la ville dePorto­NovoL’attractivité des espaces verts dépend de leurssuperficies et de la richesse spécifique de la florequi la compose. La délimitation de la zone dedesserte d’un espace vert repose sur le constatqu’un espace possède une aire d’attraction deproximité au­delà de laquelle le temps dedéplacement des populations limite la fréquentationà pied. L’utilisation d’un espace vert est soumise àla contrainte de la distance. Plus l’espace vert estéloigné du domicile, moins l’individu a de chance dele fréquenter. L’attractivité d’un espace vert estaussi conditionnée par sa taille et par leséquipements qui s’y trouvent (12).

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Références bibliographiques

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On note à Porto­Novo que les espaces vertsexistants ne couvrent pas entièrement la ville.L’analyse des zones couvertes révèle une fortefréquentation des populations dans un rayon de 300m. Cette fréquentation est moyenne lorsqu’ons’éloigne sur 600 m et devient faible dans un rayonde 900 m. Dans un rayon maximum de 900 m decouverture, plusieurs localités de la ville restentencore non couvertes (20). La superficie desespaces en creux dans cette ville reste assezimportante. L’attractivité des espaces d’unesuperficie comprise entre 1 et 10 ha est de 500 m(8) alors que Legenne et al. (12) définissent pourles mêmes superficies une attractivité de 300 m.Cette étude a révélé que les populations ontexprimé une facilité de fréquentation de ces lieuxdans un rayon de 900 m. L’effet de proximitéfavorise les populations à visiter les espaces verts.L’insuffisance de ces espaces sur un territoire nepermet pas aux populations de bénéficierpleinement de la nature en ville.SIG comme mode de gestionLe SIG est capable de jouer un rôle assez importantdans la gestion des espaces verts dans la ville dePorto­Novo (20). Cet auteur a utilisé des analysesde proximité comme la création des zones tampons

(buffer) et le polygone de Thiessen pour exprimer lacouverture spatiale des espaces verts dans cetteville. Une méthode similaire avait été utilisée parMehdi et al. (15). Ils ont proposé un Systèmed’Information Geographique pour une gestionefficiente des espaces verts. Ceci pour inciter lescollectivités territoriales à mettre en place desbases de données spatialisées.ConclusionCette étude a permis d’avoir une idée surl’importance et la place de la foresterie urbainedans la ville de Porto­Novo. Certes, elle a révélé desinsuffisances notoires tant en matière de potentielfloristique que de distribution spatiale des espacesverts. Pour ce qui concerne la superficie d’espacevert par habitant, les chiffres restent très faibles etdifficiles à améliorer à cause de la faible superficiedes nouveaux sites identifiés. Toutefois, il existeune lueur d’espoir à la foresterie urbaine dans cetteville. La recherche de solution à cette situation peutêtre basée sur l’utilisation d’un modèle de gestionet d’autres outils d’aide à la décision comme le SIG.

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A.A. Osseni Abdel, Béninois, D.E.A. / Doctorant, Assistant de recherches, Université d’Abomey­Calavi, Faculté des SciencesAgronomiques, Département Aménagement et Gestion de l’Environnement, Laboratoire d’Ecologie Appliquée, Cotonou, Bénin.I. Toko Mouhamadou, Béninois, Doctorat, Enseignant, Centre Régional de Formation aux Techniques des Levés Aérospatiaux,Département des SIG, Ilé­Ifè, Osun State, Nigéria.B.A.C. Tohozin, Béninois, D.E.A. / Doctorant, Enseignant, Centre Régional de Formation aux Techniques des Levés Aérospatiaux,Département de Cartographie, Ilé­Ifè, Osun State, Nigéria.B. Sinsin, Béninois, Doctorat / Professeur Titulaire des universités du CAMES, Enseignant­chercheur, Université d’Abomey­Calavi,Faculté des Sciences Agronomiques, Département Aménagement et Gestion de l’Environnement, Laboratoire d’Ecologie Appliquée,

Cotonou, Bénin.

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