triptyque « cout delai qualite » : cas de l’industrie

25
TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie marocaine du textile et de l’habillement Mohammed HASSAINATE Professeur chercheur à la FSJES Agdal Sarah MAGHRAOUI Doctorante à la FSJES Agdal Résumé Etant l’un des secteurs clés de l’industrie marocaine, et l’un des premiers pourvoyeurs de l’emploi au pays, le secteur du textile et de l’habillement contribue à la croissance du tissu industriel marocain. L’étude des vect eurs de « compétitivité » est devenue plus complexe avec le développement technologique et l’évolution rapide de la concurrence, on parle notamment du triptyque « coût-délai-qualité ». La maîtrise des coûts constitue un moyen d’acquisition d’avantages compétitifs face à l’impératif d’efficience, de rentabilité et de productivité élevées, et ce, par l’instauration des systèmes modernes de calcul et de contrôle des coûts et la mise en place de techniques évoluées de gestion. Le facteur « qualité » englobe des notions de service client, de compétitivité, d’efficacité organisationnelle et d’impact environnemental du cycle de vie d’un produit. La maîtrise des délais présente un moyen de survie de l’entreprise, qui nécessite une logistique performante, un pilotage rigoureux, une gestion informatisée des processus et l’expérience des différentes équipes de l’entreprise. Mots-clés : compétitivité, coût, délai, qualité, industrie de textile et de l’habillement Abstract As one of the key sectors of the Moroccan industry, and one of the first providers of employment in the country, the textile and clothing sector contributes to the growth of Morocco's industrial fabric. The study of vectors of "competitiveness" has become more complex with technological development and the rapid evolution of competition, particularly talking of the triptych "cost-quality-time". Cost control is a means of acquiring competitive advantages against the imperative of efficiency, profitability and high productivity, and that, by the introduction of modern computing and cost control and implementation of advanced management techniques. The "quality" factor includes customer service concepts, competitiveness, organizational effectiveness and environmental impact of the life cycle of a product. The deadline management presents the company's survival means, which requires efficient logistics, strict control, a computerized management process and experience of different business teams. Keywords: competitiveness, cost, time, quality, textile and clowthing industry

Upload: others

Post on 03-May-2022

6 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

TRIPTYQUE « COUT – DELAI – QUALITE » :

Cas de l’industrie marocaine du textile et de l’habillement

Mohammed HASSAINATE

Professeur chercheur à la FSJES Agdal

Sarah MAGHRAOUI

Doctorante à la FSJES Agdal

Résumé

Etant l’un des secteurs clés de l’industrie marocaine, et l’un des premiers pourvoyeurs de

l’emploi au pays, le secteur du textile et de l’habillement contribue à la croissance du tissu

industriel marocain. L’étude des vecteurs de « compétitivité » est devenue plus complexe

avec le développement technologique et l’évolution rapide de la concurrence, on parle

notamment du triptyque « coût-délai-qualité ». La maîtrise des coûts constitue un moyen

d’acquisition d’avantages compétitifs face à l’impératif d’efficience, de rentabilité et de

productivité élevées, et ce, par l’instauration des systèmes modernes de calcul et de contrôle

des coûts et la mise en place de techniques évoluées de gestion. Le facteur « qualité » englobe

des notions de service client, de compétitivité, d’efficacité organisationnelle et d’impact

environnemental du cycle de vie d’un produit. La maîtrise des délais présente un moyen de

survie de l’entreprise, qui nécessite une logistique performante, un pilotage rigoureux, une

gestion informatisée des processus et l’expérience des différentes équipes de l’entreprise.

Mots-clés : compétitivité, coût, délai, qualité, industrie de textile et de l’habillement

Abstract

As one of the key sectors of the Moroccan industry, and one of the first providers of

employment in the country, the textile and clothing sector contributes to the growth of

Morocco's industrial fabric. The study of vectors of "competitiveness" has become more

complex with technological development and the rapid evolution of competition, particularly

talking of the triptych "cost-quality-time". Cost control is a means of acquiring competitive

advantages against the imperative of efficiency, profitability and high productivity, and that,

by the introduction of modern computing and cost control and implementation of advanced

management techniques. The "quality" factor includes customer service concepts,

competitiveness, organizational effectiveness and environmental impact of the life cycle of a

product. The deadline management presents the company's survival means, which requires

efficient logistics, strict control, a computerized management process and experience of

different business teams.

Keywords: competitiveness, cost, time, quality, textile and clowthing industry

Page 2: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 2

Introduction

Le secteur du textile et de l’habillement est devenu un pivot d’industrialisation offrant

d’importants avantages comparatifs par rapport à ceux des pays industrialisés. Vu le potentiel

considérable qu’il recèle en matière d’emploi, d’investissement, de création de valeur ajoutée

et d’exportation, cette industrie à fortes potentialités contribue de façon substantielle à

l’amélioration des performances de l’industrie, aussi bien sur le plan de l’emploi que de

l’équilibre socio-économique du pays. Plusieurs facteurs ont influencé le développement du

secteur, engendrant une perte relative de compétitivité et un recul de la position

concurrentielle. La gestion des entreprises est devenue donc plus délicate, vu qu’elles doivent

créer un équilibre entre les investissements réalisés dans les machines, outils de production et

le volet immatériel comme la formation des cadres et l’acquisition de logiciels de gestion.

L’étude du triptyque Coût – Délai – Qualité, dont la maîtrise conditionne l’acquisition

d’avantages concurrentiels, représente une facette de performance et constitue un levier

stratégique pour la totalité des entreprises.

La problématique du présent article se déroule autour de la question suivante : « Dans quelle

mesure la maîtrise du triptyque Coût-Délai-Qualité peut-elle influencer la capacité de

l’entreprise à acquérir un avantage compétitif ? ».Afin de répondre à l’interrogation posée,

nous présentons un cadrage théorique des concepts de la compétitivité et du triptyque « coût –

délai – qualité », grâce au questionnaire administré auprès de certaines sociétés de textile et

d’habillement, il a été possible d’apprécier leur attitude vis-à-vis de la problématique soulevée

et de mener une réflexion en la matière, en essayant d’apporter des suggestions aux problèmes

marquants dont elles souffrent. Les recommandations déduites sont structurées autour d’un

nombre d’améliorations recherchées concernant essentiellement les axes étudiés dans la

présente enquête.

1. Fondements théoriques du triptyque « coût – délai – qualité » :

La compétitivité est à la fois une notion intuitive et multidimensionnelle. La plupart des

études abordent la compétitivité en terme de constat, que ce soient celles qui raisonnent au

niveau macroéconomique, celles qui adoptent une vision méso-analytique, ou encore celles

qui se situent à un niveau microéconomique (GOCZOL, 1998).

Page 3: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 3

1.1 Le concept de compétitivité d’entreprise : revue de littérature

"La compétitivité est la capacité de fournir des biens et services au temps, place et forme

requise par les acheteurs étrangers à prix égal ou meilleur que celui des autres fournisseurs

potentiels tout en gagnant au moins le coût d'opportunité des ressources employées"

(SHARPLES et MILHAM, 1990).

« Une entreprise est compétitive lorsqu’elle est capable de se maintenir durablement et de

façon volontariste sur un marché concurrentiel et évolutif, en réalisant un taux de profit au

moins égal au taux requis par le financement de ces objectifs » (SPITEZKI, 1995)

Le tableau ci-dessous explique les quatre composantes de la compétitivité, et leur influence

sur le comportement de l’entreprise :

Figure : Composantes de la compétitivité

Productivité Exprime le rapport entre un résultat obtenu (la production) et la quantité de

facteurs qu’il a fallu utiliser. Elle consiste à gérer de façon optimale les

facteurs de production de l’entreprise, afin de réduire les coûts de revient et

donc les prix. La hausse de la productivité permet donc une hausse de la

compétitivité prix de l’entreprise.

Qualité

Consiste pour l’entreprise à rechercher un haut niveau de professionnalisme et

de rigueur dans la production de ses produits. Celle-ci doit veiller à ce que le

niveau de qualité obtenu puisse se retrouver sur l’ensemble des

produits proposés et connaître une marge de progression au cours du temps.

Flexibilité

A pour but de développer des actions susceptibles d’adapter rapidement

l’entreprise et son organisation à la demande et plus généralement aux

évolutions de l’environnement. Dans le domaine de la production, cette

exigence se traduit notamment par la capacité de l’entreprise à passer d’un

type de produit à un autre, sans perte de temps.

Innovation

Consiste à introduire des nouveautés économiques, commerciales et

technologiques, afin de renforcer ses avantages concurrentiels. L’entreprise

gagne plus de gains de productivité, provoquant une baisse de coût et donc de

prix et, par là même, un élargissement de la demande qui renforce l’impact

des innovations de produit.

Source : MEIER O.& Bisac M., 2005, p 11-12

Page 4: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 4

L’entreprise doit identifier avec une grande précision les objectifs qu’elle désire réaliser.Il

s’agit de trouver un compromis entre trois dimensions interdépendantes composant le

changement (BOYER et EQUILBY, 2003) :

La production à un coût inférieur à celui des concurrents, il s’agit de la dimension

économique : produire moins cher ;

La production avec une qualité meilleure de celles des concurrents, il s’agit de la

dimension qualité : produire mieux ;

La production avec des délais réduits, il s’agit de la dimension délai : produire à

temps.

1.2 Triptyque « coût– délai– qualité » : levier de compétitivité des entreprises

Présentant une des sources de l’avantage concurrentiel, la maîtrise des coûts est devenue une

capacité stratégique seuil dans de nombreuses industries. Si le prix, pour le client devient trop

élevé, celui-ci peut être tenté de sacrifier une partie de la valeur pour préférer une offre moins

élaborée mais moins coûteuse.

1.2.1 La maîtrise des coûts pour un avantage concurrentiel

Présentant une des sources de l’avantage concurrentiel, la maîtrise des coûts est devenue une

capacité stratégique seuil dans de nombreuses industries. Si le prix, pour le client devient trop

élevé, celui-ci peut être tenté de sacrifier une partie de la valeur pour préférer une offre moins

élaborée mais moins coûteuse. La pérennité de toute entreprise repose donc sur la capacité à

créer de la valeur au-delà des coûts, à un prix qui reste acceptable pour les clients visés. Cela

implique que les coûts ne se justifient que dans la mesure où un prix de vente est vu comme

légitime aux yeux des clients.

Les techniques de réduction de coûts ont un caractère peu pérenne, notamment du fait qu’elles

sont aisément imitables par les concurrents (GERRY et SCHOLES, 2002), il s’agit en effet :

● Des économies d’échelle permettant souvent de bénéficier d’importants avantages de

coût dans les organisations industrielles, en imputant les frais fixes des investissements

productifs sur un volume de production élevé.

● Des coûts d’approvisionnement influençant fortement la rentabilité globale de

nombreuses organisations, et sont particulièrement déterminants pour les intermédiaires qui

Page 5: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 5

n’apportent pas de véritable valeur ajoutée dans leur filière mais se contentent d’acheter pour

revendre.

● Des innovations de produit et surtout de procédé dans la mesure où elles jouent un rôle

important dans l’efficience de l’entreprise. Plusieurs facteurs sous-tendent les compétences

fondamentales de l’organisation, parmi lesquels : l’évolution de la productivité de la main

d’œuvre, le rendement des matières premières, l’optimisation de la capacité...

● De l’expérience : l’organisation apprend à gérer son activité de manière plus efficiente

au cours du temps. À partir de son expérience, elle développe des compétences lui permettant

de constituer un avantage de coûts.

Avant de songer à la manière d’acquisition d’un avantage concurrentiel, l’entreprise doit faire

des choix stratégiques forts et déterminés, elle peut aussi acquérir un avantage par les coûts si

le cumul des coûts associés à toutes les activités créatrices de valeur qu’elle exerce est

inférieur au coût de ses concurrents. L’avantage par les coûts conduit à des résultats

supérieurs à ceux des concurrents si la firme offre une valeur acceptable au client.

Il existe en effet deux grands moyens pour l’entreprise d’acquérir un avantage par les coûts :

Contrôle des facteurs d’évolution des coûts : l’entreprise peut acquérir un avantage

par rapport aux facteurs qui régissent l’évolution des coûts d’activités créatrices de

valeur dont le poids est important dans le coût total.

Remodelage de la chaîne de valeur : l’entreprise peut adopter une façon différente

et plus efficiente de concevoir, produire, distribuer ou commercialiser le produit.

Ainsi, les entreprises qui parviennent à dominer par les coûts tirent généralement leur

avantage de sources multiples au sein de la chaîne de valeur. Un avantage durable par les

coûts ne provient pas seulement d’une activité, mais de plusieurs, et le remodelage de la

chaîne joue souvent un rôle dans la création d’un avantage par les coûts. Pour acquérir une

position dominante par les coûts, il faut une volonté sans faille de rechercher toutes les

possibilités de réduire les coûts dans chaque activité. Lorsqu’une entreprise procède au

remodelage de sa chaîne de valeur, elle pourra bénéficier d’un avantage par les coûts pour

deux raisons. Premièrement, remodeler la chaîne de valeur offre souvent la possibilité d’une

restructuration complète du coût de la firme au lieu d’améliorations marginales. La nouvelle

chaîne de valeur peut se révéler structurellement plus efficiente que l’ancienne et imposer une

Page 6: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 6

nouvelle norme de coût. Deuxièmement, la nouvelle configuration peut modifier les bases

concurrentielles dans un sens qui privilégie les points forts de la firme. Ce remodelage peut

également introduire un changement dans les principaux facteurs d’évolution des coûts dans

un sens favorable à la firme (PORTER, 2003). L’avantage stratégique peut s’appuyer sur une

spécificité perçue par le client, ou sur des coûts relatifs plus bas ; la cible stratégique

choisie peut être, soit l’ensemble du secteur, soit un segment particulier. Donc, la

combinaison de ces choix conduit à envisager trois alternatives : une politique de domination

par les coûts, une politique de différenciation, ou une stratégie de concentration fondée sur

une domination par les coûts ou par différenciation sur un segment particulier du marché

(MENDOZA,2004).

1.2.2 La maîtrise des délais

Ce vecteur joue un rôle stratégique à part entière. Le non contrôle des délais est capable de

mobiliser des ressources et grever les enveloppes budgétaires initiales, c’est pourquoi la

question de maîtrise de délais est indissociable de celle de maîtrise des budgets. Avant de

procéder à la réduction des délais aux différents niveaux, leur estimation constitue une étape

première permettant d’éviter la mise en péril du déploiement de pans entiers d'une stratégie

d'entreprise. Si ces délais concernent les projets d’investissement, leur hiérarchisation selon le

degré d’importance est aussi nécessaire pour éviter le blocage de certains grands projets, ainsi

la conduite en parallèle de multiples projets exige une grande rationalité de la part des

dirigeants. Identifier le plus exact possible ces délais demeure difficile pourtant essentiel pour

l’entreprise. Et la qualité de ces précisions est par nature liée à l’innovation du projet, à son

degré de complexité et à sa durée demandée.

La compétitivité d’une entreprise a une facette mixte, composée de parties interne et externe.

Les entreprises ne sont plus confrontées aux seuls défis de qualité et de réduction de coûts,

mais aussi de délais. Il s’agit ici moins d’accélération systématique et plus ou moins

apparente, au gré de pointages minutieux. C’est la maîtrise professionnelle globale des temps

et des délais qui est à développer. Une entreprise performante et pouvant faire face à la

concurrence est capable de prévoir, prendre et respecter des engagements précis, internes ou

externes et qui sait comment isoler les étapes intermédiaires ne servant ni le client ni ses

attentes spécifiques (CASTELNEAU et LOIC, 2001).

En effet, la méthode des cinq zéros issue du toyotisme, inclue la dimension de délais, en

veillant à minimiser le temps de passage des composants et produits à travers les différentes

Page 7: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 7

étapes de leur élaboration. La dimension de coût rentre dans l’équation de l’amélioration de la

qualité de service qui peut s’écrire ainsi : la qualité de service augmente si le binôme (degré

d’impact × délai de résolution) baisse. La non-qualité de service est proportionnelle au degré

d’impact occasionné sur le service ainsi qu’au délai de résolution des incidents sur le service.

1.2.3 La gestion de la qualité

« La qualité est l’aptitude d’un ensemble de caractéristiques intrinsèques à satisfaire des

exigences » [ISO 9000, 2000].Cette notion s’est largement répandue ces dernières années,

d’importants progrès ont été réalisés dans ce domaine. En effet, le pilotage stratégique prend

en compte deux principes importants :

- La qualité est un composant de la performance d’un processus, d’une activité et qui ne

peut être dissociée des autres composants de la performance qui sont ; la maîtrise des

coûts et des délais. Ainsi, l’entreprise se trouve contrainte de faire un arbitrage entre :

faire mieux ou faire plus vite ? faire mieux ou faire moins cher ?

- La qualité des prestations offertes au client final procède d’une vision purement externe,

indépendante de la structure. A cette qualité peut s’attacher une notion de délais.

Conformité vérifiée aux attentes externes, selon les positions concurrentielles visées par

l’entreprise, elle n’est plus seulement une « procédure interne », elle n’est plus simple

réponse aux attentes primaires du client, le plus souvent implicites.

Les démarches d’amélioration de la qualité proposent une méthodologie structurée et des

outils de mesure statistique, d’analyse des problèmes et d’identification de solutions à mettre

en œuvre. Plusieurs méthodes et procédures de correction et d’analyse ont vu le jour, ces

procédures sont mises en place pour détecter les défauts, les pannes et améliorer la qualité

(ALAZARD et SEPARI, 2004), nous pouvons citer à titre d’exemple : le système POKA-

YOKE, les cercles de qualité, les systèmes d’analyse de la valeur, le diagramme d’Ishikawa

(diagramme cause-effet).

2. Etude empirique et méthodologie

Après l’indépendance, le secteur du textile-habillement a émergé comme premier pôle

industriel du secteur privé au Maroc. Il continue de représenter aujourd’hui un des piliers de

l’industrie marocaine comme en témoigne sa contribution dans l’activité manufacturière.

Page 8: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 8

2.1 Démarche méthodologique

Etudier finement les concepts de « coût » de « délai » et de « qualité », en les situant dans le

cadre d’amélioration de compétitivité de l’entreprise, constitue le trajet vers la recherche des

réponses à la problématique du présent projet de recherche.

2.1.1 Posture épistémologique et hypothèses de recherche

La présente étude s’inscrit dans le cadre d’un paradigme épistémologique positiviste :

l’aboutissement à la connaissance scientifique se fait par un processus d’explication, il

implique la manipulation des variables en vue d’examiner les relations qui les lient. La

démarche hypothético-déductive est la démarche adoptée puisqu’elle consiste à déterminer

des concepts permettant de répondre à la question de recherche, en testant un nombre

d’hypothèses falsifiables. A partir de la confrontation des hypothèses de départ à la réalité,

nous formulerons les résultats de la recherche. Trois principales hypothèses peuvent être

dégagées de la problématique :

H1 : La maîtrise du triptyque « coût – délai – qualité » est un levier d’amélioration de la

compétitivité des entreprises du secteur du textile et de l’habillement.

H2 : La compétitivité des entreprises du secteur est conditionnée par la gestion simultanée

des trois volets : coûts, délais, qualité.

H3 : Plusieurs dimensions influencent la capacité de l’entreprise à contrôler le triptyque. On

parle de la taille de l’entreprise, son périmètre d’offre, sa clientèle, son marché de destination.

2.1.2 Méthode de traitement des données

Une technique de recherche qualitative exploratoire a été menée, à travers la formulation d’un

ensemble de questions tirant le voile sur la place de différents vecteurs de compétitivité dans

les stratégies des entreprises du secteur de textile et de l’habillement.

Préalablement au traitement des données, le codage et le dépouillement du questionnaire a été

fait sur le logiciel SPSS. Il a été procédé d’abord à des tris à plat ou fréquences simples sur

l’essentiel des variables de la recherche, ensuite nous avons procédé à des analyses bivariées,

consistant à étudier les variables prises en couple, dans le but de mettre en évidence

l’existence ou l’absence d’un lien entre les variables.

Page 9: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 9

2.1.3 Présentation de l’échantillon

En effet, la détermination de l’échantillon est une étape très importante voire délicate vu

qu’elle conditionne fortement la précision et la pertinence des résultats obtenus. L’étude a été

menée auprès de 23 entreprises du secteur du textile et de l’habillement au Maroc, opérant

dans différentes régions du royaume : CASABLANCA, RABAT, SALE, TEMARA,

SKHIRAT, MEKNES, MARRAKECH. 12 des entreprises enquêtées sont de grande taille et

11 sont des PME. Quant à leur périmètre d’offre, 14 entreprises opèrent sur le marché

étranger, 5 opèrent sur le marché local et 4 opèrent sur les deux.

Devant l’impératif de résister à la concurrence voire même la devancer, les entreprises

marocaines sont obligées de prendre en compte dans l’élaboration de leurs stratégies, les

vecteurs de compétitivité qui conditionnent leur succès. Il s’agit de résoudre et optimiser des

équations à multiples critères : prix, qualité, délais, ponctualité, coûts logistiques, disponibilité

de la matière première, risques politiques et sociaux, stabilité politique, performances des

administrations douanières, disponibilité de la main-d’œuvre qualifiée, etc.

Le support d’enquête correspond à un questionnaire élaboré en fonction des objectifs de

l’étude. Il est organisé par axe ou thématique facilitant ainsi au répondeur la compréhension

des différentes questions. Ses thématiques visent l’étude de la compétitivité du secteur, les

performances des entreprises, le triptyque « coût – délai – qualité ».

2.2 L’industrie nationale du textile-habillement

Activité clef de l’économie nationale, le textile-habillement est un principal employeur

industriel du royaume. Près de 1600 entreprises y opèrent et contribuent ainsi à hauteur de 4%

du PIB national.

Figure : Evolution des indicateurs économiques dans le secteur du T-H entre 2000 et 2014

Nombre

d'entrepr

ises

Effectifs

des

employés

permanent

s

Chiffre

d'affaire

s (en

millions

dh)

Productio

n (en

millions

dh)

Exportation

(Non

compris les

AT) (en millions dh)

Investisse

ment(en

millions

dh)

Valeur

ajoutée(

en

millions dh)

Effectif

des

employé

s total

2000 2024 218305 25080 25075 16533 2086 9685 220412

2001 1910 211320 26044 25871 17337 2048 10138 215304

2002 2113 224431 27288 27148 17716 1664 10744 228452

Page 10: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 10

2003 2172 224672 27702 27714 18278 1680 10686 228923

2004 2110 221655 27372 26982 18239 1376 10459 223265

2005 2010 213939 26750 26523 17576 1620 10096 215601

2006 1940 216422 27748 27471 18094 1529 10029 219264

2007 1873 213575 29978 29585 19145 1755 10635 218268

2008 1736 198318 29509 29565 18618 1783 10287 222363

2009 1694 180063 25487 25132 15279 1110 9211 200110

2010 1610 203488 26481 25937 16288 940 9326 207903

2011 1545 196271 27035 26529 16675 1152 8951 198039

2012 1475 186088 26936 26102 16627 1076 8668 187173

2013 1380 166842 25265 24398 15468 945 8354 177036

2014 --- --- 24759 24086 15712 729 8474 167875

Source : Ministère de commerce et d’industrie

Le secteur a connu une régression significative ces dernières années, en particulier durant la

période entre 2008 et 2014, ce qui s’est traduit par la baisse progressive des emplois due

principalement à la crise économique mondiale qui a joué un rôle principal dans le recul du

nombre d’établissements du secteur. En effet, le secteur a toujours du mal à se redresser, selon

les statistiques de l’HCP, l’industrie a enregistré une réduction de 7% en variation annuelle,

en termes d’emploi, et ce, malgré la reprise des exportations et l’amélioration de la valeur

ajoutée. Les entreprises avaient procédé à un réajustement de leurs effectifs employés, à la

suite du ralentissement de leur activité. L’hétérogénéité de la structure productive de la

branche, a fait qu’il y ait une certaine déconnexion entre l’évolution des exportations et

l’emploi de ce secteur. L’évolution de la valeur ajoutée qu’a connue l’année 2014 (soit 1.2%

en variation annuelle, après avoir régressé de 2.7% en 2013), peut être due à un redressement

de la production des unités de l’habillement et du textile. Durant le troisième trimestre de

2014, la branche du textile et du cuir a connu un accroissement de 3.2% en glissement annuel,

dû, en grande partie, à un effet de base significatif (note de conjoncture n°25- HCP, 2015).La

filière du textile-habillement est fortement orientée vers le marché extérieur, plus des deus

tiers de sa production est écoulée sur les marchés internationaux et ses rentrées sont

génératrices de devises pour le pays.

En l'espace de quinze années, les exportations dans le secteur ont connu une croissance

accélérée, le chiffre d'affaires engendré par l'activité d'exportation du secteur textile-

habillement est passé de 3,5 milliards de DH à environ 18,3 milliards de DH en 2003, soit un

Page 11: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 11

accroissement annuel moyen d'environ 8%. A fin juin 2014, la performance positive des

exportations des secteurs de textile et cuir (+4%) a été remarquée.

3. Exploration des résultats : Triptyque « coût-délai-qualité » et la

compétitivité des entreprises du secteur du textile et de l’habillement

marocain :

L’étude menée porte sur l’analyse du comportement des entreprises en matière de maîtrise de

ce triptyque, afin de recueillir des informations les concernant, d’analyser la capacité de

maîtrise du triptyque « coût – délai – qualité » à améliorer la compétitivité de ces entreprises ;

3.1 Axe : Présentation de l’entreprise et état de la compétitivité

- Menaces de la compétitivité de l’entreprise

50% des entreprises considèrent la menace des concurrents étrangers très importante, ceci est

dû à l’ouverture du secteur sur le marché international ce qui l’expose aux conséquences des

crises, aux effets conjugués de la mondialisation des marchés, des stratégies d’outsourcing des

grands distributeurs internationaux. Le secteur demeure dominé par l’informel non structuré,

ce qui le rend difficile à cerner.

Graphique : Importance des facteurs menaçant la compétitivité de l’entreprise

0,0% 10,0% 20,0% 30,0% 40,0% 50,0% 60,0%

Concurrents étrangers

Concurrents marocains

Secteur informel

Rareté de la main-d'oeuvrequalifiée

Coûts des facteurs deproduction

Syndicats

Disponibilité des matières1ères

Pouvoir des clients

Trèsimportant

Important

Peuimportant

Pas du toutimportant

Page 12: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 12

Egalement, les facteurs de production qui ont emprunté une trajectoire ascendante ces

dernières années semblent être contraignants pour la redynamisation du tissu industriel. En

effet, la matrice des coûts de production comprend trois composants : le facteur travail,

dans l’industrie du textile, le poids de la main d’œuvre directe et indirecte est très important.

Afin d’avoir un ordre de grandeur des coûts, l’industrie textile marocaine affiche un

coût/minute de production de 8 centimes d’euros, contre 7,5 en Tunisie et 4,5 en Egypte en

2015. Cette entrave rentre dans la rareté de la main d’œuvre qualifiée, un personnel mal formé

constitue un obstacle pour l’accélération des rythmes et le raccourcissement des séries. Le

facteur capital réside dans la difficulté d’accès au financement pour les investisseurs, surtout

que les banques montrent une réticence dans l’octroi des crédits aux PME. Quant aux

facteurs auxiliaires, comprenant le coût de l’énergie, du foncier, du transport et logistique,

de l’accès aux matières premières, ils demeurent chers, vu la faiblesse de la productivité.

3.2 Axe : Maîtrise des coûts

- Maîtrise des coûts et compétitivité :

Le niveau des coûts est l’une des sources principales de l’avantage concurrentiel et une

capacité stratégique dans l’industrie du textile et de l’habillement.

Le secret de succès dans ce cas réside dans la création d’une valeur au-delà des coûts, à un

prix restant acceptable pour les clients visés.

Graphique : La maîtrise des coûts peut-elle générer un avantage concurrentiel ?

Les 17% des entreprises ne parvenant pas à maîtriser leurs coûts ne peuvent généralement pas

occuper des positions compétitives favorables puisqu’elles n’intègrent pas le contrôle des

coûts dans leurs démarches stratégiques. L’industrie du textile et de l’habillement se

caractérise par une répartition des coûts déterminant ainsi la nature des stratégies à mettre en

place. Ce secteur implique des investissements élevés, tant au niveau matériel que pour

l’élaboration de produits nouveaux. Il est essentiel d’identifier les zones de coût les plus

Page 13: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 13

sensibles. La tâche est d’autant plus complexe que les coûts sont nombreux : coûts de

transport, droits de douane, fluctuations de change, coût de la main-d’œuvre, coût d’achat des

matières premières ou des produits semi finis. Généralement, la recherche de la qualité génère

une augmentation des coûts, si cette hausse de qualité est perçue par le consommateur,

l’entreprise peut augmenter ses prix. Cette augmentation de prix couvre l’augmentation des

coûts donc permet à l’entreprise de maintenir voire d’augmenter sa marge.

- Evolution des coûts calculés :

Graphique : Evolution des coûts de l’entreprise durant les 3 dernières années

La position des entreprises en matière des coûts résulte principalement de leur comportement

dans chacune des activités créatrices de valeur. 40% des entreprises ont connu une diminution

de leurs coûts relatifs à la prévention, ces coûts concernent principalement les investissements

humains et matériels engagés permettant la vérification, la prévention et la réduction des

anomalies ou défaillance, on parle notamment des coûts d’établissements du système qualité.

Les coûts de prévention ne nécessitent pas de transposition particulière aux services, en

termes de traduction des natures de coûts, car centrés sur les actions de management et

d'assurance de la qualité, puisqu’un groupe d'amélioration de la qualité fonctionne de la même

manière dans l'industrie et les services. 45% des entreprises connaissent une stagnation des

coûts des défaillances internes et 40% connaissent une stagnation de leurs coûts des

anomalies externes. Quant au coût relatif au manque à gagner dû à la non-qualité 10% des

entreprises en connaissent une diminution et 10% une stagnation. La non-qualité peut être

identifiée et même quantifiée, elle est scindée par cause, par machine, par nombre, par poids,

par rebuts, par réparations, par coûts, par équipe de production voire par personne. En effet, la

non-qualité crée des conflits et freine par la suite la progression de l’entreprise, elle représente

en termes de coûts, la catégorie la plus importante vu qu’elle affecte directement la rentabilité

0%10%20%30%40%50%

Coût relatif à laprévention

Coût desanomalies

découvertes dansl'usine

Coût desanomalies

découvertes chezle client

Coût relatif aumanque à gagner

dû à la non-qualité

Augmentation Stagnation Diminution

Page 14: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 14

et ainsi la compétitivité. Ainsi, pour agir positivement sur le niveau de qualité des produits, il

faut commencer par le contrôle des composants du produit ou de la matière dès la réception,

par le contrôle en cours de la réalisation et finalement par un contrôle des produits finis.

- Existence d’entité de contrôle de gestion :

Graphique : L’existence d’un service de contrôle de gestion selon le critère de taille de

l’entreprise

En effet, 52% des entreprises enquêtées ne disposent pas d’une entité de contrôle de gestion

(30% des grandes entreprises et 22% des PME), l’absence d’un service de contrôle de gestion

peut être fonction de la taille de l’entreprise, dans la mesure où les moyens financiers de la

PME sont extrêmement limités, l’empêchant ainsi d’assurer une gestion performante.

Egalement, l’ancienneté de l’entreprise peut jouer son rôle, puisqu’une grande part des

entreprises anciennement créées, ne renouvellent pas leur méthodes d’organisation des

fonctions, et n’introduisent pas des services modernes et performants, ce qui constitue un

obstacle dans le suivi des fluctuations dans un environnement devenu de plus en plus évolutif.

0

2

4

6

8

Non Oui

PME Grandeentreprise

Page 15: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 15

3.3 Axe : Gestion de la qualité

- Relation entre objectifs de la démarche qualité et existence d’entité

d’évaluation de la qualité :

Graphique : Influence de l’entité de qualité sur les objectifs de la politique qualité

La quasi-totalité des entreprises considérant que leur politique qualité vise les objectifs cités,

disposent d’une entité dédiée à l’évaluation et la gestion de la qualité. Ceci témoigne d’un

niveau assez bon de la qualité des produits de ces entreprises et des services qui en sont

chargés, que ça soit à travers les laboratoires, le personnel assez qualifié ou les instruments de

mesure. Généralement, dans l’amont de l’industrie du textile, divers problèmes sont

rencontrés par rapport au niveau de qualité dans les activités de la filature, tissage. Ces

problèmes concernent essentiellement les retards, la non-conformité, emballages non

conformes, pliages, placement des étiquettes, etc. et se traduisent par des retours de

marchandises, voire par des déréférencements.

39% des entreprises considérant que leur démarche qualité vise une augmentation des ventes,

ont recours en matière de qualité aux actions suivantes : celles de prévention des anomalies

répétitives, de mesure de la conformité des produits et de régulation des anomalies avant et

après la sortie de l’usine. Ces pratiques sont très utiles dans la mesure où elles permettent une

amélioration du niveau de la qualité des produits tout en veillant à réduire leurs délais.

0 5 10 15 20

Pas du tout d'accord

Sans opinion

Tout à fait d'accord

Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Pas du tout d'accord

Sans opinion

Tout à fait d'accord

Plutôt pas d'accord

Plutôt d'accord

Pas du tout d'accord

Sans opinion

Tout à fait d'accord

Fact

eur

d'a

ugm

en

tati

on

des

ven

tes

Exig

ence

par

les

clie

nts

Am

élio

re

laco

mm

un

icat

ion

inte

rper

son

nel

le

Fact

eur

de

réd

uct

ion

de

sst

ock

s et

des

dél

ais

de

livra

iso

n

Uti

lep

ou

ram

élio

rer

laco

nce

pti

on

de

sp

rod

uit

s

Existence d'entité de qualité

Absence d'entité de qualité

Page 16: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 16

- Objectifs de la démarche qualité :

Graphique : Objectifs de la démarche qualité chez les entreprises dont les produits sont

destinés au marché local

Chez 90% des entreprises enquêtées, le principal objectif de la démarche qualité est celui de

l’augmentation des ventes, puisque la qualité des produits fabriqués acquise par la maîtrise

des processus permet d’accroître les ventes et ainsi les marges bénéficiaires, ce qui permet à

l’entreprise d’accaparer plus de parts de marchés. De même, l’objectif de satisfaction des

clients revêt une importance cruciale dans les processus d’évaluation de la qualité chez ces

entreprises. Même si les exigences de qualité dans le marché local ne sont pas

« draconiennes » comme ceux des marchés développés, mais les entreprises enquêtées

cherchent principalement une meilleure satisfaction de la clientèle ce qui est moyen de la

fidéliser. Vu que le client est très attentif à la qualité de ce qu’il acquiert, il cherche une

certitude absolue que le produit dont il va disposer répondra à ses besoins.

D’un autre côté, 70% des entreprises visent l’objectif de réduction des stocks et les délais,

puisque les systèmes de prévention des défaillances au niveau des produits permettent à

l’entreprise d’éviter un surtemps qui sera consacré à la correction de ces anomalies très

coûteuses si elles ne sont pas détectées avant la sortie des produits de l’usine. De même, 70%

des entreprises considèrent que la politique qualité dans l’entreprise permet d’améliorer la

communication interpersonnelle, dans la mesure où elle nécessite une collaboration et une

implication de tous les services de l’entreprise, ce qui rend plus homogène la structure.

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

Tout à faitd'accord

Plutôt d'accord

Sans opinion

Plutôt pasd'accord

Page 17: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 17

Graphique : Chez les entreprises dont les produits sont destinés au marché étranger

Pour les entreprises qui écoulent leurs produits vers le marché étranger, elles s’intéressent

essentiellement à la satisfaction des clients par la mise en place des outils d’évaluation et de

gestion de la qualité, la totalité des entreprises considère que l’objectif primordial de leurs

démarches qualité est la satisfaction des attentes et besoins du client, surtout que le niveau

d’exigences de qualité sur le marché européen ou américain est supérieur et plus strict qu’à

celui du niveau national. Ceci permet d’améliorer l’image de l’entreprise et ainsi fidéliser la

clientèle. Cependant, le critère d’amélioration de la communication interpersonnelle n’est pas

considéré comme critère de qualité chez les entreprises qui produisent pour le marché étranger

et qui sont principalement de grandes structures, donc, plus la taille de l’entreprise est réduite,

plus le processus d’implication des fonctions et salariés est simple.

Au contraire, dans une grande société, le nombre élevé de salariés et la multiplicité des

fonctions et services rendent complexe ce processus d’homogénéisation des différents rôles et

fonctions au sein de l’organisation. Une part de 60% vise par l’optimisation de la qualité à

chaque étape de la production, une réduction des délais et des stocks, qui sont deux principes

de la pratique du juste à temps, afin de fournir au client le nombre de produits demandé au

moment souhaité, à l’endroit désiré et dans le standard de qualité et de coûts fixés.

- Pratiques d’évaluation de la qualité selon le type de clientèle :

Mesurer la qualité est indispensable à l’entreprise, cependant la qualité est difficile à mesurer,

c’est surtout la non-qualité qui est visible. La mesure de la qualité est donc la clef d’une

bonne démarche d’amélioration. Elle permet de motiver les acteurs, de suivre l’efficacité des

0%

20%

40%

60%

80%

100%

Tout à faitd'accord

Plutôt d'accord

Sans opinion

Plutôt pasd'accord

Page 18: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 18

actions menées et de mesurer les gains obtenus. Une bonne démarche qualité démarre par une

mesure précise des problèmes avec ensuite un suivi de l’évolution.

Graphique : les pratiques dans les entreprises produisant pour le grand public

Ainsi, 60% des entreprises produisant pour le grand public procèdent au calcul des indicateurs

sur les rebuts, les déchets et les déclassés, 75% des entreprises enquêtées calculent leurs

indicateurs sur les retours, les réclamations et les avoirs. En effet, les exigences de qualité

pour le grand public peuvent ne pas être aussi strictes que celles des clients donneurs d’ordre,

toutefois, les entreprises doivent veiller à ce que ces indicateurs soient en nombre restreint,

faciles à établir, à exploiter et à suivre, elle doit également cibler en priorité soit les

performances essentielles à surveiller, soit les points à améliorer : dans ce dernier cas,

l’indicateur pourra être supprimé une fois la situation rétablie.

Graphique : les pratiques dans les entreprises produisant aux clients donneurs d'ordre

« Faire de la qualité c’est bien, mais la mesurer c’est mieux ! », du côté des entreprises dont

les clients sont des donneurs d’ordre, les statistiques sont un peu différentes de ceux de la

catégorie précédente. En effet, les indicateurs les plus calculés sont les indicateurs sur les

0%20%40%60%80%

100%

Indicateurs surles rebuts,déclassés,déchets

Indicateurs surles retours,

réclamations,avoir

Indicateurs surles réparations,

retouches,contrôle

Coût de la non-qualité

Oui Non

0%

20%

40%

60%

80%

100%

Indicateurs surles rebuts,déclassés,déchets

Indicateurs surles retours,

réclamations,avoir

Indicateurs surles réparations,

retouches,contrôle

Coût de la non-qualité

Oui Non

Page 19: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 19

retours, réclamations et avoirs et les indicateurs sur les réparations, les retouches et le

contrôle. Quant aux indicateurs sur les rebuts, les déchets et les déclassés ils font objet de

calcul par 38% des entreprises, contre 15% seulement pour le coût de la non-qualité,

toutefois, les dangers de la non-qualité par le coût entrainé peuvent être considérables :

rappels de produits, déficit d’image, perte de clients etc.

Ces indicateurs qui peuvent être relatifs soit au contrôle et à la surveillance soit à

l’amélioration. Les premiers sont destinés en effet, à contrôler la bonne marche de l’activité et

les seconds à servir de base de travail aux acteurs pour s’améliorer. Ces deux types

d’indicateurs obéissent à des règles différentes. Les confondre n’est possible que lorsque la

démarche qualité a été parfaitement intégrée dans la culture de l’entreprise, à la fois au niveau

des managers et des exécutants.

3.4 Axe : Gestion et maîtrise des délais

- Satisfaction des délais et du taux moyen des pannes machines :

Graphique : Degré de satisfaction des entreprises de leurs délais et du taux moyen des pannes

machines en fonction de leur perception du temps

En matière des délais, les entreprises ne sont pas assez performantes, la non maîtrise de délais

peut revêtir une très grande importance, dans la mesure où la non ponctualité de l’entreprise

est source de détérioration de sa position compétitive et ainsi de perte de parts de marché.

13% des entreprises enquêtées perçoivent le temps comme ressource, cependant elles sont peu

satisfaites de leurs taux moyens de pannes machines. La part des entreprises pour laquelle le

temps présente une contrainte, soit 26% était peu satisfaite de son taux moyen de pannes

machines.

0 24

68

10

Peu satisfait

Assez satisfait

Pas du tout satisfait

Sans opinion

Très satisfait

Peu satisfait

Assez satisfait

Deg

réd

esa

tsif

acti

on

des

dél

ais

livra

iso

n-c

lien

t

Deg

ré d

esa

tsif

acti

on

des

dél

ais

livra

iso

n-

fou

rnis

seu

r

Deg

ré d

esa

tisf

acti

on

du

tau

xm

oye

nd

ep

ann

esm

ach

ines

Contrainte Ressource

Page 20: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 20

Les pannes des machines de production doivent être réparées dans les meilleurs délais,

puisqu’elles engendrent un arrêt de la production ce qui occasionne des pertes financières

importantes pour l’entreprise. Pour ce, l’entretien régulier des différents équipements

industriels par des professionnels doit être assuré pour éviter des situations pareilles qui

engendrent des pertes de temps, d’argent et qui rendent les conditions de travail stressantes.

- Causes des retards de livraison :

Graphique : Causes des retards de livraison chez les entreprises enquêtées

Plusieurs facteurs avaient pour effet d’engendrer des retards de livraison chez les entreprises

enquêtées, dont les plus fréquents sont les retards des délais de livraison des fournisseurs, que

70% des entreprises rencontrent. Les délais de livraison cités dans les contrats conclus entre

les entreprises et leurs fournisseurs doivent impérativement être respectés, dans le cas où ils

ne sont pas déterminés, le fournisseur doit livrer dans les meilleurs délais. Quant aux défauts

de conception des produits, une cause qui empêche 50% des entreprises de livrer leurs

produits à temps. Ceci fait appel aux systèmes de contrôle et de prévention des anomalies, et

de contrôle de qualité. Egalement, l’indisponibilité des pièces nécessaires aux fonctionnement

des machines, engendre des pertes énormes de temps, ce qui constitue un retard de livraison

des produits, un problème dont souffre 45% des entreprises enquêtées, en plus des pannes des

machines et des erreurs de montage, dont les causes essentielles peuvent se manifester par le

manque d’expérimentation et de professionnalisme de la main-d’œuvre, ou encore par

l’utilisation des machines non performantes, le manque d’entretien cont inu de ces machines

0

0,2

0,4

0,6

0,8Très souvent

Souvent

Parfois

Jamais

Page 21: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 21

par des professionnels… Ces freins ne doivent pas passer sous silence puisqu’ils touchent

directement à la rentabilité et par la suite la compétitivité de l’entreprise.

- Manœuvres utilisées en cas de commandes urgentes et importantes :

Graphique : Manœuvres utilisées en cas de commandes urgentes et importantes selon le

périmètre d’offre de l’entreprise

Ce sont les entreprises qui produisent pour le marché étranger qui ont souvent recours à ces

manœuvres, ainsi, en première place, les heures supplémentaires, qui sont très utilisées par

43% des entreprises produisant au marché étranger, alors que pour celles produisant pour le

marché local, cette manœuvre n’est utilisée que par 13%. Les heures supplémentaires

viennent en premier rang puisque la rémunération que reçoivent les salariés pour le

supplément de travail donné, leur présente une motivation, tout en permettant à l’entreprise de

gagner en matière de délai et ainsi de satisfaction de clients.

39% des entreprises produisant pour le marché étranger et 17% seulement de celles

produisant pour le marché local utilisent assez régulièrement la replanification des ordres en

cours et donnent la priorité à la commande la plus urgente. Quant aux ressources machines,

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

Pas

du

to

ut

uti

lisé

Peu

uti

lisé

San

s o

pin

ion

Ass

ez u

tilis

é

Très

uti

lisé

Pas

du

to

ut

uti

lisé

Peu

uti

lisé

San

s o

pin

ion

Ass

ez u

tilis

é

Très

uti

lisé

Pas

du

to

ut

uti

lisé

Peu

uti

lisé

San

s o

pin

ion

Ass

ez u

tilis

é

Très

uti

lisé

Pas

du

to

ut

uti

lisé

Peu

uti

lisé

San

s o

pin

ion

Ass

ez u

tilis

é

Très

uti

lisé

Pas

du

to

ut

uti

lisé

Peu

uti

lisé

San

s o

pin

ion

Ass

ez u

tilis

é

Très

uti

lisé

Appel à desintérimaires

Heuressupplémentaires

Priorité à lacommande laplus urgente

Replanificationdes ordres en

cours

Ressourcesmachines

Aumarchélocal

Aumarchéétranger

Auxdeux

Page 22: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 22

également, l’écart entre les deux catégories trouve sa raison dans l’utilisation de cette pratique

à hauteur de 21% chez les entreprises écoulant leurs produits vers le marché étranger, contre

8% de celles vers le marché local. Ces différences dans les fréquences d’utilisation des

différentes manœuvres citées sont dues au périmètre d’offre de l’entreprise, puisque le marché

étranger du textile subit de perpétuelles fluctuations dans la demande, ce qui le rend plus

exigent en matière de délais.

Synthèse et conclusion

Les problèmes marquants dont souffrent les entreprises du secteur du textile et d’habillement

sont nombreux, et donc les recommandations qui ont été déduites sont principalement

structurées autour d’un certain nombre d’améliorations concernant essentiellement les axes

étudiés dans la présente enquête.

- Vecteur « Coûts » :

Les dirigeants doivent veiller à la restructuration de l’entreprise par l’application des

méthodes de gestion moderne, et des systèmes innovants de contrôle de gestion. Cette

restructuration passe par la décentralisation effective des responsabilités et la spécialisation de

la direction dans les tâches de grande envergure, avec un souci de développement de

l’entreprise et d’amélioration de sa capacité d’adaptation à l’environnement.

L’approche de la compétitivité, basée sur la réduction des coûts de production par le coût

salarial a des limites, il est illusoire de vouloir améliorer la productivité avec des employés

insuffisamment qualifiés. Dans ce contexte, le différentiel de productivité et la qualité des

ressources humaines sont décisifs. Cela explique entre autres, qu'à rémunération égale, un

ouvrier malaisien ou chinois soit deux fois plus productif que son homologue marocain.

Au niveau de chaque branche du secteur : le textile et bonneterie, l’habillement, le cuir et les

articles en cuir, il existe un manque d’information auquel se heurte l’analyse détaillée de la

structure des coûts de production.

- Vecteur « Qualité » :

Le secteur du textile souffre d’un niveau de qualité en deçà des standards internationaux, mais

qui demeure assez satisfaisant, et ce, à l’exception d’une minorité d’entreprises opérant dans

la filière chaîne et trame amont : filature, tissage, ennoblissement et ayant engagé une

démarche qualité bien élaborée et efficace et qui sont certifiées « ISO ».

Page 23: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 23

Les entreprises doivent instaurer des outils leur permettant d’améliorer la qualité de leurs

produits, ceci permet encore au personnel d’éviter des petits problèmes assez fréquents qui

causent une perte énorme de temps. Les entreprises doivent veiller à confectionner des articles

conformes aux prescriptions des donneurs d’ordre, vu que la qualité présente un élément

essentiel dans la fixation du prix et une donnée de base incontournable. L’adaptation du

produit marocain aux normes européennes est devenue une contrainte de plus en plus

pressante pour nos exportateurs.

Afin de satisfaire aux exigences de qualité, de productivité, et de flexibilité, les entreprises de

confection doivent s’équiper de plus en plus de machines spéciales et d’équipements lourds:

CAO, chariots matelasseurs, coupes automatiques, convoyeurs aériens, etc.

- Vecteur « Délais » :

Les entreprises doivent combler le manque d’organisation et donc des allures de travail

faibles, ce qui donne lieu à un manque de préparation du travail lors du lancement d’un

nouvel article et donc un déséquilibre entre les postes de travail, d’où les temps d’attente

rencontrés par une grande part des industriels du pays.

Egalement, les entreprises doivent combler le manque à gagner en termes de productivité et

donc de compétitivité, ce manque étant inhérent en partie à la difficulté d’accueillir la

technologie de pointe dans le secteur vu que la plupart des entreprises du secteur sont des

PME, donc elles ne présentent pas les moyens financiers suffisants pour l’acquisition d’un tel

type de technologie, donc il convient aux entreprises d’avoir recours à la formation du

personnel technique et de production afin d’améliorer leur réactivité en matière de délais.

L’optique de maîtrise des délais, ne doit pas se limiter dans les tâches et activités purement de

fabrication du produit. Ceci fait appel aux manœuvres permettant de réduire les délais.

La filière était basée surtout sur ses compétences clés en matière de créativité, et le savoir-

faire de ses opérateurs. Dans ce contexte, cette industrie doit mettre en place des stratégies

intégrant une somme de compétences clés, la création, l’industrialisation et la logistique.

Outre l'implication des opérateurs locaux, l'avenir de la filière dépend intimement de la place

que lui réservent les autorités de tutelle dans le développement économique et social du

Maroc ainsi que des moyens humains et matériels déployés par les entreprises pour faire face

aux défis de demain, et pour surmonter des difficultés majeurs auxquelles se heurte le secteur.

Page 24: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 24

BIBLIOGRAPHIE

- Alazard C. &Sépari S. (2004), « DECF : Contrôle de gestion, manuel et applications »,

Dunod.

- Boyer L. & Equilbey N.(2003), « Organisation : théories et applications », Organisation.

- Castelneau J., Loic D. & Mettling B.(2001), « Le pilotage stratégique : comment mobiliser

l’énergie collective », Organisation.

- Dakkak M., Chtaibi A. (2004), « Secteur habillement : stratégie à adopter pour réussir la

mutation de la sous-traitance à la cotraitance », cycle supérieur de Gestion, ISCAE.

- Demeestère R. (2007), « L’analyse des coûts : public et privé », Revue politiques et

management public, vol 25, n°3.

- Demeestère R., Lorino P. & Mottis N. (2013), « Pilotage de l’entreprise et contrôle de

gestion », collection Management Sup, Dunod.

- Ghemawat & Rivkin. (2006), « Creating competitive advantage », Harvard Business School.

- Goczol J., Balasse A. & Scouveau C. (1998), « Stratégies et performances dans un

environnement concurrentiel », Revue gestion, Gestion 2000.

- Hamilton N. (2009), « Améliorer la qualité des services : avec la Gestion des Problèmes

ITIL », Organisations.

- Johnson G., Scholes, K., Whittington, R. & Frery, F. (2002), « Stratégique », 7ème édition,

Pearson Education.

- MendozaC., Cauvin, E., Marie-Hélène, Malleret , V. &Zilberberg , E.(2004), « Coûts et

décisions », Gualino.

- Mouline M. T. (2013), « Les accords de libre échange conclus par le Maroc: incidences sur

la compétitivité globale du pays et voies d’optimisation », Institut Royal des Etudes

Stratégiques.

- Oukessou T. (2001), « Diagnostic de la filière textile-habillement au Maroc », n°70,

Ministère de l’économie, des finances, de la privatisation et du tourisme.

- Porter M. (2003), « L’avantage concurrentiel : comment devancer ses concurrents et

maintenir son avance», Dunod.

Page 25: TRIPTYQUE « COUT DELAI QUALITE » : Cas de l’industrie

Page | 25

- Revue Conjoncture : le mensuel des décideurs, (2013), chambre française de commerce et

d’industrie du Maroc : Juillet-août 2011, 15 octobre- 15 novembre.

- Saigh M. (2007), « Le secteur du textile au Maroc : stratégie et perspectives », mémoire de

fin d’études, ISCAE (Institut Supérieur de Commerce et d’Administration des Entreprises).

- Seni D.A. (2013), « Analyse stratégique et avantage concurrentiel », Presses de l’Université

du Québec.

- Shank J.K., Govindarajan V. (1995), « La gestion stratégique des coûts », Organisation.

-Skouri A. (2000/2001), « Industrie marocaine et mondialisation : les exigences d’une

reconversion compétitive », Revue de droit et d’économie, n°18.

- Spitezki, H. (1995), « La stratégie d’entreprise, compétitivité et mobilité », Economica.

- ZaimF. (2011), ISCAE, « Management stratégique de la mutation du textile traditionnel

marocain vers les textiles à usage technique : rôle de l’ESITH », Exécutive MBA.