trente ans après l’explosion qui a radiocontaminé l...

3
Biocontact n° 271 – septembre 2016 explosion du réacteur n° 4 de la centrale nucléaire de Tcher- nobyl, en Ukraine, à seulement 2 000 km de Paris, est classée « accident majeur » au niveau maximal (niveau 7) de l’échelle internationale des événements nucléaires (INES) utilisée au plan interna- tional depuis 1991. Retour en 1986… Dans les jours et les mois qui ont suivi le 26 avril 1986, un nombre incroyablement élevé (de 800 000 à un million) de « liquidateurs » sont venus de toute l’ex-URSS sur les lieux de l’accident se relayer pour éteindre le gigantesque incendie provoqué par l’explosion et tenter de confiner le relâchement de radioactivité. Parmi les soldats, pompiers, mineurs, techniciens, scientifiques, hommes et femmes dont l’âge moyen était de 33 ans au moment de l’accident, beaucoup (entre 112 000 et 125 000) sont morts à brève échéance ; les survivants sont affaiblis ou malades (1 et 2). Aujourd’hui, la construction d’un second « sarcophage » au-dessus du réacteur accidenté est en cours. Les habitants vivant près de la centrale au moment de l’explosion ont reçu des doses telles que beaucoup d’entre eux, dont des enfants, ont présenté un syndrome d’irradiation aiguë. A partir de ce jour fatidique, le nuage radioactif renfermant quelque 450 radionucléides a fait progressi- vement le tour de la Terre. C’est au cours des trois premiers mois que le nuage est le plus radioactif et le plus toxique, notamment pour la glande thyroïde. Les poussières radioactives se déplacent au gré des vents et se 30 anniversaire Tchernobyl, trente ans après… Trente ans après l’explosion qui a radiocontaminé l’hémisphère nord le 26 avril 1986, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl a toujours cours. Elle permet de connaître et de prédire les effets d’un tel désastre sur la santé et sur la vie. L’ Centrale nucléaire de Tchernobyl. Aujourd’hui, la construction d’un second sarcophage au-dessus du réacteur n° 4 accidenté est en cours. © eight8/Fotolia.

Upload: others

Post on 06-Jan-2020

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Trente ans après l’explosion qui a radiocontaminé l ...poumm.fr/wp-content/uploads/2017/06/05-Article-Tchernobyl-Biocontact... · Biocontact n° 271 – septembre 2016 déposent

Biocontact n° 271 – septembre 2016

explosion du réacteur n°  4 de la centrale nucléaire de Tcher-nobyl, en Ukraine, à seulement 2 000 km de Paris, est classée « accident majeur » au niveau maximal (niveau 7) de l’échelle

internationale des événements nucléaires (INES) utilisée au plan interna-tional depuis 1991.

Retour en 1986…Dans les jours et les mois qui ont suivi le 26  avril 1986, un nombre

incroyablement élevé (de 800 000 à un million) de « liquidateurs » sont venus de toute l’ex-URSS sur les lieux de l’accident se relayer pour éteindre le gigantesque incendie provoqué par l’explosion et tenter de confiner le relâchement de radioactivité. Parmi les soldats, pompiers, mineurs, techniciens, scientifiques, hommes et femmes dont l’âge moyen était de 33  ans au moment de l’accident, beaucoup (entre 112  000  et 125  000) sont morts à brève échéance ; les survivants sont affaiblis ou malades (1 et 2). Aujourd’hui, la construction d’un second « sarcophage » au-dessus du réacteur accidenté est en cours.

Les habitants vivant près de la centrale au moment de l’explosion ont reçu des doses telles que beaucoup d’entre eux, dont des enfants, ont présenté un syndrome d’irradiation aiguë. A partir de ce jour fatidique, le nuage radioactif renfermant quelque 450 radionucléides a fait progressi-vement le tour de la Terre. C’est au cours des trois premiers mois que le nuage est le plus radioactif et le plus toxique, notamment pour la glande thyroïde. Les poussières radioactives se déplacent au gré des vents et se

2875F271

Demandez votre offre découverte exceptionnellesur internet : www.esenka.frou en retournant ce coupon complétépar courrier au Laboratoire Paltz, 3 Chemin dʼAuguste - 33612 Cestas Cedex

Mme Mlle M.Prénom NomNé(e) le TelAdresseCP VilleEmail

* co

uche

s su

périe

ures

de

l’épi

derm

e. *

*mes

ure

d’ef

ficac

ité r

éalis

ée p

ar u

n la

bora

toire

in

dépe

ndan

t sur

10

volo

ntai

res

- di

spon

ible

en

mag

asin

bio

BIOC1609

Poches, cernes, rides : la peau autour des yeux est délicate et marque facilement. L’effet tenseur des polysaccharides du gel d’Aloe vera bio et les vertus raffermissantes de l’huile essentielle de Bois de Hô bio procurent un effet lissant immédiat. Le complexe «age defense» prévient du vieillissement prématuré et l’acide hyaluronique végétal régule l’hydratation*. Avec la Crème Contour des Yeux, fini le regard marqué !

Esenka, ligne de soins biohaute performance aux huiles essentiellesissue de 40 ans d’expériencedu Laboratoire Paltz

FABRICATIONFRANÇAISE

Offrez vous unnouveau regard !

**

30 anniversaire

Tchernobyl, trente ans

après…Trente ans après l’explosion qui a radiocontaminé l’hémisphère nord le 26 avril 1986, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl a toujours cours. Elle permet de connaître et de prédire les effets d’un tel désastre sur la santé et sur la vie.

L’

Centrale nucléaire de Tchernobyl. Aujourd’hui, la construction d’un second sarcophage au-dessus du réacteur n° 4 accidenté est en cours.

© e

ight

8/Fo

tolia

.

Page 2: Trente ans après l’explosion qui a radiocontaminé l ...poumm.fr/wp-content/uploads/2017/06/05-Article-Tchernobyl-Biocontact... · Biocontact n° 271 – septembre 2016 déposent

Biocontact n° 271 – septembre 2016

déposent en surface au gré des pluies. La contamination au sol est hété-rogène, en « taches de léopard », mouvante et de très longue durée en ce qui concerne de nombreux radionucléides comme le plutonium. Celui-ci est extrêmement toxique à très faibles doses s’il est inhalé ou ingéré.

Radioactivité à respirer, à boire et à mangerLa contamination interne se fait par pénétration dans l’organisme de

radionucléides par inhalation et/ou par ingestion d’eau, de lait, d’aliments radioactifs, ou par voie cutanée. Elle est plus dangereuse à faibles doses que l’irradiation externe car les radionucléides piégés dans l’organisme y exercent durablement leurs effets.

Trente ans après Tchernobyl, la contamination interne chronique par l’alimentation s’exerce toujours surtout parmi les populations rurales de Biélorussie qui ne peuvent faire autrement que manger les légumes de leur potager, les champignons, les baies, le gibier ou les poissons des rivières contaminées. Or, même si les doses mesurées à la surface du sol sont actuellement bien moindres qu’en 1986, les radioéléments infiltrés en profondeur ou stockés au fond des rivières sont repris par les racines des végétaux, concentrés et transmis tout au long de la chaîne alimen-taire jusqu’à l’homme. C’est ainsi que des territoires entiers sont rendus pour toujours impropres à la vie.

Un déni institutionnelL’Organisation mondiale de la santé (OMS) est sous le contrôle des

agences et institutions pronucléaires. Ces dernières, aux niveaux français et international, font tout ce qui est en leur pouvoir pour minimiser les effets de la radioactivité et pour inciter les populations à accepter de vivre dans les territoires contaminés par les désastres de Tchernobyl et de Fukushima. (3) On ne trouve que ce que l’on cherche, et des difficultés d’ordre scientifique inhérentes aux études épidémiologiques s’ajoutent aux pressions d’ordre politique et économique. (4)

Il est d’autant plus facile de nier les effets sanitaires des industries nucléaires que les pathologies radio-induites, et notamment les cancers, ne se manifestent habituellement sur le plan clinique qu’après un délai de plusieurs années. Cependant, la responsabilité des facteurs environ-nementaux saute aux yeux lorsque des cancers et des maladies habituel-lement observés chez l’adulte, voire l’adulte âgé, surviennent chez des enfants et des adolescents. Aucune dose de radioactivité n’est inoffensive

2339F271

Plus qu’une crème anti-âge,

un soin de jouvence !CRÈME RICHE

JEUNESSESpécialement

conçue pour les peaux sèches

ou déshydratées, la crème riche d’EFIBIO lutte efficacement

contre les rides ins-tallées et raffermit l’ovale du visage,

tout en hydratant intensément.Utilisée matin

et soir, la crème riche d’EFIBIO

préserve la jeunesse de votre peau

et stimule sa régénération

naturelle.

En vente en magasins biologiquesListe des points de vente sur www.efibio.com

Informations : [email protected] ou 06 81 75 67 29EFIBIO 222, avenue de Lardenne 31100 Toulouse

NATURELLEMENT POUR VOUS

Demandez votre carte de fidélité en magasins,

nous vous offrons un produit

tous les six produits achetés dans l’année.

Nouveau : Ajout d’acide hyaluronique !32 anniversaire

Pins montrant des modifications de la couleur du bois, de la densité et de la croissance après l’irradiation par le désastre de Tchernobyl.

© M

ouss

eau

TA (2

009)

.

Page 3: Trente ans après l’explosion qui a radiocontaminé l ...poumm.fr/wp-content/uploads/2017/06/05-Article-Tchernobyl-Biocontact... · Biocontact n° 271 – septembre 2016 déposent

Biocontact n° 271 – septembre 2016

34 anniversaire

pour les organismes vivants. Le déni institutionnel des conséquences de la radioactivité concerne tout par-ticulièrement les effets désormais jugés négligeables des faibles doses.

Vous avez dit négligeables ?

Les conséquences sanitaires du désastre de Tchernobyl sont connues. Elles ont été notamment décrites chez les liquidateurs sur-vivants, leurs enfants et les six à neuf  millions de personnes, dont 500 000 à un million d’enfants, habi-tant les territoires les plus fortement contaminés en Biélorussie, au nord de l’Ukraine et au sud-ouest de la Russie. Les observations et les travaux de médecins et scientifiques biélorusses, ukrai-niens et russes indépendants des agences et institutions pronucléaires ont pu être résumés dans un ouvrage paru en anglais puis en fran-çais.  (1 et 2) Les conséquences les plus graves sont observées chez les femmes enceintes pour l’enfant à naître et à l’âge pédiatrique, mais nul n’est épargné. Le bilan des conséquences de Tchernobyl sur la santé et sur l’environne-ment est d’une ampleur et d’une variété sans précédent :

- cancers dont les premiers à apparaître sont ceux de la glande thyroïde, les leucémies (can-cers des cellules du sang), les cancers du sein ;

-  maladies non cancéreuses de la thyroïde comme la thyroïdite auto-immune d’Hashi-moto, habituellement responsable d’une hypo-thyroïdie ;

- maladies non cancéreuses du sang ;-  déficits et troubles du système immuni-

taire qui eux-mêmes favorisent la survenue de cancers, d’infections, d’allergies et de maladies auto-immunes ;

- retards et troubles de la cicatrisation, de la convalescence, de la croissance ;

- maladies chroniques pouvant toucher tous les tissus et organes (notamment le cœur et les vaisseaux), troubles de la vue, de l’audition, détérioration intellectuelle ;

-  syndrome de fatigue chronique, vieillisse-ment prématuré ;

-  stérilité, modification du sex-ratio (moins de filles à la naissance), fausses couches, morts in utero et périnatales, malformations congé-nitales, maladies génétiques, dégradation pro-gressive du patrimoine génétique et affaiblisse-ment général des populations. Il est démontré (par exemple chez les campagnols en pro-

venance de Tchernobyl) que les altérations génétiques et épigénétiques dues à la radioac-tivité s’aggravent de génération en génération. Ainsi, le nucléaire s’ajoute aux autres pollutions (chimiques et électromagnétiques) dont on sait actuellement qu’elles menacent les géné-rations futures et la survie même de l’espèce humaine. (4)

Et la France ?Les régions de France les plus contaminées

par les retombées de Tchernobyl ont aussi vu exploser le nombre de cancers de la thyroïde après 1986. L’est du pays et la Corse sont par-ticulièrement touchés. De plus, la radio-expo-sition augmente le risque d’hypothyroïdie et de bien d’autres maladies.  (1) Les retombées de Tchernobyl s’ajoutent à celles des essais nucléaires militaires effectués ailleurs dans le monde. Les unes et les autres peuvent être mesurées par des techniques sophistiquées permettant de réaliser des cartes de contami-nation limitées à tel ou tel radionucléide sélec-tionné. De plus, la contamination radioactive du territoire est augmentée en permanence par les rejets, autorisés ou non, de nos 58 réacteurs nucléaires lorsqu’ils sont en fonctionnement «  normal  » pour produire de l’électricité. Elle s’accroît également du fait des fuites, incidents et accidents inhérents aux industries nucléaires militaires et civiles, et de l’accumulation de déchets radioactifs hautement toxiques pour une quasi-éternité.

Quelles alternatives ?La survenue d’un désastre nucléaire en

France est désormais annoncée comme pos-sible, probable ou même inéluctable par les plus hautes autorités. Pourtant, des alternatives existent qui nous permettraient d’éviter un

nouveau désastre et de mettre un frein à l’écocide. Des voix de plus en plus nombreuses et insistantes s’élèvent en France et partout dans le monde pour l’interdiction des armes atomiques, pour un mode de vie plus sobre et des mesures simples sur le plan énergétique (meil-leure isolation des logements, par exemple), pour le développement des transports en commun (moins gourmands en énergie que la voi-ture individuelle, fût-elle électrique), d’une éco-agriculture bio et locale (peu ou pas consommatrice d’élec-tricité et d’énergies fossiles), pour l’utilisation des énergies renouve-lables (soleil, eau, géothermie, etc.)

et pour l’abandon des recherches et technolo-gies (comme la géo-ingénierie, la bio-ingénierie, etc.) dont on sait qu’elles sont encore plus destructrices que les maux créés par l’homme qu’elles prétendent combattre. A l’exemple de pays voisins comme l’Italie, nous pourrions en France décrocher sans plus tarder cette épée de Damoclès et arrêter de produire toujours plus de déchets radioactifs. Nous le pourrions et nous le devrions pour nous-mêmes et pour nos enfants. Si ensemble nous le voulons, nous l’obtiendrons ! ■

1. Yablokov AV et al. Chernobyl: consequences of the catastrophe for people and the envi-ronment. Annals of the New York Academy of Sciences, vol. 1181, 2011. Traduction française téléchargeable gratuitement sur http://independentwho.org. 2. Sherman J. « Tchernobyl un million de vic-times » sur www.youtube.com. 3. Lenoir Y. La Comédie atomique : l’histoire occultée des dangers des radiations. Ed. La Découverte, 2016. 4. Belpomme D. Comment naissent les mala-dies… et que faire pour rester en bonne santé. Ed. Les liens qui libèrent, 2016.

❯ Dr Françoise Boman.Médecin hospitalier et

universitaire spécialiste en anatomie et cytologie

pathologiques retraitée, et coprésidente de l’association

Sangha-Paris 5, qui a pour objectif de promouvoir l’art de vivre en

harmonie avec la nature. Cette association se donne le devoir de dénoncer et d’éviter

autant que possible tout ce qui est préjudiciable à la santé et à la vie.

❯ Mé[email protected]

Cancer de la thyroïde à type de carcinome papillaire, photographié au microscope. Ce type de cancer peut être radio-induit.

© F

. Bom

an.