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TRAVERSE(S) Les déserts urbains Habiter les déserts Conférences/ Débats/ Rencontres/ 9,10,11 avril 2013 Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne Métropole École Nationale Supérieure d’Architecture de Saint-Étienne École Supérieure d’Art et Design de Saint-Étienne

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TRAVERSE(S)Les déserts urbains Habiter les désertsConférences/Débats/Rencontres/

9,10,11 avril 2013Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne MétropoleÉcole Nationale Supérieure d’Architecture de Saint-ÉtienneÉcole Supérieure d’Art et Design de Saint-Étienne

SommaireLes déserts urbains / Habiter les déserts 2

Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne Métropole 7Mardi 9 avril / 14h - 20h30

École Nationale Supérieure d’Architecture de Saint-Étienne 11Mercredi 10 avril / 9h00 - 19h

École supérieure d’Art et Design de Saint-Étienne 15Jeudi 11 avril / 9h30 - 19h

Soirée Plan(s) Libre(s) spéciale Traverse(s) au Cinéma Le France 21Jeudi 11 avril / 20h

TRAVERSE(S)

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Des déserts urbains Habiter les déserts« Monique — Et maintenant : où ? par où ? comment ? Seigneur ! Par ici ? C’est un mur, on ne peut plus avancer ; ce n’est même pas un mur, non, ce n’est rien du tout ; c’est peut-être une rue, peut-être une maison, peut-être bien le fleuve, ou bien un terrain vague, un grand trou dégoûtant (…) et si brusquement quelqu’un, quelque chose apparaissait, sortant de ce trou noir (…) ? (…) Ils auraient pu au moins laisser l’éclairage public, on reconnaîtrait peut-être quelque chose. Il y a quelque chose par terre qui fait glisser, et je ne sais pas ce que c’est (…) Rentrer à pied, il y en aurait pour des heures à travers ces quartiers sans lumière et sans panneau d’indication. »Bernard-Marie Koltès, Quai ouest, Les Editions de Minuit Paris 1985. p.11-13.

« Constituer un territoire, c’est presque la naissance de l’art.»Gilles Deleuze, Abécédaire « A comme animal ».

Les espaces blancs ont disparu des cartes terrestres, ils sont remplacés par les surfaces colorimétriques bleues des fonds marins ou par le noir absolu constellé de petites déchirures de l’espace intersidéral. Il semble que là où ne puissions être, le désert seul est…

Petit à petit, pas à pas, les blancs disparaissent des cartes en même temps que les monstres qui en gardaient les frontières disparaissent des représentations cartographiques.Peu à peu, nous avons cru occuper tout l’espace géographique et habiter totalement la surface de la terre.Nous avons cru en quelque sorte faire reculer le désert.Mais ce recul qui fut longtemps une conquête est devenu aujourd’hui le signe d’une défaite.Certes nous avons appris à occuper et peupler le monde, à établir des populations selon des comptages et des arpentages là où il n’était pas possible d’en établir. Nous avons distribué et redistribué des fragments d’espaces et ce faisant, nous avons perdu pied avec cet espace.Le sol ne se dérobe pas sous nos pieds, non.

Nous sommes encore capable de concevoir l’espace comme un territoire à conquérir et à parcourir. Mais quelques choses se sont absentées, quelques choses se sont mises en

situation de retrait – il ne s’agit pas à notre avis du réel ; nous ne sommes pas dans le désert du réel1.

Nous sommes plutôt dans un retrait en phase d’élaboration du réel.Plutôt que dans le désert, nous entrons, nous ne cessons d’entrer dans l’élaboration du désert. Nous en construisons les conditions de possibilité en expérimentant les formes d’appropriation et de représentation des espaces.

Cette désertification est un processus et il engage le territoire ainsi que les formes de sa représentation.

Ce sont les modes d’être de ces formes de représentation de la désertification qui affectent notre imaginaire que Traverse(s) souhaitent un moment interroger.

On peut concevoir la désertification comme le retrait de l’homme des espaces où il habitait naguère, on peut la concevoir aussi comme l’échec d’une humanisation des espaces, etc.

1. Ceci en référence au titre de l’ouvrage de S. Zizek Bienvenue dans le désert du réel.

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Ces perspectives restent toujours en accord avec le principe que l’homme habite le monde. Qu’il l’habiterait d’ailleurs seul et qu’ainsi, il l’habillerait.

La désertification peut toutefois se concevoir aussi comme la possibilité ou l’avènement, pour l’homme, d’autres manières de spatialiser « l’habiter et l’habiller le monde2 ».

Le désert signalerait alors le retrait d’une conception datée de l’occupation du monde – c’est ce que nous désignons par le terme de désertification. Désertifier serait une manière autre de faire usage des espaces, des formes des espaces, de leurs modes de représentation aussi bien architecturaux, qu’artistiques.

La désertification serait alors l’avènement de ce dont Foucault parla naguère dans Des espaces autres une possibilité de construire un espace du dehors qui ne soit pas simplement une localisation et une situation3.

Le désert soulève également la question de la territorialisation qui ne correspond exactement pas à celle du territoire.Le territoire, c’est toujours de l’espace en place ; de l’espace pris dans une configuration de localisation par la dynamique des « transports », des déplacements.La territorialisation n’est pas une configuration mais une circonstance situationnelle de l’espace saisie en dehors des caractéristiques de localisation4.

Nous le savons, le territoire est une notion récente qui recouvre la manière dont nous aurions jusqu’à présent occupé l’espace.

Nous en arrivons à une autre époque de l’occupation de l’espace dont les indices historiques furent nombreux5.A une époque où le monde, le sol s’est immobilisé. L’espace ne s’espace plus et il n’est plus également le lieu d’une histoire possible. Il n’est pas question pour nous de penser une fin de l’histoire mais plutôt de comprendre ce pas en arrière de l’histoire, ce retrait spécifique des formes de représentation de l’espace-temps propre à l’homme où il semble que tout soit devenu un décor indifférent.Il est bien évident que le désert ne naît que de cette absence de perception sensible du changement, que de cette absence d’une humanité qui habiterait les perspectives du monde. N’est-ce pas déjà ce qui emplit les perspectives urbinates de la Renaissance italienne, les perspectives urbaines de De Chirico – non pas la solitude mais l’absence, le retrait – le retirement de l’homme au monde.

En somme, et comme souvent, il faut en revenir à la signification étymologique du désert pour voir s’il convient de l’occuper tel quel et sans parti pris d’aménagement.

Avant d’être ce lieu étrange où personne n’habite, où rien ne pousse, le désert est juste ce retrait dont nous parlions plus haut: un lieu

2. Le désert serait alors une distance critique vis-à-vis de l’état du monde. Il s’agirait alors de promouvoir une forme de désertion des modes quotidiens d’être au monde – questions initiées lors des Traverse(s) : L’ordre du monde et L’ordinaire - extra (années 2011 et 2012).3. On sait le succès fondé sur un malentendu d’ailleurs de la proposition foucaldienne à propos des hétérotopies. Ce ma-lentendu est né de l’oubli de ce que Foucault qualifia de mise en place des « techniques d’espace » au 19e siècle (espace, savoir et pouvoir)4. C’est bien pour cela que tout pouvoir, selon Deleuze et Guattari, cherche à territorialiser ses pratiques.

5. A écrire cela nous l’espérons, l’esprit du lecteur se souvien-dra du sens premier de l’expression « territoires occupés ». Il semble bien que c’est lorsque le territoire échappe à une forme de souveraineté que se redécouvre la difficulté d’en avoir une représentation au sens esthétique et politique et que le pluriel de l’expression fasse véritablement signification. L’occupation allemande en France, plutôt faudrait-il faire diffé-rence pour dire l’occupation nazie, amena René Char le poète à écrire sur l’espace-temps de la résistance ; les territoires occupés de Palestine amenèrent Mahmoud Darwich à parler d’ « un désert qui achève le récit du long voyage des guerres aux guerres ».Sur la question politique territoriale, il convient d’avoir en tête la distinction établie par Deleuze : « C’est qu’il y deux mouve-ments très différents dans le capitalisme. Tantôt il s’agit de tenir un peuple sur son territoire, et de le faire travailler, de l’exploiter pour accumuler un surplus : c’est ce qu’on appelle d’ordinaire une colonie. Tantôt au contraire il s’agit de vider un territoire de son peuple, pour en faire un bond en avant, quitte à faire venir une main-d’œuvre d’ailleurs.» « Les indiens de Palestine » in Deux régimes de fous, Les Editions de Minuit, Paris 2003. p. 180-181.Ce que Deleuze néglige par stratégie, c’est la notion de la réserve qui relèverait d’une forme de désertisation du territoire par l’occupation – d’une forme spécifique de déserts urbains.

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sans localisation et sans détermination, que rien ne venait remplir que ce qui était déjà-là.Le premier sens du mot désert est ce lieu où rien d’humain n’est advenu. Un lieu en retrait d’occupations et de préoccupations, un lieu propice donc pour qui se retire et prend congé du monde.Nos déserts européens, on l’a malheureusement oublié, étaient les forêts, les montagnes a priori inaccessibles. Là où venaient se « retirer » du monde les ascètes, les moines, les ermites, les cénobites…Jamais désert ne paraît autant peuplé que lorsque la civilisation est en état de déséquilibre.

Quels sont nos nouveaux déserts, ceux que nous voulons aujourd’hui investir ? Ce ne sont plus des déserts déjà-là ; ceux que la nature offrait immédiatement aux hommes avec des conditions pénibles et insupportables d’existence. Ceux à propos desquels Gilles Deleuze écrivait : « Si le vrai désert est inhabité, c’est dans la mesure où il ne présente pas les conditions de droit qui rendraient la vie possible, vie végétale, animale ou humaine6. »

Il reste donc pendant ces trois ans de Traverses à identifier ces déserts et à inventer des usages de la désertification (de la désertisation disait-on à une certaine époque de la géographie) pour redéfinir une manière d’être au monde.

Peut-être essentiellement faudra-t-il apprendre à déserter le monde que nous avons construit et à en explorer d’autres compossibles ?

Que serait-ce alors que le désert ?

Certainement pas l’espace vide d’êtres et de choses, le temps vide d’actions et d’événements…Probablement le désert n’est plus en tant que donné, état de fait, mais reste bien la désertisation et la désertion à l’égard d’un usage du monde.

« Toute ville reçoit sa forme du désert auquel elle s’oppose (…) c’est ainsi que le chamelier et le marin voient Despina, la ville des confins entre deux déserts. »

Espacements, vides : les formes des déserts urbains

Parler aujourd’hui de déserts urbains, ce n’est pas parler des espaces vides des territoires urbains. Ils ont toujours été occupés de manière plus ou moins épisodique. L’expression « désert urbain » pourrait servir à qualifier ces espaces où l’urbanisation est en retrait : elle recouvre dans notre esprit toutes ces configurations d’espaces qui mettent en suspens les logiques de l’urbain— cela peut être le terrain vague, le chantier, la place publique, le rond-point, les amoncellements, etc. en somme toutes les occupations d’espaces urbains qui manifestent les formes de désœuvrement7. Les déserts urbains ne sont donc pas nécessairement inoccupés, ils sont parfois surpeuplés mais s’ils sont rarement « occupés », au sens d’une assignation pratique, d’une visée intentionnelle à l’égard des espaces, ils n’en sont pas moins habités.Les exemples pris caractérisent certaines de ces formes de l’espacement. Ce sont des espaces d’écart, d’écartement dont Traverse(s) devra définir les modalités.Ce sont aussi les formes spatiales matérielles urbaines contemporaines qui génèrent ces espaces incertains. Les déserts urbains sont comme ces structures architecturales dites désaffectées.Il faudra s’attarder sur cette qualification singulière - que dit-on lorsque l’on parle d’un lieu désaffecté ?Il est bien évident que l’on pense d’abord à l’usage perdu d’un lieu (et il nous semble important face aux puissances du langage de la mode de rappeler que ces lieux, tout comme certains objets, ne sont pas « obsolètes », ils sont simplement au sens classique « dépris » de leur usage) mais l’affectation d’un lieu ou d’un espace c’est également la manière dont il

6. Gilles Deleuze « Causes et raisons des îles désertes » in L’île déserte et autres textes, Les éditions de Minuit, Paris 2002. p.75. 7. Au sens de G. Bataille, M. Blanchot et J.L. Nancy.

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est perçu, reçu – la manière dont il construit et distribue des sensations, des affections. Il est donc question, lorsqu’un lieu ou un espace est ainsi qualifié, d’une esthétique de la réception des lieux et des espaces.

Le programme durant ces trois années devra considérer les représentations et les images des déserts urbains pour en permettre un inventaire ouvert et une analyse interdisciplinaire.

Il s’agit à partir d’études d’images déjà existantes ou produites, de comprendre ce phénomène actuel qui s’institue dans les territoires et manifeste l’inorganisation des agencements des espaces. Cette notion nous semble révélatrice d’un recul de la ville comme horizon d’avenir pour l’homme.

L’image paraît être le vecteur le plus adéquat pour saisir cette manifestation particulière de nos espaces urbains.Les villes désertes, Italo Calvino l’a bien compris, furent longtemps propices à des imaginaires désirs. Le cinéma et les arts visuels s’en sont emparés mais elles existent aussi dans le désir de l’architecte lorsqu’il élabore le plan général d’une ville.La ville déserte est le terrain fertile à certains possibles, à certaines propositions. En ce sens la ville déserte ouvre à un avenir, à une métamorphose, à une reprise, voire à une attente, Deleuze Causes et raisons des îles désertes.

Les déserts urbains, eux, ne sont que les écarts des limites intérieures propres à l’imaginaire contemporain des villes désertes – ce qui subsiste de la catastrophe, en avant ou après elle8.

Les déserts urbains, voulus ou non (car on peut vouloir déserter et-ou désertifier des portions de territoires urbains), racontent autre chose – ils racontent la fragilité de nos représentations et de nos paysages, la fragilité également de la distinction entre culture et nature – en somme, les déserts urbains apparaissent comme le lieu d’un surgissement fragile et incertain. Ils sont le site de l’éphémère et du précaire.En ce sens, les déserts urbains sont les marqueurs d’une occupation des espaces, de leur fabrication et transformation qui dépassent le cadre de la ville pour demander une réévaluation de ce que l’on désigne par territoires.Les déserts urbains sont donc des espaces intensifs variables où l’humain (plus que les hommes déjà en retrait d’un monde qu’ils ont cependant fabriqué) est rendu à la possibilité de surgissement. Des « espaces quelconques » donc pour reprendre le qualificatif de Deleuze à propos d’Antonioni dont Le Désert rouge sera projeté au France en clôture de ces journées9.Ce sont donc comme des pages-plages où les signes sont désinvestis de toute signification parce que le regard n’y voit presque plus rien. Car il y a certes bien regard mais un regard sans aucun sujet possible et plutôt que d’écrire que le regard n’y voit presque plus rien, il faudrait comme Daniel Arasse écrire « On n’y voit presque plus rien ».

8. Il ne faut pas comprendre les déserts urbains sous la moda-lité de la ruine ou de la ville désertée ou fantôme. Les déserts urbains n’empêchent pas la ville d’être existante et active. Ils disent simplement qu’au sein de la ville se jouent une manière singulière de désoeuvrement de l’espace urbain. La manière d’être des déserts urbains devient ainsi une catégorie que l’on peut reconduire sur d’autres territoires que la ville. Il nous semble simplement important de constater que cette modalité de surgissement du désert s’est jouée dans les places urbaines à partir du XXe siècle.

9. Gilles Deleuze Cinéma 2 L’image-temps, Les éditions de Mi-nuit, Paris, 1985. p.17

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Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne Métropole

14h Accueil et présentation des journées Traverses : ouverture par les représentants des 3 institutions.

14h30 Conférence de Gilles Tiberghien, philosophe, maître de conférences à l’Université de Paris I Panthéon - SorbonnePrésentation de l’oeuvre de Thibaut Cuisset, photographe

16h Pause

16h15 -18h Table-ronde Gilles Tiberghien, Thibaut Cuisset, Philippe Roux

18h30 Conférence organisée par l’ENSASE de Jean Attali, philosophe, professeur à l’ENSA Paris-Malquais : La ville dans tous ses états / Pages ouvertes sur le paysage mondial des villes.

Mardi 9 avril Salle de conférence

TRAVERSE(S)

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©Thibaut Cuisset, « Syrie », courtesy les Filles du calvaire, Paris

Gilles A. Tiberghien Gilles A. Tiberghien est un philosophe français, maître de conférences à l’Université de Paris I Panthéon - Sorbonne où il enseigne l’esthétique. Il est membre du comité de rédaction des Cahiers du Musée d’Art Moderne et des Carnets du paysage.

Bibliographie sélectiveNature, art, paysage, Actes Sud / E.N.S.P., 2001Parler de déserts, tel une spécificité du paysage, c’est convoquer perceptions individuelles et représentations collectives, nature et société, regard esthétique et maîtrise du territoire, psychologie et politique.Finis Terrae : Imaginaires et imaginations cartographiques, Bayard, 2007 Dans ce livre, Gilles A. Tiberghien s’intéresse à la façon dont l’imagination travaille l’activité cartographique non seulement à ses débuts mais aujourd’hui encore où, grâce à des instruments perfectionnés, les cartes ont acquis un statut scientifique indéniable. C’est dans l’irréductible écart entre les cartes et le monde que s’exerce l’imaginaire de ceux qui les fabriquent comme de ceux qui les consultent. Si bien que les Atlas, aussi exhaustifs soient-ils, demeurent pour nous des machines à rêver et ne laissent personne indifférent. Et moins que quiconque les voyageurs et les artistes qui nous ont souvent révélé certaines dimensions inaperçues des cartes.Il a publié un ouvrage de référence sur le Land Art qui fait de lui un imminent spécialiste de ce mouvement esthétique Land Art, Carré, 1993Toute son œuvre est traversée par la notion de territoire, et donc par les déserts cartographiques, physiques ou mentaux.

Thibaut Cuisset« Pour moi, photographier, c’était voyager. Le voyage est vite devenu une méthode de travail pour photographier. Mon écriture photographique pas-sait par ce désir de “dire” un pays à travers ses pay-sages. Tout en construisant mon propre monde.» Alors que la photographie ne considère jusque dans les années 90 que les sites pittoresques chers aux guides touristiques, certains artistes missionnés (Depardon, Doisneau, Ristelhue-ber, Fastenaekens…) s’intéressent soudain aux espaces sans qualité, aux friches industrielles ou aux cicatrices du paysage. Thibaut Cuisset, est influencé par la démarche de Pierre de Fenöyl, pour qui photographier, c’est matérialiser une intuition poétique de la réalité.« J’aime travailler en plein midi, lorsque la lumière zénithale offre des couleurs très claires avec peu d’ombres. Ce qui permet de ne pas dramatiser l’espace et d’avoir aussi une lisibilité des différents plans et des différentes nuances de couleur sans privilégier les uns par rapport aux autres. Cette lumière traduit le plus fidèlement les émotions que je ressens face à un lieu », commente ce fervent admirateur des perspectives dans les tableaux de la Renaissance italienne. Pour obtenir ces rapports de couleurs en camaïeux qui ne heurtent pas l’œil, Thibaut Cuisset tient résolu-ment à distance le rouge qu’il juge trop anecdo-tique. (…)De même n’y a-t-il quasiment jamais de figures humaines dans ses tableaux aux couleurs pastel, « toujours dans l’idée d’éliminer des informations superflues mais sans trahir l’esprit du lieu ». Ses photos silencieuses et méditatives ne boudent pas les temps couverts.

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Une campagne photographique, Thibaut Cuissettexte de Gilles A. Tiberghien, Éd. Filigranes, 2009

Gilles A. Tiberghien

Une lumière étale y arrose alors avec équité tout le panorama, offrant une lecture neutre et sans effet. D’une épure sans pareille, les tableaux de Thibaut Cuisset semblent le résultat d’une alchimie entre certaines lumières et certaines couleurs indéfinissables mais reconnaissables entre toutes. (…)« Mon travail rencontre l’écologie et l’environ-nement, et rejoint aussi le politique ou le social, mais mon regard n’est ni polémique ni militant. Mon approche s’inscrit dans une certaine tradi-tion sensible et poétique du paysage. Que l’on me qualifie de classique ne me pose pas de problème. Je cherche la juste distance, sans pathos, sans pré-supposé, sans bousculer l’ordre des choses. Je suis dans un sentiment de découverte, d’empathie et de bienveillance accueillante par rapport au monde. »

Bibliographie sélectiveThibaut Cuisset, Photographies, En Plein midi, texte de Laurent Martin, Éd. Galeries photo Fnac, 2001 Campagne Japonaise, texte de Jean-Christophe Bailly, Éd. Filigranes, 2002Le dehors absolu, texte de Philippe Lacoue La-barthe, Éd. Filigranes, 2005 La rue de Paris, texte de Jean-Christophe Bailly, Éd. Filigranes, 2005Une campagne photographique, texte de Gilles A.

Tiberghien, Éd. Filigranes, 2009Nulle part Ailleurs, La Bouilladisse, texte de Jean-Christophe Bailly, Éd. Images en manœuvres, 2011

Gilles A. Tiberghien et Thibaut CuissetGilles A. Tiberghien a écrit un livre sur la photographie de Thibaut Cuisset, s’intitulant Une campagne photographique La boutonnière du pays de BrayThibaut Cuisset s’est immergé dans ce paysage rural. Sans négliger pour autant les différentes échelles offertes par l’ampleur des panoramas, Il restitue un paysage discret, sans emphase. Non pas celui propre à étonner le touriste mais celui de l’honnête homme, du littérateur arpentant une terre vivante et silencieuse qui ne se laisse découvrir qu’avec patience et circonspection.. Cette retenue de l’opérateur, qui vaut comme attention à la substance latente du paysage, se traduit dans le souci d’une photographie documentaire précise et lumineuse.. Thibaut Cuisset retient de ce terroir la variété et la qualité de paysages spécifiques, mais il propose aussi une lecture proche de ses préoc-cupations, celle d’un « dehors absolu », épuré et universel.

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©Thibaut Cuisset, Untitled - Creuse, 2009-2010

Jean AttaliLa ville dans tous ses étatsPages ouvertes sur le paysage mondial des villesLa ville dans toutes ses extensions et dans tous ses états : tel est l’objet d’une enquête a priori illimitée qu’un atlas urbain devrait définir comme son propre programme. Parce que les villes, en s’accroissant et se multipliant, façonnent des territoires de plus en plus étendus, leur dispersion dans l’espace se traduit par des gradients de peuplement et une grande hétérogénéité de forme. Inévitablement le vide et “les déserts” y grandissent autant sinon davantage que la plénitude métropolitaine : celle-ci fascine tandis que ceux-là sidèrent, les mutations urbaines sont prises dans le jeu ou le conflit de ces situations et affects opposés. Alors la ville serait-elle devenue cet infini plus grand que la mer, où il serait devenu impossible de débarquer ? Nous faisons le pari au contraire d’une navigation urbaine, inédite mais partagée, et qui relierait les agglomérations petites et grandes – cela, dans le monde entier – au long des pages d’un atlas ouvrant des voies imprévues à l’intérieur de son propre foisonnement thématique ; initiant, à travers les plis et déplis d’une carte savante et populaire, à la connaissance caravanière de centaines de villes, séparées par autant de “déserts habités”.

Jean Attali est philosophe (agrégé, docteur, hdr). Professeur (Urbanisme et projet urbain) à l’Ecole nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais.Comme chercheur, il est membre du laboratoire “Architecture, Culture, Société” / UMR – AUSSER / CNRS n° 3329, participant au thème de recherche : « Architecture et villes d’Asie : héritage et projets ».Il a collaboré à de nombreux projets d’archi-tecture, notamment avec Rem Koolhaas (OMA / AMO, Rotterdam), avec Nasrine Seraji (ASAA, Paris), avec Philippe Samyn (Samyn & partners, Bruxelles).En cours : Le paysage mondial des villes / Un atlas partagé : esquisse d’un atlas mondial des villes, plate-forme collaborative en ligne conçue avec les étudiants d’architecture (master et doctorat) de l’ENSA Paris-Malaquais.

BibliographieLe Plan et le détail. Une philosophie de l’architecture et de la ville, Nîmes, Ed. Jacqueline Chambon, coll. “Rayon Art”, 2001.Europa : le nouveau siège du Conseil de l’Union européenne à Bruxelles. Philippe Samyn, architecte et ingénieur, Bruxelles, CIVA, (à paraître).Retours de mer, Dunkerque, Musée des Beaux-arts / Paris, Editions Dilecta, (à paraître).

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Jean Attali / photo MP

TRAVERSE(S)

École Nationale Supérieure d’architecture de Saint-Etienne

9h00 Explorations dans l’espace rural« Déserts habités - Désertification » abordée au travers de travaux d’étudiants de master et licence14h30 Conférence «Hannah Arendt : Désert-Oasis » de Chris Younès, philosophe, professeur à l’ENSA de Paris La Vilette, présidente du conseil d’administration de l’ENSASE, 17h Conférence de Frédéric Bonnet, architecte, enseignant à l’ENSA de Paris La Vilette

Mercredi 10 avril Atelier d’architecture de 1ere année

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Le Muceum à Marseille, mars 2013. Ruddy Ricciotti, architecte. Photo Jean Attali

Déserts habités Désertification

Explorations dans l’espace ruralL’Atlas comme méthodePrésentation des travaux d’étudiants de l’ENSASE en licence et master(S4/ S8)Enseignants : Pierre-Albert Perrillat, Evelyne ChalayeL’Atlas des paysages rassemble différentes approches et regards singuliers portés sur les paysages. Il n’a pas l’ambition d’être le catalogue exhaustif des caractères du pays ni l’inventaire de son histoire et de sa géographie.Il se présente plutôt comme une restitution sensible d’un monde en fragments, rendant compte de l’immersion directe et concrète dans« les milieux », pour analyser, comprendre et thématiser le paysage à partir d’émotions et d’observations premières, ou d’imaginairespartagés. Sa configuration, essentiellement visuelle, invite à construire des relations spatiales possibles entre paysage et projet.L’Atlas procède d’une construction qui monte et démonte les interprétations, les appropriations, ainsi que les transformations possibles du paysage.

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Un désert rural. Atlas des paysages / Etudiants/ ENSASE

La réalisation de L’Atlas des paysages obéit à l’un des objectifs pédagogiques essentiels du semestre : élaborer une « méthodologie du sen-sible » qui articule lecture de paysage et concep-tion spatiale, des chemins à la table de l’atelier.

Présentation par les étudiants :Marie Séon, Priscille Joly, Valérie Dupont, Alexia Renaud, Isabel Pilar Rodriguez-Leon, Ximena Ruiz-Hermosillo, Camille Santy, Oliver Wiinblad-Rasmussen, Alexandre Lecoanet, Simon Meillour, Nathalie Bekaert, Laurence-Emilie Brodeur, Jérémie Robert, Juliette Thevenier-Sabot, Mélanie Fraysse, Antoine Viry, Caroline Jeanselme, Francis Lacelle, Fanny Bordes, Grégoire Becaud, Clémentine Bory, Charlotte Gaubert, Alexandre Mastroianni, Elisa Berger, Lucie Colas, Raphaelle Gaury, Maryne Evanno, Claire Cieslak, Marie-Pierre Plante, Lisiane Garneau.

OUBREYTS LA CHABANNE CHIROLS

CONNEXIONS INTER-HAMEAUX, RATTACHEMENT A LA VALLEE

Romegières

La Vaysse

Setias

MAQUETTE PARCOURS

ATLAS DES PAYSAGESGroupe 11

Relier / Relief

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Maquette parcours Atlas des paysages / Etudiants licence/ ENSASE

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Maquette parcours Atlas des paysages / Etudiants licence/ ENSASE

Dynamiques architecturales et urbainesPrésentation des travaux d’étudiants de l’ENSASE en master (S7) / enseignante : Silvana Segapelihttp://ensaseateliers7d12012.blogspot.fr/

La réflexion principale proposée par l’atelier « Dynamiques architecturales et urbaines » porte sur les nouvelles réalités urbaines et périurbaine et prévoit une longue phase d’observation du terrain, de lecture sensible du paysage et d’expérimentation sensorielle, à travers les pratiques de l’errance et de la transurbance. L’objectif est d’arriver à « cartographier » le paysage en mutation et de l’interpréter, selon la technique du close reading.

Le terrain d’étude choisi se situe à Saint-Étienne, il s’agit d’une friche industrielle au croisement de multiples tissus de la ville et de différentes histoires que le paysage raconte. C’est un vide en attente, entre la trame compacte de la ville d’un coté, dont la marge est constituée par l’archipel de la Manufacture d’armes (ex-GIAT) et, de l’autre coté, le tissu délabré de la ville dif-fuse qui s’étend au delà d’une voie ferrée, avec ses grands équipements urbains.

Présentation par les étudiants :Natalie Bekaert, Elisa Berger, Laurence-Emilie Brodeur, Arnaud Delangre, Lysanne Garneau, Joris Hernandez, Marina Kolesnichenko, Alexandre Mastroianni, Sophie Mailhet, Charlotte Oams, Coralie Raynaud, Dimitri Rinchet, Isabel-Pilar Rodriguez-Leon.

Dynamiques architecturales et urbaines photo Joris Hernandez

Dynamiques architecturales et urbainesPanorama Manufacture Plaine Achille / photo Dimitri Rinchet

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Frédéric BonnetFrédéric Bonnet est architecte et urbaniste. Il commence à enseigner en 1998 à l’école d’architecture de Clermont-Ferrand, où il a coordonné l’équipe « Entre Ville Architecture Nature ». Il est membre du laboratoire gerphau umr cnrs/mcc 7218 lavue. Il enseigne à l’école d’architecture de Paris Belleville depuis 2009, et a construit un cours de théorie « architecture et territoire » à l’Accademia di Architettura di Mendrisio (Tessin). Il travaille depuis 1993 avec Marc Bigarnet, avec lequel il a fondé l’agence Obras à Paris et Lyon. Lauréate Europan, du palmarès des jeunes urbanistes, de la médaille de l’Académie d’architecture, du Grand Prix d’architecture et d’urbanisme Auguste Perret, l’agence travaille en France et à l’étranger sur des projets d’échelles très diverses, des villages du beaujolais et de l’avesnois à Orly ou la Défense, des nouveaux quartiers de Toulouse aux rives du Léman. Frédéric Bonnet est architecte conseil de l’état, membre du comité de rédaction de la revue Urbanisme.

Chris YounèsChris Younès est philosophe, titulaire de l’Habi-litation à diriger des recherches en philosophie. Présidente du Conseil d’administration de l’ENSA Saint-Étienne depuis 2012, Docteur en philosophie, Chris Younès enseigne à l’ENSA de Paris-La Villette.Elle est directrice du laboratoire GERPHAU (philosophie architecture urbain) UMR CNRS 7145 LOUEST (laboratoire des organisations urbaines : espaces, sociétés, temporalités) et du réseau international « Philosophie, Architecture, Urbain entre écoles d’architecture et universités.Ses travaux et recherches développent une interface architecture et philosophie sur la question des lieux de l’habiter au point de rencontre entre éthique et esthétique, ainsi qu’entre nature et artefact.

Elle a co-dirigé de nombreux ouvrages collectifs : Habiter, le propre de l’humain (avec Th. Paquot et M. Lussault, La découverte, 2007), Philosophie de l’environnement et milieux urbains (avec Th. Paquot, La Découverte, Paris, 2010), Espace et lieu dans la pensée occidentale de Platon à Nietzsche (avec Th. Paquot, La Découverte, 2012), Architecture et Perception (avec X. Bonnaud, La Découverte, à paraître, 2012)

Derniers ouvrages : Habiter des Mondes, Habiter des Maisons, (Auré-lien Barrau, Benoît Goetz, Jean-Luc Nancy, Chris Younès ; (à paraître)Lieux d’être, Michel Mangematin, Chris Younès, (Archibooks, 2010)

Architecture des milieux, B. Goetz, Ch. Younès, (Le Portique n°25, 2010)L’indéfinition, Benoît Goetz, Philippe Madec, Chris Younès, (éditions de La Villette, 2009)Contre-architecture. L’espace réenchanté, Maurice Sauzet, Chris Younès (éditions Massin, 2008)Habiter l’architecture – Entre transformation et création, M.Sauzet, Chris Younès (Massin, 2003)

Chris Younès

Frédéric Bonnet

TRAVERSE(S)

École Supérieure d’Art et Design de Saint-Étienne

Première séquence : pratiques de représentations 9h15 – 10h «Documenter, fictionner un territoire. Cas de figures : Manufacture Plaine Achille à Saint-Étienne, Errances tallinoises, Nevers» / Laboratoire Images-Récits-Documents10h-11h Restitution de l’atelier Paysages sonores urbains avec Etienne Coussirat, artiste sonore

Deuxième séquence : expérience de la marche et du récit des déserts urbains11h -12h30 «De la rue au chemin en passant par les déserts urbains» / Master Espace public

Troisième séquence : images de déserts urbains14h -15h «Déserts urbains» Restitution du workshop avec Jürgen Nefzger, photographe15h -16h Présentation de la démarche de Jürgen Nefzger16h -17h Synthèse et table ronde17h Présentation et visite de l’accrochage de restitution

Jeudi 11 avril Auditorium (Platine)

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Plaine Achille, Saint-Étienne. Photo Laboratoire Images-Récits-Documents / ESADSE

Déserts urbains et désertification pratiques et représentations sensibles de territoires désertéspremière séquence : Pratiques de représentations

Documenter, fictionner un territoire. Cas de figures : Manufacture Plaine Achille à Saint-Etienne, Errances tallinoises, Nevers.Les équipes du laboratoire Images-Récits-Documents conduisent, depuis deux ans déjà, des explorations en milieu urbain pour comprendre les systèmes de représentation et les configurations idéologiques présentes sur un territoire. La démarche ne vise pas simplement à produire des images de villes

mais à comprendre ce qui fait ville dans les images. Le parcours systématique de certains secteurs s’éloignant des sites symboliques des villes permet une concrétisation de la texture visuelle des territoires. Le Codex-Atlas Manufacture Plaine Achille ainsi que d’autres formes d’expérimentations imagières seront présentés. Les membres de l’équipe de recherche sont pour l’essentiel des étudiants de l’ESADSE de la troisième à la cinquième année.

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Nevers / Photo Laboratoire Images-Récits-Documents / ESADSE

Plaine Achille - Saint-Étienne Photo Laboratoire Images-Récits-Documents / ESADSE

Atelier Paysages sonores urbains L’atelier de captures sonores s’est effectué du 17 au 21 décembre 2012. L’équipe d’étudiants accompagnée par Étienne Coussirat a sillonné le territoire de la Manufacture Plaine Achille et quelques autres zones urbaines pour aller chercher l’intimité sonore des lieux. Il ne s’agissait pas simplement de saisir l’ambiance sonore – nul n’est besoin de moyens techniques pour cela, une attention soutenue de l’oreille du regard auditif le permet. Il s’agissait plutôt d’aller aux tréfonds des matières qui composent les territoires sonores spécifiques. Il en ressort une représentation particulière, plus consistante et moins illustrative du paysage. Ce projet s’inscrit dans la ligne de recherche Documenter, fictionner un territoire du Laboratoire Images-Récits-Documents de l’ESADSE. Présentation par les étudiants de l’ESADSE : Sarah Del Pino, Natalia Passaquin, Simon Poette, Charly Streff, Bernard Thomas, Antoine Verney-Carron.

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Étienne CoussiratÉtienne Coussirat (1980) est un musicien évoluant dans les sphères du bricolage d’instruments impossibles et de l’improvisation électroacoustique. Son travail se focalise sur la perception auditive et l’exploration de phénomènes acoustiques. Il est membre du duo eHoeCo et du trio Tonton Macoute.

deuxième séquence : Expérience de la marche et du récit des déserts urbains

De la rue au chemin en passant par les déserts urbainsL’atelier de marche urbaine a été conduit au cours de l’année universitaire 2012-2013 dans le cadre du master Espace public par Pascale Pichon, sociologue, accompagnée au deuxième semestre par Jean-Sébastien Poncet, designer. La marche urbaine n’est pas envisagée comme un outil de diagnostic urbanistique des espaces urbains mais comme un outil de reconnaissance. Elle procède de l’immersion sensible sur le terrain ethnographique, ici une traversée de Saint-Etienne d’Est en Ouest.

Les étudiants présenteront leur démarche de recherche appliquée, située dans le temps et l’espace. Ils proposeront des fragments de récits documentés des déserts urbains, tels qu’ils les ont rencontrés, pensés, imaginés au cours de leurs marches. Les espaces publics traversés en seront reconfigurés, ouvrant l’espace de l’enquête et des rencontres.

Présentation par la promotion des étudiants du Master Espace public : Kinmide Adjiwanou, Arnaud Burlat, Mathieu Boucontet, Thomas Delaunay, Nelly Forel, Nawal GuendouzAmélie Perrocheau, Hela Turki, Moez Trabelsi, Sébastien Valentin, Sophie Vial.

Étienne Coussirat

Plaine Achille - Saint-Étienne Photo Laboratoire Images-Récits-Documents / ESADSE

Jürgen Nefzger Jürgen Nefzger photographie des paysages, il les photographie de manière documentaire. Sa pratique de la photographie révèle les mutations de la société urbaine. Elle permet de saisir la transition d’un type de paysage à un autre ou plutôt elle permet de saisir la disparition d’un espace où une certaine idée du paysage se dissipe peu à peu. Ce sont des espaces incertains, fugaces, fragiles et probablement éphémères qu’une part du travail de Jürgen Nefzger collecte. Il y a là comme une logique d’inventaire et de recension du transitoire. Une seule image ne suffit pas à rendre compte et à transcrire les transformations de notre environnement. Le travail en série permet alors une lecture des paysages disparaissant sous la main de l’homme. Il semble que J. Nefzger, dans sa démarche, décide de contourner la représentation directe des espaces urbains pour n’en saisir que les contours, les configurations périurbaines. Il tourne autour de la ville avec un regard particulier sans pour autant offrir une vision panoptique des espaces urbains et périurbains. Ce qui semble venir troubler l’image, ce qu’il souhaite voir venir troubler l’image, c’est une trouée du regard sur les paysages pour interroger les conditions d’apparition de formes urbaines spécifiques.

J. Nefzger ne croit pas à l’innocence de l’image photographique, il sait qu’elle sert à dégager les éléments de compréhension du monde. Un paysage photographique de J Nefzger n’est jamais uniquement une composition d’une seule image, c’est également une analyse économique, politique, environnementale des conditions qui rendent possible une série d’images.

Jürgen Nefzger est né en 1968 à Fürth, en Allemagne. Il réside en France depuis 1990.En 2006, sa série Fluffy Clouds, sur l’environnement des centrales nucléaires, fut récompensée par le prix du public de la Galerie nationale du Jeu de Paume.

troisième séquence : Images de déserts urbains

Déserts urbainsWorkshop avec Jürgen Nefzger accompagné par Sandrine Binoux, Maurice Coussirat

Le worshop s’est déroulé du 14 au 18 janvier 2013 dans différents secteurs de la ville de Saint-Étienne et des communes alentours (Saint Chamond, Rive de Gier). L’épreuve photographique fut accompagnée d’une épreuve climatique. L’horizon était de saisir des territoires urbains en phase de désertification ou déjà désertés. Les étudiants n’avaient pour boussole que l’énoncé Déserts urbains et désertification, il laissait donc ouverte la possibilité à la fois à diverses pratiques de la photographique et à différents types de regards et d’approches. Les résultats présentés rendront compte de cette variété de compréhension de la thématique.

Présentation par les étudiants: ENSASE : Manon Billier, Nicolas Goubier UNIVERSITE JEAN MONNET : Pauline Jurado ESADSE : Julie Abbate, Florence Bout, Emilie Ducat, Clément Gaillard, Olivier Hensi, Agathe Lacalmontie, Diane Lentin, William Nefussi, Camille Pradon, Mathilde Serra, Emmanuelle Vernin.

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©2102 J Nefzger

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TRAVERSE(S)L E M O N D E • L A C H A I R • L E D I A B L E

"l’expression de la pensée est le problème fondamental du cinéma" Alexandre Astruc

PLAN(S)LIBRE(S)

20122013

PLAN(S) LIBRE(S), ciné club des 3 écoles d’enseignement supérieur Culture de Saint-Étienne (École supérieure d’Art et Design, École supérieure d’Art dramatique, École nationale supérieure d’Architecture) propose une programmation annuelle de 9 séances au rythme d’un film par mois suivi d’un débat, sous la responsabilité d’Alain Renaud, philosophe. Séances publiques et ouvertes à tous.CARTE D’ABONNEMENT : 36€ pour 9 séances (24 € pour les étudiants des écoles partenaires) www.cinemalefrance.com

CINÉ CLUB DES ÉCOLES D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR CULTURE

JEUDI 11 AVRIL20 H

MONICA VITTI - RICHARD HARRIS

CINÉMA LE FRANCELe chef d’œuvre de MICHELANGELO ANTONIONILion d’or Mostra de Venise 1964 - Prix international de la critique

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PartenairesENSASE / Jacques Porte, directeurESADSE/ Yann Fabès, directeurMAM/ Lóránd Hegyi, directeur

Coordination scientifique de Traverse(s)ENSASE :Pierre-Albert Perrillat, architecte, enseignantSilvana Segapeli, enseignante, architecte et docteur en projet et réhabilitation architecturale urbaine et environnementale.Manuel Bello Marcano, architecte, sociologue, enseignant.ESADSE :Kader Mokaddem, philosophe, enseignantJean-Claude Paillasson, graphiste, enseignant MAM :Philippe Roux, coordonnateur des publics enseignement supérieur et de la programma-tion scientifique.

Organisation / communicationENSASE : Laure Buisson, chargée de communication, Jean-Luc Bayard, directeur pôle diffusion de la culture architecturaleESADSE : Justine Duchateau, responsable relations extérieuresMAM : Fanny Dessert, assistante à la programmation événementielle et culturelleAlicia Treppoz Vielle, responsable communication

Remerciements à Sandrine Binoux et aux équipes techniques de l’ESADSE pour l’organisation de l’accrochage et à Jean-Paul Maugier et à l’équipe du pôle édition pour l’édition des Mini-Brut ainsi qu’au service reprographie de l’ENSASE pour l’impression des affiches et programmes de Traverse(s)

Informations pratiquesAccès libre et gratuit aux conférenceset tables rondes.

Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne MétropoleLa Terrasse - BP 80241 - 42006 Saint-Étienne cedex 1 / Tél. : 04 77 79 52 52www.mam-st-etienne.fr

École Nationale Supérieure d’Architecture de Saint-Étienne1, rue Buisson . BP94 . 42003 Saint-Étienne Cedex1 / Tél : 04 77 42 35 42www.st-etienne.archi.fr

École Supérieure d’Art et Design de Saint-Étienne3, rue Javelin Pagnon . 42048 Saint-Étienne Cedex 1 / Tél : 04 77 47 88 00www.esadse.fr