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Edito Par Javier Salaberria, président de CICOPA La crise actuelle est vraiment im- pressionnante: profonde, longue et universelle elle affecte plusieurs pays et différents secteurs dans le monde entier. Au cours de notre vie nous avons déjà vécu plusieurs crises mais probablement aucune d’entre elles ne peut être comparée à celle-ci. Comme l’affirmeraient les princi- paux partisans du capitalisme, le système économique a besoin de crises pour rétablir son équilibre perdu. A l'origine de tout ceci : le profit, le moteur même du système capitaliste. Le profit mène à l'accu- mulation et à l'utilisation irration- nelle des ressources, à la surpro- duction de biens et de services. Il produit des inégalités énormes dans la distribution des richesses. Dans la crise actuelle, l’origine du désastre se trouve dans les excès du système financier. Le pouvoir tout puissant du marché financier, son avidité et son infini égoïsme, nous ont menés à l'abîme. Nous parlons souvent de la mondialisa- tion même si, à l'heure actuelle, il n'y a aucune liberté de circulation pour les personnes et les marchan- dises au niveau global. Par contre, Crise : réponses et opportunités coopératives Impact de la crise sur les coopératives : enquête parmi les membres de CICOPA (page 3) Travailler ensemble est une publication commune de CICOPA et de CECOP-CICOPA Europe Coordination générale: Bruno Roelants Rédaction: Olivier Biron et Antonio Amato Traduction et relecture des textes français: Guy Boucquiaux Graphisme: jcse © CICOPA 2009 SOMMAIRE Edito 1 Intercontinental 3 Amérique Latine 5 Europe 6 Amérique du Nord 16 Asie 17 Afrique 14 Août 2009 - Numéro 2 Le bulletin d’information mondial sur les coopératives et les entreprises détenues par leurs travailleurs dans le secteur de l’industrie, de l’artisanat et des services Organisation Internationale des Coopératives de Production dans l’industrie, l’artisanat et les services Confédération Européenne des Coopératives de Production et de Travail Associé, des Coopératives Sociales et des Entreprises Sociales et Participatives Contact: Avenue Milcamps 105 BE-1030 Bruxelles Tel: +(32) 2 543 10 33 Fax: +(32) 2 543 10 37 www.cicopa.coop www.cecop.coop [email protected] [email protected] Décès d’Ivano Barberini, président de l’Alliance Coopérative Internationale (ACI) (page 4) Argentine: L'Acte constitutif de la Confédération nationale des coopératives de travail associé a été approuvé (page 5) Travailler ensemble (suite de l’article page 2)

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Comme l’affirmeraient les princi- paux partisans du capitalisme, le système économique a besoin de crises pour rétablir son équilibre perdu. A l'origine de tout ceci : le profit, le moteur même du système capitaliste. Le profit mène à l'accu- mulation et à l'utilisation irration- nelle des ressources, à la surpro- duction de biens et de services. Il produit des inégalités énormes dans la distribution des richesses. Traductio n et relecture des textes français: Guy Bo ucquiaux 6

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Page 1: TravaillerEnsemble_Numero2

Edito

Par Javier Salaberria,

président de CICOPA

La crise actuelle est vraiment im-pressionnante: profonde, longue et universelle elle affecte plusieurs pays et différents secteurs dans le monde entier. Au cours de notre vie nous avons déjà vécu plusieurs crises mais probablement aucune d’entre elles ne peut être comparée à celle-ci.

Comme l’affirmeraient les princi-paux partisans du capitalisme, le système économique a besoin de crises pour rétablir son équilibre perdu. A l'origine de tout ceci : le profit, le moteur même du système capitaliste. Le profit mène à l'accu-mulation et à l'utilisation irration-nelle des ressources, à la surpro-duction de biens et de services. Il produit des inégalités énormes dans la distribution des richesses.

Dans la crise actuelle, l’origine du

désastre se trouve dans les excès du système financier. Le pouvoir tout puissant du marché financier, son avidité et son infini égoïsme, nous ont menés à l'abîme. Nous parlons souvent de la mondialisa-tion même si, à l'heure actuelle, il n'y a aucune liberté de circulation pour les personnes et les marchan-dises au niveau global. Par contre,

Crise : réponses et opportunités coopératives

Impact de la crise sur les coopératives : enquête parmi les membres de CICOPA (page 3)

Travailler ensemble est une publication

commune de CICOPA et de CECOP-CICOPA Europe

Coordination générale: Bruno Roelants

Rédaction: Olivier Biron et Antonio Amato

Traduction et relecture des textes français: Guy Boucquiaux

Graphisme: jcse

© CICOPA 2009

SOMMAIRE

Edito 1

Intercontinental 3

Amérique Latine 5

Europe 6

Amérique du Nord 16

Asie 17

Afrique 14

Août 2009 - Numéro 2

Le bulletin d’information mondial sur les coopératives et les entreprises détenues par leurs travailleurs dans le secteur de l’industrie, de l’artisanat et des services

Organisation Internationale des Coopératives de Production dans l’industrie, l’artisanat et les services

Confédération Européenne des

Coopératives de Production et de Travail Associé, des Coopératives Sociales et

des Entreprises Sociales et Participatives

Contact: Avenue Milcamps 105 BE-1030 Bruxelles

Tel: +(32) 2 543 10 33 Fax: +(32) 2 543 10 37

www.cicopa.coop www.cecop.coop

[email protected] [email protected]

Décès d’Ivano Barberini, président de l’Alliance Coopérative Internationale (ACI) (page 4)

Argentine: L'Acte constitutif de la Confédération nationale des coopératives de travail associé a été

approuvé (page 5)

Travailler ensemble

(suite de l’article page 2)

Page 2: TravaillerEnsemble_Numero2

cette liberté existe pour les services financiers et les capitaux. Le seul aspect globalisé de l'économie est le marché financier, le plus puissant et le plus irrespon-sable que nous ayons jamais eu. À qui rend-il compte ? Quelqu'un a-t-il le pouvoir de juger les gran-des entreprises financières et les pdg qui nous ont menés à cette situation? Les gouvernements sont im-puissants à agir et il n’existe au-cune institution de contrôle inter-nationale et mondiale. De nom-breux espèrent de profonds chan-gements dans le système et il y en aura sans doute quelques-uns pour augmenter le contrôle. Mais ces actions n'affecteront pas les principes du système. En fait, alors que nous parlons de l'exis-tence de « nouvelles pousses » dans le système économique de plusieurs pays, nous pouvons facilement trouver d'autres pays - toujours les mêmes - recommençant à parler "du retour au chemin" du développement économique.

Cette crise n'est pas uniquement financière, elle af-fecte fondamentalement des valeurs : le capitalisme devrait être reconstruit au départ de valeurs simples, telles que la production de biens et de services utiles, l'économie des services à la personne, une distribution équitable de la richesse, un modèle de développement disséminant l'égalité, et rendant possible une mondia-lisation réelle de réalités économiques, éducatives et sociales. Beaucoup trop pour le système capitaliste!

Là réside la réponse coopérative à la crise. Sans doute la récession nous touche-t-elle dans tous les secteurs de la production : l'agriculture, la consommation, l'in-dustrie, les services… Quoiqu’il en soit, il semble que la crise n'a pas affecté nos coopératives et nos institu-tions financières coopératives autant qu'attendu. Il y a quelque chose que les institutions financières et politiques tradition-nelles devraient apprendre de nous… nous devons en même temps tenir compte de nos princi-pes et de nos valeurs et les met-tre en œuvre : la primauté des personnes et des travailleurs, la valeur instrumentale du capital, la démocratie économique, la solidarité, le service et l'engagement envers la communauté, l'im-portance de l'éducation, …, bref, la responsabilité so-ciale de nos entreprises.

De plus, en période de crise, des opportunités se pré-sentent aussi et nous devrions tirer avantage de la confiance qu’accorde la société à nos coopératives. Mais je voudrais me référer plus spécifiquement aux coopératives de travail associé. C'est incontestable, elles ont déjà démontré à plusieurs reprises leur capa-

cité à résister dans les moments difficiles, à maintenir l’emploi. Nous sommes capables de sacrifices, d’adop-ter les mesures qui s’imposent, de nous serrer la cein-ture, d'une façon démocratique en pensant au bien commun (avons-nous une meilleure formation au dia-logue social qu’en agissant de la sorte ?). En clair, nous considérons avoir droit à l'appui et à des mesu-

res de responsabilisation des pouvoirs publics. Mais depuis le début, nous avons toujours adop-té l’adage « aide-toi toi-même ».

Nous conservons non seulement la plus grande partie de nos en-treprises, mais dans le même temps, nous relançons des entre-prises disparues ou au bord de la faillite. Il y a de nombreux exem-ples de telles actions mais rien

n’est mieux pour le comprendre que de regarder les entreprises "récupérées" en Argentine et au Brésil.

Le chômage – vraiment mondialisé – générera d’impé-rieux besoins d'offres d'emploi pour une foule bien réelle et le modèle coopératif a toujours été prêt à répondre efficacement à ce besoin. Nous devons jeter nos organisations dans l'action pour soutenir la créa-tion de nouvelles coopératives, économiquement via-bles.

Finalement, pour faire face au modèle dominant de concurrence et à ses principes de guerre implacable, d'égoïsme suprême, de possibilité de détruire le concurrent, nous devons développer notre meilleure force d'intercoopération, sans croire qu'ils renonceront à rester efficacement dans le marché. Tout d'abord dans le domaine des associations, nous devrions pla-nifier la création de fédérations et de confédérations tant au niveau national qu'international. Nous avons eu une merveilleuse concrétisation de cette stratégie

en Argentine où, récemment, les fédérations existantes de coopé-ratives de travail associé ont fon-dé une Confédération (félicitations, chers amis, pour votre ténacité et votre excellent travail). Mais en même temps

l'intercoopération entre nos entreprises est essen-tielle. Je crois vraiment que c'est le défi du XXIème siècle pour le mouvement coopératif. Etre coopérateur signifie « s’aider les uns les autres ». Nous gagnerons tous ensemble.

C'est pendant les moments difficiles que nous pouvons démontrer la valeur des personnes et l'utilité de nos institutions. C'est le bon moment pour les meilleurs et une bonne occasion pour les coopératives et leurs membres. La société attend un appui décisif de notre part et elle nous en remerciera. ◊

Crise : réponses et opportunités coopératives (suite de la page 1)

Edito par Javier Salaberria, président de CICOPA

“C'est pendant les

moments difficiles que

nous pouvons démontrer

la valeur de nos Hommes

et l'utilité de nos

institutions”

“nous devons tenir

compte de nos principes

et de nos valeurs et les

mettre en œuvre... ”

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 2 - AOÛT 2009 2

Page 3: TravaillerEnsemble_Numero2

I N T E R C O N T I N E N T A L

Depuis octobre 2008, la crise financière globale a provoqué la faillite de nombreuses institutions financières aux Etats-Unis et en Europe, menaçant ainsi le système financier mondial. Soucieuse des effets de la crise économique sur

l’emploi, la viabilité des entreprises et la cohésion sociale, CICOPA a organisé en mars 2009 une consultation parmi ses membres (pour l’Europe, via son organisation régionale CECOP-CICOPA Europe) afin de mieux comprendre les

conséquences de la crise sur leurs entreprises affiliées. Nous avons décidé de prendre comme référence la période allant du dernier trimestre 2008 jusqu’à ce jour. 18 pays (Brésil, Bulgarie, Canada, Chine, Colombie, Corée du Sud,

Danemark, Estonie, Etats-Unis, Finlande, France, Italie, Japon, Pologne, Roumanie, Espagne, Royaume-Uni et Slo-vaquie) ont répondu à la consultation. Voici les principales conclusions de cette analyse.

EN EUROPE

Tous les pays européens questionnés ont fait état d’une baisse de la production et des ventes. Ce phénomène a débuté au dernier semestre 2008 et s’aggrave progressive-ment. Les PME et les jeunes coopératives sont les plus vul-nérables. Le secteur de la construction et du bâtiment, le secteur du textile et des services aux personnes sont les secteurs les plus touchés par la crise. Les coopératives so-ciales italiennes, quant à elles, enregistrent une bonne per-formance économique pour 2008 et n’indiquent aucune diminution de production ou de chiffre d’affaires par rap-port aux années précédentes.

De manière générale, toutes les entreprises rencontrent des difficultés pour obtenir des crédits de la part des ban-ques traditionnelles (tandis que les banques coopératives n’ont pas réduit drastiquement l’accès aux crédits) et connaissent des problèmes liés aux paiements tardifs de la part des autorités publiques.

En dépit de ces difficultés, le nombre d’emplois supprimés est relativement limité grâce à des mesures externes d’une part (l’Italie et la France indiquent la possibilité pour les entreprises d’introduire des « amortisseurs sociaux » comme le travail à mi-temps et les fonds de licenciement économique) et à des mesures internes d’autre part. Le Royaume-Uni signale que les coopératives de travail asso-cié réduiront probablement moins les emplois puisqu’elles favorisent davantage les formules de réduction du salaire de leurs membres plutôt que le licenciement. Dans de nombreuses coopératives les membres ont décidé de ne pas redistribuer leurs bénéfices en 2008. Au sein du groupe coopératif Mondragon, des travailleurs-membres de coopé-ratives rencontrant des difficultés ont été redéployés dans d’autres entreprises du groupe. Il s’agit d’une mesure qui n’avait plus été mise en œuvre, du moins d’une manière aussi significative, au cours des deux dernières décennies. D’un autre côté, les membres de CECOP-CICOPA Europe n’indiquent pas de fermeture significative parmi leurs en-treprises affiliées.

Entretemps, nous remarquons même une augmentation du nombre d’entreprises conventionnelles transformées en coopératives par leurs travailleurs, et ce chiffre va proba-

blement continuer à augmenter dans un futur proche.

Néanmoins, considérant que le pire est encore à venir, nos membres prévoient des mesures spécifiques dans le but d’aider leurs entreprises à résister à la crise : formation tant pour les travailleurs que pour les dirigeants, restructu-ration de la chaîne de production, coopération avec les ins-titutions de crédit coopératif afin de garantir un meilleur accès aux crédits, soutien à l'accès aux programmes finan-cés par l'UE et aux fonds gouvernementaux, etc. Dans ce contexte, les « micro-mesures » ne sont pas suffisantes, les membres de CECOP-CICOPA Europe demandent à leurs gouvernements respectifs de mettre en place simultané-ment des mesures pour faciliter le redressement économi-que. Ils demandent une réduction des taxes pour augmen-ter les possibilités d’investissement, une augmentation des dépenses publiques principalement dans les secteurs les plus touchés, un meilleur accès aux crédits et une réduc-tion des délais de paiement, un soutien à l'exportation et, enfin, des programmes de développement spécifiques en faveur du secteur coopératif pour soutenir la création de nouvelles sociétés coopératives.

ET LE RESTE DU MONDE

Les membres consultés au Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud et Etats-Unis font état d’une baisse de la production et des ventes. Les secteurs affectés varient également : les Etats-Unis indiquent des effets négatifs dans le secteur de la construction ainsi que dans l’Horeca ; le Canada (Québec) dans le secteur forestier ; au Brésil les secteurs les plus touchés sont les industries métallo-mécaniques et de recyclage ; en Chine ce sont les secteurs tournés vers l’exportation. Le Japon et la Colombie citent également le secteur des services. La Colombie signale aussi des effets néfastes dans le secteur du textile et de la confection.

Une tendance semblable à l’Europe : les suppressions d’emplois sont quasi inexistantes (seul le Brésil en rapporte quelques-unes), mais certaines mesures internes d’adapta-tion ont dû être adoptées comme la réduction du temps de travail et des salaires. Seuls les Etats-Unis rapportent des fermetures de coopératives (dans le secteur de la construc-tion et liées à la crise immobilière en cours depuis 2007. Des fermetures supplémentaires sont prévues début 2010).

Comme en Europe, il y a un consensus quant aux difficultés liées à l’accès aux crédits auprès des banques traditionnel-les. Cela concerne principalement les crédits de démarrage et les problèmes liés au cash-flow pour les coopératives existantes. En Corée du Sud, aux Etats-Unis et en Colom-bie les banques coopératives rencontrent les mêmes pro-blèmes que les banques traditionnelles. Contrairement à l’Europe, personne ne relève de problèmes liés au retard de paiement des autorités publiques. Néanmoins, la Colombie regrette que dans certaines régions, les autorités publiques aient réduit leurs partenariats avec les coopératives de travail.

Les membres non-européens sont en général un peu moins pessimistes en ce qui concerne l’avenir. Même si la majori-té d’entre eux s’attendent à des difficultés supplémentai-

(suite page suivante)

Impact de la crise sur les coopératives : Enquête parmi les membres de CICOPA Par Diana Dovgan et Valentina Amadori, CECOP-CICOPA Europe

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 2 - AOÛT 2009 3

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res, certains pays voient dans la crise une opportunité pour consolider leurs activités (Colombie). Le Brésil parle même de premiers signes visibles de redressement économique.

Des mesures spécifiques ont été mises en place par les membres pour combattre les effets négatifs de la crise. Ces mesures sont principalement liées à l’accès aux finance-ments : fonds spécifiques pour le travail associé (Etats-Unis), augmentation du capital social en améliorant le bilan comptable, etc. La Colombie suggère une meilleure collabo-ration entre coopératives pour améliorer leur production et leur rentabilité. Même si certains pays ont mis en place des actions pour accélérer le redressement économique (en Corée du Sud le gouvernement a décidé de dépenser 60% du budget annuel durant les six premiers mois de l’année dans le but de promouvoir la création d’emplois et d’encou-rager les activités économiques ; au Brésil le gouverne-ment essaye de faciliter l’accès aux crédits avec des nou-velles lignes de crédit, et par des ressources destinées aux investissements, aux fonds de roulement et à la consom-mation privée) les membres sont conscients que des efforts supplémentaires doivent être faits par les pouvoirs en place. Ils demandent tous des mesures de réduction de taxes, des mesures facilitant l’accès au crédit et aux fonds de garantie ainsi qu’une plus grande ouverture des mar-chés publics aux coopératives. Des dispositions spécifiques pour les PME sont demandées par les Etats-Unis et la Co-lombie (simplification des procédures administratives). Le Japon souhaite voir en place des mesures spécifiques d’ur-gence pour l’emploi afin de prévenir le chômage. La Colom-bie suggère un support financier pour les activités de res-tructuration (diversification de la production, etc.) ainsi que pour la création et le développement des entreprises dans les nouveaux secteurs compétitifs (technologies de l’infor-mation et de la communication) ou dans l’industrie agroali-

mentaire dans les zones rurales.

POURQUOI NOS ENTREPRISES SONT-ELLES PLUS RÉ-SISTANTES?

La relative résistance de nos entreprises face à la crise ac-tuelle peut être principalement expliquée par la nature même des coopératives de travail associé et des coopérati-ves sociales, et plus particulièrement par la force du travail associé. Elles sont caractérisées par une relation de travail spécifique où les travailleurs-membres sont entièrement souverains et responsables des décisions prises. En effet, nous savons que l’augmentation de la productivité et de la compétitivité, absolument nécessaire aujourd’hui pour faire face à la crise financière mondiale, peut être liée au niveau de participation des travailleurs - qui ne sont pas intéressés par la seule participation financière - dans le processus de décision de leur entreprise.

En tant qu’entreprises fondées sur l’adhésion de leurs membres, nos entreprises ne délocalisent pas et, en géné-ral, maintiennent l’ancrage local de leurs activités et des emplois qu’elles créent. De cette manière, elles apportent de la sécurité à leurs travailleurs. De plus, les coopératives de travail associé et les coopératives sociales sont en me-sure de développer des compétences essentielles comme la capacité à moderniser les produits, les services ou les pro-cessus de production. Leur habilité à combiner flexibilité et sécurité, à s’adapter au changement tout en préservant les emplois et leur ancrage local, est probablement leur force principale. Les institutions de support mutuel et plus parti-culièrement les instruments financiers qu’elles mettent en place, sont aussi des atouts fondamentaux pour faire face aux difficultés actuelles.

Le rapport complet peut être lu sur notre site web: http://www.cicopa.coop/public_docs/RaportCriseFR.pdf.

Ce 6 mai dernier, le décès d’Ivano Barberini, président de l’ACI, marquait la perte d’une des personnalités les plus importantes que les mouvements coopératifs italien et international aient jamais eu la chance de connaître.

Sous sa présidence, l’ACI a connu un changement stratégique et une profonde ré-forme structurelle qui nous permet, en tant qu’organisations sectorielles, de jouer un rôle plus important que dans le passé.

Le président italien Giorgio Napolitano a déclaré « Avec le décès du président Barbe-rini, nous avons perdu une figure clé du mouvement coopératif italien, un homme qui a mené un combat passionné en faveur du progrès social et de la paix ».

Né à Modène en 1939, il nourrissait déjà sa passion pour les coopératives bien avant de devenir une figure de proue dans la recherche économique, sociale et de gestion. Il fut président de Coop Modena et de Coop Italia. De 1978 à 1996, il fut président de Coop, l’Association nationale des coopératives de consommateurs. Il occupa en-suite, de 1990 à 1996, le poste de président d’Eurocoop, la Confédération européenne des coopératives de consommateurs. De 1996 à 2002, Barberini fut président de la LEGACOOP. En 2001, il devint président de l’Al-liance Coopérative Internationale. Depuis 2003, il présidait l’Institut des archives des recherches internationales sur le désarmement. Créé en 1982, ce centre de recherche se consacre à promouvoir le désarmement, la paix et la sécurité internationale.

Sa carrière et son engagement prouvent la passion qu’il avait pour le mouvement coopératif. Son amie Rita Levi Montalcini, sénatrice italienne et scientifique de renom, avait commenté un de ses derniers articles « La coopé-rative représente l’entreprise qui répond de la façon la plus efficace aux problèmes de notre époque, fonction-nant comme un moteur et reposant sur les deux principaux principes sociaux : la solidarité et le développe-ment ». ◊

Décès d’Ivano Barberini, président de l’Alliance Coopérative Internationale (ACI)

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 2 - AOÛT 2009 4

Page 5: TravaillerEnsemble_Numero2

e samedi 30 mai, a été signé au siège social de FECOOTRA, à La Plata, l'Acte constitutif de

la Confédération nationale des coopératives de tra-vail associé de la République d'Argentine. Plus de 20 fédérations ont participé à cet événement re-marquable animées par la volonté de participer à un moment historique pour les coopératives de tra-vail associé.

Cet événement représente une étape importante pour les coopératives de travail associé en Argen-tine. La Confédération nationale sera un instrument important de représentation; il sera utile pour at-teindre d'autres niveaux d'intégration à l'intérieur du mouvement coopératif et il aura un impact non seulement sur les politiques publiques, mais aussi sur le système productif et sur l’agenda politique national. Il est important pour le système coopératif en Argentine d'atteindre un tel niveau d'intégration dans d'autres secteurs et avec d'autres organisations actives dans l'économie sociale.

L'économie sociale en Argentine représente 8,2 % du PIB (produit intérieur brut), mais pour avoir de réels effets sur la société et pour développer plus d’égalité elle devrait atteindre 20 % de l'économie nationale. Ce serait l'in-dicateur qu’elle serait en mesure de lutter pour une plus grande égalité. ◊

Argentine

L'Acte constitutif de la Confédération nationale des coopératives de travail associé a été approuvé Par FECOOTRA

PHOTO: FACTA

L

économie sociale est devenue un pilier de l'économie équa-torienne. Le pays d'Amérique latine vit un processus de

transformation avec sa nouvelle Constitution; l'économie sociale a été reconnue à l’égal de l’économie capitaliste et publique. C'est une déclaration importante qui met l'Equateur en tête du continent. Dans la nouvelle Constitution les coopératives jouent un rôle clé comme instruments pour la promotion économique et sociale, pour la protection sociale et le développement.

Les programmes pour le développement social et économique ont été conçus et seront aussi gérés avec la participation des organisations de paysans (campesinos), les représentants des minorités ethniques et avec la contribution et le soutien des banques coopératives. Madame Jeannette Sanchez, la ministre équatorienne de la participation économique, a été invitée au “Festival dell'Economia” : la table ronde internationale qui a lieu chaque mois de mai à Trente en Italie; à cette occasion elle a déclaré "Nous croyons que la coopération et la soli-darité sont les outils pour promouvoir le développement et la croissance dans notre pays". ◊

Equateur

Economie sociale en Equateur Par Antonio Amato, CECOP-CICOPA Europe

A M É R I Q U E L A T I N E

L’

Jeanette Sánchez, ministre de la participation économique

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 2 - AOÛT 2009 5

Page 6: TravaillerEnsemble_Numero2

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 2 - AOÛT 2009 6

E U R O P E

1. Erasmus : Desiderius Erasmus Roterodamus, aussi connu sous le nom de Erasme

de Rotterdam, était un humaniste hollandais de la Renaissance, un théologien chré-

tien … et un grand voyageur. Il enseignait dans plusieurs universités européennes :

Paris, Louvain, Cambridge et Bâle.

2. Erasmus : Le Programme Erasmus, programme d'échange d'étudiants européens

créé en 1987 permet aux étudiants universitaires d’effectuer une partie de leurs études dans un autre établisse-

ment européen. Jusqu’à ce jour, 1,7 million d'étudiants environ ont fait partie de ce programme d’échange.

3. Erasmus : Erasmus pour jeunes entrepreneurs, ce nouveau programme européen d’échange a pour objectif

d’aider les nouveaux entrepreneurs à acquérir des compétences appropriées pour gérer une PME à l’occasion d’un

séjour dans un autre pays de l'Union européenne.

Pour promouvoir des valeurs européennes et créer l'esprit européen des citoyens, la Commission européenne a initié ce célèbre programme d’échange à la fin des années 80. L'expérience fut un succès et en 20 ans, 2 millions d'étudiants ont passé à l'étranger une partie de leur carrière universitaire. Il est incontestable que le mot Erasmus signifie pour tout le monde : échange, dimension interculturelle, étude et beaucoup d’autres choses.

Quoi de neuf ? Il y a quelques mois, la DG Entreprises et industrie de la Commission européenne a lancé un nouveau programme pilote dans le domaine de la mobilité : Erasmus pour jeunes entrepreneurs. Cette initiative a pour objectifs d'offrir à de nouveaux entrepreneurs une occasion d'apprendre d'une autre expérience, d’échanger des connaissances, de faciliter la recherche de nouveaux associés et la création de nouveaux réseaux parmi des PME, et de découvrir plus d’opportunités dans d'autres pays de l'Union européenne. La première phase du pro-gramme comprendra 900 échanges entre des jeunes entrepreneurs et des entreprises hôtes. Le mouvement coo-pératif fait partie de ce programme et CoopErasmus est un des 20 Consortiums européens créés pour gérer les opportunités d’échange dans des coopératives de plusieurs pays européens. CoopErasmus est composé de 8 or-ganisations partenaires de 6 pays européens différents.

Comment fonctionne ce programme ? Très simplement : les jeunes entrepreneurs intéressés doivent s’ins-crire sur le site Web du programme - www.erasmus-entrepreneurs.eu - choisir une des organisations de coordina-tion et lui soumettre un projet d’échange. L'organisation coordinatrice a pour rôle de sélectionner les projets sou-mis et de coordonner l'échange avec les entreprises hôtes (dont des coopératives!).

L'initiative a déjà eu un résultat inattendu : le mouvement coopératif semble étonner certains des organis-mes qui font partie du programme pilote. Pendant les activités préparatoires pour les 20 consortiums qui dirigent le programme, certaines organisations ont trouvé vraiment intéressant et imprévu le modèle coopératif en tant qu’alternative aux entreprises traditionnelles.

Certaines universités, des centres de recherche et des administrations locales qui sont aussi impliqués dans ce programme, en assistant par exemple les étudiants dans la rédaction de leur plan d’action pour l'échange (et, bien sûr, pour le suivi!), affirment sincèrement qu'ils sont vraiment étonnés et intéressés par le modèle coopératif comme une alternative importante et une opportunité intéressante.

Bien sûr les coopératives ne sont pas toujours bien connues et parfois on les voit principalement comme des ac-teurs d’organismes de bienfaisance ou, de toute façon, on ne les voit pas facilement comme des acteurs économi-ques. C'est une excellente occasion de montrer que les coopératives sont des entreprises et que leurs ouvriers sont des entrepreneurs!

Les coopératives sociales et de travail associé peuvent accueillir de jeunes entrepreneurs dans le cadre de ce pro-jet pilote. De jeunes coopérateurs peuvent avoir la chance d'être des entrepreneurs Érasmus. De nouvelles coo-pératives sociales et de travail associé pourraient être fondées en tirant bénéfice de cette expérience.

CoopErasmus peut être la manière de le faire!

Union européenne

Jeunes coopérateurs ? Pensez Erasmus ! Par Valerio Pellirossi, CECOP-CICOPA Europe

Pour plus d’informations sur CoopErasmus, veuillez contacter Mirko Nodari à Cooperatives Europe :

[email protected]

Page 7: TravaillerEnsemble_Numero2

onfcooperative, une des principales orga-nisations coopératives italiennes, a célé-

bré son 90ème anniversaire lors de l’assem-blée générale qui s’est tenue à Rome le 26 mai. Plus de 1000 participants ont pris part à cet évènement dont des représentants impor-tants de la vie sociale, politique et économique italienne. Des représentants du gouvernement comme les ministres d’Etat Tremonti (ministre de l’Economie et des Finances), Sacconi (ministre des Politiques en matière d’emploi), et d’autres ont participé à la réunion. Dans son message, Luigi Marino, président de Confcoo-perative, a décrit les buts atteints et les futurs défis qui attendent le mouvement coopératif.

Confcooperative représente 20 000 entreprises regroupant 506 000 travailleurs et qui ont un chiffre d’affaires consolidé de 62 milliards d’eu-ros. Plus de la moitié de ces entreprises font partie de notre secteur coopératif (industrie, services et coopératives so-ciales). L’organisation a doublé son poids économique au cours des 10 dernières années et si elle continue de croître pendant la crise actuelle plusieurs sonnettes d’alarme ont toutefois retenti, surtout dans les régions d’Italie du Sud. Le repli du crédit et les retards de paiement de la part des administrations publiques sont autant de questions ouvertes qui devront être résolues afin de sortir de la crise. Un des points les plus importants soulignés par Luigi Marino est que le mouvement coopératif se développe mais que ce développement est plus significatif dans les coopératives de travail associé et dans les coopératives sociales. De plus, une grande partie des nouvelles coopératives est créées par les nouveaux citoyens italiens, des personnes qui proviennent de l’immigration, et dans ce sens, les entreprises coopérati-ves jouent un rôle clé dans la cohésion et l’intégration sociale.

Le président Marino a souligné le rôle clé des entreprises coopératives en tant qu’instrument pour sortir de la crise mais, selon lui, des règles européennes et internationales novatrices et plus étendues sont nécessaires pour rappro-cher davantage de la réalité la finance et l’économie. Le slogan « Un peu moins de profits pour un peu plus d’em-plois » a été lancé par le président Marino au cours de la rencontre.

Italie

Un peu moins de profits pour un peu plus d’emplois Par Antonio Amato, CECOP-CICOPA Europe

SECTEUR ENTREPRISES AFILIÉES

MEMBRES TRAVAILLEURS CHIFFRE

D’AFFAIRES (en millions d’€)

Habitation 2692 167 620 976 3100

Industrie liée à l’agriculture et à la nourriture 3620 497 570 65 540 25 517

Consommation et distribution 669 283 100 9790 9130

Culture, tourisme et sport 1438 323 218 14 329 562

Industrie et Services 5234 248 659 187 991 9500

Mutuelles / Services au crédit 178 292 200 1011 128

Pêche 474 13 171 7880 465

Social 5179 199 214 184 025 4590

Crédit Coopératif 432 940 000 35 000 8801

TOTAL 19 916 2 964 752 506 542 61 793

*

**

* Intérêts, recettes, commissions . ** En mai 2009 les entreprises coopératives affiliées ont dépassé le seuil des 20 000 unités, enregistrant un total de 20 050 entreprises.

CHIFFRES DU SYSTEME CONFCOOPERATIVE - 31.12.2008

C

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 2 - AOÛT 2009 7

Page 8: TravaillerEnsemble_Numero2

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 2 - AOÛT 2009 8

“Un peu moins de profits pour un peu plus d'emplois”,

tel fut le slogan et la bannière sous laquelle s’est ran-

gé le discours que vous avez prononcé à l’occasion de

l'assemblée générale de Confcooperative.

Cette dure crise internationale nous met à l’épreuve, mais nous tenons le coup grâce à notre ADN qui nous apporte moins de profits mais qui nous aide à défendre les emplois. Nos entreprises coopératives sont proches de l'économie réelle, convaincues que la finance et le marché ne devraient pas être seuls pris en compte ou interférer avec les choix de mutualité. C’est pour cette raison que nos entreprises n’ont eu recours aux aides économique pour le chômage que pour moins de 1% de leur personnel et que les banques de crédit coopéra-tif ont connu une hausse du nombre d’emplois et de chiffre d'affaires (118 milliards d’€, +11.3 de taux de pourcentage annuel, trois fois plus que la moyenne des banques et du secteur du crédit). De cette façon les banques de crédit coo-pératif supportent les familles et les PME. Elles font ce que toutes les banques devraient faire : assurer une oxygéna-tion financière.

Vous avez souligné l’extraordinaire croissance des

coopératives de travail associé et des coopératives

sociales. Comment expliquez-vous ce phénomène ac-

tuel et que signifie-t-il pour le mouvement coopératif

en Italie ?

Ce cycle de croissance est habituelle-ment régit par la nature anticyclique de l'économie coopérative. Pour expli-quer ce cycle de croissance nous de-vons considérer aussi la structure de cette économie. La solution coopéra-tive est très bonne dans des secteurs comme ceux des services aux entrepri-ses, particulièrement dans des zones urbaines, dans les nouveaux emplois intellectuels, dans les services aux personnes et aux familles, dans les nouveaux réseaux d'aide sociale.

Comment estimez-vous la qualité des emplois fournis

par les coopératives de travail associé et les coopéra-

tives sociales en termes de durabilité et de qualité de

la participation ?

La coopération est le meilleur outil pour la démocratie éco-nomique, parce qu'elle permet l'émancipation sociale et économique de la personne. Dans les coopératives de tra-vail associé et les coopératives sociales de type B, la coopé-ration atteint un sommet pour la valorisation du membre: le travailleur-membre devient son propre patron.

En ce qui concerne le transfert d’entreprises, que

pouvez-vous nous dire sur les entreprises en crise ou

sans héritiers qui ont été « coopérativisées »?

Il y a beaucoup à dire. Je pense au processus de rachat de Cirio de Rica mené par Conserve Italia. Nos coopératives agricoles alimentaires jouent un rôle irremplaçable dans le système agricole italien. La coopération italienne est active dans chaque secteur et elle a protégé certaines des meilleu-res marques “Made in Italy”. Valorisation du territoire, des productions locales : tels sont les grands défis relevés par

nos coopératives agricoles et par des centaines de mem-bres.

Que manque-t-il à l'Union européenne pour devenir

un acteur politique proactif pour le développement ?

L'initiative politique. Une âme politique réformée et in-fluente est nécessaire pour gérer sa nature économique. Nous avons l'Europe de l'euro, mais nous n'avons pas l'Eu-rope des politiques. Nous avons besoin d'une politique avec une vue à long terme, active, non contrôlé par la technocra-

tie et la bureaucratie, capable d'arrêter l'accélération du libéralisme. Nous contri-buons au désordre provoqué par l'excès de libéralisme dans le monde économique et financier : échec des banques, chô-mage, récession, crise de production. Nous devons prêter attention à ces effets dans des secteurs comme l'énergie et l'agriculture qui pourraient provoquer les cauchemars de l'obscurité et de la faim. Pour la moitié de la population mondiale développement économique et croissance démographique vont de pair. La question

de la demande croissante de produits alimentaires au ni-veau mondial s’est concentrée sur l'agriculture. Selon les récentes données de la FAO, plus d'un milliard de personnes sont sous-alimentées : un sixième de la population mon-diale. Cette considération alarmante de la sous-alimentation est devenue un problème pour 15 millions de personnes vivant dans les pays développés.

Quel potentiel et quels manquements présentent le

mouvement coopératif en Europe ? Avez-vous un

conseil pour une organisation comme CECOP-CICOPA

Europe?

Le mouvement coopératif en Europe a compris, avant même les Etats membres, l'importance des affaires publi-ques européennes conduites à Bruxelles. Les décisions pri-ses à Bruxelles ont un effet direct sur les coopératives et les PME en Italie, France, Espagne, Allemagne, Hollande, etc. Le défi pour le mouvement coopératif en Europe est, et le sera davantage a l’avenir, de prévoir les événements, com-prendre les besoins des entreprises associées garantissant la meilleure démarche : travailler aujourd'hui en pensant à demain. ◊

Interview de Luigi Marino, président de Confcooperative

“La coopération est le

meilleur outil pour la

démocratie économique,

parce qu'elle permet

l'émancipation sociale et

économique de la

personne”

Page 9: TravaillerEnsemble_Numero2

Il y eut moins de coopératives de

travail associé créées en 2008 qu’au

cours des années précédentes. La

crise économique a touché la crois-

sance du mouvement coopératif et a

provoqué une diminution de 1,7%

du nombre des entreprises créées

par rapport à 2007. Ces informations

sont tirées du dernier rapport de la

Confédération espagnole des coopé-

ratives de travail associé (COCETA),

présenté à l’occasion de son assem-

blée annuelle qui s’est tenue à Mur-

cie.

algré ces données négatives, les chiffres des coopératives de travail

associé sont meilleurs que ceux des en-treprises traditionnelles, qui ont connu une perte de 7%. De plus, le nombre de personnes employées dans les coopérati-ves de travail associé a augmenté de 0,12%, par rapport au nombre total de personnes employées en Espagne.

"Cette crise nous a touché, nous les coo-pératives, de la même manière que les entreprises, c’est une crise financière", a expliqué Juan Antonio Pedreño, qui a été réélu président de COCETA lors de l’as-semblée. "Il s’avère qu’il s’agit aussi d’une crise des valeurs et, à ce niveau-là, nous les coopératives, nous avons un certain avantage parce que notre modèle répond à certains principes qui sont inti-mement liés à notre manière de faire et d’être une entreprise".

Actuellement, il existe en Espagne 18 625 coopératives de travail associé, qui emploient quelques 300 000 personnes (travailleurs membres et non-membres).

Ce chiffre représente 1,64% du nombre de personnes qui travaillent en Espagne. La majeure partie des coopératives exis-tantes sont des coopératives de travail associé. Elles sont suivies par les coopé-ratives de logement, au nombre de 3200, et par les coopératives de trans-port au nombre de 2400.

Un des traits les plus importants dans les chiffres des coopératives de travail asso-cié en 2008 est celui qui se répète tout au long de l’histoire du mouvement coo-pératif : la majeure partie des personnes qui travaillent dans ces entreprises sont des membres de celles-ci et les 20% restants ont un travail à durée indéter-minée. Ces dernières années, deux parti-cularités différencient les coopératives de travail associé : une taille moyenne moindre et une présence croissante dans le secteur des services.

Emploi des femmes et des immigrants

Un des aspects des coopératives de tra-vail associé est celui lié au travail des femmes. Selon les études du Ministère du Travail et de l’Immigration, le pour-centage de femmes dans l’ensemble des

coopératives (de travail associé, agrai-res, de logements, de consommation, d’enseignement, maritimes, de crédit, de transports et de services) est plus élevé parmi les personnes qui ont un travail à durée déterminée que parmi les person-nes qui ont un travail à durée indétermi-née. Cependant, cette tendance s’in-verse dans le cas des coopératives de travail associé car les membres et par conséquent les patrons représentent 73,7% des femmes qui travaillent dans l’entreprise.

D’autre part, le pourcentage de femmes à la direction des coopératives est de 39.4%, un nombre bien plus élevé que celui des autres entreprises.

Une autre information importante de l’année dernière est l’intérêt croissant du collectif des immigrants pour ce type d’entreprise. Tout comme en 2007, 10% des personnes qui ont créé des coopéra-tives viennent d’autres pays. En 2008 et en ce début de 2009, COCETA et ses organisations membres ont fait des ef-forts pour améliorer la situation des en-treprises, pour trouver des accords fi-nanciers et pour que les communautés autonomes avalisent les aides que vont recevoir les coopératives. Pedreño as-sure, cependant, "qu’il s’agit d’une res-ponsabilité partagée entre les gouverne-ments (central, autonome et locaux), les établissements financiers, les entreprises coopératives et les entreprises d’écono-mie sociale".

“Malgré (des) données

négatives, les chiffres

des coopératives de

travail associé sont

meilleurs que ceux des

entreprises

traditionnelles... ”

Espagne

Les entreprises de travail associé face à la crise économique Par COCETA

Pour plus d’informations:

Département Communication de COCETA :

[email protected] | www.coceta.coop

Italie: In memoriam

Confcooperative et Federcasse rappellent à notre sou-venir la tragédie aérienne dans laquelle des coopérateurs italiens ont perdu la vie.

Giovanni Battista Lenzi, Luigi Zortea et Rino Zando-nai, travaillaient au Brésil dans le cadre de différents pro-jets de développement. Ils rentraient de leur mission à bord du vol 447 d’Air France qui s’est abîmé dans l’océan Atlantique le 31 mai 2009 peu après son envol de Rio de Janeiro.

M

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 2 - AOÛT 2009 9

Page 10: TravaillerEnsemble_Numero2

La conférence européenne sur

l’économie sociale organisée

par SCMVD, l’Union tchèque

des Coopératives de produc-

tion membre de CECOP, en

collaboration avec la Confédé-

ration des employeurs et l’As-

sociation des entrepreneurs

de République tchèque ainsi

que le ministère du Travail et

des Affaires sociales s’est te-

nue du 16 au 18 avril à Pra-

gue.

a conférence, qui avait lieu dans le cadre de la Prési-

dence tchèque du Conseil de l’U-nion européenne, a été rehaussée par la participation de hauts re-présentants politiques tchèques et européens, dont Vladimir Spidla, Commissaire européen chargé de l’emploi, des affaires sociales et de l’égalité des chances qui a ou-vert la conférence. A cette occa-sion, il a souligné que la Commis-sion européenne attachait beaucoup d’importance aux entreprises à vocation sociale qui favorisent selon lui la protection et l’insertion des personnes mais résistent également mieux au contexte actuel de crise ce qui re-présente un potentiel pour de nouveaux emplois en Eu-rope.

La séance d’ouverture a été également l’occasion d’illus-trer les discours politiques par des expériences de bonnes pratiques dont 2 ont été consacrées aux coopératives. Parmi celles-ci, l’expérience d’ERGOTEP a fait l’objet d’une présentation. Cette coopérative sociale tchèque fondée en 2003 intègre sur le marché de l’emploi des personnes handicapées en créant des postes de travail adaptés à leurs compétences et leurs capacités (http://www.ergotep.cz). Ses membres fondateurs sont des per-

sonnes handicapées et la coopérative dispose d’un statut d’atelier protégé. La deuxième expérience coopérative présentée était celle du Grand Magasin (http://legrandmagasin.coopseurope.coop). Cet espace d’exposi-tion et de vente situé à Berlin est dédié à des produits issus de coopératives de travail associé européennes.

Les intervenants ont souligné les spécificités des entrepri-ses d’économie sociale comme détenant un potentiel considérable dans la création et la préservation d’emplois durables. Mais c’est surtout la capacité de ces dernières à mieux faire face à la crise qui a été mise en avant par les acteurs de l’économie sociale, ainsi que par les représen-tants politiques. Ces acteurs de l’économie sociale ont tous appelé à une meilleure reconnaissance des spécifici-tés de leurs entreprises et de leur contribution à la cohé-sion sociale, à la création d’emplois durables, à la lutte contre le réchauffement climatique, en tant que parte-naire social, etc. Une illustration très concrète de cette capacité pour le mouvement coopératif a été soulevée par monsieur Iain MC Donald, directeur général de l’Al-liance Coopérative Internationale, qui a cité l’exemple de la liste Global300 qui montre le rôle important joué par les coopératives dans l’économie au niveau national et mondial (http://www.global300.coop).

Les conclusions et tous les documents relatifs à la confé-rence sont disponibles sur le lien: http://www.seconference.cz/zaver.html ◊

Vladimír Špidla - Commissaire Européen à l'Emploi, aux Affaires Sociales et à l'Egalité des Chances - à l'ouverture de la conférence. À sa droite: Jan Wiesner, président de SCMVD

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 2 - AOÛT 2009 10

République tchèque

Conférence européenne sur l’économie sociale à Prague

Par Olivier Biron, CECOP-CICOPA Europe

L

Page 11: TravaillerEnsemble_Numero2

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 2 - AOÛT 2009 11

n Slovaquie, l'insertion de personnes handicapées dans le processus de travail dans des coopératives

de travail associé a existé depuis le début même de leur histoire. Les premières coopératives employant des per-sonnes handicapées ont été créées après la Première Guerre mondiale. Cependant leur plus grand développe-ment date des années 50 et 60.Leur nouveau développe-ment était dû à des changements divers, survenus dans des solutions législatives ou systémiques. De nos jours, marquées par une grande incertitude dans de nombreux secteurs de l‘économie, ces entités qui emploient des per-sonnes désavantagées affrontent spécifiquement la politi-que du marché. Il est donc très intéressant de percevoir les problèmes selon différents points de vue: celui de l‘ouvrier désavantagé, mais aussi celui de l‘employeur qui est lui aussi désavantagé dans une certaine mesure. Il est important d'attirer l'attention de représentants des admi-nistrations sur la nécessité d’une solution active d'emploi des personnes désavantagées. Une des actions pour don-ner plus de visibilité à ceux qui ont adopté une approche active à la solution de ces problèmes consiste en la pré-sentation solennelle de récompenses aux meilleurs em-ployeurs de personnes handicapées.

Cette action menée à la fin mars dans les locaux de Coop Product Slovakia a été organisée par l'Association d'em-ployeurs de personnes handicapées dont Coop Product

Slovakia est membre. Dusan Caplovic, vice-premier minis-tre du gouvernement de la République slovaque pour une société basée sur la connaissance, en charge des affaires européennes, des droits de l'homme et des minorités a participé à cet événement festif, et a rappelé dans son discours qu'en plus de fournir et de garantir le droit de travailler aux personnes handicapées, le facteur le plus important pour elles était de disposer la possibilité réelle d’être employées. Avant la remise des récompenses, Ca-plovic a rencontré la présidente de Coop Product Slovakia, Iveta Chmelova et Pavel Siroky, le vice-président de l'As-sociation des employeurs de personnes handicapées qui ont donné plus d'informations sur les objectifs et la mis-sion de cette organisation.

Basée sur des réalisations dans les domaines économiques et sociaux, la récompense du vice-premier ministre a été accordée à plusieurs employeurs. Parmi ceux qui furent distingués, figuraient quatre coopératives de production, à savoir : Okrasa (de la ville de Cadca), Rozkvet (coopérative de production de Banska Bystrica), Doza (coopérative de production de Sobrance) et Univerzal (coopérative de production de Piestany employant des per-sonnes handicapées). L'événement festif a été enrichi par un programme culturel préparé par les membres d'Asso-ciation des personnes mentalement handicapées de Vra-nov et Toplou. ◊

Slovaquie

Récompense aux meilleurs employeurs de personnes handicapées Par Helena Capova, Coop Product Slovakia

est un fait avéré et cela a été largement reconnu que "le monde coopératif" a mieux répondu au ralentisse-

ment actuel de l'économie que beaucoup d’autres modèles économiques. Cela ne signifie pas que la crise ne nous affecte pas, en particulier dans des secteurs spécifiques ainsi que le confirme la récente consultation organisée au sein des membres de CECOP. Les coopératives consentent un important effort pour surmonter la situation critique avec un objectif com-mun : maintenir le niveau d'emploi et répondre positive-ment aux défis. Dans un discours récent, le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso a reconnu que "Les entreprises coopératives qui sont restées fidèles aux valeurs et aux principes coopératifs et les banques coopératives qui dépendent des fonds des membres et sont contrôlées par la population locale ont généralement été capables de très bien résister à la crise”.

La crise, cependant, pourrait apporter plus que des défis "à notre monde". En fait, une opportunité inattendue pour-rait se cacher dans la crise elle-même, à savoir : la "coopérativisation". Dans des pays comme l'Espagne, la France, l'Italie, mais aussi l'Argentine, le Brésil et d'autres,

la "coopérativisation" comme une solution concrète à la faillite "d'entreprises traditionnelles" et à la perte d'emplois qui s’ensuit est déjà une réalité : le modèle coopératif peut être utilisé pour réagir contre la crise. Nous pouvons trou-ver beaucoup d'expériences dans ces pays qui nous par-lent de travailleurs qui ont décidé de devenir les propriétai-res de l'entreprise qui les employait ou de coopératives existantes qui achètent des entreprises en crise dans le but de les transformer en coopératives de travail associé et qui, souvent, créent des réseaux pour consolider le sys-tème de production et gérer efficacement l'interaction en-tre l'offre et la demande.

Le modèle coopératif attire de plus en plus l'attention. Ré-cemment le Corriere Della Sera, un des principaux jour-naux italiens, a mis en lumière "le monde coopératif" dans plusieurs articles. Dans le plus récent, daté du 15 mai, il a affirmé que les travailleurs sont la solution concrète à cette crise, en rapportant deux nouvelles histoires d'entre-prises en danger qui ont été achetées par leurs travail-leurs.

E

C’

Allemagne/ Italie

Les coopératives : une solution à la crise ? Par Valerio Pellirossi, CECOP-CICOPA Europe

(suite page suivante)

Page 12: TravaillerEnsemble_Numero2

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 2 - AOÛT 2009 12

Vers un système allemand d'appui à la "coopérativisation"

Le "système de coopérativisation" fait actuellement l'objet d'une étude en Italie. Une délégation d'experts et de juristes allemands a récemment orga-nisé en Italie une visite d'étude sur la loi Marcora (la loi italienne soutenant la "coopérativisation" d'entreprises en crise). Cette loi a été votée dans les années 80’ pour soutenir la transmis-sion de la propriété des entreprises en crise à leurs ouvriers, comme une ré-ponse à la crise économique à laquelle le pays faisait face à ce moment-là.

Aujourd'hui le système est toujours actif. CFI, une institution fondée par les trois confédérations italiennes de coopératives, Confcooperative, Lega-coop et AGCI, fournit un appui concret, des services consultatifs, aus-si bien que la partie du capital aux ouvriers qui veulent devenir proprié-taires de leur entreprise en crise. L'idée de la visite d'étude est venue du professeur Clarita Müller Plantenberg qui est actif depuis le début des an-nées 90’ dans la recherche, les études et la dissémination dans le domaine de l'économie sociale en Allemagne.

Tout a commencé il y a trois ans quand CECOP a aidé le professeur Mül-ler Plantenberg à organiser avec ses étudiants une première visite de ter-rain en Italie. L'objectif de cette visite était clair et concret : établir le projet d'une loi “Marcora” pour l'Allemagne et mener un lobbying en sa faveur. C'est la raison pour laquelle CFI a accueilli le groupe allemand, auquel elle a expli-qué en détails les dispositions de la loi et les mesures d'appui qu’elle fournit aux travailleurs. Le groupe a aussi visité quatre coopératives italiennes de travailleurs créées avec l'aide de CFI et la loi Marcora.

La réaction du groupe fut extrême-ment positive, "cette action est sans aucun doute significative et puissante" a affirmé Giuliana Giorgi, expert et interprète du groupe "et le résultat est clair : nous permettons aux travail-leurs de garder leurs emplois et deve-nir des protagonistes. Quand une en-treprise ferme pour faillite, c'est plus qu'une entité mal gérée ou inefficace qui laisse l'espace aux entreprises plus efficaces ou plus fortes, comme le veut le point de vue néo-libéral. Les sala-riés perdent leur emploi. C’est une perte pour l'environnement tout entier

et pour l'identité du territoire. Il y a des problèmes liés aux activités éco-nomiques connectées à la faillite d’en-treprise. Il y a des dépenses débour-sées par l'état et par le système de protection sociale, qui, à la fin, sont payées par tous les citoyens!” Elle a aussi déclaré " l'état peut choisir entre dépenser de l'argent dans des alloca-tions de chômage et d’assurance so-ciale, ou utiliser des fonds pour per-mettre aux travailleurs de garder leurs emplois, de produire, et en même temps devenir les propriétaires de l'entreprise ".

Les experts et les juristes du groupe n'ont pas perdu de temps : une ver-sion allemande de la loi Marcora a été écrite et présentée le 27 mai. Mainte-nant, le groupe allemand entend faire pression sur les institutions et, dans le même temps, planifie plusieurs initiati-ves pour expliquer aux citoyens la si-gnification et le pouvoir de la "coopérativisation". Des événements et des séminaires auront lieu cet été en Allemagne à cet effet, comme « l'académie de l'économie sociale d'été » qui se tiendra à Karlsruhe. CFI soutiendra cette initiative. ◊

Les dirigeants des coopératives pen-

sent que le temps est propice pour

promouvoir « l'avantage coopéra-

tif » a révélé une enquête conduite

par CooperativesUK. Les directeurs

généraux des coopératives de top

niveau (représentant un chiffre d'af-

faires annuel d’environ 11.6 mil-

liards de £) pensent aussi que le

secteur devrait travailler plus étroi-

tement avec les mutuelles et d'au-

tres organisations d’inspiration sem-

blable pour promouvoir activement

leurs modèles économiques.

86 % des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête Cooperative Business Confidence ont reconnu qu'il n'y a jamais eu de meilleur temps pour promouvoir les valeurs et les principes des coopérati-ves qui incluent le contrôle démocrati-que, la copropriété, l’intérêt pour la com-munauté et la protection de l'environne-ment.

Les résultats de l'enquête, réalisée au-près des directeurs généraux des entre-prises dans Cooperative UK 100, le clas-sement annuel des plus grandes entre-

prises coopératives du Royaume-Uni, montrent qu'il y a une forte croyance que l’éthique du mouvement coopératif fournira un avantage comparé à d'autres formes d’entreprises. De plus, 87% des personnes interrogées ont pensé que le temps était propice pour le mouvement coopératif de travailler étroitement avec le secteur mutuel pour promouvoir leurs modèles économiques comparables.

De nombreux pensent que le climat fi-nancier actuel offre une occasion réelle pour l'économie coopérative : 66 % se sont attendus à ce que des coopératives deviennent plus compétitives et 73 % s’accordent à reconnaître que les coopé-ratives étaient les mieux placées pour répondre à la récession en raison d'une vue à long terme du développement de leurs entreprises.

L'enquête a montré que les vues des leaders du secteur coopératif étaient largement conformes à d'autres prévi-sions pour l'économie du Royaume-Uni – on s’attend à ce que la récession et le chômage poseront problème pendant les trois prochaines années et à ce que da-

vantage d’entreprises tomberont sous administration judiciaire.

Dans l'ensemble, l’état d’esprit des per-sonnes interrogées était généralement positif quant à l'avenir. 73 % ne se sont pas attendus à perdre leur compétitivité ou leur part de marché en raison du ra-lentissement de l'économie et, de ceux qui l’ont pensé, 40 % ont estimé qu'il n'aurait aucun impact significatif sur la situation financière de leur coopérative.

Dame Pauline Green, Directeur général de CooperativesUK, a dit : « Cette en-quête Business Confidence a fourni un aperçu de valeur des plus grandes coo-pératives du Royaume-Uni d’aujourd’hui. Les résultats confirment ce que nous avons pensé - il y a beaucoup de confiance dans le modèle coopératif et une forte croyance en un avantage coo-pératif comme une forme durable, éprouvée et socialement responsable d’entreprise. » ◊

Grande Bretagne

Le temps est propice pour promouvoir “l'avantage coopératif” Par CooperativesUK

Pour plus d’informations : http://www.cooperatives-uk.coop

Page 13: TravaillerEnsemble_Numero2

Amanda Garzia apprend que la situation des coopé-

ratives à Malte va s’améliorer dans un proche ave-

nir sur un certain nombre de points puisque Kope-

rattivi Malta va apporter des changements dans la

façon dont leurs activités sont perçues par le pu-

blic.

Après que le récent effondrement des systèmes financiers ait fait exploser le capitalisme, il était peut-être difficile d'imaginer un modèle économique qui ne soit pas imbri-qué dans un enchevêtrement de cupidité et d'exploitation. Un examen attentif des principes directeurs des coopérati-ves révèle pourtant un engagement vers un idéal de jus-tice sociale qui sert à atténuer, en un sens, la gamme des méfaits mis à nu ces derniers mois.

Le thème de la journée internationale des coopératives – Conduire le redressement mondial par les coopératives – montre du doigt un système qui s’est toujours distancié de l'idée que le bénéfice prime les personnes. En 1932, l'Al-liance Coopérative Internationale a décidé d'inviter les coopératives du monde entier à célébrer chaque année leur propre journée. Depuis lors, c’est le premier samedi de juillet qui a été choisi pour cette célébration.

Ray Cassar, le directeur de Koperattivi Malta, explique que le bien-être des membres passe tou-jours avant le besoin de générer le profit. « C'est, en effet, un principe de base qui guide notre façon de tra-vailler. Dans une coopérative, un membre sait de manière certaine que lui ou elle sont dans une entreprise un pour tous, tous pour un. Cela si-gnifie que la sauvegarde de l’emploi est une priorité même si pour ce faire on doit accepter de faire peu ou pas de bénéfices. » (…)

A Malte, on compte environ 60 coopé-ratives, dont 40 très actives. Celles-ci incluent les traditionnelles coopératives agricoles et de pêche. D'autres secteurs incluent le transport, le tourisme, le commerce équitable, la santé, les services de restaura-tion communautaire, l'archéologie, les médias, la gestion et la consultation marketing. Bien que l'activité s’étende à différents domaines, le nombre réel d’entreprises est rela-tivement petit en regard de la popularité des coopératives dans d'autres pays européens. (…)

La situation des coopératives à Malte va s'améliorer sur un certain nombre de points dans un proche avenir car Kope-rattivi Malta entend provoquer un changement dans la manière dont leurs activités sont perçues par le public.

"Nous cherchons à promouvoir une meilleure compréhen-sion et reconnaissance du modèle coopératif".

Monsieur Cassar croit que la perception qu’a le public de la façon dont les coopératives exercent leurs activités est basée sur des impressions sommaires.

Les coopératives elles-mêmes peuvent y avoir contribué en raison de leur tendance à se replier sur elles-mêmes. Ceci, ajouté au fait que les Méditerranéens ne sont pas enclins à jouer en équipe, explique en grande partie pourquoi la coopérative n'est pas si populaire dans l'île en dé-pit du potentiel qui y existe dans tant de secteurs.

Étant donné que la population de Malte vieillit, les coopératives peuvent, par exemple, réaliser une opération viable en développant et en fournissant des services dans les secteurs des soins et de la santé. Les secteurs de l'assu-

rance et de la gestion des déchets peuvent aussi être por-teurs. Elles peuvent aussi encourager la participation fémi-nine dans la main d’œuvre puisque leur philosophie prône l'égalité des chances. Ces deux dernières années, Koperat-tivi Malta a été pour la première fois présidée par une femme : Rosette Thake.

Des études et des cours de formation sont en cours pour évaluer et assister l’implantation de coopératives sur la scène locale. Koperattivi Malta voudrait encourager les gens à comprendre qu’il s’agit d’un concept entrepreneu-rial valable qui a beaucoup de potentiel particulièrement

Unit et servir les coopératives

The Times Weekender (The Times Malta), 4 juilllet 2009 (extraits)

Ray Cassar, PDG de Kooperattivi Malta

Dans la presse: Malte A l’occasion de la journée internationale des coopératives (4 juillet 2009), The Times Malta dans son édition du week-end

s’est intéressé aux coopératives au travers du point de vue d’un membre de Cicopa : Koperattivi Malta. C’est l’occasion d’en

connaître davantage sur la situation de notre modèle entrepreneurial dans l’île. Extraits… …

(suite page suivante)

“La performance globale

des coopératives pendant

la crise, appuiera sans

aucun doute l'effort local

de présenter le modèle

comme une alternative

plausible à d'autres façons

de faire des affaires.”

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 2 - AOÛT 2009 13

Page 14: TravaillerEnsemble_Numero2

Le mouvement coopératif tanzanien, sous la tutelle

de l’organisation faîtière « Fédération des coopéra-

tives de Tanzanie » bénéficie actuellement du Chal-

lenge Fund (CF) du programme coopératif Facility

for Africa.

vec neuf états membres, le projet CoopAfrica a aidé les membres de la fédération tanzanienne des coo-

pératives Ltd à devenir des sociétés coopératives moder-nes.

Le projet a déjà profité à de nombreuses sociétés coopé-ratives, entreprises et sociétés du pays. Le réseau Dun-duliza, étant parmi les coopératives bénéficiaires du Chal-lenge Fund dans le pays, a utilisé le fonds pour augmen-ter les liquidités de la société de 2,5 milliards TSH avec 38 petites sociétés membres. Le projet a permis à l'orga-nisation de mettre en œuvre un système d'intercommuni-cation dans le réseau Dunduliza SACCOS en en faisant une société modèle pour les autres entreprises coopérati-ves du pays pour son système de réseau si moderne.

CoopAfrica a pour objectif d’aider les personnes à coor-donner leurs efforts pour réduire la pauvreté et atténuer les différents défis du développement comme le chô-mage, la sécurité sociale et le manque d’aide. En travail-lant à l'est et au sud du désert du Sahara conformément au programme de développement coopératif, CoopAfrica collabore avec la Fédération tanzanienne des coopérati-ves dans le but d’atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement dans le pays, de promouvoir le travail décent en Tanzanie et de promouvoir les initiatives d’en-traide, l’assistance mutuelle dans les communautés et les échanges transfrontaliers à travers l’approche coopéra-tive.

Facility for Africa, programme d’aide aux coopératives en Afrique généralement connu sous le nom de CoopAFRI-CA; est un programme professionnel patronné en grande partie par le département du Royaume-Uni pour le déve-loppement international (DFID) visant au développement des mouvements coopératifs en Afrique, et dont le siège social est établi dans les bureaux de l’OIT à Dar es Sa-laam - Tanzanie. ◊

Tanzanie

« Facility for Africa » : une aide généreuse pour les coopératives tanzaniennes dans la lutte contre la pauvreté

Par TFC, la Fédération tanzanienne des coopératives

A

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 2 - AOÛT 2009 14

A F R I Q U E

dans les secteurs qui n'ont pas encore été pris en consi-dération.

Une des initiatives dans le secteur de la formation consiste à offrir aux membres l'occasion de voyager à l'étranger pour leur permettre de découvrir comment les choses sont faites dans d'autres pays.

Cela peut s'avérer être une expérience à portée pédago-gique qui enrichit le savoir-faire à la fois des hôtes et des visiteurs. Tandis que les membres doivent évaluer, comme dit ci-dessus, leur aptitude à travailler ensemble, même si l’on ne doit pas mépriser les différences.

La performance globale des coopératives pendant la crise appuiera sans aucun doute l'effort local de présen-ter le modèle comme une alternative plausible à d'autres façons de faire des affaires. Dans un pays où l’on entend souvent les gens dire « Kuntent ften, kuntent Kulhadd », (ce qui signifie de manière sarcastique: « si je suis satis-fait, tout le monde l’est aussi»), il est logique de se po-ser à voix haute la question de savoir si l’on est prêt à avoir l’esprit d'équipe qui rend la coopérative si unique.

La question de savoir si nous pouvons aller d’un arro-gant « je fais comme je veux » à une plus grande acuité est de mise et le défi à relever.

Journée Internationale des Coopératives : Conduire le redressement mondial par les coopératives

Cette année, la Journée internationale des coopératives qui a été célébrée le 4 juillet 2009 dans le monde entier s'est concentrée sur le fait que les coopératives sont des entreprises qui contri-buent efficacement au redressement économique mondial, mais aussi sur le fait qu’elles le feront dans le respect des valeurs coo-pératives et des principes qui guident leur fonctionnement.

En effet, le rôle des coopératives dans le développement écono-mique, social et culturel est reconnu par les Nations Unies. Dans sa résolution 47/90 du 16 décembre 1992, l'Assemblée générale proclame "… le premier samedi de juillet 1995 sera la Journée internationale des coopératives, pour marquer le centenaire de l'établissement de l'Alliance Coopérative Internationale et décide d’envisager la possibilité d'observer une journée internationale des coopératives dans les années à venir..."

Dans son message pour cette Journée de célébration internatio-nale, l'Alliance Coopérative Internationale (ICA) a mis en évi-dence les résultats d'une étude récente qui lui avait été confiée par l'Organisation internationale du travail (l'OIT). Elle montre que de bons résultats peuvent être enregistrés dans tous les sec-teurs où sont actives des entreprises coopératives. On choisit de plus en plus la forme d'entreprise coopérative pour répondre aux nouvelles réalités économiques. Le succès des coopératives est mesuré non seulement sur leur capacité à servir économiquement les besoins des membres, mais aussi sur l'aide sociale et cultu-relle que les entreprises coopératives projettent sur la vie sociale rendant la cohésion et l’égalité sociale aux membres et aux com-munautés.

Sources: http://www.un.org/esa/socdev/social/intldays/IntlCoops/ and http://www.ica.coop/activit ies/idc/2009.html

Pour l’article complet : http://www.cicopa.coop/public_docs/TimesMalta.pdf

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omme toute autre entreprise en

Afrique, le développement du

mouvement coopératif a été sérieuse-

ment affecté par la prévalence du HIV

et du SIDA. Le HIV et le SIDA ont pro-

voqué une énorme perte de revenu

pour les membres et réduit l'adhésion,

provoqué la perte d'heures de travail

et de personnel bien formé et qualifié,

réduit la productivité et augmenté le

coût de la vie. De manière générale

l'épidémie a affecté négativement la

capacité des coopératives africaines

d’être des organisations économique-

ment et socialement efficaces.

Pour atténuer et réduire au maximum

l'impact du HIV et du SIDA dans le

mouvement coopératif en Afrique, l'OIT conformément au programme de CoopAfrica met en œuvre un projet

qui mobilise les coopératives ainsi que les organisations basées sur la Communauté pour parler du HIV et du

SIDA sur les lieux de travail. Le projet veut améliorer les conditions de vie et le statut des femmes et des

hommes atteints par le HIV/SIDA qui travaillent dans les secteurs de l'économie informelle. Le projet renforce

la capacité des coopératives à jouer deux rôles, servir de canal aux initiatives de prévention du HIV/SIDA et

d’outil pour en réduire l’impact.

Le projet a énormément de succès en Tanzanie parce qu’il travaille à tous les niveaux des organisations coopé-

ratives : au niveau des sociétés coopératives de premier degré et des associations de tutelle coopératives

(syndicats et fédérations). En Tanzanie la Fédération des coopératives de Tanzanie (FCT) a collaboré au projet

pour mettre sur pied un conseil éducatif et une campagne de dépistage pendant la longue semaine coopérative

organisée par la FCT dans le cadre de la

célébration de la Journée internationale

des coopératives dans la région de Mtwa-

ra.

Environ 414 personnes de la région et

provenant des communautés environnan-

tes ont écouté les conseils et passé le test

de dépistage du HIV. 16 de ces 414 per-

sonnes (3,8%) se sont révélées positi-

ves : 10 femmes et 6 hommes. Ces per-

sonnes ont reçu des conseils et d’autres

informations jugées importantes pour

elles. Des brochures et d'autres matériels

éducatifs ont été distribués en soulignant

l'importance pour les personnes recon-

nues positives de s’adresser aux clini-

ques/hôpitaux pour le suivi. ◊

Le mouvement coopératif africain fait campagne selon l’agenda prioritaire de l'OIT

Promotion au sein des coopératives membres de "Connaître votre statut HIV”

Par TFC, la Fédération tanzanienne des coopératives

C

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A M É R I Q U E D U N O R D

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a journaliste Naomi Klein et le ci-néaste Avi Lewis, les Canadiens

qui ont réalisé en 2004 le film “The Take” (la prise de contrôle de leurs usi-nes par des ouvriers argentins), ont récemment écrit et mis en ligne sur leur blog un article intitulé : "Le remède contre les licenciements : Virer le Pa-tron!" (http://www.naomiklein.org/articles/2009/05/cur e-layoffs-fire-boss.) Ils y plaident avec passion pour les prises de contrôle “hostiles” d’entre-prises par les travailleurs comme ré-ponse à la crise économique. Bien qu'ils mentionnent de façon générale les coo-pératives de travail associé, ils concen-trent principalement leur attention sur les manifestations, les séquestrations de patrons, les grèves sur le tas et d'autres évènements du même genre.

En réponse, le professeur de philoso-phie Joseph Heath a rédigé un avis qui a paru dans au moins quatre quotidiens canadiens : « Économie pour gauchis-tes : les coopératives semblent géniales si vous détestez les grandes sociétés. Mais elles ne sont pas si géniales que cela si vous vous intéressez à la ma-nière dont elles fonctionnent dans la vie réelle »: http://www.ottawacitizen.com/Business/Economic s+lefties/1633305/story.html.

Le professeur Heath déclare, « Je dois admettre que Klein et Lewis m’affolent un peu. … Ils trouvent l’origine des pro-blèmes dans des causes totalement factices et préconisent ensuite des solu-tions dont on peut être certain qu’elles ne fonctionneront pas. Comme les coo-pératives. … Les coopératives ne sont pas “un remède contre les licencie-ments”. Elles provoquent le chômage ».

Gandhi a dit : « D'abord ils vous igno-rent, ensuite ils vous ridiculisent, après ils se battent contre vous, et alors vous gagnez ». A en croire cela, nous som-mes aux 3/4 de ce chemin! Bien sûr à la manière coopérative, si nous ga-gnons, tout le monde gagne. En pre-mier lieu, il conviendrait d’abandonner l’idée de gagnants et de perdants. Il s’agit de créer une économie dans la-quelle les personnes importent plus que les bénéfices; et dans laquelle nous créons un environnement où les per-sonnes peuvent découvrir les bienfaits qu'elles apportent à ce monde et peu-vent les développer et contribuer à l'in-

térêt commun.

Il y eut une réaction féroce au texte de Heath de la part des coopérateurs cana-diens qui adressèrent au rédacteur de nombreuses lettres qui réfutaient cha-que point.

Vous pouvez lire certaines de ces lettres imprimées comme des commentaires sur le site d’Ottawacitizen (voir le lien ci-dessus); et aussi ici http://www.ottawacitizen.com/Business/topic.ht ml ? T=Person*q=Joseph+Heath.

Malheureusement, Naomi Klein et Avi Lewis n'ont pas inclus de commentaires dans leur blog sur la portée complète du mouvement des coopératives de travail associé qui a surgi dans le monde entier. En Europe, par exemple, il y a environ 50 000 coopératives de travail associé avec plus de 1,4 million de travailleurs-copropriétaires-. De nombreuses sont des entreprises manu-facturières. Dans la région autour de Mondragon, en Espagne, où l'économie est basée sur des coopératives de tra-vail associé, le chômage est inférieur à ce que l’on trouve dans d'autres régions d'Espagne.

CICOPA note que "Rien qu’en France, en 2007, on notait 70 cas de transfert d’entreprise à leurs employés". Le Par-lement européen a récemment passé une résolution en faveur de l’économie sociale qui soutient les transferts d’en-treprises aux coopératives avec 580 votes contre 27 et 44 abstentions. Le succès des coopératives de travail asso-cié, particulièrement en Europe démon-tre le grand potentiel qui existe pour les travailleurs d’Amérique du Nord.

Au Canada, une collaboration passion-nante se poursuit entre les coopératives de travail associé et les mouvements syndicaux comme annoncé dans la pre-mière publication de Work Together (www.coopzone.coop/worker, p. 14). Des efforts semblables sont en cours aux Etats-Unis, avec l’organisation d’une conférence sur la solidarité de travail et les coopératives prévue pour début août, 2009 (www.east.usworker.coop).

Avi Lewis a été très positif et a parlé au Congrès de l’Association coopérative canadienne il y a plusieurs années. Il a

déclaré : « Les personnes sont absolu-ment avides d'alternatives à notre sys-tème brisé. Mais ils ne les obtiennent pas - ils NE les CONNAISSENT PAS - et c'est là où les coopérateurs vont soit saisir le moment, ou regarderont l'his-toire nous ignorer. … C’est, après tout, quand le marché échoue que les coopé-ratives sont historiquement venues au sauvetage des communautés, des sec-teurs économiques, des modes entiers de vie même. C’est à la fois un défi majeur et une énorme opportunité pour vous les coopérateurs canadiens. Ces sites de résistance créatrice, de lutte urgente et la coopération profonde ne sont pas assez bien mis en avant. Ils devraient l’être ».

Nous ne devons pas seulement réparer le système économique, mais le rem-placer par un autre, celui de la coopéra-tion dont le but fondamental est de répondre aux besoins humains. Le temps est venu pour ceux qui partagent une croyance dans les valeurs coopéra-tives d’agir de concert pour un change-ment positif. Il y a certainement une façon d'écrire cette histoire pour que le mouvement des coopératives de travail associé (et le mouvement coopératif tout entier) soit soutenu comme la ré-ponse nécessaire à la crise économique mondiale - cela peut être non seule-ment une bonne histoire, mais aussi une grande histoire.

Naomi Klein et Avi Lewis parlent et écri-vent avec passion et éloquence. Nous avons besoin de leurs voix dans l'appui du mouvement coopératif incluant les collaborations de coopératives de travail associé naissantes en Amérique du Nord. Nous avons besoin de leur in-fluence pour amener d'autres voix à l'appui de la cause - particulièrement au moment où les médias contrôlés par les grandes entreprises répandent des pro-pos fallacieux et des informations néga-tives sur les coopératives de travail associé et plus largement sur les mou-vements coopératifs. Nous avons l’op-portunité de donner un nouvel élan par les voix des commentateurs sociaux bien établis à travers l’action concrète des activistes sur le terrain. Alors, en effet, nous pourrons dépasser les 3/4 de la voie, définie par Gandhi, et sur-monter notre système économique bri-sé ! ◊

Canada

Virer le Patron ! La seule voie pour le travail associé et un nouveau chemin coopératif Par Hazel Corcoran, CFWC

L

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A S I E

La célébration du 70ème anni-

versaire d’ICCIC s’est déroulée

le 29 juin à Beijing dans le Mee-

ting Hall de l’ancienne résidence

de Soong Ching Ling. ICCIC est

le Comité international pour la

promotion des coopératives in-

dustrielles chinoises.

ichael Crook, vice-président d'ICCIC, a prononcé le discours

inaugural de la cérémonie. Il a ac-cueilli tous les distingués invités et a brossé une courte rétrospective his-torique de l'organisation. Il a dit qu'il attendait avec impatience une nou-velle ère d'ICCIC ayant pour mission de favoriser l'établissement et le déve-loppement des coopératives en Chine.

Parmi les participants étaient présents : Karen Carlson Loving, la petite-fille du lieutenant-colonel Evans Carlson du Corps des Marines américains et quelques membres des commandos de Carlson. Carlson était un militaire attaché à l'ambassade américaine en Chine à la fin des années 30. Il choisit "Gung Ho" comme devise pour son bataillon d'élite. À la fin de 1942, cette devise était largement adoptée dans tout le Corps des Marines comme l’expression d’un état d'esprit et d’une attitude volontariste : « on peut le faire ».

Pendant la cérémonie, tous les invités ont chanté en chœur l'hymne national de la République Populaire de Chine et les invités des Etats-Unis ont chanté l'hymne du Corps des Marines.

A la cérémonie, les commandos de Carlson ont été présentés avec une bannière en soie pour leur dévouement à pro-pager l'esprit Gung Ho et la devise "Travaillons dur et travaillons ensemble."

Carl Worker, l'Ambassadeur de la Nouvelle-Zélande en Chine; Isabel Crook, un consultant pour l'ICCIC; Tang Wens-heng, vice-président de la fondation chinoise Soong Ching Ling et Xie Yuan, le Directeur de l'Association du Peuple Chinois d'amitié avec les pays étrangers, ont assisté à la cérémonie de célébration. ◊

Chine

La célébration du 70ème anniversaire d’ICCIC à Beijing Par Du Yintang, ICCIC - Gung Ho

PHOTO: ICCIC

Rétrospective: l'histoire d'ICCIC et Gung Ho

Le mouvement Gung Ho a été créé en 1937 à Shanghai par le néo-zélandais Rewi Alley et quelques autres étrangers avec un groupe de patriotes chinois comme mouvement de résistance industriel contre les japonais qui bombardaient systématique-ment les usines de Shanghai pour mettre l’économie chinoise sur les genoux.

Le mouvement, développé dans plusieurs provinces de l’arrière-pays chinois, produisait des marchandises civiles absolument nécessaires ainsi que des fournitures pour l'armée chinoise. À son apogée, au début des années 40, le mouvement a compté plus de 3000 coopératives à travers le pays. Pour gagner l'appui de l'étranger, rassembler des fonds pour le développement et assurer l'utilisation appropriée de l’aide étrangère, le Comité international pour la promotion des coopératives industrielles chinoises (ICCIC) a été fondé à Hong-Kong en janvier 1939.

Le travail du comité a bientôt gagné l'appui de la diaspora chinoise et de sympathisants du monde entier. Un fort mouvement de solidarité avec Gung Ho s’est alors développé, en particulier aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Le mouvement a aussi compris des institutions de formation, qui se regroupèrent en 1944 à Shandan (dans la province du Gansu) et où les enfants des membres des coopératives et les orphelins de guerre recevaient une for-mation dans différentes techniques industrielles.

ICCIC a suspendu son travail en 1952 et l'a repris en 1987. Depuis lors, ICCIC a soutenu un grand nombre de coopératives dans différentes provinces chinoises pour la formation aux principes coopératifs, l'amélioration de l’environnement et l'allége-ment de la pauvreté.

Le succès des projets d'ICCIC a renforcé ses liens avec d'autres organisations coopératives en Chine et à l'étranger.

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Si vous avez des questions, des suggestions, des critiques concernant « Travailler ensemble », n’hésitez pas à nous écrire à l’adresse [email protected]

La conférence sur le rôle accru des coopératives dans le redressement de la crise économique était

organisée par l’ACI Asie-Pacifique en collaboration avec la Ligue coopérative de Thaïlande et la In-

dian Farmers Fertilizer Cooperative avec pour objectif de créer une vision partagée sur la portée et le

rôle des coopératives dans la crise économique mondiale afin d'inventer une stratégie commune pour

repositionner les coopératives comme une importante alternative.

75 représentants de coopératives et de gou-vernements de 16 pays de la région Asie-Pacifique ont assisté à la conférence.

Des présentations thématiques faites par des experts de l’ACI (le Directeur général de l’ACI et le Secrétaire général de CICOPA) et les hauts responsables d’ organisations coo-pératives couronnées de succès comme NACF, IFFCO, JCCU, SNCF, AACCU, CPD et des gouvernements ont servi de bases aux débats. Les présentations se sont concen-trées sur les antécédents impressionnants des coopératives qui avaient mis en prati-que les valeurs coopératives fondamentales.

La conférence sur la portée et le rôle accru des coopératives dans le redressement de la crise économique a dégagé les recommandations suivantes:

1. Les coopératives devraient être adaptées pour se mouvoir à la fois dans les secteurs conventionnels et dans les secteurs non conventionnels innovateurs comme les PME, la santé, l'enseignement, les professions techni-ques, l'environnement, des services communautaires spécifiques et l'infrastructure et la gestion de ressources locales avec une stratégie à moyen ou à long terme vraiment dans l'esprit de l’identité coopérative assurant des contrôles démocratiques et la promotion de réserves indivisibles.

2. Ce serait une grande avancée pour éveiller l’intérêt des gouvernements et, par conséquent, des mesures aux niveaux meso et macro devraient être basées sur un partenariat fort avec les gouvernements à tous les niveaux administratifs complété par une plus grande visibilité et une campagne d'information acérée sur des coopératives fières de leur caractère raisonnable et de leurs origines modestes.

3. Les représentants gouvernementaux doivent parler énergiquement des avantages coopératifs à l'Assemblée de l'ONU et l’ACI devrait être utilisée pour coordonner le lobbying au niveau mondial et la gestion de réseaux avec des membres de l’ACI, des organisations internationales multilatérales et le système des Nations Unies.

4. Les coopératives sont des entreprises basées sur la communauté. Par conséquent, elles doivent être prioritai-res autant au niveau local que mondial pour répondre aux préoccupations mondiales telles que les OMD de l’O-NU, le réchauffement climatique, le SIDA, etc. en collaboration avec d’autres acteurs dans ce domaine. ◊

Asie-Pacifique

Mettre en avant le rôle des coopératives dans le redressement de la crise économique

Conférence des 2, 3 et 4 juillet 2009 à Bangkok

Par Rajiv I.-D. Mehta, directeur adjoint régional, ACI Asie-Pacifique

Travailler ensemble est une publication commune de CICOPA et CECOP-CICOPA Europe éditée en français, anglais et espagnol - © CICOPA 2009