trajec67 n°87-janvier2003-p.28-29[ca bas-rhin]

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En 2002, une série d’expéri- mentations a été menée par les Chambres Agriculture 67 et 68 sur des maïs grain après engrais verts semés à la fin août. Ces essais ont été comparés avec le comportement d’un maïs en situa- tion de sol nu durant l’automne précédent. Les essais ont été labourés en décembre, après un broyage préalable des couverts. Les résultats ci-après sont issus des essais de : • DUPPIGHEIM : maïs après pommes de terre • STOTZHEIM : maïs après tabac Burley • GRIESHEIM-SUR-SOUFFEL : maïs après tabac brun • PRINTZHEIM : maïs après blé et lisier de porcs • SOULTZ (68) : maïs après blé. Effet des espèces sur le rendement du maïs grain D’un point de vue général sur les cinq essais, la moutarde blanche est l’espèce qui montre l’effet sur le rendement le plus marqué sur le maïs semé après la culture intermé- diaire : sur les 17 modalités testées, on gagne 5 q/ha, toutes doses d’azote confondues (111 q/ha en moyenne contre 106 q/ha pour le témoin en sol nu). La seconde espèce à fournir un effet intéressant sur le rendement est le trèfle incarnat. Son effet est important sur les parcelles avec céréales à paille (+ 19 q sur deux essais) ainsi que sur les “cul- tures spéciales” (+ 7 q sur trois essais). Le trèfle permet d’amélio- rer le rendement de 4 q comparé au sol nu (moyenne de 17 modali- tés, tous niveaux d’azote confon- dus). La phacélie ne semble permettre qu’un gain limité de 1 à 2 q/ha, bien moins en moyenne que la moutarde, le trèfle ou le radis. Cette espèce a cependant absorbé beaucoup d’azote durant l’au- tomne 2001, à l’instar du radis. Enfin, le seigle interculture a eu un effet dépressif sur le rende- ment dans trois des cinq essais menés en 2002. Il est dépressif pour le rendement, comme à Printzheim et à Griesheim, mais permet cependant des rende- ments supérieurs aux témoins dans les parcelles sans apport d’azote minéral. Avec des doses croissantes d’en- grais azoté, cet écart de rendement entre les engrais verts et les sols nus se resserre. Pour un maïs fertilisé à plus de 120 unités N/ha, la quan- tité d’azote nitrique apportée est assez conséquente pour générer une préférence dans l’alimentation azotée au détriment de l’azote issu de la minéralisation de l’engrais vert. Dans le cas de figure des précédents “cultures spéciales” (pommes de terre et tabacs), c’est- à-dire dans des situations sans paille enfouie, ni chaume, les cou- verts intermédiaires permettent un rendement légèrement supérieur avec les moutardes, trèfles et radis. La moutarde permet, en particu- lier sur la moyenne des trois essais (après tabac ou pommes de terre), de gagner cinq quintaux sur le maïs qui suit, à des doses d’azote de 110 ou 150 unités/ha (114 q contre 109 q/ha pour le sol nu à l’automne 2001). Les rendements du maïs grain fertilisé à l’optimum sont en géné- ral plus élevés avec le trèfle et la phacélie, voire un peu le radis. Les intercultures n’ont par conséquent pas eu d’effet négatif sur le rende- ment du maïs qui a suivi. Quel niveau de fourniture en azote après engrais vert ? Les fournitures en azote du sol mesurées début septembre sont plus élevées avec une moutarde qu’en situation de sol nu à l’au- tomne précédant la culture du maïs (en moyenne de 30 unités/ha dans quatre cas 28 Les effets d’un engrais vert sur le maïs Techniques culturales : S.U.A.D. Cultures Intermédiaires Quelques chiffres… Nombre de sites expérimentaux pour lesquels les effets des engrais verts ont été plus bénéfiques au rendement du maïs grain comparé à un sol nu à l’automne : Moutarde : 2 sur 5 Trèfle incarnat : 3 sur 5 Phacélie : 3 sur 4 Radis fourrager : 3 sur 5 Seigle forestier : 2 sur 5 Quelques chiffres… Nombre de sites expérimentaux où les fournitures en azote pour le maïs sont plus élevées après un semis d’engrais vert comparé à un sol nu à l’automne : Moutarde : 4 sur 5 Radis : 3 sur 5 Trèfle : 2 sur 5 Phacélie : 1 sur 5 Seigle : 1 sur 5 Trajectoires 67 / N°87 Janvier 2003

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Page 1: Trajec67 n°87-janvier2003-p.28-29[ca bas-rhin]

En 2002, une série d’expéri-mentations a été menée par lesChambres Agriculture 67 et 68sur des maïs grain après engraisverts semés à la fin août. Cesessais ont été comparés avec lecomportement d’un maïs en situa-tion de sol nu durant l’automneprécédent. Les essais ont étélabourés en décembre, après unbroyage préalable des couverts.

Les résultats ci-après sont issusdes essais de :• DUPPIGHEIM : maïs après

pommes de terre• STOTZHEIM : maïs après tabac

Burley• GRIESHEIM-SUR-SOUFFEL :

maïs après tabac brun• PRINTZHEIM : maïs après blé et

lisier de porcs• SOULTZ (68) : maïs après blé.

Effet des espèces sur le rendement du maïs grain

D’un point de vue général sur lescinq essais, la moutarde blanche

est l’espèce qui montre l’effet sur lerendement le plus marqué sur lemaïs semé après la culture intermé-diaire : sur les 17 modalités testées,on gagne 5 q/ha, toutes dosesd’azote confondues (111 q/ha enmoyenne contre 106 q/ha pour letémoin en sol nu).

La seconde espèce à fournir uneffet intéressant sur le rendementest le trèfle incarnat. Son effet estimportant sur les parcelles aveccéréales à paille (+ 19 q surdeux essais) ainsi que sur les “cul-tures spéciales” (+ 7 q sur troisessais). Le trèfle permet d’amélio-rer le rendement de 4 q comparéau sol nu (moyenne de 17 modali-tés, tous niveaux d’azote confon-dus).

La phacélie ne semble permettrequ’un gain limité de 1 à 2 q/ha,bien moins en moyenne que lamoutarde, le trèfle ou le radis.Cette espèce a cependant absorbébeaucoup d’azote durant l’au-tomne 2001, à l’instar du radis.

Enfin, le seigle interculture a euun effet dépressif sur le rende-ment dans trois des cinq essaismenés en 2002. Il est dépressifpour le rendement, comme àPrintzheim et à Griesheim, maispermet cependant des rende-ments supérieurs aux témoinsdans les parcelles sans apportd’azote minéral.

Avec des doses croissantes d’en-grais azoté, cet écart de rendemententre les engrais verts et les sols nusse resserre. Pour un maïs fertilisé àplus de 120 unités N/ha, la quan-tité d’azote nitrique apportée estassez conséquente pour générerune préférence dans l’alimentationazotée au détriment de l’azote issude la minéralisation de l’engraisvert.

Dans le cas de figure des précédents “cultures spéciales”(pommes de terre et tabacs), c’est-à-dire dans des situations sanspaille enfouie, ni chaume, les cou-verts intermédiaires permettent un

rendement légèrement supérieuravec les moutardes, trèfles et radis.

La moutarde permet, en particu-lier sur la moyenne des trois essais(après tabac ou pommes de terre),de gagner cinq quintaux sur lemaïs qui suit, à des doses d’azotede 110 ou 150 unités/ha (114 qcontre 109 q/ha pour le sol nu àl’automne 2001).

Les rendements du maïs grainfertilisé à l’optimum sont en géné-ral plus élevés avec le trèfle et laphacélie, voire un peu le radis. Lesintercultures n’ont par conséquentpas eu d’effet négatif sur le rende-ment du maïs qui a suivi.

Quel niveau de fourniture en azote après engrais vert ?

Les fournitures en azote du solmesurées début septembre sontplus élevées avec une moutardequ’en situation de sol nu à l’au-tomne précédant la culture dumaïs (en moyenne de30 unités/ha dans quatre cas

28

Les effets d’un engrais vert sur le maïs

Techniques culturales : S.U.A.D.

CulturesIntermédiaires

Quelques chiffres…Nombre de sites expérimentaux pour lesquels les effets des engrais

verts ont été plus bénéfiques au rendement du maïs grain comparé àun sol nu à l’automne :

Moutarde : 2 sur 5Trèfle incarnat : 3 sur 5Phacélie : 3 sur 4Radis fourrager : 3 sur 5Seigle forestier : 2 sur 5

Quelques chiffres…Nombre de sites expérimentaux où les fournitures en azote pour le

maïs sont plus élevées après un semis d’engrais vert comparé à unsol nu à l’automne :

Moutarde : 4 sur 5Radis : 3 sur 5Trèfle : 2 sur 5Phacélie : 1 sur 5Seigle : 1 sur 5

Trajectoires 67 / N°87 Janvier 2003

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expérimentaux sur cinq). Cepen-dant, le couvert peut générer desfournitures en azote inférieures àla variante en sol nu, comme ce futle cas du seigle dans ces essais ; lesrésidus en décomposition créantune “faim d’azote” temporaire surles maïs avant la floraison.

Le classement des effets“cultures intermédiaires”

Dans les essais de 2002,l’azote disponible est en généralplus élevée avec un précédentmoutarde comparé au témoin solnu. Cet écart est un peu moinsimportant avec le trèfle et leradis.

On note également dans cesessais que les rendements du maïsgrain sans fumure minérale azo-tée ont tendance à être plus élevésavec un précédent moutarde outrèfle et dans une moindre mesureavec le seigle.

Les engrais verts ne déprécient pas les rendements du maïs grain

Il est intéressant de noter qu’uneculture intermédiaire présentedurant l’automne qui précède lemaïs, n’a pas d’effet négatif sur lerendement en grain, sauf parfois

avec les seigles. Ces seigles inter-cultures non broyés, forment eneffet de la matière verte trop basseau sol pour être bien détruite aubroyeur. On peut cependant rele-ver que la parcelle de seigleenfouie avec un double passage dechisel avant labour a, au contraire,

eu un effet positif sur le rendement.Sur les rendements de maïs grain

sans fumure minérale, on ne notepas d’effet négatif des couverts en2002. Bien au contraire, c’est enl’absence de fumure minérale quel’effet “engrais vert” est le plusmarqué.

29Techniques culturales : S.U.A.D.

Phacélie à 10 kg/ha après tabac Burley.

Essai maïs après engrais vertchez Gérard Kœnig - Stotzheim - 2002

Rend

emen

t à 1

5 %

(q/h

a)

0 N 40 N 80 N 120 N

MoutardePhacélieRadis

SeigleTrèflesol nu après tabac Burley

135

130

125

120

115

110

105

100

95

90

85

80

75

70

65Dose d’azote (u/ha)

CulturesIntermédiaires

Le seigleinterculture semé

à 30 kg/ha a poussé

presque aussi viteque la moutarde

au cours des30 premiers jours.

Trajectoires 67 / N°87 Janvier 2003