traduction (hébreu) par stéphanie amar du texte de nadav shragai, "les dangers de la division de...

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Nadav Shragaï (*) Il y a environ 14 ans j'accompagnai un groupe d'étudiants en archéologie de l'université Bar Ilan dans la vallée du Cédron à Jérusalem afin d'essayer de sauver un peu du passé juif et des antiquités que le Waqf avait déposés là-bas avec des tonnes de terre à la suite d’excavations sur le Mont du Temple. Je me souviens qu'alors, le directeur de l'Autorité des antiquités israélienne, dont le rôle officiel l'empêchait d'agir sur le Mont du Temple, évoqua "un crime archéologique". Le conseiller juridique du gouvernement de l'époque, Elyakim Rubinstein qualifia les agissements du Waqf "de coup de pied dans l'histoire du peuple juif". Mais je me rappelle tout particulièrement qu'un imposant représentant du Waqf s'est soudain dressé du haut d'un tas de terre que les musulmans avaient charrié depuis le Mont du Temple en nous criant avec une grande mais très authentique colère :"vous n'avez rien à chercher ici. Tout est musulman". Il ajouta : "nous vous chasserons d'ici comme nous avons chassé les Croisés". Cet évènement est gravé dans ma mémoire car il porte en lui-même les plans sur lequel le conflit au sujet de Jérusalem s'est déroulé ces dernières années : ce que l’on perçoit et le domaine concret qui s'en nourrit. * En tant que journaliste et en tant que chercheur sur la question de Jérusalem depuis 30 ans je vais consacrer la majeure partie de mon propos à la réalité physique contemporaine, aux réalités que chaque partie au conflit sur Jérusalem a imposées dans la ville. Je m'étendrai ensuite sur les conséquences fâcheuses qui découleraient 1

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Traduction (hébreu) par Stéphanie Amar du texte de Nadav Shragai, "Les dangers de la division de Jérusalem, l'état des lieux", Revue Controverses n°17

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Nadav Shraga (*)Il y a environ 14 ans j'accompagnai un groupe d'tudiants en archologie de l'universit Bar Ilan dans la valle du Cdron Jrusalem afin d'essayer de sauver un peu du pass juif et des antiquits que le Waqf avait dposs l-bas avec des tonnes de terre la suite dexcavations sur le Mont du Temple. Je me souviens qu'alors, le directeur de l'Autorit des antiquits isralienne, dont le rle officiel l'empchait d'agir sur le Mont du Temple, voqua "un crime archologique". Le conseiller juridique du gouvernement de l'poque, Elyakim Rubinstein qualifia les agissements du Waqf "de coup de pied dans l'histoire du peuple juif". Mais je me rappelle tout particulirement qu'un imposant reprsentant du Waqf s'est soudain dress du haut d'un tas de terre que les musulmans avaient charri depuis le Mont du Temple en nous criant avec une grande mais trs authentique colre :"vous n'avez rien chercher ici. Tout est musulman". Il ajouta : "nous vous chasserons d'ici comme nous avons chass les Croiss". Cet vnement est grav dans ma mmoire car il porte en lui-mme les plans sur lequel le conflit au sujet de Jrusalem s'est droul ces dernires annes : ce que lon peroit et le domaine concret qui s'en nourrit.*

En tant que journaliste et en tant que chercheur sur la question de Jrusalem depuis 30 ans je vais consacrer la majeure partie de mon propos la ralit physique contemporaine, aux ralits que chaque partie au conflit sur Jrusalem a imposes dans la ville. Je m'tendrai ensuite sur les consquences fcheuses qui dcouleraient d'un partage de la ville. Mais pour commencer je consacrerai quelques mots la faon dont on peroit les choses.

Je ne ferai pas cela en tant qu'observateur lointain, moi aussi ma perception est vicie, en tant que juif et en tant qu'habitant de Jrusalem. Mais je m'en tiendrai aux faits historiques. Sans Jrusalem, le droit du peuple juif sur la terre d'Isral est invalide, au taux de 100%. Mon grand-pre, Schlomo Zalman Shraga, qui fut le premier maire juif lu de Jrusalem aprs l'indpendance du pays, avait coutume de dcrire le lien entre le peuple juif et Jrusalem comme la relation entre un fils unique et sa mre. Menahem Begin avait l'habitude de dire que ce nest pas le peuple d'Isral qui a gard Jrusalem, mais, bien davantage, la ville qui a gard le peuple juif. De fait, au cours des 2000 dernires annes, depuis la destruction du Second Temple, Jrusalem a vritablement dfini l'identit juive, a constitu le ciment du peuple juif dispers. Jrusalem a incarn lidal de justice qui est en arrire-plan de la revendication du peuple juif sur la terre d'Isral. La saintet de la ville et le souvenir de sa splendeur taient entremls dans presque chaque fte et crmonie religieuse des juifs disperss de par le monde. Le matin, l'aprs-midi et le soir : l'office de sha'harit, de minha et d'arvit, dans les moments de joie et dans les priodes de deuil. L'auteur de la "Tikva", Naftali Hertz Imber a exprim cette nostalgie des gnrations pour Jrusalem et dans les neuf couplets du chant original, la ville est rappele huit fois. Lorsqu'il reu le prix Nobel, l'crivain Sha Agnon dclara quen dpit de la catastrophe historique de la destruction de Jrusalem il naquit dans une petite ville de la Diaspora, il s'tait toujours considr comme tant n Jrusalem. Des gnrations de juifs ont rv, chant, pri et se sont languis de Jrusalem.Voil rapidement, comment la conscience juive peroit Jrusalem.Dans la conscience musulmane, le statut de la ville s'est fix seulement au 8me sicle de l're courante, environ 700 ans aprs la destruction du Second Temple et environ 1800 ans aprs la construction du Premier Temple par le roi Salomon. Ce n'est qu'au 7me sicle que la mosque Al Aqsa et le Dme du Rocher ont t rigs l'initiative et avec le soutien des califes Omyyades. Ces deux btiments magnifiques constituaient une partie d'un ensemble de trouvailles destines transformer la ville en centre politico-religieux. Paralllement, des traditions de louanges de Jrusalem ont t dveloppes et rpandues. Selon la soura 17, verset 1 du Coran, la tradition principale raconte les voyages nocturnes du prophte Mohamed de la Mecque la moque "kitson" et sa monte au ciel. Des traditions plus rcentes ont identifi la mosque "kitson", suppose destination du prophte, chevauchant une monture surnaturelle El bouraq cette fameuse nuit, comme tant la mosque Al Aqsa situe Jrusalem.Voil rapidement, ce que reprsente Jrusalem dans la conscience musulmane.Contrairement la relation juive continue au lien permanent que les Juifs entretiennent avec Jrusalem, par le pass, la ville n'a presque rempli aucun rle dans la vie politique et culturelle des arabes. Damas, Bagdad, le Caire oui. Jrusalem, non. Au fil du temps, Jrusalem n'a t la capitale d'aucun peuple hormis les juifs. Ce n'est que lorsque la ville est tombe entre les mains de matres non musulmans, qu'il s'agisse des Croiss chrtiens au dbut du premier millnaire ou des juifs la fin de celui-ci, que les musulmans ont propuls Jrusalem du statut de symbole religieux, d'importance secondaire, celui de symbole national religieux de premire importance.L'Etat d'Isral a pris en grande considration les sentiments musulmans envers Jrusalem. Isral, en renonant exercer son droit laisser les juifs prier sur le Mont du Temple qui est comme on le sait l'endroit le plus saint du judasme et seulement le troisime par ordre d'importance - aprs la Mecque et Mdine - pour la religion musulmane, a effectu la plus grande renonciation d'une religion envers une autre depuis toujours. Par comparaison, les Musulmans ont considr avec beaucoup de ddain le sentiment juif envers Jrusalem et n'ont jamais su apprcier la renonciation incroyable de l'Etat des juifs sur le Mont du Temple. Au fil du temps, ils ont abus du geste isralien. Ils ont endommag le caractre antique du Mont, en violation de la loi, ils ont estomp et effac les restes du pass juif et les traces des autres poques. Ils ont consacr, sans autorisation, deux mosques souterraines neuves : Al Aqsa l'ancienne sous la mosque Al Aqsa bien connue et Ourvat Shlomo dans le coin sud-est du Mont du Temple. Ces dernires annes, ils ont ni l'existence du Temple juif, et l'ont surnomm "Al Mezaoum" ce qui signifie "le prtentieux" ou "le trompeur". Ils dbitent de fausses accusations contre Isral et accusent ses institutions de comploter pour faire s'crouler la mosque Al Aqsa afin de construire sa place le Troisime Temple. En outre, ils rcrivent l'histoire, font prcder l'poque des juifs Jrusalem par la leur. Le nouveau narratif musulman considre que la mosque Al Aqsa a t construite par Abraham il y a 4000 ans. Il nie mme le lien juif la ville et sa saintet. Ceci est en contradiction avec les apports de la recherche moderne et avec ce qui tait crit dans les livres musulmans eux-mmes pendant des centaines d'annes. Ces quelques phrases sur la perception juive et musulmane de Jrusalem constituent un court examen d'entre obligatoire avant de descendre sur le terrain. Sur le Mont du Temple, dont les juifs comme les musulmans nourrissent leur conception de Jrusalem, les Palestiniens nont eu de cesse dobtenir gain de cause. La proprit d'Isral sur le Mont du Temple est dans une grande mesure virtuelle. Le Mont du Temple n'est pas nous. Les lois israliennes d'amnagement, de construction et celles relatives aux antiquits n'y sont pas appliques. Toutes les actions significatives en son sein sont coordonnes aujourd'hui avec la Jordanie. Par comparaison, Isral a russi faire du Mur occidental le lieu principal de prire pour le peuple juif du pays et de la diaspora, ddiant pour cela une esplanade de grande dimension ses pieds. Isral a mme mis nu ses couches infrieures sur toute sa longueur de 488 mtres, soit bien au-del des 57 mtres qui s'lvent au-dessus de l'espace dcouvert.

Cette "galit" dans le domaine des lieux saints est confortable pour Isral. Elle est rendue possible car elle est impose, informelle et non crite. Les musulmans ne renonceront jamais au Mur occidental. Les juifs ne renonceront jamais au Mont du Temple.Le grand combat se droule sur une surface de 710 000 mtres carrs qu'Isral a annexe Jrusalem quand les deux parties, l'isralienne et la jordanienne, de la ville ont t runifies il y a 44 ans. Nous n'allons pas esquisser ici les processus dans leur intgralit et nous nous concentrerons uniquement sur le rsultat. Actuellement on peut diviser ces 710 000 mtres carrs en trois zones. La premire zone de quelques dizaines de milliers de mtres carrs se trouve principalement dans le nord de la ville. Cette zone en a t en fait exclue aprs l'dification par Isral de la barrire de scurit, destine endiguer la vague terroriste trs dure du dbut des annes 2000, dans le primtre municipal de Jrusalem. De facto, des endroits, comme le camp de rfugis de Shouafat et kfar Ekev, principalement au nord de Jrusalem, ont t sortis du primtre municipal. Dans cette zone qui est formellement sous souverainet isralienne, la police palestinienne et d'autres lments de l'excutif palestinien exercent une autorit de fait, en accord avec l'Etat d'Isral.La deuxime zone, qui tait inhabite en 1967, s'tend sur 300 000 mtres carrs et est habite depuis les 44 dernires annes par environ 200 000 juifs rsidant dans 11 grands quartiers. Le monde entier y voit peut-tre des "colonies" mais selon les critres israliens ce sont de petites villes dont la superficie moyenne est en moyenne 10 fois suprieure la superficie moyenne d'une implantation de Jude-Samarie. Ils sont devenus un lment indissociable de la structure urbaine de Jrusalem la juive.La troisime zone d'environ 350 000 mtres carrs est peuple d'approximativement 270 000 arabes et contient quelques petits lots juifs, de minuscules points de peuplement fonds principalement par des militants dont l'objectif clairement affirm est d'viter la partition de la ville. La plupart de ces lots sont des lieux chargs d'histoire pour le peuple juif, comme la Cit de David prs de Silwann ou les avant-postes prs du tombeau de Shimon le Juste, le Mont des Oliviers ou la Vieille ville de Jrusalem. Dans cette zone, Isral tabli une prsence institutionnelle impressionnante : il a restaur et agrandi l'Universit hbraque et l'hpital Hadassa Har Tsofim qui furent spars de Jrusalem en 1948 ainsi que le cimetire du Mont des Oliviers. Il a construit le quartier des ministres Sheikh Jerrah, il a cr une enfilade de jardins publics, de routes, d'htels, d'institutions publiques mais s'est abstenu de construire des immeubles d'habitation pour les juifs dans ces zones avec une exception : le quartier juif de la Vieille ville dtruit en 1948 et restaure aprs 1967. Ses habitants juifs constituent actuellement moins de 10 % de la population de la Vieille ville.

Les Palestiniens imposent galement leur ralit. Depuis 1967, la population juive a cr de 150 % quand dans le mme temps la population arabe a augment de 291%. La raison de ce foss norme est double. Le taux de natalit lev chez les arabes et le grand nombre de juifs, environ 18 000 chaque anne, qui quitte Jrusalem pour deux raisons principales : le manque de logements et le manque d'emploi. L'quilibre dmographique global entre juifs et arabes dans tout Jrusalem penche en faveur de la partie juive mais avec les annes la majorit juive va en s'amenuisant. Il y a 44 ans, les juifs reprsentaient 74% Jrusalem mais ils ne sont aujourd'hui que 65% alors que les arabes constituaient seulement 26% de la population lpoque, ils en reprsentent actuellement 35%. Cette tendance dmographique devrait, selon les prvisions, l'emporter mais les constructions d'appartements pour les juifs ont presque totalement cess soit du fait des pressions du gouvernement amricain soit du fait des pressions de toutes sortes d'organisations "vertes". En parallle, les arabes construisent. Depuis 1967 ils ont certes construit moins, en chiffres absolus, que les juifs mais le taux de croissance en nombre de maisons est plus lev de faon significative que le taux de croissance en nombre des maisons construites par les juifs : 233% dans le secteur arabe contre 166% dans le secteur juif.La majorit de la construction d'habitations dans le secteur arabe Jrusalem depuis 1967 est illgale, c'est devenu la norme dans le secteur est de la ville. Les arabes ne sont pas les seuls coupables. La construction illgale est une construction de la misre mais galement de rsistance. Une grande partie tait mthodique, organise, rapide et destine clturer les espaces et empcher des programmes de construction juifs. Dans la majeure partie des cas, ils ont russi. Aujourd'hui, les Palestiniens ne sont pas loin d'avoir interrompu la continuit prvue entre Jrusalem et Maal Adoumim dans le secteur appel E1 ainsi qu'entre les quartiers juifs du nord de Jrusalem et ceux du centre.Depuis les Accords d'Oslo, non pas de faon continue mais avec une puissance renouvele dernirement, les Palestiniens ont grignot la souverainet isralienne Jrusalem-est en mettant en place des forces de scurit, une srie d'institutions civiles et gouvernementales ayant directement ou indirectement un lien avec l'OLP ou avec l'Autorit palestinienne dans plusieurs domaines de la vie quotidienne. Six responsables du Renseignement et de la Scurit palestiniens taient en fonction Jrusalem. Le plus actif tait le service de contre-espionnage de Jibril Rajoub mais il faut galement voquer les Renseignements gnraux palestiniens dirigs par Toufik Tirawi.

Pendant des annes, ces forces de scurit ont empch les arabes de Jrusalem-est de participer aux lections pour le conseil municipal de la ville, ont fait rgner la terreur, ont frapp les gens, ont fait fermer les boutiques, ont remplac par la force les muftis nomms par la Jordanie sur le Mont du Temple par leurs propres mufti. Ils ont investi de l'argent et de grands moyens dans l'dification d'un rseau de collaborateurs dont l'objectif principal tait d'empcher les transactions immobilires destines transfrer des terrains des juifs. Le point d'orgue des oprations contre les vendeurs de terrains fut l'assassinat de plusieurs d'entre eux. Les hommes des services de scurit palestiniens convoquaient des habitants de Jrusalem-est pour enqutes et interrogatoires. Parfois, les gens taient torturs, parfois ils demeuraient emprisonns pendant de longues semaines. "Les comits de pacification" organes de compromis et de conciliation sont devenus une partie de la vie de Jrusalem-est. Pendant des annes l'Orient House a fonctionn Jrusalem, les Palestiniens y menaient une activit politique tendue jusqu' ce que le premier gouvernement Netanyahou la ferme. Un lment supplmentaire de l'activit palestinienne nationale dans le cadre du combat pour Jrusalem concerne les proprits abandonnes en 1948 Jrusalem-ouest. Les Palestiniens ont prpar une liste de 7000 btiments et de terrains habits dj depuis des dizaines d'annes par des juifs, proprits qu'ils entendent rclamer pendant les ngociations. L'Autorit palestinienne a dj encourag des fondations richement dotes dont le rle est de transfrer et de laisser autant de biens immobiliers et de terres que possible dans les mains palestiniennes, notamment dans l'enceinte de la Vieille ville. Au plus fort de l'activisme palestinien Jrusalem-est, cette partie de la ville s'est rapproche de la ralit dun quasi-partage de la souverainet. Ces dernires annes, l'activisme a dcru mais depuis les 24 derniers mois il connait nouveau une phase ascendante. Les dirigeants officiels des deux peuples ont soulign l'objectif et les moyens. David Ben Gourion dclara aprs la guerre des six jours qu'il fallait faire venir des milliers de juifs Jrusalem-est, les y installer, si ncessaire dans des baraquements. A de nombreux points de vue, son rve s'est ralis. Le peuplement isralien de Jrusalem unifie est considr comme un rel retour Sion et sa nature politique est clairement affiche. Le principe qui le conduit tait de faire rsider autant de juifs que possible sur autant de terrains que possible condition toutefois qu'ils soient vides d'arabes. L'objectif national fix tait de conserver un rapport dmographique raisonnable entre les populations arabes et juives. Il s'agissait aussi de confrer le statut de capitale de l'Etat d'Isral la ville.Face cela, l'OLP et l'Autorit palestinienne ont intrigu pour la diffrenciation de Jrusalem-est avec pour but clairement affich d'en faire la capitale du futur Etat palestinien. La premire intifada Jrusalem et la seconde, pendant laquelle le Hamas et l'Autorit palestinienne ont collabor, ont cr en ville, de faon temporaire, une gographie de la peur qui pendant quelques annes a, de facto, divis la ville. Les juifs et les arabes ne frquentaient que leurs fiefs respectifs au cours de ces annes.

Si du ct isralien nous avons rappel les paroles de Ben Gourion au sujet de la construction, il convient donc de mentionner du ct palestinien, les mots de Fayal Husseini, le dernier dirigeant des arabes de Jrusalem-est qui dcrivit la construction : "la construction, y compris sans autorisation est l'action palestinienne la plus importante". Il importe d'voquer le mme Husseini qui disait, en juin 2001, peu de temps avant son dcs, au sujet du processus de pourparlers avec Isral quil sagissait uniquement dune tactique et dun tremplin. Husseini rappela alors le cheval de bois gant que l'arme grecque fit pntrer l'intrieur de Troie, qu'elle assigeait sans succs et conseillait ses amis : "ne perdez pas du temps et de l'nergie dans des discussions pour savoir si ce cheval tait bon tant que vous tes l'intrieur. Au moyen de ce cheval, vous avez pntr l'intrieur des murailles ..." (Fayal Husseini Chefik Ahmed, journaliste "Al Arabi", hebdomadaire gyptien nassriste du 24 janvier 2001).La politique officielle d'Isral a pris, comme l'on sait, un virage complet pendant la confrence de Camp David en 2000. Du refus complet d'voquer Jrusalem, sans mme parler de sa partition, Ehoud Barak est devenu le premier Premier ministre isralien, Olmert tant le second, donner son accord la division de Jrusalem, de la Vieille ville et du Mont du Temple. Ils firent cela sans avoir reu un mandat des lecteurs israliens et, mon avis, en contradiction avec la volont de la majorit du peuple juif en Isral et en diaspora.Dans ma conception des choses, la partition de Jrusalem est inadmissible du point de vue juif, moral, religieux, historique mais je n'entrerai pas ici dans ces considrations.Je vais consacrer mon propos partir d'ici aux dangers concrets de la partition et tenter de vous dcrire le jour d'aprs : quoi ressemblera Jrusalem aprs la division. Ces propos ont t largement diffuss dans une enqute que j'ai publie dans le cadre du Jerusalem Center for Public Affairs (JCPA). J'indiquerai ici trs brivement l'essence des choses avec quatre paramtres principaux : scurit, dmographie, lieux saints et tissu urbain.

Au niveau pratique, mon argument principal contre les partisans de la partition du ct isralien est que de fait leur faon de voir les choses la paix sans Jrusalem ou sans la moiti de Jrusalem - n'est ni profitable ni utile, cause uniquement un dgt immense, une perte et constitue une source de danger. Par consquent, mieux vaut tre sans solution, mieux vaut que le conflit se poursuive. Il est prfrable de continuer vivre avec le problme car tenter de le rsoudre par la partition ne lui donnera que plus de vigueur, loignera la paix, au lieu de la rapprocher. Nous, en Isral, continuons souffrir jusqu' aujourd'hui des accords d'Oslo, qui tentrent de rsoudre les problmes et n'ont fait que les renforcer et les aggraver.Nous ne prsenterons pas ici les cartes de la partition. Nous rappellerons uniquement leurs paramtres connus et principaux : les lieux dans lesquels vivent actuellement des juifs demeureront dans les mains de l'Etat d'Isral. Les lieux dans lesquels vivent aujourd'hui des Palestiniens seront transfrs l'Etat palestinien. La Vieille ville et une partie du "bassin saint" qui l'entoure, y compris le Mont du Temple, deviendront des zones relevant d'un rgime spcifique, sans doute commun, dont la nature n'est pas encore claire. Ce qui est parfaitement clair en revanche, c'est que la souverainet isralienne et son autorit sur cette zone seront trs affaiblies.

En ce qui concerne le profil du partage, il faut tout d'abord prendre en considration qu'aprs la partition, environ 270 000 juifs rsideront dans des quartiers frontaliers. Le long des presque 46 kilomtres de la ligne de partage, une distance de centaines ou de dizaines de mtres les unes des autres, car ce sont les distances entre les maisons juives et arabes, des dizaines de quartiers et de pts de maisons juifs et palestiniens se retrouveront face face, porte des armes lgres, des pierres ou des cocktails Molotov ( Jrusalem, il n'y a pas besoin ni de roquettes Qassam, ni de mortiers). Plusieurs exemples permettent de rendre intelligible la situation : Beit Hanina et Pisgat Zeev nord, Shouafam et Pisgat Zeev-ouest, Issawi en face de l'hpital et de l'Universit hbraque de Har Tsofim, Beit Tsefafa en face de Talpiot etc. Je ne sais pas si ces noms vous parlent mais si vous regardez une carte ou si vous allez sur le terrain vous serez convaincus de la ralit - les maisons se touchent rellement.

Vous rtorquerez peut-tre : ces quartiers sont en effet censs tre transfrs aux Palestiniens en cas d'accord ?

De fait, du point de vue d'Isral ce n'est pas une garantie en matire de scurit.Nous voyons de nos propres yeux ces jours-ci le nouveau Proche-Orient, secou de ci- de l. Mais mme sans ces secousses, nous avons une exprience amre avec les Palestiniens en matire de respects des accords, en particulier dans le domaine scuritaire et surtout Jrusalem.Au niveau scuritaire, l'hypothse selon laquelle, mme aprs un accord, les Palestiniens trouveront des raisons et des motifs pour continuer frapper les juifs de Jrusalem est trs plausible.

Des lments extrmistes, des opposants subversifs, des militants islamistes jusqu'au-boutistes comme le Hamas, le Djihad islamiste, indiquent ds aujourd'hui que l'accord de partition de Jrusalem ne leur sied pas et qu'ils poursuivront leurs tentatives pour nous atteindre. Ils ont dj accs aux armes et en auront encore plus aprs la partition. La tentation sera grande pour eux : une ville divise. Des quartiers juifs porte de main, une distance zro- la tentation s'ajoute la motivation.Il faut se souvenir que selon des sondages organiss sans arrt par les Palestiniens eux-mmes, une partie immense de la masse palestinienne en Jude-Samarie ne renonce pas au Mont du Temple, ni sa partition, ne cde pas l'intgralit du Mur occidental (seuls 57% d'entre eux sont prts dans leur grande bont le donner au peuple juif et Isral). Contrairement ce qu'Al Jazira a publi, nombreux sont ceux qui ne renoncent pas aux quartiers juifs construits par Isral aprs la guerre des Six jours, dans lesquels vivent actuellement 200 000 juifs. Ce sont les faits qui l'emportent parmi leur population, par exemple dans les sondages organiss par le ct palestinien de l'Initiative de Genve. Une partie d'entre eux, nous l'avons relev, ne renonce pas non plus ce qu'ils appellent le droit au retour Jrusalem. De leur point de vue, il n'y a pas une moiti de Jrusalem mais toute la ville.Est-ce que l'autorit palestinienne est capable, veut, a la possibilit d'empcher des incidents violents le long de la ligne de partage qu'ont imagin ces responsables ? Isral a-t-il le droit de prendre sur lui ce type de mise en danger Jrusalem ?

Nous avons Jrusalem une exprience amre et difficile. Il y a quelques annes pas si lointaines, nous avons transmis, dans le cadre d'un accord, Beit Jala, qui touche le quartier de Guilo, l'Autorit palestinienne. Le rsultat : des tirs l'arme lgre et la mitrailleuse jour et nuit pendant des annes vers Guilo. L'Autorit palestinienne non seulement ne faisait rien pour freiner cela mais certains moments prcis a mme particip de faon indirecte, On se souvient que les Israliens taient alors impuissants et la vie des habitants de Guilo se transforma en cauchemar exactement comme dans la ville mridionale de Sdrot il y a deux ans. Nous discutions : "combien protger ?, Si on protge... ?, Faut-il protger ? , Est-il possible et permis d'agir alors qu'en face il y a une population civile, chrtienne, qui plus est ?" Les rsidents de Guilo d'alors comme ceux de Sdrot il y a deux ans voulaient partir mais ne savaient ni comment ni vers quelle destination. Faites un peu marcher votre imagination, prenez l'histoire de Guilo et Beit Jala, reproduisez-la des dizaines d'exemplaires et rpartissez-la le long de la ligne de partage que l'on a tente de nous mitonner. Vous avez un potentiel de dizaines de points de confrontation et de friction partir desquels il devient facile et pratique d'atteindre les habitants des quartiers juifs, parfois de fentre fentre. Quant au degr de motivation des Palestiniens pour nous faire du mal, si nous l'analysons la base, et ici nous ne l'avons fait que rapidement, non seulement il n'est pas bas mais dans des situations et des scnarios donns il devient mme plausible.A l'preuve des faits, dans tous les endroits de la Cisjordanie et de Jrusalem o Tsahal et Isral sont prsents et ont garanti un accs aux renseignements, les attentats sont peu nombreux. Dans tous les endroits vacus par Tsahal et Isral o leur accs aux renseignements est faible ou mme a disparu, les attentats se multiplient. L'exemple classique c'est Bethlhem, proche du sud de Jrusalem dont Tsahal entre et sort sans fin. Il y a une correspondance presque totale entre le nombre d'attaques terroristes que Bethlhem exportait vers Isral quand ce dernier ne s'y trouvait pas avec le nombre d'attentats Jrusalem djous quand Isral y tait prsent.A Jrusalem-est cela peut tre encore plus grave car tout y est proche, entreml, enchevtr. Celui qui s'empresse de transfrer, de se dbarrasser des quartiers-"extrmit" - c'est l'expression habituelle des partisans de la partition - doit comprendre que toute "extrmit" arabe touche l'"extrmit" d'un quartier juif. A Neve Yaacov, Guivat Tsarfatit, l'universit, l'hpital Hadassa Har Tsofim, Har Homa, au centre commercial Malha. Mme le Mont du Temple est "l'extrmit" du Mur occidental, non?

La dmographie la dmographie ou le rapport numrique entre les juifs et les arabes Jrusalem est semble-t-il une des raisons centrales et si ce n'est la principale, partir de laquelle ses dfenseurs en Isral font dcouler la ncessit de la partition. Car que disent les dmographes israliens ? Pour amliorer notre situation dmographique dplorable dans cette ville, o la majorit juive va en diminuant, il faut se sparer des quartiers arabes, les exclure de Jrusalem alors la majorit juive reviendra et crotra tout la fois

Au del du fait que c'est une forme de fuite et non de lutte et il y a des moyens de lutte - je vais tenter d'clairer deux points importants.

Le premier : nous avons dj eu une partition de Jrusalem. La ville a dj t divise une fois en 1948. Des dizaines de quartiers sont alors devenus frontaliers de la Jordanie avec consquence que 25 % de la population juive de Jrusalem la quitta. Un quart des juifs de la ville !Lorsque l'on discutait, et je l'ai fait alors, et mme si on discute aujourd'hui, encore avec les habitants ou avec les dirigeants des centres culturels dans les quartiers qui taient candidats il y a 11 ans, en 2000, pour devenir frontaliers au moment o Ehoud Barak divisa presque Jrusalem, on peut estimer sans difficult qu'un phnomne semblable se droulera mme aprs une nouvelle division. Des quartiers frontaliers, menacs et mme victimes d'attentats et de vols, des quartiers o la valeur des appartements diminue et la population, ou tout au moins une grande partie s'en va, non pas vers un autre endroit de Jrusalem, car il n'y a pas de logement, mais quitte la ville.Alors o se situe ici le gain dmographique ?

Le second point li de faon troite l'humeur et aux prfrences des habitants de Jrusalem-est. Un grand nombre d'entre eux, et la chose a reu une expression dans le dernier sondage organis par le centre amricain Pitcher, disent explicitement, qu'en cas de division, ils dmnageront du ct isralien. Ce n'est videmment pas par conviction sioniste. C'est par amour pour la bonne vie, les allocations des Assurances sociales, de vieillesse, d'invalidit, le service dans les hpitaux, le sentiment de scurit, la dmocratie isralienne, la libert d'expression, l'accs aux lieux de travail. En bref, tous les droits qui dcoulent des cartes de rsident qu'ils possdent. Par ailleurs, leur peur immense et leur grande rpugnance envers le pouvoir de l'Autorit palestinienne qui non seulement ne fournit rien de tout cela mais en plus est, leurs yeux, corrompue, oppressive et anti-dmocratique.Je citerai seulement quelques lignes de Bassam Ad, un Palestinien habitant le camp de rfugis de Shouafam, activiste dans le domaine des droits de l'homme, que l'on ne peut pas souponner de cacher ses orientations nationalistes palestiniennes : "toute la question nationale sort lentement de la conscience de la masse, que ce soit Gaza, en Cisjordanie et videmment Jrusalem. Le patriotisme est important mais le niveau de vie plus encore ... les gens de Jrusalem-est ne cherchent pas une solution mais un niveau de vie. 30 000 d'entre eux ont t encore plus loin que de se contenter d'une carte de rsident, ils ont la citoyennet isralienne. Si le gouvernement ouvrait demain la porte de l'accession la citoyennet, j'estime qu'environ 100 000 personnes se prsenteraient au ministre de l'Intrieur et demanderaient la citoyennet isralienne". Khaled Abou Toama de Jrusalem, journaliste charg des questions arabes au Jerusalem Post ou Youns Awada de Ras Al Amoud et d'autres encore disent des choses semblables. Cependant, nous ne pouvons pas rapporter ici tous leurs propos.

Ce ne sont pas des mots en l'air. La meilleure preuve que les arabes de la ville ne veulent pas de la division, c'est ce qui s'est dj produit ces dernires annes au nord de Jrusalem. Ds lors que la barrire de scurit, qui excluait de fait de la ville des dizaines de milliers de Palestiniens dtenteurs de la carte de rsident bleue, fut rige ; 70 000 Palestiniens ont dmnag du ct isralien de la barrire. Plusieurs milliers se sont aussi infiltrs dans des quartiers juifs comme Pisgat Zeev, Neve Yaacov, Guivat Tsarfatit et mme en centre ville.

Par consquent ce ne serait pas irraliste d'valuer qu'une division supplmentaire, cette fois plus consquente, qui imposerait d'exclure un plus grand nombre de quartiers arabes de Jrusalem amnerait un plus grand exode mais cette foi non pas vers les quartiers arabes ou la priphrie des quartiers juifs mais en leur sein mme.

Alors o se situe ici le gain dmographique?

Peut-tre me direz-vous : excluons-les de force ? Par la lgislation ? Trs compliqu. Peut-tre impossible.

L'opinion des juristes, de fait les juristes du Jerusalem Institue for Israel Studies qui est responsable de quelques bauches de la division de Jrusalem ralises ces dernires annes, considrent que le statut de rsident dont bnficient aujourd'hui les habitants de Jrusalem-est empchera Isral de freiner leur passage vers l'ouest de la ville ou vers tout autre endroit en Isral au sein des frontires de 1967.

Vous direz nous leur retirerons peut-tre la carte de rsident. C'est galement trs compliqu, peut-tre mme impossible. Il y a aujourd'hui une lgislation internationale et mme isralienne comme la loi fondamentale sur la dignit humaine et la libert ou la loi sur la libert du commerce et de l'industrie qui rendront cette mission impossible du point de vue juridique. C'est l'apprciation des juristes du Jerusalem Institue for Israel Studies.Qu'allons-nous donc avoir en matire dmographique ? Dpart en masse des juifs de Jrusalem comme lors de la partition de 1948 ou lors de la quasi division de 2000. En parallle, afflux en masse vers la partie isralienne de la population palestinienne dont l'exclusion des quartiers juifs tait cens nous dbarrasser. Mais non seulement cela n'arrivera pas mais nous les verrons vraisemblablement pntrer dans des zones d'habitation juives de Jrusalem et mme d'ailleurs.

Le problme des lieux saints.De faon rapide et lapidaire : qu'arrive-t-il ou qu'est-il arriv aux lieux saints juifs demeurs sous contrle de l'Autorit palestinienne ou proximit de ce rgime ? Isral a t oblig de transformer le tombeau de Rachel en forteresse hideuse pour empcher les attaques contre les milliers de personnes qui s'y rendent. A Naplouse, le tombeau de Joseph a t incendi et profan. Les synagogues du Goush Katif ont t profanes et brles. Des pierres ont t jetes sur des personnes priant au Mur occidental quand l'esplanade a t confie pendant quelques heures l'Autorit palestinienne car Isral pensait que cela apporterait une accalmie.Dans les accords d'Oslo B figurent une liste de 23 lieux saints pour les juifs dont l'accs est cens tre libre de toute entrave. Mais ces dernires annes il tait impossible ou trs difficile de s'y rendre.

Il convient galement de rappeler la priode jordanienne Jrusalem La Jordanie n'honora pas le paragraphe 8 des accords de cessez-le-feu qui devait permettre aux juifs d'Isral un accs libre aux lieux saints demeurs sur son territoire. De plus, l'poque de l'occupation jordanienne de Jrusalem, le cimetire juif du Mont des Oliviers fut profan, 40 000 pierres tombales furent dterres ou incendies et des synagogues de la Vieille ville furent dtruites.Les chrtiens peuvent galement s'inquiter : voyez ce qui s'est pass Bethlhem, Beit Jala contrls par l'Autorit palestinienne. Comment les chrtiens s'en sont enfuis. Voyez leurs villages agricoles au Chili et en Amrique du sud. Souvenez-vous comment l'Autorit palestinienne s'est comport avec l'glise de la Nativit de Bethlhem en la transformant en base de combat et en y dtenant comme otages des prtres et des chrtiens pendant l'opration Rempart mene par Isral contre le terrorisme.Et presque pour finir, encore une fois de faon rapide, au sujet du tissu urbain de Jrusalem. Permettez-moi de citer une phrase d'une personnalit clbre qui voqua en son temps sa frayeur et sa crainte au sujet de la possibilit d'une partition de Jrusalem. "Sans lien avec l'idologie, la division de Jrusalem fera que la vie y sera un enfer".

L'auteur de ces paroles est Ehoud Olmert. Il est trs acceptable de parler aujourd'hui dans les cnacles mdiatiques de la partition de Jrusalem comme si elle tait dj effective. Mais ct des lignes de partages qui existent dans toute ville o rsident des communauts diffrentes il y a galement de nombreuses lignes de coopration et d'unit.Il y a des indicateurs de coopration entre juifs et arabes. Dans le domaine acadmique, l'universit, les tudiants et les professeurs tudient et enseignent ensembles. Idem dans les domaines de la mdecine, des affaires, de l'conomie. Nous voyons des centres commerciaux frquents par des juifs et des arabes. Nous voyons la zone des garages Wadi Joz o viennent galement les juifs. Nous voyons les parcs et les jardins publics qui servent aux enfants des deux populations. Et l'on ne parlera pas des infrastructures communes, dont la plupart ne sont pas visibles l'oeil nu, lectricit, vacuation des eaux, le rseau des autobus qui sert et qu'utilisent en pratique juifs et arabes ou le tramway dont la premire ligne desservira aussi Shouafam et Beit Hanina.Il faut cependant dire qu'en dehors des diffrences de religions et de nationalits, la diffrence la plus saillante entre l'est et l'ouest se situe dans le domaine des infrastructures et le niveau des services. Nous voyons des carts de milliers de pourcents par personne entre l'est et l'ouest dans presque tous les domaines possibles : les trottoirs, les routes, les jardins publics, les centres de soin pour les jeunes enfants, les cabinets mdicaux, les classes, le systme d'vacuation. La majorit de Jrusalem-est utilise des puits pour l'eau. Il y manque 1000 classes. C'est une preuve d'indigence du pouvoir central en Isral et je suis heureux que la municipalit de Jrusalem, sous l'autorit de Nir Barkat, ait octroy dernirement davantage d'agent cette question. Se proccuper de ces besoins comme nous le faisons pour les quartiers juifs de l'ouest, ne rduira pas notre engagement envers Jrusalem, envers la souverainet juive sur elle et envers son unit. Un Etat ne peut pas prtendre tre souverain uniquement sur des territoires et traiter les habitants qui y vivent comme une marchandise excdentaire, c'est une faute morale et aussi une erreur tactique.Pour finir, je reviendrai sur le plan des sentiments et je me reporterai au Mont du Temple, le lieu le plus saint pour le peuple juif. Ces dernires annes, certains jouent avec l'ide d'y renoncer et de le transfrer aux Palestiniens non seulement de facto mais aussi de jure.

Si vous me le permettez, je raconterai ici une histoire connue propos du rabbi de Kotzk qui, une fois, reconnu sa grande faute et clata en sanglots devant ses hassids. Il leur raconta comment l'orgueil le gagna lorsqu'il avait 10 ans aprs que le feu eut consum la maison de sa famille, anantissant toutes leurs possessions. Il consola sa mre en pleurs en lui assurant qu'en grandissant il crirait un nouvel arbre gnalogique, qui commencerait avec lui !, la place de celui qui avait disparu dans les flammes. Nombreux sont ceux qui aujourd'hui considrent le Mont du Temple de la faon dont le petit Menahem Mendel (plus tard le rav de Kotzk) considra l'arbre gnalogique de sa famille. Ils estiment que l'on peut se passer du Mont du Temple et de Jrusalem et crire de nouveau un arbre gnalogique du peuple juif sans eux.Avec tout le respect que l'on doit aux voyages de retour aux sources des juifs au Maroc ou en Pologne, qui sont devenus la mode ces dernires annes, le vritable voyage de retour aux sources est sur le Mont du Temple. Des visites de prise de conscience, d'apprentissage, de rflexion avec des cartes et des livres d'histoire, sans pancartes ni manifestations ni symboles cultuels, avec des archologues, des historiens, des rabbins, des universitaires, des enseignants, des chefs militaire dont le but est de se souvenir et de rappeler o est cach l'arbre gnalogique du peuple juif Jrusalem.* Nadav Shraga Directeur de recherches au Jerusalem Center for Public Affairs. Domaine de spcialisation principal : le conflit autour de Jrusalem.Parmi ses ouvrages et ses rapports : Le mont de la discorde, le combat pour le Mont du Temple, juifs et musulmans, religions et politique (1995)

A la croise des chemins, l'histoire du tombeau de Rachel (2005)

Le danger de la partition de Jrusalem (2008)

Amnagement, dmographie et gopolitique Jrusalem (2010)

Journaliste et commentateur du journal "Ha Aaretz" de 1983 2009, Nadav Shraga est aujourd'hui rdacteur et commentateur pour le quotidien "Isral Ha Yom".

Il est interdit de reproduire ou d'utiliser ce texte sans l'accord de son auteur.Donnes de base sur Jrusalem

La population de Jrusalem

763 600 personnes

Juifs : 495 000 personnes (2/3)

Arabes : 268 000 personnes (1/3)

Depuis 1967 le pourcentage de la population juive est pass de 74% 67%

Depuis1967, le pourcentage de la population arabe est pass de 28% 35%

La population de Jrusalem-est

456 300 personnes (environ 60% de tous les habitants de JrusalemArabes : 260 800 personnes (57%)

Juifs : 195 500 personnes (43%)

Croissance de la population

Entre 1967 et 2008 la population de Jrusalem a augment de 187%

La population juive de 150%

La population arabe de 291%

Superficie

Jrusalem est la plus grande ville d'Isral actuellement. Sa sphre de comptence s'tend sur 1 260 000 m2

Jusqu'en 1967, sa sphre de comptence s'tendait sur 381 000 m2.Aprs 1967, environ 700 000 m2 ont t annexs la ville l'est, au sud et au nord des anciennes lignes de dlimitation. Cette zone est aujourd'hui appele Jrusalem-est.

En 1985, 180 000 m2 ont encore t annexs la ville dans sa partie est.

Donnes provenant de l'annuaire statistique annuel du Jerusalem Institue for Israel Studies (JIIS)

Traduction par Stphanie Amar, docteur en droit et diplme IEP Paris Nous avons conserv le terme hbreu Kitson car les traductions franaises de la sourate 17 verset 1 mentionnent "El Aqsa" or comme l'indique l'auteur identifier Kitson et Al Aqsa n'est pas neutre et revient tablir un lien trs fort entre Mohamed, l'islam et Jrusalem (Ndt).

Nous avons traduit littralement cette expression isralienne qui dsigne dans le dbat public l'espace gographique comprenant la Vielle ville de Jrusalem et ses alentours immdiats (ndt).

Les arabes de Jrusalem ne sont pas citoyens israliens mais "rsidents" israliens. Ils sont dtenteurs d'une carte d'identit de couleur bleue, comme les Israliens quelque soit leur confession. Cette carte leur confre les mmes droits qu'aux citoyens israliens en matire sociale : ils bnficient des prestations sociales, ont accs aux services de sant, etc. Ils peuvent entrer dans la partie ouest de la ville et sur le reste du territoire isralien. Ils votent aux lections municipales. La diffrence de statut entre rsidents et citoyens dcoule du fait que les rsidents ne peuvent pas voter pour les lections lgislatives et que la police des frontires peut limiter leur libert de circulation en cas de besoin. (ndt avec l'aide de l'auteur).

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