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n°170 - Mai 2013 Les Cahiers Tout ce qui est utilisé et prescrit en Ophtalmologie DOSSIER ASTIGMATISME DÉFICIENCE VISUELLE PAR TRAUMATISME LENTILLES JOURNALIÈRES TUMEURS CONJONCTIVALES TRAITEMENT DES OM SECONDAIRES AUX OBVR OPÉRATIONS DU STRABISME OCT-EDI DANS LES SYNDROMES DES TACHES BLANCHES CORNEAL WARPAGE

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Page 1: Tout ce qui est utilisé et prescrit en Ophtalmologie fileComité scientifique Editorial Jean-Paul Adenis (Limoges) Vincent Borderie (Paris) Tristan Bourcier (Strasbourg) Antoine Brézin

n°170 - Mai 2013Les Cahiers

Tout ce qui est utilisé et prescrit en Ophtalmologie

DOSSIER ASTIGMATISME

DÉFICIENCE VISUELLE PAR TRAUMATISME

LENTILLES JOURNALIÈRES

TUMEURS CONJONCTIVALES

TRAITEMENT DES OM SECONDAIRES AUX OBVR

OPÉRATIONS DU STRABISME

OCT-EDI DANS LES SYNDROMES DES TACHES BLANCHES

CORNEAL WARPAGE

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Page 2: Tout ce qui est utilisé et prescrit en Ophtalmologie fileComité scientifique Editorial Jean-Paul Adenis (Limoges) Vincent Borderie (Paris) Tristan Bourcier (Strasbourg) Antoine Brézin

EditorialComité scientifique

Jean-Paul Adenis (Limoges)Vincent Borderie (Paris)

Tristan Bourcier (Strasbourg)Antoine Brézin (Paris)

Béatrice Cochener (Brest)Danielle Denis (Marseille)

Philippe Denis (Lyon)Serge Doan (Paris)

Pascal Dureau (Paris)Eric Frau (Paris)

Alain Gaudric (Paris)Yves Lachkar (Paris)

François Malecaze (Toulouse)Pascal Massin (Paris)

Christophe Morel (Marseille)Pierre-Jean Pisella (Tours)

Eric Souied (Créteil)Ramin Tadayoni (Paris)

Comité de rédactionFlorent Aptel (Grenoble)

Stéphane Arnavielle (Paris)Esther Blumen-Ohana (Paris)

Catherine Creuzot-Garcher (Dijon)Pierre Fournié (Toulouse)Florence Malet (Bordeaux)

Aurore Muselier (Dijon)Véronique Pagot-Mathis (Toulouse)

Dominique Pietrini (Paris)Maté Streho (Paris)

Catherine Vignal-Clermont (Paris)Benjamin Wolff (Paris)

Rédacteurs en chefSegment postérieur : Vincent Gualino

Tél. : 05 63 03 03 04 [email protected]

Segment antérieur : Thomas GaujouxTél. : 01 34 04 21 44

[email protected]

Directeur de la publicationJean-Paul Abadie

[email protected]

Publicité - Direction des opérationsCorine Ferraro SARL DifuZion

GSM : 07 88 11 95 [email protected]

Assistante de directionLaetitita Hilly : 01 34 04 21 44

[email protected]

Maquettiste Cécile Milhau : 06 26 79 16 43

[email protected]

Abonnements(10 nu méros par an): France : 55 euros,

Étudiants (à titre individuel et surjustificatif) : 30 euros, Étranger: 70euros

règlement à l’ordre d’EdissVoir le bulletin d’abonnement page 8

Ediss, Immeuble ISBA, Allée de la Gare,

95570 Bouffemont,Tél. : 01 34 04 21 44 - Fax : 01 34 38 13 99

[email protected]

www.cahiers-ophtalmologie.comRCS Pontoise B 395 287 766

ISSN : 1260-1055

Dépôt légal à parution

ImpressionImprimerie de Champagne

Z.I. des Franchises – 52200 Langres

Adhérent au CESSIM

L’astigmatisme constitue une amétropiefréquente qui ne doit pas être négligéepuisqu’elle est présente dans 85 % de la

population.

L’aspect épidémiologique est abordé parJos J. Rozema, qui nous présente quelquesrésultats issus du projet Gullstrand. Il apparaît

que l’astigmatisme réfractif est fortement corrélé à l’astigmatismedes dioptres cornéens antérieurs et postérieurs, faisant de la tori-cité cornéenne la principale composante de cette anomalie.

Sa prise en charge est devenue très accessible grâce aux progrèsréalisés dans les domaines de la contactologie et de la chirurgie(implants toriques et chirurgie réfractive cornéenne), permettantainsi une amélioration significative de la prédictibilité des résultatsréfractifs.

Son évaluation précise lors du bilan pré-opératoire, rappeléepar Laurent Gauthier-Fournet, s’avère primordiale afin d’obtenir unrésultat clinique satisfaisant.

Différents profils d’ablation, illustrés par Jonathan Letsch, sontutilisés en chirurgie réfractive cornéenne et doivent être judicieu-sement choisis de manière à réduire au maximum le volume detissu photoablaté.

En cas de fortes amétropies inaccessibles à une chirurgie cornéenne, l’implantation phaque représente une alternative séduisante et permet ainsi de corriger la composante cylindrique de l’anomalie réfractive. Les différents concepts disponibles sontprésentés par Béatrice Cochener qui rappelle les exigences del’implantation phaque. L’implantation de lentilles toriques, qu’ellessoient phaques ou pseudophaques, fait maintenant partie inté-grante de la chirurgie dite « premium », et ces implants connaissentdepuis quelques années un essor considérable dans l’arsenal thé-rapeutique du chirurgien réfractif.

Cette technologie concerne principalement la prise en chargedes astigmatismes réguliers, mais représente aussi une option intéressante dans le cadre de certains kératocônes. Pierre Fourniéclôture le dossier par une revue des stratégies thérapeutiques utiles chez les patients kératocôniques.

Nous espérons que ce numéro vous apportera entière satisfac-tion et répondra à la majorité de vos interrogations...

François MalecazeHôpital Purpan, Toulouse

Astigmatisme

n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 1

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Sommaire n°170 - Mai 2013

14 L’optométrie bientôt reconnue ?59 Compte rendu de congrès. Chirurgie de la rétine 2013

12 Histoire de cas. Une déficience visuelle par traumatisme Pierre-Olivier Barale, Gauthier Busquet, Philippe Blanc

16 Cas cliniques. Lentilles jetables journalièresEvelyne Le Blond

22 Une topographie peut en cacher une autre…Sarra Gattoussi, David Smadja

23 Que faire devant la découverte d’une tumeur conjonctivale ?Yann Kauffmann, Aurore Muselier, Catherine Creuzot-Garcher, Laurence Desjardins

28 Implant de dexaméthasone dans le traitement des œdèmes maculaires secon -daires aux occlusions de branches veineuses rétiniennes. Évolution à 16 moisCaroline Marc, Sébastien Guigou

31 Apport de l’OCT Spectral Domain dans les syndromes des taches blanchesAlexandre Matet, Benjamin Wolff, Vivien Vasseur, Martine Mauget-Faÿsse

38 Les opérations du strabisme : qui, quand et comment ? (2e partie)Emmanuel Bui Quoc

19 Étude clinique Innovation Presbytie Biofinity® multifocalDr Catherine Peyre, Sandrine Chéneau, Caroline Bonneville, Fovéa

Publirédactionnel

Cahier Chirurgie

Imagerie

Cahier Clinique

Présentation de l’interne

Cahier Contactologie

Cahier Optique

Les Actualités

L’astigmatisme

41 Épidémiologie de l’astigmatismeJos J. Rozema, Marie-José Tassignon, Project Gullstrand Study Group, EVICR.net

45 Chirurgie refractive par laser excimer. Bilan préopératoire, compensation de la cyclotorsionLaurent Gauthier-Fournet

48 Chirurgie de l’astigmatisme : les profils d’ablationJonathan Letsch, François Malecaze

51 La place des implants phaques dans la correction de l’astigmatisme Béatrice Cochener

56 Correction de l’astigmatisme dans le kératocônePierre Fournié

Dans ce numéro : Encart Invitation JAO

Couverture : L. Desjardins,P. Fournié, A. Matet,M. Mauget-Faÿsse,V. Vasseur, B. Wolff

Éditorial et coordination : François Malecaze

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La remunération à la performance, un moteur de qualitédes soins3746 euros ! C’est enmoyenne la prime à la performance que recevrontles médecins libéraux surl’année 2012, comme l’a an-noncé l’assurance-maladiele 11 avril dernier. Cette rémunération complémentaire concerneles 75 400 libéraux ayant accepté le principe de la ré-munération sur objectifs desanté publique. En fait, lecalcul de cette moyennecorrespond aux généralistesqui étaient évalués en 2012sur l’ensemble des objectifsfixés par l’assurance- maladie, plus les spécia-listes volontaires mais quin’étaient évalués que sur lesobjectifs d’organisation ducabinet, à savoir l’informati-sation. Cependant, la Caissenationale de l’assurance-maladie des travailleurs sa-lariés (Cnamts) estime quela plupart des indicateurs dequalité de la pratique sesont améliorés. Pour le dia-bète par exemple, les méde-cins ont amélioré le suivi de l’hémoglobine glyquée et lacouverture des risques car-dio-vasculaires avec les statines. Seule exception àla règle, le suivi ophtalmolo-gique qui reste autour de62 % alors que l’objectif àatteindre est de 80 %. Du côté des prescriptionsmédicamenteuses, la ten-dance est aussi vertueuse.On enregistre notammentune hausse de la prescrip-tion de génériques.�

Actualités

Les Cahiers4 n° 170 • Mai 2013

Une proposition de loivisant à réglementer la profession d’optométristeen France devrait être pro-chainement déposée parGérard Bapt, député socia-liste de la Haute-Garonneet membre de la commis-sion des Affaires sociales.D’après une information duQuotidien du médecin (30avril 2013), cette proposi-tion irait jusqu’à inclure ledépistage des pathologiesoculaires. Le texte seraitdéjà sur le bureau du minis-tère de la Santé, consultépour avis.

D’après le site Inform -Optic (24 avril 2013), desrencontres auraient eu lieurécemment entre le cabi-net de la ministre et desreprésentants des optomé-tris tes. La date de la mi-mai aurait été évoquée pour que Mme Touraine fasseconnaître sa décision.

En réponse au député del’Oise Olivier Dassault et àRémi Delatte, député UMPde Côte d’or, qui avait sou-haité connaître les inten-tions du Gouvernementconcernant la reconnais-sance et l’organisation dela profession d’optomé-triste, elle a indiqué quecela dépendrait notam-ment des effets de diffé-rentes mesures récentessur les délais d’attente. Auniveau de l’opticien, il s’agitde l’adaptation de l’ordon-nance de l’ophtalmologistedans le cadre d’un renou-vellement de lunettes.

Pour les orthoptistes,c’est l’élargissement de

leurs compétences à tra-vers la réforme de leur for-mation ou des transferts

d’activités des ophtalmolo-gistes dans le cadre de pro-tocoles de coopération.

Elle attend également de voir si des besoins desanté non couverts demeu-rent «susceptibles de fairemonter en puissance denouveaux métiers, dont laprofession d’optométristequi est reconnue aux États-Unis et dans d’autres payseuropéens.»�

L’optométrie bientôt reconnue ?

Professionnel Rubrique assurée par Lucie Lartigue

La réaction du SnofInterrogé sur cette évolution, le Dr Rottier, président

du Snof (Syndicat national des ophtalmologistes deFrance) a vivement réagi : «Le lobby français des opti-ciens-optométristes profite de la situation actuelle depénurie d’ophtalmologistes pour pousser à la recon-naissance d’une profession qui n’apporte aucune garan-tie médicale. Ce n’est pas en remplaçant les médecinspar des commerçants que l’on va régler le problèmedes délais d’attente ! Dépister les états pathologiquesnécessite une formation clinique, qu’une loi ou un décreten Conseil d’État ne saurait remplacer.» Il rappelle quela délégation de tâches vers les orthoptistes est en bonnevoie, plusieurs protocoles de coopération ayant été vali-dés par le Haute Autorité de santé1. «Cette nouvelleorganisation nous permet de gagner en efficacité sansperdre en qualité, pour le bien de nos patients.»

Lesquels orthoptistes sont également opposés à lareconnaissance de l’optométrie comme ils l’ont répétépar la voix de leur syndicat, le Snao (Syndicat nationalautonome des orthoptistes), qui s’est d’ailleurs étonnéque le ministère de la Santé ouvre ses portes aux asso-ciations d’optométristes alors qu’eux n’obtiennent «desrendez-vous qu’au compte-goutte».�1. La Haute autorité de santé (HAS) a approuvé le 3 mai derniertrois protocoles de coopération. Ils émanent des Pays-de-Loiremais ont une vocation nationale. Le premier concerne les enfantsde 6 à 15 ans, ayant déjà une prescription de corrections optiquesmais sans pathologie. Le deuxième s’adresse aux adultes de 16 à50 ans qui pensent avoir besoin de changer de lunettes. Le troi-sième porte sur le dépistage de la rétinopathie chez les diabé-tiques avec des clichés pris par l’orthoptiste ou l’infirmière et uneinterprétation réalisée par un ophtalmologiste (voir aussi LesCahiers d’Ophtalmologie n°167, février 2013).

Gérard Bapt

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n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 5

Actualités

Revenus : +4,6 % pour lesophtalmologistesLes revenus des médecins libé-raux sont à la hausse : +4 % enmoyenne sur l’exercice 2011d’après les derniers chiffres de la Caisse autonome de re -traite des médecins de France(Carmf). Cette embellie profitesurtout aux généralistes dontles bénéfices non commerciaux(BNC) sont en augmentation de6,72 %, soit 72 500 euros enmoyenne pour l’année. Les cancérologues sont euxaussi les grands vainqueurspuisqu’ils voient leurs BNC pro-gresser de 12 % à 185 000 euros.De leur côté, les ophtalmolo-gistes s’en sortent relativementbien, comparés aux autres spé-cialistes. Leurs revenus netsont augmenté de 4,6 % alors quela moyenne chez les spécia-listes n’est que de 1,7 % de pro-gression, avec un BNC moyende 102389 euros. En revanche, d’autres spéciali-tés voient leurs revenus dégrin-goler. C’est le cas notammentdes biologistes qui enregistrentune chute de 23 % !Les progressions de revenussont donc très variables selonles spécialités, mais aussi selonles secteurs d’activité au seind’une même spécialité. Lesophtalmologistes de secteur 2enregistrent par exemple unemeilleure progression (+5,29 %)que ceux de secteur 1 (+3,19 %).Les premiers affichent un BNCde 163 479 euros alors que lesseconds se situent à 111 353euros. Des disparités qui reflè-tent une tendance générale. Eneffet, la hausse est globalementplus marquée, dans toutes lesspécialités, pour les praticiensde secteur 2 que pour ceux desecteur1.�

Six mois d’attente pour un rendez-vous chez un ophtalmo… en Limousin

L’agence régionale desanté du Limousin a voulufaire toute la lumière surles difficultés d’accès auxsoins sur son territoire.

Elle a donc commandéune enquête à l’Observa-toire régional de santé(ORS) qui a contacté quel -que 5 000 foyers limousinsrépartis sur 150 commu -nes. Un quart des foyers arépondu à cette enquête degrande envergure et le verdict est tombé. L’oph-talmologiste est le spécia-liste qui enregistre les

délais d’attenteles plus

longs (six mois environ)contre trois semaines pourla majorité des autres spé-cialistes, 15 jours pour lespsychiatres ou encore 10jours pour les radiologues.Du coup, le jugement deshabitants du Limousin esttranché. Si 91 % d’entre euxjugent qu’il est « facile»d’obtenir un rendez-vouschez un généraliste, ils nesont plus que 64 % à le pen-ser pour les dentistes, 44 %concernant les médecinshospitaliers, et les spécia-listes libéraux décrochentla cuillère de bois avec seu-lement 39 % des suffrages.

Les renoncements auxsoins existent donc

bel et bien :

37 % des foyers renonce-raient aux soins en raisondes délais et 20 % pour raisons financières. Lesauteurs de l’étude ajoutentque «ces difficultés d’ac-cès aux soins sont aggra-vées par des dépas-sements d’honoraires dansle privé».

Afin d’améliorer le mail-lage sanitaire sur le terri-toire et d’attirer des jeunesmédecins dans le Limou-sin, la région parie, commebeaucoup d’autres, sur lesmaisons de santé pluri -disciplinaires. Six sont déjà en fonctionnement,30 dossiers ont été dépo-

sés et une douzaine de mai-sons de santé devraientouvrir leurs portes d’ici la

fin de l’année.�

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Mais les opticiens réfutent les chiffres de l’UFC

Les ophtalmos,les spécialistes les plus agressésNi poussée de fièvre, ni guérisonsubite… Pour l’année 2012, le nom-bre d’actes de violences dont sontvictimes les médecins est restérelativement stable. Selon l’Obser-vatoire national de la sécurité desmédecins, le dernier bilan publié le16 avril dernier indique qu’il y a eu780 signalements en 2012 contre822 en 2011. Et malheureusement,le palmarès par spécialité ne bougepas non plus. Les ophtalmologistesrestent les spécialistes les plusagressés. L’année dernière, 46 inci-dents les concernant ont été décla-rés et recensés par l’Observatoire,contre 53 en 2010. Avec 6 % des inci-dents, les ophtalmos arrivent entête, suivis des psychiatres (5 %),puis des dermatologues (4 %). Les médecins généralistes restentcependant les plus exposés. Le profil type de la victime est d’ail-leurs une femme, généraliste, exerçant en centre-ville. La Seine-Saint-Denis et le Nord sont lesdépartements les plus concernéspar ces incidents. Les Pyrénées-Orientales à l’inverse enregistrentle taux le plus bas. Dans 75 % des cas, il s’agit d’agres-sions verbales. Et toujours dans75 % des cas, ce sont les patientsou leurs proches qui sont à l’ori-gine de ces violences. Enfin, lesprincipaux motifs de reproche citéspar les médecins sont la prise encharge (25 %), le vol (21 %), le refusde prescription (17 %) ou encore letemps d’attente jugé excessif(7 %)…Quant au taux de dépôt de plainte,il reste toujours faible. À peine plusde la moitié des praticiens agres-sés le font, alors que, comme lerappelle le conseil national de l’Or-dre des médecins, les conseilsdépartementaux peuvent se porterpartie civile ou même porter plainteau nom des médecins.�

La diffusion du rapport très polémiqueDistribution de l’optique. Examen à laloupe d’un marché juteux a provoqué detrès vives réactions chez les opticiensqui ont engagé la controverse.L’analyse d’UFC-Que Choisir ported’abord sur les prix élevés : 470 eurosen moyenne pour une paire de lunettes,budget supérieur de moitié à la moyenneeuropéenne. Cette situation proviendraitdu nombre excessif de magasins d’op-tique, en augmentation de 47 % par rap-port à 2000 (11 400 magasins) alors quedans le même temps l’augmentation desbesoins médicaux de la population peutêtre estimée à +13 %. Par conséquent,chaque magasin ne vend aujourd’hui que2,8 paires de lunettes par jour enmoyenne. Cette situation de sous-pro-ductivité se traduirait dans les margesbrutes prélevées par les opticiens :d’après le rapport, ils revendent enmoyenne 393 euros hors taxes un équi-pement acheté 118 euros, soit une margede 275 euros.

UFC-Que Choisir fait porter la respon -sabilité de tarifs élevés sur l’absen ced’une régulation effective du secteur del’optique par les pouvoirs publics. Eneffet, le consommateur, privé d’infor-mations pertinentes sur les prix et surla qualité et face à une grande variétéde produits existants, n’est pas enmesure de comparer les différentesoffres et de jouer son rôle de régulateur naturel des marchés. Pour UFC-QueChoisir, seul le développement desréseaux de soins par les complémen-taires santé permettrait de mettre enoeuvre des politiques de négociationavec les opticiens, pour obtenir desbaisses de prix pour leurs assurés. Mari-sol Touraine lui a emboîté le pas endéclarant le 24 avril à l’Assemblée vou-loir « faire en sorte que le prix des pro-duits proposés à nos concitoyens soitréduit» et que cette baisse pourrait êtrefavorisée par la mise en place desréseaux de soins.�

Différentes voix se sont élevéesdans la profession pour manifesterleur indignation et apporter descorrectifs aux chiffres avancés,dont celle du Syndicat des opti-ciens entrepreneurs et ses en-seignes adhérentes*. Sur les prixd’abord : la moyenne du prix deslunettes est tirée vers le haut parla part beaucoup plus importanteen France des progressifs par rap-port aux autres pays européens.Par ailleurs, une étude réalisée parGfk (le même institut que celui citédans l’étude UFC-Que Choisir)comparant les prix de quatre pro-gressifs identiques dans différentspays européens montre que le tarifle moins cher est le tarif français.Sur le taux de marge ensuite : il est en fait entre 55 et 63 %, la

marge nette moyenne s’établissant,elle, entre 5 et 7 %, compte tenu descoûts d’un matériel très spécialisé etde la charge d’un personnel qualifié.Et, il ne faut pas, insiste le syndicat,que les pratiques de quelques habi-tués de l’«optimisations de facture»jettent le discrédit sur l’ensembledes opticiens. La Fédération natio-nale des opticiens de France (Fnof) a,quant à elle, invité Alain Bazot, prési-dent de l’association de consom ma-teurs, à débattre publiquement de la façon dont l’étude a été réalisée.En absence de répon se, le syndicat«se réserve toutes possibilités de re-cours devant les instances politiqueset judiciaires du pays.»�* Acuitis, Krys, Lissac, Lun’s, Lynx, Optic2000, Opticiens Conseils, Optissimo, VisionPlus, Visual

n° 170 • Mai 20136 Les Cahiers

Actualités

Pour UFC-Que choisir : l’optique est trop chèreen France

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Page 7: Tout ce qui est utilisé et prescrit en Ophtalmologie fileComité scientifique Editorial Jean-Paul Adenis (Limoges) Vincent Borderie (Paris) Tristan Bourcier (Strasbourg) Antoine Brézin

Une équipe de chercheurs chinois, néo-zélandais et canadiens a réalisé une étude portant sur 18 adultes soufrantd’amblyopie1. Les sujets ont joué uneheure par jour à Tetris, un jeu vidéo trèspopulaire qui consiste à bâtir un mur avecdes blocs qui tombent. Un groupe de neufsujets a joué avec l’œil «normal» masqué, contraignant l’œil amblyope àtravailler. L’autre groupe a joué de façonbinoculaire, mais équipé d’un casque deréalité virtuelle permettant de dissocierce que voyaient les deux yeux : par exem-ple, un œil voyait les blocs tomber, alorsque l’autre ne percevait que ceux déjàimmobiles en bas de l’écran ; le but de cedispositif était de faire travailler les deuxyeux en même temps, sans permettre àcelui qui voit le mieux de compenser le

manque d’acuité de l’autre. Les conclusions sont très intéressantes :après deux semaines, les sujets ayanttravaillé en vision binoculaire avaientgagné en acuité visuelle quatre fois plusque ceux du groupe monoculaire. En forçant les deux yeux à travailler ensemble, la plasticité du cortex visuelserait davantage stimulée, ce qui aideraitle cerveau à réapprendre à voir avec l’œille moins utilisé. Des tests complémen-taires sont en cours, cette fois sur desenfants, pour qui le port du patch sur un œil reste une contrainte forte.Le dispositif de casque virtuel a fait l’objet d’un brevet, détenu par l’université canadienne McGill.�1. Jinrong Li et al. Current Biology. 2013;23(8)(22avril 2013):R308-9.

Recherche Initiative

La télémédecine au service de la rétinopathie des prématurésLe centre hospitalier sud-francilien de Corbeil- Essonnes et la fondationophtalmologique Adolphede Rotschild se lancentdans le dépistage de la rétinopathie des prématurés par télé- expertise. Concrètement,une caméra rétinienne secharge des fonds d’œil àl’hôpital et un système detransmission par réseau sécurisé envoie les photo-graphies au centre expert.Ce dispositif est financé parl’ARS Île-de-France parceque le dépistage de cettecomplication majeure de laprématurité pâtit de la pé-nurie d’ophtalmologistes.Le manque de spécialistesconduit parfois à ce que ce dépistage ne soit fait qu’à lasortie de la maternité, ouau trois mois de l’enfant, cequi constitue une perte dechance. En effet, un dépis-tage réalisé au sein desunités de néo natologie chezles grands prématurés per-met un traitement précocepar laser, ce qui garantitune guérison de 90%. Si l’expérience est concluante,la quinzaine de maternitésde niveau III que comptel’Île-de-France pourrait bé-néficier de ce système detélé- expertise.�

Cellules souches, la recherche s’accélère

Un jeu vidéo pour rééduquer l’amblyopie de l’adulte ?

issues de cellules soucheschez le myope fort. En Francel’évolution de la loi permet-tant de faire passer la re cher -che sur les cellules souchesd’un régime d’interdictionassortie de dérogations à unrégime d’auto- risation enca-drée n’est toujours pas pas-sée. Cette mo dification estdéfendue par notre collègueophtalmo logiste DominiqueOrliac, député du Lot.

Ce que l’on pensait défini-tivement inimaginable il y aquelques années commen ceà se transformer en techni -que d’avenir avec les pre-miers essais sur l’Homme.Le chemin reste long, maisc’est un message d’espoirpour nos patients qui sontdans ces cas désespérants.�

Vincent Gualino1. David E. Buchholz DE et al. StemCells Translational Medi cine 2013.Publication en ligne 11/2/2013.

cellules de l’épithélium pig-mentaire. Une équipe deSanta Barbara, Californie,vient de publier1 une tech-nique permettant de passerde trois mois pour avoir cettedifférentiation à 14 jours. Legain de temps et le rende-ment plus efficace de leurtechnique permettent defaire un pas de plus pouraccélérer cette voie promet-teuse pour les patients.

Dans le même temps,l’équipe de l’UCLA, conduitepar Steven Schwartz, signa-taire de l’article dans le Lan-cet, vient d’avoir l’accord dela FDA pour lancer une étudesimilaire sur la dégénéres-cence maculaire de la myo-pie forte avec 12 patients àinclure. L’étude vise dans unpremiers temps la toléranceet l’innocuité à 12 mois de la transplantation sous- rétinien ne de cellules RPE

Parmi les pistes de re -cherche dans les mala diesentraînant une atrophiemaculaire, celle des cellulessouches est l’une des plusprometteuses. Un premieressai avec des cellules del’épithélium pigmentaire(cel lules RPE) publié dans leLancet en 2012 portait surune DMLA atrophique et unemaladie de Stargardt avecdes résultats limités et dis-cutés mais prometteurs : lepatient atteint de la maladiede Stargardt était passé de« voit bouger la main» à20/800 et le patient avec uneDMLA de 21 à 28 lettres. Il n’yavait pas eu de baisse d’acui -té visuelle ou de proliférationanormale des cellules RPE.

Un des problèmes qui sepose dans ce type de tech-nique est la différenciationdes cellules souches en cellules spécifiques, ici des

7Les Cahiersn° 170 • Mai 2013

Actualités

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Le Pr José-Alain Sahel, président de l’Institut de lavision, fait partie de la commission Innovation 2030 dontla mission est de proposer au gouvernement, d’ici àl’été, les secteurs et les technologies où la France estsusceptible d’occuper des positions de leader à l’horizon2030. Deux autres représentants du monde de la santéont été désignés : Mathias Fink, spécialiste de l’imageriemédicale, et Jacques Biot, le directeur général de la division immunologie de Pasteur-Mérieux.�

Nouveau catalogue Hoya 2013 Ce catalogue est disponible sous deux formats différents : papier ou électronique compatible avec tousles types d’ordinateurs Mac ou PC, de navigateurs etbien évidemment avec les tablettes et smartphones. Leformat dématérialisé permet d’accéder à des vidéos ouà des liens vers les sites Hoya.�https://asp.zone-secure.net/v2/index.jsp?id=5361/7019/33595&lng=fr

Comme chaque année, Les Cahiers d’Ophtalmologieconsacreront le numéro de juin-juillet au congrès dela SFO :•Une interview du Pr Alain Péchereau sur le rapportannuel sur le strabisme.•Les échos, domaine par domaine, de toutes les infor-mations nouvelles communiquées dans les sessions deformation ou les réunions de spécialités.•Les nouveautés en matériel ou en thérapeutique pré-sentées par les fabricants ou les laboratoires.•Une synthèse de la plupart des symposiums satellites.

Optique

20 recettes pour la santé des yeuxLes opticiens lunetiers Opsine proposent un livre devingt recettes culinai res, en partenariat avec le chef Damien Duquesne, en apportant une réponse gour-mande au vieillissement ou à la sécheresse oculaire et à la vision nocturne altérée.

Avec une préface qui permet à chaque lecteur d’iden-tifier ses symptômes, ce livre sera offert aux clients Opsine pour tout achat d’un équipement correcteur entre le 29 avril et le 25 juin. Il sera également dispo-nible à la vente dans les centres Opsine au prix publicde 7euros TTC.�

Distinctions

Bénédicte Merle, lauréate du Prix de la fondation Dalloz 2012

Docteur en santé publique et épi-démiologie, en post-doctoratchez le Pr Souied à Créteil, ellea été récompensé par la fonda-tion Dalloz pour la recherche enophtalmologie pour son projet derecherche sur l’étude du rôle deslipides dans la dégénérescencema culaire liée à l’âge.Ce projet s’appuie sur les don-

nées d’une grande étude de cohorte en population géné-rale, l’étude Alienor, dirigée par le Dr Cécile Delcourt, ducentre Inserm U897 à Bordeaux, ainsi que sur l’étude cli-nique intervention nelle NAT2 menée par le Pr Souied etson équipe. L’utilisation d’un biomarqueur représentantune mesure plus objective du statut en oméga-3 a per-mis de montrer dans l’étude Alienor, et ce pour la pre-mière fois, une diminution du risque de DMLA sévère chezles sujets ayant des niveaux élevés d’oméga-3 plasma-tiques1. En parallèle, dans l’étude NAT2, chez les patientsprésentant une DMLA néovasculaire unilatérale, il n’a pasété mis en évidence d’influen ce d’une supplémentationen DHA sur l’incidence des néovaisseaux au deuxiè meœil2. Cependant, NAT2 a montré que l’incidence des néo-vaisseaux au deuxième œil était significativement dimi-nuée chez les patients traités au DHA qui avaient maintenudes niveaux élevés d’EPA + DHA membranaires durant lestrois ans d’étude. Par ailleurs, les travaux de BénédicteMerle ont confir mé dans l’étude Alienor le lien entre laDMLA et le gène LIPC, et, dans une moindre mesure, legène LPL (publication à venir). Ces gènes codent respec-tivement pour la lipase hépatique et la lipoprotéine lipase,responsables de l’hydrolyse des glycé- rides des lipopro-téines. Ces travaux ont donc confirmé une implication dumétabolisme du cholestérol dans la DMLA. De plus, ilsont montré une association des taux plasma tiques delutéine et zé axan thine avec ces gènes, suggérant que lesmodifications du métabolisme lipidique pourraient im -pacter celui des pigments xanthophylles, dont le rôle pro-tecteur vis-à-vis de la DMLA est fortement suspecté. Cesrésultats ouvrent une nouvelle voie de recherche dans laphysiopathologie de la DMLA.�1. Communication orale à l’ARVO 2013. Merle B et al. LIPC andLPL polymophisms are associated with age-related macular dege-neration and plasma lutein and zeaxanthin: the Alienor Study. 2. Les Cahiers d’Ophtalmologie n°168 (mars 2013) et Ophthalmo-logy février 2013.

n° 170 • Mai 20138 Les Cahiers

Actualités

Numéro spécial SFO n°171 (juin-juillet 2013)

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Les Cahiers10 n° 170 • Mai 2013

Actualités

Pour de bonnes pratiquesde vente en ligne des lentilles de contact

Dans le contexte du développement des sites de commerce électronique et des services en ligne dansle domaine des produits optiques, et notamment des lentilles de contact, le Syffoc (Syndicat des fabricantset fournisseurs d’optique de contact) a souhaité mobi-liser tous les acteurs en présence sur l’enjeu majeurde la préservation de la santé visuelle des consom-mateurs. Il rappelle avec détermination qu’en toutescirconstances, la préservation de la santé visuelle desconsommateurs doit rester au coeur des pratiquesprofessionnelles.

Il a donc publié un document1 dans lequel il émetdes propositions de bonnes pratiques et rappelle l’ensemble des obligations légales et réglementai resen vigueur, dont le respect contribue à protéger les consommateurs et àassurer la sécurité descircuits d’approvisionne-ment et de vente. Il insisteentre autres sur la néces-sité d’un contrôle de l’or-donnance, notamment savalidité, par un opticien«en vertu de son obliga-tion de contrôle et sondevoir de conseil répon-dant aux impératifs desanté publique, confor-mément à la réglemen-tation en vigueur.» Dansle cas d’un site qui n’estpas hébergé par l’opti-cien-lunetier éditeur dusite, l’hébergeur doit être agréé de données de santéau sens des dispositions de l’article L 1111-8 du Codede la santé publique. De plus, un système de conseilinteractif et d’assistance doit être tenu à la disposi-tion des consommateurs/internautes leur permettantde s’entretenir avec un opticien-lunetier pour toutequestion avant l’achat en ligne et un service après-vente animé également par un opticien-lunetier doitêtre également mis à leur disposition dans les mêmesconditions.�

Contrôle des sites de vente en ligne de produits optiquesSelon une information dusite L’opticien-lunetier, laDirection générale de laconcurrence, de laconsommation et de larépression des fraudes(DGCCRF) a lancé desopérations de contrôlevisant notamment à s’assurer de la véracitédes réductions de prixannoncées par les sites et à vérifier la conformitéde leurs devis.

Contactologie

Le projet de loi portant di verses dispositions d’adap- tation au droit de l’Union européenne dans le domai ne dela santé, dit « DDADUE», a notamment pour objet de cla-rifier la réglementation encadrant la vente en ligne deslentilles de contact. Dans sa version actuelle, il suppri-merait la nécessité d’un aviset laisserait à l’opticien- lunetier la libre appréciationde demander ou non à sesclients une ordonnance encas de vente de lentilles cor-rectrices, en remplaçantl’obligation par une possibi-lité.

Ce projet de loi doit êtrediscuté à l’Assemblée en sep-tembre. Mais, pour accélérerencore le processus, et sousla pression de Bruxelles, legouvernement prévoit depublier par anticipation unarrêté qui permettrait auxsites de e-commerce et auxmagasins d’optique, de ven-dre et de procéder à l’adap-tation des lentilles de contactpour tous leurs clients, sansavis médical. Seuls les mineurs de moins de 16 ans conti-nueront d’être orientés vers l’ophtalmologiste en amont.

Le Dr Jean-Bernard Rottier, président du Syndicat Natio-nal des Ophtalmologistes de France (SNOF), alerte : « Cettemesure, sous couvert de simplifier la vie des consomma-teurs, se heurte à deux écueils majeurs. Le premier estd’ordre sanitaire : les études montrent que les patientséquipés en lentilles sans prise en charge et suivi ophtal-mologique ont 6 fois plus de risques de complications infec-tieuses (…). Le second écueil est déontologique : enl’absence de prescription du médecin, les opticiens seronttentés de vendre aux patients les lentilles sur lesquellesils bénéficient de la marge commerciale la plus impor-tante, et non celles qui sont le mieux adaptées à chaqueindividu.»�

Jean-Bernard Rottiers’insurge contrel’opération « 1 mois de lentilles offertes »Cette opération des maga-sins d’optique Alain Afflelourisque en effet de laissercroire que les lentilles sontun simple bien de consom-mation courante, au méprisdes règles élémentaires deprévention. De plus, le prési-dent du Snof a estimé que«dans le contexte actuel, iln’est pas responsable de lapart de l’enseigne Alain Affle-lou de nous envoyer un fluxsupplémentaire de patientsqui réclament des adapta-tions et des pres criptions delentilles en urgence».

La vente et l’adaptation des lentilles de contact exclues du contrôle del’ophtalmologiste ?

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n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 11

Baisse du chiffred’affaires de 3 % dela contactologie en2012Le chiffre d’affaires globaldes adhérents du Syffoc aété de 252,6 millions d’eu-ros : 212,3 millions pour leslentilles et 40,3 millions pourles produits d’entretien, soitune baisse de 3 % pour lessolutions comme pour len-tilles, avec des évolutionstrès différentes selon lestypes de lentilles : les len-tilles souples voient leursventes chuter de 11,5 % pourcelles à renouvellement tra-ditionnel et de 5,4 % pourcelles à renouvellement fré-quent, tandis que le segmentdes lentilles silicone-hydro-gel enregistre une hausse de9,6 %, les ventes des LRPGrestant stables.

Les sphériques sont les pre-mières en part de marché(57,8 %), suivies des toriques(25,8 %), toutes deux en ré-gression de 3 à 4 % ; malgréune hausse de 3,5 %, lesmultifocales ne représententque 12,9 % du marché. Surce critère, les évolutions sontégalement très différentesselon les types de lentilles,avec des hausses en part demarché particulièrementimportantes pour les len-tilles souples jetables jour-nalières, qu’elles soient to-riques (+12%) ou multi-focales (+10%), ce qui mon-tre bien les évolutions dansla demande de prise encharge de l’astigmatisme oude la presbytie.�

Une version torique pour l’Ophtalmic HR 1 DayAprès l’Ophtalmic HR 1 Day, qui avait reçu le Silmod’or en 2012, l’Ophtalmic HR 1 Day Toric vient d’êtrelancée.Principales caractéristiques : • Hydrophylie : 56 %• Dk/e : 57 • Epaisseur : 0,105 mm (à -3,00 D) • Diamètre : 14,30 mm • Rayon : 8,60 mm.Puissance : • Sphères : -8,00 à -6,00 D par 0,50 /-6,00 D à plan par 0,25 • Cylindres : -0,75 / -1,25• Axes : 20 / 70 / 90 / 110 / 160 / 180°.Boîtes de 30 ou 90 lentilles.

Actualités

Campagne grandpublic d’Essilor surles dangers des UVElle s’appuie sur la presseféminine, sur la presse«sciences et découverte» etsur les news magazines, etdevrait toucher, du 29 avril àla fin juin, plus de 7 millionsde lecteurs. Elle a égale-ment sensibilisé les inter-nautes, avec une campagnedigitale ciblée pour dévelop-per la pédagogie autour desUV, avec aussi des anima-tions sur Facebook autourdes idées reçues sur les UV.

… et d’Acuvue : le filtre UV commenouveau standard en lentillesAcuvue renouvelle sa cam-pagne pour sensibiliser lesporteurs aux bénéfices de laprotection UV, avec deux se-maines d’affichage dans 11villes, 15 gares, dans le mé-tro et le RER ainsi que surdes sites Web majeurs.�

Marquage CE pour de nouvelles indicationsdu Victus dans la chirurgie de la cataracteLa plateforme laser femtoseconde Victus (Bausch + LombTechnolas) a obtenu le marquage CE pour les incisionscornéennes, la kératoplastie transfixiante et les incisionsintrastromales pour anneaux intracornéens. Cette tech-nologie laser avancée permet de réaliser certaines étapesde la chirurgie de la cataracte au laser femtoseconde pourdes résultats chirurgicaux plus précis. La plateforme Victusa maintenant le marquage CE pour toutes les étapes clésde la chirurgie de la cataracte assistée par laser, c’est-à-dire la capsulotomie, la fragmentation du cristallin et lesincisions cornéennes. Cette plateforme a également le marquage CE pour la créa-tion de capots cornéens (pour les traitements lasik), pourles incisions arciformes cornéennes et pour l’Intracor.�

Leica Microsystems et Bausch + Lombsignent un accord mondial pour lesmicroscopes chirurgicauxBausch + Lomb distribuera les microscopes chirurgicauxophtalmologiques ainsi que les accessoires Leica à cer-tains marchés. Ce partenariat allie la force d’innovationdes microscopes ophtalmiques de Leica à l’infrastructurecommerciale mondiale de Bausch + Lomb, qui peut main-tenant offrir le portefeuille produit ophtalmique de LeicaMicrosystems : des microscopes pour la cataracte à deséquipements rétiniens haut de gamme. Parmi ceux-ci, onretrouve le Leica M822 pour les chirurgies de la cataracte,qui combine l’éclairage LED et l’éclairage halogène pourun reflet rétinien stable.Avec la récente acquisition de Technolas™ Perfect VisionGmbH1, Bausch + Lomb est devenu un leader émergenten matière de technologie laser femtoseconde pour lachirurgie de la cataracte.�1. Les Cahiers d’Ophtalmologie n°168, mars 2013.

Nouvelles de l’industrie

Compte rendu de « Chirur gie de la rétine2013 » p.59

Congrès

ACOS 2013Hôtel Majestic, Cannes28-30 juin 2013Troisième réunion annuelleorganisée par l’American-European Congress ofOphtalmic Surgery.Programme détaillé et inscrip-tions : www.acoscannes.com

Suite des congrèsp.50 : DMLA en pratique,Paris ; 9e JOI, Toulouse etp.58 : XVIe journée d’ophtal -mo logie, Marseille ; Imagerieen ophtalmologie, Paris

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Les Cahiers12 n° 170 • Mai 2013

Histoire de cas

Le diagnostic médical

L’ophtalmologiste qui suit Monsieur K. retrouve à l’exa-men du fond d’œil des cicatrices rétiniennes au niveau deses deux maculas s’accompagnant d’une dégradation desa vision centrale plus importante sur l’œil droit que surl’œil gauche. Après avoir réalisé une pseudophakie dechambre antérieure sur les deux yeux, son acuité en visionde loin est évaluée à droite à CLD à 1 m et à gauche à 0,04.En vision de près, l’œil droit déchiffre P32 et l’œil gaucheP12 avec une addition de 5,00.

La rencontre avec l’orthoptiste

Lors de l’entretien avec l’orthoptiste, Monsieur K.explique qu’il éprouve de grandes difficultés à réaliser destâches visuelles quotidiennes et exprime le regret de nepas être plus présent dans le parcours scolaire de son filsde 10 ans avec qui il vit seul. C’est le projet de vue définiavec Monsieur K. vers lequel toutes les évaluations futu-res vont tendre. Actuellement au RSA, il souhaite égale-ment reprendre une activité professionnelle.

Le dépistage orthoptique réalisé montre que les pour-suites sont régressives, que le traçage et le cerclage sontdécalés en inférieur à cause d’une fixation de son œilgauche en rétine supérieure.

Lors des différents tests réalisés, Monsieur K. fermel’œil droit pour améliorer sa perception. En effet, en fai-sant fixer un point lumineux monoculairement, le refletpupillaire est décalé en inférieur sur son œil gauche tan-dis que celui de l’œil droit est situé en temporal. Sa coor-

dination œil-main semble adaptée et la vitesse de lectureest mesurée à 60 mots/min à P12.

À ce stade du dépistage, nous relevons que les straté-gies visuelles du patient ne semblent pas optimales etnécessiteraient un bilan approfondi, suivi certainementd’une réadaptation orthoptique basse vision. Nous pro-posons à Monsieur K. de déposer un dossier MDPH (mai-sons départementales des personnes handicapées) etnous l’orientons vers différentes associations pour mal-voyants.

Le bilan optique

L’examen basse vision de la réfraction ne modifie pasl’acuité de l’OD alors que celle de l’OG est améliorée avecla correction suivante : -1,00(-0,75) 65° pour atteindre lescore de 0,08 en vision de loin avec un bénéfice ressenti.

La mesure du besoin de grossissement théorique estde 4x.

L’essai d’une loupe à poser et éclairante de 16 diop-tries associée à une addition de 2,50 permet la lecture rap-prochée des caractères du P4 avec une vitesse de60 mots/min.

La loupe : un dispositif à grossissement variable La loupe est sans conteste l’aide visuelle la plus

ancienne et la plus commune mais également le dispo-sitif optique dont le critère du grossissement est le plusvariable. Seule la puissance de la lentille est une cons-tante. Le grossissement perçu est également fonction dedeux autres paramètres : la distance qui sépare le texteà agrandir de la loupe et la position de l’observateur parrapport à cette même loupe.

La loupe testée par le patient est d’une puissance indi-quée de 16 dioptries. Le grossissement «commercial» est

Une déficience visuelle par traumatisme Pierre-Olivier Barale1, Gauthier Busquet 2,4, Philippe Blanc3,4

M onsieur K., 49 ans, boxeur professionnel pendant 25 ans est accueilli au centreBasse Vision CECOM à Paris. Malgré une perte de vision sensible consécutive aux

nombreux coups reçus lors de ses combats, son entraîneur a obtenu les autorisations quilui permettront de continuer à boxer à un très haut niveau. La dégradation est devenuetelle que Monsieur K. se rend aux urgences ophtalmologiques, ce qui met un terme à sacarrière sportive.

1. CHNO des Quinze-Vingts, Paris. 2. Orthoptiste.3. Opticien. 4. Centre Basse Vision CECOM, Paris.

Optique

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Page 12: Tout ce qui est utilisé et prescrit en Ophtalmologie fileComité scientifique Editorial Jean-Paul Adenis (Limoges) Vincent Borderie (Paris) Tristan Bourcier (Strasbourg) Antoine Brézin

de champ réel) et impose un déplacement permanent dusystème sur le texte à lire.

La synthèse du rendez-vous

À l’issue du rendez-vous, Monsieur K. repart plusinformé sur la voie à suivre et sur les moyens existantsqui vont lui permettre de suivre en autonomie les étudesde son jeune fils :- se faire établir une carte d’invalidité,- retirer un dossier à la MDPH de son département, - rencontrer une association qui œuvre pour la réinser-tion professionnelle des personnes handicapées,- rencontrer son ophtalmologiste pour l’organisation deson parcours d’accompagnement orthoptique et optique,- la loupe permet à Monsieur K. de compenser son inca-pacité à lire des textes de taille de caractères courants.

Bibliographie

Joseph Hormière. Instruments d'optique ophtalmique. Lavoisier,2010.

théoriquement de 4x, c’est-à-dire quand le texte est placéau foyer objet de la loupe et distant de 25 cm de l’obser-vateur. Or, le support de la loupe impose une distanced’appui de 5 cm (inférieure à la distance focale de laloupe). L’observateur placé à 15 cm de la loupe observedonc l’apparence du texte plus éloignée de 20 cm du texteréel, au travers de la lentille. Le calcul du «grossissementperçu » par Monsieur K. est seulement de 2,5x dans cesconditions.

En soulevant la loupe du texte sans dépasser la dis-tance focale de 6,5 cm, l’observateur constate une aug-mentation plus sensible du grossissement perçu (40 %)mais aussi une augmentation des aberrations géomé-triques et chromatiques. L’éloignement ou le rapproche-ment de l’observateur va faire varier le grossissementperçu de l’ordre de 20 % (figure 1).

Toutefois, le rapprochement de l’observateur, malgréune légère diminution du grossissement, ouvre davantagele champ apparent et permet ainsi une plus grande effi-cacité de lecture (le champ réel sur le texte, de l’ordre de3 cm, passe à 4 cm dans ces conditions) (figure 2).

La loupe est donc bien un instrument plus complexequ’il n’y paraît, avec des critères de distances qui vontconditionner sa performance en grossissement en com-plément du critère clé de sa puissance.

La loupe électroniquePar comparaison, l’essai d’une loupe électronique dotée

d’une caméra haute définition et surmontée d’un écrande visualisation distant de 25 cm de l’observateur, auto-rise, avec une addition de 3,00, la lecture du P4 avec unevitesse de lecture identique (figure 3). D’agrandissementsupérieur, le champ de lecture fourni par la caméra estplus réduit que celui de la loupe (2cm approximati vement

Optique

Les Cahiers14 n° 170 • Mai 2013

Figure 1. Variation du grossissement ressenti en se rapprochantde la loupe ou en réduisant la distance du texte.

Figure 2. En se rapprochant de la loupe, le champ réel sur le texteaugmente.

Puissance de la loupe 10,00 δ 16,00 δ

Grossissement « commercial »(Distance œil-texte : 0,25 m)

2,5x 4x

Grossissement perçu (pour 10 cm de rapprochement)

2x 2,5x

Grossissement perçu (pour 4 cm de soulèvement du texte)

1,8x 1,5x

Figure 3. Loupe électronique.

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Les Cahiers16 n° 170 • Mai 2013

Cas n°1. Lentilles jetables journalièreschez une patiente presbyte

Il s’agit d’une patiente âgée de 63 ans équipée pour la pre-mière fois en lentilles progressives en 2010 à l’âge de 60 ans.Elle portait des lentilles souples progressives en matériausilicone-hydrogel. L’examen de préadaptation ne montraitaucune anomalie particulière.

La réfraction à l’époque était : OD : +1,75 ; add +2,00,OG : +1,50 ; add +2,00,Addition minima : +1,00 ; OD préférentiel de loin,Kératométrie : OD : 8,10/8,15 ; OG : 8,00/8,12.

Les lentilles posées étaient des Air Optix MF +1,75, additionhigh ODG, avec une solution multifonctions pour l’entretien.

Les lentilles ont été abandonnées au bout de 18 mois pourcause d’inconfort.

L’examen de contrôle en 2011 révèle, en retournant la pau-pière supérieure, l’existence d’une conjonctivite giganto-papil-laire (GPC) (figure 1) expliquant les symptômes décrits. Lasolution d’entretien est incriminée dans la survenue de cette GPC.

Un traitement est mis en place avec relais par des lentillesjetables journalières pendant une période de trois mois avantd’envisager la reprise des lentilles mensuelles.

Des lentilles Dailies Progressives All Day Comfort sont pres-crites selon les règles d’adaptation (correction VL + additionminima) +2,75 ODG.

Lors du contrôle à quatre mois, on note la disparition de laGPC ; la patiente a repris depuis un mois le port des lentilles,utilisant les lentilles jetables journalières (LJJ). Bien que moinsbien corrigée, elle ne souhaite pas reprendre les lentilles men-suelles car elle trouve bien plus pratique de porter des LJJ.

Lors du contrôle fin 2012, un essai avec des nouvelles LJJ,après avoir refait une réfraction sans lentilles, donne toutesatisfaction à la patiente et améliore son acuité visuelle.

Réfraction 2012 : +2,25 ; add +2,50 ODG.Nouvelles lentilles : Ophtalmic 1day Progressives HR en sili-

cone-hydrogel, +2,25 ; addition high ODG. La patiente est trèssatisfaite de ses lentilles portées tous les jours avec une acuitévisuelle à 10/10 P2.

En conclusionLes lentilles jetables journalières suppriment le risque

d’atopie lié aux solutions d’entretien, réduisent les réactionsallergiques chez les sujets atopiques [1] en éliminant les aller-gènes présents à la surface des lentilles en période de pollini-sation, les lentilles étant renouvelées tous les jours.

Elles réduisent les dépôts à la surface des lentilles, parti-culièrement ceux de protéines dénaturées responsables deréactions inflammatoires et allergisantes locales [2].

Vous pouvez proposer les lentilles jetables progressives à tousles patients presbytes que vous équipez dans la limite des para-mètres disponibles, aussi bien en première prescription qu’encomplément de lentilles progressives mensuelles.

Les lentilles jetables journalières sont également pratiqueslors des voyages ou périodes de vacances du fait de leur sim-plicité d’utilisation, et chez les presbytes portant leurs lentillesde façon occasionnelle.

Cas n° 2. Équipement d’un enfant en lentilles jetables journalières

Chloé, 13 ans, consulte avec sa maman car elle souhaiteporter des lentilles de contact. Elle est myope et porte deslunettes depuis l’âge de 6 ans. Interrogée sur ses motiva-tions, elle dit ne plus avoir envie de porter des lunettes. Deplus, Chloé pratique l’équitation dans un manège tous lesjours une à deux heures par jour après l’école. Ne pouvantporter des lunettes, elle est gênée dans sa vision pour cettepratique sportive, notamment pour le saut d’obstacle.

Cas cliniques. Lentilles jetables journalièresEvelyne Le Blond

Grenoble

Figure 1. Conjonctivite giganto-papillaire.

Contactologie

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n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 17

Contactologie

La topographie confirme la présence d’un kératocône infra-clinique OD et un kératocône centré à base large, pente moyenneavec un aplatissement périphérique prononcé OG (figures 2 et 3) ;Kératométrie : OD : 7,60/7,85 ; OG : 7,25/7,60, Pachymétrie : OD : 490 mm ; OG : 410 mm.

Un cross-linking est réalisé sur l’œil gauche pour stabiliserl’évolution du kératocône chez ce jeune patient, puis une adap-tation en lentilles est programmée.

Une lentille LRPG de révolution est adaptée à droite et uneLRPG de géométrie kératocône à gauche :OD : Menicon EX Z 7,80/9,60/-100 = 10/10, OG : Menicon Rose K2 7,40/9,10/-3,00 = 8/10.

La lentille droite est assez bien supportée chez ce patient trèspusillanime ; par contre, la lentille gauche, malgré une bonneimage à la fluorescéine, se décentre légèrement vers le bas eta tendance à sauter d’autant que Zakharie se frotte fréquem-ment les yeux. Un piggy-back (encadré) est alors envisagé surl’œil gauche avec une lentille souple jetable journalière en

La réfraction du jour est :OD : -4,50 (-0,25) 10° ; 10/10,OG : -5,00 ; 10/10,Kératométrie : OD : 7,90 (10°)/7,85 (100°),OG : 7,86 (0°)/7,90 (90°).

Une adaptation en lentilles semi-rigides serait le premierchoix sécuritaire chez cette jeune patiente, mais la poussièreengendrée lors de sa pratique sportive quotidienne oriente lechoix d’adaptation vers des lentilles souples en matériau sili-cone-hydrogel pour un meilleur respect de la physiologie cor-néenne. Les lentilles jetables journalières sont préférées pourplusieurs raisons :- les lentilles portées sont neuves chaque jour ;- les consignes d’entretien sont allégées car il n’y a pas d’uti-lisation de solution d’entretien ;- elles sont réduites au minimum puisqu’il faut juste se laverles mains avant la pose et la dépose des lentilles et jeter les len-tilles tous les soirs après les avoir retirées ;- le coût est minime en cas de perte ou de déchirure des len-tilles, d’autant que Chloé a eu beaucoup de mal au début à gérerson appréhension lors de la manipulation des lentilles etquelques lentilles ont été déchirées.

Les parents sont par ailleurs rassurés par la simplificationdes consignes à cet âge.

Lentilles prescrites : 1 Day Acuvue Trueye, Ro : 8,50, OD -4.25,OG -4.75, réfraction ramenée au sommet de la cornée.

En conclusionChez les adolescents jeunes, lorsqu’une adaptation en len-

tilles perméables aux gaz (LRPG) ne peut être réalisée ou n’estpas supportée, je préfère, lorsque les paramètres me le per-mettent, équiper en lentilles souples jetables journalières, afinde simplifier les consignes d’entretien qui seront mieux suivies.

Cette simplification rassure les jeunes porteurs ainsi quel’entourage parental souvent inquiet par le risque de perte oude prise en charge aléatoire de l’entretien des lentilles. D’au-tre part, on sait actuellement que si le risque de complicationsinfectieuses n’est pas diminué avec les lentilles souples jeta-bles journalières contrairement aux LRPG, ces infections sontmoins graves que pour les autres modalités de renouvellementen lentilles souples [3].

Cas n°3. Lentille jetable journalière dans un équipement d’un kératocôneen piggy-back

Zakharie, 15 ans, est adressé par un confrère pour priseen charge d’un kératocône de découverte récente.

Sa réfraction montre :OD : -0,75 (-1,50) 80° = 10/10, OG : -1,00 (- 2,25) 100° NA = 3/10.

Figure 2. Kératocône centré à base large, pente moyenne avec unaplatissement périphérique prononcé OG.

Figure 3. Kératocône infraclinique OD.

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silicone-hydrogel de puissance +0,50 (figure 4). Cette lentille souple recentre et stabilise la lentille rigide et améliore nette-ment le confort de port de Zakharie. Au contrôle à six mois,Zacharie porte sa lentille gauche en piggy-back et il utilise par-fois le piggy-back à droite lorsqu’il supporte mal sa lentille.

Conclusion

Les LJJ ont des indications nombreuses et variées. Encorepeu utilisées en France par rapport aux pays anglo-saxons, leurprescription est en augmentation constante, alimentée par lesnouveaux matériaux, les nouvelles géométries et de nouveauxparamètres disponibles.

Le concept de la LJJ qui est de fournir chaque jour une len-tille neuve, stérile, sans dépôts, conservée avant ouverture dansune solution stérile, explique les multiples avantages apportéspar ce type de lentille : un meilleur confort, plus de sécurité,une simplicité d’utilisation, une meilleure tolérance, une pos-sibilité de port régulier ou occasionnel sécuritaire.

Bibliographie

1. Hayes VY, Schnider CM, Veys J. An evaluation of 1-day disposablecontact lens wear in a population of allergy sufferers. Cont LensAnterior Eye. 2003;26(2):85-93.

2. Donshik PC, Porazinski AD. Giant papillary conjunctivitis in fre-quent-replacement contact lens wearers: a retrospective study.Trans Am Ophthalmol Soc. 1999;97:205-16; discussion 216-20.

3. Cho P, Boost MV. Daily disposable lenses: the better alternative.Contact Lens Anterior Eye. 2013;36(1):4-12.

4. Malooley MM, Faron CA. Contact lens options for irregularcorneas. Contact Lens Spectrum. 2011 (may).

n° 170 • Mai 201318 Les Cahiers

Contactologie

Figure 4. Piggy-back.

Le piggy-back est une technique qui consiste à adapter unelentille souple sous une lentille rigide.

Utilisée dans l’adaptation des cornées irrégulières et parti-culièrement du kératocône, elle présente deux points d’in-térêts majeurs :- le premier est d’améliorer le confort de port de la LRPG, - le second est de stabiliser la LRPG, stabilisant ainsi l’acuitévisuelle et diminuant le risque de perte [4].

Le matériau de la lentille souple sera en silicone-hydrogelpour donner la meilleure perméabilité à l’oxygène sur ces cornées pathologiques. Le choix d’une lentille jetable jour-nalière pour cet équipement en piggy-back permet de sim-plifier la gestion de l’entretien des lentilles puisque celui-cine concernera que la lentille rigide.

Il permet également aux porteurs de gérer eux-mêmes leurpiggy-back. En effet, nombre d’entre eux, sensibles au début,s’habituent ensuite à leurs lentilles et ne portent plus la len-tille souple sauf parfois occasionnellement dans les atmo-sphères poussiéreuses.

Conflits d’intérêts : Aucun

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n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 19

ContactologiePublirédactionnel

Objectifs de l’étudeConsidérant qu’un succès en lentilles multifocales implique

pour le presbyte de voir de près comme de loin sans compro-mis, l’objectif principal de l’étude est d’évaluer le pourcentagede patients obtenant des acuités visuelles (AV) lentilles en visionde loin (VL) et en vision de près (VP) au moins équivalentes àcelles de la réfraction lunettes. Cette étude s’est égalementattachée à apporter des réponses sur les performances obte-nues en vision simultanée en termes de vision des contrasteset de vision stéréoscopique en lentilles Biofinity® multifocalcomparée à Air Optix® Aqua Multi focal et PureVision® Multi-Focal.

MéthodologieLors de cette étude clinique multicentrique, prospective,

randomisée, en simple aveugle, 138 patients presbytes sanscontre-indication au port de lentilles, avec un cylindre inférieurou égal à 0,75D et n’ayant jamais été équipés préalablement enmonovision ou en lentilles progressives, ont été adaptés par12 ophtalmologistes français1 en Biofinity® multifocal et en AirOptix® Aqua Multi focal ou en PureVision® Multi-Focal selon unratio d’attribution de 1/0,5. Les AV de loin (échelle Monoyer) etde près (test Parinaud) ont été relevées lors de la réfraction ini-tiale. Chaque patient a alors été adapté avec un premier typede lentilles selon un ordre d’attribution randomisé. La solution

d’entretien Opti-Free® RepleniSH® a été fournie à l’ensembledes patients. Après 7 à 9 jours de port diurne, une visite de suivia per mis d’optimiser les puissances si nécessaire.

Ont été évaluées après 10 à 15 jours de port supplémen-taires :- les données visuelles suivantes : AV binoculaires en VL et enVP, vision des contrastes à 90 % et 10 % en VL et VP (Galinet),vision stéréoscopique (points de Wirt),- les performances cliniques en termes de centrage-mobilité,de mouillabilité (échelle grades 0 à 4) et de rougeurs limbiqueet conjonctivale (échelle Efron),- l’appréciation subjective des patients (score de 0 : mauvais, à100 : excellent).

Les patients ont été ensuite adaptés avec le deuxième typede lentilles en cross-over.

RésultatsL’âge moyen des 138 patients inclus est de 52,9 ± 6 ans,

75,9 % sont des femmes, 62,5 % sont hypermétropes [plan ;+5,00 D] et 33,1 % myopes [-0,25 ; -8,75 D] avec une kératomé-trie moyenne de 7,80 mm [7,10 ; 8,90mm].

Pour 79,85 % des patients, la différence de correction entreœil droit (OD) et gauche (OG) est inférieure ou égale à 0,50D cequi s’apparente à une correction symétrique ODG.

L’ensemble des additions Biofinity® multifocal sont repré-sentées dans cette étude : - 17,9 % des patients ont été équipés avec l’addition +1,00 D,38,9 % avec +1,50 D, 36,3 % avec +2,00 D et 6,9 % avec +2,50 D ;- 98,1 % des équipements ont été réalisés avec une lentille Dassociée à une lentille N sur l’autre œil.

L’œil préférentiel est le droit pour 58,9 % des patients.

Étude clinique Innovation PresbytieBiofinity® multifocalDr Catherine Peyre 1, Sandrine Chéneau 2, Caroline Bonneville 2, Fovéa 3

Avec 43% de la population âgée de plus de 45 ans [1], la presbytie touche près de 27 millions depersonnes en France, ce qui implique une demande de plus en plus forte pour une solution per-

formante en lentilles progressives. Face à cette typologie de patients, les contactologues françaisfont partie des leaders mondiaux dans l’adaptation des lentilles progressives [2]. De nombreuseslentilles multifocales existent actuellement sur le marché ce qui peut compliquer le choix de lameilleure solution pour chaque patient. L’étude clinique nationale Innovation Presbytie permet de fournir aux praticiens des points derepères fiables sur les performances visuelles attendues afin de mieux informer les patientsdésireux d’être équipés en lentilles progressives.

1. Paris 2. Sophia-Antipolis 3. Rueil-Malmaison.

1. Investigateurs : les docteurs Louisette Bloise, Jean-Pierre Colliot,Françoise Comet-Mateu, Martine Cros, Marie Delfour-Malecaze,Dominique Gayot, Evelyne Le Blond, Françoise Lecherpie, SylvieLejeune, Monique N’Guyen, Catherine Peyre, Xavier Subirana.

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Performances visuellesSi les trois lentilles multifocales Biofinity®, Air Optix® Aqua

et PureVision® fonctionnent sur le principe de la vision simul-tanée, leur conception optique est différente. Air Optix® AquaMultifocal et PureVision® Multi-Focal disposent de géométriesprogressives à vision de près centrales adaptées de manièresymétrique entre les deux yeux, alors que le concept optique deBiofinity® multi focal s’appuie sur le principe de la BalancedProgressiveTM Technology : deux géométries sphéro-progressivesasymétriques, lentille D (VL sphérique centrale) sur l’œil pré-férentiel de loin, lentille N (VP sphérique centrale) sur l’autreœil. Les plages VL et VP sont sphériques stabilisées sur leslentilles D et N (figure 1).

Acuités visuelles de loin et de près et taux de succèsAvec une AV moyenne de 10,2/10 en Biofinity® multifocal,

l’AV VL de 10,3/10 obtenue lors de la réfraction initiale a étémaintenue. Les performances visuelles de près en Biofinity®

multi focal sont significativement meilleures que celles obtenuesen Air Optix® Aqua Multifocal (p = 0,0189) (figure 2).

En considérant comme succès visuel le pourcentage depatients ayant obtenu des AV VL et VP combinées au moinsaussi bonnes que celles relevées lors de la réfraction, le tauxde succès en Biofinity® multifocal s’élève à 65,3 %. Il est statis-tiquement supérieur à celui des lentilles Air Optix® Aqua Multi -focal et PureVision® Multi-Focal avec lesquelles les acuités sontinférieures à celles relevées lors de la réfraction pour plus d’unpatient sur deux (figure 3).

Vision stéréoscopiqueLes résultats obtenus en vision stéréoscopique révèlent que

l’équipement asymétrique Biofinity® multifocal D+N respecte lavision binoculaire. L’acuité stéréoscopi que moyenne est supé-rieure à celle obtenue avec les deux autres lentilles et atteint 60’’ :

Vision des contrastesLes résultats en termes de vision des contrastes en

VL à 90% et en VP à 10% et 90% sont significativement supé-rieurs avec Biofinity® multifocal comparée à Air Optix® AquaMultifocal (figure 4).

Stabilité visuelleEnfin, l’évaluation de la stabilité visuelle par les patients est

statistiquement meilleure pour Biofinity® multifocal par rapportaux deux autres lentilles testées (p ≤ 0,0325).

Performances cliniquesAlors que les matériaux silicone-hydrogel d’Air Optix® Aqua

Multifocal et de PureVision® Multi-Focal ont recours respecti-vement à un revêtement ou un traitement de surface pour mas-quer l’hydrophobie du silicone, celui de Biofinity® multifocal

Les Cahiers20 n° 170 • Mai 2013

Contactologie

Figure 1. Principe optique de Biofinity® multifocal.

Figure 2. Acuités en vision de près.

Pou

rcen

tage

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Figure 3. Taux de succès.

Points de Wirt : point 7 (60”)

AV V

L+VP

lent

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≥AV

VL+

VP lu

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Figure 4. Vision des contrastes.

Nom

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Biofinity® multifocal : 7Air Optix® Aqua Multifocal : 6,2PureVision® Multi-Focal : 6,7

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n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 21

Contactologie

intègre des liaisons hydrogène permettant d’assurer une mouillabilité naturelle, inhérente au matériau. Le matériau deBiofinity® multifocal est également formulé pour associer hyper-oxygénation à davantage d’hydrophilie afin d’obtenir un maté-riau plus souple.

Centrage et mobilitéUn centrage conforme ainsi qu’une mobilité optimale ont

été obtenus pour 96,8 % et 87,9 % des porteurs équipés en Biofinity® multifocal.

MouillabilitéLa mouillabilité évaluée par les investigateurs a été notée

bonne à excellente pour 68,9% des patients en Biofinity® multi -focal, ce résultat étant statistiquement meilleur par rapportaux deux autres lentilles testées (figure5).

Confort

Les scores de confort exprimés par les porteurs sont élevéspour Biofinity® multifocal et significativement meilleurs queceux de PureVision® Multi-Focal ou d’Air Optix® Aqua Multi focalà la pose (figure 6).

Durée de port

Les patients ont porté Biofinity® multifocal en moyenne 11heures et 36 minutes. La durée de port a été significativementplus longue que celle d’Air Optix® Aqua Multi focal (+54 min,p = 0,0304) ou de PureVision® Multi-Focal (+18 min, p = 0,0134).

Préférence (figure 7)

ConclusionsLe taux de succès visuel (acuités VL et VP combinées au

moins aussi bonnes que celles de la réfraction) est significati-vement plus élevé en Biofinity® multifocal compa ré aux len-tilles Optix® Aqua Multifocal et PureVision® Multi-Focal,

Les résultats en vision stéréoscopique révèlent un effet si -gnificatif en faveur de Biofinity® multifocal (p = 0,0139) adaptéeavec l’association de deux géométries sphéro-progressives asymétriques (D + N).

La mouillabilité de surface évaluée par les investigateursest également significativement meilleure avec Biofinity® multi -focal.

Comparés à Air Optix® Aqua Multifocal, les autres résultatssignificativement en faveur de Biofinity® multifocal portent prin-cipalement sur les performances en VP : Parinaud lu, vision descontrastes à 10% et 90% et évaluation subjective des patients.

Comparés à la lentille PureVision® Multi-Focal, les autresrésultats significativement en faveur de Biofinity® multifocalportent essentiellement sur l’ensemble des items de confort deport évalués par les patients.

Les performances supérieures obtenues avec Bio finity®

multifocal, à la fois en termes de succès visuel et de confort deport, pourraient expliquer qu’elle soit portée significativementplus longtemps que les lentilles Air Optix® Aqua Multifocal etPureVision® Multi-Focal.

Biofinity® multifocal semble donc apporter la double réponseattendue par les adaptateurs et les presbytes pour satisfaire lesbesoins de vision et de confort en lentilles progressives.

Bibliographie1. INSEE 2011. www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/donnees-detaillees/bilan-demo/pyramide/pyramide.htm2. International contact lens prescribing in 2011. www.clspectrum.com/articleviewer.aspx?articleID=106551

RemerciementsCooperVision, promoteur de cette étude clinique, souhaiteremercier tous les médecins investigateurs et tout particu-lièrement le Dr Catherine Peyre, coordinateur de l’étude, etFovéa pour l’analyse des données.

Figure 5. Mouillabilité bonne à excellente.

Pou

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Figure 6. Confort.

Scor

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-100

)

Figure 7. Préférence des ophtalmologistes (O) et des patients (P).

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O P

O P

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Mme R., 28 ans, est adressée au Centre de référencedu kératocône pour un astigmatisme irrégulier d’an-cienneté inconnue associé à une baisse d’acuité visuellede l’œil gauche.

Elle décrit une baisse d’acuité visuelle progressive àl’œil gauche. Ses antécédents médicaux comportent unterrain atopique avec un asthme, un eczéma et uneconjonctivite allergique. Elle est porteuse de lentillessouples hydrogel depuis de nombreuses années.

L’examen clinique initial retrouve une acuité visuelle cor-rigée de 5/10e P2 à l’œil gauche avec une correction enlentilles de -4 D.

La topographie retrouve un aspect d’ectasie cornéenneinférieure gauche. Paradoxalement, la face postérieure(figure 1b) ne présente pas de bombement correspon-dant. On pose le diagnostic de kératocône de l’œil gauchede stade 1 selon la classification de Krumeich.

La patiente est réadaptée en lentilles rigides. Elle béné-ficie d’un bilan allergologique et d’un traitement anti -allergique. Un contrôle est programmé trois mois plus tardafin de juger de l’évolutivité avant la réalisation d’un cross-linking.

Contrôle à trois moisL’acuité visuelle avec correction est de 10/10e P2 à l’œil

gauche.

La topographie de la face antérieure s’est modifiée etne retrouve plus de bombement (figure 2a) ; en revanche,l’aspect de la face postérieure (figure 2b) est restéinchangé.

Il s’agissait donc d’un corneal warpage.

ConclusionLe corneal warpage est le principal diagnostic diffé-

rentiel de kératocône chez les patients porteurs de len-tilles de contact.

L’image topographique peut persister jusqu’à 11 semai -nes après l’arrêt du port de lentilles souples.

La topographie de la face postérieure est un élémentimportant d’orientation dans le diagnostic de kératocône.

Les Cahiers22 n° 170 • Mai 2013

La présentation de l’interne

Une topographie peut en cacher une autre…Sarra Gattoussi 1,2, David Smadja1

Clinique

1. CHU Bordeaux 2. Interne en 5e semestre.

Points forts

• Penser à étudier l’aspect de la face postérieure dela cornée.

• S’assurer de l’arrêt du port des lentilles avant laréalisation d’une topographie : 2 à 3 jours pour leslentilles souples et jusqu’à 30 jours pour les len-tilles rigides.

Figure 1. Topographie initiale : ectasie cornéenne inférieuregauche. a. Face antérieure. b. Face postérieure.

Figure 2. Topographie à trois mois. a. Face antérieure. b. Facepostérieure.a. b.

a. b.

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Clinique

n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 23

La découverte d’une lésion conjonctivale par les patientsreprésente un motif de consultation assez fréquent. Laconjonctive est en effet un tissu facilement accessible àl’examen clinique par le praticien mais aussi par le patientqui va remarquer une modification de coloration ou uneexcroissance qui l’incitera alors à consulter. Bien quedans la plupart des cas les lésions soient de naturebénigne, il est capital pour l’ophtalmologiste de savoirreconnaître les lésions malignes qui peuvent mettre enjeu le pronostic vital du patient. Il est important de s’ap-puyer sur son histoire et ses antécédents ainsi que surles caractéristiques cliniques des tumeurs étudiées pouridentifier les différentes lésions.

Les tumeurs non mélaniquesbénignesLe dermoïde et le dermolipome sont deux tumeurscongénitales

• Le dermoïde est une petite masse solide, ronde et biendélimitée composée de tissu dermique (cheveux, os…). Lalocalisation limbique inféro-temporale est typique. Ellepeut envahir la cornée et son ablation est à discuter enprésence d’une gêne esthétique, d’un astigmatisme oud’un effet Dellen important. La découverte d’un dermoïdechez l’enfant doit faire rechercher des manifestationssystémiques dans le cadre de syndrome polymalformatif.

• De découverte parfois tardive car longtemps asymp-tomatique, le dermolipome (figure 1) est une masse molleet mobile blanc jaunâtre de nature collagéno-lipidique,développée habituellement en temporal supérieur. Il estmieux visualisé lors du regard vers le bas. Son caractèrenon réductible le différencie des hernies graisseuses chezle sujet plus âgé. Son excision est parfois délicate et peut

se compliquer deptosis, troublesoculomoteurs ousymblépharons.Elle est donc àréserver aux castrès symptoma-tiques.

Papillome, kyste d’inclusion et granulome pyogène sont des tumeurs acquises

• Les lésions du papillome sont secondaires le plus souvent à une infection materno-fœtale par les papillo-mavirus de types 6, 11, 16 ou 18. Elles se déclarent volon-tiers dans l’enfance mais parfois aussi à l’âge adulte etprennent la forme de lésions fibrovasculaires rosâtressessiles ou pédiculées. Les papillomes sont fréquem-ment localisés en région limbique ou caronculaire et peu-vent parfois être multiples et confluents.

• Le kyste d’inclusion est spontané ou fait suite à untraumatisme, une chirurgie ou un épisode inflammatoire.Il s’agit d’un kyste à contenu clair, bien délimité et qui restesouvent pauci-symptomatique.

• Contrairement à ce que son nom indique, le granu-lome pyogène ne renferme le plus souvent ni pus ni granulome. Il s’agit d’un tissu de granulation associé à une prolifération fibrovasculaire cicatricielle secondaireapparaissant dans les semaines qui suivent un trauma-tisme, une chirurgie ou une inflammation. Il se présentesous la forme d’un bourgeon charnu rose et vascularisésaignant facilement. Lorsqu’il progresse rapidement ouest responsable de gêne oculaire, une cure courte de cor-ti coïdes locaux peut être proposée. En l’absence deréponse, son excision est indiquée même s’il existe unrisque important de récidive.

Que faire devant la découverte d’une tumeur conjonctivale ?Yann Kauffmann1, Aurore Muselier1, Catherine Creuzot-Garcher1,Laurence Desjardins 2

B ien que les tumeurs conjonctivales soient dans la plupart des cas de nature bénigne,il est capital pour l’ophtalmologiste de savoir reconnaître les lésions malignes qui

peuvent mettre en jeu le pronostic vital du patient. Cet article présente les tumeurs lesplus fréquentes et celles dont le potentiel de malignité doitconduire à une prise en charge rapide.

1. Service d’ophtalmologie, CHU de Dijon. 2. Institut Curie, Paris

Figure 1. Lipome.

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Clinique

Les Cahiers24 n° 170 • Mai 2013

Les tumeurs non mélaniquesmalignes

• Concernant les néoplasies épidermoïdes, il s’agit d’un spectre de lésions conjonctivales de degré de malignitécroissant. Une forte exposition aux UV, une infection parpapillomavirus ou une immunodépression en sont lesprincipaux facteurs de risque.

Ces néoplasies se manifes tent chez le sujet âgé et sontle plus souvent unilatéra les et progressives. Elles sontgénéralement localisées dans l’aire interpalpébrale,proche du limbe, et peuvent envahir la cornée par conti-guïté. Elles peuvent prendre l’aspect de lésions gélati-neuses, pseudo-papillomateuses (figure 2) ou encore deplaques blanchâtres leucoplasiques (figure 3). Les formesavancées prennent l’aspect de bourgeons charnus roseshétérogènes, souvent alimentés par un vaisseau nourri-cier (figure 4). L’examen histologique sur biopsie conjonc-

tivale est capital. C’est lui qui permettra de différencier : - dysplasie épithéliale, bénigne (cellules épithélialesbasales dysplasiques),- carcinome épidermoïde in situ, à malignité locale (cel-lules carcinomateuses envahissant toute l’épaisseur del’épithélium mais respectant la membrane basale),- carcinome épidermoïde invasif, potentiellement métasta-tique (cellules carcinomateuses franchissant la mem-brane basale et envahissant le stroma conjonctival).

Le traitement de toutes ces lésions est avant tout chi-rurgical et repose sur leur exérèse large. Les forme inva-sives doivent bénéficier d’une irradiation complémentairedu lit d’exérèse (par brachythérapie ou protonthérapie) etd’un bilan d’extension (TEP scanner) alors que les formesin situ peuvent être traitées par des collyres antimitoti -ques comme la mitomycine à 0,02 % ou le 5 fluorouracile.

• Souvent peu symptomatique, le lymphome conjonc-tival peut survenir dans trois contextes : localisation primitivement conjonctivale, extension à partir d’une loca-lisation orbitaire ou encore dans le cadre d’une atteintesystémique connue. Cette lésion, diffuse et modérémentsurélevée, siège volontiers au niveau du stroma conjonc-tival bulbaire ou dans le fornix. Sa coloration rouge sau-mon est caractéristique. Cliniquement, il est impossiblede différencier les lymphomes des hyperplasies lym-phoïdes bénignes.

• Le sarcome de Kaposi, lésion liée à un virus de lafamille de l’herpès, survient exclusive-ment dans un contexte d’immunodé-pression cellulaire telle qu’on la retrouvelors des infections par le VIH. Elle se pré-sente comme une masse séro-hémorra-gique rouge vif, mal limitée et decroissance lente. Elle mime volontiersune hémorragie sous-conjonctivale.

Les tumeurs mélaniquesbénignes

• Le naevus (figure 5), lésion fréquente, est habituel-lement solitaire, unilatéral et apparaît dans les deux pre-mières décades de vie. Les lésions sont planes ou sessiles,bien délimitées et peuvent présenter de fins microkystesclairs en leur centre. Leur pigmentation est variable et peuts’accentuer au cours de la vie en simulant une croissancelésionnelle. Leur topographie est typiquement interpal-pébrale ou caronculaire. L’examen histologique permet dedifférencier selon la profondeur des cellules mélaniques :- naevus jonctionnel (cellules à la jonction entre l’épi-thélium et le stroma),- naevus composé(cellules à chevalentre l’épithélium etle stroma),- naevus sous-épi-thélial (cellules enprofondeur dans lestroma).

Le risque detrans formation vers

Figure 2.Lésion pseudo-papillomateuse.

Figure 3. Plaqueblanchâtre leucoplasiqueprenant la région limbiqueet s'étendant au niveau dela cornée.

Figure 4. Grosbourgeon charnu rosâtrealimenté par un vaisseaunourricier.

Courtoisie du Dr LaurenceDesjardins (figures 2 à 4)

Figure 5. Naevus conjonctival.

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Clinique

n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 25

un mélanome malin est de moins de 1 % mais cette évo-lution devra être évoquée devant toute atypie (tableau I).La prise en charge repose sur la surveillance en l’ab-sence de signe de malignité. Au moindre doute, on réa-lisera une exérèse avec marges de sécurité, cryothérapiedes berges et examen anatomopathologique.

• Le dermoépithéliome de Parinaud (figure 6) est unetumeur saumonée qui siège habituellement au limbe eten est séparée par un espace sain. Elle est composée decellules næviques et de cellules à mucus qui forment deskystes translucides jaunâtres, bien repérables à la lampeà fente. Une surveillance régulière est souvent suffisante.

• Relativement commune chez les sujets mélano-dermes, la mélanose raciale(figure 7) se manifeste par unepigmentation dorée ou bru-nâtre plane, le plus souventpérilimbique et bilatérale.Constituée de mélanocytesnormaux dont la productionde mélanine est augmentée,elle apparaît dès les pre-mières années de vie et restestable chez l’adulte.

Les tumeurs mélaniques malignes et potentiellement malignes

• La mélanose primitive acquise (MPA) est une lésionhabituellement unilatérale, apparaissant chez le sujetd’âge moyen peu mélanoderme. Il s’agit de formations pigmentées planes, multifocales et diffuses. Elle peutêtre située sur toutes les portions de la conjonctive etl’examen avec éversion des paupières est donc capital.Macroscopiquement, cette lésion peut présenter desvariations de taille et/ou de coloration au cours du temps.Soixante-quinze pour cent des mélanomes surviennentà partir d’une MPA, raison pour laquelle les biopsies multi focales avec examen anatomopathologique sontquasi systématiques en cas de doute. Elles retrouventune augmentation du nombre de mélanocytes épithéliauxet permettent de différencier : - MPA sans atypie cellulaire pour lesquelles le risque detransformation maligne est nul,- MPA avec atypie cellulaire, retrouvant un pléomorphismedes mélanocytes, pour lesquelles le risque de dévelop-per un mélanome est de 50 % à cinq ans.

Si on soupçonne un mélanome conjonctival, il faut faireune exérèse complète sous anesthésie générale en chan-geant d’instruments pour la reconstruction et sans oublierau préalable les photographies en lampe à fente. En casde mélanome invasif, une irradiation complémentaire estindispensable (brachythérapie, protonthérapie, voire par-fois irradiation externe pour les culs-de-sac). S’il existeune MPA associée, il faut ensuite traiter par collyre à lamitomycine à 0,04 % (deux cures de 15 jours espacées de15 jours). Enfin, il ne faut pas négliger un bilan soigneuxdes aires ganglionnaires par IRM et TEP scanner et unesurveillance prolongée locale et générale.

• Diagnostiqué le plus souvent dans la 6e décade, lemélanome malin (figure 8) est une lésion maligne à fortpotentiel métastatique composée de cellules mélaniquesmalignes au sein de l’épithélium et du stroma conjoncti-

Figure 7. Mélanose raciale. Figure 8. Mélanome limbique.

• Localisation atypique (fornix, conjonctive palpébrale…).

• Augmentation brutale de taille et d’épaisseur.

• Modification brutale de coloration.

• Vaisseaux nourriciers prédominants.

• Développement après la 2e décade.

Tableau I. Critères de malignité d’une tumeur pigmentée.

Figure 6. Dermoépithéliome de Parinaud.

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val. Le plus souvent, il existe une MPA avec atypie cellu-laire qui fait le lit du mélanome mais ce dernier peut aussiapparaître à partir d’un naevus ou de novo.

Macroscopiquement, il apparaît comme une lésion noirâtre, irrégulière, fixée souvent à la sclère, mais peutégalement être achrome. Lorsqu’il existe une MPA, toutemodification d’épaisseur, de coloration ou de vasculari-sation doit le faire évoquer. Il métastase volontiers loca-lement (mélanome multi focal), régionalement (adéno-pathies pré-auriculaire ou sous-mandibulaire) et à dis-tance (foie, poumon, os, peau). Les biopsies avant exérèsesont contre-indiquées car elles pourraient augmenter la dissémination tumorale. On réalise toujours un bilan d’extension systémique.

Les dégénérescences

• Le ptérygion une dégénérescence fibroélastique dustroma conjonctival responsable d’une prolifération fibro-vasculaire au-dessus du limbe. L’exposition importanteaux rayonnements UV est un facteur étiologique fré-quemment retrouvé. Il se présente typiquement commeune lésion triangulaire à base limbique nasale et à som-met cornéen.

• Le pinguécula est une dégénérescence élastique trèsfréquente des fibres de collagène du stroma conjonctival.De diagnostic aisé, il se présente sous la forme d’une pe -tite masse blanchâtre non vascularisée localisée au niveaude la conjonctive juxtalimbique temporale ou nasale.

• Principal diagnostic différentiel du dermolipome, lahernie graisseuse survient plutôt chez le sujet plus âgé.Il s’agit du passage sous-conjonctival d’une portion de la graisse orbitaire au travers d’une zone de faiblesse duseptum orbitaire. Tout comme le dermolipome, elle siègesouvent en supéro-temporal mais se différencie par soncaractère réductible à la pression.

Conduite à tenir

Pour les lésions asymptomatiques et dont le caractère bénin ne fait aucun doute, la surveillance est suffisante

Dans tous les cas, les photographies à la lampe à fentesont primordiales pour juger d’une éventuelle évolution.

Prise en charge chirurgicale (tableau II)L’exérèse chirurgicale doit autant que possible rester

en marges saines en évitant de recouper la tumeur y com-pris en profondeur (techniques “no touch”).

Toutes les pièces d’exérèse doivent faire l’objet d’un examen anatomopathologique même lorsque la lésionsemble bénigne.

Les biopsies tissulaires sont toujours à préférer aux examens cytologiques (l’empreinte conjonctivale ou lacytoponction à l’aiguille peuvent détecter les atypies cel-lulaires mais en aucun cas ne peuvent déterminer lecaractère invasif ou non de la lésion).

Traitements associés• Cryothérapie peut être utilisée seule dans les cas de

petits papillomes ou de mélanose primitive acquise. Pourles tumeurs, malignes ou à potentiel récidivant, elle per-met de réduire le risque de récidive après exérèse endétruisant les cellules tumorales résiduelles.

• Antimitotiques : en instillation topique, la mitomy-cine C, le 5 fluorouracile ou encore l’interféron-α 2b permettent de prévenir le risque de récidive en complé-ment d’une chirurgie. En monothérapie, ils peuvent êtreemployés en cas de récidive après exérèse d’un carci-nome épidermoïde.

• Radiothérapie : deux modalités sont actuellementutilisées : la radiothérapie externe et la curiethérapie.Elles peuvent intervenir en complément de l’exérèse d’unetumeur maligne ou en traitement principal d’une tumeuravancée pour laquelle la chirurgie est impossible.

• L’énucléation ou l’exentération représentent des alternatives thérapeutiques à réserver aux extensionsoculaires et orbitaires de tumeurs malignes.

Pour en savoir plus

Beby F, Kodjikian L, Roche O et al. Tumeurs de la conjonctive bul-baire de l’enfant. Résultats de l’examen histologique de 42 lésionsopérées. J Fr Ophtalmol. 2005;28(8):817-23.

De Wolff-Rouendal JF , Sahel J. Tumeurs conjonctivales. Encyclo -pédie médicochirurgicale d’ophtalmologie [21-150-A-10].

Meyer A, D’Hermies F, Schwartz L et al. Mélanome malin surmélanose conjonctivale acquise primitive. J Fr Ophtalmol. 1999;22(9):983-6.

Shields CL, Shields JA. Tumors of the conjunctiva and cornea. SurvOphthalmol. 2004;49(1):3-24.

Aspect cliniquetypique

Asymptomatique Surveillance (photos)

Symptomatique ou gêne esthétique

Exérèse chirurgicalesimple

Lésionsuspecte

Petite taille(≤ 4 secteurs horaires au limbe ou diamètre ≤15 mm)

Exérèse chirurgicaled’emblée avec margesde sécurité

Grande taille(> 4 secteurs horaires au limbe ou diamètre > 15 mm)

Biopsie avec examenanatomopathologiquepuis exérèse chirurgi-cale avec marges desécurité adaptées

Tableau II. Prise en charge chirurgicale.

n° 170 • Mai 201326 Les Cahiers

Clinique

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Durant les 18 derniers mois, 17patients atteints d’OBVR, dont 14 avecOM (82,4%) ont été pris en charge dansle service. Après un traitement parimplant de dexaméthasone (dex-implant), sept ont présenté une réso-lution de l’OM après une seule injection(50 %) ; les sept autres ont nécessitéplusieurs retraitements : 2 IVT pour2 patients (14,3 %), 3 pour 1 patient(7,1 %), 4 pour 2 patients (14,3 %) et 5pour 2 patients (14,3 %).

Les quatre patients ayant reçu plusde quatre IVT (soit 28,6 % des OM sur OBVR et 23,5 % detoutes les OBVR) ont été suivis régulièrement avec l’en-semble des examens complémentaires nécessaires. Lerythme de surveillance a été dicté par la pathologie ainsique la pharmacodynamie de l’implant de dexaméthasone :bilan initial et IVT à J0, contrôle à un mois pour surveil-lance de la PIO, puis tous les deux mois pour éliminer uneévolution ischémique au niveau de la périphérie rétinienneet dépister une éventuelle récidive de l’OM (figure 1).

Implant de dexaméthasone dans le traitementdes œdèmes maculaires secondaires auxocclusions de branches veineuses rétiniennesÉvolution à 16 moisCaroline Marc, Sébastien Guigou

Le traitement de l’œdème maculaire (OM) secondaire à une occlusion de branche veineuse rétinienne (OBVR) a récemment été l’objet de nombreuses études montrant

l’efficacité des traitements intravitréens (IVT) par implant de dexaméthasone (dex-implant) (Ozurdex®, Allergan) [1,2] ou ranibizumab (Lucentis®, Novartis) [3] en comparai-son avec le grid laser qui est longtemps resté la référence. Cependant, la récupérationvisuelle et la diminution de l’épaisseur maculaire centrale se font souvent au prix d’injec-tions répétées : 8,4 par an pour le ranibizumab, 2 pour le dex-implant [4].Une étude rétrospective a été réalisée sur quatre patients suivis dans le service pour OMsur OBVR depuis plus de 12 mois (16 mois en moyenne) et ayant bénéficié de plus de quatre IVT de dex-implant (4,5 en moyenne) afin de déterminer l’efficacité et la tolérancede ce traitement.

Centre hospitalier Henri-Duffaut, Avignon.

Clinique

Figure 1. Prise en charge et surveillance des patients atteintsd’OBVR. Patient 4. a. Angiofluorographie : tortuosité de la veinetemporale supérieure avec croisement artérioveineux proximalmarqué. Œdème « de stase » hyperfluorescent dans le mêmeterritoire et atteignant la macula.b. OCT initial : œdème maculaire prédominant au niveau de larétine externe, sans atteinte de la ligne des photorécepteurs.c. OCT à 1 mois : récupération du profil fovéolaire normal. On note la persistance d’anomalies « spiculées » dans le territoire de l’œdème initial.d. OCT à 3 mois : récidive de l’œdème avec apparition d’undécollement séreux rétinien.

a.

b.

c.

d.

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Récupération fonctionnelle (mAVC)(figure 2)

La mAVC moyenne était de 61 lettres au moment dudiagnostic.

Alors que la première IVT ne permet qu’un faible gainen acuité visuelle de loin ( mAVC) (4,5 lettres en moyenne),la récidive exsudative a entraîné une seconde baissed’mAVC plus profonde que lors du diagnostic (mAVCmoyenne : 50 lettres). Le second traitement (IVT2) s’avèreplus efficace avec un retour à une mAVC supérieure àcelle obtenue après le premier traitement (67 lettres demoyenne, soit un gain de 17 lettres). Après l’IVT 2, les

courbes entre les patients ne sont plus superposables.En effet, le patient 1 présente une stabilisation de sonacuité visuelle avec les IVT3 et 4 ; le patient2 ne présenteles mêmes variations qu’après les deux premiers traite-ments ; les patients 3 et 4 présentent une baisse de leurmAVC due à l’apparition de cataractes cortico-nucléairesdenses. Ainsi, la récupération visuelle importante de cesderniers lors de l’IVT4 (40 lettres chacun) s’explique aussipar la prise en charge chirurgicale de leur cataracte. Ànoter que l’mAVC du patient 3 reste basse malgré unecinquième IVT en raison d’une souffrance ischémiquechronique (figure 3).

Au total, les patients présentent d’importantes varia-tions de leur mAVC au cours du suivi, justifiant le retrai-tement régulier. L’mAVC initiale est supérieure aux étudesGENEVA ou REMIDO (61 lettres versus respectivement54,3 et 41,43) ; ceci s’explique probablement par le délaide prise en charge de l’OM (ici dès le diagnostic, 15% seu-lement des patients GENEVA dans les trois premiers mois).Même si l’efficacité des implants de dexaméthasone estvariable d’une IVT à une autre, une récupération aprèschaque traitement peut être observée. Le gain en mAVCaprès quatre IVT et 15 mois d’évolution reste modeste(moyenne de 4 lettres) comparé aux résultats de la litté-rature : 12 lettres en moyenne après 10 mois (REMIDO) [5].

Épaisseur rétinienne centrale (CMT)(figure 4)

Les variations de CMT sont superposables au rythmed’injection, avec retour à un profil fovéolaire normal unmois après traitement pour chaque patient. L’efficacité dutraitement sur la régression de l’OM est superposableaux données de la littérature avec le passage d’une CMTmoyenne initiale de 529μm à 300μm un mois après IVT(versus 562 μm à 300 μm pour GENEVA) ; l’OM récidiveaprès 4 mois en moyenne [1,2,6].

Clinique

n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 29

Figure 2. Variations de l’acuité visuelle de loin en nombre delettres en fonction du rythme d’injection.

Figure 3. Angiographie et OCT du patient 3.a. Angiofluorographie : large zone d’ischémie le long de l’arcadetemporale inférieure jouxtant la macula. b. OCT initial : œdèmemaculaire avec décollement séreux rétinien. Désorganisation de larétine externe jusqu’à la nucléaire interne. c. OCT après 18 mois :persistance de logettes d’œdème intrarétiniennes malgré uneépaisseur maculaire globale normale. L’œdème atteint la nucléaireinterne. La ligne des photorécepteurs est altérée dans le territoirede l’ischémie chronique expliquant la faible récupération visuelle.

Figure 4. Variations de l’épaisseur rétinienne centrale (CMT) enfonction du rythme d’injection.

87654321

AVL

J0 IVT2 IVT3 IVT4 IVT5

Traitement par Dex-Implant

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Mois

Patient 1

Patient 2

Patient 3

Patient 4

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AVL

J0 IVT2 IVT3 IVT4 IVT5Traitement par Dex-Implant

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Mois

Patient 1Patient 2Patient 3Patient 4

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Cet effet est observé après chaque traitement pardex-implant. Cependant, il semble apparaître unedésorganisation de la rétine interne au fil des IVT(figure 5).

Rythme d’injection et de surveillance

Chaque patient a bénéficié de 8 consultations de contrôleau cours de la première année suivant le diagnostic d’OBVRet 13 en moyenne après 16 mois d’évolution.

Le pourcentage de patients réinjectés est de 50% (49%REMIDO) et 28,6 % ont reçu 4,5 IVT.

Le délai de retraitement est de 4,5 mois pour ladeuxième IVT, de 4,75 mois pour la troisième et de 3 moispour tous les patients avant la quatrième injection, soitune durée moyenne d’efficacité du dex-implant de 4 moisdans les formes chroniques [7]. Nous retrouvons doncun nombre de 3 IVT par an (2 dans la littérature) contre8,4 pour le ranibizumab [4].

Événements indésirables

Après la première IVT, 50% des patients ont présentéune hypertonie modérée (entre 22 et 28mmHg) et tran-sitoire, ayant nécessité la mise en place d’un traitementhypotonisant topique en monothérapie pour le patient4ou passage d’une mono- à une bithérapie pour le patient1(11 % pour REMIDO). Ces patients ont représenté uneaugmentation de la PIO après les IVT2, 3 et 4, toujours transitoire. Deux patients ont présenté des cataractes austade chirurgical. Trois patients sur quatre étaientphaques. Dans l’étude REMIDO, aucun patient n’avaitnécessité de phaco-exérèse, mais le suivi semblait tropcourt (suivi moyen 10,16 mois). Ici, l’opacification des cris-tallins s’est fortement majorée après la troisième IVT,soit un délai moyen de 16,5 mois. Les patients non opé-rés sont ceux dont le suivi est le plus court (13 et 14 mois).

Aucun patient n’a présenté de conversion ischémiquede l’OBVR.

ConclusionLes OBVR prises en charge dans le service sont majo-

ritairement œdémateuses (82,4 %) et si la moitié d’entreelles n’ont nécessité qu’un traitement par implant dedexaméthasone, 28,6% des patients ont dû être traités demanière itérative au cours de la première année suivantle diagnostic avec quatre IVT ou plus. Dans ces formessévères d’OBVR, le maintien de l’mAVC n’est obtenuqu’avec des injections répétées de dex-implant, alors quele profil fovéolaire tend à se normaliser après chaqueretraitement. Ceci témoigne d’une dissociation de l’effi-cacité anatomique et fonctionnelle des IVT de dex-implantdans cette indication.

Bibliographie

1. Haller JA, Bandello F, Belfort R Jr et al; Ozurdex GENEVA StudyGroup. Randomized, sham-controlled trial of dexamethasone intra-vitreal implant in patients with macular edema due to retinal veinocclusion. Ophthalmology. 2010;117(6):1134-46. 2. Haller JA, Bandello F, Belfort R Jr et al; Ozurdex GENEVA StudyGroup. Dexamethasone intravitreal implant in patients with macularedema related to branch or central retinal vein occlusion twelve-month study results. Ophthalmology. 2011;118(12):2453-60. 3. Hahn P, Fekrat S. Best practices for treatment of retinal veinocclusion. Curr Opin Ophthalmol. 2012;23(3):175-81. 4. Heier JS, Campochiaro PA, Yau L et al. Ranibizumab for macularedema due to retinal vein occlusions: long-term follow-up in theHORIZON trial. Ophthalmology. 2012;119(4):802-9. 5. Collectif p1.5. Etude REMIDO. Communication affichée, EVER. 2012.6. Meyer LM, Schönfeld CL. Fast resolution of recurrent pronouncedmacular edema following intravitreal injection of dexamethasone0.7 mg. Case Rep Ophthalmol. 2011;2(2):246-50.7. Matonti F, Hoffart L, Baeteman C, Denis D. Repeated treatment formacular edema in vein occlusion by intravitreal implant of dexame-thasone. Case Rep Ophthalmol. 2012;3(3): 339-42.

Clinique

Les Cahiers30 n° 170 • Mai 2013

Figure 5. OCT maculaire en mode « follow-up » du patient 1 de J0 à M1 post-IVT 4.

Aspect OCT avant et après IVT 1 (a) et 2 (b) de dex-implant : onnote une régression complète de l’œdème intrarétinien et du

décollement séreux rétinien. L’architecture des couchesexternes est modifiée, avec nodules hyperréflectifs au niveau de

la couche nucléaire externe (CNE).Aspect OCT avant et après IVT 3 (c) et 4 (d) : le retraitement par

implant de dexaméthasone permet la résolution de l’œdèmeintrarétinien récidivant. Cependant, on observe une perte de la

différenciation des couches rétiniennes avec atteinte descouches externes à la plexiforme interne. Cette anomalie est

encore majorée après la quatrième injection.

a.

b.

c.

d.

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Imagerie

L’appellation « syndromes des taches blanches » (whitedot syndromes) désigne diverses entités ayant en com-mun une inflammation choroïdienne ou rétinienne due àune dysrégulation immunitaire. Le mécanisme physio-pathogénique reste mal élucidé, mais ce type d’atteintesurvient souvent dans un contexte de syndrome pseudogrippal. Les syndromes des taches blanches touchentpréférentiellement les femmes jeunes, les sujets myopeset se présentent sous la forme de lésions rétiniennesblanches ou jaunes, profondes, arrondies. Leur taille etleur nombre sont variables, ainsi que leur caractère uni-ou bilatéral.

Ces particularités sémiologiques permettent d’orien-ter le diagnostic, que l’angiographie à la fluorescéine etau vert d’indocyanine aident à confirmer [1]. Ces examensrenseignent également sur l’activité inflammatoire et laprésence de complications.

Grâce à la résolution élevée des images qu’il nous four-nit, l’OCT Spectral Domain permet la visualisation directedes couches rétiniennes impliquées. Son apport est pré-cieux car il nous informe sur :- la localisation précise de l’atteinte, qualitative et quan-titative,- l’intégrité de la ligne IS/OS (jonction des segmentsinterne et externe des photorécepteurs),- l’évolutivité et la cicatrisation des lésions inflamma-toires,- la survenue de complications néovasculaires.

Nous décrirons donc les caractéristiques de l’image-rie en SD-OCT pour différentes pathologies appartenant

aux syndromes des taches blanches. Nous conservons lanomenclature habituelle des quatre bandes hyperréflec-tives de la rétine externe (membrane limitante externe,ligne IS/OS, membrane de Verhoeff, épithélium pigmen-taire (EP)).

Syndrome des taches blanchesévanescentes (MEWDS)

Le MEWDS (Multiple Evanescent White Dot Syndrome),qui touche préférentiellement les femmes jeunes, se pré-sente comme une baisse visuelle brutale, unilatérale dans80 % des cas, associée à des scotomes paracentraux.L’examen clinique retrouve de petites taches périfovéo-laires discrètes (figure 1a), une hyalite peu intense et par-fois un flou papillaire. En angiographie, ces pointsapparaissent hyperfluorescents, tandis qu’ils sont hypo-fluorescents en ICG (figure 1b). L’évolution se caracté-rise par la résolution spontanée en quelques semaines.Le SD-OCT montre que l’atteinte se situe au niveau de larétine externe, avec disruption de la ligne IS-OS à la phaseaiguë [2] (figure 1c). La localisation de ces lésions cor-respond aux taches observées au fond d’œil et en angio-graphie. La récupération fonctionnelle est bien corréléeau SD-OCT [3] qui montre la reconstitution progressive decette ligne, sans séquelles (figures 1d et 1e).

Épithéliopathie en plaques (EEP)

Dans cette affection bilatérale, souvent asymétrique,touchant les sujets des deux sexes, le fond d’œil présentede larges plaques blanc-jaune de un à deux diamètrespapillaires, réparties de la fovéa à l’équateur [4] (figure 2a).Elles peuvent s’associer à une hyalite modérée. L’aspect

Apport de l’OCT Spectral Domain dans les syndromes des taches blanchesAlexandre Matet 1 , Benjamin Wolff 1,2, Vivien Vasseur 1, Martine Mauget-Faÿsse 1

Les cas présentés illustrent l’apport du SD-OCT dans la compréhension, le diagnosticet le suivi des maladies inflammatoires de la rétine et de la choroïde rassemblées

sous l’appellation de «syndro mes des taches blanches» : syndrome des taches blanchesévanescentes (MEWDS), épithéliopathie en plaques (EEP), choroïdite serpigineuse, cho-roïdite ponctuée interne (PIC), choroïdite multifocale (CMF), choriorétinopathie deBirdshot, ARPE (Acute Retinal Pigment Epitheliitis) et acute macular neuroretinopathy.

1. Service du Professeur Sahel, Fondation ophtalmologique A. de Rothschild, Paris.2. Centre d’exploration de la rétine Kleber, Lyon.

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Imagerie

angiographique de ces plaques est patho-gnomonique : hypofluorescence précocepar effet masque, puis hyperfluorescencetardive par imprégnation (figure 2b). EnSD-OCT, on observe au niveau des plaquesdes condensations hyperréflectives ausein des couches externes, notammentdes fibres de Henle (figure 2d). Il existeégalement une irrégularité de la ligneIS/OS, de la limitante externe et de lamembrane de Verhoeff (jonction photo-récepteurs-EP à l’OCT). La présence deformations placoïdes au sein de la rétineexterne est attestée par l’OCT en face(figure 2c). On remarque également enmode EDI des points hyperréflectifs intra-choroïdiens (figure 2d), signe d’inflam-mation choroïdienne. Classiquement, uneatteinte de l’EP est décrite [5]. En SD-OCT,elle apparaît au stade de séquelles sousforme de zones d’épaississement irrégu-lier de l’EP (figure 2e).

Choroïdite serpigineuse

Il s’agit d’une affection chronique, pro-gressive, bilatérale et asymétrique quiaffecte autant hommes que femmes, dela 2e à la 6e décade de vie [6]. Diversesétiologies infectieuses ont été proposées,en particulier la tuberculose, qu’il convient

Figure 1. MEWDS (ou syndrome des tachesblanches évanescentes). Fond d’œil montrant destaches blanches discrètes (a), hypofluorescentesen ICG (b) à la phase aiguë. L’OCT montre unedisruption de la ligne IS/OS à la phase aiguë (c),avec cicatrisation en cours à un mois (d) etabsence de séquelles à six mois (e).

Figure 2. Épithéliopathie en plaques. À la phase aiguë : plaques blanc-jaune au fond

d’œil (a), hyperfluorescentes aux temps tardifs enangiographie à la fluorescéine (b). Visualisation de

formations placoïdes dans la rétine externe enOCT en face (c). Visualisation de condensations dela rétine externe (flèche rouge), d’irrégularités de

la ligne IS/OS, de signes de choroïdite (flèchebleue) en mode EDI (d). Au stade séquellaire :

altérations de l’IS-OS (e).

1a.

1b.

1d.

1e.

2a.

2b. 2c.

2d.

2e.

1c..

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n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 33

toujours d’éliminer formellement [7]. L’examen cli-nique et angiographique retrouve des lésions blancgrisâtre projetant des digitations à partir de la papille(figure 3a) et dont la bordure active est hyperfluo-rescente aux temps tardifs après injection de fluo-rescéine. L’ICG est très utile pour suivre la réponsesous traitement car les lésions peuvent apparaîtreplus étendues qu’en angiographie. En SD-OCT, ilexiste au sein des zones actives un épaississementet une désorganisation des structures externes :couche des fibres de Henle, ligne IS/OS, membranede Verhoeff (figure 3c). Ces couches deviennentatrophiques après passage du front inflammatoire[8]. En outre, l’OCT en face confirme que le réseaude digitations correspond à une atteinte de la rétineexterne (figure 3b). Enfin, on note la présence denombreux points très hyper réflectifs au sein de lachoroïde (figure 3c), ainsi qu’une augmentation del’épaisseur choroïdienne en EDI.

Choroïdite ponctuée interne (PIC) et choroïdite multifocale (CMF)

Ces deux affections proches se caractérisent par la présence de petites lésions nettes, évoluant rapidement vers des cicatrices pigmentées, chezles femmes myopes entre 20 et 40 ans. La PIC sedifférencie de la CMF par l’absence de hyalite et lalimitation des lésions au pôle postérieur, alorsqu’elles peuvent atteindre l’équateur dans la CMF(figures 4a et 4b). Leur comportement angiogra-phique est marqué par une hypofluorescence pré-coce et une hyperfuorescence tardive. En milieu deséquence ICG, ces lésions sont hypofluorescenteset plus nombreuses qu’au fond d’œil (figure 4b).

En SD-OCT, sur les coupes passant par une lésion,il existe une accumulation de matériel entre l’EP etla membrane de Bruch (figure 4c). À leur niveau,on observe dans la choroïde un cône d’ombre hypo-réflectif. Ces lésions ont un fort potentiel néovas-culaire, complication que l’OCT aide à détecter. Laprésence de lésions fusiformes hyperréflectives enavant de l’EP (figure 4d), de logettes exsudativesintrarétiniennes, voire d’œdème maculaire cystoïde

Figure 3. Choroïdite serpigineuse. L’autofluorescence fait apparaître unelésion typique avec digitations et bordure active (a). L’OCT en face retrouve labordure hyperréflective des lésions focales inflammatoires en profondeur (b).Une coupe OCT passant par la lésion montre une désorganisation de la rétineexterne (flèche rouge) et des hyperréflectivités choroïdiennes focales (flèchebleue) (c).

Figure 4. Choroïdite multifocale à la phase aiguë. Taches blanches à pigmentation variable visibles au fond d’œil

(a), hypofluorescentes en ICG (b). Le SD-OCT identifie unedensification de la rétine externe au niveau des lésions (c).Une hyperréflectivité fusiforme au niveau de l’EP (d, coupe

verticale indiquée dans l’image b) doit faire évoquer unenéovascularisation, comme dans certains cas qui évoluent

vers un œdème maculaire (e).

3a.

4a. 4b.

4c.

4d.

4e.

3c.

3b.

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Imagerie

(figure 4e), est très évocatrice de néovascularisationchoroïdienne [9]. Cette néovascularisation peutrégresser après l’injection répétée d’anti-VEGF, sousréserve d’un bon contrôle anti-inflammatoire [10].

Birdshot

La choriorétinopathie de Birdshot est une inflam-mation progressive, indolente, bilatérale, à prédo-minance féminine et apparaissant à l’âge moyen de53 ans (30-70 ans). Elle est marquée par une asso-ciation au HLA A29. Le fond d’œil se caractérise parde multiples lésions choroïdiennes hypopigmen-tées. L’angiographie à la fluorescéine est plus utileà la détection des complications (vasculite, œdèmemaculaire) qu’à l’examen des taches elles-mêmes(figure 5a). Elles sont mieux analysables en ICG, oùelles apparaissent hypofluorescentes et souventplus nombreuses qu’au fond d’œil (figure 5b).

Au cours des phases actives de cette pathologie,le SD-OCT peut retrouver des points hyperréflectifsintrarétiniens diffus, correspondant à des capillairesdilatés bien visibles en cas de vasculite. Il confirmeégalement l’existence d’une hyalite fréquemmentassociée : grains hyperréflectifs situés dans l’es-pace vitréen (figure 5c). Son intérêt réside princi-palement dans la recherche de complications,principalement un œdème maculaire cystoïde [11]ou une membrane épirétinienne [12] (figure 5c). Austade tardif, les cas insuffisamment traités ou échap-pant au traitement peuvent évoluer vers une atro-phie rétinienne externe, avec interruptions de laligne IS/OS (figure 5d). Le SD-OCT permet donc dedistinguer ces différentes causes de perte visuelleet d’orienter vers le traitement adapté pour cellesqui sont réversibles.

ARPE (Acute Retinal PigmentEpitheliitis)

L’ARPE, ou maladie de Krill, auteur de sa pre-mière description en 1974 [13], est une maladiebénigne, auto-limitée, bilatérale mais asymétrique,touchant des sujets de 10 à 40 ans. Le fond d’œilretrouve un halo jaune autour de la fovéa, sansinflammation vitréenne.

La réalisation d’une angiographie au vert d’indo-cyanine permet d’éliminer un MEWDS et met enévidence un aspect de «cocarde maculaire» typique.L’atteinte se situe au voisinage de l’EP, comme lemontre le SD-OCT, qui identifie des modifications dela ligne de Verhoeff et des altérations de la ligne

Figure 5. Birdshot. Vasculite en angiographie à la fluorescéine (a) etmultiples taches hyporéflectives aux temps tardifs en ICG sur l’œilcontrolatéral du même patient (b). Lors d’une phase active, on remarque àl’OCT une hyalite dont les grains sont hyperréflectifs (flèche bleue), descapillaires intrarétiniens hyperréflectifs (flèche rouge) en rapport avecl’inflammation et une membrane épirétinienne débutante (c). Dans lesformes évoluées, la ligne IS/OS est altérée (d).

Figure 6. ARPE (Acute Retinal Pigment Epitheliitis). Disruption de la ligneIS/OS à la phase aiguë (a) avec autorésolution anatomique et fonctionnelle à21 jours (b). L’OCT en face retouve cette lésion sous la forme d’unehyperréflectivité rétrofovéolaire, circulaire, de la rétine externe (c).

6a.

6b. 6c.

5a.

5c.

5d.

5b.

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n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 35

Imagerie

domain optical coherence tomography findings of multifocalchoroiditis. Retina. 2011;31(4):717-23.

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16. Azar G, Wolff B, Cornut PL et al. Spectral domain optical coher-ence tomography evolutive features in acute macular neuroretinopa-thy. Eur J Ophthalmol. 2012;22(5):850-2.

IS/OS (figure 6a). Au cours du suivi, on observe une res-titution ad integrum de ces structures sans traitement [14](figure 6b). L’OCT en face confirme que l’inflammation estlocalisée à la surface de l’EP (figure 6c).

Acute macular neuroretinopathy

Cette affection rare touche des femmes jeunes, pré-sentant de multiples scotomes paracentraux, sans ano-malie à l’examen du fond d’œil. Sonévolution est généralement favo-rable, mais des séquelles peuventpersister.

Le cliché en lumière infrarouge (SLO) disponible sur lesappareils de SD-OCT met en évidence des petites plageslacunaires sombres, ovales, bien délimitées proches dela fovéa (figure 7a).

En SD-OCT, elles correspondent à une perte localiséede la ligne IS/OS des photorécepteurs avec une atteinteprobable des fibres de Henle (figure 7b). Il existe unehyperréflectivité de la plexiforme externe et un amincis-sement de la couche nucléaire externe [15,16].

1. Cohen SY, Dubois L, Quentel G et al. Is indocyanine greenangiography still relevant? Retina. 2011;31(2):209-21.

2. Nguyen MH, Witkin AJ, Reichel E et al. Microstructural abnor-malities in MEWDS demonstrated by ultrahigh resolution opticalcoherence tomography. Retina. 2007;27(4):414-8.

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9. Vance SK, Khan S, Klancnik JM et al. Characteristic spectral-

Figure 7. Acute macular neuroretino pathy. Lacunes périfovéolaires hyporéflectives en

cliché infrarouge (SLO) (a). En SD-OCT : hyper -reflectivité focale de la plexiforme externe et

perte de netteté de la ligne IS/OS (b).

Références

RemerciementsNous remercions pour sa coopération l’équipe du

service d’ophtalmologie de la Pitié-Salpêtrière.

7a. 7b.

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Quand opérer un strabisme précoce ?(figure 1 a et b)

Le strabisme précoce est à distinguer de tous les autrestypes de strabisme car il survient à un âge crucial dansle développement visuel, à un moment où il existe une ma -turation des connexions calleuses entre les deux hémi-sphères et une différenciation des neurones corticaux.C’est pourquoi il va demeurer dans ce cas des séquelles

sensorielles et/ou motrices, avec une absence de visionbinoculaire normale constante, la fréquence de l’am-blyopie étant diversement appréciée (un patient sur cinqpour le Pediatric Eye Disease Investigator Group).

Une vision binoculaire normale ne peut donc malheu-reusement pas être obtenue par le traitement du strabismeprécoce, dont les objectifs seront donc :- au plan sensoriel : l’absence d’amblyopie,- au plan moteur : obtenir une déviation horizontale demoins de 8 D, réduire la torsion et l’élévation en adduc-tion si elles existent. Il faut être très prudent sur la chi-rurgie de la déviation verticale dissociée.

La toxine botulique, traitement de référenceCependant, l’intérêt d’une chirurgie précoce demeure

controversée entre les deux côtés de l’Atlantique, les Amé-ricains prônant une chirurgie précoce, laquelle permet-trait une meilleure/moins mauvaise vision binoculaire,contrairement aux Européens, l’argument neurophysio-logique provenant des modèles de strabisme précoceinduit par prismation optique mais guéri si le prisme estretiré tôt (ce retrait précoce du prisme étant un avatar de

Les opérations du strabisme : qui, quand et comment ?Emmanuel Bui Quoc

D ans le traitement du strabisme, il ne faut passurseoir à la chirurgie quand elle est nécessaire.

• Dans le strabisme précoce, la toxine botulique doit être proposée entre 9 et 18 mois, etla chirurgie conventionnelle à partir de 2,5-3 ans.• Dans le strabisme accommodatif, il faut opérer dès que possible s’il reste une déviationaprès la correction optique totale, afin de restaurer une vision binoculaire.• Dans le strabisme divergent intermittent, il faut opérer dès que la vision binoculaire sedégrade, si l’asthénopie se majore et si la décompensation de la déviation se fait de plusen plus fréquemment avec un angle qui se majore…• Dans les strabismes paralytiques, les indications sont plus difficiles et dépendantes dutorticolis et de la vision binoculaire.Quel que soit le strabisme, les objectifs de la prise en charge sont :- obtenir la rectitude des yeux/assurer l’orthophorie,- restaurer et préserver la vision binoculaire (dans la mesure du possible),- traiter/guérir l’amblyopie.

Hôpital Robert Debré, Paris

Chirurgie

Figure 1. Strabisme précoce a. Fixation œil gauche.b. Fixation œil droit.

Lire également l’article, Les étapes préalablesà une chirurgie du strabisme, publié dans le

numéro 169 - avril 2013.

a.

b.

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n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 39

Chirurgie

ce que pourrait être la chirurgie précoce) [1].D’après les nombreuses études cliniques (par exem-

ple [2]), il ne semble pas que la chirurgie précoce apportedes bénéfices et le seul traitement qui peut être proposéest la chémodénervation, c’est-à-dire l’injection de toxinebotulique qui est devenue le traitement de référence dustrabisme précoce entre 9 et 18 mois, avec une à deuxinjections possibles.

La place de la chirurgie conventionnelleSi ce traitement n’a pas pu être pratiqué, ou en cas

d’échec [3], la chirurgie conventionnelle est proposéeentre 2,5 et 5 ans, lorsque l’examen est fiable, la dévia-tion stabilisée et, en tout cas, avant l’entrée en cours pri-maire (notamment à cause du regard des autres enfants/parents). La chirurgie tient compte de la part dynamique(à l’état de veille), traitée par myopexie postérieure, versusla part statique (sous anesthésie générale curarisée),traitée par renforcement du droit latéral et affaiblissementdu droit médial. Plus l’intervention est tardive, plus forteest la part statique.

Quand opérer un strabisme divergentintermittent ? (figure 2 a et b)

Les strabismes divergents sont multiples, mais ils peuvent être caractérisés par :1. la déviation de loin,2. la déviation de près,3. en cas d’incomitance loin/près, la réaction à l’additionet à l’occlusion,4. le caractère intermittent ou constant de la déviation.

Si, classiquement, les strabismes divergents s’aggra-vent avec le temps dans 75 % des cas [4], il a été publiédes séries montrant une stabilité possible, de l’ordre d’unpatient sur deux [5]. Finalement,comme l’indique F. Audren« Pour conclure sur l’évolution spontanée des SDI (stra-bisme divergent intermittent), on doit surtout retenirqu’elle est difficilement prédictible pour un patient isolé,le strabisme pouvant s’améliorer, rester stable ou sedégrader au cours du temps» [6].

En pratique, il faut opérer un strabisme divergent per-manent dans tous les cas et, dans le strabisme divergentintermittent, il faut opérer en cas d’asthénopie impor-tan te, de dégradation de la vision binoculaire, de décom-pensation fréquente et esthétiquement gênante, dedemande du patient (qu’il faut savoir orienter et adres-ser si besoin) et à distance de toute “rééducation”, qui estde toute façon parfaitement inutile ! Même si la suite estincertaine, il faut indiquer aux parents que la déviation peutcontinuer à évoluer et nécessiter à moyen/long termedes interventions itératives.

On peut opérer à n’importe quel âge• Précocement un strabisme divergent précoce, aprèsexamen neurologique ± IRM, laquelle peut retrouver desanomalies spécifiques, mais souvent des lésions aspéci-fiques de la substance blanche, et, bien sûr, en n’oubliantpas la prévention de l’amblyopie.• À tout âge chez un adulte symptomatique (encadré).

Un cas de patiente avec un strabisme divergentintermittent

Une patiente de 60 ans est adressée à son ophtal-mologiste par son médecin généraliste pour « cépha-lées d’origine ophtalmologique ». La réponse del’ophtalmologiste avait été : « Cette patiente a uneacuité visuelle de 10/10 P2 avec correction. L’examende ses globes oculaires ne montre pas d’anomalie. Iln’existe pas non plus d’anomalie au fond d’œil desdeux yeux. Le bilan orthoptique montre une légère exo-phorie associée à une insuffisance de convergence. Ilsemble que les séances de rééducation soient sanseffet sur cette insuffisance de convergence. Ceci secomprend par l’âge de la patiente qui rend difficiletoute rééducation musculaire. Il n’y a malheureusementaucune possibilité thérapeutique d’améliorer sa fixa-tion. J’ai conseillé à Madame X d’avoir une activité envision de près moins intense ou en tout cas entrecou-pée de moments de décontraction. »

En fait, cette patiente avait un strabisme divergentintermittent variable, avec de la rééducation tous lesans depuis 20 ans, et à l’examen une déviation de X2X’12 à Xt12, voire Xt18 après correction totale de l’hy-permétropie de 2 D. Après résection de 3 mm des deuxdroits médiaux, la patiente est passé à J1 à Et20 E’t20puis à J21 à Et10 O’, puis à un an à Et4 X’6, avec sur-tout disparition de son asthénopie et de sa gêne à lalecture...

Quand opérer un strabisme« accommodatif » ? (figure 3)

Tout strabisme est accommodatif, puisqu’il existe tou-jours une accommodation… sauf après 70/80 ans et chezle pseudophaque… Dans tous les cas, il y a nécessité demesurer la réfraction exacte après paralysie de l’accom-

Figure 2. Strabisme divergent intermittent : a. rectitude b. divergence.

a.

b.

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modation par cycloplégie, celle-ci étant renouvelée plusieurs fois. Dans le strabisme convergent accommo-datif, il faut apprécier l’angle de base et les capacités debinocularité.

Après correction optique totale de l’hypermétropie, ilfaut diagnostiquer une éventuelle incomitance loin/près,l’excès de convergence étant corrigé soit par addition deprès avec des verres progressifs, soit par myopexie pos-térieure.

Restaurer la vision binoculaire

Il faut avoir comme objectif de restaurer la vision bino-culaire, qui peut redevenir le plus souvent normale, carce strabisme est « tardif ». C’est pourquoi il faut agir etopérer “vite”. Ainsi, par exemple, dans le cas d’un stra-bisme accommodatif survenu à l’âge de 3 ans, on donnela correction totale de l’hypermétropie, diagnostique ettraite une éventuelle amblyopie et il faut savoir poser uneindication chirurgicale dès 4 ans si la déviation demeuresupérieure à 8/10 D.

Quand opérer une paralysie du VI ? du IV ? du III ?

Dans la paralysie du VI, on va schématiquement distin-guer deux cas, selon que la paralysie est congénitale ouacquise.

Dans la paralysie congénitale, après bilan éventuelle-ment neurologique et neuroradiologique selon le contexte,il faut savoir qu’elle peut régresser dans un certain nom-bre de cas. Sinon, après dépistage, prévention ou traite-ment de l’amblyopie, il faut proposer une interventionchirurgicale de recul/plicature horizontale, voire de trans-position s’il existe une déviation en position primaire etun torticolis significatif.

Dans une paralysie acquise, il faut savoir poser l’indi-cation d’injection de toxine botulique dans l’agoniste ipsi-latéral au muscle paralysé, voire dans l’antagonistecontrolatéral, afin d’éviter les contractures qui peuventfaire persister une déviation alors que la paralysie arégressé.

Dans la paralysie du IV, il faut de même faire la distinc-tion entre une paralysie congénitale et une paralysie

acquise et se méfier des paralysies bilatérales asymé-triques. Il faut opérer s’il existe une hauteur significative,un torticolis tête penchée du côté opposé à la paralysie,ce qui peut gêner la croissance cervicale d’un enfant.Chez l’adulte, c’est le torticolis et la gêne à la lecture quifont poser l’indication chirurgicale.

La chirurgie de la paralysie du III (figure 4) est plus dif-ficile et les objectifs doivent être modestes. Il faut opérerdans tous les cas, à distance de l’événement causal de laparalysie, afin d’obtenir un résultat esthétique le moinsinsatisfaisant possible.

Quand opérer un syndrome de Stilling-Türk-Duane ?

Il faut se poser la question soit d’une abstention thérapeutique au plan chirurgical, soit d’un geste chi-rurgical avec uniquement des reculs musculaires éven-tuellement asymétriques, que l’on propose chez un patientdemandeur pour traiter le torticolis et les phénomènesde mouvements verticaux paradoxaux, par exemple dansles efforts d’adduction.

Quand opérer un nystagmus ?

La question de la chirurgie du nystagmus mérite untraité... Et dans le cas des nystagmus ophtalmologiques,il faut être très prudent sur les possibilités thérapeu-tiques. Nous n’en dirons que deux mots.

En cas de blocage dans une position de torticolis d’unseul côté, l’opération de Kestenbaum-Anderson peut êtreproposé...

Dans le blocage en convergence avec bonne vision deprès, la mise en divergence artificielle est toujours décrite,mais rarement utile et efficace.

Bibliographie

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Figure 3. Forte correction d’hypermétropie d’un strabismeconvergent accommodatif.

Figure 4. Paralysie congénitale du III gauche.

n° 170 • Mai 201340 Les Cahiers

Chirurgie

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n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 41

Astigmatisme

Des données sur 1 135 sujets

Dans le cadre du projet Gullstrand, une étude multi-centrique européenne pour déterminer la corrélationentre la biométrie oculaire et la qualité de la vue, les données biométriques de 1135 sujets européens sains(494 hommes, 641 femmes) ont été recueillies. Treizesites cliniques de cinq pays européens (Belgique, Alle-magne, Israël, Italie et Espagne) ont participé à cetteétude. Tous les sujets ont été évalués avec un systèmeScheimpflug (Pentacam, Oculus Optikgeräte, Wetzlar,Allemagne) pour déterminer l’astigmatisme cornéen, etavec un autoréfractomètre (types différents) pour l’as-tigmatisme réfractif.

L’astigmatisme réfractif estfortement corrélé à l’astigmatismedes surfaces antérieure etpostérieure de la cornée

L’astigmatisme de la cornée antérieure et postérieure,aussi bien que l’astigmatisme réfractif, suit une distributionnon gaussienne et les valeurs moyennes sont significa-tivement supérieures à 0 D (figure 1). L’astigmatismemoyen de la surface antérieure de la cornée (0,933 D) estsupérieur à celui de la surface postérieure (0,326 D) ou

de l’astigmatisme réfractif (0,704 D). Les valeurs d’astig-matisme réfractif supérieures ou égales à 0,25 D étaientprésentes dans 82,8 % des yeux droits (93,0 % pour la cor-née antérieure et 71,8 % pour la cornée postérieure).Pour les valeurs d’astigmatisme réfractif supérieures ouégales à 1 D, ces pourcentages diminuent respective-ment à 23,1 %, 39,0 % et 0,2 %. Dans 57,9 % des yeux droits,l’astigmatisme réfractif était conforme. Pour l’astigma-tisme cornéen, ces pourcentages étaient beaucoup plusélevés (cornée antérieure : 75,2 % ; cornée postérieure :82,2 %).

L’astigmatisme réfractif représenté par vecteur [1] estfortement corrélé à l’astigmatisme des surfaces anté-rieure et postérieure de la cornée (figure 2), dont on peutdéduire que la majeure partie de la réfraction oculaire estdéfinie par la cornée antérieure.

Il existe une grande symétrie entre les deux yeux d’unindividu : si un astigmatisme élevé est présent dans unœil, il est fort probable que l’autre œil présentera égale-ment un astigmatisme élevé. Dans 95 % des sujets, la dif-férence entre les deux yeux est inférieure à 1,1 D pourl’astigmatisme réfractif et pour l’astigmatisme de la cor-née antérieure, et inférieur à 0,3 D pour la cornée posté-rieure. En revanche, les axes astigmates des deux yeuxsont subtilement, mais significativement, positionnés enmiroir par rapport à l’axe vertical.

1. Département d’ophtalmologie, hôpital universitaire d’Anvers, Edegem, Belgique et département de médecine etsciences de santé, université d’Anvers, Wilrijk, Belgique.

Épidémiologie de l’astigmatismeJos J. Rozema1, Marie-José Tassignon1,Project Gullstrand Study Group, EVICR.net

Àpart l’erreur sphérique, l’astigmatisme régulier est l’erreur réfractive la plus préva-lente de l’œil humain. Bien que dans la plupart des cas légers à modérés, cette

influence est facilement corrigée par des lunettes ou lentilles de contact, quand elle nel’est pas son influence sur la qualité visuelle est plus nuisible que celle de l’erreur sphé-rique. Afin de pouvoir déterminer le degré d’astigmatisme qui est encore tolérable engénéral, il est essentiel d’avoir une idée claire de la prévalence de l’astigmatisme normal.Le but de cet article est de présenter les corrélations et facteurs qui peuvent influencerl’astigmatisme.

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Les Cahiers42 n° 170 • Mai 2013

Dossier

Figure 2. Corrélation entre l’astigmatisme des surfacescornéennes et l’astigmatisme réfractif : a. composant vecteur J0, b. composant vecteur J45.

a.

b.

Figure 1. Prévalence de l’astigmatisme pour : a. la surfacecornéenne antérieure, b. la surface cornéenne postérieure et c. la réfraction oculaire.

a.

b.

c.

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Les Cahiers44 n° 170 • Mai 2013

Dossier

Les facteurs corrélés à l’astigmatisme

L’astigmatisme peut être influencé aussi par diversfacteurs, comme par exemple le sexe (figure 1). Chez leshommes, l’astigmatisme réfractif est significativementplus élevé de 0,111 D comparé aux femmes (test t nonapparié, p = 0,031), et l’astigmatisme de la cornée anté-rieure est plus élevé de 0,021 D chez les femmes (p = 0,015).Pour la cornée postérieure, aucune différence n’existedans les deux sexes.

Un article récent rapporte que l’astigmatisme peutchanger graduellement avec l’âge [2]. Pour l’astigmatis -me réfractif, ce résultat a été confirmé par l’étude actuellequi trouvait une augmentation de 0,1 D sur 10 ans (p <0,001). Pour les astigmatismes cornéens, aucun chan-gement lié à l’âge n’a été objectivé (figure 3).

Le dégré d’éducation a été identifié dans la littératurecomme un facteur de risque pour l’astigmatisme [3], maiscette corrélation n’a pas été confirmée par nos résultatspour chaque type d’astigmatisme (ANOVA, p >> 0,05).

Conclusions

• La majorité des individus ont un astigmatisme réfrac-tif cornéen supérieur ou égal à 0,25 D et l’astigmatismesupérieur ou égal 1,0 D est assez commun.• L’astigmatisme réfractif est principalement déterminépar l’astigmatisme de la cornée antérieure. • Les degrés d’astigmatisme des yeux gauche et droitd’un même individu sont fortement corrélés et les axesde l’astigmatisme des deux yeux ont une symétrie miroir.• Il existe des différences moins significatives entre l’im-portance de l’astigmatisme chez les hommes et lesfemmes.• L’astigmatisme réfractif augmente lentement, mais pro-gressivement, avec l’âge.

Bibliographie1. Thibos LN, Wheeler W, Horner D. A vector method for the analy-

sis of astigmatic refractive errors. In: vision science and its applica-tions, Technical digest series (Optical society of America,Washington, D.C.), 1994;2:14-17.

2. Leung TW, Lam AK, Deng L, Kee CS. Characteristics of astigma-

tism as a function of age in a Hong Kong clinical population. OptomVis Sci. 2012;89(7):984-92.

3. Hashemi H, Hatef E, Fotouhi A, Mohammad K. Astigmatism andits determinants in the Tehran population: The Tehran Eye Study.Ophthalmic Epidemiol. 2005;12(6):373-81.

Figure 3. Évolution de l’astigmatisme avec l’âge pour : a. la surfacecornéenne antérieure, b. la surface cornéenne postérieure et c. la réfraction oculaire.

a.

b.

c.

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n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 45

L’astigmatisme est rarement isolé ; il peut globale-ment être myopique, hypermétropique ou mixte. Il peutse définir comme une anomalie de la réfraction où le sys-tème optique de l’œil va engendrer une image différenteselon ces deux axes. Il peut être supporté par les diffé-rentes structures de l’œil :- l’astigmatisme cornéen antérieur : c’est le plus fré-quent et le plus important quantitativement ;- l’astigmatisme cornéen postérieur : jusqu’à l’avène-ment des topographes d’élévation, il était connu théori-quement mais non mesurable. La différence d’indices deréfraction entre la cornée et l’humeur aqueuse (dontdépend la puissance optique de la face postérieure de lacornée) est beaucoup plus faible que la différence d’in-dices de réfraction entre l’air et le film lacrymal (dontdépend la puissance optique de la face antérieure de lacornée). C’est la raison pour laquelle, cet astigmatismea été longtemps négligé. Aujourd’hui encore, il est rarede constater un astigmatisme cornéen postérieur ayantune réelle incidence clinique ;- l’astigmatisme cristallinien : il est très souvent renduresponsable de la différence entre astigmatisme total etcornéen. Il n’est pas directement mesurable si ce n’estde manière différentielle après phacoexérèse ;- l’astigmatisme rétinien : il est lié à la non-sphéricité dupôle postérieur. Lui non plus n’est pas directement mesura -ble ; il est souvent associé à des malformations oculai resplus complexes de type myopie forte, staphylomes, etc.

La mesure de l’astigmatisme cornéenantérieur

C’est sur lui que portent tous les efforts de quantifi-cation car il est à la fois le plus important, le plus étudiable

et c’est sur lui que l’on peut avoir une efficacité directe.Historiquement, différents types d’appareillage ont été

utilisés.

Le kératomètreInventé en 1853 par Helmholtz, son principe a été repris

par le fameux Javal. Cet appareil projette sur la surfaceantérieure de la cornée deux mires et c’est la distanceentre deux points qui est utilisée pour calculer les rayonsde courbure de la face antérieure de la cornée. La zonemesurée est d’autant plus large que la cornée est bom-bée. On estime que sur une cornée standard cette tech-nique permet de mesurer la courbure entre deux pointsdistants de 3 mm et ce en présupposant que la variationde puissance entre ces deux points est régulière (cornéesphéro-cylindrique).

Ce principe est toujours utilisé dans les divers kérato-mètres liés aux réfractomètres automatiques ainsi quedans les biomètres utilisés pour calculer la puissancedes implants intraoculaires, le nombre de mires et lazone explorée pouvant varier d’un appareil à l’autre, ce quipeut expliquer les différences de résultats constatéesentre les différents appareills.

La topographie de PlacidoElle consiste à projeter des cercles concentriques sur

la surface antérieure de la cornée et à en recueillir lereflet (topographie spéculaire). Des milliers de pointssont étudiés sur tous les méridiens et sur des cercles dediamètre variable. Cet examen permet de mettre en évi-dence non plus un astigmatisme mais une valeur diffé-rente pour chaque diamètre étudié et démontre qu’aucunastigmatisme n’est parfaitement régulier.

Elle permet d’étudier les 3 mm centraux non exploréspar la kératométrie à l’exclusion du millimètre centraloù il n’y a pas d’information car pas de cercles de mesure.

Chirurgie refractive par laser excimer.Bilan préopératoire, compensation de la cyclotorsionLaurent Gauthier-Fournet

L’astigmatisme est un défaut optique extrêmement fréquent, présent dans la majoritédes corrections par photoablation. Une gestion simple de celui-ci est souhaitable tant

la complexification de son traitement rendra le résultat clinique plus aléatoire. Sa quan-tification la plus précise possible par le biais d’examens simples mais bien maîtrisés estsouvent gage de satisfaction du patient.

Saint-Jean-de-Luz

Astigmatisme

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Les Cahiers46 n° 170 • Mai 2013

Dossier

Une assomption mathématique de sphéricitéde la cornée peut parfois engendrer cer-taines erreurs de calcul.

Cet examen a permis de décrire des astig-matismes : - symétriques en puissance : à prédominanceinférieure ou supérieure, par exemple, - en forme de J ou les deux hémi-méridiensne sont pas alignés, ce qui peut faire suspecter un kéra-tocône,- centraux: sur des cornées très prolates (figure1), ces as -ti gmatismes sont mal appréhendés par les kératomètres.

La topographie d’élévationElle donne peu d’informations supplémentaires concer-

nant la face antérieure de la cornée si ce n’est qu’elle estplus fiable en cas d’anomalie du reflet cornéen (kérato-tomies radiaires ou œil très sec par exemple). La mesurede l’astigmatisme postérieur n’est pas utilisée en pratiquedans le traitement des astigmatismes.

L’astigmatisme total

Il est mesuré par deux types de technologie :- le réfractomètre, qui est à la réfraction totale ce qu’estle kératomètre à l’étude de la face antérieure de la cor-née, c’est-à-dire une mesure ponctuelle du chemin desrayons lumineux à l’intérieur de l’œil ;- les aberromètres qui permettent de dresser une véri-table cartographie de la réfraction totale et, grâce à ladécomposition de Zernike, de différencier les astigma-tismes primaires et secondaires, les autres aberrationspouvant être considérées comme participant à l’astig-matisme total.

La mesure pratique d’unastigmatisme régulier dans le cadred’un bilan pré-chirurgie réfractive

Pour déterminer une formule sphéro-cylindrique, l’as-tigmatisme devra être défini comme une quantité et un axe.

Les kératomètres seront le plus souvent utilisés car ilspermettent d’obtenir une mesure reproductible et trèspeu dépendante d’autres paramètres.

Dans le cadre d’appareillages automatiques, le chirur -gien devra connaître son appareil et, par retour d’expé -rience, devra corréler la puissance de l’astigmatismemesuré et la programmation sur le laser dont il a l’expé -rience. Le problème majeur est la discordance entre l’astigmatisme kératométrique et l’astigmatisme réfrac-tométrique qui peut être de deux types : - discordance de puissance : il faudra plutôt favoriser la

mesure réfractométrique car elle est engénéral plus centrale puisque mesurée surles 2 mm centraux. Cela sera surtout vraisur les cornées hyperprolates (figure 1), cequi peut être confirmé par une analyse topo-graphique qui sera plus fiable que la kéra-tométrie, car plus centrale ;- discordance d’axes : il s’agit le plus sou-

vent d’un astigmatisme interne, l’acuité visuelle préopé-ratoire étant souvent imparfaite.

Sur le plan théorique, l’astigmatisme réfractométriquedoit être retenu ou bien la photoablation guidée par lefront d’onde peut être indiquée. En pratique, les résultatscliniques sont souvent médiocres tant il est difficile decompenser un astigmatisme interne par un astigmatismecornéen antérieur.

En cas d’incohérence, la fiabilité des mesures devra systématiquement être remise en question avec en par-ticulier une anamnèse des mesures de l’astigmatisme àpartir du dossier d’un patient connu précédemment.

De la même manière, une perte de l’énantiomorphismenaturel de l’astigmatisme (image en miroir) (figure 2)devra faire évoquer une rotation de la tête au moment dela mesure.

Les astigmatismes irréguliersLeur définition est difficile. Classiquement, ils se défi-

nissent comme une amétropie non sphéro-cylindrique.Aujourd’hui, avec les méthodes d’exploration extrêmementsophistiquées à notre disposition, aucun astigmatismen’est plus purement sphéro-cylindrique. Une définition cli-nique peut être proposée : un astigmatisme irrégulier nepermet pas de récupérer, par une correction lunettes,une acuité visuelle de 10/10e.

Les cas les plus fréquents sont :- les astigmatismes asymétriques : ils sont très souventliés à une anomalie de fixation dans la pupille, donc plusfréquents chez les hypermétropes (figure 3) ;- les astigmatismes post-chirurgicaux : ils associent

Figure 2. Énantiomorphisme.

Figure 1. Cornée prolate.

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La réalisation de la photoablation

Le bon positionnement de l’œil sera fondamental afinde délivrer le traitement d’astigmatisme sur le bon axe.Différentes possibilités existent :- marquage de l’astigmatisme en préopératoire en lampeà fente et maintien dans l’axe de ce repère grâce à unecroix de référence (figure 4),- eye-tracker passif qui, grâce à un repère irien, va don-ner au laser avant le traitement une position de référenceinitiale qui ne sera pas maintenue en cas de mouvementdurant la procédure,- eye-tracker actif : grâce à un système de vidéo peropé-ratoire, le laser va maintenir l’axe de la photoablationmême en cas de rotation de l’œil du patient.

Astigmatisme

souvent une courbure différente selon les deux hémi-méridiens ainsi qu’un désalignement de l’axe de ces deuxhémi-méridiens.

Ces astigmatismes irréguliers portés par la cornéeseront corrigés au mieux par une photoablation guidéepar la topographie cornéenne. La photoablation guidée parle front d’onde pourra, elle aussi, être utilisée même siparfois la reproductibilité de cet examen peut être pris endéfaut.

Les astigmatismes complexes post-traumatiques ouliés à des anomalies de photoablation (décentrement etzone optique irrégulière) devront être pris en charge dansle cadre d’un topolink.

Figure 3. Fixation nasale très fréquente de l’hypermétrope pouvantgénérer un astigmatisme asymétrique.

Figure 4.Repérage pré -opératoire del’astigmatisme.

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En cas d’astigmatisme, l’image d’un point situé à l’in-fini est une tache appelée conoïde de Sturm, comportantune succession de sections elliptiques et deux droitesfocales (antérieure et postérieure). Les amétropies cylin-driques peuvent ainsi être classées en plusieurs types,selon la topographie des droites focales par rapport auplan rétinien (figure 1) : - astigmatisme myopique simple (une des deux lignesfocales située en avant du plan rétinien, l’autre dessus),- astigmatisme hypermétropique simple (une des deuxlignes focales située en arrière du plan rétinien, l’autredessus),- astigmatisme myopique composé (les deux lignes focalessituées en avant du plan rétinien),

- astigmatisme hypermétropique composé (les deux lignesfocales situées en arrière du plan rétinien),- astigmatisme mixte (une ligne focale située en avantdu plan rétinien, l’autre en arrière).

Astigmatisme myopique simple

Le traitement de l’astigmatisme myopique simpleconsiste à aplatir le méridien cornéen le plus cambré enrespectant la courbure du méridien le plus plat (traite-ment en «cylindre négatif») (figure 2). Les méridiens nonprincipaux sont, quant à eux, aplatis de manière pro-gressive entre les deux méridiens principaux.

Les Cahiers48 n° 170 • Mai 2013

1. Service d’ophtalmologie, CHU Strasbourg.2. Service d’ophtalmologie, CHU Toulouse.

Chirurgie de l’astigmatisme : les profils d’ablationJonathan Letsch1, François Malecaze 2

La prise en charge chirurgicale d’une amétropie cylindrique ou sphéro-cylindrique aulaser excimer est soustractive, par photoablation du stroma cornéen. Chez un patient

myope, la photoablation va aplanir de façon homogène la surface cornéenne. En cas d’hyper métropie, elle conduit à la cambrer. En cas d’astigmatisme, le profil d’ablation estdifférent pour chacun des méridiens.

Dossier

Figure 1. Classification fonctionnelle des amétropies sphéro-cylindriques.

Figure 2. Profil d’ablation d’un astigmatisme myopique simple.

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n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 49

Astigmatisme hypermétropiquesimple

Le traitement de l’astigmatisme hypermétropique sim-ple consiste à augmenter la courbure du méridien le plusplat, en respectant celle du méridien le plus cambré (trai-tement en « cylindre positif ») (figure 3). Quant aux méri-diens non principaux, ils sont cambrés de manièreprogressive entre les deux méridiens principaux. Ce trai-tement nécessite de larges zones de photoablation.

Astigmatismes composés

Les astigmatismes composés, myopiques et hyper-métropiques, peuvent être décomposés en une compo-sante sphérique et une composante cylindrique. La majo-rité des lasers actuels traitent successivement la com-posante sphérique (afin d’amener une focale sur la rétine),puis la composante cylindrique (afin d’amener la deuxièmefocale sur le plan rétinien) (traitement séquentiel).

Astigmatisme composé myopiqueL’objectif du traitement est d’aplatir les deux méri-

diens principaux afin de repositionner les deux droitesfocales sur le plan rétinien. Le méridien le plus bombé seradavantage aplati que le méridien le plus plat.

Deux types de traitement existent : - le traitement séquentiel traitera en deux étapes l’amé-tropie [exemple : -3 (-1 à 0°)], en corrigeant successive-ment sa composante sphérique (-3) puis sa composantecylindrique en utilisant la technique du cylindre négatif(-1 à 0°) (figure 4) ; - le traitement elliptique, établi à partir de la loi de Mun-nerlyn, permet d’aplatir en un seul temps les deux méri-diens principaux, avec un aplatissement plus marqué du

méridien le plus cambré par un diamètre de traitementplus court que sur le méridien le plus plat.

Astigmatisme composé hypermétropique

L’objectif du traitement est de cambrer les deux méri-diens principaux, mais davantage sur le méridien le plusplat. Comme pour le traitement de l’astigmatisme hyper-métropique simple, ce traitement nécessite une largezone de photoablation. Un traitement séquentiel est sou-vent utilisé (figure 5).

Astigmatisme

Figure 3. Profil d’ablation d’un astigma-tisme hypermé-tropique simple.

Figure 4. Profild’ablation d’un

astigmatismecomposé

myopique(traitementséquentiel).

Figure 5. Profild’ablation d’unastigmatismecomposéhypermétropique(traitementséquentiel).

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Les Cahiers50 n° 170 • Mai 2013

Astigmatismes mixtes

Le but du traitement est de cambrer le méridien leplus plat et d’aplatir le méridien le plus cambré. Les astig-matismes mixtes peuvent être exprimés et alors traitésen utilisant différentes expressions sphéro-cylindriques :formule en « cylindre négatif » [exemple : +3 (-5 à 0°)],formule en « cylindre positif » [-2 (+5 à 90°)], et formuleen « cylindres croisés » [plan (-2 à 0°), plan (+3 à 90°)].Toutefois, les traitements photoablatifs correspondant àces différentes expressions n’induisent pas la mêmeconsommation de tissu cornéen. La profondeur maxi-male et le volume de stroma cornéen photoablaté aucours de ces différents traitements sont variables. Cesparamètres doivent être ajustés de manière à réduire aumaximum le volume de tissu photoablaté.

La méthode du cylindre positif permet une photoabla-tion en périphérie cornéenne, ce qui expose à moins derisques d’ectasies post-lasik.

La méthode du cylindre négatif correspond à la sommed’un traitement en cylindre positif et d’un traitement ensphère négative. Elle est peu utilisée car très consom-matrice de tissu cornéen au centre de la cornée.

La méthode du cylindre croisé décompose l’astigma-tisme en deux tores qui seront traités successivement ousimultanément. Cette dernière méthode est souvent uti-lisée car elle est, en théorie, peu consommatrice de tissucornéen (figure 6).

La prise en charge chirurgicale d’un astigmatismenécessite dans tous les cas un alignement parfait dupatient avec le laser et l’utilisation d’un eye-tracker afinde corriger une éventuelle cyclotorsion du globe oculaireau cours du traitement photoablatif. Une erreur d’axe de

30° induit en théorie une annulation de l’effet du traite-ment cylindrique.

La chirurgie au laser excimer a fait d’énormes pro-grès ces dernières années avec le développement du« flying spot », permettant de sculpter finement le stromacornéen afin d’obtenir une photoablation parfaite, en par-ticulier dans le traitement des amétropies cylindriques.

Les modalités de réalisation des profils d’ablation encas d’astigmatisme sont, en 2013, parfaitement définieset optimisées. Ces profils permettent de traiter tout typed’astigmatisme jusqu’à 5 à 6 D, avec une prédictibilitéremarquable, très proche de celle du traitement de lamyopie.

Dossier

Figure 6. Profild’ablation d’unastigmatismemixte (méthodedes cylindrescroisés).

Congrès et formation

9e Journée d'Ophtalmologie InteractiveToulouseSamedi 14 septembre 2013Le programme de cette journée organisée parl'association Ophtalmologie interactive seraprincipalement axé sur la prise en charge globalede la DMLA, du diagnostic, avec notamment desprogrès majeurs de l'imagerie, au traitement, avecl'arrivée de nouvelles molécules.Des ateliers interactifs permettront d'aborder desthèmes plus pratiques dans la prise en charge dela DMLA mais aussi d'autres pathologiesrétiniennes, qu'elles soient médicales ouchirurgicales. Programme détaillé et inscriptions :http://www.joi-asso.fr

DMLA en pratiqueMaison de la Chimie, Paris • Lundi 9 septembre 2013Cette journée portera sur les anti-VEGF dans leurs indications multiples.Session plénière I : • Turbulences professionnelles • CRSC : traitementmédical • Ocriplasmine : indications et résultats • OVCR/OBV : ma priseen charge 2013-2014 • Maculopathie diabétique : ma prise en charge2013-2014 • Vasculopathie polypoïdale : ma prise en charge 2013-2014• Questions aux experts • DMLA exsudative : traitements à venir.Session plénière II : • AREDS 2 : enseignements • GEFAL : enseigne -ments • Les protocoles ranibizumab 2013-2014 • Aflibercept : état desconnaissances • Aflibercept : 18 mois d’expérience US • Table ronde :DMLA, les choix 2013-2014 • Synthèse 2013-2014.Ateliers de l’après-midi : 3 ateliers (55 min) pourront être choisi parmi 13 sujets. Un symposium satellite sur la rétine du myope se tiendra le samedi à 14h.Information et inscription : PCO/DMLA 2013 : 01 42 81 48 24 - [email protected]

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n° 170 • Mai 2013 Les Cahiers 51

Astigmatisme

Quel modèle et pour qui ? Il n’existe pas à cette heure de version torique pour

l’implant Cachet® (Alcon) qui représente le survivant desimplants phaques à appuis angulaires.

Actuellement, seuls deux concepts sont disponibles• Les implants de chambre antérieure à support irienreprésentés par l’Artisan® (du fabricant Ophtec) égalementappelé Verysize® (lorsqu’il est distribué par Abbott) sousla forme rigide PMMA, ou l’Artiflex® (Ophtec) devenantVeryflex® (lorsqu’il est distribué par Abbott), proposésrespectivement par les mêmes laboratoires en versionsouple de silicone (figure 1). Par leur fixation sur l’iris, tousdeux assurent une parfaite stabilité et un positionnementcontrôlé. Alors que l’implant pionnier référent rigide passepar une incision de 5,2 mm a priori astigmatogène, lemodèle pliable est, lui, introduit par une incision de 2,8 mm.

La limite à noter avec ce dernier-né souple (Artiflex®

ou Veryflex®) est qu’il n’est pas rare d’observer des dépôtssur l’implant, lesquels sont contrôlés par une prescrip-tion d’anti-inflammatoires prolongée.

• L’implant de chambre postérieure précristallinien ICL™

(Staar), fait de collamère hydrophile très souple, offre,lui, l’avantage de se localiser plus à distance de l’endo-thélium. Injectable et bientôt pré-plié, il passe par uneporte de 2,8 mm (figure 2). Le modèle torique (T V4 ICL™

torique) est disponible depuis 2003 (marquage CE et marquage FDA en 2006) pour la myopie puis, plus récem-ment, en combinaison avec la correction d’une hyper-métropie.

Quelles sont les indications de prédilectionde l’implant phaque torique ?

La forte amétropie combinée à la toricité est sansconteste l’indication de choix, c’est-à-dire en moyenneune myopie dépassant -8 D d’équivalent sphérique et unehypermétropie de plus de +6D (à condition que les dimen-sions du petit œil caractérisant l’hypermétrope fort l’autorisent). Dans les deux gammes, la puissance de cor-rection cylindrique s’étend à 6 D.

Par ailleurs, l’angoisse de l’ectasie secondaire a trouvéà l’implant phaque torique une nouvelle indication repré-sentée par la cornée qualifiée de «cornée à risque» par

La place des implants phaques dans la correction de l’astigmatisme Béatrice Cochener

S i l’on s’accorde pour donner aux implants phaques le rôle essentiel de correction desamétropies fortes, il paraissait important que leur dessin évolue vers une intégration

de la toricité compte tenu de l’existence d’un astigmatisme combiné à plus de deux tiersdes grandes hypermétropies et des myopies fortes. Cet article fait la revue des concepts disponibles, évoque leurs intérêts et limites et défi-nit leurs indications élargies aux cornées à risque ou pathologiques.

CHU Morvan, Brest

Figure 1.Artisan® (Ophtec) ou

Verysize® (Abbott) :implant phaque de

chambre antérieure àfixation irienne.

Figure 2. Implantphaque toriqueTICL™ V4 (Staar).

Marque = toricité

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Les Cahiers52 n° 170 • Mai 2013

Dossier

sa finesse et/ou son asymétrie et/ou son irrégularité et/ousa viscoélasticité anormale. Ces caractéristiques condui-sent à contre-indiquer la photoablation et à préférer uneimplantation permettant de la préserver, sachant que lesdeux concepts (de chambre antérieure ou de chambrepostérieure) évoqués sont capables de corriger des amé-tropies à partir de 3 D.

Enfin, il est une niche non négligeable à considérer :celle des astigmatismes cornéens forts irréguliers obser-vés en particulier dans le cas d’un kératocône ou d’unegreffe de cornée. Plus anecdotique encore, une place peutleur être donnée en implantation piggy-back (dans le sulcus) correctrice d’une amétropie résiduelle chez lepseudophaque.

Les exigences de l’implantationphaque Les critères d’exclusion anatomiques

Glisser un implant dans un segment antérieur sup-pose que celui-ci respecte les structures de voisinage, toutparticulièrement l’endothélium, l’iris et le cristallin. Desvaleurs seuils ont ainsi été définies : en premier lieu, unestabilité réfractive d’au moins deux ans, une profondeurde chambre antérieure (distance endothélium-face anté-rieure du cristallin) d’au moins 3 mm pour un implant dechambre antérieure et de 2,8 mm pour un implant dechambre postérieure (à noter que celle-ci diminue en casde présence de segments intrastromaux sur kératocône).L’endothélium cornéen doit être d’au moins 2 000 cel-lules/mm2 en moyenne selon l’âge.

Le positionnement Le placement de l’implant est crucial quant au choix

de l’axe adapté et nécessite ensuite que cette positionsoit figée car elle garantit la stabilité du résultat à distance.Mais en premier lieu, et comme dans toute implantationtorique, il conviendra en préopératoire de vérifier l’originecornéenne de l’astigmatisme à partir de la topographiecornéenne.

Le choix de l’incision se fera si possible sur le méri-dien le plus bombé et l’alignement de l’implant sera ajustésur les marques préopératoires de l’horizontalité repé-rées sur un patient en position verticale (à l’aide d’unmarqueur pendulaire), afin de s’affranchir de la cyclo-torsion. Le marquage sera réalisé par marqueur ou plate -forme automatisée de repérage de l’axe en peropératoire.En cas d’implantation de chambre antérieure, le centragese fera de plus sur la pupille placée en myosis. Dans tousles cas, il sera crucial de vérifier le bon positionnementfinal après retrait du viscoélastique, sans oublier celuicapturé en arrière de l’implant.

La détermination de la taille (sizing) de l’implant : la clé du succès et de la sécurité

La détermination du diamètre approprié de l’implantest indiscutablement une étape importante de la procé-dure car elle conditionnera la bonne adaptation de l’im-plant au sein du segment antérieur, sachant que lamajorité des complications de l’implantation phaque sontattribuables à une taille inadaptée de la lentille intra -oculaire.

Les paramètres clés, de règle intégrés dans un calcu-lateur en ligne de l’implant, sont la kératométrie (plusvolontiers topographique que lue) et les mesures intra -oculaires que peuvent aujourd’hui fournir un certain nom-bre de plateformes, telles que l’OCT de segment antérieur,la caméra Scheimpflug (figure 3) et l’échographie hautefréquence (figure 4) ; il faut savoir que seule cette dernièreest en mesure de traverser les tissus pigmentés de l’iriset d’accéder à la mesure du sulcus postérieur (utile àl’implantation en chambre postérieure). Tous ces outilspeuvent mesurer en addition des distances, des angleset des volumes. Une attention particulière sera apportéeà l’évaluation de la conformation de l’insertion de l’iris.

Il est ainsi important par exemple de connaître lesconséquences d’un diamètre d’ICL™ inadapté, sachant

Figure 3. Visualisation d’un ICL™ de chambrepostérieure en caméra Scheimpflug (Pentacam®).

Figure 4. Imagerie intraoculaire ultrasons haute fréquence pour sizing sur mesure.

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Astigmatisme

que le bombement (vaulting) en avant de l’iris est souventimprévisible. Si celui-ci est excessif (plus fréquemmentobservé sur un œil hypermétrope fort), la chambre anté-rieure se trouvera diminuée ainsi que la réactivité pupil-laire ; en revanche, s’il est trop faible, l’implant toriquepourra, lui, tourner et favoriser une cataracte par soncontact trop rapproché avec le cristallin.

À propos de notre expérience Nous avons conduit à Brest une étude rétrospective

portant sur 42 yeux (23 patients) de forte amétropie (2/3myopes et 1/3 hypermétropes) dont l’astigmatisme à cor-riger s’étendait entre 0,75 et 4,25 D et qui furent implan-tés par ICL™ torique entre février 2003 et février 2010,soit un recul moyen de 5,7 ans.

À trois ans de la chirurgie, 70% d’entre eux se trouvaientà ±0,50 D de l’emmétropie et 85 % à ±1 D de la correc tionattendue. En termes de préservation de la meilleure acuitévisuelle corrigée reflétant la sécurité de la procédure,35% l’avaient maintenue, 46% avaient gagné une ligne et15 % plus de deux lignes en comparaison de leur perfor-mance préopératoire. Cependant, 5% ont perdu une ligne.

La stabilité rotatoire représente bien sûr le paramètreclé de cette analyse portant sur une correction d’astig-matisme ; elle s’est avérée favorable, avec une prédicti-bilité dans 80% des cas à ±5° de la position programmée,obtenue dès les premiers jours postopératoires. Il estcependant à souligner un cas de rotation de plus de 60°observé à J7 ayant donné lieu à un repositionnement suivid’une nouvelle rotation. Une exploration échographiqueavec reconstruction des espaces intraoculaires a permisde comprendre que l’implant, d’un diamètre insuffisant,était mobilisable et se figeait dans la direction du dia-mètre le plus étroit du sulcus. Ce cas clinique illustredonc l’importance d’affiner encore les méthodes de déter-mination du dimensionnement précis de l’implant phaque.À noter qu’aucun cas de rotation tardive n’est à rapporter.

En termes de sécurité vis-à-vis de la cornée, le respectde l’endothélium cornéen est démontré par une courbede densité accompagnant la perte physiologique annuellede moins de 0,6 %. En revanche, l’introduction d’une len-tille en arrière de l’iris induit une diminution de la cham-bre antérieure pouvant aller de 0,3 à 1 mm et pouvantexposer à une réduction de l’angle irido-cornéen au risqued’exposer à une élévation de la tension oculaire. Dans lapopulation étudiée ici, dont le sizing s’était appuyé sur uneimagerie oculaire, l’obtention d’un vaulting de 600 micronsen avant du cristallin a été la valeur moyenne obtenue(±150 microns) ; aucune situation à risque n’a donc étéobservée.

Comme il a été démontré en matière de correctionphaque sphérique (surtout lorsque l’optique se trouve en

arrière de la pupille), nous avons constaté que la qualitéde vision exprimée en vision des contrastes, sensibilité à la lumière et aberrations optiques était très correcte-ment préservée, et de façon supérieure à celle obtenueaprès chirurgie photoablative dans le domaine de cesfortes amétropies. Ainsi, le taux de coma et tréfoil (trèsliés tous deux au centrage et à l’astigmatisme) se sontsitués respectivement à la valeur moyenne de -0,25mi -crons (-0,18 à -0,3 microns) et -0,22 microns (-0,2 à-0,28 microns).

Il est ainsi possible de conclure que l’implantationphaque torique représente la méthode de choix dans ledomaine des fortes amétropies dont plus de 30 % pré-sentent un astigmatisme combiné de plus de 1 D. L’en-semble des expériences rapportées montre que cesimplants, quel que soit le modèle, sont capables d’une effi-cacité réfractive et d’une stabilité rotatoire très correctes.Le concept de l’implant de chambre postérieure, appré-cié pour sa capacité à être plié et placé à distance de lacornée, démontre une sécurité anatomique, à conditionque les espaces anatomiques aient été vérifiés et se soientrévélés suffisants. Introduit par une incision de 2,8 mm,sa chirurgie d’implantation offre l’intérêt d’être très peuastigmatogène pour une meilleure prédictibilité du gesteopératoire.

L’audace de l’implantation phaquedans l’astigmatisme irrégulier

Songer à recourir à un implant phaque en cas de kéra-tocône ou dans les suites d’une greffe de cornée supposeque la réfraction soit mesurable et retrouve une amétro-pie sphérique significative combinée à un astigmatisme.De règle, cette stratégie ne sera envisagée qu’après échecde l’équipement en lentilles de contact.

Si l’on considère que l’asymétrie forte, et a fortiori l’irré gularité d’un astigmatisme, représentent une contre-indication absolue à toute implantation torique, il s’avèreque cette approche audacieuse s’est pourtant révéléeêtre un succès important, à la condition d’accéder enpréopératoire à une amélioration significative de la visionpar une correction sphéro-cylindrique.

Intérêt de l’implantation phaque dans le kératocôneLe plus évident est celui de respecter la cornée malade

à condition qu’une détermination soigneuse du diamètrede l’implant permette de demeurer à distance de l’endo-thélium sain. De plus, en cas d’évolutivité, il est possibled’envisager un échange, voire une ablation éventuelle sil’heure de la greffe s’annonce.

Mais il s’agit bien sûr d’une niche d’indication car iln’est pas habituel, surtout sur notre territoire, de ren-

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Dossier

contrer des kératocônes associant une myopie de plus de 4 D à un astigmatisme (qu’il est possible de corrigerjusqu’à des valeurs de 6 D environ). Par ailleurs, cettechirurgie pourra se combiner aux segments intracor-néens (avant, si une évolution secondaire ou une effica-cité insuffisante de l’implant sont observées, ou après siun remodelage est préalablement requis pour mesurerla réfraction). En cas d’évolutivité (kératométrie évolutivede plus de 0,5 D et/ou changement en équivalent sphé-rique en une année), un cross linking à la riboflavine seraproposé auparavant, dans un souci de stabilisation de l’ectasie.

Au-delà de ce scénario du kératocône avéré, il est pos-sible de donner également une place à l’implantationphaque en cas de kératocône frustre ou de cornée à risque,lorsque l’erreur réfractive à corriger est modérée à forteet qu’une photoablation pourrait faire basculer la cornéefragile dans l’ectasie.

Il existe cependant peu de séries rapportées.

Intérêt de l’implantation phaque dans la greffe de cornée

La limite essentielle de la kératoplastie est l’astigma-tisme induit qui empêche d’optimiser la récupérationvisuelle en dépit d’une greffe claire et vitalisée. Cet obs-tacle apparaît tout particulièrement contrariant si la greffede cornée était indiquée pour remédier à l’astigmatismeirrégulier causé, par exemple, par un kératocône… into-lérant aux lentilles de contact. Dans ce cas, les alterna-tives chirurgicales se discutent et placent l’implant phaquetorique exactement comme dans l’ectasie précédemmentévoquée, à savoir en cas de cristallin clair et d’amétro-pie forte combinant sphère et cylindre accessible à lamesure de la réfraction.

Il semble que ni le passage à la greffe lamellaire anté-rieure profonde ni l’introduction du laser femtosecondepour la réalisation de découpes à berges contrôlées etcongruentes n’aient permis de prévenir ou prédire cettedéformation cornéenne post-greffe. Celle-ci demeure untableau multifactoriel, d’une valeur moyenne de 4 à 6 Daprès l’ablation des sutures et associé à un taux impor-tant d’aberrations d’ordres élevés en particulier dans leregistre de la coma.

L’implant phaque torique pourra être choisi en modèlede chambre antérieure clippé à l’iris ou en chambre pos-térieure (figure 5) selon les habitudes et la conviction duchirurgien. En cas d’irrégularité importante, plutôt qu’unerésection cunéïforme traumatisante et aux résultatsimprévisibles, il sera plutôt discuté aujourd’hui de la miseen place d’anneaux intracornéens si besoin avant ou aprèsimplantation.

Et pourquoi pas en implantation piggy-back ?

Il s’agit là de placer un implant qui ne peut être que detype souple de chambre postérieure (en arrière de l’iris)dans le sulcus, en avant d’un implant pseudophaque intra-sacculaire, dans le but de corriger une erreur sphériqueet/ou cylindrique résiduelle au décours de la chirurgiede la cataracte. L’ICL™ doit « vaulter » en avant de l’im-plant et respecter l’interface entre les deux optiques.Cette option présentait un intérêt jusqu’à l’arrivée de nou-veaux concepts d’implants piggy-back spécifiques (Add-On®, Sulcoflex®…). Une telle implantation additionnellesecondaire peut se justifier face à une anisométropieimportante en cas de cataracte unilatérale, congénitaleou post-traumatique. Cette application a été décrite dansquelques études consacrées à de petits échantillons maissoulignant l’intérêt de cette option comme retraitement.

En conclusion

L’implantation phaque torique constitue une correc-tion efficace des amétropies (fortes et modérées), com-binée en une procédure unique, en alternative ou encomplément d’une autre chirurgie. Son intérêt essentielest de respecter la cornée à condition d’un dimension-nement précisément ajusté et de la vérification de l’ab-sence de contre-indications anatomiques.

Pour en savoir plusAlfonso JF, Fernández-Vega L, Puchades C, Montés-Micó R. Interme -

diate visual function with different multifocal intraocular lens models. JCataract Refract Surg. 2010;36(5):733-9.

Alfonso JF, Fernández-Vega L, Fernandes P et al. Collagen copolymertoric posterior chamber phakic intraocular lens for myopic astigmatism:one-year follow-up. J Cataract Refract Surg. 2010;36 (4):568-76.

Alfonso JF, Fernández-Vega L, Lisa C et al. Collagen copolymer toricposterior chamber phakic intraocular lens in eyes with keratoconus. JCataract Refract Surg. 2010;36(6):906-16.

Kamiya K, Shimizu K, Kobashi H et al. Clinical outcomes of posteriorchamber toric phakic intraocular lens implantation for the correction ofhigh myopic astigmatism in eyes with keratoconus: 6-month follow-up.Graefes Arch Clin Exp Ophthalmol. 2011;249(7): 1073-80.

Paul RA, Chew HF, Singal N et al. Piggyback intraocular lens implanta-tion to correct myopic pseudophakic refractive error after penetratingkeratoplasty. J Cataract Refract Surg. 2004;30(4):821-5.

Tahzib NG, Nuijts RM, Wu WY, Budo CJ. Long-term study of Artisan pha-kic intraocular lens implantation for the correction of moderate to highmyopia: ten-year follow-up results. Ophthalmology. 2007;114(6): 1133-42.

Figure 5. Implantintraoculaire de chambrepostérieure correcteurd’un astigma tisme post-greffe de cornéetransfixiante.

Aucun intérêt financier dans les produits présentés

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Dossier

L’augmentation de la cambrure cornéenne au coursde l’évolution du kératocône s’accompagne d’une aug-mentation des aberrations de bas degré (myopie et astig-matisme) et de haut degré (« astigmatisme irrégulier »).

Correction des aberrations par des moyens optiques

Les aberrations de bas degré peuvent être corrigéespar des lunettes.

Les lentilles de contact ne sont nécessaires qu’en casd’aberrations de haut degré. Elles ne ralentissent pasl’évolution du kératocône et ne doivent pas être utiliséesdans cette intention à un stade précoce de kératocône. Enrevanche, elles peuvent être prescrites à visée correctricedans un kératocône précoce. Elles seront conservées leplus longtemps possible dans le kératocône lorsque la correction par lunettes est insuffisante. Ce n’est qu’en casd’insuffisance de correction par les lentilles ou en casd’intolérance aux lentilles que les solutions chirurgicalesseront envisagées.

Cross linking du collagène cornéen :pour le kératocône progressif

Le cross linking du collagène cornéen n’a en effet quecette seule indication. Son but est de stabiliser un kéra-tocône qui s’aggrave. Par contre, il peut être associé à d’autres techniques chirurgicales dont l’objectif est laréhabilitation visuelle du kératocône.

La greffe de cornée en dernier recours

La greffe de cornée ne doit intervenir que lorsque lesautres moyens de correction à notre disposition ont étéépuisés. Longtemps considérée comme le traitement de

référence du kératocône, la kératoplastie transfixiante aperdu cette place au profit de la kératoplastie lamellaireantérieure profonde prédescemétique. Les avantagessont une meilleure résistance mécanique, une acuitévisuelle et un astigmatisme postopératoire identiques,mais surtout la conservation endothéliale. Celle-ci per-met d’éviter le rejet endothélial et rallonge la durée devie des greffons en évitant la déperdition endothélialeaccélérée des greffes transfixiantes. Par contre, la greffelamellaire profonde ne modifie pas les résultats d’astig-matisme avec un risque d’astigmatisme géant, supérieurà 5 dioptries après retrait des sutures, aussi importantqu’après greffe transfixiante. La prise en charge de cetastigmatisme après greffe ne diffère pas selon la tech-nique, transfixiante ou lamellaire, et fait appel aux lunettes,lentilles, incisions relaxantes ou laser excimer. Avant lestade de greffe, d’autres techniques chirurgicales peuventêtre envisagées.

Les anneaux intra-cornéens : pourremodeler l’architecture cornéenne

Les anneaux intra-cornéens ont pour objectif d’amé-liorer la qualité de vision des patients en remodelant l’ar-chitecture cornéenne. Ils diminuent l’astigmatismeirrégulier sans enlever de tissu cornéen et sans toucherle centre de la cornée. Les anneaux peuvent être enlevéssi nécessaire. L’effet est d’autant plus important que l’an-neau est épais et que la zone optique est petite. Cepen-dant, les effets secondaires visuels, photiques (halos,éblouissement) augmentent en cas de petite zone optique.Les Intacs™ « conventionnels » ont une zone optique de7 mm et une section hexagonale. Les Intacs™ SK ont unezone optique de 6 mm et une section ovale. Les anneaux

Correction de l’astigmatisme dans le kératocônePierre Fournié

La correction de l’astigmatisme dans le kératocône répond à des exigences différentesselon que l’on s’adresse à un astigmatisme régulier (aberrations de bas degré) ou irré-

gulier (aberrations de haut degré). L’astigmatisme irrégulier nécessite un geste de plas-tie cornéenne ou « cornéoplastie » par greffe de cornée, anneaux intra-cornéens ou, plusrarement, laser excimer.

Centre de référence national du kératocône

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Astigmatisme

de Ferrara™ ou Keraring™ ontune zone optique de 5 ou 6 mmet une section triangulaire.Plus l’anneau utilisé est longet plus l’aplatissement cor-néen, et donc l’effet démyopi-sant, est important. Plus lalongueur est courte et plusl’effet sur l’astigmatisme pré-domine.

Les résultats attendus sontpeu prédictibles. Un gaind’acuité visuelle est obtenudans environ 80 % des cas avecune diminution moyenne del’équivalent sphérique de3 dioptries et de la kératomé-trie de 4 dioptries. Une cor-rection optique par lunettes oulentilles est souvent néces-saire après anneaux (figure 1).

Photoablation au laser excimer : sous certaines conditions

Une photoablation au laser excimer était contre-indi-quée dans le kératocône en raison de l’amincissement etde l’affaiblissement biomécanique cornéen. L’essor ducross linking du collagène cornéen permet de reconsidérerune photoablation dans le kératocône sous certainesconditions. Le traitement sera guidé au mieux par la topo-graphie, avec une optique d’épargne tissulaire et une photo ablation n’excédant donc pas 50 microns. Son objec-tif est de « régulariser » la surface cornéenne. Il consistedavantage à « normaliser » une surface cornéenne qu’àtraiter une réfraction subjective, souvent fluctuante dansle kératocône. L’approche est très différente d’une chirur -gie réfractive et semble donner des résultats prometteurs.

La détermination d’indications et de protocoles de trai-tement ainsi que la validation des résultats préliminairessur le long terme sont nécessaires. La limite de profon-deur fixée à 50 microns ne permet pas une approche detous les kératocônes. Les cornées très déformées ne sontpas accessibles à ce traitement en raison, d’une part, dela magnitude du traitement, d’autre part, des opacitéscornéennes souvent présentes et, enfin, de l’épaisseur cornéenne insuffisante pour la photoablation ou la réa-lisation du cross linking qui nécessite une épaisseur stro-male d’au moins 400 microns. La photoablation de ces

cornées soulève également la question de la stabilitésur le long terme. Les rapports concordants de la lit-térature sont en faveur d’une efficacité du cross lin-king pour arrêter la progression d’un kératocône évolutif.Son effet sur une cornée concomitamment aminciereste à démontrer sur le plus long terme.

Implants intra-oculaires : sur une « cornée stable » spontanémentou après cross linking

L’implantation pourra être phaque ou pseudophaqueen cas de cataracte associée. Elle peut intervenir enpremière intention ou après une chirurgie préalablepar implantation d’anneaux ou greffe de cornée.

L’indication opératoire ne repose sur aucun consen-sus et doit se réfléchir au cas par cas. Une meilleureacuité visuelle préopératoire corrigée par lunettes,avant cataracte, inférieure à 4-5/10e sans amblyopie vaà l’encontre de l’implantation intra-oculaire car la partirrégulière de l’astigmatisme est alors importante etlimitera la récupération visuelle. Une cornéoplastiepréalable par anneaux ou greffe est alors préférable. Unimplant torique peut être utilisé pour corriger la partde l’astigmatisme réfractif manifeste mais ne corrigera

Figure 1. Kératocône avec une acuité visuelle préopératoire de 5/10e avec +1,75 D (85-6) et unekératométrie préopératoire de 46,6 D à 2,5° / 39,4 D à 92,5° (A). Un anneau Ferrara™ (160/25) de 5 mmde zone optique est implanté (B, C). Le résultat à trois mois est de 5/10e sans correction, améliorable

à 10/10e avec +1 (90-2,25) avec une kératométrie de 42,3 D à 174,4° / 38,1 D à 84,4° (D).

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pas la part irrégulière de l’as-tigmatisme. Une réfractionmanifeste par lunettes difficileet fluctuante est également uncritère incitant à la prudence.L’implantation intra-oculaires’adresse essentiellement àdes kératocônes peu évolués,associés à une myopie forte etuniquement si la réfraction estaccessible (figure 2).

Dossier

Figure 2. Kératocône central nonévolutif chez un patient de 37 ans avec

une acuité visuelle préopératoire de4/10e avec -13 (175-8), un Kmax mesuréà 63,60 D et une pachymétrie au point le

plus fin de 367 microns (A, B, C). Un implant Artisan® torique de -14

(0-7,50) a été implanté par une incisionsclérale (D). L’acuité visuelle

postopératoire est de 8/10e sanscorrection améliorable à 10/10e avec

+0,25 (25-1,50).

Congrès et formation

4e congrès Imagerie en ophtalmologie : de la théorie à la pratiqueCentre de congrès CAP 15, ParisVendredi 18 octobre 2013Les participants pourront s’inscrire à 4 ateliers de 1h30 soitthéoriques, soit pratiques, ces derniers leur permettant soitde comparer les différents appareils du marché, soit deprogresser sur leur appareil habituel avec le soutien d’unformateur chevronné.L’édition 2013 comporte d’importantes nouveautés : • un atelier de cas cliniques d’imagerie est ouvert avecappel à communication sur les thèmes de glaucome, rétineou segment antérieur, avec un prix récompensant le cas leplus original ou le plus didactique ;• un symposium déjeuner pour rythmer la pause avant laséance plénière de l’après-midi consacrée à l’imagerieoculaire aujourd’hui et demain ;• des ateliers «Carte blanche» permettront aux fabricantspartenaires de présenter en 1h30 leurs produits ou leurstechniques.Programme et inscriptions : www.vuexplorer.fr

XVIe journée universitaire d’ophtalmologie de MarseillePalais des congrès, parc Chanot11-12 octobre 2013Vendredi 11 : cours deDES interrégional (à la faculté de médecinede 9h à 12h) et quatreateliers pratiques (à partir de 14h) : Atelier 1 : Topographie cornéenne et indications en chirurgieréfractive ; Atelier 2 : Imagerie rétinienne : angiographie etOCT ; Atelier 3 : Ophtalmo-pédiatrie ; Atelier 4 : Chirurgie dela paupière et esthétique.Samedi 12 : Tables rondes : •Les urgences de la surfaceoculaire ; Les actualités de la chirurgie de la cataracte•Œdème maculaire : mécanismes, imagerie etthérapeutique •Thérapeutiques modernes et d’avenir•Dépistage précoce en ophtalmo-pédiatrie •Prise en charge thérapeutique en ophtalmo-pédiatrie.Informations : MCO Congrès - 04 95 09 38 00 - [email protected].

Lien pour avoir le programmedétaillé et le bulletin d'inscriptiondans la rubrique Calendrier desmanifestations sur le site : www.cahiers-ophtalmologie.com

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«Actualités

tique. Il n’y a pas encore de rem-boursement.Le partenariat entre l’ophtalmo-logiste traitant et le chirurgien vitréorétinien est essentiel pour

une prise en chargeoptimale du patient.Le suivi postopéra-toire du DR com-porte en priorité lasurveillance de la

PIO, le bon positionnement dupatient, les signes infectieux, lescomplications des tamponne-ments et l’examen de la rétinesous celui-ci. Dans la chirurgiemaculaire, l’examen doit recher-cher des déchirures iatrogènes.La chirurgie des cataractes post-vitrectomie nécessite une vigi-lance peropératoire accrue de-vant une fragilité zonulaire et unsyndrome de rétropulsion du planiridolenticulaire, avec une cap-sule flasque. Les implants multi -focaux induisent des difficultésde focalisation pour la chirurgiemaculaire et sont à proscrire enprésence d’une pathologie réti-nienne ou chez le myope fort.Les indications de laser prophy-lactique sont le cerclage lasersur 360° de l’œil adelphe à une déchirure géante, le traitement loca lisé de toute déchirure symp-tomatique ou asymptomatiqueobservée. Les palissades ne seront traitées que s’il existe des facteurs de risques : antécé-dent de DR familial, DR controla-téral, myopie forte et un patientmonophtalme. Ne sont jamais à traiter lesblancs, givreset excrois-sances.

Service d’ophtalmologie,hôpital Lariboisière, Paris

on implantera dans le sulcus ousecondairement. Avec une priseen charge par le rétinologue dansles sept jours, le pronostic visuelreste bon.Les tendances 2013La chirurgie vitréorétinienne mo-derne est ambulatoire avec uneanesthésie locale n’exigeant pasl’arrêt des antiagrégants pla-quettaires ni des anti-vitaminesK. Les nouveaux équipementspermettent une vitrectomie plussûre, un temps opératoire rac-courci et un meilleur confort dupatient. Celle-ci est souvent com-binée à une phacoémulsificationchez le patient de plus de 60 ans.La chirurgie des corps flottants(CF) reste une indication deconfort à réaliser chez un patientbien informé des complicationspotentielles et dont la plainte et leretentissement sur la qualité devie persistent à long terme. L’exa-men doit rechercher un CF dansl’axe visuel et la présence d’unDPV qui facilite la vitrectomie. Onn’oubliera pas de bien vérifier lapériphérie rétinienne.La vitréolyse enzymatique parl’ocriplasmine trouve ses indica-tions dans les menaces de troumaculaire (TM) avec AV conser-vée et les TM stade 2 de petitetaille. La TVM n’est pas unebonne indication car l’attache estsouvent très forte et ne céderapas sans geste chirurgical. Sonusage en pratique courante seralimité par son prix, sa conserva-tion et sa délivrance pharmaceu-

nostic, lié à l’amincissement central de la rétine, est inchangépar la chirurgie, du pseudo-trouentraîné par des membranes épirétiniennes contractiles. L’OCTen face permet de bien faire ladifféren ce entre les deux. Lepseudo-trou peut bénéficierd’une chirurgie.La décision chirurgicale chez lesmyopes forts est à prendre au caspar cas : l’imputabilité de la pa-thologie maculaire dans la baissed’AV doit être documentée.Chez l’enfant, les hémorragiesintravitréennes ou rétiniennesavant 2 ans doivent faire évoquerune maltraitance. Au-delà, ellespeuvent être secondaires au rétinoschisis juvénile ou à uneleucémie. Dans la rétinopathiediabétique proliférante, l’HIV seraopérée en urgence en cas de DRassocié, de rubéose irienne, d’absence de photocoagulationpanrétinienne (PPR) ou d’une fibrose à haut risque de rétractionet chez le diabétique type 1.Les DR tractionnels ne serontopérés qu’en cas de décollementmaculaire ou si la rétine périphé-rique n’est pas accessible à unePPR. Dans les rétinopathies flo-rides, la PPR extensive en ur-gence est associée à une vitrec-tomie précoce dès l’apparitiond’une HIV, d’une prolifération fibrovasculaire ou d’un DR. DesIVT d’anti-VEGF sont couplées enpré- et peropératoire.En chirurgie du segment anté-rieur, l’enjeu des ruptures capsu -laires postérieures est de limiterl’issue de vitré par la réalisationd’une vitrectomie antérieurecomplète. En cas de luxation pos-térieure de fragment cristallinien,

Les indications de la chirurgievitréorétinienne

À l’ère du laser et des injectionsintravitréennes (IVT), la chirurgievitréorétinienne conserve des in-dications dont le degré d’urgen ceest variable. L’hématome maculaire sera opé -ré de préférence dans les septjours. Les éléments poussantvers la chirurgie sont l’associa-tion d’une hémorragie intra - vitréenne (HIV), d’un hématomeprédominant dans l’espace sous-rétinien et d’une surface supé-rieu re à 1DP (demi-diamètre pa-pillaire). Pour les décollements de la ré-tine (DR), l’urgence immédiateconcerne surtout les patients vitrectomisés et les DR maculaON à moins de 4DP de la fovéa.Les autres DR symptomatiquesseront opérés précocement dansles sept jours. Les DR asympto-matiques sur trou périphériquesans décollement postérieur duvitré (DPV) peuvent être surveillésdans un premier temps.Dans les pathologies vitréoma-culaires, la chirurgie est en géné -ral proposée à partir d’une acuitévisuelle (AV) inférieure à 5/10e ouà P2, ou associée à des méta-morphopsies gênantes. Une sur-veillance de trois à six mois estsans danger, mais il vaut mieuxne pas attendre une baisse de l’AVinférieure à 4/10e. Les syndro -mes de traction vitréomaculaire(TVM) présentant un décollementséreux rétinien rétro- fovéolaire,un clivage intrarétinien ou uneadhérence large sont à opérerdans le mois.L’OCT-SD permet de différencierle trou lamellaire, dont le pro-

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Compte rendu de congrès

Chirurgie de la rétine 2013

Cette journée d’enseignement, organisée par Ramin Tadayoni, Pascale Massin,Michel Paques, Salomon-Yves Cohen, Vincent Gualino, José Sahel et Alain Gaudric,

s’est déroulée à la Maison de la Chimie à Paris le 5 avril dernier. Elle a permis notamment de préciser les indications de la chirurgie vitréorétinienne et les grandes évolutions actuelles.

Syndrome de traction vitréomaculaire.

Elise Philippakis

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