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Tome 2 Tensions, oppositions, conflits et pistes de résolution 1

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Tome 2

Tensions, oppositions, conflits et pistes derésolution

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................................................................................................................................................ 1

Introduction ........................................................................ 3

A.Aspects exogènes ............................................................ 3

1.Historique du phénomène ......................................................................................... 3

2.Dissociation des gestions de la faune et de la flore .................................................... 4

3.La question de l’usage des sols ................................................................................. 5

4.La multifonctionnalité ............................................................................................... 5

5.Eléments déclencheurs .............................................................................................. 5

B.Aspects endogènes .......................................................... 6

6.Des pratiques culturelles et légales différentes .......................................................... 6

7.Question de valeurs, de représentations et de pratiques ............................................. 6

8.Question d’échelle temporelle ................................................................................... 7

9.Question d’échelle territoriale ................................................................................... 8

10.Question de culture et de connaissances des fonctionnements écologiques ............. 8

11.Déficit de crédibilité des connaissances et compétences de l’autre .......................... 9

12.Question de pratiques cynégétiques ........................................................................ 9

13.Question de pratiques sylvicoles ........................................................................... 10

14.Question de sensibilité et de relation affective à la nature ...................................... 11

15.La résistance aux changements ............................................................................ 12

16.Les peurs ............................................................................................................... 13

17.Question du pouvoir .............................................................................................. 13

18.Question d’objectif agro-sylvo-loisir-cynégétique ................................................. 14

19.Questions d’indicateurs ......................................................................................... 16

20.Question d’équilibres ............................................................................................ 19

21.Des constats différents et partagés ......................................................................... 20

22.Des systèmes socio-économiques à faire converger ............................................... 21

23.Protocole ............................................................................................................... 22

Constats divergents et partagés ......................................... 26

Bibliographie ......................................................................................................................... 31

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Introduction

Par tension nous désignons1 le sentiment ressenti par des usagers de l’espace quand desévènements extérieurs (produits par des humains ou par des causes non humaines) viennentles affecter de manière négative. Une tension se transforme en conflit quand apparaissent desdivergences de points de vue ou d’intérêts faisant naître une menace crédible. Les indicateursde cet état sont : l’action juridictionnelle, la médiatisation, la confrontation directe ouinterposée, le refus de collaborer, le déni. Les activités pratiquées en forêt peuvent engendrerdifférents types de conflits : des conflits entre usagers, des conflits entre usagers etpropriétaires et/ou gestionnaires de forêt.

Les conditions qui génèrent les conflits d’usage sont « la prédominance ou la préséanceinstitutionnelle d’une ressource particulière sur les autres et la nature de sa disponibilité,notamment en l’état de plus ou moins grande satiété, c’est-à-dire du degré de manque ou depléthore, et de la façon dont on en assure le contrôle » 2. Aujourd’hui, en trame de fond del’histoire des oppositions, se cache diverses évolutions (espace, usages, etc.) dont celle liée austatut de l’animal en général et de l’animal sauvage en particulier. Ainsi, les représentants dedivers intérêts ainsi que les gestionnaires des espaces se « confrontent dans un contexte detransformation des cadres réglementaires et administratifs »3.

1 Caron A., Torre A., Une approche des conflits d'usage et de voisinage dans les campagnes françaises en termesde proximité UMR 6590-ESO, Colloque Faire Campagne, Rennes, 17-18 mars 2005, p. 10.

2 Schütz J.-P., Du conflit forestiers-chasseurs à une gestion multifonctionnelle XXè siècle, Corvol A., [dir.],Forêt et chasse, 10e-20e siècle, Paris, Éditions L’Harmattan, 2004, pp. 321-329, p. 322.

3 Torre A., Kirat T., Territoire de Conflits : Analyses des mutations de l’occupation de l’espace. L’Harmattan,décembre 2008.

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Nous proposons ainsi 23 points qui permettent de saisir les éléments importants dans larelation entre les acteurs.

A. Aspects exogènes

1. Historique du phénomèneJusqu’où pouvons-nous remonter dans l’histoire pour retrouver les oppositions et les solutionsenvisagées ?

La cohabitation des cerfs et des activités de production est un débat ancien, en témoigne cettecitation « dans le « Traité des bois et des forêts » écrit par Duhamel du Monceau en 1760 : lesseigneurs doivent opter, c’est-à-dire ou renoncer à élever du bois, ou se priver de gibier, ou sedéterminer à développer leurs semis avec des palis, dont la dépense est très considérable »4.Dès 1979, un arrêté ministériel précise que « les populations de grand gibier atteignent tropfréquemment un niveau incompatible avec le développement normal de la régénération despeuplements forestiers » (arrêté du 23 février 1979 du ministère de l’agriculture approuvant ladirective régionale de gestion des futaies du massif vosgien). En 1981, une directive duministère de l’environnement met en avant la nécessité de tenir compte des dégâts forestiersdans la fixation des plans de chasse. Dans le Massif des Vosges, « dès le 18 mars 1983 leministre de l’agriculture proposait au ministre de l’environnement d’envoyer en Alsace unemission conjointe d’ingénieurs généraux « pour obtenir un constat objectif des dégâts causéspar le grand gibier dans les forêts des Vosges alsaciennes et proposer des mesures à prendrepour revenir à une situation normale et rétablir l’équilibre sylvo-cynégétique». « La notion dedégâts de gibier en forêts à fait et fait toujours l’objet d’une polémique entre chasseurs,forestiers, propriétaires… » 5, « problème qui dure depuis des décennies »6

Les conséquences du « déséquilibre » sont notées ainsi en 1984 : • d’un point de vue écologique : la forêt vosgienne de montagne, à l’origine

constituée de sapin pectiné et de hêtre, se transforme peu à peu par substitutionau sapin de l’épicéa

• d’un point de vue biologique : la pérennité de la forêt est compromise (déficitalarmant dans les classes d’âge jeune et moyen)

• d’un point de vue économique : « à une époque où le gouvernement demande àla forêt d’accroitre sa productivité en vue de réduire le déficit de la balancecommerciale française, on ne peut qu’être inquiet devant l’anéantissement desurfaces considérables de semis » 7.

4 Gamblin B. (Directeur technique et commercial bois de l’ONF), Restaurer l’équilibre forêt gibier, RDVtechniques n° 41-42 — été-automne 2013 – ONF, Actes du colloque ONF des 27-28 mai 2013, p.4.

5 Note introductive de réflexion sur le déséquilibre agro-sylvo-cynégétique dans les forêts alsaciennes, Missioninterministérielle « environnement-agriculture », Direction Départementale de l’agriculture du Haut-Rhin, 18Novembre 1983.

6 Ministère de l’Agriculture, Service Régional d’Aménagement Forestier d’Alsace, Courrier du 3 octobre 1983à Monsieur l’Ingénieur Général du GREF.

7 Rapport de la mission interministérielle « Agriculture-Environnement » sur les dégâts du grand gibier dans lesforêts d’Alsace, 20 octobre 1984, p. 89.

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Plus tard, l’observatoire régional alsacien de l’équilibre faune-flore8 conclut ainsi : « au vu del’évolution des relevés de dégâts forestiers entre 1989 et 2004-2007, on constate uneaugmentation des fréquences de dégâts sur la plupart des observatoires. Les taux de dégâtssont également importants dans plusieurs zones. La régénération naturelle sans protection despeuplements forestiers avec les essences objectifs est délicate, voire impossible sur plusieursmassifs. Les taux d’écorçage récents, comparés aux écorçages anciens, laissent à penser queles dégâts sont en cours de réalisation sur plusieurs observatoires. L’équilibre faune-flore s’estdonc dégradé entre 1989 et 2003-2007 sur la majorité des observatoires (fréquence des dégâtstotaux et/ou récents en augmentation dans 10 observatoires sur 12). Sur le même pas detemps, les prélèvements à la chasse en progression sensible n’ont pas réussi à améliorer lasituation vis-à-vis de l’équilibre forêt-gibier »9, 10.

L’arrêt de l’observatoire du Donon qui a mobilisé de nombreux acteurs pendant denombreuses années et qui a avorté « subitement », restent dans les mémoires. Les acteurs fontpart de limites : échelle territorial, partage des méthodes de diagnostic, résilience des acteurs,etc.

Le CRPF Lorraine-Alsace et la fédération régionale des chasseurs ont décidé fin 2011 demener une étude de faisabilité en vue de mettre en œuvre une sylviculture favorable àl’équilibre forêt-gibier. « Les sommes récoltées (4€/ha/an) permettraient de financer 50 % destravaux programmés sur la période des dix ans à venir. Cette conciliation permet aupropriétaire de sensibiliser le chasseur aux dégâts et au chasseur d’expliquer que réaliser leplan de chasse n’est pas toujours chose facile »11.

En 2012, les ministères de l’environnement et de l’agriculture, se demandent « où se trouve laclé de la résolution de ce problème »12.

Une ébauche de protocole a été esquissée par l’observatoire départemental faune flore desVosges en 2013 : « il serait intéressant, de croiser l’[indice phare du comptage cerf], avecd’autres indicateurs, comme la masse corporelle des faons ou les indices de consommation, etil est toujours utile de faire figurer l’évolution des prélèvements cynégétiques »13.

8 Mené de 2004 à 2007 par l’ONF en partenariat avec l’ONCFS, la filière et la forêt privée et avec le soutienfinancier de l’Etat et du Conseil Régional.

9 Le Plan Pluriannuel Régional de Développement Forestier (PPRDF) Alsace 2012-2016.

10 OREFS, Synthèse des résultats 2000-20007 et de l’évolution des relevés de dégâts entre 1989 et 2007, janvier2009.

11 Ancel P., Geny J., Création d’un fonds privé pour la prévention des dégâts de cervidés en forêt, Forêt -entreprise n°210 - mai 2013, p. 45.

12 Rabier Galbert de, Lévêque, Monnier, Rathouis, Mission sur les dégâts de grand gibier, CGED N°007966-01,CGAAER N°11113, janvier 2012.

13 Protocole de suivi des tendances d’évolution des populations d’ongulés, FDC 88, 10 avril 2013, p. 7.(protocole de suivi des tendances d’évolution des populations d’ongulés dans le cadre des missions d’évolues àl’observatoire départemental faune flore, signé le 10 avril 2013 par le CRPF, le DDT (préfète), l’ONCFS, laFDC 88, l’ONF).

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2. Dissociation des gestions de la faune et de la floreComment en est-on arrivé à la dissociation de la gestion de la flore et de la gestion de lafaune, en créant une sorte d’externalité qui déconnecte la gestion de la chasse de la gestion dela flore ?

La rationalisation de l’exploitation de la nature a initié le clivage. Le bois (tous usagesconfondus) devient d’intérêt national au XVIIème, sous l’impulsion de Colbert, la forêt« devient un bien d’intérêt public majeur et le propriétaire (privé ou public) doit contribuer àservir d’abord les besoins du royaume ». Elle introduit notamment la mise en réserve d’unquart des forêts afin de le faire évoluer en futaie (production de gros bois)14. « Ladensification des forêts, suite à la conversion du taillis-sous-futaie en futaie, l’augmentationdu volume moyen à l’hectare, sont autant de facteurs qui ont contribué aux dégâts forestierssubis. Jusqu’au XIXème siècle les forêts servaient de parcours aux animaux domestiques(vaches, moutons, chèvres, porcs) et étaient de ce fait plus clairsemées »15. Le pacage, « s’ilne constitue pas encore l’ennemi absolu qu’en font les sylviculteurs des années 1880, suscitedéjà méfiance »16. Pour ce qui est de l’évolution des politiques forestières ces dernièresannées, il est possible de retracer pour la France l’évolution suivante17 : du début du XXèmesiècle jusqu’aux années 1970-1980, les forestiers évoluent au sein du paradigme du «rendement soutenu » (perspective productiviste permettant de répondre aux besoinsd’approvisionner les industries du bois en pleine croissance). Ce paradigme faisait lui-mêmesuite à une perspective très protectionniste. Dans les années 1970-1980, l’émergence d’uncourant écologiste fort remet violemment en cause le paradigme du « rendement soutenu »des forêts18. Au XXIème siècle le bois devient un « produit stratégique national », nondélocalisable, aux forts enjeux économiques mondialisés.

L’évolution de la chasse nous montre qu’elle est passée d’une activité de subsistance visant àsatisfaire des besoins alimentaires, à une activité de protection de la nature, en passant par unetradition et un loisir ou encore une activité sportive. Une multitude de qualification entoureaujourd’hui ces pratiques. Les territoires cynégétiques sont tantôt construits comme un « lieud’évasion » pour une pratique « esthète », comme une « unité de gestion rationnelle »permettant un contrôle écologique ou encore comme un « patrimoine ». Trois figuresentremêlées de manière inextricable19. Le passage d’une « chasse-cueillette » à une « chasse-gestion », puis à une « chasse écologique » et aujourd’hui à une « chasse durable » peut

14 Guerin J.-L., « Histoire d’une forêt écartelée entre colbertisme et libéralisme. Des capitulaires deCharlemagne au Grenelle de l’Environnement, en passant par Vauban », Annales des Mines – Responsabilité etenvironnement, n° 1, vol. 53, p. 13-14.

15 Vernier F., L’ouragan Lothar, 26 décembre 1999, Effets et perspectives sur la forêt Lorraine, doc non daté.

16 Corvol A., L'Homme aux bois, Fayard, 1987, p. 24.

17 Buttoud G., La forêt : un espace aux utilités multiples, Ed. La documentation française, 2003.

18 Programme Forestier National, Ministère de l’Agriculture et de la Pêche 2006, p. 10.

19 Traïni, C. « Territoires de chasse, territoires en questions », Revue Ethnologie française, no 1, 2004, p. 41-48.

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également se lire comme une recherche de positionnement en référence aux aspirationssociales dominantes, voire comme stratégie de défense20, 21.

La déconnexion résulte aussi de « l’atténuation du droit de propriété : elle vient de la loiVerdeille. Si le propriétaire louait sa chasse et s’il est rationnel et qu’il maximise son revenufinancier net, on n’aurait pas ce problème. Alors pourquoi a-t-on fait la loi Verdeille ? Pourune raison sociologique : la volonté de rendre l’accès à la chasse libre et quasiment gratuit »22.

Comme l'observe la cour des comptes, « chaque ministère adopte « une vision des enjeux etdes objectifs prioritaires pour la filière façonnée par ses compétences ministérielles :mobiliser davantage de bois en forêt, préserver la biodiversité au sein des forêts, mieuxapprovisionner les industries du bois, augmenter la part du bois dans les constructions,développer l'usage du bois en tant qu'énergie renouvelable, etc. ». Il en ressort que la forêt estainsi souvent abordée sous des angles partiels et peut donner lieu à des divergences de vue »23.

3. La question de l’usage des solsL’irrésistible étalement urbain, la progression des surfaces artificialisées, la question des prixdu foncier, la consommation de terres agricoles, le développement des loisirs, engendre lamontée de la conflictualité autour des usages de l’espace24. Le développement des mobilitésdes personnes a introduit des bouleversements considérables dans les espaces ruraux avecl’apparition de nouvelles fonctions25. Le territoire doit être consacré à plusieurs objectifs(production, conservation de la nature, tourisme, élevage, etc.). Des « couches » de gestionagissent sur un même territoire. Elles peuvent avoir à certains moments des besoins différents,voire contradictoires, ce qui engendre des désaccords, ou même des conflits entre les acteursd’un même espace26. Cette multifonctionnalité induit une évolution forcée des usages et

20 Ginelli L., Chasse-gestion, chasse écologique, chasse durable… Enjeux autour de l’écologisation d’unepratique en crise, Colloque SFER « Chasse, Territoires et Développement durable. Outils d'analyse, enjeux etperspectives » (25 au 27 mars), France, ENITAC Clermont Ferrand, 2008.

21 Guyon F., Fuchs J., Se dire « sportif » dans les pratiques de prédation (chasses, pêches, cueillettes) : sens etconditions d’un processus de qualification, Communication au colloque de la 3SLF, France, Nanterre, 2009.

22 Le Goffe P., (Professeur d’économie de l’environnement et directeur du département Économie rurale etGestion d’Agrocampus Ouest, à Rennes), Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013,ONF, p. 109.

23 Houpert A., Botrel Y., Session ordinaire, Enregistré à la Présidence du Sénat le 1er avril 2015, Rapportd’information fait au nom de la commission des finances sur l'enquête de la Cour des comptes relative auxsoutiens à la filière forêt-bois, N° 382, Sénat, http://www.senat.fr/rap/r14-382/r14-3820.html#fnref12

24 Conflits d'usage et espaces agricoles: formes d'expression et dispositifs de gestion. Torre A., Darly S., MelotR., Wallet F., UMR SADAPT INRA Agroparistech Journée Politiques Foncières Agricoles et Projets deTerritoires. Lyon, 17 Juin 2011

25 Perrier-Cornet Ph. (dir.), 2002, À qui appartient l’espace rural ?, Éditions de l’Aube, La Tour d’Aigues, 141p.

26 Feremans N., Godart M.F., Gestion de l’espace rural, des milieux naturels et paysagers de Wallonie : desconflits d’usage à la convergence d’intérêts ? UMR 6590-ESO, Colloque FAIRE CAMPAGNE, Rennes, 17-18mars 2005, p.40.

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pratiques et redistribue le pouvoir entre acteurs. La « proximité géographique entre ces usagesconcurrents est alors source de tensions et conflits »27.

4. La multifonctionnalitéL’espace rural apparaît aujourd’hui comme une source de tensions et conflits en raison de soncaractère multifonctionnel. En effet, il sert de support à trois types de fonctions qui induisentdes usages concurrents : « une fonction économique ou de production (artificialisation dessols), une fonction résidentielle et récréative et une fonction de conservation (protection de labiodiversité, du patrimoine naturel, culturel et paysager) »28.

La multiplicité des intérêts et des usages n’est pas nouvelle. « Jusqu’au milieu du XIXe siècle,elle fut de règle, puisqu’en forêt, agriculture, chasse et utilisation du bois se côtoyaient […].Entre temps, interlude de courte durée en termes de sylvigénèse, la foresterie dite moderne,encore de vigueur, a opté pour la ségrégation. Elle a exclu l’agriculture de la forêt, luipréférant la production de bois. La chasse, dans cette période en voie d’achèvement n’a pas euun meilleur sort, qu’il s’agisse de position ou de légitimité » 29.L’effet de ségrégation entre chasse et utilisation du bois entraîna « la séparation deslégislations sur la chasse et la forêt. Dans la mesure où le niveau hiérarchique de ces lois estidentique, aucune en l’emporte, quoique relative au même domaine : la forêt ». La focalisationsur la production de bois explique la politique volontariste des services forestiers modernes,installés dès le milieu du XVIIIe siècle, destinée à restaurer la forêt démantelée etsurexploitée. Cependant la pression sur la ressource bois diminua dès la fin du XIXe siècle, enraison de l’utilisation du charbon. « Dès-lors, les effets de la restauration du capital forestieraboutissent à un état de satiété, voire dépassent l’objectif escompté ». D’une situation deconservation on passe à une situation de gestion de l’abondance30.

Cependant, si cet idéal multifonctionnel est admis et relativement défendu par l’Etat et par lasociété, la manière dont il est appliqué par les ingénieurs et agents de terrain est probablementtrès hétérogène, en fonction de la sensibilité de chacun. En effet, « la longue traditiond’amélioration de la production comme unique objectif de la sylviculture est remise enquestion, et les idées évoluent progressivement. La plupart des pratiques sylvicolesconstituent des perturbations parfois sévères de l’écosystème forestier. La sylviculture auradonc nécessairement des conséquences tant sur la biodiversité que sur le fonctionnement del’écosystème »31.

« En réalité, il n’y a pas d’antagonisme fondamental entre chasse et utilisation du bois, dumoins s’il n’y a pas excès »32. Néanmoins, après avoir joué la carte de l’aménagement séparé,

27 Torre A., Caron A., « Conflits d’usage et de voisinage dans les espaces ruraux », Sciences de la Société, n°57,2002, 95-113

28 Caron A., Torre A., Une approche des conflits d'usage et de voisinage dans les campagnes françaises entermes de proximité UMR 6590-ESO, Colloque FAIRE CAMPAGNE, Rennes, 17-18 mars 2005, p. 10.

29 Schütz J.-P., op. cit., 2004, p. 325.

30 Schütz J.-P., op. cit., 2004, p. 325.

31 Feremans N., Godart M.F., Gestion de l’espace rural, des milieux naturels et paysagers de Wallonie : desconflits d’usage à la convergence d’intérêts ? UMR 6590-ESO, Colloque FAIRE CAMPAGNE, Rennes, 17-18mars 2005, p. 38.

32 Schütz J.-P., op. cit., 2004, p. 326.

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cela impose de remettre en question la délimitation trop imperméable entre les deux(éco)systèmes » : cervidés/forêts.

5. Eléments déclencheursL’apparition d’un conflit ne s’explique généralement pas par une cause unique, mais procèded’un « événement déclenchant »33 qui intervient dans un contexte caractérisé à la fois par laremise en cause du système et l’émergence d’un nouveau système.Ici, il ne s’agit pas de la hausse démographique des cervidés, mais de l’augmentation des« dégâts » envers l’univers forestiers et naturel, dans un contexte socio-économique devalorisation de la production et de patrimonialisation de la nature.Les dissonances s’expriment car la forêt est prise « dans une logique de pléthore lente maiscontinu, de surcroit de plus en plus nette en terme d’accumulation de biomasse d’une partmais aussi en terme excessives de gibier, notamment de cervidés »34.

Même si la technique occupe toujours une position importante dans les politiques forestières« on assiste depuis le début des années 1990 à l’irruption de considérations directementsociales. Ce changement coïncide avec deux grandes évolutions de la société :

- tout t’abord, l’émergence d’une société de loisir et de bien-être (le premier sens del’anglo-saxon welfare), qui fait de la forêt un espace de récréation. Les politiquesforestières ont progressivement fait de l’accueil du public en forêt une des priorités, enaccordant une place de plus en plus importante à la satisfaction des besoins récréatifs(parfois contradictoires) exprimés au sein de la société.

- ensuite, toute une série de facteurs (mondialisation et compétition accrue sur le marchédu bois, hausse des coûts de gestion et de main d’oeuvre) ont fait de la sylviculture uneactivité de moins en moins rémunératrice. Dès lors, à partir du moment où l’on attribue àla forêt un rôle stratégique dans la politique nationale, on s’inquiète de plus en plus de lasurvie en tant que telle des professions de sylviculteurs, bûcherons, scieurs »35.

La culture forestière mais également celle de la chasse sont « fragilisées et sur la défensives »en raison de l’évolution des logiques socio-économiques devenues urbaines « triomphante[s]et conquérante[s]»36 : multifonctionnalité, accessibilité, sensibilités envers les règnes végétauxet animaux.

B. Aspects endogènes

33 Monroy M., Fournier A., 1997, Figures du conflit. Une analyse systémique des situations conflictuelles, PUF,Paris, 221 p.

34 Schütz J.-P., op. cit., 2004, p. 326.

35 Croisel J., L’évaluation des politiques forestières, le cas du plan chablis dans le département des Vosges,Thèse en sciences forestières, L’Institut des Sciences et Industries du Vivant et de l’Environnement (Agro ParisTech), 2007, p. 37.

36 Barthod C. « Protection de la nature et identités culturelles en France », History, culture and conservation,Policy Matters, 2004, p. 18-26, p. 18.

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6. Des pratiques culturelles et légales différentes

Au-delà de la séparation entre les fonctions sylvicoles et les fonctions cynégétiques, despratiques culturelles différentes s’expriment. Aucune uniformité de comportements et devaleurs ne se retrouvent au sein des chasseurs et des forestiers sylviculteurs. De nombreuxprofils s’expriment, signe d’une diversité culturelle et sociale, loin de l’uniformisationpolitique.

Ajoutons que le droit local et sa philosophie germanique instaurent des particularités entermes de pratique cynégétique (sélection, trophée, mode de chasse) et sylvicole. Ainsi, parexemple, en matière de chasse, sur le massif des Vosges, 4 « schémas », aux modalitésqualitatives différentes coexistent pour un même animal qui peut être « trans-département ».Des tentatives d’uniformisation ont été tentées (DDT, Rameau d’argent, ONCFS).

La chasse en Alsace comme en Moselle est régie par des textes locaux spécifiques dont leprincipe de base est la communalisation du droit de chasse, chaque unité est adjugée à unactionnaire particulier qui peut s’adjoindre des co-fermiers. « Ces dispositions limitentconsidérablement le nombre de chasseurs admissibles sur un territoire contrairement auxautres départements français où existent les ACCA » 37.Dans le nouveau cahier des charges, le passage de 50 à 66% de membres issus d’un rayon de100km autour de la chasse, doit permettre de sélectionner des personnes « plus sensibles à lagestion du territoire que quelqu’un qui habite à 800km et viens 2 à 3 fois par an »38.

7. Question de valeurs, de représentations et de pratiques

Les analyses des valeurs liées à la gestion des conflits permettent d’expliquer les divergencesde points de vue : « Il s’agit d’une question de langage entre forestier et chasseurs ; d’échellesde temps très différentes, d’une appréciation autre des priorités et des méthodes ; d’unmanque de confiance réciproque ». Les 4 composantes de l’opposition39 sont :

• d’ordre cognitif : il dénote d’une différence de perception et de compréhensiondu problème par les acteurs

• d’ordre gestionnaire : parmi les forestiers et les chasseurs qui admettent leproblème, il y a souvent désaccord sur l’efficacité d’une augmentation desprélèvements par la chasse.

• ordre méthodologique : débat sur l’existence d’alternative à l’intensification dela chasse, sur le temps de chasse, sur les capacités des acteurs

• ordre relationnel : l’absence de relation de confiance peut faire rebondir leconflit.

37 Note introductive de réflexion sur le déséquilibre agro-sylvo-cynégétique dans les forêts alsaciennes, Missioninterministérielle « environnement-agriculture », Direction Départementale de l’agriculture du Haut-Rhin, 18Novembre 1983.

38 Kaszuk Gilles, Quand les maires et chasseurs font les baux, L’Alsace, 19 octobre 2014, p. 40.

39 Neet C.-R., De l’analyse d’un conflit à l’ouverture du dialogue : forêt et chasse dans le canton de Vaud, 1960-2000, Forêt et chasse, X-XXième siècle, L’Harmattan, 2005, p 371.

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Les différentes positions des acteurs vis-à-vis de l’espace naturel font naître des points de vueet des verbiages spécifiques.

Situation Signe d’une alimentation, Signe d’une présence,

Impact

Déséquilibre « Dégâts »

Chasse Régulation, tir, sélection, prélèvement « massacre » « Abattage »,

« taper fort dedans »

Forêt Lieu de productionLieu multifonctionnelLieu de vie de l’animal

« Forêt de production » « Forêt non récoltable » « champ de poireaux »

Cerf AnimalEléments de biodiversité,

Faune

Cerf « de récolte »Forêts « infestées »

« tondeuse » « Nuisible »

8. Question d’échelle temporelleLes activités qui se déroulent sur un même espace ne se projettent pas de la même manièredans le temps.

Le cycle naturel de la sylve étant très long, la régulation biologique de ce système s’effectuesur plusieurs siècles. Le cycle ontogénésique atteint « même 450 ans pour les forêts mixtes demoyenne altitude hêtraies-sapinières […]. Le pas de temps biologique est donc beaucoup plusélevé que celui de l’histoire et des modes d’utilisation » 40. Le temps d’un homme est celuid’une génération. Un forestier ne voit pas le résultat de ses choix. Il prépare un avenir qu’il netouchera pas.

Le temps des forestiers n’est pas celui des chasseurs : les chasseurs gèrent les populations àl’échéance d’une saison, voire de quelques années dans le meilleur des cas (âge d’un vieuxcerf). Il semble dès lors important de « définir, au-delà du plan de chasse annuel, uneorientation sylvo-cynégétique pour la durée des baux de chasse, 9 ou 12 ans »41.

9. Question d’échelle territorialeSi une forêt se borne par ses limites administratives, de propriété, les animaux qui s’y trouventne connaissent aucune frontière (sauf les obstacles infranchissables du territoire).Ainsi, la recherche de l’équilibre agro-sylvo-cynégétique doit « dépasser la superficie du lotde chasse et celle du massif forestier, et tenir compte d’un cadre plus étendu, l’unité

40 Schütz J.-P., op. cit., 2004, p. 327.

41 Préfecture du Haut-Rhin, Mission interministérielle « environnement-agriculture », Réunion plénière du 20décembre 1983

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territoriale de gestion [Groupement d’Intérêt Cynégétique], qui fait intervenir la mobilité desgrands animaux en fonction des saisons et de la quiétude très variable d’un massif à l’autre.Une population peut se trouver équilibrée sur 10000ha, mais à certaines époques de l’année,« des concentrations ponctuelles où la densité moyenne se trouve déséquilibréemomentanément » 42 sera source d’impact. « Les ongulés grégaires seront toujours et ce paressence, des noyaux denses, donc responsables de par leurs concentrations des dégâtsimportants » 43. « La dynamique des dégâts ne suit pas de façon parallèle l’augmentation de ladensité du gibier ». Chaque espèce à un mode de vie particulier, il colonise« préférentiellement certaines zones (versants bien exposés, nourriture abondante, quiétude,etc.) »44.

Il faut donc prendre en compte l’échelle d’application : « les méthodes de diagnostic et desuivi ainsi que les moyens employés ne sont pas les mêmes pour une parcelle forestière quepour un massif forestier ou une région naturelle. À l’échelle d’une parcelle, l’échantillonnagese doit de prendre en compte les spécificités locales. La notion de déséquilibre doit alors êtreformalisée et déclinée en objectifs plus circonscrits (e.g. normes sylvicoles). À l’échelle d’unmassif forestier, les points d’observation échantillonnés sont éloignés les uns des autres et lanotion de déséquilibre se réfère alors à des objectifs globaux (e.g. objectifs politiques) » 45.La première priorité est de bien définir l’enveloppe géographique à partir de laquelle lessuivis seront organisés. Il s’agit de retenir le domaine vital de la population à étudier, et lefaire entériner par l’ensemble des partenaires » 46.

10. Question de culture et de connaissances des fonctionnements écologiquesLa séparation des domaines sylvicole et cynégétique induit de fait une séparation desconnaissances entre les deux. Il n’y a pas de partage d’information, de formation entre eux.Ce clivage se ressent jusqu’au sommet et dans les branches de l’Etat. Une des missions del’ONCFS est d’assurer ce lien. De plus au sein de chaque domaine, des inégalités deconnaissances existent, variant selon les acteurs et leurs univers culturels. Nombreusessituations conflictuelles résultent « d’une incompréhension entre les partenaires, quiméconnaissent chacun l’activité de l’autre mais ont aussi parfois des connaissancesinsuffisantes de leur propre domaine. Une bonne information sur la biologie ou la gestion desongulés, la pratique de la chasse, une initiation à la sylviculture sont le gage d’une

42 Association Nationale des Chasseurs de Grand Gibier, Mission Forêt-Gibier, Courrier du 13 octobre 1983 àMonsieur l’Ingénieur Général du GREF.

43 Préfecture du Haut-Rhin, Mission interministérielle « environnement-agriculture », Réunion plénière du 20décembre 1983

44 Note introductive de réflexion sur le déséquilibre agro-sylvo-cynégétique dans les forêts alsaciennes, Missioninterministérielle « environnement-agriculture », Direction Départementale de l’agriculture du Haut-Rhin, 18Novembre 1983.

45 Märell A., Hamard J.P., Saïd S., op. cit., 2013, p. 22.

46 Michallet J., Chevrier T., Gestion des ongulés par les indicateurs de changement écologique, Forêt -entreprise n°210 - mai 2013, p. 16.

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communication facilitée » 47. « Ne faut-il pas imaginer que le permis de chasser soit unélément du bagage de tout forestier ? » 48.

La forêt privée est composée « de non professionnels, ça n’est pas notre gagne-pain, nousfaisons ça en plus et nous n’avons pas appris ça à l’école ni nulle part ; beaucoup desforestiers privés sont âgés, peu syndiqués, peu connaisseurs de leur forêt, peu connaisseursdes lois, peu connaisseurs de la chasse, peu mobilisables » 49.On remarque aussi « une perte de connaissances en matière de forêt/sylviculture chez lesforestiers de terrain qui ne savent plus comment fonctionne normalement une forêt parcequ’ils ont affaire à une « steppe » sous des troncs. Ce qui fait qu’ils attribuent parfois à desphénomènes qu’ils croient voir le non fonctionnement d’une forêt. Par exemple, la mortalitéde semis, c’est peut-être la sécheresse, la concurrence, l’excès d’ombre ou de lumière… »50.

Les chasseurs ignorent souvent les problématiques forestières. Si « les enjeux forestiers sontmal pris en compte lors des procédures d’élaboration des plans de chasse », outre le fait quesouvent les forestiers sont « peu ou mal représentés dans ces procédures », « ça nous amène àune autocritique en tant que forestiers : nous avons du mal à communiquer sur nosproblématiques en forêt, sur les problèmes que peuvent causer ces populations de gibier pourla gestion à long terme, sur les régénérations notamment »51.

Déficit d’imageLes transformations de l’ONF (Contrat ONF/Etat 2007-2011, chute du nombre defonctionnaires, augmentations des surfaces de triage, hausse des récoltes, utilisation de grosbois en croissance, division en agences indépendantes, etc.), bouleversent la filière.« Considéré auparavant comme le partenaire de la filière, l’ONF est mal vu par les petitsartisans qui se sentent lésés par cette politique commerciale qui favorise aujourd’hui lesindustriels […]. « « Taper » dans le gros bois en croissance, cela provoque un rajeunissementdes forêts, décrié par une partie des agents et une majorité des professionnels, en particulierles petits scieurs qui voient « [leur] patrimoine se dilapider ». « L’image du forestier qui étaitune personnalité importante dans les communes forestières se dégrade »52.

47 Ballon P., Klein F., Picard O., L’équilibre forêt-cervidés en question ?, Les cervidés en forêt : la concertationpour un nouvel équilibre, Forêt - entreprise n°210 - mai 2013, p. 10.

48 Roman-Amat B., (Directeur du centre AgroParisTech de Nancy), Tour de table - Quelles actions prioritairesen interne pour avancer dans la direction souhaitée ?, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p.123.

49 Godinot F., (Union des forestiers de l’Est. Président de PEFC Lorraine et de l’interprofession GIPEBLOR enLorraine), Table ronde, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 118.

50 Wilhelm M.-E., (chargé d’animation sylvicole, Direction Forêt ONF Alsace), Questions/Réponses, RDVtechniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 111.

51 Soubieux J.-M., L’initiative Sylvafaune : explication des enjeux et partage des visions pour tendre versl’équilibre sylvo-cynégétique, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 76.

52 Brailly V., Aperçu socio-économique de la filière forêt-bois dans le Parc Naturel Régional des Vosges duNord, Annales scientifiques de la Réserve de Biosphère transfrontalière, tome 17, p.71-86, 2013-2014, p. 79.

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Enfin, il semble « que moins le rapport à la nature connote une symbolique de violence, plusil est aisément accepté par la population urbaine »53, population majoritaire aujourd’hui.

11. Déficit de crédibilité des connaissances et compétences de l’autreLe phénomène étant multifactoriel, il nécessite des connaissances et des compétences diversesliées au règne végétal et animal, à la sylviculture et à la cynégétique. « Avez-vous vraimentles compétences qu’il faut pour évaluer la pression du grand gibier sur la flore ? Avez-vous lesoutils ? Quand ces outils existent et qu’ils sont à peu près efficaces […] les forestiers sont-ilsassez professionnels pour suivre l’état de la relation entre la flore et le grand gibier ? »54.

Si les évolutions sociétales ont séparés les domaines, les conflits ont fait naître desreprésentations quant aux pratiques « des autres ». Ainsi, « aujourd’hui je pense que le dired’expert de l’ONF n’est plus accepté dans le monde de la chasse » 55.

« Les forestiers ont-ils encore l’exclusivité de la connaissance ? » 56.

La place de l’Etat, et de ces décisions, est primordiale. L’Etat ne semble pas avoir de politiqueforestière précise, pris lui-même au piège de la multifonctionnalité non cernée57. « L’État estschizophrène, faible et veule. Schizophrène : le préfet de région avec la DRAF et sacommission régionale des forêts et des produits forestiers, arrête la politique forestière ; lepréfet de département, avec sa DDT et sa commission CDCFS arrête la politique de la chasse.Les deux ne se parlent pas, ou peu » 58.

12. Question de pratiques cynégétiques

Le poids des pratiques, des traditions, des habitudes pèsent sur les actions possibles.Néanmoins, « nous devons sans doute repenser les critères de sélection, les périodes de

53 PICON, Bernard (1991) « Chasse, pêche, cueillette : un même objet support d’attitudes et de pratiquessociales différenciées », Sociétés contemporaines, no 8, p. 87-100, p. 91.

54 Roman-Amat B., (Directeur du centre AgroParisTech de Nancy), Tour de table - Quelles actions prioritairesen interne pour avancer dans la direction souhaitée ?, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p.123.

55 Roman-Amat B., (Directeur du centre AgroParisTech de Nancy), Tour de table - Quelles actions prioritairesen interne pour avancer dans la direction souhaitée ?, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p.123.

56 Préfecture du Haut-Rhin, Mission interministérielle « environnement-agriculture », Réunion plénière du 20décembre 1983

57 Houpert A., Botrel Y., Session ordinaire, Enregistré à la Présidence du Sénat le 1er avril 2015, Rapportd’information fait au nom de la commission des finances sur l'enquête de la Cour des comptes relative auxsoutiens à la filière forêt-bois, N° 382, Sénat, http://www.senat.fr/rap/r14-382/r14-3820.html#fnref12

58 Godinot F., (Union des forestiers de l’Est. Président de PEFC Lorraine et de l’interprofession GIPEBLOR enLorraine), Table ronde, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 118.

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chasse, les techniques de chasse, les possibilités d’agrainage et d’appât, les enclos à gibier etceci sans aucun tabou »59.

Concernant les plans de chasse, au début des années 80 quand la plupart des populationsétaient en faible effectif, l’enjeu était « alors de les développer (quotas de chasse devenusobligatoires en 1979). À cette époque, on utilisait beaucoup pour suivre ces populations desméthodes de comptage. Or ces comptages, sont très conservatifs, ce qui a conduit à la sous-estimation des prélèvements possibles, et donc à la croissance des populations »60. « Le plande chasse reste un outil fantastique, et s’il ne marche pas aujourd’hui, c’est qu’il est malutilisé. On continue à l’utiliser comme à l’époque où il devait servir à la croissance despopulations »61.

Quand les plans de tir sont « techniquement trop contraignants, les chasseurs craignent defaire des erreurs de tirs, ce qui explique [aussi les faibles tirs réalisés »62. « La nécessairesimplification des plans de chasse quantitatifs »63 est souhaitée. La non réalisation duminimum d’un plan de chasse peut ne pas être uniquement le fait de la volonté délibérée de nepas le réaliser. Des facteurs climatiques, liés au déplacement des animaux existent. « Plus onmet de contraintes sur le plan de chasse (bracelets « qualitatifs » : chevrettes, chevrillards,etc.) moins le taux de réalisation est important parce qu’il y a une difficulté pour le chasseurqui craint de se tromper » 64.

Concernant le mode de chasse (allant de la battue silencieuse, à la battue avec chiens, enpassant par l’affût, le mirador et la pirsch) : « la battue est le mode de chasse le plus usité.Fruste, il demande peu de science. On y jouit de la convivialité et de la voix des chiens tandisque des rabatteurs crient et tapent sur des baliveaux en marchant droit devant eux. Côté gibier,c’est la débandade. Le « tir au sut du layon » et l’exploit vanté au casse-croute. Mais hélas, ilblesse et il manque. Le rendement moyen est plutôt faible. Répétée trop souvent, elle devientharcèlement […]. De ce fait, le gibier apprend à se soustraire à la prise, se transforme en TGVet devient nocturne » 65.

Concernant le temps de chasse : parcourir les domaines « à maintes reprises exerce un stresschronique sur ces animaux à l’ouïe et à l’odorat délicats et les rend de plus en plus méfiants »

59 De Turkheim E., (Expert forestier et vice-Président de Pro-Sylva France), Exemple de l’équilibre forêt-gibieren forêt privée, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 102.

60 Gaillard J.-M., (Directeur de recherche au CNRS à Lyon Laboratoire de biométrie et biologie évolutive), Lesdynamiques récentes des populations de grands ongulés : problématique générale et enjeu pour la forêt, RDVtechniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 6.

61 Gaillard J.-M., Les dynamiques récentes des populations de grands ongulés : problématique générale et enjeupour la forêt, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 12.

62 Préfecture du Haut-Rhin, Mission interministérielle « environnement-agriculture », Réunion plénière du 20décembre 1983

63 Office National des Forêts, Mission interministérielle sur les dégâts causés par le grand gibier dans les forêtsd’Alsace, courrier du 29 septembre 1983.

64 Soubieux J.-M., Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 93.

65 Roucher F., De la Pléthore de cervidés, Forêt-entreprise, N°215, mars 2014, p. 60

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66. « Il conviendrait d’inciter les chasseurs tout au long de l’année à réaliser régulièrement leurplan de chasse. Mais par quel moyen ? » (difficultés liées au relief, au climat) 67.

Face à la diminution du nombre des chasseurs, « je ne pense pas qu’il faille augmenter lespériodes de chasse, je pense même exactement l’inverse : il faut chasser de manière beaucoupplus efficace, et pour ça il faut réduire le nombre de jours de chasse. Quand on chasse trop, enchasse collective, dans les zones où il y a du cerf, on a des hardes de détresse et uneaugmentation considérable des dégâts »68.

« Contrairement à ce qui se dit, il n’y a pas de rapport de cause à effet entre le déclin dunombre de chasseurs et l’accroissement des effectifs d’ongulés sauvages. On se demandeplutôt si nos chasseurs ne sont pas devenus de moins en moins efficaces tandis que lesongulés le seraient de plus en plus à se dérober et à se multiplier. Le problème des dégâts n’estdonc pas lié à la quantité mais à la qualité des pratiquants et de leurs méthodes [la saisoncouvre la moitié de l’année et même plus en Alsace-Moselle]»69.

Dans les forêts domaniales, en 2004, « il y avait en moyenne 2,1 candidats par lot tandisqu’aux adjudications de 2010 (6 ans après, pour le renouvellement des baux de 6 ans) il n’yen avait plus que 1,6 par lot. Pour les adjudications partielles (par soumissions cachetées) aubout de 9 ans : 45% des lots proposés en 2012 et 38% des lots proposés en 2013 n’ont faitl’objet que d’une seule offre ou pas d’offre du tout. « L’expression de la concurrence devientfictive. Au vu de cette évolution, la mise en adjudication systématique n’apparaît donc pluspertinente »70.

13. Question de pratiques sylvicoles

Il y a les modalités de gestion des populations de cervidés, « mais il y a aussi beaucoup dechangements dans l’environnement : la déprise agricole, qui procure des zones favorables, despolitiques de reboisement qui ont pu favoriser certaines espèces, des modifications despratiques agricoles : par exemple, passer du blé de printemps au blé d’hiver, (c’est mettre uneculture à disposition des grands herbivores en hiver) »71.

L’aménagement forestier est la pièce maîtresse de référence pour le contrat sylvo-cynégétiqueau regard des objectifs sylvicoles. « Quant aux 2% de territoire qui seraient gelés ou ouverts,il y a effectivement une demande de la FNC et du monde des chasseurs, mais rien ne sera

66 Roucher F., De la Pléthore de cervidés, Forêt-entreprise, N°215, mars 2014, p. 60

67 Note introductive de réflexion sur le déséquilibre agro-sylvo-cynégétique dans les forêts alsaciennes, Missioninterministérielle « environnement-agriculture », Direction Départementale de l’agriculture du Haut-Rhin, 18Novembre 1983.

68 Thierry Freund, Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 111.

69 Roucher F., De la Pléthore de cervidés, Forêt-entreprise, N°215, mars 2014, p. 58

70 Klein Renaud, (Expert national Chasse, Pêche, Equilibre forêt –gibier au département Forêts de l’ONF), Versun contrat cynégétique et sylvicole, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 105.

71 Martin J.-L. (Directeur de recherche au CNRS Montpellier Centre d’écologie fonctionnelle évolutive), Lescervidés, un moteur de la dynamique et de la structuration de la biodiversité en forêt, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 15.

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négocié au niveau national sur le sujet, cela rentrera dans le cadre des discussionsterritoriales » 72.

« Il est essentiel que les gestionnaires du milieu gardent en tête l’idée maîtresse : il estnécessaire d’optimiser la capacité d’accueil du milieu forestier, tant au niveau alimentaire querefuge afin que les animaux trouvent dans ce milieu tout ce qui est indispensable au bien-êtresans compromettre la production ligneuse ni la diversité floristique du site » […]. Lesrésultats escomptés seront d’autant meilleurs que l’analyse se sera portée sur l’ensemble d’unmassif, à l’échelle de la population. L’objectif est bien d’éviter la concentration des animauxsur des sites de gagnage privilégiés en aménageant des zones à forte valeur alimentaire,limitées en surface mais régulièrement réparties dans l’espace et localisées au sein des zonesde remise diurne où l’absence de nourriture contraint souvent les animaux à se reporter sur lesessences en régénération » 73. Les secteurs forestiers les plus appréciés « pourraient de ce faitêtre exclus de toute gestion sylvicole de production et destinés au gagnage des animaux ».« Le forestier peut également intervenir dans le choix des essences sur ces secteurs en yadoptant une sylviculture « plus fine » 74.

« La gestion sylvicole de l’ONF se base sur des techniques élaborées qui ont évolué au coursdes décennies mais qui ont nettement changé depuis quelques années et se sont accéléréesdepuis la tempête ». L’ouvrage « Sylvicultures. Sylviculteurs », rédigé par Gauquelin, éditépar l’ONF en 1996, retrace l’évolution des techniques en sylviculture. « Les changements telsqu’ils sont survenus à l’ONF engendrent parfois une certaine incompréhension ou plutôt uneperte de repères et alors un rejet de la part des forestiers. […] Le but est de faire prendreconscience aux forestiers qu’il est possible de pratiquer une sylviculture moinsinterventionniste et plus réfléchie en prenant le temps d’observer l’arbre lors du martelage » 75.Les forestiers restent attachés à un contrôle social de la forêt et à une logique de travaux etd’interventions.

Les types d’aménagements :

72 Klein R., (Expert national Chasse, Pêche, Equilibre forêt –gibier au département Forêts de l’ONF),Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 105.

73 Vittori I., Klein F., Gachet V., Pour un meilleur équilibre sylvo-cynégétique, Aménagements permettantd’accroitre la capacité d’accueil d’un milieu de production ligneuse, Réserve Nationale de chasse et de faunesauvage de la Petite-Pierre, ONCFS, ONF, document non daté, p. 27.

74 Note introductive de réflexion sur le déséquilibre agro-sylvo-cynégétique dans les forêts alsaciennes, Missioninterministérielle « environnement-agriculture », Direction Départementale de l’agriculture du Haut-Rhin, 18Novembre 1983.

75 Piette S., Réflexions sur la reconstitution des forêts après la tempête de 1999 dans le Parc naturel des Vosgesdu Nord », Annales scientifiques de la Réserve de Biosphère transfrontalière, tome 11, p.121-146, 2003, p. 138.

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• Le non reboisement dans certaines trouées (chablis, scolytes, zones non régénérées)76

• Gestion des lisières (recréer un profil étagé et la rendre sinueuse• Création de micro-trouées• Gestion des pistes (cul de sac)• Pré-bois spontané• Cloisonnement d’exploitation • Abattage d’arbres en hiver• Eclaircie sous-étage• Favoriser les arbres « nourriciers »• Semis sous-couvert• Gagnage ligneux et plantation refuge• Création de prairie

« Il s’est avéré que la plantation dans le recrû, étant donné les conditions trophiques dumilieu, est peu adaptée au massif contrairement aux pré-bois et aux cloisonnements faune

76 Description des différents types d’aménagements pouvant être réalisés pour prendre en compte lagrande faune dans la gestion forestière, CDGC, ONF, FDC 68, Janvier 2011.

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sauvage. Convaincre, la fédération régionale des chasseurs de Moselle de la pertinence d’unfinancement pour ces techniques, est le futur champ d’action clef pour transformer destravaux théoriquement faisables en réalité. Espérons qu’un futur succès en Meurthe-et-Moselle inspire fortement les voisins de Moselle »77.

14. Question de sensibilité et de relation affective à la nature

Au-delà du statut lié à la propriété privée ou publique, un espace se caractérise par deshistoires, des géographies, des identités, des pratiques culturelles, des usages et des coutumes,voir des lois. « L’adaptabilité des espaces et infrastructures se définit d’une part par l’histoirequi est plus ou moins contraignante, et d’autre part par la volonté des acteurs de changer ounon le territoire et les usages qu’ils font des espaces qui le constituent »78. La géographiesociale définit la territorialisation comme un double mouvement d’appropriation matériel etidéel d’une portion d’espace par un groupe social79.

Ainsi, la forêt n’est plus « un territoire sauvage mais un espace domestiqué et contrôlé par leforestier, il prend possession des lieux. […] La forêt est, en outre, un lieu où s’exprime lasensibilité du forestier, celui-ci s’approprie « son » territoire de diverses manières, mais resteencore soumis à la culture et aux traditions locales »80. « Les personnels de l’ONF, pourcertains du moins, revendiquent une relation particulière à la nature en mettant en avant le faitde ressentir la forêt. Cette relation symbolise la relation affective existant entre les forestierset leur milieu de travail » 81.

Certains voient dans ce conflit, une opposition entre des fonctions et des missions : « nous ensommes à une opposition entre leur passion et notre production, leur passion et notre mission,leur loisir et notre avenir »82. Diverses études montrent que les acteurs de la nature(propriétaires, sylviculteurs et chasseurs), agissent par passion, défendent une mission etpréparent l’avenir en organisant une production, en gérant un capital, un patrimoine. Ainsicertains chasseurs expriment clairement le fait qu’ils ne sont pas que des « tireurs » et ne

77 Bénazet A., Comment mettre en œuvre une sylviculture favorable à l’équilibre forêt-gibier dans la forêtprivée du massif du Donon ? Étude de faisabilité de la mise en œuvre d’une sylviculture favorable à l’équilibreforêt-gibier dans un massif de forêts soumises à plan simple de gestion, AgroParisTech-E.N.G.R.E.F.Formation des ingénieurs forestiers, CRPF Lorraine-Alsace, 2012, p. 58.

78 Bourboulon A., Multifonctionnalité des espaces et conflit d’usages : Le cas du PNR Morvan, Projet de Find’Etudes Polytech’Tours 2013, p. 6.

79 Di Méo, Géographie sociale et territoires, Paris, Nathan, 1998, 317 p.

80 Piette S., Réflexions sur la reconstitution des forêts après la tempête de 1999 dans le Parc naturel des Vosgesdu Nord », Annales scientifiques de la Réserve de Biosphère transfrontalière, tome 11, p.121-146, p. 122.

81 Piette S., Réflexions sur la reconstitution des forêts après la tempête de 1999 dans le Parc naturel des Vosgesdu Nord », Annales scientifiques de la Réserve de Biosphère transfrontalière, tome 11, p.121-146, p. 135.

82 Wilhelm M.-E., (chargé d’animation sylvicole, Direction Forêt ONF Alsace), Questions/Réponses, RDVtechniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 122.

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veulent être perçu comme des « bouchers ». En tant qu’amateurs de nature, et de passionnés,le tir n’est pas nécessairement l’objet premier de leur quête (Guyon, 2004). Les chasseursdemandent à devenir des acteurs de l’avenir de la forêt, considérés : « vous ne pouvez pasdemander aux chasseurs d’être vos supplétifs uniquement pour réguler le gibier »83.

D’un point de vue sociologique, le territoire est le lieu où les chasseurs tissent des émotionsavec la nature, mais c’est surtout là qu’ils assurent leur reproduction sociale, créant de« l’entre soi », au-delà des aspects économiques. Ainsi, cela permet de comprendre pourquoiquand l’ONF a décidé de prendre les choses en main pour réaliser leur quotas, les chasseursont parlé d’un « « viol » de territoire »84. Cette situation leur fait aussi craindre une étiquette« d’incapables » quant à la réalisation de leur mission de gestionnaire.

15. La résistance aux changements En comparant les archives de 1983 et les constats actuels, nous repérons des similitudes.

CONSTAT 1983 CONSTAT 2015Absence de régénération naturelle Idem

Impossibilité d’appliquer les aménagementsforestiers prévus

Idem

Equilibre agro-sylvo-cynégétique à cherchersur 10000ha

Idem

Réaliser des plans de chasse minimumsadaptés

Idem

L’Etat demande à la forêt d’accroitre saproductivité (balance commerciale)

Idem

Réduction du cheptel cerf demandé par lessylviculteurs

Idem

Dérangement provoqué par le tourisme denature sur le comportement du cheptel cerf

Idem

Défense de la notion de noyau de cervidés parles chasseurs

Idem

Décret du 20 décembre 1979 totalementinopérant sur le plan règlementaire

Idem

Efficacité contestable des mesures deprotection des forêts

Idem

Craintes des communes par rapport à la baisse Idem

83 Arnould P., (professeur à l’École normale supérieure de Lyon, spécialiste en particulier de l’histoire desforêts), Tour de table - Quelles actions prioritaires en interne pour avancer dans la direction souhaitée ?, RDVtechniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 122.

84 Le torchon brûle entre les chasseurs et l’ONF, Vosges Matin, Lundi 19 janvier 2015, N°2171.

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des prix des lotsSeuil de prélèvement qui risque de porteratteinte à l’espèce

Idem

Régulation du nombre des animaux ne pourraêtre décidée qu’à l’examen de la végétation

Idem

Certains acteurs expriment leur lassitude vis-à-vis d’une situation qui dure depuis longtemps,mais également leur impuissance face à l’incapacité d’assurer leur mission : « on a des enclos/exclos depuis pas loin de 40 ans, on a parlé de Gérardmer… On connaît des situationsdramatiques. On va continuer à mettre des enclos/exclos, mais il va surtout falloir prendrerapidement des décisions : on a quelques forêts domaniales où on n’est clairement plus engestion durable, la tondeuse est passée sur 4 ou 5 ou 6 000 ha (le Donon, par exemple). Lemalaise est profond. On sait qu’on est complètement en défaut (il n’y a pas besoin de calculéconomique, on ne peut même plus prélever la possibilité volume !), on sait qu’il fautaugmenter les plans de chasse (et pas de 10% ou 30%... mais bien plus de 100%) ; mais on aun problème, c’est le manque d’appui politique » 85.

16. Les peursDéjà en 1983, la préfecture du Haut-Rhin précisait que les contacts « devront être poursuiviscar les problèmes et les tensions subsistent au niveau des forestiers (que ce soit l’ONF, lescommunes forestières, ou les petits propriétaires préoccupés par l’avenir de leurs massifs ettraumatisés par les dégâts occasionnés par le gibier) qu’à celui des chasseurs dont les craintesportent sur l’avenir des populations, les prélèvements trop forts pouvant être nuisibles àl’équilibre cynégétique des lots de chasse »86. Aujourd’hui, certains chasseurs voient dans lesplans de chasse, une menace pour la survie de l’animal en général. Pourtant, l’organismeinterprofessionnel Fibois-Alsace, précise que « l’objectif n’est certes pas d’aboutir à des forêtssans aucun dégât ou encore sans gibier, mais de parvenir à un équilibre, qui permettrait deréussir de nouveau en Alsace à régénérer les essences majoritaires, sans généraliser leurprotection »87. Lors de la réalisation du plan de chasse, le dépassement du maximum entraine pour lechasseur des sanctions pénales fixées par le code rural (CR art. 373), alors que la réalisationde tirs en dessous du minimum n’a que des conséquences indirectes : responsabilité civile dupréjudice, résiliation des baux, réalisation par le bailleur de tirs complémentaires (cas desforêts domaniales).

Parmi les peur, la perspective de la perte d’un territoire où l’on réalise ses passions, ses loisirs,où l’on entretient ses relations, peut être à l’origine d’une crispation. De plus, l’intensificationet la diversification des usages des espaces ruraux confrontent les communes rurales aunouveau problème de la « fréquentation de leur territoire… par des usagers non-résidents »88.

85 Dagneaux D., directeur d’agence ONF Nord-Alsace, Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 111.

86 Préfecture du Haut-Rhin, Mission interministérielle « environnement-agriculture », Réunion plénière du 20décembre 1983

87 Etude de l’impact économique du déséquilibre forêt-gibier sur la gestion forestièreRapport final – Septembre 2014, Fibois Alsace, p. 39.

88 BOUTELET, Margueritte (1984) « Un régime juridique pour les chemins de randonnée pédestre », R.J.E,Dijon, p. 291-323, p. 292

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Ainsi, le risque d’une confiscation des espaces naturels est ressenti par les usagers« traditionnels ».

Le contexte économique et politique met les acteurs de la filière bois sous tension. D’une part,l’Etat dans un souci de diminution de sa dette diminue ses budgets : « L'Etat prévoit de sedésengager de l'établissement public à hauteur de 20 millions d'euros dès l'année prochaine,pour atteindre d'ici trois ans des économies de 50 millions d'euros par an. L'Office s'estengagé à « équilibrer son budget par des économies et de nouvelles recettes » »89.D’autre part, l’Union Européenne demande à la France d’ici 2020, que la biomasse fournisse42 % de la part de l'objectif de 20 % d'énergie renouvelable. « Si cet objectif est atteint, laquantité de bois utilisée à des fins énergétiques dans l'UE serait équivalente à la récolte totalede bois d'aujourd'hui ». Cela fait dire au directeur du CRPF d’Alsace-Lorraine, que « la forêtet sa filière sont à nouveau confrontées à des enjeux extrêmement lourds » et que « d'autresopérateurs pourraient être tentés de tirer profit de cette nouvelle donne et de se substituer auxacteurs traditionnels »90. « Cette nouvelle étude menée par l’Université d’Economie et deCommerce de Vienne pour les Amis de la Terre/Friends of the Earth Europe démontre que laconsommation des plantes agricoles et de bois destinés aux transports, au chauffage et à laproduction d’électricité devrait doubler d’ici 2030. Rien que pour produire le bois destiné auchauffage et à la production d’électricité, il faudrait utiliser presque 40 % de l’espace forestierproductif de l’Europe, si le bois devait provenir entièrement de l’Union européenne »91.

Dans ce contexte, « les forestiers et leurs partenaires de l’industrie du bois ne comprennentpas cet affaiblissement régulier de l’identité de la forêt et du bois alors que l’on souligne deplus en plus son importance pour notre pays »92.

17. Question du pouvoir

Le pouvoir (d'injonction et d'influence), est envisagé comme la potentialité que la volontéd'un individu ou d'un groupe l'emporte sur un autre, lors des relations sociales. Selon MaxWeber, le pouvoir s’appuie sur 3 types de légitimité93 :

• la domination rationnelle légale, la légitimité vient du respect de la loi et des règlesimpersonnelles. Elle organise le fonctionnement du pouvoir politique et ses fonctionsdécentrées, déconcentrées

• la domination traditionnelle quand la légitimité vient de la régularité intrinsèque descoutumes et des traditions, habitudes et pratiques

89 Bolis A., La forêt publique française sous la menace de nouvelles coupes budgétaires, Le Monde.fr, 25septembre 2014. http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/09/25/la-foret-publique-francaise-sous-la-menace-de-nouvelles-coupes-budgetaires_4493230_3244.html#d8H9k3ZXti8eqKwe.99

90 Alain Lefeuvre - Directeur du CRPF, Floreal, Septembre 2013 - N° 94, p.1

91 Les terres agricoles et les forêts sont menacées par la demande européenne en bio-énergie,communiqué de presse, 30/04/2015, http://www.amisdelaterre.org.

92 Communiqué de presse, 25 juin 2012, Forêt Privée Française.

93 Max Weber, Économie et Société, 1ère édition 1921, Agora Presses Pocket, 1995

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• la domination charismatique quand la légitimité vient de l’autorité personnelle d’unepersonne ou d’un groupe et quelle est reconnue par la société. Exemple : les élites, lesexperts

Les formes peuvent se combiner et évoluer selon les époques et les espaces.

Sur le massif des Vosges, dans l’espace de la forêt, au sein de la République, sur des territoirespublics et privés, se superposent les différentes formes de pouvoir. Il convient également dereplacer cela dans les enjeux politiques locaux et nationaux et son jeu d’influence. Cetteréalité complexifie la perception du phénomène.

18. Question d’objectif agro-sylvo-loisir-cynégétiqueDéfinir quelle place donner au grand gibier, quelle place donner à la production forestière,quelle place donner aux loisirs revient à définir des objectifs. Ces derniers sont liés entre eux.

Un espace forestier, de par sa multifonctionnalité (légale ou de fait) et lié aux fréquentationset aux activités qui s’y déroulent est le lieu de la rencontre de finalités plurielles. Cesdernières sont méconnues, ignorées, refusées. Pourtant des objectifs économiques, sociaux,politiques, culturels, biologiques se trouvent présent. « Ça doit nous conduire, et nous nel’avons pas assez fait, à mieux définir l’état de la forêt et les objectifs sylvicoles etcynégétiques attendus »94.

Des objectifs

Multifonctionnalité : « La société demande une gestion multifonctionnelle et durable de la forêt publique, à uncoût économique acceptable. Clairement, cela implique un renouvellement de la forêtpossible sans clôture »95.

Durabilité :« Il importe avant tout de rétablir la hiérarchie des objectifs de la forêt et de rétablir lespriorités de gestion durable. Dans cet esprit, la grande faune, partie intégrante del’écosystème, ne peut en aucun cas être entretenue à un niveau tel, qu’elle met en cause sapérennité écologique ou économique. […] Mettre un sérieux frein à la chasse commercialeconduirait aussi à réduire le niveau des loyers de chasse perçus par les propriétaires »96.

Floristique :Dans certains cas, les grands gibiers « n’en sont qu’une composante dans un ensemble dontle fond du décor est la forêt. C’est probablement ce qui a amené le Land de Bavière àinscrire à l’article 2 de sa grande loi forestière : Wald vor Wild « La forêt avant le gibier» » 97.

94 Klein R., (Expert national Chasse, Pêche, Equilibre forêt –gibier au département Forêts de l’ONF),Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 105.

95 Gamblin B., (Directeur technique et commercial bois de l’ONF), La réalisation du plan de chasse, unepriorité, Forêt - entreprise n°210 - mai 2013, p. 62.

96 Ballon P, Klein F., Picard O., L’équilibre forêt-cervidés en question ?, Les cervidés en forêt : la concertationpour un nouvel équilibre, Forêt - entreprise n°210 - mai 2013, p. 10.

97Gamblin B., (Directeur technique et commercial bois de l’ONF), Restaurer l’équilibre forêt-gibier, RDVtechniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 5.

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« Il est important, également, de distinguer les impacts sur la régénération forestière deseffets sur la biodiversité, car les relations entre les objectifs de gestion et de conservation,les effets sur l’écosystème et la pression exercée par les ongulés ne sont pas les mêmes. Àtitre d’exemple, la même pression d’herbivores peut, dans des cas circonstanciels, mettreen péril le renouvellement d’une essence « objectif » (i.e., le maintien de la productionforestière avec une essence particulière) sans pour autant empêcher la régénération de laforêt par d’autres essences non recherchées par le sylviculteur (i.e., le maintien dufonctionnement de l’écosystème forestier) » 98.

Sylvicole• « c’est d’abord la production de gros bois de qualité • c’est le maintien d’un couvert permanent d’essences adaptées aux stations• c’est aussi la recherche de l’équilibre entre accroissement et capital sur pied pour une

production continue et sans interventions brutales• il faut donc des éclaircies fréquentes et régulières sur l’ensemble de la surface, où

l’arbre en tant qu’individu est au centre de la réflexion »99

La notion de dégâts est une notion qui, « techniquement, pose problème pour lesrégénérations de chêne, parce que malgré un niveau d’abroutissement élevé on peuttoujours trouver un taux de semis « viables » qui correspond à l’objectif sylvicole » 100.

Economique :« Les réticences de la part des municipalités ont été très nettes pour les lots en forêtcommunale tant était grande la crainte que ces objectifs de diminution de population nepèsent sur les prix des locations » 101.

« En premier lieu, et c’est un changement fort, on peut (il faut ?), privilégier l’équilibreforêt-gibier par rapport à la recette brute » 102.

De plus, le système de mise en adjudications publiques des lots de chasse « influe sur leprix élevé des locations ». « Les adjudicataires souhaitent avoir une bonne densité de gibiersur leur lot. Il s’agit d’un phénomène de rentabilité de la chasse qui devient une affaireéconomique. Cela constitue un frein considérable à l’objectif de diminuer les effectifs »103.

98 Märell A., Hamard J.P., Saïd S., op. cit., 2013, p. 22.

99 De Turckheim E., (Expert forestier et vice-Président de Pro-Sylva France), Exemple de l’équilibre forêt-gibieren forêt privée, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 101.

100 De Villebonne D., Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 93.

101 Rapport de la mission interministérielle « Agriculture-Environnement » sur les dégâts du grand gibier dansles forêts d’Alsace, 20 octobre 1984, p.10.

102 Klein R., (Expert national Chasse, Pêche, Equilibre forêt –gibier au département Forêts de l’ONF),Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 105.

103 Note introductive de réflexion sur le déséquilibre agro-sylvo-cynégétique dans les forêts alsaciennes,Mission interministérielle « environnement-agriculture », Direction Départementale de l’agriculture du Haut-Rhin, 18 Novembre 1983.

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« On nous dit : à partir du moment où vous allez diminuer les populations les prix deschasses vont diminuer… Alors la question c’est : est-ce que nous sommes prêts à voir nosprix de chasse diminuer de moitié, ou des deux tiers, sachant qu’on perd beaucoup plus enmatière qualitative, en matière d’essences forestières »104.

Cynégétique« Nous ne discutons jamais avec nos chasseurs d’un objectif de prélèvement absolu, card’abord nous ne connaissons pas la densité des animaux et, si nous la connaissions, ellen’est tout simplement pas un élément de réponse. C’est bien sur la base de nosobservations de la flore, que nous pouvons dire si l’équilibre est présent ou si au contraire,ne l’étant pas, il faudrait accentuer les prélèvements » 105.

19. Questions d’indicateursPour définir un phénomène de manière partagée il est nécessaire de bénéficier d’indicateurs.Que cherchons-nous à mesurer ?

De l’avis de tous, les comptages ne sont pas des éléments fiables car les ongulés ont « unhabitat fermé, avec le plus souvent une faible visibilité, ils ont des mœurs discrètes, et surtoutla probabilité de détecter un individu varie très fortement. Il est donc très difficile de compterces populations»106. Ce constat a déjà été fait en 1983 par la mission interministérielle forêt-gibier : « étant donné qu’il est impossible de connaître la densité d’ongulés dans une forêt,ainsi que cela a été prouvé maintes fois, et malgré les comptages, et très difficile de connaîtrele résultat du tir et les pertes naturelles ou accidentelles, que chaque biotope doit être jugéindividuellement et qu’il n’est pas possible d’établir des normes de densités d’animauxacceptables et d’utilisation générale, la régulation du nombre des animaux ne pourra êtredécidée qu’à l’examen de la végétation »107.

Cette expérimentation réussie restauration de l’équilibre dans la forêt domaniale d’Orléans,nous montre que la notion de dégâts a été abandonnée car elle n’est « pas un indicateur adaptéà un suivi temporel (c’est le constat de l’état de la régénération l’année n) et [elle] ne se prêtepas au suivi d’une évolution dans le temps »108.

De même, l’indice de consommation (IC) est un indice qui permet de mesurer l’impact desanimaux sur la flore, mais « le chiffre qui en ressort (40%, 60%, etc.) n’a aucun sens en lui-même : ça dépend du massif » 109. De plus, il ne concerne pas spécialement les essencesforestières mais l’ensemble du sous-bois. Un IC assez bas peut « s’expliquer par une flore

104 Dagneaux D., (directeur d’agence ONF Nord-Alsace), Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 111.

105 De Turkheim E., (Expert forestier et vice-Président de Pro-Sylva France), Exemple de l’équilibre forêt-gibier en forêt privée, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 102.

106 Gaillard J.-M., Les dynamiques récentes des populations de grands ongulés : problématique générale etenjeu pour la forêt, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 7.

107 Forêt Privée d’Alsace, Mission Forêt-Gibier, Courrier du 24 octobre 1983 à Monsieur l’Ingénieur Généraldu GREF.

108 De Villebonne D., Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 93.

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forestière globalement peu touchée, mais où les essences forestières objectifs sont trèsconsommées. Par ailleurs l’IC ne se mesure pas sur les régénérations mais sur l’ensemble dela forêt. C’est un indice très écologique, et il ne faut pas l’interpréter comme un indicateursylvicole »110.

Questions de la faisabilitéCette notion est celle qui focalise les tensions entre les acteurs de l’espace forestier. Remplirdes tableaux d’indicateurs nécessites des moyens et des ressources : du temps, de la main-d’œuvre, des compétences, des regards croisés. Dans cette expérience orléanaise, des choixont été faits afin de « se recentrer sur les indicateurs les plus pertinents et les plus efficaces,compatibles avec le temps dont nous disposons : on ne peut pas suivre tous les indicateurs,tous les ans et partout »111.

De même, le diagnostic des dégâts sur les régénérations (mis au point par Irstea), qui permeten une série d’observations d’avoir un taux d’abroutissement signifiant, est « assez lourd etcoûteux à mettre en place » 112.

113

Une méthode par indices intègre l’aspect dynamique de l’évaluation de l’écosystème.

109 Soubieux J.-M., (Directeur adjoint des Actions Territoriales de l’ONCFS) Questions/Réponses, RDVtechniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 94.

110 Boulanger V., (chargé de R&D Écologie-Biodiversité, ONF), Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 93.

111 De Villebonne D., Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 93.

112 Soubieux J.-M., (Directeur adjoint des Actions Territoriales de l’ONCFS) Questions/Réponses, RDVtechniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 94.

113 Hamard, J.-P., Le guide pratique d’évaluation des dégâts de cervidés en forêt : une palette d’outilsd’expertise à l’attention des gestionnaires, IRSTEA, Lettre d’information du réseau « Ongulés sauvages », N°17, janvier 2013.

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Jusqu’à récemment, les populations « sauvages » ont été gérées suivant un concept prédictif :« les effectifs présents sont maintenus à un niveau correspondant à la « capacité d’accueil »,évaluée sommairement sur la base d’observations de terrain à l’échelle de l’unité depopulation. Malheureusement, de nombreuses publications et expériences montrent qu’aucuneméthode n’est en mesure de fournir ces deux données essentielles. De plus, la seule prise enconsidération du nombre d’animaux présents, si tant est qu’il soit déterminé, n’informe enrien sur l’état des relations entre les deux compartiments animaux et végétaux. […] Ce constata fait émerger le concept de gestion adaptative des populations. Elle s’appuie sur desIndicateurs de Changement Ecologique (ICE) correspondant à trois famillescomplémentaires (abondance, état physique et physiologique des animaux, utilisation de laflore). […] Cette approche moderne repose sur la notion de densité-dépendance »114. « L’idée,c’est d’avoir des indicateurs de changement écologique, expression un peu vague qui signifieque l’indicateur est un paramètre qui renseigne sur le fonctionnement population/habitat »115.

L’observatoire régional de l’équilibre faune-flore, dans une synthèse de l’évolution desrelevés de dégâts entre 1989 et 2007 (validé par l’intégralité des acteurs) détaille un faisceaud’indicateurs utilisés pour le suivi cerf : « Avec l’appui technique de l’ONCFS et en accordavec les partenaires, il a été décidé de s’orienter vers l’utilisation d’un faisceau d’indicateursde changements écologiques [suivi des prélèvements, indice nocturne d’abondance, indice depoids, indice de dégâts] qui permet de quantifier l’évolution dans le temps des populations decervidés et leurs interactions avec le milieu à l’échelle de l’unité de populations (groupesectoriel et groupement d’intérêt cynégétique) »116.

L’ONF reconnaît les indicateurs de changements écologiques depuis une convention signée en2013.

Cette approche par indices repose sur l’utilisation croisée de plusieurs indicateurs issus detrois types d’informations distinctes117 :

• l’abondance de la population (e.g., indice d’abondance et non plus comptageexhaustif [(indice kilométrique pédestre et voiture, indice nocturne, indiceponctuel d’abondance ou indice pédestre d’abondance]),

• la performance des individus de la population (e.g., qualité phénotypique[(masse corporelle, longueur de la patte arrière ou de la mâchoire, mesure descornes,…]),

• l’impact des animaux sur l’habitat (e.g., indice de consommation [(indices deconsommation et d’abroutissement]).

114 Ballon P, Klein F., Picard O., L’équilibre forêt-cervidés en question ?, Les cervidés en forêt : la concertationpour un nouvel équilibre, Forêt - entreprise n°210 - mai 2013, p. 7.

115 Gaillard J.-M., Les dynamiques récentes des populations de grands ongulés : problématique générale etenjeu pour la forêt, RDV techniques n° 41-42 — été-automne 2013 – ONF, p. 9.

116 OREFS, Synthèse des résultats 2000-20007 et de l’évolution des relevés de dégâts entre 1989 et 2007,janvier 2009.

117 Michallet J., Chevrier T., Gestion des ongulés par les indicateurs de changement écologique, Forêt -entreprise n°210 - mai 2013, p. 16.

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« Nous pouvons identifier des espèces indicatrices dont la progression ou la régression estassociée à la pression d’herbivores. Parmi elles, citons la ronce, qui apparaît comme unecomposante clé des relations entre herbivores et végétation : ressource essentielle en hiver),elle est fortement consommée par les grands herbivores qui semblent réguler sa croissance etdonc le recouvrement qu’elle impose aux espèces herbacées. Nous pouvons égalementmentionner, l’épilobe en épi, le cornouiller sanguin, la grande berce, la myrtille, lesprimevères et l’anémone des bois » 118.Notons enfin que les indicateurs de suivi, indicateurs de changement écologique ne nous« renseignent pas directement sur les paramètres sylvicoles. L’objectif est de mesurer dans cesenclos un certain nombre de paramètres relatifs à la régénération forestière, puisque c’est cequi est mal suivi par les indicateurs classiques. Ces paramètres doivent être quantitatifs, pourêtre clairs et non équivoques : densité de semis et croissance en hauteur. Il y a quand même uncertain nombre d’éléments qualitatifs associés : l’essence objectif, une mesure sur les essencessecondaires, impact sur la diversité ligneuse associée »119.

Au final, les indicateurs permette d’évaluer 3 choses : • « l’état de l’environnement, avec par exemple l’outil de diagnostic, qui permet

d’évaluer l’état de la régénération au regard des normes sylvicoles actuelles etd’identifier la cause d’un problème ;

• les pressions sur l’environnement, celle que les cervidés exercent sur le milieu,la régénération ou la flore forestière, par exemple ;

• l’effet des réponses apportées ; si on met en place une mesure commel’augmentation du plan de chasse, ils permettent d’observer la réaction de lapopulation de cervidés à cette mesure »120.

Il s’agit de réaliser des mesures « par une procédure normalisée fiable, objective etcontradictoirement contrôlable » 121 et surtout compréhensibles et réalisables par les acteurs deterrain, chasseurs, propriétaires, sylviculteurs.

118 Märell A., Hamard J.P., Saïd S., Diagnostics et suivis de l’impact des ongulés sur la régénération et la floreforestière, Forêt - entreprise n°210 - mai 2013, p. 22.

119 Boulanger V., Haye S., Nouvelle génération d’enclos/exclos : premiers retours d’expérience et propositionsde valorisation, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 60.

120 Märell A., Comment indiquer l’équilibre forêt-gibier ? Diagnostics et suivis de l’impact des ongulés sur larégénération et la flore forestières, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 44.

121 Préfecture du Haut-Rhin, Mission interministérielle « environnement-agriculture », Réunion plénière du 20décembre 1983

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20. Question d’équilibres

La notion d’équilibre agro-sylvo-cynégétique s’est imposée comme un objectif à atteindre(voir circulaire PN/S2 d’application de la loi sur le plan de chasse de 1980). Tel que défini parle législateur dans l’article L 425-12 du code de l’Environnement, « le concept d’équilibres’applique à l’échelle de la propriété, voire de la parcelle. Le fait de rapporter la notion dedéséquilibre aux seules parcelles en régénération pose des difficultés en termes decaractérisation des phénomènes » 122.

Ainsi, l’objectif d’une gestion durable est de maintenir les populations de cervidés à un niveaud’effectif adapté aux ressources du milieu (inférieur à la capacité d’accueil). Dans cesconditions, la performance démographique de la population animale est bonne et les animauxne dégradent pas l’écosystème (pas d’effets irréversibles sur la biodiversité), et n’empêchentpas le renouvellement du peuplement forestier, et ne diminuent pas sa productivité123.

Pourtant, selon les individus, l’équilibre ne va pas avoir la même définition.Ainsi, pour les économistes, c’est « l’équilibre écologique qui maximise le bénéfice collectif,et ce bénéfice collectif comprend toutes les valeurs économiques de la forêt et de la chasse :

• le bénéfice de l’exploitation des bois • la valeur de la chasse pour les chasseurs (nette des coûts des armes,déplacements, etc.) • les autres bénéfices récréatifs éventuels (promenades en forêt…) • les bénéfices écologiques, notamment liés à la valeur de la biodiversité, maisaussi les bénéfices liés à la protection de l’eau… Noter que les bénéfices relatifs à labiodiversité ne sont pas les plus faciles à estimer, je dirais même que c’est quasimentimpossible…

Enfin il y a des coûts : le coût des aménagements forestiers, des protections, etc.Pour simplifier, et s’il n’y a pas de risque irréversible pour la biodiversité, on peut raisonnerdans une certaine mesure sur les seuls usages (bois, chasse, activités récréatives) et fairel’hypothèse d’une substitution possible entre ces usages. Le meilleur équilibre forêt-gibier estalors celui qui réalise le meilleur compromis sur la base du bénéfice collectif » 124.

Pour saisir les nuances et la variabilité des situations existantes, nous devons dépasser ladéfinition institutionnelle. « Comment peut-on se donner un objectif, alors que l’on ne saitmême pas le définir ? L’équilibre est dans toutes les têtes, il est recherché en tant que concept,et donc en théorie, mais on a juste oublié de le définir concrètement »125.

122 Ballon P, Klein F., Picard O., L’équilibre forêt-cervidés en question ?, Les cervidés en forêt : la concertationpour un nouvel équilibre, Forêt - entreprise n°210 - mai 2013, p. 7.

123 Ballon P, Klein F., Picard O., L’équilibre forêt-cervidés en question ?, Les cervidés en forêt : la concertationpour un nouvel équilibre, Forêt - entreprise n°210 - mai 2013, p. 6.

124 Le Goffe P., L’équilibre forêt-gibier à la lumière de l’analyse économique, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 95.

125 Monthuir B., Turckheim E. de, Plan de chasse et modes de chasse, conséquences sur la gestion forestière,Forêt - entreprise n°210 - mai 2013, p. 31.

« L’évaluation par des indicateurs se fait par rapport à un objectif prédéfini. […] il n’y a pasun équilibre, mais plusieurs équilibres possibles qui diffèrent selon le point de vue. Lesacteurs concernés par la forêt peuvent définir des objectifs d’équilibre différents selon queleur point d’intérêt est plutôt d’ordre écologique, économique ou socio-culturel ; mais mêmedans chaque domaine, il peut y avoir des orientations très différentes » 126. « Il n’existe pas unseul mais plusieurs équilibres écologiques : par exemple il y a autant d’équilibres forêt-gibierque d’efforts de chasse »127.

« Il n’existe pas une solution (ou situation) d’équilibre, c’est une vue de l’esprit, mais desfluctuations autour d’équilibres qui sont à définir au cas par cas par les gestionnaires » 128.

Appréhender la question complexe de la dynamique de population.

« Dans une population, il y 3 paramètres importants à suivre :- l’effectif (ici en vert) ; c’est souvent le seul que les gestionnaires considèrent ;

la population passe de la colonisation à la saturation.

- le deuxième, (en rouge) en quelque sorte l’explication de cette variationd’effectif, c’est ce qui se passe au niveau individuel : les individus ont d’abordleur pleine performance puis, avec l’augmentation de la densité, elle se heurteà la limitation par le milieu jusqu’à devenir quasi nulle, c’est-à-dire qu’unindividu ne pourra plus « recruter » lorsque la densité est très très forte.

- La 3e composante, qui intéresse les gestionnaires, c’est la productivité de cettepopulation (en bleu), qui détermine le nombre d’individus que l’on peut

126 Märell A., (Chargé de recherche à Irstea), Comment indiquer l’équilibre forêt-gibier ? Diagnostics et suivisde l’impact des ongulés sur la régénération et la flore forestières, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013,ONF, p. 44.

127 Le Goffe P., L’équilibre forêt-gibier à la lumière de l’analyse économique, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 95.

128 Gaillard J.-M., op. cit., 2013, p. 12.

récolter en conservant une population stable, ce que les anglo-saxons appellentle maximum sustainable yield.

- Dans un modèle logistique simple, le pic de productivité se situe à peu près à lamoitié de l’effectif maximum. On pourrait donc se dire qu’il n’y a qu’àmaintenir les populations à la moitié de leur valeur plafond et le tour seraitjoué. Pas de chance, le rendement maximum (pic de productivité) des grandsherbivores est beaucoup plus loin : 75 % pour le cerf.

Tous les points sur cette courbe verte sont des équilibres possibles : il faut définir à quelniveau on veut être. L’équilibre à viser est vraiment dépendant de l’objectif. Il n’y a pas unmais une infinité d’équilibres. Vu la diversité des forêts, il doit y avoir différents équilibres »129.

21. Des constats différents et partagésDivers dispositifs, études et observatoires font état de la « très importante divergence de pointde vue entre chasseurs et sylviculteurs sur la réalité des phénomènes de dégâts [maiségalement la partialité des réponses formulées tant par les chasseurs que par les sylviculteurs]et une volonté affichée par les différents acteurs de travailler en commun pour résoudre lesproblèmes »130.

Une étude de faisabilité de la mise en œuvre d’une sylviculture favorable à l’équilibre révèlecette situation : « compte tenu des définitions peu précises et du manque d'objectif concret,des visions différentes de l'équilibre sylvo-cynégétique ont pu être développées par lesforestiers et les chasseurs. Les premiers considèrent que l'équilibre souhaitable doit permettrele renouvellement des peuplements par régénération naturelle sans protection et d’avoir untaux de dégâts (abroutissement, frottis, écorçage) acceptables. Face à cette situation, lesforestiers souhaitent une réduction de la population de cervidés. Les chasseurs, eux, sont à larecherche d'une population de cervidé composée d’animaux sains, beaux et en nombreimportant. Ils craignent que la volonté de diminution des populations de cervidés mène à leurextermination. Ils pensent que « L'importance des dégâts forestiers causés par les cervidésn'est pas uniquement liée à leur simple présence ni à leurs effectifs. D'autres paramètres, liésnotamment aux dérangements d'origines diverses par une sollicitation humaine de plus en plusexcessive tout au long de l'année, doivent absolument être pris en compte »131 » 132.

Le rapport de la mission interministérielle de 1984 relate les points de vue de la fédérationdépartemental des chasseurs, de l’ONF et de la commune sont divergents : « pour la première,il convient de ne pas dépasser un certain seuil de prélèvement sous peine de porter atteinte à

129 Gaillard J.-M., Les dynamiques récentes des populations de grands ongulés : problématique générale etenjeu pour la forêt, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 8.

130 Ballon P., Hamard J.-P., Castex L., « Les dégâts de cervidés en forêt : mythe ou réalité ? », Actes du colloqueForêt Chasse, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 331-334.

131 Schwartz F. Retour sur l’opération annuelle de comptage, Chasseurs de l’Est, n°123, 2011, p. 6-7

132 Bénazet A., Comment mettre en œuvre une sylviculture favorable à l’équilibre forêt-gibier dans la forêtprivée du massif du Donon ? Étude de faisabilité de la mise en œuvre d’une sylviculture favorable à l’équilibreforêt-gibier dans un massif de forêts soumises à plan simple de gestion, AgroParisTech-E.N.G.R.E.F.Formation des ingénieurs forestiers, CRPF Lorraine-Alsace, 2012, p. 18.

l’espèce cerf, pour les seconds, les maximums peuvent et doivent être augmentés sans que l’espèce soit en péril. L’avenir de la forêt est encause » 133.

Ce chargé n’animation sylvicole précise lors d’un colloque, qu’il rencontre « des maires qui sont eux-mêmes chasseurs et qui nient les dégâts surle domaine forestier dont ils sont responsables pendant 6, 9, 12 ou 18 ans », et qu’ils « aimeraient bien avoir plus de cerfs arriver chez eux pouraugmenter l’attractivité touristique ou cynégétique de leur forêt » 134. Il exprime le désespoir des forestiers.

Enfin, dernier exemple relaté par la presse : l'Office National des forêts estime que la population de cerfs est quatre fois trop importante dans lesbois alsaciens ; L'ONF plaide pour une chasse massive de l'animal « au moins pendant quelques années », alors que le responsable de lacommission du grand gibier à la fédération de chasse du Haut-Rhin, pense qu’il conviendrait plutôt de modifier les techniques de sylviculture etde limiter l’accès de certains loisirs : « Dans certains endroits, les forêts sont devenues de véritables parcs de loisirs » 135.

Néanmoins, les acteurs rencontrés nous ont fait part de quelques cas sur le massif des Vosges où des collaborations ont été engagées et desconstats partagés. Par exemple, l’observatoire régional de l’équilibre faune-flore, réalise une synthèse de l’évolution des relevés de dégâts entre1989 et 2007. Celle-ci est validée par l’ensemble des acteurs des mondes sylvicole et cynégétique136.

133 Rapport de la mission interministérielle « Agriculture-Environnement » sur les dégâts du grand gibier dans les forêts d’Alsace, 20 octobre 1984, p.55.

134 Wilhelm M.-E., (chargé d’animation sylvicole, Direction Forêt ONF Alsace), Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne 2013, ONF, p. 111.

135 « Trop de cerfs dans les forêts, l'ONF en appelle aux chasseurs », http://france3-regions.francetvinfo.fr/alsace/2014/11/26/trop-de-cerfs-dans-les-forets-l-onf-en-appelle-aux-chasseurs-600912.html

136 OREFS, Synthèse des résultats 2000-2007 et de l’évolution des relevés de dégâts entre 1989 et 2007, janvier 2009.

22. Des systèmes socio-économiques à faire converger

« Gérer la forêt sans tenir compte de la présence des animaux n’a pas de sens. Gérer les cervidés sans tenir compte de la forêt qui les nourrit et lesabrite n’a pas davantage de sens »137.

Des fonctionsLa chasse possède sa propre histoire. En France, elle n’est que très rarement une activité professionnelle, elle reste principalement une activité deloisir. A cette activité, l’Etat a associé, avec la collaboration des élus de la chasse, des fonctions que les chasseurs de terrain ne se sont pas tousapproprié. Ainsi, les fonctions de gestion, de régulation des populations de gibiers ou de nuisibles ne sont pas acceptées par tous.La fin d’un gibier « naturel » (dans le cas des lâchers), combinée à une logique gestionnaire et de régulation participe au « désenchantement de laquête »138. La relation chasse = gestion n’est pas aussi évidente.

Les chasseurs n’ont pas conscience d’être des acteurs potentiels de l’aménagement du territoire et du paysage. Il est également nécessaire desavoir si les forestiers souhaitent leur laisser une place, eux qui détiennent la légitimité de l’aménagement, de par le droit de propriété et ladélégation de gestion.

« Comme la forêt, la grande faune possède aujourd’hui une valeur patrimoniale et économique indéniable. Il est du devoir du chasseur demaîtriser le développement, de même qu’il est du devoir du forestier d’augmenter la capacité d’accueil du milieu ».

Le monde sylvicole ne s’oppose pas à la présence d’animaux en forêt, « ils ne peuvent, ni ne doivent être éliminés de leur habitat naturel ».Néanmoins, le forestier dans cette situation est « confronté à des problèmes économiques qui lui posent des soucis de gestion »139 (production,renouvellement des peuplements, satisfaction des besoins des générations futures).

137 De Lauriston, A., Quelques observatoires régionaux : exemples d’une approche concertée, Forêt - entreprise n°210 - mai 2013, p. 46.

138 GUYON, Frédérick (2004) « Analyse des rapports pluriels à l’espace “naturel”. Chasseurs, pêcheurs, cueilleurs ». Thèse de doctorat de sociologie non publiée,Strasbourg : Université Marc Bloch. 484 p.

139 Forêt Privée d’Alsace, Mission Forêt-Gibier, Courrier du 24 octobre 1983 à Monsieur l’Ingénieur Général du GREF.

23. ProtocoleLa logique d’adaptabilité se rapproche du concept de « résilience dynamique »140 qui met en évidence l’importance de la capacité et de la volontédes acteurs de mettre en œuvre un changement fonctionnel et pérenne. « Ces territoires font ainsi preuve d’une capacité de résilience territorialequi leur permet de développer de nouvelles trajectoires de développement socio-économique et culturel »141, « inventer et à déployer de nouvellesressources ou valeurs leur permettant de s’insérer dans une dynamique positive de transformation impulsée par l’évolution de leurenvironnement : la « résilience dynamique ».

Afin d’éviter et de résoudre les situations conflictuelles, il est nécessaire de développer « des méthodes de gestion participatives et publiquementouvertes, qui tiennent compte des intérêts de tous et établissent les plates-formes d’arbitrage nécessaires à l’acceptation des partis en présence »142. « Les conflits actuels pourraient à l`avenir être levés par une meilleure information et une implication effective de tous les acteurs dans lagestion des cervidés »143.

Des leviers potentiels : • Agir sur la gestion de l’animal (développer une vision « massif » adossée sur la biologie de l’animal (10000ha) et une vision locale

adossée sur les objectifs d’équilibre définis par les communautés)

• Agir sur la gestion de l’espace forestier (aménagements)

• Agir sur les pratiques des acteurs

• Agir sur les représentations des acteurs (aux différents niveaux hiérarchiques) : partage des connaissances et des pratiques ;ensemble sur le terrain

• Agir sur la communication entre acteurs (création d’un espace de partage des études et données)

140 Hamdouch, Depret, Tanguy, Mondialisation et Résilience des Territoires, 2012.

141 Hamdouch, Depret, Tanguy, op. cit., 2012, p7.

142 Schütz J.-P., op. cit., 2004, p. 326.

143 Ballon P., Hamard J.-P., Castex L. (2004), « Les dégâts de cervidés en forêt : mythe ou réalité ? », Actes du colloque Forêt Chasse, Paris, L’Harmattan, p. 331-334.

Pour aller vers l’amélioration des relations entre chasseurs et forestiers144, 145, il est nécessaire « de :• disposer d’outils objectifs de description et de partage des situations. Il faut donner aux forestiers et chasseurs les moyens de

s’accorder sur l’état de la relation forêt-cervidés. • trouver les facteurs à l’origine de la situation• définir ensemble des objectifs ou cibles à atteindre en matière de gestion des populations de cervidés, en matière de gestion

sylvicole, sachant que l’objectif n’est pas forcément le même pour tous les territoires.• diminuer les populations pour tendre vers une situation satisfaisant l’ensemble des acteurs• mettre en place des lieux de prise de décision paritaire sur les plans de chasse, le suivi de leur réalisation et l’évaluation de leurs

résultats

Aller vers cette cible commune (retrouver ou maintenir un équilibre) par des interventions à la fois sur les populations de cervidés (réduction desdensités de population par la chasse) et éventuellement sur les peuplements forestiers : les interventions sur les peuplements forestiers peuventviser à réduire la sensibilité des peuplements aux dégâts de gibier, améliorer la capacité d’accueil en termes de disponibilités alimentaires et dezones refuge.

Les étapes de mise en place d’un aménagement global.1. Etudes des peuplements (essences, âges, vocation économique, localisation)2. Définition de leur valeur alimentaire (présence de petites zones ouvertes riches en herbacées et ou sous-ligneux) et refuge en

fonction des critères de fermeture du peuplement et de proximité de chemins fréquentés. 3. Etude de l’implantation des cellules de cervidés4. Etudes des zones de gagnage et de refuge5. Production d’indicateurs partagés, peu coûteux, pragmatiques et accessibles à tous6. Etudes des opportunités de mise en valeur de zones n’ayant ni intérêt économique, ni valeur alimentaire pour les grands cervidés

(trouées, chablis, etc.).7. Définir des objectifs par territoire

144 Rapport de la mission interministérielle « Agriculture-Environnement » sur les dégâts du grand gibier dans les forêts d’Alsace, 20 octobre 1984, p.104.

145 Ballon P, Klein F., Picard O., L’équilibre forêt-cervidés en question ?, Les cervidés en forêt : la concertation pour un nouvel équilibre, Forêt - entreprise n°210 - mai2013, p. 4.

8. En fonction de l’évolution prévue des peuplements, déterminations des atouts et faiblesses futures vis-à-vis de la valeuralimentaire et refuge

Existence et animation d’une structure de concertation multipartite au niveau de chaque massif pour la détermination unanimementacceptée (droit « mou ») :

- de la population de grand gibier (quantité, qualité, localisation)- des états et « dégâts » des forêts- quantité, qualité des prélèvements- quantité et qualité des aménagements des espaces

Le tout étant consigné dans un texte, engageant les acteurs, reconnu par une autorité légale.

Actions juridiques et légales : le droit « dure »En cas de déséquilibre sylvo-cynégétique, « le Préfet pourra ordonner des battues administratives en toutes périodes et sur tout le territoire,conformément à l’article L.427.6 du Code de l’Environnement »146.

Les indemnisations de dégâts de gibierPour les dégâts en forêt (articles L. 429-23 à 26 du code de l’environnement), l'indemnisation correspondante, toujours difficile à chiffrer, étaitrarement réclamée par le propriétaire. Si elle l'était, elle n'était accordée la plupart du temps qu'à l'issue d'une action au civil dans le cadre du droitlocal147. La loi du 23 février 2005 relative au développement des territoires ruraux a inclus dans le code de l’environnement le principe d’uneindemnisation des propriétaires forestiers concernés par des dégâts de grand gibier (article L. 425-12) 148

Evolution des adjudications : Certaines organisations souhaitent sortir du cadre systématique de l’adjudication publique afin « de privilégier la location de gré à gré avec lelocataire sortant s’il a rempli les conditions de son bail, notamment l’objectif d’équilibre forêt-gibier », et de « généraliser la signature d’uncontrat cynégétique et sylvicole associé au bail »149. Ainsi, « pour les adjudications publiques en 2016, le projet de l’ONF serait d’inverser la

146 SDGC 67.

147 Le Plan Pluriannuel Régional de Développement Forestier (PPRDF) Alsace 2012-2016.

148 Le Plan Pluriannuel Régional de Développement Forestier (PPRDF) Alsace 2012-2016, p.30.

priorité donnée à l’adjudication publique (au plus offrant), par une priorité aux attributions au gré à gré pour ceux qui réalisent leur contratcynégétique pour leur lot de chasse » 150.

149 Klein Renaud, (Expert national Chasse, Pêche,Equilibre forêt –gibier au département Forêts de l’ONF), Questions/Réponses, RDV techniques n° 41-42, été-automne2013, ONF, p. 105.

150 Gamblin B., (Directeur technique et commercial bois de l’ONF), La réalisation du plan de chasse, une priorité, Forêt - entreprise n°210 - mai 2013, p. 62.

Constats divergents et partagés

Constats partagés :

• Tous les acteurs affirment leur volonté de faire preuve d’ouverture d’esprit et de dialogue• Chacun souhaite trouver une énergie commune entre chasseurs et sylviculteurs• Il est nécessaire d’adopter une attitude de respect mutuel entre partenaires• Il faut partager un diagnostic et des objectifs• L’homme occupe une place importante dans l’aménagement du territoire (chasse et sylviculture : entretien des milieux, gestion des

populations, équilibre éco-forestier)• Il y a une volonté de trouver un accord mis en pratique sur le terrain : il faut dépasser le niveau politique• Les chasseurs et les forestiers sont des passionnés de la nature• Tous affirment leur lassitude des oppositions, de la durée du phénomène, des jeux de pouvoir

• Le cerf est une espèce emblématique• Les animaux grégaires ont un impact indéniable• Le massif s’est progressivement colonisé• Les cerfs ont besoin d’herbages• Les plantations de sapins constituent de véritables « restaurants » pour gibier• Les cerfs ont besoin de tranquillité (lutter contre les pénétrations des milieux), c’est valable pour tous les acteurs chasseurs,

touristes, sportifs, bucherons, naturalistes, etc…• Le comportement du cerf est perturbé car il est stressé (lynx, loups, neige, promeneurs, chiens libres)• La chasse est devenue plus difficile• La population des chasseurs vieillit, il y a un souci de renouvellement• Il est nécessaire d’assurer la formation des jeunes chasseurs et sylviculteurs

• Chacun souffre d’une absence de vision des problématiques de l’autre partie.• Un déficit d’image est partagé par tous, la société dévalorise ce qui apparaît comme l’exploitation d’une « ressource ».

• Il faut informer les publics (sur les périodes sensibles, les zones à réserver à l’animal, à son observation…)

• Il est nécessaire de lutter contre les engins motorisés (ainsi que les chercheurs de bois et les photographes naturalistes)• Les chasseurs de terrain non décideurs ont peu de connaissances liées à la gestion, et à l’anticipation• Il serait utile d’avoir une connaissance de la répartition de l’animal dans l’espace et le temps• Tirer les coiffés ce n’est pas réguler la population• La chasse est une activité de gestion (mission de service public et de développement durable) et aussi de loisir• L’acte de chasse est un acte naturel• Le revenu de la chasse représente de 15 à 25% du revenu brut forestier pour le propriétaire• Un manque de connaissances et de partage des données concernant la vie du cerf • Les élus n’ont plus de connaissance de la forêt et des animaux

• Complexité et lourdeurs des outils de diagnostic (relevés, suivi etc.)• Difficulté à comprendre le protocole des indicateurs

Divergences pôle 1• Ces individus demandent à être considérés (ex : en cas de non réalisation du plan de tir, le procureur peut établir un PV de même

niveau que pour un braconnier ; ils ne veulent pas apparaitre comme les bouchers)• Le cerf est une espèce charismatique (ancienne, emblématique, noble, coiffé, respect des biches)• Il y a une distinction entre détenteurs des plans de tir et « chasseurs de terrain ».• Il y a une volonté de voir plus de cerfs• Chasser le cerf ce n’est pas chasser les biches ou les faons (question d’emblème, de passionnel). Les chasseurs veulent tirer des

coiffés. Les sylviculteurs veulent voir prélever les faons et biches• Il est nécessaire de consacrer une cellule de 50000ha pour 400 animaux pour conserver un brassage génétique• Le cerf est herbivore à 2/3, il mange des ligneux quand il n’a plus d’autre choix• En cas d’ouverture de prairies et de zones de gagnage, le cerf a moins d’impact• Si les taux de réalisation chutent sur un massif, cela est le signe que la population chute, ou s’est déplacée• Les futaies régulières aggravent les impacts• Si le cerf colonise de nouveaux territoires ce n’est pas à l’homme de l’interdire.• L’objectif semble être : 0 dégâts• Les forestiers doivent limiter le dérangement dans leur pratique (dates, création chemins…)

• Si le cerf est trop chassé, il se forme en harde de détresse (20 animaux)

• Il faut réduire l’exploitation de bois dans les zones sensibles (mise bas, brame…)• L’expertise du Donon n’est pas remise en cause, mais le choix des sites• Les forestiers ne connaissent plus la chasse• Il ne faut plus parler de dégâts mais de nourriture• La régénération naturelle du sapin est très difficile car c’est un arbre très appétant• « Gérer du gibier c’est gérer un capital »• La venaison ne se vend plus

Divergences pôle 2• L’écosystème dysfonctionne : la faune et la flore régressent dans le déséquilibre• La transformation de la hêtraie-sapinière en hêtraie correspond à une chute de la biodiversité• Il faut pouvoir régénérer les forêts (naturellement ou par plantation)• La régénération naturelle est impossible dans les futaies jardinées ou irrégulières en cas de pression trop forte du gibier• On observe un cercle vicieux : le coût de la location de la chasse, la présence d’actionnaires, d’invités, nécessite une grande

quantité d’animaux (privé ou public)• Les chasseurs fixent les prix des locations• Le poids entre compétences et droits de décision est disproportionné• Le monde de la chasse doit passer par une nécessaire prise de conscience• La population « globale » n’a pas conscience du déséquilibre• Chasser c’est développer une stratégie de chasse, être appliqué à son exercice• Il faut changer de focale : ne plus se concentrer sur le plan de chasse mais sur l’évolution du milieu• Il existe diverses théories liées à la gestion du gibier• Le tir qualitatif nécessite une distinction plus fine en Alsace (3 bracelets en Alsace, 1 dans les Vosges)• En cas de « sur-densité » du gibier, l’ouverture des forêts ne sert à rien• La politique et les lobbys occupent une place trop importante• L’image du bon gestionnaire passe par la présence de beaucoup de gibier• Il faut une réalisation à minima des plans de tir, voire davantage• La gestion sylvicole s’est améliorée depuis 30 ans

• Le plan de chasse est un outil qui permet d’augmenter les populations et non de les gérer• Les prélèvements ne permettent pas de stabiliser l’accroissement• L’absence de forestiers dans les rouages de l’Etat (DDT…) est à déplorer• Il n’y a pas de politique forestière : « c’est l’industrie (contrat de filière) et l’environnement qui décident »

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