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n° 17 - été 2010 - gratuit Egyptian Project Malted Milk Clelia Vega KilO /

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Tohu Bohu N°17

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EgyptianProject

Malted Milk

Clelia Vega

KilO/

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10Lez’Art Ménestrel

3 David Darricarrère4 brèves6 Kilø8 Egyptian Project11 Les VST12 Clelia Vega14 L’artistique est-il encore

au cœur des festivals ?20 livres22 Malted Milk25 disques 31

24Debmaster

Le réseau Tohu Bohucoordination : Cécile Arnoux / T. 02 40 46 66 33 / [email protected]

CHABADA Jérôme [Kalcha] SimonneauChemin Cerclère, Route de Briollay, 49100 AngersT. 02 41 34 93 87 / [email protected] / www.lechabada.com

BEBOP Emmanuel Bois28 avenue Jean Jaurès, 72100 Le Mans T. 02 43 78 92 30 / [email protected] / www.oasislemans.fr

FUZZ’YON Benoit Devillers18 rue Sadi Carnot, 85005 La Roche-sur-Yon cedexT. 02 51 06 97 70 / [email protected] / www.fuzzyon.com

LES ONDINES Éric FagnotPlace d’Elva, 53810 ChangéT. 02 43 53 34 42 / [email protected] / www.lesondines.org

TREMPOLINO Lucie Brunet51 bd de l’Egalité, 44100 NantesT. 02 40 46 66 99 / [email protected] / www.trempo.com

VIP Julien NicolasBase sous-marine, bd Légion d’Honneur, 44600 Saint-Nazaire T. 02 40 22 66 89 / [email protected] / www.les-escales.com

Coup de griffe Y a le feu au rideau !

Photo couverture : Kilø (Maximum Douglas)Directeur de la publication : Vincent PriouRédactrice en chef : Cécile ArnouxOnt participé à ce numéro : Mickaël Auffray,Yasmine Bentata, Emmanuel Bois, Lucie Brunet,Benoît Devillers, Denis Dréan, Eric Fagnot,Georges Fischer, Jérôme Gaboriau, GérômeGuibert, Patricia Guyon, Marie Hérault, CédricHuchet, Yoan Le Blévec, Benoît Lardière, GillesLebreton, Paulo Lemoigne, Julien Martineau,Pascal Massiot, Nicolas Moreau, Chloé Nataf,Julien Nicolas, Raphaèle Pilorge, Vincent Priou,Benjamin Reverdy, Jérôme Simonneau, Olivier Tura.Conception graphique : Christine Esneault, Impression : Imprimerie ChiffoleauTirage : 13 000 exemplaires – Papier recycléDépôt légal : en coursSiret : 37992484800011Tohu Bohu est une publication de Trempolino,51 bd de l’Égalité, 44100 Nantes, et du réseauinfo-ressources musiques actuelles des Pays dela Loire : Tohu Bohu.Prochaine parution : octobre 2010Bouclage : 13 septembre 2010

21Kythibong

http://tohubohu.trempo.comréseau ressources musiques actuelles des Pays de la Loire

actus, annuaire régional,petites annonces, magazine en ligne, et plus encore...

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Figure emblématique de la scène électro funk nantaise, David Darricarrère, le chanteur/claviériste de Smooth cultive sa polyvalence dans ce que lui a appris l'essentiel de ce métier : suivre son instinct. Libre et entreprenant, cet autodidacte vient de créer un label indépendant de musiques électroniques pour permettre àde jeunes artistes de sortir de l'anonymat. Retour sur le parcours atypique de cet artisan producteur, entièrementdévoué à la musique.

Tombé dans la musique grâce au mange disque familial sur lequel squattait en permanence la fine fleurdu rock 70's, David Darricarrère n'en demeure pas moins un fidèle admirateur de ses premiers émoismusicaux : le funk et le hip hop. C'est en visionnant le film culte de John Landis “Blues Brothers” qu'ildécide de devenir musicien. Ses premières gammes, il les réalise dans le groupe funk/hip hop TNTGroove Up avec lequel il prend progressivement conscience de pouvoir vivre de la musique.

“Avec ce groupe commence alors 5 années de bonheur, d'apprentissage et surtout une nouvelle approche de la musique. Je comprends qu'il est possible de vivre de la musique”. Lamachine est lancée mais s'arrêtera brutalement en 2000, une sombre histoire juridique achèvera lesenvolées prometteuses de ce jeune groupe talentueux. Refusant de vivre dans l'ombre de cette fulgurance initiale, David rebondit et crée en 2001 Smooth, un trio électro funk avec ChristopheDeclercq et Nicolas Berrivin. Dès lors, tout s'enchaîne très vite entre les premières parties de Sinclair,les festivals de renom, les belles salles, le groupe fait une entrée remarquée dans le gotha des musiques électroniques. Leur premier album en 2005 “An electro soul experience” sera d'ailleursconsacré comme l'album de la révélation électro. Le second opus “The Endless Rise of the Sun” nerencontrera pas le succès escompté. Une pause s'avère nécessaire. Commence alors une longuerecherche qui débouche en 2009 sur l'avènement d'un projet ambitieux : la création d'un label indépendant de musiques électroniques Do You Like qu'il fonde avec Pierre Pineau. Le label s'inscrit dans une démarche d'indépendance, à contre-courant de la démesure capitalistique promue alors par certaines majors.

“Ce qui m'a motivé, c'est évidemment la liberté que cela procure mais aussi une volonté de proposeret de faire découvrir un catalogue d'artistes électro au travers de soirées ou de disques. Je mepositionne en tant que producteur dans tous les sens du terme car j'ai mon propre studio et mon

propre réseau pour défendre les artistes du label”. Libéré de toute contrainte extérieure, cet outil luiassure suffisamment d'indépendance pour mieux se concentrer sur la qualité des projets artistiques.Après la sortie du troisième album de Smooth, David enchaîne alors les collaborations notammentavec dTWICE, son projet solo qu'il continue d'explorer sous la forme de remixes. Un maxi 5 titresavec Atom de Beat Torrent est en cours de réalisation. L'actualité importante du label reste le premier album de Hutchinson dont la sortie est programmée à l'automne prochain. “J'espère que DoYou Like aura un jour les moyens de défendre d'autres projets. Nombreux sont les artistes et groupestalentueux de notre région et c'est frustrant de ne pas tous les voir décoller”.

PAR ERIC FAGNOT

©G

regg

Bré

hin

IL S'EST FAIT LABEL

daviddarricarrere

Infoswww.myspace.com/daviddarricarrere

www.myspace.com/wearedtwicewww.smooth.fr

www.myspace.com/smoothmusique

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La Fédération des radiosassociatives en Pays de laLoire (FRAP), notre partenairemédia, vient de présenter officiellement son nouveaubébé. À savoir un portailcommun mettant en avant les23 radios locales que comptela région et leursproductions.Nous nepouvons quevous inviter à visiter cet outilmultimédia d’un nouveaugenre. www.lafrap.fr

Entre Nantes et Brest, il y aun canal. Et le tout nouveaufestival nantais Drago Pedrosinvite des groupes deNantes... et de Brest.Rendez-vous les 24 et 25septembre prochain avecMnemotechnic, Fordamage,Mein Sohn William, The Healthy Boy, Von Pariahs, Gratuit, Rotor Jambreks, Siam, Los Navajos, Le Gouefflec...

10 ans ça se fête ! Et c'estMonsieur DJ Shadow qui està l'honneur cette année duFoin de la Rue, avec entreautres Lee Scratch Perry invitant sur scène MaxRomeo et The Congos,Sanseverino, Goran Bregovic,Ez3kiel et leur création avecHint. Le festival entend biencajoler son public avec uncamping plus grand, et deséquipements écos ! Rendez-vous les 2 et 3 juillet à Saint-Denis-de-Gastines (53).www.aufoindelarue.com

Après quatre éditions du festival Natural Mystic, legroupe et collectif nazairienCap Roots va investir à l'occasion de ses dix ans, la Halle Sud du port de Saint-Nazaire le 17 juillet 2010. Unesoirée gratuite placée sous lesigne du Heavy Dub Stepper,qui mettra en avant les artistes du label No LimitRecords !www.myspace.com/caprootss

Au travers des 6 morceauxde leur nouvel EP, le duoélectro nazairien Moongaïcréé un imaginaire trip hopfeutré et percutant à la fois,aux boucles éclatantes surlesquelles se pose une voixdélicate. C'est entre autres àCarhaix aux Vieilles Charruesque vous aurez l'occasion deles découvrir en live.www.myspace.com/moongai

West Terne Union, WU1, c’estle nom de la compil’ hip hopimaginée par Windy Exilus, slameur originaire d’Haïti et installé aux Sables d’Olonne(85) depuis 5 ans. Le disque faitla part belle à la scène raplocale et régionale avec Djawas,Albinos Williams, Prince DA,Nouvel R, Nina… Au total, prèsde 30 MC. Sortie courant mai.Contact : [email protected]

L’Atelier 70 situé rue deCoulmiers à Nantes et gérépar l’asso La Tortue d’or, propose un lieu d’exposition,un studio de répétition etenregistrement, des bureauxet ateliers pour artistes etassociations et même unesalle de sport ! N’hésitez pasà les contacter pour plus derenseignements : [email protected]

Pour sa 5e édition, AlienFest,festival de musiques punk-rock, ska, reggae, dub,hardcore… investit la sallefestive Nantes nord les 4, 5 et 6 juin. Au programme :Uncommonmenfrommars,Ultra Vomit, Inner Terrestrials,Sonic Boom Six, Nine Eleven,Les 3 Fromages, Nevrax, No Opinion, OK Pilot, SonsOf Buddha, The Computers,Nina'School, Gravity Slaves,Lambda Zero…http://alienfest.fr/

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Découverte Printemps 2010,l'actu de Cabadzi ne s'arrêtepas là puisqu’en septembrele groupe s'engagera dansHos Ayas. Ce projet international vise à réunirartistes mongols et françaispour un travail de 15 jours decréation basée sur la musiquevocale (notamment beatbox,chant diphonique, polyphonieoccitane et rap mongol…).Une tournée est prévue enoctobre. www.leschampsdelhomme.com

Multi-sites et pluridisciplinaires,le festival Les 3 Éléphantschange de formule, investitun nouveau terrain de jeu, lecentre ville de Laval du 10 au13 juin ! Plus de 40 concertsdont Tricky, Yann Tiersen,Getatchew Mekuria & The Ex,Blood Red Shoes, Aufgang,Boogers, etc), une program-mation éclectique et interna-tionale, un retour aux arts dela rue qui ravira petits etgrands. Cette 13e éditions'annonce donc intense,effervescente et conviviale.Laissez-vous embarquer !

Cette année, le labelPrikosnovénie fête ses 20ans ! Fête prévue lors de laNuit des Fées, le festivalporté par Prikosnovénie, les25 et 26 septembre à Clisson(44). 20 ans pour un label...La classe ! www.prikosnovenie.com

Après 9 ans et 12 numéros debons et loyaux services, le fanzine nantais Les Hommesdu Président (LHDP) tire sarévérence ! LHDP, c’était desinterviews de groupes locauxet internationaux, des papierscinéma, des articles sur desfestivals, des dessins, desphotos, des collages et mêmedes jeux ! Les curieux pourrontencore consulter le zine auCentre-info de Trempolino.Merci à Rafff et son équipepour cette belle aventure.

Côté prod’ en Vendée, ças’énerve un peu : enregistre-ment d’un nouvel album pourMam’Zelle Lily, un maxi 5titres du côté de chez BBCSound Box, un maxi 4 titrespour les Von Pariahs qui parailleurs nous ont sorti 2 trèsbons clips signés Mac Néma.

Nouvelle asso sur Nantes, La Fabrique Electrique a toutjuste un an, et un joli roaster :Moskou, Pa-tri-cia, CraigFelspar et surtout Fairy Talesin Yoghourt, le Lou Barlow nantais ! L'asso organiseaussi des concerts. www.myspace.com/lafabri-queelectrique

C'est la deuxième édition duTremplin Jeunes Talentsporté par la Ville d'Orvault(44). Vous pouvez envoyervotre candidature avant le 18 juin prochain. Il vous suffitpour cela d'être un groupeavec dans vos rangs aumoins un musicien orvaltais,et vous pourrez bénéficierd'un accompagnement etd'une programmation en 1ère partie sur la scène deL'Odyssée. Infos : 02 28 44 18 20 /[email protected]

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À l’écoute de l’album, on a l’impression (sansmépris aucun !) d’avoir affaire à une bande detrentenaires nostalgiques des années 90. N’est-ce pas un peu vrai ?Laurent : Tu as en partie raison : trois membres deKilø ont plus de 35 ans, les deux autres en dessous.Musicalement parlant, c’est vrai qu’on se sent prochede la scène 90’s car on a baigné dedans. Je pourraisjuste te contredire sur le terme nostalgique. La nostalgie, c’est pour les vieux cons ! Il y a tellementde groupes actuels à écouter et à apprécier si ons’en donne la peine…Pierre : Je crois surtout qu'on se retrouve sur certainsgroupes des 90's. C'est une période qui m'a marquéétant ado et je découvrais ce que les “vieux” dugroupe écoutaient !

Kilø a depuis le début réuni une certaine dreamteam de la scène rock angevine, avec des membres de Sweetback, Hint, Cut the NavelString, Kyu, Sexypop… Comment est venue

l’idée de monter le groupe ? L’envie de renouermusicalement avec ces 90’s précitées ?L : Hop hop hop ! J’enlève le mot dream team, tropprétentieux. Kilø, c’est juste la réunion de cinq musiciens issus de la scène angevine, c’est tout. Legroupe est né avec Francky et Hervé à la guitare,Mehdi à la batterie. Après une année à trois, ils m’ontcontacté pour tenir la basse, puis on a trouvé notrechanteur : Pierre de Sexypop. Entre temps, Hervé estparti et Julien (Sexypop) est arrivé en deuxième guitare. Voilà la formation actuelle de Kilø. On n’a pasdécidé de faire du son 90’s, mais on assume la comparaison et la filiation. On a tous ou presque desprojets musicaux parallèles avec des styles bien différents. C’était simplement le plaisir de jouer dulourd, un truc qui nous fait kiffer, plus physique quecérébral. Et l’alchimie tient de cette rencontre. P : Oui surtout que parler de dream team alors quetous nos ex ou actuels groupes sont quasi inconnuspour pas mal de monde, c'est pas forcément pertinent ! Laurent résume bien la situation. Moi et

SMELL LIKE 90’S SPIRIT

Le power band d’Angers nous a livré en février un “Lock the Dogs out” magistral, n’ayant rien à envieraux grosses prods anglo-saxonnes en matière de noise/hardcore. Retour sur la genèse du groupe, sonparcours et son actualité avec Laurent, bassiste de Kilø (membre d’El Baron Brissetti) et Pierre,chanteur et également voix de Sexypop…

PAR BENOÎT DEVILLERSPHOTO : MAXIMUM DOUGLAS

/KILO

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Julien avions cette envie de faire un truc plus violent.Kilø c'est un défouloir !

Parmi la foultitude de références flatteuses quiressortent de votre impressionnante revue depresse, lesquelles vous touchent le plus ?L : Certes ça flatte, mais sur le paquet de référencesje n’en connais qu’un tiers ! Les autres membres te donneront sûrement un avis plus approfondi. Pourma part, l’affiliation avec Unsane, Helmet ou NiN me touche. Voilà, on est en plein 90’s !P : NIN, Helmet, Unsane ou encore Sick of it all, çaclaque ! Par contre on nous a sorti un Mass Hysteriaune fois, je n’ai pas trop compris… À part ça, onretombe souvent sur les mêmes, Helmet en tête. Onnous a aussi sorti du Handsome et du Quicksand etça, ça me plait encore plus !

Quelle est votre propre définition du son de Kilø ?L : Rock + noise + hardcore + groove. C’est vaste.P : Euh du lourd ? Non, pour moi c'est de la noise.Point barre.

Je n’ai pas eu l’occasion d’écouter le premierEP et donc de le comparer avec “Look the dogsout”. Quelles différences entre les deux et comment définiriez-vous le nouvel opus ?L : Le premier EP, c’était comme pour pas mal de groupes le moyen de poser à un instant T ce qu’onavait réussi à mettre en œuvre au bout de quelquesrépés. Avec le recul, on était un un peu entre deuxchaises, trop marqué entre les versants plus pop etplus noise de Kilø. On a ensuite fait le tri afin de donner une cohésion à l’album. Deux titres ont étéréenregistrés pour l’album car ils étaient vraimentdans l’identité sonique du groupe. Le label (MaximumDouglas Records) et le producteur de l’album (DavidPotvin - NDLR guitariste de Lyzanxia et One WayMirror) nous ont beaucoup aidés à ce niveau. Et justement, la grosse différence avec l’EP, c’est la production de David au Dome Studio. On est vraiment tombé sur la bonne personne. Le nouvelopus comme tu dis, c’est un bloc !

Tandis que le secteur du disque agonise, votrepremière démo se trouve rééditée par MaximumDouglas, qui persiste et re-signe le nouvelalbum. Comment s’est fait cette rencontre providentielle et quel rôle endosse le label ?L : Colin, le boss du label, nous a laissé un jour un message sur notre Myspace. Une semaine plus tard,on se rencontre autour de quelques bières : voilàcomment on a signé ! Colin a aimé en écoutant ladémo et en nous ayant vu sur scène. Il a ensuite

proposé l’enregistrement de l’album et s’est dit qu’enattendant, on pouvait exploiter cet EP afin de commencer à faire connaître et développer le groupesur les différents médias. L’EP a servi de carte devisite, il nous restait ensuite à améliorer et rectifier le tir. Du coup, Colin a endossé le rôle de label, manager, tourneur. Un vrai indé à l’ancienne.P : D'ailleurs, je lui tire mon chapeau car sans lui onn’aurait pas fait ce disque de la même manière. Je nesais même pas trop où on en serait !

Qu’est-ce qui se profile dans les prochains moispour Kilø ? Est-ce toujours aussi compliquépour un groupe de musique “énervée” de trouver des dates ?L : On va continuer à faire vivre l’album en cherchantun bon distributeur. En attendant on peut le commander sur notre site ou celui du label. Ride Offmonte notre tournée à partir de fin septembre. Etpour te répondre, je pense qu’en effet, ça n’est pasfacile de trouver des dates actuellement dans certains réseaux. Il reste cependant un réseau associatif très actif en France. Les conditions y sontrudes mais formatrices !P : Je ne peux pas trop parler au nom de Kilø car jene m'occupe pas de tout ce qui est booking, promo,etc. Mais avec Sexypop qui malgré un côté popmélodique reste un groupe “énervé”, c’est aussigalère de trouver des concerts. N’ayant plus trop letemps de tourner beaucoup, du coup on se fait despetits week-ends avec des groupes de potes. Maisc'est clair, ça reste moins fleurissant qu'il y a sept ouhuit ans.

Pour quel groupe mythique souhaiteriez-vousouvrir ?L : Tool car NIN a arrêté depuis peu ! Quant à Mehdi,je pense que ce serait les Melvins et Franck plutôt PJHarvey.P : Refused qui apparemment s’est reformé. SinonHelmet ou Unsane...

Retrouvez la chronique del’album “Lock the dogs out”dans le précédent TohuBohu (n°16.)

Infoswww.myspace.com/kilosound

http://maximumdouglas.bigcartel.comwww.myspace.com/rideoffbpm

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egyptian project TAKE CAIRE !

Comment as-tu monté le projet Egyptian Project ?Je suis parti pour la première fois au Caire il y aenviron 10 ans avec Orange Blossom pourapprendre l’arghul (double clarinette égyptienne)avec le maître Mostafa Abedl Aziz. J’y suisretourné avec Meï Teï Shô. Les deux groupes collaboraient avec le groupe égyptien Ganoub. Jesuis reparti avec des musiciens de Zmiya. J’avaisenvie de retourner vers l’Egypte en allant plus loin,plus en profondeur, de découvrir des musiciensdétenant un patrimoine riche, souvent en extinction, afin de les intégrer dans une musiquemoderne. Nous avons commencé une créationavec des Egyptiens, mais elle n’a pas abouti. Nousn’avions pas le niveau, nous n’étions pas prêtsmusicalement... De retour en France, le groupe asplitté et j’ai décidé de continuer ce projet de coo-pération musicale avec l’Égypte seul. J’ai eu lachance de travailler avec le directeur de l’ECCAMakan, un centre culturel indépendant au Caire. Ilm’a accueilli plusieurs fois en résidence et m’a mis

en relation avec des musiciens égyptiens. J’aichoisi de travailler avec Ragab Sadek, percussionniste,Salama Metwaly, joueur de Rababa (violon traditionnelà deux cordes) et Sayed Emam, chanteur. Ce sontd’excellents musiciens, pour la plupart déjà présents sur les albums “Mozart l’Egyptien”.

Peux-tu présenter les musiciens françaisavec lesquels tu collabores pour ce projet ?J’ai beaucoup travaillé avec Julien Bonvoisin quijoue maintenant dans le nouveau spectacle duCirque du soleil “Totem”. On bosse beaucoup avecCarlos Robles Arenas et Pierre-Jean Chabot,musiciens d’Orange Blossom et Gurvan Liard (ex-Zmiya) joueur de vielle à roue et d’accordéon.On travaille sur les programmations, la batterie, lesarrangements, l’écriture des cordes... Je travailleaussi avec Jean-Paul Romann (technicien son dugroupe Lo’Jo, réalisateur du dernier album deTinariwen). On s’est éloigné un moment donnéavec des musiciens de Zmiya et d’Orange

Véritable collaboration entre musiciens français et égyptiens, Egyptian Project propose une rencontremagique entre accents traditionnels égyptiens et compositions électroniques de divers horizons. Ceprojet partagera la scène avec Orange Blossom et sortira un disque en octobre 2010. Rencontre avecJérôme Ettinger, musicien (programmation, arghul et chant) et initiateur de cette création. Il est également directeur et musicien-intervenant au sein de l’association Togezer Productions.

PAR LUCIE BRUNETPHOTO : BASTIEN CHAMAUREAU

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Blossom, et, finalement, on se retrouve sur ce projet. On a des passions musicales communes :musiques du monde, musiques modernes, électro… Du coup, on se comprend vite. On vaaussi travailler avec Nicolas Berrivin, le bassiste deSmooth et d’autres invités, notamment un quatuorà cordes.

Comment se passent les compos avec cesmusiciens éclatés en Egypte, en France etavec des cultures très différentes ?Depuis 2006, les échanges avec les musicienségyptiens, soit au Caire soit en France, ont permisde commencer des morceaux... J’ai enregistrébeaucoup de matière sonore : des chanteurs,chanteuses, joueurs de Kawala, des joueurs del’Opéra du Caire... En parallèle, je composais desmorceaux. Certains n’ont jamais abouti mais desidées, des thèmes mélodiques, rythmiques quicommençaient à naître. Comment pouvais-jearranger tout ça ! C’est à ce moment que j’ai compris que je devais choisir des musiciens pourcomposer avec eux et construire un répertoireensemble. On a repris des thèmes en les mélangeantavec des prods, des basses. Le plus dur a étéd’adapter les tonalités (les égyptiens jouent desquarts de tons…) et les rythmiques. On leur laisseune grande liberté d’écriture pour garder larichesse de leurs musiques (Mawales, Zar,Soufi…). Il faut éviter le copier-coller. C’est un travail collaboratif profond. On est toujours enrecherche, surtout pendant cette période d’enregistrement. Il est difficile pour eux de refairela même chose deux fois de suite. On essaye doncde fixer tout ça avec Jean-Paul. Ensuite, nousavons commencé à rentrer dans les programmations,les arrangements, le choix des prises avec Carlosafin de construire les morceaux. Nous sommestoujours en phase de travail sur le live et sur l’album et allons finaliser tout cela cet été.

Qui s’occupe de faire tourner le projet ?Comment ça se passe logistiquement etfinancièrement ?Pour ce qui est des dates, avant je faisais tout ! LesBIS (Biennales Internationales du Spectacle qui sesont déroulées en janvier 2010 à Nantes – NDLR)nous ont permis de signer avec un tourneur : laPRODJV, qui s’occupe aussi d’Orange Blossom, etde rencontrer un gros label avec qui nous sommes en discussion. Financièrement, on a lachance d’être aidés par la Ville de Saint-Herblain, leConseil général sur des aides à la création, l’ambassade d’Égypte à Paris. Culture France, laDRAC et la Ville de Nantes nous ont beaucoup aidéspour aller en Egypte, payer les billets. En parallèle, je

fais aussi des ateliers pour faire rentrer de l’argent.

Vous êtes en enregistrement en ce moment,pourquoi avoir fait le choix d’un album aussitardif ?Ce sont les répétitions de séjours, de résidenceset de dates qui ont permis d’avancer sur les morceaux : créer, modifier... il est important deprendre du recul. Je voulais prendre le temps deconnaître les gens musicalement et humainement.Ce n’est pas toujours simple de travailler avec desmusiciens égyptiens qui habitent à des milliers dekilomètres. Ils voient qu’à chaque fois ça avanceun peu plus. Maintenant la confiance est là, cesont comme des membres de ma famille. C’estsur le long terme que ça se passe, il a fallu instaurer une relation de confiance pour que lesbases soient solides.

L’association Togezer ?Le but est bien de promouvoir des rencontresartistiques et humaines autour des musiques traditionnelles du monde et des musiques modernes. Pour l’instant, la focale était surl’Egypte mais d'autres portes aux musiques dumonde sont sur le point de s'ouvrir. Pour 2011-2012, nous préparons une création avec desmusiciens du Radjastan et des musiciens égyptiens. Nous pensons aussi à produire ungroupe égyptien traditionnel. L’association propose également des concerts pédagogiques,des ateliers/stages (chant, instruments égyptiens,MAO…) pour différentes structures (écoles,collèges, lycées, CHU…) et des séjours culturelsen Egypte. Un travail sur une exposition et undocumentaire à partir des photos et films accumulés au cours des séjours au Caire s'organise aussi. L'association compte une salariée : Marine Misser, qui est chargée de communication.

Les projets à venir pour Egyptian Project ? Le disque…Des dates de concerts et ateliers à venir enFrance, au Caire et à Alexandrie pour la fête de lamusique le 23 et 24 juin avec Hindi Zahra. Unesortie d’album avec une tournée en novembre-décembre.

Infoswww.togerzerproductions.com

http://www.myspace.com/egyptianproject

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lez’artmenestrelPAR BENDEVILLERSPHOTOS : DR

10 ANS D’ÉBULLI’SION

Infos et contactwww.lezartmenestrel.ovh.org / [email protected]

www.myspace.com/studioantenne

Saint-Hilaire-de-Riez, petite commune balnéaire de Vendée, possède peut-être la plus longue façadeAtlantique du département (12 km de sable fin…) ainsi qu’une capacité d’accueil de 80 000 personnesl’Été (la 2e en France en terme de campings). Il n’en est pas moins qu’en l’an 2000, il n’y avait pas grand-chose à destination des musiciens locaux.

“Ce qui a d’abord motivé la création de l’asso, c’était la volonté d’obtenir un local de répé pour les musiciens du coin”, explique Romain Barranger, dit Pedro, un des ses membres actifs. “Ça a vite enchaînésur l’organisation de Bœuf Sessions mensuelles, au Café de la Plage à Sion-sur-l’Océan”.

S’en sont suivis rapidement des évènements tels les Magic Potions, concerts gratuits au cœur de Sion-sur-L’Océan, l’accueil d’Alunissons, festival d’assos vendéennes (Artsonic, Echoes, Déclaré APT… etLez’Art Menestrel), fédérées autour d’un projet de mise en valeur de découvertes musicales dans un espritintergénérationnel et écocitoyen (2004-2005) et diverses autres soirées en –Sion, éclectiques en terme destyles et de disciplines artistiques (théâtre de rue, arts plastiques…). L’asso co-organise désormais tousles ans avec le service culturel de Saint-Hilaire le festival Vert Lézart, autour du 15 août. “Mais ce qui nousmotive le plus, c’est d’organiser des évènements axés sur la découverte hors de la période estivale, alorsque l’offre culturelle est beaucoup plus réduite”, précise Pedro.

C’est là que l’axe diffusion de l’asso entre en résonance avec sa mission d’accompagnement des pratiques au niveau local. Grâce au soutien appuyé de la Ville, l’asso dispose depuis 2004 de l’Antenne,qui depuis de gros travaux en terme d’insonorisation, d’acoustique et d’équipement, est devenu le studiooù répète et enregistre une petite dizaine de groupes du coin. Ces groupes ont tous les ans la possibilitéde se produire lors des soirées Gravita’Sion, dans des conditions techniques professionnelles. Une compilation a été produite en 2008, permettant ainsi à certaines formations d’avoir une sensibilisation àl’enregistrement dans un encadrement pro.

À l’occasion des 10 ans, une expo/rétrospective sera montée et présentée lors de chaque évènementorganisé par Lez’Art Ménestrel cette année… Retrouvez ces temps forts ainsi que les autres activités del’asso (échanges internationaux, soutien aux initiatives et projets artistiques…) sur son site internet :www.lezartmenestrel.ovh.org.

Magic Potion, Libéra’Sion, Gravita’Sion, Propul’Sion, Revolu’Sion, Ébulli’Sion… L’association Lez’ArtMénestrel ne se résume pas à trouver rimes et jeux de mots en -Sion (du nom de la petite communede Vendée rattachée à Saint-Hilaire-de-Riez). Elle s’évertue principalement à développer des actionsdes musiques actuelles, et à les faire rayonner du territoire de la Côte de Lumière vers l’ensemble dudépartement et même au-delà. En fêtant cette année ses 10 ans (bon anniversaire !) et forte d’une cinquantaine d’adhérents, l’association s’impose comme un acteur majeur du paysage culturel àl’échelle locale et régionale. Présenta’Sion !

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Certes, pour les aficionados de la MAO, ce sigle veut sûrement dire quelque chose. Mais il est surprenant de constater, qu'en dehors de ce cercle d'initiés, cette technologie soit si méconnue. Alorsmême que les musiciens jouant d'instruments amplifiés plus traditionnels, peuvent s'équiper à nulprix, d'un petit studio virtuel au potentiel insoupçonné.

En premier lieu, ces micro-programmes apparurent comme complémentaires au séquenceur Cubase.Devenus par la suite standards, ils se sont alors rapidement imposés comme incontournables, au point d'être aujourd'hui supportés par de nombreux logiciels et matériels audio. S'appuyant actuellement sur sa 3e version, le VST se présente sous forme d'un petit logiciel non autonome, communément appelé plug-in. Exécuté par l'intermédiaire d'un logiciel, dit “hôte”, il enrichit ainsi cedernier d'une nouvelle fonctionnalité.

Pour constituer son propre studio, trois éléments seront nécessaires. Le premier, comme décrit plushaut, est l'installation d'un logiciel hôte. Si le fait de devoir posséder un logiciel audio type séquenceurou autre, vous effraie par son apparente complexité, privilégiez l'alternative, d'une solution simplifiéeet orientée pour recevoir uniquement des plug-in VST. À l'origine, ce dispositif fut initié par des développeurs de plug-in VST, afin de tester leurs créations. Puis détourné de son usage initial, il s'estrévélé parfait comme base, pour un studio virtuel. Après différents tests, j'apprécie pour ma partVSTHost sous Windows, qui autorise l'usage et l'interaction simultanés de plusieurs plug-in VST. Maisdes softs équivalents existent également pour Mac et Linux.

Deuxièmement, l'architecture Windows implique l'installation d'un driver audio universel, qui secondera votre carte son. Son principal apport est de palier l'effet de latence inhérent à la conversiond'un signal sonore analogique/numérique. Le protocole ASIO est le plus populaire et son meilleurreprésentant est aujourd'hui ASIO4ALL. Le problème étant mieux géré par les systèmes d'exploitationconcurrents, ceux-ci peuvent être amenés, lors de forte sollicitation, à l'usage d'un driver semblable.JACK remplira cet office. Il fonctionne aussi bien sur Mac OS que Linux.

Reste maintenant la copie dans un dossier dédié, de vos plug-in préalablement téléchargés. Les sitesannuaires ayant pour centre d'intérêt le VST sont légions sur le web. Leur classement intègre les 3types de plug-in VST. On trouvera les instruments VSTi pour simuler synthé, sampler et boite à rythmes, les effets audio VSTfx pour transformer un son en temps réel et enfin les effets Midi VST.

Lancez VSTHost, chargez un VSTfx ampli guitare, par exemple Free Amp, puis dans le menu“Périphériques/contrôle ASIO” sélectionnez, en mode avancé, uniquement les entrées/sorties indispensables. Connectez votre guitare électrique sur la prise micro de votre ordinateur, ajustez alorsla taille du tampon d'échantillonnage dans le menu “Périphériques/Wave”. Ajoutez à cela l'ensemblerythmique avec des VSTi du genre boite à rythme et basse. Vous voilà fin prêt pour une jam session pleine de promesses !

http://www.hermannseib.com http://jackaudio.orghttp://www.kvraudio.com http://www.vstplanet.comhttp://www.asio4all.com 11

VST Virtual Studio TechnologyPAR DENIS DRÉAN

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clelia vega

Comment es-tu arrivée à écrire cette musiquequi mélange la pop, la folk et l'electro ?Au début, je composais surtout pour moi, c’étaitassez personnel, en français, des petites histoires…Avec l’impression qu’une immense ouverture s’étaitfaite à moi et que j’allais jamais pouvoir épuiser lesidées… J’ai découvert Tori Amos, Jeff Buckley etLhasa la même année, et j’ai réalisé qu’on pouvaitcomposer autrement qu’en français ; peut-être quej’ai pensé qu’on pouvait se cacher derrière une traduction évasive, se permettre de dire plus de choses. Le style de mon écriture musicale évoluaitvers le folk tout en s’éloignant de la chanson réalistefrançaise, c’est devenu naturel de composer enanglais. J’ai découvert ensuite le trip hop en travaillant pour un groupe qui s’appelait MAP, et j’aicontinué lorsque Cyesm a commencé à travailler ensolo. J’ai aussi “gazouillé” avec d’autres groupesdans d’autres genres, comme Powell et The RedLord Eskortt. Plus récemment avec Drive In StaticMotion. C’est avec ce combo-là, entre autres, quej’ai travaillé pour l’enregistrement de l’album.

Que penses-tu défendre via la musique ? Etpour toi dans quelle mesure elle est “réussie” ?C’est notre façon de penser, notre façon d’être,nos peurs et nos colères. C’est une façon de cristalliser une émotion dans un instant, de déjouernos faiblesses en en profitant ! C’est un peu chimique,c’est avec le corps qu’on se bat, et l’essai esttransformé quand on écoute et qu’on se dit : “Lavache, il s’est passé tout ça ?”, alors qu’on étaitdans une espèce de transe et alors tu regardes tesbras et ça marche : tous tes poils se hérissent !

Comment considères-tu l'association “classi-que”, entre le piano et les machines ?Les machines apportent une infinité de possibilitésqui donne presque le vertige… Mais c’est extraordi-naire de pouvoir faire ce que tu as envie de faire, dene pas être bloqué par des moyens techniques (etfinanciers : on n’a pas tous la possibilité de faire jouerun octet de cordes ou une fanfare de cuivres). Lessons du piano et du violoncelle, je les aime, et je n’aipas l’impression de leur être infidèle quand par le

SE BATTRE AVEC LE CORPS

Clelia Vega démarre la musique très jeune via le solfège puis le piano. Une famille qui écoute autant de chanson française que de rock alternatif, autant de classique que de “classiques”, et Clelia, asseznaturellement, se tourne vers cet art. Elle chante pour elle, compose au piano, mixe les deux, suit son petitbonhomme de chemin pour arriver en mars 2010 à proposer un superbe disque signé chez l'excellentlabel Vicious Circle. Causerie avec la jeune musicienne.

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PAR CÉCILE ARNOUXPHOTO : FRANÇOIS LAPOINTE

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biais des machines on les détruit pour les recons-truire différemment. Ici j’ai envie d’un piano clair, làplutôt d’un piano étouffé, et là presque désaccordé.C’est magique, les machines et les instruments clas-siques se complètent parce que les unes permettentaux autres d’êtres encore plus forts, plus puissants.

Et tes musiciens ? Qu'est-ce qu'ils t'apportent ?Tout. Des idées, des émotions, des projets. Il estprimordial de pouvoir échanger des sensibilités différentes. J’aime l’idée qu’on soit sur la mêmelongueur d’onde pendant un morceau mais qu’onpense à des choses complètement différentesquand on les joue. Et plus que tout, les musiciensavec lesquels je travaille sont des amis. C’estessentiel de construire quelque chose en dehorsde la musique, il faut faire confiance, il faut partager… Ça rend l’expérience magnifique.

Le Mans ne semble pas une ville très folk oupop. Qu'en penses-tu ?C’est sûr ! Mais il fallait bien que ça commence quelque part, non ? Blague à part, il s’y passe pleinde choses, dans cette ville, autant sur le plan musical que sur tout autres plans artistiques ! Et per-sonnellement, j’ai besoin de beaucoup plus que dufolk pour me nourrir… La musique est mon élémentvital, c’est évident, mais tout le reste compte aussi.Et j’écoute, regarde et lis en ce moment beaucoupd’autres choses… Et puis ça peut encore changer.

Tu es la seconde artiste régionale (aprèsMansfield. TYA) à signer avec Vicious Circle.Comment as-tu rencontré le label et correspond-il à ton univers ?La rencontre avec ce label est tout simplement un coup de chance complètement fou. Qu’ils aienten plus eu l’envie de croire en ce que je faisais,c’était tout simplement hors de tout ce que je pouvais imaginer. Ce qui me plaît chez eux c’estl’éclectisme de leurs projets : trouvez le lien entreMansfield. TYA, Tender Forever, PuppetMastaz etShannon Wright ! J’aime me retrouver au milieu detous ces gens.

Comment vois-tu la scène par rapport au disque qui est finalement assez arrangé ?Techniquement, ce n’est pas simple, mais lors del’enregistrement de l’album, je ne voulais pas merestreindre au “techniquement possible” de la scène.Ça demande beaucoup de travail, de tout remettreen place pour le live, mais ça en vaut la peine.Retrouver chacun sa place dans le son, dans le morceau… bien arranger l’ordre des morceaux pourque les instrumentations plutôt “acoustiques” semêlent naturellement à l’électro… Ce qui est le plus difficile, je crois, c’est de faire accepter que le projet

“Clelia Vega sur scène” n’est pas un projet solopiano… Mais ce n’est pas moi qu’il faut convaincre !

Serais-tu partante pour monter un projetavec des invités comme les FitzcarraldoSessions ? Si oui, avec qui ?Oui, je serais partante ! C’est important de s’ouvrir àd’autres horizons, de chercher et découvrir d’autresunivers… Ça nourrit la tête et ça fait mûrir de futursprojets ! Avec qui ? heu… Si Nick Cave monte unprojet comme ça avec Laura Veirs et Soap&Skin, çapeut être marrant ! Je ne sais pas… Je marche aucoup de cœur !

Quelle ambition te donnes-tu dans la musiqueet que souhaites-tu pour cette année ?Le rêve ultime serait de pouvoir vivre de la musique… Afin de pouvoir défendre l’album surscène, partout, de travailler sur plein de projets,d’enregistrer de nouveaux morceaux, d’apprendredes tas de trucs. Jusque-là je me débrouille, j’aimerais bien que ça continue comme ça…2010, une année pleine de surprises ? Je chercheun tourneur qui voudra bien de nous… Pour l’instant, elle a très bien commencé, cette année,pourvu que ça dure !

Silent Revolution s'apparente àune forme de lutte, une lutte avecsoi-même si l'on en croit les textes de ce disque, l'engagementpersonnel qui y est mis, les étatsd'âme exprimés, et la considérationavouée de la musique comme unethérapie. Clelia Vega propose undisque simple, touchant, esthétique,qui fait le grand écart entre folk, pop acoustique ettrip hop. Des influences bien entendu, mais sansdoute aussi des athmosphères communes à cesgenres qui correspondent bien à son intérieur.Toujours à fleur de peau, ces interprétations féminines,celle de Beth Gibbons, de Lhasa, de ShannonWright, de Chan Marshall... de Clelia Vega saventnous toucher, nous réveiller, nous émouvoir, et pourpeu que les orchestrations soient délicates et affirmées, nous aussi, auditeurs, nous avons lespoils hérissés.

Cécile Arnoux

Clelia VegaSilent RevolutionVicious Circle / Discograph 2010

Infoswww.myspace.com/cleliavega

www.viciouscircle.fr

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PAR PASCAL MASSIOT

ILLUSTRATIONS : CECILY

Des cachets d’artistes qui flambent, une concur-rence de plus en plus vive, des aides publiques enrecul et des partenariats privés qui peinent à pren-dre le relais, voilà en quelques mots la situationsouvent décrite par celles et ceux qui œuvrentdans le domaine des festivals de musiquesactuelles : artistes, organisateurs, tourneurs, bookers et autres professionnels de la profession.

Autre constat : un bon nombre de programmationsde festivals se ressemblent avec l’impressiond’évènements interchangeables et dupliqués àl’envi : la même affiche ou presque un peu partouten France et au-delà ! Les festivals sont tradition-nellement des moments et des lieux propices à ladécouverte et à l’émergence, les temps auraient-ils changé ces dernières années ? Dans cecontexte, quid de l’émergence et de la diversitéculturelle ? La crise mondiale que nous subissonsdepuis trois ans en est-elle responsable ? Est-cele fait de la frilosité des programmateurs prenantmoins de risques dans un contexte (de crise ?) oùla dimension économique aurait supplanté défini-tivement la dimension artistique ? Une situationde formatage qui toucherait l’ensemble des festi-vals de musiques ou seulement certains d’entreeux ? Sommes-nous en présence d’une nouvelledonne du style : “Ils ne mourraient pas tous maistous étaient frappés” ? Où est-on ?Exemples et contre-exemples ne sont pas rareset nous donnent à voir une réalité complexe etpolymorphe où les approches et, au final, les pro-positions artistiques, en l’occurrence les festivals,sont le fruit de motivations qui vont de la recherchedu profit à tout crin au désintéressement le plusacharné. Dès lors, que reste t-il d’artistique dansles festivals ? Comment fait-on pour préserverl’artistique au cœur de ces rendez-vous tout en

évitant les déficits rédhibitoires ? Où met-on lecurseur entre économique et artistique ? Quellesperspectives à terme ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, lesfestivals musiques actuelles ne sont pas affectéspar la crise. Ou pas encore. Leur nombre s’eststabilisé1 et le volume des réservations a pumême doubler d’une année sur l’autre. Ce fut lecas l’an passé pour le festival Couvre-Feu2 deCorsept (44). Du côté de Carhaix (29), 120 000réservations pour Les Vieilles Charrues étaientacquises dès le mois de mai. Mieux, pour le PaléoFestival de Nyon (Suisse), autre festival d’été, les210 000 billets se sont arrachés en deux heures,soit la totalité de la billetterie !On peut se poser la question de ces indicateurspositifs : et si c’était, paradoxalement, grâce à lacrise ? Une façon pour le public de penser à autrechose ? Et puis les festivals c’est convivial, onassiste à des concerts, on se pose, on boit unverre, il y a généralement de l’espace. Du coup,l’attention aux artistes peut en pâtir. Bref, la configuration du festival est très différentepar rapport à des concerts se déroulant dans deslieux dédiés du genre SMAC, lesquelles connais-sent par ailleurs une baisse de leur fréquentation.

1 On estime à 1 600 le nombre de festivals en France de juin à août chaque année. Source : Musique Info (www.musiqueinfo.com), dossier “Les festivals regardent lacrise du coin de l’œil”, 2009.

2 20, 21 et 22 août 2010 (www.couvrefeu.com)

L’ARTISTIQUE EST-ILENCORE AU CŒUR DES FESTIVALS ?

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Les festivals ont donc plutôt la forme en termesd’affluence (et seraient, selon certains observateurs,responsables par cannibalisation, de la désaffectiondu public pour les salles de concerts). Mais est-ceau prix d’une uniformisation de l’offre ?

Pour Christophe Davy de Radical Production3 et parailleurs programmateur du Printemps de Bourges,même si on ne peut nier le fait que des artistes seretrouvent sur plusieurs évènements le même été,cela n’est pas vraiment un souci : “Ok, les têtesd’affiches sont parfois les mêmes, mais c’est quoile problème ? Si le public suit et s’y retrouve. Celuiqui va aux Eurockéennes ne va pas forcémentaux Francofolies !” et d’ajouter “le public a enviede voir des artistes qu’il connaît, on ne peut pasfaire un festival avec des inconnus”.Difficile de programmer des artistes qui n’ont pasdéjà fait parler d’eux ? C’est également l’avis deFabrice Gervaise, directeur de La MarmiteFestival4, festival de la Sarthe. “La Marmite, c’estun festival axé sur l’itinérance et le rural mais aussisur l’émergence. On ne recherche pas de têtesd’affiche, mais pour aller vers les gens, pour quele public vienne, on ne peut pas prendre desgroupes qui n’ont pas de com’ du tout. Il faut toutde même une démarche pro, ne pas être dansl’amateurisme”.Sur la question de savoir si l’on veut faire de l’artistique ou remplir, la réponse de FabriceGervaise est on ne peut plus claire : “On a lavolonté de ne pas mettre 5 ou 6 groupes parsoirée et de faire payer 25€ à chaque fois […] Ceque l’on veut, c’est faire découvrir des artistesplutôt que de faire du fric”.Pas de têtes d’affiche non plus du côté du festivalLes Orientales5 de Saint-Florent-le-Vieil (49) quiattire chaque année environ 15 000 personnes.“En fait, il y a deux types de festivals, ceux qui ontune approche thématique forte et les festivalsfourre-tout […] Les Orientales appartiennent à lapremière catégorie”, remarque Alain Weber, directeur artistique de l’événement, “avec uneattention à l’artistique que l’on retrouve dans lamanière dont on présente les artistes, tant dansles supports de communication que sur scène

avant leurs concerts et la façon dont on crée desliens entre les concerts. Tout cela contribue àconstruire l’édifice”. Une attention qui se porteaussi sur les lieux et la qualité de la scénographie.

Cohérence et orginalitéPartant de cette posture, Les Orientales, sanstêtes d’affiche, ont réussi à installer le festivaldans la durée, l’édition 2010 sera en effet la douzième. “L’important c’est d’apporter de la crédibilité si l’on veut que les gens viennent etreviennent. Il faut de la cohérence et de l’originalitédans la programmation, amener toujours unenouvelle dimension de découverte des artistes”,ajoute Alain Weber.Mais ce qui est vrai pour Les Orientales ne l’estpas forcément ailleurs. Le même Alain Weber esten effet en charge de la programmation duFestival de Fès de musiques sacrées du monde6.Une approche différente de l’évènement pour sonprogrammateur : “Il me fallait trouver un moyen defaire venir les gens pour les mettre en contactavec des musiques qui concernent toutes lesreligions, ce qui est fort en termes d’ouverture”.L’idée s’est imposée de trouver une tête d’afficheayant ce pouvoir d’attractivité des foules. “Il fallaitaller chercher un artiste dont la notoriété est assezgrande pour faire venir le public, un artiste connuet qui soit dans l’esprit du festival”. Le choix s’estporté sur Ben Harper, artiste empreint d’une mysticité certaine “dans l’esprit du festival”.

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“Ok, les têtes d’affiches sont parfois les mêmes, mais c’est quoile problème ? Si le public suit et s’yretrouve.”

3 Créée en 1989 par Christophe Davy (aka Doudou), Radical Production est une société de production de spectacles (tourneur) basée à Angers et spécialisée dans la musique rock. www.radical-production.fr

4 Du 17 au 23 mai 2010 (www.tousceschaps.org) 5 Du 30 juin au 4 juillet 2010 (www.lesorientales.fr)

6 16e édition du 4 au 12 juin 2010 (Fès – Maroc) www.fesfestival.com/2010/

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“La qualité artistique d’un festival, sa cohérence,c’est l’aboutissement d’un travail de programmationqui permet à des publics de se retrouver pourquelques jours sur un évènement, sur un stylemusical qu’est la musique métal, même si lessensibilités ne sont pas exactement identiques”,soutient Olivier Garnier, attaché de presse etconsultant pour le Hellfest7. “On est un festivalquasi-totalement indépendant… [1% de subven-tions publiques en tout et pour tout – NDLR] … etqui est devenu le premier festival métal européen.On a des têtes d’affiche comme Kiss ou AliceCooper cette année. Les gens viendront sur leursnoms et en masse, comme ils sont venus lesannées précédentes et pas que de France, maisaussi d’Angleterre, du Canada ou du Brésil [30%du public du Hellfest vient del’étranger – NDLR]. Ça nous per-met de programmer par ailleursune dizaine de groupes qui nejoueront nul par ailleurs et biend’autres. Par proximité,par capillarité, lesfestivaliers vont fatalement découvrird’autres groupes. Ladécouverte artistique,on y tient beaucoup,c’est ainsi que l’oninvite gracieusementles riverains du festival à venir voir lesgroupes”.

Faire du mondeChangement de département, de style et dedimension. Pour la neuvième année, le Festival La 7e Vague8 de Bretignolles-sur-Mer (85) constitueune sorte d’avant-goût de la saison des festivalsd’été. Projet populaire, grand rassemblementd’avant-saison, l’objectif est clair, comme le souligne Thierry Bidet, programmateur : “Le butest de faire du monde, on veut un évènementfédérateur”. En conséquence, une prise de risquerelative avec des noms connus (Vitalic, Archive,Ebony Bones ou Hocus Pocus) et peu de surprises.“Il faut qu’on parvienne à l’équilibre pour durer […]On est peu subventionnés [5 000€ d’aide par le

Conseil général de Vendée et 5 000€ par leConseil régional des Pays de la Loire et 40 000€ en partenariats-mécénats avec le privésur un budget total de 550 000 € – NDLR]. On adonc un peu la pression, d’autant que la ligne desdépenses liées à l’artistique augmente d’environ10% d’année en année en ce qui nous concernemême si ça semble se stabiliser un peu cetteannée”. Pour autant, afin de parvenir à un équilibrequi sera atteint à partir de 15 500 spectateurs,une augmentation du tarif de 1 euro par soirée aété décidée. “On est un rassemblement populairemais ce que je défends c’est la qualité. L’évolutionde La 7e Vague le montre bien, on est à l’originesur une programmation reggae-ska avec uneouverture progressive sur les musiques dumonde, l’électronique, l’électro-rock…”.Et Thierry Bidet de se projeter dans l’édition 2011 :“L’an prochain ce sera les 10 ans du festival, onva bien sûr marquer le coup. On sera particulière-ment attentif à l’émergence avec une deuxièmescène dédiée”.

L’augmentation des chargesartistiques reste une réalité

Côté artistes, l’analyseconverge : “On fait beau-coup de festivals et si les

programmateurs nousprennent c’est qu’ilsn’ont pas le droit de se planter […]Comme on bénéficied’une bonne couver-ture médiatique9, ona pu faire depuis l’anpassé une centainede dates en France,Suisse, Belgique etaussi du côté deMontréal”, constate

Pierre Le Feuvre, la moitié du duo La Casa qu’ilforme avec Jean-François Péculier, deux amisd’enfance originaires de Saint-Denis-de-Gastinesen Mayenne. D’ailleurs, les organisateurs du festivalLe Foin de la Rue qui aura lieu les 2 et 3 juillet prochains dans cette même commune mayennaisede 1 700 âmes, sont dans cette optique et semblentse prémunir en réunissant une affiche mêlant degrosses pointures internationales (DJ Shadow,Lee Scratch Perry) avec une offre plus confiden-tielle et alternative (Boris Viande) et aussi plusconsensuelle (Sanseverino). Du coup, on assureles choses d’un point de vue comptable au risquede diluer la cohérence de la programmation.

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7 HellFest : 18, 19 et 20 Juin à Clisson (44) www.hellfest.fr8 14 et 15 mai 2010 www.7vague.com

9 La Casa est diffusé sur France Inter (disque France Inter), Le Mouv’, Virgin Radio, le réseau Férarock (radios associatives rock), diffusion de clips à la télévision et participation à l’émission “Taratata” sur France Télévisions.

“Par proximité, par capillarité, lesfestivaliers vont fatalement découvrird’autres groupes. La découverteartistique, on y tient beaucoup.”

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En effet, quels liens artistiques entre les artistesprécités ? Quelle cohésion en termes de création,en termes stylistiques ? Mais les festivals, et souventles plus importants ne sont pas arc-boutés surces considérations, loin s’en faut. À l’instar de La7e Vague mais avec une dimension beaucoupplus importante pour sa fréquentation, Les VieillesCharrues10 en sont une criante illustration. “Il y aune dimension populaire affichée dès le départ”,souligne Yann Rivoal, un des fondateurs du festivalen 1992 et son directeur de 2001 à 2007. “On estsur une programmation rock et aussi variétés enpassant par des choses plus pointues en électroou en hip hop”. Petit retour en arrière : “On partd’une situation, à l’époque, où il ne se passait pasgrand-chose, une zone sinistrée d’un point de vueculturel. On a voulu faire quelque chose, comblerce vide”. Un élan populaire et des gens qui sesont pris eux-mêmes en main pour concocter cerendez-vous avec une forte adhésion au niveaulocal et la participation de 6 000 bénévoles.Sur la dimension économique, Yann Rivoal main-tenant chargé de programme pour De Concert !11,fédération qui regroupe 18 festivals12 constate que“l’augmentation des charges artistiques reste uneréalité” avec des cachets qui ont été multipliés pardeux ces dernières années selon le site MusiqueInfo13. Les raisons de cette inflation ? De l’avis leplus souvent partagé, la chute des ventes de disques, et la baisse de revenus en découlantpour les artistes en serait la cause principale. Ducoup, ils demandent plus pour faire des datesavec des prétentions tarifaires parfois incohérentes.“J’ai voulu faire venir Keziah Jones”, confie BrunoBonté, directeur des affaires culturelles pour laVille de Saint-Hilaire-de-Riez (85) et co-organisateurde La Déferlante14, festival qui investit tout au longde l’été 10 stations balnéaires de la côte ligérienne,

“mais j’ai renoncé à le faire venir car son agentnous demandait un prix sept fois supérieur à celuifixé en hiver, quelques mois plus tôt, lors de sonpassage à Nantes à L’Olympic !!! L’été les coûtssont parfois délirants !”.Au-delà, l’attitude des producteurs peut produiredes effets dispendieux. “Ils attendent de voir quisera le plus offrant”, argumente Bruno Bonté, “onremarque cela depuis deux à trois ans, et cetteannée c’est plus fort que jamais”.Selon Yann Rivoal : “Les dépenses artistiquespour un festival ne sont pas le seul poste impactépar cette hausse. La partie technique, logistiqueet tout ce qui touche à la sécurité sont des domai-nes également concernés par cette hausse”.

Point de vue et analyse partagés par MaryVercauteren du CNV15 : “Nous sommes entrain demener une étude qui porte sur près de 80 festivals[le CNV soutien environ 70 festivals avec uneenveloppe qui se situe à hauteur de 820 000€ -NDLR]… alors que nous constatons que lamoyenne des cachets a augmenté de 23%, lamoyenne d’augmentation des budgets globauxdes festivals a été de 20%”. Preuve, si l’on en croitcette étude, qu’on assiste à une augmentationgénérale de toutes les lignes de dépense.Autre indication formulée par Mary Vercauteren :“ce sont les cachets des gens les plus connus quis’envolent alors que ceux des artistes plus confidentiels stagnent voire régressent”.Dès lors qu’un organisme professionnel comme leCNV soutient un certain nombre d’évènements(voir plus haut), peut-il influer sur la qualité desprogrammations ? “Un de nos principes, c’estcelui de la neutralité artistique, donc pas d’ingérenceni de parti pris de notre part sur ce terrain-là […]En revanche, notre aide peut être conditionnée àla cohérence ou à l’identité d’un festival. Pour fairecourt, quitte à être caricaturale, on n’aidera pasun évènement qui programmerait Olivia Ruiz aumilieu de groupes de hard-rock”.

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10 Les Vieilles Charrues du 15 au 18 juillet à Carhaix. www.vieillescharrues.asso.fr 11 www.deconcert.org

12 (dont Les Vieilles Charrues, Les 3 Eléphants, Les Eurockéennes), en Belgique (Dour Festival) mais aussi en Suisse (Paleo Festival Nyon), Allemagne, Danemark ou encore Canada.

13 (www.musiqueinfo.com) dossier “Les festivals regardent la crise du coin de l’œil”, 2009.14 www.ladeferlante.com

15 www.cnv.fr, sa mission principale est de soutenir le secteur de la chanson, des variétés et du jazz, soutien aux festivals.

“Alors que nous constatons que lamoyenne des cachets a augmentéde 23 %, la moyenne d’augmentationdes budgets globaux des festivals aété de 20%”.

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Se passer de têtes d’affiche : un vrai risqueDans ce contexte de dilatation des coûts, lesimpacts sur l’artistique prennent des aspectsdivers. “On constate une diminution de la duréedes festivals et donc du nombre de groupes programmés”, poursuit Mary Vercauteren, “au-delà, c’est le potentiel d’accueil des festivalsqui est atteint […] Et comme il est risqué de sepasser de têtes d’affiche, ce sont les artistes etles groupes émergents qui sont pénalisés”. De l’avis de Vivien Gouéry, tourneur pour Néonovo(booking, conseil artistique et management) et développeur d’artistes (Nouvel R) : “L’artistiquen’est pas en retrait, mais on assiste à un phéno-mène de concentration où tout le monde va voirles mêmes groupes […] Ça vient du public et dutapage médiatique, les gens vont voir les artistesdont on entend parler”. On irait donc voir ce quel’on connaît déjà, Vivien Gouéry attribuant l’annu-lation du festival Shake It Easy16 au fait, justement,qu’il n’y avait pas assez d’artistes connus à l’affi-che. Devant le peu de réservations, la décisiondes organisateurs a été sans appel comme lerévèle le communiqué rédigé par les organisa-teurs. Extrait : “Malgré un excellenttravail de préparation de nos bénévoles, l'engage-ment de nos parte-naires, prestataireset artistes que nousremercions, le peude réservations surle Shake It Easy, nenous permet pasd'envisager une édition sereinementsans mettre en périll ' a s s o c i a t i o nFestiMusic. Le pariétait de créer une manifestation musiques actuellesd’envergure dans le Pays Segréen, en conjuguantplusieurs forces associatives et avec l’appui de laCommunauté de communes et de la Ville deSegré ainsi que de toute l'équipe du Parc desexpositions. Malheureusement, dans un contexteéconomique morose, à l’heure où la majorité deslieux et événements culturels affichent des fréquentations en forte baisse, il ne nous est paspossible de maintenir la tenue du Shake It Easy”.Fermez le ban. Annulation pure et simple donc, àquelques jours des festivités. Mesure de précau-tion pour être en mesure de tenter à nouveau,plus tard, dès l’an prochain ?

Alors, il y a-t-il une recette pour faire un bon festival ?D’ailleurs, ce serait quoi un bon festival ? PourChristophe Davy (Radical Production) : “Un bonfestival, c’est un festival réussi économiquementet artistiquement, il n’y a pas de dictature de l’artis-tique et c’est bien qu’il y ait un enjeu économique”.Sur cet aspect purement économique lequel neserait donc pas déconnecté de la dimension artis-tique, de nouvelles approches se font jour. Pourétayer les budgets, les organisateurs de festivalssont enclins à se tourner de plus en plus vers despartenaires privés17 même si le recours aux aidespubliques est l’attitude qui prédomine largement.À Changé, près de Laval, la société Leroy-Paysages, spécialisée dans les aménagementsextérieurs, est devenue depuis quelques annéesmécène du festival Les 3 Éléphants18 et c’est toutbénéfice selon Sébastien Leroy qui co-dirige l’entreprise avec son frère Nicolas : “C’est une

plus-value pour l’entreprise etLes 3 Éléphants nousle rendent bien !”,s ’ e n t h o u s i a s m eSébastien Leroy,même s’il ne tientpas à communiquersur les sommes en jeu, “en forte progression d’uneannée sur l’autre”,précise-t-il toutefois.Une politique demécénat qui produitdes effets en interneet en externe pour

l’entreprise : “On propose des places à prixréduits pour nos collaborateurs, c’est toujours unplus […] et puis c’est important de participer à unévènement qui participe lui-même de l’attractivitéd’un territoire. Pour attirer des gens qualifiés [pourvenir travailler au sein de l’entreprise - NDLR]il faut qu’il se passe quelque chose sur ce terri-toire. Et plus l’évènement ou l’offre culturelle serade qualité, plus cette attractivité sera renforcée”.Même s’il déplore la méconnaissance et le peud’intérêt des autres chefs d’entreprise pour lemécénat culturel. “Une question de génération”selon ce jeune chef d’entreprise de 28 ans quipourrait étendre ce mécénat à d’autres festivals.

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16 Le festival devait se tenir les 7 et 8 mai 2010 au Parc des Expositions de Segré (49).17 Voir dossier central Tohu-Bohu n°16 “Financer son projet dans les musiques actuelles”

18 Du 10 au 13 juin à Laval http://les3elephants.com

“Un bon festival, c’est un festival réussiéconomiquement et artistiquement”.

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Trop de festivals ?Quelle offre de festivals pour les générations à venirjustement ? Une offre artistique constante avec plusde partenariats privés et de mécénat d’entreprise ?Moins de subventions publiques ? Après tout, l’économie des festivals a tellement évolué en peude temps que tout cela ne relève peut-être qued’ajustements conjoncturels. Alors moins de festivals car il y en aurait trop ? À cet argument selonlequel il y aurait trop de festivals et que leur grandnombre seraient un élément de fragilisationChristophe Davy martèle : “Il n’y a pas trop de festivals, il y en aura trop quand il n’y aura pas assezde public pour y aller ou pas assez de groupes poury jouer, on n’en est pas là”. Même s’il reconnaît dansle même temps que l’augmentation du nombre defestivals fait le jeu des producteurs. Quant à ladimension qualitative il ajoute : “C’est à toi de réaf-firmer ta programmation et ta ligne artistique. Es-tuen mesure de te payer tel artiste ou pas ? […] Si laligne artistique est affirmée, les artistes viendront”.

Mais à terme, qu’en sera-t-il de l’artistique, notionhautement subjective, au cœur des festivals si lamainmise, en cours, des entreprises transnationalessur le spectacle devient totale ? “On assiste à desprises de position à visée monopolistique”, prévientChristophe Ehrwein, tourneur et manager, créateurde Kongfuzi Booking : “Live Nation est en passed’imposer sa loi. La société a racheté près de 700lieux de spectacles rien qu’aux États-Unis, à termeet si ça continue, ça empêchera vraiment de proposerdes choses”. Précisons que Live Nation, sociétécalifornienne, mène une politique effrénée de développement avec près de 30 000 évènementsorganisés. Progressivement, la firme s’est transforméepar rachats successifs en société intégrée. Le but :contrôler toute la chaîne du spectacle vivant sansoublier la vente de billets, la gestion de fans clubs,produits dérivés et autres contrats publicitaires d’artistes. Madonna a signé en octobre 2007 uncontrat exclusif avec Live Nation contre la modiquesomme de 120 millions de dollars incluant la production de ses disques, l’organisation de sesconcerts et la gestion de ses contrats publicitaires.“Au Canada, c’est un opérateur téléphonique quirachète les salles”, s’indigne Christophe Ehrwein, “etun jeune, plutôt qu’aller au concert en verra un, endirect, sans quitter sa chambre, l’émotion du concertelle devient quoi là-dedans ?” Une vision toutefoisteintée d’optimisme car “ça ouvrira forcément desportes sur d’autres propositions, dans un premiertemps on ira vers le mainstream et puis les gens enauront assez et se débarrasseront de ces choses[…] Il faut inventer d’autres propositions et l’émotionsera de retour”, conclut-il.En attendant, bons festivals et bon été !!!

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Parallèlement à l’organisation des festivals, le cadrelégal est susceptible d’évoluer pour que la France seconforme aux obligations de l’Union Européenne. Ci-dessous, un texte de l’Irma revenant sur ces possibles évolutions. Avertissement : la législationn’ayant pas encore changé, il convient d’être prudent et de se tenir informé.

La réforme annoncée de la licence d’entrepreneur de spectaclesC’est en fait la transposition de la directive “services” dite Bolkestein illustrée fréquemment parla désormais célèbre figure du plombier polonaisvenant manger le pain de nos artisans.Cette directive européenne officiellement identifiée2006/123/CE suit un processus de transpositiondans le droit français, laquelle s’effectue par la miseen place de lois, décrets et arrêtés selon les secteursd’activités concernés.Comme le précise l’IRMA sur son site internet(www.irma.asso.fr/Vers-la-suppression-de-la-licence) : “La directive européenne sur les services,en cours de transposition en France, entraîne uneréforme de la licence d’entrepreneur de spectacles,notamment pour les producteurs étrangers produi-sant des concerts en France […] Concernant la production de spectacles, la transposition de ladirective induit une réforme de la licence d’entrepre-neurs de spectacles qui fait l’objet d’un projet de loi.L’attribution d’une des catégories de licence à uneentreprise basée en France restera obligatoire […]Pour les entreprises installées dans un autre Étatmembre, le projet de loi prévoit de remplacer lademande de licence par une [simple] déclarationd’activité pour la durée des représentations. Ainsi,les producteurs étrangers n’auront plus à nécessai-rement faire appel à un promoteur français en possession d’une licence, ou à établir une adressefrançaise leur permettant de demander une licence”.En d’autres termes, et c’est la crainte de nombre deprofessionnels, on pourrait se retrouver prochaine-ment dans un contexte où des organisateurs despectacles non nationaux de l’U.E. viennent sur leterritoire français proposer des évènements réaliséspar des équipes assujetties au droit social du paysd’origine, souvent moins favorable aux employésque le droit social français. Il en résulterait, selon lespourfendeurs de ce projet, une concurrence déloyaleet préjudiciable pour les structures de l’Hexagone,les spectacles ainsi produits l’étant à un moindrecoût et largement aux dépends des salariés.

TOHU BOHU SUR LES ONDESL’artistique est-il encore au cœurdes festivals ?

jeudi 10 juin 2010de 18h30 à 20h, au Village du festivalLes 3 Éléphants (centre-ville de Laval), en direct sur Jet FM et l’Autre Radio.

À retrouver sur :

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Aller jouer à l’étranger ou faire venir des artistes étrangers en France est souvent apparenté à un véritable parcours du combattant. Dans l’optique de “maîtriser” l’immigration,la France et l’Europe légifèrent ; l’armada des démarches administratives se renforce,décourageant bon nombre d’artistes à s’exporter et peut-être plus encore les organisateursà accueillir la diversité culturelle extérieure à nos frontières (Shengen). De façon très pragmatique, agrémenté de fiches pratiques et d’exemples bien choisis, cet ouvrage offreune méthodologie pour envisager la diffusion internationale sous ses aspects administratifs,contractuels, sociaux, fiscaux… Les démarches à entreprendre pour permettre la circulationdes artistes dans le monde et plus spécifiquement en France sont clairement détaillées.Y sont aussi abordées les conditions d’entrée et de séjour en France, la législation socialeet fiscale applicable, les tournées, l’étude des contrats et de leurs clauses spécifiques.L’ouvrage est d’autant plus en phase avec les réalités de l’organisateur que Cendryne Roés’est aussi nourrie de l’expérience des acteurs de terrain (festivals, tourneurs…), croiséslors des formations sur lesquelles elle intervient. Cette véritable boîte à outils est à l’administrateur ce que le Leatherman est au technicien du spectacle.

Jérome Gaboriau

ROCK'IN LAVAL, UNE HISTOIRE DU ROCK À LAVAL (1960-2000)Collectif, Éditions ADDM 53, 2009 (www.rockinlaval.com).

HISTOIRE DES DJ… ET DE LEUR INFLUENCE SUR LA MUSIQUERaphaël Richard, Éditions du Camion Blanc, 2010.

LA CIRCULATION INTERNATIONALE DU SPECTACLECendryne Roe, Éditions IRMA, 2010.

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La dernière fois que vous vous êtes retrouvés – en club ou en festival - à sauter dans tousles sens pendant un set de Justice, de Beat Torrent ou de DJ Chloé, vous êtes-vousdemandé comment tout ça avait commencé ? Eh, bien, c’est le moment de réparer lecoup. Ce petit livre (une centaine de pages) revient sur la manière dont quelques pousse-disques plus malins que les autres ont littéralement changé la face de l’histoire de la musique depuis le milieu des 60s. Ou comment des DJ – peu à peu devenus producteurs- ont donné naissance à trois courants musicaux majeurs de l’après-guerre : le reggae, lerap et la techno. L’auteur détaille donc par le menu comment ces trois genres sont nés etse sont développés en parallèle des évolutions technologiques et techniques à dispositiondes DJ. Si vous vous êtes déjà envoyé quelques pavés des éditions Allia sur les trois genres précités, vous n’apprendrez sans doute pas grand-chose de plus. Mais si vousêtes vierge sur la question et que vous aimez qu’on vous raconte les petites histoires quiont fait la grande, ce livre peut s’avérer un investissement intelligent.

Kalcha

Fruit de deux ans d’enquête, de 120 témoignages, et de milliers de journaux épluchés, cehors-série exceptionnel du fanzine trimestriel Tranzistor fait office de complément idéal àl’expo Rock in Laval (cf. TB n°16). L’ouvrage, richement illustré, s’attache durant 170 pagesà dessiner une géographie détaillée du rock lavallois sur 40 ans, à travers ses acteursmajeurs ou plus secondaires, ses hauts-lieux incontournables, ses festivals éphémères etses anecdotes à la pelle. Précisons qu’à l’instar de l’expo, nul besoin d’être mayennais desouche ou d’avoir vécu de près ou de loin la déferlante rock lavalloise pour apprécier le récit,qui se lit comme une épopée humaine, sans cesse replacée dans le contexte social et culturel de son époque. Des mythiques Shouters aux bouillants Why Ted ?, des mystérieuxRéseaux d’ombres aux ambitieux Twirl Comics, le grand mérite de ce bouquin est ausside nous donner une furieuse envie de les (re)écouter, de les (re)découvrir.

Yoan Le Blévec

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Infoswww.kythibong.org

kythibong HELLO KYTHIBONG

En 2002, Aymeric, son frère Anthony et Julie, une copine, décident de monter un label pour servir destructure administrative au groupe Room 204 dans lequel Aymeric torture sa guitare. Kythibong estné. Deux ans, plus tard, alors que Julie a passé la main à Marion, le trio se dit qu’avoir un label, c’estbien, mais qu’avoir un label qui sort des disques, ça serait encore mieux. Histoire de marcher dans lespas des Black&Noir et autres Touch&Go et Skingraft dont les productions ont accompagné leur adolescence. Six ans plus tard – en 2010, donc, pour les nuls en math – le label compte dix-huit sorties CD, vinyles et K7 de la crème hexagonale de l’indie noise et du post-folk, dont une bonne partie de la scène rock nantaise : Room 204, Argument, Fordamage, Mansfield. TYA, KommandantKobra, The Healthy Boy, Belone Quartet… Proximité géographique (Nantes) et musicale (plusieursartistes en commun) oblige, on a souvent comparé Kythibong à leurs potes du Collectif Effervescence.

“Oui, c’est marrant, on nous a même souvent pris pour un sous-label d'Effervescence, la version plus rockdu truc. Est-ce qu'on en a souffert ? C'est un cauchemar récurrent, on est en psychothérapie de groupedepuis, c'est un vrai traumatisme”, ricane Aymeric. “Après, certes, on se partage quelques musiciens, onconnaît bien Julien, qui a fondé Effervescence, mais on a une façon différente de travailler induite par unevision de la production de disque et de l'industrie de la musique qui diverge sur certains points.” Un côtéplus do it yourself sans doute, plus insouciant.

Ces dernières semaines, Kythibong sort trois très bons disques coup sur coup. Au format vinyle avec uncoupon de téléchargement inclus, pour motiver les Talibans de l’iPod. Plus aucune excuse donc pour nepas foncer acheter les albums de Leo(88Man) et Room 204 ainsi que le magnifique EP de The HealthyBoy. Le premier est un excellent disque d’indie-folk/americana comme Lambchop savait en faire, lesecond est un coup de genou math-punk dans les roubignoles, et le troisième aurait pu être signé LeonardCohen. S’il continue à soigner ses sorties de la sorte, Kythibong va finir par devenir aussi incontournableque les illustres modèles qui l’ont inspiré.

Dans un pays où on nous incite à nous lever tôt pour travailler plus pour gagner plus, on se demande toujours ce qui continue à motiver des gens à bosser comme des malades pendant des jours et des nuitspour sortir tant bien que mal des disques dont ils ne vendront au mieux que quelques centaines d’exemplaires ? “Parce que c'est un vrai moment de bonheur d'avoir un disque entre les mains que tuadorerais acheter et que t'as pas besoin parce que c'est toi qui l'as produit. Parce que le gaffer et la Poste,c'est trop la classe. Parce que nous et la compta, ça fait 12. Parce que les envois promo c'est trop bien,comme ça on a l'adresse mail de Nagui. Bref, la passion, et les voitures de luxe. Ça marche plutôt bien,Anthony a déjà des parts dans un Peugeot Partner !”

PAR KALCHAPHOTOS : DR

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Malted milkDE LA SWEET

DANS LES IDÉES

Malted Milk existe maintenant depuis 12 ans.Qu'est-ce qui a évolué artistiquement au fildu projet ?Le line-up a beaucoup évolué ! Au départ, il s'agissaitd'un duo guitare-chant/harmonica de blues traditionnel, avec notamment des reprises deRobert Johnson (le nom du groupe vient d’ailleursd'un titre de Johnson). La formule duo a évolué augré des rencontres. J'ai croisé l'harmonicisteManu Frangeul, nous avons collaboré pendant 10ans. La formation s'est agrandie avec l'arrivée d'un batteur et d'un bassiste. Aujourd'hui, nous sommes cinq musiciens, plus une section de cuivres sur certaines dates.

Il y a toujours ces inspirations afro-américainestrès présentes. C'est quoi pour toi la singularitéd'un projet comme celui de Malted Milk ?C'est un groupe de blues au départ, mais avecune approche très soul de plus en plus évidente etaffirmée... On est capable d'éclater les structures,de sortir des 12 mesures, d'alterner binaire et ternaire, etc. Et dans un même temps, il y a de

véritables parties de solos et d'improvisation, quine se retrouvent pas nécessairement dans la musique soul en général.

Avec cet album, vous avez croisé compositionset reprises... Pour moi, c'est un challenge de passer d'un chanteur de blues qui joue tout à l'énergie et àl'émotion à un répertoire vocal plus techniquecomme celui de Syl Johnson... À travers les reprisesdu disque, on a tenté un truc un peu personnel,mais aussi un hommage. Tout ce qu'on a pu écouterpar le passé revient nécessairement d'une manièreou d'une autre. C'est peut-être pour ça qu'il y adifférentes ambiances sur l'album. Mais c'est unvrai dilemme : il faut essayer d'une part de donnerune couleur homogène au disque, et d'autre partque chaque morceau ait sa propre identité.

En même temps, je trouve qu'il y a une véritablecohérence sonore...On travaille avec le même ingénieur du son depuis6 ans. Il a mixé l'album précédent et nous suit

Avec son troisième album “Sweet Soul Blues”, Malted Milk s'affirme dans un blues riche et métissé,piochant sans complexe dans la soul et le funk. Récemment signé chez Dixiefrog, le projet de cesmusiciens nantais, nazairien et caennais s'exporte et connaît aujourd'hui une belle reconnaissance ausein du circuit blues. Entretien avec Arnaud Fradin, leader historique et fil rouge du projet.

PAR JULIEN NICOLAS

PHOTO : RBKRECORDS

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Infoswww.myspace.com/maltedmilkmusic

également sur les concerts... On avait envie d'unson moderne, mais pas trop produit non plus. Ons'est vraiment pris la tête là-dessus. On a travailléchaque morceau de manière très différente ; certains avec beaucoup d'éditions (re-re, ré-arran-gement, etc.), d'autres où la place donnée aux prises live était très importante. La cohérence a ététrouvée aussi au mixage.

Quand on regarde les crédits du disque, ons'aperçoit que la composition est largementpartagée entre les musiciens. Tu travailleségalement avec Karl W. Davis...Oui, c'est un type important pour moi. Je l'aiécouté chanter des titres soul, il m'a vraimentinfluencé. Il évolue dans un chant qui s'affranchitde la puissance vocale... On a co-écrit des compositions et une partie des textes. Il m'a aidésur le travail de la voix avec une entrée technique,même si ce n'est pas le plus important. Plus tu asde techniques, plus tu peux t'exprimer. Onaccentue le travail sur les chants. Les choeurs quej'avais quasiment tous enregistrés pour le disquesont interprétés sur scène par les musiciens. Onva encore accentuer ce côté blues-gospel.

Ça signifie quoi d'être leader d'un projetcomme ça ? Ça se joue à quel niveau ?Ça n'a pas été une position facile dans la mesureoù on était deux à la base, et au même niveau...Au départ de Manu, j'ai porté ce projet de manièreplus solitaire, ce qui a clarifié des choses. Quandles musiciens actuels sont arrivés, ils m'ont misdirectement à la place du gars qui avait construit leprojet... Mais on resserre un peu les chosesaujourd'hui. Par exemple, on travaille le placementscénique de manière à rompre avec ce côté “mecmis en avant, accompagné par des musiciens”.

Il y a de belles dates à venir. Comment vousêtes-vous préparés à cette tournée ?On a fait une résidence au VIP à Saint-Nazaire, delongues sessions de répétition chez moi, et uneautre résidence accompagnée par une metteuseen scène. Ça a soulevé pas mal de questions.Finalement, on rentre dans une dynamique commune aux groupes de musiques actuelles. Onse rend tous compte de l'importance d'avoir unrecul sur la scène.

Vous avez fait des dates à l'étranger, notammentaux Etats-Unis...C'était une expérience vraiment stimulante. On ressent la musique ! Mais, ça m'a ouvert aussisur notre propre musique. Je me suis dit qu'onavait un atout, une culture européenne, une plusgrande ouverture sur l'Afrique ; tu prends

conscience de la richesse de ton identité.

La presse est plutôt élogieuse à votre égard !Elle vous qualifie souvent de fer de lanced'une “nouvelle scène blues” en France...Vous comprenez ?Je suis surpris, je me sens effectivement profondé-ment blues mais curieux d'autres univers... C'est d'ailleurs peut-être ça ; il y a certainement unnouveau son, un mélange d'influences plus ouvertes qui s'est encore peu exprimé en Francenotamment... Il y a cette volonté chez nous decroiser les musiques.

En quelques mois, votre entourage profes-sionnel s'est structuré peu à peu. Peux-tunous raconter comment se sont dérouléesces rencontres ?Gilles, le batteur du groupe, connaissait plutôt bienl'univers du booking. Au début, Nuevo Onda a prisde manière officieuse le booking. Vu les bonsretours et le nombre de dates qui arrivaient, NuevoOnda a parlé de nous à Dixiefrog, avec qui ils collaborent sur plusieurs artistes (Pura Fé, EricBibb). C'est la première fois depuis dix ans qu'ona un véritable buzz dans le circuit blues et au-delà.Faut qu'on se saisisse de ça !

Un grain de voix pure soul, puremalt and milk. Une voix qui se lovedans la ouate, s'éclate en métal ou gémit. Une voix ourlée d'ors, d'orgues et de cuivres aux stancesparfumées rythm and blues. Unevoix qui se fait chatte en répliqued'un miaulement de guitare ; lecristal d'une kora. On en boirait encore de cettesensualité, soul, jusqu'à l'ivresse. La richesse instrumentale des décors vous installe dans uneatmosphère un peu baroque, un peu kitch peut-être- voyez la photo d'Arnaud Fradin sur la pochette -mais cela prouve que le blues ouvre sur toutes lesfantaisies, toutes les créations. Bien sûr, il y a duchemin de fait depuis les J.B. Lenoir ou Skip James,aux guitares un peu casserole, mais quelle belleadaptation de ce dernier dans “Hard time killin floorblues” pour nous rappeler les racines de leur musique. Malted Milk : une formation résolumentmoderne dans la tradition des musiques “primitives”.

Gilles Lebreton

Malted MilkSweet soul bluesBlues Productions / DixieFrog Records / Harmonia Mundi 2010

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Si vous visionnez la vidéo sur ce lien http://www.vimeo.com/10484355, et c'est fort conseillé, vous comprendrez alors de quel bois Monsieur Debmaster se chauffe ! Anne Roumanoff n’a qu’à bien se tenir !Deb (comme on l'appelle) aborde le Printemps de Bourges relax et avec beaucoup d'humour. Point tropd'importance à l'évènement ou aux enjeux, mais une envie débordante de jouer, de faire danser les gens,de leur faire mouvoir la tête. Et la sienne aussi tant qu'à faire !

Alors, Bourges démarre avec un périple ferroviaire bien long, moults interviews, séances photos, courtoisiesprofessionnelles. Mais cette journée du 14 avril passera bien vite. C'est le deuxième jour du festival, lepremier des Découvertes. Ajouté à cela le fait que le live de Debmaster se tient à l'heure même où l'iguaneIggy Pop monte sur scène à quelques encablures de là, l'affluence en termes de public sera assez relative (200 personnes). Celle en termes de pro tout aussi décevante. Serait-il plus important d'aller voir un papy du rock pour pouvoir dire : “Je l'ai vu sur scène !”, que de découvrir un maître de l'électro sous-estimé et pas encore connu ?

Pour Julien, qu'importe ! Le Gremlin est bien décidé à enflammer l'hémisphère Est de la salle du 22 sanstrop de pression. Une demi-heure pour convaincre comme on dit pour qualifier ce type de concert. Pourlui, c'est plutôt une demi-heure pour “Envoyer la sauce et se faire plaisir” .

Gros son et peu de lumière en contre, la musique plutôt que le bonhomme sera mise en avant. Car SieurDebmaster fait partie de ces gens humbles, décomplexés et cools. Son attitude le confirme. À l'aise derrière son ordi et son launchpad, souriant, clown par moments, heureux bien souvent, Debmaster vitvéritablement sa musique, et exprime corporellement ses sons. Il se déhanche, bras en l'air, donne ainsià sa musique une approche dansante et groovy. “I'm more concerned by the power of my synths and theroughness of my beats than the color of my tee”1. Voici comment Monsieur Debmaster se présente. Il estvrai que sa musique est presque analogique dans le son. Son set sera dense, plus varié encore qu'avant,piochant dans l'électro-hip hop, l'électro 8bit, l'électro pop, la transe...

De l'électro certes, mais surtout de la musique comme il le dit, lui grand admirateur de Marvin, ThaviusBeck, Tarwater ou encore Shellac. De morceaux à la frontière de l'analogique ou de l'électronica à desunivers finalement assez clubbing, le live déroule et demeure bluffant !

L'essentiel de la set-list reprendra le meilleur de l'excellent album “Marvellous Dump” sorti en 2008 surHip Notik Records. Peu de temps mort, et toujours ce flegme qui le rend simple et classe sur scène. Lehit “Superman” conclura le show. Des sons proches d'une électro transe, un petit namaste de l'Angevin,et l'assemblée sera conquise. Il paraît qu'Iggy Pop n'était pas content de jouer en même temps queDebmaster. Ce dernier lui aurait chippé du public. Benh oui, mais bon, les plus obscurs sont souvent lesplus intéressants !

1“Je me sens plus concerné par la puissance de mon synthé et l’énergie de mes beats, plutôt que par la couleur de mon tee-shirt !”

PAR CÉCILE ARNOUX

PHOTO : CÉCILE ARNOUX

debmasterCLASSE ET MOUSTACHE !

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Nous autres chroniqueurs versons trop souventdans l'emphase. Mais comment ne pas être dithy-rambique à propos de ce double EP huit titres d’ASWE DRAW ? Un disque parfait, de l'artwork à l'im-pressionnante qualité de l'enregistrement, signé parle batteur de ce trio lavallois. Le genre de galettedont vous ne parviendrez jamais à élire le meilleurtitre, tant chaque morceau semble surpasser le pré-cédent. Formats éclatés, alternant passages atmos-phériques et crises d'épilepsie, les compositions deces trois drogués de musique semblent brasser desmilliards d'influences, du post-rock au métal, de JoyDivision à Dillinger Escape Plan. Doués d'une grandemaîtrise technique, ils ont trouvé (ils ont à peine vingtans) une voie totalement personnelle, faisant preuved'une inventivité toujours renouvelée, d'une sensibi-lité exacerbée (cette voix déchirée à vous faire chia-ler) et d'un sens étonnant de la mélodie (ah ces riffsde guitares obsédants !). Plusqu'une grosse claque : unerévélation, à télécharger pourzéro euro sur internet.Nicolas Moreau

Seixième et dernière de lasérie, cette nouvelle collec-tion hiver 2009, est celle des costumes noirs queportent quatre mannequins. Grupetto (trio que forment David Humeau, Laurent Bouvron etSébastien Gazull) s'acoquine avec CHASSELOUPpour un tour de chant pas bien sérieux et appliqué.Le disque démarre avec une discussion autourd'une tisane, d'un feu de cheminée, rythmée par letic-tac de l'horloge, discussion interrompue par l'irruption d'un bambin qui exige une chanson deNoël. Il en aura neuf des chansons, et vous aussi.Des textes piquants, des timbres qui s'additionnentpour un recueil varié, toujours amusant... On y trouverait des cousineries avec un certain Bourvildans l'esprit et avec les Frères Jacques dans laforme. La chanson façon Chasseloup est bien singulière, sans fioriture, enthousiaste, avec descomplicités, beaucoup d'humanité et de simplicité.Et humanité et simplicité, ça va bien ensemble.

Cécile Arnoux

Ce jeune beatmaker nous avait dévoilé son premier opus “30 Shorts stories” au mois denovembre dernier, sur le netlabel lavallois QodLab°L et revient avec “11 Others stories”. Dans lacontinuité de son album, il nous propose de nouvelles vignettes musicales aux samples jazz,funk, dub ou autres rythmes bossa entre desbeats acérés de très bonne facture. Ce monsieurn'aime pas les étiquettes et préfère s'adonner à lapluralité des styles. Les protagonistes du label, DjZukri, Radouk Brank et Dj Klektik revisitent pourl'occasion ces morceaux avec des remixes plusambiant, et expérimentaux. Radoul Brank remixe,toute guitare funk devant, le morceau OrthodoxFunk et Dj Klectik révèle un abstract hip hop quidérobe sur Minimalthief. Une musique cannibaleaux productions les plus raffinées que vous pouvez vous procurer en libre téléchargement sur

le site du label : www.qodlabl.fr

Yasmine Bentata

Bienvenue à bord. Vousvenez de monter dans lanavette qui vous emmènera

directement des limbes ténébreuses aux cieuxenvoûtants de DUB ORCHESTRA. Tout est question d'aller-retour. La puissance du comboguitare/batterie avec la subtilité précieuse du duosynthé/sample. Dans Dub Orchestra, il y aOrchestra, et le quintet nantais venus d'horizonsdifférents révèle dans cet album toute la richessede ses références. D'emblée nous sommes plongés dans un rêve éveillé où des guitares hurlantes viennent nous sortir en sursaut de notretorpeur. On pense à un film de science-fiction, onpense à du Pink Floyd, on pense finalement plusà du Godspeed You ! Black Emperor qu’à duZenzile. La fusion s'opère immédiatement entre ledub, l'ethnique et le metal/post rock comme sitoutes ces influences avaient toujours été faitespour être ensemble et ne faire qu'une. Un albumparfait pour s'échapper de la réalité.

Chloé Nataf

As we drawBackground/Fronstide

AP 2010

PhilippeChasseloup

GrupettoAP 2010

Dub OrchestraSonic DevianceAP / Mosaic Music Distribution 2010

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Fabrice Bréjean 11 Other storiesQod Lab°L 2009

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C’est très important de bien choisir son nom degroupe. Ça en dit long sur la musique que vousjouez. Tenez, prenez GOUDRON par exemple.Vous savez que vous n’allez pas écouter du reggae ou de la bossa nova avec un blasecomme ça. Ça risque d’être un peu plus urbain,puant et dur comme une gamelle en skate sur lebitume. Bingo, le duo nantais joue un hardcorenoisy ultra lourd ! Leur très bon 10 poucescontient d’ailleurs sept coups de boule frontauxqui vous pètent le nez fissa. Ronan (batterie) etRémy (guitares/voix) foncent tête baissée dans labaston sonore avec probablement l’expériencede celui qui s’est fait la main dans les squatspunks. Vous ne viendrez pas vous plaindre après.Ou alors, la prochaine fois, choisissez un groupequi s’appelle Vive les Bisounours (encore que, çapeut être des pervers…).

Kalcha

Formé en 1999, K-DRIVER a traversé la décenniesans jamais changer de cap : un rock'n'roll purjus, sans concessions, nourri d'influences tellesque Fugazi, Danko Jones ou Jon Spencer. Aprèsun premier opus sorti en 2002 et l'arrivée de Bob,ex-leader des “Why Ted ?” au chant en 2006, les4 Lavallois reviennent plus habités que jamaisavec “Lollapalooza”, un 7 titres enregistré par feuIain Burgess au studio Black Box (Thugs, Deus,Ministry, Burning Heads…). A la rage noisy desdébuts se mêle un rock'n'roll plus “old school”,moins torturé, servi par le timbre incomparablede Bob. 3 titres “tubesques” : “Lollapalooza” titreéponyme, “He knows” au refrain que n'aurait pasrenié un certain Joey Ramone et “There is notime”, dans la pure lignée des meilleursBuzzcoks. Bref, de la belle ouvrage…

Paulo Lemoigne

GoudronGoudron

Aïnu Records 2010

K-DriverLollapalooza Toolbox 2010

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C'est une heureuse surpriseque nous n'attendions pas,le groupe KATÉ MÉ (“AvecMoi” en langue Gallo) propose de découvrir leursmeilleurs titres et ajoute quelques inédits. Après15 ans de carrière et 4 albums, le groupe funko-trad s'est mis en pause mais n'avait pas dit sondernier mot ! Mêlant tradition de Haute-Bretagne,mixs ou encore sections de cuivres, le toutorchestré par un pupitre basse-guitare-batterieefficace, Katé Mé a su faire des tubes : “LeMuscadet” ou “Trad Collection” ici en Live. On yretrouve les textes engagés écrits par SylvainGirault, toujours très énergique sur scène,voguant entre chanteur rock et rappeur. Ledeuxième volet de l'album est un DVD réunissantdeux concerts et un documentaire exclusif surl'origine, l'évolution du groupe et finalement lesraisons de ce break. C'est un bien bel objetauquel on verrait bien une suite...

Benoît Lardière

Entre chanson populaire,engagement militant et poli-tique, poésie rugueuse et

subtile, LA BELLE BLEUE signe avec “Morceauxde Papier”, un album généreux (18 titres quandmême !) et enthousiasmant ! Naviguant entre lesutopies fertiles et les désillusions de la vie et del'humain, les textes de René Bergier et deMathieu Picot s'affranchissent d'une naïveté parfois trop présente dans la chanson française.S'ajoute à cela un réel sens de l'écriture mélodiqueet harmonique, qui ancre avec force certainstitres dans un coin de notre tête (“Chat de gouttière”, “Le manège”, “Un pied dans l'plat”...).Les cinq garçons de la Belle Bleue défendent laspontanéité des rencontres et embarquent lepublic dans leur univers honnête et sans concession...

Julien Nicolas

Katé-Mé Le meilleur de Katé-Mé

Solidor / Harmonia MundiDistribution 2010

La Belle BleueMorceaux de PapierLes Faubourgs d'Uranus 2010

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C’est bizarre, vous êtes sûrs de connaître cet air, etpourtant ça n’a rien à voir… Et il s’accroche le bou-gre, vous voilà encore en train de le siffloter ! Et pourcause, la nouvelle galette des 5 000 DOIGTS DUDOCTEUR K est une compilation de reprises détour-nées de grands hits de la musique classique et desannées 30/40 (“Carmen”, “Roméo et Juliette”, “LaDanse de la fée Dragée”). Un peu comme siBeethoven ou Bizet, lassés de jouer devant les têtescouronnées ou les gambettes enrubannées des bal-lerines, avaient un jour rêvé d’un bœuf swing et fou-traque au côté de John Kirby et Raymond Scott. Desarrangements tendance acid-jazz et classieux servisbien frais à la manière d’un cartoon de Tex Avery oud’un vieux cirque new-yorkais. Ces 5 000 doigts vouschatouillent là où il faut sur des variations sophisti-quées et originales, ressuscitant l’âge d’or du genre.Si on sent la technique, ça passe comme un groupede jazz à la poste tant c’est cohérent et original. C’estpas festif, c’est super bath !

Marie Hérault

Jadis, dans les foyers de la campagne hollandaise,mijotait en permanence sur la cuisinière à boisune marmite dans laquelle on y mettait tous lesrestes des repas, et quand on la servait, c'étaitparaît-il un feu d'artifice. Comment ne pas se laisser éblouir par ce “Wege” de MA VALISE, véritable melting pot musical faisant exploser lesfrontières, véritable plaidoyer pour une identitéplanétaire. Feu d'artifice des musiques dumonde, éloge de la tolérance. Une poésie tout ensobriété, accessible, soulignée de mélodies toniques et l'on sent sourdre l'envie d'en faire unefête, et l'accordéoniste léger s'envole sur un venthors champ. Comment ne pas croire que la musique soit transversale, universelle, pour peuque l'on se laisse immerger dans un bain desBalkans ou les eaux troubles des Caraïbes.“Digalo con la mano”, donne-moi la main camarade !

Gilles Lebreton

Eclectique et incongru ! Voilà qui caractérise bien lelabel angevin Ego Twister. Après une première collaboration avec l’artiste Sammy Stein (artworkde la compilation “Party Ruiners Vol.2”), “LesCouloirs du Temps”, fresque retraçant une histoire,revue et largement corrigée fait l’objet d’une rési-dence à la Bibliothèque Universitaire d’Angers.Déclinés de ce travail, sont édités (et vendus en unseul pack) un livret de dessins et une BD en noir etblanc du dessinateur (retraçant la quête mysté-rieuse d’un chevalier dans les méandres de l’his-toire), un poster et une compilation audio convo-quant 15 artistes. Impossible de citer toutes cescollaborations (Anne Laplantine, Niwouinwouin,Carla Pallone et Gratuit, Amnésie…) qui livrentautant de furtives escapades électro, lo-fi, déjantéset bricolés comme à la maison, entrecoupés desjingles du Chevalier Derinchy… Séduisant conceptpour un voyage graphique, littéraire ou musical

dans une autre dimension.

Cédric Huchet

Après quelques rechercheset deux sessions d’enregis-trement entre 2007 et 2009,

MENTAT ROUTAGE sort son 1er opus éponyme.Collectif manceau constitué d’une palette demusiciens férus de musique jazz et improviséesur fond de rock, associe à ce cadre l’art de ladanse et de la peinture. Ce disque construit àbase de montages, d’échantillons sonores etd’interludes laisse transparaître une lecture par-fois limpide, puis il suffit de quelques expérimen-tations, d’échappées et de digressions sonorespour perdre ses repères. Veulent-ils ou non nousamener quelque part, nous faire comprendre unmessage ? Le décor est planté ! Reste à chacund’interpréter cette toile contemporaine surtou-chée de photos et de matières révélant une criti-que de notre monde actuel, un malaise socialdans le monde de l’entreprise… À voir sur scènesi notre interprétation se concrétise !

Emmanuel Bois

Les 5 000doigts du Dr K

A propulsion nucléaireA toute vapeur 2010

Compil EgoTwister Les couloirs du tempsEgo Twister 2010

Ma ValiseWege

AP / L'Autre Distribution 2010

Mentat RoutageMentat RoutageMusea Records 2010

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Adepte d’un retour vers le futur, MINITEL ROSEdynamitait en 2008 avec “The French Machine” lescatégories musicales existantes et, quelques enca-blures avant Pony Pony Run Run, contribuait à rom-pre la césure traditionnelle entre musique indépen-dante et hit mainstream, entre electro house et discoclinquante, attitude punk et esthétique néo-romanti-que. Sur les traces de Daft Punk, pour résumer endeux mots. Mais le plus fort, c’est que leur secondalbum est tout aussi innovant que le premier. Exit leson produit à l’arrache à base de logiciels craqués,les pianos sonnent comme Supertramp (So You), lessynthés comme Inner City, et les tubes sont fournisà la pelle par des mains d’argent. C’est ce qu’onappelle de l’overground car tout en visant une sta-ture mondiale après des concerts au Japon et auxEtats-Unis, Minitel Rose n’oublie pas ses racines(Guérande, Pornic, Nantes). Trois ans après le stan-dard “Côte Ouest”, le nouveau disque est baptisé“Atlantique”. C’est comme çaqu’on aime l’Estuaire.

Gérôme Guibert

Si certains s’inquiètent deréalisation, de son et de production, ce n’est pas le cas ici. Pourtant, MrPyl ferait danser des paralytiques avec son folk-rock tout azimut et sans brutalité. Le disque dispense une odeur de fromage au lait cru. Énergique, foutraque et bricolé, il assemble des chansons boutiquées sans virtuosité ni artifice. Serait-ce de la chanson bio ? Sûrementbonne pour la santé en tout cas. On sourit souvent, pour cet hommage à l’harmonica, parexemple, ou pour les genoux de “Rosetta” (trèsBobby Lapointe). Et puis Mr Pyl conclu par undylanien “Oh, malheur, la lutte est vaine, toujoursrevient ma peine”... Rien qu’ça ! Le bazar de MrPyl me rappelle le peintre Chaissac, son voisin vendéen... Un même goût de liberté. Pourquoi j’aimangé Monsieur Pyl ? Réponse : parce qu’il est roboratif.

Georges Fischer

Le titre ne trompe pas : MOMO aime le voyageplus que tout et le décline sous toutes ses formes :balade ou exil, immobile ou impatient. Il chante :“Je n’aurais jamais de lieu que j’appellerai maison”.Ses textes prolixes, parfois bavards, déclinent lesdérives de vies divergentes, de nuits différentes,et posent des regards tendres sur ses compagnonsde pistes. Les femmes s’en tirent mal, les amisbien. Son meilleur ami ici est l’excellent réalisateurBen Gautier (Mathilde en Juillet) qui a fabriqué derutilants écrins pour ses chansons. Orchestrationspop qui donnent parfois des couleurs de TomWaits à la voix déchirée de Momo. Joli premieralbum auquel on souhaite une suite plus concise.Un coup de cœur pour “Pater eternalis” qui dit sijustement l’amour d’un fils. Un sourire pour“Anonyme”, fabliau hilarant sur le désir et ladéconvenue.

Georges Fischer

Le duo PyC revient sur le net-label Autres Directions in

Music, toujours composé d'Emmanuel (ex-Melop)et de Reno (ex-Domotic). Avec No ParticularDestination (en téléchargement libre sur le site dulabel) PyC signe un disque rigoureux fondé surl’évocation sonore. Si le krautrock, terreau des premiers LP, s’efface peu à peu, l'ambient et lepost-rock s'entrelacent toujours, et amènent l'album entre poésie du chuchotement et lyrismede l’errance. Les tracks se construisent sur lamême ossature de départ : une progression denappes sonores, sur lesquelles viendront se grefferkeyboard, guitare et voix prodigués par divers invités. Au gré de crescendos noise et de minima-lisme electro, PyC développe une pièce climatiquecafardeuse, assez proche de celles que fabriquentici Rafael Toral ou là HRSTA. L’écoute terminée,apparaît l’évidence : celle de s’être déplacée dansune dépression atmosphérique atemporelle.

Olivier Tura

Minitel roseAtlantique

Believe Digital / EMI 2010

MomoLe grand voyageurAP 2010

Monsieur PylPourquoi j'ai mangé

Monsieur PylAP 2010

Propergol yColargol No Particular DestinationAutre Directions in Music 2010

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Guitariste de formation, STÉPHANE RAMIN a produit “Session 04/07” presque tout seul. Sonacolyte Antonin Martineau prodigue ses soins debasse sur certains morceaux. L'artiste a le bongoût de ne pas entacher l'album d'une avalanched'arpèges. Les programmations, les basses et lessamples sont façonnés de manière à se fondreavec le jeu du guitariste. Nous ne sommes doncpas dans la virtuosité mal placée ni dans la fanfaronnade, mais bien dans la recherche d'unecohérence entre tous les sons utilisés. Résultat trèsconvaincant donc pour cet album entièrement instrumental, composé de sept titres qui laissent parler la guitare en n'omettant pas d'être rigoureuxsur les programmations et les boucles. À l'écoute,on voit bien que rien n'a été laissé au hasard et lavariété des compositions témoigne de l'inspirationde Mr Ramin.

Mickaël Auffray

Comme une pluie inattenduetraversant un ciel de prin-temps, ou un soleil radieux perçant un automnemélancolique, “Whispers and Shouts”, ledeuxième album de FAUSTINE SEILMAN est touten contraste. Si le timbre grave de cette voix fragile et déterminée s’affirme désormais, vocali-sant dans des tons plus clairs, les orchestrationsétoffées dessinent un écrin aux couleurs géné-reuses. Manifestement, les ombres de l’écurieConstellation ne l’ont jamais quittée, mais cettejeune fille laisse gambader son spleen lumineuxdans des ballades fièvreuses sublimées par quelles belles complicités (The Patriotic Sunday,My Name Is Nobody, Fordamage, The HealthyBoy et Marcel Kanche, parolier pour -M-, RokiaTraoré ou Vanessa Paradis !), qui lui valent desrapprochements à quelques icônes légendaires, deBlondie à Nico en passant par Barbara.

Cédric Huchet

On pensait bien ne plus jamais voir de nouveauun disque de ROOM 204. Le duo nantais n’avaiten effet plus rien sorti depuis 4 ou 5 ans, même siquelques concerts disparates laissaient toujourscourir l’espoir. On se trompait. Room 2004 est deretour. Et sacrément énervé ! En moins d’un quartd’heure, Aymeric (guitares) et Pierre-Antoine (batterie) expédient ainsi huit titres math-punkultra-péchus comme si les Ramones reprenaientShellac ou Don Caballero. Et c’est peut-être d’ailleurs là où les Nantais sont les plus forts :réussir à tour dire en 1’30’’ quand trop souventd’autres se perdent en bavardages expérimen-taux. Brillamment produit par Jay Pellicci (batteurde 31 Knots, producteur de Deerhoof, Subtle…),ce “Balloons” s’imposera donc logiquement surtoutes les platines friandes de sons noisy.

Kalcha

Voilà une surprise commeon voudrait en entendre plussouvent : SNATCH ? est un

trio rock manceau qui délivrait en janvier dernierson premier opus intitulé “Musik's Cube”. Basse,batterie, guitare… Et pas de chants pour descompositions aux influences allant de Queen OfThe Stone Age à At The Drive In, en passant parRATM. Si les trois gars ne révolutionnent pas(encore) le genre, ils proposent 15 titres, dont aubas mot 4 à 5 tubes qui font de “Musik's Cube”une appétissante mise en bouche de ce dontSnatch ? est capable. À suivre de près.

Julien Martineau

StéphaneRamin

Session 04/07Vivier Prod 2010

Room 204BalloonsKythibong / La Baleine 2010

FaustineSeilman

Whispers and shoutsEffervescence / Differ-Ant 2010

Snatch ?Musik's cubeAP 2010

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Du groupe historique Squealer jusqu’au site Nantesmon amour, du fanzine les Hommes du Présidentjusqu’au Ferrailleur, l’effet catalyseur du Hellfestauprès d’une scène aux racines déjà anciennes,est indéniable. STRIKE DOWN est une nouvellepreuve de la qualité et de la diversité des groupesémergents de par chez nous. Le quatuor proposeun post-metal instrumental réellement abouti dontla pertinence doit autant à Isis qu’à Cult Of Luna.Des guitares tournantes à la Mastodon (intro deMitche), des entrelacs entre les riffs plombés et lessonorités shoegaze reverbérées et planantes(Mobydick, Né de la Mer), les morceaux, construitscomme des récits, parviennent réellement àembarquer l’auditeur dans des sortes de voyagesoniriques. On préféra toutefois ceux qui sont baséssur des montés progressives (les sept minutes de“Zalem”) que ceux qui enchaînent les breaks (“NileBlack”). Mais ce choix restesubjectif. Un très bon albumen tous les cas.

Gérôme Guibert

Pourquoi pleuvrait-il dansles poches du SYNDROMEDU CHAT ? On se pose franchement la question tant une belle énergie sedégage de cet album. Ces cinq matous nous déli-vrent une chanson française acidulée racontantles histoires simples du quotidien, une chansonfrançaise pleine de swing, où viennent se mêler àla voix, guitares, ukulélé, contrebasse, clarinette,accordéon et percussions. En écoutant ces treizechansons, on imagine aisément cette bande dejoyeux drilles, accoudés au comptoir, rencontrantdes personnages ordinaires extraordinaires, portant un toast à la vie, cette vie qu'ils mordentà pleine dent. Puis, petit à petit, sans qu'on s'enrende compte on se surprend à battre la mesureet on se dit qu'on resterait bien plus longtempsdans les poches, même pluvieuses, du Syndromedu Chat.

Chloé Nataf

Ce très beau vinyle est un écho discographique àl’installation audiovisuelle SURFACE LIBRE, réalisée en 2007 au Hangar à Bananes par le collectif HUB. Il s’agissait alors de mettre en sonsles Chantiers Navals nantais. Le quintet qui jouesur ce disque a donc fait tout un travail électro-acoustique pour évoquer l’ambiance particulièrequi règne dans les ports : cette sensationétrange qui mêle envie de départ, nostalgie etsolitude. On ne va pas vous mentir, ce n’est probablement pas le disque que vous écoutereztous les soirs en rentrant du boulot, à moinsd’être un irréductible du drone. Les collection-neurs de jolis picture-discs devraient quandmême y trouver leur compte. Et ceux qui aimentun fond musical pour accompagner leurs lecturesau goût d’Ailleurs également.

Kalcha

THE HEALTHY BOY tient àprivilégier la qualité sur laquantité. C’est ce qu’on est

en droit de penser quand on voit le rythme parci-monieux de ses sorties. Après deux courtsalbums (en 2005 et 2008), le Nantais revientaujourd’hui avec un simple maxi 4-titres. Et c’estbien le seul reproche qu’on peut faire à ce disque.La voix éraillée de Benjamin Nerot traîne ici soncafard au milieu d’arrangements lumineux tisséspar les musiciens de Zëro (ex-Bästards), qu’ontrouve presque plus à leur aise dans cet exercicede cabaret déglingué que dans leur propre musique indus-hop-noisy. Au risque de paraîtretrop enthousiaste, on rangera pourtant ce“Tonnerre Vendanges” aux côtés des plus beauxalbums de Tom Waits, Johnny Cash ou LeonardCohen. Chef-d’œuvre absolu donc. Courrezl’acheter !

Kalcha

Strike Down Strike Down

AP 2010

Surface libreSurface LibreHub / Volume Collectif 2010

Syndrome duchat

La pluie dans les pochesAP 2010

The Healthy BoyTonnerre VendangesKythibong / La Baleine 2010

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Coup de griffe !

Infoshttp://ufisc.org/

http://yalefeuaurideau.blogspot.com/

Le 29 mars et le 6 mai, les acteurs de la Culture se sont mobilisés pour alerter l’opinion publique et les citoyens sur le danger des réformes de l’État, pour la diversité culturelle et la place de la culture dans notre société. En cause, la Réforme Générale des Politiques Publiques (RGPP) et la réforme des collectivités territoriales en débat au Sénat et à l’Assemblée Nationale.

L’inquiétude est grande : les collectivités annoncent des jours sombres, suite à la suppression de la taxeprofessionnelle et à une augmentation de leurs charges liées à des transferts de compétence engagéspar l’État (RSA pour les départements, les personnels des lycées pour les régions…), mais sans lesmoyens qui vont avec. Ces collectivités sont donc face à des incertitudes budgétaires inextricables quiles conduisent à redéfinir leurs modalités d’intervention, notamment en direction des acteurs associatifset culturels. Si des élus de sensibilités différentes se mobilisent, c’est que le risque de voir disparaître lesmarges de manœuvre des différentes collectivités est réel. En effet, les réformes les mettent dans unedépendance directe de l’État puisqu’elles perdraient la responsabilité de prélever l’impôt et donc deconstruire les recettes de leur budget. Le financement étant uniquement lié à des dotations de l’État.

Nous sommes tous concernés et cet article se veut un appel à la mobilisation.

Les collectivités (communes, régions, départements) représentent environ 70% du financement public dela Culture. Il faut savoir que l’État se désengage progressivement de certains domaines d’intervention enmatière culturelle, à l’exemple des budgets “Transmission des savoirs et démocratisation de la culture”qui voient leurs dotations se détruire régulièrement. La vie associative et la richesse des initiatives portées par les acteurs sont les premiers menacés (dans la culture, le sport, l’insertion, le social…).Une réflexion s’impose : quel positionnement et quelle utilité donnons-nous à la Culture ? On ne peut serésigner à la voir considérée comme une marchandise qui relève d’une offre et d’une demande, et à quil’on confère un simple rôle de divertissement. On ne peut laisser les grands marchés s’imposer (LiveNation) et imposer une culture mondialisée. Les professionnels de la Culture se mobilisent en Pays de la Loire. Une intersyndicale est née pour porter un autre discours et une alternative. Au niveau national, des organisations réclament une loid’orientation permettant un véritable débat et un cadre pour la prise en compte de la culture. Jean-MichelLucas1 demande : “le respect de la Déclaration universelle de l’Unesco (dont la France est signataire) estimant que la loi de décentralisation devrait bien s’en inspirer.” Il estime qu’il y a urgence à défendre unevraie diversité culturelle et qu’il faut travailler avec les collectivités à la mise en œuvre de schémas visantà construire le “Vivre ensemble dans la diversité des dignités culturelles des personnes”. Dans ce cadre,c’est aux collectivités, aux acteurs mais aussi aux citoyens de construire des projets partagés de territoire. Nous sommes donc tous concernés !

1 Décentralisation et compétences culturelles des collectivités : Faux et vrais débats de J.M. Lucas et Doc Kasimir Bisou www.irma.asso.fr

PAR VINCENT PRIOU, DIRECTEUR DE TREMPOLINO

PHOTO : DR

Y A LE FEU AU RIDEAU ! Prochaine mobilisation Art et Culture le 15 juin.

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Laurent, aka El Baron, bassiste de Kilø

Playlists

IDEM, The Sixth Aspiration Museum Overview, Jarring Effects 2008 (rock electro)“Différentes raisons me poussent à aller vers ce choix. La qualité musicale du disque !

L'intégrité du groupe ! La persévérance du groupe ! Et l'humanité de ce crew... Ils récoltent aujourd'hui les fruits de cette dernière décennie consacrée à leur passion… Chapeau !”

David, guitariste et claviériste de Smooth, responsable de Do You Like

THE CHINESE STARS, Heaven on speed dial, Anchor brain 2009 (rock)“Pour le sex, la drug and la disconoise.”

DEERHOOF, Offend maggie, Kill rock stars 2008 (rock)“Pour le talent, le génie et l'efficacité.”

SIEUR ET DAME, Terrorifiés, autoproduit 2009 (inclassable)“Pour le burlesque et la sensibilité.”

Aymeric et Anthony, co-responsables de Kythibong

BEACH HOUSE, Teen Dream, Bella Union records 2010 (pop rock)“Mon coup de foudre après l'avoir vu à Saint-Malo cet hiver. C'est mélancolique à mort

mais ce que c'est beau ! Des anges passent…”

THE DOORS, L.A Woman, EMI 1972 (rock)“J'avais 12 ans et ça a été pour moi LA révélation musicale. Je n'ai plus jamais déscotché desDoors depuis. Lorsque l'on sait les conditions ‘bricolées’ dans lesquelles a été enregistré cet albumet toute la spontanéité qu'il a nécessitée, on peut véritablement parler de ‘magie’ et de talent.”

SOULWAX, Part of the Weekend never dies, PIAS 2008 (electro rock)“Ce disque me guide aujourd'hui dans une forme de poésie que peut suggérer la musique dite ‘électronique’. La maîtrise des énergies, le concept global et la dimension humble (hors music business) de ce projet en font, pour moi, au même titre que LCD Soundsystem des valeurs essentielles de l'éthique musicale.”

FRENCH COWBOY, tous les albums (rock pop)“Ce groupe a fortement influencé la composition de certains titres du dernier album de Smooth.Notamment dans l'approche folk/pop de certaines mélodies. Nous voulions que nos titres soientinterprétables à la guitare et au chant, sans artifices... Ça me fait plaisir d'être fan de mecs vivants,ça me change un peu ! ”

LOUDERBACH, Enemy love, Underl-ne Records 2006 (techno gothique)“En rotation tous les mois. C'est Le meilleur album que je connaisse de minimale dark avec

Troy Pierce en compo et en prod.”