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Théophilyon

RevuedesFacultésdeThéologieetdePhilosophiedel’UniversitéCatholiquedeLyon

TomeXVII-N°1-avril2012

Rédactriceenchef:IsabelleChareireRédacteursadjoints:ÉricMangin,PascalMarin

ComitéscientifiquePhilippeAbadie–IsabelleChareire–Jean-François

ChironJacquesDescreux–EmmanuelGabellieri–Pierre

Gire–ÉricManginPascalMarin–DanielMoulinet

TraductionJean&JeanDurin(anglais)MartinKuolt(allemand)

SecrétariatderédactionDominiqueVernet

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CetterevueestindexéedansATLAReligionDatabase,unebasededonnéesdel’AmericanTheologicalLibraryAssociation,300

S.WalkerDr.,Suite2100,Chicago,II,60606,USA,email/[email protected]//www.atla.com

25,rueduPlat-69288Lyoncedex0204.72.32.50.23.

Site:www.theologielyon.org

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Dieu », UAT 1, p. 111-122, avec cette belle conclusion :«Énigme,artifice,industrie,laSagesseestledétourqueprendlaconnaissanceduDieuUn,maisiln’yapasd’autrecheminetilmèneauterme»).11 Propos rapportés par M. Fédou dans « Le christianismecomme“greffe”.Larelationdel’unetl’autreTestament,clefdelecturepourlerapportaveclescultureset lesreligions»,dansL’unité de l’un et l’autre Testament dans l’œuvre de PaulBeauchamp,op.cit.,p.159-178(icip.159).12 Création et Séparation. Étude exégétique du chapitrepremier de la Genèse (Bibliothèque de Sciences religieuses),Paris,AubierMontaigne,Cerf,DescléeDeBrouwer/Lausanne,DelachauxetNiestlé,1969.13 R. Barthes, P. Beauchamp, H. Bouillard, J. Courtès, E.Haulotte, X. Léon-Dufour, L. Marin, P. Ricœur, A. Vergote,Exégèseetherméneutique(ParoledeDieu),Paris,Seuil,1971.14 À cette veine je relie toutes les études de P. Beauchampreprises dansLeRécit, la Lettre et leCorps, Essais bibliques(CogitatioFidei;114),Paris,Cerf,1982,suivien1992d’une2eéditionaugmentéed’unepréfaceetdenouveauxtroischapitres.Ce travail sur les « figures » chez Beauchamp est repris dansdeuxconférencesduColloquedeParis(voirnote1),d’abordparFr.Marty(p.57-70),puisparChr.Théobald(p.141-157).15 De là découleront plus tardivement les travaux de P.Beauchampautourdelaviolence,deLaviolencedanslaBible(en collaboration avec D. Vasse),Cahiers Évangile 76, Paris,Cerf,1991à«LaviolencedanslaBible»,Études390,1999,p.483-496. Il n’est pas inintéressant de rappeler que cetteréflexion de l’auteur s’origine dans sa lecture du récit decréation : « Création et fondation de la Loi :Gn 1,29ss », in

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Acfeb, La Création dans la Bible et l’Ancien Orient (LectioDivina ; 127), Paris, Cerf, p. 139-182, 1986, et je renvoie àl’article d’A. Wénin, « De la douceur première à la douceurconquisesurlamort.Violence,loietjusticedanslesécritsdeP.Beauchamp»(voirinfrap.23-40).16UATI,p.162.Beauchampconsacreàladeutérosel’ensembledesp.150à163.17UATI,p.150.Cetteinsistancenotammentsurl’unitédulivred’Isaïe en sa forme finale, par delà l’étude historique quidistingueaumoinstroisprophètes(ch.1-39;40-55;56-66)estparailleursunedescaractéristiquesdel’exégèseactuelle;voirH.G.M.Williamson,TheBookCalled Isaiah.Deutero-Isaiah’sRoleinCompositionandRedaction,Oxford,ClarendonPress,1994 ;ouJ.Vermeylen,« Isaïe levision-naire.Lamontéeversl’accomplissementdel’ordredumondedanslelivred’Isaïe»,inAcfeb, Les prophètes de la Bible et la fin des temps. XXIIIecongrèsde l’Association catholique françaisepour l’étudedelaBible (Lille, 24-47août2009), (Lectio divina ; 240), Paris,Cerf,2010,p.17-71.18UATI,p.152-153.19D’une montagne à l’autre. La Loi de Dieu, Paris, Seuil,1999.Jerenvoieiciàl’étudedeC.Focant,«D’unemontagneàl’autre».L’accomplissementde la loi etdesprophètesdans lesermon sur la montagne », dans L’unité de l’un et l’autreTestament dans l’œuvre de Paul Beauchamp, op. cit., p. 119-140.20VoirP.Beauchamp,«Propositionssurl’Alliancedel’AncienTestament comme structure centrale », Recherches de ScienceReligieuse58,1970,p.161-194.21Et ce alorsmêmeque la théologie biblique entrait en crise,

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réduitesouventàunesimplerelecturedestraditionshistoriquesd’Israël comme dans le premier tome de La théologie del’AncienTestamentdeG.vonRad(paruàMunichen1957).22 P.Beauchamp, « Théologie biblique », dans Initiation à lapratique de la théologie (sous la direction de B. Lauret et F.Refoulé), tome1:Introduction,Paris,Cerf,1982,p.185-232.L’extraitquisuitvientdesp.217-218.23RappelonsqueVonRadconsacreàcettequestionlatroisièmepartiedu second tomede saThéologiede l’AncienTestament,consacré aux traditions prophétiques (les p. 284-368 del’éditionfrançaiseparueen1967chezLaboretFides).24«Théologiebiblique»,p.219(G.vonRadévoqueplutôtun«principederéinterprétationcharismatique»).Àcetégard,onpeutqualifierdeprolongementàcetteconceptualisationl’essaideB. Pinçon,Dunouveau dans l’ancien. Essai sur la notiond’alliance nouvelle dans le livre de Jérémie et dans quelquesrelecturesaucoursdel’Exil,Lyon,Profac,2000.25«Théologiebiblique»,p.221.26UATI,p.200.27UATI(idem).RappelonsqueBeauchampluiaconsacréuneétude particulière : « Le genre littéraire apocalyptique », dansL’apocalyptique (session septembre1990),Paris,Médiasèvres,1991,p.31-52[reprisdansConférences.Uneexégèsebiblique,op.cit.,p.49-70].Commentd’ailleursaurait-ilpupasseràcôtéd’une littérature qui, elle-même, est unificatrice en ce sensqu’elle emprunte autant à laprophétiequ’à la sagesse ; sur cepoint : Yves Simoens, « L’unité de l’un et l’autre TestamentselonPaulBeauchamp»,(art.cit.),p.19-24.28«AccomplirlesÉcritures.Unchemindethéologiebiblique»,

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scandaliser ». Cette « condescendance » est cette étrangepédagogie, déjà mise en lumière par Irénée de Lyon, selonlaquelleDieu,afind’accoutumerl’hommeàlui,«fréquenteleschemins imparfaits de l’homme, et même ceux de l’hommedéchu », descendant ainsi avec lui, mais « pour le fairemonter»42.C’est que, si la paix et la douceur sont audépart,ellessontaussil’horizonfinalverslequelDieuesttendu,etlesjustesaveclui,commeleproclamelafindurécitbibliquedansl’Apocalypse.Àcôtédelafinannoncéedesguerresetdesarmes(Is 2,4 et Jl 4,10), il est en effet question de guérison de laviolencepour que se réalise le projet de création tel queDieul’avait imaginé : alliance entreDieu et les animaux quimettrafin à la guerre (Os 2,20), venue d’un messie pacifique quimaîtrisera avec la douceur de sa parole des bêtes devenuesvégétariennes (Is 11,1-9), à l’instar du roi pasteur débonnaireannoncéparEz34,23-31et Jr23,4,ouencoredu roi«montésur un âne, le petit d’une ânesse » qui, selon Za 9,9-10 ferarégnerlapaixpourlesnations.

5.Jésusetlaloi

Impossible de visiter l’exégèse de Beauchamp sans êtrecontraint, à un moment ou l’autre de passer de l’un à l’autreTestament.Dureste,àcepointdelaréflexion,ilestdifficiledene pas voir que c’est à propos de Jésus, le « Serviteur », le«Juste»rejeté,le«Princedelavie»misàmort(Ac3,13-15)que leNouveau Testament prolonge ce que le Premiermet enplace concernant la violence. Elle le fait au moins de deuxmanières:à traverslaparoledeJésus,enparticulierdecequeBeauchampnommesa« loi»,età travers l’aventuresingulière

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deceluiqui,broyépar laviolencedelahaine, l’aconvertieenviolencedel’amour43.

Dansleslimitesdecetarticle,ilestdifficiled’êtreexhaustifsurcequeBeauchampditdelaloideJésusàpartirduNouveauTestament.IlfaudraitallerrelireeneffetunbonquartdeLaloide Dieu (p. 113-190). Je prends donc pour guide le dernierarticleendatequ’ilapubliésurlesujet:«LaviolencedanslaBible»(1999)44.DansleSermonsur laMontagne(Mt5-7),àproposdeviolence,leJésusdeMatthieus’appuiesurlaloidutalion dont la première formulation se lit dans les paroles deDieuàNoéaprèsledéluge:«Quirépandlesangdel’humain,pour l’humainsonsangserarépandu»(Gn9,6).Avec le«œilpourœil,dentpourdent»(Mt5,38,voirEx21,24),ceprécepteaencommundeproposeruncompromisqui,toutenautorisantune violence, a pour but de la limiter en faisant échec à lavengeance par un principe d’équivalence entre tort subi par lavictime et tort infligé par le juge. Limitant la violence, il lanourrit enmême temps. En cela, « le talion signifie justementuneétapesur(un)chemin,lequeladeuxextrémités.D’uncôtéla vengeance, de l’autre, l’amour du prochain »45 ; mais demêmequ’ilendiguelapremière,ilrisqued’entraverlesecond.

Dèslors,enresteràlaloinesuffitpas.C’estcequesuggèrela suite du texte évangélique où Jésus propose une justice enexcès(Mt5,39-42),commes’ilvoulaitfaireprendreconsciencedufaitqueceluiquinedépassepaslaloiverslemieux,danslesensdel’amourduprochain,s’exposeàrégresserverslepire46.Et impossible d’« échapper à l’attraction du pire autrementqu’en se soumettant à celle du meilleur, du meilleur sanslimite», le refusdes’opposerauméchantetmême l’amourde

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l’ennemi47.Lechoixestdoncbien«entredescendreau-dessousdesesexigences[delaloi]oumonterplushautqu’elles».Maissil’onenvisageleschosesàpartirdeleurtermecommelefaitlafinale du Sermon (Mt 7,24-27), il s’agit en réalité de choisird’allerversl’autodestructionoudes’éleververslavie48.Tantilest vrai que ce Sermon décrit « ce que nous devons vivreensembleettousensemble,souspeinedepérirensemble»49.

Cette manière aussi forte qu’originale de parler de la loirecèle une critique radicale de celle-ci. Car elle indique quel’humain ne peut s’en tenir à la pratique de la loi sans verserdans l’injustice.Qui s’enfermedans sa lettre pour circonscrireson devoir et pouvoir se justifier une fois les préceptesaccomplis,vasanslesavoirversplusdeviolence(l’exempledespharisiens dans les évangiles est frappant à cet égard). C’estpourquoiJésusneproposepasuneautreloi–bienqu’iltraceunchemin exigeant devant celui qui veut être son disciple. Ilpréfère appeler son interlocuteur à la liberté en parlant parimages.Etiln’évitepasleshyperbolesquidisentmieuxl’excèsnon représentable qui est le fait de l’amour, et propulsentl’imaginationversuneautrejusticequiconvertit laviolenceenforcedevie.Delasorte,«lestyledespréceptesdeJésusapoureffetd’empêcherlesujetdelaloid’inscriresonobservancedansl’image de lui-même qu’il projetterait » en se basant sur cetteloi50.Carlatentationpropreàlaloi«n’estpasseulementdelatransgresser, mais de s’enfermer dans sa lettre, s’étant mis enrègleavecelle»,unjeuqueJésusdémasqueparceque,souslesapparences de la justice, il éloigne en réalité de l’amour51.N’est-cepascequemontre laperversionconsistantàenfermerdans sa lettre lepréceptedu sabbataupointque, ce jour-là, ilserait interdit de faire le bien endonnant la vie à celui que la

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d’unesource,etsacontinuité»15.Commeun«poumon»elleassurecettenécessitécommuneàtoutexistant,etdoncàIsraël,derespirer«l’aircommun»del’espacequ’iloccupe.

En Canaan, terre de la promesse, Israël vit au milieu despeuplesetnonàcôtéd’eux.S’ilsedonneunroi,cettefonctionétantdanslalittératuresapientiellesupportmêmedelaSagesse,c’est bien pour vouloir être comme les autres nations et êtrereconnu comme tel. Mais cette reconnaissance ne devient paspour Israël une tentative d’annexion des autres peuples à saproprecroyance16.

Si,par laSagesse, Israël rencontre l’universel,cen’estpasauprixdecequifaitsaparticularité.Àl’inversemême,c’estàpartirdesaparticularitéqu’ilareconnucequiétaitcommunauxautres nations. Car, écrit Beauchamp : « Pour honorerl’universel, il faut seconnaîtreSoimême.C’est laprécisiondecepartagequimaintientlesécritssapientielsdansleurdomaineuniversel, c’està-dire dans le domaine où l’universel est leurparticularité,leurlimite.»17

Opérant cette rencontre du particulier et de l’universel, laSagesse se donne, au cœur de l’existence et de l’histoire d’unpeuple, comme mouvement d’unité. Mais en quels termes cemouvementest-ilmesurable?

LaSagesse:énigmedesénigmes

Parler de la Sagesse en termes d’hypostase, d’existant oud’entité subsistante, ce à quoi prête le texte de Pr 8,22-31,pourraitinduireàenrefixerlecontenudanslestermesqu’onluiassigne.Or,selonBeauchamp, iln’enestnullementainsipourla Sagesse biblique : si elle se donne un lieu, c’est-à-dire

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l’existence,lemonde,ellenes’yidentifiepas.C’est en cela aussi que la Sagesse diffère de l’idole, et le

sage de l’insensé. L’idole fige et immobilise en elle-même lerésultatdel’actionhumaine;laSagesse,aucœurdecettemêmeactivité,renvoietoujoursàcequilaprécède.

Alors,qu’est-cequelaSagesse?Sonénigmeestjustementdesedonnerelle-mêmecommeénigme:

«Iln’yapasdecheminverslaSagesse,parcequetousseschemins sont en elle, et c’est pourquoi l’on dit :‘Commencement de la Sagesse : acquiers la Sagesse’ (Pr 4,7).Ainsi la Sagesse, au commencement comme à la fin, esténigme.»18

Une telle affirmation place l’homme en quête de sagessedevant sa propre impuissance à en saisir le principe. Mais,continue Beauchamp avec sa manière propre d’atteindre et desouligner le paradoxe d’une proposition, cette impuissance estcelledupuissant«carcequines’achètepasparunmoyen,sedonneàceluiquidemande»19.

Ainsi,dansleLivredesProverbes,commedansBenSiraetlaSagessedeSalomon,ils’agitdeprierpourobtenirlaSagesse.Cetteprièren’estjamaisadresséeàlaSagesseelle-même,maisàDieu : « prévenance », don, est toujours reçue et toujoursrenvoieàsonoriginedivine.

La question demeure : qu’est-ce que la Sagesse ? PourBeauchamp, celui qui questionne est à son tour questionné.Cependant,pourentendreetaccueillircetteproposition,ilfautadmettreque laBibleelle-même témoigned’un«non-savoir»par rapport à la Sagesse. Ce qui n’est pas pris en comptelorsqu’on secontentededirecequ’ellenepeutpasêtre20, ouquandonveutsaisirlecontenudelaSagessesanspasserparledétour (que l’auteur lui-même nous a fait prendre !) de la

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formationdesafigure.Cela conduit à poser la « question des questions » que la

Biblesoulève,cellede laconnaissancedeDieuqui s’y révèle.Or,laconnaissancequelaBiblenousfournitdeDieu,n’estpasdel’ordredequelquesvéritésabstraites,maisdesfaitsàtraverslesquelsDieusefaitconnaître.LeDieuun,telqu’ilestconfessédans son essence, semanifeste tant dans la création que dansl’histoire,pardessignesmultiples.

Unité deDieu etmultiplicité dumonde : comment penserl’uneet l’autre?Ce«quirévèledoitpardéfinitionmontrer lanaturedecequiestrévélé,et il fautdoncquelamanifestationfasseconnaîtreenelle-mêmesapropreunité,pourqu’ellefasseconnaître l’unité deDieu.LaSagesse est cette unité de touteslesmanifestationsdivines»21.VenantdeDieuetyramenant,laSagessejouecerôledemédiationentreDieuetlemonde,Dieuetleshommes.

LaSagesse,énigmedesénigmes,est«ledétourqueprendlaconnaissanceduDieuun»,mais,ajoutel’auteur,«iln’yapasd’autrecheminetilmèneauterme»22.

SuivrelaSagesse:del’expérienceàl’expérience

Une préoccupation traverse et domine ces pages deBeauchamp concernant la Sagesse : maintenir le rapport quirelie la Sagesse à tout ce qui est du domaine de la vie, del’existence, et l’arracher ainsi à toute tentative de réduction àune dimension purement spéculative, dimension qui, de plus,serait chargée d’une connotation péjorative. Ce qui se vérified’abordauniveaududiredelaSagesse,sevérifieaussidanslamanièredontellesedit.

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C’estcetitinéraireentroisétapesquenousnousproposonsdeparcouriravecPaulBeauchamp.

Lacréationproche:lepriant,lecorpsetlaloi

LaprièreducœurestlaprièreducorpsTouteprièreestenrapportaveclacréation,neserait-ceque

parcequeceluiquiprielefaitavectoutsoncorps.LepsalmistequiparleàDieus’exprimeavecsabouche,sesyeux,sesmains,soncœur…Cequis’éprouveauplusintimedel’êtreseditparle plus sensible, le plus corporel. PNJ met en exergue cespassages bibliques où le dedans appelle le dehors, etréciproquement. Déjà, dans la 2e partie du livre intituléeSupplication2, ont été énoncés quelques-uns de ces versets dupsautier quimettent en scène le corps dans tous ses états : lafièvrequienvahit lepriant, ladouleurqui lui ronge lesos, lesforcesphysiquesquidéclinentprogressivementaupointqu’unemortprochaineestannoncée.Pourlepsalmiste,lamaladieestlesymptômed’unmalplusgrand, plusprofond.Atteint à la foisdanssoncorpsetdanssoncœur,lemaladeestcemalheureuxàqui l’on en veut personnellement. En lui, l’intérieur etl’extérieur s’affrontent : soncorpssouffrantestaussiuncorpscriant.Maisuntelcriditqu’ilesttoutsaufrésigné.Cecorpsdesouffrance devient ce point de création si souvent aux prisesavecdes adversaires, si bienque le priant se défend– à corpsperdu,dirons-nous–enhurlantàlavieauprèsdeDieuetdesescontemporains. Ce cri du cœur, expression d’un corps-à-corpspour la vie, témoigne d’une expérience humaine à la fois desplussingulièresetdesplusuniversalisables.

Cette dialectique de l’un et de tous, chère à Paul

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Beauchamp3, la prière des psaumes la décline de bien desmanières. Elle le fait, de proche en proche, dans un contexteplusvastequel’environnementimmédiatdupsalmiste.L’espacevital du priant est la création tout entière, admirée de haut enbas.L’humainsetiententrelesastresetlesanimaux:ilestsouslesétoilesmaisau-dessusdesbêtes.PaulBeauchamp, fidèleàsonartdefairerésonnerlesharmoniquesbibliques,lit(lie!)lechantduPs8aveclepremierrécitdecréationdanslaGenèse4.L’homme, si négligeable soit-il à l’échelle au cosmos, estpourtantcetêtre«couronnédegloireetd’honneur»parCeluiquil’acrééàsonimageetàsaressemblance.Ainsidominédehaut par les astres, il reçoit à son tour lamission de dominertoutcequis’y trouveenbas (Gn1,26),àsespieds (Ps8,7).Assignéavecsagesseàcetteplacemédiane, iln’estnidieu,nibête,bienquerelevantetdel’unetdel’autreàlafois.Iln’estpasDieu,maisseulementàsonimageetàsaressemblance.Ladifférence avec le reste du monde vivant repose donc sur unrapportàl’image.Seulel’empreintedivine,quin’estpaslaplusvisibleàobserver, ledistinguedumondeanimalavec lequel ilreçoitenpartagel’appelàsemultiplieretàremplirlaterre(Gn1, 28). Cette position dominante sur les créatures est un don,unevocation.Ellen’ariend’undroitacquis.L’animalité,tapieàsa porte, est toujours prête à se réveiller pour ternir en luil’imagedivine.C’estcette«créationproche»,entreledivinetl’animal,quelepriantestappeléàhumaniserenconvertissantsaviolence en une douceur qui, aux antipodes de la lâcheté, estplusfortequelaforce,celle-làmêmequisortdelabouchedesenfants(Ps8,3).

CréationetséparationDansPNJ,PaulBeauchampreprendundesthèmesmajeurs

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de sa théologie biblique : la création par séparation5. Aucommencement,estlaParole.ElleprendformedeloiposéeparDieu pour sortir de la confusion originelle et faire œuvre decréation:entrelejouretlanuit,l’animaletl’humain,l’Unetlemultiple. Dans les premiers versets du livre de la Genèse, siDieuparle,c’estparcequ’unnarrateurlefaitparler.EnGn1,lacréation fait parler le Créateur, et le Créateur s’adresse à sacréature. Il crée l’homme à son image, c’est-à-dire comme unêtre parlant,mais ce dernier ne parle pas encore. EnGn 2, lapremièreparoledivineénonceuneloi,uncommandementpositifpuis négatif : « Tu peuxmanger de tous les arbres du jardin.Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu nemangeras pas, car, le jour où tu en mangeras, tu deviendraspassible de mort. » (v. 16). Et lorsque l’homme parle pour lapremière fois, c’estpour s’extasierdevant sa femmeetpour lanommer:«Pourlecoup,c’estl’osdemesosetlachairdemachair ! Celle-ci sera appelée « femme », car elle fut tirée del’hommecelleci!»(v.23).

Si la création originelle est un acte de parole et pour laparole,tous,danslalittératurepsalmique,neparlentpas,entoutcaspasenmêmetemps!DanslePs19,Dieuneparlepas.Cesontlescieuxquis’expriment,euxqui«proclamentlagloiredeDieu»(v.2).Puis,lesmotsserépondent,commeenécho,d’unboutàl’autredelacréation:descieuxaufirmament,dujouraujourpuisdelanuitàlanuit.Pourquoiuntelvacarme?N’est-cepasbeaucoupdebruitpourrien?Faceàceflotdeparoles,unseul message reste audible, porteur de sens et de nouveauté,celuiquivientduDieuUn:«pasdeparoledanscerécit,pasdevoixquis’entende;maissurtoutelaterreenparaîtlemessage,lanouvelle,aux limitesdumonde»(v.4-5). Ilyapluralitéderécitsdanslacréationcommeilyapluralitéderécitsbibliques

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BertrandPinçonFacultédeThéologie

UniversitéCatholiquedeLyon,UniversitédeLyon

1Psaumesnuit et jour, Paris, Seuil, 1980, [désormaisPNJ] p.155.2Ibid.p.45-81.3Enparticulier,Parlerd’Écrituressaintes,Paris,Seuil,1987,p.105-115.4VoirII,L’unet l’autreTestament,Paris,Seuil,1990,p.121-129.5Créationetséparation,Paris,DDB,1969.6PES,p.106.7PNJ,p.187.8Ibid.,p.188.9Ibid.,p.189.10Ibid.,p.193.11Ibid.,p.191.12Ibid.,p.195.13Ibid.,p.76-81.14Ibid.,p.76.15Ibid.,p.79.16Ibid.,p.209.17Ibid.,p.211.18VoirCS.19PNJ,p.215.

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20UATII,p.421.

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PascalMarin

PaulBeauchampphilosopheoul’Universelàl’écoledelaBible

Paul Ricœur tenait que dans un effort pour « penser laBible»lephilosophedoitsetournerversl’exégèse,plutôtqueverslathéologie.Etpourquoidoncl’exégèsedepréférenceàlathéologie?«L’exégèse»,disait-il«al’avantagederesteraurasde la représentation et de livrer le procès même de lareprésentation, sa constitution progressive »1. Quant à lathéologie, précisait-il, elle est « un discoursmixte, composite,oùlaspéculationphilosophiqueestdéjàinextricablementmêléeàcequimérited’êtreappelépenséebiblique»2.Maisdans lapréfacequ’iladonnéeaurecueild’articlesdePaulBeauchamp,paru peu de temps après lamort de l’éminent bibliste sous letitreduTestamentbiblique,ilsaluaitensapersonneunhommequiaétésaisi,comme lui-mêmeRicœur l’aété,par lapassiondu«penserlaBible»,saisiplusqueluisansdoute,commeunexégètepeutl’êtredavantagequ’unsimple«lecteuramateur»:

«Jesuisheureux,enécrivantceslignes,derendrehommageà un explorateur de la Bible qui s’est employé en tantqu’exégèteprofessionnel,commemoijem’ysuisessayéentantque lecteur amateur, à “penser la Bible”. C’est dans cettepassion que nous nous sommes rencontrés : nous avons étéguidés par la convictionque les écrivains duLivre eux-mêmes“pensent”enunautresensquelesGrecs(…)»3

Oui,lesécrivainsbibliquespensentenunautresensqueles

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langues?»33Lacroixestlafiguresommitaledanslasériedesrencontres

bibliquesdel’universeletdelaviolence.Maissouslesfigures,il y a l’histoire, l’expérience historique du peuple d’Israël. Lapassion du Christ, l’épreuve qui suscite la supplication dupsalmiste,l’Exil…C’estdoncsurfonddesouffranceetdemortque se lève le désir de l’Un dans la forme biblique du « pourtous».D’unepart,l’horizondelamortpersonnellen’est-ilpasseulenpuissancededonneràuneparolesonunicité?«Lamiseenévidencedelamortetlamiseenévidencedel’unicitédelapersonne (…) sont indissociablement liées »34. D’autre part,seule la mort aussi, à être envisagée dans la dimension d’uneparole,d’uneprière,peutvoueràl’absurdetouteslesstratégiesde vengeance, qui ajoutent la violence à la violence : « C’estavanttoutsurl’horizondelamortquesemanifestentàlafoisceque la condition du psalmiste a d’universel et la détresse quilégitimesoncri.Souviens-toi,dit-ilàDieu,“pourquelnéanttuas créé chacun des hommes” »35. Cri de détresse, ensemble,dérélictionetcompassion.

Etvoilàlethèmedelacréationquifaitretourici,nonplusce-pendantenrapportaucosmos,maisdésormaisenvis-à-visdela mort. Si la philosophie stricto sensu ne peut se saisir duthème de la création qu’en rapport avec lemonde –monde etcréation,natureetcréation,cosmosetcréation–,laphilosophiedubibliqueposelaquestionautrement:mortetcréation,mortet nouvelle création, mort et résurrection. À quoi tient cetteévictionducosmosparlasouffranceetparlamort?Iltientausurgissementdel’histoire,iltientjustementàlaviolenced’uneexpérience historique, qui enténèbre le cosmos et interdit decroire en la réalité d’une communion des êtres naturels dans

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l’amitiéet l’espritdejustice,selonlamagnifiquedéfinitionducosmos par leGorgias36. La violence de l’histoire coupe à laracine la foi cosmologique, ou plutôt la croyance naïve en labontéducosmos.PaulBeauchamprelèveainsiunlienmatriciel,quoiqueparadoxal,entre l’expériencede lamortdans l’Exiletlafoibibliqueenlacréation:

«Lemomentdelafinoudelamortvaimprimersamarquesur l’anamnèse de la naissance (…) Ce qui s’effondre est un«cosmos»,c’est-à-dire,ausenspropreetantiqueduterme,unordre,l’habitabilitéd’unespace-temps.Aussilacréationest-ellecélébrée comme la position de repères fiables (…) Dans lasupplicationselèvelecriversleDieuquiajustalesastres,fixaleslimites,«créalenordetlemidi».Maisonvoitbienquececriestpoussédepuislechavirementdelacité,lieudesrepères.Lieu d’assemblées, postes, « signes » : le centre est saccagé.Plusquecela,lafinétantvécuecommeunedéfaite,lacréationsera représentée (…)commelapremièrede toutes lesvictoiressur les forces hostiles, celles du chaos (…). L’abîme étantuniversel,desaprofondeur lavisionde l’ordreuniversel jailliten force. Qu’elle ait été conçue longtemps avant, dans desretraites paisibles, c’est possible.Mais la production littéraired’Israëlmontre que la pensée de la création ne s’est déployéecomme un bien collectif et avec toutes ses conséquencesqu’autourdescirconstancesdel’Exil»37.

Universeloccidental–universelbiblique

La violence, qui dans le champ de l’expérience historiquedeshommesetdesfemmesdelatraditionbiblique,provoquele

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désir d’une justice par-delà agresseurs et agressés, violents etviolentés, Babylone et les déportés d’Israël, est une violencesubie.Mais il estunautre rapportde l’universelà laviolence,lorsquelesculturessontoppriméesaunomd’unecertaineidéedel’homme,leurarrivantdel’extérieur:«Notreattentionaétéportéesurlafindescultures,surlesviolencesqu’ellessubissentetsurcequileurestinfligédudehorsaunomdel’universeloududedansaunomd’elles-mêmes»38.La

violencesubieparuneculturedepuislededansestcelledesafermeture,lorsqu’elleseconçoitcommeletoutdel’humain,prison où se consument ensemble la vie de cette culture et ledésir de l’Un. La violence subie du dehors l’est au nom d’ununiverseloccidental,tombétoutdroitducieldelaraison,arméde sa scientificité, équipé de son idée d’humanité, complète,biendéfinie,quiprétends’imposerà touscommeuneloi,sansen passer par les longs cheminements narratifs, lesfranchissements singuliers de frontière. Le travail de PaulBeauchamp peut apporter ici sa pierre à la critique del’universalisme occidental, telle qu’elle se développeaujourd’hui dans le débat philosophique. Beauchamp noussemblepouvoiry rejoindre lesconceptionsdeFrançois JulliendansDel’universel,del’uniforme,ducommunetdudialogueentre les cultures39. Jullien y récuse l’universel plein,positivementdéfiniàtitred’essencedel’homme.Ils’attacheaufil d’un parcours historique à une déconstruction de l’idéed’humanité, que l’universel promeut, enmontrant que ce blocd’idéalestenfaitcomplexe,composite,formédecesstratesquesont la science et le concept, puis la citoyenneté romaine, etenfin le salut chrétien. Défaisant ce composite, notons, envenant de Beauchamp, que Jullien transforme ainsi une idéed’humanité, censée venir tout droit du ciel de la raison

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l’Incarnation,l’inscriptiondel’alliancedansl’histoiresefaitdeplusenplusforteet,corollairement,alorsquelaSagesseestunecristallisation d’ordre créationnel, l’Esprit, par son caractèreincréé,signifielaplushautetranscendance.Lepassagedel’unàl’autre Testament, c’est celui de la dyade de l’Un et de laSagesseàlatriade:parladécisiondeDieudes’incarnerdanslafaiblesseetlasingularitédel’enfantdelamangeoire,laSagesseest fendue en une nouvelle dyade, le Verbe et l’Esprit.Beauchamp traiteduVerbeenseconcentrant sur le récitde laPassionetsurlesignedelacroix;etpourparlerdel’Esprit,ilrecourtàlafiguredeMarieetauxmétaphoresduféminin.

2.HerméneutiquedurécitetsignedelaCroix

Beauchamprassemblesachristologieautourdedeuxpôles:l’herméneutique du récit et le signe de la croix comme fin durécit:

« Dieu se manifeste dans un moment narratif de notrehistoire, et c’est le mode le plus adéquat de samanifestation, entourée de crainte et de respect parcequ’ellenouséchappequandellenoustoucheleplus.»22

Cequicaractériselerécit,rappelleBeauchampàlasuitedel’Aquinate, c’est la convenance ; en effet, la nécessité ne siedpas au récit qui ne pourrait alors déployer la trameévénementielle dans laquelle s’inscrit la liberté des acteurs.Entrelanécessitéetl’arbitraire,lesraisonsdeconvenancepourThomas d’Aquin sont à la fois l’expression de la décisiongracieusedeDieuetdelalibertédelafoi : lerécitnefaitpasentrerdansuneargumentationlogiqueimparablemaisilinviteà

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l’actedefoi.L’argumentdeconvenancesignifiedonclaliberté,lanôtreetcelledeDieu:«Laconvenanceouformeintelligibledelaliberté,estleconceptclédel’incarnation,etc’estaussilaclédurécit»23.Dieuserévélantdansl’Incarnationchoisitdesedonneràrecevoiretàentendreparnotreliberté;quel’ineffablechoisissedeseraconter,voilàbienl’expressionlaplushautedecechoixdivindelaliberté24.

Lerécitévangéliqueparexcellence,pourBeauchamp,c’estceluide laPassion; lacroixest le lieuextrêmede l’histoireetdurécitcarc’estunrécitinterrompu25.LerécitévangéliquedelaPassionnesupprimepaslekérygmemaisillelibère«danslamesureoùlaPassionestlerécitdelafindurécit»26etfaitainsipasserduregistredelanarrationàceluidel’attestation;entantqu’événement eschatologique la Résurrection ne peut fairel’objetd’unenarrationmaisellelibèrelaparoledestémoinsquila proclament, comme kérygme et non comme récit. Les troismoments du récit de la Passion – arrestation, jugement,exécution–ontchacun«unevaleurnarrativeparcequechaquetemps est marqué par une décision libre, un suspens »27 : lechoixde Jésusentreêtrearrêtéou s’enfuir ; le choixde Jésusentretémoignerougarderlesilence;lechoixdeDieudelaisserlamortfairesonœuvreoud’intervenir.LerécitdelaPassionestunrécitinterrompu;certes,toutrécitestinterrompuetcen’estpaslamortquiestlafindetoutrécit,maislavie–Beauchampévoque le conte d’hiver de Shakespearemais on pourrait toutaussi bien citer J. Semprun qui raconte, dans l’Écriture ou lavie,quelfutsonchoixpendantdelonguesannéesdevivreplutôtque de raconter pour témoigner. L’interruption du récit de laPassionestcependanttoutàfaitoriginalecarcequil’interromptcen’estpaslerécitdelaRésurrection:

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« la résurrectionn’estpas racontée […]mais, cequiesttout différent, sont racontées les annonces de larésurrection. Ainsi la Passion n’est pas relayéeimmédiatementparl’an-noncedelabonnenouvelle,maisparlerécitd’annoncequiformetransitionethabilitelesannonceurs.»28

Cettesortiehorsdurécit«pourannonceraumondel’issuede la pièce »29 caractérise la narration biblique ; ce qui ensignifieparlà-mêmequedesacteursdecerécitl’ontconsidérécommeunique

« puisqu’ils lui ont donné d’emblée la seule place quirevientàl’unique,quiestdeservirdecentreàl’universel,centre qui, nous le verrons, se déplace et n’est pas unepartiedutout:c’estpourquoinousluidonnonslenomdesingulier»30.

LaruptureentrelerécitinterrompudelaPassionetlerécitdestémoinsestcelledutombeauvideetc’estenquelquesortel’EspritquipermetdereliercequelamortdeJésusdélie31.

ChezPaulBeauchamp, lacroix laisse le récit en suspens ;cette suspension libère le kérygme qui peut à son tour donnernaissanceàdenouveaux récits,ceuxdes témoinsportéspar lacommunauté ecclésiale. La Résurrection est inénarrablepuisqu’elle est de l’ordre de l’attestation ; la grâce de l’Espritqui,crieennous«Vraiment,celui-ciétaitlefilsdeDieu»nousrévèle la profondeur abyssale de la relation du Père au Fils.C’est toujours la Parole qui distingue et la Croix, clef desÉcritures,estreliéeaurécitvétéro-testamentaireplusqu’aurécitévangélique32. En concentrant son attention sur le récit de la

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Galiléen.Rappelons lafindeUAT2,p.427:«Si lacroixduChristestlaclédesÉcritures,c’estbienparcequ’ellerévèleauxpeupleslaclédeleurhistoire,etlaleurmontredansleshumainsque ces peuples rejettent. Leurs histoires passées peuvent nepluslesséparer:nousenavonspourgarantcetémoignage,quesur le vide de la croix, se sont manifestées, moyennant lalongueurd’unrécit, ladisparitionducommencementet lavoixcréatrice.Touslesrécitsnesontlàquepourdisparaîtredansleprésentdelarencontre,et laBiblenefaitqueleurentracer lechemin.»33 Chr. Theobald, « L’exégèse selon les “figures”. L’apport dePaul Beauchamp à l’argument prophétique de la théologiefondamentale»inL’Unitédel’unetl’autreTestament.Actesducolloquedes15et16octobre2004,CentreSèvres,Paris,Paris,ÉditionsfacultésjésuitesdeParis,2005,p.157.34RLCp.153;voiraussiUAT2p.400.35RLCp.129-187etp.299-318.L’universelnepasseplusalorsparlaSagessemaisparl’Espritsceaudel’unionduPèreetduFils,maissceauquiouvre,Conf.p.103.36RLCp.153.37Ibid.38Ibid.39RLCp.163.40Ibid.41 «L’homme imagedeDieu est imageduDieuTrinité.C’estdepuis longtemps que la Trinité s’est révélée comme étant àcontemplerdansl’humain»«Nouveautédel’Esprit»(1988)inConf. p. 101 ; dansRLC (p. 162)Beauchamp parle de l’écartentre mystère trinitaire et anthropologie comme d’un écart

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fécond.42Conf.p.100-101.VoiraussiRLCp.160-163.43RLCp.162-163.44Conf.p.101.45 C’est dans le féminin considéré du point de vue de lamaternité etde lanuptialitéquepourBeauchampcommepourBoulgakov«setrouvel’enracinementanthropologiqueduthèmedel’Esprit,enracinementquetoutethéologiedel’Espritsedoit,aujourd’hui,desonder.Aujourd’hui?Nonquenoussoyonslespremiers. La théologie de la Sophia, qui trouve un de sescouronnementsdansl’œuvredeSergeBoulgakov,yintroduisaitdéjà. Lui-même relève au passage que “dans le vieilÉvangiledesHébreux, cité, dit-il par S. Jérôme etOrigène, le Seigneurparle du Saint-Esprit comme de samère” [Le Paraclet, Paris,Aubier,1976,p.180,n.1].Legenreféminindumot“Esprit”enhébreu et en syriaque donne l’occasion de ce court-circuit,regrettableencequ’ilfaitdisparaîtrecellequi,précisément,estla mère. Pas plus que Boulgakov, nous ne retiendrons cettesolution trop facilequi,parexcèsde symétrie, fait succéder lamère au père et au fils dans la triade. Solution qui subtiliseMarie et, de plus, fait oublier qu’il s’agit de prendre enconsidération le féminin non seulement en tant qu’il estmaternel, mais aussi en tant qu’il est nuptial. Et que,précisémentlenœuddelaquestionestlà.L’Espritestconcernéparcesdeuxfonctionségalement,alorsquepèreetfilsgardentleurséparationdanslapremièredyade.Làestladifférenceentrelesmodalitésd’attribution,làmêmepeut-êtreestl’obstaclequinousarrêtepourbienparlerdel’Esprit.»RLC,p.179-180.[Latraductiondel’ouvragedeBoulgakovaétéréimpriméeen1996parleséditionsl’Aged’HommedeLausanne,mêmepagination].

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46RLC p. 8. Et plus loin : « il n’est pas de pneumatologiepossiblesanspriseenconsidérationdufémininet,commelieucentralderévélation,deMarie.Cequirevientàdirequ’aucune(bonne)théologiedelaTrinitén’estpossiblesanselle.Maisjeveuxdirepar làqu’elleest impossiblesansMarie tellequ’ellesecomprendelle-mêmeselonlestermesdurécitlucanien,c’est-à-dire comme expression parfaite à la fois de l’Ancien et duNouveau Testament. C’est encore Boulgakov qui écrit (ce quime semble, d’ailleurs, impossible à nier) que son “apparitiondanslemondefutl’œuvre(ilsouligne)principaledel’Églisedel’AncienTestament”[DuVerbeIncarné,p.104].»RLCp.183-184.47Conf.p.105.48Id.p.104.49DuVerbeincarné (1933),Lausanne,L’Aged’Homme,1982,p.105.50RLCp.166-167.51Id.p.168.52Id.p.178.53RLCp.127.54 «Découvrirqu’aucune formede l’amourn’estplus l’amourquelesautresformes,c’estlàuneffetparticulièrementlibérantproduitparcetEspritquivitaujourd’huiparminous.»RLCp.187.55LeParaclet,op.cit.p.140-141.56LeParaclet,op.cit.p.171-172. Iln’estpaspossible icidedévelopper davantage mais cette piste ouverte par Beauchampmériterait d’être prolongée. Pour le débat entre Orientaux et

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«doubleconséquence»dupéché,quiaétéremplacépar«deuxpeines»).LeCECinsisteicisurlanon-responsabilitédeDieu:étantentenduquelesdeuxpeinesdécoulent«delanaturemêmedupéché», ilestpréciséqu’ilnes’agitpasd’une«espècedevengeance»divine:peut-onestimerqu’ons’endoutait,etquelamentionde cequ’il n’y avait pas làunepeine« infligéedel’extérieurparDieu»suffisait?

La phrase suivante du CEC, évoquant une conversion quipourrait«arriveràlatotalepurificationdupécheur»etdoncàladisparitiondetoutepeine,n’aapparemmentpasd’équivalentdans leCEA.Deux remarquespeuventêtre faites :d’unepart,onnevoitpastrèsbienlerapportentrel’affirmationdutexteetles références à Trente figurant en note : on a affaire à deuxcanons justifiant la satisfaction pour la peine temporelle (DH1712et1713)etaudécretsurlepurgatoire(DH1820).D’autrepart,onpeutsedemandersicettephrasenecorrespondpasauparagrapheparlequelleCEAconclutsondéveloppement(Cinfine), et qui porte sur l’indulgence plénière, « c’est-à-dire laremisedetouteslespeinestemporellesduespourlepéché».Onnotera la réserve des évêques allemands sur sa possibilité, etdoncsursapertinence:làoùleCEAestimeque«ellesuppose,pour être pleinement efficace, des dispositions à ce pointparfaitesqu’ellessetrouverontrarementréalisées»(«saufpeut-êtreàl’heuredelamort»), leCEC,sansévoquerl’indulgenceplénière, envisage sans réserves le cas d’une « conversion quiprocèded’uneferventecharité»etquipeutdonc«arriverà latotale purification du pécheur, de sorte qu’aucune peine nesubsisterait».Deuxregistresdifférentssontainsimisenvaleur.

Enfin, notons que les « conséquences temporelles dupéché » sont remplacées en CEC 1473 par « des peinestemporellesdupéché»,cequiestpeut-êtreplusdanslalogiquedecequ’onaexpliquéprécédemmentsurlesdeuxcatégoriesde

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peines.AudébutduBduCEA,une formulede transitionn’apas

été retenue par le CEC.Mais nous avons surtout affaire à ladisparition, après la phrase suivante, d’un ensemble de troisphrases :deuxfor-mules rédactionnellesentourantunecitationde 1 Co 12. On peut estimer que c’est ici que le travail deréécritureduCECpar rapport à sa source leCEAs’est fait leplussentir.Enfait,ils’agitd’énoncerlecœurdeladoctrinedesindulgences, ou plutôt de l’expliquer, voire de la justifier. Ilapparaît que le court développement duCEA est remplacé parles numéros 1474 et 1475 du CEC, ainsi que par les deuxphrasesdun°1476propresauCEC.Qu’observer?D’abord,ladisparitiondelacitationde1Co12,26;ensuite,l’apparitiondedeux citations du document de PaulVI : l’Écriture remplacéepar lemagistère?Laissonssurtoutau lecteur lesoind’évaluerles mérites respectifs des deux formulations : le CEA, plusbrièvement,introduitlethèmedelasolidaritédeschrétiensdansle Christ, complété par la mention de « notre communeparticipationauxbiensdusalut»;leCECévoquelafaçondontlaviedechacunest«liée»àcelledesautresmembresduCorpsmystique,«l’échangedebiens»etla«communiondessaints».La mention du « trésor de l’Église » est immédiatementcommentéedansleCEC(nn°1476-1477)parunextraitdutextede Paul VI que le CEA reprend plus loin. (Notons que leréaménagementdudéveloppementapoureffetquel’expression« communion des saints », qui ne figure qu’une fois dans leCEA, apparaît à quatre reprises dans le CEC, la quatrièmemention,n°1479,enparallèleavecl’uniquementionduCEA.)

(Mentionnons pourmémoire les deuxmodifications du n°1478etcelledudébutdun°1479,qu’onpeutconsidérercommedesaméliorationsstylistiques.)

Enfin, la formulationduCEA«nouspouvons les aider en

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intercédant pour eux » (B in fine) est remplacée par « nouspouvons les aider entre autres en obtenant pour eux desindulgences » (n° 1479) : les choses sont explicitées etrecentréessurcedontils’agit,lesindulgences.

Si l’on veutmaintenant quelques statistiques – à quelquesunités près, on le comprendra – que le traitement de textespermetdecalculer,onconstateraque,suruntotald’environ621motsquecomprendletexteduCEA(comptenontenu,demêmeque pour le CEC, des paragraphes introductifs quin’apparaissentpasdansnotresynopse), les rédacteursduCECont retranché 178 mots, pour les remplacer par 274 motsnouveauxetarriverainsià717motsenviron;443motsenvironsont donc communs aux deux textes, sur 621 (CEA) et 717(CEC)environ.

Que conclure ? Il n’apparaît pas que les modificationsintroduites par le CEC changent fondamentalement cequ’énonce le CEA : celui-ci reste bien, pour cette section, lemodèleetlasourceducatéchismeuniversel;ladettedecelui-cià l’égard du travail des évêques allemands est majeure autantqu’inavouée. On a noté l’explicitation reformulée, notammentparunrecoursplusappuyéautextemagistérieldePaulVI,dela« mécanique » des indulgences, comme manifestation de la«communiondessaints».Estégalementimportantcequenousn’avonspas fait apparaîtredansnotre synopse,parcequec’estsans comparaison d’un texte à l’autre, à savoir le début dechacun des deux développements : il n’est pas anodin que lesquatre paragraphes du CEA, dont deux longs développementshistoriquesetuneformulequifaitétatdel’incompréhensionde« beaucoup de chrétiens » soient remplacés par deuxparagraphesdedéfinitions, empruntés àun textemagistériel etauCodede1983.

OnadmireraenfinlavirtuositédurédacteurduCEC:dans

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les difficultés sont ensuite soulignées de part et d’autre, dansdestermesqueleCECemprunteauCEA,toutensemblantlesaccentuer. Quant au registre ecclésiologique, si le CEA, àproposdesmariagesentreconjointsdeconfessionsdifférentes,évoque « la séparation des Églises », le CEC parle de«séparationdeschrétiens»(1634).

On le constate donc : les différences constituent autant dere-touches, dont chacune est limitée, mais dont l’ensemblecontribueàdonneruneautreatmosphèreautableau,quidevientplus proche de la lettre des formulations devenuestraditionnellesauXXesiècle–celuid’avantVaticanIIplutôtqueceluid’après.

III.DuCEAauCEC:constationsetinterrogations

Comment – c’est la questionde fond– évaluer l’influenceduCEAsurleCEC?

Importantes’agissantdecertainspassages,elleestaussitrèslimitée en quantité, ces passages restant eux-mêmes ponctuels(selonnotredécompte39numérosduCECsontissusduCEA,sur les 1690 des deux premières parties28). Aussi certainss’estimerontilsfondésàestimerquecequenousavonsrelevéetprésenté relève de l’anecdote. Anecdote instructive, pensons-nous,neserait-cequeparceque leCECapris,auxyeuxd’uncertainnombredecatholiques,unetelleimportancequeriendecequileconcernen’estanodin.Àlavérité,l’influenceduCEAsur le CEC ne pouvait que rester marginale, pour plusieursraisons,deprincipe,formellesetdefond.

Il est tout d’abord évident qu’un catéchisme destiné àl’Égliseentièrenesauraitapparaîtrecommetropdépendantd’un

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simple catéchisme national, fût-ce celui des évêques d’uneÉgliserenomméepourlaqualitédesaproductionthéologique:mêmel’onctionromainenesaurait transformerleparticulierenuniversel;fautedequoionseraitfondéàredireque«leRhinsejette dans le Tibre29 », ce qui, vu de Rome, constituerait uneconfluencedéplacée.Car,silecatéchismeestbienuniversel, ilestd’abordromain,commel’avaitétésonprédécesseurduXVIesiècle : qu’il ait ou non été rédigé par des théologiens ou desprélatsdelaVille,c’estbiendepuisRomequesarédactionaétécoordonnée.C’estlatraditionromainelaplusauthentiquequ’ilentendvéhiculer.Etc’estlepapequisignelaconstitutionquilepromulgue. L’épiscopat universel a été consulté, le cardinalRatzingerl’asouligné;cenesontpaslesréactionselles-mêmesdes évêques que l’on connaît, mais seulement les versionssuccessivesduCEC30.Mais,dansceva-et-viententrelecentreetlapériphérie,oncomprendquelecentre,c’est-à-direlecœur,quialederniermot,nesauraitselevoirdicter,voiresuggérer,parquiquecesoit.Unechaînea,dit-on,laforceduplusfaiblede ses maillons. Il ne conviendrait pas que le catéchismeuniverselapparûtcommeunemosaïque(unechaîne)d’élémentsempruntés à des catéchismes locaux, dont certains catholiquesseplaironttoujoursàsoulignerlesdéficiences.

Raisondeformeensuite:leCECadélibérémentoptépourl’intégration, de la façon la plus visible qui soit, c’est-à-direentreguillemets,duplusgrandnombrepossibledecitationsdetextes traditionnels : textesmagistériels (etd’aborddeVaticanII), textes d’auteurs reconnus (des Pères notamment).Ce n’estpas le moindre de ses intérêts. Bien des paragraphesapparaissent ainsi comme une marqueterie de formulesempruntées à des sources diverses. Il était donc impossiblequ’untexteunique,obéissantàd’autresprincipesd’écriture(les

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citations de textesmagistériels sont relativement rares dans leCEA,quisecontente lecaséchéantd’yrenvoyer), fît fonctionde support rédactionnel. Voilà pourquoi il est relativementfacile,dansunelecturepresquesimplementcursive,decomparerles deux textes : les citations qui émaillent le CEC (plus oumoins, certes, selon les sections) constituent autant de« ruptures » du propos narratif par rapport au débit unifié duCEA31.

Plus d’une fois, on a aussi l’impression que l’on a vouluaméliorer les formulations du CEA, leur enlever une certainelourdeur,duesoitaufaitquel’originalestallemand,soitplutôtàcequ’ils’agitd’unetraduction.Onlaisseralelecteurjugedurésultat.

Notons aussi qu’il semble bien, au vu des travaux de M.Simon,quecesoitàl’avant-projetdeCECde1989qu’ontétéapportées un certain nombre de corrections (la traductionfrançaiseduCEAétaitparueen1987),quiontainsicontribuéàéloigner le texte définitif (1992) de celui duCEA32. Sans cescorrections,dontonpeutpenserqu’ellessont,pourunepartaumoins, dues aux amendements suggérés par les évêquesauxquelsceprojetfutsoumis,letexteduCECauraitdoncété,pour les passages concernés, encore plus proche de celui duCEA.

Restent les raisons de fond.On en a évoqué une à proposdes indulgences. Un refrain apparaît dans le CEA (il seraitintéressantdecompter lenombrederécurrences) : ilnevapasde soi, pour les catholiques d’aujourd’hui, de saisir lapertinence de telle proposition dumagistère, voire d’adhérer àtel article du credo. Ces prises en compte des mentalités, deleurs incompréhensions et de leurs réticences sont totalementabsentes du CEC. D’abord, dira-t-on, parce que le propos du

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lesynodeseclôtle30octobreparuneconcélébration.

4.Lesparticipants

Lesparticipantsausynodesontaunombrede28611,dont60auditeurs et auditrices : 32 hommes, 22 femmes (dont 5couples),2religieux,4religieuses.Lesparticipantsauxcirculiminoresserontunpeuplusnombreux(322),carlesthéologiensysontadmis.

La conférence épiscopale française est représentée parNN.SS.AlbertDecourtray(Lyon),MariusMaziers(Bordeaux),JosephRabine (Albi), JeanVilnet (Lille) etMgrRobertCoffy(Marseille),nomméparlepape.

Alorsquelaquasi-totalitédesmembresévêquesoureligieuxprennent la parole, un tiers seulement des laïcs monte à latribune.

5.LepremierrapportducardinalThiandoum

Prenant pour base l’instrumentum laboris, le cardinalThiandoum explicite d’abord l’aspect que revêt chacune destroisfonctionsduChrist(lestriamunera)dansleurexerciceparles fidèles laïcs. Il présente leur mission selon deuxdimensions:letémoignageduChristressuscitédanslesœuvresd’évangélisation et l’activité dans le monde, orientée vers lerenouvellementdel’ordretemporel.Quatrepointsluisemblentàéclaircir:

– lamissionqui revientenpropreaux laïcs, qu’ondéfinitgénéralement par son caractère séculier (Lumen gentium, 31),

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ainsi que les limites de l’intervention du magistère dans cedomaine;

– le discernement à exercer à l’égard des associations delaïcsde création récente, notamment quant à l’aspect pastoraldeleuraction;

– les offices à confier aux laïcs et leur éventuellequalificationcomme“ministères”;

–lavocationetlamissiondesfemmesdansl’Égliseetdanslemonde,danslecontextedel’affirmationdel’égaledignitédel’hommeetdelafemmeenmêmetempsquedeleurdifférence.

6.LesinterventionsdesPèressynodaux

TandisquecertainsPèressesituentsurleplanthéologique,d’autres fontdirectement référence àdes situations concrètes ;lesunsabordentplusieursthèmesetd’autresseconcentrentsurunequestionprécise.

ThéologiedulaïcatTous les Pères qui abordent ce sujet se réjouissent de la

diffusiondel’ecclésiologiedecommunion,àl’exempledeMgrMaziers (Bordeaux).CependantMgrMcGrath (Panama) laisseentendrequ’ilfautallerplusloinquelediscoursconciliaire,quilaisseencorelaporteouverteàl’oppositionlaïc/ecclésiastique-religieux. Dans cette ligne, Mgr Robinson (aux. Sydney)propose d’utiliser le terme « fidèle du Christ »12 au lieu de« laïc ». Dans le cadre de la sécularisation du mondecommuniste, Mgr Pakai (Hongrie) demande qu’on clarifie lanotiondesacerdocecommunquiadonnélieuàdesconfusions.Le cardinal Etchegaray réclame une clarification des termes :

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Église,mondeetRoyaumedeDieu,ainsiquedeleursrapports.D’autres Pères synodaux invitent à des précisions

terminologiques : préférer “laïcs ministres” à “ministèreslaïcaux” (Mgr Jaramillo, Colombie), différencier “ministèreslaïcs” (intra-ecclésiaux) et “ministères des laïcs” (dans lemonde) (cardinal O’Faich, Irlande). Le cardinal Castillo Lara(Curie) estime le critère de sécularité insuffisant pourcaractériserlelaïc:ildonnel’exempledudiacrepermanentquivitpleinementdanslemondetoutenétantunvraiclercetestimeque la sanctification du temporel est la tâche de l’Église toutentièreetnonpasdeslaïcsseuls.

Mgr Bullet (aux. Lausanne) invite à une réflexion sur lesensusfidelium, souvent réduità la réceptiondesdécisionsdumagistère. De même, Mgr Da Costa (Macao) réclame denouvellesstructurespourconsulteretécouterlepeupledeDieu.LecardinalWille-brands,quantà lui,demandequ’onsoulignelerapportdulaïcauChrist.

Lesévolutionsdepuisl’époqueconciliairePlusieurs évêques, notamment africains, dressent un bilan

trèspositifdel’engagementplusgranddeslaïcscommeacteursde la vie ecclésiale (conseils de paroisse et préparation aumariage). Mgr Mahony (Los Angeles) et Mgr Bertocchi(Bolivie) demandent que la coresponsabilité soit encoredéveloppée de façon que l’ensemble de la communautéecclésiale soit concerné par l’œuvre d’évangélisation.Cependant,ilyaencoredeslieuxoùleclergésembleencoresepasserdel’apportdeslaïcs(Espagne,Grèce).Plusieursévêquesenconcluentqu’ilfautaméliorersurcepointlaformationdansles séminaires. D’autres déplorent l’effacement de l’Actioncatholique,quialaisséungrandvidedanslaformationdeslaïcs(MgrMcGrath).

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évêques”,NRT,110(1988),p.3-15.23Laluttecontrelesdiscriminations,larecherchedelapaix,lesquestions du mariage et de la famille, celles du travail et del’économie, le monde de la culture, celui des médias et ledomainepolitique.24 On peut, par exemple, se demander, si la revendication del’admissiondes femmes au lectorat-acolytat,mise en avant pardes évêques des États-Unis, du Canada, de Grande-Bretagneétaitpartagéepard’autresépiscopats.Lesévêquesfrançaissontbienplusvaguessurcepoint.

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LaurenceMellerin

L’avènementintermédiairechezBernarddeClairvaux.Uneouvertureà

l’eschatologieparl’expériencespirituelle.

« Il y a en effet un troisième avènement, intermédiaire entre lesdeuxautres : en lui reposent avecdélicesceuxqui l’ont reconnu.Carsilesdeuxautresavènementssontmanifestes,celui-cinel’estpas.Dans lepremier, leSeigneuraétévisible sur la terreet ilavécu parmi les hommes : c’est le temps où, selon son propretémoignage,ilsl’ontvuetilsl’ontprisenhaine.Lorsdudernieravènement,toutechairverralesalutdenotreDieu,etleshommesverrontceluiqu’ilsonttranspercé.L’avènementintermédiaire,lui,estintime:encettevenue,seulsleséluslevoientau-dedansd’eux-mêmes, et leur âme en est sauvée.Dans le premier donc, il vientdans la chair et la faiblesse. Dans celui dumilieu, il vient dansl’Espritetlapuissance.Dansledernier,ilvientdanslagloireetlamajesté.(…)Cetavènementintermédiaireestainsiuncheminparlequelonvadupremieraudernier.Danslepremier,leChristaéténotrerédemption;dansledernier,ilapparaîtracommenotrevie;dans celui-ci, il est notre repos et notre réconfort, de sorte quenousdemeurionsenreposentrelesdeuxhéritages.»

BernarddeClairvaux,Sermonpourl’Avent5,11

Ledevenirterrestredel’hommes’inscritdansl’espaceetletemps ; l’éon à venir, en revanche, est impensable dans descatégoriesspatio-temporelles:commentdèslorsenvisagerentreeuxl’accomplissementeschatologique,marquanttoutàlafoislafin de l’histoire et l’ouverture à la divinisation de l’homme ?L’esprithumainestenfermédansunetemporalité linéaire,faite

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de ruptures irréversibles, dans une spatialité bidimensionnellesansubiquité.Suivantunaxechronologique,auxinstantsdelaCréation succède le temps de l’histoire : spatialisé en “cemonde-ci” ; fractionné, par l’événement de l’Incarnation –naissance,vieterrestre,mortetrésurrectionduChrist–,entreunavant et un après ; clos à la fin des temps par la Parousie.S’ouvre alors “le monde à venir”, toute concomitance entrehistoire et eschatologie étant ex-clue.Une des limites de cettepensée de type apocalyptique est la difficulté d’y articulerfinitudes individuelles et fin universelle des temps et desmondes:oùetquandsituerl’ajustementnécessaire?

Bernard de Clairvaux écrit alors qu’est prégnante enOccident l’attentecollective,millénariste,duJugementdernier,quisetraduitauplanéthiqueparunelogiquerétributive.Dansla lignée de toutes les tentatives patristiques qui situentl’ajustementhorsdutempsdel’histoire2,ilévoqueraàplusieursrepriseslePurgatoireetlelieud’attentedessaintsàl’ombreduChrist3.Maiscen’estpaslàletoutdesaréponse.Ilvasurtoutopérer un radical déplacement de la question, en envisageantl’intermédiaire entre l’histoire et les fins dernières non plusseulement dans l’Au-delà, mais d’abord à l’intérieurmême del’histoire,inaugurantunethéologiespirituelle,quinoussembleaujourd’hui familière, de l’attente individuelle intime de lavenueduVerbe,dansl’hodieetnonexclusivementdansunfuturmenaçant. C’est la doctrine de l’avènement intermédiaire duChristdansl’expériencespirituelle,quiapudonnernaissanceàcequeGaetanoRacitiaappelé la«révolutioncopernicienne»de saint Bernard : « pour le dire en gros et sans nuances, lepassaged’une théologieobjectivedesmystèresde la foi àunethéologiesubjectivedelaviemystique»;«latransmutationdel’eschatologisme en mysticisme4 ». Ouvrant la voie à une

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Lereposdel’avènementintermédiaireestdonctraverséparla tension du désir humain vers son accomplissement. Cettetensionce-pendantn’yestpaslaseuleforcedemouvement.Cardans l’immuabilité même de sa présence, l’Époux estbondissant;mêmedanslereposbéatifique,quelquechosedecebondissementdemeurerapourl’âme:leversetsisouventcitéparBernard et les cisterciens, 2 Co 3, 18, dit la contemplationcomme sautillement d’allégresse permanent, de claritate inclaritatem, « de clarté en clarté ». Dans la suspension dubondissement, grâce aux impulsions salvatrices de l’Époux,l’âme prend conscience que quies et via ne sont plusincompatibles.

Visitéepar leVerbe,elleentredansladynamiquedusalut.Certes, elle n’aura jamais accès à la décision du Christ de semettreen routepoursortir74 du seinde laTrinité : cemystèreoriginel du formidable mouvement divin reste caché dans les«perpétuelleséternités75»deDn12,3,lelieuderepospropreàl’Époux.Mais elle en connaît lamotivation : c’est en vue dusalutdel’hommequecemouvementestentréenladivinité.Sile Christ, ayant revêtu la nature humaine, est descendu sur laterre,etmêmejusqu’auxenfers,c’estpourenremonteretfaireremonter les hommesqui auraient dûmonter versDieu76, afinqu’ils puissent participer aux réalités d’en haut. On a là leprincipeetlafinalitédetoutadventus,dontBernardexplicitelemouvementd’abaissementetd’élévationdansDiv60:

«NotreSeigneuretSauveurJésusChrist,voulantnousenseignercommentmonterauciel, a lui-mêmefaitcequ’ilaenseigné : ilest monté au ciel. Mais il n’aurait pu y monter sans d’abord endescendre. (…) il y a des degrés dans la descente, comme aussidans la montée. Dans la descente, le premier degré consistait àpasserduhautducieljusquedanslachair,ledeuxièmejusqu’àlacroix, le troisièmejusqu’à lamort.Voilà jusqu’oùilestdescendu.

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(…)[lamontée]aussicomportetroisétapes.Lepremierdegréfutlagloiredelarésurrection,ledeuxièmelepouvoirdujugement,etletroisièmelaplaceàladroiteduPère77.»

S’iln’yavaitquelesavènementsenvuedelachair78,c’est-à-dire l’Incarnation et la Parousie, ce parcours serait un cycleunique;maisildevientcyclesperpétuellementréactualiséspourl’âme dans l’avènement intermédiaire, afin qu’elle puisseprendre conscience du dessein de Dieu en participant à sonmouvement, et ainsi y entraîner la chair toute entière. « Il estvenude loin79 »…mais l’Épouse le voit venir, bondissant, envue de l’Incarnation, sur « le chemin de son avènementvisible80»:

« Voici qu’il vient, sautant sur les montagnes, franchissant lescollines(Ct2,8)81»;«Ils’estélancé,joyeux,telungéantpourparcourirsaroute;ilsortduplushautduciel,et sacourse le ramène jusqu’auhautduciel(Ps,18,6-7)82.»

L’explorationenespritdeslieuxintermédiairesL’âmefidèle83, l’âmespirituelle84visitéepar leVerbe,mue

parsondésirpropreetentrantdans lemouvementdivin,prendconsciencede laprésencedecedernier simultanémenten touspointsd’elle-mêmeetdel’espace:

«Jesuismontéjusqu’àlacimedemoi-même,etvoiciqueleVerbela dominait de très haut. Explorateur curieux, je suis aussidescendu au plus bas demon être, et j’ai également trouvé qu’ilétaitplusbasencore85.»

Affranchie fugitivement des contraintes spatio-temporelles,ellepeutparcouriravecLuitousleslieuxdetouslestemps.LeSermon divers 42 nous offre un tableau saisissant de son

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itinéraire : « voyageur commercial » (institor) de Dieu, elleévolue librement dans les cinq régions86 appartenant auSeigneurpoury«fairedesaffaires»,etcedèsavantletempsdelaParousie.Lieuxterrestreseteschatologiquesysontdefaçondéconcertante en continuité les uns avec les autres. L’âme nepeutaccéderauParadisqueparles«yeuxdudésir87»;quantàl’enferdelaperdition,où«iln’yaplusaucunerédemption88»,elle ne peut y entrer, précisément parce que le Christ n’ydescendra plus et qu’elle ne voyage qu’avec lui. Mais ellecircule librement, « par les yeux de l’esprit89 », dans tous leslieuxintermédiaires.

Quittant l’exil de la vie terrestre, la prison que BernardrapprocheenAdvVduschéôloùlesPatriarchesetlesProphètesattendaient la libération par le Christ90, fuyant la région dedissemblanceaugustinienne,«monde»johanniquequin’apas(re)connu l’avènement du Christ91, l’âme entre dans lemonastère. « Enfer de l’affliction, c’est-à-dire de la pauvretévolontaire»,maisaussi«bienheureuxenferdelapauvreté92»,précisément parce que leChrist y est advenu et qu’il est donchabitéparlarédemption,lemonastèreesttoutàlafois,etbienplussouventchezBernard,«paradisclaustral93»,«maisondeDieu et porte du ciel94 » qui anticipe dans l’interim la citécéleste ; il ouvre l’accès aux marchés de l’audelà, par laruminationdelaParole95.

Sansque la frontièrede lamortphysiquesoitunobstacle,l’âmevisitealorsunautrelieuintermédiaire,situédansletempsde l’homme mais hors de son espace, puisqu’il s’agit d’uneréalitécéleste:

lePurgatoire, lieu de « ceuxdumilieu, vers lesquels il nous fautpasserparunmouvementdecompassion,puisquenousleuravons

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expressions ici citées proviennent de la synthèse nouvellerécemmentpubliéepar lemêmeauteur:«LemessagespiritueldesaintBernard»,CollectaneaCisterciensia72(2010),p.215-216.5 Voir P. Verdeyen, « Un théologien de l’expérience » dansBernard de Clairvaux. Histoire, mentalités, spiritualité, SC380,Paris1992,20102,p.557-577,spéc.p.560-569.6AdvA 5, 2 (SC 480, p. 170, l. 1-2) : ne cui forte inventitiavideantur, « pour que [ce que nous disons de cet avènementintermédiaire] n’apparaisse pas à l’un ou l’autre comme uneinvention ». Bernard pense au fondement scripturaire de sadoctrine, mais cela n’exclut pas qu’il songe également à unesourcepatristique.Voiràcesujet la réflexiondePh.Nouzille,Expérience de Dieu et théologie monastique au XIIe siècle.ÉtudessurlesSermonsd’AelreddeRievaulx,Paris1999,p.61-63.7Voir l’étudede la temporalitépauliniennedansG.Agamben,Le tempsqui reste.Uncommentairede l’ÉpîtreauxRomains,Paris2000.8Homéliessurl’ÉvangileI,7,1(SC485,p.169);MoralessurJob,passim,parex.17,32,etc.9 Citons en particulier le Commentaire sur le Cantiqued’Origène, cher àBernard etGuillaumedeSaint-Thierry, danslequelonlitplusieurspassagessurlavenueduVerbedansl’âme―I, 4, 7 (SC 375,Paris 1991, p. 224) ; II, 8, 37-42 (p. 428-433);II,10,11(p.450-452);III,11-12(p.598-621).VoiraussiH.Rahner,«DieGottesgeburt.DieLehrederKirchenvätervonderGeburt Christi imHerzen desGläubigen »,Zeitschrift fürkatholischeTheologie59(1935),p.333-418.QuantàCassien,InstitutionscénobitiquesV,17,3 (SC 109, p. 218), il pourrait

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même être une source directe de Bernard : adventum Christi,non illum tantum, qui etiam nolentibus apparebit, sed etiamhunc,qui cotidie in sanctis commeatanimabus, « lavenueduChrist,nonseulementcelle-làquiseproduiramêmepourceuxquilarefusent,maiscelleaussiquiseréalisechaquejourdanslesâmessaintes.»10Tertiusenimquidamadventusestmediusinterillos(AdvA5,1, op. cit., p. 168, l. 3-4), « Il y a en effet un troisièmeavènement,intermédiaireentrelesdeuxautres.»11 Il est intitulé De medio adventu et triplici innovatione,«L’avènement intermédiaireetnotre triple rénovation»,par latraditionmanuscrite.12BernardexplicitesonobjectifenAdvA1,1(SC480,p.96,l.24) :diligenter pensate rationem adventus, « pesez avec soinles modalités de cet Avent ». Il a lui-même modifié l’ordrechronologiquederédactiondecessermons,plaçantaucentrelesdeux sermons de rédaction la plus ancienne (4 et 5, série Bécrite entre 1139 et 1148). voir Cl. Stercal, Il « mediusadventus ». Saggio di lettura degli scritti di Bernardo diClairvaux,Bibliothecacisterciensis9,Rome1992,p.25-31.13Ils’agitdelavisiondel’enfantementduVerbeparlaVierge,pour ainsi dire en temps réel, relatée par Geoffroy d’Auxerre,Fragment5,AnalectaBollandiana 50, 1932, p. 91, à paraîtredansSC.14SCt74,5-7(SC511,Paris2006,p.164-171).15 Citons en particulier le 2e Sermon sur l’Avent de Guerricd’Igny (SC 166, Paris 1970, p. 104-116) ; les Sermons pourl’Aventd’AelreddeRievaulx (Reading-Cluny ;1et2,Lincoln1) ; Pierre deBlois,Sermonpour l’Avent 3 (PL 207, c. 571).VoiràcesujetPh.Nouzille,op.cit.,p.61-69et167-271 ;G.

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Raciti, « Le message spirituel… », p. 221, n. 13. Le P. D.Bertrand, que nous tenons ici à remercier pour sa relectureattentive de cet article, souligne dans sa contribution aucolloque consacré à Aelred à Toulouse en mars 2010,« L’Apocalypse de la charité selon Aelred de Rievaulx »,l’influence de Bernard sur son disciple pour penser le tempscommedevenirdelacharitéentrelesdeuxavènements.16LeP.M.Rougéaentreprisunedémarcheanalogue,limitéeàAdvA5,lorsducolloqueconsacréàl’ActualitédesaintBernardles 20-21 novembre 2009 au Collège des Bernardins. On liradonc avec profit dans lesActes de cette rencontre son article,intitulé«Letempsdesâmes.FondementetportéedeladoctrinedumediusadventuschezsaintBernard»(p.111-124).17Onpeutremarquerlesverbesd’exhortationdansleliminairedu tractatus sur l’Avent : sedula cogitatione versamini,diligenterpensate,quaerentes(AdvA1,1,SC480,p.96,l.21-25). Invitant les moines à une curiosité salutaire (curiositassalubris),Bernardstructureladémarcheintellectuelleproposéeensixquestions:quis,unde,quo,adquid,quando,qua;maisellevadepairaveclacontemplationdumystèredelavenueduChrist, dont on trouve le champ lexical par exemple à la find’AdvA 1, 6 (ibid., p. 108, l. 25-35) : considerantibus(« considérant »), suspicientibus (« levant les yeux »),intuentibus(«regardant»).18SC480,p.140,l.1-8.19AdvA5,1(ibid.,p.168,l.12-15).20AdvA5,1(ibid.,p.170,l.18-21).21§3-4(SC166,Paris1970,p.110-116).22Ibid.,p.98.

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Listedesabréviationsd’œuvresdeBernardutilisées

AdvA Sermonsliturgiquespourl’AventAdvV Sermonvariépourl’AventBenV SermonvariépourlafêtedesaintBenoîtCirc SermonsliturgiquespourlaCirconcisionConv LaConversionDed SermonspourlaDédicacedel’ÉgliseDil L’AmourdeDieuDiv Sermonsdivers

EpiP Sermons pour le dimanche après l’Octave del’Épiphanie

MalV ViedesaintMalachieNatV SermonsliturgiquespourlaVigiledeNoëlPur SermonsliturgiquespourlaPurificationSCt SermonssurleCantiquedesCantiquesTpl ÉlogedelanouvellechevalerieVicS SermonsvariéspoursaintVictor

Bibliographie

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CUVILLIER E., « Le ‘temps messianique’ : réflexions sur latemporalité chez Paul », in Paul, une théologie enconstruction,dir.A.Dettwiler,J.-D.Kaestli,D.Marguerat,

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l’Écriture,tomeII,1,Paris1959.DEVREGILLEB.,«L’attentedessaintsd’aprèssaintBernard»,

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présenté comme un visionnaire, dont la vision s’étend surl’ensemble du livre qui porte son nom. Sa vision se focalised’une part sur ce qui vamal dans la société de son temps, etd’autre part sur un avenir qui révèlera le dessein grandiose deYHWH,nonseulementpourIsraël,maisaussipourl’ensembledes peuples de la terre.Le livre de Jérémie (P.M.Bogaert) estensuite abordé dans une perspective diachronique. Les textesévoquant la suite ou la fin des jours ont été relus dans unprocessus continu d’actualisation et d’appropriation jusqu’aunouveau Testament. Quant au livre d’Ezéchiel (Ch. Nihan), ilprésente une eschatologie cohérente (ch. 33-39) dontl’élaborationcommencelorsdel’exilpoursepoursuivrejusqu’àla période maccabéenne, allant de la fin du jugement surJérusalemaujugementfinaldesnations.

Le thèmedu« jour deYHWH» chez les douze«petits »prophètes (J.D. Macchi) fait ensuite l’objet d’une étude quimontre comment la compréhension de ce motif théologique aprofondément évolué au fil des siècles. D’abord jour dejugement pour Israël, il devient un jour de jugement pour lesnationsetuntempsdesalutpourIsraël.Latransitiondutempsprophétiqueautempsapocalyptiqueestalorsexploréauseindulivre de Daniel (Ph. Abadie). La relecture de la prophétie deJérémie sur la durée de l’exil au sein du ch.9 de Daniel setermineparunnon-achèvement.L’intérêtpourlescomputsetlescalendriers révèle un temps qui a un terme, mais cette fin estencore scellée. Quelle place d’ailleurs pour le prophétisme ences temps de la fin ? Cette question est abordée au sein ducorpusqumranien(Cl.Coulot).Cestextesrévèlent l’attenteduprophète semblable à Moïse promis par Dt 18,18. Mais cettefiguren’estguèreprécisée.Quelrapportentretiendra-t-elleavecles oints d’Aaron et de David ? Est-elle identifiable auScrutateur de la Loi, le guide de la communauté ? Autant de

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questions qui révèlent les nombreuses spéculations que cetteforteattenteeschatologiqueapususciter.

Les dernières conférences sont consacrées au nouveauTestament.L’usagede laportéeeschatologiquede laprophétieest étudié en Mc 12,18-27 (J. Bernard). La prophétieapocalyptiquedeJésusrévèlesonoriginalité:apocalypseinitiéedans le Royaume qui continue à se vivre chez les croyants,apocalypse projetée dans le monde à venir dans l’attente descroyants dans le retour du Ressuscité. Jean de Patmos peutquant à lui être qualifié de prophète de la fin d’unmonde (E.Cuvillier).L’auteurdel’Apocalypseentreenrésistancefaceàlalogiquedelapuissanceimpérialeromaineetprésentesonœuvrecomme une parole prophétique. Jésus lui-même peut êtreconsidéré comme un prophète (D. Marguerat). Ce titre deprophète a été brièvement employé dans la christologieprimitive. Les contemporains de Jésus l’ont ainsi appelé, lespremiers chrétiens l’ont repris puis abandonné vers la fin dupremiersiècle,lejugeantinsuffisantfaceàlahautechristologieen train de se développer, trop lié au judéo-chris-tianisme etexposantJésusàl’accusationjuived’êtreunfauxprophète.

Ladernièreconférence(B.VanMeenen)abordelaquestiondu congrès sous un angle plus philosophique et théologique.Passage du temps à l’éternité, prophétie, accomplissement,nouveauté:l’histoiren’estpasterminée!

Commetouslesouvragesdecettecollection,cevolumeestaccompagnéd’index.Sa lectureestplutôtdestinéeàunpublicavertidansledomainedesétudesbibliques,chaqueconférencesupposant un auditoire de biblistes, mais pas forcémentspécialisteducorpusprophétique.Lesquestionsabordéesparcecongrèstrouventunsingulieréchodansnotreépoquequifour-mille de spéculations eschatologiques à brève échéance. Larigueur et l’intelligence avec laquelle les prophètes et leurs

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successeurs ont abordé cette problématique jusqu’auxperspectives nouvelles révélées en Christ donnent au lecteurcontemporain des pistes d’analyse d’une richesse toujoursrenouvelée.

PierredeMartindeViviés

Maurice Gilbert, La Sagesse de Salomon. The Wisdom ofSolomon. Recueil d’études. Collected Essays, (AnalectaBiblica;189),Rome,GregorianandBiblicalPress,2011,496p.

Peu d’études en français ont vu le jour sur la Sagesse deSalomondepuislegrandcommentairedeC.Larcherdesannées80.Sansêtrepourautantunnouveaucommentaireexhaustifdecelivre, l’ouvragedeM.Gilbertremédie,avecbonheur,àcettecarence. Force est de constater que ce livre deutérocanoniquesuscite bien peu d’intérêt parmi les exégètes francophone, ycompris à l’intérieur du monde catholique. Et pourtant, cerecueilécritengrecà la toutefinde l’èreanciennenemanquepas d’intérêt au regard des questions posées pour le croyantd’aujourd’hui. C’est ce que montre l’auteur de cettemonographiequirassembleunevingtainedecontributionsqu’ilapubliéesaucoursdesesquaranteannéesd’enseignementetderecherche, principalement à l’Institut Biblique Pontifical deRome.Certainesd’entreelles,écritesoriginellementen italien,ont été ici traduites en anglais, d’où l’intitulé bilingue del’ouvrage. Bien que le phénomène de compilation provoqued’inévitables redites d’un article à l’autre, les principalesquestions théologiques du livre de la Sagesse apparaissentclairement.Danslesgrandeslignes,ellesreprennentcellesdéjàentrevues parM. Gilbert, en 1986, lors de sa présentation dulivre de la Sagesse dans le DBS (Dictionnaire de la Bible

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l’Église catholique » ou des « principes pour une histoire del’ecclésiologie»,commepourpenser«l’avenirdel’Églisedansunmondepluraliste».Autrementdit,etpouradoptericilepointde vue de l’accueil par le croyant, et non plus de l’initiativedivine, c’est (deuxième section) la sainteté qui est sans doute«l’axecentral»deVaticanII,qu’ils’agissedustatutdeslaïcs,delaviereligieuseoude…JeanXXIII.Mais(troisièmesection)ilresteauthéologien,àpartirdesprincipesrappelés,àproposersa determinatio, son jugement sur la situation actuelle del’Église, qui s’autorisera à être critique, d’une critique quirelève,encoreunefois,dece«travailderéforme»quiestl’étatmême de l’Église. Ainsi pour envisager « l’Église actuelle ;essayer de comprendre les changements qu’elle connaît et deréfléchir sur lamanièred’y faire face»,oude réfléchir sur lesimplicationsdesdémarchesderepentancevouluesparJean-PaulII.Moyennantquoi(quatrièmesection),lethéologienpourrasepermettre de « rêver l’Église », et non plus seulement de« l’imaginer »… Il est rare de trouver pareille liberté de tonalliéeàuntelsensdelatradition,etàunamouraussimanifestedel’Église.Onsouhaitequecesanalyses,quipeuvent“parler”ànombre de catholiques d’aujourd’hui (le recenseur de cetouvrageenafaitl’expérienceavecungroupedejeunesprêtres)soient largement connues ; elles expriment ce que beaucoupressententetpressentent.

Jean-FrançoisChiron

FranckLemaître,AnglicansetLuthériensenEurope.Enjeuxthéologiquesd’unrapprochementecclésial(Studiaœcumenicafriburgensia;55),Institutd’étudesœcuméniquesdel’UniversitédeFribourg,Suisse,2011,356p.

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Nousavonsaffaireàlathèsededoctoratdufr.Fr.Lemaître,dont on se souvient qu’il fut àLyondirecteur du centreUnitéchrétienne, avant d’être à Paris directeur du Service nationalpourl’unitédeschrétiens.

L’ouvrageprésente les différentes étapes du rapprochemententreanglicansetluthériens,quiontpermisunétablissementdela communion ecclésiale entre Églises jusque-là séparées (cequ’on considère souvent comme la troisième phase dumouvement œcuménique, après celles de la mise sur pied desgrandes instances de dialogue puis celle des dialogues bi- oumultilatéraux).

L’auteur propose une analyse rigoureuse des différentsdialoguesentreanglicansetluthériens,ycomprishorsd’Europe(le titre semble à cet égard quelque peu réducteur), et qui ontdébouché sur des textes aux statuts divers. (Rappelons, pourl’Europe, les trois « déclarations » ratifiées par les instancesdécisionnelles des Églises concernées : la déclaration deMeissen,signéeen1991parlesÉglisesluthériennes,réforméesetuniesd’Allemagneetparl’Égliseanglicaned’Angleterre;ladéclaration de Porvoo, signée en 1996 par une majoritéd’Églises luthériennes scandinaves et baltes et par les Églisesanglicanes deGrandeBretagne et d’Irlande ; la déclaration deReuilly,signéeen2001parlesÉglisesluthériennesetréforméesfrançaises et par les Églises anglicanes deGrandeBretagne etd’Irlande.) Deux chapitres concluent la recherche enabandonnant la perspective diachronique, pour analyser leschoixthéologiquesopérés(enecclésiologienotamment),etpourproposerunegrilled’interprétationdesméthodesauxquellesona recouru. La bibliographie est exhaustive ; on peut regretterl’absenced’index.

Laquestionthéologiquepremière,ons’endoute,n’estautreici que la succession apostoliquedans leministère épiscopal ;

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question qui reste « une des plus difficiles du contentieuxœcuménique»(p.3),surlaquellecesdéclarationsmarquentdesprogrès majeurs. On perçoit que cette question invite às’interrogersurladimensiond’apostolicitéquidoitêtrecelledel’Église (et donc, en fait, sur ce que l’on entend par Église).Notons, au plan du vocabulaire, que la distinction estheureusement rappelée (p. 234) entre la succession (oucontinuité) apostolique, au sens strict (succession dans leministère), et lacontinuité (etnonpas succession)apostoliquequiestcelledel’Église(laquestionthéologiquerestantcelledel’articulation entre les deux : jusqu’à quel point la successionapostolique est-elle garante – et non seulement, pour uncatholique, signe – de la continuité apostolique ?). Notonségalement le « vi-rage » anglican (rapport de Niagara, 1987)danslaconceptiondelasuccessionapostolique(p.124):celle-ci n’est plus considérée comme une chaîne ininterrompued’impositions desmains,mais, bien plus justement, comme lasuccessiondansleministèredeprésidenced’uneÉglise(cequinerésoutpaslaquestiondurapportentrelesdeux).

La lecturede l’ouvrage, inévitablement technique,montreàquelpointlecatholique“romain”auraittortdenepassesentirconcernéparundialogueaprioriétrangeràsonÉglise–mêmesi l’intérêt provient aussi (malheureusement ?)de ladifférencequ’ilpressententred’unepartlesrésultatsacquis(ouenvoiedel’être)etlaméthodemiseenœuvre,etd’autrepartlestraditionsquisontcellesdel’Égliseromaine.

Onperçoitl’enjeudefond:commentdeuxÉglisespeuvent-ellessedireencommunion,alorsqueleursthéologies(etleurspratiques)duministèreordonnénesontpaslesmêmes?Alors,notamment, qu’un des partenaires du dialogue dit sonattachement à la succession apostolique historique dans leministère épiscopal, thème qui ne relève pas de la tradition

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ilchoisitdenepasdébuterl’histoireduconcileàsonannonceparJeanXXIIImaisàlereplacerdanslecontextedu«longXIXesiècle », ce qu’il fait principalement dans les deux premierschapitres.Letroisièmechapitre,consacréàl’ouverture,présentenotamment les portraits des principaux acteurs, portraits quisontconcisetjustes.Lelecteurapprécieégalementderetrouverdes indications biographiques sur ces personnages à la fin del’ouvrage, aux côtés d’une chronologie, d’une bibliographie etd’unindex.Sanssurprise,leschapitresIV

à VII portent sur les quatre sessions du concile. Ils sontd’excellentequalité:lestextesapparaissentbiendansl’histoiredeleurélaboration,demanièreclaireetlesenjeuxprofondsdeleurcontenusontbiendégagés.Parailleurs,dansl’introduction,l’auteur a mis en valeur trois questions qui lui apparaissentcomme ayant soustendu le concile lui-même. Effectivement,elles invitent à la réflexion. Énumérons-les : les circonstancesrequisespourque seproduiseunchangementet les argumentspourlejustifier ; larelationentrelecentreet lapériphérie; lemodèled’exercicedel’autorité.

Malgrélesqualitésdel’ouvrage,ilconvientquandmêmederelever quelques points qui mériteraient des nuances, et aussidesinexactitudes.

Lorsqu’il évoque l’octave de prière pour l’unité deschrétienslancéeen1908parleRév.WattsonauxÉtats-Unis,ilne présente celui-ci que comme prêtre anglican, sans préciserquelesuccèsdesoninitiativeenmilieucatholiquetientaussiaufait qu’il passe au catholicismeavec sa communauté.Peut-êtreici aussi une mention du P. Couturier n’aurait-elle pas étéinutile. Dans les mêmes pages, il aurait été bon de reprendresuccinctement lesanalyses,déjàpubliéesparailleurs,desvotades évêques en 1959 qui montrent leurs divergences

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d’orientation.Lorsque,dansunparcoursdesconciles,estcitélemotlaïcs, iln’estpas inutiledemontrer lechangement radicalde signification du mot entre le Moyen Âge et l’époquecontemporaine.L’analysequiestdonnéeduconcileVaticanIp.48 est courte. Il aurait été bon d’expliquer que si la doctrineelle-même de l’infaillibilité pontificale est acquise, lesoppositionsviennentd’évêquesqui jugentquesaproclamationestinopportune.Les lignesconsacréesàMirarivos (p.86-87)sont également ambiguës. Lamennais est bienmoins visé dansses souhaits de changement dans l’Église (il n’attaque pas lecélibat ecclésiastique) que par la remise en question de« l’alliancedu trôneetde l’autel»quipourraitdéboucher surune séparation contraire à la coopération nécessaire entre lepouvoirtemporeletlespirituel.Onregretteraaussiquelenomde Loisy n’apparaisse pas dans l’évocation de la crisemoderniste (p. 10-102). Peut-être le lecteur remettra-t-il enquestion aussi la lecture sans nuance qui est donnée del’encyclique Casti connubii de Pie XI (p. 120) alors que lespromoteurs des méthodes de contraception naturelles’appuierontsurcetexte.

Ilconvientégalementdecorrigerdesdates:l’encycliquedeLéonXIIAumilieudessollicitudesestdu16février1892etnondu23décembre1900(p.95),Catholicisme,duP.deLubac,estde1938etnonde1947.Enfin,onnepeutpassersoussilencel’incohérencequifaitdeVincentAuriol,commeprésidentdelaRépublique, l’entremetteur pour l’ob tention de l’audience deJules Isaac auprès de JeanXXIII, le 13 juin 1960.Le fait quel’erreur,commetelle,figuredansLaDocumentationcatholique(1968,col.2015-2016)nejustifiepasqu’onlareproduiseici(p.299).C’estdèslepremiervendredisaintquisuitsonaccessionaupontificat,27mars1959,que JeanXXIII, parune circulaireadresséeauxparoissesdeRome,sixjoursplustôt,faitmodifier

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laprièrepourlesjuifs.Il serait souhaitable que quelques retouches puissent être

apportées lorsd’uneéventuelle rééditionpourquecetouvrage,dont le format est tout à faitmaniable, puisse rendre tous lesservices qu’on est en droit d’attendre pour une meilleureconnaissancedudernierconcile.

DanielMoulinet

Olivier Landron, La vie chrétienne dans les prisons deFranceauXXesiècle,(L’histoireàvif),Paris,Cerf,2011,685p.

Si quelques études ont abordé les liens entre lechristianisme et lemonde carcéral auXIXe siècle – pen-sons àl’étudedeJ.-M.GeullettesurleP.Lataste–iln’existaitpasderecherched’ensemblesurlamêmequestionauXXesiècle.C’estchose faite avec cet ouvrage d’Olivier Landron, professeurd’histoireduchris-tianismeàl’Universitécatholiquedel’Ouest,qui brosse un tableau pratiquement exhaustif de cet aspect,souventdur,denotreréalitésociale.

Le livre est structuré par un plan strict, en cinq parties etvingt chapitres, de tailles inégales, qui, après une introductionretraçantlesgrandeslignesdel’histoiredumondepénitentiairefrançais auXXe siècle, aborde d’abord le discoursmagistériel,puis l’engagement des prêtres et religieux dans le mondecarcéral,ensuiteceluidesassociationsdelaïcs,avantdebrosserdes portraits individuels, d’abord de hauts fonctionnairescatholiques, puis de détenus ayant effectué un cheminementcroyantaucoursdeleurincarcération.

Par-delà des allocutions de Pie XII et de Jean-Paul IIcapables de nourrir la réflexion, l’opinion catholique a retenu

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« L’Église et la famille. Enjeux spirituels », inCahiers pourcroiren°275,(mai2011),p.30-32.

«Lapaternité spirituelle», inCarmel n°139, (mars2011), p.35-45.

« La foi au cœur des réalités conjugales et familiales », inCarmeln°142,(déc.2011),p.110-125.

PierreLATHUILIEREArticles« Vatican II, fruit et ferment de prophétisme », in L’intuition

prophétique. Enjeu pour aujourd’hui, A. Vauchez (dir.),Paris,Éditionsdel’Atelier,2011,p.49-59.

« Fidélités et infidélités à la tradition. Critères pour undiscernement », in Du bon usage de la tradition.Enracinements et nouveauté. Les rencontres du CentreSèvres:E.BIANCHI,M.FÉDOU,P.LATHUILIEREetalii,Paris,ÉditionsFacultésjésuitesdeParis,2011,p.81-90.

FrançoisLESTANGManuelIntroductionàl’hébreubiblique(ThomasO.Lambdin).Corrigé

desexercices,Lyon,Profac,2011,110p.

Co-directiond’ouvrageLaTerre,demeuredesainteté.Étudeschrétiennesdujudaïsme,

Fr. LES-TANG et M.-H. ROBERT (dir.), Lyon, Profac,2011,240p.

Contributionàunouvragecollectif

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«Quetesdemeuressontbelles,Israël!»GenèseethistoireduCentre Chrétien pour l’Étude du Judaïsme », inLa Terre,demeure de sainteté. Études chrétiennes du judaïsme, Fr.LESTANGetM.-H.ROBERT(dir.),Lyon,Profac,2011,p.5-24.

Articles« D’un corps à l’autre. La résurrection des morts dans 1 Co

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Lyon,Unitéchrétienne,2011,p.15-18.

ÉricMANGINContributionsàdesouvragescollectifs«Blasphème»et«Vice»,inDictionnairedelaViolence,M.-

A.VANNIER(dir.),Paris,PUF,1538p.« Commentaire du Notre Père » et « Souffrance », in

Encyclopédie des Mystiques Rhénans – D’Eckhart àNicolasdeCueset leurréception,M.-A.VANNIER(dir.),Paris,Cerf,2011,p.281-284etp.1087-1091.

Article«Mémoireetcréation»,inÉtudesinterculturelles4,(2011),p.

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PascalMARINArticle« Un récit de vie peut-il être vrai ? Éléments de critique du

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PierredeMARTINdeVIVIÉSArticles«Laguérisondel’enfantépileptiqueoul’analysed’unéchec!»

in Le pouvoir de guérir – Enjeux anthropologiques,théologiques et éthiques, J.-M. GUEULLETTE (dir),(RETM;Horssérie8),Paris,Cerf,2011,p.81-94.

«Les nouveaux livres de laT.O.B. » inEsprit etVie, n° 236,(juin2011),p.19-30.

BernardMEUNIERContributionàunouvragecollectif«LesPèresdel’égliseetlaTerred’Israël»,inLaterredemeure

desainteté.Étudeschrétiennesdujudaïsme,Fr.LestangetM.-H.Robert(dir.),Lyon,Profac,2011,p.119-136.

PaulMOREAUArticle«Trouverun sensà savie,malgréougrâceà lamort», inLa

Revue de l’Université Catholique de Lyon, n° 20, (déc.2011),p.22-25.

DanielMOULINETContributionàunouvragecollectif«LediocèsedeLyonetlaloideSéparation1905»,inLaGrâce

d’une cathédrale. Lyon primatiale des Gaules, Ph.BARBARIN(dir.),Strasbourg,LaNuéebleue,2011,p.443-449.

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XII-2: Lemondeenréseaux

2008 XIII-1: Jésus dans l’histoire: enjeuxthéologiquesetpastoraux

XIII-2: Ladignitéensesdiscours2009XIV-1:Écrituresencrise:lesapocalypses

XIV-2:Le divertissement: entre sens et non-sens2010XV-1:Laliturgie:lepassageetl’attente

XV-2: Stanislas Breton, la quête inachevée2011XVI-1:L’exceptiondelaloi

XVI-2: L’opinionpublique 2012XVII-1 :PaulBeauchamp,sagessedesÉcritures

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Imprimeur:N°ISSN1270-2056

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