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THÈME IV : RAPPORTS ENTRE LA NATURE ET LA CULTURE I- Les différentes acceptions des concepts nature et culture 1-Définition de la nature 2-Définition de la culture II- Le caractère problématique de la culture humain 1-L’homme comme être naturel 2-L’homme comme être culturel 3-L’homme comme être à la fois naturel et culturel III- Quelques conceptions du travail 1-Définition du travail 2-Le travail comme facteur de libération 3-Le travail comme facteur de servitude IV- L’art 1-Définition de l’art 2-La fonction de l’art 3-La notion du beau 4-L’art négro-africain 5-Conclusion

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THÈME IV : RAPPORTS ENTRE LA NATURE ET LA CULTURE

I- Les différentes acceptions des concepts nature et culture

1-Définition de la nature

2-Définition de la culture

II- Le caractère problématique de la culture humain

1-L’homme comme être naturel

2-L’homme comme être culturel

3-L’homme comme être à la fois naturel et culturel

III- Quelques conceptions du travail

1-Définition du travail

2-Le travail comme facteur de libération

3-Le travail comme facteur de servitude

IV- L’art

1-Définition de l’art

2-La fonction de l’art

3-La notion du beau

4-L’art négro-africain

5-Conclusion

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THÈME IV : RAPPORTS ENTRE LA NATURE ET LA CULTURE

La réflexion sur la nature et la culture pousse à première vue à affirmer

l'opposition entre ces deux concepts. Mais le mécanisme par lequel l'homme

produit le culturel peut servir d'appui pour penser qu'en réalité cette opposition

n'est que superficielle, apparente. Ainsi plusieurs interrogations s'imposent : que

signifient la nature et la culture ? Si par le travail l'homme produit le culturel,

cette activité épanouit-elle l'homme ? Le naturel et le culturel s'associent-ils en

l'homme ?

I- LES DIFFERENTES ACCEPTIONS S DES CONCEPTS NATURE ET CULTURE

1- Définition de la nature

Le terme ‘’Nature’’ est polysémique. Il est d’abord défini comme le milieu

physique qui correspond aux trois règnes : animal, végétal et inerte. En ce sens,

la nature désigne l’ensemble des réalités qui existent sans l’intervention de

l’homme.

La nature désigne également ce qui est propre à un être. Elle est synonyme

d’essence c’est-à-dire ce qui fait qu’un être soit différent d’un autre. C’est ce qui

caractérise la réalité. Cet aspect est immuable, injustifiable. Ainsi, on parle de

l’âme ou de la conscience et de la pensée qui caractérisent l’homme.

Enfin, la nature désigne ce qui est inné, ce que l’homme possède dès sa

naissance. De toutes les façons, la nature est l’ensemble de tout ce que l’homme

n’a ni fabriqué, ni acquis ou appris, mais ce qu’il trouve dans le monde extérieur

et dans son être.

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2- Définition de la culture

Le mot culture désigne un espace de terre travaillé pour produire les végétaux

et devient synonyme d’agriculture. La culture désigne aussi l’ensemble des

traditions, des institutions et des comportements d’un groupe humain. Elle

relève aussi d’un processus d’apprentissage et d’assimilation des manières de

vivre et d’agir. En ce sens les formes de la culture sont diverses, parce que toute

société a sa culture. C’est un ensemble des comportements, des savoirs, des

savoirs-faire qui donnent une particularité et une identité à cette société et qui

sont acquis par l’éducation. Dans tous les cas, la culture est un apport humain,

c'est-à-dire ce que l’homme ajoute à la nature, en dehors de lui et à sa propre

nature. C’est le résultat des activités humaines.

II- LE CARACTERE PROBLEMATIQUE DE LA NATURE HUMAINE

1- L’homme comme être naturel

S’interroger sur la nature humaine, c’est rechercher les caractères constants et

généraux qui font qu’un homme soit un homme par-delà les traits superficiels et

passagers. Plusieurs philosophes parlent d’une essence universelle de l’homme.

Dans son ouvrage Traité de l’homme, René Descartes montre que tout homme

a reçu de Dieu une essence immuable qui se traduit par le corps et ses organes

externes et internes, puis par la raison.

L’homme est ainsi « un corps-machine » ? Cette disposition naturelle, innée est

achevée chez tout homme. Ainsi il affirme : « par ma nature en particulier, je

n’entends autre chose que la complexion ou l’assemblage de toutes les choses

que Dieu m’a données »

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Thomas Hobbes, dans son ouvrage Léviathan présente l’état de nature de

l’homme caractérisé par la violence qui est un comportement barbare et

sauvage. A la base de cet aspect instinctif, il y a l’égoïsme qui est un penchant

naturel : « L’homme est un loup pour l’homme » précise Thomas Hobbes.

Cependant le naturel pousse tout homme à vouloir toujours imposer son

égoïsme aux autres.

Jean Jacques Rousseau révèle dans son Discours sur l’origine et les fondements

de l’inégalité, une autre nature de l’homme qui le distingue de l’animal. Au lieu

de distinguer l’homme de l’animal par la croissance, il est mieux de les distinguer

par une qualité spécifique qui selon lui est incontestable : la perfectibilité. Ce qui

caractérise l’homme c’est « la faculté de se perfectionner ». C’est cette faculté

qui développe les autres facultés en l’homme. « Tandis que l’animal est le même

au bout de quelques mois ce qu’il sera toute sa vie », l’homme seul est un sujet

à devenir.

2- L’homme comme être culturel

L’homme, par rapport à sa propre nature et à la nature en face de lui, prend

distance vis-à-vis des contraintes de la nature. C’est un recul que les autres êtres

vivants ne prennent pas. Cela lui permet de transformer ce qui est, mais ne se

satisfait pas. C’est en cela qu’il est un être culturel.

L’action de l’homme sur la nature perfectionne de manière incessante ses acquis

naturels ou son patrimoine génétique. Karl MARX et Engels montrent que c’est

en transformant la nature en dehors de lui que le cerveau de l’homme génère la

conscience qui fait de lui un homme et il acquiert son humanité dans la société.

« L’essence humaine n’est pas une abstraction inhérente à un individu isolé, mais

dans sa réalité, elle est l’ensemble des rapports sociaux » précise Karl MARX et

Engels dans Idéologie Allemande.

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L’évolution de l’homme caractérisée par le développement de ses membres

supérieurs et inférieurs, de son langage, n’est pas effective en dehors de la

société comme l’affirme Lucien Malson « l’homme sans la société des hommes

ne peut être qu’un monstre » (les enfants sauvages).

Cela signifie que si l’homme est privé du milieu culturel ou social, il finit par

perdre ses attributs humains.

3- L’homme comme être à la fois naturel et culturel

La différence entre l’homme et l’animal est que l’homme se transforme et se

perfectionne, alors que l’animal n’échappe pas à son destin naturel. La

perfectibilité permet à l’homme de sortir de sa condition naturelle. C’est ce que

François Jacob exprime dans le jeu des possibles : « c’est par exemple son

équipement génétique qui donne à l’enfant la capacité de parler. Mais c’est son

milieu qui lui apprend une langue plutôt qu’une autre. En d’autres termes, le

naturel et le culturel sont interdépendants en l’homme. Ils sont

complémentaires et indissociables. Par le travail, le langage et l’organisation

politique, l’homme est humanisé. L’homme est en même temps un être naturel

et culturel. Mieux, il est la synthèse du naturel et du culturel. Ces deux facteurs

contribuent dans la formation de l’être humain. Voilà pourquoi Maurice Merleau

PONTY pense que « tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme ». (cf.

Phénoménologie de la perception).

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III- QUELQUES CONCEPTIONS DU TRAVAIL

1- Définition du travail

Le mot ‘travail’ vient du latin tripalium qui veut dire, instrument de torture. Le

travail est alors synonyme de dur labeur, de peine et de souffrance. Le travail est

une activité intellectuelle et consciente par laquelle l’homme produit les biens

et les services utiles pour son existence. Il peut également être défini comme la

transformation consciente de la nature par l’intermédiaire d’outils. Cette activité

est spécifiquement humaine, parce qu’elle nécessite l’intelligence et la

conscience.

2- Le travail comme facteur de libération

Par essence, le travail est libérateur. Il a permis à l’espèce humaine de s’éloigner

de son animalité originaire. Le travail constitue l’acte de naissance de l’homme,

parce qu’il lui a permis d’acquérir la station bipède, le développement de la

conscience et du langage humain. C’est à juste titre que Engels disait dans

Dialectique de la nature : « le travail est la condition fondamentale premier de

toute vie humaine et, (…) dans un certain sens il faut dire que le travail a créé

l’homme lui- même » ; Cela signifie que le travail a favorisé la sortie de l’homme

du règne animal. Il l’a façonné au fur et à mesure que celui-ci a transformé la

nature pour l’adapter à ses exigences. Par le travail, l’homme a la possibilité de

résoudre plusieurs problèmes existentiels auxquels il est confronté. C’est ce que

traduit la pensée de Voltaire qui dit : « le travail éloigne de nous trois grands

maux : le vice, l’ennui, le besoin » (Candide)

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3- Le travail comme facteur de servitude

La servitude du travail se manifeste surtout dans ce que Karl Marx

appelle « travail aliéné » En effet dans la société capitaliste, le travail est aliénant

parce qu’il est conçu et pensé par le capitaliste. L’ouvrier n’est qu’une machine

à exécution. Le résultat de son travail ne lui appartient pas. L’ouvrier est

dépossédé de ses qualités d’homme. Dans la société capitaliste moderne,

l’ouvrier est d’abord l’étranger à sa force du travail qu’il transforme en une

marchandise qui lui est échangée contre un salaire dérisoire : l’ouvrier est

exploité, ensuite il est dépossédé du produit de son travail, car c’est le bourgeois

qui s’en approprie parce qu’il est le propriétaire des moyens de production.

Enfin, l’ouvrier est dépossédé de lui-même parce qu’il ne déploie pas une libre

activité, mais agit sous une contrainte extérieure. Karl Marx résume le caractère

aliénant du travail en des termes suivants « L’ouvrier n’a le sentiment d’être

auprès de lui-même qu’en dehors du travail, et dans le travail, il se sent en

dehors de soi ». Le travail capitaliste est déshumanisant

IV- L’ART

1-Definition de l’art

Le mot ‘art’ vient du latin « ars » qui est la traduction du grec « techné » qui veut

dire ‘savoir-faire’. L’art désigne d’abord le savoir-faire de l’artisan jusqu’à la fin

du XVIIIe siècle. C’est toute activité de l’homme ayant le but de produire les

objets. En ce sens, l’art s’oppose à la nature, parce qu’il produit ce qui est

« artificiel »

A la fin du XVIIIe siècle, on a attribué à l’art la signification que nous lui

connaissons aujourd’hui. C’est une activité humaine qui consiste à créer le beau

et à juger cette beauté. L’artiste produit des œuvres d’art. C’est dans ce sens que

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l’on parle des beaux-arts : la peinture, la sculpture, l’architecture, la musique, la

danse, la poésie et bien d’autres.

2-Les fonctions de l’art

Les artistes ont le plus souvent choisi de représenter dans leurs œuvres ce qui

est déjà beau dans la nature. Il y a aussi des philosophes qui pensent que l’œuvre

d’art imite les formes sensibles. C’est le cas de PLATON et de son disciple

ARISTOTE.

Pour PLATON, l’art reproduit ce qui existe déjà dans le monde extérieur. Dans la

mesure où le monde sensible est l’imitation maladroite du monde invisible, l’art

est alors la copie de la copie ; il se trompe deux fois : il copie la copie en

s’éloignant de l’original. Et pour retrouver l’original, il faut s’engager dans une

démarche dialectique qui débute par la beauté corporelle, pour passer ensuite à

la beauté spirituelle, pour aboutir enfin à la beauté de la connaissance. Tels sont

les trois degrés qui conduisent à la science du Beau. Le Beau signifie donc autre

chose que son apparence. Il signifie l’idée. L’Art est l’expression de l’idée sous le

déguisement du concret.

De son côté, ARISTOTE affirme que l’Art imite la nature et que les hommes

s’entourent des représentations visuelles des choses du monde, parce que

l’imitation est naturelle à l’homme : par désir de connaissance d’abord, et aussi

parce que l’homme trouve plaisir à regarder des imitations.

Si l’Art a pour but essentiel de copier le réel, la beauté artistique est alors

considérée comme le reflet de la beauté naturelle. Ainsi, on peut penser que la

nature exprime mieux le Beau que l’Art, et la véritable beauté n’existe que dans

la nature. Dans ces conditions, la plus grande ambition de l’art consiste à se

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rapprocher du beau naturel dont la beauté artistique n’est que l’image et

l’expression.

L’art comme création

Il ne faudrait pas croire que l’Art ne reproduit que des phénomènes beaux de la

réalité ; il reflète la vie dans son infinie variété et diversité. Les images de l’art

sont toujours belles et les prototypes peuvent être répugnants. La beauté

artistique est donc autre chose que la beauté naturelle. La vérité est que l’art

n’est aucunement une imitation. C’est pourquoi, HEGEL récuse le principe

d’imitation. Pour lui, l’art est plutôt création d’une réalité spirituelle authentique

au moyen des formes sensibles. Le but de l’art n’est pas de reproduire la nature.

Une telle tâche de reproduction est superflue, inutile et présomptueuse. L’art se

trahit lorsqu’il se borne à reproduire la nature. Le beau artistique n’est pas

l’expression de la beauté naturelle. HEGEL situe le travail de l’artiste sur le plan

spirituel, car l’art est une production de l’Esprit. Or, l’Esprit est supérieur à la

nature. Donc la beauté artistique est supérieure à la beauté naturelle. A ce

propos, HEGEL, écrit : "il est permis de soutenir dès maintenant que le beau

artistique est plus élevé que le beau dans la nature. Car le beau artistique est la

beauté née de l’Esprit. Or, autant l’esprit et ses créations sont plus élevés, que

la nature et ses manifestations, autant la beauté artistique est supérieure à la

beauté naturelle » (cf. Esthétique). Toujours pour HEGEL, l’art doit se proposer

une autre fin : la réalisation d’une beauté spécifique et originale. Il affirme que :

« l’art, crime de toute la beauté porte celle-ci à sa fin ultime en embellissant la

nature » (Cf. Esthétique). En d’autre termes, le rôle de l’artiste est de transfigurer

le monde naturel, lui donner un complément.

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L’art comme célébration de la vie

Le rôle de l’art est d’éduquer l’homme qui vit dans le monde. A travers l’œuvre

d’art, l’artiste se rend compte de tous les aspects de la société. Ainsi ; l’œuvre

d’art est comme un miroir qui montre à l’homme et à la société ce qu’ils sont et

ce qu’ils font. Cela permet à l’homme de comprendre la vraie nature de

l’homme, c’est-à-dire ses vices et ses valeurs en vue d’améliorer l’être humain.

Nous convenons avec NIETZSCHE que : « ce qui est essentiel dans l’art, c’est qu’il

parachève l’existence : c’est qu’il est générateur de perfection et de plénitude ».

(Volonté de puissance). L’Art doit donc être un stimulant à la vie.

Art comme communication (Habermas)

La théorie de l'agir communicationnel, clé de voûte de la philosophie Habermas

sienne, s'inscrit dans la lignée du tournant linguistique opéré par la philosophie

pendant la seconde moitié du 20ème siècle. Cette théorie associe étroitement

trois concepts : le concept de raison, d’action et de communication. Pour

résumer les choses simplement il est possible de présenter la situation de la

manière suivante : deux individus ou plus ont un problème au sein de leur monde

vécu. Pour le résoudre ils doivent communiquer sous certaines conditions et agir

en conséquence. Approfondissons cette caricature en nous arrêtant d’abord sur

le volet communication. Habermas, dans la continuité d’Austin, distingue trois

formes d’actes communicationnels : les locutions, dans lesquelles un individu

exprime un fait du monde objectif, les illocutions dans lesquelles il énonce

clairement un ressenti, et les per locutions dans lesquelles il énonce un ressenti

en cachant une partie de ce qu’il pense réellement. Habermas accorde le primat

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aux actes illocutoires dans lesquels il voit la possibilité de l’intercompréhension.

Il nous dit : « Par la force illocutoire d’une expression, un locuteur peut motiver

un auditeur à accepter l’offre de son acte de parole, et par là, à engager un lien

rationnellement motivé. Ce concept présuppose que des sujets (…) puissent

mettre au fondement de leur communication un système de mondes supposé

commun. » source : Brouillard Charnel.

3- La notion du beau

Le beau désigne ce qui éveille une émotion esthétique, c’est ce qui suscite un

plaisir admiratif.

Le beau est une catégorie fondamentale de l’esthétique qui permet de juger les

phénomènes réels et les objets d’art. Le beau traduit le sentiment de plaisir que

nous avons à contempler une chose. L’esthétique est la science du beau ou la

théorie philosophique de l‘art.

Le beau chez Platon

Platon distingue l’aspect sensible de la beauté de son aspect intelligible. L’aspect

intelligible de la beauté représente la beauté originale de la chose. Alors l’aspect

sensible représente l’apparence de cette beauté. L’artiste est-il capable de

représenter la beauté intelligible de la chose ?

Platon répond à cette question dans la République livre X à travers le dialogue

de SOCRATE avec Glaucon. Platon prend l’exemple de trois formes de lit : la

forme naturelle, la forme du menuisier, la forme du peintre. La forme naturelle

est l’essence, l’idée ou le lit originel. C’est le vrai lit parce qu’il est divin. Le lit du

menuisier est sensible, c’est une imitation, une copie, celui du menuisier. Si le lit

du menuisier ; n’est qu’une apparence du vrai le lit artistique est la copie de cette

apparence. Donc l’art est la copie de la copie. Pour cela, « l’art d’imiter est donc

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bien éloigné du vrai », c’est-à-dire du beau. Cela signifie que pour Platon l’art est

mensonge et illusion, parce qu’il prend pour vrai l’apparence de la beauté.

L’artiste est incapable de représenter la beauté authentique de la chose. C’est

plutôt par la compétence que l’art peut accéder à cette beauté.

Le beau chez E. KANT

Emmanuel Kant utilise plusieurs formules pour définir la nature du beau. Par ces

mêmes formules, il caractérise les valeurs esthétiques « le beau est celui qui est

représenté sans concept comme l’objet d’une satisfaction universelle ».

(Critique du jugement)

Dans cette 1ere formule, le beau est défini comme la dimension d’une œuvre d’art

qui suscite une admiration et un plaisir universel.

En ce sens, la beauté exprime un pouvoir magique parce, qu’elle envoûte et

hante tous les individus.

L’individu aussi hanté par le beau, cherche à réagir à travers un discours pour

exprimer cette beauté. Mais, il est privé des concepts pour justifier cette beauté.

Cela signifie que la raison de l’homme est incapable de rendre compte de la

beauté qu’elle voit.

Le goût est la faculté de jugement d’un objet ou d’une représentation pour une

satisfaction dégagée de tout intérêt. L’objet de cette satisfaction s’appelle le

beau.

A travers cette formule, Kant pense que l’œuvre d’art ne satisfait aucun besoin.

Il nous invite plutôt à distinguer la beauté libre et la beauté adhérente, c’est-à-

dire le beau lié à l’agréable (simple plaisir) et le beau lié à la consommation qui

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procure une jouissance. Le véritable jugement esthétique n’est pas lié à la

satisfaction biologique ; il est désintéressé

Cette exigence kantienne pour bien juger la beauté esthétique nécessite la

maîtrise de soi, la soumission de nos desseins à une discipline a fin de déchiffrer

le message contenu dans l’œuvre d’art

4- L’art négro-africain

Il est une véritable aberration de penser que l’africain vit en dehors de l’art. Le

camerounais Engelbert Bidima MVENG dans son ouvrage l’art d’Afrique noire

pense : « la danse on le sait, c’est l’expression souveraine de l’art africain. En

elle, rythme, mélodie, geste synthétisent dans le corps humain l’espace et la

durée dans leur capacité d’expression ».

Par cette affirmation, MVENG pense qu’à travers la danse, le négro-africain

exprime toute sa vie quotidienne. La danse exprime et justifie ses origines

géographiques ses origines sociales, c’est-à-dire sa coutume. Il a inventé l’aspect

de danse pour son action pour marquer un moment de la vie. Il est donc

nécessaire de déchiffrer à travers chaque aspect l’expression du négro-africain.

Ainsi il affirme : « il ne faut pas oublier qu’en Afrique on sème, on récolte, on

tisse, on forge tout cela se danse avant de passer à la routine quotidienne, avant

de devenir travail et production

Conclusion

La nature et la culture sont apparemment opposées certes, mais coïncident et

sont indissociables chez l’homme. Cependant, sur le plan général, la culture est

le prolongement de la nature. Cette dernière offre à l’homme le matériel pour la

réalisation de la culture par le moyen du travail. Ainsi c’est en travaillant que

l’homme fait son histoire.

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SUJETS D’ENTRAINEMENT

1- La culture élève-elle l’homme ?

2-l’idée d’une culture humaine est-elle concevable ?

3- L’art est-il une évasion ?

4-Le beau est-il objectif ?

5-La culture dénature –t-elle l’homme ?

6-La culture est-ce une perversion ?

7-Le travail libère –il ?

8-Le beau est-il subjectif ?

9-Le travail est-il source d’aliénation ?

10-Le beau est-il universel ?

11-La culture définie-t-elle l’homme ?

12-Peut-on parler de la nature humaine ?

13-La liberté et le travail sont-ils conciliables ?

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