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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON Année 2008 - Thèse n° 39 Guide thérapeutique de la prise en charge médicale des troubles du comportement du chien et du chat THESE Présentée à l’UNIVERSITÉ CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie) et soutenue publiquement le 10 Juillet 2008 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire par Cédric BOONAERT Né le 27 Mars 1981 à Valenciennes (59)

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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON

Année 2008 - Thèse n° 39

Guide thérapeutique de la prise en charge médicale des

troubles du comportement du chien et du chat

THESE

Présentée à l’UNIVERSITÉ CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie)

et soutenue publiquement le 10 Juillet 2008 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

Cédric BOONAERT

Né le 27 Mars 1981 à Valenciennes (59)

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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON

Année 2008 - Thèse n° 39

Guide thérapeutique de la prise en charge médicale des

troubles du comportement du chien et du chat

THESE

Présentée à l’UNIVERSITÉ CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie)

et soutenue publiquement le 10 Juillet 2008 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

Cédric BOONAERT

Né le 27 Mars 1981 à Valenciennes (59)

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A monsieur le Professeur GHARIB, De la Faculté de Médecine de Lyon Qui nous a fait l’honneur d’accepter la présidence de notre jury de thèse, Hommages respectueux. A monsieur le Professeur CADORE, De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon Qui m’a fait l’honneur d’accepter d’encadrer ce travail, Qu’il trouve ici mes sincères remerciements et mon plus profond respect. A monsieur le Professeur GARNIER, De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon Qui m‘a fait l’honneur d’accepter de juger ce travail, Sincères remerciements. A madame le Docteur DRAMARD, Vétérinaire Comportementaliste à Lyon Qui m’a fait l’honneur d’encadrer ce travail et d’y apporter un œil avisé, Qu’elle trouve ici l’expression de toute ma gratitude.

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A ma Maman, Parce qu’on dit que les galères rapprochent, parce que tu as toujours été là et fait en sorte que je ne manque de rien. Parce que tu m’as toujours soutenu, même dans les moments laborieux qui ont jalonné mon parcours. J’espère que par l’aboutissement de mes études je t’aurai rendue fière d’être ma maman. A mon Père, Pour tous ces moments passés ensembles, cette étonnante complicité qui s’est établit entre nous. Même ça n’a pas toujours été facile j’ai trouvé en toi un père que j’apprécie énormément. A ma Sœur, Parce que tu es la petite sœur parfaite qui a toujours remplit son rôle. Je repense à tous ces moments de notre enfance qu’on a vécus ensemble, j’espère avoir été une bonne nounou. Aujourd’hui je te souhaite plein de bonheur dans ta vie d’adulte, tu es peut être devenue une femme mais tu restes toujours ma « sor ». A mon grand-père Jean, Parce que tu m’as transmis ton amour pour la nature et les animaux. Parce que tes histoires ont bercées toute ma jeunesse et m’ont souvent fait rêver. Pour ces interminables ballades tous les deux. Je suis heureux et fier que tu sois encore là pour me voir arriver au bout de ces longues études. A ma grand-mère Denise, Ma « mémé », parce que ta maison c’est ma première maison et que je m’y suis toujours senti bien. J’ai souvent regretté l’éloignement mais tu as toujours été là pour moi, tu m’as toujours soutenu. A mes grand- parents Rosa et Charles, Un petit bout de Sicile dans ma vie. La distance fait qu’on n’a pas assez profité les uns des autres, on ne profite jamais assez, mais quel plaisir de se retrouver autour d’une bonne assiette de « pasta » et de quelques « pourpettes ». Comme vous dites souvent : l’important c’est la santé ! Même si elle vous quitte doucement j’espère qu’elle va rester encore un peu. A ma tante Salvatrice, Je ne pouvais pas faire sans te nommer. Tu es à mi-chemin entre une deuxième maman et une grande sœur. Pour toi la vie n’a pas toujours été rose et pourtant tu as toujours tenu. J’admire ton courage et ce que tu as fait. Tu m’as souvent dit que tu m’aimais et je ne te l’ai jamais dit. Aujourd’hui c’est fait. Je te souhaite pleins de bonheur avec ton nouveau mariage et tes merveilleux enfants. A tous mes oncles et tantes, Isabelle et André, Gérard, Enza et Guy, Gino et Joëlle, j’ai pleins de souvenirs avec vous tous qui formez ma famille. J’ai également pensée Thérèse qui nous a quittés trop tôt, qu’elle repose en paix. A tous mes cousins et cousines, Marie, Adelaïde, Alexandre, Aurore, Amandine, Delphine, Sandrine, Géraldine, Florian, Fiona, Orianne, la future Lucie, Priscilla, Sandra, Frédéric, Eric.

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A Cindy, Une amie de toujours, je ne compte plus les années ça fait trop peur. Tu es quelqu’un de spécial pour moi, une fille à part. On ne se voit pas assez mais j’espère qu’on restera encore en contact très longtemps. Je te souhaite un bon courage pour ton futur professionnel comme sentimental. A David, Un vieux copain aussi, on s’est un peu perdu de vue mais il y a des choses qu’on n’oublie jamais. A Caro A Ped et Fluff, Mes deux meilleurs amis rencontrés dans cette école. On a passé des moments fabuleux qui resteront dans ma mémoire encore longtemps. A Manux, Tu es une jolie rencontre, je t’apprécie beaucoup et te souhaite pleins de bonnes choses pour la suite. A Kitty, On s’est connu avant cette école et tu es l’un des ingrédients de la recette qui m’a mené là où je suis. T’as vu, on y est arrivé, et ce n’est pas fini ! A ma famille Véto, Kenny ma maman de clinique dotée d’une extrême patience, Anne-laure ma carrée adorée, Tiph ma première fille, et Greg mon super fils a qui je souhaite beaucoup de bonheur dans son mariage consommé d’une jolie manière puisqu’il m’a rendu « grand père ». A Guijui, Pour toutes ces soirées sur MSN ou au téléphone, ces discutions interminables sur la Hifi et ses expériences formidables. A tous les autres de mes amis et connaissances que je n’ai pas nommé mais qui m’ont tous, chacun de leur côté, beaucoup apporté. A Dom et Domi, des beaux-parents comme beaucoup en voudraient. A la Clinique Vétérinaire des Dr BOURHIS et GALLON, ainsi que toute l’équipe, pour m’avoir donné la chance de faire mes premières armes dans ce métier et m’avoir donné une expérience enrichissante. A la Clinique Vétérinaire des Dr SOCHAT et LEPRIVEY, ainsi que toute l’équipe, pour leur super accueil. Au deux animaux qui ont marqué ma vie, Lady, mon premier chien de cœur, on aurait le même âge…elle a probablement éveillé une vocation. Molly, mon premier vrai chien à moi que j’ai tant attendu et qui m’accompagne depuis maintenant plus de 11 ans.

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A Aurélie, Ma chérie. Quel bonheur d’être avec toi. Chaque jour je suis conscient de la chance de t’avoir auprès de moi. Depuis que tu es entrée dans ma vie tout coule de source pour moi. Je ne te remercierai jamais assez pour ta patience et ton implication. L’avenir s’ouvre devant nous et j’espère que l’on arrivera à se construire une vie qui nous correspondra. Au milieu de tout ça il y a des choses qu’on ne dit peut être jamais assez : je t’aime.

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TABLE DES MATIERES

TABLE DES MATIERES……………………………………………………………………1 LISTES DES TABLEAUX ET FIGURES..............................................................................4 INTRODUCTION…………………………………………………………………………….6 PREMIERE PARTIE : NOTIONS DE PSYCHOPHARMACOLOGIE

I. THEORIE DES NEUROTRANSMETTEURS........................................................... 10

A. ELEMENTS CLES CONCERNANT LE FONCTIONNEMENT DE LA SYNAPSE .......................... 10 1. La transmission de l’information ............................................................................. 10 2. La plasticité synaptique............................................................................................ 11 3. Préparation à une nouvelle stimulation ................................................................... 11

B. LES PRINCIPAUX NEUROTRANSMETTEURS ..................................................................... 12 1. Acétylcholine ............................................................................................................ 12 2. Noradrénaline/Adrénaline ....................................................................................... 14 3. Dopamine ................................................................................................................. 16 4. GABA : Acide gama-amino-butyrique ..................................................................... 17 5. Glutamate ................................................................................................................. 19 6. Histamine ................................................................................................................. 20 7. Sérotonine................................................................................................................. 20

C. INTERACTIONS ENTRE NEUROTRANSMETTEURS : CAS PARTICULIER DE LA SEROTONINE23 1. Avec le système noradrénergique............................................................................. 23 2. Avec le système dopaminergique.............................................................................. 23

II. MODE D’ACTION DES MEDICAMENTS PSYCHOTROPES.............................. 23

A. LA QUANTITE DE NEUROTRANSMETTEUR : UNE CIBLE PRIVILEGIEE ............................... 23 B. LES RECEPTEURS : UNE AUTRE CIBLE PRIVILEGIEE ........................................................ 24 C. LA REGULATION PAR LA PLASTICITE SYNAPTIQUE ......................................................... 25

III. LES PHEROMONES .................................................................................................... 25

A. DEFINITION ................................................................................................................... 25 B. PRESENTATION .............................................................................................................. 26 C. LA PERCEPTION DU MESSAGE ........................................................................................ 26 D. ROLE DES PHEROMONES ................................................................................................ 27

DEUXIEME PARTIE : EVALUATION, CHOIX, ET SUIVI DU TRAITEMENT

I. L’EVALUATION........................................................................................................... 32

A. PREAMBULE : LA CONSULTATION .................................................................................. 32 B. OUTILS D’EVALUATION ................................................................................................. 33

1. Les échelles d’évaluations........................................................................................ 33 2. Evaluation des systèmes de neurotransmetteurs ...................................................... 33 3. Le dosage de la prolactine : une voie d’avenir ? ..................................................... 35

C. SUSPECTER DES COMPORTEMENTS LIES AUX FONCTIONS ENDOCRINIENNES .................. 36 1. Les dysfonctionnements thyroïdiens......................................................................... 36 2. Les dysfonctionnements de l’axe corticotrope ......................................................... 40

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3. Comportements gênants associés à la fonction de reproduction ............................. 40

II. LE CHOIX...................................................................................................................... 41

A. CHOISIR UN PSYCHOTROPE ............................................................................................ 41 1. Principes de prescription ......................................................................................... 41 2. Présentation des classes thérapeutiques .................................................................. 42

B. UNE AUTRE APPROCHE : PHEROMONES ET NUTRACEUTIQUES ........................................ 48 C. AGIR SUR LA FONCTION DE REPRODUCTION................................................................... 48

1. Indications de la stérilisation chirurgicale .............................................................. 48 2. Intérêt des progestatifs ............................................................................................. 50 3. Cas particulier de la pseudocyèse............................................................................ 50

III. LE SUIVI ........................................................................................................................ 51

A. OBJECTIFS COMMUNS .................................................................................................... 51 B. LES COMPORTEMENTS TRACEURS.................................................................................. 52 C. MODIFIER OU ARRETER LE TRAITEMENT........................................................................ 52

TROISIEME PARTIE : MOLECULES UTILISABLES………………….54 CONCLUSION…………………………………………………………….…..…………...107 BIBLIOGRAPHIE………………..………………………………………….…………….109

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Liste des Tableaux Tableau 1- Liste des différents neurotransmetteurs connus (d'après Stahl, 2007) ................... 13 Tableau 2 - Présentation des récepteurs adrénergiques............................................................ 15 Tableau 3 - Action sur la neurotransmission des modèles agoniste/antagoniste ..................... 24 Tableau 4 - Tableau "SAD" d'évaluation des systèmes de neurotransmetteurs ....................... 34 Tableau 5 - Efficacité de la fluoxétine et de la Sélégiline pour le traitement de l'anxiété, en

rapport avec la prolactinémie (Pageat et al, 2007) ........................................................... 35 Tableau 6 - Facteurs de Variation de la thyroxinémie (d'après Senecat, 2007, version

modifiée) .......................................................................................................................... 38 Tableau 7 - Principales indications comportement de la stérilisation chirurgicale.................. 49 Tableau 8 - Tableau synthétique de l'action des molécules présentées.................................... 56

Liste des Figures

Figure 1- Synapse Noradrénergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006) ...................... 14 Figure 2 - Synapse Dopaminergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006)...................... 16 Figure 3 - Synapse GABAergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006) ......................... 17 Figure 4 - Schéma d'une structure de récepteur GABA A (d’après Crowell-Davis et Murray,

2006)................................................................................................................................. 18 Figure 5 - Synapse Glutamatergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006)...................... 19 Figure 6 - Localisation anatomique de l'organe voméro-nasal chez le chat (vu dans Marion,

2004)................................................................................................................................. 27 Figure 7 - Exemple de courbe d'évolution .............................................................................. 51

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Même si l’éthologie animale est étudiée depuis très longtemps, la médecine du comportement est une spécialité relativement récente dans le monde vétérinaire, qui a pris plus d’ampleur depuis une décennie avec l’apparition, en 1998, d’un diplôme de « Comportementaliste diplômé des Ecoles Nationales Vétérinaires Françaises », commun aux quatre écoles.

Outre la compréhension et l’intégration d’un examen somatique et clinique à sa

consultation, la valeur ajoutée du vétérinaire dans la gestion des troubles du comportement est de pouvoir s’aider de béquilles médicamenteuses. On touche alors à ce que certains confrères nomment la zoopsychiatrie.

Malheureusement la prise en charge médicale des troubles du comportement est peu

abordée dans le tronc commun de formation des étudiants vétérinaires alors que la prescription et la manipulation des médicaments psychotropes, ainsi que la compréhension des mécanismes mis en jeu, peuvent s’avérer très difficiles.

Ce travail est présenté sous la forme d’un « guide thérapeutique » et est organisé

autour de trois parties. La première partie présente des notions de psychopharmacologie autour du principe de

neurotransmission. Elle en présente les différents acteurs, ainsi que les différentes stratégies possibles pour agir sur cette dernière. On trouvera également dans cette partie, une présentation synthétique des phéromones.

La seconde partie aborde trois volets de la mise en place d’un traitement :

- l’évaluation : qui vise à déterminer l’objectif du traitement. Cela passe dans un premier temps par une consultation comportementale au cours de laquelle il sera intéressant d’estimer si la mise en place d’un traitement psychotrope est nécessaire. Dans ce cas une évaluation des systèmes de neurotransmetteurs pourra aider à la prescription. Il est également abordé dans cette partie l’existence de troubles comportementaux qui voient plutôt leur origine liée à la fonction endocrinienne.

- Le choix : dans ce volet sont présentées les différentes stratégies de thérapie médicale en comportement ainsi que les clés permettant d’orienter son choix en fonction de l’évaluation réalisée.

- Le suivi : sont présentées ici, les différents aspects à considérer lors du suivi de la thérapie. La troisième partie est organisée sous la forme de fiches présentant différentes

molécules utilisables en médecine du comportement. Le choix des molécules présentées ici est personnel et non exhaustif. Le nombre restreint de fiches est un parti pris qui vise à se concentrer sur les molécules les plus connues et utilisées en pratique courante.

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Première Partie :

Notions de

Psychopharmacologie

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I. Théorie des neurotransmetteurs Selon Jean Delay en 1957 « On appelle psychotrope une substance chimique, d'origine

naturelle ou artificielle, qui a un tropisme psychologique, c’est-à-dire qui est susceptible de modifier l'activité mentale, sans préjuger du type de cette modification. »

Les substances psychotropes les plus connues sont par exemple le tabac, le café,

l’alcool ou bien encore les « drogues ». Nous allons baser ce travail sur la théorie des neurotransmetteurs selon laquelle les

psychotropes vont agir en augmentant ou diminuant la neurotransmission. Ces concepts ne sont pas encore tout à fait maitrisés en médecine humaine, et les connaissances sont malheureusement encore plus faibles chez le chien et le chat. C’est pourquoi il sera parfois nécessaire de faire des extrapolations avec ce qui est connus chez l’homme. Ces connaissances chez l’homme sont souvent elles mêmes acquises par des études chez le rat.

A. Eléments clés concernant le fonctionnement de la synapse La synapse est la structure privilégiée de communication entre les neurones dans le

système nerveux. Il semble intéressant de rappeler le fonctionnement d’une synapse afin de mieux comprendre certains concepts de psychopharmacologie évoqués plus tard dans ce travail. L’objectif est donc de rappeler certaines notions, sans entrer dans le détail, en prenant pour modèle la synapse chimique.

Considérons schématiquement deux neurones communicants au travers d’une synapse,

on va alors distinguer : - un neurone pré synaptique : qui envoi l’information - un neurone post synaptique : qui reçoit l’information

1. La transmission de l’information Dans le modèle qui nous intéresse cette communication se fera par l’intermédiaire de

petits messagers chimiques qu’on appelle neurotransmetteurs, libérés par le neurone pré synaptique dans l’espace intra synaptique (ou fente synaptique).

Le neurone post synaptique présente à sa surface des récepteurs sur lesquels vont se fixer les neurotransmetteurs libérés. Les récepteurs post synaptiques sont chargés de faire naître l’influx électrique dans le neurone cible. La fixation du neurotransmetteur va entraîner une cascade d’évènement au sein du neurone post synaptique : il peut en résulter l’ouverture de canaux ioniques, l’activation ou l’inhibition d’enzymes intracellulaires (exemple : Adenylate cyclase), de seconds messagers (exemple : AMPc), ou des modifications de la synthèse de l’ARN post synaptique. Ils peuvent également agir de façon durable sur les activités biochimiques de ce neurone cible. C’est ainsi, et de manière très schématique, que l’on considère qu’est transmise l’information entre deux neurones.

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On trouvera également des récepteurs à la surface du neurone pré synaptique qui seront également activés par les neurotransmetteurs libérés. Toutefois leur rôle sera différent des récepteurs post synaptiques : les récepteurs pré synaptiques inhibent l’ouverture des vésicules de neuromédiateurs dans la fente synaptique et diminuent donc le flux de neuromédiateur. On parle de rétrocontrôle négatif ou d’effet « feed back » négatif.

2. La plasticité synaptique Lors de la transmission de l’information, l’intensité de la l’excitation synaptique va

dépendre de la quantité de neuromédiateurs fixés, donc de la quantité qui a été libérée, ainsi que du nombre de récepteurs présents à la surface du neurone post synaptique et de leur sensibilité.

La quantité de récepteurs est variable selon le flux synaptique. Mais quand le

neurone pré synaptique à tendance à libérer peu de neurotransmetteurs le neurone post synaptique essaiera de compenser dans le temps en augmentant le nombre de récepteurs présents à sa surface. Au contraire quand beaucoup de neurotransmetteurs sont libérés, le nombre de récepteurs tendra à diminuer.

En effet pour une activation équivalente, plus la synapse est riche en neuromédiateurs moins le nombre de récepteurs doit être important et inversement.

Cette plasticité synaptique est importante à comprendre car elle intervient dans

l’action thérapeutique de certains psychotropes.

3. Préparation à une nouvelle stimulation Tant que les neurotransmetteurs seront présents dans l’espace intra synaptique la

stimulation va se poursuivre. Or la fréquence des différentes stimulations (et donc du nombre de transmissions) peut être très élevée, cela nécessite donc une élimination des neurotransmetteurs de la fente synaptique pour permettre la stimulation suivante.

Il existe donc une période pendant laquelle la synapse ne peut transmettre une nouvelle stimulation, c’est le temps nécessaire pour qu’elle élimine ces neurotransmetteurs et interrompe alors la stimulation.

Ainsi pour éviter que la stimulation du neurone post synaptique ne se prolonge plusieurs systèmes travaillent ensembles :

� La dégradation : elle met en jeu des enzymes spécifiques qui vont métaboliser le

neurotransmetteur, mettant fin à son effet sur le neurone post synaptique. On s’intéressera particulièrement la Mono Amine Oxydase (MAO) issue des synthèses mitochondriales mais il faut également citer également la Catechol-O-Methyl Transferase. On retrouve des MAO dans différents types de neurones mais aussi dans la substance gliale, le foie, les reins, le cœur, l’intestin, les poumons, les glandes salivaires, les gonades, et différents muscles lisses. Elles participent donc, d’un point de vue général dans l’organisme, à la protection contre des amines circulantes ainsi qu’à la dégradation des amines présentes dans les aliments.

� La recapture : le neurotransmetteur est récupéré par le neurone pré synaptique pour

être réutilisé ou détruit, il est ainsi éliminé de la fente synaptique. Cette recapture peut également intéresser les précurseurs issus de la dégradation enzymatique.

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� Le rétrocontrôle négatif joue également un rôle important permettant à la stimulation

d’avoir une durée brève. Les responsables de cet effet sont les récepteurs pré synaptiques : dès la libération du neurotransmetteur dans la fente synaptique, ces récepteurs seront activés et inhiberont l’ouverture des vésicules de neurotransmetteur. C’est ainsi que la synapse se prépare rapidement à la stimulation suivante. Ces

concepts sont très importants à retenir pour comprendre le mode d’action de certains psychotropes.

B. Les principaux neurotransmetteurs Les messagers chimiques qu’on appelle neurotransmetteurs existent en nombre très

élevé (voir Tableau I), tous différents dans leurs effets, localisation, nature etc. Néanmoins le nombre de neurotransmetteurs dont nous sommes capables de modifier

la transmission et dont nous connaissons le rôle dans le comportement est plus limité. Afin de simplifier le modèle ce sont ces derniers sur lesquels nous nous pencherons plus particulièrement.

1. Acétylcholine C’est le médiateur de la plaque motrice (jonction neuromusculaire). L’acétylcholine

aurait également un rôle dans les performances cognitives, notamment dans l’apprentissage et la mémorisation, elle aurait en effet été décrite comme impliquée dans la maladie d’Alzheimer.

Une des particularités de ce système est qu’une fois libérée par le neurone

cholinergique l’acétylcholine sera dégradée par une enzyme spécifique appelée acétylcholinestérase. Cette enzyme sera la cible des inhibiteurs de la cholinestérase : source d’intoxication, mais également cible thérapeutique.

On distingue deux types de récepteurs à l’acétylcholine différents (Crowell-Davis et Murray, 2006) :

� Les récepteurs muscariniques : ce sont des Récepteurs appartenant à la familles des

Récepteurs Couplés à la Protéine G (RCPG), qui sont divisés en 5 sous types. L’atropine et la scopolamine sont des antagonistes. Le sous type M1 aurait un intérêt thérapeutique dans la maladie d’Alzheimer.

� Les récepteurs nicotiniques : ce sont des récepteurs type canal ionique à la structure

pentamériques, c'est-à-dire constitués chacun de 5 sous unités pour lesquelles il existe environ 12 formes différentes. Ainsi les différentes combinaisons de sous unités formant le pentamère vont influer sur les propriétés pharmacologiques des récepteurs.

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Tableau 1- Liste des différents neurotransmetteurs connus (d'après Stahl, 2007)

AMINES

Sérotonine (5HT) Dopamine (DA) Noradrénaline (NA, norépinéphrine) Adrénaline (Ad) Acétylcholine Tyramine Octopamine Phénylétilamine Tryptamine Mélatonine Histamine

PEPTIDES HYPOPHYSAIRES

Corticotropine (ACTH) Hormone de croissance (GH, growth hormone) Lipotropine Alpha-melanocyte-stimulating hormone (alpha-MSH) Ocytocine Vasopressine Thyroid stimulating hormone (TSH) Prolactine

HORMONES CIRCULANTES

Angiotensine Calcitonine Glucagon Insuline Leptine Peptide atrial natriurétique Œstrogènes Androgènes Progestérone Hormones thyroïdiennes

HYPOTHALAMIC-RELEASING

HORMONES

Corticotropin-releasing factor (CRF) Gonadotropin-releasing hormone (GnRH) Somatostatine Thyrotropin-releasing hormone (TRH)

ACIDES AMINES

Acide gamma-aminobutyrique (GABA) Glycine Acide glutamique (Glutamate) Acide aspartique (Aspartate) Gamma-hydroxybutyrate

HORMONES INTESTINALES

Cholécystokinine (CCK) Gastrine Motiline Polypeptide pancréatique Sécrétine Peptide intestinal vasomoteur (VIP, vasoactive intestinal peptide)

PEPTIDES OPIOIDES

Dynorphine Bêta-endorphine Met-enképhaline Leu-enképhaline Kyotorphine

PEPTIDES DIVERS

Bombésine Bradykinine Carnosine Neuropeptide Y Neurotensine Delta sleep factor Galanine Oxérine

GAZ

Monoxyde d’azote (ou oxyde nitrique, NO) Monoxyde de carbone (CO)

LIPIDE NEUROTRANSMETTEUR

Amandamine NEUROKININES/TACHYKININES

Substance P Neurokinine A Neurokinine B

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2. Noradrénaline/Adrénaline

Figure 1- Synapse Noradrénergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006)

NE = Norépinéphrine : terme synonyme de Noradrénaline Autoreceptor = Récepteurs pré synaptiques responsables du retrocontrôle

La sécrétion d’adrénaline est principalement assurée par les glandes surrénales. Dans les neurones du système nerveux central la noradrénaline est obtenue par hydroxylation de la dopamine (Crowell-davis et Murray, 2006). C’est par méthylation de la noradrénaline que l’on obtiendra de l’adrénaline (ou épinéphrine).

La neurotransmission adrénergique intervient dans les manifestations périphériques

de la peur que sont par exemple la tachycardie et la tachypnée, elle est aussi responsable de la vigilance par augmentation l’activité histaminergique. Elle joue un rôle important dans les phénomènes de mémorisation, d’attention, de concentration, mais aussi dans la régulation du sommeil. En cas d’excès de neurotransmission on peut alors observer une hyper vigilance, de la mydriase, ou une piloérection.

En dehors de ses effets sur le comportement on peut noter un rôle important de l’adrénaline et de ses récepteurs dans la régulation de la glycémie et dans la lipolyse. L’adrénaline aurait une action proche du Glucagon sur l’hydrolyse des glycérides formant glycérol et acide gras.

Le principal noyau de neurones adrénergique se trouve dans le locus coerulus mais on

note des projections dans la plupart des zones cérébrales (cortex cérébral, hippocampe, thalamus, hypothalamus, le bulbe olfactif) (Crowell-davis et Murray, 2006).

Il existe deux grands types de récepteurs adrénergiques : les récepteurs alpha et les

récepteurs bêta. Ces derniers ne sont pas majoritaires en nombre mais ont une affinité plus importante pour l’adrénaline que les récepteurs alpha. Néanmoins lorsque les récepteurs alpha seront activés leurs effets seront prédominants à ceux des récepteurs bêta.

Au sein de ces deux types de récepteurs existent différents sous types (Bylund, 2005),

détaillés dans le tableau 2.

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Tableau 2 - Présentation des récepteurs adrénergiques

RECEPTEURS MODE D’ACTION ACTION-EFFETS DIVERS-REMARQUES

Alpha 1

(a, b, d)

Agissent par l’intermédiaire de la Ca 2+ calmoduline

Vasoconstriction Hypertension Pro agrégation plaquettaire Contraction utérine

En général ils sont post synaptiques

Alpha 2

(a, b, c, d)

Inhibent l’adenylate cyclase

Majoritaires dans l’encéphale, ils diminuent le tonus du système sympathique

La plupart des autorécepteurs font partie des alpha 2 Les alpha-2 agonistes sont par exemple utilisés en anesthésie (médétomidine, xylazine…), ce sont des sédatifs aux propriétés analgésiques.

Bêta 1

Activent l’adenylate cyclase

Effet inotrope et chronotrope positif Activent également la lipolyse dans le tissu adipeux

Le cœur n’aurait quasiment que des récepteurs Bêta 1 L’utilisation des bêtabloquants diminue l’excitabilité des fibres cardiaques.

Bêta 2

Activent l’adenylate cyclase

Relaxation des fibres musculaires lisses de l’intestin, de la vessie, de l’utérus, et des poumons Vasodilatation Hypotension Hypoglycémie Bronchodilatation

Utilisé par exemple dans le traitement l’asthme (en évitant les spasmes bronchiques)

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3. Dopamine

Figure 2 - Synapse Dopaminergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006)

DA = Dopamine DAT = Transporteur à la Dopamine responsable de la recapture Il existe trois voies dopaminergiques principales au sein du système nerveux des

mammifères (Civelli et al, 1993) :

� La voie nigro striée : La neurotransmission dopaminergique intervient dans le contrôle de l’activité motrice et du tonus musculaire, du comportement exploratoire. Elle est responsable des productions des phases d’arrêt émises par le striatum (retour à l’équilibre en fin de séquence comportementale). Chez l’homme la destruction de cette voie peut aboutir à la maladie de Parkinson.

� La voie mésocorticolimbique : Elle joue un rôle très actif dans les comportements

canins en étant responsable de l’anticipation émotionnelle et des associations

cognitives utilisées dans le dressage, elle joue donc un rôle capital dans l’activation cérébrale nécessaire à la mémorisation. Cette voie contribue à la stabilité émotionnelle et peut être impliquée dans la schizophrénie chez l’homme.

� La voie tubero-infundibulaire : La dopamine à une action modulatrice sur

l’hypophyse : elle inhibe la prolactine, inhibe le CRF…ce qui peut expliquer certains troubles de la sexualité, secondaires à l’administration de neuroleptiques. En cas d’excès de neurotransmission on note des conduites stéréotypées, des

hallucinations, une exacerbation des comportements exploratoire, une hyper motricité, une trop forte anticipation, de la diarrhée, de la salivation. On peut noter également des vomissements par stimulation de l’area postrema (centre du vomissement) : ce phénomène est par exemple employé pour faire vomir un animal à l’aide de l’apomorphine qui est un agoniste de la dopamine.

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Un déficit de neurotransmission dopaminergique existe lors d’atonie, inhibition et de déficit cognitif, l’hypofonctionnement peut induire la perte des séquences d’arrêt (dans le syndrome Hypersensibilité Hyperactivité, noté Hs-Ha).

Les responsables de la recapture sont des transporteurs pré synaptiques spécifiques,

qui seront la cible de substances comme la cocaïne ou les amphétamines. Il existe 5 types de récepteurs à la dopamine nommés D1 à D5, ce sont des récepteurs

classés dans la superfamille des Récepteurs Couplés à la Protéine G (ou RCPG). On peut diviser ces 5 types de récepteurs en deux grands groupes car à l’origine seuls deux types de récepteurs avaient été découverts (D1 et D2) en 1959 de part leur action différente (Le Crom, 2000).

� Les apparentés D1 : D1 et D5 : qui provoquent une activation de l’adenylate cyclase

et augmentent la concentration d’AMPc intracellulaire. D5 aurait une meilleure affinité pour la dopamine que D1.

� Les apparentés D2 : D2, D3, D4 : qui inhibent la production d’AMPc. D3 aurait une affinité 20 fois supérieure à la dopamine que D2. Les autorécépteurs appartiendraient aux récepteurs D2, leur activation entraîne bien entendu une diminution de la libération de dopamine dans la synapse, cette inhibition est même durable car cela inhiberait également la synthèse de dopamine. On parlerait également d’un effet sur les transporteurs pré synaptiques. (Schmitz et al, 2002). NB : Des neurones dopaminergiques inhibent certains neurones GABAergiques et les

récepteurs GABA B auraient également un effet inhibiteur sur la libération de la Dopamine.

4. GABA : Acide gama-amino-butyrique

Figure 3 - Synapse GABAergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006)

GLU = Glutamate GLN = Glutamine

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Le GABA est principalement présent dans le système nerveux central (surtout le cerveau) et s’y trouve en très forte concentration par rapport aux mono amines, les neurones GABAergiques représentent environ 17 à 20% des neurones cérébraux (Somogyi et al, 1998).

Il est considéré comme le neurotransmetteur majeur de l’inhibition. Il possède d’importantes fonctions de régulation au niveau cérébral telles que la vigilance, l’anxiété, la tension musculaire, l’activité épileptique, la mémoire.

Le principal récepteur au GABA responsable de cette action inhibitrice est un

récepteur type canal ionique nommé récepteur GABA A fonctionnant plus particulièrement avec l’ion Cl-. Ce récepteur est la principale cible des benzodiazépines (comme le diazepam, Valium ND) dont l’effet anxiolytique, anticonvulsivant, sédatif, et myorelaxant peut être expliqué par la potentialisation de l’effet du GABA.

Figure 4 - Schéma d'une structure de récepteur GABA A (d’après Crowell-Davis et Murray, 2006)

On notera l’existence d’un deuxième type de récepteurs : GABA B, de la famille des

Récepteurs Couplés à la Protéine G (Barnard et al, 1998). Les récepteurs GABA A sont des pentamères formés par 7 familles de sous-unités

α(1 à 6), β(1 à 4), γ(1 à 3), δ, ε, θ, ρ(1 à 3). Les récepteurs sensibles aux benzodiazépines ont des combinaisons de sous unités : α(1, 2, 3 ou 5), β(1 à 3) et γ2. Le type de récepteur le plus représenté ayant une combinaison α1, β2, γ2. Les récepteurs qui ne sont pas sensibles aux benzodiazépines ont en général des sous unités α4 ou α6 (Möhler et al, 2002).

Cette structure particulière des récepteurs GABA A laisse préjuger alors de la diversité des récepteurs sachant que la composition des sous unités sera déterminante sur le profil

pharmacologique.

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5. Glutamate (D’après Crowell-Davis et Murray, 2006)

Figure 5 - Synapse Glutamatergique (d'après Crowell-Davis et Murray, 2006)

C’est un précurseur du GABA par décarboxylation enzymatique mais à la différence du GABA c’est un système uniquement stimulateur, il est considéré comme le neurotransmetteur majeur responsable de l’excitation neuronale dans le cerveau. Il joue un rôle dans l’activation neuronale indispensable au bourgeonnement synaptique mais devient toxique et détruit les neurones lorsqu’il se trouve en excès.

Il est responsable de la mémorisation et de la potentialisation à long terme. En outre il possède une activité métabolique en participant à la synthèse de peptides et

de protéines. Il est synthétisé à partir du glucose et de la glutamine. Une fois libéré par

dépolarisation des canaux Ca2+ dans la fente synaptique le Glutamate est ensuite récupéré par les cellules gliales pour être retransformé en Glutamine qui sera réexportée dans les neurones pré synaptiques et ainsi de suite. Cette récupération se fait via des transporteurs spécifiques qui sont responsable de la régulation du glutamate extra cellulaire.

Les récepteurs au glutamate peuvent appartenir à deux grandes familles de récepteurs.

On trouvera les récepteurs type canal ionique dont le principal représentant sera le type NMDA du nom de son principal agoniste : N-methyl-D-aspartate. On trouvera également des Récepteurs Couplés à la Protéine G qui seront plutôt des récepteurs pré synaptiques. Remarque : Les anesthésiques dissociatifs comme la ketamine (IMALGENE ND) ou la tiletamine (contenue dans ZOLETIL ND par exemple) sont des antagonistes des récepteurs NMDA.

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6. Histamine Elle intervient dans le contrôle de la vigilance, la régulation du sommeil et elle

participe à la thermorégulation.

7. Sérotonine C’est la 5 Hydroxytryptamine (5- HT), considérée comme le neuromédiateur majeur

de l’inhibition comportementale, en particulier l’inhibition sociale. La neurotransmission sérotoninergique est impliquée dans les états d’anxiété, les états

dépressifs, les réponses émotionnelles, dans les situations conflictuelles associées à la peur, et dans les comportements d’agressions associés à la vie sociale (agressions hiérarchiques et par irritation). Elle pourrait même atténuer la sensation douloureuse (blocage des fibres descendantes médullaires).

En outre elle contrôle la régulation du sommeil (part du sommeil paradoxal), le comportement sexuel, l’appétit (notamment la notion de satiété), et la thermorégulation. Elle joue donc un rôle dans les comportements instinctifs que sont la boulimie, la prédation, et le chevauchement.

Un hypofonctionnement sérotoninergique existe lors d’un défaut d’inhibition, cela

peut donner de l’émotivité, des cauchemars, une hyper réactivité à l’environnement (agitation anxieuse). L’hypofonctionnement des synapses sérotoninergiques s’observe dans les dépressions quelles que soient leurs origines, dans les inhibitions pathologiques aux stades les plus avancés (phobies de stade 3, privation stade 3) et dans certains troubles de l’attachement (hyper attachement).

L’excès de neurotransmission, par surdosage de psychotrope par exemple, peut être responsable d’indifférence émotionnelle, d’inhibition motrice et psychique, de rigidité musculaire, de myoclonies, d’anorexie, de salivation, d’agitation, d’hyperthermie, de nausée, de dégoût.

NB : Certaines structures sérotoninergiques ont une action inhibitrice sur les

neurones dopaminergiques qui conduisent à l’évolution des états anxieux, et au passage de

l’activité de substitution vers la stéréotypie.

Une fois libérée dans la synapse la sérotonine sera recaptée par des transporteurs pré

synaptiques dépendant des ions Na+ et Cl-. Certains antidépreseurs vont agir sur ces transporteurs, ils inhibent la recapture et augmentent ainsi la demi-vie de la sérotonine dans la fente synaptique.

Il existe plus d’une dizaine de récepteurs à la sérotonine, répartis en 7 familles de

récepteurs (Hoyer et al, 1994) numérotés 5HT1 à 5HT7. Ce sont de manière générale des Récepteurs Couplés à la Protéine G, sauf le récepteur 5HT3 qui est plutôt de type canal ionique. En thérapeutique on s’intéressera plus particulièrement aux récepteurs 5HT1 à 5HT4.

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� Récepteurs 5HT1 : 5HT1a : ce sont soit des récepteurs pré synaptiques (présents en région du raphé) soit

des récepteurs post synaptiques (principalement dans le système limbique). Ils inhibent principalement l’adenylate cyclase mais ont aussi une activité d’ouverture des canaux potassiques. Ce sous type est essentiellement associé à la recapture et au recyclage de la sérotonine synaptique. Leur activation inhibe la synthèse et la libération de sérotonine.

Ces récepteurs sont impliqués dans les comportements sexuels, la thermorégulation, l’anxiété, la dépression, les troubles de sommeil, le comportement alimentaire, et la nociception. (Zifa et Fillon, 1992)

5HT1b/d : ce sont majoritairement des autorécepteurs, la plupart du temps leur

stimulation entraîne une inhibition de la libération du neurotransmetteur. Leur mode fonctionnement est lié à l’inhibition de l’adenylate cyclase, ainsi qu’à un couplage à des canaux calciques. Ce sont également des récepteurs hétérologues présynaptiques (présents sur les neurones dopamines, noradrénergiques, cholinergiques, GABAergiques), (Moulignier, 1994).

Ils sont impliqués au niveau périphérique dans la contraction des artères et le fonctionnement des cellules immunocompétentes. Ils ont un rôle sur l’anxiété au niveau cérébral, dans les désordres moteurs, l’appétit, l’activité sexuelle, et les comportements d’agressivité et d’impulsivité. Ils sont mis en jeu dans le stress et les phénomènes de dépendance (alcool par exemple), mais aussi dans les migraines chez l’homme (par vasoconstrictions cérébrales).

5HT1c : souvent associés aux récepteurs 5HT2.

5HT1e/f : ils inhibent l’adenylate cyclase

� Récepteurs 5HT2 : Leur particularité est de stimuler la phospholipase C. Ils ont un couplage négatif avec

les canaux potassiques et ont en général une meilleure affinité pour les antagonistes que pour la sérotonine elle-même (comme par exemple la métergoline). Ce sont principalement des récepteurs post synaptiques sur les terminaisons non sérotoninergiques. Les récepteurs 5HT2 sont principalement impliqués dans le sommeil, le comportement alimentaire, la nociception et l’anxiété (Zifa et Fillon, 1992).

Les récepteurs 5HT2 modifient l’activité des systèmes dopaminergiques centraux, ils s’opposent aux effets extrapyramidaux du blocage des récepteurs D2 qui sont responsables de certains effets secondaires des neuroleptiques. Des molécules comme la Rispéridone (Neuroleptique atypique) utilisent cette propriété.

5HT2a : ce sont des récepteurs centraux et périphériques, leur stimulation peut

entraîner la libération d’autres neurotransmetteurs ou neurohormones. Ils sont impliqués dans la contraction des muscles lisses (iléon, trachée, utérus, vaisseaux sanguins), l’agrégation plaquettaire, l’activité sexuelle, le sommeil, et l’activité motrice. On les trouvera tout de même principalement dans l’encéphale. Ils jouent un rôle dans les phénomènes d’hallucination, la schizophrénie, l’anxiété, la dépression…

5HT2b/c

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� Récepteurs 5HT3 :

Ce sont les exceptions parmi les récepteurs sérotoninergiques car ce ne sont pas des

Récepteurs Couplés à la Protéine G (RCPG), ils permettent en effet la translocation de sodium, potassium, ou calcium : ce sont des récepteurs de type canal ionique.

Ils sont impliqués dans les phénomènes de vomissements, d’où une application médicale des antagonistes 5HT3 pour contrôler les vomissements (utilisé chez l’homme en association avec la chimiothérapie anticancéreuse, peu actif sur le mal des transports). Les antagonistes de ces récepteurs n’ont souvent pas d’analogie avec les autres antagonistes sérotoninergiques, ce sont en général aussi des antagonistes dopaminergiques D2.

Exemple : cocaïne et métoclopramide. Ils seraient également impliqués dans les phénomènes de dépendances ainsi qu’un

possible effet analgésique.

� Récepteurs 5HT4 : Ils activent l’adenylate cyclase et seraient présents dans le tissu périphérique : cœur,

vessie, surrénales, tractus digestif (fonction dans le péristaltisme). Les 5HT4s se retrouveraient plutôt dans le striatum tandis que les 5HT4l plutôt dans le

cerveau (possible rôle dans l’activité mnésique).

� Récepteurs 5HT5

� Récepteurs 5HT6 :

Ils activent l’adénylate cyclase et sont surtout présents au niveau cérébral.

� Récepteurs 5HT7 : Ils stimulent l’activité de l’adenylate cyclase et sont présents dans le tissu périphérique

et au niveau du cerveau. Ils sont impliqués dans les effets relaxant sur les fibres lisses préalablement contractées : veines fémorales, jugulaires, artère utérine, et aussi muscles lisses intestinaux. Il a également été mis en évidence une implication de ces récepteurs dans la relaxation gastrique, principalement dans la région proximale de l’estomac. (Janssen et al, 2005) CONCLUSION : On peut classer ces principaux neurotransmetteurs en trois groupes distincts (Stahl, 2007):

- Stimulateur : Acide glutamique ou Glutamate - Inhibiteur : GABA - Les modulateurs : représentés par les mono amines : Adrénaline/Noradrénaline,

Dopamine, Sérotonine, Histamine.

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C. Interactions entre neurotransmetteurs : Cas particulier de

la sérotonine

1. Avec le système noradrénergique

Chez l’homme, on trouve (Stahl, 2007) :

� Des interactions inhibitrices (du Locus coerulus au raphé) : les axones noradrénergiques ont des terminaisons axonales sérotoninergiques, les hétéro récepteurs alpha 2 exerçant un rétrocontrôle négatif sur la sécrétion de sérotonine.

� Des interactions excitatrices (au niveau du cortex) : des axones noradrénergiques possèdent un corps cellulaire et des dendrites sérotoninergiques, les récepteurs alpha 1 exerçant un rétrocontrôle positif sur la sécrétion de sérotonine. Lorsque des neurones noradrénergiques voisins de neurones sérotoninergiques libèrent

de la noradrénaline, celle-ci se fixe sur ses récepteurs alpha1 et alpha2 des neurones noradrénergiques mais aussi des neurones sérotoninergiques. Lorsque la noradrénaline se fixe sur les alpha1, elle augmente la libération de sérotonine. Lorsqu’elle se fixe sur les alpha2, elle freine la libération de sérotonine.

La plupart des agonistes et antagonistes des récepteurs à la sérotonine ont une affinité

pour les récepteurs alpha 1 adrénergiques. (Yoshio et al, 2001)

2. Avec le système dopaminergique Chez l’homme toujours la sérotonine inhibe la sécrétion de dopamine en se fixant sur

les récepteurs 5HT2A présents sur les neurones de la voie dopaminergique nigro striée et du raphé. Un psychotrope sérotoninergique aura donc globalement une action inhibitrice sur la neurotransmission dopaminergique, (Stahl, 2007).

Conclusion : Lors de la mise en place d’un traitement il faut toujours réguler d’abord la neurotransmission sérotoninergique si celle-ci parait défaillante.

II. Mode d’action des médicaments psychotropes

Les psychotropes utilisent différentes stratégies pour influer sur la neurotransmission.

A. La quantité de neurotransmetteur : une cible privilégiée Les solutions médicales apportées par certains psychotropes visent à réguler la

concentration intra synaptique du neurotransmetteur. � L’une de ces solutions consiste en l’inhibition de l’enzyme appelée : Mono Amine Oxydase (MAO). En inhibant cette enzyme destructrice des mono amines la quantité de neurotransmetteur intra cellulaire, puis intra synaptique, va augmenter. On favorise de cette manière l’augmentation de la neurotransmission.

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� L’autre solution apportée consiste en un blocage des pompes de recapture des neurotransmetteurs. En inhibant ces pompes la recapture est ralentie, la concentration intra synaptique en neurotransmetteur va donc augmenter. Certains psychotropes inhibiteurs de la recapture seront plus spécifiques : on trouve par exemple une classe particulière qu’est la classe des Inhibiteurs Spécifiques de la Recapture de la Sérotonine (ISRS) qui va préférentiellement agir sur les pompes de recapture de la sérotonine.

B. Les récepteurs : une autre cible privilégiée Certains psychotropes vont augmenter l’activation des récepteurs du (des)

neurotransmetteur(s) cible(s), on dira alors qu’ils ont une action agoniste. Lorsqu’un psychotrope entraînera le blocage des récepteurs du (des) neurotransmetteur(s) cible(s), on dira alors qu’il a une action antagoniste sur ces récepteurs.

En outre parmi ces psychotropes certains seront plus ou moins spécifiques des

récepteurs pré ou post synaptique. On devine alors de par ces deux modèles : agoniste/antagoniste et les affinités pour les

récepteurs pré ou post synaptiques, que diverses combinaisons sont possibles et que le résultat en dépendra :

Pré synaptique Post synaptique

Agoniste

Diminution de la

neurotransmission (Augmentation du rétrocontrôle négatif)

Augmentation de la

neurotransmission

Antagoniste

Augmentation de la

neurotransmission (Diminution du rétrocontrôle négatif)

Diminution de la

neurotransmission

Tableau 3 - Action sur la neurotransmission des modèles agoniste/antagoniste

� Attention : la spécificité pré ou post synaptique des psychotropes n’est

pas parfaite, lorsque la dose de psychotrope dépasse un certain seuil les récepteurs privilégiés seront alors saturés et la molécule aura une action sur l’autre type de récepteur. On retrouvera cette notion avec les neuroleptiques, plutôt actifs sur les récepteurs D2, avant les récepteurs D1.

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C. La régulation par la plasticité synaptique La plasticité de la synapse (évoquée plus haut) est utilisée pour la régulation de la

neurotransmission, on voit souvent apparaître le terme anglo-saxon de « down regulation » pour décrire ce phénomène.

Lorsque la quantité de neurotransmetteur est anormalement faible (lors de dépression

par exemple) ou qu’il y a un dysfonctionnement de la synapse, la quantité de récepteurs à la surface du neurone post synaptique aura tendance à augmenter

Lorsque l’on va tenter de rééquilibrer le fonctionnement de cette synapse on va augmenter la quantité de neurotransmetteurs disponibles dans la fente synaptique. Dans un premier temps on aura donc beaucoup de neurotransmetteurs ainsi que beaucoup de récepteurs : on peut observer pendant cette période une aggravation des symptômes ou l’apparition d’effets secondaires, ce qui est tout à fait normal.

Avec le temps le nombre de récepteurs post synaptique devrait diminuer grâce à la plasticité synaptique mais ces derniers n’en seront pas moins sensibles. On cherche alors à ce que le nombre de ces récepteurs revienne à un niveau physiologique. Conclusion : La « down regulation » se fait en deux étapes :

- une première étape sans effet thérapteutique recherché qui peut même être accompagnée d’une aggravation des symptômes ou l’apparition d’effets secondaires ;

- une deuxième étape avec une régulation assurant le rééquilibre neurotransmetteurs/récepteurs, qui aboutit à l’effet thérapeutique recherché.

NB : L’effet recherché prend donc du temps à se mettre en place, en général une quinzaine de

jours, ce qui explique que l’action de certains psychotropes n’est pas immédiate. Il est

important de prévenir les propriétaires afin qu’ils ne s’affolent pas et/ou n’interrompent le

traitement avant qu’il ne soit réellement efficace.

III. Les phéromones (Grosdemange, 1998) (Marion, 2004)

A. Définition

Le terme de phéromone est apparu en 1959 et fut défini par Karlson et Lüscher selon les racines grecques : « pherein » : transporter et « hormân » : exciter.

La définition historique est alors une substance qui, après avoir été excrétée à l’extérieur par un individu (émetteur), est perçue par un individu de même espèce (récepteur) chez qui elle provoque une réaction comportementale spécifique, voire une modification physiologique (neuro endocrinienne).

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Suite à leurs études sur le lapin, Schaal et al ont proposé en 2005 une définition un peu plus précise et restrictive organisée en plusieurs points :

� Chimiquement simple. Un ou faible nombre de composants

� Déclenche une réaction comportementale univoque, morphologiquement invariante, fonctionnellement évidente

� De façon très sélective

� Caractéristique de l’espèce

� Le lien entre stimulus et réponse ne doit pas dépendre (ou de façon minimale) d’un apprentissage préalable

Les solutions accessibles en médecine vétérinaire ne répondent pas vraiment à cette définition, ce sont plutôt des substances à action phéromonale qui sont susceptibles de contenir des phéromones à proprement parlé mais ces dernières n’ont pas été identifiées précisément.

B. Présentation Contrairement aux hormones qui sont sécrétées par des glandes endocrines les

substances phéromonales peuvent être excrétées par des glandes exocrines mais aussi dans la plupart des sécrétions corporelles. Il est don possible de retrouver des sécrétions phéromonales dans la salive, les urines, les sacs anaux, la région anale, mais aussi dans les glandes supra caudales, jugales, péri orales et celles situées sous les coussinets plantaires. On en retrouve également dans le sillon inter mammaire, les glandes faciales de la commissure des lèvres et de l’entrée du conduit auditif.

Les complexes phéromonaux ainsi excrétés sont souvent des cocktails de molécules, dont certaines nécessitent une dégradation bactérienne pour passer du stade de prophéromone au stade de phéromone.

Leur composition chimique peut être très variable : on trouvera des stéroïdes, des acides aliphatiques, des esters, des proteines…Ce sont souvent des substances volatiles de faible poids moléculaire, mais cette volatilité et ce poids moléculaire sont souvent dépendant du mode d’action.

C. La perception du message

Chez les carnivores domestiques on note une action conjointe du système olfactif principal et du système olfactif accessoire dans la perception des sécrétions phéromonales.

Le système olfactif accessoire est dédié à cette perception et est représenté par l’organe voméronasal ou organe de Jacobson.

L’organe voméronasal est situé à la base du septum nasal, dans la partie antérieure de la cavité nasale. Cet organe est anatomiquement bien distinct du système olfactif et son épithélium de type muqueuse olfactive est tapissé des cellules réceptrices. Le nerf voméronasal est connecté au bulbe olfactif accessoire à partir duquel les fibres se dirigent vers le système limbique qui est en quelque sorte le centre des émotions.

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Figure 6 - Localisation anatomique de l'organe voméro-nasal chez le chat (vu dans Marion, 2004)

L’une des actions les plus connues permettant la perception des phéromones est le

« flehmen ». On connaît bien ce comportement chez le cheval mais il est également décrit chez le chat par exemple (Hart et Leedy, 1987). Le chat tend le cou, ouvre la bouche, fronce le nez et retrousse les lèvres.

D. Rôle des phéromones

La perception des phéromones influe sur le comportement et sur la physiologie de manière inconsciente, alors que le goût et l’olfaction sont des sensations perçues consciemment, il ne faut donc pas confondre les phéromones avec des odeurs.

Lorsqu’un individu perçoit cette phéromone, cela déclenche une réaction qui ne dépend pas de l’apprentissage. Cette réaction peut être un comportement ou une modification émotionnelle. Les phéromones sont également capables de modifier les sécrétions hormonales par le biais de l’hypothalamus. On peut alors noter des modifications neuroendocriniennes.

Les différents comportements induits, ainsi que les actions neuroendocriniennes

engendrées par les phéromones, sont encore mal connus mais les perspectives d’utilisation dans le traitement des troubles du comportement sont intéressantes.

Il existe une grande variabilité individuelle en ce qui concerne la sécrétion et la

perception des phéromones dans une même espèce. Cette variabilité est également présente pour un même individu, selon son âge ou son état hormonal qui modifie la sécrétion de certaines phéromones, mais aussi selon sa flore microbienne. Par exemple, une différence de composition des sécrétions des glandes anales est observée chez la chienne selon le moment de son cycle.

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On soupçonne l’existence des phéromones dans la plupart des espèces mais les premiers modèles d’étude des phéromones sont les phéromones d’insectes, chez qui ce mode communication est très développé. Il semblerait que plus les espèces sont évoluées et moins cette voie de communication serait importante, cela pourrait être lié à l’évolution des activités cognitives. CONCLUSION : Les sécrétions phéromonales ont un rôle dans la communication « inconsciente » entre les animaux et sont capables de modifications comportementales et neuroendocriniennes. Ces messagers chimiques volatils sont perçus, entre autres, par l’organe de Jacobson (ou organe voméronasal) et sécrétés par différentes parties du corps.

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Deuxième Partie :

Evaluation, choix, et

suivi du traitement

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L’objectif de cette partie est de guider le praticien à mettre en place la thérapie médicale. Pour cela nous l’axerons sur trois points :

- L’évaluation : qui vise à définir l’objectif de la thérapie - Le choix : qui vise à définir la/les molécules adaptées à cette cible - Le suivi

I. L’évaluation

A. Préambule : la consultation Une consultation de comportement présente certaines particularités, ne serait-ce que

par sa durée : en moyenne et pour une première consultation il n’est pas rare d’y consacrer au moins une heure.

Dans le cadre d’une consultation de comportement il est important que les membres de

la « famille », c’est à dire les personnes (voire mêmes les autres animaux) qui vivent avec l’animal, soient présents, ou, à minima, les personnes impliquées dans les problèmes qui ont menés à cette consultation.

La présence de chacun permettra une meilleure évaluation pour le clinicien et il est parfois surprenant ou intéressant de recueillir différentes versions.

En outre pour qu’une thérapie comportementale soit efficace il est nécessaire qu’elle soit suivie par tout le monde, et de fait qu’elle emporte l’adhésion de chacun, sans quoi un échec est prévisible.

Chaque clinicien possède ses propres habitudes pour conduire sa consultation mais

globalement on pourra distinguer plusieurs étapes/phases :

- Présentation du motif de la consultation par les propriétaires : ils feront part de leurs problèmes et de ce qu’ils aimeraient changer ou résoudre, c’est leur demande.

- Observation de l’animal en liberté (lorsque cela est possible) dans la salle de consultation par le clinicien : en pratique cette observation se fera tout au long de la consultation. Les réactions et comportements de l’animal seront très informatifs pour le vétérinaire.

- Recueil d’informations (éléments sémiologiques) sur l’animal, sous forme de questions/discussion avec le propriétaire et organisé en plusieurs parties (Mège et al, 2003).

- Examen clinique (somatique) de l’animal comme lors d’une consultation générale. - Exposé du praticien de son diagnostic sémiologique, du pronostic. C’est également le

moment d’expliquer le problème aux propriétaires. - Mise en place d’une thérapie comportementale +/- associées à une thérapie

médicale : outre la rédaction de l’ordonnance le vétérinaire va fournir les axes d’amélioration espérés en fonction du temps, la durée du traitement, le rythme des contrôles (visites ou par téléphone) etc.

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B. Outils d’évaluation

1. Les échelles d’évaluations

Dans son ouvrage de 1998, Pageat propose trois grilles d’évaluation :

- l’échelle d’évaluation de l’agressivité (permettant le calcul des indices d’agressivité) - l’échelle d’évaluation des troubles émotionnels du chien (E.T.E.C) - l’échelle d’évaluation du vieillissement émotionnel et cognitif (E.V.E.C)

Dehasse et Béata ont également proposé chacun une grille d’évaluation des chiens

dangereux. L’actualité des chiens dangereux à donné certaines responsabilités aux vétérinaires sur l’évaluation comportementale des chiens. Une formation encadrée par les vétérinaires comportementalistes diplomés a été créée et permet à tout vétérinaire qui l’aura suivie d’être habilité à effectuer cette évaluation de la dangerosité des chiens.

Au cours de cette formation, est fournie une grille qui combine les 3 grilles de Pageat, Dehasse, et Béata, donnant un score global.

Malgré tout il est évident que ce genre d’évaluation reste soumis discussion quant à sa fiabilité, le droit à l’erreur dans le cadre d’un sujet aussi complexe que l’agressivité étant difficilement acceptable et paradoxalement inévitable.

L’intérêt des échelles ETEC et EVEC semble limité en pratique mais cela permet

d’avoir un score chiffré, qui peut être utile notamment dans le cadre d’un suivi, car basé sur des critères précis et donnant une visualisation des caractères évolutifs. Elles peuvent également être utiles dans le cadre d’études cliniques, avec une meilleure reproductibilité de l’évaluation. Elles ne dispensent pas d’un travail sémiologique rigoureux mais peuvent être des arguments de confirmation pour le vétérinaire.

Ces échelles d’évaluation ne sont néanmoins que des outils concernant uniquement la

sémiologie, qui n’aident pas le praticien pour le choix du traitement et n’influencent donc pas ce dernier.

2. Evaluation des systèmes de neurotransmetteurs D’après Pageat (1998) : « c’est la dominante symptomatologique qui doit faire orienter

vers la recherche d’une régulation de tel ou tel système neurotransmetteur. Ce choix sera affiné par la prise en compte des affections intercurrentes et des effets secondaires des molécules sélectionnées. »

A partir des informations recueillies dans la littérature et abordées en première partie

de ce travail, on pourrait imaginer un tableau regroupant les signes et/ou troubles pouvant être reliés à chacun des 3 principaux systèmes de neurotransmetteurs modulateurs. Ce tableau serait nommé « Tableau SAD », (Sérotonine, Adrénaline, Dopamine), et permettrait de faciliter la tâche du clinicien pour évaluer ces systèmes de neurotransmetteurs. (Tableau 4)

Néanmoins comme le souligne Dehasse (2004) la simple hypothèse aminergique et le

mode d’action de chaque molécule sur la neurotransmission ne sont pas suffisantes pour

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expliquer tous les effets thérapeutiques. D’après lui il existe plusieurs modèles pour prescrire des psychotropes :

- « choix du psychotrope par ses effets sur la neurotransmission et la neuromodulation (neurochimie, neurophysiologie) »

- « choix du psychotrope pour les symptômes sur la physiologie » - « choix du psychotrope pour les troubles sur la nosographie »

L’exercice de la prescription d’un psychotrope n’est donc pas une chose aisée et est

difficilement automatisable, l’expérience du praticien est alors très utile. Le tableau « SAD » ne serait alors qu’un outil d’évaluation, qui ne peut se suffire mais

qui peut donner une orientation pour la mise en place d’un traitement en facilitant l’évaluation des trois principaux systèmes de neurotransmetteurs modulateurs.

DEFICIT EXCES

Déficit des autocontrôles Anorexie Mordillements Nausées Emotivité Dégoût Impulsivité Apathie Agressions :

- associées à la peur - sociales : hiérarchique, irritation

(Souvent disparition des phases de menace)

Cauchemars Troubles du sommeil

Boulimie Mâchonne l’eau Chevauchements (comportement sexuel) Hyperréactivité à l’environnement (agitation anxieuse)

S

E R

O

T

O

N

I N

E

Etats dépressifs Hypo vigilance Hyper vigilance Déficit de mémorisation Tachycardie Défaut d’attention, de concentration Tachypnée Fatigue, apathie Mydriase Hypersomnie Piloérection Mictions émotionnelles

A

D R

E

N

A

L

I N

E Etats anxieux

Hypo motricité Hyper motricité Diminution du comportement exploratoire Augmentation du comportement exploratoire Inhibition comportementale Stéréotypies Pertes des séquences d’arrêt Hallucinations Déficit cognitif : associations (dressage) Augmentation de l’anticipation émotionnelle

Altération de la mémorisation Dyspepsie (vomissements, éructation, bâillements)

D O

P

A

M

I N

E Diarrhée ou colon irritable

Tableau 4 - Tableau "SAD" d'évaluation des systèmes de neurotransmetteurs

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3. Le dosage de la prolactine : une voie d’avenir ? Dans un article récent une équipe (Pageat et al, 2007) a fourni un travail très

intéressant concernant l’évaluation d’une population de chiens anxieux. Deux molécules, a priori comparables en termes d’efficacité sur l’anxiété, ont été comparées : la Fluoxétine (Inhibiteur Sélectif de la Recapture de la Sérotonine) à action sérotoninergique et la Sélégiline (Inhibiteur de la Mono Amine Oxydase – B) à action dopaminergique.

Le choix des molécules est également lié aux mécanismes de régulation de la prolactine. En effet la dopamine possède un effet inhibiteur direct sur la sécrétion de prolactine par les cellules lactotropes. La sérotonine possède un effet facilitateur de la sécrétion de prolactine de façon indirecte par une inhibition de l’activité dopaminergique.(Stahl, 2007)

On peut donc considérer que la fluoxétine aurait tendance à favoriser la sécrétion de prolactine, tandis la sélégiline aurait tendance à diminuer cette sécrétion.

Le suivi et l’évaluation de l’efficacité du traitement ont été réalisés par l’utilisation de

la grille ETEC proposée par Pageat (1998). Le résultat de cette étude a montré qu’il y aurait deux populations de chiens anxieux

concernant le dosage de la prolactine, chacune des populations ne répondant pas de la même manière aux traitements.

Les animaux ayant un taux de prolactine élevé ont une amélioration significative du score ETEC avec un traitement à la sélégiline, là où la fluoxétine est peu efficace. Au contraire les animaux ayant un taux de prolactine dans les valeurs usuelles voient leur score ETEC diminuer de manière significative avec un traitement à fluoxétine, là ou la sélégiline est peu efficace. FLUOXETINE SELEGILINE

Anxiété + Prolactinémie dans les valeurs usuelles

+

- Anxiété + Hyperprolactinémie

-

+

Tableau 5 - Efficacité de la fluoxétine et de la Sélégiline pour le traitement de l'anxiété, en rapport avec la

prolactinémie (Pageat et al, 2007)

Cette étude encourageante laisse espérer une possible utilisation du dosage de la prolactine comme outil d’évaluation lors d’anxiété, permettant d’influencer le choix du traitement. Néanmoins d’autres études seront nécessaires pour valider son intérêt.

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C. Suspecter des comportements liés aux fonctions

endocriniennes (Dramard et Benoît, 2004) (Marion, 2007)

Les hormones participent à la réponse émotionnelle de l’individu, et de nombreuses

hormones sont impliquées dans la neurotransmission (en particulier dans la neurotransmission cérébrale). On comprend alors aisément qu’une dysendocrinie peut être la source de répercussions comportementales, ces modifications comportementales apparaissent parfois de façon précoce, avant la mise en place d’autres signes cliniques.

Il est donc important pour le vétérinaire d’être capable de faire la part des choses afin de tenir compte d’une éventuelle co-morbidité entre un trouble d’origine endocrinienne et des troubles du comportement.

1. Les dysfonctionnements thyroïdiens

Dans cette partie nous allons nous concentrer sur les deux entités pathologiques de la fonction thyroïdienne les plus couramment rencontrées :

- l’hypothyroïdie du chien - l’hyperthyroïdie du chat

a) L’hypothyroïdie canine

(1) L’hypothyroïdie clinique

En dehors des signes cliniques d’appel classiques : troubles dermatologiques, prise de

poids sans polyphagie, troubles de l’appétit etc. il est également et communément décrit certaines manifestations comportementales :

- apathie - hypersomnie, fatigabilité - frilosité

Certains troubles apparaissent généralement sur des chiens qui n’avaient aucuns problèmes de comportement :

- Troubles de l’humeur : irritabilité liée à la fatigue - Apparition de peurs, pouvant évoluer sur des troubles telles que la phobie - Hypersensibilité aux bruits et une hyper vigilance

D’autres troubles liés à l’hypothyroïdie ont pu être décrits chez l’homme et semblent

présents chez le chien : mais certaines études tendraient à montrer le contraire chez le chien - L’anxiété - Les états dépressifs : dépressions chroniques, dépression d’involution du chien âgé Néanmoins certains auteurs émettent des réserves (Bonnafous, 1999) (Schowbthaler,

2007).

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Il existerait une corrélation chez les animaux hypothyroïdiens entre le taux de T4 et le nombre et la sensibilité des récepteurs bêta adrénergiques. T3 et T4 entraîneraient dans un premier temps une augmentation du nombre de récepteurs puis dans un second temps une désensibilisation. Cette cinétique expliquerait l’hypersensibilité aux bruits et l’hyper vigilance rencontrées en début d’évolution, puis une réduction de la réceptivité aux stimuli environnementaux associée à une apathie et une léthargie ensuite.

L’hypo réactivité de ces récepteurs permettrait d’ailleurs d’expliquer l’échec des traitements antidépresseurs qui agissent en augmentant la concentration synaptique en neurotransmetteurs. (Senecat, 2007)

(2) L’hypothyroïdie infra clinique

Il est souvent question d’un stade pré morbide associant une hypothyroxinémie à

certains troubles comportementaux. Le diagnostic de certitude de l’hypothyroïdie n’est pas toujours évident et détecter des

stades pré morbides n’est donc pas facile. En effet le diagnostic de l’hypothyroïdie peut faire l’objet de plusieurs dosages biochimiques :

- Dosage de la T4 (totale ou libre) : pour lequel il existe des variations (Tableau 6). Ce

test possède une grande sensibilité mais une spécificité faible. - Dosage de la TSH : il existe des variations de ce taux en fonction de la journée ce qui

implique qu’il y aura des faux négatifs mais aussi des faux positifs.

Ces deux dosages devraient être associés afin de limiter le risque important de faux

négatifs et faux positifs. D’après Garnier&Merveille (2007) : - La présence d’une concentration hormonale normale ou élevée en T4 permet d’exclure

l’hypothèse d’hypothyroïdie alors qu’une concentration basse ne permet aucune conclusion.

- En sens inverse, la constatation d’une concentration élevée en TSH confirme une hypothyroïdie alors qu’une concentration dans la limite des valeurs usuelles ne permet pas d’éliminer l’hypothèse.

Il est important de signaler que certaines molécules utilisées en comportement sont susceptibles d’entraîner une hypothyroxinémie. (Tableau 6).

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VARIATIONS

PHYSIOLOGIQUES DE LA THYORXINEMIE

� Horaires � Âge (La T4 diminue avec l’âge) � Race : lévriers (surtout Greyhound) � Jeûne de 3 jours ou plus � Dioestrus (Réduction de la T4 parfois)

MALADIES

� Hypercorticisme � Diabète sucré (acidocétose) � Acromégalie � Hyperoestrogénisme � Insuffisance rénale � Insuffisance cardiaque � Insuffisance hépatique � Entéropathies exsudatives, malnutrition � Infections, inflammations chroniques (libération de

cytokines : IL1, IL6, TNF) � Néoplasie � Maladies graves

TRAITEMENTS

HYPOTHYROXINEMIES

« REACTIONNELLES »

� Glucocorticoïdes � Androgènes, anti-androgènes � Progestagènes � Dopaminergiques � Certains antibiotiques (Sulfamides, Pénicilline) � Phénobarbital � Certains diurétiques (Furosémide) � Certaines Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens

(Salicylés…) � Diazépam � Héparine � Imidazole � Mitotane � Propanolol � Phénothiazines (Acépromazine, Lévomépromazine…)

Tableau 6 - Facteurs de Variation de la thyroxinémie (d'après Senecat, 2007, version modifiée)

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Deux autres tests peuvent orienter le clinicien dans sa démarche : - Dosage de la prolactinémie : généralement augmentée dans les cas d’hypothyroïdie - Dosage de la cholestérolémie : généralement augmentée également

Certains vétérinaires estiment que les troubles comportementaux pourraient être les

premiers signes d’hypothyroïdie, souvent présents avant les répercussions biochimiques sur les dosages de T4 et TSH, qui amènerait à commencer une médication à base de lévothyroxine dans certains cas malgré une biochimie équivoque.

Cette hypothèse est encore très discutée et fait l’objet de débats entre vétérinaires

comportementalistes, mais aussi avec les endocrinologues. Néanmoins, malgré l’absence d’autres signes cliniques permettant de conclure à une

hypothyroïdie, ou malgré des dosages biochimiques non concluants, il a été noté que la complémentation en analogues thyroïdiens pourrait avoir une certaine efficacité clinique en association (ou non) avec un antidépresseur comme la clomipramine. (Pageat, 1998)

La constatation d’effets cliniques, de manière empirique pour certains, ne permet pourtant pas d’émettre une conclusion quant à une éventuelle hypothyroxinémie non détectée, et pourrait simplement être due à d’autres effets non spécifiques des hormones thyroïdiennes, voire un éventuel effet psychopharmacologique. CONCLUSION : Certains cas peuvent parfois justifier l’administration de lévothyroxine, mais en l’attente d’un consensus, il est nécessaire de ne pas en abuser, cette supplémentation ne devra intervenir qu’en seconde intention. On peut considérer cette administration lorsque sémiologie présente des incohérences et/ou après échec des traitements psychotropes classiques (après avoir vérifié l’observance et la bonne mise en œuvre de la thérapie comportementale associée). L’association avec un psychotrope permettrait alors une meilleure réponse à ce dernier (Dramard et Benoît, 2004)

b) L’hyperthyroïdie féline

(De Fornel-Thibaut et al, 2007)

Les signes d’appel classiques de l’hyperthyroïdie chez le chat sont :

- L’âge élevé: la moyenne est de 13 ans - L’amaigrissement malgré une polyphagie (le plus souvent mais pas toujours) - Des troubles digestifs (vomissements, diarrhée) - Une polyurie polydipsie

- Une auscultation cardiaque anormale Ces symptômes seraient accompagnés de troubles comportementaux qui, comme chez

le chien pour l’hypothyroïdie, sont parfois les premiers signes visibles : - Agitation, augmentation de l’activité - Comportements agressifs (agressions par irritation)

Le diagnostic que l’hyperthyroïdie reposant sur l’élévation de la thyroxinémie chez un

chat généralement âgé, semble poser moins de problèmes que n’en pose le diagnostic de

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l’hypothyroïdie canine. Là aussi les troubles comportementaux semblent régresser après traitement spécifique de l’hyperthyroïdie.

NB : il faut faire attention aux risques de décompensations d’insuffisance rénale

chronique suite au traitement de l’hyperthyroïdie.

2. Les dysfonctionnements de l’axe corticotrope (Pastor et al, 2007) (Dramard et Benoît, 2004)

Le trouble de l’axe corticotrope le plus fréquemment rencontré est l’hypercorticisme (ou syndrome de Cushing). C’est une dysendocrinie de l’animal âgé, qui se rencontre principalement sur des chiens de petit ou moyen format.

Le tableau clinique d’un animal atteint d’hypercorticisme est en général très

polymorphe et les répercussions sur l’organisme sont nombreuses. Couramment on pourra rencontrer :

- Polyurie polydipsie - Polyphagie - Distension abdominale - Faiblesse musculaire, laxité ligamentaire - Obésité - Troubles cutanés : peau fine, comédons, alopécie, calcinose

Lors d’un hypercortisolisme des troubles comportementaux sont parfois décrits mais

ils ne sont pas vraiment spécifiques : - Etats dépressifs associés à des signes d’involution - Syndrome confusionnel - Anxiété - Hypernervosité, hyperexcitabilité

Remarque : La dopamine joue un rôle dans la régulation de la synthèse du CRF

(Corticotropin Releasing Factor), donc dans la libération d’ACTH et la synthèse du cortisol. On peut alors imaginer qu’en dehors des traitements classiques de l’hypercorticisme, la sélégiline (IMAO-B) pourrait être un antidépresseur intéressant de par ses effets dopaminergique, lors de dépression liée à un hypercorticisme (dans Dramard et Benoît, 2004).

3. Comportements gênants associés à la fonction de

reproduction

En comportement la demande des propriétaires, les diverses questions, voire les motifs de consultations comportementales, ayant un rapport avec la fonction de reproduction sont relativement importants.

Il serait néanmoins souvent inexact de parler de « troubles du comportement » car certaines de ces demandes concernent plutôt des comportements gênants pour les propriétaires et non des comportements pathologiques. (Exemple : les vocalises d’une chatte en chaleur)

Ces comportements gênants concernent rarement des dysendocrinies sexuelles à proprement parler. C’est pourquoi il semble plus juste de parler de comportements gênants associés à la fonction de reproduction.

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En dehors des thérapies comportementales et mesures hygiéniques, la prise en charge

médicale des comportements gênants liés à la fonction de reproduction peut être de deux types :

- Chimiothérapie - Chirurgie

Les principales indications de ces deux types de prise en charge seront développées

dans la partie « choix : agir sur la fonction de reproduction ».

II. Le choix

A. Choisir un psychotrope

1. Principes de prescription

Une fois l’évaluation des systèmes de neurotransmetteurs réalisée il sera alors plus aisé de définir une liste des molécules (parmi les molécules le plus utilisées) qui pourraient être intéressantes sur le cas et susceptibles d’avoir une action sur le/les système(s) défaillant(s). Pour cela il peut être utile de se référer au Tableau 8 situé en fin de Troisième partie de ce travail.

Néanmoins, comme cela a déjà été dit, la simple hypothèse aminergique n’est pas

toujours suffisante et une approche plus symptomatologique est souvent moins erronée. C’est à ce titre que Dehasse en 2004 propose un « Répertoire de quelques symptômes et des psychotropes qui leur correspondent ».

Le vétérinaire devra hiérarchiser les troubles à gérer en priorité, ce sont ces derniers qui vont guider la mise en place de la thérapie.

NB : La troisième partie de ce travail consiste en une présentation de type

monographie pour chacune des principales molécules utilisées pour traiter les troubles du

comportement des chiens et chats, il sera utile de s’y référer pour le choix final. (Effets et

indications spécifiques, contre indications, effets indésirables, dose, etc.)

Les autres critères de choix d’une prescription sont :

- Une indication spécifique ou liée à la nosographie d’une molécule - Le coût du traitement : il représente une grande importance pour les propriétaires - L’observance : il faut être en adéquation avec le cas, que le rythme des prises soit

possible et adapté, il faut également tenir compte de l’appétence etc. On évitera par exemple un comprimé de taille importante et amer à donner deux fois par jour sur un chat agressif.

- L’Innocuité : la molécule ne doit pas nuire plus qu’elle n’aidera l’animal (cf. contre indications…) L’une des règles de base est qu’il faut essayer au maximum de faire en sorte que le

psychotrope soit un agent facilitateur de la thérapie comportementale.

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Par exemple : l’emploi d’un neuroleptique ayant un effet délétère sur la mémoire et l’apprentissage sur un chiot qui a du mal à se concentrer lors de la marche en laisse va à l’encontre de l’effet recherché : certes le chiot sera moins remuant mais son apprentissage de la marche en laisse ne sera pas idéal. De même associer un traitement aux ISRS (réputés anorexigènes) à une thérapie comportementale basée sur un apprentissage motivé par des récompenses alimentaires n’est pas toujours idéal.

Toute mise en place d’une thérapie doit être précédée de l’accord de principe des

propriétaires. Le clinicien doit s’assurer qu’ils aient bien compris le/les objectif(s) du traitement, ainsi que les éventuels effets secondaires qui pourraient être observés. Il est inutile de s’engager dans une thérapie longue (6mois ou plus) avec des molécules nécessitant un sevrage rigoureux avec des propriétaires qui ne s’en sentent pas du tout capables de la suivre et qui risquent d’interrompre à tout moment l’administration du psychotrope. C’est une cause importante d’échec !

2. Présentation des classes thérapeutiques (Crowell-Davis et Murray, 2006) (Pageat, 1998)

À ce jour, il y a cinq grandes familles de médicaments psychotropes, cette

classification est dérivée de la classification établie par Delay et Deniker en 1957.

a) Les antidépresseurs

De manière générale ils relancent la neurotransmission. Leur action sera donc

principalement d’augmenter la quantité de neurotransmetteur dans l’espace intra

synaptique. Nous étudierons les principales familles d’antidépresseurs couramment utilisées.

(1) Les tricycliques

Historiquement parmi les plus anciens, ils sont également appelés « imipraminiques »

en rapport avec l’une des premières molécules décrites : l’imipramine. Leur action est basée sur une inhibition de la recapture et principalement celle de la

noradrénaline et de la sérotonine avec plus ou moins de spécificité pour l’une des deux mono amines. On distinguera alors trois groupes :

- Prédominance pour la sérotonine ; exemple : la Clomipramine - Prédominance pour noradrénaline - Mixtes

Cette classe d’antidépresseur est considérée comme l’une des plus efficaces mais

présente bon nombre d’effets secondaires dus au fait qu’ils ont également des propriétés antihistaminiques, anti-cholinergiques, et seraient antagonistes alpha 1 adrénergiques. Leur action anti-cholinergique les contre indique chez les personnes cardiaques.

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(2) Les Inhibiteurs Spécifiques de la Recapture de la

Noradrénaline et/ou de la Sérotonine (ISRNA et ISRS)

Le mode d’action des inhibiteurs spécifiques de la recapture sera comparable à celui

des tricycliques mais comme leur nom l’indique ils seront bien plus spécifiques, ce qui les dégage d’une bonne partie des effets secondaires liés aux imipraminiques.

Exemples d’ISRS : fluoxétine, fluvoxamine, sertraline, citalopram ISRS et NA : miansérine

(3) Les Inhibiteurs de la Mono Amine Oxydase (IMAO)

On distingue deux formes de MAO par leur affinité de substrat : la forme A ayant une

affinité plus marquée pour la Sérotonine ; la forme B présentant quant à elle une affinité plus marquée pour la Phényléthylamine. Mais les deux types de MAO sont capables de dégrader la dopamine et la noradrénaline, chez le chat il a d’ailleurs été démontré que la 5HT était dégradé par la MAO B alors qu’elle l’est généralement par la MAO A (Uchida et Koelle, 1984). De plus ces deux types d’enzyme n’auront pas la même distribution au sein des différents tissus avec des variations importante d’une espèce à une autre (Inoue et al, 1999).

On peut donc en déduire que l’action des IMAO ne sera donc pas tout à fait la

même d’une espèce à l’autre. La classe des IMAO peut être divisée selon l’action soit sur la MAO A soit sur la

MAO B, soit par une action mixte (ils ont de toute façon tous une activité mixte à forte dose). La MAO A est connue pour participer à la dégradation d’autres amines, notamment la tyramine qui est un acide aminé présent dans certains aliments comme le fromage. L’utilisation d’IMAO A associée à l’absorption de fromage a alors causé certains effets secondaires que l’on a appelé « effet fromage ». Les IMAO B ont été découverts plus tard et n’ont pas cet effet fromage car la MAO B n’a pas de rôle dans la dégradation de la tyramine, en tout cas chez l’homme.

On peut également distinguer les molécules qui vont inactiver la MAO de façon

réversible ou irréversible. L’effet des molécules se fixant de façon irréversible peut durer plusieurs jours après une administration unique, le temps que de nouvelles MAO ne soient reformées.

Exemple : Sélégiline

b) Les neuroleptiques

Ils ont principalement une action sur les terminaisons dopaminergiques, cette action

peut être différente selon la dose administrée. Leur action sur les productions comportementales est spectaculaire, mais ils ont peu de pouvoir anxiolytique.

Les neuroleptiques exercent un rôle antagoniste sur les récepteurs dopaminergiques

sur lesquels ils se fixent :

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� Les récepteurs pré synaptiques : ils augmentent la neurotransmission � Les récepteurs post synaptiques : ils bloquent la neurotransmission

Les neuroleptiques classiques peuvent être utilisés de façon ponctuelle si leurs

propriétés sont bien connues. Progressivement, il faut cependant s’attendre à les voir disparaître de notre arsenal thérapeutique au profit des molécules modernes comme la rispéridone.

(1) Les neuroleptiques antiproductifs

(a) Butyrophénones

Ces neuroleptiques ont une plus grande affinité pour les récepteurs post synaptiques,

qu’ils bloquent, ils diminuent donc la transmission dopaminergique. Ils se comportent comme des modérateurs de l’activité motrice et de la réactivité mais

l’effet antiproductif ne peut se mettre en place que dans le calme. Cet effet permet de combattre les comportements gênants tels que :

- L’agressivité - Certaines stéréotypies - L’anticipation des réactions de défenses…

Ils peuvent engendrer également somnolence, indifférence, tremblements, sécheresse

buccale et troubles visuels et une augmentation de la confusion. Néanmoins leur usage n’est pas idéal car ils inhibent tous types de comportements

et d’interactions sociales, qu’elles soient normales ou anormales. L’apprentissage et la thérapie comportementale n’en seront donc que moins efficaces, on ne traite pas vraiment la cause.

A faible dose beaucoup de neuroleptiques se comportent comme des neuroleptiques

antidéficitaires. Il faut donc faire attention quand on diminue la dose de neuroleptique prescrit dans un but antiproductif à ne pas atteindre la dose antidéficitaire.

Exemple : pipampérone

(b) Phénothiaziniques

En plus de leur affinité pour les récepteurs dopaminergiques post synaptiques, ils

interviennent aussi en bloquant les récepteurs histaminiques et noradrénergiques. L’animal est alors coupé de son environnement. Ils sont utilisés comme camisole chimique et n’ont quasiment aucun intérêt en comportement malgré deux spécialités vétérinaires pour l’acépromazine.

Exemple : acépromazine, levomépromazine

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(2) Les neuroleptiques antidéficitaires (antiproductifs à

forte dose)

Ces neuroleptiques auraient une plus grande affinité pour les récepteurs pré

synaptiques, ils augmenteraient alors la neurotransmission dopaminergique. On observera alors l’augmentation des productions comportementales et de la

réactivité. La plupart de ces neuroleptiques seront antiproductifs à plus forte dose, par saturation

des récepteurs pré synaptiques et donc occupation des récepteurs post synaptiques. Ils seront d’autant plus manipulables que l’écart entre la dose anti déficitaire et la dose

anti productive sera important. Exemple : Sulpiride

(3) Les neuroleptiques atypiques

De nouveaux neuroleptiques, dits atypiques, sont à la fois antagonistes 5HT2A et D2,

ils agissent au travers de la voie sérotoninergique (5HT2A) pour avoir un effet sur la neurotransmission dopaminergique.

En effet on se rappelle que la sérotonine exerce un effet inhibiteur sur les voies

dopaminergiques en général. Donc en bloquant les récepteurs 5HT2A des neurones dopaminergiques, ces neuroleptiques atypiques inversent l’action antagoniste D2, voire même favorisent la libération de dopamine. Cette action limite ainsi les effets extrapyramidaux connus des neuroleptiques classiques (antagonistes D2 uniquement). Ils reproduisent les effets stimulants des neuroleptiques antidéficitaires, les effets indésirables ne sont pas observés et leur effet ne risque pas d’être inversé par l’utilisation de faibles doses. Néanmoins l’action antagoniste D2 n’est pas inhibée au niveau de la voie mésolimbique, sur le papiers ces neuroleptiques atypiques présentent donc les qualités des neuroleptiques classiques tout en réduisant les effets secondaires.

NB : Chez l’homme ce blocage des récepteurs 5HT2 est une propriété associée à

l’effet antimigraineux.

Exemple : Rispéridone

c) Les hypnotiques

Ils ne sont pas ou peu utilisés en médecine du comportement, c’est pourquoi ils ne

seront pas développés. On y trouve par exemple les barbituriques.

d) Les anxiolytiques

Il existe quatre familles chimiques différentes mais dont l’action thérapeutique est très

proche. Mais il faut noter que d’autres familles de psychotropes comme les Inhibiteurs

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Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine ont un effet anxiolytique marqué, même s’ils ne sont pas classés parmi les anxiolytiques.

(1) Les benzodiazépines

Leur mode d’action consiste à favoriser l’action du GABA en se fixant sur les

récepteurs GABA-A. Le récepteur modifie alors sa conformation, devenant ainsi encore plus sensible au GABA. Les effets observés sont donc en rapport la potentialisation de l’action inhibitrice du GABA.

Les benzodiazépines ont des effets anxiolytiques, sédatifs voire hypnotique (selon la dose), anticonvulsivants et myorelaxant (anti-inflammatoire périphérique).

Ces molécules auraient également une action antagoniste de la sérotonine,

diminuant de ce fait les états anxieux induits par une diminution de l’activité sérotoninergique, notamment les certains comportements d’agression liés à la peur.

Remarque : Il faut toutefois manipuler les benzodiazépines avec précautions, la diminution du comportement d’agression n’est effective que dans les cas d’agressions engendrées par une réponse émotionnelle excessive liée à la peur. En d’autres cas les benzodiazépines auraient plutôt un effet désinhibiteur favorisant ainsi le passage à l’acte de morsure lors de confrontation hiérarchique, territoriale, ou par irritation.

Il faut également prendre en compte que ces molécules peuvent induire un état de

dépendance lorsqu’elles sont utilisées à long terme. Un sevrage sera donc souvent nécessaire car un arrêt brutal pourrait conduire à des réactions d’anxiété, d’insomnie, ou d’hyperactivité. De plus, à long terme on observe une certaine accoutumance, obligeant le praticien à revoir les doses à la hausse pour obtenir les mêmes effets.

Néanmoins ces molécules ont un intérêt restreint à être utilisées sur le long terme de par leurs effets secondaires et par le fait qu’elles interfèrent avec les facultés d’apprentissage, elles peuvent donc affecter la thérapie comportementale. Un usage ponctuel pourra par contre être intéressant (stress d’un voyage par exemple).

Exemples : diazepam, clorazepate dipotassique, lorazepam, clonazepam

(2) Les morpholines

Le mécanisme est peu connu. Elles inhiberaient les systèmes noradrénergique et

sérotoninergique. Le seul représentant utilisé en médecine vétérinaire est la trioxazine qui sera développée plus tard.

Il est simplement intéressant de noter l’effet anxiolytique sans effet sédatif, myorelaxant ou hypnogène.

(3) Les antihypertenseurs

A l’origine utilisés comme antihypertenseurs chez l’homme ces molécules sont utilisées comme anxiolytiques chez l’animal.

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(a) Les alpha-2 agonistes

Très utilisés en médecine vétérinaire en agent d’anesthésie (médétomidine), ils sont

également à considérer comme anxiolytique avec la clonidine. Les alpha-2 agonistes sont, comme leur nom l’indique, agonistes des récepteurs alpha

adrénergiques, et plus particulièrement les récepteurs de type alpha 2. L’effet observé s’expliquerait par l’activation des récepteurs alpha 2 pré-synaptiques responsables du rétrocontrôle, ils diminuent donc la neurotransmission adrénergique (Sinclair, 2003). On note alors des effets sur différents appareils (non exhaustif) :

- SNC : action sédative, analgésique et anxiolytique. - Appareil cardiovasculaire : bradycardie, hypotension, effet dromotrope négatif - Appareil respiratoire : diminution de la ventilation (illustré par les apnées d’induction

lors d’utilisation en anesthésie), broncho dilatation - Appareil musculo-squelettique : myorelaxation - Appareil urinaire : effet diurétique - Appareil digestif : effet anti cholinergique (sécheresse buccale et baisse de motricité

intestinale) - Système endocrinien : diminution de la libération d’insuline, d’ACTH (baisse de la

cortisolémie), et de GH. Exemple : Clonidine, Médétomidine

(b) Les bétabloquants

Ils se sont révélés être de très bons « antitrac » et sont en effet particulièrement

indiqués lors de troubles émotionnels. Comme leur nom l’indique ils agiraient par blocage des récepteurs bêta adrénergiques.

On observe donc des effets chronotropes, dromotropes, inotropes, et bathmotropes négatifs. Ces effets seront peu présents et n’altèreront pas vraiment l’état sur les sujets ne présentant pas d’affection cardiaque particulière.

On observe également une vasodilation des coronaires, ainsi qu’une bronchostriction (attention aux asthmatiques).

Les effets sur le système métabolique sont importants à connaître lors de la prescription de bêtabloquants. On a une inhibition de la glycogénolyse hépatique, de la lipolyse, de la libération du glucagon et de l’augmentation physiologique du taux d’insuline.

Associé aux effets cardiaques (notamment l’effet anti tachycardie) l’organisme s’adaptera moins bien aux efforts, il y aura alors un risque lors d’effort violent.

Exemples : Propanolol

e) Thymorégulateurs

On les appelle également régulateurs de l’humeur. Le terme d’humeur est employé ici

pour désigner l’état émotionnel d’un individu. Deux molécules thymorégulatrices ou normothymiques peuvent être utilisées :

� Carbamazépine, qui est un GABAergique � Sels de lithium

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Ces deux molécules ont été utilisées chez l’homme pour traiter les troubles bipolaires, autrefois appelés troubles maniaco-dépressifs.

B. Une autre approche : phéromones et nutraceutiques

Les phéromones ont été présentées en première partie de ce travail et les substances phéromonales disponibles en thérapie sont présentées de manière individuelle et plus détaillée en troisième partie. A ce jour elles sont encore peu nombreuses :

- Chez le chat : on trouve les fractions de phéromones de faciales F3 et F4 - Chez le chien : on trouvera les apaisines canines. Le terme nutraceutique est employé pour désigner des compléments alimentaires qui

sont utilisés en thérapeutique. A ce jour sont disponibles deux molécules, également détaillées en troisième partie de ce travail :

- L’alpha-casozépine - La (l)-Théanine Il existe des points communs aux phéromones et aux nutraceutiques qui les distinguent

des psychotropes. Le principal point commun est l’innocuité, leur statut remporte alors souvent l’accord des propriétaires. De même l’administration est souvent facilitée, particulièrement en ce qui concerne les phéromones disponibles en diffuseurs ou collier.

Mais attention : même s’il n’existe en général aucune contre-indication cela ne doit

pas inciter le praticien à prescrire la molécule de manière irraisonnée. En effet, les propriétaires risquent alors de perdre confiance en la thérapie mais aussi envers leur vétérinaire. Ces molécules doivent toujours faire l’objet d’une prescription raisonnée, argumentée, et expliquée auprès des propriétaires. L’association avec une thérapie comportementale est par ailleurs souvent recommandée si ce n’est nécessaire.

Les phéromones et nutraceutiques peuvent être indiqués :

- En première intention - Lors de refus des psychotropes par les propriétaires - En complément d’une thérapie comportementale - En complément d’un traitement psychotrope - En phase de transition entre l’arrêt du/des psychotrope(s) et l’arrêt total d’une

chimiothérapie

C. Agir sur la fonction de reproduction

1. Indications de la stérilisation chirurgicale En dehors des motifs de convenance, la stérilisation, en particulier chez le chien mâle,

reste encrée dans la tête des propriétaires, comme dans celle de certains vétérinaires, comme une solution à beaucoup de problèmes comportementaux. En chef de file on pourrait noter l’agressivité comme motif de stérilisation.

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L’influence d’une stérilisation chirurgicale sur certains problèmes comportementaux a

été étudiée par plusieurs équipes chez le chien. (Neilson et al, 1997) (Maarshalkerweerd et al, 1997). Il faut en retenir que la castration est relativement intéressante en cas de marquage urinaire, de chevauchements, de fugues, et d’agressions inter mâles.

Concernant l’agressivité la castration est en réalité assez décevante, il faut alors rester prudent lorsque l’on conseille une castration à des propriétaires et bien exprimer les tenants et aboutissants afin d’éviter certaines désillusions. On pourrait alors observer une baisse de motivation suite à un échec de la castration, laissant les propriétaires sous le coup de la fatalité ; leur confiance envers leur vétérinaire pourrait également être altérée.

La stérilisation aura, par exemple, un intérêt dans l’optique de faciliter une thérapie

de régression sociale dirigée au sein du foyer, en complément d’une thérapie comportementale voire également de l’administration de psychotropes.

Globalement il faut retenir que la stérilisation n’aura d’effets que sur les

comportements ayant une origine sexuelle, l’origine des comportements n’étant pas toujours très claire, il conviendra de rester prudent. MALE FEMELLE

CHIEN

Marquage urinaire Agressions inter mâles Tableau de sociopathie dominé par une motivation sexuelle (agressions, chevauchement) Diminution de la motivation sexuelle entraînant fugues et/ou anorexie

Pseudocyèse (risque d’agression maternelle ou hiérarchique) Variations de l’humeur au cours du cyle oestral Troubles du développement : afin de retirer les chiennes atteintes de la reproduction

CHAT

Marquage Urinaire Fugues (pouvant durer plusieurs jours à plusieurs semaines pendant la saison sexuelles) Bagarres entre mâles

Marquage urinaire Agressivité (si corrélée au cycle) Vocalises en période d’oestrus

Tableau 7 - Principales indications comportement de la stérilisation chirurgicale

NB : il est important de noter que plus ces comportements gênants seront installés

dans le temps plus le pronostic sera réservé.

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2. Intérêt des progestatifs Les progestatifs les plus connus et utilisés chez le chien sont : l’acétate de cyprotérone

(Androcur ND), l’acétate de delmadinone (Tardak ND), et récemment l’acétate d’osatérone (Yposane ND).

On parle souvent de « castration chimique », il parait alors séduisant de confirmer l’intérêt d’une castration chirurgicale (irréversible) en utilisant cette voie chimique (réversible) mais en réalité il est hasardeux d’extrapoler l’effet obtenu.

En effet les progestatifs possèdent, en plus des effets antigonadotropes, un effet

antiproductif que l’on pourrait rapprocher de l’effet des neuroleptiques, probablement par une action sur les récepteurs dopaminergiques (Marion, 2004) (Pageat, 1998). L’administration de progestatifs modifie donc le comportement de manière différente d’une stérilisation chirurgicale.

D’après Dramard et Benoît (2004) il convient de réserver l’administration des

progestatifs chez le chien pour : - Diminuer la réceptivité des mâles lors de l’oestrus : susceptibles d’entraîner une

anorexie voire des fugues lorsqu’une chienne en chaleur se trouve à proximité - Le traitement de sociopathies, en association avec la carbamazépine

Les progestatifs sont également utilisés chez le chat pour traiter les marquages urinaires (Dramard, 2007)

3. Cas particulier de la pseudocyèse La pseudocyèse chez la chienne, également appelée pseudogestation, est une

manifestation physiologique relativement fréquente dans l’espèce canine. Ceci est dû à une particularité du cycle hormonal sexuel chez la chienne avec un dioestrus maintenant une forte sécrétion de progestérone pendant environ 75 jours après l’œstrus (Beijerink et al, 2004). Le statut hormonal est donc équivalent que la chienne soit entrée en gestation ou non. Lors de la chute du taux de progestérone en fin de dioestrus certaines chiennes non gravides ont la sensation d’avoir mis bas.

On note alors une montée de lait (lactation de pseudogestation) accompagnée de répercussions comportementales : la chienne peut couver des jouets, niche.

Il existe alors une augmentation du risque d’agression (maternelles, territoriales, voire hiérarchiques).

Cette montée de lait est la conséquence d’une hyperprolactinémie à laquelle on associe souvent une dépression de l’humeur et de l’anxiété.

Les mesures hygièniques sont généralement suffisantes pour faire régresser les

symptômes mais parfois une chimiothérapie visant à réduire la prolactinémie est à envisagée. Les molécules les plus employées dans la pharmacopée vétérinaire sont :

- La metergoline (Contralac ND) : antagoniste sérotoninergique (Beijerink et al, 2004) - La cabergoline (Galastop ND) : agoniste dopaminergique (Beijerink et al, 2004)

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III. Le suivi

A. Objectifs communs

Au cours de la première consultation le vétérinaire fixera, en accord les propriétaires ce que l’on pourra nommer les objectifs communs. Ces objectifs communs tiendront compte de l’état du chien et de l’amélioration espérée par le traitement mis en place. Il est nécessaire que le vétérinaire donne un pronostic pour parfois tempérer l’attente des propriétaires, ainsi une cinétique d’amélioration pourra être estimée et expliquée aux propriétaires.

Lors des visites de contrôles certains vétérinaires utilisent un système de « notes » (par

exemple une note sur 10) qui sera donnée par les propriétaires en début de consultation. Si l’on voulait représenter cela sous la forme d’un graphique cela pourrait donner cette

figure 7 :

Figure 7 - Exemple de courbe d'évolution

Ceci est un exemple qui pourrait représenter une courbe de progression type lors du

traitement d’un chien hyperactif traité par un ISRS. Quelques commentaires généraux :

- les visites de contrôle sont souvent entrecoupées par des contrôles téléphoniques - la première visite de contrôle intervient en général entre 15jours et 6 semaines et est

dépendante du cas, du praticien, de la thérapie employée… - la décision de sevrage dans les cas de traitement longs intervient souvent après environ

2 mois de stabilisation - les visites de contrôle sont souvent l’occasion de revoir la dose du traitement, voire de

le modifier

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B. Les comportements traceurs Une fois établi qu’un comportement est pathologique ou gênant pour les propriétaires,

le clinicien pourra définir la liste de ces derniers et déterminer les comportements traceurs

qui seront soit directement tirés de cette dernière soit des comportements marqueurs de l’affection comportementale.

Ces comportements traceurs peuvent également être choisis en rapport avec le traitement mis en place. Ainsi ils pourront être utilisés pour choisir et surveiller l’efficacité du psychotrope utilisé.

Par exemple pour le traitement d’un chien atteint d’anxiété de séparation on pourra surveiller l’attitude du chien à l’arrivée des propriétaires (importance des fêtes), l’intensité des vocalises durant la journée, voire la disparition ou diminution des stéréotypies (dans les stades avancés) comme le léchage.

C. Modifier ou arrêter le traitement Lors des contrôles il est souvent nécessaire de réévaluer le traitement mis en place

(valable aussi pour la thérapie comportementale). On peut donc décider de modifier la dose du traitement, selon la molécule utilisée, son mode d’action, un éventuel lien dose/effet. Exemple : Lors de l’utilisation d’un neuroleptique, si l’effet recherché est anti déficitaire et que les symptômes s’aggravent il faudra revoir la dose à la baisse. Au contraire lors de l’utilisation d’un ISRS si l’effet sur l’impulsivité est recherché mais pas assez marqué il faudra probablement augmenter la dose.

Parfois l’effet recherché n’est pas du tout présent, il est même possible que l’animal

régresse. On peut alors penser à arrêter le traitement en cours et mettre en place une nouvelle molécule, on peut également associer une deuxième molécule.

Souvent les symptômes peuvent évoluer, cela peut être prévu ou non par le praticien dans son plan thérapeutique. Il sera donc utile de surveiller l’apparition des nouveaux symptômes permettant d’établir qu’il est temps de changer de psychotrope ou de réévaluer la thérapie. Exemple : Lors d’une thérapie de régression sociale redirigée trop rapide ou mal menée (ou même sans raison particulière), certains chiens peuvent développer de l’anxiété liée une position sociale qui ne serait pas encore tout à fait comprise et qui perturberait l’animal. Remarque : Avant de prendre de telles décisions sur la modification du traitement il faudra bien sûr veiller à la bonne observance du traitement (médical et comportemental) par les propriétaires, qui est parfois une cause d’échec. Le traitement peut également être arrêté si l’animal est considéré comme guéris, ou plutôt suffisamment amélioré par la thérapie. On entame alors souvent une période de sevrage pour les traitements longs, qui intervient généralement après 2 mois de stabilisation. Si l’arrêt du traitement provoque une rechute, une reprise est alors à envisager.

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Troisième Partie :

Molécules utilisables Les principaux ouvrages utilisés pour la rédaction de ces fiches sont (Crowell-Davis et Murray, 2006), (Mège et al., 2003), (Dramard, 2007), (Pageat, 1998), et le DMV 2007. D’autres références plus ciblées seront directement citées dans le texte.

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Tableau 8 - Tableau synthétique de l'action des molécules présentées

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ACEPROMAZINE

� Présentation Générale L’acépromazine appartient à la famille des phénothiazines. Il s’agit d’un neuroleptique

sédatif. C’est le plus connu des neuroleptiques en médecine vétérinaire.

� Mode d’action

L’acépromazine bloque la transmission dopaminergique par blocages des récepteurs D2 post synaptiques. Elle bloque également les récepteurs adrénergiques, histaminiques et muscariniques.

� Propriétés

Outre ses propriétés anti-nauséeuses, l’effet le plus marqué sur le plan comportemental est un état d’indifférence. A forte dose on pourra observer une ataxie puis éventuellement une sédation. Il s’agit d’un produit délicat à manipuler car la dose anti-déficitaire est proche de la dose anti-productive.

� Indications

L’acépromazine est très utilisée comme prémédication anesthésique, elle en est d’autant plus intéressante qu’elle possède un effet anti-émétique. Son usage doit rester réservé à des cas ponctuels : transport, contention, en surveillant les conditions externes (température). Pour l’obtention d’un effet optimal sur le mal des transports il est conseillé d’administrer la molécule environ une à deux heures avant, et renouveler l’administration toutes les 6 à 8 heures. Il est possible d’utiliser la lévomepromazine (Nozinan ND), molécule proche, mais qui risque moins d’être désinhibitrice.

� Effets secondaires – effets indésirables

Au niveau périphérique, son action anti-cholinergique induit des effets secondaires tels que :

- Sécheresse buccale - Sécheresse oculaire - Constipation

Au niveau central le blocage de la transmission cholinergique peut provoquer un état confusionnel. Cette molécule permet un bon contrôle moteur, mais entraîne une démarche ébrieuse et une procidence de la troisième paupière, de plus elle aurait tendance à perturber l’action de thermorégulation. Utilisée à trop faible dose, une agitation marquée et une désinhibition peuvent apparaître.

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Si le traitement se prolonge pendant plusieurs semaines, ce produit peut induire des stéréotypies.

� Contre-indications

L’acépromazine est contre indiquée dans les cas de dépression (aigue ou chronique), notamment les dépressions d’involution. Elle est également contre indiquée chez les animaux cardiopathes, et les animaux présentant une mauvaise thermorégulation, ce qui en fait une molécule peu indiquée chez les sujets âgés. Son effet de blocage des récepteurs post synaptiques dans la voie nigrostriée, contre indique l’utilisation de cette molécule dans le syndrome HS-HA. Elle ne devrait pas être utilisée comme une camisole chimique, ou alors sous contrôle médical de façon à ne pas risquer un sous dosage qui est dangereux. Il faut également savoir que c’est une molécule qui abaisse le seuil épileptogène, il faudra donc l’utiliser avec précautions chez les animaux épileptiques.

� Doses – sevrage Par voire orale :

� Chez le chien : 1,25 à 2,5 mg/kg par prise � Chez le chat : 0,625 à 1,25 mg/kg par prise

En utilisation orale ponctuelle (manipulation en consultation de chiens agressifs, sédation durant un long voyage), la dose administrée doit être d’emblée maximale.

� Présentations commerciales

L’acépromazine dispose d’une AMM vétérinaire pour le chien et le chat et est commercialisée sous le nom de :

� VETRANQUIL (CEVA) - Comprimés 25 mg - Solution Injectable 10 mg/mL

� CALMIVET (VETOQUINOL)

- Comprimés 12,5 mg - Solution Injectable : 5 mg/mL

Les solutions injectables sont à réserver à l’usage hospitalier. Des granulés sont également disponibles et cette forme sera plutôt adaptée à la médecine équine.

� Associations pharmacologiques Il est possible d’associer l’acépromazine aux antidépresseurs ISRS.

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ACETATE DE CYPROTERONE

� Présentation Générale L’acétate de cyprotérone est un progestatif de synthèse parfois utilisé en médecine du comportement.

� Mode d’action et Propriétés

L’acétate de cyprotérone possède une action anti-androgène spécifique par inhibition compétitive de la liaison de la 5-alpha dihydrotestostérone sur son récepteur, une action anti-gonadotrope puissante, ainsi qu’une action anti-œstrogène. Cette molécule a par ailleurs un effet apparenté aux neuroleptiques, en agissant sur les récepteurs dopaminergiques. Elle diminue donc les comportements moteurs, en particulier les agressions. Il faut donc bien garder en tête qu’elle a une action différente de la simple castration chimique et que l’effet d’une castration chirurgicale n’est peut être pas extrapolable.

� Indications

- Les sociopathies en association avec la carbamazépine - Le syndrome HS-HA en association avec la carbamazépine - Troubles du comportement sexuel : hypersexualisme ou imprégnation hétérospécifique

avec tentative d’accouplement. - Hypertrophie prostatique.

On peut prescrire cette molécule aussi bien chez le mâle que la femelle. Par son effet central, la stérilisation n’empêche pas la prescription. L’acétate de cyprotérone est surtout utilisé en association avec la carbamazépine.

� Effets secondaires – effets indésirables

On observe régulièrement une augmentation de la prise alimentaire, il faut donc surveiller le

poids des chiens traités. En cas de traitement long (plus de deux mois) il convient de surveiller la numération plaquettaire.

� Doses – sevrage Chez le chien : 3 à 5 mg/kg par jour en deux prises pendant 3 semaines puis à demi dose pendant les trois semaines suivantes.

� Présentations commerciales

Il n’y a pas de présentation vétérinaire, la molécule est commercialisée sous le nom d’ANDROCUR ND en comprimés à 50mg. D’autres progestatifs comme l’acétate de delmadinone ou d’osatérone ont des spécialités vétérinaires.

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ALPHA CASOZEPINE

� Présentation Générale L’alpha-casozépine est un supplément nutritionnel naturel, c’est un décapeptide issu d’un hydrolysat trypsique de la caséine alpha-1 (la principale protéine présente dans le lait).

� Mode d’action

Cette molécule aurait une affinité pour le site dédié aux benzodiazépines sur les récepteurs GABA A, d’après les études réalisées l’effet anxiolytique serait comparable à ceux du

diazépam (Violle et al, 2006) mais sans les effets secondaires de ce dernier (effet désinhibiteur, effet délétère sur la mémoire). (Morel, 2007) La mise en place de son activité est variable en fonction de l’effet recherché, variant de 3 à 28 jours. Globalement il faut attendre au moins 7 à 14 jours pour juger de son efficacité. Le traitement minimum étant de 1 mois.

� Propriétés

L’alpha-casozépine réduit les manifestations neurovégétatives liées au stress, l’intensité des émotions et régule le sommeil. Elle atténue les réponses de peur et leurs manifestations organiques. Chez le chat l’alpha-casozépine améliorerait les réactions vis-à-vis des personnes étrangères, sur les manifestations liées à la peur (y compris les agressions), ainsi que les manifestations organo-végétatives liées à l’anxiété (Béata et al, 2007).

� Indications

Elle peut être utilisée en première intention dans de nombreux cas avec une très grande

sécurité d’emploi. L’alpha-casozépine sera utile pour la prévention d’un stress prévisible ou le soutien lors de situations stressantes :

- Déménagement - Arrivée d’un nouvel animal, d’un enfant - Saisons d’expositions - Nouveaux horaires des propriétaires…

La prise devra être maintenue tant que l’animal est exposé.

� Effets secondaires – effets indésirables

Aucune toxicité n’a été révélée durant les études, même à 40 fois la dose, l’alpha-casozépine est d’une très grande sécurité d’emploi et ne présente peu/pas d’effets secondaires.

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� Contre-indications

Aucune.

� Doses – sevrage

Une seule prise quotidienne est nécessaire à la dose minimale effective de 15mg/kg/j en une à deux prises. En pratique il vaut mieux préférer un léger surdosage que risquer une dose plus faible. Aucun sevrage n’est nécessaire : il n’y a aucune dépendance, ni accoutumance, ni effet rebond.

� Présentations commerciales

L’alpha-casozépine dispose d’une présentation vétérinaire pour le chien et le chat et est commercialisée sous le nom de ZYLKENE (SCHERING PLOUGH). Elle se présente sous forme de gélules, disponibles sous deux dosages différents :

- ZYLKENE 75 mg : pour les chats et chiens jusqu’à 10 kg - ZYLKENE 225 mg : pour les chiens de plus de 10 kg

Il est possible et même conseillé d’ouvrir la ou les gélules directement sur les aliments, la poudre est appètente, ce qui facilite l’administration quotidienne et réduit le stress de l’administration d’un comprimé aussi bien du côté du propriétaire comme du côté de l’animal.

� Associations pharmacologiques L’alpha-casozépine peut être utilisée seule ou en association avec toute autre molécule.

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APAISINE Canine

� Présentation Générale Ce sont des phéromones apaisantes de la chienne allaitante.

� Mode d’action

Les apaisines canines sont des phéromones sécrétées par les glandes sébacées du sillon inter mammaire de la chienne allaitante. Lors de la tétée cette molécule entre en contact avec les cellules de la muqueuse qui tapisse l’organe de Jacobson lui-même relié au système limbique. Elle induirait alors des variations de l’état réactionnel et émotionnel du chiot. Cette phéromone semble être un support du lien d’attachement entre le chiot et sa mère et aurait encore des effets persistants sur les chiens adultes.

� Propriétés

Chez les chiots les phéromones naturelles ont pour effet de les rassurer et de les tranquilliser lors de la découverte de leur environnement. Chez l’adulte les phéromones d’apaisement diminuent les manifestations organiques et comportementales (agitation, vocalises, destruction) liées à la séparation d’avec l’être d’attachement qu’il s’agisse de persistance du lien d’attachement primaire ou d’un hyper attachement secondaire. Les apaisines seraient également intéressantes pour diminuer les manifestations organiques et comportementales de la peur.

NB : L’apaisine canine n’est pas un médicament. A ce titre la prescription emporte souvent

l’adhésion des propriétaires.

� Indications

- Anxiété de séparation : les apaisines ont montré une efficacité équivalente à la

Clomipramine dans cette indication selon Gaultier et al (2005) - Les autres troubles anxieux liés à la séparation - Lors d’introduction d’un chiot ou d’un chien adulte chez ses nouveaux maîtres - En appoint d’une thérapie médicamenteuse ou comportementale dans le cas de

syndrome de privation - Ponctuellement lors de voyage, déménagement ou modification importante dans

l’environnement d’un chien souffrant d’un syndrome de privation, afin de prévenir des rechutes éventuelles

- Après une mise-bas, lors d’inquiétude marquée de la mère - Chez le vétérinaire, dans un souci d’augmenter le bien être des chiens en cas

d’hospitalisation - Peut être utile lors des thérapies visant à désensibiliser l’animal par contre-

conditionnement - Peut être intéressante pour réduire les manifestations liées à la peur (Sheppard, 2003)

Les phéromones d’apaisement ne sont d’aucune utilité dans le traitement du syndrome HS-HA.

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� Effets secondaires – effets indésirables

L’apaisine canine est dépourvue de tout effet secondaire ou indésirable.

� Contre-indications

Aucune

� Doses – sevrage - Présentations commerciales

L’apaisine canine dispose d’une présentation vétérinaire pour le chien, elle est commercialisée sous le nom D.A.P. : Dog Apeasement Pheromone (CEVA). Aucun sevrage n’est à prévoir. Il existe deux présentations commerciales relevant de deux modes différents de diffusion des apaisines :

� Le diffuseur électrique : Son utilisation est très simple, puisqu’il suffit de brancher le diffuseur électrique dans une prise et de laisser branché jusqu’à épuisement du produit. La durée moyenne de diffusion du produit est 4 semaines et des recharges sont disponibles. La prise sera préférentiellement au centre de la pièce occupée le plus fréquemment par le chien. Le produit est disséminé dans l’atmosphère sur une surface d’environ 70m2. Une fenêtre ouverte sur l’extérieur n’empêche pas le bon fonctionnement de la prise.

� Le collier : Il présente le gros avantage de pouvoir maintenir le chien en permanence sous l’influence des apaisines, y compris à l’intérieur de l’habitation. Il est recommandé de serrer suffisamment le collier afin que la chaleur corporelle favorise l’évaporation du produit. Les bains sont possibles mais il recommandé d’enlever le collier en cas de shampooing. La durée d’efficacité est d’environ 1 mois.

� Associations pharmacologiques La DAP peut être utilisée seule ou en association avec toute autre molécule.

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AZAPERONE

� Présentation Générale L’azapérone est un neuroleptique anti-productif proche de la pipampérone.

� Mode d’action

Comme les autres butyrophénones, l’azapérone agit essentiellement sur les récepteurs D2 post synaptiques. Sa durée d’action est brève. Cette molécule ne semble posséder aucune affinité sélective pour les récepteurs pré synaptiques. Les effets sur la démarche sont moins spectaculaires qu’avec les autres neuroleptiques anti-productifs (moindre affinité pour les voies pyramidales).

� Propriétés

La molécule provoque chez les chiens un état différence. Elle est anti-productive sans être trop sédative. Même à faible dose, elle n’est pas désinhibitrice.

� Indications

L’azapérone est très utile lors de la manipulation du chien à la clinique :

- Elle induit un état d’indifférence sensorielle utile en hospitalisation, permettant également le contrôle des aboiements.

- Elle autorise des interventions faiblement douloureuses sur des animaux vigiles, craintifs, sans anesthésie (toilettage, pose de pansement, sondage…)

- Elle permet de contrôler l’agitation liée au réveil d’anesthésie - Elle peut être utilisée en prémédication sur des animaux craintifs.

Sa courte durée d’action (2heures) limite toute utilisation hors de la clinique, si ce n’est que dans des transports courts.

� Effets secondaires – effets indésirables

Cette molécule est hypotensive et entraîne une mauvaise thermorégulation.

� Contre-indications

Comme tous les neuroleptiques, son utilisation doit être prudente chez le vieux chien (risque de refroidissement et d’hypotension).

� Doses – sevrage Chez le chien, on utilise 1ml/m². Les meilleurs effets s’observent per os. Le passage est trans-muqueux et la déglutition n’est pas nécessaire mais la molécule est amère et entraîne une salivation.

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� Présentations commerciales

Seule la forme injectable pour pré anesthésie de porc est commercialisée sous le nom de STRESNIL. Elle n’a pas d’AMM chez le chien et le chat.

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CARBAMAZEPINE

� Présentation Générale C’est un thymorégulateur GABAergique avec une légère action noradrénergique (alpha-2 agoniste) qui permet une régulation de l’humeur.

� Mode d’action

La carbamazépine inhibition le processus d’embrasement des neurones du système limbique impliqué dans l’épilepsie. La carbamazépine a un caractère antagoniste pour les récepteurs A1 de l’adénosine (Van Calker et al, 1996) et elle interagit avec les récepteurs périphériques des benzodiazépines, ce qui explique son effet anti-convulsivant. Elle agit sur la neurotransmission en augmentant l’activité dopaminergique (activité marquée dans le striatum), d’autre part elle facilite la capture du tryptophane qui est le précurseur de la sérotonine. La carbamazépine est liée à 75% aux protéines plasmatiques, elle est métabolisée par le foie pour ensuite être excrétée dans l’urine. (Bertilsson et Tomson, 1986)

� Propriétés

En raison de ses multiples modes d’actions, la carbamazépine a de nombreuses propriétés :

- Limitation des agressions dans les phases productives des dysthymies - Diminution des agressions par irritation et des agressions hiérarchiques - Diminution de l’impulsivité - Diminution des surconsommations d’eau. - Augmente l’action de l’hormone antidiurétique (ADH) - Anti-convulsivantes - Anxiolytiques

� Indications

- Sociopathie (pour les agressions) - Syndrome HS-HA (action sur l’impulsivité) - L’agressivité réactionnelle des états algiques - Les dysthymies en raison des agressions présentes pendant les phases productives - La dyssocialisation primaire - Les potomanies d’origine anxieuse (action sur l’ADH) - L’épilepsie essentielle

Elle sera prescrite lors d’agressions par peur, caractéristiques de l’anxiété intermittente, elle est particulièrement indiquée lors des agressions par irritation également.

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� Effets secondaires – effets indésirables

- Effets anticholinergiques : troubles de la conduction auriculo-ventriculaire,

sécheresse des muqueuses, constipation, baisse d’appétit. Ces effets sont rarement observés aux doses thérapeutiques habituelles.

- Hépato-toxicité : un contrôle de la fonction hépatique s’impose avant le traitement

(surtout si celui-ci est de longue durée). L’augmentation des enzymes hépatiques au cours du traitement est fréquente et ne doit pas faire interrompre le traitement mais tout signe d’insuffisance hépatique doit le faire cesser.

� Contre-indications

- Sujets présentant des troubles cardiaques, sanguins, ou hépatiques - Animaux présentant un glaucome - Insuffisance rénale - Animaux âgés - Animaux très jeunes : la carbamazépine a des propriétés alpha-2 agonistes. Or les

molécules ayant cette propriété perturbent la sécrétion d’hormone de croissance. - Femelles en gestations : la carbamazépine est capable de traverser le placenta

(Bertilsson&Tomson, 1986). Cette molécule est également contre indiquée chez le chat (propriétés émétiques).

� Doses – sevrage La dose est de 20 à 40 mg/kg par jour en deux prises. A la fin du traitement un sevrage est nécessaire.

� Présentations commerciales

Il n’y a pas de présentation vétérinaire. Deux présentations existent : TEGRETOL LP 200 et 400 mg NB : La demi-vie de la molécule étant courte il est nécessaire d’utiliser des formes à

libération prolongée (LP).

� Associations pharmacologiques

Elle peut dans certains cas être utilisée en association avec l’acétate de cyprotérone. Elle a des propriétés alpha 2 agonistes, elle ne peut donc pas être associée avec les bêtas bloquants et les alpha-2 agonistes. On évitera également l’association avec un IMAO, ou dans les 14 jours après l'arrêt de ces derniers.

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CLOMIPRAMINE

� Présentation Générale La clomipramine est un antidépresseur tricyclique, inhibiteur mixte de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline. Mais c’est probablement le tricyclique le plus spécifique de la sérotonine.

� Mode d’action

La clomipramine a pour effet immédiat d’augmenter la concentration en sérotonine et en noradrénaline dans la fente synaptique, mais dans un deuxième temps, l’effet dû à l’augmentation des neurotransmetteurs est contrebalancé par la mise en place de la « down régulation ». Cette « down régulation » est cliniquement observable lors de l’utilisation de la clomipramine à dose faible. L’effet thérapeutique obtenu et la rapidité de sa mise en place dépendent également de la dose prescrite. Elle ne s’installe généralement qu’au bout de 15 jours à 3 semaines de traitement, on ne pourra donc pas juger immédiatement de l’efficacité du traitement. Outre l’action précédemment décrite, la clomipramine bloque les récepteurs :

- Alpha 1-adrénergiques - Muscariniques - Histaminiques

Ces trois dernières actions sont probablement à l’origine de la plupart des effets secondaires ou indésirables constatés, même si la propriété antimuscarinique est parfois mise à profit pour lutter contre les mictions inappropriées. La clomipramine stimule également les fibres nociceptives descendantes ce qui a pour effet de diminuer la douleur. Le mode d’excrétion principal de la clomipramine est la bile mais aussi les reins. C’est une molécule lipophile, elle diffusera donc bien dans les tissus riches en graisses, mais sa concentration sanguine chutera assez rapidement. Le métabolite principal est la desméthylclomipramine qui a des effets anticholinergiques sur les muscles lisses de l’estomac (inhibant la motilité), ainsi qu’un effet antagoniste des récepteurs muscariniques. Elle possède également un potentiel plus important sur l’inhibition de la recapture de la noradrénaline et de la dopamine que la clomipramine elle même. Néanmoins chez le chien les concentrations plasmatiques de desméthylclomipramine sont en général inférieures à celle de la clomipramine ; c'est le contraire de ce qui a été signalé chez l'homme, chez qui l’administration orale de clomipramine produit des concentrations plasmatiques de la desméthylclomipramine supérieures à celles de la clomipramine (Hewson et al, 1998) (King et al, 2000a). Ceci pourrait expliquer qu’elle est mieux tolérée par le chien qui présentera moins d’effets secondaires dus à l’activité anticholinergique.

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� Propriétés

La clomipramine a de multiples effets, tant sur les manifestations neurovégétatives observées dans l’anxiété ou les dépressions, que sur les manifestations comportementales.

� Propriétés neurovégétatives : La clomipramine a des effets sur certaines composantes neurovégétatives de l’anxiété telles que les mictions émotionnelles, grâce à ses propriétés antimuscariniques. Elle possède également un effet sur les dyspepsies et les colites : il s’agit d’un effet indirect lié à la diminution de la transmission de la dopamine, elle-même consécutive à l’augmentation de la transmission de sérotonine.

� Propriétés comportementales :

En plus de son activité antidépressive, la clomipramine possède un effet anxiolytique, anti-compulsif, et anti-agressif. Les répercussions comportementales varient selon la dose utilisée : A dose faible et après un temps de latence au cours duquel il est souvent constaté une aggravation transitoire, la clomipramine :

- Diminue les manifestations comportementales de la peur - Permet la levée de l’indifférence, relance le comportement exploratoire - Contribue au détachement - Favorise l’apprentissage de la propreté - Diminue l’activité de léchage lorsqu’il n’est pas encore stéréotypé - Régule l’appétit

A dose plus élevée, la clomipramine :

- Améliore le sommeil - Inhibe l’impulsivité et contrôle les agressions hiérarchiques ainsi que les agressions

par irritation - Empêche les manifestations comportementales liées à la douleur (agitation, léchage

d’une plaie…)

� Indications

� Chez le chat :

- Malpropreté urinaire (Dehasse, 1997), (King et al, 2004) - Alopécie psychogène : (Sawyer, 1999) - Les agressions

� Chez le chien :

A dose faible dans les cas d’anxiété permanente ou de dépressions chroniques :

- Syndrome de privation

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- Anxiété de séparation (King et al, 2000b): lorsqu’elle évolue sous forme d’anxiété permanente avec présence de phases productives (destructions, malpropreté) ou d’activité substitutive telles que le léchage. C’est l’indication principale de l’AMM vétérinaire pour le chien.

- Hyper attachement secondaire - Dépression chronique

A doses élevées dans les cas d’anxiété intermittente et notamment dans les cas suivants :

- Syndrome de privation : lorsque celui-ci évolue sous forme d’anxiété intermittente avec apparition d’agressions par peur et par irritation, lorsqu’il existe des mictions inappropriées

- Sociopathie : au stade réactionnel - Hyper attachement secondaire : lorsque les troubles reliés à cet hyper attachement sont

productifs En dehors de son emploi dans les affections comportementales proprement dites, la clomipramine peut être prescrite en postopératoire (chirurgie orthopédique, tumeurs mammaires…) dans le but d’augmenter le confort de l’animal et de limiter les conséquences liées à la douleur (agitation, tentative de retrait du pansement, léchage). Elle aurait également montré une certaine activité lors d’une administration ponctuelle pour réduire le stress lors d’un transport par exemple (Frank et al, 2006)

� Effets secondaires – effets indésirables

La majorité des effets indésirables apparaissent en début de traitement et disparaissent

après environ deux semaines. Il faut penser à prévenir le propriétaire qu’il peut voir apparaître :

- Des mouvements de langue, témoins de sécheresse buccale - Des épisodes de constipation

Si la clomipramine est prescrite à dose faible, il existe un risque de désinhibition avec les conséquences suivantes :

- Agitation - Agressions hiérarchiques, agressions par irritation - Phases confusionnelles (chez le vieux chien)

Parmi les effets secondaires rapportés le plus fréquent est la sédation (King et al, 2004) mais on peut rencontrer sinon :

- Effets cardiovasculaires : chez l’homme ont été mis en évidence des troubles de la conduction auriculo ventriculaire et un risque d’aggravation de la tachycardie chez les sujets prédisposés mais ces effets sembleraient moins important chez le chien. (Pouchelon et al, 2000)

- Effets digestifs : constipation - Effets urinaires : risque de strangurie, de rétention urinaire (Pfeiffer et al, 1999) - Effets neurologiques : abaissement du seuil épileptogène - Prise de poids

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En pratique les effets secondaires sont discrets, et la clomipramine peut être administrée sur de longues périodes sans effets secondaires visibles.

� Contre-indications

L’élimination se faisant principalement par voie hépatobiliaire, il n’existe pas de contrainte particulière concernant l’utilisation de la clomipramine chez l’insuffisant rénal. Cette molécule utilisée à dose faible pour lever l’inhibition peut augmenter les risques d’agressions sur les chiens dont le statut social n’est pas clair. A cause de ses effets anti-cholinergiques et du risque d’agitation et de trouble confusionnel dans les premières semaines de traitement, elle est contre indiquée à forte dose chez les très vieux chiens. Elle sera également contre-indiquée ou à utiliser avec précaution sur les patients épileptiques, présentant des arythmies cardiaques, un glaucome, ou sujet à rétention urinaire. Elle est également déconseillée chez les mâles reproducteurs en raison de risques d’hypoplasie testiculaire. La clomipramine peut être excrétée dans le lait, elle sera donc contre indiquée chez les femelles qui allaitent leurs petits.

� Doses – sevrage

� Chez le chien :

Du fait de sa demie vie faible, la clomipramine devra être administrée à raison de deux prises

quotidiennes.

- 1 à 2 mg/kg répartis en deux prises quotidiennes : dans le cas de léchage ou d’inhibition. L’effet est en général obtenu au bout de 15 jours et une aggravation transitoire peut être parfois constatée en début de traitement.

C’est à partir de cette dose que les effets de la clomipramine deviennent significatifs par rapport aux placebos (King et al, 2000b) et même à partir de 2mg/kg d’après (Petit et al, 1999). Deux études auraient d’ailleurs montré que la clomipramine n’était pas toujours efficace aux faibles doses (< 2mg/kg) ; (Mertens, 2006) et (Podberscek et al, 1999).

- 2 à 4 mg/kg répartis en deux prises quotidiennes dans le cas de troubles anxieux productifs. (Petit et al, 1999). L’effet est plus rapide, de l’ordre de un à deux jours

- 4 mg/kg répartis en deux prises quotidiennes du premier jour de l’hospitalisation

jusqu’au retrait des points (ou de l’appareillage orthopédique), dans le cas d’utilisation postopératoire.

Dans le cas où la clomipramine est prescrite dans le but de réguler le sommeil, la dose du soir doit être administrée 4h avant l’endormissement.

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� Chez le chat : Une étude a été réalisée montrant que la dose efficace contre le traitement de la malpropreté urinaire (King et al, 2004) se situe entre 0,25 et 0,5 mg/kg/jour. Le sevrage est obligatoire en fin de traitement.

� Présentations commerciales

La clomipramine dispose d’une AMM vétérinaire pour le chien et est commercialisée sous le nom de CLOMICALM (NOVARTIS) Elle est distribuée sous forme de comprimés. Trois dosages sont disponibles :

- CLOMICALM 5 mg - CLOMICALM 20 mg - CLOMICALM 80 mg

� Associations pharmacologiques

L’association n’est pas recommandée avec les IMAO. La clomipramine va potentialiser l’effet dépresseur sur le système nerveux central de certaines molécules telles que les barbituriques, les benzodiazépines, et des agents anesthésiques en général. Elle peut être utilisée en association avec la trioxazine pour éliminer les gémissements consécutifs à la levée de l’état dépressif, notamment chez le vieux chien.

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CLONIDINE

� Présentation Générale La clonidine est un anxiolytique antihypertenseur de la famille des alpha-2 agonistes.

� Mode d’action

La clonidine active les récepteurs alpha-2 présynaptiques noradrénergiques qui sont inhibiteurs. C’est donc une molécule qui inhibe la transmission noradrénergique. Elle possède une action centrale sur les récepteurs adrénergiques pré synaptiques :

- Au niveau des centres bulbaires, d’où son action hypotensive - Au niveau du locus coeuruleus ce qui diminue l’anxiété

D’autre part la clonidine augmente modérément la transmission sérotoninergique et diminue la transmission dopaminergique. La clonidine, bien que proche du propanolol, n’a pas les mêmes sites d’actions et ses effets centraux et périphériques sont différents.

� Propriétés

Des effets physiologiques et comportementaux sont décrits.

� Propriétés neurovégétatives : Cette molécule est efficace sur les signes périphériques de l’anxiété : tremblements, sudation et mydriase. De plus son action inhibitrice sur la transmission de la dopamine lui confère une activité sur le transit intestinal.

� Propriétés comportementales :

- Sédation et diminution de l’impulsivité - Diminution de l’anxiété grâce à ses effets centraux sur les réactions noradrénergiques - Diminution de l’anticipation comportementale grâce à son action sur la dopamine. - Augmentation de l’attention, de la motivation, et des capacités de concentration

(action sur le cortex préfrontal).

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� Indications

Cette molécule n’est pas désinhibitrice et peut donc être utilisée sans danger en cas d’agressivité. Son indication principale sera l’anxiété :

- Anxiété paroxystique et intermittente : indication proche de celle des bêtabloquants - Anxiété permanente lorsque le tableau clinique est dominé par la dermatite de léchage

en début d’évolution, quand ce léchage a encore un rôle d’apaisement. C’est là où elle sera vraiment intéressante. Elle est également intéressante dans les cas de manifestations digestives provoquant des diarrhées liées à une baisse de motricité digestive par inhibition de la libération d’acétylcholine.

Mais elle sera également indiquée dans les cas suivants :

- Etats phobiques en début d’évolution, avec apparition d’hyper vigilance. - Phobies sociales, notamment vis-à-vis de ses congénères, grâce à l’effet inhibiteur et

anti-impulsif. - Certains cas de syndrome HS-HA : pour augmenter l’attention et la concentration. - Troubles du sommeil qui est souvent perturbé dans les états anxieux.

L’utilisation ponctuelle est envisageable et il conviendra d’administrer la molécule environ 2h avant le stimulus.

� Effets secondaires – effets indésirables

Une bradycardie peut être observée, l’appareil cardiovasculaire devra être contrôlé avant tout traitement. Cette molécule possède également une action diurétique par inhibition de l’ADH.

� Contre-indications

Les contre-indications sont très peu nombreuses, par précaution elle ne doit pas être prescrite dans les cas suivants :

- Diabète - Hypothyroïdie - Insuffisants cardiaques sous hypotenseurs - Anesthésie générale

La clonidine est contre indiquée chez le chat car elle aurait une action émétisante.

� Doses – sevrage Chez le chien : 0.015mg/kg/jour en deux prises Un sevrage doit être envisagé pour les prescriptions de longue durée afin d’éviter les tachycardies rebond. En pratique la prescription d’une demi dose pendant le quart de la durée du traitement.

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� Présentations commerciales

Il n’y a pas de présentation vétérinaire. La clonidine est commercialisée sous le nom de CATAPRESSAN en comprimés dosés à 0,15mg.

� Associations pharmacologiques Cette molécule ne doit pas être associée aux neuroleptiques ni à toute molécule ayant une action sur le système adrénergique : carbamazépine, sélégiline, miansérine, médétomidine, clomipramine… Il peut arriver que le praticien soit amené à remplacer le propanolol par la clonidine : elles ne doivent pas être utilisées en même temps ; il faudra alors pratiquer un arrêt d’une semaine. L’association est possible avec les ISRS lors d’un déficit d’autocontrôle (syndrome Hs-Ha, trouble de l’homéostasie sensorielle)

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DIAZEPAM

� Présentation Générale Le Diazépam est un anxiolytique de la famille des benzodiazépines.

� Mode d’action

Le diazépam est un agent facilitateur des effets inhibiteurs du GABA. En se fixant sur les récepteurs GABA A il augmente l’affinité de ces mêmes récepteurs pour le GABA. Il possède donc une action inhibitrice sur le système nerveux central et en particulier le système limbique, le cortex, le thalamus, et l’hypothalamus. La demi-vie du diazépam est très courte, de l’ordre de 2 à 3h chez le chien, environ 5h chez le chat. Mais son métabolite principal qui possède les mêmes effets, le nordiazépam possède une demi-vie plus longue : environ 3 à 10 heures, chez le chien, une peu moins d’une journée entière chez le chat.

� Propriétés Le diazépam possède plusieurs propriétés :

- Sédatif, myorelaxant, et anticonvulsivant : ces effets sont intéressants en anesthésie, c’est l’une des utilisations les plus courantes de cette molécule. La propriété anticonvulsivante est également employée en urgence pour la gestion des crises convulsives épileptiformes ou liées à une intoxication.

- Anxiolytique : cette propriété des benzodiazépines est très utilisées dans les pays anglo-saxons, moins en France.

� Indications

Outre les indications lors d’anesthésie le diazépam pourra être employé lors de troubles de type anxieux, lors de peurs, voire de phobies lorsqu’une inhibition rapide est souhaitée. Il peut être utilisé chez le chat pour traiter la malpropreté urinaire.

� Effets secondaires – effets indésirables

Il existe certaines réactions paradoxales au diazépam, avec un effet désinhibiteur, qui peuvent augmenter le risque d’agression, Ces réactions ne sont pas prévisibles, et dépendent de l’animal. Le diazépam peut provoquer des lésions hépatiques, en particulier chez le chat avec des nécroses hépatiques, mais aussi chez le chien.

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� Contre-indications

De part ses effets délétères sur le foie, il sera contrindiqué chez les animaux présentant des anomalies de la fonction hépatiques ou la dose devra être réduite. Il en est de même pour les animaux présentant des troubles de la fonction rénale : le diazépam et ses métabolites sont en partie excrétés dans les urines. Le diazépam ne doit pas être utilisé pour traiter les agressions en raison d’un possible effet désinhibiteur. Il sera également contre indiqué lors de glaucome à angle fermé, et lors du premier trimestre de gestation (risque de malformations congénitales). La contre indication vaut également pour les femelles qui allaitent car on observe une excrétion dans le lait.

� Doses – sevrage 2 à 3 mg/kg/j en deux prises chez le chien 1 à 2mg/kg et par jour chez le chat Les doses peuvent être très variables et il conviendra d’ajuster à la plus petite dose efficace. Un sevrage est nécessaire en cas d’administration prolongée qui peut entrainer un phénomène de dépendance.

� Présentations commerciales

Il n’y a pas de présentation vétérinaire pour le diazépam qui est commercialisé sous le nom de VALIUM. Il existe une présentation injectable mais qui sera réservée à l’utilisation hospitalière. On trouve également deux autres présentations :

- En comprimés de 2mg, 5mg, ou 10mg - En solution Buvable à 1%

Il existe d’autres benzodiazépines utilisables comme l’Alprazolam (XANAX), le Lorazepam (TEMESTA), le Bromazepam (LEXOMIL), ou encore le Clorazepate Dipotassique (TRANXENE).

� Associations pharmacologiques Le diazépam peut potentialiser l’effet dépresseur sur le système nerveux central d’autres psychotropes. Il sera déconseillé de l’utiliser en association avec la cimétidine qui est un anti acide.

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FLUOXETINE

� Présentation Générale La fluoxétine est un antidépresseur de la famille des Inhibiteurs Stricts de la Recapture de

la Sérotonine (ISRS), sélective des récepteurs 5HT1a pré synaptiques.

� Mode d’action

Comme tous les ISRS la fluoxétine inhibe la recapture de la sérotonine de façon sélective. Il faut utiliser des doses extrêmement élevées pour agir sur les autres monoamines. Son action aboutit à une augmentation de la concentration synaptique en sérotonine qui entraîne, par la plasticité synaptique, une diminution du nombre de récepteurs post-synaptiques. Cf. principe de la « down regulation ». De ce fait les effets thérapeutiques sont longs à apparaître (2 à 3 semaines environ) et dans un premier temps on observe une instabilité émotionnelle ou des effets secondaires. La fluoxétine est principalement métabolisée par le foie en norfluoxétine qui a également un potentiel d’inhibition de la recapture de la sérotonine, avec une élimination hépatique et rénale. Le temps de demi-vie serait chez l’homme serait d’environ 1 à 6 jours pour la fluoxétine et de 4 à 16 jours pour la norfluoxétine. (ELI LILLY, 2008)

� Propriétés

Les propriétés des ISRS découlent directement des fonctions de la sérotonine et sont nombreuses :

- Effet sédatif : aux doses utilisées en médecine vétérinaire, les ISRS ont un effet sédatif et permettent de calmer certains états d’agitation

- Effet thymoanaleptique - Effet anxiolytique - Récupération du signal d’arrêt et restauration des autocontrôles - Inhibition de l’impulsivité : cet effet est très intéressant pour le contrôle de

nombreuses formes d’agression : agression hiérarchique, agression par irritation. La fluoxétine aurait un effet inhibiteur sur l’activité sexuelle, ce qui peut être utile dans certains cas. (Matuszcyk, 1998)

� Indications

Les états d’agitation, d’impulsivité et d’agressivité sont de bonnes indications des ISRS à forte dose :

- Syndrome HS-HA surtout dans son stade II. Les effets sédatifs, anti-impulsifs, et régulateurs des séquences comportementales trouvent ici tous leurs intérêts. Le chien régule mieux toutes ses séquences comportementales (alimentation, jeux, interactions sociales). Cette molécule permet de restaurer le sommeil, très diminué dans le syndrome HS-HA stade II. C’est une indication principale des ISRS.

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- Sociopathies pour contrôler les agressions (Dodman et al, 1996). Ces molécules sont intéressantes quand la carbamazépine est contre-indiquée.

- Anxiété intermittente si les agressions sont nombreuses. C’est le cas notamment dans certains syndromes de privation

- Dyssocialisation et désocialisation : dans ces affections, on cherche à améliorer les autocontrôles augmenter l’inhibition sociale et diminuer les agressions, principalement les agressions intra spécifiques.

- Troubles comportementaux liés au vieillissement avec agressivité - Dépressions chroniques de l’adulte et du vieux chien car les traitements au long cours

sont possibles - Dermatites de léchage (Wynchank et Berk, 1996)

A faible dose, les ISRS, retrouvent leur action anxiolytique et antidépressive. Chez le chat la fluoxétine présenterait un intérêt pour les problèmes de malpropreté urinaire, (Seksel, 2000) (Pryor et al, 2001), mais aussi pour l’alopécie extensive.

� Effets secondaires – effets indésirables

Ils sont dus surtout à la régulation synaptique et apparaissent en début de traitement. Il faut penser à prévenir les propriétaires de l’apparition éventuelle de ces effets :

- Anorexie : elle est fréquente les premiers jours. Il ne faut modifier la dose que si elle persiste plus d’une semaine

- Somnolence durant les premiers jours de traitement (effet très bref) ne nécessitant généralement pas de modifier la dose

- Excitation, agitation, aboiements parfois grognements pendant les premières semaines de traitement

- A très forte dose on peut observer des tremblements de la tête et des claquements de dents. Dans ce cas, la posologie doit être diminuée

On peut observer de l’anxiété, une baisse d’appétit, des vomissements, diarrhée, perturbations de la fréquence des mictions, insomnie, sédation, excitation, convulsions, ou des perturbations de la coagulation. Il faut préciser que ces effets indésirables ne se produisent pas systématiquement. Dans de nombreux cas, les propriétaires nous signalent juste une somnolence et une anorexie modérée pendant un jour ou deux. Une fois l’action stabilisée et la bonne dose trouvée, l’absence d’effets secondaires permet des traitements de très longue durée.

� Contre-indications

Certains ISRS diminuant les prises alimentaires, la principale contre indication (relative) est la prescription lors d’affections où l’anorexie est présente. Dans les états dysorexiques (dépression chronique), les doses utilisées ne limitant pas l’appétit, la prescription de ces molécules est donc possible. La fluoxétine aurait un effet sur le métabolisme glucidique, capable de provoquer de l’hyperglycémie. Néanmoins chez l’homme le traitement semble possible chez les diabétiques

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(Lustman, 2000), il faudra probablement réévaluer la dose d’insuline, ou refaire une courbe de glycémie pour éviter tout problème. La fluoxétine présenterait un risque potentiel sur le fœtus donc n’est pas recommandée dans le cadre d’une gestation, de même elle est susceptible d’être excrétée par le lait donc à éviter lors de l’allaitement. Il faut faire attention à la prescription chez les patients ayant une atteinte hépatique. Néanmoins l’élimination rénale de la fluoxétine n’est pas altérée chez les patients insuffisants rénaux. (ELI LILLY, 2008)

� Doses – sevrage

- Une faible dose dans le traitement des états anxieux ou dépressifs. - Des doses élevées pour maîtriser les agressions, l’hyper motricité et l’impulsivité

Pour toutes ces molécules, un sevrage est nécessaire. Deux molécules sont couramment utilisées : La fluoxétine est prescrite à la dose de 1 à 5 mg/kg en une seule prise pour le chien. 0,5 à 1,5 mg/kg/jour pour les chats, dans cette espèce l’observance n’est pas facile et il est possible de sauter une prise de temps en temps (demi-vie longue de la norfluoxétine). Il faudra ajuster les doses chez les patients atteints d’une affection hépatique La durée du traitement est de minimum trois mois si l’on ne veut pas risquer une rechute. Certains cas comme le syndrome HS-HA peuvent nécessiter des traitements de 6 à 12 mois voire plus. Un sevrage est fortement conseillé dans le cas d’une administration ayant durée plusieurs mois ou plus, à raison d’une diminution de la dose de 25% par semaine, au minimum, il faudra adapter ce sevrage en fonction de la durée.

� Présentations commerciales

A compléter :

Elle est disponible sous deux noms déposés :

� PROZAC : - gélules de 20mg - solution buvable (4mg/ml) - comprimés hydrodispersibles à 20mg

� FLUOXETINE : (générique) en gélules à 20mg

L’utilisation du générique est intéressante car le Prozac ne jouit pas d’une excellente réputation chez l’homme.

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� Associations pharmacologiques La fluoxétine est tout à fait contre indiquée en association avec les IMAO, et il est conseillé d’attendre plusieurs semaines (environ 5 semaines) après arrêt du traitement à la fluoxétine pour entamer un traitement à base d’IMAO. La fluoxétine est liée aux protéines plasmatiques, de fait l’administration concomitante de molécules se fixant sur ces protéines peut poser soucis. La fluoxétine inhibe certains cytochromes, ce qui rend l’association avec les molécules dégradées par ces cytochromes indélicate : les tricycliques, les benzodiazépines, la carbamazépine, et l’haloperidol (ELI LILLY, 2008)

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FLUVOXAMINE

� Présentation Générale La Fluvoxamine est un antidépresseur ISRS, très proche de la Fluoxétine mais ces deux molécules ne sont pas tout à fait interchangeables, on n’indiquera ici que les principales

différences.

� Mode d’action

La fluvoxamine est métabolisée par le foie, ses métabolites n’ont quasiment aucun effet sur la recapture de la sérotonine. L’excrétion se fait majoritairement par les reins. Malgré cela comme pour la fluoxétine une affection rénale n’entrave pas vraiment l’élimination de la molécule. Son temps de demi-vie varie de 17 à 22h, il est plus court que celui de la fluoxétine

� Indications

Les indications sont celles de la fluoxétine, mais aussi :

- Déficits d’autocontrôles : dans les cas de Trouble de l’Homéostasie Sensorielle ou le syndrome HSHA

- Troubles du sommeil

� Effets secondaires – effets indésirables

Dans les premières semaines de traitements, comme pour la fluoxétine, on peut observer une légère sédation ainsi qu’une baisse d’appétit.

� Doses – sevrage

Chien et Chat : 5 à 10 mg/kg/jour en deux prises. Les traitements sont en général longs : de 6 mois voire plus pour un Hs-Ha. Un sevrage est recommandé, en pratique : demi-dose pendant un quart de la durée du traitement.

� Présentations commerciales

La fluvoxamine est commercialisée sous le nom de FLOXYFRAL. Il existe des comprimés de 50mg et 100mg. Cette molécule est une alternative à la fluoxétine car cette dernière est onéreuse ce qui limite sa prescription chez les grands chiens, mais la fluvoxamine nécessite deux prises quotidiennes.

� Associations pharmacologiques La fluvoxamine réduirait la clearance du diazépam et de ses métabolites, leur association n’est donc pas forcément indiquée. Et de manière générale il faudra faire attention aux molécules dégradées par le foie. L’association avec d’autres antidépresseurs sérotoninergiques et les IMAO est déconseillée.

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MIANSERINE

� Présentation Générale La miansérine est un antidépresseur tétracyclique, sédatif anxiolytique. Son action est proche des imipaminiques mais cette molécule est dépourvue d’effet anticholinergique et

de toxicité cardiaque.

� Mode d’action

La miansérine agit sur la noradrénaline, elle a un effet alpha 2 bloquant. Le récepteur alpha-2 étant un récepteur pré synaptique chargé de diminuer la libération du médiateur, la miansérine a donc pour effet d’augmenter la libération de noradrénaline. Les effets sont visibles dès le premier jour du traitement. Elle possède également des effets sérotoninergique et noradrénergiques par inhibition de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline.

� Propriétés

Parmi tous les antidépresseurs, la miansérine est une des molécules les plus psychotoniques,

indiquée pour lever les états d’inhibition comportementale qui accompagnent les états anxieux ou dépressifs. Elle relance le comportement exploratoire et le comportement alimentaire, elle inhibe le sommeil paradoxal et permet à l’animal de retrouver un sommeil normal. La miansérine est classée dans les antidépresseurs mais possède une action anxiolytique marquée

� Indications

La miansérine est intéressante dans les états très déficitaires :

- Anxiété permanentes : surtout dans les syndromes de privation au stade 2 voire 3. - Dépressions : c’est la molécule de choix dans le traitement des dépressions aigues,

particulièrement chez le chiot pour lequel une reprise rapide de l’alimentation est souhaitée (la miansérine est efficace en quelques heures)

- Dépression chronique - Anorexie (notamment chez le chat hospitalisé)

� Effets secondaires – effets indésirables

On peut noter un léger effet sédatif. C’est une molécule fortement désinhibitrice, le principal risque est l’apparition d’agressions chez les chiens dont le statut hiérarchique n’est pas clairement défini. L’apparition d’agressions au cours du traitement oblige souvent le praticien à modifier son traitement.

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Durant les premières semaines de traitement, avant la régularisation de la sensibilité synaptique, des phases d’agitation ou de gémissements peuvent apparaître. Ces effets secondaires disparaissent dès la troisième semaine de traitement.

� Contre-indications

Il y a deux contre-indications principales à la prescription de miansérine :

- Epilepsie : c’est la principale contre-indication médicale ; il s’agit d’une contre-indication relative La miansérine abaisse le seuil épileptogène, elle doit donc être prescrite avec prudence chez les sujets épileptiques

- Présence d’agressions, notamment d’agressions hiérarchiques ; c’est une contre-indication formelle. Si le statut hiérarchique du chien est ambigu, il convient de surveiller l’apparition d’éventuelles agressions ou de mettre en place une thérapie de régression sociale dirigée.

� Doses – sevrage

� Chez le chien 2 à 5 mg/kg/j en deux prises � Chez le chat 1 à 5 mg/kg/j en deux prises

Un sevrage est conseillé : demi-dose pendant le quart de la durée du traitement.

� Présentations commerciales

La Miansérine n’a pas de présentation vétérinaire et est commercialisée sous le nom d’ATHYMIL. Des comprimés à 10, 30, ou 60 mg sont disponibles.

� Associations pharmacologiques Dans les états dépressifs, la levée de cet état par la miansérine est souvent accompagnée de gémissements et d’agitation. L’association avec la Trioxazine permet d’atténuer ces effets. Il sera évidement déconseillé de l’associer à des psychotropes à activité sérotoninergique et/ou noradrénergique.

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PHEROMONES FACIALES DU CHAT

Fraction F3 et F4

� Présentation Générale Les phéromones faciales sont déposées par le chat dans l’environnement et sur les individus avec une fonction de reconnaissance et d’apaisement. On dispose en médecine vétérinaire de certaines fractions de ces phéromones.

� Mode d’action et Propriétés

Le mode d’action de ces phéromones est commun à toutes les phéromones, ce dernier a déjà été abordé dans cet ouvrage, nous n’y reviendrons donc pas en détail. On dispose aujourd’hui de deux types de fraction des phéromones faciales du chat :

- Fraction F4 d’allomarquage : cette fraction aurait plutôt un rôle sur les interactions avec les êtres vivants présents dans l’environnement du chat (êtres humains, chiens, autres chats…), elle permet de faciliter l’instauration d’un climat de confiance entre deux individus.

- Fraction F3 : qui aurait plutôt un rôle concernant les objets et l’environnement

(murs, lits, mobilier…). Le chat va déposer ses phéromones faciales pour se familiariser avec son environnement, ainsi les endroits marqués seront reconnus comme familiers, il y a donc une fonction d’apaisement émotionnel.

� Indications

� Fraction F4 :

- Améliorer la tolérance aux manipulations - Faciliter l’introduction d’un nouvel individu dans le milieu de vie du chat - Améliorer la cohabitation

� Fraction F3 :

- Améliorer les manifestations productives liées au stress dans l’environnement (marquages urinaires, griffades, baisse d’appétit…)

- Améliorer le contact avec un environnement inconnu et/ou stressant (déménagement, voyage, voiture, nouveau mobilier…)

� Effets secondaires – effets indésirables

Aucun, néanmoins le fabricant stipule que le produit est très facilement inflammable.

� Contre-indications

Aucune

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� Présentations commerciales et utilisation

Les phéromones faciales du chat sont disponibles sous trois formes :

� FELIFRIEND (CEVA) : Spray contenant la Fraction F4 : 2 pulvérisations dans chaque main et se frotter les mains et poignets ou frotter l’individu stressant pour le chat.

� FELIWAY Spray (CEVA) : Spray contenant la Fraction F3 : Pulvériser l’objet ou l’endroit souhaité une fois par jour pendant au moins 1 mois pour une acceptation ou une amélioration durable. Possibilité d’utilisation ponctuelle (transport), il faudra alors pulvériser au moins 30 min avant.

� FELIWAY Diffuseur (CEVA) : Diffuseur d’ambiance pour une surface d’environ 70m², la recharge dure environ 1 mois. Le brancher dans la pièce qui sera la plus fréquentée par le chat.

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PIPAMPERONE

� Présentation générale La pipampérone fait partie de la famille des butyrophénones. C’est un neuroleptique anti-

productif, dont les effets désinhibiteurs s’observent rarement, même à faible dose.

� Mode d’action La pipampérone agit en bloquant les récepteurs D2 pré et post synaptiques et inhibe de ce fait la transmission dopaminergique. Elle bloque, à moindre titre, les récepteurs histaminiques et adrénergiques, ainsi que les récepteurs sérotoninergiques 5HT2.

� Propriétés

Les principaux effets de la pipampérone sur le plan comportemental sont :

- Sédation transitoire - Inhibition des comportements productifs et notamment des agressions - Diminution de la sensibilité et de l’irritabilité - Réinstauration de différents seuils de réactivité en fonction des stimulations.

Ces effets sont particulièrement utiles pour éviter l’instrumentalisation des agressions dans

les conflits hiérarchiques. La pipampérone favorise la réapparition des phases de menace (grognement).

� Indications Elle sera prescrite chez les chiens dont le tableau clinique est dominé par des comportements d’agression par peur, des phénomènes d’anticipation, des comportements exploratoires hypertrophiés, une augmentation de la motricité, une diminution de la durée du sommeil et des manifestations périphériques de la peur impliquant les voies dopaminergiques (vomissements, diarrhées et ptyalisme). La pipampérone trouve donc ses indications dans les troubles productifs que l’on retrouve notamment dans les :

- Phobies avec agitation, mais attention lors de phobies car elle ne favorise pas l’apprentissage

- Etats d’anxiété intermittente avec agressions ou agressions redirigées - Etats anxieux avec fortes productions comportementales : la sédation et l’indifférence

émotionnelle peuvent être mises à profit dans les phases productives de l’anxiété, il sera intéressant de l’associer à un anxiolytique.

- Anxiété de séparation : si on constate une activité motrice hypertrophiée et incoordonnée (forme productive), notamment en cas de destructions, ainsi qu’en cas d’émission de selles diarrhéiques (manifestation dopaminergique de la peur). Elle sera alors toujours associée à un antidépresseur comme la clomipramine.

- Sociopathies avant la phase d’instrumentalisation

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� Effets secondaires – effets indésirables

- Hypotension - Apathie - Etats dépressifs chez le sujet âgé - Prise de poids (à long terme)

La désinhibition est rare avec cette molécule mais le risque est présent.

� Contre indications

L’hypothyroïdie est une contre indication médicale. La pipampérone, comme la plupart des neuroleptiques, doit être utilisée avec précaution chez les sujets âgés et les sujets en état dépressif (dépression aigue, chronique, ou d’involution). Elle ne doit pas non plus être utilisée pour inhiber les productions comportementales dans le syndrome HS-HA.

� Doses – sevrage

� Chez le chien : 40 à 60 mg/m²jour en 2 prises si utilisée seule, soit environ 1 à 3 mg/kg, 30mg/m²/jour si utilisée en association. � Chez le chat : 2 à 6 mg/animal en une à deux prises.

� Présentations commerciales

La pipampérone n’a pas de présentation vétérinaire et est commercialisée sous le nom de DIPIPERON. Il existe des comprimés de 20mg et de 40mg et une solution buvable à 4%, soit 2 mg/goutte.

� Associations pharmacologiques La pipampérone peut être utilisée en association avec la clomipramine, dans ce cas la dose est diminuée de moitié. Elle pourra également être associée à un bêta bloquant ou un ISRS, selon les cas.

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PROPANOLOL

� Présentation Générale C’est un anxiolytique hypotenseur de la famille des Bêtabloquants.

� Mode d’action

Le propanolol bloque les récepteurs à l’adrénaline et noradrénaline post synaptiques de type Bêta ; ce qui a pour conséquence l’inhibition de la transmission noradrénergique.

� Propriétés

C’est un anxiolytique qui augmente le seuil de perception sensorielle qui est particulièrement bas dans certains types d’anxiété. Par ailleurs il agit sur les réactions de peur comme la tachycardie, la tachypnée. Le propanolol a des effets sur le système nerveux végétatif et hormonal et des effets sur le comportement.

� Propriétés neurovégétatives : Les effets périphériques sont multiples et on peut retenir surtout les effets suivants :

- Hypotenseur : effet cardiaque (diminution du rythme) et périphérique - Hypoglycémiant par action de l’insuline - Diminution des sécrétions thyroïdiennes

� Propriétés comportementales :

Elles s’expliquent par la diminution des effets périphériques de la peur, qui renforcent celle-ci par la sensation de malaise qu’elles entraînent, mais aussi par un effet central : le propanolol agit rapidement mais ne peut agir si une réaction de peur est installée car les récepteurs sont déjà occupés. On observe :

- Diminution de la sensation de peur - Diminution de la sensibilité - Augmentation du comportement exploratoire

Les bêtabloquants ont également un effet myorelaxant et anti-convulsivant. A forte dose ils peuvent être sédatifs. A ces effets il faut ajouter une diminution de la sensation de fatigue pendant et après l’effort. NB : Cette molécule est considérée comme dopante et est recherchée en contrôle antidopage.

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� Indications

L’indication de choix du propanolol est les troubles anxieux avec hyperesthésie. Il permet d’augmenter le seuil de perception sensorielle qui est toujours anormalement bas dans ces états et il réduit les manifestations organiques périphériques de la peur à dominante noradrénergique. On utilisera donc le propanolol dans les cas de syndrome de privation sensorielle au stade 1 (phobies), parfois au stade 2 (anxiété de privation). Cette molécule peut être prescrite dans les réactions de peur et de phobie. Le propanolol est efficace immédiatement. Il est donc particulièrement indiqué dans les phobies ponctuelles prévisibles et les réactions de peur gênantes :

- Visite chez le vétérinaire - Phobie des humains, des chiens - Phobie des voitures - Orages - Feux d’artifice - Expositions - Toilettage - Etc.

Les réactions de chien au moment de l’évènement doivent être décrites. Ce sont des signes d’hyperfonctionnement adrénergiques :

- Tremblements - Mictions émotionnelles - Hyper vigilance - Vidange de glandes anales - Mydriase - Salivation - Diarrhée émotionnelle

Il peut être utilisé précocement dans les traitements des phobies simples, même chez les jeunes chiens et est également efficace sur les crises d’anxiété paroxystiques. Dans les cas d’anxiété permanente, il peut améliorer l’état des animaux en tout début de l’évolution comme lors des dermatites de léchage, cependant les bêtabloquants seront moins efficaces que les alpha-2 agonistes. Le propanolol n’est pas désinhibiteur et peut donc être utilisé sans danger dans les cas d’agressivité. Après plusieurs mois de prescription, l’effet anxiolytique s’amenuise. En médecine humaine, la principale indication est l’hypertension ; les autres bêtabloquants utilisés en cardiologie ne passent pas la barrière méningée et n’ont pas d’effets comportementaux.

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� Effets secondaires – effets indésirables

Un effet sédatif peut être observé à forte dose.

� Contre-indications

Le propanolol a peu de contre indications mais il ne doit pas être utilisé lors de :

- Diabète - D’hypothyroïdie - Troubles cardio-pulmonaires

� Doses – sevrage

15mg à 20mg/kg deux fois par jour Il est nécessaire de réaliser un sevrage si la prescription a été supérieure à 1 mois. En pratique au-delà d’un mois de prescription, il faut respecter un passage de quelques jours à demi-dose.

� Présentations commerciales

Le propanolol n’a pas de présentation vétérinaire et est commercialisé sous le nom d’ALVOCARDYL. On peut utiliser :

- La forme à libération prolongée notée LP : gélules dosées à 160mg (pour les grands chiens)

- Les comprimés dosés à 40mg Les deux formes sont chimiquement identiques : elles peuvent donc être combinées.

� Associations pharmacologiques Cette molécule ne doit pas être associée à d’autres psychotropes en particulier :

- Avec la clonidine : le propanolol est proche de la clonidine. Le passage d’une molécule à l’autre peut être une nécessité clinique. Il faut respecter un blanc thérapeutique d’une semaine entre les deux molécules pour éviter une hypotension.

- Avec la carbamazépine (qui a aussi des propriétés alpha agonistes, comme la clonidine)

- Aux anesthésiques : ces molécules peuvent provoquer des spasmes bronchiques, et des dépressions cardiaques.

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RISPERIDONE

� Présentation Générale La rispéridone est un neuroleptique atypique, proche de la famille des butyrophénones. C’est un neuroleptique de la nouvelle génération qui est utilisé pour son action anti-

productive.

� Mode d’action

Le mode d’action de la rispéridone est mal expliqué et son action antagoniste des récepteurs 5HT2 (blocage) et D2 ne suffit pas à rendre complètement compte des effets thérapeutiques.

� Propriétés

La rispéridone a pour effet principal de diminuer l’impulsivité et les agressions mais elle n’a pas de pouvoir anxiolytique. Chez l’homme, elle est utilisée dans le contrôle des phases productives et des symptômes négatifs de la schizophrénie. Elle présente les avantages des neuroleptiques classiques en présentant moins d’inconvénients.

� Indications

La rispéridone voit ses indications majeures dans le traitement de l’agressivité et notamment en traitement de :

- Sociopathies au stade réactionnel, stade 1 - Syndrome dissociatif (résultats cliniques inconstants) - Certains comportements hallucinatoires.

� Effets secondaires – effets indésirables

L’effet secondaire le plus spectaculaire et le plus gênant observé en clinique consiste en l’apparition d’une galactorrhée, même chez le mâle. A long terme une prise de poids peut être observée.

� Contre-indications

Elle est totalement déconseillée dans les cas de dépressions au sens large, ainsi que chez les animaux hypothyroïdiens. Elle sera contre indiquée car inefficace en cas d’agressions instrumentalisées.

� Doses – sevrage Chez le chien 0,5 à 2 mg/m² (environ 0,015 à 0,07mg/kg) en une prise. Un sevrage sera pratiqué quand la prescription aura duré plusieurs mois.

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� Présentations commerciales

La Rispéridone n’a pas de présentation vétérinaire et est commercialisée sous le nom de RISPERDAL, disponible en comprimés dosés à 1mg, 2mg, 4mg ainsi qu’en solution buvable de 1mg/ml.

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SELEGILINE

� Présentation Générale La sélégiline, aussi appelée L-Deprenyl, est un antidépresseur Inhibiteur de la Mono Amine

Oxydase-B (IMAO-B).

� Mode d’action

Inhibiteur sélectif et irréversible de la monoamine oxydase B, la sélégiline n'affecte pas l'activité de la monoamine oxydase A même si cette sélectivité n’est pas absolue en cas d’augmentation trop importante de la dose.

� Action sur la neurotransmission : L’action principale sur la neurotransmission est l’activité inhibitrice de la MAO-B dont on a déjà parlé. La sélégiline inhibe en outre la recapture de la dopamine, de la norépinéphrine, et de la sérotonine. Son action inhibitrice s’étend aux autorécepteurs à la dopamine, augmentant ainsi la concentration en dopamine, diminuant le stress oxydatif causé par la dégradation de la dopamine. Elle augmente également la réponse neuronale à la dopamine par une action indirecte : l’inhibition irréversible de la monoamine-oxydase B augmente la disponibilité en phenylethylamine dans la synapse qui est un neuromodulateur des réponses dopaminergiques et qui est liée à la sensation de plaisir.

� Activité neuroprotectrice : La sélégiline possèderait une activité neurotrophique et anti-apoptotique indépendante de l'inhibition de la MAO qui pourrait contribuer à l'activité neuroprotectrice observée dans la maladie de Parkinson et la maladie d'Alzheimer chez l’homme (Maruyama et Naoi, 1999). D’autre part elle favorise l’action de la superoxyde dismutase, responsable de la capture des radicaux libres, et l’activité catalytique dans certaines régions du cerveau. Elle protège les voies dopaminergiques nigrostriées des neurotoxines. NB : Les métabolites de la selegiline sont : l-(-) amphétamine, l-(-) méthamphétamine et la N-

desmethylselegiline ce qui pourrait expliquer certains effets parallèles aux effets sur la MAO-

B.

� Propriétés

On peut observer :

- Une action anti-dépressive, anxiolytique et thymorégulatrice - Une diminution des symptômes neurovégétatifs de type digestif : dyspepsie, côlon

irritable

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- Une levée de l’inhibition qui accompagne les états anxieux ou dépressifs - La régulation de la vigilance dans les états d’anticipation émotionnelle - Un contrôle de l’activité motrice, tout en augmentant l’activité exploratoire - Un arrêt des stéréotypies - Une stimulation des mécanismes cognitifs, en particulier chez le chien âgé (Head et al,

1996). Il n’a pas démontré d’effet particulier sur les jeunes sujets mais il n’y a pas vraiment consensus. En revanche on note une amélioration de la mémoire spatiale toujours chez les sujets âgés.

Elle aurait, de plus, un effet sur la longévité des chiens âgés (Ruehl et al, 1997) et un effet préventif sur les risques tumoraux (Kitani et al). Chez l’homme cette molécule n’a pas d’effet anti-dépresseur connu, néanmoins les effets obtenus chez le chien sont relativement différents. Ceci pourrait s’expliquer par une concentration et une répartition différente des monoamines-oxydases selon les espèces concernées. (Inoue et al, 1999)

� Indications

Chez le chien :

- Elle sera indiquée dans les états déficitaires ou productifs comme : les phobies simples, les phobies sociales, le syndrome privation stade I.

- Les états anxieux : syndrome de privation stade II, anxiété de séparation, troubles de la communication, hyper attachement secondaire

- La dépression aigue ou chronique - La dysthymie - Le syndrome HSHA - Elle sera particulièrement intéressante lors de troubles cognitifs du chien âgé, de

syndrome confusionnel du chien âgé, ou de dépression d’involution. Ajouté à ces propriétés neuroprotectrices cela en fait une molécule de choix chez le chien âgé présentant des troubles comportementaux.

Chez le chat les indications sont proches, la sélégiline sera notamment intéressante dans les problèmes de cohabitation.

� Effets secondaires – effets indésirables

La sélégiline est d’une grande sécurité d’emploi, il n’y a pratiquement pas d’effets indésirables. Une légère augmentation de la vigilance avec phase d’excitation est parfois notée durant les premières semaines de traitement. Si l’on dépasse trop la dose indiquée on peut voir apparaître des stéréotypies, salivation, agitation, une parte de poids, des vomissements, diarrhée etc.

� Contre-indications

La sélégiline est contre indiquée chez les femelles gestantes ou allaitantes car elle inhibe la synthèse de prolactine. Par mesure de sécurité on évitera de donner du fromage durant le traitement.

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� Doses – sevrage

� Chez le chien :

0.5 mg/kg/j en une prise à jeun le matin Dépression d’involution : 1mg/kg/j en une prise

� Chez le chat (hors AMM) : 1mg/kg/jour en une prise A priori augmenter la dose au dessus de 1mg/kg aurait peut d’intérêt et pourrait même nuire à l’efficacité du traitement et certains effets secondaires pourraient apparaître. L’efficacité doit être jugée après 15 jours à 3 semaines de traitement, on aura donc une durée

de traitement minimale de 2 mois qui peut être prolongé à vie chez le chien âgé. Il n’y a pas de sevrage en raison de la rémanence d’environ 15 jours : elle se fixe sur la MAO B de façon irréversible et reste donc active jusqu’au renouvellement complet de l’enzyme.

� Présentations commerciales

La sélégiline dispose d’une AMM vétérinaire pour le chien et est commercialisée sous le nom de SELGIAN (CEVA). Elle est distribuée sous forme de comprimés. Trois dosages sont disponibles :

- SELGIAN 8kg: 3,35 mg - SELGIAN 20kg: 8,37 mg - SELGIAN 40kg: 16,74 mg

� Associations pharmacologiques

La sélégiline peut être associée avec les analogues d’hormones thyroïdiennes si l’on est face à une anxiété liée à l’hypothyroïdie. On peut également l’associer au piracetam dans les troubles du chien âgé. Il est nécessaire de respecter une période de blanc thérapeutique de 15 jours après l’arrêt de la sélégiline si l’on désire changer de psychotrope. On évitera l’association avec les tricycliques et ISRS pouvant aboutir à un syndrome sérotoninergique. Il est également nécessaire de faire attention à l’amitraze qui potentialise l’effet IMAO.

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SELS DE LITHIUM

� Présentation Générale Le lithium (cation monovalent) est un métal alcalin qui est utilisé sous forme de sels.

� Mode d’action

Les sels de lithium agissent comme des stabilisateurs de membrane : ils s’accumulent dans la cellule, mimant le Na+ auprès des pompes Na/K entraînant une perte relative de K+ intracellulaire, d’où une dépolarisation cellulaire. En outre ils possèderaient une action sur le second groupe de messagers comme l’AMPcyclique (diminuant sa production par inhibition de l’adenylcyclase) ou l’Inositol Phosphate (provoquant une accumulation intra cellulaire). D’autre part il semblerait qu’ils diminuent l’activité noradrénergique et favoriseraient la transmission sérotoninergique, mais cela peut changer lors d’administration chronique, avec un effet supplémentaire sur d’autres neurotransmetteurs. Les effets cliniques du lithium ne sont pas vraiment expliqués par ses modes d’action.

� Propriétés

Ce sont des thymorégulateurs, normothymiques. Les effets sont visibles dès la première semaine

� Indications

Les sels de lithium permettent de contrôler les changements d’humeur lors de dysthymies, ils sont généralement indiqués en deuxième intention lors de dysthymie chez le chien, en cas d’agressivité rebelle à d’autres traitements.

� Effets secondaires – effets indésirables

Des tremblements, une fatigabilité, une sédation sont possibles les premiers jours, puis ces symptômes disparaissent spontanément après une semaine de traitement. Les troubles digestifs sont également très fréquents et peuvent apparaître de façon intermittente et tout au long du traitement : nausées, vomissements, diarrhée. Après un traitement long (environ 1mois), la polydipsie est fréquente, par inhibition de l’ACTH, conduisant à un tableau clinique de diabète insipide. L’arrêt du traitement permet en général le retour à la normale. On pourra également observer une prise de poids et parfois des cas d’hypothyroïdie.

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� Contre-indications

- Hypothyroïdie - Déplétion hydrosodée, régime hyposodé : il y a compétition entre l’élimination du

sodium et celle du lithium ; il est donc conseillé de suivre un régime alimentaire

constant concernant l’équilibre sodé, pour les animaux sous traitement, afin de permettre une lithiémie constante au cours du traitement et éviter les interactions.

- L’excrétion est essentiellement rénale, ce qui les rend peu compatibles avec l’insuffisance rénale.

� Doses – sevrage

Les sels de lithium sont généralement prescrits de 0,05 à 0,15 mmol/kg en une prise. La dose doit être régulièrement réévaluée par dosage de la lithiémie (chez le chien elle est comprise entre 0,4 et 0,8 mmol/l) Le traitement peut être pris à vie en cas de dysthymie. En cas d’arrêt du traitement un sevrage est recommandé.

� Présentations commerciales

Il n’y a pas de présentations vétérinaires pour les sels de Lithium. Il existe deux formes de sels de lithium :

- Le Gluconate de lithium commercialisé sous le nom de NEUROLITHIUM - Le Carbonate de lithium commercialisé sous le nom de THERALITE

� Associations pharmacologiques

Il faut éviter de les associer à des diurétiques ainsi qu’aux corticoïdes.

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SULPIRIDE

� Présentation Générale Le sulpiride est un neuroleptique appartenant à la famille des benzamides substitués. C’est un neuroleptique mixte : anti-déficitaire à faible dose, anti-productif à forte dose.

� Mode d’action

� A faible dose, le sulpiride se fixe préférentiellement sur les récepteurs dopaminergiques pré synaptiques et augmente la transmission dopaminergique.

� A dose plus importante, il bloque également les récepteurs post synaptiques dopaminergiques et inhibe alors la transmission dopaminergique.

Il a une action sélective sur les récepteurs D2, on note donc peu d’effets sur la noradrénaline, l’acétylcholine, la sérotonine, ou l’histamine par rapports à d’autres neuroleptiques.

� Propriétés

� A faible dose :

Le sulpiride possède un effet désinhibiteur marqué qui se combine avec une diminution de la réactivité, il relance le comportement exploratoire et supprime les inhibitions. Il faut vérifier l’absence d’agression, notamment hiérarchique, avant de le prescrire.

� A forte dose :

Il a une action sédative et peut être utilisé dans les phases productives des phobies. En manipulant la dose le clinicien peut donc augmenter la désinhibition ou augmenter le contrôle moteur. Enfin, cette molécule est précieuse pour le contrôle des colopathies émotionnelles. Le dosage doit contrôler le transit sans altérer la motricité et la réactivité. NB : Le sulpiride aurait une action sur la sécrétion de mucus dans l’estomac, il serait ainsi

utilisé chez l’homme pour traiter certains ulcères duodénaux.

� Indications

L’indication majeure se trouve dans le traitement de troubles déficitaires dopaminergiques, c'est-à-dire dans les états au cours desquels le comportement exploratoire, les capacités cognitives, sont peu développées, le comportement alimentaire inhibé. Il est très intéressant dans le traitement du syndrome de privation stade 2 (anxiété permanente avec forte inhibition et anticipation). Cette molécule relance l’activité, le comportement exploratoire, supprime les états d’inhibition, notamment lorsqu’ils sont associés à des colites d’origine émotionnelle.

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� Effets secondaires – effets indésirables

Sauf s’ils sont recherchés, ce sont la désinhibition et la léthargie. Le sulpiride aurait des effets arythmogène, allongeant l’intervalle QT. La repolarisation et la période réfractaire voient leur durée allongée après de fortes doses. (Sugiyama et al, 2002) On peut noter également certaines propriétés anticholinergiques et un abaissement du seuil épileptogène.

� Contre-indications

Le sulpiride ne doit pas être utilisé à doses faibles si le chien n’est pas bien sur le plan social. Il est à manipuler avec précaution sur les animaux présentant des troubles de la fonction cardiovasculaire (de part ses effets délétères sur la fonction cardiaque) ainsi que chez les animaux épileptiques.

� Doses – sevrage Chez le chien, d’après Dramard (2007) :

- Dose antidéficitaire : 100 mg/m² en 2 prises (soit environ 2 à 5 mg/kg)

- Dose antiproductive : 500 mg/m² en 2 prises (soit environ 10 à 20 mg/kg)

D’après Bourdin (1997) le sevrage peut s’avérer nécessaire à raison d’une semaine pour 4 semaines de traitement.

� Présentations commerciales

Il n’y a pas de présentation vétérinaire, le sulpiride est commercialisé sous le nom de DOGMATIL et se présente sous la forme de :

- Comprimés à 200mg - Gélules de 50mg - Solution buvable à 5mg/ml

� Associations pharmacologiques

Il est préférable de ne pas associer cette molécule d’autres psychotropes.

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(L-)THEANINE

� Présentation Générale La L-Théanine est un acide aminé naturellement présent dans les feuilles de thé vert, utilisée sous forme d’un supplément nutritionnel aux propriétés anxiolytiques. La molécule est brevetée : SUNTHEANINE ND.

� Mode d’action

C’est le principal acide aminé présent dans les feuilles de thé vert, il possèderait un effet antagoniste des effets stimulants de la caféine également présente dans le thé vert et expliquerait l’effet apaisant imputé à cette boisson (Kakuda et al, 2000). La L-Théanine serait impliquée dans la formation du GABA.(Mason, 2001) D’autre part la théanine aurait une activité anti-oxydante bénéfique au niveau cellulaire.

� Propriétés

La L-Théanine atténue les réactions liées aux effets du stress ou de la peur, effets associés ou non à des changements dans l’environnement de l’animal (peur des gens, des autres animaux, peur dans la rue, changements de lieu). Il permet au chien de retrouver sa sérénité, et exerce des effets relaxants sans effet sédatif.

� Indications

Les indications sont multiples et principalement liées aux troubles générés par l’anxiété de manière générale. Cette molécule est d’une grande sécurité d’emploi et son statut de supplément nutritionnel en fait un argument rassurant pour les propriétaires, la théanine sera donc parfaitement adaptée en première intention ou en utilisation ponctuelle. Elle permet également une transition entre la prise d’un médicament psychotrope et un arrêt complet de la médication.

� Effets secondaires – effets indésirables

Aucun

� Contre-indications

Aucune

� Doses – sevrage 5 à 10 mg/kg/jour environ en deux prises (toujours préférer un léger surdosage à un sous dosage). La prescription est en générale sur une période de 2 mois minimum, renouvelable au besoin. Un sevrage n’est pas nécessaire.

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� Présentations commerciales

La L-Théanine possède une présentation vétérinaire pour le chien et le chat et est commercialisée sous le nom d’ANXITANE (VIRBAC). Ce sont des comprimés appétants disponibles sous deux dosages différents : ANXITANE S: 50mg ANXITANE M et L: 100 mg

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TRIOXAZINE

� Présentation Générale La trioxazine est un alcaloïde anxiolytique d’origine végétale de la famille des morpholines.

� Mode d’action

Son mode d’action reste à l’heure actuelle mal connue : elle interagirait avec les systèmes noradrénergique, sérotoninergique, et dopaminergique.

� Propriétés

La trioxazine est une molécule anxiolytique qui agit sur un certain nombre de symptômes neurovégétatifs et comportementaux. Elle diminue les conduites somesthésiques qui accompagnent les troubles anxieux, sans altération de la vigilance.

� Propriétés neurovégétatives : La trioxazine agit principalement sur les manifestations neurovégétatives à dominante noradrénergique comme la tachycardie, la tachypnée, ou les mictions émotionnelles.

� Propriétés Comportementales : Elle a pour effet d’atténuer ou de supprimer les manifestations comportementales de la peur (évitements, sursauts, aboiements) en diminuant la réactivité générale et surtout la sensibilité aux bruits. Elle permet de relancer le comportement exploratoire ainsi que le comportement alimentaire. Elle permettrait d’apporter une amélioration du léchage anxieux (aux premiers stades), de l’indifférence et de l’inhibition comportementale. Contrairement aux autres molécules anxiolytiques (benzodiazépines), la trioxazine est dépourvue d’effets sédatifs, d’effets anti convulsivants, et d’effets mnémolytiques.

� Indications

Les indications majeures de la trioxazine sont les manifestations anxieuses : tachycardie, tachypnée, tremblements, dysorexie. Elle est donc indiquée dans les cas de :

- Phobies ponctuelles (aux bruits, aux transports) - Syndrome de privations au stade de phobie notamment chez le chiot - Anxiété permanente : intéressante surtout pour limiter le léchage à ses tout premiers

stades.

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- Dépression d’involution du chien âgé, en cas de manifestations anxieuses (agitations, gémissements)

- Anxiété de séparation : en association avec un anti-dépresseur Son effet rapide et sa grande sécurité d’emploi permettent de la prescrire ponctuellement en l’absence de toute thérapie comportementale à l’occasion d’un transport, d’un déménagement, ou encore pour relancer l’appétit. En revanche, pour apporter une amélioration durable, ce médicament doit être associé à une thérapie comportementale.

� Effets secondaires – effets indésirables

La trioxazine est pratiquement dépourvue d’effets secondaires et est d’une grande

sécurité d’emploi. Néanmoins elle possède un puissant effet désinhibiteur qui survient généralement rapidement (de l’ordre de 1 à 2 jours).

� Contre-indications

La contre indication majeure est : tout trouble comportemental débouchant sur un risque accru d’agressivité, elle est donc contre indiquée chez les chiens ayant un statut social ambigu ou présentant des signes d’anxiété intermittente (augmentation de la fréquence des agressions par irritation), cette molécule désinhibitrice pourrait favoriser le passage à la morsure.

� Doses – sevrage

La dose habituelle varie de un à trois comprimés, soit environ 20mg/kg/j, répartis en deux ou trois prises. C’est un médicament qui ne nécessite un sevrage que s’il a été prescrit sur une longue durée (excédant un mois).

� Présentations commerciales

La trioxazine existe uniquement en médecine vétérinaire et dispose d’une AMM pour le chien et le chat, elle est commercialisée sous le nom de RELAZINE (NOVARTIS) Elle se présente sous forme de comprimés. Deux dosages sont disponibles :

- RELAZINE F : 15mg - RELAZINE C : 70mg

� Associations pharmacologiques

La trioxazine peut être associée à la clomipramine :

- Pour diminuer les gémissements consécutifs à la reprise d’activité chez le chien dépressif, notamment le vieux chien

- Pour diminuer les vocalises lors de troubles liés à la séparation.

Mais elle peut aussi être associée avec les ISRS, la miansérine, ou le propanolol.

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CCOONNCCLLUUSSIIOONN

Au cours de cette thèse nous avons essayé d’apporter au praticien ou étudiant les clés pour comprendre l’action thérapeutique des diverses molécules, mais aussi les clés pour choisir et utiliser une molécule dans le but de traiter une affection d’origine comportementale. Ce travail, accompagné d’autres ouvrages, s’avère d’autant plus intéressant qu’il est regrettable d’observer le faible nombre de molécules utilisées en médecine du comportement et disposant d’une AMM Vétérinaire. La prescription relève donc très souvent de l’entière responsabilité du praticien qui n’a malheureusement pas toujours été sensibilisé à ces traitements au cours de sa formation initiale. Même si l’on connaît, de façon plus ou moins empirique, les principaux effets sur le comportement de la plupart des molécules présentées, les explications psychobiologiques et psychopharmacologiques ne sont pas toujours claires, tant le fonctionnement cérébral, le rôle, et l’interaction entre les différents intervenants sont complexes. On ne peut d’ailleurs pas toujours expliquer les effets observés en se rapportant simplement à ce que l’on connaît du mode d’action de la molécule utilisée. Aujourd’hui l’explication la plus séduisante pour comprendre le mode d’action des médicaments psychotropes est la « théorie mono aminergique », ou la « théorie des neurotransmetteurs » pour être plus large. On cherche à comprendre le rôle sur le comportement et le fonctionnement des principaux systèmes de neurotransmetteurs parmi lesquels on distingue (Stahl, 2007):

- les systèmes mono aminergiques modulateurs, à action lente : l’adrénaline/noradrénaline, la dopamine, et la sérotonine

- un système excitateur à action rapide : le glutamate - un système inhibiteur à action rapide: le GABA

A partir de cela, le modèle admet alors que c’est en modifiant la neurotransmission de ces différents systèmes que les psychotropes vont agir sur le comportement. Au fur et à mesure que les connaissances en psychopharmacologie progressent, de nouvelles molécules apparaissent, réduisant souvent les effets secondaires (Exemple des ISRS par rapport aux Tricycliques, ou encore les neuroleptiques dis « atypiques »), et ciblant mieux les actions. Aujourd’hui le mode d’action de la plupart des molécules est centré sur la synapse et à plusieurs niveaux :

- en modifiant la quantité de neurotransmetteur et/ou le temps d’exposition au neurotransmetteur

- en se fixant sur les récepteurs (modèle agoniste/antagoniste) - en utilisant la plasticité synaptique des récepteurs (la « down regulation »)

On pourrait imaginer dans le futur des molécules à action plus ciblée sur la deuxième étape de la neurotransmission, notamment les seconds messagers. En effet, on peut imaginer que les excès ou déficits de neurotransmission ne sont pas forcément liés au couple neurotransmetteur/récepteur mais plutôt à un dysfonctionnement lors de la transcription du message chimique par les seconds messagers.

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En dehors des médicaments psychotropes le vétérinaire dispose aujourd’hui d’alternatives intéressantes qui sont également présentées dans ce travail : ce sont les phéromones (ou plutôt les solutions à action phéromonales), ainsi que les compléments nutritionnels (ou nutraceutiques). Plus souples d’utilisations par l’absence d’effets secondaires et une observance souvent facilitée, il ne faut pas négliger ces traitements qui possèdent une certaine efficacité s’ils sont employés de manière réfléchie. De plus ces alternatives sont souvent bien accueillies par les propriétaires qui seraient réfractaires à l’emploi de psychotropes. L’apparition sur le marché de ces nouvelles pistes thérapeutiques est relativement récente, et nul doute que les avancées futures de la recherche permettront une extension de l’offre de ces produits et ainsi en augmenter l’intérêt.

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BOONAERT Cédric

TITRE : Guide thérapeutique de la prise en charge médicale des troubles du comportement du chien et du chat Thèse Vétérinaire : Lyon, 2008

RESUME : Au cours de cette thèse nous avons essayé d’apporter au praticien ou étudiant les clés pour comprendre l’action thérapeutique des médicaments utilisées en médecine du comportement, la première partie s’articule donc autour des notions fondamentales de psychopharmacologie, principalement la neurotransmission et ses différents acteurs. Nous avons également essayé d’y apporter dans une deuxième partie les clés pour évaluer et ainsi choisir, puis utiliser, une molécule dans le but de traiter une affection d’origine comportementale. La plupart des molécules utilisables sont enfin présentées sous la forme de fiches détaillées dans la troisième et dernière partie de ce travail.

MOTS CLES :

- Comportement - Chien - Chat

JURY :

Président : Monsieur le Professeur GHARIB

1er Assesseur : Monsieur le Professeur CADORE 2ème Assesseur : Monsieur le Professeur GARNIER Membre invité : Madame le Docteur DRAMARD

DATE DE SOUTENANCE :

10 JUILLET 2008

ADRESSE DE L’AUTEUR :

Résidence Bernard de Palissy 47 D, Rue Fonvielle Alquier 87280 LIMOGES