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Observatoire des entreprises d’insertion 2015

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Observatoiredes entreprises d’insertion

2015

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EDITO

p. 3

L’Observatoire devient pluriel !

INTRODUCTION

p. 4

Les entreprises de la fédération

p. 5

Répartition des entreprises et des postes d’insertion par nouvelles grandes régions

ANALYSE

p. 6

Croissance au ralenti et insertion en panne

p. 9 Exercice 2015 des ETTi du FGMEII

p. 10 Accompagnement performant et résultats avérés

CAHIERS THÉMATIQUES

p. 12 IAE et handicap, cap ou pas cap ?

p. 18

Entreprises d’insertion : où sont les femmes ?

p. 24

Quelles fi lières porteuses d’activités et d’emplois ?

CONCLUSION

p. 30

Le mirage du changement d’échelle de l’ESS : quid de l’impact social ?

Directeur de la publication : Olivier DUPUISCoordination : Cendrine DUQUENNEEditeur : la fédération des entreprises d’insertion18-20 rue Claude Tillier 75012 Paris Tél. 01 53 27 34 80

contact@lesentreprisesdinsertion.orgwww.lesentreprisesdinsertion.org @lafederationEI

Photos : © Bruno Klein; la fédération des entreprises d’insertionPictos : Noun ProjectConception : www.otempora.comImpression : L’Artesienne - Tél. 03 21 72 78 90

page 2

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Kenny Bertonazzi,président de la fédération des entreprises d’insertion

Observatoire 2015 > page 3

L’Observatoire devient pluriel !

Pour sa 8ème édition, l’Observatoire des entreprises d’insertion évolue pour devenir pluriel et vous proposer plusieurs rendez-vous dans l’année.

La maquette s’est modernisée, les infographies se sont multipliées et les regards extérieurs se sont invités au fi l des pages ces dernières années. Ce rendez-vous d’expertise et d’analyse, vous nous le dites, est apprécié et atten-du des parties prenantes du modèle de l’entreprise d’insertion. Alors pourquoi ne pas répéter cet événement au fi l des mois ?

C’est désormais chose faite : l’Observatoire s’éclate en plusieurs Cahiers pour vous retrouver tout au long de l’année et approfondir des thématiques clés, en recherchant systématiquement ce « regard extérieur ». Le cycle a débuté en février avec le cahier « IAE et handicap : cap ou pas cap ? » et s’est poursuivi en mars avec « Entreprises d’insertion : où sont les femmes ? ». Il s‘est enfi n clos en juin avec « Quelles fi lières porteuses d’activités et d’emplois ? ».

Vous avez pu découvrir ces publications en format électronique dès leur parution, vous les avez maintenant rassemblées dans cette publication papier. Évidemment, la partie « analyse des données économiques et sociales des entreprises d’insertion de la fédération » demeure, et un billet, volontairement incisif, vient conclure l’édition.

L’idée est de s’inscrire dans une démarche à la fois introspective et prospective ; de dresser un portrait de nos entreprises en temps réel mais aussi d’en dessiner les futurs contours. Au-delà de la simple observation de l’activité économique et de la mission sociale de nos entreprises, l’ambition est bien la recherche de solutions pour nous permettre de salarier et d’accom-pagner un plus grand nombre de personnes en di culté. S’appuyer sur les expérimentations et bonnes pratiques repérées, s’enrichir du regard d’experts de tous horizons dans une volonté de décloisonnement, se nourrir d’enquêtes et d’études réalisées par d’autres pour en tirer les enseignements néces-saires… autant de clés pour faire vivre cet Observatoire au-delà des pages et renforcer nos projets communs.

En souhaitant que ces évolutions répondront à vos attentes, très bonne lecture !

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Qu’est-ce qu’une entreprise d’insertion ?Au-delà de sa vocation économique, l’entreprise d’insertion porte un projet social favorisant l’accès à l’emploi des personnes en diffi culté sociale et professionnelle. Comme toute entreprise classique, elle exerce son activité aux conditions du marché et ses ressources proviennent essentiellement de la commercialisation des biens et des services qu’elle produit. Les salariés en parcours d’insertion qu’elle accompagne sont recrutés pour une durée de deux ans maximum en contrat à durée déterminée d’insertion, en majorité à temps plein.

Qu’est-ce qu’une entreprise de travail temporaire d’insertion ?L’entreprise de travail temporaire d’insertion propose des missions à des personnes rencontrant des diffi cultés d’accès à l’emploi. Elle évolue dans le cadre réglementaire du travail temporaire et assure plus de 85% de ses ressources par son chiff re d’aff aires. Comme dans l’intérim classique, les salariés en parcours d’insertion sont mis à disposition d’entreprises clientes et bénéfi cient en parallèle d’un accompagnement socioprofessionnel individualisé.

Les entreprises de la fédération

La fédération compte 514 adhérents en 2014, soit 43% des entreprises d’insertion et 46% des entreprises de travail temporaire d’insertion conventionnées en France1. Celles-ci totalisent 52% des postes d’insertion (équivalent temps plein d’insertion). La fédération enregistre parmi ses membres 6 entreprises nouvellement conventionnées, principalement du secteur des déchets et 8 disparitions d’entreprises, relevant essentiellement du secteur du BTP, pour cause de fermeture dans 25% des cas.

1 930 entreprises d’insertion et 259 entreprises de travail temporaire d’insertion conventionnées au 31 décembre 2014, 20 605 équivalents temps plein d’insertion (ETPI), chiff res communiqués par la DGEFP.

118 entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTi) adhérentes en 2014

18 813 salariés

dont 96% en parcours d’insertion

179 M€ de produits

dont plus de 85% de chi re d’a aires

396 entreprises d’insertion (Ei) adhérentes en 2014

17 970 salariés

dont 70% en parcours d’insertion

505 M€ de produits

dont plus de 81% de chi re d’a aires

Sources des données de l’Observatoire 2015Les données économiques et sociales relatives aux entreprises d’insertion et entreprises de travailtemporaire d’insertion adhérentes à la fédération proviennent de l’exploitation de deux types de bases de données résultant :

- d’une part, de la collecte des « chiff res clés » de l’Observatoire, soit une vingtaine d’indicateurs économiques et sociaux renseignés annuellement par chaque entreprise sur l’intranet de la fédération, avec l’appui de leur fédération régionale.

- d’autre part, de la constitution d’un échantillon constant d’entreprises pérennes pour lesquelles la fédération disposait de données complètes et fi ables en 2012, 2013 et 2014, afi n d’analyserdes évolutions chronologiques ne prenant pas en compte les phénomènes de créations et de disparitions d’Ei-ETTi. Cet échantillon compte 237 entreprises. Les chiff res moyens globaux ont été redressés pour représenter la même répartition sectorielle que celle de l’ensemble de la population des entreprises adhérentes.

page 4

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Répartition des entreprises et des postes d’insertionpar nouvelles grandes régions

Nombre d’Ei

Nombre d’ETTi

Nombre de postes d’insertion (ETPI)

Nombre d’Ei/ETTi et d’ETPI au 31 décembre 2014, communiqué par la DGEFP, par nouvelles grandes régions.

31 11

703

89 24

2 287

104 38

2 537

81 16

1 173

63 14

1 470

54 23

1 562

148 23

2 848

111 27

1 919

94 30

2 089

35 15

695

32 9

518 46 19

1 415

9 5

461

Martinique

8 2

191

5 2

98

21 1

604

La Réunion

Guadeloupe

Observatoire 2015 > page 5

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Croissance au ralenti et insertion en panne

De 2012 à 2014, la morosité économique ne s’est pas démentie, 0,5% de taux de croissance annuel moyen du PIB en volume, dans un contexte de politiques publiques de limitation des défi cits qui a a ecté les budgets des administrations centrales et des collectivités territoriales.Ce contexte a fortement impacté le secteur du BTP, marqué par un recul des investissements publics et l’atonie de l’immobilier, et plus largement d’autres secteurs des services aux entreprises et aux collectivités.Pour envisager les e ets de cet environnement économique sur l’activité des entreprises d’insertion (Ei) et des entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTi), nous avons observé l’évolution de 3 indicateurs simples - chi re d’a aires, emploi d’insertion et emploi permanent moyens - sur un échantillon constant d’entreprises pérennes (cf. encadré méthodologique p. 4).

Une croissance ralentie de l’activité

Les Ei-ETTi pérennes ont connu une croissance de leur activité plus soutenue que le reste de l’économie  : leur chiff re d’aff aires moyen croit plus rapidement que celui du PIB en valeur sur la même période (4,1% l’an contre 1,3%). On est cependant loin des taux de croissance à deux chiff res que l’on pouvait commenter avant la crise.

On constate également des disparités selon les secteurs : les entreprises des déchets poursuivent leur développement à un rythme supérieur à la moyenne (4,8%), de même que celles du travail temporaire (5,3%) malgré un net trou d’air en 2014.

Les entreprises du BTP prises en compte dans l’échantillon connaissent aussi un développement plus dynamique que l’ensemble, dans le contexte cependant d’une réduction importante du nombre d’entreprises : l’eff ectif d’entreprises d’insertion du BTP adhérentes est ainsi passé de 66 en 2012 à 48 en 2014. Bon nombre ont cessé leur activité au cours de la période.

Les services et les activités de l’environnement connaissent un développement plus lent que la moyenne, respectivement 1,9% et 3,7% de croissance annuelle moyenne de l’activité. Dans ces secteurs, ceux historiques du nettoyage et de l’entretien des espaces verts voient leur activité entravée (1,5% et 2,7%), la réduction des budgets des collectivités locales, notamment, érodant les marges et les volumes.

2012 2013 2014Taux

de croissance annuel moyen (%)

Déchets 1 294 113 1 374 576 1 421 809 4,8Travail Temporaire 1 234 234 1 439 781 1 367 963 5,3

Services et Transport 959 860 980 521 996 952 1,9dont nettoyage 1 231 861 1 210 511 1 268 204 1,5

Bâtiment et Travaux Publics 1 031 802 1 103 783 1 158 792 6Environnement 976 107 1 033 756 1 049 859 3,7

dont espaces verts 1 022 582 1 064 707 1 077 742 2,7TOTAL 1 106 801 1 191 606 1 199 914 4,1

Evolution du chiff re d’aff aires moyen (€)

page 6

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L’emploi d’insertion est en recul modéré dans tous les secteurs à l’exception des déchets où on constate un bon maintien.

L’environnement forme une exception avec un développement des postes d’insertion dû notamment aux espaces verts. Pour ce secteur, on observe également une évolution inverse à celle constatée pour l’ensemble : l’emploi permanent y recule nettement, -3,8% et -7,1% pour les seuls espaces verts (cf. tableau p. 8). Dans les autres secteurs, en revanche, on constate un développement modéré de l’emploi permanent (+ 2,3% pour l’ensemble).

Cette divergence peut renvoyer à deux modes d’adaptation des Ei-ETTi à la morosité économique :

- la substitution d’emplois d’insertion par de l’emploi permanent

Le cas du travail temporaire, où le nombre de salariés permanents est passé de 4 à 5 par agence, est un cas d’espèce dans le contexte du trou d’activité de 2014, des postes de permanents en surcroît pouvant sans doute permettre de se repositionner sur de nouveaux marchés, face à l’érosion des clauses sociales du BTP.

Plus généralement, l’accroissement du taux d’encadrement constitue une tendance de fond déjà constatée : les activités historiques, très manouvrières sur lesquelles s’étaient constituées les entreprises d’insertion semblent s’appuyer sur des marchés à maturité, donc de plus en plus concurrentiels.

La réponse peut être de rechercher une diff érenciation par la qualité ou un positionnement sur des marchés de niche : dans ces deux cas, un relèvement du taux d’encadrement est inéluctable.

- la réduction du taux d’encadrement

Le taux de marge des activités d’entretien des espaces verts est comprimé par la réduction des budgets des collectivités et l’exacerbation de la concurrence du secteur protégé notamment. Une réponse pour économiser des coûts peut consister en la réduction du taux d’encadrement des salariés en parcours d’ insertion.

2012 2013 2014Taux

de croissance annuel moyen (%)

Déchets 19,6 19,2 19,7 0,3Travail Temporaire 37,5 40,9 37,4 -0,1

Services et Transport 19,4 18,8 19,3 -0,3dont nettoyage 27,3 25,9 27,3 -0,1

Bâtiment et Travaux Publics 16,6 15,6 16,3 -0,9Environnement 15,1 15,1 15,8 2,3

dont espaces verts 15,3 15,6 16,2 3,1TOTAL 22,7 23 22,7 0

Evolution de l’emploi d’insertion moyen (ETP)

L’emploi d’insertion stagne

Observatoire 2015 > page 7

Les emplois d’insertion (ETP) réalisés par les Ei-ETTi sur la période étudiée stagnent. Dans le même temps, la prévalence du chômage de longue durée croit nettement, passant de 3,8% à 4,3% des demandeurs d’emploi au sens du BIT (de 1 091 000 à 1 237 000 personnes).

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La période étudiée, marquée par la stagnation et la réduction des budgets publics s’est avérée particulièrement diffi cile. Dans ce contexte, il y a une exacerbation de la concurrence sur des marchés à maturité avec des entreprises classiques et d’autres structures d’insertion par l’activité économique.

Outre l’exacerbation de la concurrence, la maturation des marchés induit la concentration technique (cas des chaînes de tri) ou organisationnelle. Les Ei-ETTi, qui restent des PME pour la plupart (cf. encadré ci-dessous), doivent donc s’adapter pour se positionner sur de nouveaux relais de croissance. Ces nouvelles activités ne permettent pas en général de maintenir l’intensité d’insertion importante des anciennes. De ce fait, l’emploi d’insertion stagne.

Mécaniquement, obtenir à nouveau le développement de l’emploi d’insertion nécessiterait une croissance très rapide de l’activité économique des Ei-ETTi.

2012 2013 2014Taux

de croissance annuel moyen (%)

Déchets 11,8 12 12,6 3,1Travail Temporaire 3,9 4,1 4,9 11,8

Services et Transport 11,4 12,3 11,9 2,1dont nettoyage 17,4 18,4 18,5 2,9

Bâtiment et Travaux Publics 10,3 10,5 10,5 1,1Environnement 12,5 12,2 11,5 -3,8

dont espaces verts 13,4 13 11,6 -7,1TOTAL 9,9 10,2 10,3 2,3

Evolution de l’emploi permanent moyen (ETP)

page 8

Sous statut associatif34%

66% des entreprises de la fédéra-tion sont sous statut commercial. Le statut SARL est le plus repré-senté pour les entreprises d’une taille économique proche de la moyenne, tandis que les sociétés de capitaux (SAS, SA) rassemblent en majorité des entreprises de grande taille. Les formes coopéra-tives (SCIC, SCOP) arrivent ensuite.

Les entreprises sous statut associa-tif représentent 34% de la popu-lation de la fédération pour des structures généralement de plus de 10 ans d’ancienneté et d’une taille économique inférieure à la moyenne.

Les entreprises nouvellement conventionnées en 2014, membres de la fédération, ont choisi à 67% le statut commercial et à 33% le sta-tut associatif.

Sous statut commercial66%

en SARL 37%

en SAS 14%

en SA 4%

en EURL 3%

en SCIC-SCOP 7%autres 1%

Répartition des entreprises par statut

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Exercice 2015 des ETTi du FGMEII

Le Fonds de Garantie Mutuelle des Entreprises de Travail Temporaire d’Insertion (FGMEII), géré conjointement avec le Crédit Coopératif et France Active, permet aux ETTi adhérentes à la fédération des entreprises d’insertion de bénéfi cier de la garantie fi nancière obligatoire. Celle-ci a pour rôle de couvrir les risques portant sur la masse salariale en cas de défaillance. Le montant de la garantie fi nancière, fi xé par la loi, est égal à 8% du dernier chi re d’a aires annuel publié par l’entreprise, avec un montant minimum fi xé par décret à 122 128 € en 2015, révisé annuellement.

La preuve de moyens spécifi quement dédiés à l’insertionAvant la réforme des fi nancements de l’IAE en 2014, l’ETTi bénéfi ciait d’une aide fi nancière de l’Etat cofi nançant 1 poste d’accompagnement pour 12 équivalents temps plein (ETP) d’insertion. Même si cette aide est désormais calculée pour chaque poste de travail occupé à temps plein par un ou plusieurs salariés intérimaires d’insertion, le ratio d’1 pour 12 reste pertinent et le gage de moyens humains spécifi quement dédiés à l’accompagnement des salariés. Les ETTi du FGMEII affi chent une moyenne d’encadrement d’1 ETP pour 9,1 ETP d’insertion. Le volume d’heures moyen par intérimaire reste quasi stable avec 366 heures par intérimaire en 2015 (379 heures en 2013).

La politique commerciale développéeLe coeffi cient moyen de facturation des 10 premiers clients se situe à 1,899 en 2015, en légère diminution par rapport à 2013 (1,906). Les principales raisons en sont une concurrence exacerbée et une raréfaction des commandes dans plusieurs secteurs d’activités. Ce contexte n’empêche cependant pas les ETTi du FGMEII de renouveler 1/3 de leur portefeuille client, en moyenne chaque année. Le délai de règlement des clients est d’environ de 80 jours mais peut toutefois varier d’une entreprise utilisatrice à l’autre.

335 000 €

1 350 000 €

214 000 €

87%

26/30

de Capitaux Propres

de Chi re d’A aires

de Trésorerie nette

du CA dans le total des Produits

ETTi présentent un bénéfi ce

dont 30 ETTi existantes

et 2 ETTi en démarrage

32 ETTi bénéfi cient de la garantie fi nancière 1 151 ETP d’insertion

63% de sorties dynamiques

Observatoire 2015 > page 9

Les données fi nancières (moyenne par ETTi)

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Accompagnement performant et résultats avérés

Les entreprises d’insertion de la fédération salarient 36 783 personnes en 2014 dont 30 593 en parcours d’insertion, soit 10 710 équivalents temps plein d’insertion. Avec un taux de sorties vers l’emploi et la formation de 63% en 2014, elles améliorent d’un point leurs résultats par rapport à 2013. 46% des salariés en insertion ont ainsi retrouvé dans l’année un CDI ou CDD à l’issue de leur parcours ; 17% ont amélioré leur situation suite à la résolution de problèmes périphériques à l’emploi (santé, logement, mobilité, etc.) ou ont poursuivi leur parcours en formation ou en emploi dans une autre structure d’insertion par l’activité économique ou du handicap. Ces bons résultats témoignent tant du professionnalisme des salariés permanents que de la qualité des pratiques sociales à l’œuvre dans les entreprises de la fédération.

36 783 salariésdont 83% en parcours d’insertion 30 593 salariés en parcours d’insertion (soit 10 710 ETPI - Equivalent Temps Plein d’Insertion) 6 190 salariés hors insertion (soit 4 620 ETP)

75% de niveau inférieur ou égal au CAP/BEP 48% de demandeurs d’emploi de plus de 12 mois 30% d’allocataires du RSA (Revenu de Solidarité Active) 26% de jeunes de moins de 26 ans 11% de seniors de 50 ans et plus

Passageen Ei et ETTi

Nombre de salariés Nombre de salariés en parcours d’insertion en parcours d’insertion en Ei et ETTien Ei et ETTi

Ei : 12 552 ETTi : 18 041

Ei ETTi

page 10

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Des profi ls divers mais tous éloignés de l’emploi Les salariés en parcours d’insertion représentent 83% de l’eff ectif global des entreprises d’insertion. Deux tiers sont des hommes, un tiers des femmes. A leur entrée dans l’entreprise, ils sont à 75% d’un niveau de formation inférieur ou égal au CAP/BEP. 48% sont des demandeurs d’emploi de longue durée et/ou des allocataires du revenu de solidarité active (30%). Si les salariés en parcours d’insertion relèvent de toutes les tranches d’âge, 26% sont des jeunes de moins de 26 ans et 11% sont des séniors (50 ans et plus).

Des moyens spécifi quement dédiés à l’accompagnementLes salariés permanents représentent 17% de l’eff ectif global des entreprises d’insertion : 6 190 salariés hors insertion, soit 4  620 équivalents temps plein. Près de la moitié de ces eff ectifs est dédiée à l’accompagnement et à l’encadrement des salariés en parcours d’insertion ; l’autre moitié

se partage entre la production et des fonctions similaires à toute entreprise  : direction, gestion administrative, fi nancière, commerciale, etc.

Le professionnalisme des salariés permanents a permis à 46% des salariés en parcours d’insertion de sortir dans l’emploi et à 17% de s’inscrire dans une dynamique positive suite à la résolution de problèmes de santé, de logement ou de mobilité, ou en poursuivant leur parcours par de la formation ou par un emploi dans une autre structure d’insertion ou du handicap.

Ces bons résultats s’expliquent également par la qualité des pratiques sociales à l’œuvre dans les entreprises d’insertion, pratiques garanties par la certifi cation AFAQ Ei/ETTi, délivrée par l’AFNOR tiers certifi cateur. Début 2015, 40 entreprises sont certifi ées AFAQ Ei/ETTi et 49 en cours de certifi cation, soit 17% des membres entreprises de la fédération.

de réussite

de sorties vers l’emploi durable

• CDI• CDD de plus de 6 mois • création d’entreprise• entrée dans la fonction

publique

• formation• emploi de parcours :

SIAE1, EA2, ESAT3, résolution de diffi cultés sociales (mobilité, santé, logement), acquisition d’un droit (retraite, congé maternité, congé parental)

de sorties positives

• CDD de moins de 6 mois et contrats aidés hors SIAE

de sorties vers l’emploi de transition

autres sorties

• chômage• déménagement• incapacité à travailler• sans nouvelles• licenciement• rupture amiable• autres

Sorties des salariés en insertion

1 SIAE : Structure d’Insertion par l’Activité Economique

2 EA : Entreprise Adaptée3 ESAT : Etablissement et Services d’Aide

par le Travail

37%

25%

21%

17%

63%

Observatoire 2015 > page 11

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Entreprise d’insertion et entreprise adaptée : deux modèles d’entreprises proches

Au-delà de leur fi nalité identique, l’insertion des personnes - en diffi culté sociale et professionnelle pour les entreprises d’insertion, en situation de handicap pour les entreprises adaptées - les Ei et les EA ont d’autres points communs.

Spécifi cités de l’Ei :

• Publics en situation d’exclusion

• 63% de sorties dans l’emploi et la formation

• 10 080 € par ETP de fi nancement de l’Etat pour les entreprises d’insertion (Ei) et 4 284 € par ETP pour les entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTi) + part modulée (de 0% à 10% du montant/ETP)

• 20 605 postes annuels fi nancés

• 63% des entreprises sous statut commercial

Spécifi cités de l’EA :

• Publics en situation de handicap

• 2% de sorties vers l’emploi ordinaire

• 14 000 € par ETP de fi nancement de l’Etat + subvention spécifi que (1 800 € par salarié en moyenne)

• 22 036 postes annuels fi nancés

• 40% des entreprises sous statut commercial

ED

ITO Pourquoi la fédération des entreprises d’insertion, qui a déjà fort à faire avec le sujet « insertion », s’est-elle

embarquée dans une enquête sur les liens avec le secteur adapté ?

Par intuition d’abord, car au-delà du cousinage au sein de la famille ESS, les modèles de l’entreprise d’insertion et de l’entreprise adaptée ont pour ADN commun l’entrepreneuriat à fi nalité sociale et sont sur le terrain bien plus en interaction que ce que pourrait laisser supposer une réglementation qui les sépare. L’enquête1 le démontre : ces deux mondes ne font pas que coexister, ils font aff aire ensemble, construisent des parcours pour leurs salariés d’un secteur à l’autre, développent des actions communes/mutualisées de formation et d’accompagnement.

Par volonté ensuite, pour se nourrir des expériences réussies avec ce cousin éloigné qui se révèle proche. Les relations développées avec le secteur adapté et la question de l’insertion durable des personnes en situation de handicap peuvent alimenter la réfl exion sur le projet social, l’accompagnement, la formation… des salariés en situation d’exclusion. En regardant un peu ailleurs et un peu autrement, c’est notre métier qu’on peut questionner et améliorer.

Par ambition enfi n, pour tisser des liens plus forts avec les entreprises adaptées, pour que nos projets communs se développent. La fédération des entreprises d’insertion et l’Unea partagent une vision ouverte de leur secteur, qui peut se développer en prenant appui sur de nombreux territoires où le terreau solidaire et entrepreneurial est fertile. Au-delà de chaque initiative, de chaque entreprise, il y a une ambition à faire fructifi er les coopérations, et chaque réseau doit jouer sa partition pour y œuvrer de conserve.

1 Enquête réalisée du 17 juillet au 18 septembre 2015, par la fédération des entreprises d’insertion, la Fnars, CHANTIER école, Envie, l’APF, l’UNAPEI, le Réseau Gesat et l’Union nationale des entreprises adaptées (UNEA) auprès de leurs adhérents.

Similitudes des modèles Ei et EA :

• Contrat de travail de droit commun pour les salariés

• Code du travail et conventions collectives pour l’entreprise

• Ressources provenant majoritairement des biens et des services produits :

- EA : 72% de CA et 28% d’aides- Ei : 83% de CA et 17% d’aides

• Positionnés dans de nombreux secteurs d’activités

IAE et handicap, cap ou pas cap ?

page 12

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Coopérations entre IAE et handicap : mirage ou réalité ?

62% des EI/ETTI développent des coopérations économiques

avec des structures de l’IAE et du handicap

38% des Ei/ETTi

développent des coopérations

économiques avec les structures du handicap

Grandes tendances

Ei - 40%

construire

EA - 33%

renforcer

Ei - 36% EA - 43%

accompagner

Ei - 21% EA - 21%

limiter

Ei - 3% EA - 3%

Estimez-vous que la coopération économique entre structures de l’IAE et du handicap est à :

Coopérer avec d’autres pour développer son business

Les coopérations développées par les entreprises d’insertion traversent tous les secteurs d’activités, on retrouve les services aux entreprises, le travail temporaire, les déchets, le bâtiment et les espaces verts. Les activités de nettoyage des bureaux et d’entretien des espaces verts sont toutefois davantage citées dans l’enquête, une spécifi cité cohérente puisque les espaces verts (jardinage, entretien), la propreté/l’entretien de locaux ou la logistique/le conditionnement sont des secteurs plutôt traditionnels des entreprises adaptées.

Coopérer avec d’autres pour fl uidifi er les parcours

63% des Ei/ETTidéveloppent

des coopérations sociales avec les structures de l’IAE et du handicap

81% des Ei/ETTi

accompagnent des salariés en insertion

vers l’obtention RQTH*

*RQTH : Reconnaissance de la Qualité du Travailleur Handicapé

Observatoire 2015 > page 13

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IAE et handicap, les raisons d’une coopération assumée

Ei et EA au diapason : les 5 raisons de leur coopération économique

Développer la complémentarité de vos compétences

Dégager une force collective auprès des partenaires

Accéder à de nouveaux marchés

Réaliser des économies d’échelle (achats mutualisés, gestion mutualisée des compétences)

Innover, expérimenter, prendre des risques

65%

49%

39%

31%

22%

TÉMOIGNAGE : le vrai plus d’être Ei-EA

Presta Terre - Les Jardins d’Altaïr, entreprise d’insertion de maraîchage biologique et de prestations de services agricoles, accueille, depuis sa création en 2006, des salariés en insertion dont certains profi ls relevaient parfois du secteur protégé.

Son dirigeant, Luc de Gardelle, face à ce constat et aux demandes de ses clients sur l’obligation d’embauche de travailleurs handicapés crée, en 2008, une entreprise adaptée, Prodea, sur l’activité de manu-tention.

Il nous raconte pourquoi et comment.

« Les modèles de l’entreprise d’insertion et de l’entreprise adaptée ont des similitudes de positionnement sur le marché et d’accompagnement des publics, c’est pourquoi nous avons décidé très vite de monter un groupement d’intérêt économique (GIE) pour mutualiser certaines fonctions entre les deux entreprises, comme un comptable, un responsable RH, une assistante de direction ou des accompagnateurs socioprofessionnels. Si le GIE facilite les liens entre les deux entreprises, chacune garde cependant ses spécifi cités, c’est tout le sens de notre engagement au quotidien ! La possibilité de mutualiser des postes d’accompagnement par le biais du GIE a permis de composer une équipe pluridisciplinaire performante et de répondre à un plus grand nombre de problématiques sociales et professionnelles communes.

Leurs missions d’accompagnement social vers l’emploi et dans l’emploi demandent d’adapter les partenariats économiques et institutionnels.Auprès des partenaires économiques, notamment des entreprises grands comptes qui ont développé une politique d’achats socialement responsables, la coopération entre entreprise adaptée et entreprise d’insertion est un vrai plus dans le partenariat. L’entreprise adaptée permet d’apporter l’assurance et la sécurité d’une entreprise établie avec des salariés en CDI mais un fonctionnement plus rigide et l’entreprise d’insertion apporte la souplesse et la réactivité nécessaires pour répondre à la hausse des exigences des clients, c’est la force collective des deux modèles  !  ».

Quelles sont les raisons qui vous ont amené à développer une coopération économique entre Ei et EA ?

« On a tout intérêt à travailler ensemble, la coopération est aussi une question de performance économique »

Les statistiques sont issues de la moyenne des réponses données par les Ei et les EA

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EPI est une entreprise de travail temporaire d’insertion qui présente la spécifi cité d’accompagner vers l’emploi des personnes handicapées. Après avoir fait le constat qu’aucune agence de recrutement dédiée au handicap n’existait sur le territoire, Astrid Gascon crée EPI, une ETTi qui compte plus de 20% de travailleurs handicapés dans son eff ectif.

Positionnée sur tous les secteurs d’activités, restauration-hôtellerie, industrie ou bâti-ment, EPI propose un accompagnement sur mesure au salarié handicapé et à l’entreprise cliente. « Nous réalisons un double accompagnement, un accompagnement du salarié handicapé pour bien connaître son projet professionnel et le poste adapté à son handicap, et un accompagnement de l’entreprise cliente pour démystifi er le handicap, dans les deux cas c’est l’étape de l’intégration qui est décisive », confi e Astrid Gascon.

EPI s’est engagée dans la démarche de professionnalisation de ses pratiques sociales et a obtenu en 2013 la certifi cation AFAQ Ei-ETTi, système de management, délivrée par l’AFNOR. « On se doit d’être irréprochable sur notre métier d’accompagnement social pour obtenir la confi ance de nos salariés et de nos clients, nous l’avons fait en embarquant toute l’équipe d’encadrants et de gestionnaires dans la démarche qualité ». Un eff ort récompensé puisque l’entreprise continue d’affi cher des résultats de retour dans l’emploi très positifs, 65% des salariés en insertion, en situation d’exclusion ou de handicap, retrouvent un emploi après leur passage dans l’entreprise.

TÉMOIGNAGE : intérim d’insertion

et handicap : de l’audace et de la qualité

pour démystifi er

Ei et EA : top 3 de leur coopération socialeQuelles sont les raisons qui vous ont amené à développer des pratiques sociales entre Ei et EA ?

Construire des parcours professionnels sécurisés

65%

Répondre à des publicsinsertion/handicap aux caractéristiques proches

44%

Pérenniser les postes d’accompagnement socio-professionnel et encadrants techniques

20%

Les statistiques sont issues de la moyenne des réponses données par les EI et les EA

Observatoire 2015 > page 15

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Coopérations : n’ayons pas peur d’aller plus loin !

Classement des actions à mutualiser

47%Évaluation des compétences

32%Accueil

des salariés en insertion/ handicapés

30% Intégration des salariés

29% Relations

employeurs

37%Formation

des salariés en insertion sur les

savoirs de base

7

47%Relations

employeurs

46% Evaluation

des compétences

37%Accueil des salariés en insertion/

handicapés

25%Formation

des permanents

24% Intégration des salariés

22% Formation

des permanents

TÉMOIGNAGE : une culture commune Ei-EA pour réussir l’insertionL’entreprise d’insertion Trait d’Union et la SCOP Cajev, spécialiste des espaces verts, ont créé ensemble une entreprise adaptée, en janvier 2011.

La coopération est d’abord née d’une vision commune du travail des personnes en situation de handicap  : « nous partagions les mêmes valeurs de l’ESS et la volonté de proposer un emploi aux personnes en diffi culté sociale et en situation de handicap » confi e Vincent Fillonneau, directeur de Trait d’Union et co-gérant de l’EA. Cette coopération est aussi née d’un enjeu économique : « avec les obligations liées à l’embauche de travailleurs handicapés dans les entreprises et le recours aux clauses sociales dans les marchés publics, certains de nos clients cherchaient à remplir leurs obligations vis à-vis des travailleurs handicapés. Nous savions leur apporter des réponses avec l’entreprise d’insertion, nous voulions leur apporter des solutions pour l’emploi des travailleurs handicapés avec l’entreprise adaptée ».

Dans la continuité des partenariats que Trait d’Union a construit avec des établissements et services d’aide par le travail (ESAT) et des Instituts Médico-Educatifs (IME), l’entreprise adaptée Mains vertes accueille des jeunes travailleurs handicapés et propose à ceux qui en ont la capacité de suivre une formation pour obtenir le CAP entretien des espaces verts.

Les liens entre l’entreprise d’insertion et l’entreprise adaptée se sont renforcés par la culture de groupe que Trait d’Union a instaurée au sein des équipes encadrantes. « On se doit de créer les conditions du rapprochement entre les équipes permanentes car certains salariés en insertion sont amenés à poursuivre leurs parcours vers l’entreprise adaptée. » Le centre de formation du groupe Trait d’Union propose à tous les encadrants techniques une formation sur la connaissance du handicap mental et son adaptation en milieu de travail, « les salariés présentent des problématiques sociales et de santé souvent très lourdes qui doivent pouvoir être appréhendées par tous » conclut Vincent Fillonneau.

Perspectives

Quels types d’actions (choix multiple) souhaiteriez-vous mutualiser ?

ENTR

EPRI

SE

D’IN

SERT

ION

2 4 5 61 2

31%Formation

des salariés en insertion sur les savoirs de base

3

20%Aménagement

du poste de travail

21%Aménagement

du poste de travail

ENTR

EPRI

SE

AD

APT

ÉE

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Tout d’abord comment expliquez-vous que deux modèles si proches soient si peu souvent associés ?

Sébastien CiterneEn France, nous avons trop souvent tendance à vouloir travailler en « silo ». Il est vrai que le cadre législatif défi nit aujourd’hui deux modèles d’entreprises bien distincts relevant d’interlocuteurs diff érents au sein de l’administration publique de l’emploi. Par contre, il ne faut pas chercher bien loin pour remarquer que de nombreux points communs existent notamment une dimension entrepreneuriale forte et une volonté de trouver des solutions d’inclusion par le travail de personnes qui en demeurent trop souvent éloignées.

Olivier DupuisC’est eff ectivement un défaut bien français, et il faut reconnaître que nous y avons notre part, et trop longtemps nous avons considéré les entreprises adaptées seulement comme des concurrentes. Cette vision appartient au passé, nous sommes dans une ère ouverte avec une approche territoriale que porte notre fi nalité sociale commune.

Pensez-vous que cette nouvelle génération d’entrepreneurs solidaires est en train d’inventer un nouveau modèle d’entreprise ?

Olivier DupuisProbablement même s’il n’y a pas de rupture particulière, plutôt un nouveau raisonnement sur les alliances. Personne dans la fédération n’imagine un modèle fusionné entre l’EA et l’Ei, en revanche tous, et encore plus les créateurs qui arrivent, que le modèle d’entreprise ouverte est celui qui a de l’avenir. Il faut sortir de notre zone de confort de nos pré-carrés, aff ranchissons-nous du cadre de l’IAE, du champ social, de l’ESS, et raisonnons en entreprise territoriale.

Sébastien CiterneComme le précise très bien Olivier, il n’est pas question de vouloir inventer un modèle mixte EA et Ei. Il est important que chaque modèle soit connu et reconnu pour sa spécifi cité et sa valeur ajoutée économique et sociale. Nous avons les mêmes ambitions de remettre en emploi des personnes socialement éloignées ou porteuses d’un handicap, appuyons-nous donc sur nos complémentarités afi n que sur chaque territoire des solutions soient possibles et envisageables pour toute situation d’exclusion.

Vous semblez confi ants alors que l’Etat soutient vos deux secteurs sans pour autant réellement accompagner son développement, où sont les clefs de demain ?

Olivier DupuisElles sont d’abord dans nos poches ! Nos modèles d’entreprises sont l’avenir de l’entreprise et nous avons assez d’atouts pour convaincre, à nous de faire bouger les lignes. Oui l’Etat est un peu tiède et parfois incohérent. Prenez les achats socialement responsables, d’un côté l’Etat voudrait fortement les développer, de l’autre le nombre de postes d’insertion reste stable. Au-delà de la dimension économique pure, quel est l’intérêt de faire plus de business si nous ne pouvons pas embaucher plus de personnes en parcours d’insertion ?

Sébastien CiterneLe développement de nos structures passe forcément par un soutien de l’État, notamment dans l’augmentation du contingent de postes fi nancés. Par contre le positionnement sur de nouveaux secteurs d’activités, la professionnalisation et l’accès à de nouvelles compétences pour nos salariés doivent permettre à nos structures de pouvoir accéder à de nouveaux marchés. La collaboration et la complémentarité des off res entre nos secteurs peuvent également être un très bon levier de développement : l’intelligence collaborative doit être au rendez-vous de demain.

Un mot pour conclure ? Olivier DupuisNos modèles sont l’exemple de l’hybridation, de l’économique et du social, du privé et du public. Allons au-delà et soyons des creusets d’hybridation de partenariats, de fi lières, de projets. Nos deux fédérations y travaillent désormais ensemble, pour à la fois accompagner le développement de nos entreprises et augmenter leur impact social sur le territoire.

Sébastien CiterneNos deux modèles sont une réussite pour les personnes éloignées de l’emploi. Les collaborations qui existent déjà sur le terrain doivent demain également être renforcées entre nos deux réseaux. Cette première étude menée conjointement est un beau début et est propice à de plus amples travaux de collaboration qui font sens dans les missions qui nous sont confi ées.

Deux modèles fers de lance de l’entreprise solidaire dialoguent

Entretien croisé avec Sébastien Citerne, Directeur général de l’UNEA et Olivier Dupuis, Secrétaire général de la fédération des entreprises d’insertion.

Observatoire 2015 > page 17

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ED

ITO Un homme sur deux est une femme, mais qu’en est-il dans les entreprises d’insertion et

les entreprises de travail temporaire d’insertion ? La fédération se penche sur la question.

Car si l’égalité entre les femmes et les hommes progresse, elle est encore loin d’être atteinte en France : une femme sur trois occupe un emploi à temps partiel plus souvent subi que choisi ; les femmes sont surreprésentées dans les professions incarnant les « vertus dites féminines » (administration, santé, social, services à la personne) ; l’écart moyen des salaires reste de l’ordre de 25 % au profi t des hommes, et les fonctions hiérar-chiques demeurent, à plus de 60 %, occupées par ces derniers.

Où en est l’insertion de son côté ? Les entreprises d’insertion font-elles mieux que leurs consœurs TPE-PME « classiques » dans les diff érents secteurs d’activités ? Y-a-t-il plus de femmes dirigeantes ? La mixité des secteurs professionnels est-elle favorisée ? Les parcours en insertion arrivent-ils à enrayer la précarisation du travail des femmes ? Autant de questions que nous avons souhaité poser par le prisme de deux profi ls de femmes dans la fédération : les dirigeantes d’entreprises et les salariées en parcours d’insertion.

Parce que chacun, à son échelle, peut participer à la prise de conscience de l’eff et des stéréotypes de genre qui existent encore dans la société de manière souvent invisible. Et que la mobilisation de tous est nécessaire : les pouvoirs publics, les entreprises, les associations, mais aussi les individus eux-mêmes. Pour qu’un jour peut-être, dans la fédération aussi, un homme sur deux soit une femme…

Céline COURTOIS Directrice d’INEO et membre du Bureau fédéral

Quelle place pour les femmes dans les entreprises d’insertion ?

1 femme dirigeante sur 3 dirigeants

Source : étude « Portrait(s) de femmes dirigeantes en France » KPMG – 2015

A la fonction de dirigeant-e, pas encore d’égalité entre les femmes et les hommes mais les entreprises d’insertion font deux fois mieux que les TPE/PME classiques où seuls 15,4 % des dirigeants d’entreprises sont des femmes.

1 femme salariée sur 3 salariés en parcours d’insertion

32% 68% 29% 71%

1/3 de femmes pour 2/3 d’hommes, un ratio faible qui n’évolue pas. L’explication est à rechercher du côté des types de postes proposés dans les Ei et ETTi et de leurs secteurs d’activités. Les stéréotypes liés aux métiers restent encore très forts.

Source : enquête auprès des salarié-e-s en parcours d’insertion (Dares Analyse n°020 - mars 2014).

Entreprises d’insertion :où sont les femmes ?

page 18

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Dirigeantes et dirigeants d’entreprises d’insertion ont-ils le même profi l type ? Leurs motivations et leurs di cultés rencontrées dans l’exercice de leur fonction sont-elles similaires ou divergent-elles ? Le fait d’être une femme plutôt qu’un homme est-il un obstacle pour diriger une entreprise d’insertion ? Promouvoir l’égalité femmes-hommes est-il un sujet prioritaire pour ces dirigeant-e-s ? Eléments de réponses avec l’enquête Dirigeant-e-s Ei/ETTi, réalisée par la fédération du 5 au 16 février 2016, ayant recueilli 128 réponses de 75 hommes (59%) et 53 femmes (41%).

Les dirigeantes sont un peu plus âgées que leurs homologues masculins : les 46-55 ans sont la 1ère

tranche d’âge pour l’ensemble des dirigeants, mais les femmes sont plus nombreuses dans cette catégorie : 42  % contre 32  % pour les hommes. Ces derniers sont 31 % à se situer dans la catégorie 36-45 ans contre seulement 25 % des femmes.

Elles travaillent majoritairement dans deux secteurs

d’activité (services et travail temporaire) quand les hommes investissent plus largement l’ensemble des secteurs : 29  % dans les services, 28  % dans le tri, traitement et collecte des déchets, 18 % dans le travail temporaire et 12 % dans le BTP comme dans l’environnement.

89 % des dirigeant-e-s ont au moins un bac + 2  ; les femmes sont néanmoins plus nombreuses à avoir un diplôme bac + 5 ou plus (40 % contre 31 % pour les hommes). Les formations généralistes en gestion arrivent en tête pour 46  % des dirigeant-e-s. Les femmes ont ensuite plutôt été formées au travail social (36 % des femmes pour 17 % d’hommes) quand les hommes sont issus de formation d’ingénieurs ou techniques (29 % des hommes pour 6 % des femmes).

A 43 %, les hommes ont créé eux-mêmes ou racheté leur entreprise contre seulement 28 % des femmes qui ont plutôt été recrutées en externe pour leur poste de dirigeante dans 42 % des cas.

Les femmes et les hommes se rejoignent sur les deux raisons principales à devenir dirigeant-e-s d’entreprise : s’accomplir professionnellement (42  % pour les femmes et 45 % pour les hommes) et l’envie de relever un défi (47 % côté femmes comme côté hommes).

Profi l type de la dirigeante d’entreprise d’insertion

De 46 à 55 ans(42%)

Services et transports

(37%)ou secteur

du travail temporaire

(35%)

Formée aux métiers de gestion (45%) ou travail social

(36%)

Arrivée par recrutement

externe (42%) ou par promotion

interne (30%)

Motivée par l’envie de

relever un défi (47%) ou de s’accomplir

professionnellement (42%)

Niveau Bac + 3, 4, 5

et plus(73%)

L’entrepreneuriat au féminin

Conseiller en insertion professionnelle : un métier qui s’ouvre peu à peu aux hommes ? Dans votre entreprise employez-vous des conseillers

en insertion professionnelle hommes ?

Oui30%

Non70%

« Etre CIP homme, dans un environnement essentiellement féminin, est plutôt facilitant. On pondère les choses, on apporte une autre vision. En plus, j’ai 54 ans et mon âge m’apporte une plus-value, je suis un peu considéré comme le "vieux sage".»

Extrait de l’interview de Pierre Jacquin, Conseiller en insertion professionnelle (CIP), à ID’EES 21,

disponible sur www.lesentreprisesdinsertion.org

Observatoire 2015 > page 19

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Dirigeantes-dirigeants : mêmes motivations et mêmes di cultés dans l’exercice de leur fonction

Quelles sont les 3 principales di cultés dans l’exercice de vos fonctions ?

Pression, stress

Charge de travail

Equilibre entre vie

professionnelle et vie personnelle

53%

42%

51%

Charge de travail

Equilibre entre vie professionnelle et vie personnelle

Pression, stress35%

37%

41% Les principales diffi cultés relevées par les dirigeants d’entreprise, femmes et hommes, sont simi-laires même si elles n’arrivent pas dans le même ordre : la pression et le stress, la charge de travail, l’équilibre entre vie profession-nelle et vie personnelle.

« Il faut poursuivre ce travail d’égalité entre les femmes et les hommes... il est nécessaire pour tous. »

« Il reste beaucoup de travail à accomplir pour que chacun, employeur ou salarié/futur salarié, intègre que les femmes et les hommes peuvent concilier vie professionnelle / vie personnelle, qu’il s’agit bien là d’une préoccupation à partager ! »

Extraits de l’enquête Dirigeant-e-s d’Ei/ETTi

Avez-vous le sentiment que le fait d’être une femme est plutôt un obstacle pour diriger une entreprise ?

Quelles sont les 3 principales motivations dans l’exercice de vos fonctions ?

Les 2 premiers éléments de motivation sont identiques pour les femmes et les hommes : la fi nalité sociale de leur entreprise puis son développement économique. Les diff érences arrivent ensuite : en 3e position les femmes citent l’engagement sur leur territoire quand les hommes mentionnent la prise de décisions stratégiques.

Finalité sociale Développement

économique de votre entreprise

Engagement dans mon territoire

89%

49%

40%

Finalité sociale

Développement économiquede votre entreprise

Prise de décisions stratégiques

84%

51%

36%

La grande majorité des hommes comme des femmes pensent que le fait d’être une femme n’est pas un obstacle pour diriger une entre-prise. Les femmes émettent toute-fois un jugement plus nuancé sur le sujet et sont 20 % à estimer que oui, c’est un obstacle (contre 6 % seulement des hommes).

Pensez-vous que promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes pourrait être un axe de travail pour la fédération ?

Oui82%

Non18%

Oui beaucoup

Non pas du tout

Non pas vraiment

Oui un peu

62% 32% 5% 1%

Non pas du tout

Non pas vraiment

Oui un peu

Oui beaucoup

30% 19% 2%49%

page 20

Page 21: des entreprises d’insertion 2015normandie.lesentreprisesdinsertion.org/sites/... · 2017. 7. 6. · Kenny Bertonazzi, président de la fédération des entreprises d’insertion

Quel est le profi l des salariées femmes en parcours d’insertion ? Rencontrent-elles les mêmes freins d’accès à l’emploi que les hommes ? L’accompagnement socioprofessionnel et les formations sont-ils similaires pour les femmes et les hommes ? Les résultats de sorties dans l’emploi sont-ils les mêmes ? Décryptage de l’enquête menée en 2012 par la Dares1, auprès de 7 000 salarié-e-s en parcours d’insertion dans des structures d’insertion par l’activité économique, dont 3 369 en Ei ou ETTi.

Les femmes en parcours d’insertion sont respec-tivement 35  % en entreprises d’insertion et 26  % en entreprises de travail temporaire d’insertion. Comme les hommes, elles sont en majorité âgées de 26 à 49 ans et, pour près de la moitié, allocataires de minima sociaux. Elles sont, en revanche, un peu plus diplômées que les hommes : 21 % ont un niveau bac et plus (contre 14 % pour les hommes). Elles sont surtout 26 % à être seule avec un ou des enfant(s) à charge, contre 2 % chez les hommes. Elles déclarent avoir un état de santé un peu moins bon que leurs homologues masculins. Elles sont enfi n 17 % à n’avoir jamais travaillé (contre 11 % des hommes) et 31 % à n’avoir connu que des emplois de courte durée (contre 40 % des hommes).

Profi l type de la salariée en parcours d’insertion lors de son embauche en Ei/ETTi

Locataire de son logement (68%)

Avec enfant(s) à charge (58%)

Niveau inférieur

ou égal au CAP-BEP (79%)

N’a jamais travaillé (17%) ou n’a connu

que des emplois de courte durée (31%)

De 26 à 49 ans (60%)

L’insertion au féminin

Quels freins à l’emploi ?

Lorsqu’elles sont interrogées sur leurs principales diffi cultés pour trouver du travail, les femmes mettent en avant trois raisons principales, comme les hommes : les problèmes de mobilité, un niveau de formation insuffi sant, puis l’absence de travail dans leur branche. Par contre, seules les femmes mentionnent des problèmes de garde d’enfants : 9 % (en Ei/ETTi) estiment qu’il s’agit là de leur principale diffi culté, contre 0 % des hommes.

des dirigeant-e-s d’Ei/ETTi pensent qu’il existe des di cultés qui concernent spécifi quement les femmes en parcours d’insertion.

« Beaucoup d’emplois auxquels les femmes ont accès peuvent commencer très tôt ou se terminer tard le soir, en dehors des horaires d’école […] Et puis il y a les problèmes de mobilité ou encore la gestion d’une séparation diffi cile, des cas de violence conjugale qui nécessitent du temps et de l’énergie. »

Extraits de l’enquête Dirigeant-e-s d’Ei/ETTi Moyennes en % - femmes et hommes dans les Ei/ETTi

Quelle était la principale di culté qui vous empêchait de trouver du travail, à l’entrée dans l’Ei/ETTi ?

Pas le permis de conduire ou pas de véhicule

20%

19%

Pas de niveau de formation su sant pour répondre aux o res d’emploi

19%18%

Pas de travail dans votre branche

21%

16%

Problèmes de garde d’enfant(s)

0%

9%

Problèmes fi nanciers (endettement...)

4%4%

62

1 Dares Analyses n°020 - mars 2014, coécrit par Marie Avenel et Véronique Rémy, disponible en téléchargement sur http://travail-emploi.gouv.fr

Observatoire 2015 > page 21

Page 22: des entreprises d’insertion 2015normandie.lesentreprisesdinsertion.org/sites/... · 2017. 7. 6. · Kenny Bertonazzi, président de la fédération des entreprises d’insertion

page 22

Un parcours d’insertion genré ?

L’accompagnement socioprofessionnel est individualisé en fonction des besoins des salarié-e-s en parcours, peu en fonction de leur sexe. Seul 1 dirigeant sur 3 déclare mettre en place des actions particulières à destination des femmes en parcours d’insertion. Parmi les réponses les plus fréquemment citées, l’aménagement des ho-raires de travail ou la recherche de solutions sur les modes de garde. La formation professionnelle concerne plus d’un tiers des salarié-e-s en parcours d’insertion : environ 50% des salarié-e-s en Ei et 30% en ETTi ont bénéfi cié d’au moins une formation durant leur parcours.

35% 39%

Pourcentage des salarié-e-s ayant bénéfi cié d’au moins une formation

durant leurs parcours d’insertion

Accès à la formation, métiers stéréotypés féminins Durant votre passage dans la structure, avez-vous suivi une formation…?

Situation des salarié-e-s en fi n de parcours

Le taux de sorties positives (en emploi ou en formation) est de51 % pour les femmes et 53% pour les hommes. Réelle di érence, les femmes sont 8 % à se déclarer en « inactivité » à l’issue de leur parcours d’insertion, alors que c’est une situation très marginale pour les hommes (2%).

En e

mpl

oi

En re

pris

e

d’ét

udes

,

de fo

rmat

ion

Au

chôm

age

En in

activ

ité

45% 6% 41% 8%

46% 45% 2%7%

Femmes et hommes confondus, la formation la plus suivie par les salarié-e-s en parcours d’insertion en Ei/ETTi est celle en hygiène et sécurité. La di érence entre les femmes et les hommes se fait ensuite : 26 % des femmes suivent une formation « autre » (ménage, repassage, etc.) quand 24 % hommes suivent une formation pour obtenir un diplôme ou une qualifi cation. 23 % des hommes ont une formation aux premiers secours (18 % de femmes) et 21 % passent le Certifi cat d’aptitude à la conduite en sécurité - CACES (pour 7 % de femmes).

Hygiène et sécurité51% 55%Autre formation (ménage, etc.)26% 12%

Remise à niveau21% 17%Diplôme ou qualifi cation21% 24%

Premiers secours18% 23%Informatique17% 10%

Apprendre le français15% 10%Permis de conduire7% 10%Certifi cat d’aptitude

à la conduite en sécurité (Caces)7% 21%

« En répondant à cette enquête, je prends conscience que plusieurs fi ns de parcours de nos salariées se terminent par une forme de renoncement au travail. Les arguments ne manquent pas : « mon mari travaille, je prends le relais auprès des enfants » ou « un travail en dehors de l’Ei ne sera pas adapté »… Ce ne sont pas des arguments que l’on entend chez nos salariés hommes. »

Extraits de l’enquête Dirigeant-e-s d’Ei/ETTi

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Observatoire 2015 > page 23

Quelles actions pour favoriser l’égalité femmes-hommes ?

Eléments de réponses avec Annie Guilberteau, directrice générale du Centre national d’information sur les droits des femmes et des familles (CNIDFF).

Si par certains aspects l’insertion par l’activité économique contribue à diminuer les inégalités professionnelles, il en reproduit également certaines, comme par exemple le faible taux de femmes (30 %) ayant accès aux contrats à durée déterminée d’insertion, alors que le taux de chômage des femmes est au même niveau que celui des hommes, comment l’expliquez-vous ?

L’emploi féminin se concentre aujourd’hui dans une douzaine de familles professionnelles (santé, soins et social) sur les 87 existantes quand 50 % des hommes se concentrent sur 20 familles professionnelles. Les domaines d’activités porteurs d’emplois dans les entreprises d’insertion concernent des métiers dits traditionnellement masculins (bâtiment, travaux publics, entretien des espaces verts, traitement des déchets…) ce qui peut expliquer le faible taux de représentation des femmes ayant accès à ces contrats.

Par ailleurs, les femmes ont encore très souvent en charge l’éducation des enfants et à 80  % les tâches domestiques. Elles ont tendance à privilégier des emplois qui leur permettent d’être présentes aux heures de sorties des écoles ou des crèches d’où un recours au temps partiel et à des horaires de jour. Ceci a donc un impact sur l’insertion professionnelle des femmes, leur carrière et, à plus long terme, leur retraite.

Quelles sont les actions qui pourraient être mobilisées pour lever ces freins ?

L’articulation des temps, les conséquences de l’éloignement professionnel pour se consacrer à l’éducation des enfants, les choix d’orientation… peuvent avoir un impact sur l’insertion des femmes et leur maintien dans l’emploi. Pour lever ces freins, de nombreuses actions peuvent être mises en place. A titre d’exemple : actions de sensibilisation à destination du public accompagné dans nos réseaux, interventions en milieu scolaire, universitaire et dans les centres de formation.

L’accompagnement des entreprises est également un enjeu fort non seulement en matière d’égalité professionnelle mais également pour promouvoir la mixité dans les équipes et les mesures à mettre en place pour favoriser l’équilibre vie professionnelle - vie personnelle des salarié-e-s.

Il est également utile d’agir auprès de tous les acteurs de l’insertion sur ces diff érentes thématiques. En eff et, certains professionnels véhiculent leurs propres représentations et peuvent infl uencer le choix de l’orientation professionnelle des personnes accompagnées.

Dans les entreprises d’insertion ayant une activité centrée sur des métiers dits traditionnellement masculins, pourquoi ne pas expérimenter des actions de communication renforcées en faveur de la mixité pour favoriser l’accès des femmes à ces emplois ? Et inversement, initier cette même démarche dans les secteurs de l’aide à domicile ou de l’aide à la personne où les hommes sont sous-représentés pour promouvoir ainsi la parité quel que soit le secteur professionnel ?

Quelles sont les priorités que se fi xe le CNIDFF sur l’égalité femmes-hommes en 2016 ?

Le CNIDFF va poursuivre sa mission nationale confi ée par l’État dont l’objectif est de favoriser l’autonomie sociale, professionnelle et personnelle des femmes et de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes. Cette année, une attention particulière sera portée au public des quartiers relevant de la politique de la ville et dans les territoires ruraux. Le CNIDFF souhaite également déployer ses actions de formation et sensibilisation sur cette thématique en direction des professionnels (institutions publiques, associations, établissements scolaires, universitaires et de formation). Il souhaite par ailleurs monter en puissance ses partenariats avec les acteurs du secteur économique, notamment dans l’objectif de les sensibiliser à l’importance de la diversifi cation des choix professionnels. Peut-être que ce sera là l’occasion d’un nouveau partenariat à mettre en place avec la fédération des entreprises d’insertion ?

Ces actions sont essentielles pour réveiller les consciences et susciter la responsabilité de chacun, afi n que les femmes, porteuses elles aussi de stéréotypes sexués, ne restent pas plus longtemps concentrées dans des secteurs non porteurs.

Perspectives

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page 24

ED

ITO

Etienne WIROTHPDG de TRI VALLÉES et membre du Bureau fédéral

Nos nouveaux challenges à relever Après les années 1980 qui ont vu naître les entreprises d’insertion et le début des activités environ-nementales, puis la mise en place des REP (Responsabilité Elargie du Producteur) et des éco-orga-nismes qui ont favorisé le développement de nos entreprises et la croissance du nombre d’emplois permanents et d’insertion, nous nous demandons légitimement quels pourront bien être les mo-teurs du développement de demain.

Les années qui viennent s’annoncent incertaines et peuvent être pour nous source d’inquiétude. Pourtant elles proposent un challenge passionnant : comment continuer à développer nos entreprises tout en remplissant notre mission sociale ?

Inquiétude car les niches explorées il y a 30 ans se raréfi ent ; les budgets de l’Etat et des collectivités territoriales se resserrent ; les eff orts généralisés de rentabilité conduisent à la massifi cation, la mécanisation, la spécialisation et par ricochet à la perte d’emplois, surtout pour les métiers de premier niveau de qualifi cation.

Challenge néanmoins passionnant parce que le Grenelle de l’environnement, la loi sur la transition énergétique, la COP 21 nous fi xent un cap et des objectifs ambitieux ; parce que la loi NOTRe bouleverse profondément notre cadre territorial avec des communautés de communes ou d’agglomérations bien plus conséquentes; challenge enfi n car les appels à projets environnementaux à destination des collectivités et du privé se multiplient.

Ces challenges peuvent être relevés à condition que nous développions une culture collaborative, entre nous d’abord, mais aussi territorialement avec les collectivités locales et les entreprises. Nous devons favoriser les alliances et prendre toute notre place dans le triptyque du développent local : l’économique, le social et l’environnement.

Economie circulaire, circuits courts, économies d’énergies, biomasse et production d’énergies nouvelles : autant d’opportu-nités à saisir qui nous ouvrent de belles perspectives !

Les fi lières d’avenir pour les entrepreneurs d’insertion

Selon vous, quelle est la fi lière qui o rira le plus de débouchés économiques ET d’emplois d’insertion (horizon 10 ans) ?

La transition énergétique et écologique peut-elle favoriser le développement d’emplois d’insertion?

35%

26%

21%

15%

3%

oui - 55%

ne se prononcepas - 40%

non - 5%

26% 25% 18% 18% 8% 5%

...Si oui, dans quelles fi lières?

Secteurs d’activités

Déchets

Services et transport (dont conditionnement, sous-traitance, nettoyage, logistique, circuits-courts et production alimentaire, hébergement et restauration, informatique et communication)

Environnement (dont agriculture et espaces verts, espaces naturels)

Travail temporaire

Bâtiment et travaux publics

Autre...

Source : données issues du Baromètre 2016 des entreprises d’insertion réalisé par la fédération auprès de ses adhérents du 16 mars au 4 avril 2016.

Quelles fi lières porteuses d’activités et d’emplois ?

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Observatoire 2015 > page 25

Quelles sont aujourd’hui les fi lières porteuses d’activités et d’emplois des entreprises d’insertion (Ei) et entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTi) ? Passage en revue des salariés en parcours d’insertion nouvellement embauchés par grandes familles de métiers1.

Ei : 1 embauche sur 2 dans les déchets et le nettoyage

Filières et métiers d’aujourd’hui

1 Données des salariés nouvellement embauchés dans les Ei et ETTi en 2015 d’après la nomenclature des métiers correspondant aux codes ROME. Données transmises par la DARES, extraites de l’extranet ASP (Agence de services et de paiement).

2 Rapport économique et social 2014 de Prism’emploi paru en juin 2015.3 Alliance Villes Emploi, Consolidation de la clause sociale, 2015.

Comme toute TPE-PME, les entreprises d’insertion sont présentes dans tous les secteurs d’activités : services, transport et logistique, agriculture et espaces verts, industrie, BTP… Près d’une personne en insertion sur deux est embauchée dans les services à la personne et à la collectivité (48%), essentiellement sur des métiers liés à la propreté et à l’environnement urbain (collecte, tri, récupération, recyclage des déchets) pour la moitié d’entre eux (24%), et au nettoyage et à la propreté industriels pour 19%. Vient ensuite le secteur du transport et de la logistique (11%) sur des postes de manutentionnaires, magasiniers, déménageurs, chauff eurs…suivi de l’agriculture (10%) où près de trois quarts des embauches se concentrent dans les espaces verts et espaces naturels.

SERVICES

À LA PERSONNE

ET A LA COLLECTIVITÉ

INSTALLATION

ET MAINTENANCE INDUSTRIE

AGRICULTURE

ET PÊCHE,

ESPACES

NATURELS ET

ESPACES VERTSTRANSPORT

ET LOGISTIQUECONSTRUCTION,

BÂTIMENT

ET TRAVAUX

PUBLICS

Top 6 des fi lières porteuses d’emplois dans les Ei

5%dont : 3% dans le second œuvre2% dans les travaux et gros œuvre

7%dont : 3% dans les véhicules, engins, aéronefs2% dans l'entretien technique

2% dans les équipe-ments domestiques et informatiques

9%dont : 6% dans la préparation et le conditionnement

2% dans la mécanique, le travail des métaux et outillages

10%dont : 7% dans les espaces naturels et espaces verts

1% dans la production agricole

11%dont : 6% comme personnel de conduite du transport routier

4% dans le magasinage, la manutention des charges & déménagement

48%dont : 24% dans la propreté et environnement urbain (collecte, tri et revalori-sation des déchets)

19% dans le nettoyage et propreté industriels

ETTi : 1 embauche sur 2 dans le BTP

Le secteur de la construction, du bâtiment et des travaux publics est dominant dans les ETTi : 41% des nouveaux intérimaires en insertion y travaillent (contre 19,3% dans l’intérim classique2) et ce malgré une conjoncture très dégradée dans ce secteur. L’explication tient à l’importance de la clause sociale d’insertion dans l’activité des ETTi ; la mise à disposition de personnel et la qualité de l’off re d’insertion qu’elles proposent leur permettent de répondre aux exigences de marchés, essentiellement de rénovation urbaine, qui prévoient un certain nombre d’heures d’insertion. Les entreprises attributaires de marchés avec clauses sociales réalisent 30% de ces heures par embauche directe et 25% via des ETTi3.

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* Comprend les 5 autres familles de métiers sur les 14 que compte la nomenclature code ROME : arts et façonnage d’ouvrage d’art, banque-assurance-immobilier, communication-média et multimédia, santé, spectacle.

Répartition des intérimaires en insertion nouvellement embauchés en 2015 par fi lière

41%

17%

13%

12%

5%

4%

3%

3%

1%

1%

construction, bâtiment et travaux publics

transport et logistique

services à la personne et à la collectivité

industrie

agriculture et pêche, espaces naturels et espaces verts

commerce, vente et grande distribution

hôtellerie- restauration tourisme loisirs et animation

support à l’entreprise

installation et maintenance

autres* ...

Viennent ensuite les métiers liés au tertiaire (transport et logistique, services à la personne et à la collectivité, commerce, hôtellerie-restauration…) où travaillent plus de 40% des salariés nouvellement embauchés en ETTi (contre 36,4% dans le travail temporaire classique1). Enfi n, l’industrie, premier secteur de l’intérim classique (43,7%1), ne représente que 12% des emplois dans les ETTi. Intérim classique et d’insertion se rejoignent en revanche sur la faible répartition des intérimaires dans l’agriculture (5% des nouveaux salariés embauchés en ETTi, 0,5% des intérimaires dans l’intérim classique), ainsi que sur le type de poste majoritairement proposé, avec 40,7% d’ouvriers qualifi és et 36,6% d’ouvriers non qualifi és pour l’intérim classique et 10% d’ouvriers qualifi és et 65,9% ouvriers non qualifi és pour les ETTi. Cette spécifi cité de l’ETTi tient évidemment à son objet même, l’insertion de personnes éloignées du marché du travail.

TÉMOIGNAGE

La « révolution » attendue suite à la Loi de transition énergétique pour la croissance verte se traduit-elle par une évolution en termes de nouveaux métiers au sein des entreprises d’insertion ? Eléments de réponse avec Elisabeth Hérail, déléguée régionale de la fédération des entreprises d’insertion PACA.

Si certaines entreprises d’insertion se positionnent sur des champs innovants et durables, à l’instar de Homeblok qui transforme des containers usagés en unités de vie aux normes énergétiques RT 2012 (logement d’urgence entre autres), les métiers qui sont confi és à des salariés en parcours d’insertion restent ceux du 2nd œuvre.

On constate cependant une évolution : sur 7 créations d’entreprises d’insertion en 2015 dans la région PACA, 3 s’inscrivent dans l’économie circulaire : traitement de déchets de polystyrène expansé, d’équipement et d’ameublement, de fenêtres en fi n de vie.

Les partenaires publics des entreprises d’inser-tion, s’ils sont sensibles à ces enjeux énergétiques et écologiques, ne les placent pas au 1er rang de leurs priorités : le secteur d’activité n’est étudié qu’à la fi n, lors de demandes de conventionne-ment, principalement sous l’angle des fi ches de postes proposés aux futurs salariés en insertion et de la pérennité économique de l’entreprise. La clé d’entrée prioritaire reste le rééquilibrage terri-torial de l’off re d’insertion !

1 Rapport économique et social 2014 de Prism’emploi paru en juin 2015.

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Observatoire 2015 > page 27

Cécile Jolly est spécialiste des projections d’emploi à moyen et long terme chez France Stratégie et auteur du livre « L’entreprise responsable » (éditions du félin 2006). Elle nous livre sa vision des métiers de demain suite à la parution du rapport Les métiers en 2022 1, paru en avril 2015.

Les fi lières et métiers de demain

Quels sont les métiers en croissance et ceux en perte de vitesse à l’horizon 2022 ?

La création d’emplois à l’horizon 2022 concernera principalement les secteurs des services aux entreprises et des services à la personne. Parmi les métiers pour lesquels on observera le plus de création d’emplois : les aides à domicile, les aides-soignants et les vendeurs constituent le top 3, tandis que les cadres (vente, administratif, comptable, fi nancier) et les ingénieurs informatiques font partie du top 10. L’emploi sera également en croissance dans la restauration et le bâtiment, même si, pour ce dernier, la croissance ne sera pas aussi forte que dans la période d’avant-crise. Les métiers de l’eau, de la gestion des déchets et du recyclage seront eux aussi créateurs nets d’emplois, ces métiers ont d’ailleurs continué à créer de l’emploi depuis 2008.

Au-delà des créations nettes d’emploi, il est indispensable de considérer les postes qui seront aussi à pourvoir du fait des départs en fi n de carrière et qui représentent la majorité de l’emploi (80%). Les métiers d’agent d’entretien, d’enseignant, d’employé administratif de la fonction publique et de conducteur de véhicule représenteront à eux seuls plus d’un million de postes à pourvoir alors qu’ils sont peu créateurs d’emplois (12 000 postes d’agents d’entretien créés en 10 ans mais près de 400 000 postes à pourvoir) ou qu’ils en perdent (51 000 destructions d’emplois de catégories C de la fonction publique mais plus de 200 000 postes à pourvoir).

Les métiers de l’industrie et de l’agriculture seront ceux pour lesquels il y aura le plus de destructions d’emplois à l’horizon 2022. Cependant, ces destructions ne seront pas aussi rapides qu’elles ne l’ont été dans les dernières décennies.

La transition énergétique et écologique nous achemine-t-elle vers une économie de la connaissance où la main d’œuvre est de plus en plus qualifi ée ?

C’est en grande partie une idée fausse ! Oui, une partie de la transition énergétique et écologique repose sur l’innovation et par conséquent sur des métiers de recherche et d’ingénierie. On observe également que la qualifi cation est de plus en plus poussée dans l’ensemble des métiers, et il s’agit d’une tendance de fond. Néanmoins, plus de la moitié de l’emploi restera dans les métiers à qualifi cation moyenne ou faible. En particulier, dans la gestion de l’eau et des déchets, les métiers demeureront majoritairement peu qualifi és. Ce sera le cas plus largement pour l’ensemble des fi lières vertes et verdissantes. Les avancées technologiques en matière de robotique pourraient elles aussi nous faire craindre une disparition rapide et conséquente de métiers peu qualifi és. En réalité, ces changements se produisent sur des temps longs et les gains de productivité liés aux machines peuvent aller de pair avec la conquête de nouveaux marchés et/ou la création de nouvelles activités qui permettent de maintenir l’emploi.

Allons-nous vers un retour à des métiers de proximité (épicerie, livraison porte à porte, vendeurs ambulants, etc.) et à la relocalisation d’emplois (« Made in France ») à l’échelle des territoires ?

Les métiers de proximité et les métiers du social, en lien avec les personnes, sont les moins menacés à l’avenir  ! Le vieillissement de la population et la demande de plus en plus forte pour une consommation locale assure la pérennité de ces métiers sur le long terme. Les projets de relocalisation d’unités de production et l’attention portée par les consommateurs et les entreprises au « dernier kilomètre », sont une aubaine pour les métiers de la logistique, de la distribution et du transport de proximité. Cette tendance de fond pour le consommer et le produire local ne signifi e pas l’arrêt des activités délocalisées à l’étranger. Les deux tendances iront de pair.

1 Rapport disponible sur www.strategie.gouv.fr

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De nouvelles manières de coopérerZoom

Si les entreprises d’insertion défrichent de nouvelles activités, investissent des marchés de niche ou en devenir pour développer l’emploi d’insertion, elles innovent également dans leur manière d’entreprendre. Pour preuve, les dynamiques partenariales qu’elles mettent en place dans les territoires à l’image des groupements momentanés d’entreprises ou des pôles territoriaux de coopération économique (PTCE). Illustration avec trois artisans de ces nouvelles coopérations à l’œuvre.

TÉMOIGNAGE : le regroupement d’entreprises pour conquérir des marchés

Sébastien Domingo et Michel Demazoin sont tous deux directeurs d’entreprise d’insertion en Corrèze. Leurs entreprises, ARCADOUR et FORET, interviennent dans la gestion des espaces naturels et expérimentent depuis plus de 10 ans le GME (Groupement Momentané d’Entreprises).

La Corrèze compte un nombre particulièrement important de structures d’insertion dans la gestion des espaces naturels ce qui entraîne une concurrence féroce. « Plutôt qu’une concurrence stérile qui tire les prix vers le bas, pourquoi ne pas répondre aux marchés ensemble ? » se sont interrogés ARCADOUR et FORET.

Pour les deux entreprises, la culture de la collaboration et du partenariat a commencé dès leurs débuts. Cette collaboration prend la forme de GME solidaires dans lesquels les entreprises sont co-traitantes. Pour les deux chefs d’entreprise, les avantages de ces groupements sont évidents : un fonctionnement simple et souple ; l’accès à des marchés plus importants, la mutualisation de moyens humains et techniques ainsi que la mutualisation de compétences.

« Nous sommes parfois sollicités sur un chantier sur lequel nous savons faire 80% du travail, mais il manque 20% » confi e Michel Demazoin. Au-delà des professionnels de l’insertion, les deux entreprises ont régulièrement recours à des groupements avec des entreprises dites « classiques ». A l’heure de la fusion des régions et de la massifi cation des commandes publiques et privées, le groupement est une arme effi cace pour conquérir les marchés !

TÉMOIGNAGE : L’hybridation, la force de l’insertion !

Juratri, coopérative d’insertion jurassienne spécialisée dans les activités de tri, est à l’origine de la création du PTCE (Pôle Territorial de Coopération Economique) Clus’Ter Jura en 2014. Son directeur général, Matthieu Grosset, revient sur son expérience et ses convictions au sujet de la coopération.

« La force de l’insertion, c’est l’hybridation  ! Hybridation sociale, économique, et environ-nementale. Nous sommes de ceux qui doivent être les plus à l’aise dans les démarches partenariales, car nous avons l’habitude d’être au croisement de plusieurs dynamiques. Nous sommes dans une position assez idéale pour être un acteur fort des changements liés à la transition énergétique et écologique.

L’émergence du PTCE Clus’Ter Jura avait pour objet de générer un volume d’emplois important pour répondre aux besoins sociaux du territoire (vieillissement, mobilité, dégradation de l’habitat, création d’entreprise individuelle, alimentation). Le PTCE Clus’Ter Jura, porté par Juratri, rassemble des experts du développement local, des réseaux de partenaires et des collectivités locales pour faire émerger, via des coopérations économiques ambitieuses, des entreprises de toutes tailles, de la start-up à l’ETI (Entreprise de taille intermédiaire).

Au sein du PTCE Clus’Ter Jura, la plus-value de Juratri est sa posture non dogmatique sur les coopérations entre le secteur privé, le secteur public, les associations sans oublier les citoyens. Il est indispensable de ne pas ignorer les mouvements citoyens car leur capacité d’innovation est signifi cative. C’est cet ADN participatif qui fait la spécifi cité de Clus’Ter Jura et que l’on retrouve aujourd’hui dans la démarche « zéro gaspillage zéro déchet » du territoire de Lons-le-Saunier ».

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Observatoire 2015 > page 29

La transition énergétique et écologique en marche

Engagée depuis longtemps dans la défense des intérêts écologiques et la protection de l’environnement, Corinne Lepage, présidente depuis 2014 de Cap 21 - Le Rassemblement citoyen, nous livre son analyse sur les premiers e ets et impacts futurs de la transition énergétique et écologique.

Quels seront, d’après vous, les impacts de la transition énergétique et écologique côté création d’activités et d’emplois ?

La transition est évidemment créatrice d’emplois et d’activités le plus souvent non délocalisables. En eff et, la rénovation énergétique, la domotique, le recours aux énergies renouvelables impliquent, au-delà de la fabrication des produits, des travaux de BTP, une pose, un entretien générateurs de nombre d’emplois dans tous les domaines et de tous niveaux. En eff et, dans la mesure où l’innovation suppose une recherche-développement très active, tous les types d’imagination et d’invention sont stimulés, ceux qui exigent une formation universitaire très poussée comme ceux qui répondent simplement à une idée qui peut être une réponse à une question que personne ne s’est jamais posée. Cela explique le foisonnement d’initiatives qui ne se limite pas au domaine de l’énergie mais concerne l’agriculture, le transport, la santé, etc. Il n’en demeure pas moins que le sujet doit également être posé en termes macro-économiques et que le bouleversement des nouvelles technologies avec la disparition de très nombreux métiers liés à des tâches simples qui peuvent être robotisées ou informatisées transforme l’équilibre général et le solde positif de création d’emplois. Ceci conduit probablement à une réfl exion sur la distinction entre activité et emploi, et sur la nécessité d’un revenu minimum d’existence.

La transition énergétique et écologique augure d’un vrai changement de société, qu’en sera-t-il pour les femmes et les hommes, et notamment les plus fragiles ?

Côté emploi, la transition concerne tous les types de métiers des plus sophistiqués aux plus simples. Le domaine de l’agriculture bio et des circuits courts permet de très belles réalisations comme les Jardins de Cocagne. L’économie sociale et solidaire a développé de très nombreux emplois dans tous les domaines de la transition énergétique et en particulier dans l’économie circulaire. En ce qui

concerne les coûts pour les plus fragiles, la question est délicate. La transition impose des mesures d’adaptation qui peuvent être onéreuses et justifi ent parfois une pédagogie particulière. C’est la raison pour laquelle la transition énergétique doit être pensée aussi comme un moyen de lutter contre la précarité énergétique grâce à l’effi cacité énergétique qui doit commencer par la rénovation du parc social. Sur la question des transports, de la même manière, le soutien à l’acquisition de véhicules sobres et propres pour les plus fragiles et notamment pour les milieux ruraux qui ne peuvent faire l’économie d’un véhicule est indispensable. De manière générale, la transition énergétique et écologique est un nouveau modèle de société fondé sur l’échange, la coopération et une nouvelle manière de vivre. Il ne peut en aucune manière s’agir simplement d’une transition de nature technologique.

Finalement, ce nouveau paradigme va-t-il vraiment installer un cycle vertueux où la transition écologique deviendrait un levier de cohésion sociale  ?

Il est tout à fait clair que dans les temps très violents et d’incitation à la haine que nous vivons, l’écologie est en soi le seul projet de vivre ensemble qui soit indiscutable pour la bonne et simple raison que nous sommes tous des êtres humains confrontés aux mêmes défi s et solidaires au regard de ces défi s. La transition écologique et économique est une traduction concrète de ce projet. En nous inscrivant dans le temps et notamment dans le temps long, la transition nous permet de relier tous les sujets, non pas de manière abstraite mais au contraire de manière concrète. De surcroît, elle présente l’avantage, tout en s’inscrivant dans la durée, de permettre des réponses immédiates aux diffi cultés de la vie, à la précarité, qui sont en cohérence avec une vision de la société et une construction du futur.

Perspectives

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Le mirage du changement d’échelle de l’ESS : quid de l’impact social ?

L’expression « changement d’échelle » est devenue l’antienne incontournable de l’ESS depuis quelques années. Et pour dire vrai, si la musique est belle, le texte c’est un peu paroles, paroles, et encore des paroles…

Le dynamisme est pourtant là : l’ouverture aux coopérations forte, l‘émergence de fi lières active, l’amélioration de la qualité du projet social continue… L’Observatoire des entre-prises d’insertion le démontre à nouveau. La taille économique moyenne des entreprises d’insertion de la fédération continue de croître : elle passe en cinq ans de 930 K€ à 1 095 K€ de chi re d’a aires moyen, soit 18% de croissance. Un nouveau barreau de l’échelle économique a été franchi. Dans le même temps, les postes d’insertion ont aug-menté de 8%1, soit un écart de 10 points de croissance entre les deux.

Est-ce grave ? Pas du tout, si l’œil est économique, parce que cette croissance va de pair avec la pérennité et la solidité des entreprises, parce que l’emploi progresse. Mais pour y voir clair, il faut y regarder avec le deuxième œil, social, et là ça se gâte. La croissance ne profi te que pour moitié à l’insertion, et ce principalement en mode défensif, faute du nombre - insu sant - de postes accordé par l’Etat.

Nous le disons depuis plusieurs années, le potentiel de création de postes d’insertion est sous-utilisé par l’Etat. C’est un sujet central et la sous-consommation des crédits IAE pour 2015 enfonce le clou de cette incongruité avec, d’un côté, un budget sous-utilisé et, de l’autre, des créations ou du développement de postes d’insertion empêchés.

Ce point n’est pas nouveau, nous y travaillons collectivement pour faire bouger les lignes. Ce qui est nouveau en revanche, c’est que l’écosystème se laisse endormir par la musique du changement d’échelle sans jamais réfl échir à l’accroissement de l’impact social en volume et en qualité.

Que l’Etat soit contraint par son budget ou frileux dans sa prise de risque, passe encore, mais que le fantasme du changement d’échelle se répande avec une telle intensité est inquiétant. En dehors de quelques-uns qui ont une bonne connaissance de nos modèles, comme France active par exemple, les partenaires institutionnels de l’ESS sont aveu-glés par la taille économique sans faire le lien avec la mission sociale. On nous parle en dizaines ou centaines de millions d’euros, mais pas beaucoup en centaines ou milliers de parcours d’insertion supplémentaires, pour accompagner un plus grand nombre de personnes en di culté vers et dans l’emploi durable.

Peut-être faudrait-il rappeler le sens de l’agrément ESUS ? Entreprise solidaire d’utilité sociale. Toutes les entreprises de la fédération vont s’y glisser, naturellement. Elles se sont créées sur un projet économique à fi nalité sociale, elles se développeront avec les mêmes énergies originelles.

Alors mille fois oui au changement d’échelle, à la condition que cette échelle ait comme nos entreprises, un pied dans l’économique et un pied dans le social, et pour aller loin, il conviendrait que les deux jambes restent de la même longueur !

Olivier DupuisSecrétaire général de la fédération

1 Donnée reconstituée à partir du rapport IGAS-IGF de 2013 sur le fi nancement de l’IAE pour la donnée 2011 et des informations DGEFP pour 2014

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Observatoire 2015 > page 31

Observatoiredes entreprises d’insertion

2015

Remerciements

La parution de l’Observatoire des entreprises d’insertion résulte d’un travail collectif. Nous remercions l’ensemble des entreprises adhérentes et des fédérations régionales pour leur mobilisation ayant permis la collecte des données économiques et sociales relayées dans cette publication.

Merci également à Vanessa Albert et Véronique Rémy de la DARES, Sébastien Citerne, directeur général de l’Union nationale des entreprises adaptées (UNEA), Anne Guilberteau, directrice générale du Centre national d’information sur les droits des femmes et des familles (CNIDFF), Cécile Jolly de France Stratégie, Corinne Lepage, présidente de Cap 21 - Le Rassemblement citoyen, Philippe Lerouvillois, économiste et consultant, pour leurs contributions à cet ouvrage ainsi que Céline Courtois (INEO), Michel Demazoin (FORET), Sébastien Domingo (ARCADOUR), Vincent Fillonneau (Trait d’Union), Luc de Gardelle (Presta Terre), Matthieu Grosset (Juratri), Astrid Gascon (EPI), Elisabeth Hérail (la fédération des entreprises d’insertion PACA), Pierre Jacquin (ID’EES 21), Etienne Wiroth (Tri Vallées) pour leurs apports et témoignages.

Au siège de la fédération des entreprises d’insertion, merci enfi n à Manuel Hauville, chargé de mission Gestion et Analyse de données, Justine Jourdain, chargée de développement, Muriel Pibouleau, chargée de professionnalisation, Stanislas Riff aud et son prédécesseur, Jean-Philippe Rouchon, chargés de mission Filières.

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Avec le soutien de :

La fédération des entreprises d’insertion : e cacité économique, fi nalité sociale

Créée en 1988, la fédération des entreprises d’inser-tion représente les entreprises d’insertion et entre-prises de travail temporaire d’insertion en France. Inscrites dans l’économie sociale et solidaire, elles portent un modèle économique à fi nalité sociale qui conjugue travail salarié, accompagnement, et acqui-sition de compétences afi n de favoriser l’accès à l’emploi durable des personnes en di culté sociale et professionnelle. La fédération, accompagne le développement de ces entreprises, mutualise leurs expériences et les représente auprès de l’Etat, des collectivités, des organisations professionnelles…

1 200 entreprises en France,présentes sur tous les secteurs d’activités Economie circulaire, travail temporaire, sous-traitance industrielle, bâtiment, espaces verts, propreté, logistique, traiteur...

65 000 salariés dont 83% en parcours d’insertion

1 milliard d’euros de chi re d’a aires

Chi res clés des entreprises d’insertion

La fédération des entreprises d’insertion18-20 rue Claude Tillier - 75012 Paris Tél. 01 53 27 34 [email protected] - www.lesentreprisesdinsertion.org

La fédération est implantée dans toutes les régions

Retrouvez les coordonnées de chaque région sur le site www.lesentreprisesdinsertion.org