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1 BIBLIOGRAPHIE DE L’ART CONTEMPORAIN - 2011 THÉORIE DE L’ART COMTEMPORAIN > Théories de l’art contemporain Ouvrages critiques/ esthétiques ABECASSIS, Nicole, Comprendre lʼart contemporain, Paris, LʼHarmattan, 2007. Les audaces et les ruptures radicales de l'art contemporain sont proprement déroutantes. Voici un éclairage n'omettant aucune forme de création. Il ne s'agit pas d'un dictionnaire de plus des arts contemporains, mais d'un véritable système théorique articulant la multitude des propositions artistiques contemporaines. L'Histoire générale contemporaine avec ses faits les plus troublants (totalitarisme, génocides, guerre nucléaire, terrorisme international) est aussi prise en compte. AGAMBEN, Giorgio, Qu'est-ce que le contemporain ?, Paris, Payot & Rivages, 2008. Texte de la leçon inaugurale du cours de philosophie théorétique donné en 2005-2006 à l'Université IUAV de Venise. Cette étude, fondée sur des écrits de philosophes, de poètes, de scientifiques, offre des pistes de réflexion concernant la question que pose le présent. AMEY, Claude, Mémoire archaïque de l'art contemporain : littéralité et rituel, Paris, L'Harmattan, 2003. Malgré des formations sociales et culturelles diamétralement opposées aux nôtres, "l'art" dit primitif avec ses rituels manifestent, une troublante parenté avec les arts contemporains ; notamment plastiques et spectaculaires. L'approche ici du rituel archaïque essaye de comprendre la nature de cette ressemblance, ce qui fait des artefacts archaïques des formes peut-être plus proches de celles de l'art contemporain, que celui-ci n'est proche de l'art des quelques siècles qui précèdent l'art moderne. ARDENNE, Paul, GOUMARRE, Laurent, BEAUSSE, Pascal, Pratiques contemporaines, lʼart comme expérience, Paris, Dis voir, 1999. Les artistes sont aujourd’hui des passeurs. En recyclant des images issues des médias ou de films…ils ne proposent plus d’œuvres – ni même d’objets d’art- mais des processus, des propositions de situations à expérimenter en commun. On assiste ainsi à l’émergence d’hyper-œuvres, sans auteur ni linéarité narrative, explorant l’idée que toute forme d’histoire est déjà une interprétation qui peut toujours être reprise et réinterprétée par un spectateur qui va s’intégrer à ces processus et fabriquer lui-même une histoire entre réalité et fiction. L’art devient expérience, l’œuvre d’art un interstice social.

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BIBLIOGRAPHIE DE L’ART CONTEMPORAIN - 2011

THÉORIE DE L’ART COMTEMPORAIN > Théories de l’art contemporain Ouvrages critiques/ esthétiques ABECASSIS, Nicole, Comprendre lʼart contemporain, Paris, LʼHarmattan, 2007.

Les audaces et les ruptures radicales de l'art contemporain sont proprement déroutantes. Voici un éclairage n'omettant aucune forme de création. Il ne s'agit pas d'un dictionnaire de plus des arts contemporains, mais d'un véritable système théorique articulant la multitude des propositions artistiques contemporaines. L'Histoire générale contemporaine avec ses faits les plus troublants (totalitarisme, génocides, guerre nucléaire, terrorisme international) est aussi prise en compte.

AGAMBEN, Giorgio, Qu'est-ce que le contemporain ?, Paris, Payot & Rivages, 2008.

Texte de la leçon inaugurale du cours de philosophie théorétique donné en 2005-2006 à l'Université IUAV de Venise. Cette étude, fondée sur des écrits de philosophes, de poètes, de scientifiques, offre des pistes de réflexion concernant la question que pose le présent.

AMEY, Claude, Mémoire archaïque de l'art contemporain : littéralité et rituel, Paris, L'Harmattan,

2003.

Malgré des formations sociales et culturelles diamétralement opposées aux nôtres, "l'art" dit primitif avec ses rituels manifestent, une troublante parenté avec les arts contemporains ; notamment plastiques et spectaculaires. L'approche ici du rituel archaïque essaye de comprendre la nature de cette ressemblance, ce qui fait des artefacts archaïques des formes peut-être plus proches de celles de l'art contemporain, que celui-ci n'est proche de l'art des quelques siècles qui précèdent l'art

moderne.

ARDENNE, Paul, GOUMARRE, Laurent, BEAUSSE, Pascal, Pratiques contemporaines, lʼart

comme expérience, Paris, Dis voir, 1999.

Les artistes sont aujourd’hui des passeurs. En recyclant des images issues des médias ou de films…ils ne proposent plus d’œuvres – ni même d’objets d’art- mais des processus, des propositions de situations à expérimenter en commun. On assiste ainsi à l’émergence d’hyper-œuvres, sans auteur ni linéarité narrative, explorant l’idée que toute forme d’histoire est déjà une interprétation qui peut toujours être reprise et réinterprétée par un spectateur qui va s’intégrer à ces processus et fabriquer lui-même une histoire entre réalité et fiction. L’art devient expérience, l’œuvre d’art un interstice social.

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ARDENNE, Paul, Extrême: esthétiques de la limité dépassée, Paris, Flammarion, 2006.

Notre époque est émotionnelle : elle aime les sensations fortes, les défis délirants, la violence. Ces excès en tous genres, elle se les représente volontiers sous une forme extrême, où l'accent est mis sur ce qui chavire nos sens : l'intensité, la démesure, le moralement inadmissible, l'horreur. Un élan destructeur au point de rendre légitime, en termes spectaculaires, une " esthétique de la limite dépassée ". L'objet de ce livre est double. D'une part, documenter par le menu les formes d'expression contemporaines fortes de ce désir de dépassement esthétique : spectacles superlatifs, performances artistiques engageant la souffrance, documents d'actualité insoutenables, images de la pornographie dure, cinéma violent, mises en scène de la scatophilie, idolâtrie de la mort et du cadavre. D'autre part, analyser le glissement vers l'esthétique extrême que consacre, plus qu'aucune autre, la société occidentale. Magnétique et médiatique, la représentation de l'extrême y constitue désormais une véritable culture, un nouveau référent, un but. Fourmillant d'exemples, cet essai s'attache enfin à apporter une réponse à ce questionnement cardinal : quel avenir, en Occident, pour le spectacle du pire ? Car à l'esthétique extrême il y a, en bout de course, une conséquence dramatique : l'épuisement du désir de voir. Que faire dès lors pour revivifier ce désir sinon, à plus ou moins court terme, devoir extrêmiser l'extrême lui-même et ses représentations ?

BELTING, Hans, LʼHistoire de lʼart est –elle finie ?, Nîmes, Jacqueline Chambon, 1989.

Depuis Hegel, on nous dit et redit que l'art est fini. Pourtant il continue, de façon désordonnée et imprévisible, étonnante ou banale. Ce qui amble en revanche irrémédiablement perdu, c'est l'idée d'un développement ordonné, l'idée d'une histoire des styles ou des formes. En ce sens, la fin de l'histoire de l'art, c'est d'abord la fin de l'art comme histoire. Hans Belting, historien de l'art, byzantiniste, professeur à l'université de Munich, fait le diagnostic de cette mort. Aujourd'hui, à l'époque postmoderne de l'éclatement des pratiques artistiques, c'est une conception ouverte et pluraliste qui doit prévaloir : il nous faut revenir de l'histoire aux oeuvres. Les rêves de grandes théories unitaires sont nostalgiques, nous devons tenir compte d'une expérience plurielle, fragmentaire, parfois contradictoire, qui est celle même de l'art contemporain. C'est à ce prix que non seulement peut être surmonté le divorce entre l'histoire de l'art et l'art vivant mais que l'expérience du présent peut nous faire voir autrement le passé L'histoire de l'art est-elle finie ? Oui, mais comme fin d'une illusion et ouverture d'un travail.

BENJAMIN, Walter, Lʼœuvre dʼart à lʼère de sa reproductibilité technique, Paris, Allia, 2003.

C'est dans cet ouvrage que Walter Benjamin développe sa thèse sur la déperdition de l'aura. À l'inverse des icônes qu'on voyait, par exemple, dans les églises orthodoxes, où l'emplacement et la vibration de l'œuvre étaient uniques, propres à une communication mystique, les techniques de reproduction de masse, notamment l'imprimerie et la photographie, ont contribué à la déperdition de l'aura propre d'une œuvre unique, désincarnée par sa reproductibilité et sa déclinaison dans d'infinis sous modèles. Désolidarisé des valeurs de culte véhiculées par la classe dirigeante, l'art perd ainsi son autonomie originelle. Dans son ouvrage Benjamin propose également une analyse de l'image cinématographique, ainsi qu'une réflexion sur la dimension politique et sociale de l'art à l'époque de la reproductibilité technique. Cette thèse a été remise au goût du jour notamment à travers la critique d'art contemporain, à la fin des années 1990, qui y voyait une prémonition du changement de statut de l'œuvre d'art. Dès le début du XXe siècle, avec le dadaïsme notamment, des œuvres éphémères et iconoclastes ont modifié la perception et le statut de l'œuvre d'art, dépouillé des ornements classiques conférant aux œuvres d'art un statut sacré à travers leur beauté platonicienne et leur immuabilité. Le Pop Art a consacré la sérialisation industrielle d'artefacts, sans intervention nécessaire de l'artiste ; cette désincarnation de l'œuvre d'art a contribué par la suite à l'émergence de la performance, forme d'expression « authentique » douée d'une aura psychique quoique

momentanée. Ainsi, Walter Benjamin anticipe un thème central de l'esthétique contemporaine, où se retrouvent Marshall Mc Luhan ou Herbert Marcuse par exemple, L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique est un des textes majeur de l'histoire de l'art souvent utilisé comme référence. Dans son ouvrage Benjamin effectue sa réflexion autour de trois axes, la reproduction technique et ses conséquences sur l'art, l'image cinématographique et enfin le cinéma, art de masse à dimension politique et sociale.

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BOURRIAUD Nicolas, Radicant, pour une esthétique de la globalisation, Paris, Denoël, 2009.

Que peut nous apprendre l'art sur la globalisation économique? En retour, comment comprendre les nouvelles formes de l'art contemporain à la lumière de cette mutation sociale et intellectuelle? Appuyant son analyse sur l'expérience vécue aussi bien que sur les écrits de Victor Segalen ou les aventures artistiques les plus novatrices aujourd'hui, Nicolas Bourriaud dresse la cartographie d'un monde en mouvement. Entre menace d'uniformisation et tentation du retour aux racines, entre multiculturalisme et traditionalisme qui assignent tous deux les individus à leur prétendue «identité», la culture mondialisée est en quête d'une troisième voie qui sorte du postmodernisme pour aller vers l'«altermodernité» dont ce livre esquisse les figures. Un organisme qui fait pousser ses racines au fur et à mesure qu'il avance : tel est le sens du mot radicant, par lequel Nicolas Bourriaud définit cette modernité émergente, s'opposant à la radicalité qui hanta le siècle précédent.

BOURRIAUD Nicolas, Esthétique relationnelle, Dijon, Les Presse du réel, 1998.

D'où vient cette obsession de l'interactif qui traverse notre époque ? Après la société de consommation, après l'ère de la communication, l'art contribue-t-il aujourd'hui à l'émergence d'une société relationnelle ? Nicolas Bourriaud tente de renouveler notre approche de l'art contemporain en se tenant au plus près du travail des artistes et en exposant les principes qui structurent leur pensée: une esthétique de l'interhumain, de la rencontre, de la proximité, de la résistance au formatage social. Son essai se donne pour but de produire des outils nous permettant de comprendre l'évolution de l'art actuel : on y croisera Felix Gonzalez-Torres, Louis Althusser, Rirkrit Tiravanija ou Félix Guattari, et la plupart des artistes novateurs en activité.

BOURRIAUD Nicolas, Postproduction – La culture comme scénario : comment lʼart

reprogramme le monde contemporain, Dijon, Les Presses du réel, 2004.

Les artistes actuels évoluent dans un univers de produits en vente, de formes préexistantes, de signaux déjà émis, de bâtiments déjà construits, d’itinéraires balisés par leurs devanciers. Ils ou elles ne considèrent plus le champ artistique comme un musée contenant des œuvres qu’il faudrait citer ou "dépasser", ainsi que le voudrait l’idéologie moderniste du nouveau, mais comme autant de magasins remplis d’outils à utiliser, de stocks de données à manipuler, à rejouer et à mettre en scène. Comment s’orienter dans le chaos culturel et comment en déduire de nouveaux modes de production ? La suite d'Esthétique relationnelle.

CAILLET, Aline, Quelle critique artiste ? : Pour une fonction critique de l'art à l'âge

contemporain, Paris, LʼHarmattan, 2008.

Si l'on en croit les historiens, les critiques d'art et les philosophes, l'art ne pourrait plus à l'âge contemporain assumer une fonction critique : intégration institutionnelle de l'art, récupération par le capitalisme des valeurs et postures alternatives prônées par l'art des années 60/70, fin des grands récits... Autant d'évolutions qui ajourneraient une fois pour toute le projet d'un art critique, conçu comme praxis, à visée émancipatrice, porté par la modernité. Ce constat de clôture constitue, bien au contraire, le nouveau point de départ à partir duquel un art critique doit être repensé. Tel est l'essence même d'une critique artiste qui ajuste son désir de riposte au contexte et excelle dans l'art du contre. Ce qu'invalide le contexte contemporain, c'est une forme d'art, de nature praxique, enferrée dans des postures esthétiques et politiques solidaires d'une certaine conception de la modernité et du projet d'émancipation ou d'autonomisation du sujet fondé sur la connaissance et la prise de conscience. L'art critique n'est ni caduc ni obsolète, il doit simplement analyser le cadre dans lequel il s'inscrit et repenser ses formes, ce que le présent ouvrage esquisse au travers d'un parcours croisé, entre théories esthétiques et pratiques artistiques contemporaines.

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CAUQUELIN, Anne, Les théories de lʼart, Paris, PUF, "Que sais-je ? ", 3ème édition, 2007.

Les différentes théories philosophiques concernant l'art sont présentées, non pas d'une manière chronologique, mais selon les influences qu'elles ont eues et ont encore sur la pratique artistique. Cela donne ainsi une vision originale de l'influence de la théorie dans le domaine de l'art et permet d'établir des comparaisons entre théoriciens, critiques, commentateurs et artistes.

CHALUMEAU, Jean-Luc, Les théories de l'art : Philosophie, critique et histoire de l'art de Platon

à nos jours, éd. Vuibert, 5ème édition, 2009.

Les interprétations sont des fonctions qui transforment des objets matériels en œuvres d'art : de Platon à Clément Greenberg, aucune civilisation n'en a fait l'économie. Ces interprétations appartiennent aux différents champs de la critique d'art, de l'histoire de l'art et de la philosophie de l'art. Toutes ces catégories d'interprétation sont considérées ici comme des variantes de la théorie de l'art, qui entretiennent des relations complexes les unes avec les autres. Il ne s'agit pas de savoir quelle forme d'art il conviendrait d'aimer, mais en vertu de quels critères des penseurs cherchent à savoir, depuis toujours, comment séparer l'art de ce qui n'en est pas, comment expliquer son évolution, comment comprendre les relations que l'homme entretient avec celui-ci. " Les Théories de l'art " constituent donc un ouvrage de base présentant et commentant la pensée de quelque cinquante auteurs essentiels qui ont progressivement établi la pensée sur l'art en Occident.

CHARBONNEAUX, Anne-Marie, GRENIER Catherine, BUCI-GLUCKSMANN, Christine, Les Vanités

dans l'art contemporain, Paris, Flammarion, 2005.

Qu'il s'agisse d'œuvres vidéo, de photographies, d'installations, de performances, aussi bien que de peintures et de sculptures, la représentation de la Vanité connaît, depuis le milieu du XXe siècle, un véritable renouveau et fait preuve d'une étonnante actualité. Le vanités dans l’art contemporain est né de ce constat et rend compte de la richesse et de la diversité des expressions perspectives actuelles de ce thème classique de l'histoire de l'art. De quelle manière les artistes contemporains investissent-ils et renouvellent-ils le thème de la Vanité ? Quels sont les enjeux et les significations à la fois esthétiques et morales des œuvres ainsi créées ? Comment comprendre cet intérêt contemporain pour la représentation de la fuite du temps, de l'instabilité et de la métamorphose ? C'est à de telles questions que cet ouvrage cherche à répondre, en proposant au regard et à la lecture, réflexions et documents.

CHATEAU, Dominique, La question de la question de l'art : note sur l'esthétique analytique

(Danto, Goodman et quelques autres), Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 1994. CHATEAU, Dominique, L'art comptant pour un, Dijon, Les Presses du réel, 2009.

L'adhésion à l'art contemporain, non pas en tant que genre, concurrent de l'art classique et de l'art moderne, mais en tant qu'il est art et quand il l'est : voilà l'idée traversière qui anime cet essai composé de fragments plus ou moins brefs. L'auteur y défend une attitude esthétique pour laquelle l'objectivité de l'œuvre et des sensations qu'elle procure l'emporte sur toute prétention au jugement par avance. L'art n'est jamais donné a priori, il est à conquérir a posteriori, lorsque la rencontre entre le donné d'un médium et la singularité d'un artiste réussit. Cela suppose qu'une visée ontologique rivalise avec l'attraction culturelle. Cela suppose aussi que soit requalifiée la singularité de la rencontre avec l'œuvre et grâce à elle la surprise qu'elle rend possible, son pouvoir toujours imprévisible de proposer

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une sollicitation à penser, à élaborer. Requalifier donc le pouvoir de l'œuvre : tel est le souci majeur, dont cet ouvrage se fait puissamment l'écho, en même temps que la tâche la plus urgente dont il représente un possible exemple.

CLAIR, Jean, De immundo : apophatisme et apocatastase dans l'art d'aujourd'hui, Paris, Galilée,

2004.

« Le temps est loin où saint Bonaventure enseignait la delectatio. Docere et delectare : l’art s’est longtemps donné pour fin, autant qu’instruire l’esprit, de réjouir les sens. Il semble que ce soit d’un tout autre registre que joue l’œuvre contemporaine. Le temps du dégoût a remplacé l’âge du goût. Exhibition du corps, désacralisation, rabaissement de ses fonctions et de ses apparences, morphings et déformations, mutilations et automutilations, fascination pour le sang et les humeurs corporelles, et jusqu’aux excréments, coprophilie et coprophagie : de Lucio Fontana à Louise Bourgeois, d’Orlan à Serrano, de Otto Muehl à David Nebreda, l’art s’est engagé dans une cérémonie étrange où le sordide et l’abjection écrivent un chapitre inattendu de l’histoire des sens. Mundus immundus est ? Le dialogue du Parménide avançait que la crasse et le poil sont deux choses pour lesquelles il n’existe aucune Idée. Du Beau idéal de Platon à ce qu’on pourrait appeler, d’aisthesis, la sensation, et de stercus, les excréments, une esthétique du stercoraire, que s’est-il passé ? Les écrits de Bataille et de Sartre, dans les années 1930, placés sous le signe d’un sacer ambigu, annonçaient cette évolution. Et le pessimisme de Freud qui disait impossible de concilier les revendications de la pulsion sexuelle et les exigences de la civilisation semble se vérifier sous nos yeux. Le problème se pose cependant : en quoi les responsables des grandes institutions culturelles, à Cassel, à Londres, à New York, à Paris, à Venise, trouvent-ils leur intérêt à bénir cette ritualité d’une physiologie nue ?

CRIQUI, Jean-Pierre, Un trou dans la vie : essais sur lʼart depuis 1960, Paris, Desclée de Brouwer,

2002.

« Un trou dans la vie » est une expression forgée par l'artiste américain Robert Smithson afin de caractériser l'expérience du spectateur de cinéma. Si elle sert ici de titre à un ensemble de textes consacrés aux arts visuels contemporains, c'est que les oeuvres des artistes abordés travaillent toutes à une sorte d'interruption. Cette suspension du monde est un moment fondateur où se conjuguent l'appréhension de l'œuvre et la saisie par lui-même d'un sujet percevant.

CUIR, Raphael, Pourquoi y a-t-il de lʼart plutôt que rien ?, Paris, Archibooks + Sautereau éditeur, 2009.

Raphael Cuir invite d'éminents spécialistes de l'art, conservateurs de musées, critiques et historiens de l'art, philosophes et artistes, à répondre à la question : «Pourquoi y a-t-il de l'art plutôt que rien ?». Tout en situant la fonction qu'occupe l'art dans les sociétés humaines, relativement à la religion, au désir, à la science, au langage, à l'économie ou à la mort, les auteurs rebondissent sur d'autres questions implicites et enchâssées : pourquoi l'humanité a t-elle créé l'art ? Peut-on imaginer l'humanité sans art ? Pourquoi l'art plutôt qu'autre chose ? Et dans ce cas, plutôt que quoi ? Diverses, complémentaires ou contradictoires, les réponses suggèrent en creux une définition de l'art. Spontanées, recueillies lors d'entretiens réalisés par Raphael Cuir, les réponses sont traitées avec humour, engagement, ou poésie.

DAGEN, Philippe, La haine de lʼart, Paris, Grasset, 1997.

La France aime-t-elle ses artistes? A en croire une polémique récente, l'art contemporain serait sans nécessité ni avenir, sans amateurs ni acheteurs. Il y aurait d'un côté les tenants d'un bon goût et de l'autre une élite éprise d'hermétisme. Simpliste? Sans doute. Mais les Français défilent en masse devant les Impressionnistes et font la grimace devant l'art d'aujourd'hui. Serait-ce cela, l'exception culturelle nationale? Critique d'art au journal Le Monde, Philippe Dagen affirme les enjeux de cette nouvelle querelle des anciens et des modernes. Il analyse cette haine singulière de l'art, qui jadis alla jusqu'à

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l'autodafé et ne va plus, aujourd'hui, au-delà de l'indifférence. Les musées ressemblent à des sarcophages. La monomanie du patrimoine étend son empire. L'Etat culturel restreint une aide déjà parcimonieuse. L'influence artistique française à l'étranger s'évanouit. Au nom de la tradition, le classique rétablit sa molle dictature. Pourquoi ce culte de ce qui fut et ce refus de ce qui est? La société française ne demanderait-elle plus qu'une chose à ses artistes importuns: qu'ils la laissent dormir, ou mourir, en paix?

DAGEN, Philippe, Lʼart impossible, de lʼinutilité de la création dans le monde contemporain, Paris, Grasset, 2002.

Pourquoi l'art est-il presque impossible aujourd'hui ? Parce que la situation lui est défavorable. Parce que la société contemporaine n'a plus de temps à consacrer à ses artistes. Elle réserve son attention aux divertissements que diffuse chaque jour la télévision, aux messages que répète la publicité, aux mythologies qu'exploite un cinéma dit grand public , aux spectacles sportifs, aux loisirs. Ces activités ont pour elles l'écrasante supériorité de la facilité, du nombre, de la masse, de l'argent. On peut en prendre son parti et capituler devant cet état de fait c'est l'attitude la plus confortable. C'est la plus répandue de nos jours - et aussi celle de bien des artistes eux-mêmes qui, certains de n'avoir plus qu'une audience minime, ont réduit leur champ d'action à leur atelier et au musée. Ce livre défend l'attitude contraire. Il en appelle aux artistes vivants contre le spectacle, et à la liberté individuelle contre la fascination collective.

DANTO, Arthur, Lʼart contemporain et la clôture de lʼhistoire, Paris, Edition du Seuil, 2000.

Arthur Danto, professeur émérite de philosophie à l'université Columbia et critique d'art, prolonge dans ce texte une réflexion entamée en 1996 avec Après la fin de l'art. Il y reprenait à son compte l'assertion de Hegel concernant la mort de l'art et tâchait d'en actualiser l'échéance. Il ne s'agissait pas d'annoncer la fin des productions artistiques, mais celle de l'idée même d'art. L'objet de ce nouveau recueil est de brosser le tableau de l'époque artistique actuelle, où « tout est possible » et où il n'existe plus de critère permettant de dire ce qu'est une œuvre d'art visuel. A. Danto relève en particulier que la démarche de rupture avec le passé, obligatoire pour l'artiste moderne, ne s'impose plus à l'artiste postmoderne : il peut jouer avec le passé et l'utiliser dans ses œuvres.

DANTO, Arthur, La transfiguration du banal, Paris, Edition du Seuil, 1998.

Trente ans après sa publication, vingt ans après sa traduction française, un ouvrage s’est imposé dans le rayon des classiques de la philosophie de l’art : en effet, La transfiguration du banal d’Arthur Danto a nourri pendant nombre d’années les discussions pointues en ontologie de l’art en proposant une redéfinition de la philosophie analytique de l’art et un regard différent sur l’histoire de l’art même.

DIDI-HUBERMAN, Georges, Devant l'image : question posée aux fins d'une histoire de l'art, Paris, Les Editions de Minuit, 1990.

Ce livre développe une question critique posée et reposée à nos certitudes devant l'image. Comment regardons-nous ? Pas seulement avec les yeux, pas seulement avec notre regard. Voir rime avec savoir, ce qui nous suggère que l'œil sauvage n'existe pas, et que nous embrassons aussi les images avec des mots, avec des procédures de connaissance, avec des catégories de pensée.

DION, Stéphane, Pour une esthétique du renouveau, Paris, LʼHarmattan, 2005.

Ce livre se veut provocant. Les opinions définitives et tranchées de l'auteur sur Marcel Duchamp, Andy Warhol, qu'il ne reconnaît pas comme des artistes majeurs de notre temps, peuvent choquer mais on ne peut pas rester insensible à son interrogation radicale sur le "vivre". On ne peut pas, non

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plus, ne pas s'interroger sur la conception de l'art que l'auteur fustige, celle de ceux que Pierre Bergé appelle les "faiseurs d'art contemporain".

DOLEVICZEYI-LE PAPE, Isabelle, L'esthétique du deuil dans l'art allemand contemporain : du rite à l'épreuve, Paris, L'Harmattan, 2009

Tombes, stèles, crânes, reliques... Autant de motifs qui hantent l'art allemand depuis 1945. Peintures cadavériques chez Gerhard Richter, toiles maculées de cendre et de cheveux chez Anselm Kiefer, madones noircies et déliquescentes imaginées par Anne Wenzel : en peinture comme en sculpture, le deuil se manifeste de façon si insistante que nous pouvons légitimement y reconnaître la clef de voûte d'une véritable esthétique outre-Rhin.

FOISY, Suzanne, THERIEN, Claude, TREPANIER, Josette, L'expérience esthétique en question :

enjeux philosophiques et artistiques, Paris, L'Harmattan, 2009.

A travers 4 disciplines, (la philosophie, l'art, l'histoire de l'art et la sociologie) et selon 3 axes, les lieux de l'expérience esthétique, les effets esthétiques, les cultures et interprétations, l'ouvrage tente de comprendre la situation actuelle de l'esthétique artistique.

GAUTHIER, Michel, LʼAnarchème, Genève, Les Presses du réel, MAMCO, 2002.

Il ne s’agit donc, en aucun cas, ni d’une histoire ni d’une théorie de ce que Michel Gauthier désigne sous le vocable d’anarchème. Il s’agit plutôt d’une tentative pour poser quelques jalons dans la prise en compte du singulier phénomène qu’est un régime de défocalisation appliqué à l’œuvre. Et que la défocalisation constitue un attentat fait à l’autorité de l’œuvre d’art et que, en ce sens, le saccage puisse, à l’occasion, être une alternative à la défocalisation, c’est évidemment aussi l’une des perspectives que, avec le travail de Steven Parrino, ce recueil voudrait ouvrir.

GAUTHIER, Michel, Les promesses du zéro, Genève, Les Presses du réel, MAMCO, 2009.

Inaptitude à voir, sentiment de perte, absence de sens, quête du zéro, plaisir de la réification ou, au contraire, ultime tentative pour la déjouer, telles sont les singulières données que l'ouvrage de Michel Gauthier dégage à travers l'analyse de quelques-unes des œuvres majeures de notre temps.

GENIN, Christophe, LEROUX, Claire, LONTRADE, Agnès, Juger l'art ?, ouvrage publié avec le

concours du Conseil scientifique de l'université Paris 1, Colloque, 2005, Paris, Centre Saint-Charles de l'université Paris 1, Paris, Publications de la Sorbonne, 2009.

Ouvrage collectif rassemblant plusieurs conférences produites lors du colloque "Juger l'art ?", du 25 au 27 novembre 2005. Il fut organisé et dirigé par Christian Denker, alors ATER à l'université Paris 1, Christophe Genin, maître de conférences à l'université Paris 1, Claire Leroux, enseignante-chercheur à l'ESIEA et Agnès Lontrade, maître de conférences à l'université Paris 1. Quinze auteurs reviennent sur les concepts fondamentaux de la théorie du jugement esthétique et de la critique d'art au vu de l'art contemporain. Ils analysent le problème de la règle du jugement esthétique, le rapport entre la critique et la démocratie, entre l'engagement personnel et la communauté des avis ainsi que la critique d'art aujourd'hui, ses nouvelles pratiques et ses nouveaux champs.

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GOODMAN, Nelson, Langages de lʼart : une approche de la théorie des symboles, Paris, Hachette, 2005.

Le débat sur l'art est en général traversé par des controverses touchant à la définition du beau. Dans ce livre devenu un classique de la réflexion philosophique sur l'art, Nelson Goodman propose une élucidation de ce que nous appelons " objet d'art ", considéré comme une forme, particulière du symbole, analogue à l'écriture, par exemple. Recourant à des exemples tirés des sciences, de l'étude, de la perception ou encore de l'usage pratique des objets, il cherche à comprendre comment la musique ou la peinture peuvent être considérés comme des langages ayant leur logique propre. Son enquête le conduit à s'interroger sur la notion d'authenticité, sur l'esquisse ou encore sur l'émotion esthétique. Ce livre inaugure ainsi une nouvelle manière, plus modeste, de réfléchir sur l'art, qui conduit pas à pas le lecteur à s'interroger sur le sens des mots qu'il emploie. Professeur de philosophie à Harvard, Nelson Goodman est l'un des plus célèbres représentants de la tradition de la philosophie analytique anglo-saxonne. Nombre de ses ouvrages ont été traduits en français, parmi lesquels L'Art en théorie et en action (L'Eclat, 1996).

GRENIER, Catherine, Lʼart contemporain est-il chrétien ?, Nîmes, Jacqueline Chambon, 2003.

Catherine Grenier développe ce qui apparaîtra à certains comme une provocation en commençant par une étude détaillée de cette nouvelle iconographie. L'homme y est réinterprété comme corps incarné, faible, en échec. Cette religion insiste sur l'ordinaire et l'accessible, elle est hantée par la dérision, la mort et le deuil. Après une modernité désincarnée proposant ses icônes majestueuses, on en revient à une image incarnée, une image d'après la chute. En profondeur, il se dit là un renversement des modèles de l'art lui-même : A Prométhée succède Sisyphe ou mieux le Christ souffrant, un homme sans modèle, sans lien, inscrit dans une condition humaine à laquelle il ne peut échapper. Les persuasives analyses de Catherine Grenier sont menées sur un large corpus d'œuvres d'artistes comme Hirst, Alys, Jankowski, Cattelan, Gordon, Rondinone, Wallinger, Pfeiffer, Taylor Wood, Kulig, Meese, Serrano, Sorin, Stoll, Wearing, Delvoye, Kersels, Guilleminot, Mac Queen, Billingham, Tuymans, Dumas, Ahtila, etc., etc.

GRENIER, Catherine, La revanche des émotions : essai sur lʼart contemporain, Paris, Edition du

Seuil, 2008.

L'art du XXIe siècle est né sous le signe de l'émotion : le pathos et le rire, les stimulations sensorielles et l'empathie sont aujourd'hui les modes d'adresse privilégiés par les artistes. Au travers d'une analyse très documentée de la scène artistique contemporaine, Catherine Grenier met en lumière le passage "du concept à l'affect" dont témoignent des œuvres qui réaniment les forces vives de la tragédie, du drame ou de la comédie. Enfants terribles de la modernité, héritiers de Goya et de Shakespeare, les artistes convoqués par l'auteur répondent aux pulsions dépressives de notre temps par une interpellation directe du spectateur. Le trauma, la Vanité, le grotesque, l'animalité, l'immaturité sont les zones d'exploration dans lesquelles l'art nous invite à renouer avec une forme de connaissance sensible : la connaissance pathétique.

JIMENEZ, Marc, La querelle de lʼart contemporain, Paris, Folio essais, 2005.

Dans cet essai, Marc Jimenez s'interroge sur la création artistique contemporaine. Une création sans cesse remise en question par ses détracteurs : controverses, polémiques, débats virulents traduisent une certaine perplexité, une désorientation des récepteurs de ces œuvres. Ainsi, tenter d'évaluer les normes d'évaluation et d'appréciation esthétiques s'avère plus que jamais nécessaire. Car si la modernité artistique a bouleversé les catégories traditionnelles, c'est sur le thème de la décadence de l'art contemporain que s'oriente la polémique depuis déjà de nombreuses années.

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JIMENEZ, Marc, L'esthétique contemporaine : tendances et enjeux, Paris, Klincksieck, 2004.

Les formes inédites de l'art contemporain, souvent provocatrices et parfois mal comprises par le public, sont certainement à l'origine du regain d'intérêt pour l'esthétique. Dès le XIXe siècle, celle-ci s'est trouvée confrontée aux soubresauts de la modernité artistique puis des avant-gardes et elle s'est forgée une terminologie propre, d'origine philosophique, qui n'est pas toujours familière aux non-spécialistes. Pour que le débat sur l'art actuel paraisse moins confus ou réservé aux seuls initiés, cet ouvrage expose les enjeux artistiques nés avec le XXe siècle et les principales questions auxquelles tente de répondre l'esthétique contemporaine. Marc Jimenez, philosophe et germaniste, est professeur à l'université de Paris I (Panthéon-Sorbonne). Il enseigne l'esthétique à l'UFR d'Arts plastiques et sciences de l'art où il dirige le Centre de recherches en esthétique théorique et appliquée. Il est le directeur de la Collection d'esthétique chez Klincksieck.

JOUANNAIS, Jean-Yves, Lʼidiotie : art, vie, politique, Paris, Beaux Arts éditions, 2003.

Depuis plus d'un siècle, les arts regorgent d'artistes qui jouent à faire les idiots. Des créateurs seuls et singuliers, ni vraiment clowns, ni tout à fait mystiques, qui ont fait le choix de ne pas être compris. J.Y Jouannais embrasse ici le destin d'artistes qui ont perdu en reconnaissance ce qu'ils ont gagné en spiritualité.

JOUANNAIS, Jean-Yves, Artistes sans œuvres : I would prefer not to, Paris, Verticales-Phase

deux, Gallimard, 2009. Catalogue raisonné et déraisonnable des artistes chez qui les œuvres sont « présentes partout et

visibles nulle part », ce large inventaire fait l'éloge a priori paradoxal d'un art qui n'existe qu'en creux, de créateurs qui n'en sont qu'à peine, comme autant d'avatars plus ou moins volontaires du fameux Bartleby.

KIHM Christophe, DURING Elie, JEANPIERRE Laurent, ZABUNIAN Dork, In actu, de lʼexpérimental

dans lʼart, Dijon, Les Presses du réel, 2009.

Un ensemble de textes inédits de vingt-six auteurs et artistes d'horizons divers pour redéfinir les pratiques expérimentales de la culture contemporaine, au croisement des sciences, des arts et des nouvelles technologies : un nouveau regard critique sur l'art et ses processus créatifs.

KIHM, Christophe, ALIZART, Mark, Fresh théorie, Paris, Editions Léo Scheer, 2005.

La pensée française des années 1970 a fait récemment un retour remarqué sous le nom de « French Theory ». Avec elle, avec Deleuze, Guattari ou Foucault, viennent ou reviennent aussi les auteurs et les disciplines qu’elle a inspirés dans le monde anglo-saxon : Judith Butler et les gender studies ou Paul Gilroy et les postcolonial studies. A l’heure où le climat politique se fait pesant, reviennent aussi la pratique révolutionnaire d’un Toni Negri, inspirée du marxisme hétérodoxe de Mai 68, et une critique des industries culturelles et de la société de consommation aux accents marcusiens. Que pouvons-nous faire de cette pensée qui a déjà plus de trente ans, dans un cas ; qui s’est développée sur un sol américain, dans l’autre ; à des époques et dans des contextes différents du nôtre ? Ses concepts n’ont-ils pas besoin d’être « rafraîchis », son voltage converti ? Telle est l’interrogation qui est à l’origine de ce livre. Le lecteur trouvera ainsi dans Fresh Théorie, développées par 35 auteurs, des nouvelles pensées du politique (« Communautés »), du corps (« Identités »), des formes (« Formes »), basées sur une nouvelle lecture du monde (« Mutations »), qui en passent parfois par la French Theory, parfois non, mais le plus souvent rafraîchissent la French Theory grâce à la French Theory elle-même.

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KIHM, Christophe, ALIZART, Mark, Fresh théorie II: black album, Paris, Editions Léo Scheer, 2006. KIHM, Christophe, ALIZART, Mark, Fresh théorie III : manifestations, Paris, Editions Léo Scheer,

2007. LACOSTE, Jean, La philosophie de l'art, Paris, Presses Universitaires de France, 2004.

Synthèse sur les différents systèmes philosophiques portant sur le beau, la création artistique, l'appréciation esthétique, l'imaginaire, etc.

LESCOURRET, Marie-Anne, Introduction à lʼesthétique, Paris, Flammarion, 2002.

En cinq chapitres : La relation esthétique ; La saveur et la faim ; Savoir et pouvoir ; Le champ artistique ; La correspondance des arts. Avec un glossaire critique sur des notions telles qu’abstraction, critère, empathie, génie, image ou sur des acteurs comme Dahlhaus, Duchamp, etc.

LESZEK, Brogowski, FRANGNE, Pierre-Henry, Ce que vous voyez est ce que vous voyez : tautologie et littéralité dans l'art contemporain, Rennes, PUF, 2009.

«Ce que vous voyez est ce que vous voyez» est la formule que le peintre américain Frank Stella a

utilisée en 1964 afin de justifier sa pratique picturale abstraite que les critiques de l'époque ont rapidement nommée «art minimal». Car il s'agissait, pour lui, d'inventer une nouvelle forme artistique qui réduisît l'œuvre à ses éléments les plus simples, les plus matériels et les plus visibles au point de n'être plus qu'une entité purement objectale ne s'identifiant qu'à elle-même. Par ce geste et cette formule, l'art minimal et littéraliste de Stella mais aussi de Robert Morris, de Carl Andre ou de Donald Judd rejetait d'un coup la définition traditionnelle de l'art comme imitation, expression, symbole ou métaphore à interpréter. Il impliquait aussi une radicale reconsidération de l'art et de son histoire à l'époque moderne (au moins depuis l'émergence de la photographie et de l'impressionnisme d'Édouard Manet) que ce livre collectif entend explorer. En nouant les discours de l'esthétique, de la critique, de la philosophie, de l'histoire de l'art et de l'art lui-même, l'ouvrage analyse les enjeux d'un moment important de l'art du XXe siècle. Profond à force de créer des surfaces seulement visibles, réflexif à force de vouloir réduire l'œuvre à une simple chose parmi les choses, «l'art minimal» - puis «l'art conceptuel» - nous interroge et nous inquiète au sujet de la nature, des opérations et de la fonction de l'art d'aujourd'hui. Leszek Brogowski et Pierre-Henry Frangne sont tous les deux enseignants-chercheurs en esthétique à l'université Rennes 2 Haute Bretagne.

MACEL, Christine, Le temps pris : le temps de l'œuvre, le temps à l'œuvre, Paris, Blou, Centre

Georges Pompidou, Monografik éditions, 2008.

Une analyse de la façon dont certains artistes reformulent l'expérience du temps dans leurs oeuvres et déploient de nouvelles stratégies par rapport à ceux des années 1960 et 1970. Mêlant théorie esthétique et scientifique et histoire de l'art, elle porte sur les oeuvres de R. Hains, P. Perreno, C. Wym Evans, J. Mancuska, M. Blazy, M. François, etc.

MANGION, Eric, DE BRUGEROLLES, Marie, LABELLE-ROJOUX, Arnaud, Ne pas jouer avec des

choses mortes, Dijon, Les Presses du réel, 2009.

A partir d'une série d'«objets» issus de performances réunissant une trentaine d'artistes internationaux, de Paul McCarthy à Jessica Warboys, Spartacus Chetwynd ou John Bock, ce catalogue rassemble de nombreux textes sur les pratiques performatives de 1960 à aujourd'hui. Quels que soient ses définitions,

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ses courants ou ses acteurs, l'histoire de la performance s'est construite entre ses premiers actes futuristes ou dadaïstes, jusqu'à la fin des années 1970, sur des principes quasi invariables liés au furtif et au fugitif, à l'éphémère, à l'action, au geste, à la parole, au public, mais surtout au corps qui en est l'essence et la base même. Tous ces paramètres apparaissent comme les garants d'un médium qui refuse par définition les formes esthétiques traditionnelles. De ce fait, la performance est en principe l'art de l'immatérialité.

MARCADE, Bernard, ll n'y a pas de second degré : remarques sur la figure de l'artiste au XXe

siècle, Nîmes, Jacqueline Chambon, 1999.

Les textes réunis ici tentent chacun à leur manière de dessiner les contours mouvants de la figure de l'artiste au XXe siècle. Ils tournent autour d'un paradoxe : l'artiste a beau se mettre à distance (critique, esthétique ou éthique) de ses objets-sujets de considération ou de prédilection, il reste immanquablement compromis avec eux.

MASSERA, Jean-Charles, Amour, gloire et CAC 40 : esthétique, sexe, entreprise, croissance, mondialisation et médias, Paris, P.O.L., 1999.

Certaines parties de ce livre reprennent dans des versions originales ou remaniées des textes ou des extraits publiés précédemment en revue (La lettre du cinéma, Art press...) ou dans des ouvrages collectifs et des catalogues (L'Intime, Bruce Nauman, Transit...)

MICHAUD, Yves, Critères esthétiques et jugement de gout, Paris, Hachette, 2005.

La situation contemporaine de l'art semble signifier la fin de tout critère esthétique et l'ère du " n'importe quoi ". À rebours de ce constat désenchanté ou cynique, Yves Michaud revient sur la définition de critères esthétiques pour montrer qu'on peut penser leur diversité et leur pluralité sans tomber dans un pur relativisme. En effet, nous apprécions les œuvres d'art en fonction de critères distincts, les uns techniques, les autres en rapport avec la thématique représentée, d'autres encore en fonction de références internes à l'histoire de l'art. Mais cette variété peut être explicitée et discutée. Nourrissant sa réflexion d'une fréquentation assidue du scepticisme de Hume, l'auteur retrouve l'esthétique du XVIIIe siècle pour donner un sens nouveau à la question du goût. Un ouvrage concis qui propose, avec une clarté rare, des clés pour la compréhension de la modernité et de la postmodernité. Yves Michaud, philosophe, dirige l'Université de tous les savoirs. Il est l'auteur de nombreux ouvrages de philosophie politique et esthétique, et s'est imposé comme l'un des principaux commentateurs de l'art contemporain. Il a déjà publié, dans la collection " Pluriel ", L'Art à l'état gazeux (2004).

MICHAUD, Yves, Lʼart à lʼétat gazeux, Paris, Hachette, 2004.

Le livre d’ Yves Michaud est construit autour d'un paradoxe. Nous vivons dans le monde du triomphe de l'esthétique. Tout est supposé être beau : les produits packagés, les corps du body-building, l'environnement protégé et préservé, la nourriture dans les assiettes ; même les cadavres sont emballés dans des housses plastique clean. Nous vivons dans un monde cosmétique. Mais ce triomphe de l'esthétique s'accomplit dans un monde vide d'œuvres d'art, au sens de ces objets rares, hyper valorisés, qu'on accrochait dans les musées et qu'on venait contempler religieusement. Les tableaux accueillent des fragments de papier peint ou de linoléum, des collages, des éléments de récupération, jusqu'au moment où il n'y aura plus du tout de tableau, au sens d'une surface colorée. Ce qui remplace l'œuvre ? Des happenings, des « installations », des « performances ». Ce n'est pas la fin de l'art et il n'y a pas lieu de crier au scandale. Mais c'est la fin du régime traditionnel de l'art, celui où il produisait des objets

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MOINEAU, Jean-Claude, L'art dans l'indifférence de l'art, Paris, PPT, 2001.

Jean-Claude MOINEAU a développé, dans les années 60, de nombreuses activités artistiques et « méta-artistiques » tournées notamment vers l’art processuel, le livre d’artiste, la poésie visuelle, l’event, la performance, le mail art, « l’art au-delà de l’art ». Puis, comme tant d’autres, dans le contexte des années post-soixante-huit, il a interrompu toute activité artistique. Contrairement, cependant, à beaucoup d’autres qui n’ont pas tardé à reprendre le chemin d’activités artistiques, Jean-Claude Moineau s’est toujours, depuis, refusé à reprendre, comme si de rien n’était, son activité artistique antérieure. Ce qui ne l’a toutefois pas empêché de continuer à être attentif à l’actualité de l’art et aux apories dans lesquelles celui-ci se débattait. Ce en quoi la démarche de Jean-Claude Moineau est restée, malgré tout, « méta-artistique », au sens de « ce qui traite (de façon critique) de l’art ». Depuis 1969 Jean-Claude Moineau enseigne la théorie de l’art à l’Université de Paris 8 tout en adoptant une « attitude » (au sens où Michel Foucault parle d’ « attitude de modernité ») à la fois prospective et critique sur l’art en train de se faire.

MOINEAU, Jean-Claude, Contre l'art global : pour un art sans identité, Maisons-Alfort, Ere, 2007.

L’art global n’est pas tant un art intégral qu’un art intégralement intégré, ayant -après l’échec de ce qu’il pouvait encore y avoir de velléité critique dans le postmodernisme et le constat que toute visée critique se trouve inexorablement absorbée par ceci même dont elle entend faire la critique- abandonné toute dimension critique qui supposerait un ailleurs, s’appliquant sans relâche à faire passer dorénavant toute ambition critique pour réactive.

MOISDON TREMBLEY, Stéphanie, Stéphanie Moisdon / Stéphanie Moisdon, Dijon, Les Presses

du réel, 2007.

On pourrait dire que ce livre traite de l'événement de la jouissance et de la mort de la critique, à moins que ce soit l'inverse. Il fait cohabiter des articles, des chroniques, des entretiens, des récits sur l'art, publiés entre 1987 et 2007. Il y est question du travail, du contrat, de la propriété, de la mutualité, de l'institution, de l'espace public, d'exposition, de projection, de représentation, du réel, du spectateur et de sa condition, du désir et de son économie, du passage du nom propre au nom commun. Il parle de ces noms qui sont ou ont été : John Armleder, Bless, Trisha Donnelly, Mehdi Belhaj Kacem, Gilles Châtelet, Guy Debord, de Rijke/de Rooij, Sylvie Fleury, Jean-Luc Godard, Dominique Gonzalez-Foerster, Douglas Gordon, Carsten Höller, Michel Houellebecq, Pierre Huyghe, Pierre Joseph, Joseph Kosuth, Jacques Lacan, Jean-François Lyotard, Olivier Mosset, Philippe Parreno, Tino Sehgal, Rirkrit Tiravanija, Jean-Luc Verna, Andy Warhol... et d'une Stéphanie Moisdon.

MOULENE, Claire, Art contemporain et lien social, Paris, Cercle dʼart, 2007.

Certains artistes contemporains œuvrent dans le sens d'une consolidation du lien social. Ils activent l'échange direct ou la réciprocité, initient de grands rassemblements ou créent des structures d'accueil, dans une démarche favorisant un mieux "être ensemble". D'autres élaborent des utopies qui interrogent et critiquent l'organisation sociale et son lot de frustrations.

NANCY, Jean-Luc, DURAND, Régis, Sans commune mesure : image et texte dans l'art actuel,

Paris, Léo Scheer, 2002.

Cet ouvrage est une réflexion autour des rapports sans commune mesure qu’entretiennent l’image et le texte dans l’art contemporain. Il est fondé sur trois expositions (qui ouvriront à partir du 11 septembre 2002) au Centre national de la photographie (Paris), au Fresnoy Studio national des arts contemporains (Tourcoing) et au Musée d’art moderne Lille Métropole (Villeneuve d’Ascq). Il rassemble des textes de Régis Durand, Savine Faupin, Alain Fleischer, Charles Harrison, Jean-Luc Nancy et Jean-Pierre Rehm et comporte de nombreuses illustrations d’œuvres d’une soixantaine

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d’artistes dont Art & Language, Claude Closky, Walker Evans, Robert Filliou, Robert Frank, Jean-Luc Godard, Gary Hill, Barbara Kruger, Ken Lum, Michael Snow, Lawrence Weiner... À travers un entrecroisement de points de vue de commissaires d’expositions, critiques et théoriciens, Sans commune mesure traite de la multiplicité et de la complexité des relations entre les images et les textes dans l’art contemporain. Il a pour objectif d’instruire cette thématique texte-image à travers de nouveaux regards et l’iconographie des expositions. Régis Durand, l’initiateur du projet commun d’expositions, pose le sujet. C’est parce que l’image appartient bel et bien à un ordre différent, sans commune mesure avec le langage, que le rapport texte-image-cellule fondamentale de la communication - apparaît comme le premier dispositif multimédia. C’est dans un espace mince comme une feuille que Jean-Luc Nancy oscille entre le recto du texte (sa signification) et le verso de l’image (sa représentation) et vice-versa. De Picasso à Pierre Huyghe, en passant par l’art conceptuel, Savine Faupin nous propose un parcours de son exposition. Charles Harrisson, lui, confronte la faillite du Modernisme en cette fin des années soixante à l’émergence de l’art conceptuel, cet art d’écriture ou cette écriture comme art. Pour Alain Fleisher, si les mots éclairent l’image, une fois déterminée, elle n’en continue pas moins de briller par elle-même. Et enfin, c’est tout au long d’une course-poursuite » que se livrent les images qui défilent et la voix off dans le film de Marguerite Duras Les mains négatives que Jean-Pierre Rehm interroge le rapport texte-image.

NEGRI, Toni, Art et multitude : neuf lettres sur l'art, Paris, EPEL, 2005.

Cet ouvrage se présente sous forme de lettres fictives de T. Negri à des amis. L'auteur s'interroge sur la place de l'art dans le monde actuel. Dominé par la globalisation et la saturation du capitalisme, l'art comme le travail sont devenus abstraits. Le désir d'expression artistique est partout présent quand la multitude agit de manière créative.

OʼDOHERTY, Brian, White cube : l'espace de la galerie et son idéologie, Zurich, JRP-Ringier,

2008.

Les quatre essais que Brian O'Doherty publia entre 1976 et 1981 et qui furent regroupés sous le titre collectif de Inside the White Cube. The Ideology of the Gallery Space constituent l'une des plus belles boîtes à outils dont disposent aujourd'hui artistes, critiques, curateurs et collectionneurs. Le «cube blanc» est ainsi devenu, à travers le monde, titre d'expositions, nom de galeries et l'un des topiques les plus répandus de l'art contemporain.

ONFRAY, Michel, Archéologie du présent : manifeste pour une esthétique cynique, Paris, Adam Biro, 2003.

L'art contemporain, qui occupe une place de plus en plus importante dans la vie culturelle et sociale (musées, expositions événements, aide accrue des pouvoirs publics), est aussi au cœur d'un débat, la plupart du temps en termes très polémiques. Après Jean Clair, Yves Michaud, Philippe Dagen bien d'autres, le philosophe Michel Onfray apporte sa contribution à cette « querelle des Modernes», mais il le fait ici dans un esprit très nouveau. S'il reprend à son compte, avec beaucoup de talent et d'énergie certaines des critiques faites habituellement à l'art contemporain narcissisme, hermétisme culte de la laideur, infantilisme, provocation tournant à vide, arrogance des « experts », il refuse la condamnation de principe, à ses yeux purement réactionnaire et conservatrice. L'art contemporain ne doit pas être vu, et rejeté, comme un bloc homogène des artistes s'y distinguent, grenant un travail échappant à ces critiques. Loin de toute nostalgie d'un art figé, idéalisé, Michel Onfray donne une approche vivante politiser de certaines œuvres en cours, et parie sur leur postérité. Avec des artistes comme Gustav von Hagens, Wim Delvoye, Hans Haacke Panamarenko ou Orlan, pour citer qu'eux, se dessine une cartographie nouvelle de l'art contemporain l'essai de Michel Onfray, sorte de fil d'Ariane dans le labyrinthe des créations contemporaines, propose des critères de jugement et réinscrit des œuvres encore énigmatiques et très novatrices, dans l'histoire de l'art.

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PONTBRIAND, Chantal, Fragments critiques 1978 – 1998, Nîmes, Jacqueline Chambon, 1998.

Chantal Pontbriand, critique d'art et commissaire, est directrice-fondatrice de la revue d’art contemporain Parachute. Après avoir étudié l'histoire de l'art, la littérature comparée et l'administration de l'art à l'Université du Québec à Montréal, elle suit les séminaires de Louis Marin et de Jean-François Lyotard à Montréal, ce qui la marque profondément. Elle commence son activité de critique et de commissaire alors qu'elle est encore étudiante. Après avoir collaboré à diverses revues

canadiennes et étrangères, dont Artscanada, Vie des Arts et Flashart, elle fonde Parachute en 1975.

RANCIERE, Jacques, Le partage du sensible : esthétique et politique, Paris, La Fabrique, 2000.

Au-delà des débats sur la crise de l’art ou la mort de l’image qui rejouent l’interminable scène de la fin des utopies », le présent texte voudrait établir quelques conditions d’intelligibilité du lien qui noue esthétique et politique. Il propose pour cela d’en revenir à l’inscription première des pratiques artistiques dans le découpage des temps et des espaces, du visible et de l’invisible, de la parole et du bruit, qui définit à la fois le lieu et l’enjeu de la politique. On peut alors distinguer des régimes historiques des arts comme formes spécifiques de ce rapport et renvoyer les spéculations sur le destin fatal ou glorieux de la « modernité » à l’analyse d’une de ces formes.

RANCIERE, Jacques, Malaise dans l'esthétique, Paris, Galilée, 2004.

On accusait hier l'esthétique de dissimuler les jeux culturels de la distinction sociale. On voudrait aujourd'hui délivrer les pratiques artistiques de son discours parasite. Mais l'esthétique n'est pas un discours. C'est un régime historique d'identification de l'art. Ce régime est paradoxal, car il ne fonde l'autonomie de l'art qu'au prix de supprimer les frontières séparant ses pratiques et ses objets de ceux de la vie ordinaire et de faire du libre jeu esthétique la promesse d'une révolution nouvelle. L'esthétique n'est pas politique par accident mais par essence. Mais elle l'est dans la tension irrésolue entre deux politiques opposées : transformer les formes de l'art en formes de la vie collective, préserver de toute compromission militante ou marchande l'autonomie qui en fait une promesse d'émancipation.

RANCIERE, Jacques, Le spectateur émancipé, Paris, La Fabrique, 2008.

« Celui qui voit ne sait pas voir » : telle est la présupposition qui traverse notre histoire, de la caverne platonicienne à la dénonciation de la société du spectacle. Elle est commune au philosophe qui veut que chacun se tienne à sa place et aux révolutionnaires qui veulent arracher les dominés aux illusions qui les y maintiennent. Pour guérir l aveuglement de celui qui voit, deux grandes stratégies tiennent encore le haut du pavé. L une veut montrer aux aveugles ce qu’ils ne voient pas: cela va de la pédagogie explicatrice des cartels de musées aux installations spectaculaires destinés à faire découvrir aux étourdis qu’ils sont envahis par les images du pouvoir médiatique et de la société de consommation. L autre veut couper à sa racine le mal de la vision en transformant le spectacle en performance et le spectateur en homme agissant. Les textes réunis dans ce recueil opposent à ces deux stratégies une hypothèse aussi simple que dérangeante : que le fait de voir ne comporte aucune infirmité ; que la transformation en spectateurs de ceux qui étaient voués aux contraintes et aux hiérarchies de l action a pu contribuer au bouleversement des positions sociales ; et que la grande dénonciation de l homme aliéné par l excès des images a d abord été la réponse de l ordre dominant à ce désordre. L’émancipation du spectateur, c est alors l affirmation de sa capacité de voir ce qu’il voit et de savoir quoi en penser et quoi en faire. Les interventions réunies dans ce recueil examinent, à la lumière de cette hypothèse, quelques formes et problématiques significatives de l art contemporain et s efforcent de répondre à quelques questions : qu’entendre exactement par art politique ou politique de l art ? Où en sommes-nous avec la tradition de l art critique ou avec le désir de mettre l art dans la vie ? Comment la critique militante de la consommation des marchandises et

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des images est-elle devenue l affirmation mélancolique de leur toute-puissance ou la dénonciation réactionnaire de l « homme démocratique » ?

ROSENKRANZ, Karl, Esthétique du laid, Belval, Circé, 2004.

Analyse la controverse actuelle autour de l'esthétique et de sa légitimité en tant que pratique philosophique à identifier l'art et à penser le sensible. Et étudie l'évolution de la place que prennent simultanément la politique et l'éthique dans cette pratique.

RUBY, Christian, Devenir contemporain ? La couleur du temps au prisme de lʼart, Paris, Edition du Félin, 2007.

Que signifie être contemporain de quelqu'un ou de quelque chose ? " L'artiste est fils de son époque, mais pas son disciple. " Voilà ce que notait Friedrich von Schiller dans ses Lettres sur l'éducation esthétique de l'homme (1794-1795), voilà le point de départ d'une méditation sur la beauté moderne et ses perspectives. Historiens de l'art et philosophes retournent sans cesse le même sablier de la réception, inversent l'angle de pensée, défendent une position contre une autre. Le résultat ? C'est un paradoxe. La profondeur critique s'est développée à la même vitesse que la confusion dans les esprits. Il est urgent de penser à nouveau - et c'est ici le travail pertinent de Christian Ruby - le rapport de l'individu à l'art et à son époque. De penser vraiment la création et de renouer avec une forme intelligente d'engagement.

SEMIN, Didier, LʼAtlantique à la rame : humeurs et digressions, Genève, MAMCO, 2009.

Historien de l'art, essayiste, conservateur de musée ou professeur, Didier Semin est peut-être avant tout un regard (don d'acuité cruelle et sens du point de vue) servi par un ton d'une rare élégance et d'une inimitable drôlerie, une culture savante et curieuse tempérée par une indépendance d'esprit que n'impressionne plus aucune autorité.

SEMIN, Didier, La piste du hérisson, Nîmes, Jacqueline Chambon, 2004.

STERCKX, Pierre, Impasses et impostures en art contemporain, Paris, Anabet éditions, 2008.

Sur quelles bases théoriques s'appuyer aujourd'hui pour séparer les excitations de la mode de ce qui fera événement dans l'art contemporain ? Les concepts d'« histoire », de « mouvement », « style » ou « école » ont volé en morceaux. C'est dans ce méli-mélo actuel que Pierre Sterckx passe au crible quelques grandes stars du marché international : des reliquaires de Damien Hirst à l'illustratif et matiériste Anselm Kiefer, de l'anamorphose visqueuse de Garouste jusqu'à la déferlante chinoise illustrée par l'artiste Wang Du... L'auteur ne prétend pas ajouter sa voix à la sinistre chorale qui multiplie les discours d'exécration à l'égard de l'art contemporain mais plutôt à pister, démonter scientifiquement ce qu'il croit être des impostures et des impasses.

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STERCKX, Pierre, Les plus beaux textes de l'histoire de l'art, Boulogne-Billancourt, Beaux arts éditions, 2009.

Des grottes de Lascaux révélées par Georges Bataille aux dessins de Cy Twombly décryptés par Roland Barthes, écrivains, philosophes, poètes, historiens de l'art ont pris la plume pour éclairer les œuvres et les artistes qui les inspirèrent. Ainsi, Diderot dévoile Chardin, Zola et Mallarmé défendent Manet, Rilke rend hommage à Rodin, Arasse réinterprète la Joconde. Articles de presse, comptes rendus de Salons, poèmes, extraits de romans, essais, la critique d'art s'écrit de mille façons. Cette anthologie illustrée propose un florilège de 70 chefs-d’œuvre qui ont fasciné les grands auteurs et constitue une nouvelle histoire de la critique. Sélectionnés et commentés par Pierre Sterckx, illustrés par l'œuvre décrite, ces morceaux choisis célèbrent les noces de l'art et de la littérature.

ROCHLITZ, Rainer, Lʼart au banc dʼessai : esthétique et critique, Paris, Gallimard, 1998.

Arguant de la relativité des goûts et des plaisirs, une esthétique libérale entend prendre simplement acte du différend des jugements, tous par nature individuels et subjectifs. Rarement, pourtant, s'est fait à ce point sentir le besoin de critiquer, de juger, de sélectionner. R. Rochlitz nous invite à réinventer l'esthétique ; il montre notamment la complémentarité entre esthétique et critique.

SOURIAU, Etienne, Vocabulaire d'esthétique, Paris, Presses Universitaires de France, 2004.

Plus de 2.000 termes constituent les entrées de ce vocabulaire. De nombreux renvois complètent les articles. Contient un index des écoles et mouvements artistiques ainsi qu'une liste des articles traités.

SZEEMANN, Harald, Quand les attitudes deviennent forme : œuvres, concepts, processus, situations, Kunsthalle Bern, 1969.

Szeemann entreprend une carrière de commissaire d'exposition indépendant au niveau international à partir de son exposition « Quand les attitudes deviennent forme » (When attitudes becomes form : live in your head, Berne, 1969) où il expose, entre autres parmi les 69 participants, son ami Joseph Beuys, Richard Serra, Michelangelo Pistoletto, Sarkis ou encore Lawrence Weiner. L'exposition fait date et marque la reconnaissance du processus de création comme partie intégrante de l'œuvre d'art.

TRON, Colette, DURING, Elie, MONDZAIN, Marie-José, Esthétique et société : actes, Paris, L'Harmattan, 2009. Série de conférences sur les modes d'expression en cours pour "actualiser, transformer, critiquer, renouveler les questionnements esthétiques". Les textes étudient l'industrie culturelle, l'apport des appareils techniques dans la création ou le monde de l'image.

TRONCY Eric, Le colonel Moutarde dans la bibliothèque avec le chandelier (textes de 1985 – 1998), Dijon, Les Presses du réel, 1998. Le Colonel Moutarde dans la bibliothèque avec le chandelier regroupe une trentaine de textes écrits par Éric Troncy entre 1988 et 1998. Au fil de ces dix années, l’auteur esquisse une approche originale du champ artistique, entre histoire et sociologie, et porte un regard particulièrement incisif sur l’événement exposition. Une observation exigeante et passionnée de la production des artistes fonde cette analyse, qui définit aussi les modalités contemporaines d’apparition de l’œuvre.

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TRONCY Eric, Le docteur Olive dans la cuisine avec le revolver - Monographies et entretiens

1989 -2002, Dijon, Les Presses du réel, 2002.

Eric Troncy livre ici (après Le colonel Moutarde...) un florilège des monographies et entretiens consacrés aux artistes de notre époque. Plus que le portrait d'une génération d'artistes, c'est toute une philosophie de l'activité contemporaine qui s'esquisse en filigrane, et dont l'auteur n'épargne jamais le récit des travers et aberrations qui font aussi son identité.

VIRILIO, Paul, Esthétique de la disparition, Paris, Galilée, 1989.

Si la vitesse c'est la lumière, alors le semblant c'est le mouvant. L'auteur s'interroge ici sur les perceptions inconscientes, sur la vraisemblance des images et sur les manipulations cinématiques dont elles sont l'objet.

VON DRATHEN, Doris, Vortex of silence: proposition for an art criticism beyond aesthetic categories, Milan, Charta, 2004.

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> Théories de l’art contemporain Sociologie/ économie de l’art BECKER, Howard S, Les mondes de l'art, Paris, Flammarion, coll. Champs Arts, 2006.

Howard S. Becker analyse la production de toute œuvre d'art comme une action collective. L'artiste est au centre d'une chaîne de coopération liant tous ceux qui, à des titres divers, concourent à l'existence de l'œuvre. Il se réfère à des créateurs du passé ou de son temps; il mobilise des fabricants de matériels, des collaborateurs, des intermédiaires diffusant l'œuvre, des critiques et des théoriciens, des fonctionnaires pour soutenir ou censurer l'activité créatrice, des publics. Tous agissent sur la base de conventions communes qui s'incarnent dans des savoirs, des techniques, des habitudes de travail, des catégories de perception. L'œuvre apparaît ainsi dans le mouvement de sa genèse matérielle et cognitive : elle est empreinte des multiples décisions et interprétations qui font du " monde de l'art " tout entier son " auteur ". Les Mondes de l'art compte parmi les contributions les plus originales au développement de la sociologie de l'art.

BECKER, Howard S, Comment parler de la société : Artistes, écrivains, chercheurs et

représentations sociales, Paris, La Découverte, 2009.

S'appuyant sur sa longue expérience d'enseignant et de chercheur, le sociologue Howard S. Becker traite des différentes représentations de la société. Il met au jour et questionne les conditions de production et de réception de ces représentations, qu'il s'agisse de graphiques, de tableaux statistiques, de cartes routières, de modèles mathématiques, de photographies, de pièces de théâtre, d'enquêtes sociologiques ou de romans. En une série d'études passionnantes, l'auteur se demande et nous demande, non sans humour, comment parler de la société.

CHATEAU, Dominique, Quʼest ce quʼun artiste ?, Rennes, PUF, 2008.

Insaisissable artiste...Il semble, en effet, fuir toute définition. Son rôle social affiche une prétention à l'exception, il incarne une posture humaine qui ruse avec toute normalisation, et il prétend rechercher une singularité qui ne souffre de se fixer qu'en s'inventant à chaque instant. Or, cet état à la fois de plénitude et d'ambiguïté correspond à un moment très précis de l'histoire. Avant, le type de l'artiste s'est formé au rythme de la spécialisation de son activité, après, à l'ère postmoderne, il semble subir une crise qui fait peser un doute sur sa persistance. Il s'agit, dans ce livre, de retracer la courbe de cette évolution : la montée progressive de la maturation de la posture d'artiste, jusqu'à l'apogée de l'artiste-roi, puis sa chute, sinon attestée, du moins annoncée. Soit, entre le presque-artiste et le post-artiste, le plein-artiste qui, outre d'avoir régné, est le fantasme que visa le premier et continuera de hanter le second. Dominique Château est professeur d'esthétique à l'université Paris Ier Panthéon-Sorbonne. Il a publié notamment : L'art comme fait social, L'Harmattan, 1998 ; L'Héritage de l'art. Imitation, tradition et modernité, L'Harmattan, 1998 ; Duchamp et Duchamp, l'Harmattan, 1999 ; Arts plastiques : archéologie d'une notion, Jacqueline Chambon, 1999 ; Qu'est-ce que l'art ? L'Harmattan, 2000 ; Cinéma et philosophie, Nathan, 2003.

DUCRET, André, L'art pour objet : Travaux de sociologie, Paris, La Lettre volée, 2006.

Comprendre, pour le sociologue, c'est remonter de l'œuvre à l'acte, du produit au procès, de l'art déjà fait à l'art en train de faire en replaçant l'activité artistique dans son contexte de production, de diffusion et de réception. Issus d'enquêtes empiriques comme de recherches en bibliothèque, les textes que réunit ce recueil sont autant de tentatives de remplir ce vaste programme sans cesse amendé et disputé par la tradition sociologique. De la question de l'écriture pour Piet Mondrian au rôle de l'artiste dans l'espace public, de la problématique de l'industrie culturelle selon Theodor

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Adorno à celle du polythéisme des valeurs, d'une querelle savante autour de l'objet et de la méthode en sociologie de la musique à la polémique publique suscitée par un concours d'embellissement controversé, ces travaux s'inscrivent depuis une décennie au cœur du débat qui anima aujourd'hui la sociologie des arts sur ses frontières, ses méthodes et ses résultats. André Ducret enseigne la sociologie des arts et de la culture ainsi que l'histoire de la pensée sociologique à l'université de Genève. Il est l'auteur de Mesures. Etudes sur la pensée plastique (Bruxelles, la Lettre volée, 1990) ; L'Art dans l'espace public. Une analyse sociologique (Zurich, Seismo, 1994) et Architecte en Suisse. Enquête sur une profession en chantier (Lausanne, PPUR, 2003).

FAURE, Sylvia, TRALONGO, Stéphanie, Le travail artistique, Paris, L'Harmattan, 2004.

Les articles analysent les logiques à l'œuvre dans la création artistique. A travers la musique, le théâtre ou le cinéma, ils montrent que l'art connaît une dimension socialisatrice permettant au créateur de se réaliser et de se construire une identité.

HEINICH, Nathalie, Etre artiste, les transformations du statut des peintres et des sculpteurs, Paris, Klincksieck, 2005.

Les peintres et les sculpteurs n'ont pas toujours occupé la même place dans la société : conditions de travail, statut juridique, encadrement institutionnel, position hiérarchique, fortune, mode de vie, notoriété, critères d'excellence, et même caractère ou aspect physique ont considérablement changé au cours des siècles, du Moyen Âge à aujourd'hui. C'est l'ensemble de ces différentes caractéristiques qui forme leur « statut » : celui-ci englobe donc non seulement les conditions matérielles de leur activité, mais aussi les représentations qui y sont associées, ainsi que la dimension symbolique des significations du mot « artiste ». Cette investigation relève donc autant d'une anthropologie de la notion d'artiste que d'une sociologie ou d'une histoire sociale de l'art.

HEINICH, Nathalie, L'élite artiste, Excellence et singularité en régime démocratique, Paris, Gallimard, Bibliothèque des sciences humaines, 2005.

Ici, la sociologue s’intéresse à la place de l’artiste au sein du régime démocratique français. Partant de l’analyse historique de la genèse de la figure de l’artiste après la Révolution comme être tout-puissant, aussi prestigieux que les membres les plus éminents de la société, malgré leur naissance souvent modeste et leur absence de fortune personnelle. D’une aristocratie l’autre ? D’une certaine manière, oui, l’aristocratie des artistes s’affirmant non plus par la qualité de son sang mais par la singularité de ses comportements et de ses créations. Écrivains, auteurs dramatiques, musiciens, peintres, autant d’arpenteurs des marges devenus, par la magie de l’art, de véritables héros de la société…Comment ce phénomène s’est-il développé jusqu’à aujourd’hui et comment l’expliquer ?

HEINICH, Nathalie, Faire voir : l'art à l'épreuve de ses médiations, Paris, Les impressions nouvelles, 2009.

Les professionnels de l'art, qu'ils soient experts, critiques, conservateurs ou commissaires d'expositions, contribuent à faire sortir les œuvres des ateliers et à les exposer. L'auteure, sociologue du CNRS, revient sur les valeurs et les représentations des décisions d'achats par les conservateurs ou sur les arguments utilisés par les critiques pour qualifier une œuvre.

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HILLAIRE, Norbert, Lʼartiste et lʼentrepreneur, Colloque, 2005, Nice, Université Sophia Antipolis, Saint Etienne, Cité du design, 2008.

Ensemble de réflexions sur la façon dont le monde de l'entreprise, au-delà de la question du mécénat, imprègne le monde de la création artistique, non seulement dans ses formes de production et de diffusion, mais aussi l'œuvre elle-même, dans ses langages et ses matériaux. Il s'agit aussi de se demander, en retour, dans quelle mesure le monde de l'art infiltre celui de l'entreprise.

HUITOREL, Jean-Marc, Art et économie, Paris, Cercle dʼart, 2008.

L'art s'intéresse à l'économie autant que l'économie s'intéresse à l'art. Toutefois, plus que d'économie de l'art (le marché), il sera question ici de la manière dont les artistes, au cours de ces trente dernières années, se sont appropriés la réalité économique. Comment se fait-il, en effet, qu'ils soient si nombreux à représenter cette activité par les moyens de la photographie, de la vidéo, de la peinture et de la sculpture mêmes, de l'installation également ? D'où vient ce désir des artistes de fonder des entreprises, fictives ou bien réelles : de mimer à leur manière, critique ou amusée, cet aspect central de l'activité humaine ? Si l'art se fonde sur la propension toute spécifique à lire, à comprendre et à donner à voir ce monde que nous partageons pour le meilleur et pour le pire, alors l'économie, qui fonde une large part du monde, ne pouvait que se soumettre au questionnement des artistes.

IVENS, Maria, Le peuple-artiste, cet être monstrueux : la communauté des pairs face à la communauté des génies, Paris, L'Harmattan, 2002. L’auteur s’attache à construire et à penser la notion d’artiste en conciliant l’homme ordinaire et le génie que la modernité avait rendus contradictoires. L’individu exceptionnel proposé par l’histoire de l’art contredit les populations d’artistes dont les documents d’archives gardent le témoignage. Le retour aux sources de la modernité rétablit le lien légitime entre la " population " et l’" exception ", et ce par le croisement des deux termes. L’artiste se révèle alors comme une métaphore, un signifiant (le génie), renvoyant à un autre signifiant (le peuple) dont il faut exprimer la soudure.

MENGER, Pierre-Michel, Le travail créateur : S'accomplir dans l'incertain, Paris, Gallimard / Seuil,

coédition EHESS, 2009.

La création est un acte de travail. Depuis l'élaboration de l'œuvre jusqu'à l'organisation des activités en marchés, en professions, en relations d'emploi et en dispositifs d'évaluation, un même principe régulateur agit: l'activité créatrice est de part en part fécondée par l'incertitude. Le travail n'est gratifiant pour l'artiste que si son déroulement demeure surprenant. Les professionnels, les critiques et les publics procèdent à d'incessantes comparaisons pour identifier les qualités des artistes et des œuvres, faute de savoir comment déterminer leur valeur absolue. Les marchés gèrent par la surproduction la recherche de l'originalité profitable. Cet ouvrage met en place un cadre théorique d'analyse de l'action en horizon incertain, puis l'applique aux arts. Des différences considérables de succès peuvent-elles résulter de différences minimes de talent? La catégorie du génie est-elle soluble dans la critique sociologique? Pourquoi les inégalités présentent-elles le même profil dans les arts et dans les sciences? Si l'offre augmente toujours plus vite que la demande, faut-il conclure que les artistes sont les funambules du déséquilibre, et que les mondes artistiques gagent leur développement sur les paris de ces "fous rationnels"? Avec quelles contreparties? Comment le principe d'incertitude gouverne-t-il l'action culturelle publique? Comment une œuvre peut-elle être admirée pour son inachèvement?

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MENGER, Pierre-Michel, Profession artiste, Extension du domaine de la création, Paris, Textuel, coll. Conversations pour demain, 2005.

La fameuse querelle de l’argentier et du saltimbanque a fait l’objet d’une énième mise en scène à l’été 2003 avec la grève des intermittents, réglée par l’absurde puisqu’on ne joua pas… Les spectateurs étaient sommés de choisir leur camp entre la défense de la « Culture »… ou celle des comptes sociaux. Refusant ce manichéisme, Pierre-Michel Menger nous adresse ici un tout autre discours. Son propos : lutter contre les idées reçues et les conservatismes de tout poil, qu’ils tentent de faire du financement de la culture un sanctuaire intouchable sous peine d’excommunication ou qu’ils stigmatisent des professions artistiques jugées privilégiées et vaguement paresseuses. Pour sortir de l’idéologie, Pierre-Michel Menger nous invite à comprendre ces réactions épidermiques comme l’aveu d’une myopie vis-à-vis d’un monde en pleine mutation. Un monde où le travail artistique se banalise en revêtant les caractéristiques de la flexibilité salariale et entrepreneuriale et où les notions de créativité et de travail expressif se répandent dans le monde salarial conventionnel.

MENGER, Pierre-Michel, Du labeur à l'œuvre : Portrait de l'artiste en travailleur, Paris, Seuil, coll.

La république des idées, 2003. Derrière la scène, l’écran ou la toile, il y a des hommes et des femmes au travail : des chanteurs, des acteurs, des peintres, des musiciens, des metteurs en scène, des réalisateurs qui gagnent leur vie. À quel prix ? Avec quels risques et quelles contraintes ? Quels sont les bons critères économiques lorsqu’on s’intéresse à la création, c’est-à-dire à des objets par définition uniques et singuliers ? Comment sécuriser les trajectoires professionnelles des créateurs ? C’est cet envers du décor qu’explore Pierre-Michel Menger. Tel qu’il le raconte, le monde artistique est à la fois singulier et exemplaire. Singulier parce que caractérisé par une multiplicité de risques sans équivalent dans les autres professions. Exemplaire parce qu’il pose des questions qui sont celles du monde du travail dans son ensemble aujourd’hui. Et si l’économie du monde artistique était la forme la plus aboutie du nouveau capitalisme ?

MENGER, Pierre-Michel, Portrait de l'artiste en travailleur : métamorphoses du capitalisme, Paris, Seuil, 2002.

Le temps n'est plus aux représentations héritées du XIXe siècle [...].Dans les représentations actuelles, l'artiste voisine avec une incarnation possible du travailleur du futur, avec la figure du professionnel inventif, mobile, indocile aux hiérarchies, intrinsèquement motivé, pris dans une économie de l'incertain, et plus exposé aux risques de la concurrence interindividuelle et aux nouvelles insécurités des trajectoires professionnelles. Comme si, au plus près et au plus loin de la révolution permanente des rapports de production prophétisée par Karl Marx, l'art était devenu un principe de fermentation du capitalisme. Comme si l'artiste lui-même exprimait à présent, avec toutes ses ambivalences, un idéal possible du travail qualifié à forte valeur ajoutée.

MOULIN, Raymonde, Le marché de l'art : Mondialisation et nouvelles technologies, Paris,

Flammarion, coll. Champs Arts, réédition 2009.

La constitution des valeurs artistiques s'effectue à l'articulation du champ artistique et du marché. Dans le champ artistique s'opèrent et se révisent les évaluations esthétiques ; dans le marché se réalisent les transactions et s'élaborent les prix. Alors qu'ils ont chacun leur propre système de fixation des valeurs, ces deux réseaux entretiennent des relations d'étroite interdépendance. Face aux transformations économiques et artistiques à l'œuvre depuis la fin du XX' siècle, les marchés de l'art classé - ancien et moderne - et le marché de l'art contemporain doivent relever de nouveaux défis. Quels effets la mondialisation des échanges et des réseaux a-t-elle sur le marché de l'art? Quels effets exercent les nouveaux supports impliquant la démultiplication et la dématérialisation des œuvres?

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MOULIN, Raymonde, L'artiste l'institution et le marché, Paris, Flammarion, nouvelle réédition 2009.

L'« art contemporain », parallèlement à son institutionnalisation et à son entrée fracassante dans les circuits académiques, suscite de nombreuses controverses entre les différents « spécialistes » (historiens d'art, critiques d'art, conservateurs de musées, marchands d'art, sociologues...). Ce phénomène (de société), qui est loin d'être exclusif à notre époque, se situe au cœur de la réflexion de Raymonde Moulin dans son ouvrage L'artiste, l'institution et le marché. Dans un monde sans cesse redéfini par ses mutations rapides, qualifié de bouleversé (et bouleversant), il importait à cette sociologue (historienne de formation), de se pencher sur la production artistique, sphère de prédilection desdites mutations. En abordant successivement, les différentes modalités de construction des valeurs esthétiques, les mécanismes du marché de l'art, les paramètres de définition d'un groupe social des artistes, Raymonde Moulin se propose de redéfinir, ou du moins d'éclaircir, ce que nous pouvons appeler, de manière générale (donc imprécise et arbitraire), le « monde de l'art ».

MOULIN, Raymonde, Sociologie de lʼart, colloque, Marseille, 13-15 juin, Paris, Montréal (Québec),

L'Harmattan, 1999.

Une quarantaine de chercheurs de nationalités, de générations et d'écoles de pensée différentes proposent leurs réflexions sur les deux grands sujets suivants : politiques et institutions culturelles ; professions artistiques et marchés de l'art.

MOUREAU, Nathalie, SAGOT-DUVAUROUX Dominique, Le marché de lʼart, Paris, Editions La Découverte, 2010.

En novembre 2006, un tableau de Jackson Pollock, toile n°5 1948, atteignait le prix record de 140 millions de dollars. En septembre 2008, Damien Hirst court-circuitait les galeries et proposait directement aux enchères 218 de ses œuvres. Au final ? Un chiffre d'affaires de 120 millions de dollars. Entre janvier 2004 et 2009, la cote des artistes chinois s'est accrue de 416%. Par quelle alchimie un morceau de toile, une installation peuvent-ils valoir plusieurs millions d'euros ? Contrairement aux biens usuels, pour lesquels la valeur dépend de caractéristiques essentiellement techniques, la valeur d'une oeuvre d'art contemporain résulte d'un jeu complexe d'interactions entre différents acteurs : artistes, galeries, conservateurs, commissaires d'exposition, collectionneurs, critiques, dont les actions et les choix sont perçus comme autant de signaux attestant de la qualité de l'oeuvre. Le talent, bien sûr, mais aussi le hasard et les stratégies se mêlent pour donner naissance à des hiérarchies de valeurs, qui font in fine l'objet d'un relatif consensus. Cet ouvrage propose de décrypter les rouages d'un marché généralement considéré comme le temple de l'irrationalité. Nathalie Moureau est maître de conférences à Montpellier III et membre du Lameta (Montpellier I). Elle a publié L'Incertitude dans les théories économiques (avec D. Rivaud-Danset, " Repères ", 2004). Dominique Sagot-Duvauroux est professeur à l'université d'Angers et directeur du GRANEM (UMR-MA n° 49). Il a publié L'Economie des fusions et acquisitions (avec N. Coutinet, " Repères ", 2003). Spécialisés en économie de la culture, ils ont publié ensemble de nombreux articles et ouvrages sur le marché de l'art.

NICOLAS-LE STRAT, Pascal, Une sociologie du travail artistique : artistes et créativité diffuse,

Paris, L'Harmattan, 1998.

En quels termes juger l'art lorsque les pratiques sont devenues si multiples et les créateurs si nombreux ? L'entrée de l'art dans une dimension de masse pose de nombreux enjeux démocratiques. L'idée de démocratisation culturelle convenait tant que l'art relevait encore d'une culture savante qu'il s'agissait de diffuser dans le peuple. Face à cette vision élitiste, ce livre réfléchit à l'idée d'une démocratie culturelle.

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PEQUIGNOT, Bruno, ANCEL, Pascale, Une représentation sociale du temps : étude pour une sociologie de l'art, Paris, L'Harmattan, 1996.

Cette étude s'intéresse aux représentations du temps telles qu'elles sont mises en scène dans une pratique artistique contemporaine : l'installation. L'auteur nous montre à partir du croisement de plusieurs exemples issus de pratiques sociales différentes (sciences, travail, etc.) que le temps est une catégorie de pensée socialement et historiquement construite, qui structure notre expérience. Elle précise en particulier comment l'oeuvre d'art au même titre que la religion, le travail, etc. peu être un objet et un outil de connaissance de ce qui structure la vie sociale.

SAINT JACQUES Camille, Artiste, et après ?, Nîmes, Editions Jacqueline Chambon, 1999.

Ensemble d’entretiens. Réflexion collective sur le statut de l’artiste contemporain. ZURCHER, Bernard, LISBONNE, Karine, Lʼart avec pertes ou profit ?, Paris, Flammarion, 2007.

Afin de déterminer ce que le monde de l'art et celui de l'entreprise peuvent avoir en commun, les auteurs interrogent la légitimité et la finalité de l'art dans le monde du travail. Ils mettent à plat la situation française et examinent les stratégies et les méthodes entrepreneuriales des autres pays européens. Ils analysent également les apports positifs de l'art à la vie interne de l'entreprise.