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1 MINISTERE DE L’EDUCATION REPUBLIQUE DU MALI Un Peuple-Un But-Une Foi ******************* DIRECTION NATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR UNIVERSITE DU MALI- BAMAKO **************** FACULTE DES LETTRES, LANGUES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES D.E.R. : HISTOIRE-ARCHEOLOGIE THEME Mémoire de maîtrise ; Section Histoire-Archéologie Présenté et Soutenu par : GARIBOU DOLO Directeur de mémoire : Dr Soumaïla .K. Sanoko Date de Soutenance Le16/04/2003 ANNEE UNIVERSITAIRE 2001-2002 IMPACT DU TOURISME SUR LA SCOLARISATION EN PAYS DOGON : CAS DE SANGHA

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    MINISTERE DE L’EDUCATION REPUBLIQUE DU MALI Un Peuple-Un But-Une Foi

    ******************* DIRECTION NATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR UNIVERSITE DU MALI- BAMAKO **************** FACULTE DES LETTRES, LANGUES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES

    D.E.R. : HISTOIRE-ARCHEOLOGIE

    THEME

    Mémoire de maîtrise ; Section Histoire-Archéologie

    Présenté et Soutenu par : GARIBOU DOLO

    Directeur de mémoire : Dr Soumaïla .K. Sanoko Date de Soutenance

    Le16/04/2003

    ANNEE UNIVERSITAIRE 2001-2002

    IMPACT DU TOURISME SUR LA SCOLARISATION EN PAYS

    DOGON : CAS DE SANGHA

  • 2

    Dédicaces

    Je dédie ce mémoire à mon père feu Anna Dolo et à ma mère Yagoudio Dolo,à tous mes

    amis et frères, particulièrement à notre regretté grand frère Amougnon dit Seydou

    Dolo subitement arraché à notre affection en fin d’année scolaire 2001-2002 après une

    forte contribution à la réalisation de ce mémoire qu’il tenait à lire avec joie.

    ‘’Que son âme repose en paix’’ Amen

  • 3

    REMERCIEMENTS :

    Nos remerciements vont tout d’abord à l’endroit de ma famille pour m’avoir inscrit à

    l’école et encouragé durant tout le long de mes études.

    J’adresse mes sincères remerciements à mon père feu Anna Dolo et à ma mère

    Yagoudio Dolo pour leurs affections et leurs sincères bénédictions qui m’ont toujours

    accompagné pour que ma réussite soit une réalité.

    Mes remerciements vont également à mes grands frères :

    Guimogo Dolo, Docteur en Entomologie et Parasitologie Médicales, Chargé de cours de

    Génétique à la FMPOS, Chef de l’Unité d’Entomologie Moléculaire du MRTC et ses

    épouses Hawa Dolo et Mamou Sidibé pour leur soutien tant moral que matériel durant

    mes études secondaires et supérieures.

    M. Adama Sacko MRTC/FMPOS.

    Mr Amatigué Dolo et famille à Moribabougou pour leur encouragement.

    Mr Dogodiougo Dolo à l’ALPHALOG Bamako, pour sa documentation et ses bons

    conseils.

    Mr Anoumoloum Niangaly Inspecteur à l’académie de Bandiagara pour sa forte

    contribution

    Mr Asséguérama Dolo Inspecteur Général de la biologie pour les conseils qu il a bien

    voulu m’accorder

    Mr Wagousserou Dolo directeur à l’école d’Ireli pour sa forte contribution pour la

    réussite de ce travail

    Mr Daniel Guirou directeur du 2è cycle à Sangha pour ses différents efforts fournis pour

    la réussite de ce travail

    Mr Sidiki Traore directeur du 1er cycle à Sangha pour sa contribution.

    Mr Ogodana Dolo secrétaire général de la jeunesse de Sangha pour sa profonde

    reconnaissance.

    Mr Inogo Dolo Censeur du lycée Bouyagui Fadiga pour ses multiples conseils

    Mr Mohamed dit Racine Dolo pour ses différents efforts pour ce travail

  • 4

    Monsieur Keita à l’MATHO. Bamako qui m’a toujours orienté et montré sa disponibilité pour la réussite de ce travail. Je remercie tout le personnel du campement Hôtel de Sangha pour leur documentation

    Je tiens aussi à remercier toutes les familles Dolo à Sangha, Bandiagara, Sevaré,

    Bamako…qui m’ont toujours soutenu durant le parcours de notre chemin.

    Je remercie tout le corps professoral du DER Histoire-Archéologie de la FLASH de

    m’avoir transmis leurs connaissances durant les quatre années d’études supérieures.

    Je tiens plus particulièrement à remercier mon directeur de mémoire

    Dr Soumaïla K. Sanoko pour sa vigilance,sa motivation et son hospitalité qui m’ont

    permis d’obtenir ce résultat.

  • 5

    Avant Propos

    Le thème de notre travail: L’impact du tourisme sur la Scolarisation en Pays dogon:

    Cas de Sangha.

    Nous avons choisi ce sujet pour plusieurs raisons :

    - D’abord en tant que ressortissant de la région, il est indispensable pour nous d’étudier

    tout ce qui peut favoriser le développement et le bien être de la population du Pays

    dogon.

    - Une autre raison, la région de Mopti à laquelle appartient le Pays Dogon est

    considérée comme la région la plus touristique du Mali et le tourisme apporte aux

    populations des ressources substantielles. Mais depuis quelques décennies ce tourisme

    influence négativement, un autre élément essentiel du développement :

    L’école, l’appât du gain, l’esprit d’aventure pousse à une déscolarisation extrêmement importante. Comment donc concilier tourisme et scolarisation des enfants, deux phénomènes d’ailleurs complémentaires. Notre objectif est de voir comment développer le tourisme sans porter préjudice à la

    scolarisation en Pays dogon en général et à Sangha en particulier.

    Aussi, soucieux de la protection du patrimoine culturel en Pays dogon qui connaît déjà

    des perturbations, nous pensons qu’un tel travail favorisera l’émergence d’un nouveau

    type d’école adapté aux nouvelles conditions économiques de la région.

  • 6

    INTRODUCTION Selon nos informations, l’école de Sangha a été créée en 1909.

    Elle était un abri de fortune et son emplacement se trouvait non loin de la maison du

    résident (l’administration) sous un grand tamarinier. Delà elle a été transférée à son

    actuel emplacement, située à l’Est de Bandiagara, sur un plateau gréseux accidenté et

    à 100 mètres au Nord-ouest de la mairie de sangha. Elle a ouvert sa porte sous

    Dounouyèrou Dolo, chef de canton en son temps.

    L’école de Sangha à son démarrage, a connu beaucoup de difficultés : De sa création

    en 1909 jusqu’en en 1959 l’école ne disposait que trois (3) salles de classes en banco

    mais nous n’avons pu savoir le taux de scolarisation pour cette période. Il était

    impossible de scolariser tous les enfants et pour qu’un village ait son école, il faut que

    les villageois la construisent. Il faut trouver également des enseignants qui accepteront

    de partir dispenser cours dans les villages isolés comme Sangha. Face à cette situation,

    l’école a choisi le système de recrutement biennal (chaque 2 an). Les élèves après leur

    6ème année de cycle à Sangha, ils partaient soit à l’école de Mopti soit à Bandiagara

    pour la suite de leurs études.

    En 1959, elle compte désormais 6 classes, l’école reçoit un second bâtiment de 3

    classes en dur. A partir de 1962 le recrutement est annuel. Ses élèves admis à l’examen

    d’entrée en 7eme A entrent au second cycle de Sangha qui a ouvert sa porte en 1972.

    Malgré le nombre de cadres issus de cette école, elle n’a bénéficié aucun

    investissement de leur part pour son développement.

    L’école est restée depuis longtemps sans un grand soutien d’Etat (Administration).

    Mais depuis 1982 le ‘’Comité d’Aide à Sangha’’ en tant que ONG, investit pour le

    développement du secteur scolaire et sanitaire. En 1993, l’ONG ‘’ Via Sahel’’ et un

    projet allemand la (K.F.W) ont fait construire 6 classes en dur pour l’école de Sangha.

    Chaque année, ils fournissent également des fournitures scolaires. Aujourd’hui grâce

    aux actions de certains touristes et à l’aide étrangère, l’école de Sangha dispose de 18

    salles de classes dont 12 classes pour le premier cycle ‘’A et B’’ et 6 classes pour le

    second cycle ‘’A et B’’. Le Pays Dogon demeure une des zones privilégiées du tourisme

  • 7

    malien. Ce mouvement touristique s’est développé à partir de 1960 avec l’accession à

    l’indépendance du Mali. Par la beauté et la richesse de son paysage, le Pays dogon est

    classé patrimoine de l’humanité mais le Pays manque d’infrastructures (Hôtels,

    campements, voies d’accès etc.…). Cette expansion rapide du tourisme est due à

    l’extension du principe des congés payés et la révolution scientifique et technique (la

    réduction du temps de transport par l’utilisation généralisée de l’avion, la réduction

    relative des coûts de transports) ont joué un rôle fondamental des mouvements

    touristiques.

    L’Organisation Mondiale du Tourisme (O.M.T) avait estimé à plus de 4 milliards le total des déplacements touristiques réalisés dans le monde en 19871 De nos jours (2001), la localité de Sangha reçoit moins de 5000 touristes par an. Il y a

    eu une forte diminution du nombre d’arrivants et cela a commencé depuis les

    événements de mars 1991.

    On peut ainsi distinguer le tourisme culturel, le tourisme d’agrément et le tourisme

    de commerce. Tel qu’il est défini ci dessus, le tourisme est une activité bien connue de

    chez nous.

    Dans cet endroit isolé des ‘’Falaises de Bandiagara’’, les dogon ont jalousement

    conservé leurs traditions pendant des siècles. L’organisation sociale, l’architecture, les

    rites ancestraux fondés sur une cosmogonie ont été étudiés par les ethnologues durant

    des décennies2

    De nombreux mémoires, ont apporté leur contribution pour un meilleur

    développement du tourisme. Quelle que soit l’importance des profits, le tourisme a des

    aspects positifs et négatifs pour la population de Sangha, surtout dans le milieu

    scolaire. Certes le tourisme répond t-il aussi une influence certaine sur le

    développement scolaire de la commune de Sangha, qui pour une école qui date de

    longue période (créée en 1909).

    1 Guindo Ali, Impact Socio –économique du tourisme dans le cercle de Bankass, ENSUP PPP Bamako 1998 Page 1 2 DOLO Dogodiougo Tourisme et impact socio économique en pays Dogon ENSUP Histoire Géo, Bamako 1986 Page 2

  • 8

    Méthodologie: - Le milieu d’étude : L’enquête pour la réalisation de ce mémoire a été menée à Sangha au Pays Dogon. Il

    est situé à 45 Km à l’Est de Bandiagara,sur un plateau gréseux,accidenté.

    - Objectifs : Notre objectif est de voir comment développer le tourisme sans porter préjudice à la

    scolarisation en Pays Dogon en général et à Sangha en particulier.

    Aussi, soucieux de la protection du patrimoine culturel en pays Dogon qui connaît déjà

    des perturbations.

    Si l’authenticité de la culture Dogon a eu le mérite d’attirer des milliers de touristes,

    les conséquences qui découlent de cette rencontre méritent autant d’attention. Nous

    pensons qu’un tel travail favorisera l’émergence d’un nouveau type d’école adopté aux

    nouvelles conditions économiques de la région.

    - Hypothèse : Nous pouvons affirmer que c’est le goût du gain immédiat des activités touristiques

    qui pousse à la déscolarisation.

    En tant que autochtone de Sangha nous avons entendu ou même vu plusieurs cas qui

    nous ont permis de travailler sur ce thème tout en posant nos hypothèses.

    L’objectivité étant le critère de tout travail scientifique nous a poussé à faire des

    recherches documentaires pour nous situer et orienter dans le travail.

    Notre documentation a consisté à lire d’abord les ouvrages généraux sur le tourisme

    et sur le pays Dogon. Nous avons également fait des recherches sur l’école aux archives

    nationales de Koulouba et des enquêtes sur le tourisme à L’OMATHO de Bamako. Les

    résultats de ces différentes enquêtes nous ont permis d’établir notre questionnaire.

    Nous étions obligés de contacter des personnes ressources qui sont composées de

    vieilles personnes, des jeunes et des femmes etc.…Il nous a fallu nous rendre deux fois

    de suite sur le terrain en pays Dogon (congé de la CAN 2002 et grandes vacances) car

    les sources orales constituent la base de notre recherche.

  • 9

    Il nous a été cependant possible d’utiliser certains documents des services de

    tourisme sur place et de lire quelques mémoires de nos aînés Durant notre travail nous avons rencontré de nombreuses difficultés qui sont les suivantes : le

    problème financier et le problème de la documentation, mais grâce à la bonne volonté de certaines

    personnes, nous sommes arrivés à les surmonter.

  • 10

    CHAPITRE I : Présentation Géographique du Pays Dogon La localité de Sangha centre d’intérêt de cette étude est située sur le plateau dogon,

    prolongement du plateau de Banfora. Il occupe le Sud-est du Mali et est orienté Nord-

    est ; Sud-ouest, le plateau dogon constitue la limite Sud de la cuvette du Niger

    Occidental ; il s’étend sur 300 à 350 Km de long et une largeur variant entre 50 à 60 et

    même 100km. Quand à l’altitude elle oscille entre1120 m (Mont Hombori) et 777 m (à

    Bamba). Il est incliné du Nord-est vers le Sud-ouest. L’affleurement dominant est le

    grés. La surface du plateau est tourmentée très accidentée avec les cassures profondes

    et des échancrures larges .Au Sud du plateau c’est la plaine du Seno3 très vaste et qui

    s’étend jusqu’en République du Burkina faso. Le Séno est très plane et uniforme, Cette

    monotonie est rompue au pied du plateau par quelques dunes fixées par végétation.

    Ces dunes sont parallèles au plateau.

    Au-delà de cette zone, le terrain est plat et le sol sablonneux fait place en certains

    endroits à de la latérite ou à de l’argile.4

    Le plateau Dogon par sa position géographique sépare deux grandes plaines : la

    plaine du Séno au Sud-est et du Macina au Nord-ouest.

    La plaine du Macina est à l’intérieur de la cuvette du Niger occidental et le plateau

    dogon constitue sa limite Sud. Cette plaine du Macina est différente de celle du Séno,

    elle est argileuse et inondable. Elle est drainée par le Niger et son affluent le Bani. La

    façade Nord-est et Nord-ouest du plateau ne présente pas de falaise, elle s’enfonce

    imperceptiblement en pente douce, dans la plaine du Macina.5

    Le paysage et végétation accusent d’énormes différences entre la saison des pluies et

    la saison sèche. Dans la zone du ‘’plateau’’ et de la ‘’ falaise’’, les changements de

    paysage s’opèrent en trois étapes :

    1- durant la saison des pluies,le paysage est verdoyant de juin à octobre

    3 Seno : est un terme peuhl designant une vaste étendue sableuse 4 Dolo Tigué Monographie de Sangha un village du plateau Dogon ENSUP Histoire Géo – Bamako 1979 Page 2 5 source ibidem page 3

  • 11

    2- d’octobre en février, c’est la saison des cultures maraîchères, les zones de verdure

    n’entourent que les mares et points d’eau

    3- de mars à juin, les dernières mares étant asséchées, le paysage, grillé par le soleil

    n’est plus peuplé que des silhouettes d’arbres.

    A l’Ouest, la région du plateau présente un aspect chaotique :

    Des étendues de grés plates et nue, parsemées de quelques arbres et de champignons

    de pierre, sont coupées de failles où la végétation, les pieds dans l’eau, noie les vallées

    de verdure. Le contraste entre ces plateaux assommés de soleil, où seuls quelques

    chevriers et leurs troupeaux déambulent, et les îlots de verdure cultivés est

    certainement l’élément le plus caractéristique de cette partie du pays Dogon6

    La ville de Sangha et les villages qui se trouvent sur la route de Bandiagara ; bien que

    situés sur le plateau, bénéficient de terres cultivables. Dans cette région, les cultures

    maraîchères sont florissantes,

    l’eau y étant plus facilement stockée. Le mil, pour sa part, a de moins bons rendements

    qu’au pied de la falaise sur le plateau. La végétation est surtout constituée d’arbres de

    la famille des acacias, des baobabs, des tamariniers etc.7

    6 Dolo Tigué Monographie de Sangha ENSUP Histoire géographie Bamako, 1979 Page 3 7 Beaudoin Gérard, les Dogons du Mali, Paris 1997 p 17

  • 12

    CHAPITRE II : Mise en place du Peuplement actuel Le pays était peuplé depuis le Ve siècle par les Tellem qui ont migré vers le XIIIe siècle

    à la frontière de Burkina faso. La cohabitation avec les Dogon, dégradait le pouvoir

    mystique des Tellem, pour eux les Dogon sont des personnes impures. Cette attitude a

    poussé les Tellem à quitter le Pays Dogon pour d’autre localité (frontière Burkina

    Faso).

    Les Dogon avaient occupé, depuis le XIIe siècle environ, la région des ‘’falaises’’ de

    Bandiagara. Ils sont des agriculteurs et ils parlent une langue, le ‘’dogoso’’ : « parole ou

    langue de Dogon » ; elle est constituée de nombreux dialectes présentant des

    différences de lexique et de morphologie. Le ‘’dyamsay’’ est le dialecte dans lequel sont

    énoncées les prières traditionnelles, les chants rituels, les devises et notamment le titre

    d’honneur des Arou.

    Selon la tradition du Pays, les Dogon seraient originaires du Mandé avant leur

    migration ils faisaient parti du clan des Kéita. Ils ont le droit de porter ce patronyme

    dès qu’ils décident de retourner au Mandé.

    Ils sont descendants de Mansa Kourou et Mansa Kanda l’ancêtre des Kéita..

    Selon Germaine Dieterlen ‘’le départ du Mandé des groupes qui devraient former le

    peuple Dogon fut déterminé par leur refus de se convertir à l’islam : il se situe vers la

    fin du XIIe siècle’’.

    Leur migration se poursuit pendant plus d’une centaine d’années empruntant divers

    itinéraires, les émigrants remontèrent le cours du Niger :

    Ils ont d’abord séjourné dans la région de Ségou, puis dans celle de Djenné où ils sont

    restés longtemps à cause des rapports particuliers qu’ils ont entretenu avec les

    pêcheurs Bozo parenté à plaisanterie et alliance cathartique.

    Mais les terres arables n’étaient pas assez vastes pour leur permettre une

    installation définitive. Ils émigrèrent à nouveau et se dirigèrent vers les ‘’falaises’’ de

  • 13

    Bandiagara qu’ils abordèrent au Sud-est et où ils fondèrent une première

    agglomération, Kani Na aujourd’hui disparue située près de l’actuel Kani Kombolé.

    Les Dogon au cours de leur migration vers les ‘’falaises’’ comptaient déjà quatre

    tribus : Dyon, Ono, Domno et Arou. Les Dogon gardent encore très vif le sentiment

    d’appartenance à l’une de ces tribus même si, actuellement, ils sont mêlés sur un seul

    territoire. L’autorité sur le village est assumée par un chef désigné par l’ensemble des

    doyens de l’agglomération.

    Les Dogon ont célébré entre 1967 et 1973 dans l’ensemble des régions où ils habitent

    traditionnellement les cérémonies itinérantes du ‘’Sigui’’ qui a lieu tous les soixante

    ans. Ces cérémonies ont pour but principal de commémorer et de réactualiser certains

    épisodes fondamentaux de leur cosmogonie.8

    En ce qui concerne Sangha, sa population est composée des tribus de Arou et de Dyon.

    Ce sont les tribus de Arou qui sont les premiers occupants de

    Sangha. Après avoir passé par Kani Kombolé, ils sont venus s’installer à Pénné Tingin

    Tangan (Gogoli).

    Ceci signifie que Gogoli est le premier quartier de Sangha. Les ancêtres de Gogoli

    Bongo sont restés lorsque ceux de Diamini pillaient Arou.

    Ceux de Gogoli qui sont les premiers occupants de Sangha ont trouvé sur place les

    habitations, les greniers à céréales, les cimetières et les outils Tellem.

    La tradition orale nous dit que les Tellem, bien qu’ils soient loin de Sangha

    actuellement, se transforment en tourbillon pour venir faire leur sacrifice annuel.9

    8 Dieterlen Germaine Le titre d’honneur les Arou (Dogon Mali) sociétés des Africanistes, Paris 1982 p 2 9 Dolo Sekou Sallah : les conséquences psychosociologiques du pillage du patrimoine culturel Dogon : Cas de Sangha et environnants ENSUP PPP Bamako 1999 page 6

  • 14

    CHAPITRE III : VIE QUOTIDIENNE Avec une population de 22.17310 habitants, Sangha est essentiellement peuplé de

    Dogon. La commune de Sangha dispose ’’1184 bovins, 4565 ovins, 1389 caprins et 169

    Asins.11

    Les Dogon sont avant tout des agriculteurs. Les activités quotidiennes sont réglées

    au rythme des saisons. L’année commence lors de la récolte du mil qui est le moment

    clé de l’activité, car le mil forme la base de l’alimentation.

    Dans une année de pluviométrie normale la récolte se fait au milieu du mois d’octobre.

    Les Dogon comptent des jours en faisant des nœuds à une corde. Les marchés ont lieu

    tous les cinq jours. La vie s’organise autour de deux saisons et une intersaison :

    La saison sèche dure de janvier en mai (quatre lunes environ). Pour les Dogon ; c’est

    la période la plus difficile, surtout de la fin du mois de février au début du mois de mai.

    L’eau se raréfie de jour en jour ; c’est la période des grandes épidémies, celle où la

    mortalité infantile est la plus élevée. En avril au mai il peut se produire quelques

    petites pluies (deux à trois

    jours), annonciatrices d’une bonne saison de pluie. En février et mars finissent les

    cultures maraîchères. Cette saison porte le nom de Dogon de ‘’naybanou’’

    L’intersaison, mai est très courte (une lune) et précède les pluies, c’est la saison

    ‘’bado’’12

    La saison des pluies s’étend sur quatre à cinq lunes de juin à la mi-octobre. De nos

    jours, les pluies commencent en juin et finissent vers la mi-septembre. Et enfin une

    intersaison prend place de la fin, de la récolte du mil.

    Après les récoltes, commence la période des plantations maraîchères. Cette saison

    porte le nom de ‘’bago’’.13

    C’est pendant la saison des pluies que les journées de travail sont les plus chargées. Le

    Dogon est au service de sa terre et la pluie commande son emploi du temps. 10 Données du recensement de décembre 1995 -96 (mairie de Sangha) 11 Mairie de Sangha Données du recensement 2000-2001 12 Bado : est un terme dogon désignant le début d’hivernage 13 Beaudoin Gérard les dogons du Mali, Paris, 1997 p 151- Bago est terme dogon désignant la période de la récolte du mil

  • 15

    CHAPITRE IV : Historique de la scolarisation en Pays Dogon 1. Historique de la création de l’école de Sangha En 1909, une école fut créée à Sangha, ayant un but nettement politique, l’école fut

    placée sous la direction d’un instituteur Européen du nom de Monsieur ‘’Souin’’. Aïbon

    Dolo de Diamini Na fut le premier élève inscrit. Il portait le numéro Mle 1.14

    Les élèves étaient exclusivement recrutés dans les différents villages des cantons

    (Sangha, Ireli,Ibi, Bamba, Kassa etc…). Véritable école d’otages, elle disposait des

    dortoirs pour les élèves qui venaient de loin.

    A cette période, les enfants étaient recrutés à l’âge de 9 à 15 ans. C’était un

    recrutement biennal chaque 2 an.

    Selon nos informations, le premier maître à l’école de Sangha fut un maître indigène,

    malheureusement nous n’avons pas trouvé d’informations sur sa personnalité.

    En1916, elle n’a plus qu’une cinquantaine d’élèves sous la direction d’un maître

    indigène. Elle est installée dans les locaux construits lors de sa création. Les bâtiments

    dont elle dispose sont construits de part et d’autre de la route de Bandiagara à l’entrée

    du village. Ces bâtiments en banco couverts en terrasse étaient parfaitement

    entretenus, l’école proprement dite comprenait trois classes protégées par une véranda

    rectangulaire. Les classes étaient petites (5 mètres sur 5mètres) et sont aujourd’hui

    inadaptées. Une salle de classe doit mesurer en moyenne 7mètres sur 6 mètres15. Dans

    ces petites classes, les cours étaient dispensés sous forme de la double vacation. Les

    enfants recrutés débutaient d’abord par les cours préparatoires qui duraient à deux ans

    d’études.

    Il y avait donc le cours préparatoire 1 (CP1) pour la première Année d’études et le

    cours préparatoire 2 (CP2) pour la 2e Année d’études. Après les élèves partaient pour

    les cours élémentaires qui s’effectuaient pendant deux ans. Nous avons le cours

    élémentaire 1 et le cours élémentaire 2. Après les

    14 Direction de l’école de Sangha 15 Bulletin d’inspection N° 32. SE. Ecole de Sangha – Bandiagara du 21 février 1923 (I.G.100 .F. R. Archives Nationale du Mali p 1.

  • 16

    cours préparatoires et élémentaires, les élèves passaient pour les cours Moyens 1 et 2,

    qui duraient également deux ans d’études. Les enfants à la fin du CM2 (Cours Moyen

    2), entraient pour les collèges soit à Mopti, soit à l’école de Bamako. Le CM2 est

    l’équivalence du C.E.P.E de notre temps (Certificat d’études Primaires Elémentaires).

  • 17

    Photo : Publiée en Août 2002, Ancienne école de Sangha Créée en 1909.

    Aujourd’hui, la vieillesse et le mauvais état des 3 classes en ‘’banco’’ a poussé le

    ‘’Comité d’Aide à Sangha’’ une O.N.G à construire de nouvelles salles de classe en dur

    un peu plus grandes que les salles en ‘’banco’’. C’est ce qui a donc permis une

    augmentation progressive du nombre d’inscrits.

    Le ‘’Comité d’Aide à Sangha’’ demande également aux villageois de restaurer l’école

    en ‘’banco’’ du début de siècle, pour des raisons utilitaires et de conservation du

    patrimoine architectural.

    2. Organisation de l’école - Personnel enseignant : L’instituteur Européen ne s’occupant que de la direction pédagogique de

    l’établissement. Cette situation a été profitable aux moniteurs au point de vue de leurs

    éducations pédagogiques. Le moniteur Mamadou Doucouré ayant donné sa démission

  • 18

    au cours des vacances 1913, le personnel enseignant se trouve ramené à son effectif

    normal, les cours sont assurés dans ces trois classes : l’une par le Directeur, les deux

    autres par les moniteurs.16

    Parmi les enseignants qui ont séjourné à Sangha, Badian Diakité a laissé une forte

    image et était apprécié de ses supérieurs. ‘’ Badian Diakité Instituteur de 6ème classe du

    cadre secondaire est en service à Sangha depuis le mois de Septembre 1920. C’est un

    jeune maître qui a su gagner la confiance de la population au milieu de laquelle il vit. Il

    est le seul fonctionnaire de Sangha, sa conduite et sa tenue ont toujours donné

    complète satisfaction.

    Badian Diakité travaille et, bien que manquant encore d’expérience professionnelle, il

    obtient des résultats appréciables. Aimant son métier et désireux de bien faire, il

    tiendra compte des indications données ; et les résultas obtenus par Badian Diakité ne

    tarderont pas à s’en ressentir’’17

    - Organisation pédagogique : L’effectif des élèves ayant fréquentés les classes jusqu’à ce jour était manifestement

    élevé par rapport à la dimension des classes. ‘’ 35 enfants sont très mal à l’aise dans

    des salles aussi petites. Ils sont vraiment serrés et le maître ne saurait exiger d’eux de

    position régulière pour écrire.

    Au point de vue pédagogique, les instituteurs étaient d’avis que leurs enseignements

    seraient plus utiles à dispenser ‘’25 élèves qu’à 35’’18

    Au cours de l’année 1923, les 50 élèves inscrits fréquentaient très régulièrement

    l’école. Ils occupaient deux classes sous la direction de

    L’instituteur Badian Diakité. Au point de vue pédagogique, ils formaient trois cours : le

    cours Elémentaire qui comprenait 8 élèves, le cours préparatoire 2ème Année 12 élèves

    et le cours préparatoire 1ère Année 30 élèves. Le maître avait réuni dans la même salle

    les deux premiers cours et de ne laisser dans l’autre salle que les élèves débutants.

    Au cours de l’année 1939, l’effectif inscrit était 56 comme dans la plus part des écoles

    à une et deux classes de la région,le recrutement était bisannuel, ce qui a donc permis 16 Rapport sur l’organisation de l’école de Sangha 1913- IG 283. Archives Nationales du Mali p 1 17 Bulletin d’inspection N32.SE. École de Sangha du 21 février 1923 (IG .100F R Archives Nationales du Mali p 5 18 Rapport sur l’organisation de l’école de Sangha Bandiagara 1913, Dossier I.G 283 Archives Nationales du Mali p 1

  • 19

    une amélioration du travail des maîtres et devrait faire perdre moins de temps aux

    élèves. Parmi les 56 inscrits de l’année en cours, 15 élèves seulement étaient de

    Sangha, les autres provenaient des 15 cantons de la région, Certains à 5 jours de

    marche de l’école.19

    A Sangha, ces enfants vivaient chez des logeurs et très souvent leurs parents leur

    rendaient visite chaque mois. C’était une école très appréciée de part la satisfaction des

    résultats et la meilleure organisation du travail. Ces enfants faisaient le jardinage,

    l’élevage des petits animaux domestiques pour leurs maîtres.

    Tout ce que nous savons, l’école avait fait de bon résultat, mais nous n’avons pu avoir

    des données concrètes pour cette période ; cela est du au manque d’Archives. Les

    données que nous avons trouvées à Sangha tout comme à l’inspection de Bandiagara

    sont récentes, c’est des chiffres qui datent de 1993 à 2001

    Recrutement et Fréquentation Scolaire Les écoles, s’installaient peu à peu, à ce temps pour qu’un village ait son école,il faut

    que les villageois s’en occupent, ce qui retardait la mise en place du réseau scolaire. Et

    il n’était pas facile d’avoir des enseignants qui accepteront d’aller travailler dans les

    villages isolés comme Sangha.

    Enfin, même si cela a pu avoir de solution, il faudra lutter de sorte que les enfants

    acceptent d’aller à l’école ; il faut souligner également que les gardes intervenaient lors

    du recrutement des enfants dans les villages un peu éloignés de Sangha. La raison de

    cette désaffection est avant tout culturelle et économique, l’enfant, dès son plus jeune

    âge, représentant une force de travail dont certaines familles ne pouvaient se passer

    les frais de scolarité, mêmes minimes pesaient sur certains budgets.20

    Il n’y avait pas de grandes difficultés que les habitants de Sangha envoient leurs

    enfants à l’école, mais l’intervention du commandant de Cercle était indispensable pour

    recruter des élèves dans les villages écartés.

    19 Bulletin d’inspection N° 211 q Ecole de Sangha Avril 1939 IG 100Fr Archives nationales p 3 20 Beaudoin Gérard, les dogons du Mali, Paris 1997 p 202

  • 20

    On recrutait préférentiellement les fils de chefs ; mais ils n’étaient pas tous fils de

    chefs, on recrutait également ceux des notables. Ils étaient proprement vêtus et la

    question de leur entretien ne devait soulever aucune discussion.

    A l’aide du recensement nominatif ; il sera facile à la prochaine occasion de ne

    recruter que les enfants des familles notables ou aisées.21

    Le recrutement touchait surtout les garçons. Les filles étaient pour la plupart

    rachetées ou remplacées par leur cousin ou leur frère.

    Tableau I : Récapitulatifs de recrutements des Filles et Garçons

    Ecole A Ecole B Total G et F Pourcentage Années G F G F G F G F 1993-94 78 35 78 35 113 62.02 30.97 1994-95 75 34 69 43 144 77 221 65.15 34.84 1995-96 72 40 45 36 117 76 193 60.62 39.37 1996-97 71 47 53 37 124 84 208 59.61 40.38 1997-98 69 43 52 39 121 82 203 59.60 40.39 1998-99 68 49 36 37 104 86 190 54.73 45.26 1999-00 79 48 36 35 115 83 198 58.08 41.91 2000-01 70 46 30 24 100 70 170 58.82 41.17 Source : Tableau I Direction de l’école de Sangha G : Garçons F : Filles Ce Tableau nous montre que, aujourd’hui grâce à la sensibilisation des autorités

    scolaires, les parents envoient les filles à l’école autant que les garçons. Cela nous

    prouve, que les pères de famille commencent à reconnaître l’intérêt, que l’instruction

    accorde aux enfants. Nous constatons également que sur ce tableau le pourcentage des

    filles est proche à celui des garçons ; de ce fait la femme n’est pas seulement faite pour

    le ménage ; mais elle peut également travailler dans l’administration. Elle pourra

    également faire de la bonne éducation à ses enfants. Donc ces facteurs ont permis une

    augmentation progressive du nombre des filles scolarisées.

    Entretien des élèves et soins médicaux :

    21 Bulletin d’inspection n° 32 SE Ecole de Sangha Bandiagara du 21 février 1923 IG 100FR Archives nationales du Mali p 3

  • 21

    Les petits bâtiments servaient de dortoirs aux élèves étrangers à la localité sont

    propres et bien entretenus.

    Les denrées alimentaires ne manquaient pas aux élèves éloignés de leur famille, mais

    leur préparation laissait fort à désirer. Il suffirait que les villages intéressés désignent

    à tour de rôle, une cuisinière.

    L’instituteur de Sangha établira le projet de cette cantine modeste. Elle soumettra à

    l’approbation de Monsieur l’administrateur en vue d’un essai loyal à entreprendre

    pendant les derniers mois de l’année scolaire.22

    Pour ce qui concerne les soins médicaux scolaires : l’instituteur, qui a subi un stage

    médical à Mopti, disposait des remèdes courants qui leur permettaient de donner les

    premiers soins à ses jeunes élèves. Les résultats de son intervention étaient fort

    heureux. L’école de Sangha en 1928, réunissant 56 élèves dont deux seulement étaient

    absents le 4 février.

    - Tableau II : Nombre d’élèves soignés par le Maître pendant l’année 1939-1940 :

    Affections Nombre de malades

    Plaies

    Ver de Guinée

    Conjonctivite

    Otite

    Teigne

    Autres maladies

    18

    6

    4

    1

    5

    19

    II – rapport Statistiques scolaires (Bandiagara Sangha 1931/1940 du 28 juillet 1940 dossier N°16 I.G 300 Archives nationales du Mali

    22 Bulletin d’inspection N° 133 SE école de Sangha Bandiagara du 4 février 1928 IG 100. FR Archives nationales du Mali p 2

  • 22

    Ses élèves reçoivent d’autres parts les soins de M. le Médecin du centre de

    Bandiagara qui se rend à Sangha tous les Samedi.

    Tableau III : Demande de médicaments pour l’année 1939-1940

    Désignations des médicaments Quantités

    1 Permanganate de Potasse 150grs

    2 Pommade à l’oxyde de zinc 200grs

    3 Huile camphrée 1litre

    4 Sulfate de magnésie 30grs

    5 Coton hydrophile 5kgrs

    6 Teinture d’iode 1litre

    7 Compresses 7grs

    8 Quinine 100grs

    9 Aspirine 100grs

    10 Alcool à brûler 1/2litre Ibidem (Archive nationales du Mali)

    3. L’introduction du travail productif à l’école :

    Selon nos informateurs, l’école de Sangha est ouverte aux activités rurales depuis

    1912 avec ses premiers élèves. Les jeunes cultivaient les champs de mil pendant

    l’hivernage. Dans leur jardin, ils faisaient la culture des légumes importés par les

    européens tel que : la tomate, la carotte, le melon, l’aubergine etc. Les élèves

    pratiquaient également l’élevage des volailles et celui des petits animaux domestiques.

    C’était une manière d’inviter les jeunes aux grandes activités de production. Le produit

    de ce travail servait essentiellement à l’alimentation des enseignants.

    Cette ‘’ ruralisation de l’école a été reprise dans un programme officiel

    d’enseignement à partir de 1980 par le général Sékou Ly alors Ministre de l’éducation

    Nationale.

  • 23

    Le principe fondamental de la ruralisation de l’école était l’établissement de relations

    harmonieuses entre l’élève et son environnement.

    La ruralisation de l’enseignement a pour but principal de combler le fossé entre le

    travail manuel et le travail intellectuel. Elle est un effort de préparation des élèves à

    intégrer leur milieu d’origine. Elle a été ainsi définie lors du séminaire national de

    197623. Mais la ruralisation est entrée en rigueur sur toute l’étendue du territoire

    malien dans les années 1984-1985. A partir de cette date, toutes les écoles maliennes

    pratiquaient la ruralisation24

    4- Quelques cadres issus de l’école de Sangha :

    L’école de Sangha a formé de nombreux cadres :

    - Des cadres de l’administration et des finances : Aïbon Dolo, premier élève inscrit sur

    le registre matricule de l’école en 1909 (Administration), Diougoudié Dolo (Finances),

    Amborko Dolo (Administration), Amakiré Kodio (Finances), Amadagali Guindo,

    Guimogo Abodio Dolo, Dette publique, Ana Dolo (Banque mondiale)

    - Des Médecins, des vétérinaires et des infirmiers d’état :

    Dr Bairé Guindo (Cardiologue), Dr Sominé Dolo Ex Ministre de la Santé, Dr Wagoulè

    Dolo (Vétérinaire), Dr Yanaossou Dolo (dentiste), Dr Amadou Dolo

    (Gynécologue),Dounorou Dolo, Andiouro Guindo, Dr Guimogo Dolo (Entomologiste),

    Akougnon Dolo (Infirmier d’Etat),Amahinguérè Napo,(vétérinaire) Apégnéré Dolo

    (Infirmier d’Etat) etc….

    - Des enseignants sortis de W.Ponty, Katibougou, Sevaré, Ensup :Amaga Guindo,Anaï

    Tolo, Biné Telly, Ingrè Dolo No 1, Ingré Dolo No 2, Mamadou Tolo, Serou Telly, Atoï

    Dolo, Amène Kodio, Doguelou Dolo,Sominè Ogobara Dolo, Nanou Dolo, Ogotèmèlou

    Dolo, Amono Dolo, Amayaba Dolo, Oumar Tolo, thomas Guirou, Assèguèrema Dolo,

    Assèguèrema Perou, Amahinguérè Ogobara Dolo, Wagoussérou Dolo, Inogo Dolo,

    Dogodiougo Dolo, Néné Dolo, Tigué Dolo etc. ….

    - Des Ingénieurs de l’agriculture et des eaux et forêts, des ouvriers de chemin de fer :

    M.Gandori Dolo, (Zoologiste), Akougnon Dolo, Panganidiou Dolo (agriculture), Adégné

    23 Les politiques de l’éducation en Afrique, volume 1 Librairie internationale, 1998 p 191 24 Samaké Abdoulaye directeur Ecole Fondamentale «B» Torokorobougou

  • 24

    Dougnon, un des premiers ouvriers cadres du chemin de fer Dakar-Niger, Ambadiou

    Perou tourneur ajusteur etc….

    - Des Ingenieurs, Techniciens, Electro et Froid : Amatégué Ogobara Dolo, Djibril Dolo,

    Ahiré Dolo

    - Des Magistrats : Pémon Dolo, Assama Dolo etc….

    - Des Techniciens de l’aviation civile : Dimé Pérou, Ogotémélou Dolo

    - Des Officiers et sous officiers de l’armée : Cdt Binem Poudiougo (Chef d’Etat major),

    Capitaine Koguièm Dolo, Lt Kimbassa Dolo, Adj. Pangalé Dolo etc ….

    NB : il n’est pas facile de citer tous les cadres issus de l’école de Sangha, donc nous

    nous sommes limités à quelques cadres. Il n’est pas inutile de signaler que, nous

    n’avons pas trouvé de précision sur leur année pour la prise de fonction. Malgré, le

    nombre élevé des cadres formés par cette école, elle souffre toujours des difficultés

    (manque de documents, insuffisance de maître insuffisance de salles de classes) etc.…

    - 5. Les Archives de l’école de Sangha : L’école de Sangha ayant été dirigée par des Instituteurs Européens, on serait en droit

    de s’attendre à trouver aux archives tous les documents intéressants, sa création et sa

    marche. Il n’en est rien et on peut dire que l’école de Sangha n’a pas d’archives. Le

    registre matricule n’existe pas ; on ne peut donc savoir le nombre d’élèves qui ont déjà

    fréquenté l’école, ni à plus forte raison ce que ces élèves sont devenus dans la vie. Nous

    avons déjà constaté dans beaucoup d’écoles une grande négligence en ce qui concerne

    la tenue des registres obligatoires. Les maîtres semblent considérer, tout à fait à tort,

    cette question comme secondaire25.

    25 Bulletin d’Inspection N°32 SE Ecole de Sangha Bandiagara du 21 Février 1923 (I.G. 100FR Archives Nationales P4)

  • 25

    CHAPITRE I : Sangha pôle d’attraction du tourisme : 1. Définition du tourisme :

    Le mot anglais ‘’tourisme’’ tire son origine du vocable français ‘’Tour’’ (mouvement

    circulaire). Le mot ‘’Tourist’’ fut employé pour la première fois par l’Anglais Pegge

    dans l’anecdote ‘’English langage‘’a traveller is now a day colled tour-ist’’. Mais c’est en

    1978, que le dictionnaire de l’académie française définit ce mot de la façon

    suivante :’’est touriste toute personne qui ne voyage que par curiosité ou par

    désœuvrement pour le plaisir de voyager, pour dire qu’elle a voyagé26’’

    En effet le tourisme est un phénomène qui n’a vraiment émergé dans la réalité

    quotidienne que depuis un demi siècle. Mais il a connu une expansion rapide dans les

    sociétés comme dans l’espace mondiale due à l’effet combiné du temps de loisir

    (l’extension du principe des congés payés, l’augmentation de leur durée) et la révolution

    scientifique et technique (la réduction du temps de transport par l’utilisation

    généralisée de l’avion, la réduction relative des coûts de transport) ont joué un rôle

    fondamental dans les mouvements touristiques. C’est sans doute cette réduction du

    temps de voyage qui a eu l’effet le plus spectaculaire : La distance temps se mesurant

    en heure au lieu des journées ou des semaines.

    2. Pôle d’attraction :

    Dans la 5e région se trouve l’une des zones les plus attrayantes du tourisme malien ;

    c’est la zone de Bandiagara et de Sangha. Cette dernière se trouve au cœur du pays

    dogon et par conséquent habité par le Dogon,un peuple original et surtout caractérisé

    par la richesse de sa culture ;de ses coutumes et ses modes de vie. Pays de falaises et de

    grottes, c’est aussi la région des masques.

    C’est l’histoire, la civilisation originale qui jointe aux pittoresques du relief qui fait

    que le Pays dogon est classé patrimoine mondial. C’est sans doute, Sangha qui fait du

    Pays Dogon, le pôle d’attraction touristique et ceci parce que Sangha est l’un des sites

    touristiques les plus fréquentés au Mali. Nous rencontrons entre autres les touristes

    culturels, les touristes d’affaires, les touristes d’agréments etc.….

    26 Dolo Dogodiougo : Le tourisme et son impact socioéconomique en pays Dogon Hist-Géo, ENSup, Bamako 1986 Page 5

  • 26

    La découverte du Pays Dogon remonte à 1933 époque à laquelle les membres de la

    mission ethnographique Dakar Djibouti, dirigée par Marcel Griaule revinrent fort

    enthousiastes et publièrent les premières images d’une région tourmentée et

    grandiose,ainsi les premiers récits des cérémonies impressionnantes aux quelles ils

    avaient pu assister ;depuis, les publications se sont multipliées les unes réservées aux

    spécialistes ,les autres comme ‘’Dieu d’eau’’ de Marcel Griaule,lues par de nombreux

    lecteurs à travers le monde. La curiosité soulevée par les descriptions et films des

    ethnologues, le développement aussi des voyages touristiques, font chaque année un

    nombre de plus en plus grand de visiteurs affluents vers la falaise de Bandiagara27.

    - 3. Evolution touristique et Hôtelière : La SMERT est une société mixte créée par l’ordonnance No 21/CMLN en date du 31

    Septembre 1971. Elle entre dans sa phase opérationnelle à partir du 1er Janvier 1975

    et a pour objectif d’entreprendre des opérations de développement et de promotion de

    l’activité touristique à l’intérieur et à l’extérieur du Pays. Les principaux pôles

    d’attraction étaient difficiles d’accès, ce qui nécessitait un support organisationnel

    cohérent et structuré.

    Tableau I : Arrivées annuelles des touristes à Sangha :

    Années 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 Arrivées 1218 1454 3294 1655 1408 111 950 799

    27 Niangaly Anoumoloum : Impact du tourisme sur la culture Dogon PPP ENSup Bamako 1982 page 30

  • 27

    Arrivées annuelles des touristes à Sangha

    0

    500

    1000

    1500

    2000

    2500

    3000

    3500

    1 2 3 4 5 6 7 8

    Années

    Arr

    ivée

    s

    AnnéesArrivées

    En remarquant ce diagramme, la période entre 1994 - 1996, cette période est

    marquée par une croissance du nombre des touristes d’année en année, et cela peut

    s’expliquer depuis le règne de la paix au Mali après les événements de mars 1991. de

    1997 à 2001, il y a eu une grande fluctuation marquée par une forte baisse du nombre

    des touristes. Cette diminution, à notre avis s’explique par les multiples conflits de

    taxes qui opposaient les agents touristiques et la mairie de Sangha. A cet effet ; au

    niveau de Mopti certains guides détournaient les touristes vers Eindé en les faisant

    savoir, qu’il y a des problèmes à Sangha. Cette baisse devenait progressivement

    inquiétante dans la mesure où avant 1980, Sangha ne recevait plus que 4000 touristes

    par an.

    Sangha possède actuellement 4 établissements Hôteliers et de nombreux petits

    restaurants dans les villages isolés. Les moyens matériels dont dispose Sangha pour

    faire fonctionner son industrie touristique sont très insuffisants pour répondre aux

    exigences d’un tourisme de qualité. Il faut signaler également le mauvais état des

    routes ; en saison des pluies, la piste jusqu’à Sangha est impraticable pour des

    véhicules autres que 4x4, et très difficile le reste de l’année ; pendant la saison sèche,

    aucun problème.

  • 28

    Tableau II : Evolution hôtelière et touristique au Mali de 1990 à 2001

    Années

    Nombre Hôtels

    Nombre de chambres

    Nombre de lits

    Arrivées Nuitées

    1990 53 1164 1248 52101 115160 1991 59 1272 1926 37962 81174 1992 67 1415 1771 37843 80773 1993 69 1323 1767 30877 48634 1994 72 1239 1738 27661 72139 1995 76 1582 2070 42897 102678 1996 86 1744 2616 54223 105074 1997 96 1912 2868 75280 148031 1998 110 1988 2982 82780 162831 1999 114 2271 3406 86780 178310 2000 120 2748 4142 92000 180000 2001 134 2816 4324 94300 184500

    Source : OMATHO (Office Malien du Tourisme et d’Hôtellerie).

    4- Circuits touristiques au pays dogon : De nos jours, plusieurs agences organisent des voyages touristiques au pays

    dogon,nous avons entre autres : le Tellem voyage,Timbuctour, A.T.S (Afrique trans-

    service) etc.

    A Sangha, une grande majorité des jeunes sont impliqués dans les activités

    touristiques et cela influence négativement sur la scolarisation d’après nos remarques

    au bureau de guides de Sangha, les 85% des guides sont des jeunes scolarisés et qui ont

    fini par abandonner l’école au profit du gain immédiat de ces activités.

    -Le petit tour : Sangha-banani: Cette excursion demande une marche de deux heures à peu près. Continuer par la

    piste jusqu’au village de Bongo, situé au bord de la falaise d’où l’on découvre une vue

    magnifique sur la plaine de Gondo ,puis suivre dans le sens sud-ouest le bord de la

    falaise, passer le tunnel naturel de 80 m destiné comme lieu d’exposition d’objets d’arts

    sur lequel Bongo est bâti dans la partie antérieure de la falaise, les cavités qui creusent

    la roche servent de cimetière aux agglomérations environnantes .Le village de Banani

    est formé de 4 villages (Amou,Kokoro,Na et Sirou ) à ces belles cases quadrangulaires

  • 29

    se mêlent des greniers nombreux aux flancs décorés de symboles modelés dans le banco

    .Puis remonter par l’escalier, en coupant ensuite par les séries de banco rocheux sans

    repasser par Bongo.

    - Le moyen tour de Sangha à Ireli ; Cette balade demande à peu près 3heures 30mn de marche. A partir de Sangha, se

    diriger au sud vers les gorges profondes où poussent de grands arbres. Après un tour

    par le village de Pégué, on gagne le pied de la falaise et en continuant vers le sud –

    ouest par un sentier à travers les champs du village de Ireli. Un sentier de chèvre, qui

    signale un autel de sacrifices arrosé de lait et de mil, serpenté capricieusement entre

    les blocs surmontés de cases et de greniers jusqu'à la place principale du village où se

    trouve un très beau Toguna dont les piliers en banco portent en relief des symboles

    dogon Ici les cavités servent toujours de tombes et les cordes qui pendent le long de la

    paroi servent à monter le corps dans la cimetière.

    CHAPITRE II: Tourisme comme facteur de développement

    1-Progrès sociaux : Depuis 1984, les jumelages et l’assistance des associations humanitaires promettent un

    avenir meilleur .Le chef du bureau de la SMERT Sangha avait fait la connaissance

    d’une touriste française de cheny du nom de Anne Marie Gillet .Cette dernière avait

  • 30

    quitté le pays dogon avec la promesse d’aider. En cherchant des partenaires. Elle fonda

    ‘’le comité d’Aide à Sangha’’. Depuis 3 ans le comité envoyait des dons à Sangha :

    vêtements, fournitures scolaires, semences de cultures maraîchères etc. En décembre

    1984, le village de ogol fut jumelé à la ville de cheny .En 1985, l’association finance la

    construction d’une pharmacie gérée par les villageois .la pharmacie reçoit des colis. Le

    comité cherche aussi des médicaments .le comité à déjà forer deux puits à Sangha un

    dispensaire et une salle de classe électrifiée par des pompes solaires. Anne marie Gillet

    jouait le rôle d’incitatrice en faisant de la publicité dans les journaux et à la radio. Elle

    promet de jumeler plusieurs villages dogons.

    Le comité AICF Paris se propose ainsi de contribuer au développement de la région

    par des projets d’adduction d’eau : forage de puits, retenue d’eau, irrigation, avec la

    collaboration des villageois28.

    Le comité d’aide à fini par construire un hôpital à Sangha et cela a beaucoup réduit la

    mortalité infantile de la population de sangha.

    De nombreuses classes ont été construites à Sangha et environnant par le comite

    d’aide et l’ONG via sahel. Le tourisme a également crée des emplois et réduit l’exode

    rural.

    2-Progres économiques : Dans le pays dogon, le flux touristique provoque un changement des habitudes.

    Pendant la période touristique c’est à dire de décembre à février, tous les jeunes à

    Sangha exercent les activités touristiques qui les remportent beaucoup d’argent

    .D’autres sont des antiquaires et leurs revenus très élevés. Il arrive des moments où ils

    vendent une statue à 500.000Francs CFA et même 1.000.000FCFA. Et face à la rareté

    des produits de cueillettes (tamarin), ces revenus sont supposés aux prix des

    condiments (sel, poisson, la bière de mil et même souvent l’impôt etc). Rarement on voit

    une femme sur les lieux de transaction. Cependant ces dernières profitent aussi du

    28 Dolo Dogodiougo : Le tourisme et son impact socio-économique en Pays Dogon Hist-Géo, ENSup Bamako 1986 P91.

  • 31

    tourisme en faisant vendre leurs vieilles parures traditionnelles. Et les jeunes qui

    gagnent beaucoup se font payer de grosse moto et même construire de belle maison.

  • 32

    Chapitre III : DANGERS DU TOURISME.

    1- Transformations survenues dans la société dogon Avant l’arrivée des étrangers et des touristes en pays dogon, les dogons vivaient en

    communauté où la hiérarchie était de rigueur. Les vieux dirigeaient tout et les jeunes

    obéissaient .L’animisme était la religion des dogons mais, depuis que les blancs

    particulièrement les touristes sont arrivés en pays dogon des changements se sont

    opérés et continuent à s’opérer dans la société dogon, dans ses coutumes et mœurs,

    dans ses comportements, dans son mode de vie, dans ses pratiques et croyances

    traditionnelles en un mot dans sa culture.

    Avec le tourisme est né un besoin nouveau : Posséder de l’argent. Les jeunes et les

    enfants pour avoir de l’argent se sont livrés au pillage du patrimoine culturel

    (statuettes et autres objets de culte). Les touristes constituent leurs principaux clients.

    L’appât du gain fait qu’aujourd’hui, les jeunes et même certains paysans abandonnent

    leur travail pour aller vers ces touristes là afin de les soutirer quelque chose soit en

    leur donnant des objets d’art, soit en leur expliquant certains mystères du pays dogon

    .Normalement les danses des masques ne s’organisent que lors de certaines cérémonies

    rituelles et funéraires, le Dama (levée du deuil) par exemple .Mais avec l’arrivée des

    touristes, les danses des masques s’organisent n’importe comment.

    2- les conséquences sociales de la perturbation Actuellement le pays dogon est confronté aux problèmes de perturbations

    consécutives. A chaque fois que nous remarquons la perte d’un objet rituel, nous

    procédons rapidement à son remplacement .Cela explique qu’il n’y a pas de tranquillité

    sociale car le pillage déstabilise non seulement le socle du culte mais aussi la société en

    question.

    Il aboutit progressivement à l’abandon des coutumes et des mœurs .Cette perte de

    repère joue négativement sur le milieu dogon. La disparition de certains objets

    antiques peut provoquer la sécheresse, la famine tout comme la destruction des autels

    de pluie qui ont des incidences sur la pluviométrie et à savoir, le bon rendement de la

    récolte est conditionné au bon nombre de la pluie.

  • 33

    CHAPITRE I : ASPECTS NEGATIFS : Selon nos informations, l’authenticité de la culture Dogon a eu le mérite d’attirer des

    milliers de touristes ; les conséquences qui découlent de cette rencontre mérite autant

    d’attention.

    Le Pays Dogon vivait en vase clos. La richesse du patrimoine culturel a fait du Pays

    Dogon une destination touristique.

    A l’influence du tourisme, s’ajoute également les durs travaux et la rigueur du climat

    accélère l’émigration des jeunes. Ce phénomène provoque une perte de bras valide

    pour de nombreuses familles. Face à une telle situation, le rendement de la récolte

    connaîtra une diminution, du coup les villageois sont victimes de la famine et de

    l’épidémie.

    Malgré que, le taux de la scolarisation s’accroît d’année en année, l’école de Sangha

    connaît de nombreux problèmes : vu le gain immédiat du tourisme, beaucoup d’enfants

    font aujourd’hui l’école buissonnière ; à cela s’ajoute le cas d’abandon. La plupart de ces

    enfants partent à l’école juste pour apprendre un peu le français et pouvoir

    communiquer aux touristes. Ces jeunes quittent l’école à partir de la 4ème Année,

    malheureusement ; ils n’ont pas la culture nécessaire pour satisfaire les besoins des

    touristes. Ces enfants qui abandonnent l’école, tissent le lien d’amitié avec les blancs et

    cherchent toujours à aller vers l’Europe comme la France, l’Espagne etc…. Ils sont

    seulement attirés par le gain immédiat sinon ; ils ont toute la possibilité d’étudier et

    chacun peut manger à sa faim. Il n y a aucun problème de logement dans les

    campagnes. Ces enfants sont dans la rue, sans aucune qualification de métier. Un

    exemple récent : En 1989 ‘’Le comité d’Aide à Sangha’’ a pris l’initiative d’aider un

    élève de Sangha. Cet élève quand il faisait la 2eAnnée, il a été parrainé par les gens de

    cette association. Chaque année, à la rentrée scolaire l’élève bénéficiait des documents,

    des vêtements, avec une certaine somme d’argent. Au début l’élève étudiait bien ; mais

    une fois arrivé au second cycle, il a commencé à écrire à son ami (touriste) pour lui

    demander des cadeaux comme des chaussures, des tenues de marque, d’autant plus il

    avait du soutien de la part des blancs, il n’écoutait plus ses parents et s’est livré au

    vagabondage en pratiquant l’école buissonnière. Au fil du temps, il abandonna l’école

  • 34

    au profit des activités touristiques ; alors que les blancs l’avaient promis une bourse

    d’études à l’extérieur, après son BAC. En 2000, quand ces mêmes blancs sont revenus à

    Sangha, ils ont été surpris pour son abandon à l’école et du coup ils ont coupé le lien

    d’amitié avec cet enfant.

    Les enfants qui n’ont jamais été à l’école, au passage d’un touriste ou d’une voiture de

    touriste, vont dire monsieur ‘’donne moi un bic’’,’’donne moi un bonbon’’

    On rencontre le plus souvent les élèves, qui utilisent leurs cahiers de cours comme

    cahiers de dessin dans lesquels, ils dessinent des masques dogon qu’ils présentent aux

    touristes pour avoir de l’argent. Et ce qui est évident, les enfants se disent ‘’je veux être

    élève, je veux être ami d’un blanc, je veux avoir beaucoup d’argent’’.

    Donc, ils vont à l’école juste pour apprendre le français, et ensuite pour pouvoir

    guider les touristes.

    Le tourisme a fait les ‘élèves, des ’’élèves antiquaires’’, presque tous les enfants

    possèdent quelques petits objets d’art dans leurs sacs d’école, et dès qu’ils trouvent un

    petit temps libre, ils profitent d’aller vendre ces objets aux touristes. Au fil du temps,

    ils cessent même de suivre les cours au profit de l’activité touristique. Dans une telle

    situation ; si tous les enfants se donnent aux activités touristiques, l’école à la longue

    va perdre son importance. Pour contre carrer ce fléau, il faut que les parents des élèves

    surveillent de près leurs enfants ; car tout dépend de l’éducation que l’enfant reçoit

    dans sa famille.

  • 35

    CHAPITRE II : ASPECTS POSITIFS

    Depuis que le tourisme a pris de l’ampleur en pays dogon, le taux de scolarisation va

    d’année en année en hausse .Cela s’explique par la construction de nombreuses salles

    de classes par les touristes .Ce sont les touristes qui soutiennent les écoles à Sangha en

    leur dotant chaque année de fournitures scolaires.

    Au départ, pour insuffisance de classes le recrutement des enfants était très limité et

    tout le monde n’avait pas la chance d’aller à l’école .Aujourd’hui, avec l’aide des

    touristes les enfants ont la chance de réussir à l’école.

    Malheureusement, l’habitude du gain immédiat fait de ces élèves, des enfants sans

    aucune qualification de métier et ils n’ont pas la volonté d’étudier.

    Chacun veut tirer profit des touristes, dès qu’ils comprennent un peu le français. L’école de Sangha bénéficie toujours du soutien financier ou matériel de la part des

    touristes. A la rentrée scolaire, il n’y a pas une école qui ne reçoit pas de don et cela a

    beaucoup diminué les dépenses des parents d’élèves

    La rentrée scolaire est le moment le plus dur pour la population de Sangha, parce que

    cela correspond à la période de soudure, l’argent se fait rare et il faut obligatoirement

    s’acquitter des frais de scolarité ; les fournitures scolaires pour les enfants, payer les

    impôts, chercher également de l’argent pour les semences d’oignon : principales

    ressources des habitants de Sangha,

    Donc les touristes donnent au cours de leur passage aussi minime que ce soit des

    crayons à billes, des cahiers, des crayons de papiers et des livres.

    Nous avons le comité d’Aide à Sangha et l’ONG via sahel, ces deux associations

    investissent beaucoup pour le développement de la commune de Sangha notamment

    dans le domaine de l’éducation « Via Sahel » a bâti trois nouvelles salles de classes à

    Sangha bongo pour un montant de 10.500.000FCFA, un bureau pour le directeur et des

    latrines.

    Pour le deuxième cycle de Sangha plateau, le projet a construit 3 salles de classes pour

    un montant de 11.800.000FCFA et a mis en place deux vacataires pour une durée de 5

    ans renouvelable.

  • 36

    Chaque année à la rentrée scolaire, il fournit des fournitures scolaires pour un montant

    de 250.000FCFA.

    Ce projet reçoit également des missionnaires, qui viennent faire la sensibilisation dans

    les différentes écoles de la commune de Sangha29. Aujourd’hui, avec l’aide des touristes, l’école de Sangha dispose 18 salles de classes,

    dont 12 salles pour le premier cycle ‘’A et B’’ et 6 salles de classes pour le 2e cycle ‘’A et

    B’’. Pendant ces dernières années, avec l’augmentation du nombre de classes, le faible

    taux de réussite dû souvent à la pléthore des élèves dans les salles a connu une

    amélioration du taux de passages et du nombre d’inscrits.

    De nombreuses écoles ont bénéficié des cantines scolaires dans la commune de Sangha

    l’école d’Ireli dispose d’une cantine depuis 1983 mais elle a connu une rupture durant

    quelques années. En 2000 la nouvelle cantine a vu le jour ; elle est appuyée par le

    PNUD ; l’UNESCO et l’UNICEF en collaboration avec le PAM. Cette cantine est gérée

    par un comité de gestion où le directeur fait l’action de superviseur.

    La cantine en milieu scolaire, crée la socialisation et la solidarité entre les enfants et

    attirent beaucoup d’enfants à aller à l’école pour s’adapter à cette vie en groupe. Les

    cantines scolaires sont un peu partout en pays dogon, nous avons les écoles de Kargue,

    Goundaka, Kori-kori, Ireli, Ouo, sont financées par le Mali- PNUD UNESCO, BADS et

    mission sahel pour l’école de Ireli

    Les écoles de, Kendié Nombori, Ondougou, Diakonsagou Yendouma, Dourou, Kani-

    Gogouna, Tabitongo, Soroly etc sont financées par le CRS.

    La cantine de Pèlou a été financée par l’UNICEF à travers la mission sahel.

    En dehors de ces écoles, six autres ont été dotées de cantine au cours de l’année en

    cours et soutenues par le CRS.

    En dehors des ONG, le jumelage appuie les cantines de Kendié Ondiougou30.

    La pratique de l’hygiène a pris de l’ampleur à l’école, on essaie de l’améliorer en

    copiant les touristes, et souvent même les touristes passent à l’école pour donner des

    médicaments aux enfants malades, ou faire également la sensibilisation dans les

    29 Alain Vallet : Représentant (ONG, Via Sahel Sangha) 30 Rapport de la rentrée scolaire 2000-2001 ? Inspection de Bandiagara P11.

  • 37

    classes en montrant des sketchs de film sur certaines maladies comme par exemple le

    Sida.

    La situation économique difficile que connaissent le pays et le faible développement des

    sources internes de financement contraint le Mali à recourir à l’aide étrangère pour

    faire face à ses dépenses d’éducation. De nombreux pays étrangers et organismes

    internationaux apportent leur appui au gouvernement dans le secteur de l’éducation.

  • 38

    Chapitre III : Evolution de la population scolaire, Ecole de Sangha : 1- Population Scolaire du 1er cycle : - Effectif du 1er cycle A :

    1ère A 2èA 3èA 4èA 5èA 6èA Total % Années G F G F G F G F G F G F G+F G F 93-94 78 35 80 26 80 23 75 22 69 22 59 19 588 75.00 25.0094-95 75 34 47 29 42 27 40 23 36 18 33 23 427 63.93 36.0695-96 72 40 46 37 52 25 40 19 34 22 31 17 435 63.21 36.7896-97 71 47 62 39 63 28 39 23 37 23 40 18 490 63.67 36.3297-98 69 43 59 36 57 33 56 25 54 22 40 19 513 65.30 34.6998-99 68 49 60 45 67 30 73 21 63 24 41 20 561 66.31 33.6899-2000 79 48 72 46 69 37 74 23 71 23 50 17 609 68.14 31.852000-01 70 46 64 44 68 35 63 32 48 29 51 28 578 62.97 37.02Source : Direction du 1er cycle «A» Ecole de Sangha Tableau I : Voyons comment s’effectue l’évolution du nombre des élèves du 1er cycle A de 1993-

    2001. Une évolution, que nous remarquons en dents de scie.

    De 1993 à 1997, l’évolution du nombre des garçons a chuté. En 1993, nous avons un

    pourcentage de 75%, descend à 63,21% en 1995 ; par contre le pourcentage des filles a

    connu une légère hausse entre 1993-1997 (qui est parti de 25% à 36,32%). Nous

    constatons une légère croissance du taux des garçons de 2,84 % entre 1997-2000, et en

    2000-2001 le pourcentage des filles a atteint 37.02%.

  • 39

    - Tableau II : Niveau d’études de la promotion 1993-1999 du 1er cycle A : -

    Années Classes

    93-94 94-95 95-96 96-97 97-98 98-99

    113 d p

    1ère A

    20 93 93 d p

    2è A

    22 71 71 d p

    3 è A

    21 50 50 d p

    4 è A

    19 31 31 d p

    5 è A

    7 24 24 d p

    6 è A

    9 15 Source : Direction du 1er cycle « A » Ecole de Sangha 82,30% 76,34% 70,42% 62% 77,41% 62,5% NB : (d) signifie nombre de doublants par classe et (p) signifie nombre de passants. Ce tableau, démontre l’évolution du nombre d’élèves inscrits en 1ère Année A pour la

    rentrée scolaire 1993-1994. Sur les 113 élèves de la 1ère Année, nous allons démontrer

    le nombre d’élèves, qui ont fait le cycle normal durant les 6 Années d’études (1ère Année

    en 6e Année).

    En 1993-94 sur les 113 élèves de la 1ere Année, nous avons enregistré 93 passants

    pour la classe de la 2e Année et 20 doublants en 1ère Année avec un taux de passage de

    82,30%.

    En 1994-95, parmi les 93 élèves de la 2è Année, 71 ont passé pour la 3e Année et 22 ont

    doublé, avec un taux de passage de 76,34%. A la rentrée 1995-96, sur les 71 élèves, 50

    ont passé pour la 4è A et 21 ont doublé avec un taux de passage de 70,42%. En 1996-97,

    sur les 50 élèves de la 4e A, nous avons enregistré 31 passants, et 19 doublants avec un

  • 40

    taux de passage de 62 %. En 1997-98, parmi les 31 élèves de la 5e A, 24 ont passé pour

    la 6e A et 7 ont repris la 5è A, nous avons constaté un taux de passage de 77,41%. A la

    rentrée 1998-99, sur les 24 élèves de la 6e A, 15 ont été admis au CEP et 9 ont doublé

    avec un taux de passage de 62,5% ; de ce fait sur les 113 de la promotion 1993-99, nous

    avons constaté, que 15 élèves seulement ont fait le cycle normal pour le 1er cycle.

    De 1993-1996, le pourcentage de passage a connu une légère baisse, par contre de

    1996-1198, le taux de passage a augmenté de 15,41%.

    Tableau III : Evolution des doublants de la dite promotion (de 1994 à 2000).

    Années Classes

    94-95 95-96 96-97 97-98 98-99 99-2000

    20 R P

    1ère A

    5 15 22 R P

    2è A

    4 18 21 R P

    3 è A

    0 21 19 R P

    4 è A

    1 18 7 R P

    5 è A

    3 4 9 R P

    6e A

    1 8 Source : Direction du 1er cycle Ecole de Sangha 75% 81,81% 100% 94,73% 57,14 88,88% Source : Direction du 1er Cycle, Ecole de Sangha.

    NB : Dans le tableau III (R) signifie Redoublants et (P) signifie passants A la rentrée 1994-95, sur les 20 doublants de la 1ère Année 1993-94, nous avons

    remarqué 15 passants pour la 2e A et 5 Redoublants avec un taux de passage de 75%.

  • 41

    Le taux de passage est de l’ordre suivant :

    1995-96 : 81,81%

    1996-97 : 100%

    1997-98 : 94,73%

    1998-99 : 57,14%

    1999-2000 : 88,88%

    De 1994-1997, nous remarquons, une légère hausse du taux de passage et cela peut

    s’expliquer par le courage déployé par ces élèves étant donné qu’ils ont été victimes de

    l’échec dans la même classe, donc pour ne pas tripler la classe, ils ont intérêt à

    travailler.

    De 1997-2000, nous constatons une évolution en dents de scie, et cette diminution à

    notre avis peut s’expliquer par les activités touristiques ; la plupart de ces enfants, dès

    qu’ils comprennent un peu le français, ils s’intéressent plutôt aux activités touristiques

    et cela peut beaucoup jouer sur le taux de passage.

    Tableau IV : Taux d’admission au CEP du 1er Cycle de 1993-2001.

    Inscrits Présentés Admis Pourcentages Années G F Total G +F G F Total G F Total 1993-94 59 19 78 75 21 6 27 28 8 36 1994-95 33 23 56 54 35 12 47 64,81 22,22 87,03 1995-96 31 17 48 48 31 13 44 64,58 27,03 91,66 1996-97 40 18 58 56 20 5 25 35,71 8,92 44,64 1997-98 40 19 59 55 19 4 23 34,54 7,27 41,81 1998-99 41 20 61 59 33 9 42 55,93 15,25 71,18 1999-00 50 17 67 66 40 10 50 60,60 25 75,75 2000-01 51 28 79 79 37 23 60 46,83 29,11 75,94

    Source : Tableau IV (Ibidem) Nous remarquons une évolution en dents de scie. Entre 1993-1994, le pourcentage

    total des admis au CEP était de 36%. De1993-1996, l’évolution a été significative avec

    une augmentation de 91,66%.Entre 1996-97, le taux d’admission descend à 44,64%. Le

    pourcentage a connu une légère hausse de 75,94% entre 1997et 2001. Dans l’ensemble

  • 42

    à notre avis le taux de passage est appréciable, car de 1993 à 2001, le 1er cycle ‘’A’’ n’a

    enregistré que 3 années scolaire seulement avec un taux d’admission de moins de 50%

    au CEP.

    NB : Par manque de données suffisantes nous n’avons pas pu évaluer l’effectif du 1er cycle ‘’B’’. Pour certains cas les registres matricules n’existent pas, on ne peut pas donc

    savoir le nombre d’élèves qui ont déjà fréquenté l’école

    2- Evolution de la population scolaire du second cycle de Sangha :

    Effectifs Total Pourcentage Années G F G+F G F 1983-84 1984-85 1985-86 1986-87 1987-88 1988-89 1989-90 1990-91 1991-92 1992-93 1993-94 1994-95 1995-96 1996-97 1997-98 1998-99 1999-2000 2000-01

    95 87 106 99 67 65 64 100 112 115 134 130 178 195 237 261 325 416

    11 12 15 16 14 18 14 19 24 21 34 40 44 47 58 58 68 134

    106 99 121 115 81 83 78 119 136 136 168 170 222 242 295 319 393 550

    89,62 87,87 87,60 86,60 86,08 82,71 78,31 82,05 84,03 84,55 76,47 80,18 80,57 80,33 81,81 82,69 82,69 75,63

    10,37 12,21 12,39 13,91 1728 2168 17.94 15,96 17,64 15,44 20,23 23,52 19,18 19,42 19,66 18,18 17,30 24,36

    Tableau V Source direction du 2ème cycle de Sangha

  • 43

    Evolution de la population scolaire du second cycle de Sangha de 1983-2001

    0

    100

    200

    300

    400

    500

    600

    1983

    -84

    1984

    -85

    1985

    -86

    1986

    -87

    1987

    -88

    1988

    -89

    1989

    -90

    1990

    -91

    1991

    -92

    1992

    -93

    1993

    -94

    1994

    -95

    1995

    -96

    1996

    -97

    1997

    -98

    1998

    -99

    1999

    -200

    0

    2000

    -200

    1Années

    Nbr

    e d'

    élèv

    es

    Nbre d'élèves

    En 1983-1984, l’effectif des élèves était de 106, dont 89,62% pour les garçons

    contre10, 37% pour les filles. Entre 1983-1989, le taux des filles a connu une

    augmentation de 7%. De 1983 à 2001, nous constatons un accroissement du taux des

    filles de 14%. Par contre le taux, des garçons croît lentement par rapport à celui des

    filles. Cette augmentation du pourcentage des filles, il faut saluer l’ardeur des autorités

    scolaires, qui ont battu des campagnes de sensibilisation dans tous les quartiers et

    villages de la commune de Sangha pour envoyer les filles en âge de scolarisation. Ce

    qui a donné comme résultat un accroissement progressif du nombre des filles. La

    création d’un autre second cycle a permis d’éviter la pléthore dans les salles.

  • 44

    Tableau VI : Evolution de la promotion 1988 du second cycle de Sangha.

    Années Classes

    1988-89

    1989-90

    1990-91

    35 d P

    7eA

    6 29 29 d p

    8eA

    7 22 22 d p

    9eA

    16 6 82,85% 75,86% 27,27% NB : (d) signifie, nombre de doublants et (P) le nombre de passants En 1988- 89, la 7èA comptait 35 élèves dont 22 élèves ont eu la chance de passer en 9e

    Année, soit un taux de 75,86%. Au DEF 1990-91 ; 27 candidats se sont présentés dont

    22 candidats de la dite promotion et il y a eu 11 admis sur les 27 soit un taux de

    réussite de 40,74% ; dont 6admis sur les 22 de la promotion. Donc sur les 35 élèves.

    Seulement 6 ont fait le cycle normal pour le 2e cycle. Parmi les 6 au DEF, 1 a fini une

    école professionnelle (CFTQ) et les 5 autres ont été orientés au lycée. Sur les 5, un se

    trouve en 5e Année à la Faculté de Médecine (FMPOS) ; deux font la 4è Année à la

    FLASH ; un a fini avec l’IUG et enfin le 5èe a terminé avec la FAST. Ce tableau nous a

    permis de connaître l’évolution de toute une promotion, tout en précisant ceux qui ont

    fait le cycle normal au milieu des 35 élèves. Il y a également un second qui suivra

    l’évolution des doublants de la même promotion.

  • 45

    Tableau VII : Evolution des doublants de la promotion 1988-89

    Années Classes

    1989-90

    1990-91

    1991-92

    6 R P

    7eA

    3 3 7 R P

    8eA

    2 5 16 R P

    9eA

    9 7 NB : (R) signifie nombre de redoublants et (P) nombre de passants

    Source : Tableau VI, Direction du 2è cycle Ecole de Sangha Tableau VII source Ibidem.

    En 1989-90, parmi les 6 doublants de la classe de 7è Année, 3 élèves ont passé pour la

    classe de 8è Année et les 3 autres ont abandonné l’école, actuellement deux d’entre eux

    font le guide touristique à Sangha. En 1990-91 parmis, les 7 doublants de la 8è Année,

    5 élèves ont passé pour la classe de 9e Année avec un taux de passage de 71,42% et les

    deux triplant, l’un est devenu commerçant d’oignon et le second est cultivateur. Au

    DEF 1991-92, sur les 16 doublants de la promotion, 7 ont été admis avec un taux de

    43,75%. Au total nous avons 12 admis au DEF sur 32 candidats avec un taux de

    37,50%. Présentement parmi les 9 échecs, 1 a été admis au DEF 1992-93 comme

    candidat libre et qui est actuellement fonctionnaire de police. Le 2èest serveur au

    campement Hôtel Sangha, 3 personnes font l’agence touristique et 4personnes qui ne

    sont pas de Sangha sont rentrées dans leurs villages. Parmi les 7 admis au DEF,4

    élèves ont terminé dans les différentes écoles professionnelles avec un niveau CAP. Un

    a été renvoyé au lycée en classe de 12e Année, le 6e élève n’a pas continué l’école après

    son DEF ; et s’est intéressé également au guidage touristique. Et le 7e a terminé à

  • 46

    l’ECICA avec niveau BT (Brevet de Technicien). Donc sur les 35 élèves du groupe, 7 se

    sont dirigés vers le secteur touristique avec un taux de 20% de participation.

    Tableau VIII : Taux d’admission au DEF de 1983 à 2001, 2e Cycle de Sangha

    Années

    Nombre de candidats

    Nombre d’admis Pourcentage d’admis

    1983-84 1984-85 1985-86 1986-87 1987-88 1988-89 1989-90 1990-91 1991-92 1992-93 1993-94 1994-95 1995-96 1996-97 1997-98 1998-99 1999-2000 2000-2001 Total

    19 30 38 27 21 19 18 27 32 45 49 48 64 73 95 88 113 132 938

    7 11 8 8 8 13 9 11 12 31 27 21 48 50 77 68 72 73 554

    36,84 36,66 21,05 29,62 38,09 68,42 50,00 40,74 37,50 68,88 55,10 43,75 75,00 68,49 81,05 77,27 63,71 55,30 59,05

    Source : Tableau VIII Direction du 2ème cycle école de Sangha Ce tableau nous montre une évolution en dents de scie. Entre l’année 1984-1987,

    l’évolution a chuté ; en 1984-85, nous avons un pourcentage de 36,66%, descend à

    21,05% en 1985-86. En 1986-87, le taux est de 29,62%. Cette baisse à notre avis

    s’explique par le niveau faible des élèves. Cette faiblesse est conditionnée à des facteurs

    suivants :

    - Certains élèves, dès qu’il n’y a pas de cours, participent avec leurs parents aux

    travaux champêtres, et au retour, ils reviennent très fatigués et n’ont pas le courage

    d’apprendre leurs leçons.

    - A cela, il faut ajouter également que certains élèves, attirés par le gain des activités

    touristiques, fournissent moins d’effort pour leurs études.

  • 47

    Nous remarquons qu’en 1992-1993, le taux de passage a été appréciable avec 68,88%

    par rapport à l’année 1991-1992. Cette montée peut s’expliquer par les mesures prises

    par le directeur d’école, qui organisait des devoirs surveillés chaque semaine pour les

    matières qui devront apparaître à l’examen.

    Nous constatons qu’en 1999-2000, une légère baisse du taux d’admission avec 67,71%

    par rapport à l’année 1998-1999 .Cette baisse, peut s’expliquer par la pléthore des

    élèves dans les salles de classes.

    En 2000-2001, nous avons 73 admis sur 132, avec un taux de passage de 55,30%

    Enfin de 1983 à 2001, la 9e Année de l’école de Sangha avait 938 candidats qui se sont

    présentés au DEF ,554 ont réussi à l’examen et le taux d’admission s’élève à 59,06%.

  • 48

    CHAPITRE IV : PERSPECTIVES

    Pour répondre à tous ces problèmes posés, il faut un effort conjugué de la mairie de

    Sangha, les parents d’élèves et les autorités scolaires. Les solutions proposées sont les

    suivantes :

    - Il faut mener des campagnes de sensibilisation dans les différentes localités de la

    commune de Sangha, pour envoyer les enfants à l’école en âge de scolarisation.

    - il faut créer une association des guides et former des jeunes pour le secteur

    touristique, cela pourra diminuer le nombre de vagabonds dans la rue.

    - Il faut signaler, qu’avant la dissolution de la SMERT (société malienne d’exploitation

    des ressources touristiques) des mesures avaient été préconisées par les travailleurs de

    ce secteur. La SMERT faisait recours à l’école, en demandant au directeur d’école de

    veiller sur les élèves qui fréquentaient les touristes .Ces élèves étaient frappés par des

    sanctions disciplinaires, soit en leur faisant confectionner des briques ou leur faisant

    des devoirs sur les cours passés. Mais de nos jours, vu la pléthore des élevés, cette

    mesure est difficile à appliquer car, ils ne pourront pas veiller sur tous les enfants.

    - Donc il est nécessaire de penser à d’autres manières, d’autres moyens de

    sensibilisation tant du côté des élevés mais, aussi des touristes. Nous leur expliquerons

    les problèmes auxquels nous sommes butés avec l’influence du tourisme. Face à cette

    situation, il est nécessaire de créer une école du tourisme au niveau de Sangha ; qui se

    chargera de la formation des guides et autres agents du secteur touristique .Nous

    pensons, que ce système permettra aux enfants de mieux connaître l’histoire du pays

    dogon,les différents sites touristiques . Nous pensons bien que ce projet pourra fournir

    de l’emploi aux jeunes et en même temps ça permettra de contre carrer à l’émigration

    des jeunes. En procédant de cette manière, il est vraiment possible de développer le

    tourisme sans porter préjudice à la scolarisation à sangha.

  • 49

    Conclusion A travers un mémoire, il est quasiment impossible d’embrasser tous les impacts du

    tourisme sur la scolarisation en pays dogon notamment à sangha.

    Notre ambition, était donc de répondre à certaines questions qui se posent dans la

    région de Sangha avec le contact du tourisme.

    Nous avons voulu aussi approfondir notre connaissance de ce milieu auquel nous

    appartenons

    Dans cette étude beaucoup de problèmes sont restés sans solution, mais les

    recherches nous ont tout de même permis d’aboutir à certains résultats :

    - L’étude sur la scolarisation a permis de constater l’authenticité de l’école de Sangha

    et les difficultés qu’elle a connues au moment de son démarrage avec 3 salles de

    classes. Elle nous a permis de se faire une idée sur le taux de passage depuis la

    dernière décennie. C’était une école d’otages qui a eu à former de nombreux cadres de

    qualité et, qui n’ont jamais pris part pour son développement. Elle est marquée

    aujourd’hui à une déscolarisation, causée par l’influence du tourisme.

    - L’étude du tourisme a permis de constater, que le pays dogon est classé patrimoine de

    l’humanité par la beauté et la richesse de son passage. Et enfin cette étude nous a

    permis de connaître le développement et certains aspects négatifs du tourisme sur la

    population de sangha. Devant la conjoncture actuelle, le devenir de l’école de Sangha

    sera bouleversé par les activités touristiques. Aussitôt, on assistera impuissant à une

    transformation négative pour la population de sangha.

  • 50

    BIBLIOGRAPHIE Ouvrages Précis : - BEAUDOIN GERARD : Les Dogon du Mali, Paris, 1997

    - BOUVET CHRISTIAN et MARTIN JACQUES : Géographie seconde, hachette livre

    Paris, 1993

    - DIETERLEN GERMAINE : Le titre d’honneur des Arou (Dogon, Mali) imprimerie de

    la manutention à Moyenne, Paris 1982

    - GRIAULE MARCEL : Les masques Dogons, troisième édition Institut d’Ethnologie,

    Musée de l’homme, Paris, 1983

    - Politiques de l’Education en Afrique vol 1, librairie Intercontinentale 1988

    Archives Nationales du Mali : IG.283 Rapport sur l’organisation de l’école de Sangha Cercle de Bandiagara 1913

    Dossier IG 100 F.R. Bulletin d’Inspection No32.S.E.Ecole de Sangha 1923

    Dossier IG 100 F.R. Bulletin d’Inspection No133. S.E. Ecole de Sangha1928

    Dossier 16-300 Rapport Statistique Scolaire (Bandiagara- Sangha 1931-1940)

    Mémoires :

    ARAMA (AMADOU) : l’Ecole rurale Dogon : Conception et attitudes des Paysans face à

    la scolarisation dans le Séno Bankass ppp ENsup Bko 1983

    DOLO DOGODIOUGO : Le tourisme et son Impact Socio-économique en Pays Dogon

    Histoire Géographie ENSup Bamako 1986.

    DOLO SEKOU SALLAH : Les conséquences psychosociologiques du pillage du

    patrimoine culturel Dogon cas de Sangha ENSUP.ppp.Bamako 1999

    DOLO TIGUE : Monographie de Sangha un village du plateau Dogon Ensup Hist-géo

    Bamako 1979

    GUINDO ALY : Impact socio-économique du tourisme en Pays Dogon cas du cercle de

    Bankass ppp, Ensup. Bamako 1998

    NIANGALY ANOUMOLOUM : L’impact du tourisme sur la culture Dogon ppp Ensup

    Bamako1982

  • 51

    SANOGO (PLATIE) : L’école coloniale publique au Soudan Français de 1924-1960

    Ensup. Hist-géo Bamako 1987

    Personnes Ressources : DIAPKILE Indépri : Directeur du 1er Cycle ‘’B’’ à l’école de Sangha

    DOLO Amayaba : Directeur du 1er Cycle à l’école de Kamba

    DOLO Asséguèrema : Inspecteur général de la Biologie

    DO