tel pÈre, tel fils

16
LE JOURNAL DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL BIMENSUEL D’INFORMATION | JOURNAL. UQAM.CA | VOLUME 35 | NUMÉRO 9 | 12 JANVIER 2009 BOURSE JEAN- PERRIEN À L’ESG P11 FILMER EN PRISON P8 KEYNES ET LA CRISE P4 LA SCIENCE N’A PAS DE PATRIE P9 Pierre-Etienne Caza Son père a exercé le même métier que lui pendant une trentaine d’années à l’usine Kruger, à Montréal, et son grand-père aussi, dans une usine de textile à Shawinigan. Sans compter un oncle et trois de ses cousins! «Mon grand-père, décédé à 98 ans, pelletait le charbon dans les chaudières à vapeur. C’était plus forçant que ce que je fais aujour- d’hui», note avec un sourire le chef d’équipe des mécaniciens de machines fixes du Complexe des sciences Pierre-Dansereau, Jean- Marc Bourassa. Il est vrai qu’à l’UQAM, le gaz naturel a remplacé le charbon… et qu’il se rend «tout seul» à la chaudière. «Nous sommes les employés les plus présents à l’UQAM, mais aussi les moins connus», poursuit Jean-Marc. Le travail des mécani- ciens de machines fixes est indis- pensable. Ce sont eux qui veillent à l’entretien des équipements élec- tromécaniques – les systèmes de chauffage et de refroidissement, entre autres – des différents pavil- lons du campus. Des appareils sous pression qui valent plusieurs millions de dollars, comme les immenses chaudières du pavillon des Sciences biologiques (SB). Les laboratoires du Complexe des sciences, on s’en doute, re- quièrent des conditions optimales. Outre le chauffage, la ventilation et l’humidification des lieux, l’équipe de Jean-Marc Bourassa s’occupe des systèmes d’osmose, c’est-à-dire CHEF D’ÉQUIPE DES MÉCANICIENS DE MACHINES FIXES AU COMPLEXE DES SCIENCES PIERRE-DANSEREAU, JEAN-MARC BOURASSA POURSUIT LA VOCATION FAMILIALE. suite en P2 Jean-Marc Bourassa et son équipe veillent, entre autres, sur les immenses chaudières à vapeur du Complexe des sciences Pierre-Dansereau. | Photo: Nathalie St-Pierre TEL PÈRE, TEL FILS

Upload: others

Post on 01-Jun-2022

9 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: TEL PÈRE, TEL FILS

LE JOURNAL DE L’UNIVERSITÉ DUQUÉBEC À MONTRÉAL

BIMENSUEL D’INFORMATION | JOURNAL.UQAM.CA | VOLUME 35 | NUMÉRO 9 | 12 JANVIER 2009

BOURSE JEAN- PERRIEN À L’ESG P11

FILMEREN PRISON P8

KEYNES ET LA CRISE P4

LA SCIENCE N’APAS DE PATRIE P9

Pierre-Etienne Caza

Son père a exercé le même métierque lui pendant une trentained’années à l’usine Kruger, àMontréal, et son grand-père aussi,dans une usine de textile àShawinigan. Sans compter unoncle et trois de ses cousins!«Mon grand-père, décédé à 98 ans,pelletait le charbon dans leschaudières à vapeur. C’était plusforçant que ce que je fais aujour-d’hui», note avec un sourire le chef d’équipe des mécaniciens demachines fixes du Complexe dessciences Pierre-Dansereau, Jean-Marc Bourassa. Il est vrai qu’àl’UQAM, le gaz naturel a remplacéle charbon… et qu’il se rend «toutseul» à la chaudière.

«Nous sommes les employés lesplus présents à l’UQAM, maisaussi les moins connus», poursuitJean-Marc. Le travail des mécani-ciens de machines fixes est indis-pensable. Ce sont eux qui veillentà l’entretien des équipements élec-tromécaniques – les systèmes dechauffage et de refroidissement,entre autres – des différents pavil-lons du campus. Des appareilssous pression qui valent plusieursmillions de dollars, comme lesimmenses chaudières du pavillondes Sciences biologiques (SB).

Les laboratoires du Complexedes sciences, on s’en doute, re-quièrent des conditions optimales.Outre le chauffage, la ventilation etl’humidification des lieux, l’équipede Jean-Marc Bourassa s’occupedes systèmes d’osmose, c’est-à-dire

CHEF D’ÉQUIPE DES MÉCANICIENS DE MACHINES FIXES AU COMPLEXE DES SCIENCESPIERRE-DANSEREAU, JEAN-MARC BOURASSA POURSUIT LA VOCATION FAMILIALE.

suite en P2 �

Jean-Marc Bourassa et son équipe veillent, entre autres, sur les immenses chaudières à vapeur du Complexe des sciences Pierre-Dansereau. | Photo: Nathalie St-Pierre

TEL PÈRE, TEL FILS

Page 2: TEL PÈRE, TEL FILS

En ces premiers jours de 2009, mes

collègues de la direction et moi-

même vous offrons nos meilleurs

vœux de santé, d’accomplissement

personnel et de bonheur.

Cette année 2009 est la fête de

notre institution. L’UQAM aura le

9 avril prochain exactement, 40

ans. Nous devons être fiers de ce

que nous avons accompli. Nous

devons être fiers de ce que nous

sommes. Cette année du quaran-

tième est celle de défis stimulants

à relever, dont la réalisation per-

mettra à l’UQAM d’assurer son

développement, de mieux se posi-

tionner et de poursuivre sa mission

spécifique au service de la société

québécoise. Nous avons un plan

stratégique à adopter, un plan de

retour à l’équilibre budgétaire à

définir, un processus de facultarisa-

tion à mener à terme, l’intégration

harmonieuse de la formation à dis-

tance à notre offre de formation

aux étudiantes et étudiants à réali-

ser, des négociations collectives à

conclure. Il s’agit là des grands

dossiers sur lesquels nous œuvre-

rons au cours des prochaines

semaines, des prochains mois.

Défis emballants, certes, mais

exigeants, qui nécessitent la colla-

boration de tous les membres de

notre communauté. Au cours de

son histoire, et encore tout récem-

ment, la communauté de l’UQAM

a toujours fait montre d’un pro-

fond attachement pour l’institu-

tion et d’une grande fierté d’y

appartenir. Chacune et chacun

des membres de notre commu-

nauté a su mettre à contribution

sa créativité et son énergie pour

permettre à l’UQAM de devenir

une université de premier plan, au

service de la société québécoise.

C’est dans cette perspective his-

torique que notre action collective

se poursuivra et permettra de

réaliser nos objectifs. �

02 12 JANVIER 2009 L’UQAM

Le journal L’UQAM est publiépar le Service des communica-tions, Division de l’information.

Directeur des communicationsDaniel Hébert

Directrice du journalAngèle Dufresne

RédactionMarie-Claude Bourdon, Anne-

Marie Brunet, Pierre-EtienneCaza, Claude Gauvreau

PhotographeNathalie St-Pierre

Direction artistiqueMélanie Dubuc

PublicitéIsabelle Bérard

Communications Publi-Services Inc.

450 227-8414, poste 300

ImpressionHebdo-Litho

Adresse du journalPavillon Berri, local WB-5300

Tél.: 514 987-6177Téléc.: 514 987-0306

Adresse [email protected]

Version Web du journalwww.journal.uqam.ca

Dépôt légalBibliothèque nationale

du QuébecBibliothèque nationale

du CanadaISSN 0831-7216

Les textes de L’UQAM peuvent être reproduits, sans

autorisation, avec mention obligatoire de la source.

Université du Québec à MontréalC. P. 8888, succ. Centre-ville,

Montréal (Québec) • H3C 3P8

la production de l’eau pure dont onse sert dans les laboratoires, et ausside la récupération de l’eau grise,l’eau de pluie récupérée et utiliséedans les toilettes du pavillon SB.

Une journée type comprend lavérification des appareils de chauf-fage (en hiver) et des refroidisseurs(en été), la vérification des princi-paux systèmes de ventilation, desbassins de neutralisation (le retourd’eau des laboratoires), des sys-tèmes d’osmose, des compresseursd’air pour les laboratoires, descompresseurs à vide et des généra-trices. Cette routine de vérificationpermet de s’assurer qu’aucun inci-dent fâcheux ne survienne. «Il y atoujours au moins deux mécani-ciens de machines fixes à l’UQAM(pour les deux campus), et ce,chaque jour de la semaine,explique-t-il. La Régie du bâtimentdu Québec nous y oblige.»

À l’époque de son grand-père, lemétier était plus dangereux. «Il n’y

avait rien d’automatisé, tout étaitmanuel et cela pouvait exploser àtout moment, dit Jean-Marc, àl’emploi de l’UQAM depuis neufans. Aujourd’hui, des règlesstrictes encadrent le métier et ne lepratique pas qui veut.»

DES PRÉOCCUPATIONSENVIRONNEMENTALESUn tatouage attire l’attention sur son avant-bras droit. L’inscription,en caractères japonais, signifiekyokushinkai, un style de karatéqu’il pratique depuis l’âge de 13 anset qui est réputé être le plus exigeantphysiquement et mentalement. Unpetit tour sur Internet permet devisionner certaines démonstrationset certains combats, plutôt violentsmais encadrés, eux aussi, par desrègles très strictes. «C’est un sportqui développe la discipline, la confiance en soi et qui améliore la capacité de concentration»,explique-t-il.

Chef d’équipe depuis deux ans,Jean-Marc a également mené descombats au travail, afin de modifiercertaines façons de faire. Son but :que l’UQAM rejette le moins possi-ble de produits nocifs à l’égout. Il apar exemple proposé d’utiliser lessurplus inutilisés d’eau osmoséepour alimenter les chaudières àvapeur. C’est une eau plus propreque celle de la ville, précise-t-il, et

dont le traitement visant à prévenirla corrosion et les dépôts deminéraux dans les tuyaux nécessitemoins de produits chimiques : 250 ml par jour suffisent compara-tivement à 20 litres auparavant!«C’est bon pour l’environnement etc’est bon pour nous, puisqu’il y amoins de produits chimiques dansl’air que nous respirons, ajoute-t-il.Sans compter des économies dequelques milliers de dollars.»

Il apprécie l’appui de son patron,Yvon Crevier, qui le soutient dansses projets, comme l’utilisationd’un appareil de traitement parultrasons pour enlever les bactériesdans les tours d’eau des refroi-disseurs, ce qui permet de réduire l’utilisation d’algicides et de bio-cides dans l’eau. Ou encore l’uti-lisation de méthanol pour hivernerles systèmes de refroidissement, à la place du glycol, un antigel toxique rejeté à l’égout, qui se vend environ 600 $ le baril, contre150 $ le baril pour le méthanol.«Les pavillons SB et Président-Kennedy utilisent désormais duméthanol et la procédure sera sans doute étendue aux autres pavil-lons du Complexe des sciences l’anprochain», conclut-il fièrement.

L’histoire ne dit pas toutefois s’ily aura une autre génération demécaniciens de machines fixes dansla famille… �

suite de la P1 |Tel père, tel fils

MOT DU RECTEURPAR CLAUDE CORBO

EN CE DÉBUT DE NOUVELLE ANNÉE

«NOUS SOMMES LES

EMPLOYÉS LES PLUS

PRÉSENTS À L’UQAM,

MAIS AUSSI LES

MOINS CONNUS.» — Jean-Marc BourassaPhoto: Nathalie St-Pierre

Page 3: TEL PÈRE, TEL FILS

L’UQAM 12 JANVIER 2009 03

Dominique Forget

Tous ceux qui s’intéressent à larecherche à l’UQAM connaissentles travaux de Donna Mergler, pro-fesseure émérite au Départementdes sciences biologiques et cofon-datrice du Centre de rechercheinterdisciplinaire sur la biologie, lasanté et l’environnement (CIN-BIOSE). Avec Marc Lucotte etd’autres collègues, la neurophysio-logiste a montré l’impact délétèredu mercure sur les poissons du RioTapajos, au Brésil, et sur la santéneurologique de ceux qui les con-somment. L’équipe explore main-tenant des moyens de réduire laquantité de mercure dans la rivière.

Ce qu’on connaît moins, c’estl’impact phénoménal qu’a eu cetterecherche aux quatre coins dumonde. Le projet de la rivièreTapajos est en effet considérécomme une référence au chapitre del’écosanté, cette nouvelle disciplinequi fait tomber les barrières entre lessciences de la santé et de l’environ-nement, et qui vise à protéger autantnotre santé que celle des écosys-tèmes fragiles dont elle dépend.

Au mois de décembre dernier,près de 700 chercheurs, médecins,environnementalistes et étudiants sesont réunis à Mérida, au Mexique,dans le cadre du Forum internatio-nal écosanté 2008. L’événement enétait à sa deuxième édition. Plusmodeste, la première avait eu lieu ily a cinq ans, ici même à l’UQAM.

TOUR DU GLOBEPendant quatre journées bien rem-plies, des scientifiques ont présentéleurs recherches en écosanté. Dansl’État mexicain de Oaxaca, parexemple, une équipe est parvenue,en trois ans à peine, à éliminer l'u-tilisation du DDT dans la lutte con-tre le paludisme tout en réduisantle taux d'infection du tiers. La pul-vérisation de DDT a été remplacéepar la gestion des zones de repro-duction des moustiques.

En Inde, des chercheurs se sontattaqués aux problèmes liés à l’in-dustrie du concassage de la pierre,dont le produit sert à la construc-tion des autoroutes. Les usines àciel ouvert dégagent des nuages depoussière qui retombent sur les ter-res agricoles et minent les récoltes.

La poussière s’infiltre égalementdans les poumons des travailleurset des habitants de la région. Deschercheurs sont en voie d’installerdes systèmes d’aspiration pourrécupérer la poussière. Cettedernière servira à la fabrication dematériaux de construction.

Autre exemple : dans le nord del'Équateur, l’industrie de la fleurcoupée prend de l’expansion. Desexploitations modernes ont recoursà d'énormes quantités de pesticideset d'eau. Des chercheurs ont confir-mé que les produits agrochimiquesutilisés contaminent l'eau et affec-tent le développement neurolo-gique des enfants des collectivitésavoisinantes. De petites plantationsplus écologiques commencentaujourd’hui à voir le jour.

MERGLER, PIONNIÈREParmi ces conférenciers venusd’une soixantaine de pays, DonnaMergler avait un peu l’aura d’unestar, du moins d’une pionnière,même si elle n’aime pas le terme.«Les recherches en écosanté exis-teraient sans moi et sans lesrecherches de l’UQAM», insistemodestement la professeure, quifaisait partie du comité scientifiqueà l’origine de la conférence. «EnAmérique latine, par exemple, deschercheurs s’intéressent depuislongtemps à la médecine sociale,aux questions environnementales

ou à la participation communau-taire. Ce à quoi on assiste aujour-d’hui, c’est à une mise en réseau àl’échelle internationale de toutesces expertises.»

«C’est certain que le projet sur lemercure en Amazonie nous aappris beaucoup, poursuit-elle. Ona appris à travailler de façon trans-disciplinaire. L’étude a un peu servide modèle à d’autres projets quisont financés aujourd’hui partoutdans le monde par le Centre derecherches pour le développementinternational (CRDI).»

Hormis Donna Mergler, d’autresprofesseurs de l’UQAM, dontLouise Vandelac, Robert Davidsonet Johanne Saint-Charles, étaientsur place. Cette dernière, pro-fesseure au Département de com-munication sociale et publique etdirectrice du CINBIOSE, a discutédes progrès réalisés par le réseauCoPEH-TLAC, qui réunit des cher-cheurs et des praticiens impliquésdans les recherches sur l’écosantéen Amérique latine, dans lesCaraïbes et au Canada.

«CoPEH-TLAC est une commu-nauté de pratique, résume MmeSaint-Charles. Nous organisonsnotamment des ateliers où les gensqui sont sur le terrain discutent deproblèmes d’environnement et desanté et où chaque expert donneson point de vue sur les approchesà adopter.» À titre d’exemple, leréseau travaille actuellement sur unprojet au Costa Rica, où l’épandagede pesticides sur les régimes debananes compromet la santé neu-rologique des enfants.

Les échanges ne font que com-mencer. Après l’énorme succès duForum international écosanté 2008,les experts internationaux ontdécidé de ne pas attendre cinq ansavant de se réunir à nouveau. LeForum sera dorénavant un événe-ment biannuel. La prochaine édi-tion aura lieu à Londres. L’UQAM adonc un rendez-vous en 2010. �

L’UQAM BRILLE À MÉRIDADES EXPERTS DU MONDE ENTIER SE SONT DONNÉ RENDEZ-VOUS AU MEXIQUE, EN DÉCEMBRE DERNIER, POURDISCUTER «ÉCOSANTÉ». UNE DISCIPLINE DANS LAQUELLE L’UQAM FAIT FIGURE DE PIONNIÈRE.

Donna Mergler, professeure émérite au Département des sciences biologiques etcofondatrice du Centre de recherche interdisciplinaire sur la biologie, la santé et

l’environnement (CINBIOSE). | Photo: Nathalie St-Pierre

FEMMES D’EXCEPTIONÀ l’occasion du Forum international écosanté 2008, le Centre derecherches pour le développement international (CRDI), organisa-tion canadienne, a honoré cinq femmes qui se sont distinguées dansle domaine de l’écosanté. Une Cubaine, une Guatémaltèque, uneIndienne, une Mongole… et une Montréalaise : Donna Mergler. Toutesont piloté des projets en écosanté visant à aborder différemment lesproblèmes de pollution de l’eau et de l’air, les changements clima-tiques ou la lutte contre les maladies infectieuses.

Au cours d’une soirée en leur honneur, chacune a expliqué son travailen tant que femme scientifique dans son pays. Donna Mergler a rap-pelé dans quelles conditions elle est arrivée au Département des sci-ences biologiques de l’UQAM, dans les années 1970. «Durant sixannées, je suis restée la seule femme du Département. J’ai montré queles femmes pouvaient pratiquer la science différemment, avec leurspropres valeurs, et de façon tout aussi pertinente que les hommes.» COMMENTEZ CET ARTICLE

uqam.ca/entrevues

Page 4: TEL PÈRE, TEL FILS

04 12 JANVIER 2009 L’UQAM

Marie-Claude Bourdon

Keynes est redevenu à la mode.Après une longue période de pur-gatoire imposée par le courant depensée néolibéral, ses thèses surl'interventionnisme étatique et larégulation de la finance reviennenten force. Même des dirigeants poli-tiques associés à la droite néoli-bérale comme George W. Bush ouNicolas Sarkozy se les approprientet proposent une intervention mas-sive de l'État pour sortir de la criseéconomique dans laquelle lemonde a brutalement plongé aucours des derniers mois.

Professeur au Département desciences économiques et spécia-liste internationalement reconnude John Maynard Keynes, auquel ila consacré une biographie (Keyneset ses combats, publiée chez AlbinMichel en 2005), Gilles Dostalerobserve cette évolution avecintérêt. «Quand on lit le chapitre12 de la Théorie générale de l'em-ploi, de l'intérêt et de la monnaie,publiée en 1936, on a vraimentl'impression de lire une descrip-tion de ce qui est en train de sepasser maintenant», dit-il.

L’ÉCONOMIE N’EST PASUN CASINODans ce chapitre, intitulé «L'Étatde la prévision à long terme»,Keynes parle des dangers associésà la domination de la finance surl'entreprise et sur l'économie. «Ledéveloppement économique d'unpays, disait-il, ne doit pas être lerésultat de l'opération d'un casino,

c'est-à-dire qu'il ne doit pas êtremené par la bourse.» SelonKeynes, l'entreprise doit reprendresa place au centre de l'économie.«Il croit que la finance doit être auservice de l'entreprise, et non l'in-verse», souligne le professeur.

Un des économistes les plusinfluents du 20e siècle, Keynes adonné son nom à un courant depensée, le keynésianisme, qui arévolutionné la gestion de l'Étatdans les années de l'après-guerre.Meilleure redistribution des reve-nus, relance de la consommationgrâce à une baisse des taux d'in-térêt et investissements publicspour assurer le plein emploi sontles mots d'ordre de cette révolu-tion. «Pour Keynes, le capitalismen'est pas un organisme autorégula-teur, dit Gilles Dostaler. L'inter-vention de l'État est nécessairepour réguler l'économie.»

Ayant été témoin de la crisefinancière des années 30, Keynesprônait un encadrement des flux

de capitaux et du marché ban-caire. «Nationaliser les banques,comme on vient de le faire enAngleterre, c'était une idée deKeynes, dit Gilles Dostaler. Selonlui, la circulation des capitauxétait une affaire beaucoup tropimportante pour être laissée entreles mains des spéculateurs.» Pourlutter contre la spéculation,«Keynes a même proposé de taxerles mouvements de capitaux, unpeu à l'image de la taxe Tobin»,indique le professeur.

KEYNES ET FREUDEn ce début d'année, GillesDostaler publie chez Albin Michelune nouvelle édition en format depoche de Keynes et ses combats,déjà traduit en anglais et en japo-nais. L’auteur est d’ailleurs invitéau Japon, en mars, pour parler deKeynes. Chez le même éditeur, ilpublie également ces jours-ci unnouvel ouvrage, en collaborationavec l'économiste français BernardMaris. Intitulé Capitalisme et pul-sion de mort: Freud et Keynes, celivre explore les relations qu'en-tretiennent la pensée de Freud etcelle de Keynes sur l'avenir denotre civilisation.

«Tous les deux sont convaincusqu'il existe au cœur de l'humainune pulsion de mort qui prend laforme du désir d'argent incarnédans le système capitaliste,explique Gilles Dostaler. Où celava-t-il nous mener? Est-ce Éros ouThanatos qui va l'emporter? Sur cepoint, Keynes était beaucoup plusoptimiste que Freud. Il avaitmême prédit qu'à l'horizon de2030, grâce aux gains de produc-tivité, les hommes auraient mis finau problème de la rareté, reléguantl'économie au second plan pour seconsacrer enfin à la culture, àl'amour et aux plaisirs de vivre.Disons que nous sommes encoreloin du compte.» �

SPÉCIALISTE INTERNATIONALEMENT RECONNU DE JOHN MAYNARD KEYNES, GILLES DOSTALER VOIT AVEC UNSOURIRE RENAÎTRE L’INTÉRÊT POUR LES THÈSES DU CÉLÈBRE ÉCONOMISTE.

QUE DIRAIT KEYNES DE LA CRISE?

Le célèbre économiste anglais, John Maynard Keynes (1883-1946).Photo: Bettmann/Corbis

COMMENTEZ CET ARTICLEuqam.ca/entrevues

«POUR KEYNES, LE

CAPITALISME N’EST PAS UN

ORGANISME AUTORÉGU-

LATEUR. L’INTERVENTION

DE L’ÉTAT EST NÉCESSAIRE

POUR RÉGULER

L’ÉCONOMIE.» — Gilles Dostaler, professeur au

Département de scienceséconomiquesPhoto: Nathalie St-Pierre

Page 5: TEL PÈRE, TEL FILS

L’UQAM 12 JANVIER 2009 05

Pierre-Etienne Caza

Marilou Dozois-Prévost avait 13 ans la première fois qu’elle asoulevée une barre de 23 kg, surl’heure du midi, à son école se-condaire, après avoir assisté à unedémonstration de la championneMaryse Turcotte. «Je n’ai pas choisil’haltérophilie, c’est elle qui m’achoisie», raconte l’étudiante au bac-calauréat en psychologie. Ce vérita-ble coup de foudre a mené l’athlètede 22 ans jusqu’aux Jeuxolympiques de Pékin, l’été dernier.

«Quand on débute en haltéro-philie, on améliore sa technique à

chaque entraînement. On soulèvedes charges de plus en plus lourdes,on en est fier et on ressent unbesoin constant de se dépasser»,explique Marilou, qui a participé àson premier championnat dumonde junior en 2001, à l’âge de 15ans. Aux Jeux du Commonwealth,en 2006, à Melbourne, elle a obtenula médaille d’argent dans la caté-gorie des 48 kg, en soulevant 73 kgà l’arraché et 92 kg à l’épaulé-jeté.

À l'arraché, les haltérophilessoulèvent la barre au-dessus de leurtête, bras tendus, en un seul mouve-ment. Dans l'épaulé-jeté, ellessoulèvent la barre jusqu'aux

épaules, se redressent, puis jettentla barre à hauteur de bras au-dessusde leur tête. Les haltérophiles dis-posent de trois tentatives pourchaque mouvement et les points deleur meilleur arraché et de leurmeilleur épaulé-jeté sont addition-nés afin de déterminer les vain-queurs.

Marilou, qui n’a pas, à premièrevue, le physique de l’emploi,préfère l’arraché. «C’est un mouve-ment très technique, qui demandeprécision et vitesse, alors que l’épaulé-jeté requiert une forcebrute, explique-t-elle. J’ai connudes gens très forts qui étaient inca-pables de lever une barre à l’ar-raché, tandis que d’autres, à la sil-houette élancée, établissent desrecords du monde. Soulever unebarre à bout de bras en position

accroupie, puis se lever en positiondebout, demandent énormémentd’équilibre et de coordination.»

VERS LES JEUX Le parcours qui l’a menée aux Jeuxolympiques, l’été dernier à Pékin, aété chargé d’émotions! «Je ne pen-sais pas y participer parce que jesuis tombée enceinte en janvier2007, raconte Marilou. J’avais 20 ans, j’étais avec mon copain(Simon Demers-Marcil, qui estégalement son entraîneur) depuis àpeine six mois. Lui voulait garderl’enfant, j’hésitais.»

«J’ai réalisé finalement que jedésirais cet enfant-là, dit-elle.J’envisageais même sereinement lapossibilité de ne plus jamais faired’haltérophilie.»

À la douzième semaine, unefausse-couche vient tout cham-barder à nouveau. «J’ai recom-mencé à m’entraîner après quelquessemaines, se rappelle-t-elle. Jen’avais pas vraiment la tête à ça,mais je devais me requalifier pourobtenir mes bourses. L’haltérophiliem’a aidée à faire mon deuil.»

Un cas de dopage au sein del’équipe mexicaine, disqualifiée, aensuite permis à l’équipe canadi-enne d’envoyer une troisièmehaltérophile à Pékin. Marilou aobtenue la place en devançantMaryse Turcotte, son modèle, qui seretirait progressivement de la com-pétition à ce moment-là. «Je suisfière d’avoir participé aux Jeuxolympiques et j’en conserve debeaux souvenirs, mais j’aurais aiméperformer davantage, dit Marilou,qui a terminé au dixième rang, ensoulevant 76 kg à l’arraché et 90 kgà l’épaulé-jeté. Mon but était delever le double de mon poids à l’épaulé-jeté, soit 96 kg, mais je n’ysuis pas parvenue.»

L’athlète compte bien se repren-dre à Londres, en 2012. D’ici là, lecycle d’entraînement reprend soncours, entrecoupé d’un mariage,sans doute à l’été 2010, car Simonlui a fait la grande demande à sonretour des Jeux olympiques… �

LE PARCOURS QUI A MENÉ L’HALTÉROPHILE MARILOU DOZOIS-PRÉVOST AUX JEUX OLYMPIQUES DE PÉKIN A ÉTÉCHARGÉ D’ÉMOTIONS!

LA FIERTÉ À BOUT DE BRAS

«J’AI CONNU DES GENS

TRÈS FORTS QUI ÉTAIENT

INCAPABLES DE LEVER

UNE BARRE À L’ARRACHÉ,

TANDIS QUE D’AUTRES, À

LA SILHOUETTE ÉLANCÉE,

ÉTABLISSENT DES

RECORDS DU MONDE.»

Marilou Dozois-Prévost a soulevé 76 kg à l’arraché et 90 kg à l’épaulé-jeté lors des Jeux olympiques de Pékin.Photo : Jung Yeon-Je/AFP/Getty Images

LE DOPAGELors des compétitions internationales, Marilou Dozois-Prévostcôtoie parfois certaines athlètes à la morphologie douteuse et à lavoix plutôt masculine, conséquences de l’absorption de produitsinterdits. Elle se garde toutefois de porter un jugement. «AuCanada, on parle de dopage de façon outrée et on le punit, maisce n’est pas le cas partout. Dans certains pays, les athlètes quiremportent une médaille peuvent espérer jouir d’une retraite con-fortable – ce qui n’est pas le cas ici – alors tous les moyens sontbons pour gagner. C’est une autre mentalité, liée à un contextesocioculturel différent.»

Elle observe néanmoins depuis quelques années une diminutiondes cas de dopage. «Les records du monde tendent à se stabili-ser et sont plus rarement fracassés, preuve que les programmesantidopage sont efficaces.»

Page 6: TEL PÈRE, TEL FILS

06 12 JANVIER 2009 L’UQAM

Claude Gauvreau

Benoît Bazoge et Robert Dionenseignent dans des domaines com-plètement différents et n’ont pasnécessairement la même approchepédagogique. Ils ont toutefois unechose en commun : les évaluationsque les étudiants font de leur travailsont toujours excellentes.

Ils viennent de remporter ladeuxième édition du Concours desprix en enseignement de l’UQAM,qui vise à valoriser l'enseignement àl'Université et à promouvoir la qua-lité de la formation. Ses prix souli-gnent l'esprit d'innovation des pro-fesseurs et des chargés de cours etles retombées positives de leur pra-tique pédagogique.

S’ADAPTER AU PROFIL DES ÉTUDIANTSUn communicateur plutôt qu’unchercheur. C’est ainsi que BenoîtBazoge se définit. Professeur à l'É-cole des sciences de la gestiondepuis 1987, et aujourd’hui vice-doyen aux études, son enseigne-ment porte notamment sur la ges-tion stratégique des organisations etla direction générale des entreprises.Depuis quelques années, il est l’undes animateurs du Centre d'en-seignement, de formation et derecherche en enseignement supé-rieur (CEFRES) de l'UQAM, lequelsoutient les professeurs dans l’éla-boration de plans de cours, la con-ception de cours magistraux et lagestion de grands groupes.

La qualité de l’enseignement deBenoît Bazoge a aussi été reconnuedans des universités à l'étranger, où ila œuvré à titre de professeur invité. Ila reçu plusieurs fois la meilleureévaluation d'enseignement à laWarshaw School of Economics(WSE) en Pologne, l’une des meil-leures écoles de gestion dans lemonde. Ces expériences lui ontappris à adapter son enseignement àdes populations étudiantes de dif-férents univers culturels. «EnPologne, il y a 15 ans, il fallait con-

vaincre les étudiants que le but d’uneentreprise est de faire des profits.Aujourd’hui, ils sont plus compétitifsque les étudiants québécois. AuVietnam, quand j’entrais dans laclasse, les étudiants se levaient etattendaient que je leur dise de s’as-seoir», raconte-t-il avec un sourire.

Tenir compte du profil de ses étu-diants est la marque d’un bon pro-fesseur, souligne Benoît Bazoge.«Dans les programmes de MBApour cadres, les étudiants sont desgestionnaires dans la quarantaine

possédant pour la plupart une quin-zaine d’années d’expérience dansdes organisations ou des entreprises.Avec eux, le défi consiste à lier lesconnaissances théoriques à la réalitésur le terrain. J’insiste davantage surla méthodologie d’analyse car, con-trairement aux étudiants du profilrecherche à la maîtrise, ils sontdavantage dans l’action et ont moinsl’habitude de décortiquer les dif-férents aspects d’un problème.»

DIVERSIFIER LES APPROCHESLe pédagogue favorise par ailleurs ladiversité des approches péda-gogiques et fait alterner l’enseigne-ment magistral avec d’autres métho-des d’enseignement. Il a ainsi mis aupoint une méthode qui allie la for-mule magistrale et la simulationinformatisée de gestion. «La simula-tion permet de créer une situation

où les étudiants doivent résoudre unproblème particulier, comme unesaturation du marché, une grève ouune rupture de production, expli-que-t-il. La formule magistrale mepermet ensuite de diriger la discus-sion sur les différentes solutionsproposées et d’en faire la synthèse.»

Benoît Bazoge insiste sur l’impor-tance de la qualité de la communica-tion avec les étudiants, auxquels ilcherche à transmettre curiosité etrigueur. «Quand j’étudiais enFrance, j’ai subi des cours dans des

amphithéâtres de 2 000 personnesoù il n’y avait aucun échange avec leprofesseur. Pour provoquer desinteractions avec les étudiants, leclimat de confiance est essentiel.L’étudiant ne doit pas se sentir jugéquand il pose une question ou émetun commentaire.»

Le professeur reconnaît que larecherche a encore préséance surl’enseignement, mais il croit que leschoses sont en train de changer.«Aujourd’hui, dans les grandes uni-versités américaines, il faut aussi êtreun bon enseignant si on veut obtenirsa permanence. Et, au Canada, oncommence à y réfléchir.»

EXPLORER LE LANGAGE DU CORPSLe chargé de cours Robert Dion estreconnu pour être un passionné dethéâtre et d’enseignement. Diplôméde la maîtrise en art dramatique de

l’UQAM, il enseigne à l’École supé-rieure de théâtre depuis 1974. Cetartiste-pédagogue a aussi été, jus-qu’à l’an dernier, le directeur artis-tique de DynamOthéâtre et a par-ticipé aux nombreuses tournées dela compagnie en Amérique du Nordet du Sud, en Europe et en Asie.

Spécialiste du théâtre du geste,Robert Dion a développé un vocabu-laire et un imaginaire visuels qui ontcontribué à la renommée deDynamOthéâtre. Il est un ancienélève de l’École internationaleJacques-Lecoq, à Paris, qui enseignela maîtrise du geste et du mouve-ment au moyen notamment dumime et du jeu de masque. «Toutmon enseignement s’inspire de laformation que j’y ai reçue, dit lechargé de cours. J’ai toujours étéplus attiré par le langage du corps,qui permet d’explorer l’univers despassions et des états dramatiques,tels que la peur, la jalousie, l’orgueilet la colère.»

Parallèlement à sa carrière artis-tique, Robert Dion s’est entièrementdévoué à ses étudiants qu’il em-bauche volontiers, leur offrant ainsileur premier rôle professionnel. Ledirecteur artistique du Théâtre deQuat’sous et le directeur actuel deDynamOthéâtre sont d’ailleurs deuxde ses anciens étudiants.

CULTIVER LE PLAISIR DE JOUER Pour Robert Dion, le théâtre est uneœuvre collective qui se construit àtravers la confrontation des idées.Intéressé par la démarche créatrice,il incite ses étudiants à développerune analyse réflexive sur leur propretravail. «Un acteur n’a pas à appli-quer bêtement les idées du metteuren scène, dit-il. Quand on répète unspectacle, je veux que les étudiantsapprennent eux-mêmes à identifierles problèmes.» Cela dit, RobertDion croit en la nécessité de règlesau théâtre. «Il y a des lois qui régis-sent la création dramatique et le jeude l’acteur. Si on les suit, on fera duthéâtre. Sinon, on fera au mieux de

DES PÉDAGOGUES HORS PAIRBENOÎT BAZOGE, PROFESSEUR AU DÉPARTEMENT DE STRATÉGIE, RESPONSABILITÉ SOCIALE ET ENVIRONNEMEN-TALE, ET ROBERT DION, CHARGÉ DE COURS À L'ÉCOLE SUPÉRIEURE DE THÉÂTRE, SONT LES LAURÉATS 2008 DESPRIX D'EXCELLENCE EN ENSEIGNEMENT DE L'UQAM.

«POUR PROVOQUER

DES INTERACTIONS

AVEC LES ÉTUDIANTS,

LE CLIMAT DE CONFIANCE

EST ESSENTIEL. L’ÉTUDIANT

NE DOIT PAS SE SENTIR

JUGÉ QUAND IL POSE

UNE QUESTION OU ÉMET

UN COMMENTAIRE.» — Benoît Bazoge, professeur

à l'École des sciences de la gestionPhoto: Nathalie St-Pierre

Page 7: TEL PÈRE, TEL FILS

L’UQAM 12 JANVIER 2009 07

SUR LE BOUTDE LA LANGUE

QUELQUES ANGLICISMES

QUE DOIT-ON DIRE?

Cette employée est à l’essai ou en probation?

Il se sent visé ou il le prend personnel?

Le gouvernement a passé une loi ou a adopté une loi?

J’ai trop de rendez-vous ou trop d’engagements cette semaine?

Dans un cocktail, on replace quelqu’un ou on se rappelle dequelqu’un?

Cette situation est sous contrôle ou maîtrisée?

Elle est supposée arriver bientôt ou censée arriver bientôt?

Je n’ai plus de pâte à dents ou de dentifrice?

Les frais encourus pour ce projet ou engagés pour ce projet étaienttrop élevés?

Le directeur a mis l’accent ou le focus sur sa nouvelle stratégie?

Avec la collaboration de Sophie Piron, professeure au Département de linguistique etde didactique des langues

CORRIGÉà l’essai, se sent visé, a adopté, rendez-vous, se rappelle de,maîtrisée, censée, dentifrice, engagés, l’accent

ILS L’ONT DIT...«

«Lutter contre Noël en le neutralisant ou en relativisant sa place dansl’espace public, c'est oeuvrer à la désoccidentalisation du Québec, c'estoeuvrer à sa liquéfaction identitaire.»— Mathieu Bock-Côté, doctorant au Département de sociologie

Le Devoir, 16 décembre 2008

«À part l'élection d’un communiste au fédéral dans l’après-guerre, c'estla première fois qu’un candidat clairement de gauche [Amir Khadir] quidéfend des idées clairement de gauche est élu. C'est sans précédentdans les élections québécoises.»— Jean-Marc Piotte, professeur émérite au Département de

science politiqueLe Nouvelliste, 10 décembre 2008

«Jusqu'à maintenant, la mission en Afghanistan n’a pas créé les remousqu’on craignait au début du conflit. C'est comme si l’opinion publiqueavait atteint un seuil d'indifférence.»— Stéphane Roussel, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en

politique étrangère et de défense canadiennesCyberpresse, 6 décembre 2008

«Le gouvernement Harper affirme à tort que de respecter le protocole deKyoto se traduirait par un désastre économique. Or, l’exemple duDanemark prouve le contraire. Le pays est parvenu à donner une forteimpulsion à son économie avec la création d'entreprises écologiques eten réduisant ses émissions de 9% par rapport aux niveaux de 1990.»— François Décary-Gilardeau, étudiant à la maîtrise en

Sciences de l’environnement24 heures, 4 décembre 2008

«AU THÉÂTRE, IL FAUT

LAISSER L’EGO DE CÔTÉ.

(…) L’ESSENTIEL EST DE

CULTIVER LE GOÛT DU

THÉÂTRE POUR LE

THÉÂTRE ET LE SIMPLE

PLAISIR DE JOUER,

COMME LE FAISAIENT

LES ARTISANS DU

MOYEN ÂGE.» — Robert Dion, chargé de cours

à l’École supérieure de théâtrePhoto: Nathalie St-Pierre

la littérature en costume.»L’artiste-pédagogue est égale-

ment une référence dans la forma-tion de formateurs en enseignementartistique. Il enseigne ainsi auxfuturs maîtres la Commedia del-l’arte et le jeu clownesque qui sontau programme des cours d’art dra-matique au secondaire. Il utiliserales 3 000 $ rattachés à son prix enenseignement pour publier un cahier pédagogique destiné auxenseignants en art dramatique afinde les aider à initier les jeunes authéâtre non verbal.

Robert Dion constate que les étu-diants ont beaucoup changé depuis

son arrivée à l’École supérieure dethéâtre en 1974. «À cette époque, ilscontestaient toute forme d’autorité,celle des professeurs y compris, serappelle-t-il. C’était dans l’air dutemps, mais aujourd’hui ils sontavides d’apprendre. Le danger quiles guette, toutefois, c’est la soif decélébrité. Au théâtre, il faut laisserl’ego de côté. Stanislavski, célèbrethéoricien du théâtre, disait qu’ilfallait aimer l’art qui est en soi,plutôt que soi-même dans l’art.L’essentiel est de cultiver le goût duthéâtre pour le théâtre et le simpleplaisir de jouer, comme le faisaientles artisans du Moyen Âge.» �

PUBLICITÉ

Page 8: TEL PÈRE, TEL FILS

08 12 JANVIER 2009 L’UQAM

Anne-Marie Brunet

«Détenus cherchent équipe désirantaider à mettre sur pied un projetvidéo». Des finissants en journa-lisme de l’UQAM ont répondu àcette invitation peu banale lancéesur Internet. C’était en avril 2006.Les hommes qu’ils ont rencontrés au pénitencier fédéral à sécuritémoyenne Archambault, situé àSainte-Anne-des-Plaines, se sontdits inquiets de voir la moyenned’âge des nouveaux détenuss’abaisser de plus en plus. «Les garsnous ont expliqué qu’ils voulaientfaire un film pour transmettre unmessage aux jeunes, leur dire de nepas gaspiller leur vie et de ne pas se ramasser en prison», raconteKarine Dubois.

Le projet initial était d’informerles jeunes de 12 à 17 ans, en milieucommunautaire et scolaire, et deconfronter les préjugés véhiculéssur la vie en milieu carcéral. Encours de route, le projet a pris del’ampleur. D’une durée de 52 mi-nutes, le documentaire Un troudans le temps est destiné à un pu-blic plus large. Six détenus qui pur-gent de lourdes peines y parlent deleur quotidien et de leur solitude.

Le documentaire a été présenté pourla première fois en novembre 2008,dans le cadre de la 11e édition des Rencontres internationales dudocumentaire de Montréal.

«Nous avons été très privilégiésde pouvoir entrer dans le quotidiendes détenus avec une caméra. C’esttrès rare, je crois», dit CatherineProulx, réalisatrice du film. Mêmesi le projet avait l’appui d’undirecteur-adjoint de la prison favo-rable à ce genre d’initiative, «les

portes n’ont jamais été définitive-ment ouvertes ou fermées, préciseKarine Dubois, productrice dudocumentaire. Nous avons toujoursété dans un entre-deux, que nousforcions plus ou moins aux dif-férentes étapes du projet.»

D’avril à novembre 2006, lesmembres de l’équipe ont rencontréZiad, Michel, Léo, Gérald, René etAndré, les détenus-vedettes de leurdocumentaire, afin de mieux lesconnaître et d’établir des liens deconfiance avec eux.

«Nous avons vécu quelque chosede vraiment unique pendant cettepériode», se rappelle Charles-RobertGiguère, caméraman. «Tu sors lacaméra, et tout d’un coup, il n’y aplus de caméra. Tu es à quelquescentimètres avec ton objectif de leurvisage, mais les gars s’en fichent.»

BEAUCOUP DE PRÉJUGÉSParallèlement aux rencontres avecles détenus, l’équipe a rencontrédes jeunes du quartier Saint-Michel

pour connaître leur perception dela prison. Les réponses étaient assezsurprenantes. «Je pense qu’onoublie que les adolescents sont trèsintransigeants, très tranchés. C’est àpeine s’ils ne nous disaient pasqu’il faudrait ramener la peine demort pour les gens qui commettentdes crimes ou encore : Moi si je mefaisais prendre, je me tirerais uneballe dans la tête ou Ça se peut pasfaire 25 ans de prison, ça n’existepas. Mais quand on leur montraitdes bouts de notre vidéo, beaucoup

de préjugés tombaient», expliqueCatherine Proulx.

Les propos des jeunes étaientrapportés aux prisonniers sousforme d’extraits vidéo. «Je penseque c’était bien pour les gars, parcequ’après 20-30 ans de détention, ilssont un peu déconnectés de la réa-lité des ados d’aujourd’hui. Alors,c’était une façon pour eux de réali-ser à qui ils s’adressaient vraiment»,note Karine Dubois.

Le film est porté par les détenus.L’équipe a décidé de leur donnertoute la place sans narration, sansentrevue avec la direction du péni-tencier, les agents correctionnelsou les victimes. «Nous allions sui-vre les six détenus et nous n’avionspas besoin de guide et puis il yavait assez d’ambiance», ajouteCatherine Proulx.

Un trou dans le temps sera dif-fusé à RDI au printemps 2009. Il aété sélectionné pour faire le tourdes Maisons de la culture en 2009.Karine Dubois prévoit aussi de lefaire circuler dans quelques festi-vals. Elle dit recevoir beaucoup dedemandes d’intervenants quisouhaitent organiser des vision-nements du film pour les jeunes.

Les quatre membres de l’équipese sont rencontrés au moment de leurs études au baccalauréat en communication, profil journa-lisme. Geneviève Raymond, ab-sente lors de l’entrevue, était assis-tante réalisatrice de Un trou dansle temps. Catherine Proulx estactuellement en train de travaillersur deux projets de films et sonconjoint, Charles-Robert Giguère,songe à continuer à tenir unecaméra. Quant à Karine Dubois,elle travaille en production docu-mentaire. «Nous avons très enviede refaire d’autres films ensemble,dit-elle, mais pas sur le mêmesujet. Nous avons vécu pendantpresque trois ans une expérienceunique et très enrichissante, mais ilest temps pour nous de passer àautre chose…». �

COMMENTEZ CET ARTICLEuqam.ca/entrevues

AU CŒUR DE L’UNIVERS CARCÉRAL

Un corridor du pénitencier fédéral Archambault à Saint-Anne-des-Plaines. | Photo : Charles-Robert Giguère

QUATRE DIPLÔMÉS EN COMMUNICATION DE L’UQAM ONT RÉALISÉ UN TROU DANS LE TEMPS, UN DOCUMENTAIRE SURL’UNIVERS CARCÉRAL.

«NOUS AVONS ÉTÉ TRÈS PRIVILÉGIÉS DE POUVOIR

ENTRER DANS LE QUOTIDIEN DES DÉTENUS AVEC UNE

CAMÉRA. C’EST TRÈS RARE, JE CROIS.»— Catherine Proulx, réalisatrice

Page 9: TEL PÈRE, TEL FILS

L’UQAM 12 JANVIER 2009 09

Claude Gauvreau

Louis Pasteur, célèbre biologistefrançais, disait que la sciencen’avait pas de patrie. Chose cer-taine, la collaboration interna-tionale entre les chercheurs, auQuébec, au Canada et dans lemonde, connaît une croissancesoutenue depuis 25 ans et fait partieintégrante, désormais, de l’activitéscientifique. Voilà ce que révèle uneétude réalisée par VincentLarivière, chercheur à l’Obser-vatoire des sciences et des tech-nologies (OST), qui s’est intéresséaux activités de collaboration inter-nationale des chercheurs québécoiset canadiens, entre 1980 et 2005.

Pour mesurer le phénomène del’internationalisation de la recher-che, le jeune chercheur a utilisé lenombre d’articles scientifiquesrépertoriés dans différentes basesde données et cosignés avec deschercheurs étrangers. «Cette mé-thode bibliométrique permet defournir des indicateurs précis selonles pays et les disciplines scien-tifiques, souligne-t-il, mais ne doitpas conduire à sous-estimer l’am-pleur et la diversité des formes departenariats internationaux au seinde la communauté scientifique :organisation de colloques, publica-tion de livres et de rapports derecherche, etc. On sait, par exem-ple, que les chercheurs en sciencessociales, contrairement à leurs col-lègues des sciences naturelles, publient davantage d’ouvrages encollaboration que des articles dansdes revues.»

DES COLLABORATIONSPLUS DIVERSIFIÉESL’intensité des activités de collabo-ration internationale des cher-cheurs québécois varie selon leschamps disciplinaires. En 2005, lapart des articles de chercheursquébécois écrits en collaborationavec des collègues étrangers était de45 % en sciences naturelles et en génie, contre 27 % en sciencessociales et humaines, différence quis’observe dans plusieurs autres

pays. Les taux varient encoredavantage si on tient compte dechacune des disciplines. Ainsi, enmathématiques et en physique,deux articles sur trois sont cosignésavec des chercheurs étrangers, tan-dis que dans le domaine deshumanités – arts, littérature,philosophie – c’est moins d’un arti-cle sur dix.

Les collaborations se sont égale-ment diversifiées entre 1980 et2005, observe Vincent Larivière.«L’importance relative de la colla-boration avec les chercheurs améri-cains a diminué depuis les années80, alors que celle avec leschercheurs européens a crû defaçon significative», précise-t-il. Si,au Canada anglais, la plupart des

chercheurs collaborent avec leurshomologues américains, en raisonnotamment de la proximité géo-graphique et linguistique et de l’im-portance du rôle des États-Unisdans le monde scientifique, leschercheurs québécois en sciencessociales et humaines ont autant deliens avec des collègues européensqu’américains..

TROIS MONDES DIFFÉRENTS Selon le chercheur de l’OST, «ce nesont pas tous les objets derecherche qui se prêtent au travaild’équipe et à une collaborationinternationale. On doit tenircompte de la spécificité des savoirsdisciplinaires.» Les sciences natu-

relles, les sciences sociales et leshumanités constituent trois mon-des distincts, dit-il. Dans leshumanités, la recherche se fait tra-ditionnellement sur une base beau-coup plus individuelle. Quant auxsciences sociales, elles ne peuventêtre mesurées à l’aune des sciencesde la nature.

En sciences naturelles, les pro-priétés de l’électron ou le traite-ment du cancer du sein sont susceptibles d’intéresser des cher-cheurs de plusieurs pays, tandisque certains objets d’étude ensciences sociales, l’histoire duQuébec par exemple, ont un carac-tère plus local, poursuit VincentLarivière. «Les chercheurs ensciences naturelles utilisent beau-coup les méthodes d’analyse quan-titatives, qui nécessitent une cer-taine division des tâches au seind’une même équipe : collecte dedonnées, analyse, rédaction, etc.Malgré l’apparition de contro-verses, ils sont aussi portés à tra-vailler à l’intérieur d’un paradigmedominant. C’est moins le cas en sciences sociales où coexistent différentes écoles de pensée.»

L’étude de Vincent Larivièrerévèle enfin une autre grande dif-férence. Les femmes, qui cons-tituent environ 30 % du corps professoral dans les universitésquébécoises, ont moins d’activitésde collaboration internationale queles hommes. L’écart s’est mêmecreusé en sciences sociales ethumaines. «Ces différences sontpeut-être dues aux modes de colla-boration propres aux spécialitésdisciplinaires (sciences humaines,santé) dans lesquelles les femmesont tendance à se concentrer, dit lechercheur. On peut aussi faire l’hy-pothèse que leurs responsabilitésfamiliales et leur plus faible intégra-tion dans les réseaux informels dechercheurs limitent leurs chancesd’établir des liens avec des cher-cheurs d’autres pays.» �

LA RECHERCHE S’INTERNATIONALISEUNE ÉTUDE DE VINCENT LARIVIÈRE MONTRE QUE LA COLLABORATION INTERNATIONALE ENTRE CHERCHEURS CON-NAÎT UNE CROISSANCE SOUTENUE DEPUIS 25 ANS.

SUR INTERNET http://www.ost.uqam.ca/

Portals/0/docs/articles/2007/Lariviere_ISQ_Collaboration.pdf

«CE NE SONT PAS TOUS

LES OBJETS DE

RECHERCHE QUI SE

PRÊTENT AU TRAVAIL

D’ÉQUIPE ET À UNE

COLLABORATION INTER-

NATIONALE. ON DOIT

TENIR COMPTE DES SPÉCI-

FICITÉS DES SAVOIRS

DISCIPLINAIRES.» — Vincent Larivière, chercheur à

l’Observatoire des sciences et des technologiesPhoto: Nathalie St-Pierre

Photo : Istock

Page 10: TEL PÈRE, TEL FILS

10 12 JANVIER 2009 L’UQAM

TITRES D’ICIwww.auteurs.uqam.ca

Le contexte international de l’aide au développement a beaucoup évolué au cours desdernières décennies. De même, les stratégies canadiennes en la matière ont connu diverses ten-dances. Jusqu’à maintenant, aucun ouvrage n’offrait un portrait d’ensemble de l’aide canadi-enne au développement. Ce livre, tout simplement intitulé L’aide canadienne au développe-ment, vient combler cette lacune. Paru sous la direction de François Audet, chef de délégationà la Croix-Rouge canadienne, de Marie-Ève Desrosiers, de l’Université d’Ottawa, et de StéphaneRoussel, professeur au Département de science politique de l’UQAM et titulaire de la Chairede recherche du Canada en politiques étrangère et de défense canadiennes, l’ouvrage dresse unportrait des différents acteurs de l’aide canadienne, tant du côté des agences gouvernementales,comme l’ACDI, que des ONG, et aborde les grands enjeux auxquels ils sont confrontés.L’impact de l’aide canadienne dans différentes régions du monde est analysé dans la dernière

partie. Publié par les Presses de l’Université de Montréal �

BILAN DE L’AIDE CANADIENNE

Ce livre qui s’ouvre sur le témoignage d’une survivante du Rwanda, victime d’un viol collectif,analyse différents aspects de la violence contre les femmes : le viol de guerre, la culture desarmes à feu en milieu rural, les représentations de la violence en Tunisie, en Ukraine et enmilieu autochtone, la violence conjugale et familiale. Il présente aussi des stratégies de préven-tion de ce problème social présent partout dans le monde. Intitulé Violences faites aux femmes,cet ouvrage collectif a été publié sous la direction de Suzanne Arcand, Dominique Damant etSylvie Gravel, de l’Université de Montréal, et d’Elizabeth Haper, professeure à l’École de travailsocial de l’UQAM. Il constitue le bilan du colloque «Violences faites aux femmes : réponsessociales plurielles», tenu à Montréal en octobre 2006 et organisé par le Centre de recherche surla violence familiale et la violence faite aux femmes (CRI-VIFF), un groupe mis sur pied à la suite

de l’assassinat de 14 femmes à l’École Polytechnique, en décembre 1989. Paru aux Presses de l’Université du Québec. �

VIOLENCE CONTRE LES FEMMES

Depuis quelque temps, l’enseignement de l’histoire à l’école secondaire est devenu un sujetde vive controverse. Quel rôle doit jouer cet enseignement, et en particulier l’enseignementde notre histoire nationale? Doit-il être tourné vers le passé ou vers l’avenir? Doit-il être misau service de la citoyenneté, de l’identité ou même de l’édification nationale? Ce sont cesquestions qui sont abordées dans L’Enseignement de l’histoire au début du XXIe siècle auQuébec, un ouvrage publié sous la direction de Michel Sarra-Bournet, chargé de cours auDépartement d’histoire, et de Félix Bouvier, professeur de didactique des sciences humainesà l’Université du Québec à Trois-Rivières. Les auteurs s’interrogent, entre autres, sur le faitque le nouveau programme d’histoire et d’éducation à la citoyenneté véhicule une concep-tion de l’histoire rigoureusement axée sur le présent. On y trouve plusieurs points de vue surla question nationale et celle de la didactique. Ainsi, Sébastien Parent, professeur d’histoire

au secondaire et doctorant à l’UQAM, souligne que c’est en conformité à ce qui se fait en histoire à l’universitédepuis plus de trente ans que «les nouveaux programmes du ministère ne sont pas portés par une histoire poli-tique ou nationale». Publié chez Septentrion. �

UNE HISTOIRE CONTROVERSÉE

Voici une édition revue et mise à jour de l’Histoire des sciences au Québec de la Nouvelle-France à nos jours, l’ouvrage de référence par excellence sur un pan méconnu de notre his-toire, celle du Québec scientifique, publié la première fois en 1989 par Yves Gingras, pro-fesseur au Département d’histoire et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoireet sociologie des sciences, Raymond Duchesne, professeur à la Téluq, et le journaliste LucChartrand, de Radio-Canada. Des premiers arpenteurs, médecins et botanistes de laNouvelle-France jusqu’aux physiciens nucléaires du XXe siècle, en passant par les géologueset naturalistes du XIXe, ce livre rend compte de tous les aspects de l’essor des sciences dansnotre coin du globe : controverses scientifiques, développement des institutions et des dis-ciplines, évolution de l’éducation, recherche. S’adressant au grand public autant qu’aux spé-cialistes, l’ouvrage est rédigé dans un style accessible et est enrichi de nombreuses photos et

illustrations. «Nous croyons, en effet, écrivent les auteurs en introduction, qu’il faut répondre à la curiosité de tousceux et celles à qui la place grandissante des sciences et de la technologie dans le monde n’a pas échappé et quis’interrogent sur l’origine de l’état présent des choses.» Publié chez Boréal. �

LE QUÉBEC SCIENTIFIQUE

PUBLICITÉ

Page 11: TEL PÈRE, TEL FILS

L’UQAM 12 JANVIER 2009 11

Anne-Marie Brunet

Le 16 octobre 2007, le Conseilacadémique de l’École des sciencesde la gestion (ESG) mandait PierreFiliatrault, à l’époque doyen, afinqu’il entreprenne des démarchespour créer la Bourse Jean-Perrien.Le 1er novembre 2007, Jean Perrien,professeur au Département destratégie des affaires depuis 1986,s’éteignait à l’âge de 55 ans. Atteintd’un cancer généralisé, il avait vécuintensément jusqu’à la fin comme sila mort ne l’attendait pas au détour.Pierre Filiatrault, professeur auDépartement de marketing, l’a bienconnu.

Jean Perrien était très appréciéde ses étudiants de tous les cycles.

Il faut dire que son dévouement àleur endroit était hors du com-mun, si on en juge par le

témoignage de M. Filiatrault :«Jean était un missionnaire.L’enseignement, c’était sa vie. Ilpassait beaucoup de temps à pré-parer ses cours et à encadrer lesétudiants. Je ne sais pas combiend’étudiants de maîtrise et dedoctorat il a dirigés. Plusieurs sontaujourd’hui des professeurs.»Même malade, Jean Perrien con-sacrait des heures innombrables à ses étudiants, les invitant même parfois le week-end à sonchalet dans les Cantons de l’Estpour poursuivre le travail d’en-cadrement. Alors qu’il ne luirestait que quelques mois à vivre,Pierre Filiatrault l’a surpris entrain de travailler avec un docto-rant dans un hall d’hôtel à Paris.

«Il faisait cela par amour pour les étudiants qu’il considéraitcomme ses enfants, se souvient M. Filiatrault. Extraverti, verbo-moteur, toujours le mot pour rire,il était aussi un très gros tra-vailleur.»

Chercheur émérite, Jean Perrienest l’auteur de trois livres et deplusieurs articles et publicationssur le marketing. Titulaire de laChaire de management des servi-ces financiers, supportée par legroupe RBC Banque Royale depuissa création, en 2003, il a aussi étédirecteur du Centre de rechercheen gestion de 1995 à 1997. Il adéveloppé avec l’Université Paris-Dauphine un programme conjointde MBA pour cadres en servicesfinanciers.

Jean Perrien a reçu au cours desa carrière plusieurs prix et dis-tinctions pour la qualité de sespublications et conférences. Quel-ques mois avant son décès, auprintemps 2007, un hommage lui aété rendu lors d’un colloque inter-national organisé dans le cadre del’ACFAS, en reconnaissance deson importante contribution à sadiscipline.

«Il était très aimé et respecté parses pairs, dit Pierre Filiatrault.Lorsqu’il est décédé, j’ai téléphonéà des collègues pour leur parler dela bourse. En l’espace d’unesemaine, j’ai reçu plusieurschèques pour la Fondation de Jeanqui n’existait pas encore…»

D’un montant de 2 000$, laBourse Jean-Perrien est une boursed’excellence qui sera décernéechaque année à un étudiant en finde maîtrise en marketing. La sélec-tion sera basée sur la qualité dudossier académique et la partici-pation à des activités associatives,sociales ou sportives. L’objectif estd’amasser un montant de 50 000 $dans le Fonds In memoriam Jean-Perrien.

En conclusion de son discoursprononcé en novembre 2008, lors dela remise de la première bourse Jean-Perrrien, Pierre Filiatrault a dit : «Cesoir, symboliquement, et en mé-moire de Jean, nous passons le flam-beau à la relève, soit à M. YounesHajoui […] Et ainsi, Jean sera un peuparmi nous pour toujours.» �

Jean Perrien était très apprécié de ses étudiants de tous les cycles. | Photo : Nathalie St-Pierre

JEAN PERRIEN, UN PROFESSEUR

PASSIONNÉ ET DÉVOUÉPOUR COMMÉMORER LE PARCOURS EXCEPTIONNEL DE JEAN PERRIEN, LE CONSEILACADÉMIQUE DE L’ÉCOLE DES SCIENCES DE LA GESTION A CRÉÉ UN FONDS DE BOURSES À SON NOM. PIERRE FILIATRAULT, COLLÈGUE ET AMI DU DISPARU, RACONTE.

«JEAN ÉTAIT UN MISSION-

NAIRE. L’ENSEIGNEMENT,

C’ÉTAIT SA VIE. IL PASSAIT

BEAUCOUP DE TEMPS À

PRÉPARER SES COURS

ET À ENCADRER LES ÉTU-

DIANTS. JE NE SAIS PAS

COMBIEN D’ÉTUDIANTS DE

MAÎTRISE ET DE DOCTORAT

IL A DIRIGÉS. PLUSIEURS

SONT AUJOURD’HUI DES

PROFESSEURS.»— Pierre Filiatrault, professeur au

Département de marketing

COMMENTEZ CET ARTICLEuqam.ca/entrevues

Page 12: TEL PÈRE, TEL FILS

12 12 JANVIER 2009 L’UQAM

ZOOM

SUDOKUSolution : www.journal.uqam.ca

83 5

16

54 1

2 3 6

56 3 72

4 7 2

48 6

3

4 9 8

52

8

Re

mp

lir

un

e g

rille

de

9 x

9 c

ase

s ave

c le

s ch

iffr

es

de

1 à

9d

e f

aço

n à

ce

qu

e c

hacu

n n

’ap

para

isse

qu

’un

e f

ois

dan

su

ne

co

lon

ne, u

ne

lig

ne

ou

un

gra

nd

carr

é.

La professeure Lori Saint-Martin, duDépartement d'études littéraires, et le tra-ducteur littéraire Paul Gagné ont remportépour la troisième fois le prix de la traductiondécerné par la Quebec Writers’ Federationlors de son gala annuel, qui avait lieu àMontréal le 19 novembre dernier. Ce prix,d'une valeur de 2 000 $, couronne lameilleure traduction de l'anglais vers lefrançais d’une œuvre littéraire écrite par unauteur anglo-québécois. Le livre primé estBig bang (Les Allusifs), traduction de Bang

Crunch (Knopf Canada) de l’auteur Neil Smith.

Essayiste, nouvelliste et critique, Lori Saint-Martin est égalementcoordonnatrice de l'enseignement à l'Institut de recherches et d'é-tudes féministes (IREF) et membre régulier de Figura, le Centre derecherche sur le texte et l'imaginaire. Elle et Paul Gagné ont traduitensemble plus d'une trentaine d'œuvres littéraires encensées par lacritique. Ils ont remporté un prix littéraire du Gouverneur généraldans la catégorie traduction à deux reprises.

L'étudiant Rawi Hage a pour sa part récoltéle prix Paragraphe Hugh MacLennan quicouronne une œuvre de fiction. Son plusrécent roman, Coackroach (House of AnansiPress), lui vaut une bourse de 2 000 $.

Étudiant à la maîtrise en arts visuels etmédiatiques, Rawi Hage a vu son premierroman, DeNiro's Game (Parfum de poussièreen français), remporter quatre récompenses littéraires, dont le Prix des libraires duQuébec et le prestigieux InternationalIMPAC Dublin Literary Award, doté d'unebourse de 160 000 $.

PRIX DE LA QUEBEC WRITERS’ FEDERATION

La Fondation de l'UQAM a reçu une importante contribution de 100 000 $ d'un généreux donateur issu de la communauté universi-taire qui souhaite dédier son don au Service aux collectivités del'UQAM. Selon les vœux du donateur, qui souhaite garder l'anony-mat, son don servira au financement de deux nouveaux fonds derecherche, ainsi qu'à la création d'un fonds de bourses capitalisé,administré par la Fondation, visant l'octroi d'une bourse annuelle de1 000 $.

DON DE 100 000 $

Le patineur Olivier Jean a remporté unemédaille de bronze lors de l'épreuve de1 500 mètres disputée dans le cadre dela Coupe du monde de patinage devitesse courte piste de Nagano, auJapon, le 7 décembre dernier. L'étudiantau baccalauréat d'intervention en acti-vité physique a également remporté lamédaille d'or avec l'équipe du relaismasculin, qui l'a emporté sur la Corée àla suite d'une course endiablée. OutreJean, l'équipe était composée deCharles et François Hamelin et deFrançois-Louis Tremblay.

DEUX MÉDAILLES À NAGANO

La Fondation de l'UQAM tenait une cérémonie de reconnaissance dedon, le 12 décembre, pour annoncer l'engagement pris par l'entrepriseNautilus Plus de donner 500 000 $ à la Chaire en prévention et traite-ment du cancer de l'UQAM au cours des cinq prochaines années. Cetévénement a eu lieu sous la présidence d'honneur du vice-recteur à laRecherche et à la création de l'UQAM, Guy Berthiaume, en présence dutitulaire de la Chaire, le professeur Richard Béliveau, et du président-directeur général de Nautilus Plus, Richard Blais. On a également profité de l'occasion pour souligner le succès des premières activitésde financement qui ont permis jusqu'à maintenant d'amasser plus de 91 000 $.

NAUTILUS PLUS S’ENGAGE À DONNER 500 000 $ À LA CHAIREEN PRÉVENTION ET TRAITEMENTDU CANCER DE L'UQAM

La plongeuse Émilie Heymans, médailléed'argent à la tour de 10 mètres aux Jeuxolympiques de Pékin, a été sacrée athlèteféminine de l'année au niveau international,dans le cadre du 36e Gala Sports-Québec,qui avait lieu à Laval.

L'étudiante en gestion et design de lamode, qui avait aussi été choisie athlète del’année par Plongeon Canada en novembre,a repris l’entraînement au tremplin de troismètres. Elle vise une participation aux Jeuxolympiques de Londres, en 2012.

L’École des sciences de la gestion est fière d'annoncer que 62 étudiants du Diplôme d'études supérieures spécialisées(DESS) en sciences comptables ont réussi l'Évaluation uniforme(EFU) 2008 de l'Institut canadien des comptables agréés. Depuisles cinq dernières années, les étudiants en sciences comptablesde l’ESG UQAM se classent parmi les meilleurs aux évaluationsdes ordres professionnels.

ÉVALUATION UNIFORME DEL’INSTITUT CANADIEN DESCOMPTABLES AGRÉÉS

ATHLÈTE FÉMININEDE L’ANNÉE

Page 13: TEL PÈRE, TEL FILS

L’UQAM 12 JANVIER 2009 13

Alors que les quelques universités américaines multimilliardaires cherchentdes façons de réduire leurs dépenses parce que la valeur de leurs fonds dedotation suit la même courbe descendante que les marchés boursiers, cellesqui vont le plus souffrir de la récession mondiale sont les universités moinsbien nanties des pays en développement, notamment.

La richissime Université Harvard envisage de geler pour la prochaineannée les salaires de ses professeurs et employés, les budgets de tous ses pro-grammes, ainsi que ses projets de construction, notamment celui du com-plexe scientifique Allston évalué à près de 1 milliard $. Les avoirs capitalisésde Harvard, avant la crise financière, se chiffraient à 36,9 milliards $, générantle tiers du budget d’opération annuel de 3,5 milliards $ de l’université. Selonles projections de l’agence Moody’s, les fonds de Harvard auraient perdu 11milliards $ de leur valeur cette année, soit 550 millions $ en revenus.

L’université a précisé qu’elle ne pouvait pas augmenter davantage lesdroits de scolarité de 47 215 $ par année (incluant chambre et pension) quireprésentent 20 % de ses revenus, mais continuera d’admettre gratuitementles étudiants provenant de familles dont le revenu est inférieur à 60 000 $ parannée. Les fonds fédéraux octroyés aux universités pour la recherche risquentaussi de se tarir, selon des sources universitaires, de même que les généreusescontributions des donateurs et fondations, en période de grave récessionéconomique.Source : Boston Globe, 11 novembre 2008

***

L’Association des universités du Commonwealth (ACU), qui vient deréaliser un sondage dans 81 établissements de 22 pays, met en lumière le faitque l’insuffisance chronique de fonds empêche les universités d’attirer et deretenir les meilleurs professeurs, de restaurer des pavillons et des locaux quien ont grandement besoin et de doter laboratoires, bibliothèques et centres deformation à distance des ressources nécessaires à leur développement.

Pour contrer la baisse des fonds publics, elles ont répondu devoir trouverdes sources alternatives de financement, notamment en haussant les droits descolarité (localement et pour les étudiants étrangers) et par la recherche dedons, de contrats de recherche et de consultation. Mais la hausse des droitsde scolarité a engendré partout chez les étudiants le sentiment d’être des“clients”. Ces derniers s’attendent à des programmes, des services et undiplôme de qualité qui leur ouvriront les portes du marché de l’emploi et unerémunération à l’avenant. Ces exigences nouvelles posent des défis que lesuniversités n’avaient pas à relever il y a 20 ans, souligne un sondé duRoyaume-Uni.

Un répondant de la Zambie se plaint de ne pas pouvoir hausser les droitsde scolarité gelés par le gouvernement qui craint des grèves étudiantes, alorsque le nombre d’étudiants a triplé depuis les années 1980, mais les infrastruc-tures sont restées inchangées et les fonds publics stationnaires.

Les palmarès d’universités sont unanimement décriés à travers l’ACU,notamment par l’Australie et le Canada qui considèrent leurs méthodologiesdéficientes. Il est important de pouvoir faire des comparaisons entre univer-sités, rapporte un répondant australien, mais il faut élaborer des critères pertinents et une méthodologie à toute épreuve, ce qui n’est pas le cas présen-tement.

En conclusion, l’éducation post-secondaire est perçue de plus en pluscomme appartenant au secteur des services et la liberté et l’intégritéacadémique doivent rivaliser aujourd’hui avec des services à la clientèle dequalité, ce qui n’était pas le cas il y a une génération. Un répondant duBengladesh résume la problématique ainsi : les universités ont besoin de plusde flexibilité pour ouvrir, fermer, développer et réduire l’offre de cours selonles besoins du marché.http://www.acu.ac.uk/

À COURT DE RESSOURCES, PARTOUT !

PLANÈTE UNIVERSITAIRE

DES UQAMIENS À L’ASSEMBLÉE NATIONALELes professeurs Camil Bouchard, du Département de psychologie,et Alain Paquet, du Département des sciences économiques, demême que l'étudiant au baccalauréat en science politique MathieuTraversy ont été élus députés dans les criconscriptions de Vachon,Laval-des-Rapides et Terrebonne, lors des élections provincialesdu 8 décembre dernier. Messieurs Bouchard et Traversy ont étéélus sous la bannière du Parti Québécois, tandis que M. Paquet aété élu pour le Parti libéral du Québec. Plusieurs diplômés del'UQAM figurent également parmi les élus :

PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC

• Marguerite Blais (Ph.D. communication, 2005), dansSaint-Henri/Sainte-Anne;

• Daniel Bernard (M.B.A.,2001), dans Rouyn-Noranda;

• Francine Charbonneau (B.Ed.éducation préscolaire etenseignement à l'élémentaire,1980), dans Mille-Îles;

• Emmanuel Dubourg(M.B.A., 2000), dans Viau;

• Pierre Marsan (B. Sp. enadministration, 1972), dansRobert-Baldwin.

PARTI QUÉBÉCOIS

• Stéphane Bergeron (B.A. science politique, 1987), dans Verchères;

• Marie Bouillé (B.Sc. géogra-phie, 1980), dans Iberville;

• Benoît Charrette(B.A. histoire, 2000), dans Deux-Montagnes;

• Claude Cousineau (B.Sp.biologie, 1975; Certificat ensciences de l'éducation,1977), dans Bertrand;

• René Gauvreau (B.A.Animation et recherches cul-turelles, 1983), dans Groulx;

• Nicole Léger (B.Sp. enseigne-ment préscolaire élémentaire,1977), dans Pointe-aux-Trembles;

• Scott McKay (B.Sc. sciences,1988 ; M.Sc. Sciences de l'en-vironnement, 1993), dansL'Assomption;

• Carole Poirier (B.A. sciencepolitique, 2005), dansHochelaga-Maisonneuve;

• Gilles Robert (Certificat ensciences de l'éducation,1995), dans Prévost.

PUBLICITÉ

Page 14: TEL PÈRE, TEL FILS

14 12 JANVIER 2009 L’UQAM

13 JANVIERCEPES (CENTRE D'ÉTUDES DES POLITIQUES ÉTRANGÈRESET DE SÉCURITÉ)Conférence : «Les relations entreÉtats et forces sécuritaires auLiban», de 12h30 à 14h.Conférencière : Elizabeth Picard,directrice de recherche, CNRS.Institut de recherches et d’étudessur le monde arabe et musulman.Pavillon Hubert-Aquin, salle A-1715.Renseignements :Charles Létourneau(514) [email protected]

14 JANVIERESG UQAM (ÉCOLE DES SCIENCES DE LA GESTION)Forum URBA 2015 : «Les condi-tions gagnantes de Montréal -Métropole culturelle», à 17h30.

Conférencier : Charles Lapointe,président-directeur général deTourisme Montréal, président du parteniariat du Quartier des spectacles.Pavillon Athanase-David, salle D-R200.Renseignements :(514) 987-3000, poste [email protected]

16 JANVIERCENTRE DE DESIGN«Neuf designers parisiens», une conférence organisée par AndréDesrosiers, professeur invité à l’École de design de l’UQAM, dans le cadre de l’expositionParis/design en mutation, portraitd’une génération, de 9h30 heuresà 13h.Cinémathèque québécoise, 335,boul. De Maisonneuve Est (MétroBerri-UQAM), Salle Claude-Jutra.Renseignements : (514) [email protected]

ISC (INSTITUT DES SCIENCES COGNITIVES)Conférence : «La modélisation duprocessus de catégorisation par lebiais de réseaux de neurones arti-ficiels : 15 annéees de recherche

au Laboratoire d’études en intelli-gence naturelle et artificielle(LEINA)», de 15h à 17h.Conférencier : Robert Proulx, vice-recteur à la Vie académique,UQAM.Pavillon J.-A.-DeSève, salle DS-1950.Renseignements :Nicole Richard(514) 987-3000, poste [email protected]

23 JANVIERCIRST (CENTRE INTERUNI-VERSITAIRE DE RECHERCHESUR LA SCIENCE ET LA TECHNOLOGIE)

Séminaire : «The EconomicGeography of Swedish Biotech –Places, Flows and UnrulyProcesses», de 12h30 à 14h.Conférencier : Henrik Mattsson,Chercheur postdoctoral, Chairede recherche du Canada en gestion de la technologie.Pavillon Thérèse-Casgrain, salle W-3235.Renseignements :Marie-Andrée Desgagnés(514) [email protected]

SUR LE CAMPUS

DU 16 JANVIER AU 14 FÉVRIERVernissage : 15 janvier, 17h30Cloaca No 5 est une œuvre célèbre de l’artiste belge WimDelvoye. Elle représente un tube digestif humain géant et fonc-tionnel. Véritable projet scientifique, la «sculpture-machine» deM. Delvoye invite à réfléchir à ce qu’est la vie, où elle commenceet où elle se termine, mais elle esquisse également un parallèleentre l’abject et l’artistique et une réflexion sur la manière dont ilspeuvent être perçus. Galerie de l’UQAMPavillon Judith-Jasmin, 405, rue Sainte-Catherine Est (MétroBerri-UQAM), salle J-R120.Renseignements : (514) [email protected] • www.galerie.uqam.ca

CLOACA PROJECT DE WIM DELVOYE

DU 16 JANVIER AU 1er MARSVernissage : 16 janvier, 18hCommissaire : Michel Bouisson, VIA (Paris)

Cette exposition, qui se tient dans le cadre du Festival Montréal enlumière, fait connaître le travail de onze designers ou collectifs,précurseurs et chefs de file des différents courants de la nouvelle généra-tion du design parisien. Elle présente aussi les principaux acteurs institu-tionnels (écoles de design, organismes de promotion, lieux d’exposition,etc.) qui ont permis à ces talents de se former et de se faire connaître.Centre de designPavillon de design, 1440, rue Sanguinet (Métro Berri-UQAM).Renseignements : Centre de design • (514) [email protected] • www.centrededesign.uqam.ca

PARIS-DESIGN EN MUTATION

DU 15 JANVIER AU 15 MARS 2009La bibliothèque de livres anciens du Musée Stewart, en collabora-tion avec la collection des livres rares de l’UQAM, célèbrera desœuvres parmi les plus marquantes qui ont jalonné la période allantde la Renaissance à la Révolution. En trois temps, définis par lessiècles de l’aventure (15e et 16e siècles), le siècle de la Raison (17e

siècle) et celui des Lumières (18e siècle), cette exposition présen-tera des éditions rares ou originales d’une trentaine de livres. Ellesera offerte de concert avec le cours virtuel conçu par JosianeBoulad-Ayoub, du Département de philosophie de l’UQAM : De laRenaissance à la Révolution, grandes figures intellectuelles dumonde moderne.Pavillon Hubert-Aquin, salle A-M100.Renseignements :Nathalie Gagnon • (514) 987-3000, poste [email protected] • www.bibliotheques.uqam.ca

DE LA RENAISSANCE À LA RÉVOLUTION :AUX SOURCES DE LA MODERNITÉ

FORMULAIRE WEBwww.evenements.uqam.ca10 jours avant la parution

du journal.

Page 15: TEL PÈRE, TEL FILS

Pierre-Etienne Caza

À quelque chose malheur est bon.Les perturbations vécues à l’UQAMles 11 et 12 décembre dernier n’ontété agréables pour personne, maiselles auront permis d’attirer davan-tage l’attention du gouvernementdu Québec sur la nécessité de sedoter de nouveaux outils pour faireface à ce genre de crise.

Rappelons les faits. Le 11 dé-cembre, vers 13h45, le Service de laprévention et de la sécurité reçoitquatre appels, signalant que l’onaurait entendu des coups de feu aupavillon de l’Éducation (N) et qu’ona trouvé un sac au contenu suspect.

Aussitôt alerté, le Service depolice de la ville de Montréal(SPVM) est arrivé sur les lieux et adressé un périmètre de sécurité. Unsac contenant une dizaine de ballesde calibre 22 ainsi que deux armesblanches a été trouvé. Les sons decoups de feu auraient été provoquéspar des pétards, que les policiers dugroupe d’intervention tactique ontretrouvés lors de leur fouille.«Lorsqu’il y a probabilité de tireuractif, les policiers doivent fouillertous les locaux, étage par étage, précise Alain Gingras, directeur duService de la prévention et de lasécurité de l’UQAM. Voilàpourquoi la consigne que nousavons donnée aux gens par leréseau phonique était de demeurerenfermés dans les bureaux et lessalles de classe.» Le pavillon N a finalement été évacué vers 16 h et a été fermé pour le reste de la journée.

Outre le système phonique(intercom), un courriel a été envoyéà l’ensemble de la communautéuniversitaire, des messages ont étéaffichés sur les écrans géants et surle site Web de l’UQAM, et le mes-sage téléphonique du 987-3000 aété modifié, sans compter les pointsde presse aux médias, donnés aux30 minutes par Daniel Hébert,directeur du Service des communi-cations. «Nous avons tout mis enœuvre pour donner le maximumd’information possible à la commu-

nauté universitaire», analyse cedernier, précisant que seuls les gensdes pavillons N, W et A ont reçudes consignes par intercom, afind’éviter de créer une paniqueinutile sur le campus.

Le lendemain, 12 décembre, unautre colis suspect a été découvertvers 9h30 dans une toilette dutroisième étage du pavillon N. Cettefois, les occupants ont été évacuéstrès rapidement et le groupe d’inter-vention tactique du SPVM a neu-tralisé le colis, qui contenait uneminuterie reliée à des bâtonnetsdont on ignore toujours la nature.Le pavillon a pu rouvrir ses portesvers 13h30. «L’enquête du SPVM sepoursuit pour les deux événementset nous en saurons davantage aucours des prochaines semaines»,précise Alain Gingras.

DE NOUVEAUX OUTILSDE COMMUNICATIONDepuis la tragédie de Dawson, leministère de l’Éducation, du Loisiret du Sport (MELS) a demandé auxuniversités, via la CRÉPUQ, derédiger et de lui soumettre desplans d’intervention en cas d’ur-gence. Dans cette foulée, l’UQAM adéposé en septembre dernier unprojet de modernisation de ses ou-tils de communication auprès duMELS. «Ce projet portait sur troismodes de communication en cas decrise : la centralisation du systèmephonique, la possibilité de forcer lamessagerie vocale en main libre surles téléphones IP et l’installationd’un système d’affichage numé-rique sur le campus, composéd’une soixantaine d’écrans au plas-ma», explique Alain Gingras.

À la suite des événements dedécembre, l’UQAM a bonifié ceplan, y ajoutant la modernisationdu parc de télésurveillance, l’achatde serveurs dédiés à la communica-tion interne, un devis pour changerle barillet des poignées de portesdes salles de cours afin de pouvoirles verrouiller de l’intérieur (il y aquelque 230 salles de classe et letout coûterait environ 50 000 $) etl’acquisition d’outils permettant

d’envoyer des messages textes(SMS) sur les téléphones cellulairesdes employés et des étudiants horscampus. «L’envoi de messages d’urgence via SMS est l’une desmesures les plus pertinentes et lesplus efficaces, souligne DanielHébert. Plusieurs campus améri-cains l’utilisent, l’UniversitéConcordia également.»

En cas d’urgence, le site Web de l’UQAM demeure le lieu deréférence pour obtenir de l’informa-tion, précise Daniel Hébert.

SIMULATIONS À VENIRLe Service de la prévention et de lasécurité, qui travaille en collabora-tion avec le SPVM depuis quelquesmois déjà, procédera à des simula-tions d’exercices «Tireur actif» les14, 21 et 28 janvier, de même queles 4 et 11 février prochains. Cesexercices auront lieu dans dif-férents pavillons, durant la nuit.

«Les événements survenus endécembre nous ont permis de cons-tater que le plan d’interventiond’urgence de l’UQAM fonctionnebien, mais qu’il y a toujoursmatière à améliorations», préciseDaniel Hébert.

Ces simulations, auxquelles par-ticiperont des comédiens, pren-dront la forme de différents scéna-rios, par exemple : un individuarmé a été aperçu, des coups de feuont été entendus, des personnes ontété blessées, un suspect est en fuite,etc. «Ce sera l’occasion pour lespoliciers du SPVM de se familiari-ser plus étroitement avec les pavil-lons de l’UQAM et avec les inter-venants de chez nous», note AlainGingras. «Et aussi d’améliorer lescommunications en situation decrise à l’UQAM», conclut DanielHébert. �

L’UQAM 12 JANVIER 2009 15

UN PLAN D’URGENCE BONIFIÉDES SIMULATIONS AURONT LIEU EN JANVIER ET FÉVRIER POUR PERMETTRE DE PEAUFINER LES STRATÉGIES EN CASDE SITUATION DE CRISE À L’UQAM.

COMMENTEZ CET ARTICLEuqam.ca/entrevues

PUBLICITÉ

Page 16: TEL PÈRE, TEL FILS

Le 17 décembre fut une journée de réjouissance à l’UQAM, alors qu’avait

lieu la Journée de la reconnaissance, qui regroupait pour la première

fois quatre événements distincts.

La Fête des employés lauréats de prix et distinctions a permis de

souligner le rayonnement de 85 professeurs, chargés de cours, cadres

et employés de l’Université s’étant illustrés en 2008. Cette fête a eu lieu

en présence de la sous-ministre adjointe à l’enseignement supérieur du

ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Mme Hélène David.

La Fête des retraités a réuni près d’une centaine de personnes au

Foyer du Studio-théâtre Alfred-Laliberté, parmi lesquels une quaran-

taine de nouveaux et anciens retraités de l’UQAM, en plus d’une

cinquantaine de membres du personnel les ayant côtoyés.

La Fête des employés de 25 ans de service a réuni une cinquan-

taine de personnes parmi les quelque 100 employés qui ont franchi

ce cap en 2008. Après une brève cérémonie, ceux-ci ont fait une

entrée chaleureusement applaudie à la traditionnelle Fête de Noël

des employés et des retraités, qui avait lieu au Centre de design en

fin de journée. Environ 600 personnes ont participé à la fête, profi-

tant de l’occasion pour discuter avec leurs collègues, pour prendre

une bouchée et pour danser au son de la musique fournie par le

Groupe Média-Spec.

Le recteur Claude Corbo a participé avec plaisir aux quatre événe-

ments festifs de cette journée, lesquels ont permis de terminer l’an-

née sur une note positive.

JOURNÉE DE LA RECONNAISSANCE UQAM

Fête de Noël des employés et des retraités | Photos : Nathalie St-Pierre

Sylvain A. Roy, chargé de cours au Département des sciences comptables, RobertGodin et Louis Martin, professeurs au Département d’informatique et Louise

Landry, analyste de l’informatique au SITel, lors de la Fête des employés de 25 ans de service. | Photo : Nathalie St-Pierre

Frédéric Metz, professeur à l’École de design, Louise Déry, directrice de la Galerie de l’UQAM, Jérôme Claverie, professeur au Département de chimie et

Louise Poissant, doyenne de la Faculté des arts, à la Fête des employés lauréats de prix et distinctions. | Photo : Nathalie St-Pierre

Quelques-uns des retraités présents à la fête tenue en leur honneur.Photo : Nathalie St-Pierre

Le vice-recteur aux Ressources humaines, Pierre-Paul Lavoie, la vice-rectrice auxAffaires administratives et financières, Monique Goyette, la sous-ministre adjointe àl’enseignement supérieur du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Hélène

David, et le recteur, Claude Corbo, étaient présents à la Fête des employés lauréats de prix et distinctions. | Photo : Nathalie St-Pierre

16 12 JANVIER 2009 L’UQAM