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    Raymond E. Feist

    Une Couronne en pril

    La Guerre du Chaos tome 2

    Traduit de langlais (tats-Unis) par Isabelle Pernot

    Bragelonne

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    Celui-ci est pour les Sales Vauriens Poqui se reconna

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    Prologue

    RVEILS

    De puissants dragons traversaient les cieux tire-daile.Des vents violents comme un ouragan lui soufflaient au visage, mais le cavalier chevauchait

    urance sa monture ivoire couverte dcailles quil commandait grce sa seule volont. Deystrieux lui permettaient de rester fermement assis, et lexultation lectrisait chaque fibre de la vue de larme des dragons en qute de victoires.

    Jamais dans la longue histoire des Valherus larme des dragons tout entire stait ainsi uniLarme tout entire, sauf lun de ses membres. Des motions obscures laissrent rapide

    ce la rage. Le cavalier blanc et or tait absent. Ashen-Shugar, le seul dissident de cepressionnant.

    Mais labsence du pre-frre importait peu. Les Valherus avaient rpondu lappel de Drrin, qui avait pris la place qui lui revenait de droit en tant que commandant de larme des dra

    Des nergies folles balayaient les cieux au-dessus des cavaliers, faisant natre des gerbuleurs dune brillance aveuglante. Des vortex et des dchirures dans le tissu mme de lespacemps explosaient dans des spectres invisibles aux yeux des mortels, mais parfaitement clairsux des Valherus.

    La vision de Draken-Korin se modifia. Des souvenirs se dissiprent tandis que daaisaient surface. La caverne, autrefois le sige du pouvoir du seigneur des Tigres, tait plongebscurit. Cela ne linquitait nullement puisque sa vue tait bien plus acre que celle de nimel mortel, mais la chaleur des torches lui manquait Et o taient ses serviteurs ?

    Il essaya de lever le bras gauche, et une douleur vive lui cisailla lpaule. Il navait pas p

    e souffrance pareille depuisDes images dfilrent dans son esprit tandis quil revivait des scnes vieilles de plu

    llnaires.Il poussa son premier soupir et entendit une mre mprisante le maudire tandis que ses serv

    mmenaient loin delle. Les esclaves elfes le dposrent, nouveau-n, dans une clairire au seint chaude et humide. Sans la moindre tendresse, elles labandonnrent au sommet dun gros rour vivre, ou mourir, selon la force quil possdait.

    Il se rappela avoir tendu le champ de ses perceptions de bb afin dvaluer, de mamitive, dangers et menaces alentour. Il navait prouv aucune peur, juste un besoin pressant.

    surgir son instinct, puisant dans une mmoire commune et ancestrale qui existait depuis laucration. La fort tait profonde, et il sentait des prdateurs de tous les cts. Les plus dangpartenaient sa propre race, et ceux-l sen allaient.

    Les Valherus.Une meute de chacals dors, la tte leve et les sens en veil, reniflrent lair en capta

    luves tentants du sang de sa naissance. Ils avaient quitt leur repaire au coucher du soleilasser.

    Lenfant les sentit se rapprocher. Lodeur de sa naissance allait provoquer sa mort. Il les effson esprit et leur lana une vague de haine et de colre.

    Les chacals simmobilisrent et se recroquevillrent. Puis, les oreilles rabattues en arrirntinurent avancer pas feutrs vers le responsable de cet assaut mental. La faim tait plus

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    e leur peur.Une autre prsence proximit. Le bb leffleura son tour et reconnut aussitt limp

    dateur. Mais, cette fois, au lieu du danger, il dcouvrit du contentement, une motion chaleubienveillante qui lui parut trange mais aussi attirante. Il formula un ordre simple.

    Viens.

    La tigresse se leva dun bond en ignorant les miaulements plaintifs de ses petits et descenline en bondissant en direction de la chose minuscule qui exerait sa volont sur elle.

    Les chacals se rapprochaient prudemment de lenfant vulnrable. Ils savaient quil possd

    ngereuses facults, mais ils taient pousss par le besoin de se nourrir. Puis, le vent leur apportre odeur, et ils simmobilisrent.Limposante tigresse dboula dans la clairire ct du nourrisson et feula dun air de dfi.Le bb reprsentait peut-tre une menace inconnue, mais les chasseurs de la meu

    nnaissaient que trop bien les tigres et savaient quil fallait les viter tout prix. Les chnfuirent, la queue entre les jambes. Ils prfraient survivre et chasser ailleurs.

    La tigresse baissa la tte en grondant, mais une pense claire mana du nourrisson :Protge-Un bb mortel aurait pri si le grand flin lavait ainsi soulev dans sa gueule. Mais il n

    s le fruit de mortels, il tait un Valheru, et son petit corps tait loin dtre aussi fragile.La tigresse retourna dans son antre et dposa le bb ct de ses petits, gs de trois jo

    ne, qui miaulaient, leurs paupires encore closes. Puis elle sallongea sur le flanc pour leser et regarda la crature humanode agripper sa fourrure. Il russit ramper jusqu sa mamemmena se nourrir ct des bbs tigres.

    Il ouvrit les yeux. Il avait du mal respirer. Je meurs, chuchota-t-il alors quil tait seul.Tu es en train de renatre, rpondit une voix lointaine.Il se sentait fivreux, et tout son corps le faisait atrocement souffrir. Il narrivait plus disti

    douleur de sa blessure de lautre douleur, lancinante, brlante, qui le consumait tout entier. Chrticule de son tre tait aux portes de la mort, car ce ntait quau tout dernier moment q

    nsformation pouvait sachever. Il essaya de bouger, en vain. Rien que le fait douvrir les yeuxe preuve. Il laissa ses paupires se refermer. La mort ntait plus qu quelques secondppelait avec ses promesses de soulagement et de repos.

    Mais quelque chose dautre lappelait aussi prsent : les rves. Ils contenaient de la folie,taient saisissants et sduisants. Ils le remplissaient dun sentiment de triomphe et de puissil avait beau se languir que la douleur cesse et que le repos vienne, la conscience au sein des cessait de se renforcer et de lui souffler des chants de pouvoir et de contrle, de dsir

    nqute, de sang et de victoire.Lhomme qui avait t Braden de Shamata sentait sa volont svanouir.

    Il se rappelait stre enrl dans une bande de mercenaires du val des Rves et avoir traveer sans Fin vers des terres lointaines, o la contrebande darmes tait cent fois plus lucrativez lui. Une dernire caravane, et il aurait eu assez dor pour prendre sa retraite. Il serait rentl avec une petite fortune et il aurait pris un jeune apprenti forgeron talentueux pour assrsonne ne connaissait mieux le commerce des armes quun mercenaire du Val ! Il aurait vendux cts du Val et transport ses marchandises jusque dans les contreforts des Tours Griserd, afin de les proposer aux elfes noirs et aux gobelins, et jusqu la Confdration dans le sud

    Ses ambitions se dissiprent tandis que cette vieille identit cdait la place celle qui taitissante, plus autoritaire.

    Les vagues souvenirs du mercenaire semblaient si mesquins maintenant quil se rappelait cfaisait de commander un dragon, de dtruire ses ennemis et de saccoupler avec les siens qua

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    nsie de reproduction semparait de lui. Il savait dsormais quil tait lun des tres suprmesnde.

    Il tait un Valheru ! Il navait pas le choix. Il tourna le dos la mort et accueillit le rve.Ce nest pas un rve, chuchota une voix lointaine qui ressemblait la sienne. Cest un r

    gneur des Tigres.

    Tomas se rveilla, le cur battant et le corps baign de sueur. Confus, il cligna des yeux penelques instants avant de reconnatre son environnement. Le corps tendu ct du sien rrement. Puis son pouse se rendormit. Il se leva doucement et se rendit jusqu la grande fe

    lle dans le tronc de limmense arbre qui abritait leurs appartements. La douce lueur qui mElvandar en permanence entra dans la chambre lorsque Tomas carta le rideau et contempla lail avait vcu la majeure partie de sa longue vie.

    Lclat de cette lueur faisait de son corps une tude en clair-obscur. Les muscles saillantse peau encore jeune, marque seulement de quelques cicatrices dues au combat, Tomas nysiquement pas chang depuis plus dun sicle. Mme sans armes, il comptait parmi les treus dangereux de ce monde, car sa puissance allait bien au-del de sa force physique. Elle lui vs nergies obscures qui vivaient au cur dune race disparue depuis des sicles : les Valherus.

    Une main douce, familire et affectueuse, se posa sur son dos. Quy a-t-il, mon amour ? demanda la reine des elfes dune voix douce.Les yeux bleus de Tomas continurent contempler Elvandar qui luisait dans la nuit et

    upart des sujets de son pouse dormaient. Jai fait un rve, expliqua-t-il voix basse. Rien de plus.Elle sappuya contre son dos et posa la joue contre son paule.

    Tu es troubl.Il ne rpondit pas tout de suite.

    Ctait juste un rve, finit-il par affirmer.Elle poussa un lger soupir et retourna se glisser sous les draps.

    Viens dormir, Tomas, lui dit-elle.

    Lorsquil revint se coucher, il vit quelle tait dj sur le point de se rendormir.Pendant un long moment, il resta silencieux, alors mme que le soleil se levait lest et q

    l commenait sclaircir. Le rve ne ressemblait aucun de ceux quil avait faits depuis oque de folie o il avait revtu pour la premire fois larmure blanc et or dun Seigneur Drndant des annes, Tomas avait lutt, en proie un conflit intrieur, dans lequel lhumain lheru se battaient pour rcuprer le contrle. Mais il avait gagn, reconquis son humanit et trmour, la fois chez la femme qui dormait ses cts toutes les nuits et au fond de son proprede son me. Depuis, les rves de folie ne lavaient plus drang.

    Jusqu cette nuit.

    Une fois encore, il avait vol sur le dos du puissant Shuruga, le plus grand des dragons dossus de la cit perdue de Sar-Sargoth. Mais, cette fois, il avait vu son pire ennemi, assis sur lun norme dragon noir.

    Draken-Korin.

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    DES RVES PROPHTIQUES

    Des cris rsonnaient sur la vaste place.Les guerriers moredhels rassembls devant les marches du palais ne faisaient pas attentiid mordant de la bise nocturne descendue de la montagne. Ils agitaient le poing et beuglaiennaces lintention de leurs ennemis. Des clans qui, un autre jour, se seraient affronts lpin, respectaient la trve, remettant leur vengeance plus tard.

    La ville de Sar-Sargoth sadossait aux contreforts des grandes montagnes du Nord. Au-de pics imposants stendaient les immenses terres glaces qui ne voyaient jamais lt. Alors m

    e le printemps tait arriv dans la verdoyante plaine dIsbandia, au sud-ouest, lhiver sattacore Sar-Sargoth et ne desserrait son treinte qu contrecur. Le froid piquant ne faisait rienaiser la frustration des chefs qui attendaient larrive de ceux qui les avaient appels ce conse

    Le volume sonore grandissant de leur rage bouillonnante tait tel que les plus prudents se mhercher lissue la plus proche au cas o la frustration mnerait les autres faire couler le sang.

    anciens rivaux avaient t runis l malgr eux pour que la trve dure plus de quelques minutesArkan, des Ardanien, observa les lieux, puis hocha la tte en direction dune rue adjacente, d

    vait quelle menait une vieille porte quelques pts de maisons de l. Arkan tait le modleun chef moredhel, avec des paules larges et puissantes et une taille troite. Ses cheveux ient coups court sur son front afin de ne jamais gner sa vue et tombaient jusqu ses prrire ses oreilles en pointe. Ses yeux noirs se dtachaient au sein de son visage fig en un masque impassible. Sa rputation tait impressionnante : il dirigeait et protgeait son clan depui

    trente annes pourtant prilleuses. En dpit de ses nombreux rivaux et ennemis jurs, le clars de glace avait prospr sous son commandement.

    Son compagnon hocha la tte son tour et regarda autour de lui pour reprer do viendrtainement les ennuis. Morgeth, qui stait lui-mme dsign comme le garde du corps dAssa glisser sa main jusqu la poigne de son pe.

    Maudits mridionaux, finit-il par dire son chef.Arkan ne pouvait quacquiescer. Leurs cousins venus dau-del des Crocs du Monde formaie

    oupe agit, oblig de vivre en invits sur leurs anciennes terres ancestrales o ils taient vercher refuge pendant linvasion tsurani.

    Ma foi, ils sont l depuis un sicle et commencent simpatienter. Personne ne les retient. Ils peuvent rentrer chez eux quand ils veulent. Certains ont essay. (Le chef des Ardanien sexprimait calmement, avec la franchise pe

    e son entourage lui connaissait bien.) Cest difficile de franchir les dfenses de ce maudit roya passe dInclindel. (Il marqua une pause.) Sans compter quil faut ensuite traverser le terrdati et contourner les nains et Elvandar. (Il regarda autour de lui tandis que le volume des gmentait encore.) Je ne my risquerais pas sans le clan tout entier

    Les bruits se firent de plus en plus pressants. Narab ferait bien dintervenir ou le sang va couler, et pas quun peu, commenta Arkan.

    Dans ce cas-l, on prendra cette rue ? demanda Morgeth. Oui, rpondit le chef. a ne me drangerait pas de fracasser quelques crnes, mais je ne

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    s lutilit de dclencher de nouvelles querelles quand je nai pas encore mis un terme aux anciela bagarre clate, on sen va.

    Oui. (Morgeth ramena les pans de sa cape en laine devant lui pour se protger durdant.) Je croyais quil tait cens faire plus chaud ici, dans la plaine. Cest plus chaud, rit Arkan. a nen fait pas un climat tempr. Jaurais d prendre ma peau dours. Si les choses tournent mal, tu te rjouiras de ne pas porter ta fourrure blanche, rtorqua A

    jetant un coup dil locan de capes sombres autour deux.

    Un cri sleva. Cette fois, il ne sagissait pas dune insulte, mais cela concernait lapparitionoupe en haut des marches, au bord de la foule. Qui sont les deux sur la droite ? demanda Morgeth. Je ne les ai jamais vus, rpondit son chef. Mais, vu leur physique, je dirais quil sagit d

    usins perdus, les Taredhels. Ils sont grands, ces salopards, tu ne trouves pas ? Si, acquiesa Arkan.Les deux elfes dont ils parlaient dpassaient effectivement dune tte ceux qui les avaient am

    haut de lescalier. Derrire le groupe souvrait la gueule bante du palais, vaste entre donnansalle du trne, vide puisque aucun chef nosait loccuper depuis la mort du vrai Murmandamul Moredhel, de mmoire delfe noir, qui avait russi unifier tous les clans sous une nnire.

    Un Moredhel vtu dune robe de crmonie leva les mains pour rclamer le silence, cophonie de voix steignit peu peu. Quand le calme fut revenu, il prit la parole :

    Le conseil vous remercie de votre prsence.Des marmonnements lui rpondirent, car le message du conseil tait clair : ignorer cette re

    ovoquerait la colre du plus puissant meneur parmi les Moredhels, celui qui sadressait eux ment mme : Narab. Nous souhaitons galement la bienvenue nos lointains parents qui nous sont revenu

    iles.Les murmures se firent plus forts. Des rumeurs propos de ces elfes abondaient dans le No

    rnires annes. Lune delles prtendait quils staient allis aux dtestables Eledhels dans lers ctait surprenant de les voir l ct de Narab. Va-t-on nous dire ce qui se passe, la fin ? demanda un chef non loin de l. Ferme-la et tu le sauras, rpondit un autre.Arkan jeta un coup dil en direction de ces voix en se demandant si une bagarre tait s

    int dclater, mais les deux guerriers regardaient de nouveau en direction des marches du palaiLun des Taredhels savana.

    Je suis Kaladon, du clan des Sept toiles. Je vous apporte les salutations de vos coEbar.Plusieurs chefs sesclaffrent et reniflrent avec mpris, car le mot Ebar sign

    maison dans lancienne langue. Dautres tendirent loreille, car le vent soufflait fort, et cet elfoiles avait un accent trange. Peu importait leurs liens de sang, ces tres leur taient bienangers que les dtestables Eledhels.

    Je vous apporte les salutations du rgent du clan des Sept toiles, poursuivit Kaladon. mmes heureux dtre de retour chez nous. (Il marqua une pause, pour plus deffet.) Maisnstatons que beaucoup de choses vont de travers depuis notre dpart.

    Les murmures se teintrent de colre. Narab leva de nouveau les mains pour intimer le silen a va mal finir, marmonna Morgeth.

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    Cest dj le cas, chuchota Arkan.Il fit signe son compagnon de le suivre et prit la direction de la rue adjacente. Quelques a

    dplaaient, comme eux, vers leur issue de secours, mais la plupart des chefs attendaient en sisuite du discours des trangers.

    Le deuxime Taredhel, qui portait une armure jaune borde de pourpre et dor, extrmearde compare la tenue de combat gris et noir des Moredhels, savana et se prsenta.

    Je mappelle Kumal et je suis le chef de guerre du clan des Sept toiles.Un silence total accueillit cette dclaration. En dpit de son ge avanc et de sa tenue co

    lfe des toiles possdait le maintien dun guerrier et des cicatrices visibles. Son attitude procle parent avec celle des chefs moredhels qui la reconnaissaient. Quelques-uns crirent les mout traditionnel rserv un camarade guerrier.

    Si le chef de guerre fut heureux dtre accueilli de cette manire, il nen laissa rien paratrententa de hocher la tte avant de poursuivre :

    Lassemble du rgent a choisi de reconnatre votre indpendance.Aussitt, lhumeur des chefs rassembls vira de nouveau laigre.

    Vous la reconnaissez, vraiment ? cria plus dun chef. Silence ! scria Narab. Il nous apporte des nouvelles. Les humains se font la guerre, expliqua Kumal lorsque le calme fut revenu. Leur empi

    sh a envahi leur royaume des Isles, et la majeure partie des terres au sud sont recouvertndres et de sang.

    Cela provoqua une raction mitige dans lassemble, car les Moredhels avaient beau dtestmains, les nains et les Eledhels, une guerre dans le Sud prsageait des ennuis pour les ridionaux. Le meneur dun des clans en question sexclama :

    Et quen est-il de lOuest ? Kesh sest empare de Crydee, rpondit Kumal, et vient de franchir la passe nord dan

    urs Grises, vers Ylith. Et le Vercors ? demanda une autre voix.

    Kesh ne se proccupe que des villes et villages humains. Les nains se tiennent prtntires des Monts de Pierre et des Tours Grises, mais nagiront que si leurs terres sont menal na troubl la paix du Vercors et des montagnes au sud dEbar.

    Cest donc le bon moment pour retourner dans le Vercors ! sexclama lun des ridionaux.

    Sur ce point, rpondit Kumal, lassemble du rgent a dcid daccueillir tous nos cousinventureraient au sud du fleuve tant quils reconnaissent notre rgne sur toutes les terres a

    Elvandar. Vous devez jurer allgeance aux clans des Sept toiles.Aussitt, des cris furieux slevrent.

    Cest notre terre ! On ne sincline devant personne ! Nos anctres sont morts l-bas !Arkan se tourna vers Morgeth.

    Il est temps de partir.Morgeth acquiesa, et tous deux sengagrent rapidement dans la rue adjacente plonge da

    nombre. Mais en entendant des guerriers arriver, Arkan fit signe Morgeth de sarrter. Il dsporte dun btiment abandonn. Les deux Moredhels se prcipitrent lintrieur et saccroupus les vitres brises.

    Quelques instants plus tard, ils entendirent de nombreux guerriers arms passer ct deuxux elfes des montagnes du Nord gardrent le silence jusqu ce que le bruit des bottes sur les p

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    t remplac par des cris de guerre et le fracas des pes. Arkan posa la main sur son compagnfit signe. Ensemble, ils sortirent du btiment labandon et coururent vers la porte lointaine. Narab veut donc devenir roi ? demanda Morgeth quand ils furent hors de danger. Depuis quil a tu Delekhan. Cent ans de convoitise, cest long.Arkan hocha la tte puis montra la porte au loin. Morgeth frona les sourcils.

    Que fait-on si elle est garde ? Dabord, on cause, et ensuite on se bat.

    En arrivant la porte, ils tombrent sur une compagnie de douze soldats, posts devant plquante chevaux. Avant mme que le chef de la troupe puisse leur poser la moindre question, Ata la main en scriant : Vite ! Quy a-t-il ? senquit le chef. Emmenez vos hommes en haut de cette rue et tournez vers le nord au premier croise

    tenez ceux qui essaient de fuir par-derrire le palais. Vite ! Les chevaux On sen occupe, allez !Les douze guerriers sen allrent. Morgeth secoua la tte.

    Ceux du clan Grandecorne ont toujours t un peu btes. Nos chevaux sont de lautre ct de la ville, lui rappela Arkan. Lchange me parat quit

    uta-t-il en contemplant le vaste choix de montures qui soffrait eux. Tu nenvisages tout de mme pas de les prendre tous ? demanda Morgeth en choisissa

    i hongre. Jy songeais, mais nous avons plus pressant faire, rpondit Arkan en se hissant sur l

    une jument baie. On devrait se dpcher de rentrer au camp avant que ny parvienne la nouvemeute.

    Tu crois quon devrait lever le camp ? demanda Morgeth.

    a provoquerait trop de mfiance. Narab prpare son coup depuis un moment, je croisss des accords : Grandecorne nest pas lun de ses allis habituels, ce qui veut dire quil enuveaux. Non, dis nos hommes de rester prs des tentes et dis mes fils de se prparer au comis nous devrions garder notre pe au fourreau moins quon nous attaque. Nul ne doit cheerelle quiconque. Tous ceux qui dclencheront une bagarre devront men rpondre. (Un air ppeignit sur ses traits, et son regard se perdit au loin.) Je ne crois pas que Narab soit prt

    uronner tout de suite, ajouta-t-il enfin. Ce soir, en fracassant quelques crnes, il voulait seulentrer qui dtient le plus de pouvoir ici. Je doute quil y ait plus de deux ou trois morts dici la

    Dis Goran que si je dcouvre quil a tir lpe avant mon retour, je la lui

    rsonnellement manger. Ton fils naimera pas a, fit remarquer Morgeth avec un demi-sourire ironique. Il y a beaucoup de choses quil naime pas. Voil pourquoi jai dsign Antesh co

    ritier, rpliqua Arkan. Veille ce que Cetswaya reste prs de mes fils.Morgeth hocha la tte. Cetswaya, leur chaman, offrait toujours de bons conseils et g

    ujours son calme. Si je ne suis pas revenu demain au lever du soleil, dis Goran et Antesh demmene

    mmes au nord, puis louest. Rcuprez le reste du clan et ramenez-les dans les terres glatendez l-bas jusqu ce que vous puissiez retourner chez nous en toute scurit.

    Et comment saurons-nous que ce moment est arriv ? Ce ne sera sans doute pas mon problme, car si vous devez fuir demain, cest que je

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    rt.Arkan talonna sa monture et sen alla en criant pour faire peur aux autres chevaux. Ce

    nfuirent au galop. Ils ne vont pas beaucoup aimer a, marmonna Morgeth en regardant son chef sloigner

    pnombre grandissante des collines autour de Sar-Sargoth.Puis il mesura la colre du clan Grandecorne en apprenant que leurs chevaux staient par

    elle de Narab quand il dcouvrirait quArkan ne faisait pas partie des chefs prsents sur la pns lhistoire, ctait Arkan qui sen tirait le mieux. Morgeth cria sans grand enthousiasme s

    evaux ct de lui, puis prit la direction de la plaine sur le dos de sa monture. Vingt mille gueredhels attendaient le retour de leurs chefs. Les Ardanien parviendraient-ils sortir de l intacArkan chevaucha pendant plus dune heure en contournant le vaste dploiement de campem

    dehors des murs de Sar-Sargoth. Mille feux ou plus brlaient parmi les tentes de larme princla nation moredhel.

    Bien quelle soit pour le peuple ce qui se rapprochait le plus dune capitale, la ville restait dplus grande partie de lanne. Delekhan, le dernier chef moredhel qui avait tent doccuper lur montrer sa suprmatie, avait t tu par Gorath, le pre dArkan, lors de la deuxime tente de semparer de Sethanon, une ville du royaume.

    Depuis, Narab, lhritier de Delekhan, avait parfois amen ses clans dans le voisinage dergoth, mais il navait pas cd la vanit et noccupait aucun des palais dissmins dans toule. Cependant, ce jour semblait tre celui quil avait choisi pour revendiquer sa suprmatie, fmanire symbolique.

    Arkan avait donc dcid de chevaucher de nuit la recherche du seul meneur, parmoredhels, qui avait assez de pouvoir pour empcher Narab de coiffer une couronne quaoredhel, de mmoire de guerrier, navait jamais os porter. Le chef ardanien esprait quil nist ce soir-l qu un nime conflit tribal qui serait rapidement rsolu plutt quaux prm

    une vraie guerre de dynastie. Car, ds quil avait pos les yeux sur eux, il avait compris qritable menace venait des elfes des toiles lointaines.

    Leur prsence aux cts de Narab tait rvlatrice : Narab prfrait rester en bons termesx plutt que de sen faire des ennemis, ils taient donc puissants et trs dangereux. Arkan sil tait dans la nature de Narab de comploter, mais il ntait clairement pas de taille sil cr

    uvoir courtiser les Taredhels afin quils laident atteindre son objectif. Il ne pouvait mmn faire de vrais allis. Ils avaient peut-tre dcid de laisser les elfes vivant au nord des Cro

    onde croire quils taient libres pour linstant, mais ils finiraient par chercher domineoredhels. Ces elfes tranges voulaient semparer de la totalit de Midkemia, Arkan en rsuad.

    Ce ntait pas la premire fois quil se demandait si son peuple navait pas de pire ennem

    -mme. Au-del des chamailleries constantes et des effusions de sang ponctuelles, il existait clans rivaux une envie sous-jacente daffirmer sa suprmatie mais pourquoi ? Ctait comcombat lui-mme tait le but de leur existence, plutt quun moyen datteindre une fin plus le

    Arkan ntait pas dune nature rflchie, mais les exigences de son rle de chef de clan lavus dune fois pouss mettre en perspective ce quil estimait tre une vrit vidente face lit plus ambigu et moins facilement comprise. Le monde ntait pas un endroit simple, et tait jamais dpourvue defforts, surtout quand la plupart de vos journes consistaient lutterurer votre survie. Mais peu de gens dans le clan envisageaient le monde au-del de leurs beotidiens : chasser, manger, dfendre leurs terres et lever leurs familles. La paix avait rendu

    a beaucoup plus facile, mais son peuple conservait un apptit pour la guerre qui tait contraireopres intrts.

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    Pourquoi ? se demandait Arkan. Il avait beau y rflchir, il navait jamais trouv un dbonse. Chaque fois quil y songeait, il tait oblig de reconnatre quil ne possdait pas les facntales de quelquun comme Cetswaya, son chaman. Il finissait par chasser la question

    ussement dpaules en acceptant quil sagissait l de leur nature, tout simplement.De toute faon, lheure ntait pas aux rflexions abstraites. Il avait un vrai problme rs

    savait dexprience quil devait faire deux choses rapidement. La premire tait de rameneuple dans les hautes montagnes au nord. Presque deux gnrations plus tt, son pre avait mier conduire le clan au sein des immenses sommets enneigs et dans les glaciers au-del

    sant, il avait sauv les Ardanien dun gnocide caus par leurs vieux ennemis et il leur avait dnouveau nom, les Ours des glaces. Ils faisaient partie du puissant clan de lOurs, autrefois, mjeure partie de leurs proches avait t dcime par le prophte fou, le faux Murmandamus, peguerre contre les humains, dans le Sud.

    Sa deuxime mission tait de trouver la seule personne quil pouvait qualifier dalli, quogisse l dun terme vague. Cette femme tait capable de faire la diffrence entre la survie duple et sa disparition.

    Arkan engagea sa monture sur un sentier obscur. Sa vision nocturne tait meilleure que cen cheval, alors il lui fallait manuvrer avec prudence pour les empcher de tomber tous les deu

    Enfin, dans le lointain, il aperut les feux de camp qui signalaient sa destination. Aux abormpement, on lui demanda son nom. Arkan fit ralentir sa monture et se rapprocha de la lueuux.

    Salutations, Helmon. (Il balaya du regard le camp des sentinelles.) Les Lopards des nnt-ils prts pour la guerre ?

    Pas plus que dhabitude, pouffa, sarcastique, le guerrier charg de monter la garde. Ceste revoir, cousin, ajouta-t-il en tendant la main.

    Esprons que notre tante soit du mme avis, rpondit Arkan en lui prenant le bras.Chacun serra le poignet de lautre.

    Elle tattend, lui confia Helmon.

    Vraiment ? fit Arkan sans prendre la peine de masquer sa surprise.Le guerrier aux larges paules hocha la tte avec un petit sourire.

    Continue tout droit jusqu la bifurcation, puis prends droite jusqu la petite clairirssus du camp principal. Tu nauras aucun mal la trouver.

    Helmon avait raison : Arkan trouva sans difficult le pavillon quil cherchait. La grande tenssait sur un plateau surplombant le campement le plus vaste de la rgion. Un garde fit sikan de lui laisser son cheval. Le chef des Ardanien mit pied terre et lana les rnes au gueis sarrta un instant pour contempler limmense camp en contrebas.

    Les Lopards des neiges.

    Il sagissait du clan le plus important parmi les Moredhels. Sa puissance et le nombre dmbres navaient cess daugmenter au cours du dernier sicle. Il avait pour chef Liallan, laArkan et la veuve du clbre Delekhan. Ce dernier avait tent denvahir le royaume des Islsant croire son peuple que les humains avaient emprisonn Murmandamus au cours mire invasion du Sud par les Moredhels des annes auparavant. Ctait un mensonge. Deleit le second dans la hirarchie des serviteurs de Murmandamus. Seul Murad, le chef-chaman du Raven, le devanait. Delekhan tait aussi, parmi ces serviteurs, lun des plus fous. Une grtie de la vrit propos de ce conflit avait t occulte, mais Arkan savait que ctait son rath, qui avait tu Delekhan. Et ctait Narab qui avait tu Moraeulf, le fils de Delekhan, af

    ndre le contrle du clan du Blaireau et des autres alliances de Delekhan. Sil avait russi, il venu roi un sicle plus tt.

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    Ctait sans compter Liallan, la veuve de Delekhan, qui avait gard le contrle des Lopardges et des Blaireaux. Les deux clans navaient jamais fusionn du vivant de son poux mais, mort, Liallan avait habilement intgr les Blaireaux au sein des Lopards des neiges. Elle

    sormais la seule, parmi les Moredhels, qui soit assez puissante pour tenir tte Narab.Mettant fin sa rflexion, Arkan entra sous la tente de Liallan, vaste structure divis

    usieurs parties grce des rideaux ing nieusement disposs. lintrieur, au-del dune tendue de luxueux tapis de laine, Liallan tait allonge sur un

    fourrures et portait une tenue de voyage fabrique partir des matires les plus coteuses. P

    otte en cuir tann ou de tunique faite maison pour la matresse des Lopards des neiges : sa cquitation tait coupe dans la meilleure laine tisse et teinte en bleu nuit et sa chemise laceouvert, tait en soie blanche avec des brandebourgs en ivoire sculpt, sous un gilet en cuir

    ubl dune douce peau de mouton. Ayant lui-mme chass les normes morses des glaces, Aait une petite ide de ce que ces boutons avaient d lui coter.

    Ma tante, comment allez-vous ? demanda-t-il en inclinant le buste devant elle.Liallan navait gure chang depuis quArkan la connaissait. Ses cheveux taient noirs en

    n que parsems de gris, et lon voyait dsormais de fines rides au coin de ses yeux et de sa bos annes passes sur le dos dun cheval en plein soleil lui avaient donn un corps robuste, essdait une grande souplesse dont elle fit talage en se levant pour accueillir son petit-neveu.

    Bien, Arkan. Majestueux tait le seul mot qui convenait pour dcrire son maintien et son attitude.

    oredhels avaient une reine, elle en serait la parfaite incarnation. Arkan fut frapp, comme toujr ce mlange dtonnant de beaut sductrice et de cruaut sans limites. Daprs la rumeur, lopre dArkan avait tu Delekhan, Liallan avait pris un verre de vin et port un toast Gorathit sans nul doute la femme la plus dangereuse de toute lhistoire de leur peuple.

    Cest bon de te revoir, neveu, dit-elle en lui faisant signe de prendre place ct delle.Une jeune servante apporta un plateau sur lequel Liallan prit une rondelle de saucisse

    elle glissa entre les dents dArkan en un geste rituel. Elle lacceptait ainsi officiellement co

    n invit. Protg par les lois de lhospitalit, rien ne pourrait lui arriver tant quil serait sote. Ainsi, tu as russi venir jusquici sans incident. Bien.Il lui fit un petit sourire.

    Ceux qui auraient pu me causer des ennuis sont occups, Liallan. Narab ? demanda-t-elle en penchant la tte de ct. Ses guerriers taient occups fracasser des crnes quand jai quitt le conseil. Limpatience a toujours t son dfaut. Les clans mridionaux ne lui ont pas jur allge

    me sils rsident sur son territoire traditionnel. Puisque je refuse de mallier avec lui,

    apable de revendiquer la suprmatie. Il dclencherait une rbellion parmi ses sujets sil essaynuvrer plus ouvertement. Il doit donc trouver le moyen de se voir dcerner le commandeus de faux prtextes.

    Pendant un instant, Arkan se demanda si le fait dinviter les elfes des toiles Sar-Sargothe tactique aussi stupide quil lavait cru un peu plus tt.

    Ma tante, croyez-vous quil a trouv un ennemi commun pour unir les clans du Nord sonnire ?

    Liallan balaya cette question dun geste de la main et prit un pichet sur une table basserrire elle. Elle remplit une coupe quelle tendit Arkan, puis sen remplit une galement.

    Mme le vrai Murmandamus, aprs avoir uni les clans, a t suffisamment intelligent pos revendiquer le titre de roi. Sil avait vcu cinquante ans de plus, il aurait peut-tre pu. Son

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    le plus grand de toute lhistoire de notre peuple. Au moment de sa mort, le vrai Murmandamus attendait que les clans le nomment roi

    mes, ce quils auraient certainement fait si son assaut sur Elvandar avait t couronn de suon grand-pre ma parl de cette poque, soupira-t-elle. Nous ne connatrons plus jamais des tmme ceux-l. Le faux Murmandamus, lui, na jamais essay de rgner. Il nous a simplement s prsages et des signes pour nous convaincre quil tait temps denvahir le Sud.

    Les chefs taient prts se battre, et il en a rassembl beaucoup sous sa bannire en mettyaume en droute Hautetour. Bois, dit-elle en encourageant son petit-neveu dun sourire.

    Il but une gorge et trouva la bire vivifiante, avec un got de noisette. Cetswaya sera ravi de savoir quil reste de la bire dhiver par ici, commenta-t-il en souriLe sourire de Liallan slargit. Lexpression amuse sur son visage tait sincre.

    Comment va-t-il ? Bien, rpondit-il, un peu surpris quelle sintresse la sant du chaman dun autre clan.En mme temps, leur ge, ces deux-l navaient plus gure de contemporains encore en vie

    Il sinquite, comme toujours. Cest son rle, comme le tien est dtre prudent ou audacieux selon la situation. Pour lh

    dois tre les trois en mme temps : inquiet, prudent et audacieux. (Voyant quil ne rpondaite le dvisagea.) Que sais-tu de lhistoire entre ton pre et Delekhan ?

    Seulement ce qui est de notorit publique, rpondit-il en haussant les paules. Cest--dire ? insista-t-elle. Mon pre a dcouvert lexistence dun complot foment par Delekhan et un group

    giciens appels les Six. Ils ont cherch unir les clans pour envahir le Sud et durmandamus

    Le faux Murmandamus, linterrompit-elle. Oui, le faux, rectifia-t-il. Pour des raisons que je ne comprends pas, le plan a chou. Il p

    e mon pre est mort en tuant votre poux pendant que les clans se repliaient dans le Noversaient les Crocs du Monde dans lautre sens.

    Il dtourna le regard un moment, comme sil rflchissait, puis ajouta : Ma mre ne veut jamais en parler. Si tu emmnes ton peuple dans le Nord, Arkan, dit Liallan, ce sera son deuxime pri

    vers les montagnes. Gorath a pous ma sur afin de sauver ce qui restait du vieux clan du Famon pre a consenti cette union contrecur. Mais plutt que de plier le genou devant montien a emmen ma sur et ses derniers partisans dans les lointaines terres glaces pour pansessures et retrouver toute sa force. (Elle laissa chapper un gloussement.) Mon pre tait furrath stait montr plus malin que lui en utilisant sa relation avec les Lopards des neigesre en sorte que les Ours des glaces survivent, sans pour autant lui reconnatre la moindre aut

    est une leon dont je me suis souvenue quand jai t oblige dpouser Delekhan. Jai toumir ton pre et envi ma sur dans certains domaines.Arkan haussa un sourcil tonn.

    Pas pour la vie que Clothild a mene : des lacs gels et des banquises nues o il ny avapoisson, des morses et des phoques manger. Mais elle a donn trois fils vigoureux Gora

    and les Ours des glaces sont revenus trente ans plus tard, ils formaient un clan petit mais solidritait le respect.

    Arkan coutait patiemment, mais navait rien entendu jusquici quil ne sache dj. Mon pre, ton grand-pre, tait mort entre-temps, et je dirigeais les Lopards des neiges

    riage avec Delekhan avait renforc ma position. Il avait le choix entre faire de moi son allin ennemie. Il a eu la sagesse de choisir la premire solution.

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    Mais jai toujours refus de fusionner nos clans, pour sa plus grande colre. Il ny a jamamoindre soupon damour dans cette union, mon neveu. (Elle but une gorge de bire.) Mais vrit, prsent, ajouta-t-elle dun ton catgorique.

    Arkan tendit loreille, trs attentif. Beaucoup de gens, y compris ma sur, sa femme, considrent ton pre comme un tratre

    il a bafou nos croyances et notre histoire en concluant un march avec nos ennemis. Quel march ? Des agents de Delekhan lont captur alors quil fuyait vers le Sud

    Il fuyait ? rpta Arkan.Elle lui fit signe de se taire. Ton pre avait dcid de prvenir les humains dans le Sud. Il tait le premier avoir com

    danger que reprsentaient Delekhan et les Six pour notre peuple, mais il savait quil ne trouvs assez dallis parmi les clans pour sopposer eux. Alors, il est parti chercher dans le Sudi pourraient laider arrter Delekhan. Et il les a trouvs.

    Arkan voulut poser une question, mais tint sa langue. Il a parl avec des humains nobles, il a pass du temps Caldara, dans la demeure du ro

    s Tours Grises et il a mme rendu visite en Elvandar la reine et cette abomination qui partauche.

    Arkan dvisagea sa tante. Rien de tout cela ntait de noto rit publique. Comment le savez-vous ? finit-il par demander. Grce Narab, rpondit-elle. Quand il a tu le fils de Delekhan et quil a pr

    mmandement du clan du Blaireau, il avait besoin de faire la paix avec moi. Pour une fois da, il a fait le bon choix et ma racont la vrit.

    Le pige tendu au cours du deuxime assaut sur la ville humaine de Sethanon a t montEledhels et les nains, ainsi que par les humains. Mais cest Narab qui tait de mche avec

    il le secret pour lequel Narab serait prt tuer pour viter quil sbruite. Il a utilis les Elednains et les humains pour attirer Moraeulf, le fils de Delekhan, et le tuer, solidifiant ain

    inmise sur le clan du Blaireau et leurs vassaux.Arkan sinstalla confortablement sur les fourrures et vida sa coupe de bire.

    Si les chefs de clan le savaient, Narab ne pourrait jamais prtendre la suprmatie sur eu Cest un secret qui vaut la peine de tuer pour le protger. Dailleurs, si Narab po

    assassiner rien que par la pense, je serais dj morte. Voil pourquoi il choisit la voie ience pour le mener au trne, conclut sa tante dun air solennel. Pourquoi me raconter a ? Parce que Narab touche au but. moins quil ait plus de guerriers que nous le croyons, il a peut-tre dj dclench c

    urrait devenir un vritable bain de sang en traitant aussi brutalement les chefs de clan Sar-SarLiallan secoua la tte. a nira pas jusque-l. lheure quil est, il doit avoir matris le conseil sans

    rsonne sauf quelques gardes du corps. On peut tre sr que si un chef de clan a t tu ce sotait pas un ami de Narab. Il va les renvoyer chez eux la queue entre les jambes dans lheurt.

    Et les elfes des toiles ? Leur magie dpasse notre entendement et mme celui des tisseurs de sorts dElvandar.

    garda son neveu sans ciller.) Sauf si les choses changent rapidement, dans moins dune anne, N

    rera dans la salle du trne de Sar-Sargoth pour se couronner roi. Mme le faux Murmandamus na pas os, et pourtant il tait fou.

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    Et pourtant il tait fou, rpta Liallan. Je crois que les religieux sont plus dangereux qubitieux, Arkan. Le faux Murmandamus sest content de mener notre nation dans une inv

    utile des terres humaines. (Elle but une nouvelle gorge de bire.) Je prfrerai toujours un assbitieux plutt quun fanatique. Le premier tentera de te tuer uniquement pour ta position, m

    uxime dtruira tout ce que tu aimes, les biens comme les gens.Cette dclaration surprit Arkan. Son peuple ntait gure dmonstratif, et sa tante tait sans

    personne la plus implacable quil ait jamais rencontre. Les elfes noirs comprenaient le dsir, mour Ctait une chose rare, gnralement rserve pour les enfants ou, dans certains ca

    res et surs. Jamais il naurait cru entendre Liallan employer le verbe aimer .Elle sourit. Oui, jaime certaines choses, mon neveu. Mon clan, principalement : je lai protg et n

    mme si chaque guerrier, chaque femme, chaque enfant tait le mien.Il hocha la tte. En tant que chef de son propre petit clan, il comprenait.

    a va au-del du simple devoir. Effectivement, approuva-t-elle. Ainsi, Narab veut devenir roi ? Et nous allons rester assis l sans rien faire ?Elle secoua la tte en souriant.

    La rponse ces deux questions est non . Il ne deviendra pas roi pas encore. Ctait quune simple dmonstration. Si tu retournais dans la valle, tu verrais que la pluparnes fracasss appartiennent des opposants directs de Narab. Ses allis et ceux qui ne son

    vous sa cause ont peut-tre t un peu bousculs, mais la plupart sont indemnes. Il prtil ne faisait que rtablir lordre et protger ses invits. Les clans ntaient pas tous prsents. Jai vu celui du Sang de llan partir vers lOuest

    elques jours. Ces primitifs nont aucune importance, rpondit Liallan avec mpris.Elle avait raison, politiquement.

    Mais cest bien de les avoir de notre ct en cas de conflit.

    Sans doute, reconnut-elle, mais, pour lheure, nous nous efforons dviter le conflit. Je nai vu aucun Lopard des neiges lassemble, fit-il remarquer dun ton neutre. Pourquoi my serais-je rendue ? Je savais ce qui allait se passer. Vous avez des espions ? Jai beaucoup damis. Et Narab nen a pas autant quil le croit. Cest bien beau, mais a ne change rien au fait que je sois l, avec vous.Elle le regarda fixement sans rien dire.

    Vous saviez que jallais venir ce soir, finit par compren dre Arkan.Sa tante sourit.

    Je le rpte, pour lheure, nous nous efforons dviter le conflit. Si javais t prsenr, Narab aurait peut-tre laiss son ambition aveugler son jugement. Mais en sachant que je suec mes Lopards des neiges (Elle ne termina pas sa phrase.) Il sait que, mme encore maintene peut pas mattaquer. (Son sourire slargit.) Encore une fois, il na pas autant damis quit. Ce qui nous ramne moi. Si je devais compter tous mes proches, par alliance ou par liens de sang, qui sont assez

    ur reconnatre un combat perdu davance et les inviter ici Eh bien, disons simplement queaurions pas beaucoup de compagnie. (Elle marqua une pause.) Quels ordres as-tu donns

    mmes ?Il haussa les paules.

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    Si je ne suis pas de retour dici laube, ils emmneront le clan dans les hautes montagne de poursuite, ils devront continuer vers le Nord jusquaux banquises. Exactement comme ton pre, commenta Liallan avec un sourire triste. Serais-tu conte

    sser encore vingt ans chasser le morse et le phoque ? Pas particulirement, mais je serais encore moins content de voir mon clan extermin. Dans ce cas, parlons de ce qui prservera nos clans. Nos clans ? Les Ardanien et les Hamandien sont apparents, mme si certains de mes chefs souhaiter

    il en soit autrement.Arkan comprit ce quelle voulait dire. Les Ardanien et les Hamandien taient allis par le sar ncessit. Sans linfluence de Liallan, les Ours des glaces auraient t massacrs aprs la dfeGorath au profit du royaume. Peu importait le fait quil avait sauv les Moredhels de la domin

    un fou et empch lattaque contre Sethanon, sauvant ainsi des centaines de vies. On le considujours comme un tratre. Arkan attendit.

    Alors mme que Narab poursuit ses petits jeux et croit prendre le dessus, il ne voit pares forces qui pourraient bien nous engloutir, finit par expliquer sa tante. Les elfes des toiles ? Entre autres. Les humains se font la guerre entre eux galement. Cest ce que prtend Narab. Quel rapport avec nous ? Ah, cest prcisment ce que lon doit dcouvrir.Elle le dvisagea un moment avant de demander :

    Que te dit Cetswaya propos de ses rves et de ses visions ? Il en parle peu. Il prtend accorder peu de foi la science du rve. Malgr tout, il ta confi quelque chose.Arkan ne rpondit pas.

    Dans ce cas, je vais te parler de mon chaman. Arjuda rve de dragons.Le visage dArkan devint un masque indchiffrable.

    Des dragons qui volent avec des cavaliers sur leur dos ; une arme si puissante quelle msoleil.

    Moi aussi, avoua Arkan dans un souffle.Liallan hocha la tte.

    Dans ce cas, il est une chose que tu dois faire, pour toi, pour moi, pour nos clans et, au bompte, pour notre peuple, peut-tre mme pour notre monde tout entier.

    Dites-moi, demanda-t-il, surpris par la ferveur de sa tante. Qui parmi tes fils est capable de mener le clan en ton absence ?Arkan rflchit.

    Tous les trois, bien quAntesh soit mon hritier. Je les ai tous prpars ce rle, mais cei a le plus de sang-froid. Tant mieux. Jai perdu des fils, Arkan, soupira-t-elle. Cest trs dur. Ton pre en a perdu d

    sant de toi son hritier.De nouveau, elle dvisagea Arkan pendant un long moment. Son neveu tait aussi jeune qu

    re avant lui lorsquil avait d endosser la responsabilit de son clan. Trs bien, reprit-elle. Tu as une mission remplir. Tu risques certainement de te faire tu

    me si tu survis, tu ne pourras peut-tre jamais revenir parmi les tiens. Es-tu prt tout risquersauver ?

    Cest le fardeau dun chef, et son honneur, rpondit-il sans hsiter. Je nen attendais pas moins de toi. Alors voici ce que tu dois savoir, Arkan des Ardanien

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    nflit qui risque dengloutir notre monde se prpare. Sans ton aide, nous pourrions tous prir. Tuscendre dans le Sud, o les humains se font la guerre, et te rendre peut-tre mme au-del.

    Que dois-je faire ?Liallan le regarda droit dans les yeux, puis lui fit signe de se lever. Une fois encore, e

    visagea avant de rpondre. Je ne sais pas. Ainsi, je dois quitter mon foyer, confier mon clan mon fils et accomplir une mission,

    us ne savez pas laquelle ?

    Tu dois descendre dans le Sud et te faire passer pour un Eledhel, puisque peu dhumrront la diffrence. Tu dois chercher quelquun. Qui ? L encore, je ne sais pas. Mais je suis certaine que tu trouveras cette personne et q

    emin, ensuite, tapparatra plus clairement.Arkan garda le silence quelques instants avant de rpondre :

    Je vous respecte autant que nimporte qui, dautant que vous tes ma tante, mais mandez beaucoup en donnant bien peu.

    Si tu survis, neveu, si nous survivons tous, je donnerai Kalina ton fils an.Arkan en resta presque sans voix.

    Pourquoi ? Tes fils sont plus proches du terreau de ce monde que mes chefs. Ce sont de vrais fi

    oredhels, des guerriers sans dshonneur, forts sans tre trop ambitieux. Si je dsignais lun deefs comme hritier, les querelles et les rivalits dchireraient les Hamandien dans les heures su

    mort. En revanche, si je dsigne ton fils, non seulement il apportera un clan petit mais puns notre giron, il empchera aussi un tel dchirement. Le clan des Ardanien sera un garde du ssi efficace quun chef de clan puisse en dsirer. Mes chefs plieront le genou et accepterongne pour garder les clans intacts. Les Lopards des neiges se renforceront et survivront pendanuvelle gnration.

    Vous feriez a ? Oui, si tu descends dans le Sud pour trouver cet homme que tu es destin rencontrer. Comment savez-vous que je suis destin rencontrer cet humain ? Dans mon rve, je vois des dragons voler et japerois deux silhouettes en haut

    ntagne. Lune porte une robe de bure noire, et lautre cest toi. Tu le protges pendant nipule une magie impressionnante. Tu es destin sauver notre peuple, Arkan.

    Il navait pas de mots pour rpondre cela, aussi garda-t-il le silence. Il hocha la tte et sorvillon chaud et lumineux pour retourner dans un monde froid, venteux et obscur.

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    ATTAQUE DE NUIT

    Des clairons sonnrent lalarme.Martin conDoin, fils du dfunt duc de Crydee, laissa tomber la cuillre contenant la preuche de nourriture quil sapprtait avaler depuis des heures. Sa chaise navait pas encore hplancher quil avait dj presque franchi le seuil de lauberge qui lui servait de quartier ganc. Il courut depuis le port jusqu la porte sud-ouest.

    Sergent, au rapport !Le sergent Magwin, post en haut de la tour, semblait bien petit cette distance, mais sa

    rtait loin. Lclaireur est de retour, commandant ! Ouvrez la porte ! ordonna Martin.Un cavalier puis, portant le tabard de la garnison de Crydee, entra au petit galop par la

    rtiellement ouverte et sarrta devant Martin tandis que lon claquait le battant derrire lulheureux tait couvert de sueur et de la poussire de la route, et son cheval tait sur le poiffondrer.

    Jai trouv linfanterie, commandant, dit-il aprs avoir salu son suprieur.Il lui tendit un parchemin. Martin lut son contenu.

    Refuse-t-il vraiment de revenir ?Lclaireur mit pied terre.

    Oui, commandant. Le capitaine de la colonne dinfanterie est de LaMut. Il a dit, je cite :

    dres sont daller Sarth la rencontre du duc. Ce nest pas un gamin de Crydee qui me ferami-tour. (Il baissa les yeux.) Cest l quil a crit cette missive et quil me la dommandant.

    Martin fulmina en silence, puis rpondit. Cest parfait.Brendan, le benjamin de Martin et son adjudant, arriva en courant du cur de la ville. Il jou

    udes parmi la foule qui se pressait proximit pour apprendre quelles nouvelles appclaireur. Il tait presque hors dhaleine lorsquil sarrta.

    Un petit groupe vient darriver de LaMut.

    Enfin une bonne nouvelle, marmonna Martin en regar dant autour de lui.Les deux jeunes gens se ressemblaient comme des jumeaux avec leurs longs cheveux brun

    mbaient jusqu leurs paules et leur corps mince et agile. Ils navaient quun an dcart, frences entre eux samenuisaient de mois en mois.

    Combien ? Quarante, rpondit Brendan. La plupart sont des hommes de plus de cinquante ans, ma

    mblent en forme : ce sont des fermiers, des meuniers, des bcherons. Une vingtaine dentre euxs archers.

    Tant mieux, on a toujours besoin darchers supplmentaires sur les remparts. Trouve-le

    gement. Ils ont amen cette vieille (Il rit en cartant les bras en grand, comme sil dcriva

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    isson quil avait pch.) baliste grosse comme a Peut-tre un peu plus grosse encore, mn ai jamais vu de pareille. Ils ont dit quelle se trouvait au-dessus de la porte de LaMut depuisn, du plus loin quon sen souvienne. Certains soldats la retraite qui sont descendus dans le S

    nt dit quelle pourrait tre utile.Martin essaya de prendre lair amus, mais en vain.

    Dis-leur de lamener ici. (Il regarda autour de lui et aperut un petit terrain entre iments, qui avait peut-tre t un jardin en des jours meilleurs.) Quils garent leur chariot l-b

    udra peut-tre monter la baliste sur les remparts.

    Il balaya du regard lintgralit de la muraille au-dessus de sa tte et confessa : Mais je ne sais pas o.Ylith occupait une position unique au sein du royaume. Elle se nichait dans le coin nord-est

    rt presque parfait mais minuscule. De ce fait, limposante porte du port tait aussi lencipale de la ville. Au sud-est stendait une petite plage d peine quatre cents mtres dere lextrmit des quais et les rochers bordant les falaises. De l, le littoral ne cessait de griuptement jusquau promontoire appel Questor Les Terrasses, deux journes de voyage sur l

    un cheval rapide. Un petit village occupait le plateau au sommet du promontoire et abritairnison ; le duc lavait vide de ses soldats en partant pour le Sud, laissant le village uniqueotg par le terrain environnant. De l, il nexistait aucun endroit sr o dbarquer moinfoncer au cur de la principaut, prs de la ville de Sarth, qui attendait pour lheure les renfobon.

    Des bancs de sable et des rcifs dissimuls juste sous la surface, au sud-est du port, fournisss dfenses naturelles contre tout dbarquement intempestif proximit. Les hauts-fonds gnrcourant violent, et nimporte quel capitaine avis vitait cette partie de la cte de peur de se

    osser sur les rochers. Le premier point de dbarquement sr se situait plus dune demi-joureval au sud dYlith.

    Entre les remparts de la ville et les quartiers dhabitation stendait une place qui offraihers sur la muraille un vritable champ de tir. Les stands et les tals que lon inst

    ditionnellement au pied des remparts les jours de fte et de march avaient t dmonts me larrive de Martin et des renforts de Crydee.

    Trois routes se croisaient au centre de la place au sud-ouest de la porte du port : la grand-s Cits Libres et du Natal qui longeait la baie en direction du sud, la route de Crydee qui partainord-ouest et enfin une petite route qui menait vers lest et se transformait rapidement en chemme. Ctait le cur du commerce dYlith, le port florissant qui faisait office de passagebon.

    La ville dYlith avait dj t conquise une fois, lorsque le gnral la tte de larme de lameraude stait autoproclam roi de la Triste Mer. Seule la trahison dun de ses commandan

    ofit du royaume des Isles avait permis de dloger le tyran. Martin avait lu lhistoire de linvasireine meraude et savait quYlith avait jou un rle capital dans la protection de la principaubon et des cols vers la Cte sauvage. Le royaume pouvait se remettre de la perte de Crydeme de la perte du contrle du rivage oriental de la Triste Mer entre Ylith et Sarth. Mais, si

    mbait, tout tait perdu. Quelles nouvelles du Sud ? demanda Brendan. Mauvaises, rpondit Martin en lui tendant le message. Il nest pas srieux ? se rcria Brendan aprs lavoir lu. Apparemment, si. (Martin jeta le parchemin dans la poussire et balaya les alentou

    gard.) sa place, je naurais pas envie dexpliquer mon duc o se trouve son infanterittendait la voir arriver Sarth la semaine suivante.

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    Tu prfrerais lui expliquer comment tu as perdu tout Yabon ? rtorqua Brendan. En suivant les ordres, rpondit schement Martin. Bon, normalement, le pirate quon a en

    ivrera mon message au duc avant larrive de linfanterie Sarth. (Il calcula rapidement.) nce ne lui a pas ordonn de poursuivre sa route jusqu Krondor ou de rester Sarth, le duc poe de retour ici avec ses rgiments de cavalerie et dinfanterie lgre dans dix jours.

    Cela fait beaucoup de si , remarqua Brendan. Je sais, rpondit Martin. O en sommes-nous ?Brendan savait exactement de quoi son frre parlait.

    Nous avons trois cents hommes de Crydee, plus les cinquante irrguliers que le duc de Yaisss ici avec Bolton.Le capitaine Bolton tait le neveu du commandant de la garde du comte de LaMut. Les

    res taient convaincus quon lavait laiss Ylith dans lespoir quaucun assaut naurait lieu snord. Quand Martin lavait remis sa place, le jeune homme srieux avait montr quil

    mpltement dpass par les vnements, raison pour laquelle il avait pris cet air bravache lor premire rencontre. Environ deux cents hommes et adolescents sont arrivs au compte-gouttes depuis que

    t connatre la nouvelle de notre arrive, mais ce sont ceux qui taient trop mal en point ondre lappel du duc de Yabon. Ce sont principalement des vieillards, avec quelques andats et des gamins avides de se battre alors quils nont pas quinze ans pour la plupart. Et ils

    mnent trop peu de maudites armes. Bon, emploie-les fabriquer des flches. Ils iront lentement au dbut, mais sil

    fisamment de main-duvre, on devrait sen sortir de ce ct-l. Je prfre que les archersp de flches plutt que pas assez.

    Le bois nest pas un problme, et les forgerons peuvent fabriquer les pointes, mais popennes : on manque de plumes.

    Utilisez des plumes de poulet si ncessaire. Fabriquez des piges pour les pigeons uettes, rpliqua schement Martin. Je men moque ! (Puis il ferma les yeux.) Dsol. Je

    Brendan posa la main sur le bras de son frre. Je sais.Dun signe de tte, il lui rappela que lclaireur attendait toujours ct deux. Mar

    ngdia en le remerciant et ordonna quon verrouille la porte de la cit. Puis il regarda vers le la ville.

    O en est-on ct provisions ? Tout va bien, rpondit Brendan en prenant avec son frre la direction de la maison du m

    i leur servait de quartier gnral principal. La plupart des soldats tant partis dans le Sud, les fes environs peuvent nous fournir de quoi soutenir un sige, tant que nous garderons le contrle

    rte et de la route du Nord.Le chteau du vieux baron se dressait au loin sur la colline au nord-ouest de la ville. Mavait fait que linspecter rapidement, mais il deviendrait le dernier bastion de la dfense dYlville tout entire venait tomber aux mains des Keshians. Le but de Martin tait dempchermme sil russissait garder le chteau au-dessus de la ville, Kesh de son ct aurait atteinectif en coupant en deux le royaume de lOuest. Si a arrivait, aucune aide ne pourrait circulerne ou lautre direction. Non seulement la rgion serait perdue, mais lOuest tout entier serait nrable.

    Martin regarda autour de lui comme sil cherchait linspiration. Son foyer, Crydee, grou

    de colons venus de lextrme sud de lEmpire, cette rgion quon appelait la Confdrshiane. Ils chassaient de manire agressive les occupants des fermes et des moulins, des min

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    s villages de bcherons. Le btail avait t captur, comme tout ce qui avait de la valeur, et unstant de rfugis isliens entrait dans Ylith quotidiennement.

    Tu as lair perdu dans tes penses, lui fit remarquer Brendan.Martin adressa un petit sourire son frre.

    Jessaie juste dimaginer ce que je ferais maintenant si jtais le commandant keshydee.

    Brendan haussa les paules. a dpend des ordres quil a reus, non ?

    Martin hocha la tte. Nous navons vu aucun navire keshian si loin au nord. Queg doit les tenir occups au sud.Il voulait dire par l que Queg empchait Kesh de passer louest de leur royaume insu

    ficiellement, il nexistait aucun trait entre Queg et les Isles mais, dans les faits, ils taient ntre lexpansion de Kesh vers le nord dans la Triste Mer. Une partie de la flotte islienne, cellmouillait pas Port-Vykor et Krondor, devait se trouver au large de la principaut, afin que

    ait pas besoin de protger son rivage oriental. Mme sils ont bloqu toute la flotte princire Krondor, certains navires isliens ont bi

    tir de Port-Vykor et devaient tre en mer quand cette guerre a commenc. Il y a probablemenne de navires entre Port-Vykor et Sarth, suffisamment pour tenir les Keshians lcart, rtoendan.

    Ce qui veut dire que Kesh namne pas ses renforts par la mer, acquiesa Martin. Donc, la seule arme quils ont dans la rgion est celle qui nous a chasss de Crydee, co

    endan.Martin saccroupit.

    Supposons un instant que les navires que Kesh a dans le Sud soutiennent les assauts terrntre Finisterre, Port-Vykor et Krondor. Quest-ce que cela signifie pour nous dans le Nord ? (Icouteau sa ceinture et dessina un demi-cercle dans la terre.) Nous sommes ici, ajouta-tntant sa lame dans le sol. (Il dsigna louest sur sa carte improvise.) Sils amnent leurs tro

    nous pourrons les affronter du haut dun de nos remparts, deux tout au plus, sans renfort etoir nous soucier du reste de nos dfenses. (Il montra un point au sud de la porte du port.) Icigoulet dtranglement naturel entre les quais et la porte. (Il se leva.) moins de vouloir trave

    nage depuis la rive orientale pour se lancer lassaut de la routeSon expression changea brusquement. Il fit signe son frre de le suivre et gravit en coura

    rches vers le chemin de ronde.De l-haut, il pouvait voir la poigne dhommes posts sur la muraille. Tous essayaient d

    ir vigilants et prts combattre, mais ils masquaient juste leur ennui, en vrit. Martin ne se trop bien quel point monter la garde tait fastidieux, car ses frres et lui avaient eu plus qu

    rt dheures de guet. Leur pre avait veill ce que tous les trois comprennent tous les aspectier de soldat. Un vieux dicton militaire disait : La guerre, ce sont de longues priodes prolonnui, ponctues de courtes explosions de violence et de terreur. Jusquici, Martin trouvait qton se vrifiait parfaitement.

    Il parcourut du regard les quais sous les remparts et les faubourgs entre les quais et les mursle.

    Comment attaquerais-tu cette ville ? demanda-t-il son frre.Brendan se pencha lgrement par un crneau, les mains poses sur les merlons de part et d

    Je nen aurais pas envie.

    Je sais, mais si tu y tais oblig, comment ty prendrais-tu ?Son jeune frre ne rpondit pas et continua balayer des yeux le paysage au-del des remp

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    n regard sarrta un moment sur le chteau au-dessus de la ville, puis sabaissa vers la rouOuest, et traversa le port jusqu la route du Sud.

    Jattaquerais par lest, rpondit-il enfin. Cest le point faible de la ville. Mais, pour a, il te faudrait dposer tes troupes de lautre ct de leau, sur le r

    cidental de la principaut. Or, tu nas pas de navires, tu te rappelles ? Les Cits Libres ont des navires, rtorqua Brendan. Mais, en prenant la direction du sud pour attaquer Port-Natal, tu rends ton arrire-

    nrable. Nous pourrions tattaquer.

    Mettons que tu arrives passer outre les rangers qui te tirent dessus derrire chaque arbncre les dfenseurs de la ville et mettre la main sur un nombre de navires suffisant, tu dcore remonter vers le nord la voile et passer entre les patrouilles de Queg. (Il se tut, songalgr tout, je suis certain que ton instinct est juste. Il faut juste quon trouve comment ils com

    prendre. Ce qui nous ramne une flotte dattaquants venue du Sud, reprit Brendan.Martin secoua la tte.

    Laissons ce problme aux Keshians : eux de trouver comment sy prendre. Partoncipe quils arriveront dbarquer sur le rivage occidental de la Triste Mer. Si jtaismmandant, je mettrais directement le cap sur Questor les Terrasses et je dbarquerais sur la pnord de la ville.

    Tu ne serais plus qu une journe de marche force de ce vieux fort l-bas, confirma Bredsignant un point de lautre ct de leau.

    Ce serait un excellent endroit de regroupement. Laissons de ct le pourquoi du commrtons du principe que le commandant keshian est aussi intelligent que toi et voudra placemmes l-bas. Sergent Ruther ! sexclama Martin en se retournant.

    Commandant ? lui rpondit-on en contrebas.Le vieux sergent ntait pas forcment visible, mais il tranait toujours porte de voix. M

    fit signe de les rejoindre sur le chemin de ronde. En dpit de son ge, le vieux soldat grav

    rches deux par deux pour arriver plus vite auprs du jeune homme en charge des oprations. Commandant ? rpta-t-il en arrivant. Que pouvez-vous me dire sur ce vieux fort ? On ma dit quil est labandon depuis prs de cent ans. Il a t construit pour protg

    le de violents pillards qui venaient des montagnes ou de plus loin sur la cte. Puis, les chosnt calmes, et lun des vieux barons a dcid quil ntait plus ncessaire de payer une deuxrnison.

    Combien de temps pour se rendre l-bas et explorer les lieux ? Une heure pour sy rendre, le fort est plus loin quil en a lair, vu dici. Cest pas une

    aise, au-dessus de la plage, et la route serpente travers bois. Encore une heure pour faire les lieux et une autre pour revenir. On sera rentrs pour le dner, commandant. Occupez-vous-en, ordonna Martin.Ruther descendit lescalier en criant des ordres pour quun dtachement laccompagne. Au m

    ment, une sentinelle poste tout au bout louest sexclama : La patrouille est de retour !Martin se retourna et vit quatre cavaliers arriver au petit galop, une allure suffisam

    ssante pour indiquer quils ramenaient des nouvelles, mais pas assez rapide pour signaler un dmdiat.

    Ouvrez la porte ! ordonna-t-il.Les quatre cavaliers entrrent. Ils taient aussi sales que leurs montures. Les pluies soudain

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    dbut dt avaient rapidement sch, si bien que cavaliers et chevaux taient couverts de mme de poussire. Le chef de la patrouille, un caporal nouvellement promu et prnomm Jact pied terre en disant :

    On les a vus, commandant. O ? Leur avant-garde se trouve une demi-journe de cheval de lautre ct du col. (Le

    mme blond et longiligne se tut le temps de calculer.) On les a vus hier laube, commandant, doivent tre une journe et demie, deux jours tout au plus, derrire nous.

    Combien dhommes ont-ils emmens ? senquit Brendan. Toute leur foutue arme, messire, rpondit Jackson.Il remercia le garde qui lui tendait une gourde deau et but longuement avant de reprendre :

    On dirait quils ne ressentent pas le besoin de laisser des soldats derrire eux, comme squaient quon tente de leur reprendre Crydee par le sud. Bizarre, confirma Martin. Combien dhommes allons-nous affronter, daprs vous, et qua Cinq cents cavaliers, si jai bien compt, plus un rgiment de ces types du dsert av

    urrure de lopard sur leur heaume. Il y en a peut-tre trois cents, de ceux-l. Il y a aussi la cavurde : des lanciers qui accompagnent le train des quipages. Et linfanterie. Au moins un milliiens Soldats, et deux fois plus dirrguliers.

    Des engins de sige ? demanda Brendan. Je suppose quils les ont dmonts aprs quon a quitt Crydee et quils les tranent de

    x, messire. On sest pas attards pour voir sils se trouvaient larrire parce que ces typpard nous collaient aux fesses. Deux dentre eux nous ont poursuivis, mais ils nont pas inand on a fait demi-tour pour rentrer ventre terre.

    Martin contempla la route au-del de la porte. Il avait ordonn la construction de piges rrires, tout en sachant que ce serait plus une nuisance quun vritable obstacle pour ses ennpendant, tout ce qui pouvait empcher les Keshians de franchir cette colline en nombre et de me charge directe contre la porte tait bon prendre.

    Son regard se posa de nouveau sur le vieux chteau qui surplombait la route du haut de la coavait rapidement examin ses dfenses une semaine plus tt, en arrivant en ville. Il se demansent sil ne stait pas un peu trop prcipit. Trouve-moi Bolton, demanda-t-il voix basse son frre.Le capitaine Bolton arriva en courant derrire Brendan moins de cinq minutes plus tard. C

    mince jeune homme de lge de Martin. Le duc de Yabon lui avait confi la dfense de la rs quil navait pour seule exprience du terrain que le commandement dune petite escouade

    rde personnelle du comte de LaMut. la grande surprise des deux frres, il stait avr qne homme ne mnageait pas ses efforts et apprenait vite. Son arrogance du dbut lui avait ser

    t masquer ses doutes. Mais ds que Martin avait dfini sa mission, Bolton stait appliqcomplir la moindre tche quon lui confiait. Mme Brendan lapprciait, en dpit du fait ient tous les deux pris de Lily, la fille du maire.

    Il faut que je sache sil existe dans ce chteau la moindre issue secrte ou une porte permffectuer une sortie, lui dit Martin. Je ne sais pas, rpondit Bolton, mais je vais le dcouvrir.Martin hocha la tte, et Bolton sen fut en courant vers lcurie la plus proche de la p

    endan sourit en le regardant sloigner. Il est toujours volontaire.

    Comme beaucoup dhommes, rpondit Martin. Ils ne servent rien jusqu ce quonnfie une mission qui a du sens. Cest dans ces moments-l quon prend la vraie mesure

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    dividu. quoi penses-tu ? demanda Brendan en dsignant le chteau de la tte. Si ce commandant keshian russit prendre le contrle de cette crte, expliqua Mart

    signant le haut de la route et les clairires de part et dautre, il lui suffira de remonter ses trbuur tirer sur nos murailles jusqu ce quelles cdent. Ensuite, une seule charge au bas de la coa ville sera lui. Alors, tu veux le frapper dans le cul ? dit Brendan dun air srieux. Si jarrive faire passer un assez gros dtachement derrire lui, oui. Mais il va poste

    ne de dfense quatre cents mtres de chacun de ses flancs. Par contre, sil existait un tunnel, cien chemin pour fuir, ou une porte permettant deffectuer une sortie en bas de la collineussa les paules.) a vaut le coup de vrifier.

    Absolument.Martin fit signe de refermer la porte de la ville.

    la place du commandant keshian, jenverrais des claireurs au sud de la route du coherche de sentiers et de vieux chemins fermiers, afin dinfiltrer le plus dhommes possible ala ville sans quon les voie.

    Devrions-nous envoyer une patrouille vers le Natal ? Les rangers des Cits Libres devraient russir harceler les Keshians et les empch

    scendre trop au sud. Je suppose quon finira par les voir apparatre sils russissent sinfiltrer Je suis content que ce soit toi qui doives rflchir tout cela, mon frre, lui confia Brend

    s un peu dpass, l. Tu ten sortirais trs bien si tu tais ma place, rpondit Martin avec un sourire la

    ntempla la porte close comme sil pouvait voir travers, et au-del des montagnes, jusmpement keshian.) Cest juste cette attente qui me fatigue.

    Et le manque de sommeil, ajouta Brendan avec le sourire diabolique dun petit frreulement tu restes debout jusqu pas dheure pour planifier nos dfenses, mais en plus, Bethany

    Martin brandit un index menaant sous le nez de son frre sans lui laisser le temps de finir.

    Tais-toi !Brendan recula en levant les mains, paumes vers lextrieur, en un geste suppliant.

    Jallais seulement dire que tu passes beaucoup de temps lui parler aprs le dner.Martin couvrit son frre dun regard dubitatif, mais laissa couler.

    Elle est tonnante, dit-il avec une admiration vidente. Elle a fait des miracles avemmes et les enfants de cette ville. Deux tiers des femmes et la quasi-totalit des enfants vont main pour le Nord afin de se rfugier Zn. Les femmes qui restent cuisineront, laveronements et soccuperont des blesss. Je ne doute pas quelles dfendront chrement leur vie si les Keshians font tomber

    uraille.Martin hocha la tte. Kesh nest jamais tendre avec ceux quelle conquiert. Le viol et lesclavage sont ce quon

    prer de mieux, au-del dune mort rapide.Les deux jeunes gens avaient lu des rcits de guerre. Aucune nation ne pouvait se prt

    rtueuse quand elle tait en proie un conflit arm. Le royaume stait montr tout aussi brunqurant ses voisins, bien des sicles auparavant. Mais il sagissait alors de guerres dexpansi

    conquis taient dsormais des citoyens au mme titre que les premiers conqurants qui avitt le royaume insulaire de Rillanon.

    Kesh la Grande, quant elle, menait des guerres de subjugation. Seuls les Sang-Pur yaient accorder la citoyennet pleine et entire. Ceux qui servaient lEmpire et vivaient depui

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    nrations autour de limmense lac appel Gouffre dOvern taient considrs comme des citorieurs, mme si certains occupaient des postes levs dans ladministration. Tous les ataient que des sujets. Mme les colons qui avaient dmnag vers des terres lointaines comte sauvage, le Natal (lancienne province de Bosania) et lle de Queg taient devenus moins sujets. Rsultat, les lgionnaires keshians et les Chiens Soldats rprimaient des rbellions ds sicles.

    Le procd tait toujours le mme. Quand Kesh conqurait une terre, elle loccupait, eochtones taient expulss, tus ou rduits en esclavage.

    Ctait ce qui empchait Martin de considrer la perte de Crydee comme un chec compait abandonn le chteau de sa famille mais, sil tait rest, il serait mort ou serait peut-tre deotage avec demande de ranon la cl. Il ny avait aucune trve possible avec Kesh. Leur

    poir tait de rsister aux troupes qui allaient venir les attaquer et de tenir en attendant le retorme du duc de Yabon. ce moment-l, Martin ramnerait les hommes de Crydee chez euxasser les intrus keshians de chaque moulin, ferme, mine et village de pcheurs quabritait le du

    Brendan remarqua lexpression de son frre. Quy a-t-il ? Rien, rpondit Martin en poussant un long soupir. Tout. Cest juste que beaucoup de pe

    bousculent dans ma tte.Il regarda autour de lui comme la recherche dune autre tche qui rclamait son attention.

    Retourne te reposer un peu dans la maison du maire, lui dit Brendan. Parle Bethany epeu.

    Martin relcha ses paules en acceptant de se dtendre. Cest juste que Je sais, rpondit son frre en posant la main sur le bras de Martin. Si quelque chose sur

    men occuperai.Puis il sourit et ajouta :

    Ou jenverrai quelquun te chercher. a te va ?

    Oui, rpondit Martin. Je ne lavouerai personne dautre, mais je naurais pas pu russisans ton aide, petit frre.

    Je serais perdu sans toi pour nous diriger, Martin. Mais je donnerais tout pour que Hal soiMartin approuva dun hochement de tte sincre.

    Moi aussi. (Leur frre avait t prpar gouverner et il tait un bien meilleur meneur quux cadets.) Il est vraiment dou pour ce genre de situation.

    Franchement, tu ne ten tires pas trop mal. Je me demande ce quil fait en ce moment. Il essaie probablement de trouver un moyen de rentrer la maison, rpondit Brendan. M

    eu de chances de russir, mon avis. Kesh a probablement bloqu Roldem, ou alors Roldemsormais alli avec Kesh, et Hal a t arrt, ou il se cache. Tu rflchis comme notre pre, commenta Martin. Je nai pas song un seul instant c

    uvait bien se passer Roldem.La tristesse les submergea tous les deux pendant un moment. Ils avaient eu peu de temps

    aiment faire le deuil de leur pre.Ce fut Martin qui mit un terme cet instant en disant :

    Viens, on a du travail. On nous attaque !

    Le cri dalerte rsonna sur la place silencieuse derrire la porte du port et fut relay par toutntinelles postes sur les remparts. Martin shabilla et sortit de sa chambre dans la maison du m

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    ant mme que la cloche ait cess de sonner. Au bord de lescalier, il manqua de se cogner endan, aussi press que lui.

    Deux jeunes femmes les attendaient lorsquils arrivrent au rez-de-chausse de la maithany, la fille du comte de Carse, et Lily, la fille du maire. Bethany partageait la chambre delarrire de la demeure, et toutes les deux portaient une paisse robe de chambre par-dessu

    emise de nuit.Elles neurent pas le temps de poser la moindre question.

    Habillez-vous et tenez-vous prtes partir pour le Nord si jen donne lordre, leur dit Ma

    Il embrassa distraitement Bethany sur la joue et sen fut rapidement tandis quelle restait ment. Elle regarda Lily et secoua la tte. Il veut que je me prpare fuir ? Je ne crois pas, non. Tu viens ? demanda-t-elle en pren

    ection de la chambre de son htesse. O a ? demanda Lily.Elle stait tout de suite lie damiti avec Bethany, mais elle stonnait souvent des man

    usques de la jeune noble. Elle montait cheval comme un homme, en portant un pantalon vait manier les armes et ne sintressait pas aux beaux vtements, aux bijoux, aux parfums ousmtiques. Malgr tout, Lily, plus jeune que Bethany, laimait beaucoup. cause du rang ne femme, le maire navait pas os brider son comportement excentrique, une faiblesse que Lnquait pas dexploiter chaque fois quelle en avait loccasion.

    voir sa tte, Bethany jugeait que la rponse cette question tait vidente. Lily carquilux en comprenant que son amie allait ignorer les ordres de Martin. Puis elle hocha la tte et ssouriant :

    Attends-moi !Lattaque avait bel et bien commenc le temps que les deux jeunes femmes enfilent une

    us approprie. Quelques habitants couraient encore vers le nord en emportant leurs biens lescieux dans un baluchon sur lpaule ou dans un sac dos. Mais il ny avait aucun autre civil epied des remparts. Des colonnes de soldats salignaient de part et dautre de la rue, en atte

    rdre de gravir un escalier plutt quun autre, de flanquer la porte ou de se tenir prts repoussvahisseurs au cas o la porte viendrait tomber.

    Une lumire vacillante dans le ciel au-dessus de la porte indiquait la prsence dun feu. Betavit en courant lescalier sur sa droite.

    Martin et Brendan discutaient. Le capitaine Bolton passa en courant entre les deux jmmes.

    Excusez-moi (Il sarrta.) Lily ?Il jeta un coup dil Bethany et ajouta :

    Demoiselle ?

    Bethany portait sa tenue de voyage : une culotte dquitation, une chemise en lin sous un gir et des bottes de cavalier. Elle tenait galement son arc composite, et un carquois plein de flbattait la hanche. Ah, je ne pense pas que vous devriez tre ici, commena-t-il.Mais Bethany posa fermement la main gauche sur le torse du jeune homme et le rep

    rement. Nous ne voudrions pas vous distraire de votre mission, capitaine.Elle planta l le jeune homme aux yeux carquills et poursuivit majestueusement son ch

    y lana un rapide sourire Bolton et le planta l galement en courant pour rat traper Bethany.

    Martin se retourna juste au moment o Bethany arrivait. Sil fut surpris de la voir l, ilssa rien paratre. Plusieurs expressions fugaces se succdrent sur son visage, trahissant le

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    erne qui lanimait, mais il dcida finalement quil ne servirait rien de lui donner des ordres. Des assaillants, expliqua-t-il sans quelle pose de question.Elle jeta un coup dil par-dessus le mur. En dpit de lobscurit nocturne, elle aperu

    houettes sombres qui portaient des torches prs des quais. Que font-ils ? Je nen sais rien, mais je ne vais pas risquer la vie de mes hommes cette nuit po

    couvrir. Les quais et les faubourgs sont dserts. Tout ce qui valait la peine dtre rcupr en labri des remparts de la ville depuis des jours. Ils ne trouveront rien de valeur l-deh

    rt deux ou trois bateaux de pche en train de pourrir. Ils allument des incendies, murmura Lily.Brendan recula lgrement et regarda par-dessus lpaule de son frre et de Bethany pour

    irement la jeune fille. Lily, vous ne devriez pas tre l, lui dit-il en hochant la tte. Oh ? fit-elle en feignant la surprise, les yeux carquills.Brendan sourit.

    Mon frre ne le lui dira pas, ajouta-t-il en dsignant Bethany dun signe de tte, alosens le besoin de le faire de sa part, mme si je sais quil ne sert rien de donner des ordthany.

    Martin ignora ces badineries. Il leva les yeux vers la sentinelle poste dans la tour la plus pcria :

    Quest-ce que vous voyez ? La mme chose que vous, commandant. Ils dmarrent des incendies tout le long des quais Quest-ce quils fabriquent ? demanda Brendan.Martin jeta un coup dil larc dans la main de Bethany.

    Si tu veux rester, tu dois faire deux choses pour moi : suivre mes ordres la lettre et vitfaire tuer.

    Elle lembrassa.

    Dis-moi ce que je dois faire.Il regarda autour de lui.

    Mets-toi l-bas, dit-il en dsignant un crneau, et surveille quiconque longera le mur entoi. Tu vas devoir te pencher un peu, alors fais attention ne pas tomber. Je ne veux pas av

    vrir la porte pour te rcuprer. Mais tu le ferais, rtorqua-t-elle en souriant.Il ignora cette tentative de sduction, sachant que Bethany masquait ainsi sa propre peur l

    se retrouver peut-tre de nouveau sous les tirs ennemis. Tire sur quiconque approchera de la porte de lautre ct du mur.

    Martin se tourna vers les soldats runis sur la place. Sergent Magwin ! Commandant ! lui rpondit-on aussitt. Archers sur les remparts ! Formez une compagnie volante en face de la porte ! Bien, mon commandant ! sexclama le vieux sergent de Crydee. Sergent Ruther, reprit Martin un ton plus bas, en sachant que lofficier le plus grad de C

    ait certainement rejoint son commandant sur le chemin de ronde. Commandant ?Martin se tourna vers le soldat aux cheveux gris.

    Les archers doivent abattre toute personne qui traversera le champ de tir lextrieur, suelle amne une torche ou de lhuile prs de la porte.

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    Bien commandant, dit Ruther, qui entreprit aussitt de transmettre les ordres de Martin.La croissance des villes anciennes les amenait souvent stendre au-del de leurs rem

    tout en priode de paix. Il existait des faubourgs au-del des murailles de nombre dentre mme Krondor, LaMut et toutes les grandes villes de lEst. Dans certaines agglomrations, coador, la vieille ville ceinte dune muraille reprsentait le plus petit quartier. Mais les ba

    Ylith taient tous des hommes prudents qui se rappelaient avec quelle facilit les soldats de lameraude avaient envahi les faubourgs et escalad les remparts. Depuis, plus aucun btime

    dossait la muraille derrire le village de pcheurs et les quais, crant ainsi un vritable cham

    o les archers pouvaient abattre nimporte quel assaillant.Ylith avait connu une longue priode de paix entre linvasion de la reine meraude et aque keshiane, mais ses dirigeants avaient appris rester vigilants. De plus, linclinaison natuterrain et la courbe du port plaaient la porte principale de la ville un angle dfavorabl

    aques. Il tait difficile de positionner un blier et de lui donner de llan pour dfoncer la pntrairement celle de Crydee, la porte double battant dYlith tait imposante. Ses noarnires avaient des gonds de la taille dun petit tronc darbre, avec des fixations de quatre-vx centimtres de chaque ct maintenues en place par dnormes boulons en fer enfoncs dais dur de trente centimtres dpaisseur. Elle tait aussi robuste que lacier aprs avoir sceil pendant des annes, sans compter lhuile et les produits dentretien utiliss pour la prses Keshians allaient devoir se poster en haut de la crte et lancer des pierres avec leurs trbuur voir combien de temps cette partie de la muraille allait leur rsister. Martin savait quuvait subir des semaines de dgts avant de cder, assez longtemps pour que des renforts arrived.

    Ce fut en rflchissant cela quil comprit. Je sais ce quils font ! (Brendan et les filles le regardrent dun air interrogateur.) Ce ne

    e attaque contre notre porte. Ils essaient dempcher le dbarquement dune flotte islienne.Brendan parut perplexe, puis comprit son tour.

    Les jetes !

    Brles jusqu la ligne de flottaison, acquiesa Martin. Les piliers sous leau dchireront la moindre coque qui sen approchera, renchrit son frIls visualisrent les trois longues jetes qui partaient des quais et imaginrent les supports en

    la taille dun arbre saillant juste sous la surface. La mare risque damener les navires droit sur eux, ajouta Bethany. Ils seront obligs de jeter lancre au large et damener les soldats terre la rame

    endan.Ce fut Lily qui posa la question critique :

    Je sais que a risque de les ralentir, mais ils russiront quand mme dbarquer pour

    er, nest-ce pas ?Martin balaya du regard le tableau en contrebas. Les flammes avaient commenc lchiments les plus proches des quais, si bien que la scne tait visible de plus en plus clairement. Pas sils doivent subir Le vieux fort ! Eh bien, quoi penses-tu ? demanda Brendan.Le sergent Ruther avait inspect le vieux fort la veille sur lordre de Martin. Daprs son ra

    ndroit tait en ruine, mais ses murs encore robustes. Avec un peu de travaux, on pourrait facileccuper et le dfendre.

    Sergent Ruther ! spoumona Martin.

    Commandant ?Comme toujours, la rponse lui fut faite aussitt et provenait den bas.

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    Ouvrez la poterne et conduisez un dtachement de cavalerie au vieux fort. Rassemblempagnie de fantassins qui doit les suivre. Je veux qu laube, des charpentiers et des mament les rparations ! Bien, commandant. Je croyais quon nallait pas utiliser ce fort, intervint Brendan. On nen aurait pas besoin si nous ntions attaqus que dun seul ct. (Il poussa un

    upir fatigu.) Il faut les empcher de prendre la moindre position sur le rivage oriental. Tu crois quils ont lintention de sen emparer ? stonna Brendan.

    Cest ce que je ferais si je voulais tenter un dbarquement, rpondit Martin. Sils arrivttre le pied de ce ct de lembouchure du port et installer des catapultes ou des trbuchetsfort, ils empcheront nos renforts de dbarquer et, quand ils seront prts passer lattaqupperont sur deux cts la fois. Nous serons alors obligs de dfendre la porte est en plus de et nous navons pas assez darchers, ni assez dhommes, pour cela.

    Et si nous tions obligs deffectuer une sortie pour repousser un assaut lest, il faudrait r la porte nord et traverser des kilomtres de pture et de haies, sans aucune ligne dattaque qu ce quon atteigne cette plage

    Sur laquelle leurs archers nous abattraient comme du gibier, conclut Brendan.Martin envisagea toutes les possibilits pendant quelques instants.

    Sergent Ruther ?Le vieux soldat rapparut ct de Martin.

    Commandant ? O en est-on ct archers ? Combien en avons-nous ? On parle de ceux qui peuvent tirer larc, commandant, ou de ceux qui peuvent relle

    eindre leur cible ?Martin hsita.

    Ceux qui peuvent tirer. Cent cinquante, peu prs, rpondit Ruther.

    Prenez les trente meilleurs, plus la compagnie volante, et occupez le vieux fort perviser les travaux en personne. Faites suer sang et eau aux charpentiers et aux maons sil leis je veux ce fort en bon tat pour hier. (Brusquement, il eut une ide.) Prenez cette bniature avec vous. (Il dsigna la baliste portable sur le chariot qui lavait amene de LaMintez-la vers lendroit o vous ferez le plus de dgts aux Keshians sils tentent de semparu. Jai le sentiment, ajouta-t-il en baissant la voix, quils vont essayer de transporter des homla rive et de nous attaquer par lest en mme temps quils frapperont cette porte. Bien, commandant, dit Ruther. Puis-je suggrer que de lhuile nous serait bien utile ? Prenez ce dont vous avez besoin, mais essayez de ne pas incendier

    Martin sinterrompit et se tut un long moment. Puis il reprit : Non. Prenez toute lhuile dont vous avez besoin et, si les choses devaient en arrivendiez le fort, quil nen reste plus rien. Si on le perd, au moins, les Keshians ne pourrontiliser.

    Martin jeta un coup dil son frre et au sergent, puis contempla le port et la mer au-del. Kesh nessaiera pas de dbarquer des troupes dans des chaloupes si elles ne peuven

    ndre position sur la plage. Si nous plaons des archers dans les arbres sur les collines au-dessrt, les troupes ennemies nauront aucun endroit sr pour se rassembler avant de lancer lassautla moiti mourront avant datteindre la route.

    Il hocha la tte. Bien vu, commandant, le complimenta Ruther.

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    Il tourna les talons et sen fut en courant. Quest-ce quon fait maintenant ? demanda Brendan tandis que les flammes jaillissaien

    ciel, engloutissant le faubourg tout entier.Martin regarda vers louest, en direction du feu, puis vers lest, comme sil essayait de vo

    n la menace qui risquait darriver de tous cts. Enfin, il sadossa la muraille, en sentant daleur de lincendie derrire lui, et regarda vers le nord.

    On attend, en esprant que la nuit ne nous rserve pas dautres surprises.

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    RENCONTRES YLITH

    Miranda dsigna la fume qui montait dans le ciel. Des incendies, dit la crature qui se nommait Enfant autrefois.Belog, qui se faisait dsormais appeler Nakor, hocha la tte.

    Et des gros.Sils voyageaient bord dun chariot en direction de la porte nord dYlith, ctait parce q

    aient dcouvert LaMut le dtail le plus frustrant concernant leur nouvelle id