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12 lin 00 – Syntax Mme Nathalie Rossi-Gensane 1 SYNTAXE 1 SYNTAXE 2 INTRODUCTION Le but de la syntaxe est : - d’observer les faits - de les décrire de la manière la plus précise et complète possible Les tests permettent de mettre en évidence : - la catégorie syntaxique des unités lexicales - la fonction des syntagmes dont elles font partie dans la phrase Ils permettent également de conclure à l’existence ou non de constituants de tel ou tel type à l’intérieur de la phrase et des syntagmes qui la composent. Les manipulations aboutissent à déterminer l’appartenance de la forme ou du syntagme concerné à une classe d’équivalence, càd une classe d’éléments qui, bien qu’ils puissent être différents du point de vue de leur forme, remplissent une fonction syntaxique équivalente dans la proposition. Il va donc s’agir de déterminer la distribution 3 externe ________________________________________________________________________ I. - TES TESTS 4 UTILISES EN SYNTAXE LA SUBSTITUTION 5 Consiste à substituer un ou plusieurs éléments à un morphème ou une séquence de morphèmes donnés afin de déterminer si leur substitution aboutit à une phrase grammaticale sans que le sens des autres éléments de la phrase en soient modifiés pour autant. La commutation est surtout utile pour mettre en évidence les constituants de la phrase (ainsi que les syntagmes et groupes qui les composent). La commutation de 2 (ou plusieurs) éléments substitués donne une phrase grammaticale de même structure que celle du départ. 1 Mail de la prof : nrossi@univ-tlse2.fr 2 Responsables : Mme Rebeyrolle, M. Cornish 3 Ensemble des positions syntaxiques relatives aux autres éléments à leur droite et à leur gauche que les formes en question peuvent occuper 4 Tests = diagnostiques heuristiques 5 ou commutation

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12 lin 00 – Syntax Mme Nathalie Rossi-Gensane

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SYNTAXE1

SYNTAXE2

INTRODUCTION

Le but de la syntaxe est : - d’observer les faits

- de les décrire de la manière la plus précise et complète possible

Les tests permettent de mettre en évidence : - la catégorie syntaxique des unités lexicales - la fonction des syntagmes dont elles font partie dans la phrase Ils permettent également de conclure à l’existence ou non de constituants de tel ou tel type à

l’intérieur de la phrase et des syntagmes qui la composent. Les manipulations aboutissent à déterminer l’appartenance de la forme ou du syntagme concerné à

une classe d’équivalence, càd une classe d’éléments qui, bien qu’ils puissent être différents du point de vue de leur forme, remplissent une fonction syntaxique équivalente dans la proposition. Il va donc s’agir de déterminer la distribution3 externe

________________________________________________________________________

I. - TES TESTS4 UTILISES EN SYNTAXE

LA SUBSTITUTION

5

Consiste à substituer un ou plusieurs éléments à un morphème ou une séquence de

morphèmes donnés afin de déterminer si leur substitution aboutit à une phrase grammaticale sans que le sens des autres éléments de la phrase en soient modifiés pour autant.

La commutation est surtout utile pour mettre en évidence les constituants de la phrase (ainsi que les syntagmes et groupes qui les composent).

La commutation de 2 (ou plusieurs) éléments substitués donne une phrase grammaticale de même structure que celle du départ.

1 Mail de la prof : [email protected]

2 Responsables : Mme Rebeyrolle, M. Cornish 3 Ensemble des positions syntaxiques relatives aux autres éléments à leur droite et à leur gauche que les formes en question peuvent occuper 4 Tests = diagnostiques heuristiques 5 ou commutation

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L’EFFACEMENT

Cas particulier de substitution (=substitution par 0). Il ne faut pas que l’effacement (même si

il est syntaxiquement possible) donne lieu à un changement de sens de l’élément non effacé. Quand le syntagme peut être effacé c ‘est l’indice que le syntagme en question est appelé par

la tête, c’est donc un complément.6 LE DEPLACEMENT

Il permet de déterminer la mesure dans laquelle un élément ou une séquence sont essentiels à

la structure dont ils font partie. On peut déplacer (et effacer) un élément qui joue un rôle périphérique dans la phrase, mais

pas celui qui remplit une fonction centrale ou « nucléaire ». Complément7 : constituant essentiel, obligatoire Modifieur6 : facultatif, peut être supprimé ; a un rapport plus externe, plus lâche par rapport

au noyau de la phrase.

LA PRONOMINALISATION

C’est un moyen de déterminer le caractère intégral ou non d’une suite d ‘éléments (si elle

constitue une seule et même unité, un syntagme donc) ainsi que la fonction grammaticale qu’une telle unité (si tant est qu’elle en soit une) remplit dans la phrase.

La pronominalisation en « y » ne permet pas de faire la distinction entre complément et modifieur car il les pronominalise tous les 2. Le pronom « y » ne peut remplacer que les SP introduits par la prép à ou bien des SP locatifs (de lieu).

Les pronoms sont sensibles à la fois à la constituance interne des segments qu’ils remplacent, mais aussi à leur fonction grammaticale dans la phrase.

Distinction entre 2 sortes de pronoms : Pronoms disjoints8 : autonomes, équivalents des SN du point de vue de leur distribution.

Ils ne pourront pas être remplacés par des pronoms clitiques et vice versa. Ils pourront être remplacé par des noms propres, des SN.

Pronoms clitiques9 : étroitement dépendants du verbe auquel ils se rapportent ; ils ne peuvent en être séparés que par d’autres éléments clitiques. Ils sont toujours inaccentués. Ex : Vous (disjoint), vous (clitique) partez bientôt (Eux, ils partent bientôt)

L’INSERTION

Alors que les 4 test précédent ont pour effet de tester le degré d’autonomie d’une séquence,

d’un mot ou morphème individuels par rapport au reste de la phrase, le test d’insertion, lui, permet de vérifier le degré de cohésion interne des éléments censés constituer le syntagme dans son ensemble.

Ex : Jean lit fiévreusement [un roman à sensation] / * Jean lit [un roman à fiévreusement sensation]

LE DETACHEMENT

6 cf détail pg 2 et 4 7 voir détail pg 4 8 moi, toi, lui, elle, nous, vous, eux, elles. 9 Je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles.

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Permet de distinguer entre des compléments et des modifieurs.

- Si après insertion de et ce … devant un constituant de la phrase le résultat est grammatical, alors ce constituant est un modifieur.

- Si en revanche le résultat est agrammatical, c’est un complément. LE CLIVAGE EN « C’EST … QUI / QUE.. »

Permet de déterminer les constituants d’une phrase (mais pas leur fonction) en les

contrastant avec un syntagme équivalent qui est sous-entendu mais pas nécessairement exprimé ailleurs.

Ex. : Ce garçon a perdu son stylo dans le parc. - (clivage) C’est [ SN ce garçon] qui a perdu son stylo dans le parc - (pseudo-clivage) Ce que ce garçon a fai t , c ’ est [ SV perdre son stylo dans le parc] LES PROPRIETES SYNTAXIQUES

Les tests, appliqués dans leur ensemble, permettent de révéler les propriétés syntaxiques des

morphèmes, lexèmes et syntagmes. Les syntagmes à tête lexicale (nom, verbe, adj, adv, ou préposition) se composent : d’un

spécifieur, d’une tête (qui peut être modifiée par un modifieur) et d’un ou plusieurs compléments. Les divers éléments pouvant remplir la fonction de tête de syntagme se distinguent du point de vue du type et de la nature du complément qu’ils peuvent avoir.

________________________________________________________________________

II. – IA DISTINCTION CATEGORIE / FONCTION

LES FONCTIONS SYNTAXIQUES

La théorie des catégories syntaxiques concerne le statut grammatical des mots alors que celle

des fonctions syntaxiques porte sur les relations que ces mots, groupés en syntagmes, établissent au sein de la phrase.

Ce sont les syntagmes (et non les groupes ou catégories lexicales10 ) qui assurent les fonctions syntaxiques. Il faut donc faire la différence entre la catégorie à laquelle appartient un syntagme donné et sa fonction au sein de la phrase.

Par exemple un syntagme peut :

- avoir une fonction de modification11 :Cette fleur fanée me plaît. (adj épithète du nom) Un SN peut également fonctionner comme modifieur (L’hiver , les routes ici sont verglacées) L’adverbe a une fonction de modification à différents niveaux de l’organisation de la phrase. - avoir une fonction de prédication12 : Cette fleur est fanée . (adj attribut du SN) Un verbe constitue le noyau prédicatif d’une phrase, il remplit normalement une fonction prédicative.

10 = mots « pleins » tels que verbes, noms, adj, adv et prépositions 11 fonction de modification = syntagme non obligatoire, effaçable 12 fonction de prédication = syntagme obligatoire, non effaçable

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Un SN peut aussi être le noyau prédicatif d’une phrase (Jean est un exce l l en t étudiant) Catégories syntaxiques : - un SN peut être le sujet, l’objet direct ou indirect d’un verbe, l’objet d’une préposition ou encore le

complément d’un nom - une complétive peut remplir toutes les fonctions d’un SN (Jean s’attend à c e que la dat e des é lec t ions

soi t reporté e) - le verbe constitue le noyau prédicatif d’une phrase - le Sadv a pour tête un adverbe qui peut correspondre à des constituants de types divers : adv

(follement, bien, hier,…) ou adj (juste, faux, jeune, …). Il est modifieur du verbe, de l’adj, du SV ou de la phrase entière

- les prépositions peuvent soit exprimer une relation entre 2 entités (sur, dans, entre,…ex : la clé est dans le tiroir) soit permettre de « localiser » une entité par rapport à une autre (ex : la voiture de Jean, l’oiseau sur le toit)

Il n’y a pas de relations systématiques entre les catégories syntaxiques et les fonctions qu’elles

peuvent remplir dans la phrase sous forme de syntagmes : plusieurs catégories peuvent avoir la même fonction et une catégorie peut avoir plusieurs fonctions.

Catégories des syntagmes Fonctions des syntagmes 1. SN à tête lexicale Epithète (5.8) 2. Pronoms disjoints Apposition (1.2.4.5.8.9) 3. Noms propres (Npr) Modification adv (1.4.7.8.9) 4. Complétives (P’) Prédication / attribution (1.2.4.5.6.7) 5. Syntagmes adjectivaux (SA) Sujet / Obj ind / Obj dir / 6. Syntagmes verbaux (SV) Sujet oblique (1.2.3.4) 7. Syntagmes prépositionnels (SP) 8. Propositions relatives (P’) 9. Syntagmes adverbiaux (Sadv) Autres symboles à connaître pour les arborescences : Le complémenteur d’une P’ : O Le sujet non-exprimé d’une P’ : e0

FONCTION COMPLEMENT VS MODIFIEUR

Dans les 2 cas il s’agit de syntagmes qui manifestent une dépendance par rapport à un

élément central, nucléaire, au sein du syntagme ou de la phrase. - s’il s’agit d’un complément, l’élément central est un lexème13 - s’il s’agit d’un modifieur, l’élément modifié est soit un groupe, soit un syntagme

Cette dépendance est étroite dans le cas des syntagmes compléments car sans eux la phrase serait agrammaticale ou changerait de sens. Par contre dans le cas des modifieurs, leur fonction est simplement d’apporter une précision supplémentaire.

FONCTION COMPLEMENT

13 càd une catégorie lexicale

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Les syntagmes compléments remplissent une fonction essentielle par rapport à l’élément tête du syntagme dans lequel ils fonctionnent.

Les tests diagnostiques pertinents14 sont tous négatifs lorsque la structure soumise à ces tests a pour fonction celle de complément.

A la différence des 3 autres tests en jeu, la pronominalisation via un pronom personnel (la, le, les, lui, leur) n’obtient un résultat négatif15 que lorsque le syntagme à pronominaliser remplit la fonction de modifieur.

Dans la représentation arborescente les syn,tagmes remplissant une fonction de

compléments (essentiels donc) vont se placer en position sœur (càd au même niveau dans la hiérarchie de l’arbre) par rapport à leur lexème tête. Ils seront donc directement dominés par le nœud syntagmatique minimal (= le plus bas) qui domine directement leur tête. Ex. :

SV V SP appartient Prép SN à un club de randonneurs SAdv Adv SP conformément Prép SN à votre demande

FONCTION MODIFIEUR

Les tests sont positifs16 quand la structure qui leur est soumise remplit une fonction de

modifieur. En effet l’effacement, le déplacement ou le détachement des SP concernés n’affecte pas la grammaticalité de la phrase dans son ensemble, ni le sens du reste de la phrase qui n’est pas impliqué dans les opérations en question. La raison en est simple : ces SP remplissent des fonctions périphériques, inessentielles du point de vue de la structure de base de la phrase, donc leurs relations avec la partie de la phrase d’où ils ont été effacés, déplacés ou détachés sont lâches, peu étroites.

14

le déplacement, l’effacement, le détachement en …et ce, … (mais pas la pronominalisation via un pronom

personnel càd autre que y ou en) 15

càd aboutit à une phrase agrammaticale 16

à l’exception de celui de la pronominalisation, qui ne s’applique positivement qu’aux syntagmes compléments

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Pour la représentation arborescente des syntagmes modifieurs, il faut savoir d’abord ce qu’ils

modifient exactement. Le principe de base c’est qu’il n’y a aucune relation directe avec la tête du syntagme qu’ils modifient. Les syntagmes modifieurs ne font donc pas partie du syntagme minimal qui modifie la tête. On créé donc un nœud identique à celui qui domine la tête du syntagme modifié puis on attache le syntagme modifieur à ce nœud supérieur (qui correspondra à un groupe ou un syntagme).

Le principe essentiel c’est qu’un syntagme est toujours attaché en position sœur par rapport au constituant avec lequel il entretient une relation grammaticale quelquonque. Ex. :

SV1 SV2 SP

Appartient à un club de randonneurs Prép SN pour Dét GN Art N SP O raison Prép SN de Dét N Art santé O SV1 SV2 P’

V COMP P monte O SN SV

ei V inf SN voir Dét N un ami

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Le symbole O indique que la position structurale n’est pas remplie par du lexique.

Le symbole ei indique qu’elle est remplie par un élément référentiel mais que cet élément n’est pas exprimé phonétiquement, l’indice en sous-script i indique que cet élément doit être apparié avec un SN pleinement exprimé qui se trouve ailleurs dans la phrase et qui sera son ‘antécédent’.

L’élément vide ei est donc considéré comme étant le sujet syntaxique.

Tableau récapitulatif des tests vérifiant la distinction des modifieurs / compléments

Tests diagnostiques Fonction modifieur Fonction complément Déplacement + - Détachement en ..., et ce .. + - Effacement sans effet Contextuel + - Pronominalisation en Le/la/les/lui/leur - +

EXERCICES SUR LES FONCTIONS GRAMMATICALES

Compléments vs modifieurs La reconnaissance du sujet

LES ADVERBES : ADVERBES VS ADVERBIAUX ET CIRCONSTANTS

Les adverbes et les adverbiaux sont des types particuliers de modifieurs.

LES ADVERBES

Les adverbes sont une classe hétérogène. Les adjectifs dont la forme est invariable peuvent

être considérés comme des adverbes. Les adverbes de base17 sont : bien, mal, ici, là, demain, hier, etc... et modifient soit le

syntagme verbal soit la phrase entière. Les adverbes de degré (également adverbes de base) tels que : très, assez, trop, ... modifient soit les adjectifs, soit d’autres adverbes.

Les adverbes modaux expriment un jugement de la part du locuteur sur la nature du procès décrit dans la phrase : peut-être, sans doute, ...

Il y a aussi les connecteurs : puis, alors, pourtant, cependant, ...

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càd non dérivés à partir d’autres catégories lexicales

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Certains syntagmes relevant d’autres catégories peuvent remplir une fonction de modification semblable à celle assurée par les adverbes de base. Ces types de syntagmes sont souvent appelés adverbiaux, pour les distinguer des adverbes proprement dits. On peut utilement se rappeler la distinction en disant que le terme d’adverbe renvoie à la catégorie lexicale des expressions concernées, alors que le terme d’adverbial renvoie à la fonction associée à l’emploi des adverbes (celle de modification adverbiale). Il n’y a de syntagme adverbial que que dans le cas où c’est un membre de la catégorie intrinsèque des adverbes qui constitue le noyau (la tête) du syntagme en question. D’autre part, il n’est pas nécessaire, pour qu’il y ait syntagme, que le mot tête de ce syntagme soit précédé ou suivi par d’autres éléments. (ex. : fatigué, il mis son manteau et rentra chez lui)

Lorsqu’un adverbe se trouve être la tête d’un Sadv il peut, s’il s’agit d’un adv de manière, être modifié par un autre adverbe18 . Il pourra également être suivi d’un complément19.

Les adverbes se distinguent par leur caractère facultatif, leur invariabilité morphologique,

leur grande hétérogénéité sur le plan catégoriel, par le fait que ce sont des éléments dépendants dont rien ne dépend à son tour et par leur grande mobilité positionnelle20.

Deux aspects de l’élément modifié doivent être distingués :

! Le support Le support de la modification est une forme linguistique et est d’ordre syntaxique. Ceci

constitue le pivot syntaxique sur lequel l’adverbe prend appui pour apporter une modification quelconque. Le support peut être un adjectif, un autre adverbe, un V, un SV ou une phrase entière.

! La portée

La portée est la nature sémantique de la modification , l’étendue du segment modifié, son caractère sémantique. Pour établir ce « champs » ou cette « portée » (=zone + type d’influence sémantique) de la modification, il est utile d’employer des paraphrases.

3 exemples pour illustrer la portée : (i) Pierre travaille manuellement (le travail manuel) (ii) Pierre travaille jovialement (la jovialité de Pierre) (iii) Pierre travaille minutieusement (la minutie de Pierre et du travail) On constate que la portée est différente dans chaque cas malgré que le support syntaxique

des adverbes soit identique. L’adverbe peut prédiquer quelque chose du verbe, du sujet ou des 2. Support et portée peuvent coïncider, comme dans (i), mais ils peuvent également diverger,

comme dans (ii) et (iii). Les contraintes positionnelles des adverbes ou adverbiaux sont peu strictes. Il y a une hiérarchie parmi les adverbes quant à la nature des éléments qu’ils modifient. * Les adverbes de degré s’intègrent à l’intérieur du SA ou du Sadv dont ils modifient

l’adjectif ou l’adverbe. (Ce film est [ SA très [A mauvais]]) * Les adverbes de manière sont étroitement intégrés dans la phrase ; ils font partie du SV

et portent sur le procès désigné par le verbe. Ces adverbes modifient la nature du procès.

18

ex. : très lentement, trop facilement 19

ex. : relativement à votre demande, indépendamment de notre volonté 20

cette dernière propriété est tributaire de leur fonction essentielle qui est de modifier d’autres catégories de

lexèmes ou de syntagmes

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P SN SV NPr SV Sadv Marie/Pierre/Yvette V Adv Danse/marche/parle follemt/droit/doucemt

* Le 3ème niveau de modification où opèrent les adverbiaux c’est celui de l’évènement désigné par la phrase dans son ensemble.

Ex. : Brusquement, Henri s’est levé et a quitté la pièce Ici la « portée » (zone d’influence sémantique) recouvre l’ensemble de la phrase. C’est la

position initiale dans la phrase qui, de façon quasi ‘icônique’ rend possible ce type d’interprétation. A noter que si l’adverbe avait été placé en dernière position la modification aurait porté sur le

procès désigné par la dernière prédication seulement. P0 SAdv P1 Adv P2 Conj P3 Brusquement

Henri (s’)est levé et [ei] a quitté la pièce

* Le 4ème niveau de modification auquel les adverbes peuvent fonctionner est celui de la proposition exprimée par la phrase dans son ensemble. Ces adverbes modaux permettent au locuteur d’exprimer une opinion à l’égard de la proposition qu’il soumet à son interlocuteur. Les adverbes modaux ont trait au degré de certitude ou d’obligation de l’existence de l’état de choses dont il est question, ou bien traduisent une appréciation personnelle, subjective à son égard, de la part du locuteur.

Ce type de modification ne peut pas porter sur les énoncés interrogatifs ou impératifs. * Le 5ème niveau de modification est le plus élevé car il concerne l’acte d’énonciation lui-

même. De ce fait les adverbes peuvent porter sur le statut interrogatif, impératif, etc … de la phrase en question. Un indice formel de cet emploi des adverbiaux est celui de la position réservée au tout début de la phrase avec pause à l’oral et virgule à l’écrit.

Ces 3 derniers niveaux de modification représentent syntaxiquement des emplois d’adverbes

de phrase càd que la phrase est leur support syntaxique dans chaque cas ; mais la portée peut être le procès exprimé par la phrase, la proposition21 qu’elle dénote ou bien l’acte d’énonciation accomplit par le locuteur en la produisant dans un contexte énonciatif donné.

21

pour comprendre la notion logique de ‘proposition’ considérer l’ex. : « Dieu invisible a créé le monde

visible » : bien qu’il n’y ait qu’une seule proposition au niveau de la forme (la phrase) on peut dire que cette

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Exerci c e (à envoyer à la correction)

LES ADVERBES ET ADVERBIAUX CIRCONSTANCIELS (ELLES)

Il y a une distinction à opérer entre : - les adverbes : expressions qu’on peut catégoriser syntaxiquement comme adverbes et qui

peuvent constituer la tête d’un syntagme adverbial

- les adverbiaux : expressions appartenant à d’autres catégories que celle des adverbes mais qui remplissent des fonctions semblables au sein de et par rapport à la phrase.

Le terme d’adverbial regroupe à la fois les circonstancielles (càd les propositions

circonstancielles) et les circonstanciels (càd les syntagmes non-propositionnels ayant pour fonction de spécifier les circonstances de la situation désignée). Les adverbiaux (càd les circonstanciels au sens générique) sont tous syntagmatiques22.

L’appellation ‘circonstanciel(elle)’ provient du fait que ces adverbiaux ont pour fonction de spécifier les circonstances de la situation désignée par la phrase dans son ensemble23. Certains adverbes au sens strict fonctionnent également de cette manière : ceux de temps, de lieu24 et leurs homologues interrogatifs25. Comme les circonstancielles, ces adverbes (dits ‘scéniques’) spécifient le cadre spatio-temporel, cognitif, etc… dans lequel la situation désignée par la phrase globale est à localiser, à interpréter. En tant que tels ils occupent souvent la 1ère position dans la phrase et sont dissociés de celle-ci par une virgule à l’écrit et une pause à l’oral. C’est dire qu’ils ne sont pas vraiment intégrés à la phrase qu’ils modifient ; ils font partie du thème ( le point de départ du message, le contexte dans lequel il est à interpréter) et non du propos( information essentielle que la phrase sert à transmettre au destinataire).

Le test de la négation est intéressant car quand les adverbiaux et adverbes sont en tête de

phrase ils ne tombent pas dans le ‘champs (zone d’influence sémantique) de la négation mais en sont indépendants.

Le test de l’extraction en c’est …que…est également un moyen de vérifier ce qui fait ou ne fait pas partie du propos d’une phrase : s’il en fait partie l’extraction est généralement possible, mais sinon elle ne l’est pas. Ex. :

- Le cambrioleur a pénétré dans la maison silencieusement/malheureusement C’est silencieusement que le cambrioleur a pénétré dans la maison * c’est malheureusement que le cambrioleur a pénétré dans la maison Il est important de toujours utiliser plus d’un test.

POSITION ET FONCTION : LES ADVERBES DE SV VS LES ADVERBES DE PHRASE

Les adverbes de degré, qui modifient des adjectifs ou des adverbes au sein des SA et des

Sadv, précèdent immédiatement l’élément qu’ils modifient.

phrase exprime 3 propositions au sens logique du terme « Dieu a créé le monde », « Dieu est invisible », «le

monde est visible » 22

autrement dit ils sont formés d’un noyau autre qu’adverbial ou bien ce sont des propositions càd une phrase

entant qu’elle figure comme constituant d’une phrase complexe 23

le moment, la durée, le lieu de l’évènement évoqué, sa cause, ses conséquences, etc … 24

série : aujourd’hui, demain, hier, ici, là, … 25

série : quand, où, …

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Les adverbes de manière, modifieurs de SV, suivent l’élément modifié mais peuvent aussi s’intercaler entre le verbe et son objet direct ou son attribut, c’est d’ailleurs là leur position préférée si ils modifient le SV seul. Si par contre ils se trouvent en 1ère position c’est qu’ils modifient la phrase entière et ont donc un statut thématique. En fin de phrase ils prennent du relief et tombent sous l’accentuation de phrase.

Les adverbes scéniques26 se placent de préférence en tête de la phrase étant donné qu’ils fournissent le cadre spatio-temporalo-cognitif dans lequel la phrase globale est à interpréter. Ils se placent plus difficilement entre le verbe conjugué et son complément ou attribut, mais ils peuvent se placer en fin de phrase où, comme en tête de phrase, ils peuvent être interprétés comme thématiques. La position dont ils sont exclus est celle entre un auxiliaire et un verbe à l’infinitif ou au participe passé dans les temps composés.

Les adverbes de phrase peuvent se placer soit en tête de phrase soit entre le verbe conjugué et son complément, soit en fin de phrase. En tête de phrase certains adverbes modaux27 ont pour conséquence l’inversion du verbe et une copie pronominale du sujet28. En fin de phrase les adverbes modaux doivent être précédés d’une pause à l’oral et d’une virgule à l’écrit, c’ets dire qu’ils ne sont pas intégrés à la phrase mais constituent des appréciations personnelles de la part du locuteur vis à vis de la proposition qu’il soumet à son interlocuteur.

Positions que les adverbes ou adverbiaux peuvent occuper : [ ], Phrase, [ ] (seuls les adverbes ou adverbiaux de phrase ou énonciatifs peuvent occuper ces positions) et SN, [ ], Aux /Vcop/Vf [ ] Vé/Attribut [ ] SN [ ]

LES TESTS

L’Antéposition. Le test de différence, c’est l’emploi du cadre diagnostique C’est/c’était X le cas/vrai que Y. Si

l’adverbe (mais non l’adverbial, qui est en principe exclu de cette position) peut occuper la position X dans ce cadre alors c’est un adverbe de phrase et non de SV.

Ex. : Marie a rapidement / certainement trouvé la réponse à la question C’est rapidement vrai que Marie a trouvé la réponse à la question (adverbe de SV) *C’est certainement vrai que Marie a trouvé la réponse à la question (adverbe de phrase) Le test du clivage. Le test de la négation, montre que si l’adverbe ne tombe pas sous le champs de la négation

c’est qu’il s’agit d’un adverbe de phrase ; s’il tombe sous le coup de la négation c’est qu’il s’agit d’un adverbe de SV.

Le test de la reprise du contenu du SV par … et Y de même/en fait autant, est limité aux

phrases dont le verbe traduit une action. Si le test est positif c’est qu’il s’agit d’un adverbe de SV.

Tests diagnostiques Adverb(ial)e de SV Adverb(ial)e de Phrase

26

= de lieu et de temps 27

peut-être, sans doute, à peine, … 28

si celui-ci n’est pas déjà un pronom

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Antéposition - + C’est X le cas/vrai que Y (adv) - (adv) + Clivage + - Champs de la négation + - Reprise par + - et Y de même/en fait autant

A noter que ce sont seulement les adverbes qui sont susceptibles d’être testés par le 2ème test

Exerci c es (à envoyer à la correction)

LA PHRASE COMPLEXE

Le symbole d’une proposition (subordonnée donc) est P’ (P prime) pour la distinguer de la

phrase qui elle est marquée P (tout court). Ne pas confondre ces 2 constituants qui ne fonctionnent pas de la même manière et dont la structure interne est différente.

Il y a des phrases ne contenant qu’une proposition et d’autres contenant plusieurs propositions, ce sont les phrases complexes. Il y a 3 manières de combiner plus de 2 propositions au sein d’une phrase complexe : par coordination, par subordination et par correlation.

COORDINATION ET SUBORDINATION

Dans la coordination les propositions constituantes sont sur le même plan du point de vue

syntaxique. Dans la subordination les propositions constituantes sont hiérarchisées, l’une étant subordonnée à l’autre.

Les coordonnées se différencient des subordonnées par plusieurs critères : # Une proposition coordonnée ne peut pas être antéposée par rapport à la proposition à

laquelle elle est coordonnée. Ex . : * Car son copain est parti, Marie est triste # Une proposition coordonnée, n’est pas grammaticale en réponse à une question. Ex. : Pourquoi Marie est-elle triste ? *Car son copain est parti /vs/ Parce que son copain est parti # Les coordonnées ne sont pas susceptibles d’être mises en relief au moyen de la

construction en c’est…que…. Ex. : * C’est car son copain est parti que Marie est triste /vs/ C’est parce que … que … Les subordination par contre fait dépendre, du point de vue syntaxique, l’une des 2 (ou

plus) propositions par rapport à l’autre. Dans ce cas la proposition dépendante n’est plus équivalente à une phrase indépendante (càd qu’elle ne pourrait plus apparaître seule sans ajustement).

Les subordonnants29 sont : afin de, afin que, puisque, parce que, de manière que, pour que, si, quand, que, etc…

29

= conjonctions de subordination ; appelés complémenteurs en Linguistique

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Les participiales sont des subordonnées même si leur verbe n’est pas fini (càd pas conjugué à un temps et à un mode). Ex. : Sylvain espère ‘réussir son examen’.

Exemples d’ étude : 34a Pierre est parti afin que la paix règne dans la famille 34b Sentant que la conférence de Presse lui était défavorable, la ministre a terminé la scéance 34c Georgette craint toujours que son voisin lui veuille du mal30 Dans 34b la forme du participe présent du verbe de la subordonnée signale une dépendance

par rapport à un SN de la principale. Le sujet vide (non-exprimé) de sentant exige donc d’être pris en charge référentiellement par le référent du sujet de la principale. C’est cette exigence là qui est le propre de la subordonnée.

Dans 34a c’est une subordonnée de but, introduite par la préposition-subordonnant afin. Comme subordonnée elle est antéposable par rapport à la principale.

C’est la nature de la contribution syntaxique, sémantique et pragmatique qui détermine le positionnement des subordonnées circonstancielles.

Quand la subordonnée est antéposée elle est reliée à la principale toute entière alors que lorsqu’elle se trouve à droite de la principale elle est plus intégrée dans celle-ci, modifiant non plus toute la proposition mais le SV seul. (ex 35a)

Quand la subordonnée est postposée, elle est fortement intégrée dans la phrase et fait donc partie du SV. Par conséquent lorsque l’on applique le test de la négation on constate que P’ se trouve dans le champs de la négation. (ex. 35b)

35a31

P1

SP P2 Prép P’ SN SV afin COMP P3 Npr GV que SN SV Pierre Aux Vé la paix V SP est parti règne dans la famille 35b P1 SN SV

30

à noter que le subjonctif ne figure que dans les subordonnées 31

cf section 2.2 pour le nombre de noeuds

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Npr SV SP Pierre GV Prép P’ Aux Vé afin COMP P2 est parti que SN SV la paix V SP règne dans la famille

LES COMPLETIVES

Ce sont les différents types de compléments propositionnels qui sont ‘appelés’ par le verbe qui

les régit. Les différents types de compléments propositionnels qui vont suivre font partie du syntagme verbal dont la tête est le verbe régisseur. Il s’agira dans ce cas de 2 propositions qui, l’une enchâssée32 dans l’autre, constituent une phrase. La proposition enchâssée (ou subordonnée, dépendante) est enchâssée dans la proposition enchâssante (càd celle qui comporte le verbe régisseur).

Le complémenteur que, qui introduit les complétives, est à la fois un mot de liaison, indiquant le lien entre proposition principale et proposition subordonnée) et constitue une marque de la subordination de la dernière par rapport à la première.

Attention à ne pas confondre les termes de complémenteur (la tête de la complétive, qui indique

son caractèere subordonné par rapport à la principale) et de complétive (qui renvoie à l’ensemble du syntagme).

A la différence du pronom relatif, qui peut être également analysé comme dominé par le nœud

COMP qui domine les complémenteurs, le complémenteur que ne joue aucun rôle syntaxique dans la subordonnée. « Que » n’apparaît que dans les complétives déclaratives finies. Dans les complétives interrogatives finies c’est « si » qui prend sa place.

Dans les complétives interrogatives il n’y a pas d’inversion entre le sujet (pronominal) et le verbe conjugué (comme cela peut être le cas dans les interrogatives indépendantes). Cette absence d’inversion peut être considéré comme une marque du caractère subordonné des interrogatives indirectes33.

D’autres types de complémenteurs sont les pronoms et adverbes interrogatifs « qui, que, où, comment, quand » ainsi que « comme ». Les autres complémenteurs, qui n’apparaissent que dans les complétives infinitives, sont « à, de et O ».

32

= incluse 33

par opposition à la possibilité de l’inversion dans les interrogatives directes, et donc phrases principales,

potentiellement indépendantes.

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LES COMPLETIVES FINIES (QUE/SI + P)

Ce ne sont pas uniquement les verbes qui prennent une complétive comme complément, les adjectifs, noms et prépositions peuvent en prendre une aussi. Une complétive est dite finie quand le verbe de la complétive est conjugué, exprimant ainsi le temps et le mode (indicatif ou subjonctif) pour lesquels la proposition est marquée.

Ex. : Verbe : Pierre [ SV croit [ P’ que [ P Jean aime Marie ]]]

Adjectif : Jules est [ SA certain [ P’ que [ P le train arrivera à l’heure ]]] Nom : [ SN Le fait [ P’ que [ P Luc soit parti ]]] me navre Préposition :: Les élèves dormaient [ SP pendant [ P’ que [ P le professeur parlait ]]]*

Exemple de complétives finies en tant que complément de verbe : Pierre espère/pense/croit que Marie viendra Jules consent/répugne/s’attend à ce que Marie vienne

Un indice de la dépendance de la complétive par rapport à la proposition enchâssante se

manifeste dans le phénomène de la concordance des temps : le temps de la principale détermine celui de la subordonnée34.

Il y a aussi les complétives interrogatives ‘partielles’ (qui sont introduites par un pronom interrogatif35) ainsi que les exclamatives. Du point de vue de leur distribution externe36 les complétives sont équivalentes aux SN, autrement dit elles occupent les même positions où l’on trouve des SN dans la phrase.

LES COMPLETIVES NON-FINIES : LES INFINITIVES

Les catégories autres que verbales (l’adj., le nom ou la préposition) peuvent également prendre

comme complément des complétives infinitives.

Ex. : Adjectif : Julesi est [ SA certain [ SP de [ P’ [ P ei gagner la course ]]]] Nom : [ SN L’ idée [ SP [ de [ P’ [P ej partir si tôt ]]]]] lj’angoisse Préposition :: Mariem est partie [ SP sans [ P’ o [P em le dire à personne ]]]

Exemple de complétives infinitives ayant pour tête un verbe : Pierre peut/veut/croit rêver Jules promet/refuse de revenir Jules consent/se prépare/songe à partir

Ce qui différencie les 2 types de compléments (complétive finie et infinitive), c’est la nature de la

référence du sujet de la proposition enchâ ssée : Si celle-ci est différente de celle de la proposition enchâssante alors la complétive finie doit être

choisie ; si en revanche la référence est la même, alors le sujet de l’enchâssée est selon le verbe en jeu, inexprimé37 et si c’est le cas, alors le verbe de la proposition enchâssée est à l’infinitif.

Pour certains verbes à compléments prépositionnels (ex. : pouvoir) cette dernière possibilité est la seule permise. De tels compléments constituent des propositions ‘non-finies’, autrement dit où le verbe ne se

34

Ex. : Pierre pensait que Marie viendrait / Pierre avait pensé que Marie serait venue 35

ex. : je ne sais pas quand Jules va venir 36

= les positions syntagmatiques qu’elles peuvent occuper au sein de la phrase 37

ou « nul » comme on dit en syntaxe

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présente pas sous une forme conjuguée38. A ce titre les compléments manifestent une dépendance à l’égard de la proposition enchâssante encore plus grande que dans le cas des complétives ‘finies’39.

Le subjonctif, à la différence de l’indicatif, marque un degré de dépendance plus élevé par

rapport à la principale (où c’est le verbe qui est choisi qui détermine le mode de la subordonnée). Il y a corrélation entre la présence ou non d’un sujet explicite et la forme (finie ou infinitive) de

son verbe : d’un côté sujet explicite et verbe conjugué, et de l’autre absence de sujet explicite et verbe à l’infinitif.

Lorsque le complément infinitif est précédé de ‘de’ (ex. : Pierre promet de venir) il ne s’agit alors

pas d’une préposition qui ferait partie du complexe verbal ; il s’agit plutôt d’un marqueur de subordination introduisant les compléments infinitifs ; à ce titre on peut le considérer comme un complémenteur, tout comme le ‘que’ des complémentives finies et on le retrouve dans des structures infinitives qui fonctionnent comme sujet (ex. : De venir vous voir nous plaît toujours).

La différence entre ‘de’ ou ‘à’ préposition et ‘de’ ou ‘à’ complémenteur se présente de la manière

suivante dans les arbres : Préposition + P’ P SNi SV

Npr V SP Pierre consent Prép P’ à COMP P O SNi SV

[ei] Vinf partir Complémenteur + P’ P

38

càd portant des marques de temps de mode et de personne 39

où (rappel) le temps et le mode (indicatif vs subjonctif) de ces dernières sont déterminés par le verbe régisseur

de la première

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SNi SV

Npr V P’ Pierre promet COMP P de SNi SV

[ei] Vinf revenir

La distinction entre complétives finies et infinitives est due à la différence vs l’identité de référence du sujet du complément en question par rapport au sujet de la proposition enchâssante. La seule différence entre les complétives et les SN ‘ordinaires’ tient au fait que lorsque le verbe régisseur est suivi d’une préposition (à ou de), les 1ères mais non les 2nd doivent être introduites par le déterminant démonstratif ce40. De plus lorsqu’il y a la présence de ‘ce’, le mode de la complétive ainsi introduite est au subjonctif.

Les complétives finies et infinitives ne sont pas équivalentes du point de vue sémantique :

- il y a les verbes de la principale qui ne prennent que des complétives finies, de par leur sens (ex. : remarquer : Jean a remarqué qu’il prenait du poids / *Jean a remarqué prendre du poids)

- certains autres verbes de la principale ne se constituent qu’avec des complétives infinitives, aussi en fonction de leur sens (ex. :tenter : Charline tente de réparer sa tondeuse / *Charline tente qu’elle répare sa tondeuse)

- Dans la construction infinitive, la situation désignée est présentée comme directement ou simultanément prise en charge par l’action évoquée par le verbe de la principale, plus particulièrement par le référent de son sujet

- La construction avec ‘que’ et le verbe conjugué fait que les 2 situations sont plus nettement distinctes l’une de l’autre : on est soi-même responsable de ce que l’on tente alors que ce que l’on remarque est indépendant de soi, objectivé en quelque sorte (d’où le codage linguistique différent dans les 2 cas).

LES PROPOSITIONS RELATIVES

Une relative est une proposition subordonnée qui est enchâssée dans un SN et qui fonctionne

comme modifieur du N tête de ce SN. Syntaxiquement une relative est un constituant de type P’. Elle est introduite par un pronom relatif en qu- suivi par une rpoposition incomplète : ce qui manque est le constituant qui a été relativisé. Ce constituant manquant est perceptible du moment qu’on supprime le pronom relatif, car la suite d’éléments qui reste ne constituera pas une phrase indépendante. Les propositions relatives, en français, ont 2 caractéristiques fondamentales :

- elles comportent un marqueur relatif : il signale la subordination de la proposition qui suit par rapport à

la principale. Il est généralement composé d’une forme en qu- (qui, à/sur…qui, à/sur…quoi, duquel, …) mais peut être aussi le génitif dont ou les séries de pronoms relatifs composés (lequel, auquel, duquel, …).

40

comparer : Pierre s’attend à ce que Marie vienne et Pierre s’attend à la venue de Marie / *Pierre s’attend à ce

la venue de Marie

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- elles comportent une variable relativée : elle correspond au référent commun aux 2 propositions qui est

repris par le pronom (relatif). En français populaire les 2 fonctions sont formellement distinctes et non fusionnées comme

c’est le cas en français standard. En français populaire le marqueur relatif (ou de subordination) est quasiment invariable, donc très semblable au complémenteur que du français standard, alors que la variable relativée est reprise par un pronom ordinaire (non relatif). La que qui introduit la proposition relative en français populaire n’est donc pas un pronom (qui lui représente toujours une autre expression ayant un référent), ce rôle étant rempli dans la relative populaire par le pronom ordinaire (il/elle…, la, le, les, lui, leur, y, en, ...).

Dans toute relative il y a une position sous-catégorisée41 exprimée par une expression lexicale. Le marqueur relatif indique la liaison entre la principale et la relative. Le pronom représente la variable relativée. En français les pronoms relatifs sont marqués pour la fonction syntaxique de la variable qui a été

relativée : fonction sujet (qui), fonction objet direct (que), fonction objet indirect (à qui/auquel, de qui/duquel, …), fonction génitive (dont), fonction oblique42 (sur lequel, dans lequel, pour lequel,…).

En français le marqueur relatif est fusionné morphologiquement avec la variable relativée sous forme de pronom relatif.

(dans le cours, nombreux exemples en anglais) Au niveau de l’arbre comme les propositions relatives sont des modifieurs par rapport à leur nom

tête elles sont donc sœur, non de ce nom tête mais du nœud GN qui domine ce nœud N: P0

SN SV Dét GN Vcop SA Art COMP P’ Etait A le N COMP P1 Pierre excellent

film pron. Rel P2

41

qu’elle soit celle de sujet ou d’un des compléments du verbe de la proposition 42

objet d’une préposition autre que ‘à’ ou ‘de’