syndrome d'hyperperfusion après endartériectomie carotidienne : peut-on le prédire par le...
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Recherche clinique
DOI of or
Division oMineola, NY,
Correspondpital, 259 Firghines@winth
Ann Vasc Surhttp://dx.doi.or� Annals of V�Edit�e par ELS
538
Syndrome d’hyperperfusion apr�esendart�eriectomie carotidienne : Peut-on lepr�edire par le manque de r�eserve c�er�ebrale?
George L. Hines, Alexandra Oleske, Martin Feuerman, Mineola, NY, USA
Objectif : Le syndrome d’hyperperfusion c�er�ebrale (SHc) est suppos�e etre li�e �a une augmenta-tion du d�ebit post-endart�eriectomie chez les patients ayant une r�eserve vasculaire c�er�ebralefix�ee. Des c�ephal�ees violentes en seraient l’un des signes pr�ecoces. Une augmentation de lapression partielle en CO2 (pCO2) est responsable de vasodilatation c�er�ebrale et est utilis�eepour �evaluer la pr�esence d’une r�eserve c�er�ebrale.M�ethodes : Un total de 45 patients ayant une endart�eriectomie de la carotide a eu la mesure duflux dans l’art�ere carotide interne �a l’aide d’un capteur de flux transsonique aux instants suivants :F1, imm�ediatement apr�es la dissection compl�ete de l’art�ere carotide interne ; F2, apr�es 30secondes d’apn�ee ; et F3, apr�es restauration du flux. Les variations DF2�F1 et DF3�F2 ont�egalement �et�e �evalu�ees. Une augmentation de 10% entre F2 et F1 indiquait une r�eservec�er�ebrale normale et entre F3 et F2 indiquait une augmentation du d�ebit post-op�eratoire.L’age, le sexe, les comorbidit�es m�edicales, l’indication de l’endart�eriectomie carotidienne, lesvaleurs d’oxym�etrie c�er�ebrale per-op�eratoires et le pourcentage de st�enoses carotidiennesbilat�erales ont �et�e enregistr�es. Tous les patients ont �et�e contact�es apr�es leur sortie �a la recher-che de c�ephal�ees post-op�eratoires ou d’autres signes sugg�erant un SHC. Le test-t exact deFisher a �et�e utilis�e pour les facteurs pr�edictifs cat�egoriques et le test rank-sum a �et�e utilis�e pourles facteurs pr�edictifs continus.R�esultats : Sept (16%) patients (groupe A) ont pr�esent�e des c�ephal�ees post-op�eratoires et 38(groupe B) n’en ont pas pr�esent�e. Aucun patient n’a d�evelopp�e de SH. Aucune variable n’a �et�eassoci�ee avec la survenue de c�ephal�ees post-op�eratoires except�e le sexe f�eminin (p ¼ 0,005). Iln’y a pas eu de diff�erence statistiquement significative entre F1, F2, F3 et DF (F2�F1 ouF3�F2) et entre les groupes A et B (il n’y a pas eu de modification significative de DF2�F1chez 17 patients). Seul un patient parmi 9 qui n’ont pas eu de variation entre F2 et F1, quiont eu une augmentation significative de F3 et qui �etaient sens�es etre �a plus haut risque deSHC, a d�evelopp�e une c�ephal�ee post-op�eratoire.Conclusions : Le manque de r�eserve c�er�ebrale est fr�equent chez les patients subissant uneendart�eriectomie carotidienne. Si les c�ephal�ees repr�esentent un signe pr�ecoce d’hyperperfu-sion, le syndrome ne semble pas etre pr�edit par le manque de r�eserve c�er�ebrale et par une aug-mentation du d�ebit post-endart�eriectomie.
iginal article: 10.1016/j.avsg.2011.02.010.
f Vascular Surgery, Winthrop University Hospital,USA.
ance : George L. Hines, MD, Winthrop University Hos-st Street, 3 Main, Mineola, NY 11501, USA, E-mail:rop.org
g 2011; 25: 502-507g/10.1016/j.acvfr.2012.06.004ascular Surgery Inc.EVIER MASSON SAS
INTRODUCTION
Le syndrome d’hyperperfusion c�er�ebrale (SHC) est
un trouble rare compliquant une endart�eriectomie
carotidienne (EC) dans <1% �a 7%1-3 des patients
et se caract�erise par de violentes c�ephal�ees et par descrises commissiales qui peuvent conduire �al’h�emorragie intrac�er�ebrale 4 et au d�ec�es. Il est admis
que ces facteurs de risque incluent la pr�esence d’une
Vol. 25, No. 4, 2011 Syndrome d’hyperperfusion post-endart�eriectomie carotidienne 539
st�enose carotidienne controlat�erale s�ev�ere, une
augmentation significative de la perfusion post-
op�eratoire et une hypertension (HT) s�ev�ere. Bienqu’aucun de ces facteurs de risque n’ait �et�ed�efinitivement impliqu�e, on suppose qu’une aug-
mentation post-op�eratoire de la perfusion col-
lat�erale chez les patients ayant une vasodilatation
c�er�ebrale maximale et une r�eserve c�er�ebrale fix�eeserait un m�ecanisme fr�equent.2,5
Diff�erentes techniques ont �et�e utilis�eesexp�erimentalement pour �etudier la capacit�e de
vasodilatation des vaisseaux c�er�ebraux. Celles-ci
incluent l’utilisation d’ac�etazolamide et l’augmen-
tation de la pression partielle en CO2 (pCO2).6 La
mesure du d�ebit sanguin c�er�ebral peut etre effectu�eepar diff�erentes techniques telles l’�evaluation Dop-
pler,7 le Doppler transcranien (DTC),8 l’imagerie par
r�esonance magn�etique pond�er�ee par la perfusion
(IRMPP)9 et l’�evaluation c�er�ebrale au x�enon.10 En
utilisant une combinaison de ces diff�erentes tech-
niques, plusieurs investigateurs ont montr�e que
certains patients ont perdu leur habilit�e �a auto-
r�eguler leurs vaisseaux intrac�er�ebraux et ne peu-
vent s’accommoder �a l’augmentation de flux
suivant l’EC. Il est suppos�e que ces patients sont �aplus haut risque de d�evelopper un SHC que ceux
ayant maintenu une autor�egulation intrac�er�ebrale.
M�ETHODES
Nous avons tent�e d’�etudier l’autor�egulationc�er�ebrale et sa possible contribution �a une hyperper-fusion c�er�ebrale en �evaluant le d�ebit dans l’art�erecarotide interne (ACI) en trois points. La premi�eremesure �etait effectu�ee avant le clampage carotidien,
la seconde apr�es une apn�ee de 30 secondes afin
d’�evaluer une possible vasodilatation c�er�ebrale et
la troisi�eme apr�es avoir termin�e l’endart�eriectomie
et la r�eparation carotidienne. En se basant sur le
fait que le SHC « explosif » est rare, nous avons
choisi de consid�erer la survenue d’une c�ephal�eehomolat�erale s�ev�ere comme marqueur possible
d’hyperperfusion c�er�ebrale.Un total de 45 patients op�er�es d’une EC a �et�e
�evalu�e entre avril et aout 2009. Le sexe et l’age des
patients ont �et�e enregistr�es. Les ant�ec�edents d’acci-dents vasculaires c�er�ebraux, d’accidents isch�emiques
transitoires (AIT) d’amaurose fugace, de diab�ete (D),d’hypercholest�erol�emie et d’HTA ont �egalement �et�eenregistr�es. Le pourcentage de st�enoses homo-
lat�erales et controlat�erales a �et�e not�e (1-15%, 16-
49%, 50-79%, 80-99% et occlusion totale).
Tous les patients ont eu l’EC sous anesth�esieg�en�erale. Un cath�eter art�eriel radial a �et�e chaque
fois mis en place. Le monitoring c�er�ebral a �et�e utilis�echez tous les patients �a l’aide d’un oxym�etre c�er�ebralINVOS (Somanetics, Troy, MI). Des capteurs ont �et�eplac�es de mani�ere bilat�erale et les valeurs de satura-
tion r�egionale en oxyg�ene ont �et�e monitor�eespar l’anesth�esiste. Une incision pr�e-sterno-cl�eido-mastoıdienne a �et�e effectu�ee et de l’H�eparineadministr�ee (1 mg/kg) avant le clampage de la caro-
tide. Un shunt de Javid (Bard Peripheral Vasc. Inc.,
Tempe, AZ) a �et�e mis en place chez tous les patients.
Uneendart�eriectomieconventionnellea�et�eeffectu�ee.Apr�es avoir effectu�e cette endart�eriectomie, un patch
p�ericardique (Vascu-guarddSnovis Life Technolo-
gies, St. Paul, MN) a �et�e utilis�e de routine et du sulfate
de protamine a �et�e administr�e. Un Doppler per-
op�eratoire de routine a �et�e effectu�e pour controler la
r�eparation carotidienne avant fermeture de l’incision.
Les patients ont �et�e r�eveill�es en salle op�eratoire pour�evaluer leurs fonctions neurologiques.
Mesure du d�ebit c�er�ebral
Un capteur de flux transsonique (Transonic Systems
Inc, Ithaca, NY) a �et�e plac�e sur l’ACI homolat�eraleen aval de la plaque apr�es l’administration de
l’H�eparine. Ce capteur permet de mesurer le d�ebiten utilisant le d�ebit volumique par illumination de
faisceau large. Deux transducteurs envoient des
signaux ultrasoniques en avant et en arri�ere de
mani�ere altern�ee et �a l’intersection du flux sanguin
dans les directions d’amont et d’aval. La diff�erenceentre le temps de transit int�egr�e entre les flux
d’amont et d’aval r�epond �a la mesure du flux volu-
mique. Le d�ebit est mesur�e �a trois intervalles : F1
apr�es la dissection de l’ACI et l’administration
d’H�eparine, F2 apr�es 30 secondes d’apn�ee et avant
clampage carotidien et insertion du shunt (une
apn�ee de 30 secondes a �et�e choisie car les donn�eespubli�ees pr�ealables utilisaient cet intervalle pour�evaluer l’augmentation de pCO2 comme stimulus
de la vasodilatation c�er�ebrale), F3 apr�es avoir r�ealis�el’endart�eriectomie et la suture du patch. Des
mesures simultan�ees �a chaque intervalle de pressionart�erielle (systolique, diastolique et moyenne) et les
saturations c�er�ebrales en oxyg�ene ont �et�e effectu-�ees. Une diff�erence de flux sup�erieure �a 10% entre
les intervalles �etait consid�er�ee comme significative.
Tous les patients ont �et�e contact�es dans les deuxsemaines suivant leur sortie et ont �et�e interrog�essur la pr�esence de c�ephal�ees post-op�eratoires ou
autre manifestation de syndrome d’hyperperfusion
(SH) avec des convulsions ou des d�eficits neurologi-ques transitoires. Les patients ont �et�e sp�ecifique-ment interrog�es sur la s�ev�erit�e des c�ephal�ees, leurlocalisation et leur cot�e.
Tableau I. Caract�eristiques des patients
VariableC�ephal�ee(n ¼ 7)
Absence dec�ephal�ee(n ¼ 38)
Homme 1 26 p ¼ 0,0193
Femme 6 12
D (+) 2 7 p ¼ 0,65
D (�) 5 31
HTA (+) 6 27 p ¼ 0,42
HTA (�) 1 11
HCT (+) 5 24 p ¼ 0,99
HCT (�) 2 14
ATCD AVC (+) 2 5 p ¼ 0,61
ATCD AVC (�) 5 33
ATCD AIT(+) 2 7 p ¼ 0,35
ATCD AIT (�) 5 31
St�enose homolat�erale80-99%
2 17 p ¼ 0,68
D, diab�ete ; HTA, hypertension ; HCT, hypercholest�erol�emie ;
ATCD, ant�ec�edents ; AVC, accident vasculaire c�er�ebral ; AIT,
accident isch�emique transitoire.
Intervalles de temps1 2 3
Vale
ur m
oyen
ne d
'oxy
mét
rie c
éréb
rale
(%)
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90 CéphaléesPas de céphalées
p=0.62 p=0.69 p=0.37
Valeurs moyenne d'oxymétrie cérébrale
Fig. 1. Valeurs moyennes d’oxym�etrie c�er�ebrale. La part
d’erreur correspond �a la d�eviation standard. Il n’y a pas
540 Hines et al. Annales de chirurgie vasculaire
Statistiques
de diff�erence entre les groupes pour chaque p�eriode.Pour les facteurs pr�edictifs cat�egoriques (sexe,
diab�ete), nous avons compar�e l’incidence des
c�ephal�ees en utilisant le test exact de Fisher. Pour
les facteurs pr�edictifs continus (comme l’age), nous
avons compar�e le groupe pr�esentant des c�ephal�ees�a celui n’en pr�esentant pas par le test rank-sum
(analogue non param�etrique du test non apari�e p).
Les variables continues sont exprim�ees comme la
moyenne ± d�eviation standard. Les r�esultats ont �et�econsid�er�es comme significatifs pour des valeurs de
p < 0,05. Tous les calculs ont �et�e effectu�es en utili-
sant SAS9.2pourWindows. (SAS institute,Cary,NC).
R�ESULTATS
Quarante-cinq patients au total ont eu une EC entre
avril et aout 2009. Il y avait 27 hommes et l’age
moyen de tous les patients �etait de 74,6 ± 9,51 ans
(Tableau I).
Dix-huit patients (39%) avaient un ant�ec�edentd’�ev�enement neurologique homolat�eral. Sept
(15,2%) patients avaient un ant�ec�edent d’accidentconstitu�e, 9 (19,6%) un ant�ec�edent d’AIT et deux
(4,3%) avaient pr�esent�e un �episode d’amaurose
fugace. Neuf (20%) patients �etaient diab�etiques.Au total, 35 (73,3%) patients avaient une HT et 29
(64,4%) avaient une hypercholest�erol�emie.
Il n’y a eu aucun accident c�er�ebral constitu�e ou
AIT post-op�eratoire ni aucune reprise chirurgicale
pour h�emorragie.
Sept (16%) patients ont pr�esent�e des c�ephal�eespost-op�eratoires homolat�erales (groupe A). Aucun
patient n’a pr�esent�e d’autre symptome sugg�erantla possibilit�e d’un SH. Trente-huit patients au total
qui n’ont pr�esent�e aucune c�ephal�ee post-op�eratoireont constitu�e le groupe B.
Le sexe f�eminin �etait la seule variable pr�e-op�eratoire pr�edictive de c�ephal�ee (Tableau I). Une
st�enose homolat�erale >80% n’a pas �et�e pr�edictivede survenue de c�ephal�ee.
Les valeurs d’oxym�etrie c�er�ebrale n’ont pas �et�esignificativement diff�erentes �a T1, T2 ou T3 dans
les groupe A ou B ou entre les groupes A et B
(Fig. 1). La pression art�erielle moyenne n’a pas
vari�e significativement au cours des trois p�eriodes demesure entre ces groupes (Fig. 2).
Il n’y a �egalement eu aucune diff�erence concer-
nant les d�ebits sanguins c�er�ebraux au cours des trois
p�eriodes ou entre chaque groupe (Fig. 3). Il n’y a pas
eu de diff�erence statistiquement significative entre
F1, F2 et F3 et les DF (F2�F1, F3�F2, F3�F1) entre
les groupes A et B (Fig. 4).
Nous avons s�electionn�e des patients sens�esetre historiquement �a plus haut risque de SH,
c’est-�a-dire ceux ayant une r�eserve c�er�ebralefix�ee et une augmentation du d�ebit suivant
l’endart�eriectomie. Neuf patients n’ayant pr�esent�eaucune variation entre F2 et F1 et une augmenta-
tion significative de F3 ont ainsi �et�e �evalu�es. Seull’un d’entre eux a d�evelopp�e des c�ephal�ees post-
op�eratoires. Ceci n’�etait pas statistiquement signifi-
catif (Tableau II).
Intervalles de temps1 2 3
Pres
sion
arté
rielle
moy
enne
(mm
Hg)
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
110
120
130CéphaléesPas de céphalées
p=0.99 p=0.93 p=0.28
Pression artérielle moyenne
Fig. 2. Pression art�erielle moyenne. La part d’erreur
correspond �a la d�eviation standard. Il n’y a pas de
diff�erence entre les groupes pour chaque p�eriode.
Périodes1 2 3
Déb
it sa
ngui
n cé
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al m
oyen
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
200
220
240CéphaléesPas de céphalées
p=0.61 p=0.86 p=0.93
Débit sanguin cérébral
Fig. 3. D�ebit sanguin c�er�ebral. La part d’erreur corres-
pond �a la d�eviation standard. Il n’y a pas de diff�erenceentre les groupes pour chaque p�eriode.
Différences entre les périodes
Intervall 2 -Intervall 1
Varia
tions
de
débi
t
-30
-20
-10
0
10
20
30
40CéphaléesPas de céphalées
p=0.90 p=0.81 p=0.62
Variation de débit en relation avec l'augmentation de pCO2 et la reperfusion
Intervall 3 -Intervall 2
Intervall 3 -Intervall 1
Fig. 4. Variation de d�ebit en relation avec l’augmenta-
tion de pCO2 et la reperfusion. La part d’erreur corres-
pond �a la d�eviation standard. Il n’y a pas de diff�erenceentre les groupes pour chaque p�eriode.
Tableau II. Incidence des c�ephal�ees dans legroupe pr�esum�e �a haut risque
Groupe de patients �ahaut risque
Nombre depatients C�ephal�ee
Valeurde p
DF2�F1: <10% et
DF3�F1: >10%
9 1 p ¼ ns
Faible risque 36 6
Vol. 25, No. 4, 2011 Syndrome d’hyperperfusion post-endart�eriectomie carotidienne 541
DISCUSSION
Le SHC post-EC est un trouble rare qui se manifeste
par des c�ephal�ees, une activit�e comitiale occa-
sionnelle, un œd�eme c�er�ebral, une h�emorragie
intrac�er�ebrale et une �evolution fatale possible.
Ouriel et coll.11 ont rapport�e 11 patients ayant
pr�esent�e des degr�es variables d’h�emorragie
intracranienne suivant une EC. Quatre patients sont
d�ec�ed�es et quatre ont pr�esent�e des d�eficits neuro-
logiques de degr�es variables. Le SHC est suppos�esurvenir chez moins de 1% �a 7% des patients ayant
une EC. Il a �et�e reli�e au sexe f�eminin, �a une HT
post-op�eratoire s�ev�ere et �a la pr�esence d’une
st�enose carotidienne s�ev�ere, soit isol�ee soit associ�ee�a une st�enose controlat�erale s�ev�ere. Bien que ces
symptomes puissent survenir �a tout temps suivant la
chirurgie, ils surviennent fr�equemment entre les
deux et 7 premiers jours suivant la proc�edure, apr�esque le patient a quitt�e l’hopital.7
Il a �et�e propos�e que le m�ecanisme responsable de
ce d�esordre soit une augmentation significative du
d�ebit sanguin c�er�ebral suivant l’EC chez les patients
ayant une r�eserve c�er�ebrale fix�ee. En 1984,
Bernstein et coll.4 ont d�ecrit un patient d�ec�ed�ed’h�emorragie c�er�ebrale apr�es une EC. Ils ont postul�e
542 Hines et al. Annales de chirurgie vasculaire
que l’hypoperfusion c�er�ebrale chronique en aval
d’une st�enose de haut grade conduisait �a une
vasodilatation chronique et �a une perte de l’auto-
r�egulation. Dans la situation normale, les vaisseaux
intrac�er�ebraux peuvent se dilater en r�eponse �adiff�erents stimuli incluant l’augmentation de d�ebit,l’augmentation de pCO2,
12 l’augmentation de
pression art�erielle moyenne et certains agents tels
l’ac�etazolamide. Il est suppos�e que certains patients
ayant des l�esions carotidiennes limitant s�ev�erement
le d�ebit pr�esentent une vasodilatation maximale et
ne peuvent r�epondre aux stimuli habituels de
vasodilatation. Ces patients seraient sens�es etre �aplus haut risque de d�evelopper un SH car ils sont
incapables de dilater leurs vaisseaux intrac�er�ebrauxpour s’accommoder �a l’augmentation de d�ebit post-op�eratoire.
Le SH a pour la premi�ere fois �et�e d�ecrit par Levitonet coll. en 1975.13 La description concernait les
patientsqui avaientd�evelopp�edes c�ephal�eesapr�esECattribu�ees �aunepossibleperte de l’autor�egulation.Dememe, en 1975, Sundt et coll.14 ont rapport�e des
crises comitiales chez six patients ayant subiuneECet
les ont attribu�e �a une hyperperfusion c�er�ebrale. Une�etude men�ee plus tard par Sundt et coll.15 a montr�eque les patients pr�esentant des signes et symptomes
d’hyperperfusion c�er�ebrale avaient une augmenta-
tion du d�ebit sanguin post-endart�eriectomie de
47mm/100 g/min, tandis que ceux ne pr�esentant pasde symptome avaient une augmentation de d�ebitmesur�ee entre 1 et 5 mm/100 g/min.
En 1987, Reigel et coll.10 ont revu les donn�ees de2439 patients ayant une EC �a la Mayo Clinic entre
1972 et 1985 et ont trouv�e 10 patients ayant un
syndrome univoque de reperfusion. Sept parmi ces
10 patients avaient des c�ephal�ees post-op�eratoiresunilat�erales, homolat�erales �a l’art�ere op�er�ee et
apparues entre le premier et le 7�eme jour post-
op�eratoire avec un intervalle moyen de trois jours.
Neuf de ces patients avaient une commissialit�efocale controlat�erale. Sept patients ont eu une
tomodensitom�etrie et chez l’un d’entre eux, il exi-
stait un œd�eme diffus compatible avec une hyper-
perfusion. Beaucoup d’autres petites s�eries et cas
cliniques isol�es ont �et�e rapport�es.Le d�ebit sanguin c�er�ebral peut etre mesur�e
par diff�erentes techniques qui incluent l’EDTC,
l’�evaluation par Doppler carotidien et la mesure du
d�ebit par x�enon. Plus r�ecemment, l’IRMPP a �et�eutilis�e pour �evaluer le d�ebit sanguin c�er�ebral afinde pr�edire la survenue d’un SH post-EC. Fukuda et
coll.9 ontmontr�e que chez 70 patients ayant une EC,un volume c�er�ebral pr�e-op�eratoire augment�emesur�e par IRMPP �etait capable de pr�edire l’hyper-
perfusion chez 47% des patients chez qui on
observait une augmentation du d�ebit sanguin
c�er�ebral >100% apr�es EC mesur�e par scanno-
graphie �a �emission de photons.
La r�eserve carotidienne a �et�e �evalu�ee par plu-
sieurs techniques. La premi�ere concerne l’utilisationd’ac�etazolamide comme vasodilatateur c�er�ebral.Ceci n�ecessite une injection intraveineuse qui peut
avoir des effets secondaires ind�esirables. La seconde
m�ethode concerne l’augmentation de la pCO2. Il est
connu depuis longtemps que l’�el�evation de la pCO2
peut etre responsable de vasodilatation c�er�ebrale.Ceci peut s’accomplir chez des patients soumis �a unerespiration avec augmentation de la concentration
en pCO2. Il a �egalement �et�emontr�e qu’une apn�ee de30 secondes peut �egalement conduire �a l’augmen-
tation de la pCO2.
La comparaison des techniques d’apn�ee et
d’inhalation de concentration croissante de dioxyde
de carbone montre des r�esultats �equivalents. Mar-
kus et Harrison 16 ont �evalu�e la r�eactivit�e c�er�ebrale�a l’augmentation de la pCO2 chez 23 patients. Une
simple apn�ee a �et�e compar�ee avec les autres
m�ethodes d’augmentation de pCO2 (comme
l’inhalation de pression partielle croissante de dio-
xyde de carbone) et il a �et�e montr�e que l’apn�eedonnait des r�esultats comparables �a ceux obtenus �al’aide de m�ethodes plus compliqu�ees.
Le SH a �egalement �et�e observ�e chez des patients
trait�es par stenting carotidien. Sfyroeras et coll.5
ont �evalu�e 27 patients trait�es par stenting carotidien.Ils ont analys�e la r�eserve vasculaire c�er�ebrale en
utilisant la technique de l’apn�ee et mesur�e le d�ebitc�er�ebral �a l’aide de l’ETC. Une hyperperfusion
c�er�ebrale a �et�e document�ee chez deux (6,9%)
patients. Une augmentation de la r�eactivit�ec�er�ebrale avait �et�e observ�ee chez ces deux patients
par l’ECT pr�e-op�eratoire. D’autres groupes ont
rapport�e des taux identiques de reperfusion chez des
patients trait�es par stenting carotidien.2
Le r�esultat de cette �etude ne confirme pas l’hypo-
th�ese qu’une r�eserve c�er�ebrale fix�ee et qu’une aug-
mentation du d�ebit post-endart�eriectomie soient la
cause du syndrome d’hyperperfusion. Bien qu’au-
cun patient de notre �etude n’ait d�evelopp�e de SH
classique, il n’y a pas eu de diff�erence concernant
la r�eactivit�e et les d�ebits de reperfusion entre les
groupes A et B. Nous avons �egalement �et�e incapa-
bles de documenter une augmentation significative
du d�ebit suivant l’endart�eriectomie dans la totalit�ede la cohorte.
CONCLUSION
Nos conclusions sont identiques �a celles d’Ascher et
coll.7 Ces auteurs ont rapport�e 9 patients ayant
Vol. 25, No. 4, 2011 Syndrome d’hyperperfusion post-endart�eriectomie carotidienne 543
d�evelopp�e un SHC parmi 404 ayant une EC sur une
p�eriode de deux ans. Le d�elai d’apparition des
symptomes �etait compris entre deux et 7 jours. Tous
les patients avaient eu une exploration par�echographie Doppler per-op�eratoire et post-
op�eratoire pr�ecoce pour d�eterminer un d�ebit caro-tidien. Les 9 patients qui ont d�evelopp�e une
hyperperfusion c�er�ebrale ont �egalement eu une�echographie Doppler carotidienne lors de la sur-
venue des symptomes. Il n’a pas �et�e montr�e de
diff�erence concernant le d�ebit volumique moyen
dans l’ACI parmi les patients qui n’ont pas
d�evelopp�e le SHC mais une augmentation signifi-
cative du d�ebit dans l’art�ere c�er�ebralemoyenne a �et�eobserv�ee lors de l’apparition des symptomes. Ce
d�ebit est retourn�e �a la normale lorsque les sympto-
mes ont disparu. Les auteurs n’ont �egalement
montr�e aucune corr�elation entre les symptomes et
la pr�esence d’une st�enose s�ev�ere homolat�erale ou
controlat�erale ou d’une HT s�ev�ere.Nous avons stratifi�e nos patients selon qu’ils sem-
blaient etre �a haut risque de d�evelopper un SH c’est-�a-dire ceux ayant une r�eponse minimale ou absente�a l’apn�ee avec une augmentation significative du
d�ebit post-chirurgie. L’incidence des c�ephal�eespost-op�eratoires n’a pas augment�e dans ce groupe.
Il pourrait y avoir plusieurs b�en�efices �a identifier
en pr�e-op�eratoire les patients �a haut risque de
d�evelopper un SH. Ces patients pourraient
n�ecessiter une attention plus particuli�ere au
controle de la pression art�erielle per-op�eratoire et
post-op�eratoire, non seulement durant l’hospitali-
sation mais �egalement au cours de la p�eriode post-
op�eratoire apr�es la sortie de l’hopital.
Limites de l’�etude
Cette �etude pr�esente plusieurs limites. La premi�ereest que l’anesth�esie g�en�erale peut modifier
l’h�emodynamique c�er�ebrale. L’anesth�esie inhal�eepeut etre responsable d’une vasodilatation
c�er�ebrale. Ceci peut conduire �a une augmentation
du d�ebit sanguin c�er�ebral y compris en pr�esenced’une diminution de la pression art�erielle moyenne.
Les anesth�esiques narcotiques ont des effets
minimaux sur le d�ebit sanguin c�er�ebral et peuventetre responsables de la variation de la pression
art�erielle moyenne. La deuxi�eme limite est qu’au-
cun patient de ce groupe n’a r�eellement d�evelopp�ede SH complet et il est possible que la taille de
l’�echantillon ait �et�e trop faible pour pouvoir valider
toute conclusion. Troisi�emement, bien qu’une
apn�ee de 30 secondes chez le patient �eveill�e soit
un stimulus ad�equat de vasodilatation c�er�ebrale,ceci pourrait ne pas etre le cas chez le patient
anesth�esi�e. Quatri�emement, bien que plusieurs
c�ephal�ees soient survenues chez 7 patients, ces
c�ephal�ees pourraient ne pas constituer de prodrome
d’un SH. Les c�ephal�ees apr�es EC connaissent plu-
sieurs �etiologies dont l’une d’elles est le SH.17,18
Nous n’avons pas effectu�e d’�etude apr�es la sortie
telles l’ETC ou les mesures d’oxym�etrie c�er�ebralechez les patients qui ont d�evelopp�e des c�ephal�ees.Ces �etudes auraient pu aider �a �elucider l’�etiologiede ces c�ephal�ees. Cinqui�emement, l’�etiologie de
l’hyperperfusion n’est pas n�ecessairement li�ee �al’hypoth�ese pr�esum�ee d’une r�eserve c�er�ebralefix�ee lors d’une augmentation du d�ebit post-
op�eratoire.
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